Synthèse. Le discours et sa formation. Archéologie du savoir

Page 1

Synthèse. Le discours et sa formation. Michel Foucault. ArchÊologie du savoir Sociologie de connaissance

Hiba BENOUTIQ


Hiba BENOUTIQ (2020).Synthèse. Le discours et sa formation. Michel Foucault. Archéologie du savoir. L’occasion a été présentée afin de faire une lecture et analyse de l’ouvrage de Michel Foucault, dans le cadre du domaine de la sociologie de connaissance. La synthèse mettra en focus les différents éléments de la formation du discours, afin de mieux assimiler et analyser les discours d’une manière explicite, citant à titre d’exemple le discours scientifique, politique, religieux et philosophique. En effet, l’appui est mis dans cette synthèse sur le côté connaissance et pouvoir en relation avec le discours et la formation discursive. Les unités du discours Nous pouvons dire que le discours porte un ensemble de notions que nous pouvons les désigner en tant que jeu qui rassemble les différentes unités de discours. Ces notions sont diverses et chacune porte une manière de conceptualisation propre à elle mais chacune d’elle est dotée d’une fonction précise qui détermine son utilisation dans le discours et son cheminement. En effet, afin de mieux expliciter cette théorie, Foucault a mis en focus deux notions essentielles qui sont manifestées essentiellement citant à titre d’exemple dans le discours politique, mais cela ne montre pas qu’elles sont limitées uniquement à ce dernier. Elles peuvent être manifestées dans chaque type de discours vu qu’elles sont en rapport d’une manière fondamentale au social et système social, représentant le fondement de la société, notamment la notion d’influence et la notion de mentalité. Elles sont en relation avec les représentations collectives d’une société donnée ainsi que la conscience collective qui gère les diverses pratiques nommées par la société en tant que pratiques collectives. D’un côté, la notion d’influence représente une notion fondamentale dans le fait d’analyser les différents facteurs de transmission et de communication régis au sein de la société d’une manière générale et au sein de la famille d’une manière particulière. En effet, elle réfère précisément à un processus de répétition ou de ressemblance qui semblerait être un lien entre les différentes théories, œuvres ou les individus au sein d’une organisation sociale, vu que cette influence prend son origine ou sa base dans les faits qui la précèdent et cela à travers le temps. D’un autre côté, la notion de mentalité ou d’esprit comme étant évoquée par Foucault est régie dans le cadre d’une conscience collective au sein d’une organisation sociale, vu que chaque société est dotée d’une certaine mentalité collective qui fait des différents individus, un lien en commun entre eux. En effet, cette notion de mentalité joue un rôle très important dans le fondement des théories, vu qu’elle permet :


« d’établir entre les phénomènes simultanés ou successifs d’une époque donnée, une communauté de sens, des liens symboliques, un jeu de ressemblance et de miroir qui font surgir comme principe d’unité et d’explication la souveraineté d’une conscience collective » Cette notion représente le lien commun où les représentations collectives y sont manifestées, afin que le discours porté soit assimilé par les lecteurs dans le cadre du sens commun et les expériences issus du collectif qui mène l’individu à se projeter ou à s’intéresser et y croire au discours. Par ailleurs, le discours est doté généralement, selon l’auteur, d’un niveau qui n’est apparent qu’à travers une analyse approfondie de ce dernier où nous apercevons des fragments de la pensée de l’auteur de l’œuvre. En effet, ceci a été qualifié comme étant différents éléments qui sont révélés par l’auteur d’une œuvre à titre d’exemple, qui relève de son inconscient tels l’expression de sa pensée, son expérience et son imaginaire ou aussi les différentes « déterminations historiques » qui ont mené ce dernier à opter pour créer l’œuvre . Nous apercevons que dans la création du discours, il n’est généralement pas cité les véritables raisons de ce choix de discours. Il existe toujours une façade cachée du discours, citée comme une « origine secrète, si secrète et si originaire qu’on ne peut jamais la ressaisir tout à fait en elle-même ». De fait, il faut toujours tenir les éléments portés à notre disposition, ici le discours, en suspens, car il existe toujours un côté latent par rapport à ce dernier et qui n’est découvert qu’à travers une analyse approfondie de ce dernier pour la diffuser et de savoir les véritables raisons et propos de ce discours. Il faut toujours tenir ses synthèses en problématique et de les remettre en question De fait, il a été cité les notions d’influence ou d’évolution afin de mieux expliciter les différentes facettes d’analyse d’une notion dans un discours. Il ne faut pas croire les résultats que nous obtenons dès le premier regard, il est exigé de faire une analyse approfondie et de remettre en question toutes ces notions afin de savoir ces fonctions réelles et exactes au sein de la société et son rôle dans le fonctionnement du discours. Ces notions sont toujours accompagnées de théories qui doivent être confirmées ou infirmées par la suite afin de savoir et de faire apparaître ces différents champs utilisés dans la formation du discours. Selon l’auteur, la remise en question et l’analyse de la notion au sein du discours doit être focalisé sur les différentes formes que cette dernière constitue. En effet, le focus doit être mis également sur le fait :


« de quel droit elles peuvent revendiquer un domaine qui les spécifient dans l’espace et une continuité qui les individualise dans le temps selon quelles lois elles se forment ; sur fond de quels événements discursifs elles se découpent et si finalement elles ne sont pas dans leur individualité accepté et quasi institutionnelle, l’effet de surface d’unités plus consistantes ». L’auteur a tenté d’expliquer qu’à travers la formation du discours, il existe une discontinuité de celui-ci visant à ce qu’il y a un effacement systématique des unités, vu qu’il a déjà cité que l’analyse doit mettre en avant l’énoncé en tant qu’élément singulier ayant sa singularité d’événements. Ce dernier peut être construit dans des événements continus ou discontinus. Ce que Foucault veut montrer par cet élément-là, est que la formation d’un énoncé est construite dans un temps discontinu et que les différentes irruptions qui a pu lui être inculqué le rendent comme étant un élément historique. En effet, parce que cet énoncé est lié, d’après Foucault : « D’un côté à un geste d’écriture ou d’articulation d’une parole mais que d’un autre côté , il s’ouvre à lui-même une existence rémanente dans le champ d’une mémoire , ou dans la matérialité des manuscrits ; ensuite parce qu’il est unique comme tout événement, mais qu’il est offert à la répétition ,à la transformation ,à la réactivation, enfin parce qu’il est lié non seulement à des situations qui le provoquent , et à des conséquents qu’il incite, mais en même temps , et selon une modalité différente à des énoncés qui le précèdent et qui le suivent » De fait, la formation de chaque énoncé et les raisons de sa formation est interalliée avec l’énoncé précédent ainsi que celle qui la suit, ce qui explicite son apparition et son usage dans le discours. En effet, l’analyse de l’énoncé et les relations entre les énoncés au sein du discours soit dans un ordre technique, économique, social ou politique, permet à faire apparaître la singularité de ce dernier, sa fonction et l’espace où sont déployés les événements discursifs. Les formations du discours Nous pouvons initier cette partie en référant de prime abord à la formation et l’apparition de différents objets. Ces objets seront créés à travers un ensemble de règles, désignées ici comme étant un jeu. Ces objets sont selon Foucault, découpés par des mesures de discrimination et de répression, objets qui se différencient dans la pratique quotidienne ; en outre, dans tous les domaines, soit religieux, médical, telle la recette de médication afin


de poursuivre un traitement. Par ailleurs, ce que nous essayons de montrer par cela, est le fait que l’unité des discours est définie en tant qu’un ensemble de règles qui définissent les transformations de ces différents objets cités précédemment, leur non identité à travers le temps, la rupture qui se produit en eux, et la discontinuité qui suspend leur continuité. En effet, ceci permet à l’énoncé d’avoir sa propre identité et sa propre fonction, vu qu’il sera capable à travers des discontinuités à lier et former un élément désigné comme étant un organisme qui a ses besoins, sa force interne et ses capacités internes. Par ailleurs, dans la formation des différents concepts qui forment le discours, il est aperçu en premier temps que la diversité des concepts est vue à travers leur structure et par les règles d’utilisation de ces concepts, et qui peuvent être interalliés entre eux afin de construire un nouveau énoncé ou de s’exclure les uns les autres pour mettre en avant d’autres concepts. Ils constituent des unités mais ne peuvent pas être considéré dans le cadre d’une unité continue ou dans une architecture logique de formation de concepts dans le discours. De fait, l’analyse du discours mettra le focus sur les formes des répartitions de ces différents concepts, elle décrirait plus précisément les systèmes de dispersion qui ont mené à ces concepts à se former, et cela au lieu de reconstituer des chaînes d’inférence ( citant ce qui est fait souvent dans l’histoire des sciences ou de la philosophie) ainsi qu’au lieu d’établir les tables de différence, même que ces concepts sont différents. Par ailleurs, nous pouvons définir les règles de formation, selon Foucault, comme étant un ensemble de conditions d’existence , mais aussi de coexistence , de maintien, de modification et de disparition , subis au sein d’une répartition discursive donnée. Il s’agit d’un ensemble d’objets, de modalité d’énonciation, concepts, de choix et de thématiques,… ; utilisés dans la formation d’un discours. La formation du concept L’auteur explicite que le champ énonciatif comporte également des formes de coexistence entre les différents énoncés pour s’assurer leur survie. Il s’agit tout d’abord d’un champ de présence, puisque les énoncés déjà formulés précédemment pour une autre fonction et qui pourront être utilisés ou repris actuellement dans un discours, pour une fonction différente. En effet, dans le discours, ces énoncés peuvent être considérés comme étant des éléments de caractère véridique, ou de raisonnement fondé qui illustre le fonctionnement de l’énoncé, mais ce dernier peut également être


critiqué, jugé ou discuté. En outre, il peut être admis ou rejeté et exclus dans le discours. De fait, ces rapports de présence manifestés dans le champ de formulation des énoncés peuvent être « explicités ou implicites et investis dans des énoncés ordinaires ». L’énoncé et son rapport avec les énoncés précédents et suivants pourraient être de l’ordre de la vérification expérimentale de celui-ci, « de la validation logique, de la répétition pure, de l’acceptation justifiée par la tradition et l’autorité du commentaire, de la recherche des significations cachées, de l’analyse de l’erreur ». Par ailleurs, le champ énonciatif comporte également un élément très important dans l’analyse du discours. Il s’agit du domaine de mémoire. Ce domaine est utilisé pour désigner le cas où des énoncés qui ne sont plus ni admis ni discutés, et par cela, ils n’ont plus le droit de définir ni un corps de vérité ni un domaine de validité, mais qui peuvent également établir des rapports de filiation, de genèse, de transformation, de continuité et de rupture historique. En outre, nous pouvons émettre que ce qui met en avant la formation discursive, c’est la manière de se permettre de délier un nombre de concepts, même s’ils sont différents les uns les autres mais ils ont une fonction spécifique dans le maintien du discours et dans son usage par les différents acteurs sociaux. Ces concepts conçoivent une liaison entre eux même s’ils sont différents, citant à titre d’exemple, la manière dont l’ordonnance des descriptions ou des récits est liée aux techniques de réécriture ; la manière dont le champ de mémoire est lié aux formes de hiérarchie et de subordination qui régissent les énoncés d’un texte ; la manière dont sont liés les modes d’approximation et de développement des énoncés et des modes de critique,… En bref, ce schéma conceptuel qui constitue un faisceau de rapports entre les différents concepts, forme un système de formation conceptuelle. Par ailleurs, pour décrire ce système de formation conceptuelle, il faut tout d’abord déterminer précisément selon quels schèmes les énoncés peuvent être liés les uns aux autres dans un discours donné, et de quelle manière ils peuvent être utilisés en parallèle. De fait, il s’agit également d’essayer de repérer comment les éléments récurrents peuvent réapparaître, se dissocier, se recomposer, acquérir de nouveaux contenus sémantiques, et de constituer entre eux des organisations partielles, ayant entre eux un lien en commun au sein du discours. Ces schèmes qui représentent un élément fondamental dans la description de la formation conceptuelle, permettant de décrire également la dispersion des concepts et la différenciation de leurs fonctions dans leur usage dans les textes et livres.


En effet, il faut poser la question au niveau du discours lui-même pour analyser la formation conceptuelle, puisqu’il constitue le lieu principal d’émergence de différents concepts. Il s’agit plus précisément de décrire le réseau conceptuel et cela à travers les régularités intrinsèques du discours. En outre, nous essayons de replacer les visées pures de non contradiction dans un réseau enchevêtré de compatibilité et d’incompatibilité conceptuelles, et nous rapportons cet enchevêtrement dans les règles qui caractérisent une pratique discursive donnée. La définition de l’énoncé Afin de définir un énoncé, il ne faut pas se fonder essentiellement sur les critères qui définissent l’identité d’une proposition à titre d’exemple, où cette dernière est focalisée sur la distinction de l’unité de formation ou son autonomie, ne permettant pas ainsi de faire désigner la singularité de l’énoncé et de le définir. En effet, il ne faut pas se baser sur une analyse telle que celle de la langue, où elle prend comme fondement un ensemble de signes définis par leurs traits oppositionnels et par leurs règles d’utilisation. Il ne faut pas analyser l’énoncé comme s’il représente le même cas de la phrase, de la proposition ou de la langue, parce qu’il ne relève pas des mêmes critères que ces dernières. L’énoncé est représenté dans son mode singulier. Ce dernier pourrait être défini comme étant une fonction qui s’exerce verticalement par rapport à ces diverses unités, et qui permet de dire également, à propos d’une série de signes, si elles y sont présentes ou non. Cette fonction qui croise un domaine de structures et d’unités et qui les fait apparaître avec des contenus concrets, dans le temps et dans l’espace. En effet, le focus doit être mis dans la description de cette fonction de l’énoncé en tant que telle, dans ses pratiques, ses usages, ses conditions, ainsi que dans les règles qui la contrôlent et le domaine où cette dernière est exercée. Le changement et les transformations En effet, nous pouvons émettre que le discours est toujours lié au devenir et ce dernier s’établit dans une intemporalité discontinue entre le passé, le présent et le futur. De fait, plusieurs événements se succèderont, il existe un jeu d’images fixes qui s’éclipsent à tour de rôle, cela ne fait ni mouvement, ni un temps, ni une histoire. Il s’agit plus essentiellement de se focaliser sur les choses de plus près. Chaque énoncé est constitué de


règles qui maintiennent son fonctionnement dans le discours, mais il est rare de voir les règles modifiées dans chaque usage de l’énoncé. Ces règles peuvent disparaitre avec des énoncés et peuvent réapparaître avec des autres. De cela, nous pouvons dire qu’il y a dans cette analyse : « Un suspens des suites temporelles, disons plus exactement du calendrier des formulations. Mais cette mise en suspens a précisément pour fin de faire apparaître des relations qui caractérisent la temporalité des formations discursives et l’articulent en séries dont l’entrecroisement n’empêche pas l’analyse ». Par ailleurs, si nous voulons prendre comme objet d’analyse l’archéologie. Cette dernière met précisément en suspens le thème de la succession en tant que thème absolu, c’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire de trouver un enchaînement continu auquel le discours est qu’une seule forme et qu’un seul niveau de succession. En effet, afin de constituer une histoire archéologique du discours, il faut se délivrer à deux modèles essentiels, notamment le modèle linéaire, où tous les événements se succèdent les uns aux autres, sans effet de coïncidence et de superposition. D’un autre côté, il existe le modèle de flux de conscience, c’est-à-dire où le présent s’échappe toujours à lui-même dans ce qui est l’ouverture vers l’avenir et la rétention du passé. En outre, le focus du domaine de l’archéologie dans l’analyse du discours sera plus essentiellement au niveau de la position du discours dans ce domaine, puisqu’il s’agit, selon l’auteur, d’une pratique qui a ses formes propres d’enchaînement et de succession, et non pas une langue ou un sujet à parler. D’un autre côté, l’archéologie cherche à prendre comme objet la description tenue comme obstacle, c’est-à-dire, contrairement au discours, elle n’a pas pour projet de surmonter les différences, mais de les analyser, de dire en quoi, au juste, elles consistent, et de les différencier. Conclusion Si l’auteur a parlé dans cet ouvrage du discours, c’est pour faire apparaître dans l’épaisseur des performances verbales, la diversité des niveaux possibles d’analyse et pour montrer également , qu’il est possible, à côté des méthodes de l’interprétation, d’établir une description spécifique des


énoncés, de leur formation ainsi que les régularités propres au discours. En effet, il s’agit également d’illustrer en quoi consistent les différences, et de montrer comment il est possible que les hommes, à l’intérieur d’une même pratique discursives parlent d’objets différents, aient des opinions opposées, fassent des choix contradictoires, et de montrer aussi en quoi les pratiques discursives se distinguent les unes aux autres. En outre, il s’agit dans le fait de définir les positions et les fonctions que le sujet peut occuper dans la diversité des discours. Bibliographie Foucault Michel (1969), L’archéologie du savoir, éditions Gallimard.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.