Mémoire Master ETEH

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HABITATS ALTERNATIFS ADAPTES AU VIEILLISSEMENT - une réponse «participative» - Hugo TREHONDAT

Habitats alternatifs adaptés au vieillissement Une réponse participative

Hugo TREHONDAT

ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE CLERMONT-FERRAND DOMAINE D’ÉTUDES ECO-CONCEPTION DES TERRITOIRES ET ESPACES HABITÉS 2020-2021



Habitats alternatifs adaptés au vieillissement Les cas de l’Habitat Tépatouseul à Mainvilliers (28) et de la Résidence des Jardins de Busserolles à Marzy (58)

Hugo TREHONDAT

ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE CLERMONT-FERRAND DOMAINE D’ÉTUDES ECO-CONCEPTION DES TERRITOIRES ET ESPACES HABITÉS 2020-2021


Remerciements

Je remercie toutes les personnes qui m’ont accompagné dans la réalisation de ce mémoire. Je tiens à remercier le corps encadrant : Madame Amélie FLAMAND, Madame Bénédicte CHALJUB et Monsieur Rémi LAPORTE en charge des enseignements 8.2 b « préparation au mémoire » et 9.2b « mémoire et soutenance » pour leur écoute, leurs conseils, leur accompagnement, et surtout leur bienveillance. Je remercie également Madame Lorette KLEPPER et Monsieur Guillaume MUNNE pour leur écoute, leur soutien, leur point de vue sur ce travail et les échanges enrichissants que j’ai pu avoir avec eux. Je tiens également à témoigner toute ma reconnaissance à Madame Catherine GAUTHIER pour son encadrement dans les enseignements 8.2a et 9.2b « séminaires » qui sont des initiations à la recherche. Enfin, j’adresse tous mes remerciements aux habitantes et habitants qui m’ont donné de leur temps pour m’accueillir et me faire part de leur expérience des terrains et cela malgré les conditions sanitaires de l’année 2020.


Avant-propos :

« Nous considérons que les caractéristiques de l’ère anthropocène dans laquelle nous vivons et les défis environnementaux et humains auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui sont des opportunités pour réinterroger les enjeux de l’architecture autant que les manières de la pratiquer à ses différentes échelles. La montée des revendications citoyennes sur la qualité du cadre de vie et le développement des expertises habitantes auxquels nous assistons ces dernières années indiquent une forte évolution des relations entre les différents acteurs du projet et des méthodes avec lesquelles il est conçu. Partant de cette situation, nous interrogeons le rôle de l’architecte, sa responsabilité sociale et culturelle et son engagement dans la dimension politique d’un projet qu’il conçoit nécessairement pour d’autres et avec d’autres ». *1 L’extrait ci-dessus est tiré de la présentation du domaine d’étude Écoconception des Territoires et Espaces Habités. Il développe parfaitement les prémices de mon questionnement. En effet, ce cycle de Master nous invite en tant qu’étudiant, citoyen et futur praticien de la discipline, à construire une démarche éthique et à nous interroger sur la pratique que nous souhaiterions développer dans notre vie professionnelle. Pour ma part, il me semble essentiel de partager mon intérêt et mes connaissances architecturales afin que chacun puisse parler de son lieu de vie et exprimer clairement son ressenti et ses besoins. En cela, le processus participatif semble offrir des outils que je souhaiterais comprendre afin de construire pour et avec les habitants plutôt que d’exclure le futur usager de toute la réflexion sur son lieu de vie. Ensuite, la question du vieillissement est particulièrement mise en lumière par la crise sanitaire. Cette tranche de la population est fragile et souvent stigmatisée. Elle souffre de maux que la société lui inflige et que son lieu de vie, s’il est bien conçu, pourrait faire disparaître en partie. Enfin, originaire de Bourges, une ville de taille moyenne, je souhaitais travailler sur ces villes dont on ne parle pas. Elles présentent pourtant des enjeux importants et font vivre une grande partie de la population ainsi que du territoire.

1 : ENSACF, « présentation du domaine d’étude Éco-conception des Territoires et Espaces Habités », 2019



SOMMAIRE

Iconographie A : The Atlantic, What 100 years old look like


Sommaire

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Remerciements

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Avant-propos

9 10 10 11 13

INTRODUCTION 1- État de l’art A - Introduction B - Perception de la vieillesse au cours du temps C - L’évolution de la typologie de l’habitat pour le vieillissement D - Un mode d’habiter « ensemble » en plein développement 2- Présentation du mémoire A - Annonce de la problématique et définitions des termes B - Présentation de la méthode C - Présentation des terrains et de leur situation géographique D - Annonce du plan

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I – Entre processus participatif assumé et procédure conventionnelle «déguisée» 1 - De futurs habitants, acteurs à part entière : le processus participatif de TEPATOUSEUL A - Une réflexion commune structurée par une association B - L’autopromotion et l’autogestion C - Une histoire commune et des liens forts D - Des modalités d’inclusion « fragiles » 2- Les rôles de l’architecte dans ce processus A - Sensibilisations et visites avec les habitants B - De nouveaux outils et méthodes d’arpentages C - Des pratiques émergentes 3 – Les Jardins de BUSSEROLLES : un processus hybride pour pacifier les conflits A - Initiative communale et approbation citoyenne B - Conception et gestion conventionnelles C - Modèle intragénérationnel et rôles habitants


II – Les moyens de rompre l’isolement et permettre une autonomie de déplacement aux seniors 1- Une localisation qui s’appuie sur des mobilités et favorise l’accessibilité A - Deux polarités, deux rapports à la ville B - Transports en commun et mobilités C - Interactions sociales et accessibilités aux services D - L’éventualité de services à domicile 2- Un rapport au sol pensé pour une implantation adaptée A - Des accroches fortes et sécurisées à la voirie B - Des circulations dures qui développent un « Urbain » C - Des seuils adoucis III –Les moyens de développer de nouveaux modes d’habiter favorisant l’autonomie et l’entraide 1- Des espaces communs, entre espaces d’articulations et de vie A - Des espaces stratifiés pour le respect de chacun B - Des espaces extérieurs aux dispositifs architecturaux favorisant l’interaction 2 – Des bâtiments communs, lieux d’interactions et de la vie commune A - La maison commune entre mimétisme et signal B - Des espaces communs hybrides et modulables C - Une vie associative simplifiée 3– Des espaces individuels adaptés supports, d’appropriation et d’intimité A - Un « chez-soi » aux dimensions réduites pour plus d’ergonomie B - Bien vieillir « chez-soi » ou comment allier confort et calme C - Un espace appropriable, pour être vraiment « chez-soi »

51 52 52 56 58 62 64 64 68 70 75 76 76 82 86 86 90 94 96 96 98 103

CONCLUSION

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(RES)SOURCES

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ANNEXES

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INTRODUCTION

Iconographie B : Photo personnelle de la rĂŠsidence des Jardins de Busserolles et du clocher de Marzy


1 -Etat de l’art

2 : M. Cherif ADAD, « Les effets du rapport architecte et usager sur l’habitat », Revue Des Sciences Humaines, Numéro 21, Pages 39-51, Juin 2004 3 : INSEE, No 1320, 27/10/2010, [en ligne] (consulté en octobre 2020) sur https:// www.insee.fr/fr/statistiques/1281151 4 : Régis JAUFFRET, écrivain, émission « 58 minutes, La vieillesse est-elle un naufrage ? », 23/09/2020, France Culture, [en ligne], (consulté en octobre 2020), https://www. franceculture.fr/emissions/les-cheminsde-la-philosophie/ les-chemins-de-la-philosophie-emissiondu-mercredi-23-septembre-2020 5 : Honoré DE BALZAC, « Le Chef-d’œuvre inconnu » ou « Maître Frenhofer », revue l’Artiste, août 1831

10 - INTRODUCTION

A- Introduction :

La France a connu plusieurs crises du logement ce dernier siècle. Les pratiques qui se sont développées ont dû répondre à ces demandes « exceptionnelles ». Elles ont aujourd’hui du mal à satisfaire pleinement les attendus des spécialistes et des usagers dont la critique laisse transparaître, « une crise architecturale de l’habitat sur le plan qualitatif. L’hypothèse avancée consiste à considérer que la médiocrité de l’architecture de l’habitat est due au mauvais rapport entre « architecte et usager », même si elle prend déjà racine dans l’échec de la politique d’habitat post-indépendant » *2. L’hypothèse selon laquelle l’architecte et l’usager ont longtemps été les victimes d’un contexte socio-économique néolibéral, à l’éthique aujourd’hui douteuse car dictée par l’économie de marché, est de plus en plus consentie par les chercheurs. La participation des habitants détermine un autre processus, celui de concevoir et de construire, de manière alternative par rapport au modèle dominant. En parallèle, les avancées médicales se multiplient au XIXe et XXe siècle et changent complétement la démographie française : on vit plus vieux et on a moins d’enfants. Aujourd’hui, il est clair que la part de retraités dans notre société va continuer d’augmenter.« On prévoit une hausse de 80 % des plus de 60 ans de 2007 à 2060 » *3. Ils sont principalement autonomes, certes, mais ils ne vivent pas dans des logements adaptés et risquent de perdre en autonomie en cas de chute. Le parc immobilier français manque cruellement de logements adaptés. Comment accueillir dans des logements sécurisés cette population en augmentation ? C’est pourquoi il me semble intéressant d’étudier la pratique participative, elle offre aux futurs résidents une plus grande liberté sur la conception de leur lieu de vie. Elle permet aussi à l’architecte de développer un rôle plus sensibilisateur, qui se fait le vecteur d’une nouvelle vision de l’espace bâti. Cela pourrait donner une nouvelle place et un nouvel objectif à nos retraités. Ce jeu de rôle paraît intéressant et les principes architecturaux qui en découlent aussi. Mais qu’en est-il vraiment ?


B- Perception de la vieillesse au cours du temps

Nous vivons de plus en plus vieux et de mieux en mieux. Les seniors représentent donc une part de plus en plus importante de la société en France. La vieillesse peut être difficile lorsque notre corps fatigue ou que le régime de retraite ne se montre pas à la hauteur de l’investissement de toute une vie. C’est l’âge où la solitude est la plus repandue et les suicides les plus nombreux. Mais cela peut aussi être l’occasion de transmettre son expérience et ses connaissances. On peut dire que ça peut être, « un cadeau magnifique » *4 que nous offre la médecine moderne et qui, si notre corps nous le permet, peut être une période de liberté et de grands bonheurs. Mais comment profiter de cette vieillesse ? La notion de vieillesse a énormément évolué ces deux derniers siècles. Aujourd’hui, la vieillesse n’est plus la même qu’hier. Dans les années 1830, l’image de l’ancien était encore celle d’un homme de 40 ans : on disait d’eux qu’ils étaient « épuisés ». Ils étaient en effet des « survivants », entre les maladies, les accidents et conditions de travail, les guerres ou encore le manque d’hygiène. On voit par exemple qu’Honoré de Balzac parlait « d’un vieillard de 50 ans » *5! À cette période se développent les premiers régimes « spéciaux » *6 mis en place par Napoléon III en 1848. La pension de reversion est destinée aux fonctionnaires, les cheminots s’organisent en 1850 puis les mineurs en 1894, le paternalisme entreprenarial permet une gestion ouvrière de ces régimes. Mais la naissance de la retraite commence réellement en 1910. Avec la loi de « retraites ouvrières et paysannes » *7, cette retraite par capitalisation est fixée à l’âge de 65 ans alors qu’à peine 8 % de la population atteint cet âge à l’époque. Auparavant, les personnes âgées continuaient de travailler ou vivaient de rentes foncières. L’évolution de la retraite va progressivement changer les habitudes et créer une nouvelle position dans la société. Les retraités de plus en plus vieux vont devenir plus nombreux, menant parfois à des dérives que nous raconte Simone de Beauvoir dans « La vieillesse » en 1970 *8: À l’époque, c’est un sujet encore tabou dont on ne parle pas. La vieillesse prouve la condition « absurde » de l’individu et est si horrible qu’on préfère la cacher. En effet, la vieillesse est l’approche de la mort, c’est une dépendance qui nous gagne peu à peu.

6 : Un régime spécial regroupe des catégories de salariés du secteur public ou parapublic. Les régimes spéciaux sont souvent créés pour compenser la pénibilité de certains métiers, car ils offrent des droits supérieurs à ceux des régimes des salariés ou des fonctionnaires. Définition [en ligne] (consultée en décembre 2020) sur https://www. retraite.com/retraitepar-metier/regimes-speciaux.html 7 : Le régime des retraites ouvrières et paysannes (ROP) applicable depuis le 03/07/1911 est resté en vigueur jusqu’au 01/07/1930. Il permettait aux salariés, non soumis à un régime spécial, de se constituer une retraite. Ce système de retraite reposait sur la contribution des assurés, des employeurs et sur la participation de l’État. Définition [en ligne] (consultée en décembre 2020) sur https://www.legislation. cnav.fr/Pages/expose. aspx?Nom=ancienne_ prestation_rop_ex 8 : Simone DE BEAUVOIR, « La vieillesse​ », Collection Blanche, Gallimard, 23-01-1970 « Pour que la vieillesse ne soit pas une parodie de notre existence antérieure, il n’y a qu’une solution, c’est de continuer à poursuivre des fins qui donnent un sens à notre vie. »

INTRODUCTION - 11


9 : Manon GARCIA, philosophe, Junior Fellow à la Society of Fellows de Harvard, émission «58 minutes, La situation scandaleuse des vieux dans la société », 22/09/2020, France Culture, [en ligne], (consulté en octobre 2020), sur https:// www.franceculture.fr/ emissions/les-cheminsde-la-philosophie/vieillir-24-la-vieillesse-de-simone-de-beauvoir 10 : Idem 8 11 : Idem 9 12 : Philippe ABASTADO, cardiologue, émission « 58 minutes, La vieillesse est-elle une maladie ? », 21/09/2020, France Culture, [en ligne], (consulté en octobre 2020), sur https:// www.franceculture.fr/ emissions/les-cheminsde-la-philosophie/ les-chemins-de-la-philosophie-emission-du-lundi-21-septembre-2020 13 : Régis JAUFFRET, écrivain, émission « 58 minutes, La vieillesse est-elle un naufrage ? », 23/09/2020, France Culture, [en ligne], (consulté en octobre 2020), https://www. franceculture.fr/emissions/les-cheminsde-la-philosophie/ les-chemins-de-la-philosophie-emissiondu-mercredi-23-septembre-2020 14 : Idem 12

12 - INTRODUCTION

« L’attitude de la société de l’époque n’est pas seulement coupable, mais criminelle » *9. Elle raconte ses visites dans des hospices, les injustices des retraites et les maltraitances quotidiennes. Si on écoutait réellement les besoins des personnes âgées, on entendrait leur détresse et leurs injustices. Elle décrit la situation objective des « vieux » tel qu’elle est construite par la société. Elle les écarte, les met de côté géographiquement et ne leur attribue plus de rôle social. « La vieillesse est comme une parodie de la vie. » *10 « Le vieux ne fait plus rien, ce qui est parodique : c’est d’être au lieu d’exister ».*11 « Le vieux ne se sent plus en utilité sociale, plus utile pour ses proches ou lui-même, il se sent devenir un fardeau. »*12 Aujourd’hui, quand on mentionne une personne de 60-70 ans, on dit souvent qu’on aime être âgé. On peut faire du sport, courir, travailler intellectuellement… C’est d’ailleurs cette période que nous vend la société. « On nous donne la notion de retraite presque comme un idéal, les gens se font rouler par la société, on leur dit, vous n’êtes pas libres mais le jour où vous serez à la retraite vous aurez la liberté totale d’aller à l’autre bout du monde… Il y a une façon de découper la vie dans la société capitaliste… On nous vend le vieillard, mais il faut qu’il coure, qu’il saute, qu’il ait des maîtresses, etc. » *13 Les gens se laisseraient presque avoir, à tous croire que la vieillesse ne peut pas arriver plus tôt que prévu, et que tout le monde pourra profiter de sa retraite. Mais pour cela il faut néanmoins se ménager ou tout du moins prendre soin de soi notamment en évitant les chutes ou encore en ayant un logement adapté, des activités sportives et une bonne alimentation. Nous ne sommes pas tous égaux face à la vieillesse ! « On se tue au travail » *14, certes, mais certains plus que d’autres. Même si nous ne vieillissons pas de l’intérieur, nous ne perdons pas notre âme, mais on perd des capacités physiques. Il est devenu dur de définir le sujet de la vieillesse, on parle de tant de choses différentes. Une chose est sûre, un sujet âgé a une émotivité différente de la nôtre. Les mots ne sont pas tout à fait les mêmes, la culture évolue et le langage aussi. La société les voit comme autonomes, mais ils dépendent souvent d’un système économique et social dont ils sont aujourd’hui exclus. De nombreuses personnes âgées tentent de se suicider ou luttent pour légaliser l’euthanasie volontaire. Il y a une véritable souffrance d’où ce désir de la mort. La vieillesse est dure, et chacun doit comprendre qu’il a subi la


vie et ses expériences qui le transforment. Les gens sont très seuls et l’EHPAD n’apparaît pas une solution, car très souvent, les gens âgés continuent de rester seuls dans leur chambre, à attendre une visite. L’autonomie est une illusion qui permet la solitude et prône le « débrouillez-vous tout seul ». Mais de nouveaux logements émergent et tendent à proposer plus de diversité en matière d’habitats. Des logements adaptés pour nos anciens se développent afin qu’ils puissent vivre pleinement et le plus longtemps possible. Les porteurs de projets s’intéressent donc à la gérontologie et cherchent à répondre aux enjeux majeurs ici mis en évidence : la mobilité, l’autonomie, la solitude et parfois même la dignité. Ce n’est que depuis quelques dizaines d’années que l’on se penche vraiment sur cette question. Des réponses variées se sont développées pour répondre aux différents budgets. L’offre est encore trop faible, surtout que la population de plus de soixante ans va sensiblement augmenter dans les années à venir. On voit aussi que les réponses architecturales sont plus nombreuses pour les personnes âgées dépendantes, pourtant c’est en adaptant le logement alors que la personne est encore autonome que l’on peut prolonger son autonomie.

15 : Maison où des religieux donnaient l’hospitalité aux pèlerins, aux voyageurs. Elle a donné son nom aux établissements où l’on accueille les personnes âgées démunies (hospices civils fondé en 1801). Les plus connus sont certainement ceux de Beaune. Définition [en ligne] (consultée en décembre 2020) sur https://fr.wikipedia.org/ wiki/Hospice

C - L’évolution de la typologie de l’habitat pour le vieillissement

Pendant longtemps, et jusqu’au début du XIXe siècle, les différentes générations d’une même famille avaient pour habitude de cohabiter au sein du même foyer. Dans de nombreux pays moins développés c’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui alors que ce mode de vie est devenu rare en France. En effet, les structures familiales ont complétement muté avec l’exode rural, l’industrialisation, puis la mondialisation passant de foyers de trois ou quatre générations à seulement deux. La polarisation des villes et l’importance donnée au travail dans notre société capitaliste a eu pour effet de briser certains aspects sociaux, car les jeunes actifs quittent presque systématiquement le noyau familial pour rapprocher leur lieu de vie de leur travail. Alors que les personnes âgées étaient généralement aidées au quotidien par leurs enfants et petitsenfants. Elles sont depuis le XIXe de plus en plus souvent seules, livrées à elles-mêmes. Cette situation autrefois propre au monde rural n’est plus d’actualité.

INTRODUCTION - 13


16 : Michel PLATZER et Béatrice MONNIER, « Concevoir et construire un EHPAD – Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. », Paris : Édition Le Moniteur, Collection Concevoir et construire, 2017 17 : Michel PLATZER et Béatrice MONNIER, Concevoir et construire un EHPAD - Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Paris : Édition Le Moniteur. Collection Concevoir et construire. 2017 18 : Science qui s’occupe des problèmes biologiques, psychologiques, sociaux et économiques posés par les personnes âgées. Définition [en ligne] (consultée en décembre 2020) sur https://www.larousse. fr/encyclopedie/divers/ g%C3%A9rontologie/55 268 19 : Récipro-Cité, « Une nouvelle conception du vivre-ensemble », [en ligne] (consulté en novembre 2020), sur https://www.reciprocite.com 20 : Idem 19 21 : Idem 19 22 : Idem 19 23 : Idem 19

14 - INTRODUCTION

Les « hospices » *15 se sont alors démocratisés pour répondre à cette problématique. Autrefois rare, elle se limitait aux personnes seules, âgées et sans famille. La distinction entre hôpitaux et hospices apparaît en 1851 alors qu’avant les « indigents, vieux et infirmes » *16 n’avaient pas de structures adaptées. Les hospices sont pensés comme des « maisons d’assistance dans lesquelles les personnes âgées recevaient aussi ‘‘l’hospitalité’’ » *17. Terme qui démarque clairement les hospices des hôpitaux, c’est « l’action d’héberger ». La personne n’est donc plus « prise en charge » mais hébergée, ce qui va audelà de la simple médicalisation de l’individu et a pour but de permettre aux personnes âgées d’être logées à long terme. Après la seconde Guerre Mondiale, les maisons de retraite se développent sur le territoire national, des établissements apparaissent en milieu urbain comme rural. Désireuses de proposer des soins et un hébergement adapté au vieillissement, elles restent très médicalisées et proches du modèle hospitalier traditionnel. La vieillesse est encore liée à cette image négative de dépendance et de maladies. Les lieux hospitaliers ne répondent pas, à l’époque, aux attentes des personnes âgées qui souhaitent rester chez elles le plus longtemps possible. Dans les années 1990, les recherches en gérontologie *18 et le secteur de l’habitat ont commencé à développer des « alternatives aux dispositifs institutionnels classiques » *19. Le maintien à domicile, avec des aides et des subventions pour les travaux d’adaptation du logement, l’apparition de résidences services pour seniors permettent de « profiter d’un cadre de vie sécurisant » *20 et de « demeurer inclus dans la société » *21. La généralisation de ces propositions d’habitats alternatifs à la maison de retraite et au domicile illustre le passage d’une « gestion médico-sociale de la vieillesse » *22 au concept de « bien vieillir » *23. Parallèlement à cela, les maisons de retraite médicalisées ont évolué vers « une qualité résidentielle et une dimension domestique de leurs espaces » *24 bien meilleures. Depuis 2002 le statut réglementé d’EHPAD : Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes est un modèle normé en constante évolution qui essaie de se renouveler. Mais, il reste largement critiqué, onéreux, humiliant et stigmatisant, autant de torts qu’on lui reproche encore aujourd’hui. Le problème vient surtout des effectifs de soignants qui sont trop peu nombreux et de l’exclusion totale de ces habitants du monde extérieur. Pourtant il semble que cette solution soit la seule pour vivre sa fin de vie, car la médicalisation à domicile coûte très cher. Aujourd’hui la moyenne de temps passée en EHPAD est de quelques


mois : solution de dernier recours. En effet, l’offre gérontologique « historiquement structurée autour de deux grands pôles : le maintien à domicile et l’hébergement collectif » *25 a vu se développer ces vingt dernières années des solutions d’hébergement intermédiaires diversifiés : - « le modèle communautaire intragénérationnel - l’habitation partagée intergénérationnelle - l’habitat intergénérationnel adapté - la résidence avec services - la maison intelligente (domotique) - la maison pour tous les âges (adaptable en fonction de l’évolution de la vie) ». *26 S’adressant à des profils différents, ces solutions soulèvent et tentent de répondre à des enjeux différents. En ce sens, on peut penser que réfléchir parallèlement à la conception de ces diverses solutions d’hébergement, tenant compte d’enjeux à la fois spécifiques et communs liés au vieillissement, peut être un moyen de répondre, de manière qualitative, à l’évolution des personnes âgées dans les années à venir. D’autant que la France est en retard en la matière : « Une enquête « Share » menée dans 15 pays européens en 2006-2007 a indiqué qu’avec 6 % de son parc de logements adaptés aux plus de 65 ans, la France se situe dans la moyenne générale, loin derrière les Pays-Bas (16 %), le Danemark (12 %) et de l’Allemagne (7,9 %). » *27 À nous de suivre l’exemple de nos voisins Danois qui « par une mobilisation citoyenne active des retraités, [...] ont modifié, en profondeur l’approche du gouvernement dans sa politique d’aide à la dépendance. » *28

D- Un mode d’habiter « ensemble » en plein développement

24 : François LAMARRE, Dossier « Architecture du grand âge et de la dépendance », in D’architectures, n°239, octobre 2015 25 : Alain VILLEZ, « EHPAD. La crise des modèles », Gérontologie et société, Paris : Éditions Caisse nationale d’assurance vieillesse, 2007 26 : Serge CLEMENT, Christine ROLLAND et Christine THOER-FABRE, « La typologie en six catégories élaborées », « Usages, normes, autonomie », PUCA, 2007 27 : Cédric POLERE, Julien CASALS et Quentin ZARAGORI, « État des lieux et diagnostic de l’offre d’habitat pour personnes âgées dans l’agglomération lyonnaise », Nova, 7 décembre 2015 28 : Philippe DEHAN, « L’habitat des personnes âgées - du logement adapté aux EHPAD », USLD et unités Alzheimer, Paris : Édition Le Moniteur, Collection Techniques de conception, 2007

Le développement des processus participatifs et les enjeux qui lui sont liés, ont une histoire très longue qui commence avec l’architecture vernaculaire. L’architecture participative en tant que telle n’existe que depuis une cinquantaine d’années et sonne comme un retour vers des pratiques vernaculaires, donc une vision passéiste. Pourtant, quand on analyse cette pensée, on se rend compte que d’un point de vue social, elle est assez novatrice. Elle apporte des outils nouveaux, permettant d’éveiller au sein d’un groupe, l’intelligence collective.

INTRODUCTION - 15


29 : Alice OECHSNER, facilitatrice et membre du réseau RAHP en Région Centre Val de Loire, émission radio FRANCE BLEU BERRY, [en ligne] (consulté en mai 2020) https:// www.francebleu.fr/emissions/plan-b-commeberry/berry/l-habitatparticipatif-en-berry 30 : Vincent GUILLAUDEUX, préface de JeanPierre GOUTRY, Philippe VERDIER, « Le projet urbain participatif, apprendre à faire la ville avec ses habitants », éditions Yves Michel, 2009

Cet état des lieux permet de mettre en évidence l’intérêt grandissant pour les pratiques participatives et les conditions d’émergence d’habitats solidaires pour personnes âgées ou encore d’habitats participatifs intergénérationnels. Il se développe en deux parties : - Une première qui permet de comprendre les conditions d’émergence de ces processus et leur intérêt face aux procédés traditionnels. - Une seconde, qui permettra de mieux comprendre la façon dont se met en place un process participatif dans le cadre d’une production urbaine ou architecturale et de quelle façon elle implique un phénomène d’appropriation. Plusieurs crises du logement liées à l’offre ou la demande se sont succédées : - au XIXe l’exode rural lié à l’industrie qui développe des cités dans des conditions misérables. - au XXe après les deux guerres mondiales qui amènent de nouvelles populations pour reconstruire le pays et augmentent encore plus la demande. - au XXIe siècle, la pression immobilière grandissante dans les grandes agglomérations et la financiarisation privée des logements sociaux impactent irrémédiablement sur le mode de vie. Le marché du bâtiment a souvent vacillé, mais a toujours su rebondir et s’adapter avec les cités ouvrières, les cités jardins, les grands ensembles ou les maisons castor qui furent des réponses à ces deux premières crises. Cependant, ces solutions ne conviennent pas à tous. En mai 68, les revendications étudiantes font écho auprès de toute la population. Le mouvement autogestionnaire voit le jour, et avec lui, en architecture, la critique d’une construction trop impersonnelle et standardisée. L’habitat participatif est né. Poussée par des revendications écologiques et sociales, il se développe jusqu’au début des années 80. L’inflation des années 2000 et le verrouillage du marché immobilier couplé à la dimension écologique engendrent la réapparition de l’habitat participatif. « Si le marché ne peut pas nous l’offrir alors faisons-le nousmême, peut-être que collectivement, on va y arriver » *29. C’est majoritairement l’écologie et la dimension autogestionnaire qui ont conduit à l’apparition puis au développement de l’habitat participatif. Aujourd’hui, « La nécessité participative ne fait pas débat, mais elle est en elle-même porteuse de nombreuses questions et conditions. Elle suppose à tout le moins que les individus aient envie de jouer le jeu participatif ». *30

16 - INTRODUCTION


Le premier rôle de l’architecture participative est donc de permettre aux usagers d’exprimer une demande « complète » et d’éveiller cette envie de s’investir. Les enjeux portés par les groupes constitués en association sont très divers. Les enjeux environnementaux sont les plus fréquents. Ils sont souvent couplés à d’autres enjeux : sociaux (vivre ensemble, groupe intergénérationnel, précarité, etc.) professionnels (mutualisation d’outils, diminution des charges, coworking…), d’autonomie (agroforesterie, fermes…).*31 Tout récemment en France, se sont montés les premiers projets avec l’enjeu principal de proposer un lieu de vie adapté à la vieillesse. Anne LABIT *32, chercheuse et sociologue étudie beaucoup ce phénomène, déjà développé dans d’autre pays d’Europe mais encore au stade « expérimental » en France. De nombreux projets se développent, assistés par des organismes comme HALAGE *33 et KOYO *34 ou des réseaux d’acteurs qui se constituent sur les réseaux sociaux.

31 : Analyse faite grâce aux informations trouvées [en ligne] (consulté de février à août 2020) sur https://www.habitatpar ticipatif-france. fr/?HPFCartographie 32 : voir (ANNEXE 1) 33 : voir (ANNEXE 2) 34 : voir (ANNEXE 3)

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2 -Présentation du mémoire

35 : Cerema, « Habitat et vieillissement de la population : des initiatives de logement alternatif au domicile et à l’hébergement institutionnel », 18 novembre 2020, [en ligne] (consulté en décembre 2020), https:// w w w. c e r e m a . f r / f r / actualites/habitat-vieillissement-population-initiatives-logement

A - Annonce de la problématique et définitions des termes

L’intérêt que je porte pour les notions que je viens de vous présenter a naturellement orienté ce travail vers « les Habitats alternatifs adaptés au vieillissement » *35 et en particulier la réponse participative. Ce sujet a éveillé beaucoup de questions, car comme le montre l’état de l’art, il est à la croisée de nombreux domaines. Les recherches sur les jeux d’acteurs dans ce type de processus, les notions de qualité architecturale et d’usages dans l’habitat ou encore les questions liées à la gérontologie. Malgré mes recherches je n’ai pas trouvé en quoi l’habitat participatif apportait un réel avantage pour ses habitants notamment en matière d’adaptation à cette tranche d’âge. C’est pourquoi j’ai décidé d’essayer de répondre à la problématique suivante : Comment l’habitat participatif adapté au vieillissement permetil de conserver le plus longtemps possible autonomie, sociabilité et dignité de la personne ? Afin de comprendre les enjeux que porte cette question, j’ai tenté de donner une définition à chacun des termes qui pourraient paraître flous. Cela en m’aidant des lectures qui m’ont aussi permises de constituer mon état de l’art. La vieillesse : La vieillesse a une définition assez floue. Il est vrai qu’on dit parfois des autres qu’ils sont vieux mais rarement de soi-même. On peut dire que la vieillesse est une partie avancée de la vie que la plupart des gens redoute. Aujourd’hui, le système économique et social a tendance à marquer l’âge de la retraite comme celui du début de la vieillesse et « vend » cette vieillesse comme une période de liberté totale où la société nous rend ce qu’on lui a donné toute notre vie. Autonomie : L’autonomie déploie une certaine liberté, celle de pouvoir vivre seul ou non, de se déplacer ou encore de pratiquer des loisirs. L’autonomie, c’est avant tout la possibilité et la capacité de subvenir à ses besoins sans avoir recours à d’aides extérieures tout du moins dans le cadre de son logement. Sociabilité : /Sociable / latin : sociabilis, de sociare, associer / Qui manifeste la faculté d’entretenir de bonnes relations humaines/. La sociabilité n’est pas la même pour chacun d’entre nous, certains sont très sociables et

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d’autres moins. Pourtant, le caractère sociable de l’homme est inné et fait émerger une question de sentiment d’appartenance important pour notre bonne santé cognitive. C’est pourquoi l’isolement peut être perçu comme une grande souffrance même lorsqu’on est autonome. Dignité : Ici la dignité est avant tout l’estime que l’on peut avoir de soi-même. Cette vision subjective est impactée par le regard de l’autre et par la comparaison que l’on peut se faire entre le soi d’hier et d’aujourd’hui. De plus, la dépendance peut tendre d’une certaine manière, à infantiliser l’individu, qui peut y voir une atteinte à sa personne et donc à sa dignité. Une des solutions avancées semble être d’avoir un espace à soi, même infime, où l’on peut se ressourcer, se sentir bien et autonome.

36 : Conseils d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement du Cher, voir (ANNEXE 4) 37 : vidéos réalisées et disponibles sur la chaîne youtube, « Habitat Participatif ARCHIvage », [en ligne], https:// w w w. y o u t u b e . c o m / channel/UCR8sz6ENY8HvuCtoumR__g

B- Présentation de la méthode

Afin de répondre à cette question, ce mémoire a été réalisé sur deux semestres entre le Master 1 et le Master 2. Le premier semestre nous a permis de développer nos thématiques de travail, nos mots clefs et de nous documenter sur ces sujets en construisant petit à petit notre bibliographie. Ainsi, nous avons pu mettre en place un état des lieux des avancées en recherche, sur notre sujet. La problématique s’est logiquement construite au fil des lectures. La fin du semestre nous a orienté sur des choix de terrains afin d’engager un processus de transposition en passant de questions théoriques à l’application de ces dernières à un objet architectural. Pendant les vacances d’été, nous avons pu entre les deux confinements nous rendre sur place faire des relevés photographiques, récupérer les documents graphiques auprès des architectes ou services d’urbanisme mais aussi pour ma part rencontrer les habitants. Je n’ai malheureusement pas pu m’entretenir avec les architectes qui sont très occupés et n’ont pas eu le temps. Cependant mon stage au C.A.U.E du Cher *36 m’a permis de visiter huit habitats participatifs en Région Centre Val de Loire *37. Chaque visite s’est accompagnée d’un entretien, ce qui m’a mené à changer de sujet et à préciser mes recherches sur un type d’habitat participatif précis : celui adapté au vieillissement. Au second semestre j’ai dû revenir sur des recherches complémentaires afin d’avoir la base de documentation nécessaire à ma nouvelle problématique. Nous avons commencé à retravailler les pièces

INTRODUCTION - 19


graphiques, coupes, plans, élévations, photos de nos terrains afin de mettre en lumière les enjeux liés à nos questionnements. Cela nous a permis de faire évoluer nos interrogations. Ainsi, ce mémoire traite de deux cas d ‘études. Ces terrains ont beaucoup de similitudes, ce qui permet de les comparer. En revanche, on constate des tensions et des points de divergence dans le processus de conception, puis dans la réalité architecturale du projet pour enfin, essayer de voir, si elles impactent le mode de vie des habitants : leur autonomie, leur sociabilisation et leur dignité.

C- Présentation des terrains et de leur situation géographique

Les deux projets que je vais vous présenter englobent une dimension participative. Elle a été inégalement portée dans les deux projets, car elle prend dans le processus de conception plus ou moins d’importance. En effet, la résidence des Jardins de BUSSEROLES située à MARZY, une commune de l’agglomération de Nevers est avant tout une initiative municipale qui a cherché l’adhésion citoyenne. Alors que l’habitat communautaire pour la vieillesse TEPATOUSEUL situé à MAINVILLIERS, dans l’agglomération de Chartres, est une initiative habitante portée par l’association et le groupe du même nom. Les deux projets ont une programmation similaire qui vise à proposer un lieu de vie adapté aux seniors autonomes. Ils ont la particularité de développer tous deux des logements et des espaces communs même si là encore ces derniers n’ont pas la même vocation. Enfin, pour introduire un peu plus ces projets, je vais vous présenter leur situation géographique. Les deux cas d’études de ce mémoire ont été choisis pour leur position péri-urbaine similaire en périphérie de ville moyenne. Ces villes sont particulièrement intéressantes pour les personnes âgées. Elles sont à échelle humaine et ne sont pas aussi impactées par la pression immobilière que les agglomérations plus importantes. Cela facilite la venue de ce public, malheureusement parfois précaire. Ces villes accueillent tout de même plus de 13 des 67 millions d’habitants français. Au nombre de 133 sur le territoire français, ces villes moyennes sont au centre des préoccupations du plan national « Action cœur de ville » qui répond à une double ambition : améliorer les conditions

20 - INTRODUCTION


de vie des habitants des villes moyennes et conforter le rôle de moteur dans le développement du territoire. (Iconographie 1)

Iconographie 1 : LOCALISATION EN FRANCE METROPOLITAINE Des territoires administratifs en marge en termes de pratiques et de recherches architecturales. Localisation des projets à l’échelle nationnale métropolitaine et localisation des Ecoles d’Architecture.

INTRODUCTION - 21


Ces villes offrent, en effet, un cadre de vie qui semble approprié aux personnes âgées. Elles accueillent toutes les commodités et services nécessaires en termes de santé, commerces, activités… Mais elles sont aussi à échelle humaine, c’est-à-dire relativement peu étendues et donc appropriées aux mobilités douces et transports en commun. Avec 39 000 habitants, Chartres, préfecture du département de l’Eure et Loir (28), est surnommée « Capitale de la lumière et du parfum ». Elle se situe sur le plateau de la Beauce. Son aire urbaine est constituée de soixante-treize communes et de 150 000 habitants. A environ 90 kilomètres de Paris, Chartres est reliée à la capitale par l’A11 et l’A10 en une heure. Les grandes villes « dynamiques » les plus proches sont : - Orléans à 80 kilomètres, Tours à 140 kilomètres et Le Mans à 110 kilomètres. (Iconographie 2) Le projet TEPATOUSEUL situé dans l’agglomération de Chartres, est en zone péri-urbaine et est localisé à Mainvilliers, avec 11 000 habitants, c’est la sixième commune du département de l’Eure-et-Loir. Situé dans la Z.A.C. Pôle Ouest de Mainvilliers, rue Rosa Bonheur cet habitat participatif est à proximité de la N1154 qui est la rocade de Chartres et de la D939 : un axe majeur reliant les communes de Châteauneufen-Thymerais et de Chartres (quartier de la gare). (Iconographie 3)

Iconographie 2 : LOCALISATION REGIONALE DE CHARTRES Cartographie des grandes villes influentes du territoire, les métropoles autour de Chartres.

22 - INTRODUCTION TITRE DE LA PARTIE


Gare routière Gare ferrovière Routes Chemins de fer Val de l’Eure

Chartres Zone Urbanisée Mainvilliers

Cette zone d’activité est en plein développement et vouée à s’agrandir. Aujourd’hui, encore modeste, elle accueille surtout, des résidences et des activités sanitaires. Cependant, l’avancée des travaux du « Data Center Orange France » risque de faire de cette planification urbaine un lieu d’accueil parfait pour les entreprises numériques et informatiques.

Iconographie 3 : LOCALISATION URBAINE DE MAINVILLIERS Localisation de la commune de Mainvilliers et de l’habitat TEPATOUSEUL dans l’aire urbaine de Chartres et ses grands axes de mobilité.

INTRODUCTION CHAPITRE X - 23


Avec 33 000 habitants, Nevers, préfecture de la Nièvre (58), est une ville connue pour sa faïence. Elle se situe au confluent de la Loire et de L’Allier. Son aire urbaine composée de quarante-cinq communes et de 100 000 habitants est située à limite de la Nièvre et du Cher. A 235 kilomètres au sud de Paris, Nevers est reliée à la capitale par l’A77 en deux heures et de Lyon par la fameuse nationale 7. Les villes dynamiques les plus proches sont : - Dijon à 180 kilomètres, 165 kilomètres Orléans et 160 kilomètres Clermont-Ferrand. (Iconographie 4) La résidence des jardins de BUSSEROLES, située dans l’agglomération de Nevers, également en zone péri-urbaine est située sur la commune de MARZY. Avec ses 3 700 habitants, c’est la neuvième commune du département de la Nièvre. La ville située à l’ouest de Nevers, au sud de Fourchambault et en bord de Loire est définie et délimitée géographiquement par ces trois entités. Contrairement au département où la population diminue, elle a une démographie qui a triplé en quarante ans ce qui en fait aujourd’hui une ville résidentielle. (Iconographie 5) Le projet est situé à l’intersection entre la rue des Jardins qui mène à l’école primaire du village et la D131, un des trois axes constituants de la commune, reliant Fourchambault (sixième), MARZY et Nevers (quartier de la gare). Cette résidence pour personnes âgées autonomes est située dans un quartier pavillonnaire.

Iconographie 4 : LOCALISTION REGIONALE DE DE NEVERS Cartographie des grandes et moyennes villes influentes du territoire, les métropoles autour de Nevers

24 - INTRODUCTION TITRE DE LA PARTIE


Gare routière

Nevers

Gare ferrovière Routes Chemins de fer Val de Loire

Zone Urbanisée Marzy Aéroport

Iconographie 5 : LOCALISATION URBAINE DE MARZY Localisation de la commune de Marzy et de la résidence des Jardins de Busserolles dans l’aire urbaine de Nevers et ses axes principaux de mobilité.

INTRODUCTION CHAPITRE X - 25


38 : INSEE, « statistiques et études », par départements, chiffres extraits [en ligne], (consulté en septembre 2020), https://www.insee.fr/fr/ statistiques/2011101? geo=DEP-58 et https://www.insee.fr/fr/ statistiques/2011101? geo=DEP-28

La France vieillit avec l’avancée en âge des baby-boomers mais cette évolution est inégalement répartie. Bien que les deux villes soient dans des départements considérés comme ruraux normalement vieillissants et aient des dimensions similaires, elles n’ont pas le même profil démographique. En 2020, les plus de 60 ans représentent 26,6 % des habitants en France. Dans les départements de la Nièvre et de l’Eure-et-Loir (largement sous influence de leur préfecture) ce pourcentage est respectivement de 36,7 % et 26,1 %. *38 En effet, depuis plusieurs années la Nièvre illustre parfaitement la problématique du vieillissement de la population. (Iconographie 6 et 7)

Iconographie 6 et 7 : GRAPHIQUES INSEE REDESSINES Iconographie 6 (gauche) : Evolutions démographiques de Nevers, Chartres, Marzy et Mainvilliers (de haut en bas) Iconographie 7 (droite) : Evolution démographique des plus de 60 ans par rapport à la population globale en France, dans la Nièvre et dans l’Eure-et-Loir (de haut en bas)

26 - INTRODUCTION TITRE DE LA PARTIE


D- Annonce du plan

Dans ce mémoire, nous allons, dans un premier temps, nous concentrer sur la dimension participative. Nous allons chercher à comprendre quels rôles les habitants ont eu, dans la réflexion et la conception des projets. Mais aussi, comment d’autres acteurs ont aidé ou pris en charge certaines opérations. Nous tenterons également de comprendre, de quelle manière se fait la gestion de ces deux sites. Car ces jeux d’acteurs bien distincts pour les deux projets, ont des avantages et des inconvénients mais aussi des limites dans leur fonctionnement. Ils ne conviennent donc pas forcément à tous les profils ou peuvent être plus ou moins intéressants pour des retraités. Ainsi, nous verrons d’abord si ces processus ont un impact direct sur le mode de vie des résidents. La seconde partie aura pour but d’éclairer les caractéristiques urbaines propres à nos deux cas d’études qui sont des modèles d’habitats communautaires et intragénérationnels adaptés aux seniors autonomes. À travers les enjeux que sont la mobilité et l’accessibilité aux services ou espaces publics, nous essaierons de comprendre comment le positionnement urbain de ces projets et leurs accroches à ce tissu peuvent réduire la sensation d’isolement et favoriser une certaine autonomie. Nous essaierons dans un même temps de pointer les choix qu’ont pris les habitants pour en mesurer l’impact indirect sur leur mode de vie. La troisième et dernière partie, permettra de comparer, d’analyser et de mettre à l’épreuve ces typologies alternatives. Essayer de comprendre si elles développent les solutions que préconisent les chercheurs pour éviter la solitude et conserver dignité et autonomie dans son logement. L’idée sera de comprendre les interactions et les actions menées dans les deux cas d’étude. Nous nous attacherons aussi à comprendre la hiérarchie des différents espaces, les liens entre espaces privés, communs et publics ainsi que les dispositifs architecturaux permettant l’existence des pratiques individuelles ou collectives. Cela permettra de répondre à la problématique suivante : Comment l’habitat participatif adapté au vieillissement permet-il de conserver le plus longtemps possible autonomie, sociabilité et dignité de la personne ?

INTRODUCTION CHAPITRE X - 27



PARTIE - I Entre processus participatif assumé et procédure conventionnelle « déguisée »

Iconographie C : Archi-ethic, le PRAXINOSCOPE, co-gestion locative à MONTREUIL


1- De futurs habitants, acteurs à part entière : le processus participatif de TEPATOUSEUL 39 : voir (ANNEXE 5) 40 : La Fédération Nationale de Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement est structurée en différentes unions régionales (URCAUE) puis en associations départementales. 41 : voir (ANNEXE 6)

Avant de développer je souhaiterais préciser les notions de processus participatif et de procédure conventionnelle afin de clarifier la suite de mon travail, que j’ai développé grâce à mes lectures, notamment le travail de Véronique BIAU *39. PROCESSUS PARTICIPATIF : C’est une suite ordonnée d’opérations aboutissant à un résultat. Elle implique ici une dimension expérimentale qui sort ou outrepasse le cadre de la procédure et redéfinit le rôle des acteurs de la conception pour développer par étapes successives un projet commun et cohérent. C’est donc une manière d’apporter un sens éthique et social à la conception architecturale, en intégrant les premiers concernés : usagers et habitants. Les acteurs locaux, services d’urbanisme, FNCAUE *40 ou encore de nouveaux réseaux associatifs comme le RAHP *41 développent des outils qu’ils tentent de faire évoluer grâce à une capitalisation d’expériences. PROCÉDURE CONVENTIONNELLE : Il s’agit d’une démarche impliquant des étapes successives dans le but d’atteindre la finalité du projet. Elle développe une dimension normative qui vise l’efficacité en attribuant un rôle précis et encadré aux différents acteurs du projet, afin de le mener à bien. La procédure conventionnelle est donc une manière technique et professionnelle d’aborder la conception architecturale du projet dans un but quantitatif et économique. Elle est surtout la résultante d’une mutation de la demande publique. Les initiateurs, institutionnels et politiques de projets ont laissé place à une diversité d’acteurs, promoteurs et grandes entreprises qui sont en charge de la maîtrise d’ouvrage, de la gestion et même parfois du financement de projets autrefois publics.

30 - Entre processus participatif assumé et procédure conventionnelle «déguisée»


A - Une réflexion commune structurée par une association

Dans ce projet, on retrouve le dispositif qui reste aujourd’hui le plus fréquent en habitat participatif. En effet, l’initiative vient d’un groupe d’habitants. Il faut savoir que dans les planifications d’urbanisme on retrouve de plus en plus souvent des emplacements voués à accueillir ce type de projets et des initiatives de sensibilisation institutionnelle dans le but de former des groupes se répandent. Ici, le groupe s’est d’abord formé par le bouche-à-oreille. Le projet s’est mis en place en trois ans seulement, ce qui est court pour un habitat participatif qui se réalise généralement en cinq ou six ans, de l’initiative à l’emménagement. Les habitants se sont donc beaucoup investis pour faire avancer ce projet, car ils souhaitaient emménager avant l’âge de 70 ans. Ils ont passé trois ans à travailler ensemble une demi-journée ou deux par semaine, sans compter les déplacements « Ça demande du temps et de l’énergie. » *42 Ils ont visité d’autres projets participatifs, recherché des financements, un notaire, un architecte, des entrepreneurs… Le noyau initial de futurs habitants a décidé de former un groupe de réflexion avec d’autres personnes. Cette association constituée d’une vingtaine d’individus a permis aux habitants d’avoir un accompagnement dans la mise en place de leurs enjeux. Cela a suscité des vocations auprès d’autres personnes, peut-être de futurs habitants d’habitats participatifs. Ils ont ainsi poussé leur réflexion, plus loin et plus vite puisque la confrontation des idées et l’émergence des enjeux se faisait à vingt. La prise de décision elle, se faisait à six puis seulement quatre. Deux personnes ont quitté le groupe car cela nécessitait beaucoup trop d’investissements. Cette méthode collective leur a permis d’acter par consensus et parfois par consentement, ce qu’ils souhaitaient vivre dans ce projet. Un bâtiment aux normes handicapés et le plus écologique possible semblait indispensable. Ils souhaitaient aussi vivre ensemble, partager des commodités tout en respectant la vie privée de chacun. Le projet, après réflexion, s’est développé en un habitat intragénérationnel dans un quartier intergénérationnel. L’idée étant de vivre le plus longtemps possible dans ces domiciles. Ils ont donc anticipé le besoin de calme, la perte de mobilité, etc…

« Ça demande du temps et de l’énergie. ». *42 42 : Extrait de l’entretien avec les habitants de TEPATOUSEUL

PARTIE I - 31


43 : voir http://www. habicoop.fr/wp-content/ uploads/2018/01/ fiche-VVV.pdf et (ANNEXE 7) 44 : COMMUNAGIR, « Prendre des décisions collectives », [en ligne] (consulté en novembre 2020), sur h t t p s : / / c o m m u n a g i r. org/contenus-et-outils/ comprendre-et-agir/ prendre-des-decisionscollectives/ © 2020 COMMUNAGIR Tous droits réservés 45 : « SCI : La Société Civile Immobilière est un statut juridique de société dont l’objet est immobilier et non commercial. Une SCI est constituée par plusieurs associés dans le but de mettre en commun la gestion d’un bien immobilier, d’en partager les bénéfices et les pertes. La SCI permet de contourner la lourdeur de gestion de l’indivision, mais elle supporte des inconvénients : le coût relatif aux formalités de création de la SCI, un certain formalisme, la responsabilité indéfinie des associés en cas de dette. Cette spécificité implique de faire appel à un expert pour rédiger les statuts constitutifs de la SCI et pour suivre sa comptabilité et sa gestion. », « définition, démarches, avantages, inconvénients et SCI familiale », [en ligne], (consulté en décembre 2020) sur https:// www.l-expert-comptable. com/a/37598-quelssont-les-inconvenients-dune-sci.html

Dans ce récit on perçoit déjà à quel point l’investissement dans ce genre de projet peut être compliqué et lourd. Les retraités ont l’avantage d’avoir du temps libre mais le processus peut durer en longueur et s’étend généralement sur plusieurs années. De plus des recherches et des savoirs sont mobilisés comme les outils de prise de décision collective qui peuvent être compliqués pour des gens qui ne sont pas issus de milieux associatifs. Par exemple, le groupe s’est inscrit à l’association « HABICOOP » *43 du village vertical de Villeurbanne. Ils ont ainsi pu, en quelque sorte capitaliser un savoir en réemployant les mêmes outils. C’est d’ailleurs pour ça que le groupe a monté sa propre association. Tout l’enjeu était de laisser l’opportunité à tous de s’exprimer, de pouvoir émettre des avis divergents. L’idée était ensuite de prendre les décisions en passant par plusieurs étapes : 1- « Convenir des conditions liées au processus de prise de décision : consensus, consentement, majorité 2- Retracer l’histoire du groupe et parler de la démarche 3- Comprendre le contexte et l’environnement propice au projet 4- Identifier et connaître les habitants et membres du groupe 5- Bien comprendre et acter les grands enjeux 6- Concevoir et analyser différentes options 7- Prise de décision en fonction des points 6 et 1 » *44

B – L’autopromotion et l’autogestion

Mais le processus ne s’est pas arrêté là. Ils ont monté une Société Civile Immobilière d’attribution (SCI) *45 avec leur juriste et leur notaire. En amont des personnes extérieures ont souhaité rejoindre le groupe. Cependant, la dimension commune du projet n’est pas toujours bien vue car l’aspect financier nécessite une transparence complète, ce qui n’a pas convenu à ces nouveaux arrivants. En effet, ce genre de projet fonctionne un peu comme une copropriété, c’est un montage juridique assez complexe qui a été simplifié car chaque habitant a la même superficie et presque le même logement. Une fois la société en place, les habitants sont propriétaires de parts sociales. Ces parts donnent accès au logement. Le financement du projet est donc un financement de l’association. Vu son ampleur et sa vocation, il a fallu faire appel à des financements et des subventions. Cette démarche longue et fastidieuse est très compliquée

32 - Entre processus participatif assumé et procédure conventionnelle «déguisée»


d’autant qu’ils avaient déjà eu du mal à trouver un juriste et un notaire spécialisés dans ce domaine. Ils se sont rendus à Paris au Ministère du Logement pour s’informer et savoir s’ils pouvaient bénéficier de la loi ALUR *46 mais les articles en question n’étaient pas sortis. Alors, ils ont fait appel à des fondations, au Conseil Départemental, au Conseil Régional. Mais c’est leur caisse de retraite la CARSAT *47 qui les a aidés financièrement pour la réalisation du projet en leur proposant un prêt à 0 % pour 50 % du montant des travaux. Le Conseil Régional les a orientés afin d’obtenir les aides nationales de l’ADEME. *48 Le groupe a dû vendre leurs appartements et maisons précédents pour investir à titre personnel 650 000 euros. Il rembourse sur 20 ans les 650 000 euros restants, car le projet est à hauteur de 1 300 000 euros. A ce jour, une demi-journée par mois est nécessaire pour aborder les questions de gestion liées à ce remboursement, mais aussi diverses factures, réparations, entretiens ou malfaçons dont est responsable la SCI. Par exemple un des logements a eu un problème avec le sol PVC qui s’est décollé après quelques mois. La raison est simple : un non-respect du temps de séchage du ragréage. Une partie a été prise en charge par la garantie décennale, par contre l’autre partie a dû être payée par la SCI. Il faut savoir que tout est possible ou presque dans ce type de société. On peut créer des montages juridiques pointus dans lesquels on retrouve des clauses qui encadrent divers désagréments. Les sociétaires savent ainsi qui prend en charge les coûts et à quelle hauteur. Cependant, il semble que le corps juridique ne soit pas très au fait de ce genre de montage et encore moins les banques ou les impôts, car ce sont des projets novateurs et rares.

C – Une histoire commune et des liens forts

Ce groupe a donc partagé et continue de partager des moments de vie, des moments de travail et s’est soudé autour d’un projet commun. De ces liens résulte une vraie entraide qui se voit au premier regard. La bienveillance que témoigne ce groupe à l’égard de ces membres mais aussi vis-à-vis de toutes les personnes extérieures s’intéressant à ce type de projet est impressionnante. Anne-Marie BINEY, une des initiatrices du projet est très impliquée dans cette communication auprès du grand public et tout le groupe n’hésite pas à l’accompagner pour accueillir les éventuels visiteurs. En effet, ils ont dès le montage du projet commencé à se projeter dans ce

46 : Loi ALUR : La loi Accès au Logement et un Urbanisme Rénové a pour objectif l’aide à l’accès au logement en luttant notamment contre la location de logement inadéquats et insalubres. Elle est aussi nommée Loi Duflot II. La loi Alur avait pour objectif de réformer le droit au logement en France. Cette dernière fut défendue au Parlement par l’ancienne ministre du Logement et de l’Égalité des territoires Cécile Duflot en mars 2014. « définition et nouvelles dispositions », [en ligne], (consulté en décembre 2020) sur https://www. legalplace.fr/guides/loialur/ 47 : La Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat Centre-Val de Loire) est un organisme de sécurité sociale à compétence régionale. Structure de droit privé exerçant une mission de service public, elle intervient auprès des salariés, des retraités et des entreprises de la région Centre-Val de Loire au titre de la retraite, de l’action sociale et de la gestion des risques professionnels. « Présentation de la Carsat CentreVal de Loire », [en ligne], (consulté en décembre 2020) sur https://www. carsat-cvl.fr/home/nousconnaitre/presentationde-la-carsat-centre-valde-loire.html

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48 : « L’ADEME : l’Agence de la transition écologique -, nous sommes résolument engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique et la dégradation des ressources. Sur tous les fronts, nous mobilisons les citoyens, les acteurs économiques et les territoires, leur donnons les moyens de progresser vers une société économe en ressources, plus sobre en carbone, plus juste et harmonieuse ». Définition, [en ligne], (consulté en décembre 2020) sur https://www.ademe.fr/ lademe

mode de vie en communauté. Ainsi, ils partagent tous les mêmes idées, les mêmes envies et les mêmes attentes. Si on va plus loin, on apprend qu’ils ont aussi une histoire semblable. Issus du monde ouvrier, ils partagent un cadre socio-culturel et socio-professionnel similaire. Les habitants qui cohabitent ensemble, ont pris des automatismes que je trouve très intéressants. En effet, cette solidarité qui les coupe de l’isolement, au moins une partie de la semaine, leur permet aussi de gagner en autonomie. Ils se partagent des tâches, des trajets, des responsabilités, etc., ce qui rend leur mode de vie plus écologique. Mais surtout ils développent de nouveaux usages, celui qui m’a le plus marqué est leur habitude de déposer sur le rebord de fenêtre, à l’entrée de leur logement, les choses qui leur posent problème. Par exemple, on peut y découvrir des livres et journaux aux passages surlignés que la personne n’arrive pas à lire, des bocaux, bouteilles ou boîtes de conserve qu’ils n’arrivent pas à ouvrir ou encore des petits mots demandant de l’aide pour quelque chose de précis. Ce lien qui se manifeste par une présence quasi-quotidienne est parfois salvatrice. Il est arrivé qu’un des habitants se retrouve coincé dans sa salle de bain à cause d’une poignée coincée, son téléphone dans le salon, elle a pu appeler de l’aide par la fenêtre. Seuls, ils perdent un peu en autonomie, mais ensemble ils trouvent des solutions astucieuses. (Iconographies 8 et 9) Il me faut parler de la raison qui les a poussés à vivre ensemble. Ils souhaitent avec ce logement pouvoir habiter chez eux jusqu’à la fin. Le mari d’une des habitantes est décédé, environ un an après leur emménagement. Gravement malade, il est resté dans leur logement jusqu’à la fin. Sa compagne m’a confié : « Je suis heureuse qu’il ait pu finir ses jours ici, et lui aussi. Il y avait toujours quelqu’un avec lui. Dès que je m’absentais les amis venaient le voir. Il n’a jamais été seul et ce jusqu’à son dernier souffle ». Ce mode de vie qui semble convenir à ces habitants est basé sur une solidarité à toute épreuve et permet de comprendre leur façon d’envisager la vieillesse. Toutefois elle interroge l’avenir de cet habitat et la pérennisation de ce mode d’habiter. (Iconographie 10)

34 - Entre processus participatif assumé et procédure conventionnelle «déguisée»


Tépatouseul, un habitat participatif solidaire pour personnes retraitées Rue Rosa Bonheur, Mainvilliers-Eure Histoire

Le Bâti en octobre 2013, après la mort de son mari, Anne-Marie, réunit quelques ami.e.s et leur Tépatouseul constitue une Société Civile Immobilière d'Attribution pour construire le projet : annonce : « J'ai envie de créer ma maison de retraite ». En janvier 2014, une première rencontre 4 logements individuels de 72 m2 chacun (chambre, large salle de bain, séjour lumineux avec intéresse une vingtaine de personnes . En décembre 2013 l'association « Tépatouseul » est créée, cuisine ouverte), terrasse et jardinet privatif. elle compte aujourd'hui une trentaine d'adhérent.e.s. 1 maison commune regroupant locaux de services, d’accueil, salle de séjour et chambres d'ami.e.s, d'une surface de 511m2. Un jardin collectif participatif. Construction climatique adaptée aux personnes à mobilité réduite. Opération soutenue par la CARSAT par un prêt à 0%. Article de presse :

l'Echo Républicain

Le calendrier Décembre 2013, création de l'association ; 2015, obtention du permis de construire, création de la SCIA, obtention de l'accord du prêt de la CARSAT à 50% du coût de la construction, 0% pendant 20ans. • février 2016, achat du terrain ; rencontre publique Assemblée générale constitutive •Première mars 2016, début des travaux ; Iconographie 8 et 9 : 8 (à gauche) Première rencontre • Iconographie août à octobre 2016, vente despublique. biens immobiliers des futur.e.s habitant.e.s ; Le projet 9 (à droite) Assemblée constitutive Iconographie •La mars 2017, entrée les lieux ; Photos du document de dans présentation sur hal’age.info : http://halage.info/wp-content/uploads/2017/08/Fiche-projetvie tirées sociale T%C3%A9patouseul.pdf •Tépatouseul avril 2017fin du chantier ; en interne: privilégie de travailler « à2017, la cohésion sociale du groupe, la confiance, la bienveillance et l'estime entre nous avant • juin fête d'inauguration. • •

la construction ». Veut favoriser : « la convivialité, la rencontre et le plaisir de vivre et vieillir ensemble au sein du groupe, tout en étant attentif au besoin d'intimité de chacun.e. » Et développer les échanges culturels, de savoir-faire et entraide. La gouvernance se fera par consensus.

En externe : Vivre l'intergénérationnel dans le quartier, participer aux activités proposées par la ville, être en lien avec le CCAS, le foyer-restaurant ouvert aux retraité.e.s.

Rencontre de travail tous les mardis La belle équipe de gauche à droite, Lucette,François, Yvette,Paulette, Claude et AnneIconographie 10 : La belle équipe, de gauche à droite : Lucette, François, Yvette, Paulette, Claude et Anne Marie Marie.

l’écho républicain, tirée du document de présentation sur hal’age.info : http://halage.info/wp-content/ Photo, photo l'échodeRépublicain uploads/2017/08/Fiche-projet-T%C3%A9patouseul.pdf

Tépatouseul a convaincu la commune et ses habitant.e.s, un projet semblable est en gestation et va voir le jour à Mainvilliers. PARTIE I - 35


49 : voir (ANNEXE 8) 50 : voir (ANNEXE 9) location-accession *51 51 : La location-accession permet l’acquisition progressive d’un logement. L’acquéreur commence par louer le bien d’un propriétaire puis peut, par la suite, l’acquérir au terme d’une période de jouissance. Blandine HORNER, « La location-accession, qu’est-ce que c’est ? », 9 février 2017, [en ligne], (consulté en décembre 2020) sur https://edito. seloger.com/conseils-dexperts/acheter/la-location-accession-qu-est-ceque-c-est-article-16204. html

D - Des modalités d’inclusion « fragiles »

Durant mon stage au CAUE, j’ai pu visiter de nombreux sites de projets participatifs. Une des grandes questions que m’ont suggéré ces visites, est celle des modalités d’inclusion dans un groupe. Me viennent à l’esprit les exemples de : - l’habitat participatif de la CHEMISERIE, rue Charlet à Bourges*49 , qui est un projet qui a vécu, puisque réalisé en 1972. Ce dernier initialement géré par une SCI composée par les initiateurs, s’est transformé en une copropriété entre particuliers et la SCI initiale. En d’autres termes, les copropriétaires n’ont signé ni charte, ni engagement afin de conserver « l’esprit » du lieu. Des logements sont donc loués à des gens qui n’aident en rien à la gestion et à l’entretien des espaces communs. Ainsi les copropriétaires sont en droit de réaliser des modifications dans leurs espaces privés sans concertation préalable avec les autres propriétaires. Un habitant a, par exemple, réalisé une extension avec une terrasse sur pilotis juste audessus des jardins privés exigus de ses voisins. - le Hameau partagé à SAINT JEAN DE BRAYE *50 est, quant à lui, un projet neuf. Ce projet est une hybridation complexe entre initiative habitante et politique, entre autogestion et gestion par un bailleur. Le noyau dur d’habitants, composé en association a la possibilité de passer propriétaire en location-accession *51, alors que les arrivants en fin de travaux seront des locataires. Le groupe a décidé de mettre en place une charte, mais il n’aura aucun contrôle sur les nouveaux arrivants et sur les locataires, ce qui pourrait nuire à la vie du groupe et à l’aspect communautaire du projet. Alors comment s’assurer que les nouveaux arrivants s’impliquent dans le projet et partagent la même vision du « vivre ensemble » ? Surtout que dans un habitat participatif pour le grand-âge, le groupe est voué à évoluer certainement plus vite que dans des habitats intergénérationnels, comme ceux que je viens brièvement de présenter. Dans l’habitat participatif « TEPATOUSEUL », où la solidarité du groupe se pose comme le fondement du bien vieillir ensemble, les habitants ont essayé d’apporter une solution à cette problématique. En effet, des clauses encadrent la gestion du lieu. La SCI restera donc propriétaire des habitats et l’intégration de nouveaux habitants sera prise par une décision collégiale. Les habitants restant sur site auront trois mois pour choisir par consensus le nouvel arrivant. Après quoi le choix sera donné au propriétaire des parts sociales de vendre (certainement le ou les héritiers). De plus, le

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nouvel arrivant devra s’engager à respecter la charte que le groupe met en place actuellement. Ces modalités d’inclusions se posent comme des gardefous afin de « contrôler » l’accès à ces logements. D’un point de vue social cela peut paraître choquant d’avoir un pouvoir décisionnel concernant les arrivées de nouveaux résidents. On peut cependant y voir la possibilité pour les sociétaires de conserver un esprit de groupe et un mode de vie, malgré le renouvellement de l’effectif. La décision est prise démocratiquement et amènera des discussions qui écarteront les refus, autres que pour des raisons d’envie, d’enjeux ou d’intérêts divergents. Le montage juridique constitue l’étape initiale et est indispensable à la réalisation de chacune des autres phases du projet, qui peut ainsi se pérenniser dans le temps. Reste à voir si ces démarches suffiront au vu du public et après examen du nombre de résidents. Ce choix s’avérera crucial car s’ils ne trouvent pas d’intéressés, la prise en charge d’un quart des parts sociales pourrait s’avérer compliquée. (Iconographie 11)

Iconographie 11 : Document réalisé à partir de la présentation des SCI Familiale par le Crédit Agricole, receuilli sur leur site dans les conseils immobiliers : https://e-immobilier.credit-agricole.fr/conseils/marche/la-sci-comment-ca-marche

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2- Les rôles de l’architecte dans ce processus

52 : Diplôme d’architecte gouvernemental délivré jusqu’en septembre 2007 53 : (ANNEXE 10) 54 : Drug Enforcement Administration = Master actuel 55 : Organisme de Formation des architectes et des acteurs du cadre de vie, [site en ligne], (consulté en décembre 2020) sur http://www. for mation-architecte. com/ 56 : Eco-quartier les Prés à Angers voir (ANNEXE 11) 57 : Les Z’écobatisseurs de Louvigny voir (ANNEXE 12) 58 : Le Village Vertical de Villeurbanne voir (ANNEXE 13) 59 : Pascal GOURDEAU, Zécobâtisseurs, Extrait de l’entretien OUESTFRANCE, 19/01/2018, [en ligne], (consulté en septembre 2020) sur h t t p s : / / w w w. o u e s t france.fr/normandie/verson-14790/ habitat-par ticipatif-lexemple-des-zecobatisseurs-5510469

Les recherches sur la pratique architecturale tendent à montrer une diversification des pratiques des architectes qui développent de nouveaux rôles dans les processus alternatifs. Dans le cas de l’habitat participatif, on voit que les pratiques sont particulièrement différentes d’un projet à un autre. Nous allons essayer de comprendre la méthode qu’a mise en place la Scop B-A-Bo Architecture, en particulier Jean-François BRIDET Architecte DPLG *52 depuis 1995 et fondateur de l’agence qui est en charge de ce projet. Il est associé et gérant de la SCOP B-A-Bo *53 depuis 2015, titulaire d’un DEA *54 de l’Institut d’Urbanisme de Paris en 1995 et a également suivi une Formation Qualité Environnementale (GEPA *55) en octobre 2008.

A – Sensibilisations et visites avec les habitants

Le groupe a eu la chance de rencontrer cet architecte qui souhaitait à ce moment-là se former à l’habitat participatif et au processus de coconception. Ils ont ainsi pu faire cet apprentissage de savoir-faire et savoirêtre ensemble lors de visites de projets d’habitats participatifs à Rezé, Nantes ou encore Angers et Louvigny. A Angers *56, ils ont eu la chance de visiter un projet ambitieux d’habitat participatif intergénérationnel, réalisé en 2012. Ce projet immobilier de quarante-deux logements fondé sur les principes de l’habitat groupé, a été conçu par des personnes souhaitant partager leur quotidien avec toutes les générations. Il se fonde sur les valeurs de convivialité, de solidarité intergénérationnelle et de respect de l’environnement. Louvigny *57, près de Caen dans le Calvados : Habitat collectif groupé réalisé en 2007. Ce projet répond à un programme de quatorze habitations groupées, ateliers et des pièces communes. Ce projet liant commerce et habitation est un écoquartier avant l’heure. Avec le soutien de la municipalité de Louvigny, les Z’écobâtisseurs ont pu concevoir ce projet, en acquérant une parcelle de 5 500 m2 où se développe du maraîchage. A Villeurbanne *58, ils ont pu récupérer des informations sur les méthodes de prise de décision, ou encore des conseils sur les montages juridiques afin de mener à bien leur projet. Cette capitalisation de savoirfaire et de connaissances leurs a permis de s’ouvrir aux questionnements que le groupe devait se poser. « Le point le plus marquant, pour la majorité d’entre eux, c’est l’équilibre trouvé entre vie collective et vie personnelle. S’engager dans un habitat participatif, c’est une aventure humaine, un projet de vivre

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ensemble… mais pas les uns sur les autres ! La condition sine qua non, c’est de bien s’entendre, car cela ne se décrète pas avec un règlement. » *59 Ainsi, les résidents de MAINVILLIERS, pour continuer cette démarche et tenter de mettre en lumière ce qu’ils cherchaient à mettre en place et quelle était la limite entre vie privée et vie commune, ont souhaité accompagner l’architecte au CAUE de l’Eure (27) *60, à Evreux. Ils ont rencontré des élus, des architectes, et d’autres professionnels de l’aménagement avec qui ils ont échangé sur l’habitat participatif en apportant leur point de vue d’usagers. Ils ont mis en perspective cette vision avec le point de vue des professionnels, ce qui a facilité leur travail commun avec l’architecte. On peut tout de même noter que ces visites et ces réflexions les ont menés vers un habitat atypique dont on ignore les avantages et inconvénients à long terme. Ce projet participatif est l’un des premiers en France prenant ce format intragénérationnel dans un quartier dynamique. En effet, on a pu voir à travers les exemples d’autres projets que j’ai cité, que ces habitats portent souvent l’envie de brasser les âges. C’est pourquoi, il intéresse aujourd’hui des spécialistes et des chercheurs comme Anne LABIT. Dans le cadre de ses recherches et de son travail, avec l’association HAL’AGE, elle a visité ce projet. Ils accompagnent des projets similaires, comme l’initiative du groupe HAPPI *61, qui souhaite développer un projet avec KOYO. « Car l’accompagnement des habitants dans la mise en pratique des valeurs associées à l’habitat participatif est une première marche efficace pour renforcer la qualité de vie d’un territoire (immeuble, voisinage, quartier…) à l’heure où les Français se sentent de plus en plus isolés et ou la menace d’une fracture générationnelle est régulièrement évoquée par l’opinion publique. »*62

B – De nouveaux outils et méthodes d’arpentages

60 : En 2017, le CAUE27 initiait le Club Urbanisme Opérationnel (CUO), avec l’ambition d’accompagner les communes dans le développement de liens féconds avec des professionnels qualifiés pour le montage, la conception et la réalisation d’opérations. Elus, professionnels de l’aménagement et partenaires institutionnels du territoire peuvent ainsi désormais échanger à l’occasion d’ateliers et de conférences-débats, constituant de véritables réseaux de discussion et de retours d’expériences autour d’opérations réalisées ou à venir dans le département.« Initier, promouvoir et développer les pratiques innovantes », [en ligne], (consulté en octobre 2020) sur https:// caue27.fr/recherche-innovation 61 : Habitat Participatif Pour l’Indre (Cité dans l’ANNEXE 3, KOYO) 62 : Récipro-Cité, « Spécialiste de l’habitat intergénérationnel», [en ligne] (consulté en novembre 2020) sur https://www. recipro-cite.com/intergenerationnel/

Ce choix a poussé le groupe comme l’architecte à choisir un contexte adapté afin d’éviter cette fracture sociale qu’on attribue au grand âge. L’isolement n’était pas envisageable et le choix du site semblait déterminant. Mais ce n’était pas le seul besoin à prendre en compte. Les besoins d’usages liés à l’habitat, à l’autonomie, aux pratiques et aux loisirs de chacun occupaient une grande place dans la réflexion du projet.

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63 : voir (ANNEXE 14)

Pour pousser cette démarche d’adaptation au besoin de ses clients et cette individualisation du projet, l’architecte a mis en place des rendez-vous individuels et collectifs. Il a décidé de les mener sur différents sites. Tout d’abord à son cabinet, ce qui n’a rien d’étonnant ou de surprenant ; puis, sur les sites probables de projets, là encore cette démarche est assez commune. Ils ont choisi leur site avec l’architecte qui les a conseillés. Ils ont pu y réaliser des exercices afin de comprendre l’implantation, l’orientation et le rapport au sol du bâtiment. Des dessins au sol ont permis d’appuyer les propos et de commencer à avoir la notion d’échelle et d’espace du projet. Une fois le terrain choisi, ils ont pu se projeter de plus en plus facilement en étant présents avec lui lors des suivis de chantier. Le groupe étant maître d’ouvrage ils ont été très présents tout au long de l’évolution des travaux. Enfin, l’architecte a souhaité suivre chacun des futurs habitants une demi-journée à leur domicile. Cela lui a permis de comprendre leur façon d’utiliser leur logement et les problèmes qu’ils pouvaient y rencontrer, tant au sein de l’habitat que dans leur environnement. Il a ainsi pu comprendre quelles étaient les attentes individuelles et collectives afin d’apporter une réponse architecturale plus cohérente. L’architecte a soumis de nombreuses propositions pour aboutir à ce projet. On remarque tout de même que tous les logements sont sensiblement similaires, ce qui me questionne sur la nécessité à complexifier autant les procédés d’arpentage. Toutefois, d’autres propositions, abandonnées car plus onéreuses tendaient à offrir des habitats très diversifiés. C’est par exemple le cas de l’habitat participatif ECO’N’HOME*63 que j’ai pu visiter à Tours, où la mixité des âges et la mixité sociale développent des logements aux surfaces et aux coûts bien différents. Le bâtiment unique qui développe des habitations mitoyennes avec en son sein un espace traversant commun est sensiblement similaire à la typologie présente à MAINVILLIERS. Le projet a été beaucoup plus long, une architecte et une thermicienne font partie du groupe d’habitants et ont peut-être pu porter plus loin ce désir d’habitats personnalisés. Le travail lié à cette méthodologie semble lourd et la facturation de ces missions compliquées à quantifier puisque sans cesse questionnée par le groupe. Surtout que l’architecte à travers ces actions semble avoir plusieurs rôles.

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C – Des pratiques émergentes

La conduite de projets d’habitats participatifs demande un investissement lourd et sur une longue durée (parfois plus de 10 ans) avant de les voir se réaliser. De nombreux projets avortent en chemin. Actuellement sur les centaines de groupes d’habitants qui portent de tels projets, à peine 20 % *64 arrivent en phase de réalisation. Accompagner ces groupes d’habitants dans un projet d’habitat alternatif est important et nécessite une réelle formation que le groupe et l’architecte ont essayé de mener ensemble. Ce qui leur permettra certainement de capitaliser cette expérience pour un prochain projet. Se lancer dans un projet d’habitats participatifs demande des compétences techniques, juridiques et humaines. L’assistance à la maîtrise d’usage, l’assistance à la maîtrise d’ouvrage deviennent des pratiques importantes dans ces processus, c’est ce que l’on vient de voir avec l’habitat TEPATOUSEUL. Ils consistent à mettre ses compétences à disposition d’un groupe d’habitants ou d’une collectivité pour les accompagner dans la réalisation d’un projet d’habitat porteur de sens. On voit d’ailleurs beaucoup de collectifs, entreprises et associations professionnelles qui émergent et essaient de développer ce genre de pratiques comme : Récipro-Cité *65, Archi Ethic *66 ou encore le Réseau des Acteurs professionnel de l’Habitat Participatif (RAHP) et encore beaucoup d’autres. Ils tentent tous de mettre des mots sur ces pratiques. Ils permettent de développer des méthodologies qui sont structurées mais non systématiques avec toujours l’objectif suivant : un jeu d’acteurs qui « favorise le renouvellement de la programmation de l’habitat, la conception de lieux adaptés et appropriables, une production abordable, au profit d’une ville durable et inclusive » *67, afin de répondre aux crises contemporaines : écologique, sociale, économique et du logement. Ces pratiques innovantes, transdisciplinaires et habitantes conduisent à voir autrement le monde immobilier et tentent de s’extraire de ce marché spéculatif. Cela est vrai avec un autre projet visité, que j’appellerai la coopérative immobilière d’HUMBLIGNY *68. Suite à mes lectures, je vais donc essayer de vous proposer des définitions qui correspondent à l’AMU et l’AMO aux vues du projet étudié : l’habitat TEPATOUSEUL de MAINVILLIERS. Car même si la pratique de cet architecte est avant tout de la maîtrise d’œuvre, on sent qu’il a outrepassé ce rôle avec le groupe d’habitants et comme ils m’ont dit : « Ce n’est pas avec

64 : Récipro-Cité, « Spécialiste de l’habitat intergénérationnel», [en ligne] (consulté en novembre 2020) sur https://www. recipro-cite.com/intergenerationnel/ 65 : voir (ANNEXE 15) 66 : voir (ANNEXE 16) 67 : ARCHI-ETHIC, « présentation de la maîtrise d’usage de l’agence », [en ligne] (consulté en juin 2020) https://archi-ethic.fr/ maitrise-dusage/ 68 : voir (ANNEXE 15)

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69 : Extrait de l’entretien avec les habitants de TEPATOUSEUL 70 : voir (ANNEXE 16)

nous qu’il a dû gagner de l’argent ».*69 Assistance à la maîtrise d’usage (AMU) : L’objectif est de prendre en compte l’usager du bâtiment comme acteur majeur et garant du projet. L’idée est de construire une méthodologie qui replace l’humain au cœur du processus, en l’accompagnant dans la conception de son milieu de vie. L’accompagner dans la mise en place de qualités d’usages souvent liées à une qualité programmative et architecturale lui permet une appropriation continue et préalable à la construction. Ces enjeux simples, à la croisée de nombreuses disciplines : sociologie, anthropologie, architecture… Cela se manifeste par la recherche de capitalisation et retours d’expériences, par la mise en place d’outils afin d’orienter la programmation et les dispositifs architecturaux en fonction des usages que souhaitent développer les habitants. C’est plus largement, une adaptation de la pratique professionnelle nourrie et requestionnée par les échanges avec l’usager. (Iconographie 12 et 13 ) Assistance à la maîtrise d’ouvrage (AMO) : L’objectif est d’accompagner le groupe dans la mise en place de la commande stricte. Ce rôle, plus technique, apporte ensuite une aide au groupe d’habitants dans le choix des entreprises et des artisans ou encore dans le suivi des travaux. Au vu des définitions on comprend que l’architecte a clairement pris en main ces deux rôles qui sont pourtant généralement dissociés et distribués entre plusieurs acteurs. Cependant, la taille du projet qui était peut-être un peu trop petit n’a pas permis au groupe de se tourner vers différents acteurs. On voit à travers cet exemple l’importance de ces actions qui permettent généralement l’aboutissement des projets. Le groupe a su tirer parti des connaissances professionnelles de Monsieur BRIDET qui les a accompagnés jusqu’au rendu du projet. On peut cependant se demander si son rôle majeur et initial de maître d’œuvre a été rempli. En effet, bien que non indiqué sur de nombreux sites, on remarque que le cabinet Ostinato *70 et particulièrement son gérant, YVESMARIE BOHEC, a joué un rôle dans le dessin du projet. L’aménagement et les rendus en 3D lui ont été confiés, et donc sous-traités. Ceci a permis une expertise croisée de l’espace et de sa capacité à développer des usages. La mise en place de dispositifs architecturaux a été portée par les architectes et non directement par le groupe. Cette réponse est en revanche beaucoup plus pointue et répond à merveille aux habitants, pour qui un sentiment d’appartenance émerge déjà avant la construction.

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Iconographies 12 et 13 : © Réseau national AMU France . Illustrations : Waliz / Graphisme du Livre blanc : Céline Tosi / Crédits Photos : Wigwam Conseil issues du site de l’ordre des architectes.

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3 – Les Jardins de BUSSEROLLES : un processus hybride pour pacifier les conflits 71 : Un foyer logement peut accueillir une personne seule ou un couple. Pour rejoindre un foyer logement il faut être un senior de plus de 60 ans. Il faut que vous soyez également un senior autonome, valide ou semivalide ayant la capacité de vivre seul sans aide médicale. (terme plus précis) 72 : Un Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées accueille des personnes âgées valides et autonomes, parfois semi-valides, seul ou en couple dans des logements du studio au T3. (Abréviation également employée comme terme générique et qui englobe toutes les formes de « maison de retraites ». 73 : Le statut d’EHPAD a été défini en 1997, suite à une réforme sur la tarification des établissements d’hébergement. Philippe DEHAN, « L’habitat des personnes âgées – du logement adapté aux EHPAD », USLD et unités Alzheimer, Paris : Édition Le Moniteur. Collection, Techniques de conception, 2007 74 : Depuis plus de 100 ans HABELLIS propose des biens immobiliers très diversifiés et peut ainsi répondre aux souhaits de logements du plus grand nombre. Elle développe une politique d’entretien de son patrimoine existant et construit de nouveaux programmes immobiliers pour proposer un habitat toujours plus attractif et accessible à tous. https://www.habellis.fr/

A – Initiative communale et approbation citoyenne

Une enquête a été menée en 1996 par la commune de MARZY auprès de cent dix de ses habitants de plus de 75 ans, seuls interrogés. Il est apparu qu’une demande nette de logements pour personnes âgées existait. Cette enquête est d’autant plus importante que la commune accuse une augmentation et un vieillissement de sa population comme beaucoup d’autres communes nivernaises. Il en est ressorti que les personnes interrogées : – tiennent beaucoup à rester dans le bourg – voient leurs moyens physiques et financiers décliner, ce qui ne leur permet plus d’entretenir leurs habitations trop grandes et dispersées sur le territoire communal – bénéficient encore d’une bonne autonomie Une commission communale met alors au point un projet d’établissement novateur basé sur : – le maintien en centre bourg dans des conditions d’habitat classique – la conservation de l’autonomie par la continuité d’une vie sociale communale et la volonté de gérer leur habitation – la diminution du sentiment de solitude et d’isolement Tout ceci induit à concevoir une forme d’habitat différent des établissements classiques pour personnes âgées, type foyer *71, EHPA *72, EHPAD *73… C’est une forme d’habitat intermédiaire qui se tourne vers les ressources humaines et souhaite valoriser nos doyens. Afin de s’inspirer, des représentants de la commune de MARZY et une équipe de LOGIVIE *74 sont allés visiter en 2000, dans le nord de la France, les premières expérimentations d’un nouveau concept pour personnes âgées : le « BEGUINAGE », habitat original à mi-chemin entre le logement et le foyer, opérations réalisées entre 1997 et 1999 par la S.A. H.L.M. Norevie et gérées par la Coopérative la Maison du Douaisis. *75 Les personnes âgées habitent leur logement de façon identique à celle d’un locataire ordinaire : – en tant que résidence principale – assurant de façon autonome le fonctionnement et l’entretien – gérant leur propre vie courante (commissions, rencontres, préparation des repas, ménage…)

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Les logements, de taille réduite, seront conçus de façon à faciliter au maximum la vie des personnes dont la mobilité peut être réduite ou amenée à l’être : logements de plain-pied, équipements sanitaires adaptés, suppression des seuils, mains courantes, accessibilité de toutes les pièces en fauteuil roulant… Un volume de rangement pour quelques meubles est annexé à chaque habitation. Au cœur de l’ensemble d’habitations, un petit bâtiment meublé et équipé accueillera le développement de la convivialité (organisation de rencontres et d’activités diverses, à l’initiative des résidents). Bien que le projet ait été soutenu par les habitants au travers d’un questionnaire et qu’il se matérialise par un habitat groupé, on ne peut pas parler d’un projet participatif. Une dimension participative, déjà intéressante à cette période de retour des processus alternatifs est néanmoins présente. Ce projet se pose comme un projet de comparaison intéressant avec le projet TEPATOUSEUL.

75 : (ANNEXE 19) 76 : La société ATELIER ARCHITECTURE MICHEL COURPIED (A.A.C.) en activité de 1978 à 2013.

B – Conception et gestion conventionnelles Le projet a donc été porté par la commune et par LOGIVIE à partir des besoins qu’ils ont mis en lumière avec cette mobilisation citoyenne. Subventionné par la région (5%) et la commune (12%), le projet a aussi été payé par LOGIVIE à hauteur de 83 % (aujourd’hui HABELLIS). Ainsi, la commune de MARZY a contracté un prêt auprès de HABELLIS au taux de 4,5 % sur 25 ans. Les annuités sont directement remboursées par les locataires et la Résidence fait donc partie du parc immobilier privé d’HABELLIS. Ce projet de logements sociaux adaptés a été le fruit d’un concours entre plusieurs propositions d’architectes nivernais. Ce système qui s’appuie sur la mise en concurrence a souvent pour résultat une prise en considération de l’aspect économique qui peut nuire au projet. D’autant que l’absence d’habitants à cette étape a, je pense, mené aux premières incohérences dans le projet. La maîtrise d’ouvrage était partagée lors de ce projet, entre LOGIVIE et la mairie qui ont suivi et guidé les travaux ensemble. La construction de 1 077 m², conçue par l’AAC Michel COURPIED *76 , (aujourd’hui à la retraite) a été livrée en 2001. La gestion censée être réalisée par le Bureau d’Aide Sociale de la Commune de MARZY a finalement été prise en main par le groupe Action Logement HABELLIS. Seul l’entretien est pris en charge par la municipalité pour les espaces communs.

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Le loyer des locataires correspond au remboursement des emprunts qui est de 4 860 euros par an et par logement. A cela s’ajoutent les frais de fonctionnement et d’entretien gérés par l’association de gestion, plus éventuellement la récupération du coût des services personnalisés mineurs. Les loyers sont d’environ 450 euros/mois, ce qui est un peu élevé pour un logement à MARZY. On comprend que dans ce système HABELLIS intègre ces logements dans son parc immobilier. Ils attendent la fin des remboursements pour, peutêtre, apporter des modifications aux logements. Car depuis la construction, rien n’a été modifié par les gestionnaires. Actuellement, ils se refusent à toute rénovation. J’ai vu des habitants, qui, à leurs frais, ont dû rafraîchir toutes les peintures de leur habitation au moment de l’emménagement. Ils attendent depuis plusieurs années le changement des volets et du système d’ouverture. Lorsqu’on arpente le site, on remarque aussi que certains murs sont endommagés par l’humidité. Le projet est aujourd’hui davantage géré par HABELLIS que par la commune, car l’entreprise a des retombées économiques et profitables. En revanche, c’est néfaste pour l’image de la municipalité, car cette gestion complexe tend à l’inaction des deux parties. Les travaux pourraient être entrepris par la commune. Le maire s’y était engagé sur sa profession de foi lors de ses deux derniers mandats. Espérons que cette fois, il tiendra ses engagements. De son côté, HABELLIS est un groupe de gestion en charge de plus de 19 000 logements. Les rénovations sont souvent rémunérées à bas coût et le suivi est complexe en raison d’une logistique administrative lente. Les bailleurs sociaux sont confrontés à la vacance d’une partie de leur parc immobilier, ce qui engendre des blocages économiques sur des logements habités. Le parc parfois peu entretenu a au moins l’avantage de loger les plus vulnérables dans des logements corrects. Ces parcs immobiliers sont toutefois remis en question, car ils développent un profit privé important constitué en grande partie des Aides Personnelles au Logement et des fonds personnels de classes ouvrières. Cela représente bien le marché immobilier, car ces parcs, souvent urbains, apportent avec eux les questions liées au monopole foncier/immobilier sur les marchés locaux et mènent parfois à des dérives spéculatives.

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C – Modèle intragénérationnel et rôles habitants

Ces deux projets sont intragénérationnels et incluent une dimension participative de concertation et d’implication habitante, mais aussi de référencement et de capitalisation d’expériences en explorant d’autres projets un peu partout en France. Ces deux projets ne répondent pas aux critères d’habitat intergénérationnel solidaire, qui est plus étudié *77. Pour un grand nombre de spécialistes, le mélange des âges est la solution la plus appropriée. Cependant, l’habitat intragénérationnel développe une autre façon de vieillir, plus autonome et qui ne nécessite pas de se sentir dépendant d’un voisin plus jeune, ce qui peut atteindre à long terme la dignité de nos seniors. Elle permet de limiter l’isolement en incluant l’individu dans un groupe tout en s’ouvrant au village. On voit d’ailleurs que cette volonté de vivre entre personnes de la même tranche d’âge se développe dans certaines sociétés. En effet, « The Villages » *78 est une ville en Floride réservée aux plus de 55 ans. Ces retraités partagent les mêmes besoins, les mêmes envies et le même rythme de vie. Les infrastructures et les activités sont adaptées, les mobilités se développent de façon atypique : on voit par exemple des voies réservées aux voitures de golf (plus souples et moins dangereuses). Cette ville à la typologie si particulière est en pleine extension et voit sa population augmenter plus vite que nulle part ailleurs dans le pays. Il est vrai que l’aspect intergénérationnel est peut-être manquant, d’autant que la vieillesse nous concerne tous et que tout le monde peut s’impliquer. « On est tous senior, qu’on le veuille ou non, que ce soit aujourd’hui ou demain » *79. Tout le monde a son point de vue à donner sur le comment bien vieillir, et les réponses sont plurielles. La « concertation grand-âge et autonomie » est un exemple d’actions gouvernementales menées afin d’apporter des réponses diversifiées, tout comme des recherches du PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture). *80 On voit ainsi que l’objectif majeur et central est d’impliquer l’habitant dans la conception et la gestion de son habitat à travers une expérience collective. L’implication, qu’elle soit dans un groupe inter ou intragénérationnel, autour d’activités dans une résidence... est le cœur du processus d’inclusions et d’appropriations. C’est ce qui apporte à chacun un sentiment d’appartenance souvent lié au bien être et ici au bien vieillir.

77 : Le mémoire de Lorette KLEPPER en est un parfait exemple (ANNEXE 20) 78 : (ANNEXE 20) 79 : Ministère des solidarités et de la santé, concertation grand-âge et autonomie, vidéo [en ligne], sur https://solidarites-sante. g o u v. f r / a f f a i r e s - s o ciales/personnes-agees/ concertation-grand-ageet-autonomie/ 80 : Le Plan Urbanisme Construction Architecture créée en 1998, est un service interministériel français, rattaché au ministère de l’Écologie et au ministère de la Cohésion des territoires. Il a pour mission de favoriser l’innovation et de faire progresser les connaissances dans le domaine de la construction. Définition [en ligne]sur http:// www.urbanisme-puca. gouv.fr/

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81 : (ANNEXE 21)

On a cependant vu que ce processus pouvait s’avérer compliqué à mettre en place surtout pour un public de seniors. Le modèle d’habitat participatif accompagné permet au plus grand nombre de mettre en œuvre un projet participatif et social avec une certaine flexibilité et dans des délais raisonnables : trois ans pour MAINVILLIERS. On voit ainsi s’ouvrir la porte de l’habitat participatif à un public plus large et moins initié sans en trahir les valeurs fondamentales. Il y a aussi les initiatives communales, institutionnelles et parfois professionnelles qui se développent. Elles permettent de monter des projets avec des accessibilités différentes notamment en location. Par exemple le collectif CARTON PLEIN développe de la sensibilisation afin de faire émerger ce type de projet. Le collectif s’est récemment intéressé à la question du bien vieillir à travers la recherche-action vieillir vivant, un laboratoire de création intergénérationnel. *81 On peut tout de même remarquer que le projet de MARZY a très largement limité l’aspect collaboratif dont il a fait preuve initialement. Ce projet, plus ancien montre des limites flagrantes en matière de Maîtrise d’Usage. Aujourd’hui, les habitants ne sont pas tant missionnés dans les évolutions à apporter bien qu’ils soient demandeurs et attendent des changements dans leur cadre de vie. Heureusement, le site reste intéressant et propose des activités (Iconographie 14 et 15) (qui sont malheureusement suspendues en ce moment en raison de la crise sanitaire). Cette dernière met en lumière les maux dont souffre cette catégorie d’âge.

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Iconographies 14 et 15 : Tirées dans les articles du journal du centre. Iconographie 14 (en haut): Pour fêter Pâques, les locataires se sont réunis autour d’une bonne choucroute. © RenÃ?© Bernard , 04/04/2013 Iconographie 15 (en bas): Musique traditionnelle, un après-midi, au profit des résidents des Jardins de Busserolles. © Droits réservés, 17/02/2018

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PARTIE II Les moyens de rompre l’isolement

et de permettre une autonomie de déplacement aux seniors

Iconographie D : Photo personnelle des allées de la résidence des jardins de Buserrolles


1- Une localisation qui s’appuie sur des mobilités et favorise l’accessibilité

A - Deux polarités, deux rapports à la ville

La position péri-urbaine de ces habitats leur offre un double rapport à l’urbain. En effet, les habitants ont le choix d’aller en centre-ville ou en centre-bourg en fonction de leurs activités, leurs besoins et leurs envies. Lorsqu’on parle avec les habitants on constate que, même quand ils sont encore pleinement autonomes, ils préfèrent majoritairement entretenir un lien avec leur proximité, continuer de marcher ou d’aller aux commerces de leur village. Ils préfèrent donc les centre-bourgs. La plupart vont en ville assez rarement et généralement pour des raisons multiples afin de « rentabiliser » leur escapade. Certains ont tout de même pris l’habitude de se rendre en ville pour récupérer leurs petits enfants à l’école, car beaucoup d’entre eux restent proches géographiquement de leur famille. Ce cadre de vie leur permet aussi d’être à la campagne, à proximité d’étendues agricoles aux paysages lointains, aux grandes étendues vertes à perte de vue et aux longs sentiers calmes. Au vu des comportements observés, il semble que les personnes âgées ont un rôle important dans la dynamisation des centre-bourgs en zone péri-urbaine. Ils ont du temps pour s’impliquer dans les réseaux associatifs et préfèrent centraliser leurs activités à proximité de chez eux. Là où les actifs privilégient les grandes enseignes des zones industrielles et commerciales, lorsqu’ils rentrent du travail. Les retraités, eux, lorsqu’ils en ont les moyens, valorisent avant tout la proximité et l’humain.

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A MAINVILLIERS, bien que séparé par un grand axe de circulation, la Zone d’Activité pôle Ouest reste proche du centre-bourg qui est à vingt minutes de marche lente soit 1,2 kilomètre. Toujours à pied le centre-ville de Chartres est à une heure de marche lente soit 3,5 kilomètres. Ce temps diminue de moitié en transports en commun et est divisé par quatre en voiture. Les habitants qui préfèrent se déplacer à pied vont donc plus régulièrement à MAINVILLIERS, où ils ont leurs habitudes. Ainsi même par temps de pluie ou en hiver, alors qu’ils prennent la voiture, ils conservent leurs habitudes estivales. Il est intéressant de constater que sur le site des logements de l’association TEPATOUSEUL, la présence urbaine visible et lisible est avant tout celle de Chartres. La Cathédrale, majestueuse, signal emblématique du paysage marque avec force le centre historique de la ville, alors que MAINVILLIERS disparaît derrière la végétation du stade Bernard Marocain. Ce qui n’empêche pas les habitants de se sentir mieux dans leur centrebourg. (Iconographie 16)

Iconographie 16 : Le projet de l’habitat participatif Tépatouseul et son lien onirique au paysage et à l’urbain

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A MARZY, les habitants de mon cas d’étude sont à deux minutes de la place du village, alors que le centre-ville de Nevers à 5 kilomètres est difficilement accessible sauf en voiture. Nous verrons pourquoi par la suite. Ici contrairement à l’autre projet, une vraie distance se met en place avec le centre-ville de Nevers tant géographiquement que visuellement. Le paysage plus vallonné avec le Val de Loire ne permet pas de saisir cette centralité forte du territoire. Un lien étroit au paysage marzyate se crée donc avec l’église Saint-André de MARZY. L’édifice roman du XIIème nous rappelle sa présence tant par la vue que l’ouïe. Elle est omniprésente dans le village et se dévoile à chaque coin de rue. (Iconographie 17) Les habitants avec qui j’ai échangé, apprécient les commerces de la place du village. Cependant l’ambiance reposante et le charme ne suffisent pas à compenser l’offre, trop faible en commerces et services, les obligeant à se rendre à Nevers.

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Ces projets ont donc des positions urbaines qui semblent « tenir compte des habitudes de vie et du contexte culturel et géographique » *82. Ainsi, ils sont cohérents avec les pratiques de leurs habitants. Elles allient la proximité de la ville et le calme de la campagne et peuvent parfois regrouper une forte activité. Cependant il semble que le village de MARZY, plus que celui de MAINVILLIERS, ne réponde pas tout à fait aux attentes des habitants. En effet, la périurbanisation et le modèle résidentiel rend les habitants dépendants des transports qu’ils ne sont pas tous aptes à utiliser. C’est vrai pour les jeunes ne possédant pas le permis de conduire mais parfois aussi pour nos seniors qui ne se sentent plus capables de prendre leur véhicule. On peut alors se demander si d’autres infrastructures permettraient de répondre à ces problématiques, pour renforcer ces liens entre « le logement et son environnement » *83 comme les transports en commun.

82 : Jezabelle EKAMBISCHMIDT, La perception de l’habitat, Paris : Éditions Universitaires.1972 83 : Idem 78

Iconographie 17 : Le projet de la résidence des jardins de Busserolles et son lien onirique au paysage et à l’urbain

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B - Transports en commun et mobilités Aujourd’hui, à MAINVILLIERS, l’arrêt de bus le plus près de l’habitat solidaire pour personnes âgées est à environ 400 m (clinique St. François) mais l’agrandissement de la ZAC inclue également une modification du tracé des lignes qui devrait voir un arrêt de bus prendre place à 50 m seulement du projet. Ce qui avait été pris en compte par le groupe lors du choix d’implantation du projet. (Iconographie 18) La ligne 1 permet ainsi aux habitants de se déplacer de 6 h à 20 h en semaine avec une fréquence journalière d’une vingtaine de bus et d’accéder à la gare en moins de quinze minutes en transports en commun. A Chartres, l’offre est particulièrement intéressante et quadrille le territoire de l’agglomération. L’entreprise de transports FILIBUS en charge de la gestion du réseau d’autobus propose des services supplémentaires et des tarifs adaptés aux seniors. Les abonnements annuels sont à 200 euros et à 10 euros pour les non-imposables ou les personnes en situation de handicap. Un service à la demande permet à ces derniers de se déplacer n’importe où dans l’agglomération chartraine. C’est un point que les habitants ont mis en valeur, car le choix de ce site, en lisière de champ n’était pas évident pour tous. Ces offres ont permis d’effacer les dernières réticences.

Iconographie 18 : Arrêt de bus le plus proche actuellement à Mainvilliers : Arrêt ni couvert, ni adapté aux personnes à mobilité réduite

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La résidence senior de MARZY est quant à elle, à seulement 150 mètres de l’arrêt de bus de la mairie. L’accès au réseau est donc facilité pour eux, d’autant qu’ils ne sont pas dans l’obligation de prendre les bus à des heures de pointe contrairement aux collégiens et lycéens. Ici aussi, des offres tarifaires sont proposées aux personnes âgées, mais la fréquence et la structure actuelle du réseau n’est pas intéressante pour les habitants que j’ai rencontrés. (Iconographie 19) En effet à Nevers, les transports en commun sont moins développés. Les signalisations audios et visuelles sont systématiques, elles permettent au plus grand nombre de se repérer très facilement. Mais les transports sont vite bondés, les arrêts pas tous adaptés pour monter facilement et le service perd en qualité. En plus, la ligne 13 qui ne passe que sept fois par jour, relie la gare certes, mais elle oblige à faire douze minutes de marche ou un changement pour arriver en centre-ville de Nevers. Les habitants m’ont d’ailleurs confié que seul un petit nombre de résidents avait un abonnement et qu’ils l’avaient pris par obligation, puisqu’ils ne pouvaient plus conduire pour des raisons de santé.

Iconographie 19 : Arrêt de bus le plus proche des logements à Marzy : La place est un espace partagé (pas de trottoirs), l’arrêt ni couvert, ni adapté aux personnes à mobilité réduite

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C – Interactions sociales et accessibilités aux services

Les cas d’étude que j’ai sélectionnés sont, comme dit précédemment, des habitats adaptés aux personnes âgées autonomes. Cette population à la santé plus fragile que la moyenne peut développer de légers handicaps suite à des chutes, des mauvaises postures ou encore à cause de maladies chroniques. Ces complications fréquentes n’atteignent pas forcément l’autonomie du sujet, cependant des choses simples peuvent ainsi devenir compliquées : le corps n’étant plus aussi fort, souple et endurant. Ainsi, il semble d’autant plus intéressant pour eux de pouvoir accéder facilement, rapidement et en toute sécurité aux services nécessaires à leurs besoins et leur bien-être. Une perte d’autonomie peut être possible à plus ou moins long terme bien que ce ne soit pas une fatalité. A MAINVILLIERS, les services sont très nombreux puisque la ville dispose de commerces en centre-ville mais aussi d’une zone d’activité à proximité de la rocade de Chartres. Ces commerces et services sont cependant, comme vu précédemment, à plus d’un kilomètre, une distance tout à fait raisonnable pour de jeunes retraités mais qui peut devenir problématique en fonction de l’évolution physique de chacun. C’est pourquoi, le changement de tracé des lignes de bus est attendu par les habitants avec impatience. (Iconographies 20 et 21) Au vu de ses services, MAINVILLIERS semble être une ville particulièrement dynamique et active, loin de l’image résidentielle des petites villes en zone péri-urbaine. Bien qu’un peu éloignés les commerces sont accessibles et la ville complétement plane. Les bus ou les vélos, semblent être un bon compromis entre sécurité, rapidité, santé et écologie ; en tout cas une alternative en cas d’incapacité d’y aller à pied ou en voiture. Pour habiter dans ces logements mieux vaut donc avoir une autonomie complète ou être accompagné d’une personne autonome qui sera en mesure d’accéder à ces services.

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0m

75m 150m

N

0m 200m 400m

N

Iconographie 20 et 21 : Iconographie 20 : (en haut) plan de situation avec services les plus proches et ligne de bus la plus proches Iconographie 21 : (en bas) plan de situation urbaine avec le nombre approximatif de services tous les 200 puis 1 000 mètres.

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A MARZY, on trouve également une zone d’activité commerciale à côté de l’aéroport, le long de la D 40. Bien que sur le territoire communal, elle est complètement excentrée de la ville et se trouve sur l’axe routier direct entre Nevers et Fourchambault. Pour les marzyates, sans accès direct à ce plateau commercial, la voiture est de rigueur. En effet, bien qu’à moins de deux kilomètres, à vol d’oiseau, il faut en parcourir cinq en voiture pour se rendre au centre commercial. La ville de MARZY est également séparée de Nevers par « Les Grands Champs » : seule zone industrielle commerciale sur la commune de Nevers. Le centre bourg du village est ainsi à cinq minutes en voiture et dix en bus de ces commodités. (Iconographie 22 et 23) Le bourg de MARZY, quant à lui, souffre de cette polarisation du territoire qui a le mérite d’indigner les habitants, car il n’y a aucun commerce alimentaire. Seul le bar tabac essaie de combler ce manque en proposant un rayon épicerie qui est hors de prix. Bien que le village ait une typologie « archipel » avec une commune éclatée en plusieurs pôles résidentiels, le bourg accueille un grand nombre d’habitants et une vraie vie associative, mais les services de proximité manquent cruellement, notamment aux retraités. Malgré le besoin ou l’obligation pour les habitants de rester à proximité de chez eux pour un maximum d’activités, les villes et villages péri-urbains aux moyennes villes n’offrent pas toujours le choix à leurs habitants. Un manque de services dans les centres-bourgs comme à MARZY ou bien une plus grande facilité à aller dans les centres commerciaux des zones d’activités commerciales tend à multiplier les trajets motorisés au cours d’une semaine. Ceci semble problématique pour une partie des habitants des logements que j’ai visités. Pour ma part, il s’agit d’un problème écologique alors que pour eux, le problème est plutôt social. Ils sont attachés à leurs commerces de proximité. À cet âge et dans une société qui évolue très vite, j’ai constaté que ces seniors ont des habitudes bien rôdées. Ils préfèrent pour la majorité leurs espaces publics proches et leurs activités entre amis. Ils créent des liens sociaux forts en allant au café du coin. Ils ont ainsi leurs repères et arrivent à s’extirper d’une solitude dont ils sont victimes lorsqu’ils restent chez eux. Même lorsqu’ils vont dans les supermarchés ils ne retrouvent pas le même accueil.

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0m

50m 100m

N

0m 500m 1000m N

Iconographie 22 et 23 : Iconographie 22 : (en haut) plan de situation avec services les plus proches et ligne de bus la plus proches Iconographie 23 : (en bas) plan de situation urbaine avec le nombre approximatif de services tous les 500 puis 2 000 mètres.

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D - L’éventualité de services à domicile

Les habitants bien que le plus souvent autonomes font parfois appel à des services extérieurs d’aide à domicile, de livraison de repas ou encore de rendez-vous médicaux à domicile (infirmières et kinésithérapeutes). Les offres sont nombreuses dans ce domaine et permettent simplement un gain de temps et facilitent la vie des habitants. Mais cette présence, qui n’est pas forcément prévue au départ dans la conception des projets peut nécessiter un matériel spécifique, un accompagnement régulier ou même la présence de plusieurs personnes simultanément. Ce qui n’est donc pas forcément pratique au vu de la typologie actuelle des lieux. A MAINVILLIERS, le groupe TEPATOUSEUL, organisé en association, a su mettre en place une longue réflexion sur le vieillissement et les évolutions qu’il apporte avec lui au cours des années. Ils ont donc décidé de développer un espace commun qui n’est autre qu’un cinquième logement. Moins cloisonné que les autres, ce lieu accueille la plus grande pièce du projet et permet au groupe de se rassembler, mais aussi d’accueillir des amis de la famille… C’est également l’endroit qui a été pensé pour pouvoir, si les conditions l’obligent, accueillir une présence verte : c’està-dire des professionnels de santé, et leur offrir un espace de travail assez grand pour tout type de médicalisation. Aujourd’hui, tous les individus du groupe favorisent l’autonomie et l’entraide, qui est au cœur de ce projet. Ils ne reçoivent aucun service à domicile et préfèrent faire appel à leur voisin en cas de petits problèmes du quotidien. A MARZY, la situation est différente, les habitants doivent fournir un certificat d’autonomie, afin d’accéder à ces logements qui ne sont pas réellement adaptés aux handicaps. Pourtant, ils sont étrangement peu nombreux à être autonomes et on comprend vite pourquoi. En effet, une fois qu’ils ont emménagé, le certificat n’est plus renouvelé. De plus, seulement deux habitations accueillent des couples, qui peuvent donc s’entraider. Mais les gens qui vivent seuls et développent une perte d’autonomie ont besoin de services à domicile. J’ai rendu visite à une femme paraplégique depuis un accident. Elle m’expliquait que lorsque son fils, également en situation de handicap était là, l’espace du T1 devenait vite trop petit. Même s’il n’est présent que

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les week-ends, il devient compliqué de s’organiser. Les exercices journaliers d’assouplissement avec le kinésithérapeute, l’aide à domicile pour la toilette, l’aide au ménage… Le logement n’est juste plus adapté obligeant son fils, été comme hiver, à sortir pendant ces séances. (Iconographie 24) Ce cas marquant et marqueur, illustre avec force une généralité sur ce site. En restant quelques heures sur place, vous verrez les allers-retours des personnels de santé et les aides à domicile qui sont mobilisés par environ 50 % des habitants vivants seuls. Aussi, à midi, un camion frigorifique vient livrer les repas de l’école et s’arrête également à la résidence pour fournir la quasi-totalité des habitants. Ce service est le seul parfaitement intégré à l’offre de logements et proposé aux habitants qui bénéficient ainsi d’avantages tarifaires grâce à leur nombre. Cette incohérence dans le fonctionnement de la résidence n’est pas forcément problématique puisque les logements sont tout de même plus ergonomiques que les logements précédents. Mais on voit bien les limites de ce projet à répondre à d’éventuelles pertes d’autonomie.

Iconographie 24 : Dessin réalisé à partir d’une photo prise sur le site.

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2- Un rapport au sol pensé pour une implantation adaptée Après avoir évoqué le positionnement de ces deux projets dans leur tissu urbain respectif et ainsi que les avantages et inconvénients qu’ils développent, approchons-nous un peu plus de ces projets, afin de comprendre leur accroche à ce tissu, leurs particularités d’un point de vue d’aménagement urbain et peut-être en tirer des enseignements sur le mode de vie de leurs habitants. Le rapport au sol de ces projets, me semble un élément conducteur et représentatif de ces enjeux. Nous nous attacherons donc à ce fil d’Ariane pour analyser le projet et sa proximité immédiate.

A - Des accroches fortes et sécurisées à la voirie

Les deux projets disposent de places de stationnement à proximité immédiate, mais ils entretiennent chacun un rapport différent à la voirie. Des espaces communs et des espaces publics s’entrelacent et forment un réseau pédestre plus ou moins important. La pratique de la marche, du jardinage, du vélo ou toute autre activité sportive est très importante afin de conserver dynamisme, force, agilité et donc autonomie. Ces pratiques sont toutefois sujettes à des chutes. On peut réduire les risques en les pratiquant dans des lieux adaptés. Ces deux projets ne permettent pas de répondre à ce besoin de la même manière. Dans l’habitat participatif TEPATOUSEUL, on trouve un espace de jardin commun périphérique au bâtiment d’habitation qui est constitué d’un volume unique. La parcelle peut être entièrement fermée et ne s’ouvre que du côté nord sur la rue Rosa Bonheur. Deux entrées, une piétonne et une pour les véhicules induisent les flux dans la parcelle. Près de cette entrée, un local poubelle, les boîtes aux lettres et un préau qui sert de stationnement permettent de concentrer les usages en lien avec l’extérieur et forment une vaste cour. Le choix de fermer la parcelle a été fait en concertation afin de répondre à des éventualités médicales, comme des maladies dégénératives ou psychologiques qui peuvent malheureusement apparaître. (Iconographie 25) Ce choix fut compliqué, car les habitants souhaitaient vivre au sein d’un quartier intergénérationnel. C’est le cas, même si cette barrière physique restreint un peu les interactions. Cela leur permet à contrario d’être facilement « tranquilles » loin du tumulte aux heures de pointe par exemple. La rue Rosa Bonheur constitue avec les rues du Verger et de Boisville le domaine du même nom. Ce petit quartier, majoritairement

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résidentiel hormis l’Institut de Diabétologie se situe dans une ZAC, bien que visuellement cela ne paraisse pas évident. C’est en réalité une ZAC résidentielle de 150 logements. Des petites venelles arborées et plantées développent un tissu fin dans ce quartier. Elles desservent un petit parc et permettent de se rendre de l’autre côté de la D 939 vers le centre-ville de Mainvilliers. Le problème, c’est qu’un seul passage piéton la franchit. Il est à risque, puisqu’il est situé à moins de 100 mètres du panneau indiquant l’entrée de l’agglomération. Ce tissu de chemins piétons bénéficie de l’attractivité du complexe sportif situé de l’autre côté de la route et concentre une quantité importante de flux « doux ». (Iconographie 26) Ainsi le projet présente une posture intéressante mais un peu excentrée du centre-ville.

Iconographies 25 et 26 : photos prises sur place Iconographie 25 : (gauche) Entrée nord fermée Iconographie 26 : (droite) Vue de la façade sud et des chemins pédestres mitoyens

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Quant à la résidence BUSSEROLLES à MARZY, elle est située à l’angle d’un carrefour où se trouvait un giratoire. La voirie a été entièrement redessinée. Le carrefour fait maintenant partie d’une petite zone limitée à 30 kilomètres/heure, il est assez alambiqué et oblige à ralentir. Cette refonte du lieu permet de développer des stationnements nombreux dans la rue des jardins qui accède à l’école Primaire. Le revêtement a été entièrement refait dans cette rue jusqu’au stade. Les trottoirs se marquent et s’effacent, ce qui facilite les déplacements pour les personnes à mobilité réduite. En revanche se pose la question de la sécurité. Une bande cyclable a été ajoutée et permet de rejoindre le réseau de mobilité douce déjà fourni. On peut ainsi accéder aux bords de Loire par des bandes et pistes cyclables où les habitants apprécient de se rendre. Du côté de la route de BUSSEROLLES, un muret délimite l’angle de la parcelle et sécurise la placette où se trouve l’entrée du bâtiment commun. Des parterres de fleurs sont également mis en place dans le même but. Ici, la rue plus passante a un trottoir haut qui mène à la place du village sans avoir à traverser, ce qui rassure certains habitants dont la vue baisse à cause de la cataracte. (Iconographie 27) Ainsi ce projet, beaucoup plus ouvert, à l’accès simplifié ne prend pas suffisamment en compte l’aspect sécuritaire. Les espaces communs se fondent dans le domaine public et les limites restent floues. (Iconographie 28) L’espace n’est pas traité de la même manière dans les deux projets. A MAINVILLIERS, ce nouveau quartier dissocie clairement voirie et mobilité douce et le projet développe un espace commun qui peut aussi bien s’ouvrir que se fermer sur le quartier. A MARZY, l’espace commun fait partie du quartier. On peut s’y rendre très facilement, trop facilement. Les infrastructures pour accueillir les mobilités douces sont présentes mais pas forcément adaptées à des publics au comportement à risque que ce soit automobilistes ou cyclistes. Une séparation plus nette aurait pu être mise en place comme me disait un résident.

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Iconographies 27 et 28 : Photos prises sur place Iconographie 27 : (gauche) Détail de voirie et accessibilité au parking Iconographie 28 : (droite) Abords du batiment commun en dalles béton gravillonné de 60x60

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B - Des circulations dures qui développent un « Urbain »

Les deux projets développent dans leurs espaces communs au sein de leurs parcelles respectives des mobilités extérieures. A MAINVILLIERS, la grande place à l’entrée de la parcelle se prolonge en un large chemin d’accès aux habitations. Il longe l’avant du bâtiment et dessert les cinq logements. Le long de cette façade nord se glisse une marquise continue qui permet d’abriter les résidents entre leur logement et les locaux communs. Le préau, quant à lui, également au nord au niveau de l’entrée, apporte une diversification des usages. L’ensemble de ces espaces est bitumé et permet d’entrer dans le projet bâti en toute simplicité. Le préau est le lieu où se passent les événements occasionnels de grande ampleur comme la fête des voisins. On y trouve aussi l’accès aux gardes meubles individuels. (Iconographie 29) À l’arrière, on retrouve les terrasses de chacun des logements et un petit chemin de terre dans le verger. Cet espace un peu moins accessible est encore en phase de développement et aura pour but principal de couper complétement la vue sur la route avec un filtre végétal produisant des fruits. Les jardins individuels sont d’une taille très modeste, environ 8 m² de potager qui s’ajoutent aux 12 m² de terrasse. On constate que les habitants adorent le jardinage puisqu’ils passent beaucoup de leur temps à les entretenir. Le généreux débord de toit protège cette façade et ces espaces de la pluie et de la surchauffe.

Iconographie 29 : Photo prise sur place Préau au nord de la parcelle

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EN COURS...

A MARZY, la parcelle beaucoup plus vaste et ouverte, se parcourt uniquement à pied ou en vélo. Les véhicules motorisés n’empruntent les venelles qu’en cas d’extrême nécessité. Les venelles créent un maillage orthonormé dont les périphéries sont bâties et le cœur est une place arborée. Les habitations mitoyennes renforcent cette sensation de place géométrique. Les chemins sont en revêtement stabilisé et une partie de la place, au sud est en dalles gravillonnées permet de faciliter l’entrée dans le bâtiment commun. En effet, ce bâtiment a une vocation associative et, en fonction des temporalités devient un espace public. (Iconographie 30) Les entrées des habitations sont, par un jeu de volume, volontairement mises en retrait des circulations, ce qui crée des « niches » que certains habitants n’hésitent pas à s’approprier. On découvre par exemple des jardinières, des meubles à chaussures à l’abri des regards et de la pluie. L’ensemble des venelles permet donc de se déplacer dans ce petit « village » comme l’appellent ses habitants. Des espaces disposants de mobiliers urbains se développent également dans les interstices de cette micro-urbanité. Même si ce mobilier se résume à un panneau d’informations, trois bancs, quelques lampadaires et des boîtes aux lettres. Chaque habitant dispose d’un petit jardin d’environ 50 m² à l’arrière de son logement et n’est que rarement accessible autrement que par le logement. Bien qu’ayant des typologies très différentes ces deux projets tendent à développer des circulations adaptées aux risques de chutes, parfois aux troubles de la vision et aux déplacements en fauteuil. Cette adaptation est impérative afin que les habitants puissent profiter des facilités d’accès au tissu urbain. Mais si on regarde de plus près, on voit alors que certains détails peuvent être des freins à la mobilité. Iconographie 30 : Photo prise sur place Intérieur de la salle commune à Marzy

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C - Des seuils adoucis

Les espaces communs extérieurs montrent une différence dans le souci apporté aux détails. La question du seuil est particulièrement révélatrice de cette finesse présente, ou non, dans la mise en œuvre. Les deux projets développent des qualités architecturales dans les espaces et les transitions à l’entrée du logement. Cependant, c’est la mise en œuvre et les profils de menuiseries qui permettent d’apporter une réelle fluidité aux déplacements. Sans cela, les habitants ne pourraient pas profiter des dispositifs cités en amont. A MAINVILLIERS, l’entrée se fait naturellement grâce à un séquençage, rendu possible par des transitions de dispositifs et de matérialités. L’action d’entrer est douce et la barre de seuil semble disparaître. Le sol de l’espace d’entrée est parfaitement traité avec des menuiseries adaptées. L’aspect lisse et fluide facilite la déambulation.(Iconographies 31 et 32) Cette mobilité se poursuit dans le logement où les différents revêtements de sol ne créent aucun changement de niveau. Les espaces carrelés sont différenciés par des changements de teintes qui marquent des limites visuelles. (Iconographie 33) La porte vitrée donnant accès à la terrasse comme la porte d’entrée sont munies d’une barre de seuil fine.

Iconographies 31 à 33 : Photos prises sur site Iconographie 31 : (à gauche) Entrée du logement commun vu de l’intérieur Iconographie 32 : (en haut à droite) Détail sur le sol de l’entrée avec une menuiserie adaptée, un tapis encastré et la gestion des eaux pluviales. Iconographie 33 : (en bas à droite) Délimitation visuelle entre le bureau et le séjour dans un logement

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Cette précision me semble moins présente à MARZY. Le projet plus ancien d’au moins quinze ans, a des seuils standards qui ne sont pas adaptés. Ils posent problème pour certains habitants. Une dame tétraplégique que j’ai rencontrée, ne sort jamais de chez elle à cause de cela. Même lorsqu’elle a des visites une aide est requise pour lui permettre de sortir de chez elle. En effet, la rugosité du seuil coupe l’aspect lisse de l’espace. C’est un frein net, un non pensé, au vu des dispositifs mis en place dans le projet. Ce détail est un chaînon manquant dans la stratégie de mobilité, il nuit aux qualités spatiales de l’entrée, qui est pourtant bien réfléchie. Cet espace, d’un point de vue des dispositifs architecturaux est extrêmement bien pensé. La notion de seuil se développe sur environ quatre mètres avec une multitude d’étapes qui développent une pré-entrée. Celle-ci articule avec souplesse l’entrée dans le logement ou l’accès au débarras. Tout le logement est dénué de seuil. Les revêtements en sol souple PVC sont bien mis en œuvre avec des soudures à chaud. (Iconographie 33) Mais tous les accès à l’extérieur disposent de menuiseries avec un seuil marqué. (Iconographies 34 et 35)

Iconographies 34 à 36 : Photos prises sur site 34 : (à gauche) Photo du portique d’entrée à Marzy 35 : (en haut à droite) Détail du seuil d’entrée 36 : (en bas à droite) Délimitation entre séjour et chambre dans un T2

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L’autre détail de sol qui montre bien que la transition entre les espaces intérieurs et extérieurs est mieux mise en œuvre à MAINVILLIERS est la terrasse. En effet, dans les deux projets, les jardinets développent des terrasses en dalles béton gravillonnées. Ce choix judicieux à l’avantage de proposer une rugosité intéressante en période de gel. Mais les dimensions de ces dernières sont totalement différentes. A MAINVILLIERS, une plaque unique constitue la terrasse, alors qu’à MARZY des dalles de 40 × 40 cm ont été mises en place sans dallage et bougent avec le temps. (Iconographies 37 et 38 ) Ces détails ne remettent pas en cause la capacité du projet de MARZY à faciliter l’autonomie et la mobilité de tous les résidents. Mais pour certains qui sont alités ou en fauteuil, ces finitions les empêchent de profiter pleinement des espaces extérieurs à leur disposition. Ce sont des évolutions envisageables à moyen terme pour enrichir le projet et le rendre accessible au plus grand nombre.

Iconographies 37 et 38 Iconographie 37 : (à gauche) Terrasse du jardinet de Mainvilliers et sa dalle unique Iconographie 38 : (à droite) Terrasse du jardinet d’un T2 à Marzy et son revêtement de sol en dalles de 60x60

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Ainsi, la possibilité d’être autonome dans nos déplacements est un élément primordial pour rompre l’isolement. La mobilité se pose comme un levier majeur pour notre sociabilisation mais aussi notre capacité à mener toute sorte d’activité en autonomie. Un des facteurs qui la rend possible est l’accessibilité. Cette dernière est de plus en plus pensée dans nos villes et villages. On voit dans ces deux projets que ces notions sont centrales pour les concepteurs. Elles mènent à des réflexions transdisciplinaires (urbanisme, architecture, transport, ...) qui méritent d’être approfondies. Ces exemples déjà très bien conçus permettent de pointer du doigt des dispositifs utiles à nos seniors ainsi que les limites de ces derniers et les évolutions qui pourraient être développées. Les avantages qu’apportent ces dispositifs dans la vie quotidienne des résidents ne sont pas négligeables.« Ces solutions rassurent les habitants et leurs proches principalement parce qu’elles sécurisent les personnes qui vivent alors dans des locaux adaptés et davantage en adéquation avec leurs ressources financières »*84

84 : CEREMA et le PUCA, « Habitat et vieillissement de la population : des initiatives de logement alternatif au domicile et à l’hébergement institutionnel », 18 novembre 2020, [en ligne], (consulté en décembre 2020) sur https://www.cerema. fr/fr/actualites/habitatvieillissement-populationinitiatives-logement

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PARTIE III Les moyens de développer de

nouveaux modes d’habiter, favorisant l’autonomie et l’entraide

Iconographie E : Photo personnelle de l’habitation commune de TEPATOUSEUL à Mainvilliers


1- Des espaces communs, entre espaces d’articulations et de vie Au travers de cette partie nous allons tenter de mettre en lumière le développement social dont les projets et leurs dispositifs architecturaux sont les supports. Cela permettra de comprendre comment se met en place la sociabilisation dans ces lieux de vie et comment cela peut impacter l’autonomie des résidents. Nous tenterons également d’analyser les logements, afin de comprendre les modes d’habiter qu’ils influent, c’est à dire, en quoi ces logements répondent aux préconisations des spécialistes en gérontologie afin de conserver davantage la mobilité, l’autonomie et la dignité tout en diminuant les risques d’isolement. Les espaces communs que nous avons précédemment analysés permettent de développer des circulations douces et sécurisées. Ils favorisent l’accessibilité aux logements et aux espaces communs ainsi que la mobilité vers l’extérieur. Ils participent donc au maintien de l’autonomie. Nous allons essayer de comprendre comment ces derniers s’articulent et offrent des lieux de sociabilisation qui permettent de rompre l’isolement tout en conservant son intimité.

A - Des espaces stratifiés pour le respect de chacun

Les espaces extérieurs et communs sont une interface entre domaine privé et domaine public. Cette interface a pour fonction de développer un espace tampon qui permet à chacun de disposer son habitat à l’abri des regards. Cette recherche d’intimité est très ancrée dans notre société (ce qui n’est pas le cas partout en Europe). Intimité et dignité sont fortement liées par la notion de pudeur. C’est très souvent cette pudeur, qui lorsqu’elle ne peut plus être respectée, est vécue comme un traumatisme et une atteinte à la dignité de nos doyens. On voit d’ailleurs que cette notion a une place centrale dans l’image que l’on se fait de l’habitat. La question du vis-à-vis est très importante pour un grand nombre de gens, lorsqu’ils achètent ou construisent. C’est pour cela par exemple, que les pièces de nuit sont généralement disposées à l’étage, lorsqu’il y en a un. Les maisons en zone résidentielle, quant à elles, ne sont plus en front de rue mais en position centrale dans les parcelles. (Iconographie 39)

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Toutefois dans les habitats adaptés aux seniors les dispositifs architecturaux sont le seul moyen de développer cette intimité qui favorise la dignité car les logements sont tous de plain-pied et à proximité immédiate d’espaces communs. Cette structure d’habitat, pratique pour cette tranche d’âge, l’est également pour des interventions extérieures. Avec une présence mesurée de la famille ou des voisins, il est plus simple de s’assurer du bienêtre des habitants. Des personnes âgées, fragiles ou ayant des problèmes de santé sont plus sujettes à des évacuations. Il est plus facile de les secourir dans cette typologie de logements qui permet d’éviter des situations « critiques ». L’exemple récent d’un Perpignanais de 52 ans, évacué de son domicile ce 2 décembre 2020 car le bâtiment menaçait de s’effondrer. Cinquante personnes ont été mobilisées pour cette mission, entre l’étayage et la sécurisation du site ainsi que l’extraction et la prise en charge de l’homme de 250 Kg. *85 Cette situation bien qu’extrême n’en est pas moins révélatrice d’actions de plus en plus courantes.

85 : France 3 Occitanie, « L’évacuation d’Alain, l’homme de 300 kilos bloqué chez lui à Perpignan depuis un an, est terminée », 01/12/2020, [en ligne], (consulté en décembre 2020)

Iconographie 39 : Les quartiers et zones pavillonnaires vus du ciel, Lumières de la ville, Le média de l’agence LDV Studio Urbain Par : Avi Waxman, Photographer and student looking to change the world through passion. On voit ici des pavillons américains beaucoup plus ouverts qu’en France, puisque l’avant est ouvert sur la rue, mais le jardin reste clos et les maisons centrées sur les parcelles

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86 : Extrait de l’entretien avec les habitants de TEPATOUSEUL

À MAINVILLIERS, le bâtiment est implanté à distance des limites de la parcelle. Le terrain, fermé, construit une délimitation nette entre les espaces communs et espaces publics. Cela permet aux résidents une intimité collective. « Arrivé à un âge avancé, vers 90 ans, on aime être au calme, loin du tumulte des écoles, etc… » *86 Les logements traversants sont uniquement au contact de l’espace commun. Seule une habitation est implantée en limite de parcelle. Néanmoins, la topographie du terrain fait qu’elle surplombe le chemin pédestre adjacent. Un mur de soutènement d’environ 1 mètre 50 rehausse les ouvertures et met à distance le logement des regards. Le rapport entre espaces communs et espaces privés est net mais reste perméable. Cette délimitation se fait de part et d’autre du projet. (Iconographie 41) La façade nord marque physiquement cette rupture. Sa composition ne permet pas aux habitants de bénéficier d’une intimité. La coursive qui la longe couplée à la logique bioclimatique du plan ne permettent pas de concilier tous les enjeux. C’est donc un traitement plus technique et non architectural qui permet de régler ce problème. Un filtre opacifiant est appliqué sur les fenêtres des sanitaires et des chambres. Celles des cuisines sont simplement pourvues de rideaux. Toutes ces fenêtres sont à une hauteur d’allège de 1 mètre 40. Celles des cuisines et des chambres sont des fenêtres bandeaux. Ainsi, la disposition des ouvertures conforte la perception très horizontale de la façade où seules les portes et le bardage en tôle ondulée apportent une verticalité. (Iconographie 40) Par contre, la façade sud très ouverte, avec des baies vitrées sur mesure n’a pas de vis-à-vis direct. Les arbres du verger vont grandir et finiront par filtrer les regards. Entre l’espace commun de verger et les habitations, les jardinets individuels font office d’espaces tampons. Ces derniers sont maladroitement séparés par des brise-vues en bois qui séquencent les espaces extérieurs individuels mais nuisent à la forme architecturale épurée. Les

Iconographie 40 : Façade nord en Tôle

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panneaux sont constitués de lattes horizontales, tout comme le bardage en bois de la façade. Celle-ci plus haute et plus imposante que celle du nord, apparaît légère avec cette casquette filante qui vient recouvrir l’ensemble des terrasses.(Iconographie 42) 0m

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Iconographies 41 et 42 : Iconographie 42 : (en haut) Plan de masse de l’habitat participatif Tépatouseul Iconographie 42 (en bas) : Façade sud en bardage bois

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À MARZY, la parcelle ouverte intègre complétement l’espace extérieur commun dans le domaine municipal. Aucun espace tampon ne fait office de filtre entre les espaces privés et les espaces publics. Seuls les jardinets individuels mettent à distance du logement, les corps et les regards. (Iconographie 45)

À l’arrière de chaque maisonnette, des espaces sont plus ou moins bien entretenus, généralement nus, juste enherbés. Ils sont clôturés par des grillages souvent complétés d’un brise-vue vert d’environ 1 mètre 40 de haut. Malgré cette mise à distance, les jardinets ne filtrent pas vraiment les regards et des rideaux sont installés dans les logements pour faire office de brise-vue. Cette proximité visuelle est particulièrement présente pour les logements alignés parallèlement à la rue des jardins, alors que les autres constructions bénéficient d’une implantation sans vis-à-vis. La façade en lien avec les jardinets est plus ouverte que la façade avant. Chaque logement dispose d’une baie vitrée dans le séjour et d’une porte vitrée coté cuisine. A la composition de la façade s’ajoutent des portes accédant aux débarras. Ces ouvertures et le jeu entre volumes de logements et volumes de rangement marque nettement des lignes verticales. La succession des maisons mitoyennes développe ainsi un rythme en façade. (Iconographies 46 et 47) À l’avant de chaque logement, la façade marque physiquement la rupture public/privé. Celle-ci moins ouverte que le coté jardin dispose d’une fenêtre opacifiée pour la pièce d’eau et d’une porte-fenêtre à l’angle du logement, côté chambre. Un portique s’enfonce dans le volume bâti, on y trouve les portes d’entrées du débarras et du logement. Un rythme similaire à celui de la façade arrière se met en place. (Iconographies 43 et 44) Des deux cotés, les jeux de volume développent des débords de toitures et des encaissements qui apportent par l’ombrage et par le recul une réponse partielle à la nécessité de « sanctuarisation » du logement. 0m

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Iconographies 43 et 44 : Iconographie 43 : (en haut) Vue rapprochée sur deux façades de logements T1 mitoyens de l’iconographie 44 Iconographie 44 : (en bas) Coupe nord/sud, au centre du projet , laissant apparaitre les façades d’entrées des T1 et une coupe volumique du batiment commun au sud (gauche) et d’un garde meuble d’un T2 au nord (droite)

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Dans les deux projets, même le vis-à-vis peut exister et est très limité. L’emplacement péri-urbain fait de ces sites des lieux calmes et peu fréquentés. Un regard extérieur doit être conservé pour la sécurité. 0m

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Iconographies 45 à 47 : Iconographie 45 : (en haut) Plan de masse du projet de la résidence des jardins de Busserolles à Marzy Iconographie 46 : (au milieu) Vue rapprochée sur deux façades de logements T1 mitoyens de l’iconographie 47 Iconographie 47 : (en bas) Elevation (nord/sud) du projet vu de la rue des Jardins montrant la composition des façades des T1 donnant sur les jardinets

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87 : Le journal du centre, « Les Jardins de Busserolles ont fêté la musique », 27/06/2020, [en ligne], (consulté en septembre 2020) sur https://www.lejdc.fr/ marzy-58180/actualites/les-jardins-de-busserolles-ont-fete-la-musique_13805032/

B - Des espaces extérieurs aux dispositifs architecturaux favorisant l’interaction Les espaces extérieurs sont des lieux de promenades, de rencontres et d’échanges. Le mobilier urbain bien que peu développé montre cette volonté. Les boîtes aux lettres regroupées, les espaces aux grandes dimensions et les assises ponctuent les parcelles de projets.(Iconographie 48) Ces espaces sont sécurisés par leur centralité au sein du projet bâti ou parce qu’ils sont clôturés. Ils permettent grâce à leur proximité aux logements et leur qualité d’espaces servants d’être des lieux de confluence pour les habitations. Un phénomène d’appropriation, accentué par des espaces couverts voit le jour dans les deux projets. La diversité des types de sols et de l’aménagement paysagé participent à apporter d’autres usages que les mobilités. De plus, d’un point de vue psychologique, sociologique et même sanitaire, on sait que ces espaces sont bénéfiques pour le bien-être. Le confinement a montré que l’incapacité de profiter d’espaces extérieurs pouvait être anxiogène. C’est aussi le cas des interactions sociales qui sont le fondement même de notre société et de notre nature humaine. A MARZY, bien qu’ouverte sur le village, on peut tout de même qualifier la place d’espace commun. Les maisons mitoyennes forment des alignements telles des fronts de rues piétonnes et délimitent des espaces. La place centrale dessinée par le bâti est au cœur de la parcelle et se présente comme l’espace majeur du projet. (Iconographie 49) Elle est conçue comme une place de village. Cet espace arboré concentre en périphérie des circulations dures. En son sein, une seconde couronne regroupe les bancs et les arbres qui abritent et ombragent le centre de ce grand espace. Il est désigné comme un espace de « jeux » sur les plans. Avec le temps, le dessin des espaces s’est largement flouté. Les délimitations nettes entre espaces gravillonnés et enherbés ne sont plus lisibles faute de bordures. Ce choix s’explique par le désir d’éviter les dénivellations de sol. L’espace est utilisé pour la fête de la musique *87 et certains événements festifs l’été. Durant la période estivale, on voit des résidents sortir des chaises pliantes et venir lire sur la place, jouer à la pétanque (ce qui n’est plus possible sur la place du village, désormais imperméable) profiter du beau temps et parfois s’organiser des soirées guinguettes. Un garde-meuble est présent dans le bâtiment commun pour permettre toutes sortes d’activités sur la place. Si le temps ne le permet pas, les habitants ont la possibilité de

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s’abriter sous le débord de toit du bâtiment commun ou sous le portique de leur domicile. Cela ne remplace pas un kiosque mais s’ils souhaitent se regrouper, ils peuvent réserver la salle commune (gratuite pour les résidents). En revanche, l’espace de détente est peu utilisé, sa position décentrée et le terrain nu adjacent n’en font pas un endroit attractif.

Iconographies 48 et 49 : Photos prises sur place Iconographie 48 : (en haut) Place centrale du projet et ses bancs à l’ombre Iconographie 49 : (en bas) Allée centrale du projet et son mobilier urbain.

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88 : Extrait de l’entretien avec les habitants de TEPATOUSEUL 89 :Patrice SECHET, Eric DANIEL-LACOMBE et Jean Didier LAFORGUE, « Rapport sur l’évaluation du programme SEPIA et de la méthode de programmation générative pour l’habitat des personnes vieillissantes », Publication du Plan Construction et Architecture, 1992

A MAINVILLIERS, peu d’aménagements ont vu le jour. Certaines parties du projet ont été retirées afin de rentrer dans l’enveloppe budgétaire. La disposition du préau destiné à accueillir les places de stationnement et les débarras de chacun a été déplacée pour diminuer la surface de voie carrossable. Cela a permis de diminuer la surface imperméable. Les récupérateurs d’eau n’ont pas été installés immédiatement afin de répondre au budget. C’est aussi le cas des plantations. (Iconographie 50) En tout cas le projet, comme de nombreuses habitations, n’est jamais réellement fini. Aujourd’hui le terrain vaste et vierge coté sud va certainement subir des modifications liées à l’appropriation des habitants. Le préau et la marquise au nord sont des dispositifs architecturaux qui construisent des espaces favorables à la communication et à l’entraide. (Iconographie 52)

Le préau est parfois vidé de ses voitures et se transforme en lieu festif : « on y fait la fête des voisins tous les ans » *88. La marquise qui abrite l’entrée des maisons est un emplacement que les habitants se sont approprié. Ils déposent des objets sur le rebord de fenêtre à l’abri des intempéries. Cette manière de solliciter le voisinage est spontané et « pudique ». Pas besoin de déranger quelqu’un pour ouvrir par exemple un pot de confiture…. Les voisins en capacité de réaliser la tâche le font quand ils le peuvent et sans rien attendre en retour, sans jugement. (Iconographie 51) Cet usage, maintenant qu’il existe, pourrait faire émerger dans les années à venir une modification dans la forme des fenêtres du projet. On peut imaginer des tablettes d’appui plus grandes et développant des rangements. C’est une pratique particulièrement intéressante dont m’ont fait part les habitants, car elle montre qu’ils habitent ici. Car,« habiter, c’est investir à sa manière un lieu qui ne peut pas se réduire à ses fonctions, mais dont l’agencement et les qualités d’usage permettent à celui qui l’habite de faire ses propres règles et habitudes. » *89 Aménagements paysagés, dispositifs architecturaux et contexte communautaire amènent avec eux des usages collectifs qu’on ne pourrait pas envisager dans un habitat seul. L’habitat groupé autogéré ou non, aide à la sociabilisation et à conserver une activité physique ou intellectuelle entre voisins.

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Iconographies 50 à 52 : (50 et 51 prises sur site ) Iconographie 50 : (en haut) Vue du jardin récemment planté, ainsi que des venelles et de la Départementale en arrière plan Iconographie 51: (en bas à gauche) Photo de la façade nord et sa marquise, avec des allèges, supports de nouveaux usages Iconographie 52 : (en bas à droite) Tirée de l’article «150 personnes à l’inauguration» Publié le 13/06/2017 dans « La Montagne »

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2 – Des bâtiments communs, lieux d’interactions et de la vie commune 90 : CEREMA et le PUCA, « Habitat et vieillissement de la population : des initiatives de logement alternatif au domicile et à l’hébergement institutionnel », 18 novembre 2020, [en ligne], (consulté en décembre 2020) sur https://www.cerema. fr/fr/actualites/habitatvieillissement-populationinitiatives-logement 91 : Extrait de l’entretien avec les habitants de TEPATOUSEUL

La conception architecturale des deux maisons communes est bien différente. On le remarque notamment grâce aux activités et au public qu’elles accueillent, mais surtout dans la typologie architecturale. Mais dans les deux « les seniors peuvent bénéficier à la fois de services, de différentes formes d’accompagnement et parfois d’activités ou d’animations collectives permettant notamment de se sentir moins seul ». *90

A - La maison commune entre mimétisme et signal

A MAINVILLIERS, la maison commune n’est pas différenciée des habitations. On peut dire qu’elle est construite par mimétisme, car vue de l’extérieur, elle n’est pas perceptible : aucun changement dans la volumétrie, ni dans la matérialité. Là où à MARZY, la toiture en ardoise se démarque par sa matérialité. Celle de l’habitat TEPATOUSEUL est une habitation supplémentaire. Seule chose qui la distingue : son agencement qui déroge légèrement de celui des autres habitations. Le parti pris dans ce projet est donc de masquer cette maison commune. C’est le seul des habitats que j’ai visités où on ne trouve aucun traitement pour différencier les habitats entre eux et la maison de site. (Iconographies 53 et 54) L’aspect mono-volumétrique du projet ainsi que la matérialité unique pour la façade nord comme la façade sud, « lisse » le projet. Cette typologie atypique pour des maisons mitoyennes rend la programmation du bâtiment imperceptible. « Pendant la construction, les gens pensaient que c’était des commerces. » *91 Il est vrai que le projet a suscité de l’intérêt et des questionnements de la part des riverains. Je trouve cet amalgame intéressant, car tout ce processus a développé un projet certes uniforme mais très résilient qui pourrait abriter des programmations variées tant publiques que privées. (Iconographie 55)

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Iconographies 53 à 55 : Iconographies 53 et 54 : Comparaison photographique, des espaces intérieurs entre logement commun et logement individuel Iconographie 55 : Axonométrie du projet et mise en valeur de la partie commune, sans quoi elle ne serait pas différenciée

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A MARZY, la maison commune se trouve presque en front de rue, le long de la route la plus fréquentée du village. Son volume plus imposant que les habitations et son positionnement en coin de parcelle, la placent comme un bâtiment composite du carrefour et lui procurent une dimension de bâtiment signal pour la résidence. Le bâtiment est constitué de deux volumes (on peut en voir trois) et d’une programmation mixte qui participe à cette sensation de surdimensionnement en comparaison des vingt habitations. Les deux volumes se singularisent aussi par leurs axes d’implantation. L’ensemble est parallèle à la route et désaxé par rapport à la trame orthonormée que suit le reste du projet. (Iconographie 57) Le premier volume arbore une typologie avec des pans en croupe et marque un décalage avec les habitations dont les toitures sont à deux pans. Le projet est construit de telle sorte que cette maison commune soit « remarquable ». Les salles d’activités, très largement vitrées, semblent s’ouvrir sur l’espace extérieur. Le volume pivoté de 45° par rapport au volume mitoyen sort ainsi du « cadre ». Les angles saillants et le débord de toiture participent à la sensation « d’appel » vus de la voie publique. (Iconographie 56) Le second volume est le seul bâtiment comprenant un étage. On y trouve l’unique F3 du projet. Ce logement de fonction est habité par une employée municipale (Patricia Guyot). Sa présence permet de rassurer les

Iconographie 56 : Photo du batiment commun «signal» vu de la Départementale

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familles qui peuvent la contacter en cas de problème. Elle a aussi pour rôle l’entretien des locaux communs. Au rez-de-chaussée, on trouve un espace servant qui dessert les salles d’activités du premier volume et des locaux techniques du second. Cela comprend un local poubelle, des toilettes, des garages, une salle de soins, une cuisine et un cellier. Ainsi, les partis pris architecturaux des maisons communes sont soumis à de nombreuses variables. Tout d’abord le nombre d’habitants qui influe sur les surfaces et les moyens financiers. Le site TEPATOUSEUL avec cinq fois moins d’occupants n’aurait pas pu mener un projet avec une maison commune faisant signal. Car les habitants ont déjà beaucoup investi dans ce lieu qui leur permet de profiter de 18 m² par personne contre 8 m² à MARZY. Ensuite, la mutualisation de cet espace apporte un cœur de vie. Il peut être plus ou moins caché en fonction de l’accueil proposé aux visiteurs. Enfin, l’usage et l’importance apportés à ces espaces est une variable non négligeable dans la conception de ces maisons communes. Dans les habitats collectifs et encore plus lorsqu’ils sont participatifs, l’agrandissement du domaine personnel et collectif qu’apporte cette programmation peut prendre de multiples formes. Iconographie 57 : Axonométrie volumique du batiment commun et de son caractère signalétique

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B - Des espaces communs hybrides et modulables

Malgré ces variables, les espaces communs des habitats participatifs tendent à mettre en place toujours le même schéma. L’adaptabilité est essentielle et les espaces sont soit hybrides, soit modulables, ce qui répond efficacement aux aléas comme l’évolution du groupe et des usages ainsi que l’aspect événementiel. C’est un constat général des habitats participatifs auquel les deux projets ne dérogent pas.(Iconographie 58 )

Iconographie 58 : Tableau comparatif des espaces communs entre les différents projets participatifs que j’ai visité et mes cas d’études.

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A MARZY, on découvre sur les plans de la maison commune, un salon et une salle à manger. En réalité, il s’agit de deux espaces qui ont plutôt une portée associative. Ils sont utilisés comme des salles polyvalentes. Les habitants s’y réunissent pour des activités ou des repas. Cependant, ces deux pièces sont de taille modeste, une paroi mobile est mise en place. Cet espace modulable est plus résilient et peut accueillir au gré des temporalités deux activités en simultané ou bien tous les résidents pour une « voisinade ». Les habitants peuvent aussi réserver ces salles pour des fêtes privées. Les locaux techniques apportent des usages complémentaires. On peut y stocker du matériel ou de la nourriture. Les toilettes ainsi que la cuisine permettent toutes les commodités sur place pour les moments conviviaux tout au long d’une journée. On accède à ces espaces aussi bien par le lieu de vie modulable que par l’entrée plus discrète sous le porche, coté habitation. L’espace servant, large au cœur du bâtiment a pour vocation d’être un hall d’accueil pour les visites médicales dans la salle de soins. La cuisine et le local de stockage pour les meubles s’ouvrent sur la placette commune entourée des habitations. Cette disposition permet une appropriation des espaces extérieurs où se déroulent aussi des événements festifs. (Iconographie 59) Iconographie 59 : Plan du batiment commun de Marzy.

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A MAINVILLIERS, l’habitation supplémentaire commune est utilisée comme un espace de partage où les habitants se réunissent, accueillent la famille, ce qui leur permet d’y concentrer leurs interactions sociales. Ils ne reçoivent presque jamais chez eux et conservent ainsi une ambiance paisible dans leurs logements. L’espace de vie commune fait 58 m² et est pourvu d’une pièce d’eau adaptée aux personnes à mobilité réduite ainsi qu’une chambre d’amis. L’endroit est pensé comme les autres logements avec sa cuisine et ses commodités, (Iconographie 61) mis à part qu’il est cloisonné différemment. Une chaufferie indépendante, accessible par l’extérieur, réduit l’emprise de cette maison commune mais offre un espace technique de 14 m² qui sert de buanderie aux habitants. (Iconographie 60) Le grand espace commun de 41 m², est identique aux séjours des autres habitations. Cet espace libre lui permet d’être hybride dans ses usages d’autant que le mobilier est fonctionnel et moins encombrant que dans les habitations.

Iconographies 60 et 61 : Iconographie 60 : Buanderie / Chaufferie commune Iconographie 61: Cuisine du logement commun

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La vie collective devait être simplifiée avec d’autres espaces qui n’ont pas vu le jour. La salle collective, la chambre d’accueil, la buanderie et le garage étaient les priorités, alors que l’atelier, le local à vélos et l’abri de jardin n’ont pas pu rentrer dans l’enveloppe budgétaire. Malgré cela, le groupe peut développer des activités et une suite au projet est envisageable. Le désir du groupe est de vivre dans ces logements le plus longtemps possible. Cette réflexion les a menés, comme à MARZY, à intégrer un espace de soins. Cependant, il n’était pas envisageable d’utiliser des mètres carrés pour ce seul usage. Cette habitation polyvalente (F2), conçue comme un espace médicalisable était donc la solution. Une infirmière, un kinésithérapeute ou toute autre « présence verte » *92 pourrait emménager ou simplement pratiquer en ce lieu en cas de besoin. (Iconographie 62)

92 : Extrait de l’entretien avec les habitants de MAINVILLIERS. Service de téléassistance à domicile créé en 1974 pour pallier l’isolement des personnes âgées avec l’idée de maillage du territoire pour accompagner les seniors. Définition [en ligne], (consulté en décembre 2020), wikipédia.fr

Iconographie 62 : Plan des parties communes : gardes meubles, buanderie et logement

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On remarque entre les deux projets une nette divergence dans la nature des espaces malgré l’aspect résilient de ces lieux de partage. Entre habitation hybride et salle polyvalente modulable (Iconographie 63), leurs usages similaires au quotidien ouvrent des possibilités bien différentes.

C - Une vie associative simplifiée

Tentons de comprendre ces usages quotidiens et particuliers à travers les activités menées dans les bâtiments. La vie collective semble leur réussir. Les retraités que j’ai rencontrés sont très investis dans le monde associatif, ils sont vecteurs de savoirs. Dans les deux projets étudiés, des activités aussi diverses que les jeux de société, le tricot, le patchwork, la danse, la musique traditionnelle, la sensibilisation à l’habitat participatif pour personnes âgées et le jardinage se développent. Toutes impulsées par des habitants qui montrent bien que cette tranche d’âge est plus active qu’on ne l’imagine. Ils accueillent un public extérieur venu partager des moments conviviaux. Les espaces communs, spacieux, permettent de simplifier la mise en place de ces activités. Lorsqu’on écoute les habitants, on se rend compte Iconographie 63 : Coupe du batiment commun de Marzy, qui met en évidence le volume important perdu dans la toiture à pans de croupe réalisé en fermettes et donc non aménageable

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qu’ils s’investissent plus qu’auparavant dans la collectivité, pour laquelle, ils jouent parfois un rôle fédérateur. Leurs anciens logements, appartements ou maisons ne leur permettaient pas de pratiquer en association ou en groupe. La nécessité de trouver un local ou un club, de faire des trajets, les poussait souvent à pratiquer seul leur loisir. Aussi, le regroupement de personnes d’une même tranche d’âge, partageant un mode de vie similaire leur permet de nouer des amitiés et de s’ouvrir à de nouvelles pratiques. La solitude dans ce genre de projets d’habitats ou de résidences n’existe que si on la désire. C’est l’aspect d’habitat groupé qui permet cela. A MARZY, il est vrai que certains habitants ne désirent pas se mêler aux autres, parce qu’ils se disent « Je ne vais pas aller avec eux, il n’y a que des vieux » *93. Tous les gens que j’ai rencontré se disent ne pas être vieux. Ce qui est compréhensible lorsqu’on vit à 80 ans en complète autonomie. En fait, pour être sûr que les personnes s’investissent dans les activités des résidences pour seniors autonomes, il faudrait plus de sites adaptés. Ainsi des groupes partageant une même passion pourraient habiter ensemble la résidence de leur choix. Sont tout de même mis en place « à l’intention des personnes de plus de 60 ans, plusieurs ateliers se sont déroulés dans la salle commune. Dans le cadre du Programme Prévention Santé Seniors qui vient de changer d’appellation et se nomme désormais « les ateliers bon jours », ont déjà eu lieu deux sessions « Des ateliers culinaires » organisés également à l’initiative de Melle ROUSSEAU (depuis 2003) se déroulent également une fois par mois. » 94 Le projet TEPATOUSEUL, quant à lui participatif s’est construit autour d’un groupe. Les habitants formés en association partagent la même vision et des désirs communs. Cette structure est un terreau fertile au développement d’activités, que ce soit pour les retraités ou les actifs. Ces structures communautaires et inclusives ouvrent souvent les portes de leur maison commune et développent des activités de tout genre tournées vers l’éducation, le travail, le vieillissement, l’écologie, la construction, l’autonomie alimentaire… L’aspect intergénérationnel est le plus fréquent. Mais à MAINVILLIERS les habitants ont décidé d’être entre personnes d’une même génération. C’est la prise de décision qui semble la plus importante et non de faire un choix par défaut. Les quelques personnes que j’ai rencontrées m’ont ouvert les yeux. « Nous aimons vivre ici parce que c’est notre choix, sans aucune contrainte » *95. Sans cet investissement, il sera compliqué pour eux de s’impliquer dans les activités associatives ou collectives même si l’environnement y est propice.

93 : Paroles du père d’Eli SEMOUN après sa visite de l’EPAHD dans le film « mon vieux » 94 : Mairie de Marzy, « Résidence Les Jardins de Busserolles », [en ligne], (consulté en octobre 2020) sur https:// www.marzy.fr/services/ personnes-agees/ 95 : Extrait de l’entretien avec les habitants de MARZY

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3– Des espaces individuels adaptés, supports d’appropriation et d’intimité

L’habitat adapté au vieillissement est plus que n’importe quel autre, lié à son environnement. On voit dans le développement de ce mémoire que la qualité architecturale d’un habitat qui vise à offrir la possibilité à ses habitants de « bien vieillir » ne réside pas seulement dans les qualités internes du logement. La notion de « chez soi » est très importante pour l’individu. C’ est un besoin indispensable à son épanouissement. Cela nécessite ergonomie ainsi qu’ appropriation personnelle et apporte confort et bien être. La mise en place de ces principes n’est pas aisée et passe par différentes caractéristiques que nous allons essayer de mettre en lumière. A - Un « chez-soi » aux dimensions réduites pour plus d’ergonomie Pour les personnes dont la mobilité diminue, la dimension de leur espace de vie est importante. Un petit environnement facilite l’entretien du logement et les tâches quotidiennes. Les seniors vivent généralement en couple ou seul et n’ont pas besoin de logement surdimensionné. Des T1, T2 ou T3 répondent généralement à leurs besoins. Cependant, cet espace de vie doit être pratique et bien conçu. Les espaces servants sont réduits au minimum, pour que les espaces de vie soient les plus grands possibles. Le peu de mobilier présent respecte les normes PMR (personnes à mobilité réduite) qui facilite le passage des fauteuils tant en largeur qu’en hauteur. Les éviers s’affinent et les consoles s’évident pour simplifier les actions quotidiennes et permettre de les réaliser assis. Dans le cas d’un habitat pour personnes autonomes il s’agit de prévenir les éventuelles évolutions. Cette action a souvent comme finalité d’épurer l’espace : clair, simple, libre et sans superflu. Il faut éviter les angles nets, favoriser les sols simples à nettoyer. Ainsi on participe au maintien d’un espace sain et ergonomique. L’objectif est d’éviter les chutes et les accidents domestiques qui touchent particulièrement nos seniors. Cela contribue à l’impression d’un habitat plus grand qu’il ne l’est. Ces aménagements préviennent donc des pertes de vue, de mobilité et d’audition qui peuvent les empêcher de percevoir leur espace et pourraient les mettre en difficulté. Dans un logement traditionnel, cette perte de repères plus ou moins importante en fonction de l’âge et de l’individu se manifeste par une dégradation de l’état

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du logement et une hygiène moins rigoureuse. Par contre, ces logements adaptés permettent de repousser ces désagréments et l’intervention d’aides à domicile. En les associant, l’autonomie est presque assurée.

96 : Eli SEMOUN, « Mon vieux », Film sur LCP / Public Sénat, mercredi 9 décembre 2020 à 20h30 [TV]

La domotique est également un axe de recherche important en gérontologie. L’apport de cette technologie peut favoriser une autonomie plus importante et plus durable. Parfois simple et peu onéreuse, les consoles de contrôles et les capteurs permettent d’automatiser lumières, volets, eau et même de signaler les chutes et les intrusions. Elle simplifie également les systèmes d’ouverture, des meubles et des portes et participe à épurer les volumes : plus besoin d’interrupteurs, ni de poignées… Ces principes d’aménagement permettent de répondre aux maladies qui surviennent souvent avec l’âge : arthrose, ostéoporose, handicap permanent ou temporaire lié à une chute. Tous les objectifs et les aménagements cités sont malheureusement rarement tous mis en place. Un équilibre entre budget et ergonomie doit être fait et il me semble logique que le décideur doit être l’habitant dans ce cas de figure. Le vieillissement d’un point de vue médical, débute vers 36 ans et s’accentue progressivement : chacun vit cette expérience différemment. Il est dû au renouvellement des cellules qui se fait de moins en moins bien et comporte de plus en plus d’informations génétiques erronées. Ces dysfonctionnements nous fragilisent peu à peu sans pour autant impliquer de handicap touchant notre autonomie. L’insuffisance cardiaque, l’athérosclérose et l’incontinence vésicale sont les marqueurs les plus fréquents et les plus handicapants du vieillissement. Aussi tous les dispositifs cités ne répondent malheureusement pas à toutes les pathologies que la vieillesse apporte avec elle. Elle augmente les risques de complications suite à des désordres souvent bénins pour des jeunes comme la grippe, les chutes ou la Covid 19 qui mettent en lumière la fragilité de nos doyens. Elle peut aussi être associée à des syndromes handicapants et tout aussi dévastateurs (Parkinson, Alzheimer…) Ces pathologies font malheureusement partie des rares cas où la médicalisation et le passage en Établissement Pour Personnes Âgées Dépendantes reste un passage obligatoire. On peut suivre par exemple l’évolution de la Maladie d’Alzheimer dans le documentaire « Mon vieux » *96 qui raconte l’impact

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97 : Extrait de l’entretien avec le couple de résident de MARZY, Septembre 2020

de cette maladie dans la famille. Avec bienveillance et beaucoup d’émotions, l’auteur filme les derniers mois de son père. Ce reportage poignant montre comment s’éteint tout doucement son paternel et avec lui, son enfance. Bien que ces habitats ne permettent pas de miracles, ils participent par leurs dimensions (maximum 74 m² à MAINVILLIERS) à la conservation de l’autonomie des résidents. Les deux projets ne permettent cependant pas d’accueillir de la même manière. A MAINVILLIERS, des proches peuvent venir plusieurs jours et profiter de l’habitation commune. Alors qu’à MARZY, il est plus compliqué de recevoir. C’est une problématique qui peut être difficile dans certain cas. La grande majorité des habitants ont de la famille à proximité ce qui permet de garder des liens forts avec son entourage familial dans tous les cas. La résidente que j’ai vue, plusieurs fois grand-mère m’a même dit sur le ton de l’humour : « Je vais chercher tous les mercredis trois de mes petits-enfants à l’école, on passe l’après-midi ensemble, j’en profite bien. Heureusement avec notre logement on ne peut pas non plus les garder toutes les vacances. C’est quand même fatiguant après plusieurs jours ! » *97

B – Bien vieillir « chez-soi » ou comment allier confort et calme

La plupart des habitants sont venus : – soit en amont de problèmes afin de pouvoir profiter de leur retraite. Ils ne veulent plus tondre leur grand jardin, avoir à entretenir les chambres inoccupées car c’est une perte de temps. – soit parce qu’ils éprouvaient des difficultés à accéder à leur domicile ou que l’état de ce dernier se dégradait. En tout cas, ils sont à leur arrivée tous en mesure de se déplacer. Considérés comme autonomes, ces projets les aident à le rester en accentuant le calme et le confort. Le calme est primordial pour eux. Les troubles du sommeil apparaissent à l’âge adulte et s’accentuent avec l’âge. Le caractère des individus peut changer et devenir plus froid et moins sociable. Le confort, quant à lui, passe par l’ergonomie dont nous venons de comprendre les principes et enjeux.

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Ainsi, à MARZY, les logements sont bien isolés. Des murs porteurs sont mis en place entre les logements ce qui permet de conserver l’intimité et de garantir un espace de vie calme. L’isolation en laine de verre et les fenêtres en double vitrage participent au confort thermique des logements de 31 m² et 50 m². Ces logements économiques en énergie répondent à la demande de retraités aux faibles revenus qui perçoivent les APL. Par contre, ces logements sociaux et adaptés sont peu cloisonnés. L’espace peu séquencé est le plus libre possible. L’entrée a tout de même été conservée comme un espace indépendant pour avoir un sas de privacité entre la porte d’entrée et la pièce de vie. Le logement n’est pas visible en cas de livraison par exemple. Elle est constituée d’un placard de rangement et a un rôle d’espace servant. Dans les T1, majoritaires, l’entrée est l’articulation entre salle d’eau, salle de vie et extérieur. Un placard se dessine naturellement par les nus des cloisons et les circulations. Au centre du logement, il peut avoir de multiples fonctions. L’espace de vie également espace de nuit est de 18 m². La cuisine de 5 m², ouverte sur la pièce de vie, donne la sensation d’un espace plus grand et ouvert sur le jardinet. Ce grand volume est lumineux et simple. La circulation centrale dans l’axe de l’entrée est censée marquer la séparation entre l’espace jour et nuit. Le principe d’aménagement et le peu de mobilier présent respecte les normes PMR de l’époque. (Iconographie 64) 0m

1m

2m N

Iconographie 64 : Plan d’un logement T1 à Marzy (orientation différente en fonction des habitations)

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Dans les T2, ce respect des normes handicapées est plus subjectif. La baignoire présente sur les plans est finalement une douche qui n’est pas plus adaptée qu’une autre. En revanche, on garde des logiques similaires dans les circulations et les aires de giration qui sont bien prises en compte. Elles participent à l’impression de grands espaces mais l’aménagement du mobilier proposé n’est pas toujours respecté. Une entrée légèrement plus grande et munie d’un placard dessert les mêmes pièces que dans le T1 ainsi que la cuisine, séparée de la pièce de vie. Du séjour on peut accéder à la chambre cloisonnée, qui matérialise physiquement la distinction entre espace jour et espace nuit. La cuisine et le salon conservent cette ouverture sur le jardinet. (Iconographie 65) 0m

1m

2m N

Ces plans bien conçus ont néanmoins un défaut majeur, celui de ne pas avoir pris en compte l’orientation de la construction et donc son exposition. On peut également remettre en question les logements T1 qui en accumulant les fonctions en font des espaces moins confortables.

Iconographie 65 : Plan d’un logement T2 à Marzy

100 - Les moyens de développer de nouveaux modes d’habiter, favorisant l’autonomie et l’entraide


A MAINVILLIERS, les logements sont tous orientés de la même manière. (Iconographie 66) Entre chaque logement, un mur porteur isolé de part et d’autre permet un confort sonore optimal, au même titre que l’enveloppe extérieure qui permet aussi un confort thermique. Le bâtiment HPE (Haute Performance Environnementale) *98 est isolé en laine de bois pour les murs et en laine de roche en toiture. Initialement prévu en paille puis laine de bois et ouate de cellulose, le projet a dû s’adapter à l’enveloppe et n’atteint pas l’objectif THPE (Très Haute performance Environnementale) *99. Cependant les alternatives au polystyrène et laine de verre trouvées sont très bonnes et participent à l’intérêt environnemental du projet et au confort de l’habitat. 0m

1m

98 : « Haute Performance Énergétique » : Le label HPE date de 1983. Ce label permet d’attester que le bâtiment est plus performant que la loi en vigueur. Consommation RT en vigueur (Réglementation thermique) −10 %

2m

L’aménagement et le cloisonnement se basent sur une fonctionnalité maximale. Les mètres carrés sont tous utilisés, il n’y a ni couloir ni renfoncement (excepté un dans la maison commune). Les espaces servants ne sont donc pas délimités. Lorsqu’on entre, on se retrouve directement dans l’espace de vie. Celui-ci prend deux tiers du logement et conserve son aspect traversant. En fonction des logements, on découvre à droite ou à gauche les espaces plus privés. Tout d’abord un sanitaire pour éviter aux invités d’entrer dans les autres pièces puis un espace de rangements. Ensuite

99 : «Très Haute performance Énergétique» Très Haute Performance Énergétique Consommation RT en vigueur −20 %. Les labels HPE et THPE sont une incitation à faire mieux que la réglementation, sans pouvoir encore parler de bâtiment basse consommation.

Iconographie 66 : Coupe (nord/sud) d’un logement du batiment Tépatouseul. Le batiment à pan unique s’ouvre sur la vue et la lumière tout en respectant les principes d’éco-conception avec sa casquette. Le volume haut permet de se sentir à l’aise dans un espace spacieux et agréable, alors que la marquise développe des usages sur la façade nord

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on trouve l’accès à la suite, avec chambre et salle d’eau adaptée. Enfin le dernier accès donne sur une chambre d’amis ou un bureau, en fonction du logement. Seul le dernier habitat est muni d’une entrée à part entière avec un « bloc nuit » divisé en deux, de part et d’autre de l’espace de vie. (Iconographie 67) Les plafonds de la cuisine et des blocs nuit sont bas, environ 2 m 20. Mais le séjour et son plafond en pente se déploie jusqu’à 3 m 30, ce qui illumine le logement. Les espaces sont tous très bien orientés et le confort est assuré par la typologie du bâtiment. (Iconographie 66)

0m

2,5m

5m

N

Aucun des deux bâtiments n’utilise de domotiques. Les deux préfèrent s’orienter vers une réponse collective fournie par la présence humaine, d’intervenants extérieurs ou du voisinage. De plus, la domotique peut parfaitement se greffer sur un édifice. En revanche les caractéristiques architecturales sont bien plus figées. Madame BINEY me disait qu’elle souhaitait équiper les téléphones de chaque résident d’un système d’alerte en lien avec les habitations des voisins afin de prévenir au plus vite en cas d’accident ou d’urgence. Cette envie commune au groupe TEPATOUSEUL est venue après l’incident d’une voisine restée coincée dans les toilettes en raison d’une poignée défaillante. Iconographie 67 : Plan programmatique des logements : En apparence identiques, tous les logements ont leur spécificité et sont tous légèrement différents pour répondre aux besoins individuels.

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C - Un espace appropriable, pour être vraiment « chez-soi »

Les initiateurs d’habitats participatifs, comme TEPATOUSEUL ont l’avantage de s’approprier très rapidement leur logement, parfois même avant leur concrétisation. Leur implication dans le processus permet de les placer individuellement comme la variable la plus importante. Ils emménagent ainsi dans un environnement qu’ils connaissent déjà, où ils ont leurs repères et auquel ils sont attachés. Cette tranche d’âge s’est forgée d’expériences et conserve des attaches sentimentales à des biens matériels qui peuvent annihiler toute initiative de relogement. Les projets permettent l’appropriation. On peut conserver ses meubles même si cela nuit au principe d’ergonomie. Des propositions d’aménagement sont mises en place pour conserver les qualités spatiales du projet et permettent aux habitants une aide à l’aménagement. L’apport de hauteur sous plafond et d’un débarras sont intéressants pour les seniors. C’est d’une part, la possibilité d’afficher des photos de famille, des souvenirs de voyages. D’autre part, cela permet de stocker des objets accumulés au cours de toute une vie. L’idée reste de ne pas envahir le logement et de conserver sa fonctionnalité. A MARZY, les logements sont loués non meublés. L’habitation petite ne permet pas de conserver beaucoup d’affaires. Les habitants que j’ai rencontrés ont fait le choix de se débarrasser de leurs anciens meubles trop volumineux. Le tri qu’ils ont fait avec leurs enfants leur a permis de conserver l’essentiel. D’autres habitants ont tendance à entasser leurs biens. Cette légère syllogomanie nuit au bon fonctionnement de leurs habitations et peut être le témoin d’un syndrome de Diogène plus ou moins important. Dans ces cas spécifiques et rares, des logements de petite taille ne sont pas une solution viable. Un cellier de 6 m² pour les T1 et 8 m² pour les T2 permet tout de même de conserver beaucoup d’objets et de restreindre l’emprise du mobilier dans l’habitation. (Iconographie 71) L’idée est de s’approcher des principes d’aménagement qui garantissent un confort optimal même en fauteuil. Cette appropriation des différents espaces est donc limitée par la taille des espaces mais reste prise en compte par le concepteur. Les loggias et portiques, à l’abri du vent et de la pluie sont des espaces appropriables par les habitants pour élargir leur domaine personnel et désencombrer leur intérieur. (Iconographie 69)

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Une certaine souplesse avantageuse pour le gestionnaire est mise en place. Bien qu’à la charge des habitants, ils sont autorisés à peindre et à percer les murs afin de personnaliser leur logement. La grande majorité des locataires se sent bien.

Iconographies 68 et 69 : Relevé photo à Marzy Iconographie 68 : Cuisine d’un T2 Iconographie 69 : Loggias

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Le couple que j’ai rencontré a fait le choix de s’installer il y a un peu plus d’un an. Au départ, un peu réfractaires à l’idée d’être entre anciens, ils se sont adaptés. Aujourd’hui ils sont heureux d’aider les personnes plus en difficulté et de profiter de leur logement qu’ils apprécient beaucoup. (Iconographies 68 et 70)

Iconographies 70 et 71 : Relevé photo à Marzy Iconographie 70 : Séjour d’un T2 approprié Iconographie 71 : Débarras

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A MAINVILLIERS, les espaces coconçus avec l’architecte, sont facilement appropriables pour les habitants. Ils disposent d’un volume important dans leur espace de vie qui s’ouvre sur la vue et développe une grande hauteur sous plafond, pour afficher et décorer à leur guise. (Iconographie 72) Ils ont pu choisir les sols et les peintures qui varient d’un logement à

Iconographie 72 : Séjour au beau volume d’une habitation du projet Tépatouseul approprié

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l’autre. Cette approche « sur mesure » a participé aux liens émotionnels entre les habitants et leur logement. La rupture entre espace nuit et espace de vie permet l’appropriation de ces espaces qui ne multiplient pas les usages : on s’approprie différemment sa chambre de son salon. C’est d’ailleurs pour cela que les ouvertures, les volumes et les ambiances y sont différents. (Iconographies 73 et 74)

Dans les deux projets, les logements sont conçus comme des lieux où l’on peut accueillir dans son espace de vie tout en gardant son espace intime. Cette notion est très importante pour des personnes dont la mobilité diminue et qui ne peuvent pas forcément conserver leur logement en excellent état. Cependant les T1 de MAINVILLIERS ne répondent pas à cet enjeu. Ils sont tout de même appropriables mais cet espace aux multiples usages pourrait rappeler des lieux hospitaliers. Heureusement, tous ont la possibilité d’afficher, de garder leurs meubles et de vivre comme ils l’entendent dans ces espaces non meublés : grande différence avec d’autres résidences médicalisées ou EHPAD. Iconographies 73 et 74 : Iconographie 73 : Bureau personnalisé Iconographie 74 : Cuisine et entrée

PARTIE III - 107



CONCLUSION

Iconographie F : Photo personnelle de la faรงade nord de TEPATOUSEUL


Conclusion

100 : François LAMARRE, Dossier « Architecture du grand âge et de la dépendance », in D’architectures, n°239, octobre 2015, p.65 101 : « Le décret n° 2016-696 du 27 mai 2016 : vise à promouvoir les résidences autonomie dans le panel des différentes formes d’habitat avec services et de renforcer leur rôle en matière de prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées » 102 : CEREMA et le PUCA, « Habitat et vieillissement de la population : des initiatives de logement alternatif au domicile et à l’hébergement institutionnel », 18 novembre 2020, [en ligne], (consulté en décembre 2020) sur https://www.cerema. fr/fr/actualites/habitatvieillissement-populationinitiatives-logement 103 : Idem 102 104 : Idem 100 105 : Observatoire de l’EHPAD KPMG, patrimoinia, janvier 2013, [en ligne] sur http://www. patrimoinorama.com/index.php?option=com_co ntent&task=view&id=73 44&Itemid=29 106 : Michel PLATZER et Béatrice MONNIER, Concevoir et construire un EHPAD Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Paris : Édition Le Moniteur, Collection Concevoir et construire. 2017

110 - Conclusion

Comme je l’ai écrit dans ce mémoire, « il paraît primordial d’envisager la construction de nombreuses structures d’hébergement supplémentaires »*100. La question du bien vieillir devient une problématique incontournable dans notre société, comme le montre la loi ASV *101. Les baby-boomers atteignent aujourd’hui l’âge de la retraite et le nombre de plus de 65 ans risque de continuer d’augmenter dans les années à venir. « Des initiatives de logement alternatif au domicile et à l’hébergement institutionnel » *102, à la croisée de nombreuses disciplines se développent. Leur position urbaine, leur forme, leur aménagement, leurs services et usages ainsi que leur processus de gestion et de conception se diversifient. Aujourd’hui le parc immobilier national adapté est encore en dessous des attentes tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif compte « tenu de la diversité et de l’importance des besoins à venir du fait de la longévité croissante ». *103 « L’EPAHD reste le modèle dominant qui s’impose à tous les acteurs du secteur »*104 Mais « le coût de prise en charge est fortement impacté par les coûts de l’immobilier. Le coût net moyen d’un résident en EPAHD s’établit en moyenne à 89 euros/jour »*105 ce qui est très élevé. Des opérations ponctuelles font pourtant leurs apparitions, j’ai voulu comprendre comment fonctionne précisément une de ces solutions : l’habitat groupé intragénérationnel participatif. En tant que futur praticien, c’est une problématique qui m’est venue naturellement au gré de mes rencontres et de mes recherches sur l’habitat participatif. Car « ces bâtiments évoluent depuis le XIXe siècle moins vite que la société et ses pratiques »*106 et des attentes profondes appellent l’émergence de projets. La comparaison des deux projets, qui se posent comme des alternatives aux établissements conventionnels (TEPATOUSEUL à MAINVILLIERS et LES JARDINS DE BUSSEROLLES à MARZY), permet de faire émerger des réponses. Effectivement, les différences entre un projet « participatif » et un projet « traditionnel » impulsé par un besoin citoyen, sont nombreux malgré des points communs évidents. Des mises en parallèle avec d’autres projets participatifs ainsi que des références d’habitats pour personnes âgées permettent de mieux comprendre de quel type d’alternative il s’agit. Afin de répondre à la question : Comment l’habitat participatif adapté au vieillissement permet-il de conserver le plus longtemps possible autonomie, sociabilité et dignité de la personne ?


Tout d’abord, on a pu voir que l’habitat participatif est un système chronophage et nécessitant l’implication des résidents. Ces derniers initiateurs ou non, font le choix de partager des espaces et des moments de vie avec d’autres personnes, qu’ils connaissent et qu’ils apprécient. Le projet de MAINVILLIERS montre à quel point ce rôle de concepteur et d’autogestionnaire, ainsi que la sensibilisation auprès du public peut enrichir la vie du groupe. Ils sont ainsi soudés et continuent de partager énormément de temps et d’activités. A MARZY aussi, le modèle d’habitats groupés permet de faciliter l’intégration des arrivants dans le groupe mais moins naturellement qu’à MAINVILLIERS. En effet, dans ce cas, les habitants n’ont pas la possibilité de choisir les nouveaux arrivants. La gestion, prise en charge par un organisme extérieur, laisse peu de liberté aux initiatives habitantes concernant l’évolution du groupe et du site. Certains restent donc en retrait par rapport au fonctionnement communautaire. Dans les deux cas, l’objectif est de permettre à l’individu de s’impliquer dans des projets communs qui lui importent. Ils développent des lieux de vie proches de lieux de rencontres, afin de briser la solitude indésirée et d’ entretenir un sentiment d’appartenance. Au vu des deux projets, le processus participatif préalable et les valeurs inhérentes à tous les membres du groupe permettent une cohésion plus importante. Le processus participatif est en quelque sorte un moyen de spécialiser les lieux communs et de les adapter aux futurs usages. Ce processus participatif peut encore être perçu comme un frein pour nos seniors. Il est cependant de plus en plus maîtrisé grâce au développement de pratiques professionnelles tel que l’AMU, l’AMO ainsi que la capitalisation des savoirs qui se met en place entre les habitants de différents projets. D’autres alternatives existent même si elles sont moins participatives comme à MARZY. Cette démarche moins communautaire a l’avantage d’être une solution locative. Chacun peut y vivre comme il le souhaite. Une chose est sûre : sans ces lieux, beaucoup d’habitants n’auraient certainement pas quitté leur ancien domicile. Ils ont tous trouvé un espace répondant à leurs besoins et y ont vu la possibilité de « bien vieillir avec les autres » et de sortir de leur solitude.

Conclusion - 111


107 : CEREMA et le PUCA, « Habitat et vieillissement de la population : des initiatives de logement alternatif au domicile et à l’hébergement institutionnel », 18 novembre 2020, [en ligne], (consulté en décembre 2020) sur https://www.cerema. fr/fr/actualites/habitatvieillissement-populationinitiatives-logement 108 : Idem 107

Ensuite, nous avons vu que les deux projets ont des emplacements similaires. « Entre ville et nature », ils se mettent en place dans des lieux qui sont en mesure de satisfaire un maximum de seniors car leurs situations péri-urbaines entretiennent un rapport au centre-bourg et au centre-ville. Ainsi, « l’ambition est de répondre au mode de vie des seniors, de s’adapter au vieillissement, et d’anticiper ou même prévenir les difficultés en lien avec une éventuelle perte d’autonomie. » *107 Aussi, la diversité d’activités, la richesse des lieux et leurs topographies planes apportent la possibilité à chacun de « bien vieillir dans son corps ». En effet, entourés de chemins, de venelles et d’espaces verts, les projets développent une accessibilité et une mobilité adaptée, tout en gardant à distance les véhicules motorisés, pour plus de sécurité. Ce rapport au sol des projets est pensé à toutes les échelles et permet de prévenir des accidents afin de conserver une activité physique régulière et une autonomie. Les services à domicile et la solidarité entre voisins permettent aussi de conserver une autonomie collective. Les habitants peuvent former des groupes afin de mutualiser, des biens, des services et des dépenses. Cette vision collective répond surtout à la nécessité de vivre ensemble, tout en conservant un espace à soi. Des lieux de croisements sont des supports qui permettent de favoriser les rencontres et les activités entre habitants. Car c’est généralement le sentiment de rejet des actifs, trop occupés par leur rythme de vie, qui est à l’initiative de leur emménagement. Pourtant certains préfèrent la solitude car si elle est choisie, elle peut être bien vécue. Enfin, ces habitats permettent de faire coexister différents usages et différents niveaux d’intimité : des espaces publics, dynamiques jusqu’aux espaces nuit, calmes, à l’abri des regards pour prévenir des troubles du sommeil, conserver pudeur et dignité, en passant par les lieux de croisement qui permettent de créer du lien entre les individus et rompre la solitude, ainsi que des espaces de transition qui sont des lieux de vie intérieurs et extérieurs, souvent appropriables. Ces projets « développent l’habitats accompagné, partagé et inséré dans la vie locale. » *108 Ces logements sont adaptés aux besoins de l’individu ce qui explique l’existence de différents modèles : intergénérationnel, intragénérationnel, médicalisé… Tous jouent un rôle dans la prévention des pathologies liées à l’âge. On voit que ces deux projets proposent des espaces de petite dimension, sans espace servant, facilement aménageables et respectant les normes PMR. Les formes architecturales développent des espaces tampons entre intérieur

112 - Conclusion


et extérieur. Tous les logements disposent d’un jardinet. La capacité à entretenir un logement et ses extérieurs est ainsi facilitée. Les habitants ont un logement complet et non juste une chambre et une salle d’eau avec un réfectoire commun car cela rappellerait trop les lieux hospitaliers et surtout nuirait à l’autonomie et à l’estime de soi. Ils ont un environnement qui leur offre la possibilité de « bien vieillir chez-soi ». A MAINVILLIERS tous ont fait le choix de vivre dans un habitat participatif, alors que ce n’est pas forcément le cas dans une résidence comme à MARZY. Pourtant, dans les deux cas, les espaces partagés sont souvent utilisés et développent des activités. On remarque que ces activités sont plus diversifiées à MARZY qu’à MAINVILLIERS, car le groupe est plus hétérogène. Les loisirs manuels et intellectuels possibles, grâce à l’espace commun favorisent le « bien-vieillir dans sa tête » et ralentissent la venue de certaines pathologies. Ainsi, les projets tentent de développer un équilibre entre ville et nature, entre centre-ville et centre-bourg, entre espaces dynamiques et espaces calmes, entre appropriation et ergonomie afin que ces lieux favorisent le bien-vieillir pour tous. Les mobilités et l’accessibilité aux différents espaces du projet et aux services alentour permettent de conserver de l’autonomie. Les lieux de vie, d’échanges, où il est possible d’accueillir de la famille ou de mettre en place des événements évitent l’isolement. Enfin, les formes architecturales offrent malgré tout des espaces individuels, calmes, privés, qui répondent à la nécessité de conserver sa dignité et donc de se préserver dans son espace. Dans ce mémoire, il me semble que la réponse à la problématique se dessine assez bien, notamment grâce au regard que portent les habitants sur leur logement. Ils mettent en lumière les avantages et les limites de ces lieux. Cela m’a permis de me questionner sur la vieillesse et l’image que je m’en faisais. C’était pour moi l’occasion de comprendre comment accompagner et faciliter le quotidien de nos seniors. A toutes les échelles d’un projet, on peut tenter de répondre à leurs besoins et faire appel à leurs expériences, leur savoir-faire et leurs automatismes afin qu’ils contrent par eux-mêmes les altérations qu’apporte avec elle la vieillesse. Quelques éléments auraient pu me permettre d’approfondir encore plus ce sujet. Mais l’impossibilité de m’entretenir avec certains intervenants, car indisponibles ou aujourd’hui à la retraite, laisse certaines questions en suspens comme le rôle de certains acteurs. Aussi, j’ai pu utiliser mes entretiens, mais je n’ai pas pu réaliser de

Conclusion - 113


109 : « Les caisses de retraite public France et santé public France vous aident à bien vivre votre âge, Bien vieillir articles consultés en ligne novembre 2020 https:// www.pourbienvieillir. fr/conseils-au-quotidien-pour-prevenir-leschutes » 110 :Serges Guérin, « Il est temps de cesser d’opposer le chez-soi aux établissements d’hébergement » [en ligne sur www.lesechos. fr], Journal Les Échos. Paru le 23 mai 2018. (consulté en novembre 2020)

transcriptions écrites qui auraient clarifié la pensée des habitants. Je n’ai pu m’entretenir qu’avec deux résidents à MARZY, cette dimension humaine est pourtant importante, car c’est en la saisissant qu’on comprend qu’il y a autant de réponses à ces enjeux que de seniors. Les attentes de chacun sont différentes. Mais aujourd’hui, ce genre d’habitat est recherché, la réponse de l’habitat groupé intragénérationnel et participatif est une alternative qui fonctionne très bien si elle respecte les principes liés au « bien-vieillir ». « Bien vieillir dans son corps Bien vieillir avec les autres Bien vieillir dans sa tête Bien vieillir chez soi » *109 Ils permettent de conserver autonomie, sociabilité et dignité de la personne. Cependant ces recherches éveillent des questionnements. On constate que de nombreux types d’habitat se posent comme des alternatives aux résidences traditionnelles et permettent de repousser la médicalisation et la prise en charge de nos doyens. S’ajoute un second constat qui tend à montrer que les personnes âgées sont trop peu informées sur ces alternatives et privilégient encore de rester à leur domicile même s’il n’est pas adapté. On peut alors se demander : Est-ce que l’adaptation aux normes PMR d’une habitation offre les mêmes avantages qu’un habitat alternatif adapté au vieillissement ? A quel public conviennent ces solutions ? Comment assurer l’adaptation des logements des seniors qui ne souhaitent pas changer de domicile ? Comment savoir quel type d’habitat convient le mieux à chacun ? Une fois la médicalisation inévitable : Comment faire cohabiter notion de “chez-soi” et dépendance ? ar « il est temps de cesser d’opposer le chez-soi aux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ». *110

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Conclusion - 115



(RES)SOURCES

Iconographie G : Photo personnelle d’un jardin de la rÊsidence de Marzy


Bibliographie

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118 - Bibliographie


Webographie

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Webographie - 119


- NOWIK , Laurent. Habitat intermédiaire et maintien de l’autonomie ? . 2015. ⟨hal-01426310⟩ (consulté en septembre 2020) sur https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01426310 - BERTILLOT Hugo, RAPEGNO Noémie. L’habitat inclusif pour personnes âgées ou handicapées comme problème public. Gérontologie et Société, Caisse nationale d’assurance vieillesse 2019, 41/n°159 (2), pp.117. ⟨10.3917/gs1.159.0117⟩. ⟨hal-02278377⟩ (consulté en octobre 2020) sur https://hal.archives-ouvertes.fr/ hal-02278377 - Malevergne, Éric. « L’habitat des personnes âgées modestes. L’engagement de la fédération des pact et l’évolution des politiques publiques », Gérontologie et société, vol. vol. 34 / 136, no. 1, 2011, pp. 47-60. (consulté en novembre 2020) sur https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1-2011-1-page-47.htm - ARGOUD, Dominique. « De nouvelles formes d’habitat pour personnes âgées : d’hier à aujourd’hui. Du point de vue de la Fondation de France », Gérontologie et société, vol. vol. 29 / 119, no. 4, 2006, pp. 85-92. (consulté en octobre 2020) sur https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1-2006-4-page-85.htm - MORESTIN, Frédéric, et CAUVIN Sandrine. « Personnes âgées et adaptation du logement : présentation, résultats et prospectives du projet et de l’étude SADEER », Gérontologie et société, vol. vol. 34 / 136, no. 1, 2011, pp. 141-155. (consulté en octobre 2020) sur https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1-20111-page-141.htm - BOULMIER, Muriel. « Habitat, territoires et vieillissement : un nouvel apprentissage », Gérontologie et société, vol. vol. 34 / 136, no. 1, 2011, pp. 29-46. (consulté en septembre 2020) sur https://www.cairn.info/ revue-gerontologie-et-societe1-2011-1-page-29.htm - DREYER, Pascal. « Limiter les conséquences de la vieillesse et de la dépendance. Agir sur l’habitat et l’environnement », Gérontologie et société, vol. vol. 31 / 125, no. 2, 2008, pp. 167-184. (consulté en septembre 2020) sur https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1-2008-2-page-167.htm – Tout-Etat vs tout-participatif : hybrider les modèles / Julien Borel, réal. ; Marie-Hélène Contal, présent. ; Grichka Martinetti, Guillaume Relier, Stéphane Cordobès [et al.], particip. Edité par Paris : Cité de l’architecture et du patrimoine , copyright 2016 : https://www.citedelarchitecture.fr/fr/video/tout-etat-vstout-participatif-hybrider-les-modeles , – L’architecture et la démocratie : l’école du futur en expérimentation Captation de la 4e série d’interventions du colloque « Nouvelles richesses » qui a eu lieu le 19 octobre 2016 : https://www.citedelarchitecture.fr/fr/ video/ larchitecture-et-la-democratie-lecole-du-futur-en-experimentation, – RAHP: https://www.rahp.fr/ ( consulté en mai 2020) – ENSACF, « présentation du domaine d’étude Éco-conception des Territoires et Espaces Habités », 2019 – GARCIA, Manon, philosophe, Junior Fellow à la Society of Fellows de Harvard, émission «58 minutes, La situation scandaleuse des vieux dans la société », 22/09/2020, France Culture, (consulté en octobre 2020), sur https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/vieillir-24-la-vieillesse-de-simonede-beauvoir – JAUFFRET, Régis, écrivain, émission « 58 minutes, La vieillesse est-elle un naufrage ? », 23/09/2020, France Culture, (consulté en octobre 2020), https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/ les-chemins-de-la-philosophie-emission-du-mercredi-23-septembre-2020 – ABASTADO, Philippe, cardiologue, émission « 58 minutes, La vieillesse est-elle une maladie ? », 21/09/2020, France Culture, [en ligne], (consulté en octobre 2020), sur https://www.franceculture.fr/emissions/leschemins-de-la-philosophie/les-chemins-de-la-philosophie-emission-du-lundi-21-septembre-2020

120 - Webographie


– GUÉRIN Serges, « Il est temps de cesser d’opposer le chez-soi aux établissements d’hébergement » [en ligne sur www.lesechos. fr], Journal Les Échos. Paru le 23 mai 2018. (consulté en octobre 2020) – OECHSNER, Alice, facilitatrice et membre du réseau RAHP en Région Centre Val de Loire, émission radio FRANCE BLEU BERRY, [en ligne] (consulté en mai 2020) https://www.francebleu.fr/emissions/planb-comme-berry/berry/l-habitat-participatif-en-berry – Eli SEMOUN, « Mon vieux », Film sur LCP / Public Sénat, mercredi 9 décembre 2020 à 20h30 [TV] – INSEE, No 1320, 27/10/2010, (consulté en octobre 2020) sur https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281151 – INSEE, « statistiques et études », par départements, chiffres extraits [en ligne], (consulté en septembre 2020), https://www.insee.fr/fr/statistiques/2011101?geo=DEP-58 et https://www.insee.fr/fr/statistiques/2011101?geo=DEP-28 – COMMUNAGIR, « Prendre des décisions collectives », [en ligne] (consulté en novembre 2020), sur https://communagir.org/contenus-et-outils/comprendre-et-agir/prendre-des-decisions-collectives/ © 2020 COMMUNAGIR Tous droits réservés – GOURDEAU, Pascal, Zécobâtisseurs, Extrait de l’entretien OUEST-FRANCE, 19/01/2018, [en ligne], (consulté en septembre 2020) sur https://www.ouest-france.fr/normandie/verson-14790/habitat-participatif-lexemple-des-zecobatisseurs-5510469 – Récipro-Cité, « Une nouvelle conception du vivre-ensemble », [en ligne] (consulté en novembre 2020) – Récipro-Cité, « Spécialiste de l’habitat intergénérationnel», [en ligne] (consulté en novembre 2020) sur https://www.recipro-cite.com/intergenerationnel/ – ARCHI-ETHIC, « présentation de la maîtrise d’usage de l’agence », [en ligne] (consulté en juin 2020) https://archi-ethic.fr/maitrise-dusage/ – CEREMA et le PUCA, « Habitat et vieillissement de la population : des initiatives de logement alternatif au domicile et à l’hébergement institutionnel », 18 novembre 2020, [en ligne], (consulté en décembre 2020) sur https://www.cerema.fr/fr/actualites/habitat-vieillissement-population-initiatives-logement – France 3 Occitanie, « L’évacuation d’Alain, l’homme de 300 kilos bloqué chez lui à Perpignan depuis un an, est terminée », 01/12/2020, [en ligne], (consulté en décembre 2020) – Le journal du centre, « Les Jardins de Busserolles ont fêté la musique », 27/06/2020, [en ligne], (consulté en septembre 2020) sur https://www.lejdc.fr/marzy-58180/actualites/les-jardins-de-busserolles-ont-fete-lamusique_13805032/ – Mairie de Marzy, « Résidence Les Jardins de Busserolles », [en ligne], (consulté en octobre 2020) sur https:// www.marzy.fr/services/personnes-agees/ – Observatoire de l’EHPAD KPMG, patrimoinia, janvier 2013, [en ligne] sur http://www.patrimoinorama. com/index.php?option=com_content&task=view&id=7344&Itemid=29 – Dirty biology, DBY#19, la sagesse de youtube : https://www.youtube.com/watch?v=xtuh5zTa7mQ – Fouloscope, episode#6, intelligence collective : https://www.youtube.com/watch?v=cWTn73BZs8c

Webographie - 121



ANNEXES

Iconographie H : Photo personnelle et nocturne de la rĂŠsidence de Marzy


Annexes

126

Annexe 1- Anne LABIT

127

Annexe 2- Hal’age

128

Annexe 3- K.O.Y.O.

129

Annexe 4- C.A.U.E. 18

130

Annexe 5- Véronique BIAU

131

Annexe 6- R.A.H.P.

132

Annexe 7- Fédération Habicoop

133

Annexe 8- La Chemiserie à Bourges

134

Annexe 9- Le Hameau patagé à St-Jean-de-Braye

135

Annexe 10- Agence BA-B-o

136

Annexe 11- Eco-quartier les prés à Angers

137

Annexe 12- Les Z’écobatisseurs de Louvigny

138

Annexe 13- Le village vertical de Villeurbanne

124 - Annexes


Annexe 14- ECO’N’HOME à Tours

139

Annexe 15- Récipro-Cité (AMU)

140

Annexe 16- Archi Ethic

141

Annexe 17- Projet émergeant à Humbligny (18)

142

Annexe 18- Atelier d’architecture Ostinato

143

Annexe 19- Beguinage, Maisons du Douaisis

144

Annexe 20- L’ exemple du mémoire de Lorette KLEPPER

145

Annexe 21- L’exemple extrême de : The Villages

146

Annexe 22- CARTON PLEIN-recherche-action vieillir vivant

147

Annexes - 125


‘‘

Annexe 1 Anne LABIT Maîtresse de conférences en Sociologie, Université d’Orléans, IUT de l’Indre Membre de la MSH Val de Loire – UMR CITERES – Equipe CoST Membre du REHAL (Réseau français de recherche sur l’habitat et le logement) - Atelier : « Alternatives de l’habitat » Membre de l’ENHR (European Network of Housing Research) Groupe de travail « Collaborative Housing » Thématique de recherche : Mes recherches concernent les notions de participation, d’autonomie et de solidarité. Originellement développées dans le monde de l’industrie en France et en Allemagne (management participatif, autonomie au travail,…) mes recherches ont ensuite exploré le champ de l’économie sociale et solidaire (ESS), pour se concentrer aujourd’hui sur les nouvelles formes d’habitats, participatives et solidaires, en particulier dans la vieillesse, en France et en Europe. Mots clés : participation et autonomie, citoyenneté et vieillissement, habitat participatif et solidaire, économie sociale et solidaire, innovation et transformation sociales, comparaison internationale

126 - Annexes

‘‘

IMAGE : site de hal’age. http://halage.info/habitat-inclusif-participatif-et-solidaire/ TEXTE : site universitaire citeres. http://citeres.univ-tours.fr/spip.php?article2126


Annexe 2 Hal’age

‘‘

Un chemin pour un Habitat Alternatif dans l’Age - Développe et soutient les démarches d’innovation sociale* au croisement de l’habiter et du vieillir. - propose des ressources, des outils et des espaces de rencontre/échange d’expériences aux porteurs de projets innovants, citoyens et solidaires. L’innovation sociale est une réponse nouvelle à des besoins sociaux non satisfaits, qui implique les personnes concernées, notamment les habitant.e.s, et des acteurs institutionnels et/ou professionnels dans un travail collaboratif Nous nous sommes fixé des objectifs Contribuer au débat public en faisant valoir l’intérêt de la démarche d’innovation sociale au croisement de l’habiter et du vieillir, en collaboration avec nos partenaires européens. Construire l’expertise commune articulant les savoirs citoyens et universitaires. Développer notre réseau pour alimenter nos ressources ( parcours d’habitant.es, voyages d’études, recherche universitaire…) Formaliser une méthodologie de recherche action participative.

Images et Texte : site de Hal’age . http://halage.info/

Annexes - 127

‘‘


‘‘

Annexe 3 K.O.Y.O. KŌYŌ désigne le changement de couleur des feuilles en automne. Les Japonais en ont fait une fête de la contemplation du temps qui passe car le rougeoiement des feuilles, KŌYŌ, rappelle que la vie est éphémère. Notre défi est de considérer la vieillesse comme une évolution naturelle de l’homme et d’en avoir une perception positive. L’esprit KŌYŌ c’est de prendre conscience de son vieillissement. C’est vouloir prendre en main cette nouvelle partie de sa vie et en être l’acteur. C’est cette volonté de garder sa liberté de décider, de faire et d’agir. D’être maître de ses décisions et actes jusqu’au bout. C’est d’accepter de vivre ensemble, tout en préservant son indépendance et autonomie. D’accepter de partager les bons et mauvais moments, dans la solidarité, l’entraide et la bienveillance. Une belle rencontre entre l’association KŌYŌ et l’association HAPPI de Châteauroux. HAPPI est une association qui promeut l’habitat participatif dans l’Indre. HAPPI est un relais sur le terrain et apporte une aide précieuse à l’association KŌYŌ notamment grâce à ses liens avec les partenaires locaux : bailleurs, élus, acteurs du logement…

‘‘

IMAGE : Le projet KOYO est lauréat du premier « Réinventer Rural » à Abbaretz, Loire-Atlantique . http://koyo-asso.fr/ TEXTE : http://koyo-asso.fr/

128 - Annexes


Annexe 4 C.A.U.E. 18

‘‘

Le CAUE 18 (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) a été créé par la loi sur l’architecture n°77-2 du 3 Janvier 1977. Cette loi lui a confié les missions d’information, de sensibilisation, de conseil et de formation. L’objectif est de permettre à tous un accès à une offre de proximité, à la fois pédagogique, technique et culturelle. Ainsi, les CAUE réalisent leurs missions sans contrepartie financière. Aujourd’hui le réseau national (FNCAUE) créé le 2 Juin 1980, regroupe quatre-vingt-treize CAUE. Ils sont constitués en unions régionales, ce qui leur permet de mutualiser leurs ressources pour certains projets.

L’équipe :

Béatrice RENON, directrice, architecte-conseiller Anne LINARD, responsable administrative Bernadette GUEGUEN, chargée d’études et d’aménagement Hélène FOLTIERMAREMBERT paysagiste-conseiller Catherine MAGUIN, architecte-conseiller Nicolas VALADE, architecte-conseiller

TEXTE : issu de mon rapport de stage 2020 IMAGES : croquis de Catherine MAGUIN sur le site du CAUE 18 . http://caue18.fr/conseil-aux-particuliers/

Annexes - 129

‘‘


‘‘

Annexe 5 Véronique BIAU Architecte D.P.L.G., École d’Architecture de Paris-Belleville, 1985 Maîtrise d’urbanisme. Institut d’Urbanisme de l’Université Paris VIII, 1985 Mastère «Management Public et Maîtrise Technique», École Nationale des Ponts et Chaussées, 1990 Doctorat en sociologie, École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2000 Habilitation à diriger les recherches, 2018. Chercheur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La Villette (équipe de recherche LET-LAVUE). Co-responsable scientifique du réseau RAMAU Thématique de recherche : Ses travaux portent sur les processus et les acteurs intervenant sur la conception et la production des espaces architecturaux et urbains : transformation des pratiques professionnelles des architectes, les architectes et la question de la notoriété, organisation de la maîtrise d’œuvre et attribution des marchés publics en Europe, partenariats public/privé en GrandeBretagne, rôle des architectes dans l’habitat participatif, les urbanistes et la définition d’une identité professionnelle partagée.

‘‘

IMAGE et TEXTE : site du LET, Laboratoire Espace Travail (ENSAPV) . https://www.let.archi.fr/spip.php?auteur1050

130 - Annexes


M7 -CONSTRUCTION PARTICIPATIVE M8 -PERENNITE DE LA GESTION M9 -CAPACITATION HABITANTE M10 -DIVERSITE SOCIALE M11 - ENVIRONNEMENTAL M12 - ACCESSIBILITE M13 - ADAPTABILITE / EVOLUTIVITE M14 - ANCRAGE TERRITORIAL M15 - TRANSMISSION DES PRATIQUES

Chaq critè référ sous

Annexe 6 R.A.H.P.

M2 GOUVERNANCE Intensité

‘‘

Exem

Pour accompagner la Le mise en œuvre de projets, les résum Pas d'information, ni de gouvernance collective. «Les acteurs professionnels de l’habitat avaie participatif mettent l’humain profe au centre de leur réflexion afin Information sur les modalités de prise de décision et tous. recours régulier au vote à la majorité ; réunions dirigées de garantir la maîtrise du projet par un tiers. pren par les groupes de citoyens. Ils chac jouent le rôle de facilitateur et de nir u UELS NIVEAUX DE PARTICIPATION DES HABITANTS ? collective coordinateur entre les groupes de QUELS NIVEAUX DE PARTICIPATION DESetHABITANTS ? de prise Gouvernance définition des règles par t De l’autopromotion au locatif social... chaque d’ouvrage définit ses objectifs. que de décision. Pasmaîtrise d'animation systématique par un tiers. Encore faut-ilété e l’autopromotion au locatif social... maîtrise d’ouvrage définit ses objectifs. Encore faut-il que citoyens décideurs et chaque les partenaires QUELS NIVEAUX DE PARTICIPATION DES HABITANT les méthodes utilisées pour concrétiser le projet d'habitat participatif soient adaptées à ces objectifs. i De l’autopromotion au locatif social... chaque maîtrise d’ouvrage défin s méthodes utilisées pour concrétiser le projet participatif soient adaptées objectifs. Led'habitat référentiel offre une évaluation simple et synthétique à quices l'atteste (cf. les trois exemples suivants). tique (collectivités /aménageurs/ bailleurs les méthodes utilisées pour concrétiser le projet d'habitat participatif référentiel offre/une évaluation simple et synthétique qui l'atteste (cf. les trois exemples Le référentiel offre une suivants). évaluation simple et synthétique qui l'atteste (c financeurs / juristes...). Habitat différent, Angers (17 logements, ESH Immobilière Podeliha) Ev Gouvernance collective au consentement. Ils assistent les habitants Un habitat participatif en locatif social de plus de 30 ans avec une dynamique collectiveImplication toujours aussi puissante. Habitat différent, Angers (17 logements, ESH Immo occasionnelle des membres dans des commissions Un habitat participatif en locatif social de plus de 30 ans avec une dynamique sur les différent, différentesAngers thématiques à thématiques pour élaborer les propositions. Habitat (17 logements, ESH Immobilière Podeliha) Un habitat participatif en locatif social plus deet 30des ans avec une dynamique collective toujours aussi puissante. traiter : traduction desdebesoins UN attentes, faisabilité architecturale, Gouvernance collective au consentement. Implication montage juridique et financier, de tous dans les groupes ou commissions thématiques Nous questions réglementaires, assistance (pour approfondir les sujets et élaborer des propositions soumises au consentement du groupe). com à la coopération et la gouvernance des m etc. lités L’objectif de leur mission est d’aider à Pour créer les conditions de la démocratie Abricoop, d’habitants Toulouse (17 )logements, coopérative Abricoop, Toulouse (17 logements, coopérative favor Une participation des habitants et une solidarité très aboutie sur quasi Une participation des habitants et une solidarité très aboutie sur quasiment tous les marqueurs. participative et d’apporter leur capit expérience et leur savoir-faire pour tion aboutir à la concrétisation du projet jour d’habitat. lopp pour Né en 2010, pour mettre 3 enAbricoop, lien lesToulouse professionnels de (17 logements, coopérative d’habitants ) Une participation des habitants et l’accompagnement deune solidarité projets très aboutie sur quasiment tous les marqueurs. d’habitat participatif, les représenter, faire reconnaître ce métier et ClémenCité, Montpellier (21 logements avec Promologis) Grâc obtient 4 points supplémentaires dans son évaluation BDM et augmente promouvoir l’Habitat participatifClémenCité, Montpellier (21 logements avec Promologis) Grâce à son évaluation REPHP le projet sous toutes ses formes, le Réseau obtient 4 points supplémentaires dans son évaluation BDM et augmente son niveau de subvention. National des
 Acteurs Professionnels de l’Habitat Participatif (RAHP) rassemble aujourd’hui une vingtaine de structures professionnelles spécialisées, associations ou sociétés. Marqueur 1 - FINALITES PARTAGEES

Marqueur 14 - TRANSMISSION DES PRATIQUES

4

Marqueur 4 - PROGRAMATION

1

MarqueurPARTICIPATIVE 12 - ADAPTABILITE / EVOLUTIVITE

0,5

0

Marqueur 5 - CONCEPTION PARTICIPATIVE AVEC LA MOE Marqueur 11 - ACCESSIBILITE

Marqueur 11 - ACCESSIBILITE

3

Marqueur 3 - MUTUALISATION

2,5

Marqueur 10 - EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE ET COÛT GLOBAL

2

1,5

Marqueur 12 - ADAPTABILITE / EVOLUTIVITE

Marqueur 13 - ANCRAGE TERRITORIAL DE L'HABITAT

1,5

Marqueur 2 - GOUVERNANCE

3,5

Marqueur 13 - ANCRAGE TERRITORIAL DE L'HABITAT

PRATIQUES Marqueur 3 - MUTUALISATION

2

Marqueur 12 - ADAPTABILITE / EVOLUTIVITE

4

Marqueur 14 - TRANSMISSION

3

2,5

Marqueur 1 - FINALITES PARTAGEES

Marqueur 14 - TRANSMISSION DES PRATIQUES

Marqueur 2 - GOUVERNANCE

3,5

Marqueur 13 - ANCRAGE TERRITORIAL DE L'HABITAT

Marqueur 6 - CONSTRUCTION Marqueur 10 - EMPREINTE PARTICIPATIVE ENVIRONNEMENTALE ET COÛT GLOBAL

Marqueur 7 - PERENNITE de la GESTION collective Marqueur 9 - DIVERSITE SOC

Marqueur 9 - DIVERSITE SOCIALE

Marqueur 4 - PROGRAMATION Marqueur 8 - CAPACITATION HABITANTE PARTICIPATIVE

1

0,5

0

Marqueur 5 - CONCEPTION PARTICIPATIVE AVEC LA MOE

Marqueur 11 - ACCESSIBILITE

Marqueur 10 - EMPREINTE ENVIRONNEMENTALEMarqueur ET COÛT GLOBAL 1 - FINALITES PARTAGEES

Marqueur 14 - TRANSMISSION DES Marqueur PRATIQUES

2,5

2

Marqueur 2 - GOUVERNANCE

2

Marqueur 3 - MUTUALISATION Marqueur 8 - CAPACITATION HABITANTE

1,5

Marqueur 12 - ADAPTABILITE / EVOLUTIVITE

1,5

Marqueur 12 - ADAPTABILITE / EVOLUTIVITE

4

3,5 Marqueur 7 - PERENNITE de la GESTION Marqueur 2 - GOUVERNANCE 3 9 - DIVERSITE SOCIALE Marqueur 13 - ANCRAGE TERRITORIAL DE 3,5 collective Marqueur 3 - MUTUALISATION 2,5 L'HABITAT

3

Marqueur 13 - ANCRAGE TERRITORIAL DE L'HABITAT

Marqueur CONSTRUCTION Marqueur 16- -FINALITES PARTAGEES PARTICIPATIVE

Marqueur 14 - TRANSMISSION DES PRATIQUES

4

1

0,5

Marqueur 4 - PROGRAMATION PARTICIPATIVE

1

0,5

Marqueur 4 - PROGRAMATION PARTICIPATIVE

0

Marqueur 5 - CONCEPTION PARTICIPATIVE AVEC LA MOE

Marqueur 11 - ACCESSIBILITE

0

Marqueur 5 - CONCEPTION Marqueur 10 -MOE EMPREINTE PARTICIPATIVE AVEC LA

Marqueur 11 - ACCESSIBILITE

Marqueur 6 - CONSTRUCTION PARTICIPATIVE

ENVIRONNEMENTALE ET COÛT GLOBAL

Marqueur 7 - PERENNITE de la GESTION collective

Marqueur 9 - DIVERSITE SOCIALE

4

3,5

3

ueur 13 - ANCRAGE TERRITORIAL DE L'HABITAT

2,5

Marqueur 8 - CAPACITATION HABITANTE

Marqueur 8 - CAPACITATION HABITANTE

Marqueur 1 - FINALITES PARTAGEES

Marqueur 14 - TRANSMISSION DES PRATIQUES

Marqueur 7 - PERENNITE de la GESTION collective

Marqueur 9 - DIVERSITE SOCIALE Marqueur 6 - CONSTRUCTION PARTICIPATIVE

Marqueur 10 - EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE ET COÛT GLOBAL

Marqueur 2 - GOUVERNANCE

Marqueur 3 - MUTUALISATION

Marqueur 14 - TRANSMISS PRATIQUES

2

1,5

Marqueur 12 - ADAPTABILITE / EVOLUTIVITE

Marqueur 1 - FINALITES PARTAGEES

Marqueur 4 - PROGRAMATION PARTICIPATIVE

1

0,5

Marqueur 14 - TRANSMISSION DES PRATIQUES

Marqueur 5 - CONCEPTION PARTICIPATIVE AVEC LA MOE

Marqueur 11 - ACCESSIBILITE

4

3,5

Marqueur 2 - GOUVERNANCE Marqueur 12 - ADAPTABILITE / EVOLUTIVITE

3

Marqueur 13 - ANCRAGE TERRITORIAL DE L'HABITAT

0

Marqueur 3 - MUTUALISATION

2,5

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Marqueur 11 - ACCESSIBILITE

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Marqueur 12 - ADAPTABILITE / EVOLUTIVITE

Marqueur 4 - PROGRAMATION PARTICIPATIVE

1

Marqueur 10 - EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE ET COÛT GLOB

0,5

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Marqueur 10 - EMPREINTE VIRONNEMENTALE ET COÛT GLOBAL

Marqueur 6 - CONSTRUCTION PARTICIPATIVE

Marqueur 9 - DIVERSITE SOCIALE

9 - DIVERSITE S Marqueur 5 - Marqueur CONCEPTION PARTICIPATIVE AVEC LA MOE

Marqueur 11 - ACCESSIBILITE

Marqueur 7 - PERENNITE de la GESTION collective

Marqueur 10 - EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE ET COÛT GLOBAL Marqueur 9 - DIVERSITE SOCIALE

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Marqueur 8 - CAPACITATION HABITANTE

Marqueur 13 - ANCRAGE TERRITORIAL D L'HABITAT

Marqueur 6 - CONSTRUCTION PARTICIPATIVE Marqueur 7 - PERENNITE de la GESTION collective

OUTIL ÉLABORÉ PAR LESetACTEURS DE L’HABITA IMAGES : Référentiel de RAHP mis UN en place comme outil d’analyse de méthode Le REPHP est le fruit d’un groupe de travail composé de membres de file:///C:/Users/Media/AppData/Local/Temp/190109%20Referentiel%20de%20l’Habitat%20Participatif_v5_web.pdf nale du mouvement citoyen et du RAHP, le réseau national des accomp TEXTEune : issue du site RAHP https://www.rahp.fr/ quinzaine de de projets et validé par ces deux instances, il est aujo OUTIL ÉLABORÉ Grâce PAR LES ACTEURS L’HABITAT version miseDE en licence commune CC-BY-ND pour favoriser sa large di ClémenCité, Montpellier (21 logementsUN avec Promologis) à son évaluation REPHP le projet PARTICIPATIF Le REPHP est le fruit d’un groupe de travail composé de membres de la Coordin’action, association natioL’équipe concepteurs peut être contactée à contact.REPHP@gmail obtient 4 points supplémentaires dans son évaluation BDM et augmente son niveau de des subvention. nale du mouvement citoyen et du RAHP, le réseau national des accompagnateurs professionnels. Testé sur Marqueur 8 - CAPACITATION HABITANTE

BONNE une quinzaine de projets et validé par ces deux PARTICIPATION instances, il est! aujourd’hui publié- dans Annexes 131 une première version mise en licence commune CC-BY-ND pour favoriser sa large diffusion. Marqueur 1 - FINALITES PARTAGEES

L’équipe des concepteurs peut être contactée à contact.REPHP@gmail.com. 4 Marqueur 14 - TRANSMISSION DES PRATIQUES

3,5

Marqueur 2 - GOUVERNANCE


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Annexe 7 Fédération Habicoop Issue d’un mouvement citoyen qui a vu le jour en 2006, Habicoop, désormais Fédération Française des Coopératives d’Habitants, a pour vocation de : représenter les coopératives d’habitants auprès des pouvoirs publics; négocier et conclure des accords avec toute organisation partenaire faire reconnaître la fonction d’utilité sociale et l’intérêt général de la coopérative d’habitants constituer puis administrer des outils et des moyens financiers contribuant à la sécurité et au développement des structures adhérentes mener des actions de préventions des difficultés financières et économiques des structures adhérentes rechercher et participer à la mise en œuvre de solutions aux situations anormales constatées réaliser des études et la mise en œuvre d’actions tendant au développement financier et

technique des coopératives d’habitants mutualiser les informations afin de faciliter la création et la réussite de nouveaux projets; contribuer à lutter contre la spéculation immobilière répondre aux besoins des coopératives d’habitants et des associations de préfiguration, en lien avec les structures régionales qui lui sont affiliées soutenir le développement des structures régionales; consulter tous les mouvements coopératifs, ainsi que les partenaires des mouvements participatifs tant sur le plan national qu’international informer et coordonner ses membres.

132 - Annexes

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IMAGES : sur http://www.habicoop.fr . photo de OLYMPUS DIGITAL CAMERA TEXTE : présentation de la fédération sur le site http://www.habicoop.fr


Annexe 8 La Chemiserie à Bourges

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L’habitat participatif de la Chemiserie, rue Charlet à Bourges, réalisé en 1978 par Christian GIMONET naît de l’initiative de trois couples issus de la région parisienne qui nourrissaient le désir de vivre côte à côte. Bien qu’amis d’enfance, ils souhaitent avoir une indépendance, comprenant jardins et logements individuels. Des locaux et un jardin développent un espace commun d’échanges et de partages. Le projet mis en place transforme l’ancienne usine textiles en huit appartements au style hétéroclite. Les pièces communes sont nombreuses et permettent de multiples usages qui ont été déterminé par le groupe et qui inclut : une grande salle hors sac (salle de jeux, salle des fêtes, salle de réunion, salle associative pour le quartier), des chambres d’amis, une laverie, un grenier, un atelier et un garage à vélos. Ces nombreuses commodités offrent aux habitants de multiples possibilités et élargissent leur domaine personnel.

TEXTE : réalisé durant mon stage au CAUE IMAGE : réalisée durant mon stage au CAUE

Annexes - 133

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Annexe 9 Le Hameau Partagé à St-Jean-de-Braye L’association a été créée en janvier 2014 par un groupe d’habitants désireux de se lancer dans un projet d’habitat participatif sur Saint Jean de Braye. A l’origine du projet en 2014, nous ne nous connaissions pas. A l’initiative de la mairie, en partenariat avec le bailleur social orléanais France Loire et avec l’aide d’accompagnateurs nous avons appris à travailler et décider ensemble. De 8 familles au départ, la vie nous a apporté départs et arrivées .Nous sommes maintenant 16, candidats locataires ou futurs accédants couvrant une large palette d’âges et de situations. Nous avons tous des parcours différents, mais nous avons en commun le désir de vouloir transmettre qu’une autre façon d’habiter et de vivre ensemble est possible, dans le respect de la planète qui nous rappelle à l’ordre,et d’un mode de vie qui n’exclut pas la joie de vivre bien au contraire. Les 35 logements, répartis dans 2 bâtiments de 3 étages et 4 maisons individuelles, ont été conçus entièrement accessibles (intérieur, circulations, ascenseur) pour accueillir 12 accédants et 19

locataires. Les maisons individuelles sont prévues pour des familles avec enfants. Comme dans tous les habitats participatifs, nous aurons des espaces communs partagés : buanderie/séchoir, chambre d’amis, atelier et une salle commune en ossature/isolation bois pour se retrouver entre nous et avec nos voisins.

134 - Annexes

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IMAGE : tirée du groupe facebook du hameau partagé. https://www.facebook.com/lehameaupartage/ TEXTE : publié sur le site du groupe. https://hameaupartage.jimdofree.com/


Annexe 10 Agence BA-B-o

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Depuis 1999, notre agence d’architecture et d’urbanisme accompagne les maîtres d’ouvrages publics et privés dans leurs projets en respectant une démarche bioclimatique et environnementale innovante. En avril 2015, forts d’une collaboration de plus de 10 années, les 3 associés s’unissent en Société Coopérative Ouvrière Participative d’architecture et fondent la SCOP B-A-Bo pour promouvoir une architecture raisonnée. Notre volonté est de construire des édifices respectueux de leur environnement et consommant peu d’énergie (avant, pendant et après la mise en service) : nous sommes adeptes de la frugalité heureuse dans l’acte de construire et d’habiter. Nos projets emploient avec soin le foncier et les ressources locales ; ils sont généreux envers leur territoire et attentifs à leurs usagers, sans jamais sacrifier au confort. A travers les échanges et la concertation avec le client, nous concevons et construisons des bâtiments « faciles à vivre » au quotidien, répondant aux attentes des occupants quant à leur fonctionnalité et évolution. Palmarès 2010 de la construction bois en Région Centre-Val de Loire Palmarès Arbocentre 2014 – catégorie performance énergétique Palmarès 2017 et 2019 Envirobat Centre des constructions bio-sourcées Trophée des constructions bois 2018 FRANCIL’BOIS IMAGE : photo du projet «Tutoyer les cimes» . http://b-a-bo.fr/agence TEXTE : issu du site de BA-B-o . http://b-a-bo.fr/agence

Annexes - 135

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Annexe 11 Eco-quartier les Prés à Angers En 2005, quelques Angevins tenaces croient en la possibilité de vivre, en ville, une vie harmonieuse avec ses voisins et avec la nature. En 2008, ils créent l’association « Ecoquartier Les Prés » pour mener à bien la construction d’un « écoquartier » : un ensemble d’habitations bioclimatiques en matériaux sains sur la Plateau des Capucins à Angers, permettant d’intégrer une mixité sociale, et où chacun vit chez lui dans un esprit de convivialité, d’attention à l’autre et de partage. L’association vise également à aider et accompagner les adhérents dans la réflexion sur leur projet d’habitation, à animer et organiser la vie sociale dans l’écoquartier, et à promouvoir la création d’autres initiatives similaires. Après un processus de sélection, l’architecte proposé par l’association est agréé par Le Val de Loire. Une première construction débouche sur trois bâtiments de 2 à 5 niveaux : un ensemble de 41 logements locatifs, livré en 2012. La résidence « Les Prés-Sud », pour les adhérents de l’association, est livrée en 2013. Elle est composée d’une vingtaine de logements en accession à propriété, du T2 au T4, et de locaux au service de tous.

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TEXTE : présentation du projet sur le site de l’institut des territoires coopératifs. https://instercoop.fr/ecoquartier-pres-angers/ IMAGE : site de l’écoquartier. https://ecoquartierlespres.wordpress.com/category/projet/

136 - Annexes


Annexe 12 Les Z’écobatisseurs de Louvigny

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Les Z’Ecobatisseurs Nature du projet: Les motivations des membres de l’association portent d’abord sur l’envie de construire de manière saine et écologique, à tous les stades du projet. Ce qui implique, dans les grandes lignes, un certain nombre d’exigences de départ qui seront tenues tout au long de la réalisation du projet et durant la période de construction. La démarche se veut pleinement respectueuse des principes du développement soutenable pour la planète, les espèces (être humains compris) et cultures qui l’habitent. Elle peut s’exprimer pleinement au regard donc des 3 piliers du développement durable : pilier environnemental ; un projet d’écoconstruction exemplaire, pilier social ; un projet collectif dans une démarche d’économie solidaire, pilier économique ; une recherche d’accessibilité basée sur la promotion d’une économie locale. Les matériaux locaux sont privilégiés, comme les bois de pays et à de la paille biologique récoltée en région. La construction est conçue selon les principes bioclimatiques applicables sur le site (utilisation maximale de l’énergie solaire passive, protection côté nord, casquettes au sud), ceci afin de limiter, ou de supprimer l’usage des énergies d’origine fossile et fissile.

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IMAGE : http://ecozac.louvigny.free.fr TEXTE : publié le dimanche 8 novembre 2009 http://ecozac.louvigny.free.fr/dotclear/index.php?pages/Nature-du-projet

Annexes - 137


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Annexe 13 Le Village Vertical de Villeurbanne Initié à l’automne 2005, le Village Vertical s’est concrétisé en juin 2013 avec l’emménagement de 14 ménages, coopérateurs de notre SAS coopérative à capital variable, créée en décembre 2010. Quatorze ménages d’horizons divers, qui travaillent ensemble à l’avancée du projet. Tous, sauf un, sont sous les plafonds du logement social. Les villageois verticaux disposent chacun d’un logement dans l’immeuble écologique qu’ils ont conçu, mutualisent certains espaces et moyens, pour créer de véritables solidarités de voisinage, dans un projet à taille humaine alliant convivialité, responsabilité, économies, entraide, écologie et démocratie. Nous sommes collectivement l’unique propriétaire de notre immeuble, et chaque ménage loue son logement, dans le cadre d’une gestion démocratique interdisant toute spéculation et tout profit. Nos premiers partenaires sont l’association Habicoop et la coopérative HLM Rhône Saône Habitat. Avec eux, nous avons en particulier le soutien de la ville de Villeurbanne, du Grand Lyon, du Conseil Général, de la région Rhône-Alpes.

138 - Annexes

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TEXTE : issu de https://www.village-vertical.org/ IMAGE : issue de https://www.village-vertical.org/


Annexe 14 Eco’N’Home à Tours

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Situé en bordure de la ZAC Monconseil à Tours Nord, le projet vient tout naturellement répondre au cahier des charges de l’Ecoquartier. Le projet doit s’integrer en milieu urbain ; Pour cela, il doit avoir une facade sur rue en coherence avec le reste du quartier tout en affirmant son identite fortement marque par la presence du bois. Les ambitions des 6 maitres d’ouvrages se traduisent ainsi : - un habitat compact, performant passif, sain, ecologique et perenne - un habitat aux surfaces habitables raisonnees : ne construire que l’essentiel et partager certains espaces en leur donnant la capacite de remplir de multiples fonctions. - un prix de revient final raisonnable et un habitat a la carte afin de favoriser la mixite sociale et intergenerationnelle Des objectifs communs ont rassemble et federe es le depart les porteurs de projet, sont toujours presents a l’arrivee et se traduisent sur le plan architecturale, fonctionnel et sur le mode constructif. Dans l’objectif de reduire au maximum les consommations d’energies primaires et de ressources non renouvelables, une attention a ete porte sur le recours a la construction bois, aux materiaux biosources et l’absence de chauffage central conventionnel. L’empreinte carbone de la construction finale est proche de zero ; L’orientation du projet Nord/Sud ayant grandement favorise l’approche bioclimatique.

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Texte : publié sur le site de la coopérative oasis. https://www.basededonnees-habitatparticipatif-oasis.fr/?EcoNHome#menu3 Image : Réalisée durant ma visite du site et mon stage au CAUE

Annexes - 139


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Annexe 15 Récipro-Cité (AMU) Récipro-Cité est une société d’ingénierie du vivre-ensemble, spécialiste de la mixité intergénérationnelle dans l’habitat et les territoires. Tout est parti d’un triple constat : le délitement du lien social, le vieillissement de la population et sa paupérisation. En s’inspirant d’un modèle développé en Europe du Nord, Serge Le Boulch a créé en 2011 l’entreprise Récipro-Cité pour susciter plus de solidarité dans les immeubles. « L’habitat de demain n’est pas seulement une affaire de construction ou de rénovation urbaine, mais aussi et surtout de liens humains », martèle cet entrepreneur. Il a fondé, avec le bailleur social S­ollar, l’association Chers Voisins pour impulser ce « meilleur vivre-ensemble ». Sur tous les lieux où elle intervient, ­ Récipro-Cité rencontre individuellement les habitants, à l’écoute de leurs besoins et de leurs envies, pour instaurer une relation de confiance. Puis elle leur propose à tous un plan d’actions. Et c’est ensuite lors de soirées thématiques que de petits groupes commencent à se former. 3 axes : Intergénérationnel Habitat participatif Logement abordable

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TEXTE : tiré d’un article du Monde : https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2017/04/07/recipro-cite-pour-que-logement-social-rime-avec-lien-social_5107368_4811534.html IMAGE : tirée du site de récipro-cité . https://www.recipro-cite.com/actualites/un-tiers-lieu-en-milieu-rural/

140 - Annexes


Annexe 16 Archi-Ethic

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La coopérative d’architecture ArchiEthic participe à la transition vers une ville durable et partagée, aux cotés de ses acteurs. Nous faisons le pari d’une architecture habitée et de lieux du vivre-ensemble, pour répondre aux défis contemporains. Nous promouvons une architecture humble, inscrite dans son tissu et soucieuse de son environnement. Notre approche est guidée par la recherche d’une qualité d’usage, intégrée à la conception urbaine, architecturale et technique. Cette architecture est le support d’une ville inclusive, accompagnant les diversités et favorable aux appropriations. Dès lors, les projets proposent une approche sobre du développement durable, fondée sur une expérience des modes constructifs sains et bioclimatiques. Ils recourent à des systèmes appréhendables, au profit de la simplicité et du confort d’usage. ArchiEthic s’appuie sur une pratique concrète de l’acte de bâtir, en construction neuve et en réhabilitation, auprès de maîtrises d’ouvrage exigeantes. Les méthodes partenariales et coopératives de projet permettent de dégager des perspectives soutenables et soucieuses de la durabilité des projets dans des contextes de projets contraints. Cette activité s’accompagne d’expérimentations régulières, et d’une transmission universitaire, pour des processus de projet renouvelés, mobilisant des équipes pluridisciplinaires. Ces nouvelles pratiques professionnelles recherchent l’établissement d’un dialogue entre les acteurs du projet, maîtrise d’ouvrage, élus, usagers ou constructeurs, pour des projets adaptés et innovants.

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Image : AMU, Maison Commune-Coopérative d’habitants-Ivry/Seine. https://archi-ethic.fr/portfolio/maitrise-dusage_ci-mci/ Texte : présentation de la coopérative. https://archi-ethic.fr/

Annexes - 141


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Annexe 17 Projet émergeant à Humbligny (18) En 2017, le restaurant de Morogues, Au Grès des Ouches, s’apprêtait à fermer définitivement ses portes. C’était sans compter sur la volonté d’un petit groupe de personnes, très actives dans le milieu associatif, réunies au sein de l’association La Maison des Vies Locales. Ensemble, ils rachètent le fonds de commerce et redonnent vie à l’établissement en le transformant en tiers-lieu. « Ce tiers-lieu finalement est l’aboutissement de treize ans de pratiques associatives, coopératives et entrepreneuriales, explique Loul Mengual, coordinatrice du tierslieu. Il y a eu l’envie et le besoin d’avoir un lieu où rassembler toutes ces énergies. » Restaurant, épicerie, espace de cotravail… Et cela s’est concrétisé au printemps 2018. Au Grès des Ouches rouvrait ses portes et allait proposer un espace de vie, alors à part dans le secteur. Et puisque l’essence du tiers-lieu réside dans la création de lien social et l’apport des services à la population, Au Grès des Ouches a multiplié, depuis plus de deux ans, les initiatives. Et l’association ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Un réseau sur plusieurs sites se mets en place sur Morogue et Humbligny.

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TEXTE : tiré d’un article du Berry Républicain 05/11/2020 - https://www.leberry.fr/morogues-18220/actualites/a-moroguesle-tiers-lieu-au-gres-des-ouches-deborde-d-idees_13870345/ IMAGE : prise durant ma visite dans le cadre de mon stage

142 - Annexes


Annexe 18 Atelier d’architecture Ostinato

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Agence située à Chartres et composée d’une équipe de 13 personnes. Ostinato : «Élément mélodique ou rythmique plus ou moins court se répétant périodiquement et «obstinément», cependant que d’autres éléments (voix superposées, rythmes simultanés, etc.) se modifient simultanément.» Ostinato est fondé en 2004 en s’appuyant sur cette métaphore musicale de résilience et d’obstination qui sous-tend le projet architectural de sa genèse à sa réalisation. Ostinato c’est l’équilibre de la singularité et de l’holistique, de la nouveauté et de l’expérience au service du projet architectural. Nous accompagnons les maîtres d’ouvrage quels qu’ils soient, des prémisses de leurs envies et de leurs besoins jusqu’à leur aboutissement en intégrant tous les processus transversaux appuyant la création et l’acte de bâtir.

Image : Logements collectifs, Place Clemenceau, Chartres. https://ostinato.eu/projets/place-clemenceau/ Programme : Logements collectifs Texte : présentation de l’agence. https://ostinato.eu/agence/

Annexes - 143

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Annexe 19 Beguinage, Maisons du Douaisis Les béguinages sont des logements non soumis à autorisation sanitaire et/ou sociale. Ils relèvent du parc locatif de bailleurs sociaux. Ils se caractérisent par un habitat ou de plain-pied ou en immeubles collectifs et sont caractérisés par leurs aménagements adaptés aux déplacements des personnes vieillissantes : absence de marches à l’entrée de l’habitation, présence de barre de relevage dans les sanitaires, douche au sol… Ces béguinages peuvent bénéficier de la présence d’une maîtresse de maison qui veille au bien-être des locataires et qui propose, l’aprèsmidi des animations dans une salle de convivialité prévue à cet effet. Les béguinages sont situés en Centre Ville à proximité des commerces, des administrations. Certains lotissements ont leurs accès protégés par des portails d’entrée. Le loyer comporte, le cas échéant le salaire de la maîtresse de maison. A cette somme s’ajoutent les charges habituelles (eau, électricité, gaz, assurance…) selon les ressources des locataires, possibilité de bénéficier de l’Allocation Logement ou de l’Aide Personnalisée au Logement. Les personnes âgées sont dans leur maison et choisissent de recourir ou non à des services de portage de repas à domicile, d’aide ménagère, d’aide à domicile, de téléalarme, de SSIAD, de HAD s’ils le souhaitent.

144 - Annexes

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TEXTE : tiré du site de clic du douaisis. http://clic-douaisis.fr/geronto-guide/habitat/les-beguinages/ IMAGE : tirée du site de tous voisins. https://www.tousvoisins.fr/ferin/immobilier/neuf/maison


Annexe 20 Extrait du mémoire de Lorette KLEPPER

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L’ADOPTION D’UN MODÈLE D’HABITAT POUR UN HÉBERGEMENT HOSPITALIER - Lorette KLEPPER - Le cas de l’EHPAD « Les Terrasses de Bellevue » à Saint-Doulchard VERS UNE ARCHITECTURE ADAPTÉE AU VIEILLISSEMENT EN MILIEU URBAIN ET PÉRIURBAIN- Lorette KLEPPER

A consulté à l’ENSACF

LE CAS DE L'EHPAD LES TERRASSES DE BELLEVUE À SAINTLe cas de L’ehpad « Les Terrasses de BeLLevue » DOULCHARD ET DE LA RÉSIDENCE INTERGÉNÉRATIONNELLE sainT-douLchard COCOON'AGES À àCLERMONT-FERRAND

Lorette KLEPPER Lorette KLEPPER ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE CLERMONT-FERRAND ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE CLERMONT-FERRAND DOMAINE D’ÉTUDES ECO CONCEPTION DES TERRITOIRES ET ESPACES HABITÉS 2018-2019 DOMAINE D’ÉTUDES ECO CONCEPTION DES TERRITOIRES ET ESPACES HABITÉS 2018-2019

4 5

7 « Les Terrasses »

« Les Eglantines » « Les Tilleuls »

Architecte : François Paccard

Actuellement : accueillent 240 résidents moyennement dépendants

Actuellement : accueille 82 résidents moyennement dépendants

2004

Architecte : Frédéric Blatter

1997

1987

&

1994 1995

Lancement du programme SEPIA : Secteur expérimental pour la programmation innovante de l’habitat des personnes âgées

Apparition des cantous : premiers lieux d’hébergement dont le modèle se rapproche du domicile

Rapport Laroque : condamne l’hospice et prône le maintien à domicile 1962

1977

Premières maisons de retraite publiques 1958

1971

Premières actions politiques concernant l’hébergement des personnes âgées : création des premiers foyers-logements 1954

1932

1851

Distinction entre hôpital et hospice : prise en compte des personnes âgées en tant qu’individus

MOTS CLÉS : VIEILLISSEMENT - HABITER - EHPAD - HÉBERGEMENT - PERSONNES ÂGÉES - ÉCO-HAMEAU - ECOQUARTIER - INTIMITÉ INTERGÉNÉRATIONNEL - MILIEU PÉRI-URBAIN ET URBAIN MOTS CLÉS : HABITER - HABITAT - EHPAD - HÉBERGEMENT - PERSONNES ÂGÉES - ÉCO-HAMEAU - CHEZ-SOI Mémoire encadré par Amélie FLAMAND, Rémi LAPORTE, Shahram ABADIE et Jean Louis COUTAREL dans le cadre du séminaire du domaine d’études EcoMémoire encadré par Amélie FLAMAND, Rémi LAPORTE, Shahram ABADIE conception territoiresdans et espaces et Jean Louisdes COUTAREL le cadrehabités. du séminaire du domaine d’études Ecoconception des territoires et espaces habités. ANNÉE UNIVERSITAIRE 2018-2019 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2018-2019 École Nationale Supérieure École NationaledeSupérieure d’Architecture Clermont-Fd d’Architecture de Clermont-Fd 85 Rue du Docteur Bousquet 85 Rue du Docteur Bousquet 63000 CLERMONT-FERRAND 63000 CLERMONT-FERRAND

Vers une architecture L’adoption d’un modèle adaptée au Vieillissement d’habitat pour un en milieu urbain et Hébergement hospitalier périurbain

1989

Habiter un Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes, est-ce possible ? Face aux enjeux contemporains du vieillissement la population, et de la difficulté les personnes Habiter undeÉtablissement d’Hébergement pourpour Personnes Âgées âgées de se est-ce projeter dans un médicalisé,et lieu de vie Dépendantes, possible ? Deétablissement nombreux sociologues architectes parfois choisi, souvent l’adoption d’un peut-il se sont déjà penchés sursubi, la question. Face auxmodèle enjeuxd’habitat contemporains s’avérer pertinent ? du vieillissement de la population, et de la difficulté pour les personnes Partager lieu dans de vie d’autres médicalisé, générationslieu peutvieillissantes de seson projeter un avec établissement de il répondre à l’enjeu de subi, l’isolement et de la modèle perte d’autonomie des vie parfois choisi, souvent l’adoption d’un d’habitat peut-il personnes vieillissantes milieu urbain peut-il ? L’habitat intergénérationnel s’avérer pertinent ? En en quelles mesures favoriser la possibilité, constitue-t-il une solution adaptée modes d’habiter pour les personnes âgées,d’hébergement d’habiter ce lieu de vieaux particulier ? Quels des personnes ? enjeux une telleâgées conception soulève-t-elle ? Face à ces questions, l’analyse d’un Établissement d’Hébergement pour Personnes Dépendantes d’une résidence intergénérationnelle À travers Âgées l’analyse de deux etÉtablissements d’Hébergement pour sociale nous permettra d’évaluer le rôle majeur de l’architecture face Personnes Âgées Dépendantes, nous tenterons d’évaluer la pertinence à l’enjeu du vieillissement de la population dans des contextes variés. de l’adoption d’un modèle d’habitat, se traduisant spatialement sous la forme d’un «éco-hameau», pour la conception de tels lieux de vie.

« Les Terrasses »

Premiers bâtiments de la Maison

1 de retraite de Bellevue

2 « La Roseraie »

3 « Les Géraniums »

6 « Les Fontaines d’Emeraude »

Architecte : inconnu

Architectes : Michel Pinon et JeanClaude Ferret

Architecte : inconnu

Architecte : Frédéric Blatter

Actuellement : accueille les locaux administratifs, de services, une blanchisseraie, une cuisine, un accueil de jour, une chapelle

Actuellement : accueille 74 personnes autonomes dont le maintien à domicile n’est plus souhaité par le résident

Actuellement : accueille 96 résidents très dépendants

Actuellement : accueille 121 résidents atteints de la maladie d’Alzheimer

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27 - PARTIE 1

FIGURE 2 Frise chronologique des constructions des Résidences de Bellevue (cas d'études en haut, autre bâtiments en bas) et de l’évolution des politiques de logements pour personnes âgées Production personnelle d’après : http://www.lesresidencesdebellevue.fr/

IMAGES : Tirée du document pdf fourni par Lorette (couverture et page 28) INTRODUCTION - 28

Annexes - 145


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Annexe 21 L’exemple extrême de : «The Villages» En 1972, Harold Schwartz achète plusieurs hectares de pâturages et de champs de pastèque. Il transforme le site en une communauté de mobile homes appelée Orange Blossom Gardens. Dans les années 1980, le fils de Schwartz H. Gary Morse reprend l’activité : il choisit de construire des maisons à la place des mobile homes et d’offrir des activités gratuites aux résidents, comme un accès aux parcours de golf. The Villages devient une communauté fermée pour retraités de plus de 55 ans. Les enfants n’y sont pas acceptés plus de trois semaines. Pour ces raisons, la communauté est considérée comme la première du genre, où est opérée une ségrégation fondée sur l’âge The Villages est pendant plusieurs années l’une des régions métropolitaines les plus croissantes du pays, grâce à l’afflux de retraités. Sa population passe ainsi de 8 300 résidents en 2000 à plus de 66 000 en 2017. Sa région métropolitaine — qui correspond au comté de Sumter — compte quant à elle environ 125 000 habitants En 2017, The Villages — dont le slogan est « du golf gratuit à vie » — compte 36 terrains de golf ; la voiturette de golf est le principal moyen de déplacement. On y dénombre également plus de 2 500 clubs pour retraités.

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IMAGES : retiring in florida. https://squaredawayblog.bc.edu/squared-away/retiring-in-florida-the-villages-vs-reality/ http://blog.eragrizzard.com/hometalk/the-villages-5-surprising-facts-about-one-of-the-best-places-to-live-and-retire-in-florida TEXTE : tiré de wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Villages

146 - Annexes


Annexe 22 CARTON PLEIN-recherche-action vieillir vivant Vieillir vivant ! souhaite créer un réseau actif collaboratif pluridisciplinaire et inter-générationnel autour du vieillissement. Vieillir vivant ! c’est la nécessité d’aller écouter, mettre en valeur et renforcer les initiatives citoyennes portées par et pour nos aînés. Vieillir vivant ! c’est pour nous la nécessité de relier nos histoires de vie à une problématique de société qui mérite d’être saisie à bras le corps et en responsabilité partagée. Pendant 3 ans, Carton Plein impulse une recherche-action sur le vieillissement dans des territoires hétérogènes en s’appuyant sur un réseau de complices ancrés localement. L’ambition est d’explorer ces territoires sous la forme de résidences pluridisciplinaires à bord du CUBE, un camping-car atypique, qui essaiment des expérimentations. Nous pensons que cette recherche en mouvement, qui s’appuie sur des besoins identifiés avec les complices locaux et en lien avec nos ainés, peut inspirer les personnes croisées en chemin pour ouvrir des possibles et nourrir les imaginaires, mais aussi impacter les politiques publiques. Au delà, la création du média Canal Vieux et la construction d’un événement public d’envergure La Belle Fin permettront de porter ce sujet sur la place publique.

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CALENDRIER

LES PRÉALABLES

Temps de rencontre avec l’équipe de la Communauté de communes > Comprendre les enjeux, > Ajuster la méthodologie et préciser le planning, > Aborder les questions pratiques, > Récupérer des ressources (documents sur le territoire, archives…), >Visiter les lieux supports et les principaux acteurs ressources.

MISSION REPÉRAGES

3 mobylettes + 3 regards : sociologie, design, cinéma

TOURNÉE EN CUBE

> Prendre la mesure du territoire : usages, matérialités, ambiances, enjeux… > Repérer les aménités de l’espace public, les lieux du vivre ensemble, les repères des ados, les points de rendez-vous des plus vieux, > Interroger les uns pour mieux rencontrer les autres (jeunes/vieux), > Rencontrer des habitants, des passants, créer des espaces de discussion.

Avec notre camping car psychédélique, ses 5 pensionnaires, ses complices locaux, ses outils multimédias nous sillonnons la Communauté de communes : temps de rencontre libres, ateliers multimédias, investissement de lieux insolites, visites des lieux de vie, visites décalées, recueil de récits, écoutes sonores… Cette première résidence mettra au coeur les jeunes / vieux ! Pendant la semaine, un atelier spécifique (2 jours) est imaginé avec les adolescents animé par un binôme d’intervenants. Les adolescents nous racontent, et partent en enquête avec nous sur le territoire pour capter des pépites. En partant, on donne aux jeunes rencontrés la mission d’aller interroger d’autres jeunes, mais aussi des plus anciens. On leur donne rendez-vous pour la suite : le SuperMédia ?

Temps forts : On termine par un/des rendez-vous au bistrot pour présenter nos captations et échanger à bâton rompu !

LE LANCEMENT OFFICIEL > Rencontre avec nos interlocuteurs de la Communauté de Communes (+ partenaires), > Rencontre avec les associations, les structures socio-culturelles, les établissements scolaires.. pour comprendre les dynamiques, les projets et les manques, > Échanges à partir de nos premiers ressenties. Productions : > Cartographies collaboratives > Carnet d’adresses > Diagnostic sensible Temps forts : Un apéro autour d’une exposition minute Présentation de la Tournée en CUBE à venir + choix des itinéraires et stops

Productions : > Performances avec nos univers décalés (OVNI, office de voyage, colporteurs…) > Films > Photographies > Créations sonores > Cartographies sensibles > Dessins Missives 3D Le fil rouge, ce sont les correspondances, numériques mais pas seulement ! Il s’agit d’imaginer un espace de production collective de récits et d’imaginaires, traces de nos immersions sur les territoires.

OCTOBRE : TOURNÉE EN CUBE, IMAGES DE L’ÂGE

BONS VOEUX

2 jours pour un premier bilan > Annonce de la programmation à venir > Présentation/Lancement de l’atelier SuperMedia Productions : > Carnet d’adresses > Atelier échange

AVRIL SUPERMÉDIA #2 Un binôme composé de deux regards différents permet de mener un travail de fond sur la perception du territoire et la cohabitation des publics, la place des aînés.

Comment se représenter jeune vieux ? On propose d’inviter tous nos réseaux, et les complices du territoire pour un grand temps d’exploration, pour interroger la manière dont on représente les jeunes, les vieux ; on déterre les clichés on se réarme pour la suite du projet Vieillir vivant ! Ce laboratoire fait venir des gens de tous horizons, leur fait découvrir le territoire et ses habitants. Un hôtel éphémère chez l’habitant permet de créer du lien entre ceux d’ici et d’ailleurs, si possible en choyant celui ou celle qui accueille pour que les rencontres adviennent ! Là encore les jeunes ne sont pas perdus. Ils sont guides, ils sont producteurs d’images, ils sont publics actifs. Ils reviennent ? Poursuivront-ils l’atelier média ? Amorce ici avec le SuperMédia #4 ?

IMAGE ANIMÉES : prises de vues et montage (par exemple)

MARS SUPERMÉDIA #1 Un binôme composé de deux regards différents permet de mener un travail de fond, de sensibiliser, former et créer avec les jeunes des représentations et récits du territoire. Chaque temps sur place est dessiné sur mesure avec un groupe en particulier, plusieurs, selon l’intérêt. Ici CARTES POSTALES SONORES : sons + dessins (par exemple)

MAI : TOURNÉE EN CUBE PLACE AUX JEUNES VIEUX ! et AUX VIEUX JEUNES Rendez-vous autour de la matière collectée mais aussi programmation de films sur le CUBE, dans un/des villages choisis et volontaires, écoutes sonores dans des lieux, temps d’échange de débat, un vrai événement qui s’insère dans la vie locale. On sillonne le territoire mais cette fois avec toute cette matière vive recueillie aussi sur d’autres territoires/ des ailleurs…. On a repéré les lieux où intervenir, on imagine des ateliers, des soirées, des temps de production. On invite bien sur les ados pour un SuperMédia #3 spécial, ouvert à tous où l’on présente les productions !

NOVEMBRE SUPERMÉDIA #5 Entre cela, un binôme composé de deux regards différents permet de mener un travail de fond sur la perception du territoire et la cohabitation des publics : c’est quoi vieillir ? La place des aînés ? PHOTOS QUI PARLENT : photographie + écriture (par exemple)

La suite s’écrira en cheminant et avec vous et les acteurs du territoire ! Forcément des rêves des envies des possibles, des rencontres auront émergé. Nos outils restent les mêmes mais peuvent se déployer autrement. La possibilité d’autres commandes connexes permet de voir advenir des projets collaboratifs In situ. >Des invitations, des correspondances avec d’autres gens, d’autres territoires? >Des interventions diffuses et subtiles dans l’espace public ? >Des performances dans l’espace public, >Un temps fort sur la place des vieux porté par les ados ? >Un temps fort sur les ados créé avec des plus vieux ? >Imaginer ensemble la transformation des services publics dans une perspective intergénérationnelle et inclusive, >La pérennisation d’un hypermédia local, >Des labos pour transformer les lieux de vie du vieillissement >Outiller un débat politique et trouver des solutions pour les problèmes des âges >Archiver nos productions, leur donner forme dans un vrai film ? un vrai livre ?

LA BELLE FIN

Cette fois c’est nous qui vous invitons ?! On vous embarque (et les acteurs du territoires intéressés) avec nous rencontrer d’autres territoires que nos complices et ami.es auront découvert, parcouru , réinventé ! On imagine ensemble construire des territoires solidaires pour Vieillir vivant, et comment l’urbanisme culturel à sa place au centre de tout cela.

Nos fondamentaux : #espace public #création artistique #in situ #multimédia #expérimentation #horizontalité #sensible #coopération #décalage

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IMAGES etTEXTE : tirés du document de présentation du collectif et disponible sur : www.valdedrome.com › publications informations sur : http://www.carton-plein.org/index.php/vieillir-vivantes/

Annexes - 147




MOTS CLÉS : PROCESSUS - HABITAT PARTICIPATIF - COMMUN GERONTOLOGIE - CHEZ SOI - AUTONOMIE Mémoire encadré par Amélie FLAMAND, Bénédicte CHALJUB et Rémi LAPORTE dans le cadre du séminaire du domaine d’études Eco-conception des territoires et espaces habités. ANNÉE UNIVERSITAIRE 2020-2021 École Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont-Fd 85 Rue du Docteur Bousquet 63000 CLERMONT-FERRAND

HABITATS ALTERNATIFS ADAPTES AU VIEILLISSEMENT - une réponse «participative» - Hugo TREHONDAT

Ce mémoire est l’occasion d’approcher des problématiques importantes pour notre pratique future. Le vieillissement de la population et l’adaptation du parc immobilier me semblent au coeur d’enjeux nationaux importants, notamment dans les territoires «en marge». L’émergence de processus alternatifs, dit participatifs, développent un nouveau dialogue entre architecte et usagers et semblent amorcer quelques réponses. L’intérêt est de savoir si ce processus permet de construire mieux pour nos séniors en incluant les dimensions gérontologique, sociale, culturelle, environnementale... et de répondre à la problématique : Comment l’habitat participatif adapté au vieillissement permetil de conserver le plus longtemps possible autonomie, sociabilité et dignité de la personne ?


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