Somaskate Magazine #11

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NumĂŠro Onze / Cats

and dogs





RAUL NAVARRO

Bigspin, Backside Tailslide, Bigspin Out in Barcelona, Spain.



skate.vans.com - Š2009 Vans, Inc. Photo: O’Meally


juin

&

juillet

2009

12 LE JEUNE

Si c’est pas lui, c’est son frère.

14 LE VIEUX Posthume

C’était vraiment un bon ce Bétille, il nous manquera !

20 ORGY PORGY

On est en train de le perdre là, notre américain.

22 SHUT UP AND SKATE

Attention : une photo de rampe ! Et c'est Marc Haziza en plus !

28 Samuel Partaix

Patinage Artistique, récession et I-phone de ouf.

38 Emerica Europe en Italie François le Français en vacances avec les champions d’Emerica Europe.

50 Adrien Blanc Sympa.

54 Jojo en Australie Putain il a changé Joey Brezinski !

60 Les légumes attaquent

En fait, il semblerait qu’Hitler n’ai pas été aussi végétarien qu’il le prétendait.

70 SHUT UP AND SKATE

Toujours pas sequences à deux... On y travaille !

82 matos

Des pro-models pour tout le monde !

86 Le vrac

Arrêtez avec le sad, c’est un melon ! Couverture

On avait une photo incroyable de Tony Hawk mais on s’est dit qu’on allait plutôt mettre une photo de son chien. Attendez, on dirait qu’il y a un skateur dans le fond… En hippy jump là… Vous voyez pas ? On dirait Carsten «Barney» Benecker . Si si, c’est lui, et la photo est de Jonathan Peters.

W W W . SOM A S K AT E

COM

.

leblogdesoma.blogspot.com


#11

Cette page On a failli ne jamais mettre cette photo à cause du pied avant... J’ai même pris la tête à Tura et JeanPhilippe « Popi » Dhamani pour qu’ils aillent le reshooter le lendemain, mais effectivement, il le fait comme ça son stalefish, et je dois reconnaître après arbitrage vidéo qu’il le fait même très bien. La seule photo de Tura du mag.

Directeur de la publication Fred Demard Rédaction David Turakiewicz [tura@somaskate.com] / Fred Demard [fred@somaskate.com] Publicité David Turakiewicz [tura@somaskate.com] Rédacteurs Scott Bourne / Jean Terrisse Graphisme David Lanaspa (Da) p.54 à 59 / Nicolas Malinowsky p.38 à 49 / le reste par Tura Illustrateurs David Lanaspa (Da) / Olivier Ali (Olli Mighty) / Oli Tielsch Photographes Bertrand Trichet / Loïc Benoît / David Manaud / Scott Bourne / Jean Feil / Jo Dezecot / Jonathan Peters Vianney Tisseau / Alberto Polo / Jelle Keppens / Eric Antoine / Mike O’Meally / Nicolas Schneider / Pierre Dutilleux Périg Morisse / Eric Mirbach / Scalp / David Steel / Eliott Proust / Félix Faucher / Davy Van Laere / David Couliau Guillaume Périmony Soma est édité par Les éditions du garage SARL au capital de 8000 euros ISSN : 1959-2450 info@somaskate.com

Impression Tuerlinckx, Belgique, sur papier recyclé. Toute reproduction partielle ou intégrale est interdite, t’façon les reproducteurs on sait c’est qui, bande de bâtards !


INTRO par fredd

Eric Mertz, ollie à Strasbourg © Nicolas SCHNEIDER

« Ca va le mag ? » Vous n’imaginez pas combien de fois on nous a posé cette question. Il semblerait donc que les gens se fassent du souci pour nous et cette soudaine compassion nous va droit au cœur. Sérieusement. Mais afin de rassurer tout le monde une fois pour toute et pour que les choses soient claires entre nous : oui, jusqu’ici, tout va bien. On vous mentirait si on ne vous disait pas qu’on s’est fait deux ou trois frayeurs en chemin et qu’aujourd’hui encore, après deux ans, il nous arrive régulièrement d’avoir des petites phases de doute. Mais dans l’ensemble, ça va. En fait, depuis que Soma est gratuit, curieusement, on a un succès fou, et pas qu’avec les filles… Le mag est diffusé partout en France, à part à Tours, à cause de Sam Partaix (voir son interview page 28) et on est plutôt bien soutenus par « l’industrie du skate » en général. Je sais qu’il y a parmi vous des gens qui n’ont aucune idée du fonctionnement d’un magazine. Je dis ça par rapport à une autre question qu’on nous pose très régulièrement : « mais comment vous faites pour vous payer si le mag est gratuit ? ». C’est là qu’interviennent les pubs et c’est à cela que je faisais référence quand je parlais de « l’industrie du skate ». Les pubs, c’est ce qui permet de nous « payer », de « payer » les photographes et de payer (là y’a plus de guillemets) l’imprimeur, le transporteur, les impôts, etc. C’est donc ce qui permet de ne pas VOUS faire payer, alors on dit merci aux gens qui nous soutiennent et qui nous permettent de répandre la bonne parole d’Aldous Huxley dans le petit monde de la planche à roulettes francophone. Quel rapport avec cette photo sur les toits de Strasbourg ? Absolument aucun.

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LE JEUNE

FS nose grind, Tours / © Jo DEZECOT

Florian Boutin Date de naissance

28 décembre 1990

Lieu de naissance

© Jo DEZECOT

Tours

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Skateurs de référence

Chad Tim Tim, Cody McEntire, Nick Trapasso Vidéos de référence

Lieu de résidence actuel

411 Best of #4, Traffic, Inhabitants

Première board

Où seras-tu et que feras-tu dans 15 ans ?

Tours

Une board Auchan Années de Skate

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Au soleil, dans un autre pays, à faire de la mini-rampe...


T H E D I X O N A N T W U A N D I X O N S I G N AT U R E M O D E L ANTWUAN DIXON SWITCH HEEL SU PRAFOOTWEAR.COM


LE VIEUX

posthume

Christophe Bétille (Les réponses sont de Pierre Ghiglia, son vieux pote et associé dans leurs shops Sirocco. Merci Pierre)

Date et lieu de naissance

9 Novembre 1965 à Saintes Années de skate

Environ 32 ans

Skateurs de référence

Réponse délicate, Christophe n’était pas du genre à classer (à part sur les contests), mais bon, je dirais Hosoi, Gonzo et Jerk (Jérome Chevalier) avec qui il aimait partager, ainsi qu’avec tous les kids du cru local. Vidéo de référence

The search for Animal Chin & Hallowed Ground Où était-il et que faisait-il il y à 15 ans ?

Il débarquait sur Nantes pour tenir le shop Aquilon (vent du nord), ce qui explique en parti le choix du 14

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BS air © Bertrand TRICHET

nom Sirocco (vent du sud). Aprés avoir vécu l’épisode « Koop Rhône-Alpes » (distributeur de skateboard qui le sponsorisait) à travers sa carrière dans le team Vision, il relance aussi à cette époque le projet associatif skate sur Nantes avec à la conclusion, la réalisation du park de La Beaujoire en 1992 (pour un coût de 15000 euros) et grâce aussi aux bras de l’époque (Fabien, Molosse, Bibail, Bamak, Grand Gaël... etc). Première board

Nous sommes devenus potes aux alentours de 1984 alors je n’ai pas connu sa première planche. Je dirais, le matos des 70’s, en tout cas à l’époque, notre pote Nanard fabriquait nos boards dans la cave de ses parents sous le label « Azimut » qui, coincidence, sera plus tard le nom du club de Nantes.


Why do you think it’s called a party?

Because deep down every human knows that the best thing about us hairless monkeys is our will to team up and do things together. Gathering a crowd might not always make things easier but it’s a water proof guarantee for more fun and a better show. A simple and stimulating truth, celebrated here by Weactivists Jussi Oksanen, Rory Herrman, Mercedes Helnwein, Sage Vaughn, Chris Pastras, Nicole Lemoine and Clint Peterson. – Go team, Go!

Contact: WeSC@templar.fr


BLABAC PHOTO.

WELCOME RACE FANS

SEE NICK’S FOOTAGE AT DCSKATEBOARDING.TV





T BOURNE T O C S E D E U Q LA CHRenONpaI ge 92) (Traduction

recent that I today,

My good friend Lars Greiwe has been in town and in the days he has re-acquainted me with a part of this city most normally neglect. Yesterday it was the Louvre and it was the Cirque d’Hiver.

We awoke with coffee and a small breakfast. Taking a short walk, we went to Geraldine’s home. She lives just down the street and had phoned me the day before to see if I might have time to drop by. On a recent trip to Norway she picked up two old typewriters and wanted to see if I might have the time to examine them and possibly show her how they work. I debrief Lars on the charm of Geraldine and all 3 of her daughters and we begin the walk. When we arrived I was happy Geraldine and all of the find to girls at home and in grand spirits. Launa and Emma greet both Lars and I with traditional French kisses, while Katia shyly peers out from behind her bedroom door. It is when we pull the typewriters out that I see the immediate and certain joy of young Emma. I examine the first machine that appears to be in perfect order and then turn to Geraldine and ask her for a sheet of paper. She looks around the room until her eyes land upon a large pile of unpaid bills and with great laughter from all, she opens one up, hands it to me and tells me to: “Turn it into art!” we exchange a smile as I wrap it into the machine. Everything appears in perfect order, even the ribbon of which is moist and unworn.

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It is not long before Emma is leaning over staring into the machine and soon after, up on my knee knocking at the keys. It is wonderful to see how her tiny fingers leave faint symbols on the surface of Geraldine’s unpaid bills, her small hands scarcely strong enough to strike a mark to insult the debt. Her fingers are gentle and correct as she composes tiny French sentences, via hunt and peck. I slide her onto a chair and move to the next machine, but young Emma wants to come along with me. When I look to Geraldine she once again laughs at me. Turning to the pile of bills and then back to me, she says: “I want you girls to write a book on my bills!” This time she hands over an unopened envelope. I laugh in return and say: “That’s gonna be a looonngg book!” the five of us laugh together as I roll it into the second machine of which also appears to be in perfect working order. It’s a bit heavier, a bit larger and certainly much older. No sooner have I rolled in the paper than Emma is once again staring into the machine with amazement and curiosity, while Launa has taken over the abandoned machine and is tapping away furiously at its keys. The snapping, clapping rhythm of the machines is music to my ears and like magic it’s just what’s needed to make Katia appear. She takes a seat at the table between the two girls and as I stare at these three sisters, it is impossible to not admire their beauty, individuality and that of the woman who has instilled them with so many wonderful qualities. I am eager to see the book they will write, the stories that will become their lives.


© Lars Greiwe © Scott Bourne

We leave the serious work to the kids and Lars and t. I head off to the circus ten er und elf Once again I find mys , wns clo , ers Tig its magic. contortionist, a woman with ps large hips like columns wra and ngs swi she as and spins juxtaposes around as many as 20 Hula Hoops at a time. The trapeze act, the horses, the cats, and let’s not forget the soft sensual heart beat of the circus tent...its e Dancing Girls!!! Lars is lik I. am so and a child It is the simple pleasure of these amusements that make out into us devour popcorn and stare cus cir the t the darkness at wha us. w sho chooses to I have left my desk and good to Lars has left his and it is the eet str know that just down the by r ove en tak n bee real work has Geraldine’s kids.

Febuary, 28, 2009, Paris S.H. Bourne

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Numéro Onze Paco Elles Feeble to fakie Utrecht © Eric Mirbach

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Rémy Taveira BS tail slide / Banlieue parisienne © Guillaume Périmony 26

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Damien Desc么tis Pivot to fakie / Stuttgart 漏 Nicolas Schneider

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Olivier Ente Kiclflip / Lille Š PÊrig Morisse 28

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Marc Haziza Stalefish / Paris Š Scalp

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© Loïc Benoît

Photos Artistes divers Texte Fredd

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SAMU eL ARTAIX LA grosse interview DE

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Bienvenue dans l’interview de celui qui en quelques années est devenu l’un des piliers du skateboard français, et qui vient d’ailleurs tout juste d’avoir une planche à son nom. Pour ceux qui ont d’autres trucs à faire que de lire l’interview, voici un résumé : jeune, Sam patinait sur glace en tutu. Il chasse aujourd’hui le ragondin avec son chien, parcourt le monde toute l’année aux frais de la princesse, mais a parfois du mal à se payer une bière ou à trouver 5000 euros à neuf heures du matin après avoir fait la fête à Prague. C’est un bon ce Sam, sur un skateboard c’est une évidence, mais il est bon aussi quand il appelle avec son tout nouveau Iphone de beau gosse pour me raconter sa vie tout en promenant son chien…

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FS smith grind, Nancy © Loïc Benoît

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" Elle m’avait pas fait payé, c’était le jour de mes 18 ans… "

Tu rentres juste du « marketing tour » dans le nord de la France, c’était comment ?

C’était parfait ! Des tournées Antiz j’en avais déjà fait plein, mais c’était la première fois que je faisais un vrai Tour en France avec eux. Il y avait des démos et tout le tintouin ?

Oui, enfin c’était pas vraiment des démos, c’était des sessions. Mais c’était un peu dur parce qu’on a fait 24 villes en 21 jours. Du coup c’était quand même un peu tendu physiquement… Skatouiller avec les gamins c’est cool, mais eux ils veulent te voir sauter des marches de malade alors toi tu leur dis « ben… Non ! Ça fait déjà une semaine que je saute, c’est mort ! » [rires]. Et puis ce qui est reulou aussi, c’est qu’il y a des villes où il y a plein de spots et d’autres, ben… Où y’a rien. Les gars, ils t’emmènent sur des spots, c’est un curb sur une place… Alors on aime bien ça, mais ça va cinq minutes, quoi. Et puis on a peut-être pas la même vision des spots qu’eux ou des teams qui sont venus avant nous. Nous on voulait des spots crados, des trucs originaux, marrants à skater. C’était quoi la pire ville ?

[Il réfléchit] St Nazaire c’était dur quand même. On a fait beaucoup de photos d’ambiances… Attends, y’a un putain de ragondin devant moi ! Non, y’en a deux ! Reviens Rock ! Il fait chier ce chien, il veut bouffer les ragondins, mais ils font deux ou trois fois sa taille ! Mais t’es où là ? T’es pas à Lyon ?

Non, je suis au bord du Cher. Je suis rentré à Tours parce qu’après la tournée Antiz je suis resté un peu à Lyon pour profiter de ma chérie puis je suis venu ici parce que je devais voir un peu ma mère, mon chien, mes frères et mes sœurs… Et puis demain je vais à la coupe de France au Mans, puis je file à Paris et lundi je prends mon avion, ‘tain mais y’a un ragondin en face de moi, il fait la taille d’un berger allemand !

Non, ça va. Je me suis fait mal au genou il y a deux ans et demi, mais j’ai pu skater tous les jours depuis. C’est juste que ces derniers temps, j’avais une douleur après le skate alors j’ai finalement passé une IRM et il s’est avéré que j’avais un bout de ménisque fissuré et du cartilage qui gênait, alors j’ai pris rendez vous, et dix jours après je me suis fait opérer. Et ça s’est super bien passé. C’est tout. Mais tu t’es pas refait mal là ? Juste avant le tour ?

Nooon, c’est juste que un jour avant le tour, j’ai voulu aller faire un bon trick parce que je suis intelligent, je vais sauter juste avant de partir… Et je me suis fait un peu mal, mais c’était pas très grave. Alors sur le début de la tournée, j’y suis allé un peu tranquille, mais j’ai quand même skaté tous les jours, alors même si Loïc (Benoît, de Antiz) a dit « ouais, il a pas sauté nah nah nah… » ben faut pas l’écouter… Et puis c’était le Marketing Tour aussi, c’était à la cool, on n’était pas au Teenage tour ! C’est sûr. Pour continuer sur une note joyeuse : tu as finalement fermé ton skate shop à Tours, quel est le bilan de l’aventure pour toi ?

Vraiment enrichissant. Surtout humainement, par rapport à la scène tourangelle. Ensuite, pour plein de raisons ça l’a pas fait. Déjà parce que je suis toujours en tournée. J’ai commencé à vraiment bouger avec le skate la même année que j’ai ouvert le shop, vers 17/ 18 ans quand j’ai commencé à bouger avec « les grands », avec les vieux quoi… La première année, j’ai essayé d’être présent au maximum, mais on m’a de plus en plus demandé de bouger, donc je pouvais plus vraiment bosser avec ma mère, donc c’est elle qui a dû quasiment tout faire. J’essayais toujours de faire mes commandes, de m’occuper des trucs comme la vidéo, les contests… Mais c’est elle qui tenait la boutique.

Non, non, il a dû bouffer un truc de travers. C’est rien, c’est comme nous quand on boit trop de bières. Lui il est à l’eau, mais il gerbe quand même.

Oui voilà, mais tu peux pas gérer une boutique à distance. Et puis quand il y avait des emmerdes, c’est moi que le banquier appelait et ça s’était moins drôle… Je me souviens un matin, j’étais à Prague, on avait fait un peu la fête la veille parce que c’était la Mystic Cup et tout ça, et le banquier il m’appelle à neuf heures le matin : « M’ssieur Partaix y’a un chèque de cinq mille euros qui va passer, il faut que vous trouviez une solution là… ». Ça m’est arrivé quelques fois quand même ce genre de trucs et je peux te dire que ça te remet direct dans le bain.

Et sinon, tu n’aurais quelques problèmes de karma en ce moment ? J’ai l’impression que tu te blesses toutes les trois semaines ?

C’est sûr que ça te remet bien les pieds sur terre, quand tu es à Prague au milieu de gars qui ne font que la fête et du skate…

Ça doit être un ragondin allemand.

Viens-là Rock ! Ha merde il est en train de gerber, quel couillon ce chien ! Ha, tu veux que je te rappelle ?

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S FS five-o to FS boardslide, Barcelone Š Alberto POLO

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" quand tu peux pas t’acheter à manger tu te dis qu’il faut trouver une solution… "

Franchement, à 18/19 ans tu ne te rends pas compte de plein de choses. Ça m’a permis de découvrir d’autres trucs dans le skate aussi, malheureusement, la face business, et puis ça te fait comprendre que t’as pas de potes quoi ! [rires] Et à la base, ma mère et moi, on est pas des commerçants, on est plutôt des gens, entre guillemets « gentils », alors on s’est bien fait avoir sur certains points, mais bon, ça te mets du plomb dans la tête et du coup c’était vraiment une bonne expérience. Mais je pense que je suis encore trop jeune pour faire ça maintenant et que si t’as un magasin il faut que t’y sois tout le temps. Et puis faut voir que t’as ta bande de potes qui passent au magasin ok, mais le gros du travail c’est les gamins, et puis c’est : levé tôt, serpillière, comptabilité, banque, gestion des stocks, tout ça quoi… Mais bon, on a fait des trucs biens, on a fait une coupe départementale, on a fait refaire le skatepark, on a fait une vidéo, en trois ans et demi on a fait de bonnes choses. La vidéo c’était vachement bien.

Ouais carrément, et puis comme on peut la télécharger sur internet, et la voir sur Dailymotion, les gens l’ont vue et on a eu de bons retours. C’est vrai que ça fait plaisir. J’ai réalisé d’ailleurs que t’avais utilisé le meilleur morceau des Beatles dans ta part [Helter Skelter].

Ouais, le seul valable ! Mais en fait j’étais dégoûté parce qu’après j’ai découvert la version des Meteors, et je me suis dit « et merde, je suis trop con ! ». Et ton expérience t’a complètement vacciné d’avoir un autre shop un jour ou c’est encore envisageable ?

J’y pense pas du tout. C’était une pure expérience mais bon, au final, avec la crise et tout, ça s’est un peu mal terminé, on a perdu de l’argent. Et puis je voulais le revendre le shop parce qu’on était le dernier skateshop de Tours. Alors tout le monde voulait nous le racheter, mais au final, avec le contexte, personne n’a pu le faire, alors on a perdu de la thune et y’a plus de shop à Tours. C’est reulou. C’est surtout relou pour nous parce qu’on ne sait pas où mettre du Soma à Tours…

Et ouais, et c’est vrai qu’à Décathlon c’est pas ça… En fait ce qui s’est passé, c’est qu’on devait de l’argent à l’URSSAF, mais la banque était prête à nous suivre. Mais je me suis pas senti de refaire un prêt, puis ma mère a eu une hernie discale et puis surtout, j’ai 21 ans et j’ai pas envie de m’enfermer dans quatre murs à Tours ! En ce moment avec le skate, j’arrive à me faire un petit salaire, à voyager et j’ai envie d’en profiter...

Oui d’ailleurs, tu me disais il n’y a pas longtemps que tu galérais tellement sur le plan financier que tu songeais reprendre des études, histoire d’apprendre un « vrai » métier ? T’étais juste saoul ou tu le pensais vraiment ?

Béh, j’y pense un peu, normalement quoi. Quand t’as pas de thune, que tes sponsors oublient de te payer et que tu te dis que s’ils te lâchent, t’as plus rien. J’ai ouvert un shop, ok c’est fermé, j’ai fait une seconde générale et un BEP d’ébénisterie… Ok, ça ne mène pas à grand-chose… Et puis mes parents sont pas méga-riches, alors je peux compter que sur moi. Tu vois, je m’en fiche d’avoir une grosse voiture, mais au moins pouvoir m’acheter à bouffer et payer mes bières quoi… Là dernièrement j’ai un sponsor qui n’a pas pu me payer pendant trois mois, pour diverses raisons, c’était pas vraiment de leur faute mais bon, j’étais en galère et c’est sûr que dans ces moments-là, tu réfléchis, quand tu peux pas t’acheter à manger tu te dis qu’il faut trouver une solution… Et en même temps, pouvoir voyager comme tu le fais en ce moment c’est quand même une chance inouïe…

Ben ouais, c’est pour ça que quand je t’ai dit ça j’étais peut-être un peu bourré ! (rires) C’est juste que c’est bien beau de faire des tournées dans des bus de luxe, de faire croire que tout est facile, que t’es une star mais au final, quand tu rentres chez toi et que t’as pas de quoi te payer une bière, bein tu te dis qu’il faudrait peut-être travailler… Mais ça va là, quand je t’ai dit ça j’étais dans une mauvaise passe, c’était le début de l’année, j’étais stressé… Juste en 2008, quels pays tu as visités ?

Alors… En 2008, j’ai été en Andalousie, en Indonésie, à Dubaï, à Tallinn en Estonie, j’ai fait le tour de l’Europe avec Vans en bus, j’ai fait que ça, bouger et faire du skate. Et cette année c’est bien reparti aussi, je suis retourné en Indonésie et puis là je pars un mois aux U.S. C’est votre Tour en Oregon là ?

En fait y’a deux trucs. Il y a d’abord le tour Antiz/Vans France, avec Jérôme Chevallier, Bastien Duverdier, Joseph Biais, David Martelleur, Polo (filmeur), Loïc (photographe), Alex Deron (le TM Vans), Hugo Liard, Aaron Sweeney donc je pense que ça devrait vraiment être incroyable, y’a peut-être Pfanner qui vient aussi, je sais pas. En fait j’y vais un peu en avance à SF avec Polo et Deron parce je ne suis jamais allé à SF et il paraît que c’est la meilleure ville de la côte ouest. Donc je voulais soma 35


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X Wallride five-o nose grab, Lyon Š Pierre Dutilleux 36

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" On dirait pas comme ça mais je viens du ghetto ! Y’a que des grosses barres d’immeubles, des militaires, des gros cons racistes et des vendeurs de shit "

voir ça et puis après on retrouve les autres à Portland. Et là c’est parti pour dix jours et puis après je retourne en Californie avec Vans Europe et là je pense que je vais rencontrer un peu les gens de Vans US, on va filmer etc. Tu me fais envie là !

Ouais, j’espère juste qu’avec leur grippe, ils ne vont pas me mettre en quarantaine en rentrant. Vu que j’ai le rhume des foins et que je fume des clopes, j’ai toujours une petite toux… Et puis maintenant j’ai 21 ans, donc je vais pouvoir rentrer dans les bars sans la carte d’identité de Juju [Bachelier]. On a la méchante équipe aussi, ça va être mortel ! Ha, on me signale dans l’oreillette qu’il faut que tu arrêtes de mettre des slims avec tes grosses cuisses.

J’ai plus de slim ! Les slims c’était en 2005, maintenant c’est coupe droite, pantalons en toile… et puis j’ai arrêté les hormones de croissance aussi. Je me suis dit que les cuissots avaient atteint la bonne taille ! Mais sérieusement, ça vient d’où ces grosses cuisses ? Tu faisais du rugby ou quoi ?

En fait j’ai grandi en Haute Savoie, au Grand-Bornand, donc j’ai fait du ski direct, puis à 6 ans quand on est venu à Joué-lès-Tours, en banlieue de Tours, j’ai fait du Hockey sur glace, mais j’ai surtout fait six ans de course en bicross. Et donc les entraînements c’était véner ! J’ai même été champion régional, ils marchaient bien les cuissots ! (là ça parle de bicross pendant dix minutes) Puis je suis parti habiter deux ans à Valenciennes et quand je suis revenu habiter à Tours, je m’étais mis au skate et y’avait un skatepark couvert à côté de chez moi. J’ai payé pendant un an puis un jour le gars m’a dit que c’était gratuit pour moi. Il m’a bien aidé quoi, j’y allais tout le temps, souvent j’étais tout seul dans le park à essayer des transferts, j’étais plein d’énergie. Tu avais gagné le concours de sponsor me vidéo Fallen dans Chill à l’époque.

Non, c’était un coup monté ! En fait, j’étais déjà chez Fallen à l’époque, (Olivier) St-Jours (TM Fallen) m’avait demandé des images, alors j’étais allé à Nantes pendant quatre jours et j’avais filmé des « hammers ». Puis Chill sort et je vois « fais comme Samuel Partaix, envoie ta sponsor me…» Alors que j’ai jamais fait de « sponsor me » de ma vie ! Ha ha ! Bonne histoire !

Ouais, c’est facile de passer pour un blaireau…

Oh ça va, c’est pas la honte de faire une « sponsor me » non plus. Et si Jamie Thomas t’avait appelé, t’aurais réussi à être aussi fort que Steve [Forstner] pour rester chez Antiz ?

[Sans hésitation] Hééé bien-sûr mon gars ! Je suis tatoué Antiz maintenant, alors hein, c’est comme les poulets tatoués… Jamie Thomas il a un tatouage Independent dans le dos et il est chez Thunder…

Non, mais le tatouage, c’est pas vraiment par rapport à Antiz que je l’ai fait, c’est plus par rapport au dessin que j’adorais. Ça représente un peu la petite fée qui m’a apporté le skateboard. Comme c’est mignon…

Et puis c’est un dessin d’Hugo. Mais je l’ai fait à l’intérieur du bras, donc quand je serai vieux ça se verra pas trop… Oui, ou tu te feras couper le bras.

Non, mais en plus, c’est la mère d’un pote qui me l’a fait. Elle était super cool et puis elle est décédée pas longtemps après, donc c’est aussi un souvenir de cette personne que j’amais vraiment bien. Elle m’avait pas fait payé, c’était le jour de mes 18 ans… Attends [il gueule] « Rock ! Reviens ! » Y’a des gamins là-bas, attends… Je viens d’un quartier de ouf mon gars ! Y’en encore six bagnoles qui ont brûlé la semaine dernière. On dirait pas comme ça mais je viens du ghetto ! [rires] Y’a que des grosses barres d’immeubles, des militaires ou des immigrés, des gros cons racistes et des vendeurs de shit. Et toi au milieu…

Oui, au début ils m’appelaient « Tony Hawk ». Quand je suis arrivé dans ce quartier, pour eux, un skateur c’était un extra-terrestre. Ils étaient tous dans un moule, survêt’ Lacoste, les TN… Donc j’ai dû me battre au collège, je me faisais insulter parce que j’étais pas comme eux. Deux ou trois fois je me suis vraiment battu, genre vénèr. Un coup aussi, y’a la grosse caillera du collège, le caïd, qui m’avait cassé mon vélo en sortant du collège. Et il m’avait dit « si tu me dénonces aux flics, je te tue », donc le soir même je suis allé porter plainte et le lendemain, il est venu chez moi en pleurant parce que si je retirais pas ma plainte, il allait en prison. Il avait déjà fait trop de conneries. On s’est arrangé, en fait quand tu t’intéresses à son cas, le gars, il a eu une vraie vie de merde, j’ai retiré ma plainte, il m’a repayé mon vélo et j’ai plus jamais eu d’emmerdes dans le quartier. J’ai même mis des cailleras au skate… On allait au skatepark avec les gars du quartier, c’était rigolo. soma 37


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FS crail slide, Barcelone Š Alberto POLO


" J’envoyais des lettres d’amour à des filles qui avaient cinq ans de plus que moi… Je soulevais les jupes des meufs… j’étais un caïd ! "

Et ils skatent toujours les gars ?

Non, non, ils font de la boxe maintenant. Mais bon, j’ai quand même réussi à les faire monter sur une planche alors qu’au début, ils m’insultaient. Non, franchement je préfère être avec des cailleras qu’avec des bourgeois… Même si après j’ai été obligé d’aller chez les bourgeois pour faire du skate, pour évoluer quoi… [rires] Parce que si je restais au quartier, j’allais pas aller bien loin. J’ai cru comprendre que tu intégrais le team Nozbone, t’as pas un peu peur de te retrouver au milieu de tous ces Parisiens ? [ndf. C’est une question de Tura ça, j’veux pas d’emmerdes, moi]

Non, non ! Déjà je suis né dans la rue de Nozbone, à l’hôpital St Antoine. Et puis je les kiffe bien, toute la bande là. Quand je vais à Paris, je vais chez Jon Monié, j’fais coucou à Tura le matin la bite à l’air, parce qu’il habite juste en face… Puis on fait du skate avec Jon, on s’accroche aux voitures… Bonsoir ! Attends je dis bonsoir aux gens du quartier. Vous allez bien ? [...] Oui, là maman elle est chez une copine, elle va bien… bla, bla bla… Bonne soirée. Oui, donc avec Jon on se marre bien, on a la même vision du skate, on s’éclate quoi. Loïc me disait d’aller chez Wall Street, mais y’a déjà tout Antiz chez eux et puis j’aime bien skater à Paris. Je trouve que la mentalité à bien évoluée. C’est sûr que quand j’allais à Paris à l’époque, quand j’avais 13/14 piges, que j’étais fringué comme au cirque, je faisais des blunts dégueulasses avec une board pourrie et que j’allais au Dôme ou à Bercy, l’ambiance était vraiment oppressante. Mais c’était l’époque qui voulait ça, c’était wesh wesh, le curb, tout ça… Alors que maintenant tout le monde à vraiment l’air de s’éclater et de pas se prendre la tête.

Mais tu vis où là, au fait ?

J’ai pris un appart à Lyon avec ma chérie, alors au lieu de rentrer à Tours comme je faisais avant je rentre voir ma petite femme qui fait ses études et puis les autres potes quoi. Mais bon je suis toujours en tournée quoi.

Eh ouais, y’a Surya Bonaly qui a dormi à la maison ! [rires] Même moi elle a essayé de m’y mettre, mais les moules bites ça allait cinq minutes… Par contre c’était chanmé parce que déjà tout gamin j’étais bien à bloc sur les femmes et j’étais à fond sur les petites élèves de ma mère. J’envoyais des lettres d’amour à des filles qui avaient cinq ans de plus que moi… [rires] Je soulevais la jupe des meufs… J’étais un caïd ! J’ai une photo, où ma mère m’avait fait faire une compète, je suis en tunique avec une coupe, ha ha ! Vas-y, il nous faut cette photo pour l’interview !

Ha ha, c’est mort ! Jamais je te donnerai cette photo, t’es fou. Je te la montrerai si tu veux, mais jamais je te la donne. Je connais trop tes potes pour t’envoyer des trucs comme ça ! Ha ha, Je vois pas de qui tu parles…

Je plaisante c’est mes potes aussi, mais tu vois à Paris, je trouve qu’il y a une meilleure ambiance parce qu’il y a moins de blogs ! [s’en suit une longue discussion sur les blogs, les guéguerres, plein de choses qui vous amuseraient sûrement mais qui ne sont franchement pas publiables…] Bon, bein je crois qu’on a assez parlé là.

Ouais c’est clair, une heure au téléphone, c’est bon pour mon cancer ça… Par contre, quand je parle de « Biiiiip » qui m’a pas payé, si tu pouvais le zapper ? Ha ha, oui t’inquiètes…

Et puis quand je dis que je veux arrêter le skate pour faire un métier de prolo (rires) ça aussi hein, parce que je sais bien que j’ai de la chance de faire ce que je fais, donc je vais pas commencer à me plaindre quoi… Eh ben merci, je me disais justement qu’il me manquait une conclusion pour cette interview, tu viens de me l’apporter sur un plateau...

De rien !

X

T’aurais tord de t’en priver.

J’ai jamais dit non quand on me propose de partir. Même les contests j’adore ça, parce que je vois du monde, on rigole bien. Par contre, je les aborde différemment aujourd’hui, j’ai pas envie de faire les mêmes runs que tout le monde, avec le flip sur la table, le back lip sur le rail… Ça me saoule cet esprit de merde. Ça devient du patinage artistique. Ma mère était prof c’était pareil. Elle était prof de patinage artistique ? soma 39


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Texte et photos : Eric Antoine

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François a 19 ans aujourd’hui. Il a les poils qui commencent seulement à pousser sur sa poitrine et, le matin, il se complimente devant une telle découverte. Il vit à Dunkerque et pour la première fois, il va prendre l’avion. Pour la première fois il va s’émerveiller devant une mer de nuages cotoneux et pour la première fois il va commander un sandwich au salami et un Coca-Cola en anglais à une hôtesse de l’air allemande. Une fois n’est pas coutume, puisque Maxime Génin était blessé, et pour apporter un peu d’humour (avec des oeuvres du type : « C’est un tétard, il croyait qu’il était tot, mais il était tard. ») et de skate français, le team Emerica a accueilli François pour sa tournée dans le sud de l’Italie. Il a donc passé 10 jours avec Eniz Fazliov, Rob Maatman, Helder Lima, Jo Lorenz et Chris Jones dans la région des Pouilles qui reste assez méconnue dans les magazines de skateboard. ++++++

A peine arrivé à Bari, les présentations une fois terminées, l’entrée en matière s’est faite sur une suite de curbs qu’Helder a gentillement retourné. Ceci est intéressant, certes, mais j’avoue que ce qui a le plus attiré mon attention c’est le roller manchot qui s’entraînait à faire glisser ses patins sur un curb. Sauf tout mon respect pour les personnes mutilées, il faut avouer que c’est assez spécial et admirable de persister à pratiquer ce type d’activité avec le déséquilibre causé par une telle amputation, mais tout de même c’est très, comment dire… bancal... surprenant. Le soir même nous nous sommes rendu dans un de ces restaurant familiaux Italiens, situé en sortie de ville où la nourriture est excellente et bon marché, le tout dans une ambiance de communion du petit cousin Luigi (si vous voyez ce que je veux dire). Ce soir-là nous n’avons pas été déçu puisqu’une pièce immense était remplie exclusivement de

femmes. Pour être plus précis, 80 femmes hyper sérieuses qui dansaient en ligne et de manièere hésitante face à un DJ féminin. Pas de doute, avec un début comme celui là, cette tournée s’annonçait particulière. La maison que nous avions loué se trouve en péripherie de Galipolli dans une petite ville touristique qui est certainement remplie l’été mais totalement déserte l’hiver. De longues rues brulées par le soleil, des nappes de goudron boursouflés entourées palmiers ennuyés et de maisons blanches qui semblent murées depuis une éternité. Ces allées désertes sont le refuge de quelques chiens abandonnés l’été passé et de quelques irréductibles grand-pères têtus. Les bars et restaurants sont nombreux, fermés eux aussi, en voyant l’état des terrasses recouvertes de sable et délabrées par les tempêtes, il semble qu’aucune bière n’ait été servie ici depuis des années. Au bout de ces rues, la mer est bleue

claire, et les longues plages de sable fin accueuillent, depuis l’automne, chaque déchets qu’elle y dépose. En mars, ça ressemble à un veritable dépotoire. Pourtant, le printemps venu, les maçons s’activent, les propriétaires s’inquiètent, et tout le monde s’affaire à rendre cette petite ville aussi attractive qu’elle l’est sur les pages internet des agences de voyage. En mai, les volets s’ouvrent, les barbecues se réchauffent, et les rues se remplissent. Difficile à croire à la période de l’année ou nous y sommes allé. C’est d’autant plus intéressant pour nous puisque les rues vides sont l’eldorado des skateurs imaginatifs et la région regorge de spots tous dispersés dans un paysage étonnant et apaisant. Plutôt que de vous raconter des anecdotes qui n’intéressent certainement que moi je vais laisser parler François qui est certainement plus jeune, neutre et humble. Un avis exterieur ne fait jamais de mal. Merci encore François d’avoir égayé notre tournée de ta fraîcheur et tes caleçons freegun. Copain.

Rob Maatman pole jam crail grab

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Rob Maatman, switch ollie

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Je tiens à faire cette interview anonymement, je mets mes lunettes de soleil, éteinds la lumière! Bon, rentrons dans le vif du sujet. Que penses-tu du mariage homosexuel ?

Je suis pour... enfin non, ça me parait bizarre que deux êtres du même sexe puissent s’aimer mais bon, si vraiment, au fond c’est comme ça et ils peuvent pas faire autrement, qu’ils se marient, c’est normal. Ca fait quand même 5 jours que tu dors avec Chris Jones, ça se passe bien ?

Ha oui, effectivement, il y a eu quelques petits attouchements, et on a chanté «troubles» toute la nuit.

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Tu en es où avec l’anglais ? Tu es venu pour apprendre, non ?

Je commence à bien me démerder, tout le monde m’aide, j’apprends plein de choses. C’est ta premiere tournée de skate ?

Oui ! J’avais fait une petite tournée avec le shop qui me sponsorise, Raconte un peu... C’est fou, en 2 secondes tu passes Kamas, on était allé en Belgique. Tu n’avais jamais pris l’avion avant ? du sol aux airs, les maisons Non. Ca m’a bien plu à part les oreilles "rapetississent" et puis tu voles ! bouchées. Pourtant je les nettoie tout La première fois c’est dingue. Ca le temps, je déteste voir des oreilles passe beaucoup plus vite qu’en train. sales. Haa, c’est horrible les gens qui J’ai eu de la chance en plus, j’ai eu se nettoient pas les oreilles ! (S’en le hublot. J’étais content. Je suis suit une longue discussion sur ses vraiment content d’être là, ma mère amis qui ne se lavent pas les oreilles, aussi, elle voit que je m’épanouis, que j’apprends l’anglais ! mais je vous épargne ça.)


Francois Andries, backside lipslide to nose manual revert

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Eniz Fazliov, feeblegrind backside revert & wallride

Comment tu trouves la nourriture en tournée ?

Beaucoup de jambon. Heureusement que personne n’est musulman.

Est-ce que ça te pose un problème qu’il y ait un noir dans cette tournée ?

Bah non, il en faut toujours un, d’ailleurs c’est le premier qui meurt en général... Dans “Jurassic Park”, un noir dans tout le film. A peine ça commence, il y passe !

Qu’est ce qui te surprend le plus dans cette tournée ?

Disons qu’on vient tous d’un pays différent, avec nos habitudes différentes, et il faut cohabiter. Un Allemand, des Français, un Hollandais, un Portugais, un Finlandais etc. C’est

“Loft Story” ! Alors bon, le portugais et l’allemand sont déja un peu bizarres, ils ont un drôle d’humour, une drôle de manière de vivre en général, ça vient d’une éducation différente. Sinon au niveau du skate, c’est différent aussi. La plupart ont arrêté l’école, c’est leur job. Ils sont conscients qu’ils doivent filmer des trucs. Enfin moi aussi en même temps, je suis pas là uniquement pour aller au resto gratos ! soma 49


Helder Lima, backside tailslide

Pourtant c’est ce que tu fais !

Oui c’est pas faux, mais moi c’est moins grave, alors que eux, ils ne peuvent pas repartir d’ici sans images. Ce côté-là du skate m’était inconnu. Tu trouves que les sessions sont drôles quand même ?

Oui, ce ne sont pas les plus marrantes que j’ai eu l’occasion de faire, mais elles sont bien. La session de pole jam, par exemple était super ! Le truc aussi, c’est que moi, je dois me chauffer avant de skater un gros truc. Eux, non. Rob, tout à l’heure, il sort du van apres 1 heure de route, cigarette à la main, veste en cuir et capuche sur la tête et il fait un pole jam crail grab direct ! Que penses-tu de l’appartement ?

Il fait froid mais bon... Disons que quand c’est pour une courte durée, ça va. Là c’est pas rudimentaire non plus mais il y a peu de chauffage, il n’y a pas de canapé, la salle de bain est assez ghetto et il n’y en a qu’une pour 8, il y a pas souvent de l’eau chaude... Combien de temps tu peux tenir à ce rythme ?

Il faut s’habituer. les horaires me conviennent, par contre, le rythme au niveau des bières, je ne tiendrais pas longtemps. Les horaires d’école sont bien plus durs, et puis te lever dans un pays nouveau pour aller skater toute la journée ça donne envie de se lever vite ! Les kilomètres ne te gênent pas ?

Parfois c’est chiant, il y a plein de bosses en plus sur ces routes ici. La région des Pouilles te plaît ?

Oui, c’est une région pauvre, il n’y a que des Fiat Panda, des Cinquecento, des voitures pourries. Les routes et les parcs ne sont pas entretenus, les ponts et chaussées ne font rien. Il y a peu de police, la crise est assez présente ici, ça se ressent. Curieusement ça ressemble un peu à l’Espagne avec un petit goût de Maghreb. Qui boit le plus ?

On boit tous pareil, enfin, moi je trouve que je bois beaucoup trop déjà. Mais bon, Rob, il a une longueur d’avance, même le matin. Qui mange le plus ?

Jo.

Qui pisse le plus ?

Jo.

Qui utilise le moins de papier toilette

Jo. 50

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Qui skate le plus ?

Helder, Rob et Enis skatent à fond, mais bon, Enis skate tout ! Qui se plaint le plus ?

Helder.

Qui parle le plus ?

Helder.

Qui drague le plus ?

Helder.

Qui utilise le plus de board ?

Je crois que c’est Enis. Qui se lave le plus ?

Jean.

Qui se lave le moins ?

Bah, c’est moi. J’peux pô, J’aime pô... Tu as pris une douche ?

Non, mais je me suis un peu lavé au lavabo. Jo, lui ne s’est toujours pas lavé. Qui se reveille le plus tard ?

Helder.

Qui se couche le plus tard ?

Je pense que c’est Jo, il lit très tard. Qui ronfle le plus ?

Chris, je te jure c’est horrible, je dors avec lui. Qui est le plus frileux ?

Jean et Eric, vous vous êtes acheté un radiateur électrique et il est tout le temps à fond ! Qui est le moins frileux ?

Chris, tu as vu tout à l’heure ? Il est sorti en chemise alors qu’il fait un froid de canard. Qui a le plus de vêtements ?

Helder.

Qui a le moins de vêtements ?

C’est toi !

Qui pète le plus ?

Moi, je suis fier de le dire, je fais tout le temps des prouts ! J’aime bien ! Comment on dit péter en anglais ?


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Photos Artistes divers Texte Divers Artistes

ADRIEN BLANC

Sur la photo là, Adrien est en train de récupérer une planche tombée à l’eau. Rien de bien incroyable me direz vous, sauf que, détail qui a son importance : c’est la planche de son pote. Il ne lui a même pas laissé le temps d’aller la chercher lui-même. Il a vu son pote se trépaner, il s’est dit qu’il allait pas en plus lui imposer une baignade dans une eau un poil trop froide, alors il s’est mis en caleçon et il a sauté à l’eau, sans rien demander à personne.

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Il semblerait que cette anecdote n’ait rien d’exceptionnel quand on connaît Canardo (en même temps, avec un surnom pareil, se jeter à l’eau n’est pas vraiment un exploit). Attention donc, car si l’on en croit ce que n’ont de cesse de raconter ses potes, ce type est véritablement sympathique, à tendance cœur sur la main, prêt à se mettre en quatre pour rendre service, du genre qui se tape 1400 bornes dans le week end, juste pour filer un coup de main à un pote qui galère à installer une expo de photos. Quelqu’un d’aussi sympa, je sais pas vous, mais moi, je trouve ça bizarre. Il doit cacher quelque chose, je sais pas encore quoi, mais un jour ça nous pétera tous à la gueule. Méfiez vous de ce canard, on vous aura prévenu ! - FD


Wallie, Bordeaux Š David MANAUD

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Alley oop wall ride Š Pierre DUTILLEUX 54

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- « Tigros » d’ABS

Canardo remercie Cartel, NikeSB, Mabasi et ABS skateshop.

Quelques trucs essentiels à savoir sur Adrien

Adrien mange des sandwichs avec des cornichons et du paté, tout le temps. Il passe la moitié de la journée à se gratter les couilles. Il se réveille en matant des clips de RN’B ou de Dance à la téloche. Il parle parfois comme une caillera, naturellement. Il est addict aux wallies, dans tous les sens, sur tous les spots. Il est expert en sites qui proposent des vidéos pornos gratos sur le net. Il conduit comme dans « fast and furious ». Il est hyper-actif et quand il boit, c’est pire. Il doit son surnom à une cheville flinguée : canard boîteux...

Crooked grind © Pierre DUTILLEUX

ADRIEN BLANC

Nous venons du même petit village dans l'Ain, près de Genève. Quand à 16 ans je faisais de la mini-rampe, lui, venait le soir en douce rider la mini en tracteur en plastique... On s'est retrouvés une dizaine d'années plus tard quand il est venu faire ses études à Lyon. Il habitait à trois quarts d'heure de bus et venait tous les soirs à la fermeture d'ABS, skater les curbs à Bellecour et faire des "out". Il skatait pas mal, mais sans plus. Après notre session je lui donnais une idée de trick à essayer, il restait encore une heure à le bosser avant de rentrer et le lendemain il me montrait tout fier le trick de la veille... À raison d’un trick par jour donc, on a fini par le mettre dans le team du shop et aujourd’hui il n’a pas volé ses quatre pages dans ce magazine…

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Illustrations : Da

Photos par Loïc Benoît Texte par Tura

Les kangourous, le surf, le soleil, les parks en béton, ça vous dit quoi ? L’Australie, voilà, exactement. J’y ai passé un petit moment il y a cinq ans, et à chaque fois qu’on m’en parle, j’en ai la larme à l’oeil. Joseph Biais en revient, et d’après ce qu’il a bien pu me raconter, il semblerait que ça n’ait pas trop changé. Aaaaah, l’Australie…

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Premier séjour en Australie pour notre Jojo National. Voilà ce qu’on lui avait promis : “on m’avait quand-même dit les filles… Et puis le beau temps, forcément, plein de spots, des gens vraiment cools, une super qualité de vie…”. Un truc pas très loin du paradis, quoi, sans les nuages et le côté religieux de la chose. Car il faut bien avouer qu’une fois sur place, on a un peu tendance à pêcher, parce sait qu’on n’est pas là pour l’éternité.

Mais il faut quand même d’abord prendre ses marques, avant de prendre le rythme : “je suis arrivé le soir. J’étais super fatigué, et on est sorti direct ! On est allé dans un bar mais j’étais épuisé, et au bout de 10 minutes un vigile est venu me voir en me disant “t’es pas là pour dormir, tu te casses !”, et je me suis fait virer direct ! Le lendemain, avec le décalage je me suis levé à 6h du matin… “ Joseph part donc à l’assaut des spots mais néglige le fait qu’au paradis, on est vachement plus près du soleil : “je me suis pris le pire coup de soleil de ma vie. Quand je suis parti il neigeait à Paris, et en arrivant à Sydney il faisait 40°C. Donc on était comme des dingues ! On est allé skater, je me suis mis torse-nu et j’avais remonté mon pantalon le plus haut possible. Le soir, j’avais un coup de soleil partout, la gueule, le ventre, les cuisses… Déjà ici je prends des coups de soleil, alors là-bas…”

Deuxième crail slide de ce numéro ! 58

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Une fois le bizutage et une semaine en auberge de jeunesse passés, Joseph et son collègue Fonfon qui l’accompagne expérimentent le fameux accueil à l’australienne, ou l’art de squatter chez des inconnus pendant des semaines : “Après l’auberge de jeunesse, on s’était dit qu’on aviserait. Et on a rencontré un groupe de gars, qui vivaient chez leurs parents, un groupe de jeunes comme à Paris, comme si on avait rencontré les jumeaux [Renaux] de là-bas ! Ils étaient trop cools, accueillants, serviables…”

Un mois plus tard, Fonfon rentre en France et Jojo reste. Par un concours de circonstances, il tombe sur Loïc Benoît, photographe et fouille-merde lyonnais : “En fait, quand Fonfon est parti, j’ai appris qu’un tour avec les gars de Vans Europe s’organisait, qui finalement ne sont jamais venus. Et puis David Couliau m’avait dit que Loïc venait pour ça et voir Damien Marzocca [qui passe quelques mois là-bas en même temps]. Je me suis dit ça tombe bien… Loïc m’a dit “aucun souci, tu viendras avec les autres de Vans…” On s’est envoyé des mails, et puis à la fin il me disait “bon bah, y’a personne qui vient, donc je crois qu’on va rester ensemble…” Il était tout seul et Damien était à l’autre bout de l’Australie. Du coup j’ai fait les 2 dernières semaines avec lui.”

Crooked grind à Melbourne.

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Après quelques jours à Sydney, nos deux missionnaires s’envolent pour Brisbane retrouver un autre français qui vit là-bas : François de Cartel, comme on l’appelle dans les milieux autorisés (le type qui a lancé Cartel skateboards avant de refourguer tout ça et de partir s’installer en Australie). François s’occupe de leur faire découvrir la région : “Il nous conduisait de partout. On a fait tous les parks en béton, c’était fou ! Les meilleurs parks que j’ai vu de toute ma vie ! Y’en a un, celui de la photo du crail slide, c’est immense, c’est à moitié des modules, à moitié complètement street et ça s’étendait sur 40 zones… “

Kickflip qui aurait pu faire la couv’... 60

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François les emmène même à un contest où ils tombent sur le nouveau patron de Joseph, un certain Jamie Thomas : “on avait hésité à aller au contest, on voulait skater [dans la rue], et puis finalement on s’est dit ‘allez’… Et en fait c’était un contest pro sur invitation dans un park couvert ! Il y avait tous les pros Australiens et Jamie était là. Moi je ne l’avais même pas reconnu !” Loïc force la rencontre Jojo se fait inviter à aller skater le park privé chez Black Box Australie, mais bizarrement pas en Californie : “j’aimerais bien y aller quand même et je pense que j’irai, mais l’Australie je pense que c’est vraiment plus cool.” Attendez-vous donc à un “Jojo in Cali” un de ces jours.


Pas un seul kangourou dans cette histoire. Un peu de surf au moins ? “Je devais en faire avec mon pote Français que j’ai croisé par hasard et qui habite à Bondi Beach. Je suis allé les deux derniers jours chez lui et je lui ai dit “tu vas m’apprendre à surfer !”, et lui me dit qu’il n’arrête pas d’y avoir des attaques de requins ! On allume la télé et on voit un surfeur avec la main arrachée qui sort de l’eau ! “ On l’avait presque oublié le cliché des requins bouffeurs de surfeurs.

Pour celui des filles faciles, Jojo s’attendait à autre chose mais bon, il y a des sujets sur lesquels il est parfois plus judicieux de faire l’impasse. Donc au final, il lui reste encore pas mal de choses à faire en Australie : “Je ne sais pas quand je pourrais y retourner mais j’aimerais bien m’arranger avec l’école, vu qu’en troisième année tu dois faire un truc à l’étranger… Si je peux faire un an ce serait cool ! Y’a peut-être moyen de faire un stage chez Black Box là-bas…” A sa place, je ne laisserais pas passer une opportunité comme ça, enfin j’dis ça, j’dis rien…

BS lipslide, pas BS tail !

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Illustration : Olli Mighty


Au secours, s n e i r a t e g e v s le debarquent !

ctif de Tura

Un sujet pas super obje

Fait #1 L’homme est omnivore, il peut donc manger aussi bien de la viande que des végétaux. Fait #2 La consommation annuelle de viande par an et par habitant se situe entre 50 et 100kg (et entre 10 et 20kg de poisson) pour un pays occidental. Certains vous diront que tout ça c’est très bien, d’autres que ça nous mène tout droit à la catastrophe, et d’autres encore vous diront qu’ils n’en ont rien à cirer. Cependant, nous vivons dans une société qui nous donne le choix de manger ou pas de la viande, c’est aussi un fait. Certains skateurs ont choisi de s’en passer, en voici quelques-uns. - DT

Avertissement J’étais contre cet article. Je trouvais qu’aborder le végétarisme dans ce magazine était hors sujet, que c’était trop sérieux, et surtout, j’ai un vrai problème avec ça. En fait, j’essaye d’être plus ou moins végétarien depuis une bonne dizaine d’années, sans succès. Pression familiale, habitude, facilité, pas envie de se faire remarquer au restau, bref, toutes les excuses sont bonnes et, au final, je continue de manger de la viande et de culpabiliser. Je me rends compte en écrivant ceci que j’ai un peu le même problème avec l’alcool, grosse pression familiale, etc. Bon, là, après cet article de mon collègue, authentique végétarien à tendance chiante comme on les aime, je me sens un peu obligé de modifier mes (mauvaises) habitudes alimentaires, et j’espère que cet article vous aura aussi sensibilisé au sujet. Bon pour l’alcool, je vais pas pouvoir tout de suite, y’a l’anniv’ de ma meuf samedi, alors on verra plus tard ! - Fredd soma 63


ED TEMPLETON

ch (USA)

36 ans / Huntignton Bea

Quand as-tu entendu parler de végétarisme pour la première fois ?

En 1988 ou 89. Je skatais beaucoup à l’époque avec Mike Vallely et un photographe qui s’appelait Christian Kline, et tous les deux étaient végétaliens*. Ils m’avaient filé des bouquins sur l’industrie de la viande… Et quand ils m’emmenaient manger quelque part, ils me disaient : “je te paye le repas si tu manges vegan”. Je me souviens que ça me faisait vraiment chier, je voulais bien un repas gratuit, mais avec de la viande ! Rapidement, tu es passé de végétarien à végétalien. Qu’est-ce qui t’as fait passer le cap ?

En 1990 j’étais déjà végétarien et j’ai commencé à m’intéresser de près à l’industrie de la viande, la publicité, et la manipulation de la bouffe en général. On avait prévu une tournée de démos à travers les US, et j’avais décidé de manger végétalien, au moins le temps de la tournée, pour voir. Je l’ai fait, c’était pas si difficille… Mais BEAUCOUP plus que ça ne l’est maintenant ! Il ‘ny avait pas vraiment de magasins spécialisés, très peu de magasins bio, et peu de choix dans ceux qui existaient. Le lait de soja, par exemple, était dégueulasse. En rentrant de cette tournée, j’ai ouvert un paquet de Cheetos [chips au fromage - ndlr] et je me suis senti tout de suite mal… C’est là que je me suis dit : “je viens de passer un mois à manger vegan, pourquoi j’ai besoin de manger cette merde ?” Et puis les livres que je lisais étaient clairs, une fois que tu sais comment sont traités les animaux, les choses qu’on ajoute dans la nourriture, faire le pas n’était pas vraiment compliqué. Comment avait réagi ton entourage ?

A ce moment-là, j’avais déjà quitté la maison, donc je n’ai pas eu à subir les remarques de ma famille mais mes grands-parents m’ont quand-même pris pour un fou ! C’est sûr que ce n’était pas aussi commun qu’aujourd’hui, et j’espère que ça le sera encore plus ! Donc à l’époque, on te regardait bizarrement, mais dans mon cercle d’amis et des gens que je fréquentais, tout le monde a accepté sans problème.

Quels sont les inconvénients, d’étre végétalien ?

Certains endroits ne sont pas aussi ouverts qu’on aimerait qu’ils soient… Je me souviens être allé en Norvège et de ne pas trouver de magasin bio, ni même d’alternatives pour moi comme des restaurants chinois, indiens ou italiens sans qu’ils n’utilisent des oeufs ou du beurre. Donc parfois c’est difficille quand tu voyages, mais mon alimentation est aussi bien un choix de vie qu’un mode de protestation. Les nuits passées à avoir faim m’ont au moins évité de dépenser mon argent dans une économie que je ne cautionne pas ! Et plus de gens le feront, plus tout cela changera. Au cours de ma vie, j’ai vu des choses changer, j’ai vu que plus la demande de produits sains augmentait, plus l’offre augmentait. Comme je te disais, en 1990, il n’y avait que très peu de magasins bio, aujourd’hui il y en a dans toutes les grandes villes en Europe ou aux US… Les avantages ?

La santé. Un autre avantage est que si tu n’achètes que de la bouffe vegan, cela signifie que tu es contre tous les autres modes d’alimentation. Tu aides ainsi à changer doucement les choses et à faire en sorte que les gens sachent [ce qu’ils mangent]. La compassion, aussi, en étant vegan tu ne te sens plus coupable. Tu sais que ce que tu consommes ne favorise pas le massacre des animaux. L’environnement est aussi un facteur important, ne pas manger de viande aide la terre, l’air, ça diminue le nombre de vaches, les risques de pluies acides… Ton pro-model chez Emerica est sans cuir ?

Oui, c’est une demande que j’ai faite depuis le début que je suis chez Emerica. Les designers ont toujours été d’accord pour faire qu’on utilise les meilleurs matériaux possible sans qu’aucun animal ne soit tué. C’est bien que les gens aient le choix, qu’ils puissent réfléchir sur l’impact environnemental de ce qu’ils consomment…

Est-ce que tu avais ressenti des changements ?

Oui. Surtout au niveau de l’endurance, de l’énergie, des intestins, de la peau… Tout se passe mieux quand tu arrêtes d’ingurgiter de la merde… Plus de sucre raffiné, de sodas, de fromage ou de lait. Pourquoi est-ce qu’on boirait le lait d’un autre mamifère ? Les dauphins ne boivent pas le lait des baleines, les écureuils celui des chevaux… Les chats ne boivent pas de lait non-plus, ils ont choisi l’eau, comme tous les autres animaux… Ed Templeton, New Deal (design par lui-même) -1992

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"Tu aides ainsi à changer doucement les choses"

FS ollie © Mike O’MEALLY

* Végétalien (vegan en anglais) : qui ne consomme aucun produit d’origine animale (ceci incluant les laitages, oeufs, poissons, cuir, laine, plume etc.) Végétarien : qui ne mange pas de viande mais qui tolère les produits d’origine animale comme les laitage et les oeufs. Certains se disent végétariens mais consomment du poisson. soma 65


"c’est vraiment parce que je n’aime pas le goût et l’odeur"

Peter Molec

tina (Slovaquie)

23 ans / Zvolenska Sla

Quand as-tu entendu parler la 1ère fois de végétarisme ?

C’est dur à dire… Je ne sais pas… Quand j’étais petit je pense… Et en fait, déjà à l’âge de 5 ou 6 ans, j’avais arrêté de manger de la viande, parce que je n’aimais pas ça. Et puis on m’avait forcé...

vraiment parce que je n’aime pas le goût et l’odeur de la viande, alors je me suis dit, voilà “le” signe, j’arrête. C’est ta seule motivation ?

Oui, je n’aime pas le goût ni l’odeur. C’est tout. Je ne suis pas contre le fait de manger les animaux. Tu manges du poisson ?

Quand as-tu arrêté d’en manger officiellement ?

C’était à un contest en Italie, il y a bientôt 4 ans.

Oui.

Pourquoi à cet endroit à ce moment-là ?

Qu’est-ce qui a changé depuis ?

Je ne sais pas vraiment, mais je ne mangeais déjà plus de boeuf, seulement du poulet, et quelqu’un qui travaillait làdedans m’a raconté des trucs [sur l’élevage de la volaille] et ça m’a donné envie aussi d’arrêter. Mais avant tout c’est

Rien. Mais je pense que c’est mieux pour mon corps, plus sain. Comment ont réagi tes parents ?

Mon père était un peu surpris, et il m’avait demandé : “Tu vas manger quoi alors ?”. “Tout, sauf Switch FS boardslide © Jelle KEPPENS de la viande !”. Il y a des inconvénients ?

Pas vraiment, tu peux manger végétarien à peu près partout, ou te préparer quelque chose sans viande. Mais c’est vrai que je ne suis pas encore allé dans un pays où c’est impossible de manger autre-chose [que de la viande]… Des avantages ?

Déjà au niveau du goût, je pense que tu es plus sensible aux goûts en général ; et puis tu n’as pas vraiment de problèmes d’estomac, de digestion… Et est-ce que tu penses qu’il y a un lien entre le skate et le végétarisme ?

Je ne sais pas, peutêtre qu’il y en a un, mais je n’y ai jamais réfléchi.


BORIS PROUST 23 ans / Montpellier

Quand as-tu entendu parler de végétarisme la première fois ?

C’est d’avoir passé du temps avec Nicolas Levet qui m’a beaucoup parlé de ça, et puis un jour j’ai vu le film “Earthlings”. Ca m’a vraiment dégoûté, alors j’ai arrêté, du jour au lendemain, il y a trois ans.

Lipslide to nose blunt slide © Eliott PROUST

C’est pour te donner bonne conscience ?

Oui, c’est pour être mieux dans ma tête… Juste arpès le film, j’avais ouvert le frigo, j’avais vu de la viande, et ça m’avait dégoûté d’un coup… Je m’étais dit que ça ne servait à rien [de manger de la viande]. Enfin, peut-être qu’un jour j’en remangerai, mais j’espère pas ! Tu me disais que ton frère est aussi végétarien…

Oui. Mais je mange toujours des oeufs et du fromage.

Oui, il a vu le film et ça lui a pris un mois avant d’arrêter. Il y est allé plus progressivement. Ca fait presque trois ans aussi pour lui.

Quels changements, s’il y en a eu, as-tu ressenti ?

Comment avait réagi ton entourage ?

Tu as aussi arrêté le poisson ?

Rien, non… Mais je compense, je mange du tofu, des protéines, des germes… Si tu retournes en Afrique par exemple, ça risque d’être compliqué, non [Boris a vécu longtemps au Togo] ?

Ca dépend, je pense que je trouverai toujours des oeufs, du fromage et des légumes…

Mes parents avaient un peu halluciné. Ils ont aussi vu le film, ça les a un peu dégoûté, mais bon… je l’ai montré à plein de gens, et tout le monde ne réagit pas de la même façon, certains s’en foutent, d’autres sont dégoûtés… Chacun ses choix ! soma 67


"Aujourd’hui, j’ai vraiment du mal avec Vallely, d’ailleurs il s’est remis à manger de la viande…"

OLI BUERGIN

36 ans / Basel (Suisse)

Comment tu as entendu parler de végétarisme la 1ère fois ?

Ca me fait un peu mal de l’avouer, mais c’était dans une interview de Mike Vallely dans Transworld. C’était un point important qu’il abordait, surtout à l’époque où c’était encore assez exceptionnel d’être végétarien. Ca m’avait vachement impressionné, et je m’étais dit que je ne préférais plus manger d’animaux… Aujourd’hui, j’ai vraiment du mal avec Vallely, d’ailleurs il s’est remis à manger de la viande… Tu avais ressenti de la pression sociale, familiale ?

Non, je pense que ma mère comprenait, elle ne posait pas trop de questions. Elle s’est mise à cuisiner des trucs où elle pouvait séparer facilement la viande des légumes, soit des pâtes avec deux sauces différentes, ou même des choses pour remplacer la viande, comme du tofu… Mon père ne comprenait pas trop mais ne m’a jamais mis la pression. Parce qu’à 16 ans, ça fait un peu crise d’adolescence…

Sauf que ça fait bientôt 20 ans que je n’ai pas mangé de viande ou de poisson… C’était surtout pour la cause animale ? Aujourd’hui, c’est aussi un geste écologique.

Oui, au début j’ai arrêté parce que je pensais qu’il ne fallait pas manger les animaux, mais j’ai rapidement appris les faits écologiques, que tu peux nourrir cent fois plus de gens avec une certaine surface que si tu l’utilises pour nourrir des animaux… Alors oui, aujourd’hui il y a les deux aspects, mais c’est vrai qu’à 16 ans je n’y pensais pas encore. Donc ça n’a fait que renforcer le truc.

Est-ce que tu avais ressenti des changements, que ce soit physiquement ou autre ?

Non, vraiment rien. Mais tant que tu manges des produits laitiers et des oeufs, je pense que ça ne change pas grand-chose pour le corps. C’est quand tu es végétalien qu’il faut faire vraiment attention. Tu n’as jamais fait d’analyse sanguine ?

Non, mais comme je me suis toujours senti en forme, je n’en ai pas ressenti le besoin. Quels sont les inconvénients ?

En voyage parfois c’est difficie, enfin maintenant ça va, il y a encore 15 ans, dans certains pays, c’était vraiment compliqué ! Jamais d’exception ?

Non ! Pourtant je n’ai jamais été le genre de gars à essayer de manger vraiment sain, j’allais même parfois au McDo manger des hamburgers végétariens, quand ça existait encore ! Pour l’anecdote, c’est Ed Templeton qui m’a fait découvirir les falafels, qu’on peut trouver à peu près dans toutes les grandes villes. C’est devenu un peu le fast-food végétarien quand tu voyages ! Tu portes du cuir ?

Oui, difficile d’éviter… C’est vrai que je ne fais pas le truc jusqu’au bout, c’est peut-être une petite faiblesse de ma part mais d’un autre côté, je pourrais dire que plein d’animaux sont tués pour être mangés, et qu’il faut bien utiliser les peaux…

L’INTERVENTION MUSCLéE DE MIKE Est-ce qu’à l’époque tu avais réalisé que ton interview dans TWS avait eu autant d’impact ?

Cette interview date maintenant. Vingt ans ! J’ai juste le souvenir de plus avoir subi un interrogatoire qu’autre chose. A l’époque, être végétarien et en parler franchement était un geste considéré comme radical, ou du moins c’est comme ça que je l’avais ressenti. Ils m’avaient fait passer pour un fou… Je ne pensais pas que ça aurait intéressé quelqu’un… Y a-t’il un quelconque lien entre le skate et le végétarisme ?

Je ne pense pas qu’il y ait de réelle connection entre le skate et le végétarisme. Le skate en lui-même est un mode de vie alternatif, qui peut t’ouvrir à d’autres choses alternative comme le végétarisme, oui, mais je ne dirais pas que les deux choses s’accordent ou un truc comme ça… Ton végétarisme fait désormais partie du passé ?

Oui. J’ai été végétarien de 1988 à 1999. Je crois que je ne me retrouvais plus dans ce “lifestyle” qui avait tendance à devenir un culte, pratiquement une religion et ça me faisait chier. Sinon il y a aussi le fait que j’avais faim. J’ai réalisé à un certain moment que je m’empêchais de manger certaines choses dont j’avais envie, donc pourquoi ne pas simplement les manger ? Et j’ai troujours trouvé que les imitations de viande étaient des choses stupides. Si tu veux manger de la viande, manges-en, et si tu ne veux pas, n’en mange pas ! Mike Vallely, World Industries (design par Marc McKee) -1989 68

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VALLELY


"je ne me retrouvais plus dans ce lifestyle qui avait tendance Ă devenir un culte" - Mike Vallely

FS tail slide Š Eric ANTOINE

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"j’ai arrêté d’essayer de convaincre qui que ce soit que j’avais raison"

Soy Panday

Gap to BS tailslide © David STEEL

33 ans / Paris

Quand as-tu entendu parler de végétarisme la 1ère fois ?

Depuis ma naissance, je vais régulièrement en Inde, où la majorité de la population est végétarienne. Dans la maison de ma grand-mère, aucun produit d’origine animale, à part du lait, n’était autorisé. A l’époque, passer un mois là-bas sans manger de viande était un enfer. Ce n’est que plus tard, vers 16 ans et grâce au mouvement straight edge, que je m’y suis intéressé plus sérieusement. Quand as-tu arrêté d’en manger ?

En seconde, en 1992, après avoir lu les paroles de la chanson « Cats and dogs » de Gorilla Biscuits. Quelle avait été la réaction de ton entourage ?

Tout le monde a cru que ce ne serait qu’une phase qui me passerait, ma mère continuait de me proposer de la viande à chaque repas, ma grand-mère française et catholique ne comprenait pas vraiment le concept de végétarisme... ça leur a juste pris un peu de temps pour se faire à l’idée que je ne mangerais plus de viande. En peu de mots, quelle a été ta motivation ?

D’essayer de ne pas placer mes papilles gustatives au-dessus de la vie et la souffrance d’un autre animal. Il me parait contradictoire de nous proclamer les animaux les plus intelligents de la planète et d’accepter autant de violence dans notre mode de vie. « Ne faites pas à autrui ce que vous n’aimeriez pas qu’on vous fasse ». 70

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Quels changements, s’il y en a eu, as-tu ressenti ?

Humm... aucun, pour autant que je me souvienne. Portes-tu du cuir ? Des doudounes en plume ?

Mes chaussures sont généralement en cuir, ce qui est pour le moins contradictoire avec ce que je viens de dire. Aussi stupide cela soit-il, j’arrive mieux à skater avec des chaussures en “suede”. C’est à cause de contradictions de ce genre que j’ai arrêté il y a bien longtemps d’essayer de convaincre qui que ce soit que j’avais raison. Selon toi, quel lien, s’il en existe un, y a t-il en le skate et le végétarisme ?

Je crois qu’on peut trouver un lien entre le skate et absolument n’importe quoi, ce qui ne veut pas dire qu’il y en ait vraiment un à priori. Le skate est composé d’individus différents, qui skatent différemment les uns des autres et pour des raisons différentes. En ce qui me concerne, j’aime voir le skate comme étant à michemin entre un jeu et un moyen d’utiliser le mobilier urbain différement de ce pour quoi il a été conçu, voire différemment d’un autre skateur. En d’autres mots essayer de questionner les idées préconçues au profit de ma propre analyse des choses. J’essaie d’appliquer le même raisonnement, entre autres, à ma façon de manger. Je crois sincèrement que la plupart des gens mangent de la viande par habitude plus que par conviction.


"Il y a eu les histoires de vache folle..."

Hans Claessens

33 ans / Bilbao / Gent

Quand as-tu pris conscience que le végétarisme était quelque chose qui t’intéressait ?

En fait j’ai été végétarien de 15 à 17 ou 18 ans, mais j’étais un “mauvais végétarien”, c’est à dire que je remplaçais la viande avec du fromage ! Ah ah ! Alors que c’est pas comme ça que ça fonctionne… Je n’étais pas bien dans mon corps alors j’ai recommencé à manger de la viande jusqu’en 2000. C’est là que je suis redevenu végétarien, mais mieux ! Tu manges du poisson ?

Non, mais je ne suis pas vegan. Je mange des produits laitiers, mais je bois très rarement du lait. Normalement je prends du lait de soja, mais comme je voyage beaucoup, parfois il n’y a pas d’autre solution. Pas facile de trouver du tofu en voyage… Quelle a été ta motivation principale ?

En Belgique, à un moment il y a eu les histoires de vache folle, et puis la grippe aviaire à peu près en même temps, donc j’ai décidé d’arrêter [de manger de la viande]… A mon avis, toutes les maladies que ça a provoqué ne se déclareront pas avant 10 ans…

Tu es sensible à la cause animale ?

Oui, mais ce n’est pas ma motivation principale. Penses-tu qu’il y a un lien quelconque entre le skate et le végétarisme ?

Je ne sais pas s’il y a vraiment un lien mais je crois que dans le skate, les gens sont un peu plus conscients de ce qui se passe dans le monde, parce qu’on est souvent sur la route, dehors, dans la rue… Quels sont les avantages, s’il y en a, à être végétarien ?

Tu sais ce que j’ai remarqué ? Eh bien avant j’avais toujours des courbatures musculaires, et depuis que je suis végétarien, je n’en ai plus. Je suis parfois un peu raide, mais je n’ai plus de courbatures. Les inconvénients ?

Comme je suis tout le temps sur la route, je passe plus de la moitié de l’année à manger hors de chez moi, et c’est souvent difficile de trouver ce que tu souhaites, ce qui est bien pour ton corps. Tu n’as pas toujours le choix… Sinon, par exemple, quand j’ai eu ma blessure, ça a pris vraiment longtemps pour reconstruire les muscles. Bluntslide © Jelle KEPPENS


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Numéro Onze Thomas Renaux bonless lipslide Paris © Jon Monié

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Kilian Heuberger Pole jam 360°, Bruxelles © Davy Van Laere

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Alex Gavin Kickflip body varial, Montréal © Félix Faucher

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Vivien Feil BS flip to fakie nose wheeling, Strasbourg Š Jean Feil

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Greg Nowik, lien melon © Scalp

Le Wängl Tängl est un contest de snowboard Autrichien qui a su rester fréquentable. Pas d’écran géant, pas de Pom-Pom girls, pas de sponsors à la con (enfin… y’avait Red Bull, mais en Autriche c’est plus ou moins obligatoire), pas de qualification pour les Jeux Olympiques en vue, juste une bonne semaine à faire du snowboard et à faire la fête (ils rigolent pas avec ça dans les contests de snow). Ah oui, et y’avait un contest de skate aussi, sur l’incroyable mégamini rampe IOU Ramps. Un contest par équipe de deux où les doubles étaient vivement encouragés. La liste des skateurs présents était franchement impressionnante (surtout des riders Vans, mais hé, ils sont bons les gars) et donc c’était chouette à voir et ça s’est terminé par un concert de HipHop bien sûr, bande de bâtards ! - FD

Wängl Tängl

Les grands moments de ces quelques jours au pays de Mozart, Jörg Haider et Arnold Schwarzenegger :

?

Mayrhofen Autriche Mars’09

- David Martelleur en train de prendre la tête à Alexis Jauzion (son team manager chez Vans) pour qu’il le conduise à l’aéroport le lendemain matin pour prendre son avion à 6h00 alors que Jauzion vient juste de nous expliquer qu’il rentre se coucher et qu’il voulait surtout pas croiser Martelleur parce qu’il sait très bien que de toute façon, il allait louper son avion et qu’il ne servait à rien de se lever pour un gars qui serait toujours en train de faire la fête à l’heure de partir… Je rassure tout le monde, à 6h00, Martelleur ne pensait pas du tout à prendre quelque avion qu’il soit. - Kevin Wenzke, allemand, jeune et incroyable. Une moitié de Daniel Cardone, une moitié de Ross McGouran, un t-shirt de death metal et des cheveux de death metal. Ce gamin est vraiment épatant, on va en entendre parler dans le futur, c’est sûr (je viens de réaliser qu’on avait une photo de lui dans le #9, le fakie stalefish dans une sculpture/fullpipe). - Alex Giraud, jeune père, en trèèès grande forme (de jour comme de nuit) remportant le contest de saut en hauteur sur le hip (ex-aequo avec Kevin Wenzke). C’est aussi lui qui a défoncé la cheville de Sam Partaix en lui retombant dessus. C’est le risque quand on fait des doubles… - Chris Pfanner. - Les Anglais, Andy Scott, Josh Young, Mark Churchill et Ben Norberg, skatant très bien et surtout faisant les cons, d’où cette réflexion de mon pote Jeremy : « y’a tellement rien à foutre sur leur île, qu’ils passent leur temps à faire les cons ». Ils faisaient plaisir à voir en tout cas. - Tailslide sur l’oververt pop out jusqu’à la petite courbe à côté, si vous connaissez la mini (celle de ISPO, Bâle…) vous comprenez… Fiat a vu juste, Juergen Horwartt est un vrai champion. - Le joueur de flûte traversière dans le groupe de rap. ‘nuff said. - Et les gratte-dos dans la peuf maaan ! Conseil avisé : Pour aller au Wängl Tängl l’an prochain, si vous venez de Grenoble, et si je puis me permettre un conseil, ne prenez pas un train pour Paris un jour de grève générale, ne prenez pas ensuite un métro, un RER et un bus pour atteindre Roissy (à cause de la grève), ne prenez pas un vol Roissy – Vienne / Vienne – Innsbruck, ne prenez pas ensuite un bus et deux trains pour enfin arriver à Mayrhofen, c’est franchement trop long, surtout seul… Mais si vous choisissez quand même de le faire, pensez au moins pour le retour à prendre le deuxième train dans le bon sens, sinon on se retrouve en Allemagne, à Munich, et on loupe son avion, et on vous perd votre skateboard à l’aéroport et bref, c’est galère quoi. M’enfin après vous faites comme vous le sentez. Moi, on m’y reprendra plus. 80

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credit photo: jelle keppens / hans claessens

Presents

O/AM R P L W O B STREET & et 12 Juillet

10,11 OUEN R E D K R A P E SKAT

Best trick contest supported by

Invitational bowl carnage supported by

w w w. k i n g - o f- wo o d . co m




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19 Illustrations : Da

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18 1 le premier pro-model de Guillaume Dulout chez 5Boro / 2 un t-shirt Ambiguous / 3 un short Element avec plein de poches / 4 le pro-model de jean d’Erik Ellington / 5 un t-shirt Carhartt avec une sequence de Roost en tail drop to slam / 6 une chemisette Ezekiel / 7 le pro-model de jean de Mike Mo Capaldi / 8 le pro-model d’Antwuan Dixon chez Supra / 9 une casquette de la nouvelle ère Kr3w / 10 une chaussure “game” de couleur pourpre de chez C1rca 11 une chemise à manches longues de marque Element / 12 le pro-model de truck de Marc Haziza chez Falcon 13 le 1er pro-model de Charles Collet chez Cliché (en 8,25 pouces de large) / 14 le premier pro-model de Stefan Janoski chez NikeSB, “pour un usage quotidien” / 15 des roues MiniLogo en 54mm et 99A / 16 un portefeuille Ezekiel / 17 un sweat (prononcez souète s’il-vous-plaît, pas souite) Trauma zippé / 18 une chaussure Vans aux couleurs des Bad Brains / 19 une chaussure Nike SB très colorée / 20 une ceinture Vans bleu, blanc, rouge. 84

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1 Une DVS original-intent, Brophy - Fourstar / 2 Une Real « Aces Edition » en 9 pouces / 3 Une brigante avec un bandana sur un t-shirt Ambiguous / 4 « Hell yeah I think I see a Starbucks over there » c’est de Marc Johnson et c’est chez Matix / 5 Une paire de Vox « Trooper » pour beugler du Maiden en skatant comme Guzman / 6 Des PJ Ladd indestructibles de chez DC / 7 Mabasi. LE skate-tool / 8 Un t-shirt Cliché sans cocktail Molotov / 9 Des Osiris James Brockman, en vert pomme cette fois-ci / 10 La chemisette WeSC pour aller dans la belle famille / 11 Un t-shirt Vans + Bad Brains = la méchante classe ! / 12 Un casque WeSC, obligatoire de nos jours / 13 Une Creature d’au moins 8,25 pouces / 14 Une authentique casquette M&M’s from NY / 15 Un zipper Volcom ultra léger, pour les soirs d’été / 16 Un tish Cliché avec un cocktail Molotov / 17 Un caleçon Kiuu avec un Coboye courtesy of Artus de Lavileon, himself ! / 18 Un pro-model de polo pour Torey Pudwill (Matix) / 19 Un short Volcom finement rayé pour avoir la classe, même avec les gibolles à l’air / 20 Une Osiris « Tron » pour pied gauche, taille US 9 / 21 Un logo wesc sur un t-shirt jaune / 22 Une Vans verte pas vraiment hi-top, mais pas vraiment lo-top non plus / 23 De l’Ajax multi-usage, senteur citron vert. 14

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samuel partaix - frontside blunt - photo : loic benoit jo chaboud • akim cherif • lionel dominoni • martin keller lisa jacob • mathieu lebail • jon monié • kevin rodriguez • jj rousseau 295, rue du faubourg st antoine 75011 Paris - metro nation - 01 43 67 59 67

nozbone.com - le magasin en ligne


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Dès le premier numéro en 1993, Big Brother entrait dans la légende et allait façonner l’esprit du skate des années 90. Jackass est né dans les pages de ce magazine qui gagna en notoriété le jour où la télé américaine s’est scandalisée d’un article intitulé “How to kill yourself”. Publié chez Larry Flynt (qui produit le mag porno Hustler) à partir de 1997, Big Brother est mort en 2003. Dave Carnie en était le rédacteur en chef. - DT

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Interview par Oli Tielsch

Quelles sont les principales différences entre le fait de travailler pour The Skateboard Mag et Big Brother ?

Probablement le skate. “THE”, comme j’aime l’appeler, parle de skate. BB parlait des skateurs. Nous. Et de types à poil. “THE” ne publie pas de photos de types à poil. “THE” ne tient pas au courant ses lecteurs des nouvelles technologies en matière d’agrandissement de pénis. Et il ne chient pas sur des chaussures. Selon toi, que manque-t’il dans les médias de skate d’aujourd’hui ?

Des types à poil.

Quel a été le premier pro à te mettre son poing sur la gueule ?

Je n’ai jamais pris de poing dans la gueule. Par contre, Sean Cliver [qui faisait partie de la bande BB - ndlr] en a plus ou moins pris un par Sean Sheffey. [Jeff] Tremaine [idem - ndlr] avait fait une légende de merde sur une photo de Sheffey, et lui a cru que c’était de Cliver. Un jour il est arrivé, a trouvé Cliver, lui a enlevé ses lunettes et lui a mis une grosse baffe. Qui aimerais-tu faire faire chier en l’interviewant ?

George Bush. Comme ça je pourrais lui jeter mes chaussures, en prenant soin d’avoir marché dans une crotte de chien avant. Quelle est ta stratégie pour faire une interview, si tu en as une ?

Rester sobre. Et ne pas boire pendant l’interview. Celles que j’ai faites bourré ont viré au n’importe quoi. Il y en avait une que j’avais fait avec Jason Jessee où j’étais complètement défoncé, je ne faisais que répéter les mêmes questions, et je m’énervais parce qu’il refusait de répondre alors qu’il avait répondu cinq minutes avant. Il avait cru que je me foutais de lui… Enfin, je ne sais pas, je pense que l’un ou l’autre doit faire le spectacle dans une interview. Alors je lui donne une chance, mais si ça devient chiant ou qu’il n’a rien à dire, c’est là que j’arrive et que le ruine tout. Quelle est celle dont tu gardes le meilleur souvenir ?

Franchement, je déteste faire des interviews. Je suis bon à ça, mais je ne trouve pas ça marrant. Il faut faire un 88

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peu l’hypocrite et ça nécéssite beaucoup d’effort. Il faut agir, soit comme un connard, soit comme si tu es vraiment intéressé. Ceci dit, je n’ai pas vraiment d’interview favorite. Il y a quand même eu celle de Slayer à Disneyland qui me vient à l’esprit, ou celle d’Andy Roy…

Est-ce qu’il y a eu des fausses interviews, que tu as faites toi-même, dans Big Brother ?

Non, mais il y a eu un contest à San Francisco qui avait été complètement monté, tout en Photoshop. Et est-ce qu’il y a eu des articles qui n’ont jamais pu être publiés parce que trop “hardcore” ?

Je me souviens d’un article qu’un de nos contributeurs avait écrit sur la zoophilie. En fait c’était un article sur comment baiser des animaux. LFP [Larry Flint Productions] avait tout de suite dit “non”. Aucune négociation possible. Juste “non”. Apparement, Hustler avait déjà publié un article qui traîtait vaguement de zoophilie et qui avait été interdit au Canada. Flynt avait perdu des milliers de dollars avec ça… Combien de fois est-ce qu’on vous a collé un procès chez Big Brother ?

Plusieurs fois… Une fois parce qu’on avait publié une photo de deux filles qui montraient leurs seins sans leur demander l’autorisation. Elles étaient mineures aussi… Je crois que Flynt s’était occupé d’aller au procès… Peut-on s’attendre à un retour de Big Brother ?

On va mettre toutes les archives et des nouveaux trucs sur bigbrothermagazine.com.


Qu’est-ce que tu poserais comme questions à Sheckler ?

Je sais ce que tu veux entendre : tu veux que je lui demande : “C’est quoi ce tatouage de merde ?” et “qu’estce que ça fait de se voir pleurer à la télé ?” Hein ? Mais je ne connais pas le Ryan d’aujourd’hui. Je l’ai connu quand il était plus jeune, et je suis en bon terme avec sa famille. Ce sont des gens biens. Ce qui m’impressionne toujours c’est que ce gamin est sous les projecteurs depuis qu’il a huit ans, donc ça fait pratiquement dix ans. Je n’imagine même pas comment pourrait être une vidéo de ma vie de 8 à 18 ans… Horrible ! Lui il a géré son truc, même s’il a merdé

“Rester sobre. Et ne pas boire pendant l’interview.“ plus d’une fois. D’abord les photos homo-érotiques en train de montrer ses muscles, et puis la série télé. Des erreurs ! Mais je l’aime bien. […] Enfin, les skateurs ne vont pas au “Jubba jubba jingle jam” et ne regardent pas “Rob and Big”. Trouve-moi un skateur qui aime vraiment la série de Ryan. Il n’y en a pas parce que ce n’est pas du skate, c’est de la merde. Sauf que tous ces gars sont des skateurs, et ils skatent mieux que toi. Pourquoi ? Parce qu’ils skatent, tout le temps ! Je pense qu’il y a beaucoup de jalousie dans tout ça. Par exemple, moi, je suis jaloux de Ryan Sheckler. Il est incroyable ! Est-ce que quelqu’un déteste Hosoi parce qu’il a vendu des amphétamines à Hawaii ? Non, tout le monde l’adore ! Alors qu’il a commis un crime bien pire que Ryan ! Je pense que les skateurs devraient soutenir leurs ambassadeurs. Je comprends qu’on puisse détester Ryan, mais il faudrait au moins lui montrer un peu de respect. Quelles sont les différences entre les magazines de skate des années 90 et ceux d’aujourd’hui ?

Je pense qu’ils sont plus ou moins les mêmes. La plus grosse différence est quand je vois les directions que prennent certains magazines comme Color (au Canada) ou Monster Children (en Australie). Ils ont réussi à faire ce qu’on faisait avec Big Brother, mais dans un autre style. Ils font un mag de skate avec ce qui se passe AUTOUR du skate, ils s’intéressent à l’art, la mode, au lifestyle-skate plus qu’au skate en lui-même. Mais j’admets qu’ils sont souvent léger en contenu. Et trop sérieux. Quel genre de magazine, dans l’idéal, tu voudrais faire aujourd’hui ?

En fait, je suis en train de faire le magazine que je veux faire, je vis dans le futur ! D’ailleurs le magazine s’appelle “The Future”. Notre slogan c’est “Demain est notre semaine dernière”. Tu verras quans ça sortira, en attendant, va faire un tour sur thefuturemagazine.com. De quoi en as-tu vraiment marre ?

De parler de Big Brother.

Et de quoi est tu à bloc ?

De parler Big Brother. Et boire du vin. Ah oui, j’aurais dû dire que j’en avais marre de la bière. D’ailleurs j’ai arrêté d’en boire depuis 5 ans. Je suis dans le vin blanc maintenant. Vous faites du Riesling vers chez vous, tant qu’il n’est pas trop sucré, j’adore ça !

L e jeu - c o n c o ur s q ui fai t plai s ir Attention les jeunes, il va falloir se creuser un peu les méninges, mais ça vaut l’coup ! 5BORO (prononcez «faïve boro» s’il-vousplaît) offre 3 boards et 8 t-shirts aux premiers à renvoyer le questionnaire ci-dessous correctement rempli : 1 De quelle ville vient le pro français 5Boro ? 2 De quelle origine est Danny Falla ? 3 Quel est le nom du contest organisé chaque

année par 5Boro à New York ? 4 Quel rider 5Boro a eu une interview dans le troisième numéro de Soma ? 5 Dans quel quartier de New York se trouvent les célèbres Banks ?

www.5boro.com

Adressez vos réponses avant le 31 juillet 2009 à : Soma - Concours 5Boro, 13 rue de l’Isère, 38000 Grenoble (sans oublier de préciser votre taille de t-shirt !).

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Gabriel Paul Kevin

Sean Sheffey Christian Hosoi Andy Roy soma 89


© Jonathan Peters

la c o uv ’ à la q uelle v o u s avez é c h app é bu t

Ne pas connaître les noms des tricks n’est pas un crime, il est même tout à fait respectable de ne pas se soucier de telles futilités. Par contre il y a quelque chose d’insupportable, voire même totalement inacceptable, ce sont les tricks mal légendés dans les magazines de skateboard. Ayant remarqué une recrudescence d’énormités comme les frontside indys chez nos concurrents directs ces derniers temps, je me permets de vous toucher un mot du plus gros scandale de la presse skateboard française : le Sad !

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Mickaël «Jason» Plasse, 1989 © Vianney

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Partout dans le monde, le Sad est un mute (main avant qui grabbe entre les orteils) avec la jambe avant tendue, c’est donc très laid et extrêmement rare, mais il peut tout de même être observé en vert’, en équilibre sur la main arrière, lors d’un Sadplant (backside invert avec la jambe avant tendue), et là, c’est tout de suite plus chouette. Partout dans le monde ? Non bien sûr puisqu’un petit pays d’ignorants bornés a décidé de confondre le Sad et le Melanchollie (aussi appelé Melon), ce pays, vous l’aurez compris, c’est nous, la France et ses cons de Français prétentieux ! En même temps, j’ai soudainement un doute concernant le Rwanda, je me demande si là-bas ils ne font pas également l’amalgame, ou peut-être qu’ils ont d’autres chats à fouetter ? Je ne sais pas, mais passons. Pourquoi donc cette particularité française ? Pourquoi nous et pas les Belges par exemple, puisqu’ils sont sensés être encore bien plus cons que nous ? Parce qu’au siècle dernier, un magazine de skate français a mal légendé une photo et que tous les autres ont suivi. Depuis, en France, et peut-être au Rwanda mais c’est pas sûr, il faudrait vérifier, on confond Sad et Melon… Personnellement, je pense que c’est la honte, et quand je vois une photo de Pontus en melon to tail dans le dernier Sugar légendée Sad to tail, en 2009, j’ai des envies de meurtres. Voilà, qui est dit, vous pouvez retourner faire des « ollie north » et des « FS nose grab to tail », si vous restez en France et si je ne suis pas dans les parages, vous ne risquez rien. - FD PS : Pardon à nos amis Belges, Rwandais et Melons.



L e c o n c o ur s de o uf Une mini rampe, un ledge et un handrail à gagner !

C ’ e s t le pr o gr è s

Comment ? Attention, c’est très simple, il suffit d’aller faire un tour sur le site Vendetta et d’avoir un peu de chance !

www.vendetta-lines.com

l ’ Hi s t o ire 1999 Jeremy Wray BS 180 Andrew Reynolds flip 2003 Greg Lutzka FS flip 92

soma

Sortir un gros bouquin pour une date anniversaire est une recette qui a fait ses preuves, encore faut-il avoir un peu d’histoire et avoir fait de bonnes choses avec les bonnes personnes. Matix n’a rien à se reprocher, et en dix ans, ils ont eu le temps de laisser une marque indélébile sur notre petit monde du Skateboard. Le livre retrace donc l’histoire de la marque, comporte des portfolios de Rick McCrank et Rudy Johnson, des illustrations de Marc Johnson, des portfolios de photographes de Skate (Reda, Anthony Acosta) et de « vrais » photographes (Paul Park, Richie Knapp). Il a aussi un peu de snowboard et de surf, et même, et là ça fait moins rêver, des pages sur la ligne « fille » de Matix, mouaif… Petite faute de goût, mais au final, ça fait un bon pavé à mettre dans la bibliothèque du salon. Bon anniversaire. - FD

de s

Cin q

2004 Zered Bassett SW ollie (1st try !) 2005 Sierra Fellers ollie one foot & SW FS 180

bl o c s

2008 Andrew Reynolds BS heelflip & BS 360 / Furby SW heelflip 2009 Adrien Bullard tréflip



L A

q ue s t i o n

Pour ou contre le reggae ou le ragga dans les vidéos de skate ?

minutes, et pareil pour les vidéos Zero en général. En tout cas je suis pour tous les types de musiques dans les videos tant qu’elle colle bien au skater ou même à la vidéo en général, il y a bien du Michael Jackson et du Jamiroquai dans les part’ de Jereme Rogers...” - Etienne Pintelon

“ P our , uni q ue m en t s ur le s par t s de J o h n Cardiel ! ” – Emmanuel Martinez “Résolument pour. Je ne suis pas particulièrement fan de ce genre de musique, mais il faut quand même admettre que dans une vidéo de skate, la musique a une place ultra-importante (et parfois beaucoup trop désignée comme accessoire…) dans l’ambiance générale et le rendu de la vidéo. Le raggae apporte une certaine fraicheur et une touche particulièrement plaisante à un univers qui manquait cruellement d’hippies à chemises bariolés… Exit les dilemmes et les débats rappeurs/rockeurs, le monde du skateboard est tellement plus vaste que ça ! A quand la démocratisation de la House et du Rock Français ?” – Victor

“Bonjour, bonjour, je suis pour le reggae/ragga dans les vidéos de skate, il y a de plus en plus de skateurs «root’s» qui écoutent ce genre de musique et un reggae posé comme un ragga énergique peut mettre en valeur les tricks rentrés.” – Raphaël Mammar “Je suis pour mais que sur des parts de Jereme Rogers, P-Rod, Dyrdek, que je regarderais jamais...“ - Fredd “Puisque tout le monde est pour, je suis contre ! Surtout contre le ragga !“ - Tura “Si l’instru / le beat sont bien...“ - Pierre Patissou

“Pour ! Il y a juste à regarder la part Tosh Townend ou Jake Rupp dans Elementality pour comprendre. Je ne suis pas contre le rock mais quand on voit la nouvelle Fallen, on a l’impression d’écouter la même chose pendant 40

Pour la question du prochain numéro, rendez-vous sur www.somaskate.com

LA CHRONIQUE DE SCOTT BOURNE Traduction : Aurélia Ruetsch fairplay.translation@gmail.com

Mon bon ami Lars Greiwe est de passage en ville et ces derniers jours, il m’a fait redécouvrir des endroits de cette ville que d’ordinaire je néglige. Hier c’était le Louvre, aujourd’hui c’était le Cirque d’Hiver. Nous nous sommes réveillés devant un café et un modeste petit-déjeuner. Après une courte promenade, nous sommes allés chez Géraldine. Elle habite plus loin dans la rue et m’avait appelé la veille pour savoir si j’avais le temps de passer la voir. Elle avait ramené d’un récent séjour en Norvège deux vieilles machines à écrire et voulait que je les examine, voire que je lui montre comment elles fonctionnent. J’ai fait un topo à Lars sur le charme de Géraldine et de ses trois filles avant que nous nous mettions en route. Quand nous sommes arrivés, à ma grande satisfaction, Géraldine et toutes ses filles étaient à la maison et d’excellente humeur. Launa et Emma nous ont accueillies par la traditionnelle bise française, tandis que Katia nous épiait discrètement derrière la porte de sa chambre à coucher. Quand nous avons déballé les machines à écrire, j’ai immédiatement perçu la joie de la jeune Emma. Après avoir examiné la première machine qui avait l’air d’être en parfait état de marche, je me suis tourné vers Géraldine pour lui demander une feuille de papier. Elle a balayé la pièce du regard jusqu’à ce que ses yeux s’immobilisent sur un gros tas de factures impayées. Tout le monde éclata de rire lorsqu’elle ouvrit une enveloppe, et me tendit son contenu et s’exclamant : « Transforme-moi ça en œuvre d’art ! » Échangeant un sourire, je pris la feuille et l’enroula dans la machine. Tout semblait en ordre, même le ruban qui était encore humide et encore neuf. Très vite, Emma se pencha par-dessus nous et fixa la machine, puis elle s’installa sur mes genoux et se mit à taper sur le clavier. Je me suis émerveillé devant ses petits doigts qui imprimaient des symboles à peine visibles sur les factures impayées de Géraldine. Ses petites mains n’avaient pas assez de force pour vraiment insulter les dettes. Ses doigts étaient délicats et précis alors qu’elle composait de petites phrases en français, en pianotant. Je la glissai sur une chaise, et je passai à la machine suivante, mais la jeune Emma voulut me suivre. Je levai les yeux vers Géraldine qui rit. Elle se retourna vers le tas de facture, me 94

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regarda puis dit : « Les filles, j’aimerais que vous écriviez un livre sur mes factures ! » Cette fois elle tendit une enveloppe encore fermée. Je rigolai et lui répondis : « Ça va être un gros volume ! ». Tous les cinq nous avons éclaté de rire. J’enroulai l’enveloppe dans la deuxième machine à écrire qui, elle aussi, avait l’air d’être en parfait état de marche. Elle était légèrement plus lourde, plus encombrante et assurément plus ancienne. À peine avais-je glissé le papier dans le rouleau, qu’Emma était de nouveau en train de fixer la machine, pleine d’étonnement et de curiosité, tandis que Launa prit en charge l’autre machine abandonnée et tapait rageusement sur les touches. Le rythme saccadé et le claquement des machines étaient une mélodie pour mes oreilles et, comme par magie, c’est ce qui fit apparaître Katia. Elle s’installa à la table entre les deux filles. En observant ces trois sœurs, il est impossible de ne pas admirer leur beauté, leur personnalité et celles de la femme qui leur a transmis de si merveilleuses qualités. J’ai hâte de lire le livre qu’elles écriront, ces histoires qui deviendront leur vie. Après avoir quitté les enfants, sérieusement affairés, et Lars et moi nous sommes dirigés vers la tente du cirque. À nouveau je me suis retrouvé dans un univers magique. Des tigres, des clowns, des contorsionnistes, une femme avec hanches comme des colonnes qui s’enroulait et tournait sur elle-même tout en se balançant et en jonglant avec une vingtaine de hula-hoops. Il y avait aussi un numéro de trapèze, des chevaux, des chats, sans oublier celles qui font doucement battre de cœur du chapiteau… les danseuses !!! Lars était comme un gamin, et moi aussi. Le plaisir simple de ces divertissements nous a poussés à nous goinfrer de popcorn et à regarder, plongés dans l’obscurité, les réjouissances que le cirque nous proposait. Alors que ni Lars, ni moi n’étions assis à nos bureaux, il était réconfortant de penser qu’à quelques rues de nous les enfants de Géraldine avaient entrepris un vrai travail. Le 10 février 2009, Paris S.H.Bourne


kr3wdenim.com / onedist.com


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soma Š David Couliau


CHRISTOPHE BÉTILLE 1965 - 2009

On est toujours touché par un décès. On est touché parce qu’il est inattendu, frappe des êtres chers et surtout, nous rappelle la futilité de nos petites vies sur terre. Celui de Christophe Bétille, c’est un peu tout ça à la fois. Et s’il laisse un grand vide, c’est parce qu’il venait d’ailleurs. En ce temps-là, Thrasher était en noir et blanc, les vidéos n’existaient pas, les Vans made in USA étaient protégées par du scotch, et la vert’ était la discipline de prédilection. C’était une époque d’aprentissage de « figures » patient, répétitif et frustrant, où sponsoring signifiait une paire de trucks et un T-shirt. Tout se faisait dans l’anonymat général. On était sales, déchirés et crouteux, même avec des fringues fluo. Nos protecs Rector puaient, nos boards et roues étaient usées jusqu’à la corde, les contests rassemblaient trente personnes et les spectateurs étaient ceux qui ne s’étaient pas qualifiés. On ne voyait pas de gamins qui apparaissaient sortis de nulle part et qui déchiraient tout grâce à un don venu du ciel ou de papa-maman. On ne voyait pas de tenues skate sur des clowns qui ne sont que des porte-manteaux à écouteurs branchés sur leurs cerveaux. Internet et les portables, c’était de la sciencefiction. Et pourtant, cette façon de skater, l’attitude et une certaine innocence semble être ce que beaucoup tentent de promouvoir aujourd’hui, à travers un tas de références « old-school », « courbes » etc. Ce n’est pas vraiment étonnant, d’ailleurs. Le skate, après quelques décennies chaotiques, semblait s’être enfin réconcilié avec ses origines. Toutes générations, tous tricks, tous styles. Et c’est là qu’il s’en est allé, comme disent les poêtes. Christophe fait partie des rares accros au skate qui ont cherché par tous les moyens à rouler pendant les années 80. Une époque faite de structures maison et de matos de récupération, de mépris et d’ignorance de

la part de ceux qui disaient déjà qu’ils roulaient « quand ils étaient jeunes, etc. » On n ‘était pas nombreux, quelques dizaines en France. Puis vint la deuxième vague, celle de 1986-87, avec Natas, Vision Street Wear etc. Christophe Bétille fut un des deux vrais spécialistes de la vert en France, l’autre étant Bruno Roulland. Jusqu’au début des années 90, ces deux-là dominèrent le minuscule circuit français, même si une génération peutêtre plus douée, mais moins passionnée pris le relais vers 1988, avant que tout ce qui comporte une courbe ne soit vouée aux gémonies, et que les roues rétrécissent. Et c’est en regardant le chemin parcouru depuis que l’on se rend compte que le bonhomme force le respect. Les deux qui étaient bien présents en 1985, le sont toujours plus de 20 ans plus tard. C’est là qu’on est touché par sa disparition. C’est une époque qui s’en va, au moment où on en a besoin. Ce n’est pas juste un skateur chez qui la flamme continuait de brûler, c’est une partie de ce que nous sommes qui disparaît. Car comme Bétille, le skate a suffisamment vieilli pour que nous puissions prendre un temps de recul, regarder d’où l’on vient et se rendre compte du chemin parcouru. Et en regardant en arrière, on voit Christophe. Et en imaginant l’avenir, on le voyait avec nous. Un skateur passé un certain âge se rend compte du temps qui passe, et pourquoi la meilleure session est toujours la prochaine. Comme Christophe. Pensez à lui, la prochaine fois que vous avez la flemme de vous lever pour une session, ou que vous ne voulez pas rouler tout seul. Pensez à lui, quand apprendre un trick vous paraît trop fastidieux. Pensez à lui, quand vous vous rendez compte que vous passez plus de temps devant le miroir que sur votre board. Et ne vous faites pas de souci pour lui, il sait ce qu’il a à faire… - Jean Terrisse

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uoi. » X; or te q ayons rcent n’imp r x u a bler nspe ils tra essem vent r nablement, u e p s nve mot « Les s’en ser t co si l’on uxley sH - Aldou


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