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S O N
Pour mieux comprendre le rôle de l’écoute dans la création en arts visuels, une étude a pisté l’univers sonore de l’ECAL, transformée en terrain de recherche. Résultat : le son est partout, habite les lieux et les personnes, infiltrant leur comportement.
L’écoute, de l’incertitude à la connaissance TEXTE
| Marco Danesi
L’écoute peut constituer un puissant vecteur de connaissance, en art notamment. « Avec la modernité, le regard devient la source du savoir objectif, explique Thibault Walter, professeur et chercheur à l’ECAL/ École cantonale d’art de Lausanne – HES-SO. Quant à l’écoute, elle baigne dans l’incertitude. L’origine, la direction et la nature du son peuvent prêter à confusion. L’écoute se situe alors dans les cultures européennes du côté de la subjectivité. Pourtant, cette ambiguïté peut être féconde. » Rien d’étonnant alors au fait que les recherches de Thibault Walter portent sur l’écoute et sur sa richesse méconnue : « Le monde des arts plastiques notamment s’est intéressé majoritairement aux objets sonores, à la production du son. Si bien que le rôle de l’écoute dans le processus de création artistique a été peu étudié. »
Fort de ces constats, Thibault Walter a piloté une étude au sein de l’ECAL durant l’année académique 2018-2019. Le but ? Comprendre comment l’écoute contribue à la création artistique. Comment le son et son appréhension participent à part entière, autant que le regard ou d’autres expériences sensorielles, à la construction d’une œuvre d’art. Pour ce faire, le chercheur s’est inspiré des approches développées par les sound studies. Dans ce cadre, le son et l’écoute sont considérés comme des phénomènes multiformes, acoustiques certes, mais également pétris d’histoires personnelles, de culture, sans oublier les contextes sociaux et économiques dont le son et l’écoute sont tributaires. Naviguer dans l’auralité On navigue ici en pleine « auralité ». L’écoute est saisie du point de vue anthropologique et non pas sous le seul angle psycho-phy-