L’acceptation de la friche culturelle dans le projet urbain
Des espaces de liberté intégrés à un cadre conventionnel valorisant la vie urbaine du port de Strasbourg
Hugo Le Goff - Projet de fin d’études - DEP - juin 2019
Remerciements A messieurs Vincent Tricaud et Serge Briffaud pour leur encadrement enrichissant tout au long de ce semestre, et à l’ensemble de l’équipe enseignante m’ayant apporté beaucoup depuis mon entrée dans cette école. Aux acteurs et habitants du port de Strasbourg rencontrés, aussi divers soient-ils, avec qui les échanges ont participé à la construction de ce projet de fin d’études.
SOMMAIRE Introduction .......................................................................................................3
I. La relation ville-port de Strasbourg .............................................. 4 I.1. Dynamiques historiques et géographiques de la relation ville-port ...............4 I.2. Attractivité économique du port et déclin des activités de la partie centrale .5 I.3. Le port : un espace de culture commune entre ouvriers et artistes ..............6 I.4. Un grand projet métropolitain : l’émergence des quartiers du port ...............7
II. Vers des délaissés appropriables ........................................9 II.1. Donner à voir, révéler le potentiel d’un paysage en marge ..........................9 II.2. Extrait de l’inventaire et catégorisation du paysage des friches industrielles et des délaissés portuaires ...............................................................................10
III. Les délaissés portuaires : un réservoir des possible et d’espaces de liberté ................................................................................22 III.1. Le quartier Citadelle : d’usages temporaires d’un délaissé à une pérennisation des espaces de liberté ? ...........................................................................23 III.2. La friche de la villa Rhein Fischer : d’une décharge sauvage au jardin de la reconquête ........................................................................................................27 III.3. La friche du bistrot brûlé : d’un espace inaccessible à un jardin intime ....29 Conclusion ......................................................................................................32 Retour Critique ..................................................................................................33 Bibliographie .....................................................................................................33
2
Introduction Longtemps, Strasbourg et son port se sont tournés le dos. Mais la Communauté urbaine de Strasbourg (devenue Eurométropole de Strasbourg au 1er janvier 2015) et le Port Autonome de Strasbourg en partenariat avec la ville ont décidé de s’associer pour définir les grandes lignes d’un projet urbain global. La ZAC des «Deux -Rives» est créée en février 2014 et prévoit 25 hectares d’ilôts constructibles au sein du port. En juin 2014, la ville et la communauté urbaine de Strasbourg créent la Société Publique Locale «Deux-Rives» pour diriger le projet de ville sur les espaces fonciers de friches industrialo-portuaires. Dans ce projet on voit l’émergence de quartiers, de blocs urbains. Il faut considérer cette période de transition comme une opportunité centennale où il ne faut pas «rater» l’aménagement. Le déclin de l’activité du port a laissé derrière lui des lieux obsolètes et marginaux. Des éléments bâtis, autant que du foncier portant en eux les traces de l’industrie et la mémoire portuaire. Aujourd’hui, ces espaces sont parfois inaccessibles, fermés au public en attente de la réalisation du programme. Ils constituent un paysage morcelé, peu lisible et peu accessible. Pendant mes phases de terrain, j’ai souvent été contraint d’escalader des barrières, des clôtures ou de me frayer un chemin dans les ronces pour accéder à ces délaissés. L’intention à travers ce projet de fin d’études est de penser le potentiel des friches industrielles et des délaissés portuaires comme ressources avant de penser un aménagement brut. Comment les ressources délaissées du paysage portuaire peuvent-elles constituer une armature urbaine alternative au projet métropolitain ? On portera une réflexion sur le paysage des friches et des délaissés au regard du renouvellement urbain. L’objectif est de mettre en perspective le rôle potentiel, la capacité de ces espaces à répondre aux enjeux de développement urbain et d’accompagnement de ce processus.
3
I. La relation ville-port de Strasbourg
I.1. Dynamiques historiques et géographiques de la relation ville-port Premier temps : Strasbourg a un «urbanisme des canaux» sur l’Ill, en retrait du Rhin craint pour ses crues. La ville et le port son connectés, les espaces portuaires sont autant de quais urbains de la grande île. Des restrictions urbaines sont ensuite imposées par les impératifs de la citdelle de Vauban. Le port est alors contraint et ne peut être redéployé en dehors des murs.
XVe - XVIIe siècles : Le port est implanté sur l’Ill.
XVIIe - XVIIIe siècles : La ville frontière devient citadelle.
Deuxième temps : la ville entreprend les transformations hydrologiques du Rhin et le déplacement des infrastructures portuaires. Les fonctions du port se dissocient des fonctions urbaines. La morphologie de la ville restera en grande partie marquée par une dissociation Est-Ouest. Le port constitue alors une barrière à l’agglomération et un espace périphérique délaissé car dangereux (risques technologiques du port aux pétroles, nuisances industrielles...).
XIXe - Début XXe siècle : Les infrastructures portuaires s’implantent hors de la ville, sur le Rhin (construction des bassins du commerce et de l’industrie). Strasbourg est relié au réseau français par les canaux Rhin-Rhône (1832) et Marne-Rhin (1853).
En 1926, le Port Autonome de Strasbourg est créé sous forme d’établissement public. Il continuera le développement des bassins et des infrastructures portuaires implantés sur le Rhin jusqu’à la forme actuelle.
A partir de 1973, le Port Autonome cède progressivement à la ville de Strasbourg ses terrains au fur et à mesure de l’extinction des activités industrielles et portuaires. Les friches servent alors le renouvellement urbain le long de la jonction du canal Rhin-Rhône. Aujourd’hui Strasbourg est sur le point de retrouver son statut de ville portuaire avec le grand projet des Deux-Rives. C’est le projet strasbourgeaois le plus important depuis la construction de l’ancien quartier impérial allemand (1871-1918). 4
La ZAC des Deux Rives : un projet de ville qui épouse l’emprise foncière des friches industrialo-portuaires
La structure portuaire : vecteur de renouvellement urbain
Tramway Hydrographie Bâti en secteur de renouvellement urbain Bâti industriel PLU
Secteur de renouvellement urbain ou de grands projets
En 2017, les travaux d’extension de la ligne D du tram jusqu’à Kehl sont terminés. L’axe devient un levier d’urbanisation. D’ici moins de dix ans, près de 20 000 habitants dans 9000 logements seront établis dans le port.
I.2. Attractivité économique du port et déclin des activités de la partie centrale
Il est le deuxième port fluvial de France après Paris et un atout majeur pour l’économie de la ville (10% des emplois) de la métropole, et de la région. De plus c’est un lien qui intègre la métropole dans une échelle plus large. Les marchandises sont acheminés par le Rhin vers les grands ports de la mer du Nord (Rotterdam, Le port : noeud de circulation à l’interface Anvers, Amsterdam...) en 40h. des réseaux fluviaux, ferrés et routiers
Les risques technologiques de l’industrie
Le port : une discontinuité écologique sur l’axe rhénan
5
I.3. Le port un espace de culture commune entre ouvriers et artistes
La cité Loucheur : une façade refaite récemment mais des logements dégradés à l’intérieur
Le quartier populaire du port du Rhin est historiquement exentré, enclavé et globalement délaissé de la ville de Strasbourg. L’association des citoyens du Port du Rhin fait déjà depuis plusieurs années la demande d’un marché local. Les habitants du quartier sont contraints d’aller au marché de la Marne se trouvant dans le quartier Vauban. Ce trajet de 30 minutes à pieds et 20 minutes en bus est trop long pour les personnes du quartier, surtout pour les plus agées. L’association des résidents n’a pas de local. Ses membres doivent se réunir dans l’église Sainte-Jeanne d’Arc au sein du quartier.
6
La culture commune du port est déjà existante mais demande à s’inscrire physiquement dans l’espace. Elle est un mélange entre la culture ouvrière (les habitants de la cité Loucheur) et l’activité artistique (depuis 25 ans les artistes s’implantent dans le port là où l’activité industrielle périclite). On retient des entretiens réalisés que les associations artistiques (ateliers d’artistes, festivals de musique et des arts numériques) sont en demande d’espace à Strasbourg. Les festivals ayant eut lieu dans le port travaillent avec le tissu associatif et créent des manifestations attirant les habitants du quartier port du Rhin qui n’ont pas l’habitude d’aller dans des structures culturelles.
I.4.Un grand projet métropolitain : l’émergence des quartiers du port Dans le projet de la ZAC des Deux Rives, la notion de quartier apparaît. On dénombre quatre blocs urbains : Citadelle, Starlette, Coop et Port du Rhin. Ces derniers sont reliés par trois arrêts de tramway : Citadelle, Starcoop (qui seront desservis dès 2025) et Port du Rhin (déjà en service). Le terminus est «Kehl Rathaus» en Allemagne. L’agence Ter a conçu le plan guide de l’ensemble des quartiers et Alexandre Chemetoff est chargé de son côté du quartier Coop en particulier. Quartier Port du Rhin 100 000 m2 : - Construction de 1300 nouveaux logements - Une nouvelle école - Une clinique
7
Quartier Coop
90 000 m2 (dont la moitié de bâtiments rénovés) : - 40 000 m2 dédiés aux activités économiques et créatives (bureaux, ateliers...) - 25 000 m2 d’équipements publics dédiés à la culture et à la vie socio-économique (musées, économie sociale et solidaire, ateliers d’artistes...) - Construction de 365 logements
Quartier Citadelle
Quartier Starlette 85 000 m2 : - Construction de 1100 logements - Passerelle reliant le parc de la Citadelle à l’arrêt de tramway du même nom - Une école maternelle et primaire
190 000 m2 : - Construction de 1800 logements - 50 000 m2 d’activités tertaires - Une école maternelle et primaire
Le port en 2017 : arrivée de l’extension de la ligne D du tramway
Vue Est-Ouest
Vue Oues-Est
Vue Est-Ouest
Vue Oues-Est
Le port en 2027 : aboutissement du programme de la ZAC des Deux-Rives
8
II. Vers des délaissés appropriables
II.1. Donner à voir, révéler le potentiel d’un paysage en marge Le port est constellé de friches industrielles, de délaissés potuaires inconsidérés ou considérés négativement. Ces espaces abandonnés, ces éléments de patrimoine bâti en deshérence, sont aujourd’hui des non-lieux, des espaces sans identitée, car inutilisés. Pourtant, ce sont aussi des espaces du possible qui ont le potentiel de devenir des lieux de rencontre, d’indentitée locale et de culture commune. Ce sont autant de ressources délaissées du paysage portuaire pouvant faire germer des usages avant même l’aboutissement du programme de projet urbain. Les usages se définissent progressivement au fil des occupations temporaires des sites et des appropriations. Cette méthode de projet se place donc en amont dans la stratégie d’aménagement et a vocation à changer la trajectoire de la programmation sur certains points : conserver des espaces du possible. Friche perçue négativement
Site révélé
Espace du possible
- Site à l’abandon - Inaccessible - En attente de la réalisation du programme - Parfois vouée à la destruction
- Ouvrir l’accès - Donner à voir les structures existantes et les qualités spatiales - Faire évoluer les perceptions
- Occupations temporaires - Stratégie d’évolutivité - de souplesse - Tests d’usages - amorces de dynamiques - préfiguration - Appropriations
On associe à la notion de quartier, des friches qui ont le potentiel de devenir des coeurs de vie urbaine, ou des espaces de respiration au sein des quartiers denses. On fera jouer à ces lieux un rôle dans la dialectique entre un urbanisme formel et formaté et des espaces de liberté d’usage dans la ville. On identifie des quartiers et les friches ou les délaissés qui y sont présents et ceux qui ont le potentiel de devenir des éléments subversifs qui apportent ce que le projet urbain asceptisé n’apporte pas. Espace de liberté Articuler
- Identitée propre du lieu (symbolique et mémoire du port) - Nature retrouvée - Espace disponible pour associations
Urbanisme figé
- Banalisation et standardisation des paysages urbains - Table rase de certains éléments portuaires - Disparition d’usages subversifs
La mise en réseau de ces espaces créera une armarture urbaine alternative formée de continuités, proximités, ponctualités, couloirs de friches linéaires, et points de vues sur le paysage portuaire. L’objectif est de répondre à un axe urbain déficient car engorgé par le transport logistique (poids lourds sur les perpendiculaires rue du port du Rhin et route du petit Rhin). Le piéton trouve alors sa place dans des flux logistiques portuaires saturés. 9
II.2. Extrait de l’inventaire des friches industrielles et des délaissés portuaires Chaque friche industrielle et délaissé portuaire peut être catégorisé par un ou plusieurs critères. Il s’agit dans cet extrait de l’inventaire, (dont l’exhaustif sera livré le jour de la soutenance du projet étant donné son volume) de montrer la méthode utilisée. L’analyse comprend la situation géographique, la catégorisation, le descriptif et le potentiel de chaque espace. Catégorisation : - Le patrimoine et la mémoire portuaire - Les grands hangars vancants - Les maisons abandonnées - Les friches linéaires (rails, quais, routes) - Les reconquêtes végétales - Les forêts portuaires - Les plateformes portuaires Friches industrielles et des délaissés du PAS
- Les reliquats de la guerre (bunkers...)
L’écluse Nord 6 5 4
2
8
1 7 3
10
La maison de l’écluse Strate herbacée Strate arbustive Strate arborée
La maison de l’éclusier 1 - Batisse à colombage de style régionaliste : patrimoine - Construite en 1906 et abandonnée avec l’automatisation de l’écluse - Portail fermé - Au confluent du bassin des remparts et du canal de la marne au Rhin : ferme et s’inscrit dans le panorama de la porte rhénane de Strasbourg - Visible depuis le quai Jacoutot d’en face - Evoque l’histoire fluviale du site et de la batellerie locale et constitue une façade portuaire harmonieuse - Appartient au port autonome 180 m2 - Vouée à la démolition pour le projet d’ateliers VNF et services techniques de navigation du PAS La maison voisine 2 - Jouxte les voies ferrées longeant le bassin des remparts - Forme simple rappelant les hangars de stockage - Portail fermé - Vouée à la démolition pour le projet d’ateliers VNF et services techniques de navigation du PAS
200 m2
Emplacement de l’ancien lycée Pierre-Brousse
- Mis en service en 1958 3 - Accueillait le centre d’apprentissage des bateliers du Rhin - Fermé en 1998 - Peu à peu squatté, délabré et vu négativement par le PAS et la Ville - Démoli en 2007. 10 000 m2
11
«A l’écluse du Rhin»
Strate herbacée Strate arbustive Strate arborée
L’hotêl bar «à l’écluse du Rhin» 4 - Construit en 1951 à l’emplacement d’une auberge implantée depuis environ 1900 (depuis l’existence même de l’écluse) - Etablissement à l’abandon depuis les années 1990 - Appartient au PAS - Impensé dans le projet urbain
680 m2
Le terrain de l’hotêl
5 - Complexe hotelier à l’abandon - Bâtiments vacants ouverts - Terrain de reconquêt végétale - Décharge sauvage
1842 m2
12
La rue du péage
6 - Rails du PAS inutilisées - Longent le terrain de l’hotêl - hangar (22 m2) de stockage désaffecté
4
300 m
2
8 - Anciens ateliers et hangars de stockage du port aux pétrole - Terrain délaissé et progressivement recolonisé par la 2 végétation 2160 m 7 - La plateforme portuaire vacante - On la trouve après avoir traversé l’écluse Nord - Offre un regard sur les Grands 2 Moulins de Stras1500 m bourg - Appartient au PAS.
2
1
3
5 6
8 9
7 10
La Capitainerie et sa symbolique Terrain nu Strate herbacée Ronces et renouée Strate arborée
13
La capitainerie et son parking vacant 1 - Ancien poste de commandement édifié en 1899 pour les locaux des services techniques du PAS - Ferme le bassin du commerce : point de vue Point de vue imprenable sur les activités du port - Style néo-gothique - Bâtiment et parking vacants (à part un locataire à l’étage) - Appartient au PAS - Grue désaffectée s’ajoute à la symbolique du lieu déjà évidente - Impensé en terme d’usage dans le projet urbain. bâti : 1200 m2 parking : 2000 m2 Le bistrot Shutzenberger brûlé 2 - Brûlé en 1997 - Inoccupé depuis - Appartient au PAS - Son futur reste imprécisé dans le projet urbain, mais fait l’objet d’un appel à projet - Potentiel de devenir une fabrique dans le parcours ponctué du patrimoine portuaire révélé
281 m2 La friche du bistrot 3 - A l’arrière de l’ancien bistrot - Espace presque inaccessible cloissoné entre les murs, les voies ferrées du PAS, les ronces - Platane centenaire offrant l’harmonie de ses ramures au lieu
762 m2 Emplacement de l’ancienne médecine du travail 4 - Détruite récemment avec les arbres qui la bordaient - Terrain vague : gravats restant de la destruction, souches d’arbres... - Vues sur les éléments remarquables du port : la malterie, l’ancienne capitainerie, la grue désaffectée, le bistrot brûlé - Appartient à la municipalité depuis 2017
2100 m2
14
Emplacement des anciens locaux de l’entreprise Naviland 5 - Maison abandonnée depuis plusieurs années - Rachetée par la ville au PAS - Détruite récemment
142 m2 Emplacement de l’ancienne maison de Joseph et Monique Nitz 6 - Maison abandonnée depuis plusieurs années - Rachetée par la ville au PAS - Détruite récemment
107 m2
La friche de la villa Rhein Fisher et ses stades de reconquête végétale : du terrain nu aux strates arborées Comment intégrer des parcelles enfrichées et marginalisées dans une armature alternative à la ville ? Terrain nu Strate herbacée Strate arbustive
3400 m2
Strate arborée
2500 m2
7300 m2
5500 m2
5000 m2
7200 m2
15
Le bois de la villa Rhein Fischer - Morceau de forêt portuaire ayant survécu aux travaux du tramway de 7 la ligne D du tramway - Point de vue sur la villa Rhein Fisher : maison en briques rouges habitée par la famille Wild (seul bâtiment de la rue qui n’a pas été détruit), ancien hotêl restaurant - Appartient au PAS. - Bâtisse classée monument historique - Pigeonnier dans l’arrière cour - Végétation a refermé les chemins - A quelque mètres seulement du futur arrêt de tramway Starcoop
La friche de la villa Rhein Fisher 8 - Espace délaissé par l’industrie - Bâtiments industriels détruits et plateformes de stockage délaissées - Recolonisation végétale depuis 4 ans à partir d’un terrain nu - Emplacement de l’ancien bras du fleuve : le Petit Rhin - De nombreuses espèces de poacées et de vivaces (coquelicots, jonc...) unifient l’espace et le bonifient - Strate arbustive commence à apparaître
Annexe à la route du Petit Rhin 9 - Desservait les activités du lieu - Devenue inutile : absence de circulation - Desserre deux terrains vagues encore nus - Utilisée comme décharge sauvage à l’image de son histoire (comblement du lit du Petit Rhin par les déchêts ménagers et hospitaliers)
Le bois rasé 10 - Terrain vague - Emplacement de l’ancien bois de la villa Rhein Fisher où les platanes centenaires ont été coupés pour les travaux du tramway - Traces des travaux - Début de reconquête végétale - Points de vues sur la Coop, la malterie, la capitainerie, et la grue désaffectée - Proximité avec les rails du tramway
16
Le môle de la Citadelle
Les halles 1
10 9 2222 m2
8 11 12 4
- Servaient au stockage - Inutilisées depuis des années - Rails du PAS longent la partie Est et permettaient de charger et décharger les wagons - Objet d’une rénovation pour ouvrir des commerces dans projet des Deux-Rives - Visibles depuis l’autre côté du bassin Dusuzeau : point de focal sur les traces de l’industrie pour un promeneur venant de Strasbourg le long de la jonction du canal Rhin-Rhône
7
1 3
2
5 6
13
14
Les Halles Strate herbacée Strate arbustive
2000 m
2
Strate arborée Rails (héritage industriel)
2000 m2
1100 m2 1400 m2
17
Les anciens bureaux de la direction technique du PAS 2 - Désaffectés et murés en 2014 - Anciens appartements de services à l’étage et administration au rdc vacants - Appartient à Batorama qui n’en a plus l’usage - Impensé en terme d’usages dans le projet de la ZAC des Deux Rives - Espace entre les halles et ce bâtiment en briques rouges : pavé de grès - Anciens rails du fret industriel longent le bâtiment 904 m2 L’axe de la grue désaffectée 3 - Investi par les usages marginaux du môle - Offre un espace caché mais ouvert sur le bassin Dusuzeau - Espace discret et calme
1300 m2 4 La pointe du môle et ses usages marginaux
Alexandre vient seul chaque soir Chaque dimanche après-midi Vincent Guillaume et Bernard viennent occaaprès le travail regarder le coucher de et Mehdi s’installent pour fumer la Chi- sionellement pour jouer de la guitare soleil. cha. et du saxophone. L’ancien local de l’entreprise SARS 5 - Maison abandonnée - Appartient à la municipalité depuis 2017 - Détruite pour construire des logements dans le projet de la ZAC des Deux Rives
155 m2 18
Le bunker de la ligne Maginot 6
- Construit avant la Seconde Guerre mondiale - Végétation le fait disparaître en son sein - Détruit pour construire des logements dans le projet de la ZAC des Deux Rives
80 m2 Le talus Nord de l’ancienne rue Tarade 7 - Continuité du pont Tarade construit en 1932 - Rue devenue inutile - Espace de recolonisation végétale - Espace presque inaccessible - Chant des oiseaux installés audible - Déconnecté de son contexte - Futur passerelle entre le parc de la Citadelle et l’arrêt de tramway du quartier 2700 m2
Le talus Sud de l’ancienne rue Tarade
14 - Reconquête végétale - Morceau de talus devenu inutile pour la circulation - Impensé dans le projet de la ville - Offre des points de vues privilégiés sur l’horizon
1500 m2
19
Les anciens ateliers VNF inaccessibles Dalle béton Strate herbacée Strate arborée Rails (héritage industriel)
Ils portent la symbolique et l’identité propre du lieu par les éléments qui le constituent Les anciens ateliers et bureaux de VNF 8 - Investi dès 1930 par l’ONN - Espace utilisé pour les réparations de bateaux - Portail fermé : espace délaissé et inaccessible aux promeneurs - Inactifs depuis 20016 - Bureaux, ateliers, rails et logements de fonctions détruits pour la construction de logements dans le projet de la ZAC des Deux Rives
1800 m2 Les logements de service 9 - Deux petites maisons - Abandonnées depuis la fermeture du site - Jardin ouvert
170 m2 20
L’ancienne pompe à essence 10
Les quais des ateliers
12 - Inaccessibles comme le reste des ateliers VNF clôturés - Matériaux abandonnés (poutres en acier, gravats du chantier, poutres en bois... ) pouvant être récupérés
- Ornée de deux ancres ayant servi 2000 m2
La rampe à bateaux et ses rails
11 - Rails permettaient d’amener les bateaux sur la terre ferme le long des ateliers pour procéder aux réparations - Rampe inutilisable par Batorama (toujours en activité sur le môle) car inadaptée à la taille des péniches de tourisme -Reconquête végétale et faunistique
800 m2
Ancien espace de stockage des bateaux du PAS Terrain nu Strate herbacée Strate arbustive Strate arborée
3000 m2 1000 m2
Le parking privé 13 - Jouxte le lieu occupé par le bateliers le long du canal Dusuzeau - Anciennement un espace ou le PAS stockait et réparait des bateaux - Espace extérieur et bâtiment vacants - Racheté récemment par la municipalité - Fera l’objet de construction de logements - Espace disponible pour lieu de vie des bateliers et stockage de bateaux
21
III. Les délaissés portuaires : un réservoir des possible et d’espaces de liberté Conserver des espaces du possible pour une armature urbaine alternative au projet métropolitain
Précisons que cette proposition de plan guide n’est pas figée afin de ne pas rigidifier les espaces de liberté dans un dessin d’aménagement précis banalisant l’espace disponible. L’intention est de laisser au plan une liberté d’évolution dans le temps et selon les usages au sein des délaissés actuels. D’autre part, les espaces du possible conservés ou transformés constituent potentiellement des réserves foncières. Ce projet de fin d’étude se positionne «en creux» vis à vis du projet métropolitain. En admettant l’urbanisation du port, on apporte des alternatives au plan guide de l’agence TER. C’est pourquoi une partie du plan quant à l’articulation des espaces de liberté à la ville et les quartiers construits demeure structurante.
22
I.1. Le quartier Citadelle : d’usages temporaires d’un délaissé à une pérennisation des espaces de liberté ? Solutions temporelles : scénarios et phases de projet Phase 1 ( T 0) : ouvrir
Phase 2 (T + 1 an) : révéler 1 2 3
2
3
4
5
5 1
4
Démonter les clôtures et les portails
Ouvrir la dalle béton et le goudron
Ouvrir les nouveaux accès
Laisser les strates végétales s’exprimer
Nettoyer l’ensemble du site
Révéler les traces industrielles
Phase 3 (T + 5 ans ) : Articuler espaces publics de liberté et quartier résidentiel
Percer le talus Fragmenter les anciens atelier VNF (deviennent ateliers de jardins partagés)
Phase 4 (T + 10 ans) : Articuler passerelle et quartier Citadelle
Reboisement progressif de l’ancienne rue de Nantes par les sujets jeunes plantés 10 ans plus tôt Gradines et escaliers depuis le haut du talus à l’est et l’ouest du môle 23
Carte des usages du môle de la Citadelle : 3,5 hectares appropriables Usages extérieurs
Dès maintenant, les espaces délaissés du môle de la Citadelle peuvent être investis par une multitude d’usages et d’occupations temporaires :
Usages intérieurs Passage - transitions
- Artistes Semencerie évacués en juillet 2019 : implantés dans les halles (loyers bas). Produisent scénographie des festivals.
Ateliers des jardins partagés (2000 m2)
Jardins partagés (1300 m2) Logement des personnes précaires (600 m2)
Ateliers d’artistes (2222 m2)
- Festivals locaux (Pelpass, La Grenze...) implantés chaque été sur espace extérieur. Eléments de mobilier laissés sur place pour aider préfiguration du site.
Logement des personnes précaires (170 m2)
- Ancien siège social du PAS vacant : loger réfugiés et sans-abris. Association Aurore : médiation entre PAS et personnes logées.
Locaux d’association (126 m2)
Terrain d’accueil évènementiel (12500 m2)
Casiers pour affaires de sans-abris (80 m2)
Lieu de vie des bateliers et stockage de bateaux (4000 m2)
- Maison abandonnée accueille association «chef d’orchestre» du transitoire pour gérer aspects temporaires et préfiguration espace public. T + 5 ans : devient association de quartier, point névralgique de mise en place du processus participatif.
(Dès mai 2019) Les ateliers artistiques et l’espace d’accueil événementiel de la Citadelle Contempler le coucher de soleil
Se promener le long des rails
Assister à un concert Futurs locaux de l’association de quartier
Les ateliers de création artistique sont ouverts au public (bâtiment ERP)
Scène amovible sur rails
S’asseoir dans l’herbe Bunker : toit belvédère Le môle de la Citadelle : un lieu d’échange, de partage, d’évènementiel (festivals dans un lieu voisin du campus universitaire), de création artistique... un tiers lieu comme centralité du futur quartier. 24
L’espace d’accueil évènementiel des halles
Ateliers de création artistique Le bunker belvédère : un point de vue sur les halles et leur patrimoine
Jardin du Tiers-Paysage Gilles Clément Saint Nazaire 25
(T + 10 ans) Les jardins des ateliers : des jardins partagés dans les anciens ateliers VNF D’un espace ouvert pour les curieux en T 0 à des jardins partagésen T + 5 ans. S’asseoir sur les poutres métalliques et contempler la vue Se promener le long des rails
Cultiver son potager
Logements de réfugiés et sans-abris
Stocker ses outils et matériaux de jardinage
(T 0) L’état actuel des quais des ateliers : propice à une appropriation immédiate
26
III.2. La friche de la villa Rhein Fischer : d’une décharge sauvage au jardin de la reconquête Solutions temporelles : scénarios et phases de projet Phase 1 ( T 0) : ouvrir Ouvrir de nouveaux accès depuis l’axe tram / vélo / piéton et les abords de la villa Rhein Fischer par la gestion du végétal (débroussailler les chemins refermés) Nettoyer le site Récupérer les pneus pour en faire des sièges placés au centre des terrains encore nus
Phase 2 (T + 5 ans) : articuler la friche avec le quartier Starlette : lieu de passage et de détente Créer un passage piéton pour la traversée de l’axe des poids lourds qu’est la route du Petit Rhin et aménager un escalier dans sa continuité Chemins créés progressivement par l’appropriation des promeneurs et usagers passant au sein des différents stades végétals Placer des panneaux d’information sur la flore existante et sur les dynamiques végétales évolutives
Ce plan des chemins d’usages est seulement évocateur de la forme qu’ils pourraient prendre. Le but est de laisser le passage des usagers former les chemins progressivement à partir des structures existantes de l’espace (végétation, talus...). Nul besoin d’aménager un stabilisé : le piétinement de la strate herbacé se chargera du tracé des circulations. Phase 3 (T + 10 ans) : Soutenir les appropriations créatrices de lieux Le jardin de la reconquête est utilisé par les habitants du quartier le jour et la nuit : les espaces piétinés et où les gens s’assoient ont créé des lieux. Fauche tardive des espaces de détente investis par les habitants du quartier et tonte des chemins empruntés La friche se comble peu à peu aux endroits inutilisés : la forêt de la villa Rhein Fisher renaît.
27
(T + 5 ans) Le jardin de la reconquête : une relation entre usagers du lieu et dynamiques végétales Montrer au public les dynamiques de friche sur ce lieu et les notions d’écologie associées
Faire évoluer les perceptions de la population locale sur un espace dénigré : d’une friche considérée négativement et de manière distante comme décharge sauvage à un jardin investi par les habitants.
Sensibiliser la population locale à la biodiversité : l’informer sur les espèces en présence par des panneaux d’inventaire floristique
28
III.3. La friche du bistrot brûlé : d’un espace inaccessible à un jardin intime Solutions temporelles : scénarios et phases de projet
Phase 1 ( T 0) : ouvrir Détruire les murs Ouvrir les nouveaux accès 1
2
3
Débroussailler les ronces
3 1
2
Les 30 artistes de l’association Cric s’implantent au Garage début juillet 2019 (fin des rénovations) Le parking de la Capitainerie est investi par un marché local Phase 2 (T + 1 an) : révéler Les nouveaux accès permettent l’appropriation progressive du lieu et révèlent le platane centenaire. Fragmenter les ateliers attenants au Garage pour ouvrir la vue sur le bassin du commerce Planter des sujets jeunes à l’endroit où les arbres ont été rasés : le long des rails
Phase 3 (T + 5 ans) : le jardin du bistrot devenu étape d’un axe piéton Entretien des chemins créés par le passage des promeneurs et des usagers du site (tonte) Le PAS a implanté son nouveau siège social et les bureaux de la Coop ont été construits.
29
(T + 1 an) La capitainerie et le bistrot Un marché local sur 3000 m pour les habitants du quartier du Port du Rhin le samedi et dimanche (10 min à pieds) 2
Des chemins spontanés formés progressivement par le piétinement des passants au sein de la strate herbacée
Des sujets jeunes plantés le long des rails au même emplacement que leurs prédécesseurs
La Capitainerie : des locaux pour l’association des «Citoyens du port du Rhin»
L’esplanade des artistes : un espace laissé à l’appropriation des artistes du Garage
Le marché de la Capitainerie : un regard portant sur l’horizon du bassin du commerce
30
Le jardin du bistrot : un lieu intime de détente
Piétiner les herbacées
S’asseoir à l’ombre du platane
Une étape sur un axe piéton à l’écart des camions : des chemins créées par le piétinement des promeneurs et usagers
31
Conclusion : Un point fondateur de ce projet est le fait que les espaces délaissés présentent des potentiels qui sont ignorés jusqu’à la réalisation d’un programme qui en fait parfois table rase. Les délaissés sont disponibles pour y implanter les usages répondant à une demande sociale d’espace pour la société civile. Entre le début des chantiers et l’aboutissement des constructions se déroulent dix années où le potentiel est inexploité. Permettre l’accès au public dans un premier temps engage l’appropriation des lieux et les occupations. L’usage temporaire ne peut pas être une erreur, c’est juste un test qui trouve les réponses avant le projet. De plus, les occupations temporaires des sites répondent à une demande sociale effective dès maintenant. Le projet n’attend pas la réalisation du programme pour commencer, il l’influence. Pourquoi attendre la fin des travaux pour tester les usages ? Quand on sait qu’il existe une demande d’espace de la part des associations strasbourgeoises, pourquoi ne pas utiliser le potentiel de lieux vacants pour y répondre ? Ainsi, avant même que les premiers habitants arrivent, les coeurs des quartiers Citadelle, Starlette et Coop seront un lieu de vie, et de tests d’usages. La mise en oeuvre est une prémière étape : donne à voir la friche et le délaissé, et donner un cadre aux nouveaux usages, aux ocupations temporaires. La suite sera participative et évolutive.
Définition Friche industrielle : terrain laissé à l’abandon à la suite de l’arrêt de l’activité industrielle qui s’y exerçait. Ce terme issu des années 1980 est d’abord synonyme de déprise, de chômage et d’abandon. Terme originairement négatif donc, aujourd’hui la friche évoque aussi la reconquête végétale, l’espace de transition qui n’est pas soumis à l’exploitation de l’homme. Avec le manifeste du Tiers-Paysage de Gilles Clément, la friche et le délaissé apparaîssent sous un nouveau jour : «l’espace du futur» et le «réservoir génétique de la planète». Dans ce projet de fin d’études, les espaces à l’abandon génèrent des pratiques de projet particulières : faire avec l’incertitude et l’indétermination. La friche devient ressource culturelle et sociale pour la ville.
32
Retour critique Les plans dessinés peuvent parfois sembler être en rupture avec la démarche du projet de fin d’études. C’est parce qu’ils mettent en perspective l’évolution des constructions : le contexte des espaces de liberté envisagés. L’objectif a été de montrer les alternatives apportées au projet métropolitain. Les plans admettent donc une grande partie du projet des Deux-Rives mais préconisent la conservation d’espaces du possible dans les délaissés actuels au sein d’une ville plus figée. Le but est de montrer que cette démarche peut s’intégrer dans des programmes de ZAC afin de devenir un outil pour la fabrication de la ville. Les espace du possible permettent de tester les usages et d’impacter la programmation, au lieu d’attendre la réalisation de cette dernière. La difficulté est donc de donner à voir une spatialisation qui sera produite par les appropriations d’un urbanisme transitoire : il faut évoquer des possibilités sans considérer les plans comme figés.
Bibliographie Atelier Georges et Mathias Rollot, L’Hypothèse Collaborative, conversation avec les collectifs d’architectes français. 2018. Gilles Clément, Manifeste du Tiers Paysage. 2004. Gilles Clément, Eloge des vagabondes. Robert Laffont. 2014. Sophie Desgeorge, L’île aux rêves, le port du rhin » (film). 2017. Institut d’Aménagement et d’Urbanisme (Ile de France), L’urbanisme transitoire : Optimisation foncière ou fabrique urbaine partagée ? .2018. Claude Janin et Lauren Andres, Les friches : espaces en marge ou marges de manoeuvre pour l’aménagement des territoires ?. Dans Annales de Géographie. 2008. Hélène Soulier, La friche urbaine : déchêt ou ressource ? (Université Paris 8 - Vincennes-Saint-Denis). 2006.
Entretiens réalisés Dominique Kippelen : première artiste implantée à la Coop il y a 25 ans. (11/03/2019) Daniel Depoutot : deuxième artiste installé à la Coop il y a 24 ans (10 rue du Port du Rhin : association La Basse Cour des Miracles). (12/03/2019) Pascal Zagari : artiste installé à la Coop depuis 10 ans (10 rue du Port du Rhin : association La Basse Cour des Miracles). (12/03/2019) Robin Boucknooghe : architecte du collectif NA ayant travaillé sur le m^^ôle de la Citadelle. (01/04/2019) Fabrice Carenou : responsable du Réseau Ferré Portuaire du Port Autonome de Strasbourg. (01/04/2019) Catherine Mueller : responsable de la médiation pour le festival Ososphère anciennement implanté à la Coop. (29/04/2019) Geoffroy Weibel : artiste «masseur de métal» implanté à la Semencerie et déménageant au Garage de la «Virgule» en juillet 2019. (29/04/2019)
33