Hémisphères N° 19 - Bouleversements, mutations, transitions - Dossier et bulletin

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A L I M E N T A T I O N

Notre régime alimentaire va subir de grandes transformations. Pendant que certains cherchent à éliminer les protéines animales, d’autres imaginent une nourriture individualisée. Mais les habitudes mettent du temps à évoluer.

Alimentation : quelle recette pour tout changer ? TEXTE

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Selon l’ONG Water Footprint Network, il faut environ 15’000 litres d’eau pour produire un kilo de bœuf, 5’900 litres pour la même quantité de porc et 4’300 litres pour un kilo de poulet. Par comparaison, les légumes (300 litres par kilo) et les fruits (960 litres par kilo) nécessitent moins d’eau. Il faut prendre en compte que l’empreinte aquatique d’un aliment varie en fonction du climat, du sol, du mode d’élevage ou de culture.

| Virginie Jobé-Truffer

Reproduire un bifteck avec pour seule source les plantes, qui plus est sain, durable et au goût agréable. Voici l’une des missions du projet Smart Protein (lire p. 37) auquel participe Wolfram Brück, professeur à l’institut Technologies du vivant de la HES-SO Valais-Wallis – Haute École d’Ingénierie – HEI. Responsable de la sécurité alimentaire du programme, le chercheur travaille sur l’extraction de protéines à partir de matières crues. Au menu : produits recyclés (croûtes de pain, résidus de pâtes, radicelles de malt), fèves, lentilles, pois chiches, quinoa, sarrasin et autres champignons. Parmi les partenaires de Smart Protein, on trouve la fameuse marque de pâtes Barilla et ProVeg, le plus grand promoteur de ressources végétales d’Europe. En misant sur les protéines végétales, ces acteurs tentent de se préparer au futur.

Réduire la consommation carnée de 90% Car l’enjeu est de taille. Dix milliards d’humains sont attendus en 2050. Pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique, il faudrait réduire de 90% la consommation mondiale de viande. C’est ce que préconisent des chercheurs de l’Université d’Oxford dans un article sorti en 2018 dans Nature. L’impact des mauvaises habitudes alimentaires des pays développés – trop de graisses, trop de sucre et trop de produits carnés – est réel : l’élevage intensif fait non seulement augmenter les émissions de méthane, et donc les gaz à effet de serre, mais aussi diminuer les réserves d’eau 1. En même temps, à l’heure où les organismes de la santé implorent de cesser d’avaler des aliments ultra-transformés, extraire des


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