La production d’énergie hydroélectrique au Québec et l’environnement | Décembre 2020

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La production d’énergie hydroélectrique au Québec et l’environnement Revue des connaissances scientifiques et des mesures d’atténuation des impacts environnementaux et comparaison avec d’autres filières énergétiques Décembre 2020


Photos de la couverture En haut à gauche : Vue aérienne de la centrale de la Romaine-2 En haut à droite : Paysage de la Baie-James En bas à gauche : Pêche traditionnelle à l’épuisette au cisco aux rapides de Smokey Hill sur la Rupert


La production d’énergie hydroélectrique au Québec et l’environnement REVUE DES CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES ET DES MESURES D’ATTÉNUATION DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX ET COMPARAISON AVEC D’AUTRES FILIÈRES ÉNERGÉTIQUES

Hydro-Québec Décembre 2020


Référence à citer WSP. 2020. La production d’énergie hydroélectrique au Québec et l’environnement. Préparé pour Hydro-Québec. Montréal, Hydro-Québec. 232 p.

ÉQUIPE DE RÉALISATION HYDRO-QUÉBEC Directrice de projet Sylvie Racine Parquet de transactions énergétiques

Chargé de projet – Environnement Pierre Vaillancourt, B. Sc. Géographie (Université du Québec à Chicoutimi) et M. A. Géographie (Université Laval)

Conseillers en environnement Christian Turpin, B. Sc. Biochimie (Université de Moncton) et DESS Gestion – développement durable (HEC Montréal) Mylène Levasseur, Ph. D. Sciences de la Terre (Institut national de la recherche scientifique – Centre Eau Terre Environnement) Alexandre Beauchemin, M. Sc. Environnement (Université du Québec à Montréal) Stéphane Lapointe, M. Sc. Biologie (Université du Québec à Montréal) Jean-Christophe Guay, M. Sc. Biologie aquatique (Université de Montréal) Carine Durocher, B. Sc. Anthropologie (Université de Montréal) Robert Lussier, B. Sc. Anthropologie et M. Sc. Urbanisme (Université de Montréal) Alain Tremblay, Ph. D. Sciences de l’environnement (Université du Québec à Montréal) François Bilodeau, M. Sc. Chimie (Institut national de la recherche scientifique – Centre Eau Terre Environnement)

Conseiller – Relations avec les autochtones Réal Courcelles, M. Sc. Biologie (Université Laval), M. A. Enseignement (Université de Montréal) et MBA (HEC Montréal)

WSP CANADA Directeur de projet Louis Belzile, B. Sc. Biologie (Université Laval)

Chargée de projet Marie Clément, Ph. D. Zoologie (Université de Guelph, Ontario)

Conseiller spécial Michel Bérubé, M. Sc. Biologie (Université McGill)

Collaborateurs à la rédaction Bernard Massicotte, M. Sc. Biologie (Université Laval) Marie-Ève Martin, M. Sc. Urbanisme (Université de Montréal)

Christian Couette, B. A. Géographie (Université Laval) et MBA (Université Laval) Mathieu Cyr, MBA (Université Laval) Roger Schetagne, B. Sc. Biologie (Université du Québec à Montréal) Jean Therrien, B. Sc. Biologie (Université Laval)

Révision et traduction – version française Claude Bédard, trad. a. Valérie Palacio-Quintin, trad. a.

Karine Neumann, M. Sc. Anthropologie (Université de Montréal) Hélène Desnoyers, M. A. Études québécoises (Université du Québec à Trois-Rivières) François Quinty, M. A. Géographie (Université Laval) Patrice Lafrance, M. Sc. Sciences de l’eau (Institut national de la recherche scientifique – Centre Eau Terre Environnement) Mélanie Lévesque, M. Sc. Océanographie (Université du Québec à Rimouski) Jean Deshaye, M. Sc. Biogéographie (Université Laval) Rémi Duhamel, M. Sc. Biologie des organismes et des populations (Université d’Orléans, France) Marc Gauthier, Ph. D. Biologie (Université de Sherbrooke) Christine Martineau, M. Sc. Biologie (Université Laval) Gino Beauchamp, M. Sc. Géomorphologie (Université de Montréal)

Le présent rapport a été préparé à la demande d’Hydro-Québec conformément au mandat qu’elle a confié à WSP Canada. Aucune copie en tout ou en partie de ce rapport ne peut être réalisée par un tiers sans le consentement explicite d’Hydro-Québec.


Sommaire Forte d’une longue expérience dans la construction et l’exploitation d’infrastructures hydroélectriques, Hydro-Québec produit d’importants volumes d’électricité à faible empreinte carbone afin de répondre à la demande d’énergie propre au Québec ainsi que dans les marchés voisins. L’hydroélectricité du Québec a des particularités qui la positionnent favorablement par rapport à d’autres sources de production hydroélectrique ; elle présente par ailleurs une performance environnementale comparable à celle d’autres filières d’énergie renouvelable. Grâce aux traits spécifiques de l’environnement dans lequel elle aménage ses ouvrages ainsi qu’à l’évolution continuelle de ses connaissances et de son expertise, Hydro-Québec est bien placée pour déployer des mesures d’atténuation et de compensation efficaces afin de réduire ou de maîtriser les impacts environnementaux et humains de son parc hydroélectrique. Dans le présent rapport, Hydro-Québec entend exposer des arguments factuels concernant l’hydroélectricité du Québec, en s’appuyant sur la science et sur les résultats de programmes de surveillance de conformité environnementale rigoureux menés au cours des dernières décennies. Le lecteur y trouvera aussi les informations les plus récentes qui confirment l’efficacité des nombreuses mesures d’atténuation mises en place par Hydro-Québec. Jamais l’entreprise n’a publié un bilan environnemental aussi complet. Les faits présentés dans ce document amènent à conclure que les grands aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec se comparent avantageusement à d’autres filières énergétiques dites propres. Ce rapport présente plus précisément les éléments suivants : • un aperçu d’Hydro-Québec (chapitre 2) et le contexte géographique des grands aménagements hydroélectriques du Québec (chapitre 3) ; • le cadre juridique et réglementaire appliqué à ces aménagements (chapitre 4) ; • la philosophie et les politiques d’Hydro-Québec en matière d’environnement et de développement durable (chapitre 5) ; • une revue des connaissances acquises par Hydro-Québec depuis près de 50 ans sur les impacts environne­ mentaux de ses aménagements hydroélectriques et la démonstration de l’efficacité de ses mesures d’atténuation et de compensation (chapitre 6 pour plus de renseignements et annexe B pour une comparaison des impacts génériques soulevés et des impacts réels observés) ; l’exposé adopte un format de questions et réponses ; • les résultats des plus récentes études qui comparent la performance environnementale de différentes sources d’énergie selon une analyse du cycle de vie (chapitre 7) ; cette méthode d’analyse quantifie les impacts environne­ mentaux d’un produit ou service sur la totalité de son cycle de vie : depuis l’extraction des ressources naturelles servant à la fabrication des composantes du produit ou du service jusqu’à son élimination finale (y compris les étapes de réutilisation et de recyclage, le cas échéant), en passant par la fabrication, l’assemblage, l’emballage, la distribution, la consommation et l’utilisation du produit ou service.

Hydro-Québec et la prise en compte de l’environnement et des aspects socioéconomiques L’environnement, au même titre que les aspects socioéconomiques, est une priorité à Hydro-Québec. Il est pris en compte à toutes les étapes d’un projet, et ce, dans une perspective de développement durable. En outre, l’élaboration des projets hydroélectriques s’appuie sur une analyse environnementale rigoureuse, en conformité avec les exigences légales imposées par deux paliers de gouvernement (provincial et fédéral). Plusieurs projets hydro­élec­triques font par ailleurs l’objet d’ententes avec les collectivités locales, notamment les communautés autochtones.

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En plus de se conformer aux lois et règlements en vigueur, l’entreprise est proactive en matière d’environnement et d’acceptabilité sociale. À cet égard, on peut rappeler ce qui suit : • Hydro-Québec souscrit aux principes du développement durable par ses politiques et encadrements. De ce fait, elle demeure extrêmement respectueuse de l’environnement. • Hydro-Québec s’impose trois conditions de base pour les projets ayant un impact significatif, suivant ses politiques et ses encadrements internes (plus de détails sur ces principes sont fournis à l’annexe A) : – ils doivent être acceptables du point de vue de l’environnement et du développement durable ; – ils doivent être accueillis favorablement par les communautés locales ; – ils doivent être rentables à la lumière des conditions du marché. • En 1975, le gouvernement du Québec, le gouvernement du Canada, Hydro-Québec ainsi que les Cris et les Inuits du Québec, notamment, ont signé un traité prévoyant la réalisation d’un projet hydroélectrique d’envergure. La Convention de la Baie-James et du Nord québécois, avant-gardiste pour son époque, accordait aux nations crie et inuite des droits exclusifs de chasse, de pêche et de piégeage sur le territoire, des indemnisations financières et le financement de certains services, et prévoyait diverses mesures d’atténuation. Cette convention établissait aussi un régime d’évaluation environnementale spécifique prévoyant la participation des Cris et des Inuits aux différentes étapes du processus, ainsi qu’un programme de sécurité du revenu pour les chasseurs et les piégeurs afin de les aider à poursuivre leurs activités traditionnelles. • Hydro-Québec s’est dotée en 1984 d’une politique environnementale visant à affirmer sa responsabilité en matière de protection et de mise en valeur des ressources naturelles, ce qui lui vaut d’être considérée comme un précurseur par ses pairs. • En 1985, Hydro-Québec a mis sur pied une fonction Affaires amérindiennes et Inuit visant l’accueil favorable et l’intégration de ses projets et de ses activités au sein des communautés autochtones locales. Afin de cristalliser une pratique en place depuis plusieurs décennies, l’entreprise a adopté une politique en matière de relations avec les autochtones en 2019. • Hydro-Québec accorde une importance particulière à la réalisation d’études d’impact détaillées et sectorielles qui respectent les normes méthodologiques et scientifiques les plus exigeantes. Les données recueillies au fil du temps revêtent un caractère instructif indéniable et profitent à l’ensemble de la communauté scientifique canadienne et internationale. Elles ont fait l’objet de nombreuses publications dans des revues scientifiques de haut calibre. Hydro-Québec assure également une grande présence à divers colloques et conférences à l’occasion desquels ses spécialistes présentent les résultats des programmes de suivi environnemental associés à ses projets. • Dans le cadre des études d’impact qu’elle a réalisées depuis plusieurs décennies, Hydro-Québec a acquis une masse d’information impressionnante sur les composantes physiques, biologiques et humaines de l’environnement, notamment en milieu boréal. L’entreprise met ces connaissances à contribution afin de raffiner la prévision des impacts des nouveaux projets hydroélectriques et d’élaborer des mesures d’atténuation et de compensation efficaces.

L’hydroélectricité : une énergie propre, renouvelable et fiable À l’échelle mondiale, Hydro-Québec est sans doute l’une des entreprises qui a le plus étudié les mécanismes de formation des gaz à effet de serre (GES) des réservoirs et qui a le plus mesuré les émissions de GES des aménagements hydroélectriques. L’entreprise soutient la recherche et collabore avec plusieurs universités canadiennes depuis plus de 25 ans. Son programme de mesure et de suivi des GES des réservoirs et des milieux naturels environnants lui a permis de recueillir plus de 500 000 données sur le terrain et a fait l’objet de centaines de publications et de conférences scientifiques dans le monde. Lorsqu’on la compare aux autres formes d’énergie sur la base d’une analyse de cycle de vie complet, l’hydroélectricité québécoise ressort comme l’une des plus performantes sur le plan des émissions de GES, principalement le dioxyde de carbone et le méthane. En effet, les émissions de GES des centrales hydroélectriques à réservoir (17 g éq. CO2 /kWh) d’Hydro-Québec sont principalement associées à la création du réservoir (ennoiement des terres) et se comparent avantageusement à celles des filières énergétiques dites propres. Étant donné la température très froide de l’eau, le fort taux d’oxygénation et la quantité relativement réduite de matière organique en suspension observés dans les lacs en milieu boréal, les réservoirs d’Hydro-Québec émettent très peu de méthane. C’est la raison pour laquelle les émissions de GES des centrales hydroélectriques québécoises sont nettement inférieures à celles des centrales thermiques (de 620 à 879 g éq. CO2 /kWh) et sont du même ordre de grandeur que iv

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celles des installations nucléaires, éoliennes et marémotrices (de 3 à 14 g éq. CO2 /kWh ; CIRAIG, 2014). Qui plus est, les émissions de GES de la grande hydraulique sont plus faibles que celles de nombreuses filières comme l’houlomotrice, le solaire, le géothermique, la biomasse et le biogaz (de 22 à 247 g éq. CO2 /kWh). Sur la base de six autres indicateurs d’impacts environnementaux de l’analyse de cycle de vie (destruction de la couche d’ozone, acidification, eutrophisation, toxicité humaine, oxydation photochimique [smog] et épuisement des ressources), la production hydroélectrique d’Hydro-Québec se classe parmi les meilleures filières énergétiques du fait de sa faible utilisation de ressources pendant la phase de production et de la longévité de ses installations. Bref, la filière hydraulique québécoise permet la production d’une grande quantité d’énergie1, tout en ayant une très bonne performance environnementale globale. L’hydroélectricité des centrales à réservoir a aussi l’avantage d’être fiable, constante et prévisible ; il s’agit en fait d’une des rares sources d’énergie propre et renouvelable qu’on puisse utiliser en complément des sources d’énergie renouvelable intermittentes. Les réseaux électriques modernes doivent maintenir un équilibre constant entre la production et la consommation d’énergie. Plusieurs stratégies de décarbonation misent beaucoup sur des filières intermittentes comme l’éolien et le solaire, qui nécessitent un stockage supplémentaire pour fournir de l’énergie sur demande. Grâce aux réservoirs, qui agissent efficacement comme des accumulateurs d’énergie, l’hydroélectricité est en mesure de combler les besoins en énergie durant les périodes où la production d’énergie éolienne ou solaire est basse ou nulle. Autrement dit, l’énergie emmagasinée dans les réservoirs peut jouer un rôle crucial dans le maintien constant de l’équilibre entre l’offre et la demande.

L’hydroélectricité québécoise : des impacts connus et maîtrisés Toutes les filières de production d’énergie ont leurs impacts ; après plusieurs décennies d’études et de suivis environ­­ne­mentaux, Hydro-Québec peut affirmer qu’elle comprend et maîtrise les impacts environnementaux liés à ses aménagements hydroélectriques. Bien que les projets hydroélectriques entraînent des changements physiques dans l’environnement (décrits en détail au chapitre 6), les évaluations d’impact peuvent prévoir les effets de ces changements sur le milieu biophysique et le milieu humain avec une assez bonne exactitude. Ainsi, certains de ces changements peuvent être évités à l’étape de la conception du projet. D’autres, comme l’ennoiement des terres, les modifications du paysage et les changements dans la structure des communautés de poissons, peuvent être atténués, corrigés ou compensés au moyen de mesures appropriées. Certes, la mise en eau d’un réservoir nécessite l’ennoiement de superficies terrestres ; mais un nouvel environnement aquatique est ainsi créé, avec des caractéristiques physiques – comme la température et la qualité de l’eau – favorables à divers organismes de tous les niveaux trophiques (phytoplancton, zooplancton, benthos, poissons, oiseaux aquatiques et mammifères semi-aquatiques). En fait, les réservoirs jouissent d’une richesse d’espèces et d’une productivité biologique comparables à celles du milieu biophysique avoisinant. Les réservoirs boréaux constituent des écosystèmes aquatiques viables et productifs qui fournissent les habitats et les ressources alimentaires nécessaires pour entretenir des communautés biologiques diversifiées. Les espèces qui fréquentent ces habitats sont capables de s’y adapter et de les utiliser pour compléter leur cycle de vie et maintenir leur population. Les suivis environnementaux en aval de barrages montrent aussi que les mesures d’atténuation et de compensation préservent les communautés aquatiques et leur développement, sauvegardent les qualités paysagères et maintiennent l’utilisation de ces secteurs par les communautés locales. En particulier, depuis le début des années 2000, ces mesures comprennent l’établissement d’un régime de débits réservés écologiques adapté au cycle de vie des espèces les plus prisées par les communautés locales, par exemple dans les rivières Rupert et Romaine. On peut mentionner d’autres types de mesures : l’imposition de règles de gestion aux centrales hydroélectriques afin d’atténuer les fluctuations de débit, l’aménagement d’aires de fraie et d’élevage pour les poissons, l’ensemencement avec des espèces de poissons valorisées, la construction de seuils pour maintenir les niveaux d’eau dans les segments de rivière où le débit a été réduit, la construction de passes à poissons et la stabilisation des berges sensibles à l’érosion.

1. Les 62 centrales hydroélectriques d’Hydro-Québec totalisent une puissance installée de près de 37 000 MW. LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

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Les suivis dans les zones estuariennes et côtières montrent que, malgré les nouvelles conditions physiques créées par l’exploitation des installations hydroélectriques, les communautés d’organismes aquatiques s’adaptent au nouveau régime et un nouvel équilibre se met en place. Ainsi, les communautés locales peuvent continuer de récolter les ressources fauniques dans ces secteurs. Pour ce qui est du milieu terrestre, la mise en eau des réservoirs entraîne la perte ou la modification de certains habitats, d’où un impact sur les espèces de mammifères et d’oiseaux qui les fréquentent. Cependant, à moyen et à long termes, ces populations s’adaptent à ces changements et colonisent les habitats voisins des réservoirs. En outre, les nombreuses mesures d’atténuation adoptées par Hydro-Québec pour protéger et restaurer les milieux terrestres et riverains – et parfois pour en aménager de nouveaux – ont démontré leur efficacité pour réduire l’impact des aménagements hydroélectriques. Par exemple, l’entreprise effectue des travaux de maîtrise de la végétation pour dégager les rives et stimuler le processus de reforestation, construit des digues le long des baies afin de maintenir les niveaux d’eau et de préserver les conditions propices à la végétation riveraine, sème des espèces végétales herbacées, transforme les sites désaffectés en marais et marécages, construit des abris pour les petits animaux et installe des plateformes de nidification pour les oiseaux. Certains impacts, comme l’augmentation temporaire de la teneur en mercure de la chair des poissons des réservoirs, sont plus difficiles à atténuer. Cependant, en plus de 40 années d’études, ni Hydro-Québec ni aucune agence de santé publique n’a relevé dans les communautés locales le moindre cas d’intoxication au mercure lié à la consommation de poissons pêchés dans ses réservoirs. Les teneurs en mercure peuvent être plus élevées chez les poissons des réservoirs que chez ceux des lacs environnants pendant les premières années suivant la mise en eau ; toutefois, elles reviennent graduellement à la normale (lacs naturels environnants) après un certain nombre d’années. Hydro-Québec ne peut guère empêcher l’augmentation du niveau de mercure dans ses réservoirs, mais elle prend toutes les mesures voulues pour réduire au minimum les risques pour la santé humaine et pour bien informer les autorités locales de la santé publique à ce sujet.

Hydro-Québec et la prise en compte des collectivités locales Dans l’aménagement de ses projets hydroélectriques, Hydro-Québec s’applique à tenir compte de l’utilisation du territoire par les populations locales. Depuis la construction du complexe Bersimis en 1953, premier chantier d’Hydro-Québec éloigné des grands centres, aucun de ses projets d’aménagement hydroélectrique n’a exigé la relocalisation forcée de localités. Les projets hydroélectriques d’Hydro-Québec nécessitent parfois le déplacement ou le démantèlement de constructions comme des camps de piégeage, des chalets ou des abris sommaires utilisés à des fins récréatives. À cet égard, un accueil favorable du projet par les populations locales est un critère essentiel pour Hydro-Québec (voir la section 5.3), et l’entreprise se conforme à des pratiques exemplaires pour indemniser les propriétaires pour ces pertes ou ces déplacements. Afin de maximiser l’acceptabilité de tous ses projets d’aménagement chez les communautés d’accueil, Hydro-Québec met en œuvre un processus de participation du public adapté aux besoins des communautés concernées. Sur la centaine et plus de plans d’eau gérés par Hydro-Québec, presque tous sont utilisés à des fins récréotouristiques. La proportion est toutefois moindre dans le Nord québécois, en raison d’un faible peuplement et d’un climat moins propice aux activités récréatives. L’entreprise tient compte de ces activités dans la gestion des niveaux d’eau dans ses réservoirs. Déterminée à trouver l’équilibre optimal entre les besoins de production d’énergie et ceux des utilisateurs du territoire, Hydro-Québec conclut des ententes avec les communautés d’accueil et collabore avec les autorités locales (municipalités régionales de comté, villes, associations locales, etc.) afin que les régions touchées puissent bénéficier de retombées économiques locales et régionales. Ces ententes décrivent la nature du projet et énoncent les engagements d’Hydro-Québec. Elles peuvent concerner des enjeux variés : embauche de main-d’œuvre locale, programmes de formation des travailleurs, etc. De concert avec les organisations touristiques locales, Hydro-Québec travaille aussi à mettre en vedette ses aménagements hydroélectriques et à faire connaître au public les infrastructures et les services récréatifs qu’elle offre, notamment les routes, les aires de stationnement et les rampes de mise à l’eau. Les amateurs d’activités fauniques peuvent choisir parmi plus de cent pourvoiries réparties entre plus de 25 réservoirs. vi

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Comme les activités récréatives représentent des sources de revenus importantes dans les régions où elles sont pratiquées, Hydro-Québec reçoit à l’occasion des demandes du milieu pour que la gestion des plans d’eau soit adaptée aux activités (compétitions de canoë-kayak, pêche, nautisme, etc.). Dans de tels cas, l’entreprise travaille en étroite collaboration avec le milieu afin de répondre à ces demandes. Hydro-Québec suit des règles d’exploitation strictes qui déterminent les niveaux d’eau minimaux et maximaux de ses réservoirs. Au besoin, elle informe les détenteurs de droits et les utilisateurs du territoire au sujet de la gestion hydrique de ses plans d’eau. Hydro-Québec a adopté en 1999 une directive interne favorisant la mise en valeur du patrimoine de ses installations et la polyvalence des usages sur ses réservoirs. Le développement des activités récréotouristiques dans les réservoirs plus anciens lui a servi d’enseignement dans ce domaine.

Hydro-Québec et ses relations avec les communautés autochtones du Québec En 2017, les 11 nations autochtones du Québec totalisaient près de 109 000 personnes (soit environ 1,3 % de la population de la province) vivant dans 55 communautés dispersées sur le territoire. Les communautés autochtones constituent une forte proportion de la population dans les territoires touchés par les grands aménagements hydroélectriques au Québec. Au cours des cinq dernières décennies, Hydro-Québec a conclu plus de 40 ententes avec ces communautés dans le contexte de projets de production hydroélectrique (voir les sections 6.7.2 et 6.7.3), lesquelles prennent en compte leurs valeurs, leurs droits et intérêts revendiqués ou établis ainsi que leurs préoccupations culturelles et environnementales. Ces ententes permettent aux communautés de participer activement à la réalisation des projets d’Hydro-Québec, de contribuer aux programmes de suivi environnemental et de bénéficier de retombées économiques. Hydro-Québec s’est donné pour objectif d’établir des partenariats durables et mutuellement profitables avec les communautés et les nations autochtones, dans le respect de leurs valeurs et de leur culture.

Conclusion Les faits probants présentés dans le présent rapport montrent clairement que la grande hydraulique d’Hydro-Québec se compare avantageusement aux autres filières énergétiques jugées propres et renouvelables. • L’hydroélectricité québécoise est performante sur le plan environnemental. De fait, la grande hydraulique est l’une des filières énergétiques qui émettent le moins de GES (tant le dioxyde de carbone que le méthane) par kilowattheure produit. Elle contribue peu aux changements climatiques, en plus de participer à la décarbonation du secteur de l’électricité et de l’économie où elle est consommée. • Après plusieurs décennies d’acquisition de données environnementales et sociales, Hydro-Québec est en mesure d’affirmer qu’elle connaît bien les impacts propres à ses grands aménagements hydroélectriques et elle peut les prévoir avec une grande précision. • Hydro-Québec est également en mesure de dire qu’elle maîtrise bien les impacts liés à l’hydroélectricité produite à l’aide de réservoirs. Ces impacts peuvent être évités, corrigés, compensés ou encore atténués par la mise en œuvre de mesures appropriées. • Hydro-Québec maintient un dialogue constant avec les collectivités touchées par ses projets de manière à adapter les mesures d’atténuation qu’elle met en place. • Les aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec produisent une grande quantité d’énergie, de façon continue et modulable. De plus, comme les réservoirs possèdent une capacité de stockage importante, ils peuvent faciliter l’intégration d’autres filières d’énergie propre, dont la production est souvent intermittente. De cette façon, l’hydroélectricité québécoise maximise la réduction des GES en évitant le recours à des ressources fossiles.

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Table des matières Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ix 1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1-1 1.1 Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1-1 1.2 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1-1 2 Hydro-Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2-1 2.1 Structure de l’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2-1 2.2 Emplacement des grands complexes hydroélectriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2-2 2.3 Production d’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2-8 3 Contexte géographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3-1 3.1 Physiographie et géologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3-1 3.2 Climat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3-2 3.3 Hydrologie et qualité de l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3-2 3.4 Domaines bioclimatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3-2 3.5 Populations humaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3-2 3.6 Faune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3-4 4 Cadre légal et réglementaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4-1 4.1 Lois, règlements et politiques applicables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4-1 4.2 Procédures d’évaluation d’impact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4-2 4.3 Autorisations gouvernementales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4-4 4.4 Cas particulier du territoire de la Baie-James . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4-5 5 Hydro-Québec et l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5-1 5.1 Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5-1 5.2 Politique en matière d’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5-2 5.3 Politique en matière de relations avec les autochtones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5-3 5.4 Importance accordée à la réalisation des études d’impact et aux suivis environnementaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5-4 5.5 Participation du public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5-5 5.6 Diffusion des connaissances acquises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5-7 6 Revue des impacts des grands aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec . . . . . . . . . . . . . . . 6-1 6.1 Qualité de l’eau et sédiments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-1 6.1.1 Quelle est l’influence des réservoirs sur la température de l’eau et sur la vie aquatique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-1 6.1.2 La qualité de l’eau des réservoirs a-t-elle des effets sur la vie aquatique des réservoirs et en aval ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-5 6.1.3 L’embolie gazeuse chez les poissons est-elle un enjeu environnemental pour les aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-8 6.1.4 Comment les grands projets hydroélectriques d’Hydro-Québec modifient-ils la dynamique sédimentaire des rivières ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-8 LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

ix


6.2 Gaz à effet de serre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-20 6.2.1 Les grands réservoirs nordiques d’Hydro-Québec sont-ils une source importante de gaz à effet de serre ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-20 6.2.2 Quelles quantités de gaz à effet de serre sont émises pendant la construction des grands aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-26 6.3 Biodiversité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-26 6.3.1 Comment Hydro-Québec tient-elle compte de la biodiversité dans la construction et l’exploitation de ses aménagements hydroélectriques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-26 6.4 Ressources halieutiques et habitats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-35 6.4.1 Les aménagements d’Hydro-Québec dans le Nord québécois nuisent-ils à la migration des poissons ou interrompent-ils leur cycle vital ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-35 6.4.2 Quelles sont les conséquences de l’entraînement des poissons dans les turbines des grandes centrales hydroélectriques d’Hydro-Québec ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-37 6.4.3 Les réservoirs sont-ils des écosystèmes aquatiques productifs ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-37 6.4.4 Quelles mesures Hydro-Québec prend-elle pour protéger les populations de poissons et leurs habitats dans les rivières en aval des barrages ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-40 6.4.5 Comment les écosystèmes côtiers et estuariens sont-ils touchés par les grands projets hydroélectriques d’Hydro-Québec ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-47 6.5 Milieux humides et végétation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-50 6.5.1 Quel est le bilan des répercussions des grands projets hydroélectriques sur les milieux humides riverains et non riverains ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-50 6.6 Faune terrestre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-59 6.6.1 Comment les mammifères et les oiseaux sont-ils touchés par l’ennoiement du territoire résultant de la création des réservoirs ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-59 6.7 Utilisation du territoire, peuples autochtones et économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-68 6.7.1 Les grands projets d’aménagements hydroélectriques au Québec ont-ils occasionné le déplacement de populations ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-68 6.7.2 Les ententes conclues avec les communautés autochtones et allochtones dans le cadre des projets de production hydroélectrique ont-elles des retombées concrètes et durables ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-70 6.7.3 Comment Hydro-Québec tient-elle compte de la spécificité des populations autochtones dans le processus d’évaluation environnementale de ses projets ? . . . . . . . . . . . 6-74 6.7.4 Est-il possible de pratiquer des activités récréotouristiques dans les réservoirs d’Hydro-Québec conçus pour la production d’électricité ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-78 6.7.5 Quelles sont les mesures prises par Hydro-Québec afin de limiter l’impact des grands aménagements hydroélectriques sur le paysage ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-81 6.8 Mercure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-83 6.8.1 Comment le mercure est-il libéré dans les réservoirs et quels sont ses effets sur les organismes aquatiques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-83 6.8.2 La hausse des teneurs en mercure des poissons dans les réservoirs entraîne-t-elle un risque pour la santé des populations riveraines ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-88 6.9 Impacts des travaux de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-90 6.9.1 Quelles sont les mesures mises en place par Hydro-Québec lors de la construction des aménagements hydroélectriques pour limiter les impacts sur l’environnement ? . . . . . 6-90

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LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


7 Étude comparative du CIRAIG et analyse des indicateurs clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-1 7.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-1 7.2 Présentation générale des filières énergétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-1 7.2.1 Filières d’énergie renouvelable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-3 7.2.2 Filières d’énergie non renouvelable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-6 7.3 Comparaison des filières selon l’analyse du cycle de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-7 7.3.1 Sources d’information et méthode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-7 7.3.2 Présentation des résultats par indicateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-9 7.4 Constats généraux de l’analyse comparative des filières énergétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-17 8 Discussion générale et conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8-1 9 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9-1 ANNEXES A

Directive 21 d’Hydro-Québec – Acceptabilité des projets et des activités de l’entreprise . . . . . . . A-1

B

Sommaire des impacts génériques de l’hydroélectricité souvent mentionnés et des impacts réels observés dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec . . . . . . . . B-1

C

Liste des centrales hydroélectriques d’Hydro-Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C-1

D

Politique sur l’environnement d’Hydro-Québec : Notre environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D-1

E

Politique en matière de relations avec les autochtones d’Hydro-Québec : Nos relations avec les autochtones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-1

F

Définitions de rivière à débit régularisé, de rivière à débit réduit et de rivière à débit augmenté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . F-1

G

Liste des ententes entre Hydro-Québec et diverses communautés autochtones . . . . . . . . . . . . . . . G-1

H

Exemple d’un bulletin d’information à l’intention des communautés autochtones . . . . . . . . . . . . . H-1

I

Extrait du Guide alimentaire des poissons nordiques – Région de la Baie-James . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I-1

J

Méthodes d’évaluation des impacts selon le cycle de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . J-1

TABLEAUX 2-1 Séparation fonctionnelle d’Hydro-Québec en 2020 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2-1 2-2 Hydro-Québec en quelques chiffres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2-2 2-3 Caractéristiques des aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec dans le Nord québécois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2-6 5-1 Grandes composantes environnementales traitées par Hydro-Québec dans les études d’impact de grands projets hydroélectriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5-4 5-2 Description sommaire des activités de communications habituellement mises en œuvre par Hydro-Québec dans le cadre de ses projets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5-6 6-1 Portrait global de l’érosion des rives de quelques réservoirs d’Hydro-Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-10 6-2 Fourchettes d’émissions brutes de CO2 et de CH4 des réservoirs hydroélectriques d’eau douce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-22 6-3 Milieux humides riverains, milieux humides non riverains et milieux terrestres présents dans la zone d’étude de trois projets d’aménagement hydroélectrique . . . . . . . . . . . . . . 6-51 7-1 Répartition de la puissance installée des filières d’énergie renouvelable dans le monde, en Amérique du Nord et aux États-Unis – 2018 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-2

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

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J-1 Méthodes d’évaluation des impacts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . J-2 J-2 Indicateurs environnementaux utilisés par les méthodes CML et IMPACT 2002+ . . . . . . . . . . . . . . . J-3 FIGURES 2-1 Sources d’approvisionnement en énergie d’Hydro-Québec en 2018 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2-8 4-1 Logigramme des procédures provinciale et fédérale relatives aux études d’impact . . . . . . . . . . . 4-3 6-1 Températures de l’eau enregistrées en 2017 dans la rivière Romaine Sud-Est (conditions naturelles) et dans la rivière Romaine en aval du barrage de la Romaine-2 . . . . . . . 6-2 6-2 Profils de température de l’eau dans le réservoir de la Romaine 2, selon la prévision avant la mise en eau et les mesures de suivi pendant l’exploitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-3 6-3 Ouvrages hydrauliques (seuils et épis) aménagés sur la rivière Rupert pour le maintien du niveau d’eau dans le secteur à débit réduit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-13 6-4 Taux d’émissions brutes de CO2 dans les réservoirs boréaux à différents âges et plages de valeurs dans les lacs et les rivières boréaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-20 6-5 Principaux mécanismes d’émission de GES des réservoirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-21 6-6 Flux de GES des réservoirs selon leur statut trophique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-23 6-7 Émissions de GES nettes mesurées et prévues du réservoir de la Paix des Braves . . . . . . . . . . . . . 6-25 6-8 Déplacement d’ombles chevaliers d’un lac donneur vers un lac sans poisson au complexe de la Romaine (région de la Côte-Nord) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-29 6-9 Explosion trophique dans les nouveaux réservoirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-38 6-10 Rendements de pêche dans le réservoir Robert-Bourassa entre 1977 et 1996 . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-39 6-11 Hydrogramme naturel et débits réservés écologiques dans la rivière Rupert au point de dérivation et à l’embouchure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-42 6-12 Rendements de pêche dans la rivière Rupert avant (2005 et 2009) et après (2011 et 2016) sa dérivation partielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-46 6-13 Aménagement de l’étang du Mista au complexe de la Romaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-57 6-14 Diversité des oiseaux nicheurs au Québec par parcelles inventoriées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-65 6-15 Cycle du mercure après le remplissage d’un réservoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-84 6-16 Évolution temporelle des teneurs en mercure total pour les longueurs standardisées des principales espèces de poissons dans les réservoirs du complexe La Grande . . . . . . . . . . . . . 6-87 7-1 Étapes prises en compte en analyse du cycle de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-7 7-2 Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « changements climatiques » . . . . . . . 7-9 7-3 Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « changements climatiques » . . . . . . 7-11 7-4 Émissions de GES de différentes productions hydroélectriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-12 7-5 Comparaison des résultats selon l’indicateur « destruction de la couche d’ozone » . . . . . . . . . . . . 7-13 7-6 Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « acidification » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-13 7-7 Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « eutrophisation » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-14 7-8 Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « toxicité humaine » . . . . . . . . . . . . . . . . 7-15 7-9 Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « oxydation photochimique (smog) » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-15 7-10 Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « extraction des ressources minérales » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-16

xii

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


7-11 Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « utilisation d’énergies fossiles » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-17 J-1 Étapes de l’analyse du cycle de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . J-1 CARTES

Comparaison de la superficie des États-Unis et du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xiv

2-1 Installations hydroélectriques et territoires de production au Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2-3 2-2 Principales installations hydroélectriques sur le territoire de la Baie-James . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2-4 2-3 Complexe hydroélectrique de la Romaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2-5 3-1 Aménagements hydroélectriques et communautés autochtones au Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3-3 6-1 Zones d’ensemencement des berges exondées de la rivière Rupert de 2010 à 2012 . . . . . . . . . . 6-15 6-2 Suivi de l’intégrité et de l’efficacité des tapis granulaires sur les rives de la Grande Rivière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-18 6-3 Bilan du programme de soutien de la population d’esturgeons jaunes de la rivière Rupert au moyen d’ensemencements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-31 6-4 Passe migratoire au PK 207 de la rivière Eastmain et configuration des murets et des antennes de détection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6-33

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

xiii


LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

45°0'

Sacramento

Océan Pacifique

Mexicali

Carson City

Salem

Olympia

Victoria

La Paz

ÉTATS-UNIS

Salt Lake City

Denver

Cheyenne

Culiacán Durango

Chihuahua

Santa Fe

Regina

CANADA

Yellowknife

Pierre

Topeka

Lincoln

Winnipeg

Oklahoma City

Austin

Bismarck

Saltillo Monterrey

Superficie des États-Unis 9 629 048 km2 / 3 718 066,2 mi2

Hermosillo

Phoenix

Boise

Helena

Edmonton

120°0'

Jackson

Springfield

90°0'

Tallahassee

Atlanta

Toronto

Albany

Dover

Raleigh

Richmond

Annapolis

Trenton

Augusta

Fredericton

Océan Atlantique

St. John's

250

500 km

Décembre 2020

Cockburn Town

Atlas du Canada, Lambert, NAD83 (CSRS)

0

Cartographie : WSP Fichier : A118AL_geq_024_usaqc_200723f.mxd

Atlas du Canada, 1/10 000 000, Gouvernement du Canada, Ressources naturelles Canada, Centre canadien de télédétection. Zone : Institut de la statistique du Québec, Bureau de la statistique américain (United States Census Bureau) Données de projet : Hydro-Québec

Sources :

Comparaison de la superficie des États-Unis et du Québec

Providence

Halifax

Charlottetown

é priv eil o ns uC 7 d fi nitif) 2 9 é 1 d e (non d cé Tra

Concord Boston

Montpelier

Québec

Hartford

Harrisburg

Columbia

Charleston

Columbus

Montgomery

Nashville

Québec

60°0'

Superficie du Québec 1 667 712 km2 / 643 953,97 mi2

Frankfort

Indianapolis

Lansing

Golfe du Mexique

Baton Rouge

Little Rock

Jefferson City

Des Moines

Madison

Baie dʼHudson

Saint Paul

90°0'

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement.

30°0'

45°0' 30°0'

xiv


1

Introduction 1.1 CONTEXTE Dans le cadre de leurs stratégies de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), plusieurs régions cherchent à augmenter le recours aux énergies propres afin de réduire les émissions globales de carbone et d’aider à amoindrir les émissions d’oxydes d’azote, de dioxyde de soufre et de diverses particules. Les moyens préconisés pour atteindre les cibles de GES varient d’une région à l’autre. Or, dans certaines régions, on n’accorde pas aux grands aménagements hydroélectriques avec réservoir (ce qu’on appelle la « grande hydraulique ») le même statut qu’à d’autres sources d’énergie renouvelable considérées comme « propres ». Cela est attribuable en partie à une perception selon laquelle les émissions de méthane de tous les grands réservoirs contribueraient notablement aux changements climatiques ainsi qu’à d’autres impacts environnementaux génériques mal compris. Le présent document vise notamment à dresser, dans un format de questions et réponses, un inventaire des connaissances accumulées depuis une cinquantaine d’années par Hydro-Québec sur les impacts environnementaux de ses aménagements hydroélectriques et sur l’efficacité de ses mesures d’atténuation et de compensation. L’annexe B résume cette information dans un tableau qui présente les impacts réels observés sur le terrain pour chacun des principaux enjeux soulevés dans le passé. L’électricité produite par les grands aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec présente des traits distinctifs par rapport à l’électricité issue d’autres sources de production hydroélectrique, notamment quant aux particularités du milieu naturel dans lequel Hydro-Québec construit ses centrales ainsi qu’à l’évolution et à l’efficacité des mesures d’atténuation et de compensation visant à éliminer, à réduire ou à gérer les impacts environnementaux.

1.2 OBJECTIFS L’objectif général du présent document est d’exposer des arguments scientifiques solides, appuyés sur des évaluations d’impact et des études de suivi documentées, afin de démontrer que l’énergie produite par la grande hydraulique d’Hydro-Québec (avec réservoir) mérite d’être jugée comparable à celle d’autres filières énergétiques « propres ». Cet objectif général s’articule en une série d’objectifs particuliers : • présenter le portrait d’Hydro-Québec (chapitre 2) et le contexte géographique des grands aménagements hydroélectriques au Québec (chapitre 3) ; • décrire le cadre juridique et réglementaire imposé à ces aménagements (chapitre 4) ; • expliquer la philosophie et les politiques d’Hydro-Québec en matière d’environnement et de développement durable (chapitre 5) ; • passer en revue les connaissances acquises par Hydro-Québec depuis près de 50 ans sur les impacts environnementaux de ses aménagements hydroélectriques et démontrer l’efficacité de ses mesures d’atténuation et de compensation (chapitre 6 pour plus d’information et annexe B pour une comparaison des impacts génériques soulevés et des impacts réels observés) ; l’exposé adopte un format de questions et réponses ;

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

1-1


• présenter les résultats des plus récentes études qui comparent la performance environnementale de différentes sources d’énergie selon l’analyse du cycle de vie (chapitre 7) ; cette méthode d’analyse quantifie les impacts environnementaux d’un produit ou service sur la totalité de son cycle de vie : depuis l’extraction des ressources naturelles servant à la fabrication des composantes du produit ou à la prestation du service jusqu’à son élimination finale (y compris les étapes de réutilisation et de recyclage, le cas échéant), en passant par la fabrication, l’assemblage, l’emballage, la distribution, la consommation et l’utilisation ; • démontrer que la grande hydraulique d’Hydro-Québec, selon les critères qui définissent les énergies renouvelables et propres, se compare tout à fait aux autres filières énergétiques « propres » (chapitre 8).

1-2

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


2

Hydro-Québec Hydro-Québec produit, transporte et distribue de l’électricité. Elle a l’obligation d’assurer la sécurité de l’approvisionnement en énergie électrique des Québécois. Pour répondre à la demande, elle poursuit le développement de la filière hydraulique et encourage celui d’autres sources d’énergie renouvelable. Par ailleurs, Hydro-Québec s’est fortement engagée depuis plusieurs années dans la promotion de l’efficacité énergétique ainsi que dans la recherche soutenant l’innovation technologique.

2.1 STRUCTURE DE L’ENTREPRISE À la suite de l’adoption par le gouvernement du Québec de la Loi sur la Régie de l’énergie (RLRQ, c. R-6.01) en juin 2000, qui a introduit la concurrence dans la production d’électricité au Québec, Hydro-Québec s’est restructurée afin de s’adapter au nouveau cadre réglementaire. Ainsi, en plus de sa division Hydro-Québec TransÉnergie instituée en 1997, Hydro-Québec a créé les divisions Hydro-Québec Production et Hydro-Québec Distribution en 2001. Tout en faisant partie de la même entreprise, ces divisions sont distinctes l’une de l’autre, selon le principe de la séparation fonctionnelle (voir le tableau 2-1). Des groupes et vice-présidences offrant des services centralisés s’ajoutent à l’infrastructure de l’entreprise. Afin d’assurer l’étanchéité de ses pratiques commerciales, Hydro-Québec a mis en place des codes d’éthique, procédures et directives pour permettre à ses divisions qui œuvrent sur les marchés de l’énergie d’avoir accès à ces marchés externes dans un contexte de libre concurrence. Tableau 2-1 – Séparation fonctionnelle d’Hydro-Québec en 2020 Hydro-Québec Production

Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement

Hydro-Québec Distribution et Services partagés

Produit de l’électricité en exploitant le parc de production et la commercialise sur les marchés de gros au Québec et hors Québec.

Veille à la construction des aménagements hydroélectriques et des installations de transport à haute tension. Transporte l’électricité au moyen du réseau de transport du Québec.

Acquiert, sur les marchés de gros, les approvisionnements en électricité requis pour répondre aux besoins au Québec et distribue l’électricité aux clients québécois au moyen du réseau de distribution.

Réglementation économique (tarifs de transport) sur la base des coûts établis par la Régie de l’énergie.

Réglementation économique (tarifs de distribution) sur la base des coûts établis par la Régie de l’énergie.

Obligation légale de fournir l’électricité patrimoniale (volume maximal de 165 TWh par année) à prix fixe à Hydro-Québec Distribution. Au-delà de ce volume au Québec et hors Québec : libre concurrence.

Approbation du Plan d’approvisionnement requis par la Régie de l’énergie. Hydro-Québec Distribution lance les appels d’offres pour s’approvisionner au-delà du volume patrimonial de 165 TWh.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

2-1


2.2 EMPLACEMENT DES GRANDS COMPLEXES HYDROÉLECTRIQUES Hydro-Québec Production exploite 62 centrales hydroélectriques, soit 20 à réservoir et 42 au fil de l’eau (voir le tableau 2-2). Ses 28 grands réservoirs lui confèrent une capacité de stockage de plus de 176 TWh. Un résumé des installations gérées par Hydro-Québec est présenté à l’annexe C. Tableau 2-2 – Hydro-Québec en quelques chiffres Nombre de centrales hydroélectriques

62

Lignes de transport

260 000 km

Énergie fournie (ventes en 2019)a Marché québécois

174,6 TWh

Exportations

33,7 TWh

Total

208,3 TWh

Puissance installée

37,243 MW

Clientèle

4,4 millions

a. Hydro-Québec Production, 2020.

La plupart des grands aménagements hydroélectriques avec réservoir d’Hydro-Québec sont situés dans le Nord québécois, soit entre 49 et 55 degrés de latitude Nord (voir la carte 2-1). Cette région est caractérisée par un réseau hydrographique bien développé comportant de nombreux lacs, milieux humides et rivières, ce qui explique son fort potentiel hydroélectrique. Ce vaste territoire d’environ 675 000 km2 s’étend sur deux importants bassins versants : celui de la portion québécoise de la baie James et celui du fleuve Saint-Laurent (entre la rivière Saguenay et la frontière Québec-Labrador). La portion québécoise du bassin versant de la baie James, appelée « territoire de la Baie-James », compte six grandes rivières, dont la majorité s’écoule de l’est vers l’ouest. Trois de ces rivières (la Grande Rivière, la rivière Eastmain et la rivière Rupert) sont utilisées pour la production hydroélectrique (voir la carte 2-2). En outre, la partie amont de la rivière Caniapiscau, qui s’écoulait vers la baie d’Ungava, a été dérivée vers le complexe La Grande en 1980 ; elle fait maintenant partie du bassin versant de la baie James. Le bassin versant du Saint-Laurent à l’est de la rivière Saguenay, dans la région de la Côte-Nord, est sillonné par plus de 40 rivières, dont la plupart s’écoulent du nord vers le sud. Six d’entre elles ont été aménagées pour la grande hydraulique : les rivières Betsiamites, aux Outardes, Manicouagan, Sainte-Marguerite, Péribonka et Romaine. Les principales caractéristiques des grands aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec et leur date de mise en service sont présentées au tableau 2-3. Le complexe hydroélectrique construit le plus récemment par l’entreprise est situé sur la rivière Romaine. Les travaux ont débuté en 2009 et devraient être terminés en 2022 (voir la carte 2-3).

2-2

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


TERRITOIRE 60°0'

Ivujivik !

Dé tro

Île Mansel

Centrale hydroélectrique

Centrale hydroélectrique en construction

Centrale thermique (turbines à gaz)

Île de Baffin

it d

ʼH

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62°0'

62°0'

75°0'

Kangiqsujuaq

!

Baie dʼUngava

Baie dʼHudson

!

Kangiqsualujjuaq Tr ac é de Co ns eil 19 27 du privé (non

Belcher Islands

définitif)

Mer du Labrador

Kuujjuarapik !

LAFORGE-2

!

LA GRANDE-2-A

Baie James

SARCELLE Réservoir Opinaca

Réservoir de Caniapiscau

BRISAY

Réservoir Smallwood

LAFORGE-1

LA GRANDE-3

Réservoir Robert-Bourassa

LA GRANDE-4

  ROBERT-BOURASSA 

!

Réservoir La Grande 4

Réservoir La Grande 3

 EASTMAIN-1

 

il pri 27 du Co nse Tracé de 19

Réservoir de la Paix des Braves

BERNARD-LANDRY Waskaganish (EASTMAIN-1-A)

!

Manicouagan

MANIC-5-PA

!

PÉRIBONKA

Rouyn-Noranda

Sept-Îles

!

OUTARDES-4   RENÉ-LÉVESQUE OUTARDES-3  JEAN-LESAGE

! BERSIMIS-1   MANIC-1  BERSIMIS-2  MCCORMICK OUTARDES-2

  RAPIDE-7

RAPIDES-DES-CŒURS

   TRENCHE  BEAUMONT  LA TUQUE

BRYSON 

CHUTE-DES-CHATS 

PAUGAN

Gatineau

!! Ottawa

CHUTE-BELL RIVIÈREDES-PRAIRIES

CARILLON

CHELSEA RAPIDES-FARMER



! Montréal

SAINT-NARCISSE

 BÉCANCOUR

TroisRivières

!

 SHAWINIGAN-2 ET SHAWINIGAN-3  LA GABELLE  !  

DRUMMONDVILLE CHUTE-HEMMINGS

Sherbrooke

!

NOUVEAUBRUNSWICK

TERRE-NEUVEET- LABRADOR

Installations hydroélectriques et territoires de production au Québec Sources : BDGA, 1/5 000 000, MRNF Québec, 2004 BDGA, 1/250 000, MRNF Québec, 2016 BDTA, 1/250 000, MRN Québec, 2017 BGAP, Hydro-Québec, février 2019 SDA, 1/20 000, MRNF Québec, août 2014 Données de projet, Hydro-Québec, novembre 2016

Océan Atlantique

Cartographie : WSP Fichier : A118AL_c2_1_geq_020_instal_200714f.mxd

BEAUHARNOIS LES CÈDRES

ONTARIO

Golfe du Saint-Laurent

!

SEPT-CHUTES

Québec

ROCHER-DE-GRAND-MÈRE GRAND-MÈRE Mont-Laurier !

Gaspé

 MITIS-1 

Sa i

RAPIDE-BLANC

Des Cascades

MERCIER 

t en MITIS-2 

uv e

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!

CHUTE-ALLARD

Beauharnois et Gatineau

46°0'

r au -L

Saguenay

RAPIDES-DES-QUINZE RAPIDES-DES-ÎLES PREMIÈRE-CHUTE

Île d'Anticosti

Baie-Comeau

Fl e

  

ROMAINE-2

  ROMAINE-1

TOULNUSTOUC 

!

RAPIDE-2

!

 ROMAINE-4  ROMAINE-3

 SAINTE-MARGUERITE-3

  MANIC-5

Saguenay– Lac-Saint-Jean

Chibougamau

Blanc-Sablon

HART-JAUNE

Réservoir Manicouagan

La Grande-Rivière

initif) vé (non déf

46°0'

LA GRANDE-1

Chisasibi

Réservoir Laforge 1

54°0'

54°0'

Schefferville

0 ÉTATS-UNIS

90

180 km

Lambert, NAD83

Carte 2-1

Décembre 2020 75°0'

60°0'

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec Trans-Énergie et Équipement.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

2-3


54°

78°

Centrale La Grande-2-A Centrale Robert-Bourassa

Radisson

nde

Rivière

Réservoir Robert-Bourassa

au 735 kV

Castor

Canal Sakami

atua

Maqu

re

Riviè

kV

R

Centrale de la Sarcelle

ain

Eastm

es

Rivière

m

PK 33 PK 49

Épi PK 85

Ri

v.

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Rivière

Seuil PK 110,3

Riv.

Biefs Rupert

Seuil PK 290

Rupert Seuil PK 223

Barrage de la Rupert Seuil de la Baie-Jolly

e

Ro

5k

V

ut

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Marte

Nord

0 kV

à la

Lac Mesgouez du

ièr

735 kV

Riv

73

51°

y

wa

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No

± 45

Rivière

Barrage Lemare

u

isca

Nem

Lac Nemiscau

Broadback

Tunnel de transfert Tommy-Neeposh

Campement de la Nemiscau

Nemaska

Seuil PK 170

Eastmain

Barrages de la Nemiscau-1 et de la Nemiscau-2

ch Wa

Lac Champion

re

iè Riv

kV

735 kV

51°

Riv

ch

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En

Rou

e Seuil Épi

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Riviè ière

te de la Baie-

Ja

œur

Gipouloux

Réservoir de la Paix des Braves (réservoir de l’Eastmain 1)

V

52°

Relais routier km 381 315

èr

Opinaca

Campement de l’Eastmain Centrale de l’Eastmain-1 Centrale Bernard-Landry (centrale de l’Eastmain-1-A)

5k

Riv

ca

Opina

73

ière

Usine d’eau potable de Waskaganish Riv ièr Ri e Pontax

Rivière

Réservoir Opinaca

Jolic

Tapis en enrochement PK 20,4

Giard re iviè

53°

toir

Rivière

vi

V 735 k V 735 k

mp

Eastmain

Waskaganish

Lac Boyd 735 kV

Co

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Rivière

735

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kV 735 kV 735

du

Rivière

du

± 450 kV

Rivière

r

lie

up

Pe

Route Transtaïga Riv ièr e Sakam i

Lac Sakami

Wemindji

Baie de Rupert

Centrale La Grande-3

Réservoir La Grande 3

Baie James

Baie Boatswain

54°

Gra

Rivière

53°

Réservoir La Grande 1

Centrale La Grande-1

52°

La

Chisasibi

76°

Infrastructures

Principales installations hydroélectriques sur le territoire de la Baie-James

Centrale Barrage

50°

Ouvrage hydraulique Campement de travailleurs

Sources :

Aéroport ou aérodrome

BDGA, 1/1 000 000, MRN Québec, 2002

Route principale

Cartographie : Englobe Fichier : A118AL_c2_2_geq_026_amenag_200714f.ai

Route secondaire Autre route ou chemin Poste et ligne de transport

0

Hydrographie

40 km

Décembre 2020

Débit réduit 78°

76°

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement.

2-4

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

Carte 2-2 50°

Débit naturel Eaux dérivées

20 Lambert, NAD83

74°


64°

é Trac

de

il onse du C 1927 (no

63°

privé

62°

) finitif n dé

Baie d'Hudson

Lac Long

Mer du Labrador

QUÉBEC Havre-Saint-Pierre Riviè re

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Fl

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Ontario

52°

52°

u

No

Lac Teuaikan

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Ouvrages construits

uest

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Réservoir (niveau maximal d'exploitation)

Lac Saumur

Limites

ébb l'A

de

Ri v.

Ri

Lac Buit

vi è r

Municipalité régionale Ag de comté (MRC) u an

e

Lac Cormier

d- E

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Sa

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re

Réservoir de la Romaine 2 (243,8 m)

iè Riv

an

an

g in M

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Lac-Jérôme, NO

Ma gp

Havre-Saint-Pierre, M

ie

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RivièreSaint-Jean, M

Rivière-auTonnerre, M

138   138

Réservoir de la Romaine 1 (82,3 m)

Riviè re

Baie-JohanBeetz, M

R omaine

Mingan

Baie-Johan-Beetz

Sources : BDGA, 1/1 000 000, MRN Québec, 2002 Parcs Canada, 2011 SDA, 1/20 000, MRNF Québec, avril 2016 Lac Données de projet, Hydro-Québec, mai 2018 Costebelle Cartographie : WSP Fichier : A118AL_c2_3_geq_027_romaine_200714f.mxd Aguanish, M

0

  138

12,5

Natashquan, CT

L'ÎleMichon

25 km

CarteRéserve 2-3 !

RivièreSaint-Jean

Centrale de la Romaine-1

Mingan, R Ekuanitshit

!

la Romaine-2

e

èr

vi Ri

!

Longue-Pointede-Mingan Magpie

LonguePointe-deMingan, M

Complexe hydroélectrique de la Romaine

 Centrale de

Lac Allard

Lac Manitou

Sheldrake

Lac de la Robe Noire

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-J e in t

Sa

Ri vi

ish

ou

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Minganie (MRC)

Municipalité

re

H

ua

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re

Centrale hydroélectrique

h hi s ats

51°

W

Lac Magpie

Route de la Romaine

Lac La Galissonnière

Ouvrages projetés

Centrale de la Romaine-4 (en construction) Réservoir de la Romaine 3 (365,8 m) Centrale de la Romaine-3

Centrale hydroélectrique

51°

pi M ag e èr Ri vi

Ri v

ni p i

sh

Lac Coupeaux

i

ni

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re

Océan Atlantique

ah

Ri v

Lac Garneau

inet

Gaffarel N.-É.

re M viè

Lac De Morbihan R iv iè

viè re M

Réservoir de la Romaine 4 (458,6 m)

Lac Marsal

'É p

Î.-P.-É. N.-B. Lac

Petit-Mécatina, NO

Ri

Terre-Neuve-

Golfe du et-Labrador Saint-Laurent

ÉtatsUnis

Lac-Jérôme, NO

Ro main e

Bassin versant de la rivière Romaine

u r e nt t-L a

Le Golfe-duSaint-Laurent (MRC)

Lac Norman

re d

a in

Tracé de 1927 du Conseil privé (non définitif)

Lac Thévet

Riv iè

.S

Québec Montréal

viè Ri

Lac Brûlé

Na ta

Havre-Saint-Pierre RÉSERVE DE PARC NATIONAL DE L'ARCHIPEL-DE-MINGAN

Détroit de Jacques-Cartier

64°

Golfe du Saint-Laurent

63°

UTM, fuseau 20, NAD83 Aguanish

indienne 7de NatashquanCarte

Décembre 2020

Natashquan et Pointe-Parent

Natashquan

Natashquan, R 62°

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

2-5


Tableau 2-3 – Caractéristiques des aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec dans le Nord québécois Aménagement hydroélectrique

Puissance installée (MW)

Chute nominale nette (m)

Type de centrale a

Nombre de groupes de production

Date de mise en service b

Bassin versant de la baie James Complexe La Grande c PHASE 1 Robert-Bourassa (anciennement La Grande-2)

5 328

137,2

RES

16

1979–1981

La Grande-3

2 304

79,2

RES

12

1982–1984

La Grande-4

2 650

116,7

RES

9

1984–1986

La Grande-1

1 368

27,5

FDE

12

1994–1995

La Grande-2-Ad

1 998

138,5

RES

6

1991–1992

Laforge-1

840

57,3

RES

6

1993–1994

Laforge-2

310

27,4

FDE

2

1996

Brisay  e

446

37,5

RES

2

1993

480

63,0

RES

3

2006

Bernard-Landry (anciennement Eastmain-1-A)

768

63,0

RES

3

2011–2012

Sarcelle

150

8,7–16,1

FDE

3

2013

PHASE 2

Complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert f PHASE 1 Eastmain-1 PHASE 2

Bassin versant du fleuve Saint-Laurent (région de la Côte-Nord) Complexe Bersimis

2-6

Bersimis-1

1 178

266,7

RES

8

1956–1959

Bersimis-2

845

115,8

FDE

5

1959–1960

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Tableau 2-3 – Caractéristiques des aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec dans le Nord québécois (suite) Puissance installée (MW)

Chute nominale nette (m)

Type de centrale a

Nombre de groupes de production

Date de mise en service b

Outardes-2

523

82,3

FDE

3

1978

Outardes-3

1 026

143,6

FDE

4

1969

Outardes-4

785

120,6

RES

4

1969

Manic-1

184

36,7

FDE

3

1966–1967

Jean-Lesage (anciennement Manic-2)

1 229

70,1

FDE

8

1965–1967

René-Lévesque (anciennement Manic-3)

1 326

94,2

FDE

6

1975–1976

Manic-5

1 596

141,8

RES

8

1970–1971

Manic-5-PA

1 064

144,5

RES

4

1989–1990

Toulnustouc

526

152,0

RES

2

2005

Hart-Jaune

51

39,6

RES

3

1960

882

330,0

RES

2

2003

Romaine-1

270

61,5

FDE

2

2015

Romaine-2

640

156,0

RES

2

2014

Romaine-3

395

119,0

RES

2

2017

Romaine-4 g

245

88,0

RES

2

2022

Aménagement hydroélectrique

Complexe Manic-Outardes

Complexe de la Sainte-Marguerite Sainte-Marguerite-3 Complexe de la Romaine

a. b. c. d. e. f.

Type de centrale : RES = à réservoir ; FDE = au fil de l’eau. Années de mise en service des premier et dernier groupes de production. Hayeur, 2001. Le réservoir Robert-Bourassa (anciennement La Grande 2) a été mis en eau pendant la phase 1. Le réservoir de Caniapiscau a été mis en eau pendant la phase 1. Sur le plan juridique, et comme l’a confirmé la Cour d’appel fédérale, la centrale de l’Eastmain-1 fait partie du complexe La Grande. Cependant, après la mise en service des centrales Bernard-Landry (anciennement Eastmain-1-A) et de la Sarcelle, Hydro-Québec a normalisé dans ses communications l’appellation « complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert » pour refléter le fait que les trois centrales sont gérées de façon intégrée sur les plans de la production et du suivi environnemental. g. Mise en service prévue pour 2021.

Comme le montrent les chapitres suivants, les grands aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec sont situés pour la plupart en zone boréale, un environnement caractérisé par un climat froid et une productivité biologique relativement faible. LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

2-7


2.3 PRODUCTION D’ÉNERGIE Hydro-Québec est un leader mondial dans le domaine de l’hydroélectricité et l’un des plus grands producteurs d’énergie renouvelable du monde. L’électricité distribuée au Québec provient à 99,8 % de sources renouvelables (nucléaire et thermique exclus). La plus grande partie de celle-ci provient de source hydraulique (93,78 %). Les autres sources d’énergie renouvelable (éolien, biomasse et solaire) composant le bouquet électrique québécois représentent 6,01 % des approvisionnements et sont obtenues auprès de producteurs privés. Seulement 0,21 % des approvisionnements proviennent de sources non renouvelables et sont liés à la composition des importations (voir la figure 2-1). Figure 2-1 – Sources d’approvisionnement en énergie d’Hydro-Québec en 2018 Nucléaire : 0,36 %

Thermique : 0,05 % - Charbon et mazout : 0,02 % - Gaz : 0,03 %

Autres : 6,25 % - Biogaz, déchets et solaire : 0,05 % - Biomasse : 0,83 % - Éolien : 5,37 %

A118AL_f2_1_007_geq_energie_200714.ai

Hydraulique : 93,34 % - Production d’Hydro-Québec : 77,67 % - Achats des Churchill Falls : 13,60 % - Achats divers au Québec et hors Québec : 2,07 %

2-8

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


3

Contexte géographique 3.1 PHYSIOGRAPHIE ET GÉOLOGIE Le Nord québécois est situé dans le Bouclier canadien, une ancienne région géologique formée au précambrien (Bally et Palmer, 1989) qui est principalement caractérisée par des roches ignées et métamorphiques provenant de la croûte terrestre. Dans la région de la Baie-James, le paysage est caractérisé, de l’ouest vers l’est, par une plaine littorale de 150 km de largeur parsemée de tourbières (altitude allant jusqu’à 300 m), par un plateau central vallonné (altitude variant de 300 à 500 m) comportant de nombreux lacs et par une région de basses montagnes (hauteur variant généralement de 500 à 700 m) dont certains sommets atteignent 800 m (SEBJ, 1988). La plaine littorale est dominée par des dépôts marins (argile silteuse et sable fin) laissés lorsque la mer de Tyrrell s’est retirée il y a environ 8 000 ans. L’intérieur des terres est plutôt caractérisé par de minces dépôts glaciaires avec de nombreux lacs et affleurements rocheux.

Plaine littorale dans la région de la Baie-James et village cri de Waskaganish

Vue typique de l’intérieur des terres dans la région de la Baie-James

Dans la région de la Côte-Nord, soit la rive au nord du fleuve Saint-Laurent, le paysage est caractérisé, du sud vers le nord, par un relief en gradins comprenant une étroite plaine littorale de quelque 50 km de largeur, suivie d’un premier plateau, puis d’un second plateau de hautes terres dont l’altitude passe graduellement de 550 à 800 m. Certains sommets peuvent atteindre 900 m. La plaine littorale est dominée par des dépôts de sable et de gravier, avec de nombreuses tourbières. Les hautes terres sont caractérisées par de minces dépôts glaciaires avec des affleurements rocheux dispersés.

Plaine littorale dans la région de la Côte-Nord et municipalité de Havre-Saint-Pierre

Plateau de hautes terres dans la région de la Côte-Nord LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

3-1


3.2 CLIMAT Le Nord québécois est caractérisé par un climat continental et subarctique sec et froid dans la région de la Baie-James, et par un climat maritime humide et froid dans la région de la Côte-Nord. Les températures moyennes annuelles sont comprises entre −5 et +1,8 °C. Les hivers sont longs (jusqu’à sept mois) et rudes, surtout dans le nord. En janvier, la température minimale moyenne peut atteindre −23 °C ; pendant les mois les plus froids, la température journalière minimale peut descendre jusqu’à −50 °C. Les étés sont courts (moins de trois mois) mais assez doux, avec des températures moyennes mensuelles comprises entre +10 et +15 °C. Les précipitations moyennes annuelles varient entre 680 et 1 720 mm, les valeurs les moins élevées étant observées dans la zone nordique (680 à 880 mm) et les plus élevées, en haute altitude (1 370 à 1 720 mm) (Hayeur, 2001; Québec, MRNF, 2007).

3.3 HYDROLOGIE ET QUALITÉ DE L’EAU Le Nord québécois est caractérisé par un réseau hydrographique bien développé comportant de nombreux lacs, milieux humides et rivières, ce qui explique le fort potentiel hydroélectrique de la région. Le réseau hydrographique de la Baie-James compte plusieurs rivières importantes, dont les affluents sont relativement peu nombreux et qui s’écoulent principalement de l’est vers l’ouest. Dans la région de la Côte-Nord, les cours d’eau s’écoulent du nord vers le sud, pour se déverser dans le golfe du Saint-Laurent. Les rivières sont principalement alimentées par la pluie et la neige, tant sur la Côte-Nord qu’à la Baie-James. La fonte des neiges au printemps se traduit par une période de fortes crues, suivies d’un étiage estival dont l’importance varie d’une année à l’autre. À l’automne, les rivières connaissent encore de fortes crues dues aux pluies abondantes, alors que l’hiver est marqué par une longue période d’étiage (de quatre à six mois) sous couverture de glace (Hayeur, 2001). Les eaux à l’intérieur des terres sont généralement bien oxygénées, faiblement acides (pH moyen entre 6 et 6,5) et de basse conduc­tivité (généralement moins de 25 μS/cm), ce qui témoigne d’une faible minéralisation (Magnin, 1977 ; Robitaille, 1998).

3.4 DOMAINES BIOCLIMATIQUES Le Nord québécois est situé dans le territoire de la forêt boréale, qu’on peut diviser en trois domaines bioclimatiques assez uniformes : la pessière à lichens (taïga), la pessière à mousses et la sapinière à bouleau blanc. La région de la Baie-James est entièrement située dans la taïga, où la végétation est principalement constituée de mousses et de lichens avec des épinettes noires naines et des arbrisseaux ; la plaine littorale est caractérisée par la présence de tourbières. Dans la région de la Côte-Nord, la pessière à mousses est le domaine bioclimatique dominant, avec une végétation principalement constituée de mousses et d’épinettes noires, parsemée de sapins baumiers. On peut aussi y trouver certains arbres feuillus. Cette région comprend aussi de nombreuses tourbières. Moins de 7 % du Nord québécois recoupe le domaine de la sapinière à bouleau blanc, dans la zone la plus au sud-est. Bien que la végétation soit dominée par le sapin baumier et l’épinette blanche et émaillée de bouleaux blancs, on y trouve aussi quelques épinettes noires, pins gris, pruches et peupliers faux-trembles dans les secteurs moins productifs (Québec, MFFP, 2018).

3.5 POPULATIONS HUMAINES Très éloigné des centres urbains, le Nord québécois est une région faiblement peuplée, qui compte moins de 130 000 habitants (Institut de la statistique du Québec, 2019a), soit environ 1,6 % de la population totale du Québec. La densité de population se chiffre à environ 0,2 habitant/km2, comparativement à 6,5 habitants/km2 pour l’ensemble du Québec. Le Québec compte onze nations autochtones (Premières Nations et Inuits) réparties dans 55 communautés totalisant près de 109 000 personnes, soit environ 1,3 % de la population totale de la province (voir la carte 3-1). La proportion d’autochtones dans le Nord québécois est toutefois élevée ; elle est d’environ 13 % dans la région administrative de la Côte-Nord et elle atteint presque 55 % sur le territoire de la Baie-James. Les principaux peuples autochtones dans ces régions sont les Innus (surtout sur la Côte-Nord) et les Cris (surtout à la Baie-James).

3-2

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


80°0'

Aménagements hydroélectriques et communautés autochtones au Québec

70°0'

tro

it d

Sources :

’H

ud

Cartographie : Hydro-Québec, 2020

so

n

Fichier : A118AL_c3_1_geq_021_autoch_200714.ai

60°0'

0

83

166 km

Carte 3-1

60°0'

Lambert, NAD83

Décembre 2020 Baie d’Ungava

Terres de catégorie Cris

Inuits Naskapi

Baie d’Hudson Limite du territoire régi par la Convention de la Baie-James et du Nord québécois Centrale hydroélectrique de plus de 245 MW Centrale en construction Ligne à 735 kV Ligne à 450 kV à courant continu

Lac-John eil ns Co du itif) 27 fin 19 dé de (non cé Tra vé pri

Bernard-Landry (Eastmain-1-A)

55°0'

55°0'

Régime des terres

La Convention de la Baie-James et du Nord québécois et la Convention du Nord-Est québécois divisent le territoire du Nord du Québec en trois catégories : Catégorie I : Terres à l’usage et aux bénéfices exclusifs des autochtones – Cris, Naskapis et Inuits (environ 14 000 km2). Le gouvernement du Québec conserve les droits de propriété des minéraux. Catégorie II : Les autochtones ont un droit exclusif de chasse, de pêche et de piégeage (environ 150 000 km2). Le gouvernement du Québec peut prendre possession de ces terres à des fins de développement, à condition de les remplacer ou, si les autochtones le désirent et si un accord est conclu à cet effet, d’accorder une indemnisation. Catégorie III : Le gouvernement du Québec a généralement le droit de développer ces terres et d’exploiter leurs ressources (environ 1 000 000 km2). Les autochtones ont le droit de chasser, de pêcher et de piéger sur ces terres, mais les utilisateurs allochtones peuvent également y pratiquer la chasse et la pêche à certaines fins. Les autochtones ont le droit exclusif d’exploiter certaines espèces aquatiques et certains animaux à fourrure.

Vers la centale des Churchill Falls (interconnexion)

Pakuashipi

(49°0') Ee you Istch

ee Baie-Ja

Population autochtone du Québec en 2017 (résidents et non-résidents)

mes t

ren

au

t-L

ain

S ve

u

Fle

Abénaquis

2 976

Algonquins

12 173

Atikameks

7 946

Cris

19 581

Hurons-Wendats

4,051

Innus

20 505

Malécites

NOUVEAUBRUNSWICK

45°0'

49°0'

50°0'

50°0'

Complexe de la Romaine

1 203

Micmacs

6 412

Mohawks

19,525

Naskapis

1 420

Inuits

12,873

Liste générale (Indiens incrits et non associés à une nation)

ONTARIO

139

Total : 108 804 DA

NA

CA

80°0'

TS ÉTA

IS -UN

70°0'

NOUVELLEÉCOSSE

Affaires autochtones et du Nord Canada, décembre 2017. Registre des bénéficiaires cris, inuits et naskapis de la CBJNQ et de la CNEQ. Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, juillet 2018.

Document dʼinformation destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec Trans-Énergie et Équipement.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

3-3


Région de la Baie-James Environ 17 350 Cris (Institut de la statistique du Québec, 2019b) vivent dans huit villages dispersés sur le territoire de la Baie-James ainsi que dans la communauté de Whapmagoostui, tout juste à l’extérieur de la limite nord. Bien que la plupart des Inuits vivent au nord du 55e parallèle, un certain nombre d’Inuits vivent aussi à la limite nord de la région et dans la communauté de Chisasibi. La population non autochtone, soit environ 14 000 habitants (Institut de la statistique du Québec, 2019c), est surtout concentrée dans les villes minières du sud de la région. Dans la partie nord, le seul village non autochtone permanent est celui de Radisson. Depuis l’ouverture de la route Matagami-Radisson au début des années1970, la région est aussi visitée par des touristes et par des chasseurs et pêcheurs sportifs non autochtones (Hayeur, 2001).

Région de la Côte-Nord La région de la Côte-Nord est peuplée de presque 13 000 Innus, répartis entre neuf communautés dispersées sur le territoire (Secrétariat aux affaires autochtones du Québec, 2019). La population non autochtone, qui totalise plus de 82 000 habitants, est concentrée dans quelques municipalités le long du fleuve et du golfe du Saint-Laurent. On ne compte aucune résidence permanente à l’intérieur des terres, lesquelles sont principalement utilisées pour l’exploration minière, la chasse, la pêche, le piégeage et la villégiature (chalets).

3.6 FAUNE Poissons En tout, 36 espèces de poissons d’eau douce ont été répertoriées dans les eaux du Nord québécois (Verdon, 2001 ; Bernatchez et Giroux, 2012 ; Magnin, 1977). Les espèces les plus répandues dans la région de la Baie-James sont le meunier rouge, le meunier noir, le grand corégone, le cisco, le grand brochet, le touladi, le doré jaune, l’omble de fontaine et l’esturgeon jaune. La diversité des communautés de poissons est légèrement différente dans la région de la Côte-Nord. Celle-ci abrite à peu près les mêmes principales espèces que la région de la Baie-James, sauf le doré jaune et l’esturgeon jaune. En outre, quelques espèces migratrices recensées sur la Côte-Nord sont absentes à la Baie-James : le saumon atlantique, l’éperlan arc-en-ciel, l’anguille d’Amérique et la lamproie marine. En raison du climat froid et de la productivité relativement faible des systèmes aquatiques, la croissance des poissons dans cette région est généralement lente ; toutefois, les poissons peuvent atteindre des tailles semblables à celles des poissons qu’on trouve dans les régions plus méridionales, en raison de leur plus grande durée de vie. La fertilité est également faible. La maturité est atteinte à un âge plus avancé, et les cycles de reproduction peuvent être plus longs (Hayeur, 2001 ; Québec, MRNF, 2007).

Mammifères Comparativement à celle des régions plus méridionales, la densité animale est généralement faible dans le Nord québécois en raison de la dureté du climat. Plus de 39 espèces de mammifères ont été observées dans cette région, notamment l’orignal, le caribou, le castor, le rat musqué, le lynx, la loutre, le renard roux, l’ours noir, le vison, le lièvre d’Amérique, l’écureuil roux et la martre. Les populations d’orignaux, de caribous et de castors de la région, qui présentent une certaine valeur financière ou récréative, ont fait l’objet d’études exhaustives (Hayeur, 2001; Hydro-Québec Production, 2007b).

Oiseaux On observe aussi une grande diversité d’oiseaux migrateurs le long du littoral des régions de la Baie-James et de la Côte-Nord. Parmi ceux-ci se trouvent les oies (bernache du Canada et oie des neiges), les canards barboteurs (canard colvert et canard noir), les canards plongeurs (fuligules, garrots et harles), les canards de mer (eider à duvet et macreuses) et les oiseaux de rivage (bécasseaux, pluviers, etc.). À l’intérieur des terres, cependant, les habitats propices à la sauvagine se raréfient et la composition d’espèces fait plus de place aux oiseaux de forêt (Hayeur, 2001). Les espèces les plus répandues le long du littoral de la Côte-Nord sont notamment le garrot à œil d’or, le canard noir, le grand harle, le fuligule à collier, le garrot d’Islande, le plongeon catmarin, la bernache du Canada et la sarcelle d’hiver. On recense également plusieurs espèces d’oiseaux à statut particulier, notamment l’arlequin plongeur, le garrot d’Islande, le pygargue à tête blanche, l’aigle royal, le faucon pèlerin, le hibou des marais, la grive de Bicknell et la sterne caspienne (Hydro-Québec, 2007b). 3-4

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


4

Cadre légal et réglementaire Le cadre légal et réglementaire en matière d’évaluations environnementales en vigueur au Québec se démarque par sa rigueur. Il cible les impacts tant physiques et biologiques que sociaux des projets auxquels il s’applique. Il exige la production d’une étude d’impact détaillée pour chaque projet assujetti à la procédure d’évaluation environnementale, dont les projets de centrale hydroélectrique ou de réservoir de grande envergure. De plus, il comporte différents mécanismes de consultation du public qui permettent la prise en compte des préoccupations exprimées par la population. À partir de ce processus de consultation, on peut modifier certaines caractéristiques des projets et bonifier les mesures d’atténuation des impacts environnementaux, ce qui, au bout du compte, permet d’atteindre un équilibre entre les impacts du projet et les priorités du public et favorise l’accueil favorable des projets au sein des collectivités concernées. Les sections suivantes énumèrent les lois et règlements applicables aux projets hydroélectriques au Québec et décrivent brièvement les procédures d’évaluation environnementale auxquelles ces projets sont soumis de même que les autorisations requises. Le cadre légal et réglementaire particulier applicable sur le territoire de la Baie-James y est sommairement décrit (voir la section 4.4). Il est à noter que les lois applicables en matière d’environnement, de même que les procédures d’évaluation environnementale qui y sont incluses, sont en constante évolution. Ce chapitre décrit le cadre légal et réglementaire en vigueur en avril 2020 et présente les procédures selon lesquelles les plus récents projets d’Hydro-Québec ont été évalués.

4.1 LOIS, RÈGLEMENTS ET POLITIQUES APPLICABLES Selon le régime juridique en vigueur, les grands projets hydroélectriques au Québec sont générale­ment assujettis à un grand nombre de lois de juridiction fédérale et provinciale. Les principales d’entre elles sont les suivantes : Lois de juridiction fédérale pouvant trouver application : • • • •

Loi sur l’évaluation d’impact1 (LEI) ; Loi sur les pêches (LP) ; Loi sur les eaux navigables canadiennes (LENC) ; Loi sur les espèces en péril (LEP) ;

Lois de juridiction provinciale pouvant trouver application : • • • • • • • • •

Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) ; Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune ; Loi sur les espèces menacées ou vulnérables ; Loi sur le patrimoine culturel ; Loi sur les terres du domaine de l’État ; Loi sur le régime des eaux ; Loi sur la sécurité des barrages ; Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier ; Loi sur l’aménagement et l’urbanisme.

1. Cette loi est entrée en vigueur en août 2019 et remplace la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale (LCEE) (2012). Les plus récents projets hydroélectriques d’Hydro-Québec (les complexes de la Romaine et de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert) ont été évalués en vertu de la LCEE. À ce jour, aucun projet d’Hydro-Québec n’a été évalué selon la nouvelle LEI.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

4-1


Par ailleurs, certains programmes ou politiques fédéraux et provinciaux peuvent également encadrer l’évaluation des projets : • la Politique de débits réservés écologiques pour la protection du poisson et de ses habitats (gouvernement du Québec) ; • le Programme de protection du poisson et de son habitat (gouvernement du Canada) ; • la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables (gouvernement du Québec).

4.2 PROCÉDURES D’ÉVALUATION D’IMPACT Au Québec, les projets assujettis à la procédure d’évaluation environnementale sont énumérés par règlement (aux paliers fédéral et provincial). De façon générale, ces listes réglementaires comprennent des projets pour lesquels les gouvernements canadien et québécois estiment que les impacts environnementaux méritent un examen plus attentif et encadré avant qu’ils en permettent la réalisation. Ces impacts peuvent prendre de multiples formes : variation de la température et de la qualité de l’eau, de la quantité et de la qualité des habitats, de l’abondance de la faune aquatique, terrestre et aviaire, des activités de chasse et de pêche des utilisateurs du territoire, etc. L’étude d’impact est entreprise dès l’étape de conception d’un projet. C’est l’outil clé à partir duquel on peut cibler et analyser les enjeux environnementaux et sociaux d’un projet afin que ces enjeux soient incorporés dans le processus décisionnel du gouvernement menant à autoriser ou non un projet. L’étude d’impact doit permettre aux autorités gouvernementales de déterminer si les impacts sont acceptables, si le projet est en accord avec les lois, politiques et règlements environnementaux, et s’il est opportun de le réaliser compte tenu des justifications présentées. L’étude d’impact a pour but de prévoir et d’évaluer les impacts sur les milieux naturel et humain au cours de la construction et de l’exploitation des équipements. Elle vise également à proposer des mesures appropriées permettant de réduire ou de compenser les impacts qui ne peuvent être évités. De plus, des programmes de surveillance et de suivi environnementaux sont définis à l’étape de l’étude d’impact. Les suivis environnementaux, qui peuvent s’étendre sur plusieurs années, permettent de déterminer si l’évaluation et la prévision des impacts étaient justes, en plus de donner lieu à des interventions rapides au besoin. Les données acquises servent également au perfectionnement des méthodes d’évaluation des impacts ainsi que des mesures d’atténuation et de compensation. Avant la réalisation d’un grand projet hydroélectrique au Québec, les deux ordres de gouvernement (fédéral et provincial) doivent exercer et appliquer, concurremment et selon leurs compétences respectives, leurs processus d’évaluation et d’examen des impacts (voir la figure 4-1). Ils délivrent des autorisations sectorielles en vertu des diverses lois pouvant trouver application. Au fédéral, les autorités mises à contribution sont principalement Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC), Pêches et Océans Canada (POC) et Transports Canada (TC). Au provincial, l’autorité principale est le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), qui veille au respect de la LQE et qui peut être épaulé par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Au terme des deux procédures d’évaluation, des autorisations séparées sont données. Les diverses autorisations sectorielles sont également délivrées par les autorités concernées.

Procédure fédérale La construction d’une nouvelle installation hydroélectrique de même que la construction d’un barrage devant servir à créer un réservoir d’une superficie dépassant 1 500 ha sont des déclencheurs de l’application du processus fédéral d’évaluation d’impact 2. Au terme de cette procédure, une décision est prise par le ministre de l’Environnement du Canada ou, dans certains cas, par le gouverneur en conseil.

Procédure provinciale Tout projet de construction et d’exploitation d’un barrage (ou d’une digue) destiné à créer un réservoir d’une superficie totale excédant 100 000 m2 (10 ha) ainsi que tout projet de construction et d’exploitation d’une centrale hydroélectrique d’une puissance supérieure à 5 MW est soumis à la procédure d’évaluation et d’examen des impacts sur l’environnement prévue à l’article 31.1 de la LQE. Au terme de cette procédure, une autorisation est délivrée par le gouvernement du Québec en vertu de l’article 31.5. 2. Voir le Règlement sur les activités concrètes, DORS/2019-285.

4-2

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


De façon très sommaire, le promoteur d’un projet assujetti aux processus fédéral et provincial d’évaluation environ­ ne­mentale doit déposer un avis décrivant son projet auprès des autorités responsables. Il obtient par la suite des lignes directrices lui permettant de préparer une étude d’impact analysant l’ensemble des enjeux environnementaux liés à la construction et à l’exploitation des ouvrages projetés. L’étude d’impact est le document de référence servant à la Québec Canada1 du projet ainsi qu’à la prise de décision des autorités fois à la consultation du public et à l’analyse environnementale (voir la figure 4-1). Avis de projet

Description du projet

Figure 4-1 – Logigramme des procédures provinciale et fédérale relatives aux études d’impact Québec

Acceptation de la description du projet

Directive du ministre (questions environnementales)

Canada

1

Consultation publique Avis de projet

Consultation publique

Description du projet Détermination du besoin d’une évaluation environnementale Acceptation de la description du projet

Directive du ministre Étude d’impact sur l’environnement (questions environnementales)

Consultation et publication de directives Consultation publique

Analyse de la recevabilité (questions et commentaires) Consultation publique

Renvoi au comité de révision Détermination du besoin d’une évaluation environnementale

Étude d’impact sur l’environnement Réponses du promoteur

Consultation publique Publication du cadre de référence

Analyse de la recevabilité (questions et commentaires) Avis d’admissibilité

Nomination des membres du comité de révision Renvoi au comité de révision Consultation publiqueÉtude d’impact sur l’environnement Publication du cadre de référence

Réponses du promoteur Mandat confié au BAPE2

Nomination des membres du Analyse de recevabilité (questions et commentaires) comité de révision

Avis d’admissibilité

Période d’information publique

Consultation et publication de directives

Analyse environnementale (MELCC4 et autres ministères)

Réponses du promoteur Étude d’impact sur l’environnement

Recommandation du BAPE3 Mandat confié au BAPE2

Recommandation du BAPE3 Rapport du BAPE

Rapport d’évaluation environnementale (par l’ACEE5) Réponses du promoteur

Analyse environnementale (MELCC4 et autres ministères)

Consultation publique (sur le rapport de l’ACEE5) Audiences publiques

Rapport du MELCC

Décision du ministre Rapport d’évaluation environnementale (par l’ACEE5)

Recommandation du ministre au gouvernement Audiences publiques

Décision d’autres ministères concernés (Transports Canada, Consultation publique Pêches et Océans Canada, etc.) (sur le rapport de l’ACEE5)

Décision du gouvernement Rapport du BAPE 1

Rapport du MELCC

Procédure en vigueur jusqu’en août 2019, dans le cadre de laquelle les Recommandation duplus récents projets hydroélectriques ont été présentés.

4

Décisionetdu MELCC : Ministère de l’Environnement deministre la Lutte contre les changements climatiques.

5

ACEE : Agence canadienne d’évaluation environnementale.

ministre au gouvernement

2

BAPE : Bureau d’audiences publiques sur l’environnement.

3

Le BAPE peut recommander soit des audiences publiques, une consultation Décision dusoit gouvernement ciblée, soit une médiation. Pour les grands aménagements hydroélectriques, le BAPE recommande habituellement des audiences publiques.

1

Procédure en vigueur jusqu’en août 2019, dans le cadre de laquelle les plus récents projets hydroélectriques ont été présentés.

2

BAPE : Bureau d’audiences publiques sur l’environnement.

3

Le BAPE peut recommander soit des audiences publiques, soit une consultation ciblée, soit une médiation. Pour les grands aménagements hydroélectriques, le BAPE recommande habituellement des audiences publiques.

Figure 4-1

Décision d’autres ministères concernés (Transports Canada,

Étapes sous la Pêches responsabilité du gouvernement et Océans Canada, etc.) Étapes sous la responsabilité du promoteur 4

MELCC : Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

5

ACEE : Agence canadienne d’évaluation environnementale. Étapes sous la responsabilité du gouvernement Étapes sous la responsabilité du promoteur

A118AL_f4_1_geq_002_logigram_200723.ai A118AL_f4_1_geq_002_logigram_200723.ai

Période d’information publique Audiences publiques

Audiences Analyse depubliques recevabilité (questions et commentaires)

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement et services partagés.

Figure 4-1

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

4-3


4.3 AUTORISATIONS GOUVERNEMENTALES Au terme de la procédure d’évaluation environnementale d’un projet, les autorités provinciales et fédérales concernées délivrent les autorisations permettant au promoteur de lancer son projet. Ce sont en général : • le décret du gouvernement du Québec autorisant la construction et l’exploitation subséquente des aménagements hydroélectriques (article 31.5 de la LQE) ; • la décision du ministre de l’Environnement ou du gouverneur en conseil du Canada concernant la détermination de l’intérêt public quant aux effets négatifs du projet (articles 60 et 62 de la LEI) ; • l’autorisation par le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec des activités découlant du projet et assujetties à une autorisation ministérielle préalable (article 22 de la LQE) ; • l’autorisation du ministre des Pêches et des Océans du Canada concernant la mortalité de poissons (article 34.4[1] de la LP) de même que la détérioration, la destruction ou la perturbation de l’habitat du poisson (article 35[1] de la LP) ; • l’approbation par le ministre des Transports, de l’Infrastructure et des Collectivités du Canada des ouvrages qui seront construits ou placés dans des eaux navigables ou sur, au-dessus, sous ou à travers de telles eaux ainsi que des plans et de l’emplacement de ces ouvrages (article 5[1] a de la LENC). En général, ces autorisations comprennent de nombreuses obligations, dont les principales consistent à : • mettre en place les mesures visant à atténuer et à compenser les impacts du projet sur les milieux physique, biologique et humain ; • effectuer le suivi environnemental pour vérifier la justesse des impacts prévus dans l’évaluation environnementale du projet ainsi que l’efficacité des mesures d’atténuation et de compensation. D’autres autorisations gouvernementales doivent être obtenues en marge des procédures d’évaluation environnementale pour permettre la réalisation des travaux : • décret du gouvernement du Québec autorisant la construction d’immeubles destinés à la production d’électricité (article 29 de la Loi sur Hydro-Québec) ; • décret du gouvernement du Québec autorisant la mise à la disposition d’Hydro-Québec des forces hydrauliques et des terrains du domaine de l’État requis pour le projet (article 32 de la Loi sur Hydro-Québec) ; • autorisation du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec pour la construction de barrages à forte contenance (article 5 de la Loi sur la sécurité des barrages). Durant la réalisation du projet, nombre d’autres autorisations sectorielles seront requises, notamment pour les aménagements, activités ou produits suivants : • déboisement et construction de chemins en milieu forestier ; • exploitation de bancs d’emprunt et de carrières ; • systèmes d’approvisionnement en eau potable et de traitement des eaux usées des campements de travailleurs et des centrales hydroélectriques ; • systèmes de gestion des déchets domestiques ; • épandage d’insecticides biologiques contre les insectes piqueurs ; • utilisation de produits pétroliers. La plupart de ces autorisations sectorielles sont obtenues en vertu de la LQE et de ses règlements. Les interventions en milieu forestier sont, quant à elles, encadrées par la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier et par le Règlement sur l’aménagement durable des forêts du domaine de l’État. Enfin, l’installation et l’exploitation des équipements pétroliers sont régies par la Loi sur le bâtiment et ses règlements.

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4.4 CAS PARTICULIER DU TERRITOIRE DE LA BAIE-JAMES En 1975, une entente importante est intervenue entre les Cris et les Inuits du Québec, le gouvernement du Canada, le gouvernement du Québec et Hydro-Québec notamment. Il s’agit de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ). Protégée par la Constitution du Canada, la CBJNQ est considérée comme le premier traité moderne avec des autochtones portant sur les revendications territoriales au Canada. Le territoire d’application de cette convention correspond à la partie québécoise des bassins versants de la baie James et de la baie d’Hudson de même qu’à tout le bassin versant de la baie d’Ungava (voir la carte 2-2). Sur ce territoire, la CBJNQ 3 a prévu un régime juridique particulier. Elle contient 31 chapitres couvrant des sujets comme l’admissibilité, le régime des terres, l’administration locale et régionale, la santé et l’éducation, la justice et la police, l’environnement et la protection sociale, les droits de chasse, de pêche et de piégeage, le développement communautaire et économique, le programme de sécurité du revenu pour les piégeurs cris ainsi qu’un régime spécial de foresterie. Plus précisément, la CBJNQ autorise la construction, l’exploitation et l’entretien du complexe La Grande, lequel comporte plusieurs aménagements hydroélectriques sur la Grande Rivière. Le chapitre 8 de la CBJNQ est consacré à ce grand projet. La CBJNQ a également prévu un régime de protection de l’environnement en établissant une procédure d’évaluation environnementale et sociale, laquelle a été intégrée au chapitre II de la Loi sur la qualité de l’environnement et est similaire, dans ses étapes de réalisation, à celle qui s’applique ailleurs au Québec. Elle s’applique obligatoirement à certains projets, dont tout nouveau projet de centrale hydroélectrique, de réservoir de stockage et de bassin de retenue d’eau relié à un ouvrage destiné à produire de l’énergie. Toutefois, cette procédure se distingue par la mise en place de comités permanents, notamment un comité pour évaluer (COMEV 4 ) et un comité pour examiner (COMEX 5 ) les projets de développement de compétence provinciale qui sont assujettis à cette procédure (par exemple, les nouvelles centrales hydroélectriques ou les nouveaux réservoirs). Des représentants cris composent la moitié de ces comités, ce qui assure la prise en compte de leurs préoccupations. Une fois l’examen d’un projet terminé, le COMEX fait ses recommandations à l’administrateur provincial (le sous-ministre du MELCC), qui décide alors s’il autorise ou non le projet ou s’il l’autorise en l’assujettissant à certaines conditions auxquelles doit se plier le promoteur. Enfin, il faut mentionner que les projets hydroélectriques sur le territoire de la Baie-James peuvent faire l’objet d’ententes ou de conventions spécifiques avec les Cris ou les Inuits concernant des aspects particuliers : la construction, l’exploitation et l’entretien des ouvrages, la protection de l’environnement et du milieu social, la réalisation de mesures de correction et d’atténuation, le respect de niveaux d’exploitation de certains réservoirs, l’embauche de main-d’œuvre autochtone, etc. Des exemples de ces ententes sont donnés aux sections 6.7.2 et 6.7.3.

3. Pour plus de renseignements sur la CBJNQ, consulter https://cngov.ca/fr/gouvernance-et-structure/legislation/ententes-et-conventions/ ou http://www3.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/produits/conventions/lois/loi.fr.html. 4. COMEV : comité d’évaluation des répercussions sur l’environnement et le milieu social 5. COMEX : comité d’examen des répercussions sur l’environnement et le milieu social

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5

Hydro-Québec et l’environnement 5.1 HISTOIRE Depuis sa création, en 1944, Hydro-Québec a su mettre à profit les particularités du territoire québécois, soit d’immenses bassins hydrographiques à fort potentiel hydroélectrique, pour produire de l’énergie. En effet, le Québec compte quelque 500 000 lacs et 4 500 rivières, qui couvrent environ 22 % de sa superficie totale. L’exploitation du potentiel hydroélectrique des rivières permet ainsi à Hydro-Québec de produire une énergie à la fois abondante et renouvelable, tout en limitant les impacts liés à l’émission de gaz à effet de serre (GES) et d’autres polluants. L’exploitation du potentiel hydroélectrique du Québec a été entreprise principalement au cours de la seconde moitié du XXe siècle, période qui a coïncidé avec une prise de conscience environnementale à l’échelle planétaire. Cette réflexion a mené à l’adoption de lois et de règlements qui visent à protéger l’environnement et qui sont appelés à évoluer encore aujourd’hui. En 1972, Hydro-Québec s’est dotée d’une fonction Environnement qui n’a cessé de se développer depuis. En collaboration avec de nombreux consultants et chercheurs universitaires externes, cette fonction épaule les gestionnaires et les ingénieurs de l’entreprise à toutes les étapes des projets, de la conception à l’exploitation. En 2019, Hydro-Québec comptait au sein de son personnel plus de 150 spécialistes œuvrant dans toutes les disciplines touchant l’environnement, comme l’hydrologie, la chimie, l’écologie, l’ichtyologie, la mammalogie, la botanique, la biologie marine, la sociologie, l’anthropologie, l’archéologie et la foresterie. Voici quelques événements clés illustrant la place grandissante qu’occupe l’environnement à Hydro-Québec depuis plus d’un demi-siècle : • 1973 : création d’un centre de documentation spécialisé en environnement. En 2019, ce centre regroupait plus de 25 000 rapports techniques, articles scientifiques et autres documents. Toute cette documentation est maintenant accessible en ligne (https://cherloc.ca). • 1975 : signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, un traité historique qui règle la revendication territoriale globale des Cris et des Inuits et qui autorise Hydro-Québec à construire, à exploiter et à entretenir le complexe La Grande. • 1981 : adoption du Code de l’environnement régissant les activités de chantier et d’exploitation. • 1984 : adoption d’une politique environnementale visant à affirmer la responsabilité d’Hydro-Québec en matière de protection et de mise en valeur des ressources naturelles (voir la section 5.2). À cette occasion, l’entreprise a été considérée comme un précurseur par Environnement Canada (1991). • 1985 : formation du Comité consultatif en environnement (CCE), composé principalement de personnes provenant de l’extérieur d’Hydro-Québec. À l’origine, ce comité a reçu le mandat de conseiller l’entreprise sur ses orientations stratégiques et de lui faire des recommandations sur les dossiers concernant l’environnement. Au cours des années 1990, le mandat a été élargi aux relations avec les collectivités. • 1985 : mise sur pied d’une fonction Affaires amérindiennes et inuites, qui vise à favoriser l’accueil favorable ainsi que l’intégration des projets et des activités d’Hydro-Québec en milieu autochtone. • 1989 : inclusion du principe du développement durable dans le plan de développement. • 1994 : lancement d’un programme d’audits en environnement servant à vérifier le respect des dispositions légales et des règles de l’entreprise, en plus de permettre de relever les situations à risque et de déterminer les mesures correctives. • 1997 : adhésion au Programme d’engagement et de responsabilité environnementale (ERE) de l’Association canadienne de l’électricité. Dans le contexte de ce programme, Hydro-Québec établit chaque année un bilan de ses résultats en matière environnementale.

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• 1998 : adoption d’une nouvelle Politique d’environnement, cette fois conforme à la norme ISO 14001. Cette politique préconise l’utilisation judicieuse des ressources dans une optique de développement durable et précise les orientations de l’entreprise relativement à la santé et à la sécurité du public. • 2001 : création de la Fondation Hydro-Québec pour l’environnement (FHQE). Depuis 2020, les fonds sont gérés par la Fondation de la faune du Québec (FFQ). • 2001 : début d’une longue entente de collaboration avec Ouranos, un consortium de recherche créé en 2001 par le gouvernement du Québec, Environnement Canada et Hydro-Québec. Ces trois parties cherchent à comprendre les changements climatiques et leurs effets, et à trouver des solutions pour s’y adapter. • 2005 : création, à l’Université Laval, de l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société (EDS). Financé en bonne partie par Hydro-Québec, l’Institut EDS a pour mission de promouvoir une vision d’ensemble des questions touchant l’environnement dans la société en réalisant ou en favorisant des activités qui visent l’appro­ fondis­­­sement et la diffusion des connaissances dans le domaine de l’environnement et du développement durable. • 2011 : engagement d’Hydro-Québec en tant que principal partenaire financier de la Maison du développement durable, dont la mission est d’offrir au public en général un pôle de rencontres, d’échanges, de réflexion et d’innovations en matière de développement durable. • 2014 : élaboration du Cahier des bonnes pratiques en environnement – Construction de ligne de transport d’énergie. • 2015 : adoption d’un plan d’action en biodiversité. Hydro-Québec publie annuellement une reddition de comptes sur les réalisations qui en découlent. • 2016 : implantation d’un nouveau système de gestion environnementale (SGE) conforme à la norme ISO 14001:2015. • 2017 : élaboration du Cahier des bonnes pratiques en environnement – Construction d’aménagements hydroélectriques. • 2018 : désignation d’Hydro-Québec à titre de « première entreprise citoyenne du Canada » dans le palmarès annuel du magazine Corporate Knights. Au total, 232 entreprises canadiennes ayant un chiffre d’affaires de plus de 1 G$ ont été évaluées selon 17 critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. • 2018 : désignation d’Hydro-Québec à titre d’entreprise canadienne du secteur de l’électricité ayant investi le plus en recherche et en développement selon les données de Research Infosource. • 2019 : conclusion d’une entente de partenariat avec la FFQ, laquelle assure désormais l’administration des engagements contractuels de la FHQE et gère un nouveau programme de financement entièrement subventionné par Hydro-Québec. • 2019 : adoption d’une politique en matière de relations avec les autochtones qui présente les orientations adoptées par l’entreprise afin de guider ses relations avec les communautés autochtones et les services qui leur sont offerts. Hydro-Québec a notamment reçu les prix et les reconnaissances suivants en 2019 : • Deuxième entreprise citoyenne du Canada selon le palmarès annuel du magazine Corporate Knights. Le magazine classe les entreprises canadiennes ayant un chiffre d’affaires de plus de 1 G$ provenant de 97 secteurs industriels sur la base de 21 indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance. • Troisième rang des entreprises les plus responsables aux yeux des Québécois selon le Baromètre de la consommation responsable réalisé par l’Observatoire de la consommation responsable de l’École des sciences de la gestion (ESG) de l'UQAM. • Désignation de la région de Montréal comme le meilleur endroit du monde où établir un centre de données à l’occasion du congrès mondial Datacloud, tenu à Monaco. Ce sont bien entendu l’électricité propre à 99,8 % offerte au Québec de même que les tarifs parmi les plus avantageux du monde qui ont fait pencher la balance en faveur de la métropole québécoise. • Reconnaissance d’Hydro-Québec comme la marque québécoise la plus influente du Québec, selon le palmarès réalisé par la maison Ipsos. Cette compilation tient compte des cinq critères suivants : confiance, engagement, avant-gardisme, responsabilité sociale et présence.

5.2 POLITIQUE EN MATIÈRE D’ENVIRONNEMENT Hydro-Québec a adopté au milieu des années 1980 une politique environnementale qui a évolué au fil du temps. La dernière édition de cette politique, datée de novembre 2018, est reproduite à l’annexe D.

5-2

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Pour contribuer à la protection de l’environnement, Hydro-Québec s’engage : • • • •

à établir une culture écoresponsable au sein de l’entreprise ; à promouvoir une utilisation efficace et optimale de l’électricité ; à promouvoir l’électrification des transports ; à évoluer vers l’approvisionnement de sa clientèle en électricité produite exclusivement à partir de ressources renouvelables, dont l’hydroélectricité ; • à anticiper les impacts des changements climatiques et à prendre les mesures pour s’y adapter. Pour améliorer sa performance environnementale, Hydro-Québec s’engage : • à tenir compte de l’environnement dans les processus décisionnels pour la sélection de ses acquisitions et investis­sements, dès l’établissement de ses orientations stratégiques et à toutes les étapes du cycle de vie de ses projets, produits, services et installations de façon à prévenir la pollution ainsi qu’à préserver la biodiversité et la qualité de l’environnement ; • à prévenir et à gérer à la source les impacts de ses activités, à atténuer les impacts négatifs de celles-ci et à en maximiser les impacts positifs ainsi qu’à en assurer le suivi pour améliorer sa performance et faire évoluer ses pratiques ; • à spécifier aux fournisseurs les critères environnementaux à intégrer pour une gestion responsable de leurs activités, produits et services dans une perspective de développement durable ; • à utiliser durablement les ressources et à favoriser l’intégration du concept de cycle de vie à ses choix de consommation ; • à réaliser, à soutenir et à valoriser la recherche et l’innovation relativement aux enjeux émergents et aux effets de ses activités sur l’environnement. Cette politique comprend une clause selon laquelle « chaque gestionnaire est responsable de faire appliquer les principes généraux énoncés dans la présente politique et d’en rendre compte à ses supérieurs ». Par ailleurs, depuis 1999, Hydro-Québec s’engage à respecter trois conditions en vue de la réalisation de ses projets : • ils doivent être acceptables du point de vue environnemental, conformément au principe de développement durable ; • ils doivent être accueillis favorablement par les communautés locales (voir la directive 21 à l’annexe A) ; • ils doivent être rentables compte tenu des conditions du marché.

5.3 POLITIQUE EN MATIÈRE DE RELATIONS AVEC LES AUTOCHTONES Hydro-Québec a adopté en 2019 une politique en matière de relations avec les autochtones (voir l’annexe E). Elle se résume comme suit : • Pour favoriser l’acceptabilité et l’intégration de ses projets et de ses activités en milieu autochtone, Hydro-Québec s’engage : – à informer et à faire participer les communautés autochtones à toutes les étapes du cycle de vie de ses projets ; – à recourir à un processus de consultation et de participation des publics autochtones qui tient compte de leurs spécificités ; – à favoriser les retombées économiques dans les communautés autochtones. • Pour favoriser la progression et le maintien de ses relations avec les autochtones, Hydro-Québec s’engage : – à contribuer à l’essor économique, social et culturel des peuples autochtones ; – à s’assurer que ses décisions d’affaires prennent en considération les droits et la gouvernance autochtones ; – à établir un dialogue et à faire des communications proactives à toutes les étapes du cycle de vie de ses projets ; – à offrir à sa clientèle autochtone un service à la clientèle adapté à ses particularités. Comme dans le cas de la politique Notre environnement (voir l’annexe D), chaque gestionnaire est responsable de faire appliquer les principes généraux contenus dans la politique Nos relations avec les autochtones et d’en rendre compte au sein de sa voie hiérarchique.

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5.4 IMPORTANCE ACCORDÉE À LA RÉALISATION DES ÉTUDES D’IMPACT ET AUX SUIVIS ENVIRONNEMENTAUX L’étude des impacts sur l’environnement étant au cœur de tout processus d’évaluation et d’examen d’un projet, Hydro-Québec accorde une grande importance à cet exercice. L’entreprise a le souci de réaliser des études d’impact rigoureuses et exhaustives, qui permettent aux autorités ministérielles et administratives responsables de prendre une décision éclairée quant aux projets proposés. Hydro-Québec cherche également à répondre aux préoccupations exprimées par le public en général ainsi qu’aux obligations légales et réglementaires découlant des lois applicables au projet. Hydro-Québec a réalisé de nombreuses études d’impact de grande envergure au cours des 40 dernières années. Elle a toujours mené ces études en respectant les normes les plus exigeantes et en déployant les efforts nécessaires pour observer les directives gouvernementales. Étant donné la dimension spatiale des grands projets hydroélectriques, ces efforts sont d’une ampleur considérable. Hydro-Québec doit mettre en branle des campagnes d’inventaires à l’échelle des bassins versants pour acquérir les données nécessaires à la caractérisation du milieu, à la compréhension de sa dynamique et à l’évaluation des impacts. À titre d’exemple, la zone d’étude du complexe de la Romaine couvre un territoire de plus de 15 000 km2. Ces campagnes visent toutes les grandes composantes du milieu, aux plans tant physique et biologique qu’humain (voir le tableau 5-1). Tableau 5-1 – Grandes composantes environnementales traitées par Hydro-Québec dans les études d’impact de grands projets hydroélectriques Milieu physique • Régime hydraulique et hydrologique • Régime thermique • Régime des glaces • Géomorphologie et dynamique sédimentaire • Qualité de l’eau • Océanographie physique • Gaz à effet de serre

Milieu biologique • • • • • • • • •

Végétation (terrestre et aquatique) Milieux humides Poissons et leurs habitats Mercure dans la chair des poissons Amphibiens et reptiles Oiseaux Milieux estuariens et côtiers Espèces à statut particulier Mammifères

Milieu humain • Aspects sociaux • Aspects économiques • Utilisation du territoire (par les autochtones et les allochtones) • Pêche sportive, chasse sportive et piégeage • Pêche commerciale • Mercure et santé humaine • Activités récréotouristiques • Activités forestières et minières • Patrimoine archéologique • Paysage • Activités et savoir traditionnels (communautés locales et autochtones)

Pour réduire le plus possible l’impact de ses projets, Hydro-Québec, comme plusieurs organisations dans le monde, adopte une approche suivant la séquence « éviter (lorsque c’est possible) – réduire au minimum (ou atténuer) – compenser ». Lorsqu’il est impossible d’éviter les impacts, l’entreprise applique trois types de mesures pour réduire leurs effets sur l’environnement : • Les mesures d’atténuation visent à éliminer les effets négatifs liés à un projet ou à les réduire à un niveau acceptable. Ces mesures s’appliquent essentiellement dans la zone directement touchée par un ouvrage. • Les mesures de compensation visent à compenser les effets négatifs de la réalisation d’un projet qui ne peuvent être éliminés ou réduits par des mesures d’atténuation. Elles sont réalisées près des sites touchés ou dans la même région. • Les mesures de mise en valeur visent à améliorer l’état d’un milieu naturel qui n’est pas directement touché par la réalisation d’un projet. Elles peuvent également être appliquées à l’extérieur de la zone d’étude d’un projet. Les mesures adoptées consistent le plus souvent en la réhabilitation d’un milieu existant ou la création de nouveaux habitats. Certaines d’entre elles encouragent l’utilisation du territoire ou génèrent un intérêt récréotouristique plus important. 5-4

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Par ailleurs, Hydro-Québec met en place des programmes de suivi qui s’échelonnent sur plusieurs décennies de façon à vérifier les prévisions annoncées dans les études d’impact ainsi que l’efficacité des mesures d’atténuation et de compensation. Par exemple, les suivis entrepris dans le cadre des complexes de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert et de la Romaine s’échelonnent respectivement sur 14 et 31 ans (Hydro-Québec Production, 2007a et 2010). Enfin, l’intérêt d’Hydro-Québec pour l’environnement va au-delà des exigences des directives et des conditions d’autorisation énoncées par les autorités gouvernementales. Par exemple, l’entreprise collabore régulièrement avec des instituts de recherche ou des chercheurs universitaires pour mener des études approfondies sur des sujets divers en environnement. Les nombreuses publications scientifiques signées ou cosignées par des spécialistes d’Hydro-Québec en font foi.

5.5 PARTICIPATION DU PUBLIC Hydro-Québec met en place un processus de participation du public adapté aux besoins des collectivités et à l’envergure des projets. Ce processus vise à intégrer le plus harmonieusement possible les projets dans les milieux d’accueil. Plus spécifiquement, ses objectifs sont : • • • •

de présenter les caractéristiques des projets et de faciliter la compréhension de ces derniers par le public ; de recueillir les préoccupations des différents groupes de citoyens ; de dégager les principaux enjeux des projets ; de recueillir le savoir local et de s’en servir pour mieux évaluer les impacts des projets ainsi que mieux cibler les mesures d’atténuation et de compensation ; • de diffuser les résultats des études techniques et environnementales au fur et à mesure qu’ils sont disponibles et de s’assurer de leur compréhension par le public. Le tableau 5-2 décrit succinctement les moyens habituellement mis en œuvre par Hydro-Québec pour atteindre ces objectifs. Comme les membres des communautés autochtones constituent une forte proportion de la population dans les territoires touchés par les grands aménagements hydroélectriques, Hydro-Québec privilégie une approche en deux volets : le premier volet s’intéresse à la réalisation des études d’impact et de suivi environnemental de même qu’à la mise en place des mesures d’atténuation ; le second volet se traduit par des engagements financiers visant à maximiser les retombées économiques dans la région (par exemple l’embauche de main-d’œuvre autochtone et la sélection préalable des contrats à accorder de façon prioritaire, en tout ou en partie, aux entreprises locales). Ainsi, dès l’étape de la conception des projets, Hydro-Québec partage avec les représentants des communautés autochtones concernées les résultats de ses études préliminaires, organise des assemblées publiques de même que des ateliers d’information et d’échange de concert avec les communautés visées et prévoit, au besoin, des services d’interprétation en langue autochtone de façon à s’assurer que le public autochtone peut participer aux échanges et comprendre les réponses fournies. Ces rencontres constituent un forum où Hydro-Québec et les parties prenantes autochtones discutent des questions qu’elles jugent utile d’aborder relativement à la réalisation et aux résultats des études, à la conception des aménagements, aux impacts et aux mesures d’atténuation ainsi qu’à l’information et à la consultation des utilisateurs autochtones des milieux touchés par le projet. Les représentants d’Hydro-Québec et des communautés autochtones veillent ensemble à prévenir les conflits et les irritants avec les utilisateurs et à favoriser un accueil positif des aménagements hydro­ électriques pendant toute leur vie utile. Ils travaillent également de concert pour élaborer des mesures d’atténuation, de compensation et de mise en valeur afin que les communautés autochtones continuent d’occuper leur territoire et de se livrer à leurs activités traditionnelles.

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Tableau 5-2 – Description sommaire des activités de communications habituellement mises en œuvre par Hydro-Québec dans le cadre de ses projets Activité

Description

Tournée d’information

Au début des études d’avant-projet, Hydro-Québec fait une ou plusieurs tournées d’information dans les principales localités et communautés autochtones concernées.

Rencontres avec les élus et les autres représentants du milieu

Hydro-Québec tient des rencontres avec les élus et les décideurs locaux ainsi qu’avec les représentants autochtones afin de leur transmettre de l’information sur le projet et sur les pratiques de l’entreprise.

Tables d’information et d’échange (TIE) et forums mixtes avec les autochtones

Hydro-Québec organise des TIE avec les représentants d’organisations diverses (municipalités régionales de comté, municipalités, ministères, organismes autochtones, associations de citoyens, organismes de développement économique, etc.) ainsi que des forums mixtes encadrés par les ententes et les conventions avec les autochtones. Ces rencontres sont l’occasion pour tous d’échanger sur le projet, les études, les impacts et les mesures d’atténuation.

Ateliers de travail

Complémentaires aux TIE et aux forums mixtes, les ateliers de travail servent à approfondir les échanges sur des aspects particuliers et à préciser certains enjeux majeurs. Ils peuvent par exemple porter sur l’emploi et la formation de la main-d’œuvre, les retombées économiques, l’ouverture du territoire, l’exploitation forestière, l’attribution des contrats et les clauses de sous-traitance ainsi que les espèces fauniques d’intérêt pour les communautés locales.

Journées portes ouvertes

Des journées portes ouvertes sont organisées pour que les représentants d'Hydro-Québec puissent répondre aux questions du public. Des spécialistes sont sur place afin de parler du projet et d’expliquer ses caractéristiques.

Rencontres ciblées

À la demande de certains organismes, Hydro-Québec organise des rencontres dont les thèmes sont fonction des publics cibles (comités de citoyens, chambres de commerce, gens d’affaires, sociétés de services spécialisés, associations récréotouristiques, groupes de piégeurs autochtones, etc.).

Bulletins d’information

Distribués sur l’ensemble des territoires touchés, ces bulletins fournissent une information factuelle et bien illustrée. Les lecteurs sont invités à transmettre leurs questions et commentaires à un représentant d’Hydro-Québec (conseiller – Relations avec le milieu) présent sur place. Dans le cas des communautés autochtones, les bulletins sont rédigés de concert avec leurs représentants, qui voient à leur distribution.

Actions médiatiques

Hydro-Québec participe à plusieurs tribunes médiatiques, notamment à la radio communautaire locale et autochtone. L’entreprise utilise également différents moyens de diffusion (communiqués, entrevues, publicité, etc.) pour présenter les projets, traiter des préoccupations du milieu ou, tout simplement, annoncer des activités.

Autres activités

Hydro-Québec organise diverses activités (repas-causeries, visites de complexes hydroélectriques, conférences, rencontres avec des étudiants et des groupes de jeunes, rencontres entre autochtones de différentes communautés, etc.) pour traiter de sujets particuliers.

De plus, durant les phases de construction et d’exploitation, des comités mixtes de suivi sont créés de façon à permettre aux communautés autochtones d’échanger avec les représentants d’Hydro-Québec, notamment sur les suivis environnementaux, en plus de participer directement à l’élaboration et à la réalisation de mesures correctrices et de recommandations destinées à améliorer les projets.

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5.6 DIFFUSION DES CONNAISSANCES ACQUISES Les nombreuses études menées par Hydro-Québec depuis près d’un demi-siècle ont permis l’établissement d’un corpus de connaissances impressionnant, particulièrement en ce qui a trait au milieu boréal, où se situent la plupart des grands aménagements hydroélectriques du Québec. Des territoires entiers, comme celui de la Baie-James, encore très peu connus au début des années 1970, comptent maintenant parmi les territoires les mieux décrits du monde. D’énormes banques de données ont été créées afin qu’on puisse rassembler et mieux gérer l’information recueillie. L’analyse et le traitement de ces données ont donné lieu à la rédaction de plus de 10 000 rapports techniques et autres documents, dans toutes les disciplines liées à l’environnement. Ces ouvrages sont regroupés dans un centre de documentation situé au siège social d’Hydro-Québec, à Montréal1. Ce centre met son fonds documentaire à la disposition tant du public en général que des spécialistes en environnement (étudiants, chercheurs, consultants, etc.). En plus de permettre l’amélioration de la prévision des impacts des futurs projets ainsi que la mise au point de mesures d’atténuation et de compensation efficaces, ces connaissances profitent à l’ensemble de la collectivité québécoise. Toutefois, les documents sont écrits essentiellement en français, ce qui explique qu’ils soient peu connus du public anglophone. Pour y remédier, Hydro-Québec a consacré des efforts, surtout au cours des 20 dernières années, à la synthétisation de cette masse d’information et à la production de documents en anglais. Il en a résulté la publication de quelques ouvrages de synthèse et de plusieurs dizaines de publications scientifiques révisées par des pairs. Ces publications scientifiques permettent une diffusion des connaissances acquises en environnement par Hydro-Québec au sein de la communauté scientifique internationale. Elles se retrouvent dans des journaux spécialisés de haut calibre, parmi lesquels Impact Assessment and Project Appraisal, Biogeosciences, Canadian Journal of Fisheries and Aquatic Sciences, Canadian Journal of Zoology, Canadian Medical Association Journal, Catena, Ecology Letters, Ecosphere, Energy Policy, ICES Journal of Marine Science, Journal of Applied Ichthyology, Environmental Science & Technology, Global Biogeochemical Cycles, Science of the Total Environment et Ecological Engineering. Dans l’examen des impacts présenté au chapitre 6, on fait abondamment référence à ces publications. Hydro-Québec n’hésite pas non plus à déléguer des représentants à de grands congrès scientifiques internationaux qui sont l’occasion de présenter les résultats des études menées par les spécialistes de l’entreprise sur des sujets pointus, comme le mercure dans les réservoirs, les débits réservés écologiques, les émissions de gaz à effet de serre, les retombées économiques des projets ou les ententes et les conventions conclues avec les communautés autochtones. D’ailleurs, plusieurs de ces présentations ont été faites conjointement avec des représentants de ces communautés. Enfin, des gestionnaires et des spécialistes en environnement d’Hydro-Québec participent activement à des regroupements internationaux voués à la protection de l’environnement ainsi qu’à la promotion de l’hydroélectricité et des autres formes d’énergie renouvelable dans un contexte de développement durable. On peut mentionner l’Agence internationale de l’énergie, la World Commission on Dams, l’Association canadienne des barrages, l’International Association for Impact Assessment, l’Association internationale de l’hydroélectricité, Hydroélectricité Canada, la National Hydropower Association (États-Unis) ou encore l’Edison Electric Institute. L’expérience et les compétences qu’Hydro-Québec a acquises au fil des décennies dans le domaine de l’environnement sont maintenant reconnues au sein de ces organisations.

1. Une partie de la documentation est accessible en ligne : https://cherloc.ca.

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Revue des impacts des grands aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec Sous forme de questions et de réponses, ce chapitre présente un inventaire des connaissances acquises depuis une cinquantaine d’années par Hydro-Québec sur les impacts environnementaux de ses aménagements hydroélectriques et démontre l’efficacité des mesures d’atténuation et de compensation mises en place. Les questions et réponses sont regroupées sous différents thèmes : • • • • • • • • •

Qualité de l’eau et sédiments Gaz à effet de serre Biodiversité Ressources halieutiques et habitats Milieux humides et végétation Faune terrestre Utilisation du territoire, peuples autochtones et économie Mercure Impacts des travaux de construction

Les questions et réponses sont formulées de manière à décrire avec justesse les impacts environnementaux de la grande hydraulique au Québec. Chaque question est liée à un thème particulier ; elle est suivie d’une réponse sommaire, puis, pour le lecteur intéressé, d’une réponse plus détaillée. L’annexe B présente un sommaire des impacts décrits dans le présent chapitre.

6.1 QUALITÉ DE L’EAU ET SÉDIMENTS 6.1.1 Quelle est l’influence des réservoirs sur la température de l’eau et sur la vie aquatique ? RÉPONSE SOMMAIRE Un barrage peut influer sur le régime thermique de l’eau dans le réservoir lui-même ainsi qu’en aval. Dans le Nord québécois (voir la carte 3-1), la température de l’eau en surface dans les réservoirs est typiquement de 1 à 5 °C plus chaude en hiver et de 3 à 6 °C plus froide en été, comparativement à ce qu’elle était dans les conditions antérieures à la mise en eau. Par ailleurs, la fourchette de variation de la température sur l’ensemble de l’année est moins large. La masse d’eau se réchauffe légèrement plus tard au printemps et se refroidit légèrement plus tard à l’automne. Selon des suivis sur plusieurs années des communautés de poissons, les changements dans le régime thermique ne sont pas suffisants pour amoindrir la productivité et la biodiversité des systèmes aquatiques. Dans les faits, chez la plupart des espèces de poissons, l’abondance et la croissance se sont maintenues à des niveaux semblables, voire légèrement supérieurs à ce qu’ils étaient dans les conditions de référence et à ce qu’ils sont dans les lacs naturels environnants, selon les réservoirs.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Modification de la température de l’eau après l’ennoiement Pour ce qui est du régime thermique, les réservoirs se comportent plus ou moins comme de grands lacs naturels. En raison de leur inertie thermique (liée à l’important volume d’eau qu’ils contiennent), leur réchauffement printanier et leur refroidissement automnal sont légèrement en retard par rapport à ceux de plans d’eau plus petits. Les réservoirs ont donc un régime thermique décalé par rapport aux lacs naturels et aux rivières dans la même région.

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Les effets des aménagements hydroélectriques sur la température de l’eau font l’objet de prévisions et de suivis par Hydro-Québec. Dans le cadre des études d’impact sur l’environnement préalables à l’autorisation de tout nouveau projet hydroélectrique, les changements dans le régime thermique en aval et en amont des barrages sont évalués au moyen de modèles prévisionnels (par exemple, Hydro-Québec Production, 2007b , et Thériault et coll., 2010). Une fois le barrage construit, un suivi de la température de l’eau est mis en place à de nombreux endroits en aval et en amont, et les mesures sont prises à des intervalles de 15 à 60 minutes. Hydro-Québec gère un important réseau de 300 stations de suivi de la température de l’eau réparties dans tous les grands bassins versants où des centrales sont exploitées (Romaine, Manicouagan, Rupert, etc.). Des rapports de suivi du régime thermique servent à évaluer les changements et à valider les prévisions faites pendant les études d’impact sur l’environnement lors de la phase d’avant-projet. Les effets sur la vie aquatique sont évalués par divers programmes de suivi qui utilisent habituellement les poissons comme indicateurs de la santé des écosystèmes aquatiques.

Aval des barrages Toutes les saisons, les changements sont en général plus importants tout juste en aval des barrages ; les températures de l’eau et de l’air se rapprochent graduellement pour ensuite devenir pareilles à mesure que l’eau s’écoule vers l’aval. En raison de l’inertie thermique résultant du volume important d’eau qui s’y trouve stocké, les fluctuations quotidiennes et saisonnières de la température de l’eau dans les réservoirs diminuent. Par exemple, la figure 6-1 illustre les changements dans le régime thermique du cours inférieur de la rivière Romaine (voir la carte 2-3) après la création de trois réservoirs dans les secteurs amont en 2014, en 2015 et en 2017. Sur la figure, le tracé de la rivière Romaine Sud-Est1 représente le régime thermique naturel, tandis que les autres tracés correspondent aux mesures dans la rivière Romaine en aval des barrages, à diverses distances de l’embouchure. Les stations de mesure situées aux points kilométriques (PK) 49 et moins sont en aval du barrage de la Romaine-1 (PK 52,5), qui est le plus en aval sur la rivière Romaine. La hausse de température est plus lente au printemps et l’eau est plus froide de 3 à 6 °C en été. En hiver, la température de l’eau est d’environ 1 à 5 °C plus élevée au pied du barrage, mais diminue graduellement avec la distance en aval du barrage. Figure 6-1 – Températures de l’eau enregistrées en 2017 dans la rivière Romaine Sud-Est (conditions naturelles) et dans la rivière Romaine en aval du barrage de la Romaine-2 25 Romaine Sud-Est Aval du barrage de la Romaine-2 (PK 83,7) PK 49

20

PK 46,2 PK 16,2 PK 5,2

15

10 A118AL_f6_1_geq_water_200512.ai

Température de l’eau (°C)

PK 34,5

5

0 Janv.

Févr.

Mars

Avril

Mai

Juin

Juill.

Août

Sept.

Oct.

Nov.

Déc.

Note : Les barrages de la Romaine-1 et de la Romaine-2 sont situés aux points kilométriques 2,5 et 91,5 respectivement. Source : Hydro-Québec, 2018a. 1. La rivière Romaine Sud-Est est un affluent de la rivière Romaine qui sert de cours d’eau de référence puisqu’elle n’est pas touchée par les installations hydroélectriques.

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Une modélisation numérique du régime thermique a été réalisée dans le cadre du processus d’évaluation des impacts sur l’environnement pour tous les grands aménagements hydroélectriques récents au Québec. En phase d’exploitation, les températures de l’eau ont également fait l’objet de suivis annuels servant à confirmer les changements et à valider les prévisions aux différentes installations, y compris au complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert (Hydro-Québec, 2017c), à la centrale Mercier (Englobe, 2015) et à la centrale de la Péribonka (Environnement Illimité, 2014).

Amont des barrages (réservoirs) Des modèles prévisionnels des profils thermiques verticaux dans les réservoirs ont également été produits pendant l’évaluation environnementale. On a par la suite surveillé les profils thermiques pendant la phase d’exploitation afin de valider les prévisions. La figure 6-2 montre l’exemple du réservoir de la Romaine 2. Elle illustre la stratification thermique en été, où les eaux de surface plus chaudes sont séparées des eaux de fond plus froides par une thermocline très marquée. La couche de fond demeure froide (environ 4 °C) toute l’année. Deux fois par an, à l’automne et au printemps, un mélange vertical s’opère dans la colonne d’eau alors que les températures de l’eau sont semblables à toutes les profondeurs. Ce phénomène donne lieu à une certaine homogénéisation de la température et des propriétés chimiques de l’eau entre la surface et le fond du réservoir. En hiver, la couche de surface refroidit à environ 0 °C et une couverture de glace se forme. La température est légèrement plus élevée (1 à 4 °C environ) sous cette couche de surface. La stratification thermique représente un changement marqué par rapport aux conditions fluviales préennoiement, où les températures de l’eau étaient généralement uniformes entre la surface et le fond. On note toutefois que ce phénomène de stratification thermique se produit aussi dans les lacs naturels des latitudes nordiques si la profondeur de l’eau est suffisante (Wetzel, 2001). Figure 6-2 – Profils de température de l’eau dans le réservoir de la Romaine 2, selon la prévision avant la mise en eau et les mesures de suivi pendant l’exploitation 0

Niveau minimal d’exploitation

-40 A118AL_f6_2_geq_006_watertemp_200617.ai

Profondeur (m)

-20

-60 Mesure du 28 juillet 2015 Mesure du 17 juillet 2016

-80

Mesure du 15 août 2017 Température prévue dans l’étude d’impact sur l’environnement, le 1er août 1988

-100 0

5

10

15

20

Température de l’eau (°C)

Source : Hydro-Québec, 2018c.

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Effets sur la vie aquatique Le suivi de la vie aquatique dans les réservoirs et en aval des barrages permet d’évaluer les effets des changements dans le régime thermique, ainsi que de tout autre changement attribuable à la présence des aménagements hydroélectriques. Depuis les années 1970, les suivis environnementaux d’Hydro-Québec utilisent les poissons comme indicateur des impacts sur les écosystèmes aquatiques. Puisque les poissons sont au sommet de la chaîne trophique aquatique, ils servent communément d’indicateur des changements dans les écosystèmes aquatiques (voir la section 6.4.3). Ainsi, un vaste programme de suivi des poissons a été mené sur plus d’une vingtaine d’années au complexe La Grande, dans la région de la Baie-James. Un programme de suivi à long terme des poissons (2010-2034) est également en cours au complexe de la Romaine. Plusieurs autres études de suivi des poissons d’envergure ont été réalisées dans d’autres rivières nordiques, y compris la rivière Rupert. Les principales conclusions relatives aux effets des modifications de la température de l’eau sur la vie aquatique sont résumées ci-après.

Réservoirs Au complexe La Grande (voir la carte 2-2), les communautés de poissons et leur dynamique démographique ont fait l’objet d’un suivi régulier entre 1977 et 2000 au moyen d’un protocole normalisé. Le suivi portait sur 27 stations, dont 5 correspondaient à des milieux témoins (Hayeur, 2001). Les principales conclusions touchant les réservoirs sont que les rendements de pêche ont augmenté peu après la mise en eau, probablement à cause de l’apport accru en éléments nutritifs. Les rendements de pêche sont ensuite redescendus graduellement à un niveau semblable à celui des conditions initiales après une douzaine d’années (plus d’information à la section 6.4.3). Les taux de croissance de la plupart des espèces de poissons ont aussi augmenté dans les réservoirs. Plus de 21 ans après la mise en eau, les taux de croissance étaient encore légèrement supérieurs à ceux des conditions naturelles ou semblables à ceux du lac témoin. Il est probable que tout effet négatif potentiel sur les communautés et populations aquatiques résultant des changements dans le régime thermique a été compensé par l’augmentation de la productivité biologique dans les réservoirs.

Aval des barrages Dans la Grande Rivière, les rendements des pêches expérimentales pour toutes les espèces présentes immédiatement en aval des réservoirs ont été supérieurs à ceux des réservoirs eux-mêmes en raison de l’accumulation de poissons en aval des barrages et de l’apport accru de nourriture provenant des réservoirs (Therrien et coll., 2002). Des effets liés aux changements de température ont toutefois été détectés dans certains cas en aval des barrages. Ainsi, la lotte (Lota lota), une espèce d’eau froide (Hasnain et coll., 2010), a remplacé le grand brochet comme espèce piscivore la plus abondante. Ce changement dans l’abondance relative a été attribué à des températures de l’eau plus froides en été (Therrien et coll., 2002). Dans le cas des espèces pour lesquelles les données étaient suffisantes pour procéder à des comparaisons statistiques, comme le meunier rouge (Catostomus catostomus) et le grand corégone (Coregonus clupeaformis), le taux de croissance et le coefficient d’embonpoint en aval des barrages étaient soit supérieurs aux valeurs observées dans les réservoirs, soit semblables à celles-ci. Suivi des effets de la température sur le saumon atlantique De remarquables mesures d’atténuation ont permis de protéger les populations de saumons atlantiques (Salmo salar) dans les complexes hydroélectriques de la Côte-Nord. Cette espèce, présente dans le cours inférieur des rivières Betsiamites et Romaine, est l’une des plus prisées des pêcheurs récréatifs et des Premières Nations de l’est du Québec. Les saumons adultes passent la plus grande partie de leur vie dans l’océan ; par contre, la fraie et le stade juvénile se déroulent exclusivement en rivière, en amont des intrusions d’eau salée. L’effet potentiel des changements dans la température de l’eau sur le saumon atlantique dans les rivières Betsiamites et Romaine est un sujet de préoccupation tant pour Hydro-Québec que pour les autorités environnementales. C’est pourquoi on a mis en place des mesures particulières afin d’atténuer les impacts potentiels des barrages sur les populations de saumons dans ces deux rivières.

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Dans la rivière Romaine, l’étude d’impact sur l’environnement prévoyait un léger recul (environ 5 %) du taux de croissance des saumons atlantiques juvéniles, en raison de la température de l’eau plus basse pendant la saison de croissance. On estimait aussi que la migration des smolts vers l’océan serait retardée d’une à deux semaines, comme on l’avait observé précédemment dans la rivière Betsiamites (Hydro-Québec Production, 2007a). Hydro-Québec s’est engagée à entreprendre un programme de suivi des poissons fondé, entre autres sur des indicateurs sensibles aux changements dans le régime thermique : • chronologie de la migration vers l’océan et abondance des smolts de saumon atlantique ; • taux de croissance des saumons juvéniles ; • chronologie de la fraie et abondance des nids de saumon dans les frayères. Le programme de suivi conçu pour mesurer les conditions initiales jusqu’en 2014 a commencé en 2010 (Génivar, 2011, 2012 et 2013; WSP, 2014 et 2015) et il se poursuit encore annuellement pendant la phase d’exploitation (WSP, 2016 et 2017). Les résultats obtenus à ce jour indiquent ce qui suit : • comme le prévoyait l’étude d’impact sur l’environnement, la fraie est désormais retardée d’environ une semaine, ce qui peut s’expliquer par un retard correspondant dans le refroidissement de l’eau à l’automne ; • conformément aux prévisions, la migration des smolts vers l’océan est retardée de deux à trois semaines ; • le taux de croissance des juvéniles s’est accru ; • aucun changement dans l’âge à la smoltification n’a été observé. Enfin, le programme de suivi, qui se poursuivra jusqu’en 2030, n’a permis d’observer aucun impact sur l’abondance de la population de saumons jusqu’à présent.

CONCLUSION L’eau subit des changements de température à l’intérieur des grands réservoirs du Nord québécois, mais également dans des zones s’étendant sur plusieurs kilomètres en aval. Des effets de la température de l’eau sur la chronologie du cycle vital ont été détectés chez certaines espèces de poissons, comme le saumon atlantique dans la rivière Romaine, mais aucun impact à l’échelle des populations n’a été constaté à ce stade du programme de suivi. En général, les rendements de pêche expérimentale sont demeurés équivalents ou supérieurs à ceux des plans d’eau naturels environnants. Le suivi à long terme des communautés de poissons et de leur dynamique démographique montre que, dans la plupart des cas, la productivité biologique globale, dans les réservoirs et en aval, s’est nettement accrue pendant environ dix à douze ans, pour retourner ensuite à des niveaux qui restent supérieurs ou semblables à ceux des lacs naturels.

6.1.2 La qualité de l’eau des réservoirs a-t-elle des effets sur la vie aquatique dans les réservoirs et en aval ? RÉPONSE SOMMAIRE L’ennoiement des sols et de la végétation lors de la mise en eau peut modifier les caractéristiques chimiques de l’eau dans les réservoirs et en aval. Dans le Nord québécois, les grands réservoirs hydroélectriques ont été construits en climat froid et dans des bassins versants forestiers largement exempts de source notable de pollution anthropique des eaux et de sédiments. Une étude exhaustive de la qualité de l’eau menée entre 1977 et 2000 au complexe La Grande a conclu que les paramètres de qualité de l’eau dans la couche d’eau productive (jusqu’à 10 m de profondeur)2 sont demeurés dans des fourchettes propices à la vie aquatique. Des études de suivi à long terme ont montré que les rendements de pêche, le coefficient de condition des poissons et leur taux de croissance se sont accrus chez la plupart des espèces, tant dans les réservoirs qu’en aval, au moins durant la première décennie suivant la mise en eau. Ces résultats montrent que la création des réservoirs a causé une augmentation de la productivité du milieu aquatique, en raison d’un apport accru en éléments nutritifs dans des plans d’eau initialement pauvres en nutriments. Cet apport accru est lié directement à la décomposition des sols et de la végétation ennoyés.

2. Les paramètres de l’eau de surface ont été caractérisés dans la couche supérieure de 10 m de profondeur ; celle-ci correspond en général à la zone photique, où se produit le gros de la production primaire. LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

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RÉPONSE DÉTAILLÉE Changements de la qualité de l’eau après la mise en eau et effets sur la vie aquatique Les principaux processus qui influent sur la qualité de l’eau dans les réservoirs sont liés à l’ennoiement des sols et de la végétation sur de grandes superficies (Schetagne, 1994). La végétation terrestre commence à se décomposer quelques jours ou mois après la mise en eau. Sous l’eau, la décomposition de la plupart des matières organiques facilement décomposables (premiers centimètres de sol et partie verte de la végétation) est habituellement terminée après un ou deux ans en climat tempéré ou tropical, tandis que ce processus peut s’étendre sur des siècles en climat froid pour la partie ligneuse des arbres et arbustes (troncs, branches et racines), la température de l’eau ayant une grande influence sur le taux de décomposition. Par exemple, des troncs d’épinette immergés dans le réservoir Gouin 3, au Québec, étaient largement intacts 55 ans après la mise en eau, ayant perdu moins de 1 % de leur biomasse (Van Coillie et coll., 1983). En climat froid, la libération d’éléments nutritifs et le changement résultant de la qualité de l’eau sont ainsi plus lents que dans les réservoirs en climat tempéré ou tropical. La décomposition de la partie ligneuse des arbres est si lente qu’elle n’a pas d’effet notable sur la qualité de l’eau. La décomposition de la matière organique a de nombreux effets potentiels sur la qualité de l’eau. Ce processus consomme de l’oxygène dissous présent dans l’eau, libère des éléments nutritifs et du dioxyde de carbone, et abaisse légèrement le pH de l’eau (Schetagne, 1994). Les résultats obtenus dans le cadre d’un vaste programme de suivi de la qualité de l’eau mené au complexe La Grande entre 1977 et 2000 (Schetagne et coll., 2005) ont permis de mieux prévoir les impacts des projets hydroélectriques suivants. Vu l’absence de toute source importante de pollution de l’eau dans la région, le suivi a mis l’accent sur les paramètres de qualité de l’eau relatifs à la productivité du milieu aquatique. La plupart des lacs et des rivières boréaux du Québec sont oligotrophes, c’est-à-dire naturellement pauvres en éléments nutritifs, en chlorophylle et en production primaire (Schetagne et coll., 2005). Avant l’ennoiement, la faible concentration de phosphore était normalement le principal facteur limitant la production primaire dans les plans d’eau (Schetagne, 1981). Or, la productivité biologique du milieu aquatique a été stimulée par l’afflux de nutriments causé par la mise en eau des réservoirs. Globalement, le gros des changements dans la qualité de l’eau s’est opéré entre un et quatre ans après la mise en eau. Les propriétés chimiques sont revenues graduellement aux valeurs de référence entre deux et dix-huit ans après le début du remplissage, selon le volume d’eau, le débit entrant et l’emplacement des stations de mesure dans le réservoir. Sauf dans certaines baies éloignées de l’axe principal du réservoir, les teneurs en oxygène dissous des eaux de surface se sont maintenues à 80 % de saturation ou plus à long terme, ce qui est propice à la vie aquatique. On a également noté une hausse importante des teneurs en phosphore comparativement aux conditions précédant l’ennoiement. Il en a résulté une augmentation du phytoplancton, comme en témoignent les teneurs plus élevées en chlorophylle α. L’augmentation de la production primaire a stimulé la productivité à tous les niveaux trophiques aquatiques, jusqu’aux poissons. Comme l’indique la section 6.1.1, les rendements de pêche de même que la croissance et le coefficient de condition des poissons ont augmenté chez la plupart des espèces, pendant une période d’environ dix ans. Bien que les teneurs en oxygène dissous dans la couche supérieure de 10 m de profondeur soient demeurées propices à la vie aquatique dans la plupart des zones des réservoirs ayant fait l’objet d’un suivi détaillé (Robert-Bourassa, Caniapiscau et Laforge 1), des teneurs en oxygène dissous inférieures au seuil de maintien de la vie aquatique (saturation de 50 % ou moins) ont été observées dans quelques secteurs restreints à la fin des premiers hivers suivant la mise en eau. On a relevé ces faibles teneurs dans des baies peu profondes à l’écart de l’axe principal du réservoir. Dans ces secteurs, le renouvellement de l’eau se fait plus lentement ; en outre, ces baies sont recouvertes de glace en hiver, ce qui empêche l’équilibrage de l’oxygène entre l’atmosphère et la colonne d’eau. On a même observé des conditions d’anoxie (0 % de saturation en oxygène) dans les couches d’eau profondes (hypolimnion) de certains réservoirs. On a cependant estimé que les teneurs en oxygène dissous dans la plus grande partie du volume des réservoirs sont demeurées au-dessus de 50 % de saturation en tout temps, soit dans respectivement 65 %, 80 % et 85 % du volume d’eau des réservoirs de Caniapiscau, Opinaca et Robert-Bourassa (Schetagne et coll., 2005).

3. Le réservoir Gouin, situé à la tête de la rivière Saint-Maurice, a été créé à la fin des années 1920. Il sert à réguler le débit de la rivière, ce qui permet de gérer les crues et d’optimiser la production d’hydroélectricité aux centrales en aval.

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Les teneurs en oxygène, tant dans les baies peu profondes qu’en eau profonde, sont revenues rapidement à des valeurs favorables pendant le renversement printanier. Les périodes de faibles teneurs en oxygène dissous ont ainsi été limitées à quelques semaines à la fin des premiers hivers. La présence de secteurs pauvres en oxygène a eu peu d’effets sur les populations de poissons, ces derniers évitant les eaux peu oxygénées et choisissant activement les zones adéquatement oxygénées, qui demeuraient toujours abondantes. De fait, l’augmentation des rendements de pêche pendant les premières années dans ces réservoirs montre qu’aucun impact notable sur la vie aquatique n’est survenu malgré les teneurs en oxygène moindres dans certains secteurs. Plus révélateur encore, les rendements de pêche en été ont été nettement supérieurs aux stations où de faibles teneurs en oxygène avaient été observées à la fin de l’hiver (Doyon et Belzile, 1998 ; Belzile et coll., 2000). Les teneurs en éléments nutritifs et en chlorophylle α ont été plus élevées dans ces baies que n’importe où ailleurs dans les réservoirs, et le retour aux valeurs de référence dans ces baies a pris environ trois à quatre ans de plus que dans la couche d’eau supérieure (profondeur jusqu’à 10 m) des réservoirs de Caniapiscau, Opinaca et Robert-Bourassa. La qualité de l’eau en aval des barrages est largement déterminée par l’eau qui s’écoule des réservoirs, de sorte que les mêmes profils sont observés dans les réservoirs et en aval (Schetagne et coll., 2005). Cependant, certains paramètres sont modifiés par la turbulence de l’eau dans les tronçons de rivière à débit rapide ainsi qu’en aval des évacuateurs de crues. La turbulence atténue certains changements dans la qualité de l’eau en aval des réservoirs en augmentant la teneur en oxygène dissous et en diminuant la concentration de dioxyde de carbone (CO2 ) , avec pour résultat une légère hausse du pH de l’eau. Un enrichissement en phosphore a aussi été observé dans le réservoir de la Paix des Braves (anciennement réservoir de l’Eastmain 1), mis en eau en 2006. Avant la mise en eau, la teneur en phosphore de référence dans la rivière Eastmain était très faible (8 µg/l , dans Bolduc, 1991). En 2007, un an après la mise en eau, les teneurs en phosphore estivales avaient fortement augmenté pour atteindre des valeurs comprises entre 10 et 27 µg/l (Demarty, 2010). Les concentrations de phosphore étaient cependant revenues aux niveaux de référence à peine un an plus tard, en 2008, et se sont maintenues à ces niveaux en 2010 (6 et 5 µg/l respectivement, dans Demarty, 2010). Ce phénomène a donc été vraisemblablement de courte durée et aucun effet à long terme n’a été observé. On peut juger des effets de la qualité de l’eau sur la vie aquatique à partir des résultats du programme de suivi des poissons réalisé au complexe La Grande entre 1997 et 2000 (Therrien et coll., 2002). Comme l’indique la section 6.1.1, les principales conclusions relatives aux réservoirs sont que les rendements de pêche se sont accrus peu après la mise en eau, probablement à cause de l’apport d’éléments nutritifs. Ils sont ensuite redescendus graduellement à un niveau semblable à celui des conditions initiales après une douzaine d’années (voir d’autres renseignements à la section 6.4.3). Les taux de croissance des principales espèces de poissons ont aussi nettement augmenté dans les réservoirs ; 21 ans après la mise en eau, ils étaient encore légèrement plus élevés qu’en conditions naturelles et semblables à ceux du lac témoin.

CONCLUSION La création de vastes retenues peut modifier temporairement les caractéristiques physicochimiques de l’eau dans les réservoirs ainsi qu’en aval. Le programme de suivi de la qualité de l’eau mené au complexe La Grande montre que, dans l’ensemble, les changements dans la qualité de l’eau ont été relativement mineurs. La plupart des changements touchant la qualité de l’eau sont attribuables à l’ennoiement des sols et de la végétation. La matière organique ennoyée se décompose selon des processus chimiques et biologiques naturels, qui libèrent des éléments nutritifs et consomment de l’oxygène présent dans l’eau. En raison du climat froid du Nord québécois, ces processus sont moins intenses que dans les régions plus méridionales. Des conditions d’hypoxie ou d’anoxie (teneurs en oxygène dissous inférieures aux besoins des organismes aquatiques) ont cependant été observées pendant quelques semaines dans des secteurs d’eau profonde des réservoirs, à chacune des toutes premières années suivant la mise en eau. Néanmoins, les rendements de pêche, les coefficients de condition des poissons et leur taux de croissance dans les réservoirs et en aval ont augmenté pendant environ dix ans après la mise en eau, pour revenir ensuite à des niveaux semblables à ceux des lacs naturels environnants, ce qui montre que la mise en eau a eu un effet stimulant sur la productivité biologique du milieu aquatique.

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6.1.3 L’embolie gazeuse chez les poissons est-elle un enjeu environnemental pour les aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec ? RÉPONSE SOMMAIRE Sur une période de 40 ans, on n’a relevé aucun cas d’embolie gazeuse chez les poissons à l’une ou l’autre des centrales hydroélectriques d’Hydro-Québec. Par conséquent, un tel phénomène n’est pas considéré comme un enjeu environnemental pour les aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec.

RÉPONSE DÉTAILLÉE L’embolie gazeuse est une affection pathologique qui peut toucher les poissons et d’autres organismes aquatiques lorsque la teneur en gaz atmosphériques dissous dans l’eau dépasse le point de saturation. La sursaturation de l’eau en gaz dissous peut survenir naturellement, mais peut aussi résulter d’activités humaines, notamment l’exploitation d’installations hydroélectriques. L’embolie gazeuse a le potentiel d’endommager les tissus mous des organismes aquatiques et de causer la mort de poissons. Au cours des 40 dernières années, on n’a relevé aucun événement du genre dans l’ensemble des centrales hydro­ électriques d’Hydro-Québec et aucune mortalité massive de poissons n’a été signalée (voir la section 6.4.2). La configu­ration des évacuateurs de crues d’Hydro-Québec et l’absence d’injection d’air dans les turbines ne favorisent pas des conditions qui produiraient une embolie gazeuse. C’est pourquoi la sursaturation de l’eau en gaz dissous n’a jamais été jugée problématique et ne fait l’objet d’aucun suivi spécifique dans les installations d’Hydro-Québec. Le risque d’embolie gazeuse a été évalué dans le cadre des études d’impact sur l’environnement de deux récents projets hydroélectriques au Québec, soit ceux du complexe de la Romaine et de la centrale de la Péribonka. L’embolie gazeuse n’a pas été désignée comme un risque majeur par les agences environnementales fédérales et provinciales procédant à l’évaluation environnementale de ces projets. En conclusion, l’embolie gazeuse n’a jamais fait l’objet de signalements aux installations exploitées par Hydro-Québec et n’est pas considérée comme un enjeu environnemental pour les aménagements hydroélectriques de l’entreprise.

6.1.4 Comment les grands projets hydroélectriques d’Hydro-Québec modifient-ils la dynamique sédimentaire des rivières ? RÉPONSE SOMMAIRE La construction et l’exploitation de grands complexes hydroélectriques influent sur la dynamique sédimentaire des cours d’eau et plans d’eau aménagés à des degrés variables. Les suivis environnementaux réalisés au cours des dernières décennies tendent à montrer que les effets des aménagements d’Hydro-Québec sur la dynamique sédimentaire (érosion et sédimentation) sont globalement limités et sont différents en amont et en aval des barrages. En amont des barrages, la principale modification de la dynamique sédimentaire est l’activation temporaire du processus d’érosion des rives nouvellement créées par les réservoirs. Cette érosion est provoquée par l’ennoiement initial et par l’action des vagues en période d’exploitation. L’intensité de ce processus est fonction de la nature des sols en place. Lorsque les rives se composent de roc ou de matériaux grossiers peu sensibles à l’érosion, comme c’est le cas pour la plupart des réservoirs au Québec, l’érosion observée est généralement localisée et de faible envergure. Sur les rives où dominent les matériaux plus fins (sable, limon et argile), les processus d’érosion sont temporaires, car ils s’amenuisent graduellement avec le temps. Compte tenu de l’activité érosive somme toute restreinte au pourtour des réservoirs, aucun cas d’accumulation majeure de sédiments dans les réservoirs gérés par Hydro-Québec n’a été signalé et aucun dragage ne s’est avéré nécessaire à ce jour. En aval des barrages, la charge sédimentaire est globalement réduite et l’impact sur la dynamique sédimentaire des cours d’eau varie selon le type de modification apportée au régime hydrologique. Les effets sont ressentis différemment selon qu’il s’agisse de tronçons de rivière où le débit est régularisé, réduit ou augmenté comparativement aux conditions naturelles.

6-8

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Dans les cours d’eau à débit régularisé 4, les débits fluctuent en général plus fréquemment qu’en conditions naturelles, mais ces fluctuations restent de moindre amplitude puisqu’il y a écrêtement des crues. Les berges sont ainsi moins sollicitées qu’en conditions naturelles, du moins pendant la période printanière. Les résultats des suivis environnementaux montrent que les rives des tronçons de rivière à débit régularisé subissent peu de changements notables. Dans les cours d’eau à débit réduit, il se produit une diminution de la vitesse d’écoulement et de la capacité de transport de sédiments. Les processus d’érosion diminuent également et se manifestent surtout par une augmentation locale de l’érosion et de la turbidité de l’eau dans les secteurs plus sensibles, à dominance de matériaux fins. De l’érosion régressive peut aussi se produire le long du cours inférieur de certains tributaires, car ceux-ci doivent réajuster leur profil en fonction du niveau plus bas de la rivière principale. Ces conditions d’érosion sont temporaires et se poursuivent jusqu’à ce que les rives et le profil des cours d’eau atteignent un nouvel état d’équilibre. Les résultats des suivis menés par Hydro-Québec montrent qu’avec les années la baisse globale des débits dans ces cours d’eau tend à ralentir les processus d’érosion des rives et à augmenter la stabilité du milieu. Dans les cours d’eau à débit augmenté, il se produit, à l’inverse, un accroissement des vitesses d’écoulement et de la capacité de transport de sédiments. Par conséquent, les rives sont plus sollicitées et les risques d’érosion sont plus élevés que dans les cours d’eau à débit régularisé ou réduit. Les suivis montrent que l’ampleur des processus d’érosion des rives dépend de la sensibilité de celles-ci. Dans les tronçons où dominent le roc et les matériaux grossiers, les rives demeurent stables ou évoluent très peu. Par contre dans les tronçons où la proportion de sédiments fins est élevée, on observe une évolution plus marquée des processus d’érosion. Pour diminuer les effets potentiels de l’érosion dans les cours d’eau, Hydro-Québec met en place, selon les besoins, diverses mesures d’atténuation qui se sont révélées très efficaces, par exemple le maintien de débits réservés, la construction de seuils ou d’épis pour la maîtrise des niveaux d’eau, la mise en place de perrés et l’ensemence­ment végétal de rives.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Sur le plan sédimentaire, les cours d’eau naturels sont des milieux dynamiques qui sont constamment à la recherche d’un équilibre entre la charge alluviale provenant de l’amont et la capacité de la rivière (débit) à évacuer ces alluvions vers l’aval (Knighton, 1998). La construction de grands complexes hydroélectriques influe sur la dynamique sédimentaire et la modifie. De façon générale, la présence des barrages a pour effet de retenir les sédiments provenant de l’amont et de diminuer les apports sédimentaires en aval (Kondolf et Schmitt, 2018). De plus, on observe généralement une activation temporaire de l’érosion le long des rives nouvellement créées par les réservoirs et une modification de la dynamique des rives le long des tronçons fluviaux en aval des barrages. Afin de bien comprendre ces effets et de déterminer les mesures d’atténuation appropriées, Hydro-Québec effectue des analyses approfondies dans le cadre de ses études d’impact, qui comprennent notamment : • l’analyse détaillée par photo-interprétation des milieux touchés par les futurs aménagements hydroélectriques visant à évaluer la sensibilité du milieu à l’érosion et à la sédimentation ; • l’estimation des apports sédimentaires issus de l’érosion des rives des cours d’eau ; • l’estimation des charges sédimentaires de fond et en suspension en rivière. Lors de la construction des ouvrages, des mesures d’atténuation sont mises en œuvre, au besoin, pour réduire les impacts prévus sur la dynamique sédimentaire des rives (par exemple le maintien de débits réservés, la construction de seuils ou d’épis pour la maîtrise des niveaux d’eau, la mise en place de perrés et l’ensemencement végétal de rives). En phase d’exploitation, Hydro-Québec réalise également des suivis à long terme portant sur l’efficacité des mesures d’atténuation. Elle utilise les résultats de ces études pour vérifier la justesse des prévisions d’impacts, pour évaluer l’efficacité des mesures d’atténuation et pour mieux planifier les prochains projets de façon à réduire leurs impacts environnementaux. Les sections qui suivent traitent des effets des aménagements hydroélectriques sur la dynamique sédimentaire en amont et en aval des barrages.

4. Voir la définition de rivières à débit régularisé, réduit et augmenté à l’annexe F.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-9


Amont des barrages (réservoirs) Les processus d’érosion des rives dans les réservoirs au Québec sont généralement de faible envergure, car les grands projets hydroélectriques s’inscrivent dans des territoires globalement peu sensibles à l’érosion. Comme le mentionne la section 3.1, les réservoirs québécois se situent pour la plupart dans le Bouclier canadien, un territoire constitué surtout de roche recouverte de dépôts glaciaires généralement minces. Dans ce contexte, les segments de rives sensibles à l’érosion représentent en général un faible pourcentage de l’ensemble des rives des réservoirs, qui sont plutôt rocheuses ou formées de till, donc résistantes à l’érosion (voir le tableau 6-1). C’est ce qui explique également que les apports sableux sont faibles dans les réservoirs. À cet égard, on n’a signalé aucun cas d’accumulation majeure de sable dans les réservoirs gérés par Hydro-Québec, y compris ceux qui sont âgés de plus de 50 ans (par exemple le réservoir Gouin, en Mauricie, dont la mise en eau remonte aux années 1920). Compte tenu des faibles apports sédimentaires dans les réservoirs, aucune mesure correctrice, comme des travaux de dragage, n’a été nécessaire à ce jour. De plus, l’augmentation de l’érosion est temporaire, car les rives sensibles évoluent progressivement vers un nouvel état d’équilibre, à moyen ou à long terme (de 5 à 25 ans), selon la pente, la nature des matériaux en place et l’intensité de l’action des vagues (laquelle est fonction du fetch). En effet, après le remplissage des réservoirs, les nouvelles rives subissent de l’érosion (création d’encoches, éboulements et parfois glissements). Dans les secteurs où les sédiments fins (sable, limon et argile) prédominent, l’érosion est plus marquée. Toutefois, avec les années, des plages et des pavages de matériaux grossiers se forment sur les rives et en viennent à les protéger contre l’érosion. En un mot, les rives se stabilisent avec le temps (Hayeur, 2001). Le marnage n’est généralement pas retenu comme un facteur érosif important, car non seulement la majeure partie des rives sont peu sensibles à l’érosion, mais l’abaissement des niveaux d’eau dans les réservoirs se produit surtout en hiver, au moment où les rives sont gelées et où les processus érosifs sont faibles (Hydro-Québec Production, 2004a et 2007b). Tableau 6-1 – Portrait global de l’érosion des rives de quelques réservoirs d’Hydro-Québec Réservoir

Périmètre (km)

Année de mise en eau

Rives de forte sensibilité à l’érosiona (estimées)

Rives en érosionb (observées)

Proportion (%)

Proportion (%)

Références

Romaine 1

98

2015

7

n. d.

Hydro-Québec Production, 2007b

Romaine 2

339

2014

0

0 (2019)

Hydro-Québec Production, 2007b ; AECOM, 2019

Romaine 3

113

2017

0

0 (2019)

Hydro-Québec Production, 2007b ; AECOM, 2019

Romaine 4

602

2021 (à venir)

8

n. d.

Hydro-Québec Production, 2007b

Péribonka

106

2007–2008

10

8 (2013)

Poly-Géo, 2004 et 2014

Toulnustouc

72

2005

2

0,7 (2005)

Poly-Géo, 2006

Sainte-Anne

372

1957

16

6,1 (2005)

Poly-Géo, 2006

2 358

1918

12

4,3 (1982 et 1984)

Groupe HBA, 1998

359

1930

24

10,2 (1999)

Groupe HBA, 1999

3 273

1951–1978

n. d.

0–13,7 (7,5 en moyenne)

Denis et coll., 1991

Gouin Taureau Manic 1, 2, 3 et 5 Outardes 2, 3 et 4

a. Proportion de rives jugées de forte sensibilité à l’érosion lors des études d’avant-projet. b. Proportion de rives en érosion observées sur le terrain lors des suivis post-aménagement. n. d. : données non disponibles.

6-10

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


À la suite d’études préliminaires, lorsqu’il est prévu de créer des réservoirs dans des milieux jugés plus sensibles à l’érosion, Hydro-Québec prend des précautions particulières lors du remplissage. Par exemple, celui-ci est fait en étapes et on en maîtrise la vitesse de façon à réduire au minimum les risques d’érosion. C’est ainsi qu’a été rempli le réservoir de la Romaine 2, un des plus récents du Québec (mis en eau en 2014-2015). À ce jour, les processus d’érosion dans les réservoirs ne sont pas assez graves pour qu’Hydro-Québec adopte des mesures d’atténuation plus importantes, comme la mise en place de perrés le long des rives. Par ailleurs, les suivis environnementaux effectués depuis une quarantaine d’années dans les différents réservoirs du Québec n’indiquent pas que l’érosion cause des impacts notables sur la vie aquatique. Ils montrent plutôt que les réservoirs offrent des conditions propices à l’établissement d’écosystèmes aquatiques diversifiés et productifs (voir les sections 6.3.1 et 6.4.3).

Aval des barrages De façon générale, la présence d’un barrage a pour effet de réduire les apports de sédiments en aval. De plus, le mode de gestion des débits peut influer notablement sur la dynamique sédimentaire. Il convient à cet égard de distinguer les tronçons de rivière dont le débit est régularisé, ceux dont le débit est réduit et ceux dont le débit est augmenté compara­tivement aux conditions naturelles. Les effets sur la dynamique sédimentaire sont différents selon ces trois types de conditions hydrologiques.

Tronçons à débit régularisé  5 La régularisation des cours d’eau à des fins de production d’énergie a pour effet d’écrêter les crues et d’atténuer les étiages, mais elle amène habituellement les débits à varier plus souvent. Ainsi, dans les rivières à débit régularisé, les débits fluctuent en général plus fréquemment qu’en conditions naturelles, mais à l’intérieur d’une gamme de valeurs plus restreinte. Les pointes de crues printanières sont éliminées, de sorte que les berges sont moins sollicitées durant cette saison qu’en conditions naturelles. Globalement, les résultats des suivis environnementaux montrent que les rives des tronçons de rivière à débit régularisé subissent peu d’impacts ou n’en subissent aucun. Certaines rivières à débit régularisé de la Côte-Nord abritent des populations de saumons atlantiques. Étant donné l’importance socioéconomique de ce poisson, Hydro-Québec a déployé des efforts particuliers afin de comprendre les effets du changement de la dynamique sédimentaire sur ses habitats de reproduction. L’encadré 6-1-4 présente un exemple des études effectuées à ce sujet pour le complexe de la Romaine.

Tronçons à débit réduit  6 La réduction du débit dans un cours d’eau entraîne une baisse du niveau d’eau, une réduction de la superficie du plan d’eau et du volume d’eau qu’il contient, une réduction de l’amplitude des fluctuations annuelles du niveau d’eau ainsi qu’une augmentation du délai de renouvellement des eaux (Hayeur, 2001). On s’attend aussi à ce que la réduction de la vitesse d’écoulement diminue l’intensité des processus d’érosion des rives et la capacité de transport de sédiments de la rivière. Ces changements tendent à augmenter la stabilité du milieu après un certain temps. Toutefois, à court terme, de l’érosion peut se manifester localement. Comme la réduction du débit occasionne une exondation partielle des rives (Hydro-Québec Production, 2004a ; Hayeur, 2001), celles-ci deviennent exposées aux agents érosifs comme le ruissellement et les vagues. Sur les rives composées de matériaux fins, ces nouvelles conditions peuvent entraîner du ravinement et la formation de nouveaux microtalus d’érosion à un niveau plus bas qu’en conditions naturelles. De l’érosion peut également se produire dans le cours inférieur des tributaires, car ceux-ci doivent s’ajuster au niveau plus bas de la rivière principale. En présence de sédiments fins, cet ajustement peut entraîner de l’érosion régressive et, parfois, une augmentation de la sédimentation ainsi que de la turbidité de l’eau à la confluence. Dans les cas où des réductions majeures de débit se sont produites, ces phénomènes d’érosion ont pu être importants. Ce fut le cas dans les cours inférieurs des rivières Eastmain et Opinaca, à la Baie-James, dont le débit a été fortement réduit au début des années 1980 (alimentation limitée aux apports secondaires) et dont une bonne partie du lit et des

5. Voir la définition de rivières à débit régularisé, réduit et augmenté à l’annexe F. 6. Voir la définition de rivières à débit régularisé, réduit et augmenté à l’annexe F.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-11


rives était constituée de sédiments fins. Des mesures ont alors été mises en place pour réduire les impacts. Cinq ouvrages hydrauliques (quatre seuils et un épi) ont été construits sur ces deux cours d’eau pour maintenir les niveaux d’eau sur une distance totale de 90 km, soit le tiers de la partie exondée des deux rivières. Ces travaux ont vite freiné les processus d’érosion (Hayeur, 2001). Les enseignements tirés de ces travaux ont permis à Hydro-Québec de mieux évaluer les impacts de ses projets suivants, comme ceux du complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert (Hydro-Québec Production, 2004a et 2004b), partiellement mis en service en 2009 7 ; l’intervention exigeait alors la réduction partielle du débit de la rivière Rupert sur une distance de 314 km, à la suite de la dérivation des eaux du bassin supérieur de cette rivière, vers la Grande Rivière, plus au nord. De concert avec les parties prenantes cries concernées, Hydro-Québec a prévu plusieurs mesures pour atténuer l’impact de la réduction de débit (Hydro-Québec Production, 2004a), soit : • le maintien d’un débit réservé modulé selon les saisons et équivalent à près de 50 % du débit moyen annuel à l’embouchure de la rivière ; • la construction de huit ouvrages hydrauliques8 (seuils ou épis) répartis le long de la rivière et maintenant, sur la moitié du tronçon à débit réduit, un niveau d’eau semblable au niveau estival moyen de la rivière en conditions naturelles (voir la figure 6-3) ; • l’ensemencement de végétaux (graminées) sur les rives ayant subi une exondation (voir la carte 6-1).

Baie Jolly (PK 311 de la rivière Rupert) avant l’ensemencement végétal

Baie Jolly après l’ensemencement végétal

7. Les eaux de la rivière Rupert ont été partiellement dérivées en novembre 2009. Les quatre derniers seuils ont été construits en 2010. La centrale de la Sarcelle a été mise en service en décembre 2013. 8. La Convention Boumhounan, qui définit les modalités du projet de l’Eastmain-1-A–Sarcelle–Rupert, prévoit la construction d’un nombre maximal de dix seuils sur la rivière Rupert. Le seuil de la baie Jolly (PK 311) et l’épi à Waskaganish (PK 3) sont les neuvième et dixième seuils même s’ils ne jouent aucun rôle dans le maintien des niveaux d’eau. Ils ont été construits dans le seul but de faciliter l’utilisation du territoire.

6-12

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Figure 6-3 – Ouvrages hydrauliques (seuils et épis) aménagés sur la rivière Rupert pour le maintien du niveau d’eau dans le secteur à débit réduit

M

Jo lico eu Fichier : A118AL_f6_3_geq_029_ouvrprofil_200408.ai r

aq

ue

6,6

13,2 km

Campement de travailleurs

Rivière à écoulement naturel

Canal

ur principale Route coe

Rivière à débit réduit

Route secondaire

Eaux dérivées

Digue

Juillet 2020

Joli

re

Riviè

Tunnel

UTM, fuseau 18, NAD83

76°00’

Barrage

t

0

77°00’

Hydrographie

Cherom

Ruisseau

met route ou chemin Autre

Point kilométrique de rivière

PK 75

kw

his

Ouvrage hydraulique

ac W

ière

Barrage de la Nemiscau-2 et ouvrage de restitution de débit réservé

Rivière

Digue du Ruisseau-Arques et ouvrage de restitution de débit réservé

Pontax

Tunnel de transfert Tommy-Neeposh

Campement de la Nemiscau

te

la à

i

En

h

ac

w stu

me s

ère

Tapis en enrochement PK 20,4

Rivière

eau

Ruiss

PK 25

Rivière

Gravel Pit Smokey Hill e

Lac Nemiscau

PK 150

re iviè

R

B

PK 75

t

llie

Jo

Lac Nemiscau

isip i

m

ina

Kaputawach

hik

us

Rivière

ch

it

PK 350

Barrage de la Rupert et évacuateur de crues (débit réservé)

Lac Mesgouez

Bassin versant de la Rupert

à

M

k

ar

ac

db

oa

Br

PK 275

Seuil de la Baie-Jolly

tikw

as

Sip

PK 325 PK 300

la

Ka

Seuil PK 223

PK 200

te

Lac Giffard

Nu

ch

e

re

PK 225

Vieux-Nemaska

Rivière

ièr

ert

Rup

PK 250

PK 175

Bras du Nord

viè

Ri

Rivière

PK 125

e

ar

m

Le

Seuil PK 290

Lac Caumont

Seuil PK 170

Broadback Riv

Nem

ière

re

ièr

ikw

st

pa

Si

ras

PK 100

Riv

Ma

au

Rupert

Lac Jolliet

Ouvrage de restitution de débit réservé (LR-51-52)

u isca

Riv

Seuil PK 110,3

Épi PK 85

Nord

Riviè

. Riv

u

ea

iss

Ru Uk

Kamachisti kw a ch

du

as

Rivière

w

ye Waph

Route

Br

Épi PK 49

Seuil PK 33

Biefs Rupert Lac Lemare

Lac Champion

i

Ru

Barrage Lemare et ouvrage de restitution de débit réservé

u

PK 0

Nemaska

au sse

an

51°30’

ax

t Pon

te de la Baie Ro u -J a

vi Ri

Waskaganish

his

Ac

Tetapishu

Rivière

u ya

we

k tus

sk

re

Lac Cramoisy

Lac Teilhard

Riv

i Tru

Riviè

Barrage de la Nemiscau-1 et ouvrage de restitution de débit réservé

51°30’

78°00’

Infrastructures

Sources : Riv 000, MRN Québec, 2002 BDTA, 1/250 Rivière ièr Cartographiee : Englobe

Rau

78°00’

77°00’

76°00’

Barrage de la Rupert et évacuateur de crues Seuil PK 110,3

300

Route de la Baie-James

250

Exutoire du lac Mesgouez

Épi PK 85

Bras Sipastikw

Lac Nemiscau

200

Rapides de Genowmee

Rapides

Niveau (m)

Seuil Route du Nord PK 290

Seuil PK 223

Seuil PK 170

Seuil PK 33

150

Rivière Jolliet

Épi PK 49 Rapides The Fours

Tapis en enrochement PK 20,4

100

0

20,4 25

PK 21,35

Rapides Oatmeal (Kaumwakweyuch)

300

314

325

PK 291 Point kilométrique cible Barrage

Rapides The Cat (Chikaskutakan)

Rapides Plum Pudding

Rivière Premiers Niyeutachun rapides Kauchipischeyach

290

Coude Kachiwepayich Nipi

50

0

Rivière Lemare

Rivière à la Marte

Bras du Nord Rapides de la Gorge

Ouvrage hydraulique Zone dʼinfluence de l’ouvrage hydraulique

Rapides The Bear

Rapides de Smokey Hill

Ligne d'eau (août 2002) Thalweg 49

33

PK 47,8

75

PK 52,60

85

PK 86,4

100

110,3

125

PK 117,5

150

170 175

Distance depuis lʼembouchure (PK)

200

PK 187

223 225

250

275

PK 253

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-13



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LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-15



Les suivis montrent que ces mesures permettent le maintien de la stabilité ou la stabilisation rapide des rives plus sensibles à l’érosion. En effet, la végétation y est bien implantée après deux années de croissance (Biofilia, 2012). Dans les zones sous l’influence des ouvrages hydrauliques, l’érosion ne se manifeste que localement, uniquement dans les segments plus sensibles où la largeur de la rivière dépasse 500 m, tout comme avant la dérivation. Dans les zones qui ne sont pas sous l’influence des ouvrages hydrauliques, l’érosion a considérablement diminué étant donné la baisse des débits et de la vitesse d’écoulement (Poly-Géo et Biofilia, 2016).

Tronçons à débit augmenté L’augmentation globale des débits dans ces tronçons de rivière amène, à l’inverse de ce qui se produit dans les tronçons à débit réduit, une augmentation du volume d’eau, des vitesses d’écoulement et donc de la capacité de transport de sédiments. Par conséquent, les rives sont plus touchées qu’en conditions naturelles et les risques d’érosion y sont plus élevés. Les suivis montrent que les rives sont demeurées stables dans les cours d’eau où dominent la roche et les matériaux grossiers. C’est le cas de la rivière Laforge, un affluent de la Grande Rivière par où sont dérivées les eaux de la Caniapiscau supérieure (Hayeur, 2001). À l’opposé, les rives de cours d’eau où la proportion de sédiments fins est élevée, risquent davantage d’être touchées par les processus d’érosion ; des mesures appropriées peuvent efficacement en atténuer les effets. C’est ce qui a été fait dans le cours inférieur de la Grande Rivière, dont les débits ont été fortement augmentés. Hydro-Québec a effectué des travaux de stabilisation au moyen de perrés sur les segments de rives jugés les plus à risque (voir la carte 6-2).

Secteur du PK 163 de la rivière Rupert avant l’ensemencement

Même secteur après l’ensemencement

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-17


LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

!

!

1D

#

!

km 4

!

1F

#

km 5

!

#

# 4A #

3A

!

km 7

km 6

Point kilométrique de rivière

Point kilométrique de route

km 8 78°56'

!

#

km 9

!

#

6B

km 10

Segment 6 (550 m)

78°52'

#

6A

Segment 5 (450 m)

# 5B

5A

PK 15

78°52'

!

km 11

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Gran

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La

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement.

!

PK 10

Segment de tapis granulaire mis en place en 2009

!

km 8

Segment 4 (150 m)

Segment 3 (250 m)

Chisasibi

2B

(550 m)

# Segment 2

2A

Segment de tapis granulaire mis en place en 2007

km 3

#

1E

Segment 1 (2 150 m)

Aéroport de Chisasibi

km 0

#

1C

PK 10

Station de caractérisation du profil transversal de la berge

km 2

#

1B

# 1A

!

km 1

#

1A

78°56'

53°48'

53°46'

!

km 12

Rivière

$ !

78°48'

Décembre 2020

Vers Radisson

PK 20

450

900 m

UTM, fuseau 17, NAD83

0

#

#

Segment 11 (700 m) 11A 11B

Carte 6-2

Cartographie : AECOM Fichier : A118AL_c6_2_geq_025_tapisgran_200714f.mxd

Sources : NTDB, 1/50 000, RNCan, 2007

Suivi de l'intégrité et de l'efficacité des tapis granulaires sur les rives de la Grande Rivière

78°48'

53°48' 53°46'

6-18


Encadré 6-1-4 Étude de la qualité granulométrique des habitats de reproduction du saumon atlantique de la Romaine La rivière Romaine, située sur la Côte-Nord (voir la carte 2-3), abrite une petite population de saumons atlantiques qui varie entre 150 et 300 géniteurs selon les années (Aubé-Maurice et coll., 2019). Cette espèce est hautement valorisée par le public en général et par les communautés innues en particulier. Le saumon atlantique peut être vulnérable au changement de régime hydrologique et sédimentaire causé par les aménagements hydroélectriques. C’est pourquoi, lors de l’étude d’impact (Hydro-Québec Production, 2007c), Hydro-Québec a mené des études approfondies visant à décrire les conditions sédimentologiques des frayères en conditions naturelles et à évaluer les effets sur ces dernières de la modification du régime hydrosédimentaire apportée par l’aménagement hydroélectrique (Hydro-Québec, 2019a ; WSP, 2019a). Plus spécifiquement, on a analysé la variation temporelle de la quantité et de la proportion de parti­cules fines (diamètre inférieur à 2 mm) dans le substrat des frayères du saumon en conditions naturelles (avant la réalisation des aménagements) pendant l’incubation. La quantité de particules fines dans le substrat peut influer sur la survie des œufs : plus elle est élevée, plus les chances de survie des œufs sont faibles. On voulait bien comprendre la dynamique sédimentaire naturelle des frayères pendant l’incu­bation et vérifier si le changement attendu du régime hydrologique de la Romaine pouvait modifier la proportion de cette classe de particules ainsi que diminuer la qualité du substrat des frayères. Pour ce faire, on a utilisé différentes techniques d’échantillonnage : trappes à sédiments pour évaluer la mobilité des particules sur le lit de la rivière, carottage cryogénique pour connaître la composition exacte du substrat et cubes d’infiltration imitant la structure d’un nid de saumon pour évaluer la variation de la teneur en sédiments fins pendant l’incubation. Un suivi de la qualité du substrat des frayères utilisant les mêmes techniques d’échantillonnage a été instauré après la mise en service des premières centrales (2014-2015). Les résultats obtenus jusqu’à maintenant montrent que la qualité du substrat des frayères se maintient (Hydro-Québec, 2019a ; WSP, 2019a) et que le saumon y poursuit ses activités de reproduction (Aubé-Maurice et coll., 2019).

Trappes à sédiments installées dans le lit d’une frayère à saumon

Échantillon de substrat obtenu au moyen du carottage cryogénique

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-19


6.2 GAZ À EFFET DE SERRE 6.2.1 Les grands réservoirs nordiques d’Hydro-Québec sont-ils une source importante de gaz à effet de serre ? RÉPONSE SOMMAIRE Des gaz à effet de serre (GES) – essentiellement le dioxyde de carbone et le méthane – sont émis par les réservoirs, les lacs naturels, les milieux humides et les rivières ; ils sont produits par la décomposition de la matière organique dans l’eau. On sait que les réservoirs en région boréale émettent beaucoup moins de GES que les réservoirs tropicaux en raison de la température plus froide de leurs eaux, des teneurs élevées en oxygène dissous dans l’eau et des quantités moindres de matière organique labile, c’est-à-dire facilement décomposable. Après les quelques premières années, où les processus de décomposition sont particulière­ment actifs dans les nouveaux réservoirs, les émissions de GES chutent de façon marquée sur une période de cinq à dix ans, pour atteindre des niveaux comparables à ceux des lacs naturels et des rivières. La basse température et la bonne oxygénation de l’eau ainsi que le petit apport de matière organique se traduisent par de faibles émissions de méthane et de faibles émissions globales de GES dans les réservoirs d’Hydro-Québec. Selon une analyse du cycle de vie, les émissions moyennes de GES des centrales à réservoir de l’entreprise se chiffrent à 17 grammes d’équivalent de dioxyde de carbone par kilowattheure (g éq. CO2/kWh). Ces émissions sont inférieures à celles de la plupart des autres technologies de production d’électricité, renouvelables ou non. Elles sont comparables à celles de la filière éolienne (14 g éq. CO2/kWh) et moindres que celles de la filière photovoltaïque (64 g éq. CO2/kWh).

RÉPONSE DÉTAILLÉE Émissions de GES par les réservoirs En général, les écosystèmes aquatiques comme les lacs, les rivières et les estuaires émettent naturellement des GES, principalement du dioxide de carbone (CO2 ) et du méthane (CH4 ). Des études scientifiques auxquelles ont participé 14 universités de 24 pays ont analysé les bilans GES de systèmes d’eau douce à partir de recherches et de campagnes sur le terrain (Tremblay et coll., 2005). Kumar et collaborateurs (2011) résument leurs résultats de la façon suivante : • Tous les systèmes d’eau douce, qu’ils soient naturels ou artificiels, émettent des GES en raison de la décomposition de la matière organique. Ainsi, les lacs, les rivières, les estuaires, les milieux humides, les zones d’inondation saisonnière et les réservoirs émettent tous des GES. Ces milieux enfouissent aussi une certaine quantité de carbone dans les sédiments (Cole et coll., 2007). • À l’intérieur d’une région donnée où les conditions écologiques sont semblables, les réservoirs et les systèmes hydrologiques naturels produisent des niveaux semblables de CO2 par unité de surface (voir la figure 6-4). Dans certains cas, les plans d’eau naturels et les réservoirs d’eau douce absorbent davantage de CO2 qu’ils n’en émettent. Figure 6-4 – Taux d’émissions brutes de CO2 dans les réservoirs boréaux à différents âges et plages de valeurs dans les lacs et les rivières boréaux 8 000

6 000

4 000 3 091

2 000

0

0

10

20

30

40

50

Âge du réservoir (années)

6-20

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

60

70

80

A118AL_f6_4_geq_005_CO2emission_200514.ai

Flux brut moyen de CO2 (mg/m2/j)

Plage des valeurs mesurées dans des lacs et des rivières en zone boréale

Source : Hydro-Québec Production, 2007f.


La figure 6-5 illustre les trois principaux mécanismes d’émission de GES des réservoirs (Tremblay, Therrien et coll., 2019). Les GES sont émis à l’interface atmosphère-eau dans les réservoirs ainsi qu’en aval des centrales hydroélectriques. Le dioxyde de carbone et le méthane sont libérés par la décomposition d’une partie de la matière organique ennoyée. Aux endroits où l’oxygène dissous dans l’eau a été épuisé par l’activité bactérienne, ce qui mène à des conditions d’anoxie, c’est la production de méthane qui est favorisée. Ce n’est généralement pas le cas dans les réservoirs boréaux, où l’eau est froide et bien oxygénée. Figure 6-5 – Principaux mécanismes d’émission de GES des réservoirs

ÉMISSIONS EN AVAL

CO2 et CH4 (diffusion)

1

CH4 (bullage)

CO2 et CH4 (dégazage)

Diffusion et bullage

Réservoir

BARRAGE

A118AL_f6_5_geq_035_200514.ai

2

3

Note : Les trois principaux mécanismes d’émission de GES dans les réservoirs : 1) émissions diffusives, à l’interface atmosphère-eau du réservoir, 2) émissions par bullage (principalement du CH4), produites surtout dans les sédiments anoxiques dans des zones peu profondes, et 3) émissions par dégazage, en aval de la centrale. Source : Tremblay, Therrien et coll., 2019.

Lorsque sa concentration est suffisamment élevée, le méthane peut être émis par bullage (ébullition), ce qui se produit généralement en eaux chaudes. Selon une revue récente (Deemer et coll., 2016), la plupart des études sur les émissions de GES des réservoirs se sont principalement concentrées sur les émissions diffusives ; ces études peuvent ainsi avoir sous-estimé les émissions de méthane, car les émissions par bullage et par dégazage n’ont pas été prises en compte. Toutefois, les émissions par bullage et par dégazage ont été mesurées par Hydro-Québec dans ses réservoirs les plus récents (Paix des Braves et Romaine) ; l’entreprise a constaté qu’elles ne représentaient qu’une faible proportion des émissions totales de GES. Les taux d’émission de GES des réservoirs dépendent de la température de l’eau et varient en fonction de la zone climatique (boréale, tropicale, etc.) ainsi que de divers autres facteurs (âge du réservoir, productivité biologique, apports en carbone organique, etc.). Cette variabilité est suffisamment Figure 6-5 prononcée pour interdire toute généralisation. On sait toutefois que les réservoirs en région boréale émettent beaucoup moins de GES que les réservoirs tropicaux en raison de Titre 1 la température plus froide de leurs eaux, des teneurs élevées en oxygène dissous et des quantités moindres de matière Titre 2 des taux d’émission diffusive de dioxyde de carbone organique labile. Par exemple, Kumar et coll. (2011) signalent compris entre −1 012 et 6 381 milligrammes par mètre carré par jour (mg/m2/ j) pour les réservoirs en régions boréales Document d'information destiné aux publics concernés le projet.correspondantes Pour tout autre usage, communiquer avec : et tempérées (voir le tableau 6-2) ; les par valeurs pour les réservoirs tropicaux sont comprises entre −836 Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement et services partagés. et 19 012 mg/m2/ j. De même, les taux d’émission de méthane par bullage sont compris entre 0 et 1 412 mg/m2/j dans les réservoirs tropicaux, alors que la valeur la plus élevée pour les réservoirs en régions boréales et tempérées est de 289 mg/m2/ j (Kumar et coll., 2011).

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-21


Tableau 6-2 – Fourchettes d’émissions brutes de CO2 et de CH4 des réservoirs hydroélectriques d’eau douce

Mécanismes d’émission de GES Diffusion Bullage Dégazage Rivière en aval du barrage

Régions tropicales a

Régions boréales et tempérées ª CO2

CH4

CO2

CH4

(mg/m2/j)

(mg/m2/j)

(mg/m2/j)

(mg/m2/j)

−1 012 à 6 381 (107)

−4,8 à 128 (56)

−836 à 19 012 (15)

4,8 à 818 (14)

0

0 à 289 (4)

0

0 à 1 412 (12)

−9 à 4 (2)

n. d.

176 à 1 012 (1)

64 à 481 (2)

n. d.

n. d.

22 004 à 110 024 (3)

32 à 5 615 (3)

a : Les valeurs en millimoles par mètre carré par jour (mmol/m2/j) de Kumar et coll. (2011) ont été converties en mg/m2/j. Le nombre de réservoirs étudiés est entre parenthèses. n. d. : données non disponibles.

Source : UNESCO-RED, 2008.

Depuis la publication du tableau ci-dessus par Kumar et collaborateurs, Hydro-Québec a rassemblé et publié les résultats touchant les GES pour tous les mécanismes d’émission, y compris en aval de ses barrages. Ces résultats sont exposés plus en détail ci-après. Les processus à l’origine des émissions de GES des réservoirs sont semblables dans les régions boréales, tempérées et tropicales. Les émissions généralement supérieures de dioxyde de carbone et de méthane dans les réservoirs tropicaux sont attribuables à une température de l’eau plus élevée et, dans plusieurs cas, à une plus grande abondance de matière organique ennoyée (Kumar et coll., 2011). Par ailleurs, l’oxygène étant moins soluble dans l’eau chaude que dans l’eau froide, des conditions d’anoxie (absence d’oxygène dissous dans l’eau) sont plus présentes dans les réservoirs tropicaux. Les processus de production du méthane peuvent persister pendant plus de dix ans en climat tropical et produire davantage de GES à long terme (Tremblay et coll., 2005). Deemer et collaborateurs (2016) présentent une revue de la littérature scientifique mondiale sur les émissions de GES, rassemblant des données sur 267 réservoirs de tous les continents. Ils concluent que, globalement, le méthane est le principal élément des émissions de GES des réservoirs. Ils signalent aussi que les réservoirs riches en matières nutritives (eutrophes) produisent plus de GES (en particulier du méthane) que les réservoirs pauvres en éléments nutritifs (oligotrophes), soit environ un ordre de grandeur de plus (voir la figure 6-6). Ils observent aussi une forte relation statistique entre les teneurs en chlorophylle a et les émissions de GES des réservoirs. L’eutrophisation n’a jamais été observée dans les grands réservoirs hydroélectriques au Québec. En été, les teneurs moyennes en chlorophylle a étaient généralement inférieures à 5 µg/l (Schetagne et coll., 2005) alors que, dans les classifications trophiques, on considère généralement 10 µg/l comme le seuil d’eutrophisation (Cunha et coll., 2013, dans Deemer et coll., 2016). Les faibles teneurs en phosphore et en chlorophylle a des grands réservoirs hydro­électriques du Québec sont donc en congruence avec leurs émissions de GES relativement faibles. Ayant observé une forte corrélation entre des émissions de GES élevées et l’eutrophisation des réservoirs, Deemer et collaborateurs (2016) ont formulé des recommandations visant à limiter l’apport d’éléments nutritifs dans les réservoirs. L’une d’elles consiste à situer stratégiquement les nouveaux réservoirs en amont de sources d’éléments nutritifs anthropiques. Comme l’indique la section 6.1.1, les grands réservoirs hydroélectriques du Québec sont tous situés sur des rivières oligotrophes, dans des bassins versants vierges largement exempts de pollution anthropique de l’eau, source potentielle de grandes quantités d’éléments nutritifs.

6-22

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Des mesures effectuées dans des pays boréaux et tempérés, notamment le Canada, la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Suède et les États-Unis, montrent que les émissions de dioxyde de carbone sont très variables. Dans certains cas, les réservoirs sont fortement émetteurs de GES alors que, dans d’autres cas, ils se comportent comme des puits de carbone. Quant au méthane, les niveaux d’émission observés sont faibles dans certains cas. En climat boréal ou tempéré, d’importantes émissions de méthane ne sont à prévoir que dans les réservoirs ayant à la fois des zones de marnage étendues et des apports élevés en matière organique et en éléments nutritifs (Kumar et coll., 2011). Certains des réservoirs d’Hydro-Québec ont une grande zone de marnage, mais aucun n’a d’apports élevés en matière organique ou en éléments nutritifs, ce qui contribue à la relative faiblesse de leurs émissions de méthane. Figure 6-6 – Flux de GES des réservoirs selon leur statut trophique

20 000 Dioxyde de carbone (CO2)

Oxyde nitreux (N2O)

10 000 A118AL_f6_6_geq_036_200617.ai

Flux de GES (mg éq. CO2/m 2/j)

Méthane (CH4)

0

Eutrophe

Mésotrophe

Oligotrophe

Statut trophique Note : La ligne horizontale à l’intérieur des rectangles indique le flux médian. Les rectangles délimitent les 25e et 75e centiles, les lignes verticales (« moustaches ») délimitent l’intervalle de confiance à 95 %, et les points indiquent les données hors de cette plage. Source : Deemer et coll., 2016.

Suivi des gaz à effet de serre par Hydro-Québec Afin de quantifier les émissions de GES de ses réservoirs, Hydro-Québec a entrepris en 1993 plusieurs initiatives de recherche en partenariat avec des universités, des centres de recherche et d’autres producteurs d’électricité, ainsi qu’un programme de mesure des émissions de GES. Au cours des 25 dernières années, elle a effectué environ 500 000 mesures brutes de GES à 31 centrales hydroélectriques et à plus de 90 lacs ou rivières. En outre, dans le cadre d’un projet de recherche de sept ans (2003-2009) mené6-6 en collaboration avec des universités, Hydro-Québec a calculé Figure les émissions nettes de GES du réservoir de la Paix des Braves (anciennement de l’Eastmain 1). Les émissions de ce Titre 1 réservoir ont augmenté rapidement la première année suivant la mise en eau, puis diminué exponentiellement au 2 cours des années suivantes (voir la figure 6-7), Titre pour finalement revenir au niveau mesuré pour les lacs environnants sur une période de cinq à sept ans. Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement services partagés. Plus de 120 000 mesures de GES ont étéeteffectuées sur une période de sept ans. Tous

les mécanismes d’émission (diffusion, bullage et dégazage) ont été analysés. Les résultats montrent que la diffusion représente 95 % du total des émissions brutes, le dégazage et le bullage comptant pour moins de 5 % (Tremblay et coll., 2005; Tremblay et Bastien, 2009; Tremblay et coll., 2010). C’est pourquoi les émissions de méthane, tant par bullage que par dégazage, n’ont pas été jugées significatives dans le bilan d’émissions nettes de GES du réservoir de la Paix des Braves (Tremblay et coll., 2010). LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-23


Tour de mesure des GES en forêt

Appareil de mesure des GES monté sur un quai flottant dans un réservoir

Appareil de mesure des GES sur les berges d’un réservoir

6-24

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Figure 6-7 – Émissions de GES nettes mesurées et prévues du réservoir de la Paix des Braves 800

700 Limite supérieure

Limite inférieure

500

400

300 A118AL_f6_7_geq_037_200706.ai

Émissions de GES (g éq. CO2/kWh)

Moyenne

600

200

100

0

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Temps (années)

Note : Les limites supérieure et inférieure reflètent l’écart-type des mesures sur le terrain. Source : Teodoru et coll., 2012.

Hydro-Québec et ses partenaires travaillent déjà à une évaluation semblable des émissions nettes de GES pour la centrale de la Romaine-2 et son réservoir. Des prévisions d’émissions de GES par modélisation numérique ont été présentées avant l’autorisation des nouveaux ouvrages. Les mesures de GES en cours serviront à quantifier les émissions nettes de GES de cet aménagement. Les résultats préliminaires montrent une forte corrélation entre les prévisions et les mesures. Les émissions de GES du réservoir de la Romaine 2 s’annoncent inférieures à la moyenne de celles des autres Figure 6-7 réservoirs d’Hydro-Québec (17 g éq. CO2 /kWh).

CONCLUSION La plupart des émissions de GES des réservoirs hydroélectriques sont liées à la décomposition d’une partie de Document d'information destiné aux concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : la matière organique présente surpublics les superficies mises en eau. Globalement, les émissions totales de GES varient Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement et services partagés. grandement tant entre les zones climatiques qu’à l’intérieur de celles-ci. Puisqu’elles dépendent de la température et des processus biologiques, les émissions des réservoirs en région boréale ayant une productivité biologique globale modérée (oligotrophes) sont inférieures d’environ un ordre de grandeur à celles des réservoirs à forte productivité biologique (eutrophes) situés en régions tempérées ou tropicales. Les réservoirs d’Hydro-Québec sont situés dans des bassins versants nordiques vierges où les apports en éléments nutritifs sont relativement faibles et où les eaux froides et bien oxygénées ne sont pas propices aux émissions de méthane. Les émissions totales de GES des réservoirs d’Hydro-Québec sont en moyenne de 17 g éq. CO2 /kWh, une valeur inférieure ou semblable à celles de la plupart des autres technologies de production d’énergie électrique, renouvelable ou non. Elles sont comparables à celles de la filière éolienne (14 g éq. CO2/kWh) et moindres que celles de la filière photovoltaïque (64 g éq. CO2/kWh). Le chapitre 7 présente une comparaison des différentes technologies de production d’énergie.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-25


6.2.2 Quelles quantités de gaz à effet de serre sont émises pendant la construction des grands aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec ? Pendant la construction des grands barrages hydroélectriques, des GES sont émis par la production et le transport des matériaux (béton, acier, etc.) et par l’utilisation des équipements de génie civil, notamment la machinerie lourde et les moteurs diesel (Kumar et coll., 2011). Le CIRAIG (2014) a dressé le bilan des GES émis par les réservoirs hydroélectriques d’Hydro-Québec pendant les phases de construction et d’exploitation. La construction des ouvrages (qui exclut le réservoir lui-même) représente moins de 20 % des émissions de GES. La plupart de ces émissions sont liées à la production et au transport des matériaux et à la construction des ouvrages de retenue. En moyenne, les centrales à réservoir d’Hydro-Québec émettent 17 g éq. CO2/kWh durant l’ensemble des phases de construction et d’exploitation (CIRAIG, 2014). Bien que non négligeables, les émissions pendant la construction ne sont pas considérées comme une contribution majeure aux émissions de GES. Une comparaison avec d’autres technologies de production d’énergie renouvelable est présentée au chapitre 7.

6.3 BIODIVERSITÉ 6.3.1 Comment Hydro-Québec tient-elle compte de la biodiversité dans la construction et l’exploitation de ses aménagements hydroélectriques ? RÉPONSE SOMMAIRE Les projets hydroélectriques modifient le milieu naturel puisqu’on ennoie de grandes superficies en amont des barrages et qu’on modifie les débits des cours d’eau en aval. La préservation de la biodiversité faisant partie des priorités d’Hydro-Québec, l’entreprise réalise des études d’impact exhaustives et des inventaires spécialisés, en plus de mettre en place des mesures d’atténuation et de compensation. Les nombreuses études menées au fil des ans indiquent que les espèces qui fréquentent les habitats touchés par les aménagements hydroélectriques sont en mesure de s’adapter aux changements, de compléter leur cycle de vie et de maintenir leurs populations. À ce jour, la survie d’aucune espèce ou population animale ou végétale n’a été compromise par les aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec.

RÉPONSE DÉTAILLÉE L’ennoiement de superficies terrestres, de lacs, de rivières et de milieux humides ainsi que la modification des débits des cours d’eau en aval des barrages constituent les deux modifications majeures que subit le milieu naturel visé par un projet hydroélectrique (Trussart et coll., 2002 ; World Energy Council, 2016 ; Moran et coll., 2018). Dans certains cas, cela peut entraîner une baisse de la biodiversité (Moran et coll., 2018). Ainsi, à la suite du sommet de Rio en 1992, Hydro-Québec s’est engagée à préserver la biodiversité lors de la réalisation de ses aménagements hydroélectriques. De plus, afin de protéger la faune et la flore, elle a adopté en 2015 une nouvelle Stratégie d’entreprise sur la biodiversité et un nouveau Plan d’action de développement durable 2015-2020. Dans la foulée, l’entreprise s’est dotée d’un plan d’engagement annuel en matière de protection de la biodiversité et publie chaque année un compte rendu des réalisations qui en découlent (Hydro-Québec, 2016 et 2017a). Hydro-Québec aborde plutôt la biodiversité en évaluant les effets de ses aménagements sur l’habitat des espèces rares ou vulnérables ou des espèces valorisées par les utilisateurs du territoire ou la communauté scientifique. Les sections suivantes de ce chapitre détaillent comment le maintien de la biodiversité s’inscrit parmi les priorités de l’entreprise. La réalisation d’inventaires des espèces potentiellement touchées par les projets ainsi que l’intégration de mesures d’atténuation particulières et d’aménagements visant à protéger la faune et la flore, notamment les espèces à statut précaire, font partie des engagements que prend Hydro-Québec dans ses études d’impact. Ces études s’accompagnent de programmes de suivi d’envergure pouvant s’échelonner sur plusieurs années. Il importe de préciser que la connaissance des écosystèmes du Québec nordique a été acquise en grande partie grâce aux inventaires exhaustifs de la flore et de la faune réalisés par Hydro-Québec dans le cadre de ses projets (Hayeur, 2001). Ceux-ci ont notamment permis de mieux délimiter l’aire de répartition de plusieurs espèces dans ces régions autrefois mal connues. Plusieurs études ont aussi contribué à l’amélioration des connaissances sur les habitats d’espèces fauniques valorisées ou à statut précaire. 6-26

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Par de nombreux suivis menés au fil des ans, il a ainsi été possible d’évaluer en détail l’impact des pertes d’habitats sur les ongulés (caribou et orignal). Le caribou forestier a notamment fait l’objet d’un programme de marquage et de suivi télémétrique (Groupe DDM, 2019), dont l’analyse des données est en cours. En ce qui concerne le milieu aquatique, des efforts particuliers ont été faits pour repérer les habitats essentiels tels que les frayères, modéliser les modifications prévues de l’hydrodynamique et concevoir des habitats de remplacement lorsque cela s’avère nécessaire (Environnement Illimité, 2009 ; Hydro-Québec Production, 2004a ; 2004b ; 2007c). Dans le but de protéger la faune et la flore, l’entreprise met en place de nombreuses mesures efficaces destinées à corriger, à atténuer ou à compenser les impacts de la construction et de l’exploitation des ouvrages hydroélectriques. Ces mesures sont de trois types : • Les MESURES D’ATTÉNUATION visent à éliminer les effets négatifs liés à un projet ou à les réduire à un niveau acceptable. Elles s’appliquent essentiellement dans la zone directement touchée par un ouvrage. • Les MESURES DE COMPENSATION visent à contrebalancer les effets négatifs de la réalisation d’un projet qui ne peuvent être éliminés ou réduits par des mesures d’atténuation. Elles sont réalisées près des sites concernés ou dans la même région. • Les MESURES DE MISE EN VALEUR visent à améliorer l’état d’un milieu naturel qui n’est pas directement touché par la réalisation d’un projet ; elles peuvent avoir pour objet une réalité extérieure à la zone d’étude d’un projet. Les mesures adoptées consistent le plus souvent en la réhabilitation ou la création d’ habitats. Chaque projet comporte son propre programme de mesures qui, dans la plupart des cas, sont mises en œuvre de concert avec les communautés autochtones concernées. Le nombre de ces mesures est considérable. En voici plusieurs exemples touchant les milieux aquatiques et les milieux terrestres et humides.

MILIEUX AQUATIQUES : • Maintien de débits réservés écologiques. • Établissement de règles de gestion des débits. • Construction d’ouvrages hydrauliques (seuils et épis) pour le maintien des niveaux d’eau. • Aménagement d’aires de fraie et d’aires d’élevage ainsi que création d’abris pour les poissons.

• Soutien et restauration de populations de poissons par l’incubation des œufs et l’ensemencement. Un exemple est donné à la carte 6-3 : il s’agit d’un programme visant à soutenir les populations d’esturgeons jaunes dans la rivière Rupert grâce à un ensemencement en larves et en jeunes de l’année.

Passe migratoire intégrée à la digue fermant la baie BE-07 au périmètre du réservoir de la Paix des Braves (anciennement réservoir de l’Eastmain 1)

• Capture et transfert de poissons dans des lacs sans poisson. La figure 6-8 donne l’exemple du transfert d’ombles chevaliers au complexe de la Romaine, sur la Côte-Nord). • Construction de passes à poissons ou de canaux de montaison. La carte 6-4 traite de la passe migratoire construite au PK 207 de la rivière Eastmain.

Digue de la baie BE-07 avec passe migratoire et seuil déversant

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-27


Incubation d’œufs d’esturgeon jaune destinés à la rivière Rupert

Vue de l’évacuateur au PK 314 de la rivière Rupert servant à assurer le débit réservé écologique

Épi au PK 49 de la rivière Rupert

Seuil (en construction) et canaux de montaison au PK 223 de la rivière Rupert

Passe migratoire au PK 207 de la rivière Eastmain (Baie-James)

6-28

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Figure 6-8 – Déplacement d’ombles chevaliers d’un lac donneur vers un lac sans poisson au complexe de la Romaine (région de la Côte-Nord)

Capture

Déplacement

Mise à l’eau

63°40'

63°20'

PK 260

re viè Ri

Lac donneur

Lac Papanasihunipim

Lac 7

Lac Garneau

Lac Duault

is lad Tou

Lac Uauahk PK 250

R au Ka

Ri

sh at au ht ta

Petite

Rivière

PK 170 km 130

Lac des Caps

Lac Ihuehkahiu

PK 160

Centrale de la Romaine-3 (en construction)

Barrage

r d - E st

km 120

uest

No

Route de la Romaine et autre chemin permanent

0344_bif18_geq_1116_omblechev_140403.ai

63°40'

Réservoir de la Romaine 2 (243,8 m) PK 140

Lac Maurice

km 100

re

Saint-J ean

km 110

Route de la Romaine

v iè

MTM, fuseau 5, NAD83

n ga

Ri

10 km

iè r e

Point kilométrique de rivière

Antan

Ri v

51°0'

Réservoir (niveau maximal d’exploitation) Lac

M in

Lac Charpeney

PK 150

Campement du Mista

Nord-O

Centrale hydroélectrique

5

PK 180 km 140

rd

na

r Be

Lac Charles km 90

51°0'

e ièr riv

Lac OC-4

Route de la Romaine et autre chemin permanent

0

Réservoir de la Romaine 3 (365,8 m)

rô m

Centrale de la Romaine-4

Ouvrages projetés

PK 180

PK 200

Lac Tshiahk

Campement de travailleurs

Installation des filets-trappes

Lac 4

Lac Marthe

e

Lac Pacaud

Ouvrages construits

km 140

Lacs Pihu

Réservoir de la Romaine 4 (458,6 m)

Rom

aine

PK 210

Lac donneur Lac récepteur

51°30'

st

51°30'

u Oue

an un

Mise à l’eau des poissons dans le lac récepteur

Déplacement des ombles capturés en hélicoptère

Levée des filets

a Garne

up

PK 230

PK 220

km 120

re

Lac Rougemont

Lac Garnier

Transfert des ombles dans un vivier

viè

PK 240

re

viè

Ri

PK 130

63°20'

PK 120

A118AL_f6_8_geq_030_omblechev_200519.ai

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement et services partagés.

Figure 6-8 Déplacement d’ombles chevaliers d’un lac donneur vers un lac sans poisson, au complexe de la Romaine (Côte-Nord du Québec)

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-29



­

­­

­

­

­

1 843

1 237

3 373 2 000 5 165

7 506

11 052

­

1 854 1 413 1 506

1 251

1 255 1 024

811 811

­

10 750

­

­

­

­ ­ ­

­

¡ ¢ £

­

­

­

­ ­

­ ­

­

3 701

­

­

13 752

1 005 2 105

1 621

1 430

250

1 004 2 035

1 621

­

­

­

­

250

500

250

1 255 1 027

811 811

1 411 755

1 252

4 820 1 921 7 506

11 052

1 256 1 026

810

1 664

1 255 1 024

811 811

1 446 1 921 7 506

5 166

1 664

8 041

1 412 1 499

1 690

1 665

2 459

8 041

4 952

1 922 7 506

11 052

Secteur de rétablissement de la population

1 408 1 252

2 030

5 165

14 515

­

1 621

­

1 504

8 795

10 750

­

­

­

1 504 2 030

1 621

­ ­ 1 922

­ ­

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-31



e

Module d'enregistrement

r tie ou

Sources :

0

15

30 m

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

Sens de lʼécoulement

6-33

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement.

Point kilométrique de rivière

Carte 6-4

Cartographie : AECOM Fichier : A118AL_c6_4_geq_023_passe_200714f.mxd

Orthophoto, résolution 25 cm, Hydro-Québec, 2011 Données de projet, Hydro-Québec, 2012

e

KP 207

Ra m pe

Passe migratoire au PK 207 de la rivière Eastmain et configuration des murets et des antennes de détection

sr cè Ac

Décembre 2020

8-G

2-G

Muret no 2

MTM, fuseau 9, NAD83 (CSRS)

Muret

Câble de communication

Antennes

Frayère aménagée

!

Muret no 8

8-D

2-D

Rivière Eastmain

e

Hydrographie

8-G

Passe migratoire

PK 207

Seuil

Passe migratoire

!


MILIEUX TERRESTRES ET MILIEUX HUMIDES : • Endiguement de baies en vue de soustraire certaines zones d’un réservoir aux effets du marnage. • Piégeage de castors avant la mise en eau.

• Protection des berges au moyen de perrés (voir l’exemple à la carte 6-2), de gabions ou de techniques de génie biologique (voir l’exemple du programme d’ensemencement des berges du tronçon à débit réduit de la Rupert à la carte 6-1).

• Transplantation d’espèces végé­­­tales rares avant la mise en eau. • Amélioration de l’habitat faunique par différents moyens : maîtrise de la végétation, ensemencement et plantations, déboisement sélectif, création d’îlots, création d’étangs pour la sauvagine, installation de plateformes pour les oiseaux de proie, etc.

Tapis granulaire aménagé sur les rives de la Grande Rivière (Baie-James)

Installation d’un nid pour la chouette laponne (complexe de l’Eastmain-1-A– Sarcelle–Rupert)

De nombreux exemples démontrant l’efficacité de ces mesures sont mis en évidence dans les sections suivantes. Selon les études d’Hydro-Québec, la survie d’aucune espèce ou population animale ou végétale n’a été compromise par les aménagements hydroélectriques.

6-34

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


6.4 RESSOURCES HALIEUTIQUES ET HABITATS 6.4.1 Les aménagements d’Hydro-Québec dans le Nord québécois nuisent-ils à la migration des poissons ou interrompent-ils leur cycle vital ? RÉPONSE SOMMAIRE Puisque les centrales d’Hydro-Québec sont généralement construites sur le site de chutes infranchissables, elles ne nuisent pas à la migration des espèces de poissons (saumon atlantique, anguille d’Amérique, éperlan arc-en-ciel, omble de fontaine anadrome, etc.) entre l’eau salée et l’eau douce afin de compléter leur cycle vital. Cependant, les barrages et les ouvrages hydrauliques peuvent gêner les déplacements entre différents types d’habitat (par exemple les frayères et les aires d’alevinage) des espèces de poissons résidentes qui complètent leur cycle vital en eau douce. Dans ces cas, des mesures d’atténuation comme la construction de seuils, de passes à poissons et de dispositifs de franchissement, l’aménagement d’habitats de fraie ainsi que l’établissement d’exigences de débit réservé sont efficaces pour compenser les impacts sur les déplacements des poissons en leur donnant accès aux habitats nécessaires à leur cycle vital.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Espèces de poissons amphihalines Dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec dans le Nord québécois, le premier ouvrage (le plus en aval) que les espèces de poissons amphihalines (migratrices) peuvent rencontrer pendant leur montaison à partir de l’océan vers l’eau douce est presque toujours construit sur le site d’une chute historiquement infranchissable. L’emplacement des ouvrages hydroélectriques d’Hydro-Québec est analysé avec soin pendant le processus de planification ; son choix vise à maximiser la production d’énergie et à réduire le plus possible les impacts environnementaux. Ainsi, les installations d’Hydro-Québec ne font pas obstacle à la montaison des poissons amphihalins, car ces espèces sont déjà naturellement limitées aux tronçons aval des rivières aménagées. Les aménagements d’Hydro-Québec n’ont aucun impact sur l’avalaison des espèces de poissons amphihalines puisque ces dernières sont naturellement absentes en amont des ouvrages hydroélectriques. Ailleurs dans le monde, la situation est très différente pour certains aménagements hydroélectriques, notamment des centrales au fil de l’eau, qui ne sont pas construits sur des chutes historiquement infranchissables. De tels aménagements entraînent la fragmentation des habitats et entravent la migration des poissons, ce qui contribue souvent au déclin des populations de poissons migrateurs (saumon atlantique, omble de fontaine anadrome, anguille d’Amérique, éperlan arc-en-ciel, etc.) dans bien des rivières du monde (par exemple Larinier, 2001 ; Dauble et coll., 2003 ; Tremblay et coll., 2016).

Espèces de poissons résidentes Les barrages, les ouvrages hydrauliques et les tronçons à débit réduit peuvent gêner les déplacements des poissons résidents entre les habitats qui leur sont nécessaires pour compléter leur cycle vital. S’appuyant sur les connaissances acquises en près de 40 ans de campagnes de suivi, Hydro-Québec a mis au point des mesures d’atténu­ation efficaces pour réduire les impacts liés à la fragmentation des habitats sur les populations de poissons. Ces mesures permettent d’éliminer les impacts dans les tronçons à débit réduit en facilitant l’accès aux habitats dont les espèces de poissons résidentes ont besoin pour compléter leur cycle vital. Voici quelques exemples de ces mesures : 1) la construction de seuils pour maintenir des niveaux d’eau favorisant la connectivité des habitats ; 2) la mise en place de dispositifs de franchissement des ouvrages hydrauliques (là où c’est possible) ; 3) l’aménagement d’habitats de fraie dans les tronçons de rivière où la hauteur des ouvrages hydrauliques ne permet pas de construire des dispositifs de franchissement ; et 4) l’établissement d’exigences de restitution de débits réservés pour permettre les déplacements des poissons entre les habitats (voir la section 6.4.3) (Génivar, 2008 ; Kaweshekami Environnement, 2017). À partir du cas de l’esturgeon jaune, l’encadré 6-4-1 présente un exemple de mesures d’atténuation conçues par Hydro-Québec pour réduire les impacts de la fragmentation des habitats par suite de la dérivation partielle de la rivière Rupert. En conclusion, les ouvrages hydroélectriques dans le Nord québécois n’empêchent pas les espèces de poissons migratrices de compléter leur cycle vital puisque ces espèces sont déjà naturellement limitées aux tronçons aval des rivières par des chutes infranchissables. De plus, de nombreuses mesures d’atténuation (seuils, passes à poissons, dispositifs de franchis­sement, habitats de fraie, exigences de débits réservés, etc.) sont mises en œuvre afin d’assurer la liberté de déplacement des poissons. LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-35


Encadré 6-4-1 Exemple de mesures d’atténuation dans la rivière Rupert L’efficacité des mesures d’atténuation visant l’esturgeon jaune, touché par la dérivation partielle de la rivière Rupert, a été évaluée conjointement par Hydro-Québec et les Cris (McAdam et coll., 2018 ; Environnement Illimité, 2012 et 2013 ; Kaweshekami Environnement, 2017). Pendant l’avant-projet, les besoins d’habitat de fraie de l’esturgeon jaune et les conditions d’habitat de référence ont été documentés de façon détaillée. Des mesures d’atténuation et de bonification ont ensuite été mises au point de concert avec les Cris, notamment : 1) l’établissement d’un régime de débits réservés ; 2) la construction de huit ouvrages hydrauliques ; 3) la mise en place de dispositifs de franchissement du barrage de dérivation au point kilométrique (PK) 290 de la rivière ; et 4) l’aménagement d’une frayère de 2 060 m2 en aval du barrage de dérivation. Les critères de conception de la frayère ont été établis à partir d’une revue de 41 études (Environnement Illimité et coll., 2009, 2012 et 2013). On a aussi modélisé les conditions hydrauliques à l’emplacement de la frayère afin de prévoir une profondeur d’eau et une vitesse d’écoulement suffisantes pour la survie des larves (McAdam et coll., 2018). Après son aménagement en 2010, la frayère a fait l’objet d’un suivi entre 2011 et 2014. Le programme de suivi a confirmé que les conditions hydrauliques dans la frayère respectaient les critères de conception et que l’intégrité physique de la frayère (par exemple la propreté et la stabilité du substrat) était maintenue. Les résultats du suivi des adultes, des œufs et des larves ont confirmé que le régime de débits réservés et la frayère aménagée dans la rivière Rupert permettaient à l’esturgeon jaune de compléter son cycle vital (Environnement Illimité, 2012 et 2013 ; McAdam et coll., 2018) et que cette espèce demeurait l’une des plus abondantes dans le tronçon à débit réduit de la rivière Rupert (McAdam et coll., 2018 ; Consortium Waska-Génivar, 2018).

Seuil, passe migratoire et frayère à esturgeon jaune au PK 290 de la rivière Rupert Frayère à esturgeon jaune

Passe migratoire

Frayère à omble de fontaine

Débit écologique

6-36

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

Seuil

Seuil


6.4.2 Quelles sont les conséquences de l’entraînement des poissons dans les turbines des grandes centrales hydroélectriques d’Hydro-Québec ? RÉPONSE SOMMAIRE Les espèces de poissons migratrices ne sont pas exposées au risque d’entraînement dans les turbines, car des chutes naturelles infranchissables les empêchaient déjà de se déplacer jusqu’aux emplacements des aménagements hydroélectriques avant même la construction de ceux-ci. De plus, les programmes de suivi menés aux aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec pendant plus de 40 ans montrent que les populations de ces espèces ne sont pas touchées.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Bien qu’une certaine mortalité par entraînement des poissons dans les turbines ou les évacuateurs de crues soit inévitable, l’impact à l’échelle des populations de poissons est jugé minime. Seule une petite fraction de la communauté de poissons est exposée à l’entraînement. Les espèces de poissons migratrices ne sont pas soumises à ce risque, puisque les aménagements sont construits à l’emplacement de chutes qui étaient déjà infranchissables par les poissons (voir la section 6.4.1). Par contre, les espèces de poissons résidentes qui se déplacent entre les habitats de fraie, d’alevinage et d’alimentation ou qui circulent dans les réservoirs peuvent être exposées à un risque de mortalité par entraînement (Brouard et Doyon, 1991 ; Therrien et Lemieux, 2001). Néanmoins, la proportion de poissons entraînés est très faible. L’abondance accrue des poissons liée à des conditions favorables d’alevinage et d’alimentation dans les réservoirs (voir la section 6.4.3) montre que la perte de biomasse attribuable à l’entraînement est pratiquement sans effet sur les populations de poissons (Bilodeau et coll., 2016 ; Turgeon et coll., 2016 et 2019a). En outre, l’absence d’espèces menacées dans les réservoirs nordiques exclut l’éventualité que ces petites populations de poissons soient mises en péril. Par ailleurs, il faut considérer qu’un entraînement survient naturellement aux chutes infranchissables et que les populations de poissons se maintiennent malgré la perte d’une faible proportion de leur effectif. Plus de 40 années de programmes de suivi menés aux aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec montrent que ce risque ne met pas en danger les espèces de poissons résidentes.

6.4.3 Les réservoirs sont-ils des écosystèmes aquatiques productifs ? RÉPONSE SOMMAIRE Les réservoirs dans le Nord québécois soutiennent des communautés d’organismes aquatiques semblables à celles de grands lacs avoisinants. Bien que la mise en eau transforme les habitats terrestres et aquatiques existants, les caractéristiques des nouveaux habitats aquatiques et la qualité de l’eau sont propices au développement de communautés aquatiques viables, diversifiées et abondantes. La productivité du milieu aquatique dans les réservoirs est souvent semblable et parfois légèrement supérieure à celle des lacs naturels environnants. Bien que les rendements de pêche augmentent pour certaines espèces et diminuent pour d’autres, on n’observe pas de changement net dans la diversité des poissons dans les réservoirs hydroélectriques du Québec.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Les réservoirs modifient le paysage par l’ennoiement d’habitats terrestres, de milieux humides, de rivières et de lacs. Les habitats terrestres disparaissent et deviennent des habitats aquatiques dont les caractéristiques sont semblables à celles de grands lacs avoisinants, bien que les rives présentent souvent une végétation littorale moins développée en raison des plus grandes fluctuations du niveau de l’eau. Dans les quelques premières années suivant la création des réservoirs, plusieurs paramètres de qualité de l’eau sont temporairement modifiés par la décomposition de la matière organique. Ils demeurent toutefois à l’intérieur d’une fourchette favorable aux organismes aquatiques, bien que de faibles teneurs en oxygène aient parfois été constatées dans des zones d’eau profonde et des baies à la fin des premiers hivers (voir la section 6.1.2).

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-37


Nonobstant ces changements, les réservoirs présentent en général une hausse temporaire de productivité du milieu aquatique pendant les quelque dix premières années suivant la mise en eau (Hayeur, 2001). Une telle hausse, souvent appelée « explosion trophique » ou « poussée trophique » (voir la figure 6-9), est causée par un apport soudain et massif d’éléments nutritifs – en particulier du phosphore – provenant de la décomposition de la matière organique dans l’aire ennoyée (Duthie et Ostrofsky, 1982 ; Grimard et Jones, 1982). Une baisse de productivité suit quelques années plus tard, avec l’épuisement de matière facilement décomposable. Une récente étude de Turgeon et collaborateurs (2016) indique qu’un nouvel équilibre trophique est atteint à l’issue de cette phase de dépression. La productivité se stabilise ensuite à un niveau qui peut être supérieur, inférieur ou semblable au niveau antérieur à la mise en eau, après une période d’environ quinze ans ou plus dans le cas de réservoirs en région boréale. Figure 6-9 – Explosion trophique dans les nouveaux réservoirs Non-équilibre trophique

Amplitude de l’explosion trophique

Poussée Mise en eau du réservoir

Recul Atteinte du pic

 Niveaux d’eau

A118AL_f6_9_geq_038_200519.ai

Après la mise en eau

Avant la mise en eau

Unités relatives

Équilibre trophique

Temps (années)

Source : Kimmel et Groeger, 1984.

Dans certains réservoirs, une productivité excessive pendant la phase d’explosion trophique a entraîné une eutrophisation (Deemer et coll., 2016), c’est-à-dire un enrichissement excessif posant un sérieux problème de qualité de l’eau (Wetzel, 2001). L’eutrophisation ne s’est toutefois jamais produite dans les réservoirs d’Hydro-Québec ; au pic de l’explosion trophique, les teneurs en chlorophylle α et en phosphore sont demeurées au-dessous des seuils d’eutrophisation (voir la section 6.1.2). Les suivis des organismes aquatiques et des conditions physicochimiques dans les réservoirs d’Hydro-Québec révèlent que des communautés aquatiques productives se maintiennent dans tous les cas. Le phytoplancton et le zooplancton ont fait l’objet d’un suivi sur plusieurs années dans les réservoirs du complexe La Grande. Les programmes de suivi des aménagements plus récents ont été optimisés, les communautés et les populations de poissons étant retenues comme seuls indicateurs de la diversité et de la productivité aquatiques. Les poissons occupent en effet le sommet de la chaîne trophique en milieu aquatique et reflètent bien les changements à l’œuvre aux niveaux trophiques inférieurs. Ils ont fait l’objet d’un suivi systématique à tous les aménagements depuis les années 1970. On réalise d’abord un inventaire des poissons avant la création de la retenue afin de déterminer les conditions de référence. Après la mise en eau, un suivi est généralement effectué tous les deux ou trois ans sur des périodes de cinq à vingt ans, selon les effets potentiels des projets. Dans les réservoirs du complexe La Grande, la production de phytoplancton a triplé temporairement pendant les premières années, pour revenir ensuite aux valeurs de référence après dix à quinze ans (Hayeur, 2001). Les organismes du zooplancton qui se nourrissent de phytoplancton ont aussi augmenté en abondance, avec un retard de un an, avant Figure 6-9 de se stabiliser à des valeurs inférieures. L’augmentation de la production primaire et secondaire explique sans doute Titre 1 la hausse des rendements de pêche observés dans la plupart des réservoirs d’Hydro-Québec (Bilodeau et coll., 2016 ; 2 la section 6.1.2). Turgeon et coll., 2016 ; Génivar, 2006 et 2010aTitre ; voir aussi Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : 6-38 Hydro-Québec LA PRODUCTION D’ÉNERGIEetHYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC Géomatique, TransÉnergie Équipement et services partagés.ET L’ENVIRONNEMENT


La figure 6-10 illustre les changements des rendements de pêche dans le réservoir Robert-Bourassa entre 1977 et 1996 (Therrien et coll., 2004). Les deux graphiques du haut comparent les rendements de pêche dans le réservoir et un lac naturel pendant la même période. La mise en eau du réservoir s’est terminée en 1979 et a entraîné une baisse immédiate des rendements de pêche. Cette baisse s’explique par l’augmentation soudaine et importante du volume d’habitats aquatiques (effet de dilution). Au cours des années suivantes, les rendements de pêche ont connu un très fort redressement, tant en nombre de poissons qu’en poids des captures. Cette période correspond à l’explosion trophique, pendant laquelle la production aquatique est supérieure aux conditions de référence. La production de poissons a dû augmenter grandement pour que les rendements de pêche en viennent à dépasser le niveau de référence, compte tenu de la hausse considérable du volume d’habitats résultant de la mise en eau. Après 1988, les rendements de pêche se sont mis à diminuer, comme on l’observe habituellement après que la quantité d’éléments nutritifs se stabilise à des niveaux inférieurs. Les résultats pour le réservoir Robert-Bourassa sont une autre illustration du phénomène d’explosion trophique dans les réservoirs. Ils montrent dans le même temps que la mise en eau n’a pas profité à toutes les espèces de poissons. Figure 6-10 – Rendements de pêche dans le réservoir Robert-Bourassa entre 1977 et 1996 Réservoir Robert-Bourassa Lac Detcheverry

Rendement numérique global

Rendement pondéral global 25

RENDEMENT DE PÊCHE (kg/filet-jour)

RENDEMENT DE PÊCHE (poissons/filet-jour)

25 20 15 10 5 0

1977

1980

1983

1986

1989

1992

1995

20 15 10 5 0 1977

1980

ANNÉE

1986

1989

1992

1995

ANNÉE

RENDEMENT DE PÊCHE PAR ESPÈCE

8

6

A118AL_f6_10_geq_039_temp_200519.ai

RENDEMENT DE PÊCHE (poissons/filet-jour)

10

1983

4

2

0 1977

1979

1981

Mise en eau du réservoir Robert-Bourassa

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

ANNÉE

Meunier rouge

Meunier noir

Cisco de lac

Grand corégone

Grand brochet

Doré jaune

Lotte

Autres

Source : Therrien et coll., 2004.

Figure 6-10 Titre 1 Titre 2 LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-39


La mise en eau du réservoir Manicouagan, dans la région de la Côte-Nord, a commencé en 1970 et s’est terminée en 1971. Une pêche scientifique faite en 2018 (AECOM et Groupe conseil Nutshimit-Nippour, 2019) a permis de constater que les rendements de pêche sont demeurés semblables depuis au moins 1990, tant en nombre de poissons qu’en biomasse. Ce résultat est une autre indication que la production aquatique dans les réservoirs peut persister pendant plusieurs décennies après la mise en eau. Le maintien de la production aquatique n’est pas le propre des réservoirs du Québec. Jenkins (1982) a constaté que les rendements de pêche dans les réservoirs aux États-Unis sont supérieurs à ceux des lacs nordiques tempérés. La perte potentielle de diversité des espèces de poissons dans les réservoirs est un autre enjeu à étudier lorsqu’on évalue leurs impacts sur les écosystèmes aquatiques. La figure 6-10 montre que, 17 ans après la mise en eau du réservoir Robert-Bourassa, les rendements de pêche du grand corégone et du grand brochet restent plus élevés qu’avant la mise en eau tandis que, pour d’autres espèces comme le meunier rouge et le meunier noir, une baisse a été observée. Une tendance semblable a été constatée dans d’autres réservoirs du complexe La Grande (Therrien et coll., 2004). Malgré des effets importants sur l’abondance des poissons, la diversité des espèces n’a pas été amoindrie. Des indices de diversité comme la richesse, l’équitabilité et la diversité des espèces ont connu des variations temporelles comparables dans les réservoirs et les lacs témoins (Turgeon et coll., 2019a). Aucune perte d’espèce n’est survenue et aucune espèce invasive n’a été introduite au complexe La Grande. Ces résultats offrent un contraste frappant avec ceux de nombreux réservoirs tropicaux, où la disparition de certaines espèces indigènes et des invasions d’espèces exotiques ont entraîné une perte importante de diversité des poissons ainsi que l’altération des réseaux trophiques (Turgeon et coll., 2019a et 2019b). Ces pertes dans les réservoirs tropicaux peuvent s’expliquer en partie par la rareté des lacs sous les tropiques (Wetzel, 2001) et par une rareté concomitante d’espèces de poissons adaptées aux milieux lacustres (Turgeon et coll., 2019b). Au contraire, dans les régions boréales du Québec, le nombre d’espèces de poissons est limité et la plupart des espèces sont naturellement présentes tant dans les lacs que dans les rivières, ce qui est de nature à faciliter leur adaptation aux conditions d’un réservoir.

CONCLUSION Les réservoirs d’Hydro-Québec sont généralement considérés comme des écosystèmes aquatiques productifs. La productivité du milieu aquatique augmente immédiatement après la mise en eau grâce à l’apport d’éléments nutritifs produits par la décomposition de la matière organique ennoyée. Après dix à douze ans, la productivité du milieu aquatique revient à des valeurs voisines des niveaux de référence. Les réservoirs continuent par ailleurs de produire des organismes aquatiques à tous les niveaux trophiques. Des rendements de pêche semblables ou supérieurs à ceux des lacs naturels ont été observés dans de nombreux réservoirs, surtout au Canada et aux États-Unis. Aucune perte de diversité des poissons n’a été observée dans les réservoirs du Québec en région boréale.

6.4.4 Quelles mesures Hydro-Québec prend-elle pour protéger les populations de poissons et leurs habitats dans les rivières en aval des barrages ? RÉPONSE SOMMAIRE Pour réduire ou compenser les impacts des modifications du régime hydrologique des rivières en aval des barrages, Hydro-Québec met en place des mesures variées parmi lesquelles figurent le maintien de débits réservés écologiques, l’établissement de règles de gestion des débits, la construction d’ouvrages hydrauliques (seuils et épis) pour le maintien des niveaux d’eau, l’aménagement d’habitats (frayères, aires d’élevage, etc.) ainsi que le soutien de populations vulnérables ou en difficulté par des ensemencements au moyen de poissons. Les suivis environnementaux réalisés par l’entreprise montrent que ces mesures sont efficaces et offrent aux communautés de poissons des conditions propices à leur développement.

RÉPONSE DÉTAILLÉE La présence des barrages et l’exploitation des centrales hydroélectriques entraînent une modification du régime naturel de débit en aval des ouvrages. Le régime d’exploitation typique d’une rivière régularisée à des fins de production d’énergie est caractérisé par des crues printanières et automnales écrêtées par rapport à celles en conditions naturelles ainsi que par des étiages estivaux et hivernaux moins prononcés. Ce régime comporte également des variations plus fréquentes des débits sur une base journalière, et même horaire, en fonction de la demande d’énergie. Ainsi, dans les rivières régularisées, les débits fluctuent en général plus fréquemment qu’en conditions naturelles, mais à l’intérieur d’une gamme de valeurs plus restreinte. 6-40

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Ce régime d’exploitation peut avoir des effets sur l’écosystème aquatique des rivières. La régularisation des débits peut causer, entre autres, l’altération de la végétation riveraine (Young et coll., 2005), la modification de la composition spécifique et de l’abondance de la faune benthique (Céréghino et Lavandier, 1996 ; Garcia de Jalon et coll., 1994 ; Cushman, 1985), de même que l’altération des habitats du poisson et, conséquemment, une modification de l’abondance et de la composition des communautés de poissons (Gibson, 1993 ; Ward et Stanford, 1983). Dans le cas des rivières qui sont partiellement ou entièrement dérivées, on observe une baisse du niveau d’eau, une exondation des rives ainsi qu’une réduction de la superficie du plan d’eau et du volume d’eau. Il s’ensuit des pertes d’habitats aquatiques et, parfois, une fragmentation des habitats si la baisse du niveau d’eau fait apparaître des obstacles à la libre circulation des poissons.

Mesures d’atténuation et de compensation Hydro-Québec met en place plusieurs mesures pour réduire au minimum les impacts des modifications du régime hydrologique en aval des barrages et, au besoin, les compenser : • • • • •

maintien de débits réservés écologiques ; établissement de règles de gestion des débits ; construction de seuils pour le maintien des niveaux d’eau ; aménagement d’habitats du poisson ; soutien et restauration de populations de poissons vulnérables ou en difficulté par l’ensemencement des cours d’eau.

Hydro-Québec réalise également d’importants suivis environnementaux visant à suivre l’état des populations de poissons en aval des barrages et à vérifier l’efficacité des mesures d’atténuation ou de compensation mises en place.

Débits réservés écologiques Les débits réservés écologiques sont les débits minimaux requis pour maintenir à un niveau jugé acceptable les habitats du poisson (FAPAQ, 1999). Le niveau acceptable correspond à une quantité et à une qualité suffisantes d’habitats pouvant assurer le déroulement normal des activités biologiques des poissons. Il importe que ces derniers accomplissent, en tout ou en partie, leur cycle vital dans les cours d’eau dont le régime hydrologique a été modifié en ce qui regarde, notamment, la reproduction, l’alimentation et l’élevage des juvéniles. Au Québec, les débits écologiques font l’objet de la Politique de débits réservés écologiques pour la protection du poisson et de ses habitats, adoptée en 1999 (FAPAQ, 1999). Celle-ci recommande de suivre une démarche scientifique pour la détermination des débits écologiques et renvoie à différents types de méthodes reconnues dans la communauté scientifique. Elle stipule que des mesures de compensation des pertes d’habitat doivent être mises en place là où le maintien de débits écologiques n’est pas possible dans le cadre d’un projet. Hydro-Québec applique les principes et les recommandations de cette politique depuis son adoption, et le faisait même quelques années auparavant. En effet, elle consacre beaucoup d’efforts depuis le début des années 1990 à la détermination des débits réservés écologiques dans le cadre de ses projets. L’entreprise a également participé à des recherches visant à améliorer les méthodes existantes et à les adapter au contexte particulier des rivières du Québec (Ahmadi-Nedushan et coll., 2008 ; Bérubé et coll., 2002 ; Leclerc et coll., 1994 et 1995). Hydro-Québec considère les débits réservés écologiques comme une composante technique majeure de ses projets qui doit être prise en considération dès l’étape de conception et de planification, au même titre, par exemple, que les aspects liés à la configuration et au dimensionnement des ouvrages. De plus, elle ne se limite pas à établir une valeur fixe de débit écologique durant l’année, mais s’assure de moduler le débit selon les différentes périodes biologiques (reproduction, alimentation, incubation des œufs, etc.) de façon à maintenir l’habitat du poisson en tout temps.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-41


1 janv. 29 juin 26 fév. 26 mars 23 avr. 21 mai 18 juin

16 juill. 13 août 10 sept. 8 oct.

5 nov.

3 déc.

31 déc.

Date Embouchure (PK 0) 1 400

Débit (m3/s)

0

Figure 6-11 – Hydrogramme naturel et1débits réservés écologiques dans la rivière Rupert au point de dérivation er janv. 29 juin 26 fév. 26 mars 23 avr. 21 mai 18 juin 16 juill. 13 août 10 sept. 8 oct. 5 nov. et à l’embouchure Date

Point de dérivation (PK 314) 1 400

Débit moyen avant dérivation Débit moyen après dérivation Débit journalier minimal avant dérivation

1 200

Débit (m3/s)

1 000

Figure 6-11 Titre 1 Titre 2

800

600

400

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement.

200

0

1er janv. 29 juin 26 fév. 26 mars 23 avr. 21 mai 18 juin

16 juill. 13 août 10 sept. 8 oct.

5 nov.

3 déc.

31 déc.

5 nov.

3 déc.

31 déc.

Date Embouchure (PK 0) 1 400

1 200

800

A118AL_f6_11_geq_008_derivation_200512.ai

Débit (m3/s)

1 000

600

400

200

0 1er janv. 29 juin 26 fév. 26 mars 23 avr. 21 mai 18 juin

16 juill. 13 août 10 sept. 8 oct.

Date Débit moyen avant dérivation

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Débit moyen après dérivation LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT Débit journalier minimal avant dérivation

3 déc.

A118AL_f6_11_geq_008_derivation_200512.ai

1 200

Bref, depuis plus de 25 ans, Hydro-Québec inclut une analyse détaillée des débits réservés écologiques dans les projets hydroélectriques comportant une régularisation ou une dérivation de cours d’eau. Ce fut le cas, entre autres, de 1 000 l’aménagement des rivières Rupert, Romaine et Toulnustouc. L’exemple du régime de débits réservés écologiques mis en place dans la rivière Rupert est présenté à la figure 6-11. Cette rivière, d’une longueur de 565 km, a été partiellement 800 dérivée au kilomètre 314 afin d’augmenter la production d’électricité à quatre centrales hydroélectriques existantes et d’alimenter deux nouvelles centrales. En aval du point de dérivation, un débit réservé, modulé selon la saison est 600 maintenu en tout temps afin de préserver les populations de poissons. L’encadré 6-4-4 regroupe les principaux résultats des suivis réalisés dans ce cours d’eau. Il importe de préciser que les débits réservés ne servent pas uniquement à maintenir les habitats du poisson. Ils 400 assurent également le maintien des milieux riverains, de la qualité du paysage et de divers usages anthropiques des cours d’eau (navigation de plaisance, canot, kayak, pêche, chasse, activités traditionnelles des autochtones, etc.).200

31 déc.


Gestion des débits En plus des débits écologiques, Hydro-Québec met parfois en place des règles de gestion des débits dans certaines rivières régularisées, notamment celles où il y a des espèces particulièrement sensibles aux variations de débit. Ces règles visent à limiter ou à éliminer les variations brusques de débit durant les périodes jugées critiques pour le poisson. Par exemple, le projet du complexe de la Romaine prévoit l’aménagement de quatre centrales en amont du kilomètre 50 de la rivière, dont trois ont été mises en service au cours des dernières années. Le tronçon inférieur de la rivière Romaine comporte une petite population de saumons atlantiques, qui oscillait, en conditions naturelles, entre 150 et 300 géniteurs annuellement (Aubé-Maurice et coll., 2019). L’exploitation de la centrale de la Romaine-1 (la plus en aval sur la rivière) est soumise à des contraintes visant à protéger les habitats du saumon atlantique, une espèce particulièrement vulnérable aux variations de débit (Hydro-Québec Production, 2007c ; Halleraker et coll., 2003 ; Salveit et coll., 2001). Ainsi, durant la période de reproduction du saumon (du 15 octobre au 15 novembre), le débit est maintenu stable (sauf en cas de force majeure) pour éviter le dérangement des activités de reproduction (construction des nids) sur les frayères. Par ailleurs, durant la période froide (de la mi-novembre à la fin mai), les variations brusques de débit, tant à la hausse qu’à la baisse, sont proscrites à certaines périodes de la journée afin d’éviter l’échouage des juvéniles de saumon ou leur entraînement vers l’aval. Enfin, en tout temps, sans possibilité de dérogation, un débit réservé écologique minimal substantiel doit être maintenu en aval de la centrale de la Romaine-1. Les suivis réalisés depuis la mise en service en 2014 de la centrale de la Romaine-2, première du complexe à produire de l’électricité, montrent que la population de saumons atlantiques de la Romaine est sujette à des variations interannuelles, mais se maintient dans la fourchette des valeurs observées avant la réalisation du projet (Aubé-Maurice et coll., 2019).

Des vannettes intégrées aux portes de l’évacuateur de crues de la Romaine-3 commandent le débit réservé

Débit réservé à la sortie de l’évacuateur de crues de la Romaine-3

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-43


Construction de seuils et d’épis Afin de maintenir un niveau d’eau semblable au niveau moyen estival des conditions naturelles, Hydro-Québec a construit des seuils et des épis dans certaines rivières dont le débit a été réduit. Comme le font les débits écologiques, ces ouvrages permettent non seulement de protéger les habitats du poisson et les milieux riverains, mais aussi de maintenir les usages anthropiques des cours d’eau (navigation, pêche, chasse, activités traditionnelles des autochtones, etc.). Par exemple, huit ouvrages hydrauliques (seuils et épis) ont été construits dans le tronçon à débit réduit de la rivière Rupert, d’une longueur de 314 km (voir la figure 6-3). Le débit de ce cours d’eau a été réduit en 2009 de 70 % au point de dérivation et de 52 % à l’embouchure, en raison des apports des tributaires. Les ouvrages hydrauliques assurent le maintien du niveau d’eau sur plus de la moitié de ce tronçon (Hydro-Québec Production, 2004a) et ont permis de limiter à 8 % les pertes de superficies aquatiques. Ils assurent également le maintien des qualités paysagères de la rivière et son utilisation par les communautés cries concernées.

Aménagement de frayères et d’aires d’élevage Dans plusieurs rivières régularisées ou à débit réduit, des frayères et des aires d’élevage ont été aménagées pour compenser la perte d’habitats et permettre aux poissons de compléter leur cycle vital. En voici deux exemples : • Dans la rivière Rupert, en aval du point de dérivation, Hydro-Québec a aménagé une dizaine de frayères multispécifiques9 en 2010 en collaboration avec les parties prenantes cries en vue de compenser les pertes d’habitats de fraie causées par la réduction de débit. Les frayères ont été construites en aval immédiat des barrages et des ouvrages hydrauliques pour maintenir les niveaux d’eau (voir l’encadré 6-4-1). De cette façon, elles assurent aux espèces résidentes, dont les déplacements sont limités par la présence des ouvrages, l’accès à des aires de reproduction leur permettant de compléter leur cycle vital. Un suivi effectué sur une période de cinq ans (de 2010 à 2015) montre que ces frayères s’avèrent efficaces, car elles sont toutes utilisées par les espèces de poissons ciblées (Consortium Waska-Génivar, 2016a). • Dans la rivière Romaine, dont le débit a été régularisé, Hydro-Québec a aménagé en 2013 et en 2014 deux frayères et deux aires d’élevage pour le saumon atlantique en aval de la centrale de la Romaine-1. Un suivi de ces aménagements sur une période de dix ans a commencé en 2010. Jusqu’à maintenant, les résultats sont prometteurs, car les frayères sont bien utilisées par le saumon atlantique (Aubé-Maurice et coll., 2019). Plusieurs dizaines de nids de saumon y ont été vus chaque année du suivi. Les aires d’élevage sont également utilisées par les jeunes saumons, mais les densités observées sont encore faibles (Aubé-Maurice et coll., 2019).

Frayère multispécifique aménagée pour le doré jaune, le meunier rouge, le meunier noir et le grand corégone dans la rivière Nemiscau, un affluent de la rivière Rupert (Baie-James)

9. Les frayères ont été conçues pour cinq espèces cibles, soit le doré jaune (Sander vitreus), le meunier rouge (Catostomus catostomus), le meunier noir (Castotomus commersonii), le grand corégone (Coregonus clupeaformis) et l’esturgeon jaune (Acipenser fulvescens).

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LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Frayère multispécifique aménagée en aval d’un barrage dans le ruisseau Arques, un affluent de la rivière Rupert (Baie-James)

Aire d’élevage aménagée pour le saumon atlantique juvénile au PK 49 de la rivière Romaine (région de la Côte-Nord)

Soutien de populations par l’ensemencement Dans le cas particulier des populations de poissons considérées comme vulnérables ou en difficulté, Hydro-Québec peut avoir recours à différentes actions pour protéger et mettre en valeur ces populations, comme des programmes d’ensemencement. C’est l’option qui a été choisie pour la population de saumons atlantiques de la Romaine, considérée comme en difficulté avant le début des travaux sur cette rivière. Hydro-Québec a créé et subventionné la Société Saumon de la rivière Romaine (SSRR), une société indépendante ayant pour mission de restaurer cette population de saumons. Elle collabore à la gestion de la SSRR en partenariat avec les communautés touchées par le projet et préoccupées par la préservation de cette ressource. La SSRR a convenu d’un programme d’ensemencements annuels qui s’échelonne sur une quinzaine d’années afin d’amener la population de saumons de la Romaine (Hydro-Québec, 2019a) à des niveaux permettant une exploitation durable de la ressource. Un autre exemple est celui de l’esturgeon jaune de la rivière Rupert. Entre 2008 et 2012, 176 611 larves et 71 886 jeunes de l’année ont été introduits dans ce cours d’eau (voir la carte 6-3).

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-45


Encadré 6-4-4 Suivis environnementaux dans la rivière Rupert, en aval du barrage En aval du barrage de la Rupert, Hydro-Québec a effectué un suivi des communautés de poissons en collaboration avec les Cris afin d’évaluer les effets de la dérivation partielle de la rivière ainsi que l’efficacité des mesures d’atténuation et de compensation mises en œuvre. Ces mesures ont consisté en la mise en place d’un régime de débits réservés écologiques (voir la figure 6-11), en la construction de huit ouvrages (seuils et épis) visant à maintenir le niveau d’eau et en l’aménagement d’une dizaine de frayères multispécifiques. Des pêches scientifiques ont d’abord été réalisées en conditions naturelles (avant la dérivation partielle de la rivière) dans trois secteurs de la rivière : Rupert aval (PK 0-170), lac Nemiscau (PK 170-200) et Rupert amont. Des échantillonnages semblables ont été faits après la dérivation, en 2011 et en 2016 (Consortium Waska-Génivar, 2018). Après la dérivation partielle, les rendements ont été sensiblement plus élevés dans deux des trois secteurs de la rivière (Rupert amont et Rupert aval ; voir la figure 6-12). Ces hausses pourraient s’expliquer par l’enrichissement des eaux dans les secteurs ennoyés en amont du barrage, par l’aménagement de seuils stimulant la productivité biologique ainsi que par une meilleure efficacité des engins de pêche (filets expérimentaux) en conditions de débit réduit. Les populations des espèces les plus abondantes, soit celles du doré jaune, de l’esturgeon jaune et du grand brochet, sont demeurées les mêmes avant et après la dérivation. Les résultats recueillis depuis le début de ce suivi montrent que les conditions post-dérivation sont propices au maintien et à la reproduction des populations de poissons. Le maintien des herbiers aquatiques dans la rivière Rupert constitue un autre enjeu en raison de leur importance pour la reproduction du grand brochet et pour plusieurs autres espèces de poissons de petite taille (espèces proies). Le suivi de ces milieux montre qu’ils permettent toujours la reproduction du grand brochet et le développement de plusieurs espèces de poissons dont il se nourrit (Consortium Waska-Génivar, 2018). À l’embouchure de la rivière Rupert, le cisco anadrome fait l’objet d’une importante pêche traditionnelle de la part de la communauté crie de Waskaganish. Un suivi annuel de la population de ciscos anadromes a été réalisé de concert avec la communauté de 2008 à 2014 dans le but d’établir les conditions initiales et d’évaluer les impacts éventuels de la dérivations. Selon l’estimation annuelle de l’abondance totale des larves de cisco en dévalaison dans la rivière et l’estimation du nombre de géniteurs, ce suivi montre que la population s’est maintenue à la suite de la dérivation (Consortium Waska-Génivar, 2017). Par ailleurs, un suivi des pêches traditionnelles cries est fait en collaboration avec la société Niskamoon (société conjointe Cris–Hydro-Québec). En somme, par suite de la mise en place des mesures d’atténuation et de compensation dans la rivière Rupert, en aval du barrage, les résultats du suivi des pêches traditionnelles cries indiquent que les communautés de poissons et l’écosystème aquatique se sont maintenus dans la rivière. Figure 6-12 – Rendements de pêche dans la rivière Rupert avant (2005 et 2009) et après (2011 et 2016) sa dérivation partielle

20

16

12

8

4

Lac 25

Lac Nemiscau (PK 170-200)* Nemiscau (PK 170-200)*

25

24

24

24 20

20

20

20

20 16

16

16

16

16 12

12

12

12

12 8

8

8

8

8 4

4

4

4

4 0

0 2005 2005

2009

2009 2011

2011

2016

2005

0 2005

2016

Meunier rouge

Meunier Meunier rouge noir Meunier noir

2009

2009

2011

2011 2016

2016

0 2005

0 2005

2009

2009 2011

Esturgeon jaune Cisco de lac Grand brochet Autres Doré jaune Esturgeon jaune Cisco deGrand lac corégone Grand brochet Autres Grand corégone Doré jaune

* Lac Nemiscau : une seule station en 2005 ; trois en 2009, 2011 et 2016. * Lac Nemiscau : une seule station en 2005 ; trois en 2009, 2011 et 2016.

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Rupert amont amont (PK 200-314)

25 24

24

0

25Rupert

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

2011 2016

2016

A118AL_f6_12_geq_009_peche_200512.ai

24

Rupert aval (PK 0-170) Rupert aval (PK 0-170)

A118AL_f6_12_geq_009_peche_200512.ai

Captures par unité d'effort (poissons/filet-jour)

25

Captures par unité d'effort (poissons/filet-jour)

25


6.4.5 Comment les écosystèmes côtiers et estuariens sont-ils touchés par les grands projets hydroélectriques d’Hydro-Québec ? RÉPONSE SOMMAIRE L’exploitation des aménagements hydroélectriques modifie le régime hydrologique des rivières en aval des barrages, de même que la quantité et la répartition temporelle des apports en eaux douces dans les milieux estuariens et côtiers. Ces changements influent sur l’étendue du panache d’eau douce à l’embouchure des rivières et sur le mode d’intrusion saline. À leur tour, ces modifications peuvent modifier la dynamique des écosystèmes estuariens et côtiers. Hydro-Québec a suivi plusieurs composantes environnementales représentatives de ces écosystèmes, dont la productivité primaire, les herbiers de zostère marine, les communautés de poissons et certaines espèces de mollusques. Les résultats montrent que l’exploitation des aménagements hydroélectriques modifie les conditions physiques dans les milieux côtiers et estuariens bien que ceux-ci demeurent largement sous l’influence du milieu océanique. On note que les communautés d’organismes aquatiques s’adaptent aux nouvelles conditions, qu’un nouvel équilibre se met en place et que, en bout de ligne, la répartition spatiale de certaines espèces se conforme aux nouvelles conditions. Sur la côte est de la baie James, Hydro-Québec procède actuellement à des études pour approfondir les connaissances sur les milieux côtiers, notamment sur la répartition et la croissance de la zostère marine ainsi que sur son utilisation par les Cris.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Modifications physiques L’exploitation des aménagements hydroélectriques modifie le régime hydrologique des rivières et, conséquemment, la quantité et la répartition temporelle des apports en eaux douces dans les milieux estuariens10 et côtiers. Il s’ensuit que les conditions physiques, notamment la température de l’eau, la salinité et l’hydrodynamisme, subissent des changements. À leur tour, ces modifications peuvent influer sur la dynamique des écosystèmes estuariens et côtiers. Dans le cas des rivières régularisées sans augmentation ni diminution de leur débit global (par exemple la rivière Romaine), le bilan hydrologique annuel à l’embouchure demeure inchangé, mais les apports hydriques sont répartis différemment dans le temps. Il y a généralement une diminution du débit durant les périodes de faible demande d’électricité (printemps et été) et une augmentation du débit lorsque la demande d’énergie est élevée (automne et hiver). Dans les rivières à débit réduit (par exemple les rivières Rupert, Eastmain et Koksoak), la diminution des apports en eau douce fait avancer le front salin vers l’amont et réduit la dimension du panache d’eau douce dans l’estuaire (Messier, 1985 ; Lepage et Ingram, 1986 ; Massicotte et coll., 2019). De plus, dans le cas des rivières ayant subi une réduction majeure de débit (par exemple la rivière Eastmain), le courant net vers l’aval ne réussit plus à expulser les sédiments fins en suspension, et l’estuaire peut devenir une zone de dépôt sédimentaire alors qu’il était en voie d’érosion à l’état naturel (Messier, 1985). Dans les rivières à débit augmenté et régularisé (la Grande Rivière notamment), l’augmentation des apports en eau douce entraîne, à l’inverse, une expansion du panache d’eau douce et un recul du front salin. Par exemple, dans la Grande Rivière, l’augmentation de débit crée durant la période hivernale (surtout en présence d’une couverture de glace) un accroissement de la superficie du panache d’eau douce, qui se traduit par une baisse de la salinité des eaux côtières dans les six mètres du haut de la colonne d’eau au nord et au sud de l’embouchure (Messier et Anctil, 1996 ; Messier et coll., 1987; Ingram et Larouche, 1987). Ces changements peuvent avoir des effets sur les écosystèmes estuariens et côtiers. Pour évaluer l’ampleur et les conséquences réelles de ces changements, Hydro-Québec a réalisé de nombreux suivis, dont certains se sont déroulés sur plus de trois décennies. Plus précisément, l’entreprise a suivi l’évolution de quelques indicateurs biologiques, soit la productivité primaire, les herbiers de zostère, les communautés de poissons et certaines espèces de mollusques. Ces indicateurs sont considérés comme représentatifs des écosystèmes estuariens et côtiers. De plus, la plupart correspondent à des composantes environnementales fortement valorisées par les communautés locales (autochtones ou allochtones). 10. Les estuaires correspondent à la partie inférieure des rivières soumises à l’influence de la marée. LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

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Productivité primaire Les processus hydrodynamiques influent sur la production primaire (phytoplancton) des écosystèmes estuariens (Legendre et Demers, 1984). Ils sont principalement déterminés par le vent, les marées ainsi que les apports en eaux douces et en sels nutritifs des rivières. Les modifications du régime hydrologique des rivières induites par l’exploitation de grands complexes hydroélectriques risquent donc d’avoir un effet sur la productivité primaire. Les suivis réalisés par Hydro-Québec montrent que la modification du régime hydrologique des rivières exploitées à des fins hydroélectriques ont eu relativement peu d’effets sur la production primaire en milieux côtiers et estuariens, notamment en raison des conditions particulières des estuaires touchés. Dans le cas de la rivière Romaine (régularisée sans augmentation ni diminution du bilan hydrologique annuel), les suivis océanographiques effectués de 2013 à 2017 révèlent que les apports en éléments nutritifs provenant de ce cours d’eau, tant avant qu’après la régularisation du débit, ne contribuent pas significativement à la salinité et à la production primaire dans la zone estuarienne de la Romaine et le milieu côtier adjacent (chenal de Mingan). Ce sont plutôt les masses d’eau en provenance du large qui déterminent la salinité, les teneurs en éléments nutritifs et, conséquemment, l’abondance phytoplanctonique de la zone d’étude (Tremblay, Deblois et coll., 2019 ; Demarty et coll., 2018 ; Deblois et coll., 2018). Bref, la régularisation du débit de la rivière Romaine n’a pas eu d’effets notables sur les milieux estuariens et côtiers parce que les apports en eau douce de cette rivière sont faibles par rapport aux masses d’eau salée provenant du golfe du Saint-Laurent. Dans le cas de la rivière Sainte-Marguerite, depuis la mise en service des deux turbines de la centrale de la SainteMarguerite-3 (2008), les concentrations de chlorophylle dans les eaux de l’estuaire et du panache d’eau douce sont un peu plus basses que celles de l’état de référence. Toutefois, cette baisse serait attribuable à des facteurs comme le broutage par le zooplancton ou la sénescence (vieillissement des organismes), et ne serait pas nécessairement liée à une baisse de la productivité (Environnement Illimité, 2009). Dans la rivière Eastmain, la diminution du débit (1980) a eu pour effet de réduire les vitesses d’écoulement dans l’estuaire de la rivière, d’allonger le temps de séjour des eaux et d’augmenter leur teneur en éléments nutritifs. Le nouveau régime sédimentaire, conjugué à l’intrusion saline, a favorisé une augmentation du phytoplancton et le développement d’une faune benthique plus abondante et plus diversifiée, à l’origine d'une augmentation de la productivité primaire (Messier et coll., 1986).

Herbiers de zostère De vastes herbiers de zostère marine (Zostera marina) sont présents dans les zones intertidales le long de la côte est de la baie James (Curtis et Audet, 1975 ; Lalumière, 1987 ; Lalumière et coll., 1992). On en trouve également à l’embouchure des grandes rivières de la Côte-Nord (Michaud, 1985 ; Lemieux et Lalumière, 1995). Un ensemble de facteurs influe sur l’abondance et la répartition des herbiers de zostère, dont la salinité, la température de l’eau et la turbidité (niveau de luminosité). Les changements climatiques, la présence de nouvelles espèces végétales, le type de substrat, l’action des glaces, les courants, le vent, l’ensoleillement ainsi que le broutage par la sauvagine peuvent aussi avoir une incidence sur l’abondance et la répartition de la zostère. Les herbiers de zostère constituent des habitats essentiels pour les organismes marins de même que pour la sauvagine, qui s’en nourrit. Ils sont particulièrement importants pour la bernache du Canada, la bernache cravant et la petite oie des neiges durant leur migration puisqu’ils leur servent d’aires d’alimentation. Les Cris de la Baie-James sont d’ailleurs particulièrement préoccupés par l’état de la zostère, car tout changement d’abondance de cette plante risque d’avoir un impact sur leurs activités traditionnelles de chasse à l’oie. C’est pourquoi les zosteraies font l’objet d’études et de suivis particuliers de la part d’Hydro-Québec. Depuis 1988, dans le cadre du suivi environnemental du complexe La Grande, de même que depuis 2007, pour le suivi environnemental du complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert, les herbiers de zostère de la côte est de la baie James font l’objet d’études d’Hydro-Québec. Bien que ces aménagements hydroélectriques aient changé la salinité dans les zones estuariennes des rivières aménagées et dans les milieux côtiers adjacents, les résultats des études montrent que le milieu océanique demeure, et de loin, le principal facteur d’impact (Messier, 1985 ; Lepage et Ingram, 1986). De plus, les herbiers de zostère sont toujours présents le long de cette côte (Lalumière et Lemieux, 2002 ; Consortium Waska-Génivar, 2016b). Cependant, l’incidence précise de ces changements sur la zostère est difficile à évaluer, car d’autres facteurs déterminants interviennent, dont les conditions météorologiques, l’action des glaces et les changements climatiques.

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LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Les études de suivi menées à la fin des années 1990 ont montré un dépérissement soudain, à grande échelle, des zosteraies sur l’ensemble de la côte est des baies James et d’Hudson (Lemieux et coll., 1999). Selon Lemieux et Lalumière (2000), ce phénomène aurait été causé par la prolifération d’un microorganisme stimulé par des températures printa­nières anormalement élevées. Les observations faites depuis 1998 indiquent que les zosteraies se sont rétablies graduellement, mais à une vitesse variable selon les secteurs (Génivar, 2010b ; Consortium Waska-Génivar, 2016b). Les relevés de l’été 2004 montrent que les herbiers de zostère avaient, à ce moment déjà, une densité comparable à celle d’avant le dépérissement à 75 % des endroits échantillonnés (Lemieux et Lalumière, 2004). Toutefois, l’abondance de la plante, la longueur de ses tiges et sa répartition le long de la côte n’ont pas encore atteint l’ampleur d’avant le déclin. Les études sur la zostère marine de la côte est de la baie James se poursuivront au cours des prochaines années. En effet, le gouvernement de la Nation crie, la société Niskamoon et Hydro-Québec ont lancé en 2016 un vaste programme de recherche en collaboration avec le Service canadien de la faune ainsi que plusieurs universités spécialisées en milieu océanographique et humain. Ce programme vise à déterminer les différents facteurs qui peuvent influer sur la répartition et la croissance de la zostère de même que son utilisation par les oies. Les résultats seront connus en 2022 et pourront ainsi contribuer à améliorer l’état des connaissances sur cette plante marine et confirmer, ou préciser, les tendances observées jusqu’à maintenant. À l’embouchure de la rivière Romaine, sur la Côte-Nord, les résultats du suivi indiquent un léger recul (5,2 %) de la superficie des herbiers de zostère en 2015 par rapport à l’état de référence (2013), tandis qu’il y a progression dans les deux zones témoins étudiées (Massicotte et coll., 2017). Toutefois, l’année de suivi (2015) a été caractérisée par des épisodes de faible salinité plus fréquents dans l’ensemble du secteur étudié, ce qui illustre l’impact des conditions météorologiques à l’échelle régionale (Massicotte et coll., 2017). À l’embouchure de la rivière Romaine, la superficie des herbiers a connu des variations significatives entre 1948 et 2004, soit avant la construction du complexe de la Romaine (Hydro-Québec Production, 2007d ; Environnement Illimité, 2014). Les modifications des herbiers observées pendant l’exploitation de la centrale de la Romaine-1 seraient attribuables à des facteurs d’origine naturelle (longueur de la saison de croissance, degré d’exposition aux marées et aux vents, durée de la période d’englacement, etc.) et sont comparables aux variations observées dans les zones témoins.

Communautés de poissons De façon générale, le principal effet de la modification des débits associée aux aménagements hydroélectriques sur les communautés de poissons consiste en un ajustement de la répartition spatiale des populations faisant suite au remodelage du panache d’eau douce. Dans le cas des rivières à débit augmenté, l’agrandissement du panache d’eau douce a pour effet d’étendre l’habitat dulcicole et de repousser les espèces marines. C’est par exemple ce qui s’est produit dans la Grande Rivière, où l’habitat des espèces dulcicoles s’est accru, tandis que les espèces marines comme la morue arctique étaient repoussées vers le large (Hayeur, 2001). L’inverse est noté à l’embouchure des rivières à débit réduit où les espèces marines peuvent s’introduire davantage en rivière et les espèces d’eau douce sont refoulées vers l’amont (Hayeur, 2001). Ainsi, depuis la réduction du débit de la rivière Eastmain, son estuaire est davantage gouverné par les forces marines. L’intrusion saline sur les dix ou douze premiers kilomètres de l’embouchure a permis à des espèces marines, comme le chaboisseau à quatre cornes et le capelan, de s’introduire plus loin dans la rivière. Sur une distance d’environ 10 km en amont, les espèces dulcicoles sont tout de même encore abondantes grâce à leur capacité d’adapter légèrement leur régime alimentaire (Jacquaz et coll., 1984).

Mye commune

On trouve la mye commune (Mia arenaria) sur les rivages de la Côte-Nord11, notamment à l’embouchure de la rivière Romaine. Ce mollusque comestible est très valorisé par les populations locales, car il fait l’objet d’une exploitation récréative et commerciale. Dans le cadre de la construction du complexe de la Romaine, cette espèce fait l’objet d’un suivi qui a débuté en 2013 et qui se terminera en 2029 (Hydro-Québec Production, 2010). Jusqu’ici, le suivi indique une diminution de l’abondance (densité) et du rendement (masse par unité de surface) depuis 2013, année de référence (Massicotte et coll., 2017).

11. La présence de la mye commune n’a pas été signalée sur la côte est de la baie James. LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

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Toutefois, le même phénomène a été observé dans une moindre mesure dans un secteur témoin non touché par la modification du régime hydrologique de la rivière Romaine. Il faut également mentionner que le recrutement chez les populations de myes est faible à l’échelle régionale (Côte-Nord) depuis quelques années et que des fluctuations interannuelles marquées des rendements de récolte de ce mollusque sont souvent observées (Giguère et coll., 2004). On a fait l’examen de plusieurs facteurs physico­chimiques et biologiques en vue de déterminer s’ils ont joué un rôle dans ces variations interannuelles, mais aucune corrélation significative n’a été notée (Massicotte et coll., 2017). En somme, jusqu’à maintenant, rien n’indique que la régularisation de la rivière Romaine a eu des effets significatifs sur la mye commune. Les prochaines années de suivi permettront vraisemblablement à Hydro-Québec de tirer des conclusions plus solides.

6.5 MILIEUX HUMIDES ET VÉGÉTATION 6.5.1 Quel est le bilan des répercussions des grands projets hydroélectriques sur les milieux humides riverains et non riverains ? RÉPONSE SOMMAIRE La création des réservoirs peut occasionner la perte de milieux humides riverains. Une partie de cette perte est temporaire, car les processus naturels, combinés à des mesures d’atténuation et de compensation appropriées, mènent au développement de milieux humides sur une partie des berges des réservoirs et à l’atteinte d’un nouvel équilibre. La mise en eau des réservoirs cause aussi la perte de milieux humides non riverains, constitués en majeure partie de tourbières. Cette perte est définitive, car ces écosystèmes ne se rétablissent pas de façon naturelle au sein des nouveaux plans d’eau. Elle est normalement compensée par la mise en œuvre de mesures particulières. En aval des barrages, les impacts sur les milieux humides riverains varient selon le type de modification apportée au régime de débits. Dans le cas des cours d’eau dont le débit a été réduit, ces milieux migrent vers les nouvelles rives, ce qui contribue à leur maintien. Les données sur les rivières dont le débit a été régularisé suggèrent que les milieux humides riverains sont légèrement touchés malgré la modification du régime de débits occasionnée par l’exploitation des centrales. Dans le cas des rivières à débit augmenté, les milieux humides riverains ont plus de difficulté à se maintenir et peuvent subir des pertes. À cet égard, Hydro-Québec a élaboré sur une quarantaine d’années des mesures et des pratiques qui compensent partiellement la perte de milieux humides riverains et non riverains. En définitive, les grands aména­gements hydro­ électriques au Québec ont un impact résiduel sur les milieux humides dont l’ampleur varie selon leur superficie ou leur valeur écologique et selon les conditions propres à chaque projet.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Milieux humides riverains En forêt boréale, les rives des lacs et des cours d’eau, qui sont soumises à une variation saisonnière naturelle du niveau d’eau, sont généralement occupées par une mince bande de végétation riveraine dominée par les arbustes, qui laisse place rapidement à la végétation terrestre. La succession végétale dépend surtout de la pente, de la nature des dépôts en place et de la fluctuation du niveau d’eau (Bouchard et coll., 2004 ; Bouchard et Chouinard, 2010). La partie haute est occupée par un marécage composé d’arbustes qui tolèrent les variations saisonnières du niveau d’eau. La partie centrale, le marais, est colonisée par des plantes herbacées qui supportent les variations fréquentes du niveau d’eau. Enfin, la partie basse, inondée la plupart du temps, accueille uniquement des milieux humides peu profonds. Le contexte géomorphologique du Bouclier canadien et le climat nordique créent des conditions qui sont peu propices au développement de milieux humides riverains. En effet, le relief (pentes fortes) ainsi que la nature rocheuse du socle géologique et des dépôts de surface limitent considérablement l’étendue des milieux humides riverains. Ceux-ci couvrent généralement moins de 2 % de la superficie des zones étudiées (voir le tableau 6-3). Bien que peu abondants, ces milieux jouent un rôle écologique important en raison, notamment, de la diversité des espèces végétales qu’on y trouve et de leur utilisation par la faune.

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Tableau 6-3 – Milieux humides riverains, milieux humides non riverains et milieux terrestres présents dans la zone d’étude de trois projets d’aménagement hydroélectrique Projet d’aménagement hydroélectrique Péribonkab Eastmain-SarcelleRupertc Romainee

Domaine bioclimatique

Superficie de la zone d’étude a (km2)

Milieux humides riverains % (km2)

Milieux humides non riverains % (km2)

Milieux terrestres % (km2)

Pessière à mousses de l’est

359

4,8 (30,3)

0,8 (2,6)

94,5 (326,4)

Pessière à mousses de l’ouest et pessière à lichens

1 814

<0,1 (<0,1)d

11,7 (213,1)

88,3 (1 600,9)

Pessière à mousses de l’est

3 790

1,2 (44,2)

9,2 (350,2)

89,6 (3 395,6)

a. La zone d’étude comprend la superficie ennoyée par le réservoir ainsi qu’une bande de largeur variable à sa périphérie, soit 3 km dans le cas de l’aménagement de la Péribonka et 5 km dans celui des deux autres projets. b. Hydro-Québec Production, 2003.

c. Hydro-Québec Production, 2004a. d. La superficie de nombreux milieux humides était trop petite pour permettre d’en faire la cartographie, ce qui explique les faibles valeurs. e. Hydro-Québec Production, 2007d.

Réservoirs La mise en eau des réservoirs entraîne la perte des milieux humides riverains dans les lacs et les cours d’eau ennoyés. Les suivis réalisés au cours des 40 dernières années montrent que de nouveaux milieux humides riverains se forment naturellement et graduellement au pourtour des réservoirs (Bouchard et coll., 2001 ; Bouchard et Chouinard, 2010 ; Maloney et Bouchard, 2013). Toutefois, le développement de ces nouveaux milieux ne parvient pas toujours à compenser totalement les pertes. La reprise végétale peut être limitée par plusieurs facteurs, comme le marnage du réservoir, la pente, l’exposition aux vents, la nature des matériaux en place et la dynamique des glaces (Bouchard et coll., 2001 ; Bouchard et Chouinard, 2010 ; Maloney et Bouchard, 2013). Pour limiter les pertes, Hydro-Québec a élaboré des mesures d’atténuation qui visent à favoriser et à accélérer l’établissement de la végétation et des milieux humides riverains. Les mesures qui se sont révélées les plus efficaces sont le déboisement partiel des rives, l’endiguement de baies et l’aménagement de milieux humides dans des plaines alluviales (Bouchard et coll., 2001 ; Maloney et Bouchard, 2007 ; AECOM, 2015a). Le déboisement d’une certaine partie des rives des réservoirs, avant la mise en eau, dégage les rives et accélère le processus de végétalisation des berges après la création du réservoir. Cette mesure s’applique généralement sur une frange de 3 m située au-dessus de la cote maximale d’exploitation du réservoir12 ; elle favorise le développement des strates arbustive et herbacée ainsi que la diversification de la flore. Le déboisement a donné de bons résultats au complexe La Grande, où les milieux riverains créés supportent une grande diversité faunique et floristique. Cette mesure est, depuis, largement appliquée (Bouchard et coll., 2001 ; AECOM, 2015a ; Hydro-Québec Production, 2007d). L’endiguement de baies (voir l’encadré 6-5-1) consiste en la fermeture, à l’aide de digues, de certaines baies des réservoirs dans le but de les soustraire au marnage. La stabilisation du niveau d’eau dans ces baies permet de maintenir des conditions plus propices aux milieux humides riverains (Maloney et Bouchard, 2007), ce qui favorise du même coup la faune benthique et les poissons (Hayeur, 2001). Enfin, des milieux humides présents naturellement dans des plaines alluviales bordant les rivières peuvent être agrandis au moyen du reprofilage de canaux hydriques existants. La restauration des connexions hydriques crée des mares et des plans d’eau stagnants dont certains deviennent des endroits propices à la chasse à l’oie pour les communautés autochtones. De plus, ces interventions augmentent les superficies de zones peu profondes où s’établit une végétation aquatique et semi-aquatique ainsi qu’une faune variée composée d’amphibiens, de poissons, d’oiseaux et de mammifères semi-aquatiques (AECOM, 2015b).

12. Niveau d’eau maximal dans un réservoir, correspondant à sa capacité maximale de stockage d’eau.

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Bien qu’elles se soient avérées efficaces, ces mesures d’atténuation ne parviennent pas toujours à compenser entièrement les pertes de milieux humides riverains. Elles concourent malgré tout à recréer des habitats qui sont peu abondants naturellement dans le Nord québécois et qui contribuent à maintenir la diversité et la valeur écologique des milieux humides à l’échelle régionale.

Aval des barrages Cours d’eau à débit réduit 13 Certains projets hydroélectriques ont exigé la dérivation totale ou partielle de cours d’eau pour alimenter des centrales. La réduction du débit de ces cours d’eau entraîne l’exondation partielle des rives et leur exposition à l’érosion. Cela a été le cas des rivières Rupert, Eastmain, Opinaca et Caniapiscau, dont le cours supérieur a été dérivé vers le complexe La Grande. Les suivis de ces rivières montrent que les milieux humides riverains se rétablissent naturellement et tendent vers un nouvel équilibre adapté au nouveau régime hydrique. Les bandes de végétation associées aux milieux humides peu profonds, aux marais et aux marécages migrent vers les nouvelles rives des cours d’eau (Bouchard et coll., 2001). Ce déplacement de la végétation riveraine s’effectue plus ou moins rapidement selon le type de substrat et l’intensité de l’érosion, et les bandes reconstituées peuvent être plus étroites. Au cours des dernières décennies, d’importantes mesures d’atténuation ont été conçues et mises en œuvre dans le but d’accélérer le processus de végétalisation des berges. Il s’agit principalement de l’ensemencement des rives au moyen d’espèces herbacées, de la construction de seuils et du maintien de débits réservés écologiques. L’ensemencement à l’aide d’espèces herbacées permet l’implantation rapide d’un couvert végétal qui stabilise les sols, réduit l’érosion et favorise l’utilisation des milieux par la faune. En quelques années, il s’établit une succession menant au remplacement des espèces introduites par des plantes indigènes. La construction de seuils assure le maintien d’un niveau d’eau minimal dans la rivière de façon à ce que des conditions comparables à celles qui existaient avant la réduction du débit soient préservées, ce qui diminue l’effet d’exondation, permet la conservation d’une partie de la végétation riveraine existante et contribue à la prévention de l’érosion. Par exemple, dans la rivière Eastmain et son affluent Opinaca (dérivés respectivement en 1980 et en 1979), cinq seuils permettent de maintenir un niveau d’eau à peu près équivalent à celui des conditions originales (avant la dérivation) sur environ un tiers de la partie exondée de ces cours d’eau, soit 90 km (Bouchard et coll., 2001). Enfin, les débits réservés écologiques, bien qu’ils servent principalement à préserver l’habitat du poisson (voir la section 6.4.4), protègent également la végétation et les milieux humides riverains. Dans le cas de la rivière Rupert, dont les eaux ont été partiellement dérivées en 2009, l’application de plusieurs mesures a donné des résultats concluants. Le débit réservé écologique (voir la figure 6-11), combiné aux ensemencements au moyen d’espèces herbacées et à la construction de huit ouvrages hydrauliques (six seuils et deux épis) (voir la figure 6-3), a fait en sorte que les rives exondées de ce cours d’eau ont été graduellement colonisées par la végétation et qu’un nouvel équilibre s’est installé (Biofilia, 2016). Ces mesures assurent également le maintien des divers usages de l’eau, comme la navigation et les activités de pêche. En somme, dans les cours d’eau à débit réduit, la reprise végétale naturelle couplée aux mesures d’atténuation font en sorte qu’il y a généralement un déplacement des bandes de végétation vers les nouvelles rives et une modification de l’étendue de chaque type de milieux humides en fonction des variations de débit.

13. Voir la définition de rivières à débit régularisé, réduit et augmenté à l’annexe F.

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Cours d’eau à débit régularisé14 Peu d’études sur le suivi de la végétation riveraine ont été réalisées en aval des centrales dans les rivières dont le débit a été régularisé (mais ni réduit, ni augmenté). Dans le cas de la centrale de la Romaine-1, le suivi effectué en 2018 suggère que la végétation riveraine avait peu changé trois ans après la mise en service en 2015. L’étendue et la composition spécifique des milieux humides riverains se comparent à celles de l’état de référence établi en 2005. On en déduit que les aménagements hydroélectriques récents ont eu peu d’effet à court terme, voire aucun effet, sur les milieux humides peu profonds, les marais et les marécages riverains ainsi que sur leur composition floristique (Hernandez et coll., 2019). Cours d’eau à débit augmenté15 Des projets hydroélectriques augmentent parfois le débit de certains cours d’eau pour accroître leur potentiel hydro­électrique. Les risques d’érosion sont alors plus élevés que dans les tronçons à débit régularisé ou réduit (voir la section 6.1.4) et les impacts sur la végétation riveraine, plus grands. De plus, l’eau plus chaude (voir la section 6.1.1) et les débits hivernaux plus importants limitent la formation d’un pied de glace stable protégeant les rives de l’érosion. Cette situation cause l’écrasement ou l’arrachement de la végétation riveraine. C’est le cas à certains endroits dans la Grande Rivière dont le débit a été augmenté par la dérivation des rivières Eastmain, Opinaca et Caniapiscau au début des années 1980 (Bouchard et coll., 2001). Cette dynamique est peu propice au rétablissement naturel des milieux humides riverains. Dans certains aménagements, il est possible de maintenir un mode de fluctuation du niveau d’eau comparable à celui de cours d’eau naturels. Par exemple, cette mesure a été appliquée le long de la dérivation Boyd-Sakami, ce qui devrait favoriser le développement de milieux humides riverains à long terme (Bouchard et coll., 2001).

Milieux humides non riverains Dans le Nord québécois, le relief, le climat et la nature des dépôts de surface ont favorisé le développement d’un type particulier de milieux humides, soit les tourbières (Payette et Rochefort, 2001). Celles-ci peuvent constituer plus de 10 % de la superficie des territoires touchés par les réservoirs (voir le tableau 6-3). Les autres types de milieux humides (milieux humides peu profonds, marais et marécages) sont beaucoup plus rares, faute de conditions propices à leur dévelop­pement. La mise en eau des réservoirs entraîne l’ennoiement de ces milieux, et les pertes sont généralement supérieures aux gains. En effet, la création de réservoirs ne permet pas le développement de nombreux et grands milieux humides riverains ou non riverains. Par exemple, la formation de tourbières exigerait des conditions particulières, telles que le comblement des réservoirs par des sédiments, et se déroulerait sur une échelle de temps très longue puisque la tourbe qui forme le sol des tourbières s’accumule à un rythme de moins de 1 mm par année. Les mesures qu’Hydro-Québec applique pour compenser les pertes de milieux humides visent essentiellement à créer de nouveaux milieux humides de forte valeur faunique comme des marécages arbustifs, des marais ou des étendues d’eau peu profondes. Par exemple, l’aménagement hydroélectrique de la Péribonka, dont le réservoir a été mis en eau en 2007, a été l’occasion d’un premier projet d’envergure visant la création de 40 ha de milieux humides à partir d’une sablière ayant servi à la construction du barrage (Maloney et Bouchard, 2013). Ce cas est décrit dans l’encadré 6-5-2. Dans le cas du complexe de la Romaine, Hydro-Québec a instauré un programme de compensation prévoyant la création de 60 ha de milieux humides constitués de marais et de marécages afin de compenser la perte de 649 ha de tourbières (l’exemple de l’étang du Mista est présenté à la figure 6-13). Ces milieux sont des habitats fauniques plus rares à ces latitudes, alors que les tourbières sont abondantes dans le bassin versant de la Romaine. On ne vise donc pas à recréer les quantités de tourbières perdues, mais plutôt à les remplacer par des habitats de qualité qui contribueront à une plus grande diversité (WSP, 2019b). Par ailleurs, le réaménagement de sablières en mileux humides, le creusage de canaux dans des plaines alluviales (AECOM, 2015b) et la construction de seuils déversants sur de petits cours d’eau (WSP, 2019b) constituent d’autres façons de favoriser le développement d’étendues d’eau peu profondes, de marais et de marécages.

14. Voir la définition de rivières à débit régularisé, réduit et augmenté à l’annexe F. 15. Voir la définition de rivières à débit régularisé, réduit et augmenté à l’annexe F.

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Au total, compte tenu du fait que les milieux humides non riverains – principalement les tourbières – sont abondants et peu menacés, que des programmes de création de milieux humides de qualité (marais et marécages) sont mis en place et que des milieux humides riverains se rétablissent naturellement au pourtour des réservoirs, on estime que les projets hydroélectriques ont un impact résiduel faible sur l’ensemble des milieux humides des régions touchées.

Étang du Mista

Espèces exotiques envahissantes Dans le contexte des changements climatiques, certaines espèces de plantes envahissantes ou exotiques ont étendu leur répartition dans les milieux humides du sud du Québec (Lavoie, 2019). Cependant, les études réalisées sur la végétation riveraine dans le cadre des grands projets d’aménagements hydroélectriques ne font pas état de la présence ou de la prolifération de telles espèces en milieu boréal. Cette situation découle sans doute du contexte bioclimatique et géomorphologique du nord du Québec, qui fait en sorte que la portion aquatique des milieux humides riverains (étendues d’eau peu profondes) est peu propice à leur développement. De plus, en raison de l’emplacement des grands projets hydroélectriques en régions peu habitées, les problématiques liées aux activités humaines, notamment l’apport de nutriments, sont pratiquement absentes. Enfin, les réservoirs demeurent des plans d’eau dynamiques. Il résulte de l’ensemble de ces éléments que la présence et la prolifération d’espèces exotiques envahissantes ne constituent pas une menace ni un enjeu liés aux aménagements hydro­ électriques du Nord québécois.

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CONCLUSION La création des réservoirs peut entraîner la perte de milieux humides. En ce qui concerne les milieux humides riverains, la perte est compensée en partie par le développement naturel de ce type de milieu sur les rives des réservoirs ainsi que par des mesures d’atténuation et de compensation particulières. Les principales mesures sont, d’une part, le déboisement de certains segments de rives des réservoirs pour accélérer le rétablissement de la végétation riveraine et, d’autre part, la mise en en œuvre de divers types de mesures de compensation (canaux, seuils, réaménagement de sablières et endiguement de baies) visant à maintenir ou à créer des milieux humides riverains. En aval des barrages, la modification du régime hydrologique peut également altérer les milieux humides riverains. Dans le cas des rivières dont le débit a été régularisé, les milieux riverains sont touchés de façon limitée, du moins à court terme. Dans le cas des rivières à débit réduit, on note un déplacement des bandes de végétation associées aux étendues d’eau peu profondes, aux marais et aux marécages en fonction des nouvelles lignes de rivage. Enfin, dans le cas des rivières à débit augmenté, la végétation riveraine a plus de difficulté à se maintenir. Les réservoirs, quant à eux, entraînent l’ennoiement des milieux humides non riverains constitués principalement de tourbières. L’approche privilégiée par Hydro-Québec pour contrebalancer ces effets consiste à créer des milieux humides à forte valeur écologique (marais et marécages) plutôt qu’à rechercher une compensation basée sur les superficies touchées. L’expérience acquise par Hydro-Québec dans ses différents projets d’aménagements hydro­ électriques a permis la mise au point de techniques particulières pour créer des milieux à forte valeur ajoutée qui intègrent les milieux humides et les habitats fauniques.

Encadré 6-5-1 Endiguement de baies en réservoir L’endiguement d’une baie a pour but de soustraire une étendue d’eau au marnage pour qu’elle évolue en fonction de variations naturelles du niveau d’eau. Trois baies ont été aménagées de cette façon au complexe La Grande en guise de mesures d’atténuation. Les travaux réalisés en 2004 et en 2005 en bordure du réservoir de l’Eastmain 1 (baie BE-07) comprenaient la construction d’une digue, d’une passe à poissons et d’un seuil déversant à l’embouchure de la baie, le déboisement de la zone riveraine, du scarifiage, des ensemencements, la mise en place d’îlots pour la sauvagine, la création d’une frayère au pied de la passe migratoire ainsi que la confection d’abris pour la petite faune. Le suivi de 2007 a montré qu’une végétation riveraine était déjà en phase d’établissement deux ans après les travaux (Maloney et Bouchard, 2007). En 2009, on notait une expansion de la strate muscinale et l’établissement spontané de nouvelles espèces floristiques qui remplacent les espèces introduites à l’origine. Les habitats fauniques ainsi créés sont utilisés par des espèces comme la bernache (Waska Ressources, 2010).

Baie d’endiguement BE-07 à la périphérie du réservoir de l’Eastmain 1 (complexe La Grande)

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Encadré 6-5-2 Création de milieux humides associés à l’aménagement hydroélectrique de la Péribonka La construction de l’aménagement hydroélectrique de la Péribonka a servi de banc d’essai pour la création de milieux humides destinés à servir d’habitat à la sauvagine. Plus de 39 ha de marécages, de marais et d’étendues d’eau peu profondes ont été constitués dans un banc d’emprunt désaffecté en bordure de la rivière Manouane de 2005 à 2008. Les travaux comprenaient le modelage du terrain pour créer des milieux ayant des périodes de submersion différentes, l’ensemencement avec des espèces herbacées, la plantation d’arbustes, la transplantation de plants récoltés dans les limites du réservoir projeté ainsi que la mise en place de structures de nidification pour les canards barboteurs et arboricoles. Les résultats du suivi montrent que la végétation des milieux humides aménagés évolue pour ressembler à celle des milieux humides naturels les plus riches de la région (Maloney et Bouchard, 2013). Le site est fréquenté par une faune variée qui comprend plusieurs espèces d’oiseaux, de mammifères et d’amphibiens. Les nichoirs sont utilisés depuis leur installation, notamment par le garrot à œil d’or.

Création d’un milieu humide dans le cadre de la construction de l’aménagement hydroélectrique de la Péribonka

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LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Figure 6-13 – Aménagement de l’étang du Mista au complexe de la Romaine 63°29'

63°28'40"

Caractéristiques actuelles

m n m n 404,6

Ro u

m n

te

de

la

Aménagement pour la faune

Roche plate

Ro ma ine

k 51°7'4"

404

51°7'4"

m n k

Plan dʼeau nord

Mi st a

Aménagement du milieu humide

m n m n

A!

Eau peu profonde

Ru

is se a

u

Marais – Ensemencement (prairie humide)

A

k m n

Marécage – Ensemencement (prairie humide)

A'

k

Dépôt de matériel – Ensemencement (prairie sèche)

402,6

Plan dʼeau sud

Limite du banc dʼemprunt

m n

401

Plantation en bosquets (arbres fruitiers)

Plantation en rangées (cornouiller)

m n

401,2

Plantation en bosquets dans l’emprise de la ligne de transport

Plantation en rangées (arbres et arbustes en milieu humide)

P53-PO-2F

m n

3 40

km 120

m n

406

" S

m n

Amas de branches Tronc d’arbre

m n

A!

Puits d’observation

Amas de pierre

n m n m P53-PO-1F

A!

Contraintes

m n

k

" S

Pylône et ligne Emprise de pylône

Vers la route 138

" S

Emprise de ligne

Infrastructure

PLANTATION

PLANTATION

Bosquets d’arbres fruitiers Prunus pensylvanica Salix discolor Sorbus americana Rubus idaeus

OUEST

51°6'56"

PRAIRIE HUMIDE

PLANTATION

Rangées d'arbres et arbustes en milieu humide Alnus incana subsp. rugosa Spiraea latifolia Myrica gale

Rangées de cornouillers Cornus stolonifera

DÉPÔT DE MATÉRIEL

MARÉCAGE

A

MARAIS

EAU LIBRE

MARAIS

MARÉCAGE

RANGÉES D'ARBRES ET ARBUSTES EN MILIEU HUMIDE

404

Borne kilométrique de route

MARAIS

RANGÉES D'ARBRES ET ARBUSTES EN MILIEU HUMIDE

EST A'

DÉPÔT DE MATÉRIEL

RANGÉES DE CORNOUILLERS

Amas de branches

Sources : Ortho-image (Pléiades), résolution 50 cm, Hydro-Québec, 2014 Données de projet, Hydro-Québec, avril 2018 Courbes de niveau projetées : WSP, 2015

403 402

Inventaires et cartographie : WSP Fichier : A118AL_f6_13_geq_031_etangmista_200714f.mxd

401 400 399 398

PRAIRIE HUMIDE

PRAIRIE SÈCHE

0

20

EAU PEU PROFONDE

40

60

PRAIRIE HUMIDE

80

100

Distance approximative (m)

63°29'

120

140

PRAIRIE SÈCHE

160

180

200

51°6'48"

Élévation approximative (m)

51°6'48"

BOSQUETS D’ARBRES FRUITIERS

km 120

PRAIRIE SÈCHE Festuca rubra (34 %) Lotus corniculatus (20 %) Trifolium repens (15 %) Hordeum vulgare (15 %) Phleum pratense (11 %) Agrostis alba (5 %)

Calamagrostis canadensis (1 %) Carex stipata (30 %) Deschampsia cespitosa (20 %) Juncus effusus (4 %) Poa palustris (35 %) Scirpus atrovirens (10 %)

MARÉCAGE

51°6'56"

PROFIL DE VÉGÉTATION TYPE

0

27

54 m

MTM, fuseau 5, NAD83 Équidistance des courbes : 0,2 m

Figure 6-13

Juillet 2020

63°28'40"

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

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6.6 FAUNE TERRESTRE 6.6.1 Comment les mammifères et les oiseaux sont-ils touchés par l’ennoiement du territoire résultant de la création des réservoirs ? RÉPONSE SOMMAIRE La création de réservoirs entraîne une perte permanente d’habitats forestiers ainsi qu’une perte ou une modification d’habitats riverains et de milieux humides. À court terme, ces pertes ou modifications des habitats ont un impact sur les populations de mammifères et d’oiseaux. La perte d’un milieu terrestre entraîne nécessairement le déplacement des animaux qui occupaient ce milieu ou leur mort dans le cas des espèces dont la mobilité est réduite. En ce qui concerne les milieux humides et riverains, les milieux perdus se recréent progressivement de façon naturelle. Ainsi, les milieux riverains ennoyés sont remplacés, au moins en partie, par ceux qui se forment sur les rives exondées des rivières à débit réduit. Par ailleurs, les habitats naturels disponibles autour des réservoirs agissent comme habitats de remplacement pour plusieurs espèces. Ils sont généralement abondants, compte tenu de l’homogénéité des habitats et des densités fauniques relativement faibles dans le Nord québécois. À moyen et long terme, les populations de mammifères et d’oiseaux s’adaptent à ces modifications et colonisent les nouveaux habitats. Par ailleurs, Hydro-Québec met en œuvre de nombreuses mesures d’atténuation dans le but de protéger et de restaurer des habitats fauniques, ou d’en aménager de nouveaux, et d’ainsi réduire les impacts sur la faune terrestre et l'avifaune.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Mammifères Bien que la diversité et la densité des populations animales soient généralement plus faibles dans le nord que dans le sud du Québec, on dénombre 39 espèces de mammifères terrestres dans la zone des grands barrages, notamment le castor, le rat musqué, le lynx, la loutre, le renard roux, le vison, le lièvre d’Amérique, l’écureuil roux et la martre d’Amérique chez la petite faune de même que l’orignal, le caribou et l’ours noir chez la grande faune (Hayeur, 2001). L’ennoiement d’habitats terrestres, de milieux humides, de lacs et de cours d’eau par les réservoirs constitue le principal impact des projets d’aménagements hydroélectriques sur le milieu naturel (Trussart et coll., 2002 ; World Energy Council, 2016 ; Moran et coll., 2018). La transformation d’un milieu terrestre en milieu aquatique constitue une modification majeure, qui entraîne nécessairement le déplacement des espèces fauniques terrestres et non migratrices qui fréquentaient les lieux avant la mise en eau, y compris les petits mammifères (Hayeur, 2001 ; Hydro-Québec Production, 2003 et 2007d). Ces déplacements rendent certaines espèces plus vulnérables à la prédation et exigent d’elles une dépense d’énergie pouvant avoir une incidence sur leur survie ; ils se traduisent par des mortalités chez celles qui n’ont pas la capacité de se déplacer facilement ou pour lesquelles la possibilité de se mettre à l’abri est essentielle à la survie (Hydro-Québec Production, 2003 ; Groupe DDM, 2007 et 2010). Cet impact est néanmoins atténué par le fait qu’à l’intérieur des terres, aux latitudes des réservoirs créés dans le Nord québécois, l’habitat est considéré comme étant plutôt homogène et par le fait que la diversité et la densité des populations animales sont généralement plus faibles que dans le sud du Québec (Hayeur, 2001). Ainsi, les habitats de remplacement disponibles autour des réservoirs sont généralement abondants, compte tenu de l’homogénéité des milieux et des densités fauniques relativement faibles. Par ailleurs, une partie des milieux riverains perdus après l’ennoiement de la végétation sont remplacés par ceux qui se forment progressivement sur les rives des réservoirs et sur les rives exondées des rivières à débit réduit (Hayeur, 2001 ; Maloney et Bouchard, 2013) (voir la section 6.5.1). Les paragraphes suivants portent successivement sur la petite faune (petits mammifères terrestres et mammifères semi-aquatiques) et sur la grande faune (caribou, orignal et ours noir).

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Petite faune Petits mammifères terrestres La mise en eau des réservoirs entraîne des changements dans la répartition locale de certaines composantes de la faune terrestre (Hayeur, 2001 ; Hydro-Québec Production, 2003 et 2007b). Par exemple, le lièvre d’Amérique, qui se répartit en général presque uniformément, doit se déplacer et occuper un territoire plus restreint où la compétition et la prédation établiront un nouvel équilibre (Hayeur, 2001). Dans le cas des micromammifères (musaraignes, campagnols et souris), qui ont une capacité de déplacement limitée, la mise en eau provoque nécessairement des mortalités. L’impact sur cette composante est cependant limité, dans la mesure où la plupart des micromammifères possèdent un potentiel de reproduction très élevé (Desrosiers et coll., 2002), permettant un rétablissement rapide des populations. Lors du suivi de la mise en eau du réservoir de la Romaine 2 en 2014, on a fait 19 observations de petits mammifères, dont le loup gris, le porc-épic d’Amérique et le renard roux, sans qu’aucune intervention ne soit nécessaire pour secourir ou déplacer des animaux (Groupe DDM, 2015). Dans le cas de l’aménagement hydroélectrique de la Sainte-Marguerite-3, les inventaires de pistes de lièvre d’Amérique réalisés en périphérie du réservoir, avant et quelques années après la mise en eau, n’ont pas permis de déceler des différences dans l’abondance relative de cette espèce (Tecsult, 2005a). Une augmentation de l’abondance de lièvres a même été observée après la construction du complexe de l’EastmainSarcelle-Rupert (Consortium Otish, 2015a). En revanche, la même étude de suivi de la faune terrestre a révélé que l’abondance de trois espèces ou groupes de petits mammifères terrestres sur sept (43 %) avait diminué à la suite de la construction, à savoir les petits mustélidés (belettes), le renard roux et le porc-épic d’Amérique. Les abondances relatives de la martre d’Amérique, des sciuridés (écureuils) et du lynx du Canada sont, quant à elles, demeurées semblables après la mise en eau des biefs et la dérivation partielle de la rivière Rupert (Consortium Otish, 2015a). Cependant, les fluctuations observées ne sont pas nécessairement attribuables à la construction ou à la mise en service des ouvrages hydroélectriques. Même dans un milieu non perturbé, l’abondance des différentes espèces affiche des fluctuations importantes ; certaines augmentent tandis que d’autres déclinent (Krebs, 1996 ; Gudmundson et coll., 2015 ; Myers, 2018). Les espèces prédatrices, comme le loup, le lynx et le renard, adaptent généralement leur domaine vital et leurs déplacements à l’abondance de leurs proies (Schmidt, 2008 ; Kittle et coll., 2015). Afin de compenser la perte d’habitats terrestres, Hydro-Québec aménage des abris spécialement conçus pour la petite faune à l’aide de certains des débris ligneux issus du déboisement effectué sur une partie des berges des réservoirs et dans des baies sélectionnées (Hydro-Québec Production, 2007d ; Hydro-Québec, 2019a). Plusieurs espèces de mammifères, d’oiseaux, de reptiles et d’amphibiens, comme la gélinotte huppée et le lièvre d’Amérique, se réfugient souvent sous des amas de branches ou de pierres de même que sous des troncs d’arbres renversés afin d’échapper aux prédateurs ou de se protéger des intempéries et du dérangement (Paquet et Jutras, 1996). Ces abris atténuent la perte d’abris naturels et permettent l’utilisation des zones déboisées en fournissant des refuges aux espèces de la faune terrestre, jusqu’à ce que la végétation reprenne un aspect naturel (Hydro-Québec Production, 2007d). Mammifères semi-aquatiques Pour les espèces semi-aquatiques, comme le rat musqué et le castor, l’impact de la mise en eau et de la perte d’habitat qui en découle peut être moins important, car les habitats rendus disponibles sont généralement plus favorables à ces espèces (Hayeur, 2001 ; Fortin, 2010). Les suivis du castor réalisés dans le cadre du complexe La Grande ont démontré que certains castors peuvent survivre à la mise en eau d’un réservoir, même s’il s’agit de juvéniles (Nault, 1983 ; Nault et Courcelles, 1984), grâce à leur capacité à se déplacer sur de grandes distances (Chubbs et Phillips, 1994 ; Groupe DDM, 2003). Certains castors se déplacent progressivement en bordure des peuplements feuillus ennoyés, tandis que d’autres parcourent plusieurs kilomètres pour trouver un nouvel habitat (Nault, 1983 ; Nault et Courcelles, 1984 ; Hayeur, 2001). Ces déplacements les rendent néanmoins plus vulnérables à la prédation (Boyce, 1974 ; Groupe DDM, 2007). Lors de la mise en eau du réservoir de la Romaine 2 en 2014, l’ennoiement d’endroits fréquentés par le castor a entraîné l’abandon du secteur perturbé et aucun nouveau signe de présence n’a été observé à proximité (Groupe DDM, 2015). Afin de permettre aux communautés autochtones de profiter de cette ressource valorisée, Hydro-Québec appuie le piégeage du castor par les trappeurs concernés avant la mise en eau des réservoirs.

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Les suivis menés par Hydro-Québec dans le cadre de ses projets hydroélectriques indiquent que les densités de castor dans les habitats naturels entourant le réservoir redeviennent semblables, quelques années après la mise en eau, à ce qu’elles étaient avant le début du projet (Hayeur, 2001 ; Consortium Otish, 2016). Les berges des rivières à débit réduit constituent également un habitat propice à cette espèce. Le suivi de l’utilisation par le castor des rivières Manouane, Opinaca et Eastmain a révélé une augmentation régulière des indices de présence après la réduction du débit (Hayeur, 2001 ; Fortin, 2014 ; Consortium Otish, 2016). Dans le cadre d’une étude des réservoirs RobertBourassa et Opinaca, le suivi télémétrique de plusieurs castors a montré qu’ils adaptaient leur comportement aux nouvelles variations saisonnières imposées par l’exploitation de l’aménagement hydroélectrique (Nault, 1983 ; Nault et Courcelles, 1984 ; Hayeur, 2001). À l’automne, les castors fréquentent les peuplements feuillus au pourtour des réservoirs, tandis qu’en hiver la baisse du niveau d’eau entraîne leur déplacement vers la zone de marnage, où ils exploitent les espaces vides sous la glace. On a même observé le prolongement d’une hutte par un tunnel de plusieurs mètres qui permettait aux castors d’atteindre l’eau en toute sécurité (Nault, 1983 ; Nault et Courcelles, 1984 ; Hayeur, 2001). En général, le castor évite de s’installer sur les berges d’un réservoir dont les variations de niveau sont brutales (même si elles ne sont pas d’une grande amplitude), puisqu’il préfère les plans d’eau dont le niveau varie peu (Banfield, 1977). S’il s’y installe pour l’hiver, les capacités d’adaptation qui ont été observées à l’occasion de différents suivis (Nault, 1983 ; Nault et Courcelles, 1984) laissent croire qu’il lui sera possible de survivre jusqu’au printemps. Dans des cas de marnages de forte amplitude, les colonies de castors établies sur les rives des réservoirs voient leurs huttes et amas exondés. Les castors sont en mesure de survivre dans de telles conditions, mais ils s’exilent généralement à l’arrivée du printemps afin de s’établir sur un plan d’eau naturel (Nault et Courcelles, 1984). Ces observations comporte­mentales doivent néanmoins être considérées avec précaution, dans la mesure où l’utilisation de ces habitats moins favorables s’accompagne possiblement d’impacts négatifs sur la santé ou la reproduction des individus. Par ailleurs, les suivis liés à la construction du complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert ont montré une diminution de l’abondance du vison d’Amérique et de la loutre de rivière (Consortium Otish, 2015a). La dispersion des proies aquatiques à la suite de la mise en eau et une éventuelle baisse de leur disponibilité attribuable à l’augmentation de la couverture de glace pourraient avoir contribué à ce phénomène (Consortium Otish, 2015a).

Grande faune Caribou Le rapport du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC, 2011) a établi un consensus national relatif aux différentes unités désignables du caribou au Canada. Le Québec abrite une bonne partie de l’unité désignable du « caribou boréal » dont la répartition dans la forêt boréale s’étend du Labrador aux Rocheuses et aux Territoires du Nord-Ouest, en passant par le Québec, l’Ontario et les provinces des Prairies. Le caribou boréal est aussi désigné sous le vocable de « caribou forestier » au Québec. Le statut du caribou forestier est distinct de celui du « caribou migrateur de l’Est », qui comprend la population (harde) de la rivière George et celle de la rivière aux Feuilles. Le caribou forestier occupe près de 644 000 km2 entre les 49e et 55e parallèles (ERCFQ, 2013), le domaine vital annuel d’un individu étant de l’ordre de 1 000 km2 (Bastille-Rousseau et coll., 2012 ; ERCFQ, 2013).

Femelle de caribou munie d’un collier télémétrique (suivi du complexe de la Romaine)

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En ce qui concerne le caribou migrateur, les hardes de la rivière George et de la rivière aux Feuilles ont une aire de répartition et une démographie distinctes depuis 2008 (Taillon et coll., 2016). Ces troupeaux occupent une aire de répartition de plusieurs centaines de milliers de kilomètres carrés, principalement au nord du 53e parallèle. Le caribou migrateur effectue une longue migration entre les aires d’hivernage, situées dans la forêt boréale, et les aires de mise bas, qui se trouvent dans la toundra. Il peut ainsi parcourir des distances moyennes de 2 000 à 6 000 km par année (Québec, MFFP, 2020). Il utilise des aires de mise bas traditionnelles où les femelles se regroupent (Bergerud et coll., 2008 ; Gunn et coll., 2011). C’est principalement en période hivernale, lorsqu’il occupe la portion sud de son aire de répartition, que le caribou migrateur peut se rapprocher des réservoirs d’Hydro-Québec. De quelques milliers en 1958, le troupeau de la rivière George a rapidement atteint près de 800 000 têtes en 1993 (Couturier et coll., 1996 ; Russell et coll., 1996 ; Rivest et coll., 1998). Quant au troupeau de la rivière aux Feuilles, il regroupait plus de 600 000 caribous en 2001 (Québec, MFFP, 2020). Cependant, au cours des dernières décennies, la population de caribous migrateurs de l’Est, actuellement estimée à 170 000 adultes, a connu un déclin global de 80 % de ses effectifs sur trois générations (18-21 ans) (COSEPAC, 2017). Le COSEPAC a d’ailleurs recommandé, en avril 2017, de considérer le caribou migrateur de l’Est comme étant « en voie de disparition ». Le caribou forestier, pour sa part, est désigné « vulnérable » au Québec (Québec, MFFP, 2019) et « menacé » au Canada (Canada, 2019d). Les causes exactes du déclin marqué de la population de caribous dans le Nord québécois demeurent inconnues et les recherches à ce sujet se poursuivent. Les causes possibles sont nombreuses : surutilisation du milieu (broutage et piétinement du lichen, principale source d’alimentation du caribou), évolution du climat, chasse, prédation, maladies et parasites, mise en valeur du territoire, etc. (COSEPAC, 2017 ; Courtois, 2003 ; Courtois et coll., 2001). Toutefois, il semble que la situation au Québec ne soit pas exceptionnelle et que la plupart des troupeaux de caribou du nord-ouest du Canada et de l’Europe connaissent un déclin marqué depuis une vingtaine d’années (ERN, s. d. ; Kolpaschikov et coll., 2015 ; Mallory et Boyce, 2018). De vastes zones faisant auparavant partie de l’aire d’hivernage du caribou migrateur ont été ennoyées par les réservoirs hydroélectriques aménagés au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador (COSEPAC, 2017). Seules quelques études scientifiques ont été réalisées pour documenter les effets de ces réservoirs sur l’écologie du caribou et du renne (ERCFQ, 2013). Au nombre des principaux résultats observés chez le renne en Scandinavie, on note la modification des routes de migration en raison des marnages hivernaux importants en bordure des réservoirs (Klein, 1971), l’abandon de secteurs situés en périphérie d’un réservoir en construction, la perte d’habitats fonctionnels, la fragmentation des hardes ainsi que la diminution de la reproduction (Nellemann et coll., 2003). Sur l’île de Terre-Neuve, on a constaté un délaissement temporaire des habitats à proximité du réservoir et du barrage ainsi qu’une désynchronisation de la migration parmi les femelles (Mahoney et Schaefer, 2002). À l’opposé, une abondante documentation scientifique traite de la sensibilité particulière du caribou, notamment de l’écotype forestier, aux perturbations d’origine humaine telles que les infrastructures, les activités de construction ou de déboisement, la circulation aérienne et routière, le passage de véhicules tout-terrain ainsi que le bruit (Courtois et coll., 2004 ; Dyer, 1999 ; Dyer et coll., 2002 ; Mahoney et Schaefer, 2002 ; Plante et coll., 2018). Cette sensibilité du caribou forestier est également connue et soulignée par les Innus (Hydro-Québec Production, 2007d). Cependant, après la création des réservoirs, leur présence aurait un impact plus modéré sur le caribou. Ce dernier semble pouvoir s’habituer à certains aménagements d’origine humaine s’ils sont peu dérangeants (par exemple peu bruyants ou générant une activité peu intense) (Huot et Paré, 1986 ; Mahoney et Schaefer, 2002 ; Plante et coll., 2018). L’étude de Vachon (2009) suggère que la mise en eau du réservoir La Grande 4, dans les années 1980, n’aurait pas influé sur les déplacements des caribous migrateurs ni eu d’effet majeur à long terme sur eux. De la même manière, l’étude télémétrique de Paré (1987) sur le caribou forestier indique que la création du réservoir de Caniapiscau a eu que peu d’effets mesurables, à court terme, sur la survie et l’utilisation du territoire de ces animaux, bien que la fréquentation de nouveaux habitats puisse avoir des effets à moyen ou long terme, notamment sur le succès de reproduction. En été, le caribou se nourrit surtout de lichens, d’arbustes et de plantes herbacées. En hiver, les lichens représentent sa principale source d’alimentation. Les associations végétales avec lichens bordant les rivières et les grandes nappes d’eau gelées sont par conséquent des sources de nourriture pour le caribou en hiver (Paré, 1987 ; Hayeur, 2001). Ces étendues gelées offrent une voie d’accès facile aux habitats favorables et sont fréquemment empruntées par le caribou. De fait, les berges des réservoirs deviennent de nouvelles zones d’alimentation du caribou en hiver, car leurs rives et leurs îles sont occupées en partie par des pessières à lichens (Paré, 1987 ; Hayeur, 2001 ; Vachon, 2009). Par ailleurs, comme on l’a observé au réservoir de la Sainte-Marguerite 3, la création de grands plans d’eau facilite les déplacements hivernaux du caribou forestier (Paré, 1987 ; Tecsult, 2005b).

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Hydro-Québec a collaboré à de nombreuses études ainsi qu’à la mise en place d’un important programme de suivi par satellite des déplacements des caribous. Ce programme permet de mieux comprendre les parcours de migration en fonction des habitats disponibles et apporte une aide précieuse quant à la gestion de l’espèce (Hayeur, 2001). De plus, l’entreprise a réalisé de 2009 à 2019 un suivi télémétrique des caribous forestiers dans le cadre de la construction du complexe de la Romaine (AECOM, 2016a). Orignal et ours noir Au cours des dix dernières années en Amérique du Nord, certaines populations d’orignaux ont diminué, d’autres sont restées stables et d’autres encore ont augmenté (Timmermann et Rodgers, 2017). Au Québec, les populations d’orignaux sont en croissance depuis 30 ans. Une augmentation plus importante des effectifs a été notée entre 1998 et 2003, la population étant passée de moins de 80 000 à plus de 100 000 bêtes (Lefort et Massé, 2015). La mise en eau des réservoirs ne semble pas avoir d’impact significatif à moyen et long terme sur l’orignal. De 1995 à 2001, Hydro-Québec a suivi une population d’orignaux afin d’examiner l’effet de la création du réservoir de la SainteMarguerite 3 (Côte-Nord) sur ses déplacements, son utilisation de l’espace et des habitats disponibles, ses indices de fécondité et de productivité ainsi que son taux de mortalité (Leblanc, 2002). Il en ressort que la présence du réservoir n’a pas eu d’effets détectables sur les mouvements annuels ou saisonniers de la population étudiée, car les distances moyennes parcourues sont demeurées les mêmes avant et pendant la mise en eau. Le réservoir n’a pas non plus entravé les déplacements puisque plus de 50 traversées ont été documentées au cours du suivi, même durant des périodes jugées critiques comme celles du dégel printanier et de la prise des glaces à l’automne. Les domaines vitaux ont conservé leur superficie avant et pendant la mise en eau, et sont restés semblables à ceux de la population du bassin hydrographique adjacent de la rivière Moisie (Leblanc, 2002). Par ailleurs, la fécondité moyenne observée durant la période de remplissage du réservoir était parmi les plus élevées en Amérique du Nord (Leblanc, 2002). Ainsi, le suivi de la population d’orignaux dans le cadre du projet de la Sainte-Marguerite-3 n’a pas révélé d’impact du projet sur cette espèce (Tecsult, 2005b). Il en va de même pour le suivi du complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert, où la densité d’orignaux mesurée en 2014 est au moins quatre fois plus élevée que celle d’avant les travaux, en 2002, ce qui indique l’absence d’effets négatifs de la mise en eau des biefs Rupert sur la fréquentation de ce secteur par les orignaux (Consortium Otish, 2015b). La régénération dans les brûlis de 2002 et de 2006 pourrait expliquer cette augmentation de densité, puisqu’elle offrait un milieu plus propice à l’orignal en 2014 (comparativement à 2002). En effet, les incendies de forêt ont des effets positifs sur l’orignal parce que la disponibilité de nourriture est accrue aux premiers stades de succession végétale (Crête et coll., 1995 ; Courtois et Beaumont, 2002). Enfin, en ce qui a trait à l’ours noir, une étude de la biodiversité faunique des réservoirs du complexe La Grande montre que cet animal fréquente les zones de marnage des réservoirs (Doucet et Giguère, 1991). De la même manière, lors du suivi de la faune terrestre associé au réservoir de la Paix des Braves (anciennement de l’Eastmain 1), l’ours noir était, avec l’orignal, l’espèce la plus observée en périphérie du réservoir (Groupe DDM, 2007).

Avifaune Les milieux côtiers de la Baie-James et de la Côte-Nord offrent un large éventail d’habitats propices aux oiseaux migrateurs, tandis que l’intérieur des terres compte généralement peu d’habitats favorables à la sauvagine (Hayeur, 2001). Parmi les espèces d’oiseaux caractéristiques des milieux côtiers figurent des oies (bernache du Canada et oie des neiges), des canards barboteurs (canard colvert et canard noir), des canards plongeurs (fuligules, garrots et harles), des canards de mer (eider à duvet et macreuses) et des oiseaux de rivage (bécasseaux, pluviers, etc.) (Hayeur, 2001). On observe souvent une plus grande richesse d’espèces d’oiseaux lorsque le milieu offre une mosaïque d’habitats pouvant répondre aux exigences de plusieurs espèces. Situés sur le Bouclier canadien (voir la section 3.1), les grands aménagements hydroélectriques québécois se trouvent dans une région reconnue pour sa faible productivité biologique (Hayeur, 2001), où l’habitat est considéré comme plutôt homogène. En effet, la pessière à mousses et la pessière à lichens y couvrent un très grand territoire. Malgré tout, ces dernières sont entrecoupées de différents types de milieux humides qui ajoutent à la diversité d’habitat. La diversité des espèces constituant l’avifaune des régions où ont été construits les grands aménagements hydroélectriques est nettement moindre que celle des régions situées plus au sud. Le nombre d’espèces nicheuses est beaucoup plus faible en milieu nordique (AONQ, 2017) (voir la figure 6-14).

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Les oiseaux déplacés par une modification d’habitat peuvent ainsi se réinstaller dans les milieux similaires environnants. À l’échelle régionale, plusieurs espèces d’oiseaux forestiers de la forêt boréale seraient d’ailleurs peu sensibles au déboisement puisqu’ elles sont adaptées aux fréquentes perturbations et modifications naturelles de leur habitat, telles que les incendies de forêt. Plusieurs études (Venier et coll., 2014 ; Bayne et Hobson, 2002 ; Whitaker et coll., 2008 ; Dalley et coll., 2009) en font état et d’autres (Schmiegelow et coll., 1997 ; Niemi et coll., 1998 ; Imbeau et coll., 2001; Lampila et coll., 2005) le suggèrent. Ces déplacements pourraient cependant entraîner une augmentation des risques de prédation ou une baisse de la reproduction chez certaines espèces, voire une certaine mortalité directe au sein des espèces les moins mobiles (Hayeur, 2001 ; Hydro-Québec Production, 2003 et 2007b). Les espèces d’oiseaux rares et à statut précaire sont peu nombreuses en région boréale. Toutefois, dès les études préliminaires des projets, les inventaires d’oiseaux ciblent ces espèces afin qu’on puisse évaluer les impacts potentiels directs ou indirects sur elles. Des inventaires particuliers ont ainsi été réalisés pour des espèces comme le garrot d’Islande, l’aigle royal et le pygargue à tête blanche, protégées par la réglementation provinciale. Hydro-Québec met en œuvre des mesures d’atténuation (périmètres de protection et nichoirs, par exemple) et mène un suivi environnemental, au besoin.

Oiseaux de proie Lors du déboisement et de la mise en eau de nouveaux réservoirs, les arbres où nichent les oiseaux de proie sont parfois abattus ou submergés et les sites de nidification, abandonnés (Morneau, 2003). Néanmoins, au moment des suivis, on observe souvent une augmentation des effectifs une dizaine d’années plus tard (Morneau 2004 ; Benoit et coll., 2016a). Par exemple, au complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert, les populations reproductrices de pygargues à tête blanche, de balbuzards pêcheurs, de buses à queue rousse et de busards Saint-Martin étaient globalement plus abondantes plusieurs années après la mise en eau (Benoit et coll., 2016a). De la même manière, les résultats du suivi environnemental indiquent des populations de hiboux des marais semblables en phase d’exploitation à celles qui existaient avant la réalisation du projet (Benoit et coll., 2016b). Plusieurs de ces espèces s’alimentent de poissons, d’amphibiens ou d’autres espèces aviaires, y compris la sauvagine. Par conséquent, la mise en eau des réservoirs crée, à moyen et long terme, des aires de chasse qu’elles peuvent éventuellement exploiter. La disponibilité de perchoirs en bordure des réservoirs pourrait également contribuer à l’augmentation des effectifs de certaines espèces (Benoit et coll., 2016a). L’aménagement de plateformes pour la nidification des balbuzards fait partie des mesures d’atténuation dont l’efficacité a été constatée dans le cadre des études de suivi (Trussart et coll., 2002).

Plateforme à balbuzard utilisée sur le périmètre du réservoir de la Paix des Braves

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Figure 6-14 – Diversité des oiseaux nicheurs au Québec par parcelles inventoriées Nombre d’espèces (tous les indices) 1-33 34-67 68-100 >100 Parcelle non visitée

Mise à jour 20-mar-2017

QUEBEC BREEDING BIRD ATLAS

ATLAS DES OISEAUX NICHEURS DU QUÉBEC

A118AL_f6_14_geq_011_200512.ai

Source : AONQ, 2017

Figure 6-14 Titre 1 Titre 2

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Sauvagine La sauvagine est une ressource faunique importante pour les communautés locales et revêt également un intérêt international en vertu de son caractère migrateur. Elle comprend les oies, les bernaches et les canards. La sauvagine a fait l’objet d’un grand nombre d’études et d’inventaires dans le Québec nordique. Les études réalisées par Hydro-Québec et le Service canadien de la faune représentent probablement la masse d’information la plus volumineuse et la plus riche concernant la distribution des espèces de sauvagine nicheuse dans l’est de l’Amérique du Nord (Hayeur, 2001). Les suivis montrent que le déboisement effectué pour récupérer le bois marchand avant la mise en eau des réservoirs peut avoir une incidence sur la reproduction et les effectifs de la sauvagine, en particulier chez les canards arboricoles. Pendant la mise en eau, les sites de reproduction de la sauvagine et des autres oiseaux aquatiques sont submergés ; l’année suivante, le succès reproducteur est souvent diminué (Morneau, 2003 et 2005 ; AECOM, 2016b ; Sénéchal, 2018). Cependant, après la mise en exploitation des réservoirs, leurs rives peuvent constituer un milieu propice à la nidification et à la mue de la sauvagine, et sont utilisées comme halte migratoire par plusieurs espèces (Morneau, 1998 et 1999 ; Hayeur, 2001 ; AECOM, 2011 ; Sénéchal, 2018 ; Benoit et coll., 2019). Les secteurs à débit modifié peuvent aussi abriter une grande densité de couples (Morneau, 2005 ; AECOM, 2011). Le nombre de couvées en bordure des réservoirs augmente généralement au cours des années suivant la mise en eau (Sénéchal et Morneau, 2009 ; AECOM, 2014 et 2016b ; Sénéchal, 2018). Par ailleurs, les milieux forestiers ennoyés où les arbres sont émergents semblent fournir des conditions favorables à l’élevage des jeunes et à la recherche de nourriture, en plus de servir d’abris, comme en témoignent les nombreuses observations de sauvagine présente dans ces habitats (Morneau, 1998, 2004 et 2005 ; Benoit et coll., 2019). Enfin, des nichoirs peuvent être mis en place au profit des espèces arboricoles (garrots, harles, etc.). L’efficacité de cette mesure d’atténuation a été confirmée par les études de suivi de la sauvagine (Trussart et coll., 2002 ; Sénéchal, 2018).

Nichoir pour canard arboricole dans la baie aménagée BE-05 sur le périmètre du réservoir de la Paix des Braves

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CONCLUSION La création de réservoirs engendre des pertes et des modifications d’habitats qui ont nécessairement des répercussions sur les mammifères et les oiseaux qui les utilisent. À court terme, ces pertes se traduisent par le dérangement et le déplacement d’animaux, entraînant une augmentation des risques de prédation ou une baisse de la reproduction chez certaines espèces, voire une mortalité directe au sein des espèces les moins mobiles (Hayeur, 2001 ; Hydro-Québec Production, 2003 et 2007b). Cependant, les suivis réalisés dans le cadre des projets d’Hydro-Québec indiquent qu’à moyen et long terme la plupart des populations de mammifères et d’oiseaux sont capables de s’adapter à ces modifications et qu’elles colonisent progressivement les nouveaux habitats disponibles (Nault, 1983 ; Nault et Courcelles, 1984 ; Hayeur, 2001 ; Morneau, 2003 ; Tecsult, 2005b ; Benoit et coll., 2016a et 2016b). De plus, les nombreuses mesures d’atténuation mises en œuvre afin de protéger et de restaurer les milieux terrestres et riverains, et parfois d’en aménager de nouveaux, ont démontré leur efficacité pour réduire les impacts de ces projets (Trussart et coll., 2002).

Sarracénie pourpre dans une tourbière (Baie-James)

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6.7 UTILISATION DU TERRITOIRE, PEUPLES AUTOCHTONES ET ÉCONOMIE 6.7.1 Les grands projets d’aménagements hydroélectriques au Québec ont-ils occasionné le déplacement de populations ? RÉPONSE SOMMAIRE Hydro-Québec a le souci d’élaborer ses projets d’aménagements hydroélectriques en tenant compte de l’utilisation du territoire par les populations locales. Ainsi, aucun de ses grands projets de production n’a exigé de déplacement majeur ou le déménagement forcé de populations. Cette situation est non seulement attribuable à l’approche que préconise l’entreprise relativement au développement hydroélectrique, mais elle s’explique aussi par la localisation des grands projets dans le Nord québécois, une vaste région faiblement peuplée. Toutefois, bien qu’aucun déplacement de population n’ait été provoqué par Hydro-Québec depuis sa création, le cas de Fort George est souvent évoqué. Lors de la construction du complexe La Grande à la Baie-James au début des années 1970, les membres de la communauté de Fort George (située sur l’île de Fort George, à l’embouchure de la Grande Rivière), craignant notamment que le problème d’érosion auquel leur village faisait déjà face soit amplifié par la réalisation du projet, ont demandé à s’établir ailleurs. Bien que ce déplacement volontaire ait permis à la communauté d’améliorer ses infrastructures, des membres sont toujours profondément attachés au site de l’ancien village et s’y réunissent encore chaque année. Les aménagements hydroélectriques réalisés par Hydro-Québec peuvent occasionner le déplacement ou la perte de bâtiments, comme des camps de piégeage, des chalets et des abris sommaires utilisés à des fins récréatives ou pour la pêche et la chasse. L’entreprise applique alors les meilleures pratiques d’indemnisation pour dédommager leurs propriétaires.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Depuis la construction du complexe Bersimis en 1953, le premier chantier d’Hydro-Québec loin des grands centres, aucun de ses projets d’aménagements hydroélectriques n’a exigé le déplacement majeur de populations ni la réinstallation forcée de localités. Aujourd’hui, Hydro-Québec s’intéresse davantage au Nord québécois pour le développement de ses projets, car le potentiel hydroélectrique y est plus important (Hydro-Québec, 2017c). Ce territoire étant faiblement peuplé (voir la section 3.5), les projets ne touchent pas des bassins hydrographiques occupés par des populations considérables, comme c’est le cas dans le sud du Québec. Il n’est donc pas nécessaire de prévoir le déplacement de collectivités entières. Quelles que soient les circonstances, Hydro-Québec tente de réduire le dérangement des populations locales quand elle réalise ses projets. Pour prendre ses décisions de développement, l’entreprise ne s’appuie pas uniquement sur le potentiel hydroélectrique des rivières ; elle tient aussi compte de l’utilisation du territoire. Elle insiste à cet égard sur l’accueil favorable de ses projets par les communautés locales (voir la section 5.3). Hydro-Québec a planifié le projet du complexe La Grande à la Baie-James, au début des années 1970, en évitant le déplacement de populations. La communauté crie de Fort George, établie sur l’île de Fort George à l’embouchure de la Grande Rivière, faisait alors face à de sérieuses contraintes qui menaçaient son développement à long terme : problèmes d’érosion le long des berges de l’île, habitations de taille et de qualité inadéquates, difficultés d’approvision­ nement en eau potable et réseau routier désuet (Kastelberger, 2009). De plus, il était reconnu que le projet aurait des effets sur l’érosion des berges de l’île. Même si Hydro-Québec songeait à contrer l’érosion future de l’île, les membres de la communauté, après avoir pris connaissance d’une étude coordonnée par le Grand Conseil des Cris, ont décidé en assemblée générale de réinstaller la communauté sur la rive de la Grande Rivière (Daniel Arbur & Associés, 1976). Pour donner effet à cette décision, la bande de Fort George, le Grand Conseil des Cris, le gouvernement du Canada, le gouvernement du Québec, Hydro-Québec et deux sociétés d’État ont signé en 1978 la Convention de Chisasibi. Par suite de cette entente, la communauté crie de Fort George a été déplacée sur la rive gauche de la Grande Rivière, à environ 9 km en amont de l’île. L’endroit a été appelé Chisasibi, ce qui signifie « la grande rivière » en cri.

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Les sommes allouées à la réinstallation de la population par le gouvernement fédéral, le gouvernement du Québec et Hydro-Québec ont permis la mise en place d’une méthode de planification hautement innovante intégrant la consultation et la participation des membres de la communauté. L’aménagement de Chisasibi visait à offrir de nouvelles possibilités aux habitants de Fort George, telles que des résidences neuves ou rénovées approvisionnées en eau potable et un territoire suffisamment grand pour permettre de futures expansions de la communauté. Le nombre de membres a d’ailleurs doublé depuis cette époque et atteint environ 4 500 aujourd’hui (Kastelberger, 2009 ; Affaires autochtones et du Nord Canada, 2015). Au cours de la réinstallation, qui a eu lieu de 1979 à 1981, plus de 200 maisons ont été déplacées et rénovées. De plus, quelque 100 nouvelles maisons et plusieurs bâtiments communautaires ont été construits (Société Makivik, 2019). L’expérience de Chisasibi est considérée comme un processus d’aménagement exceptionnel parce qu’elle représentait à l’époque un rare exemple de planification municipale prenant en considération le mode de vie traditionnel des autochtones (Kastelberger, 2009). Cela dit, les résidents de cette communauté continuent de visiter l’île, plus particulièrement durant l’événement culturel annuel Mamoweedow. Par ailleurs, bien que le Nord québécois compte peu de localités et soit faiblement habité, il est utilisé par les autochtones, qui y pratiquent des activités traditionnelles et de subsistance. Dans une moindre mesure, les allochtones le fréquentent aussi pour diverses activités, notamment la villégiature de même que la chasse et la pêche sportives. Par conséquent, des bâtiments (par exemple des chalets, des camps de piégeage ou des abris) se trouvent dans les zones visées par les projets d’aménagement hydroélectrique. Lorsque l’ennoiement de ces bâtiments est inévitable, Hydro-Québec conclut une entente avec les propriétaires pour les indemniser ou pour déplacer les bâtiments ailleurs sur le territoire. Dans le cas plus précis des camps autochtones, l’entreprise s’entend avec les utilisateurs concernés pour financer la construction d’un autre camp à un endroit qu’ils choisissent à l’extérieur des zones visées par le projet. Quant aux indemnisations, si cette option est choisie par les propriétaires, elles sont calculées en fonction du coût de remplacement des installations touchées, auquel s’ajoutent certains éléments de compensation pour dommages, notamment les frais liés au retrait des installations par le propriétaire, au déménagement de ses effets personnels ainsi qu’à la recherche d’un nouvel emplacement. Dans le cas où il est impossible de conclure une entente, Hydro-Québec peut, après avoir obtenu l’autorisation du gouvernement, exercer son droit d’expropriation. Elle parvient toutefois à une entente dans la grande majorité des dossiers. En plus des indemnités versées aux propriétaires des bâtiments touchés par les projets d’aménagements hydroélectriques, les ententes entre Hydro-Québec et les communautés locales prévoient des compensations pour l’ennoiement de terres. Le développement hydroélectrique donne parfois l’occasion aux propriétaires d’améliorer leurs installations de villégiature, puisqu’ils choisissent souvent de les reconstruire dans des secteurs nouvellement accessibles. Enfin, Hydro-Québec collabore étroitement avec les communautés autochtones pour maintenir la connaissance des lieux de sépulture autochtones touchés par ses projets grâce à un programme de repérage et de marquage avant le début des travaux. Ces activités se déroulent dans le respect de la volonté des familles concernées et permettent aux proches parents de choisir entre un transfert symbolique (cérémonie religieuse) ou réel des restes funéraires, l’objectif étant d’assurer le souvenir du membre de la famille inhumé à l’endroit visé. Ces démarches sont menées parallèlement aux inventaires archéologiques réalisés dans les aires de travaux et à l’intérieur des réservoirs projetés. Grâce à ces programmes, qui comprennent de nombreuses fouilles, on a sensiblement accru les connaissances sur la présence autochtone dans la partie nordique du territoire québécois.

Fouilles archéologiques en bordure de la rivière Eastmain (PK 310)

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6.7.2 Les ententes conclues avec les communautés autochtones et allochtones dans le cadre des projets de production hydroélectrique ont-elles des retombées concrètes et durables ? RÉPONSE SOMMAIRE Afin de rendre ses projets et ses activités acceptables pour le milieu d’accueil, Hydro-Québec conclut des ententes avec les communautés autochtones et allochtones. En plus de comprendre le versement de compensations aux communautés d’accueil, ces ententes visent à optimiser les retombées économiques des projets par la création d’emplois, la prestation de formation et l’attribution de contrats aux entreprises locales. Elles incluent des mécanismes d’échanges continus facilitant l’examen et le traitement des enjeux au fur et à mesure qu’ils surviennent, ce qui contribue au maintien de l’acceptabilité sociale des ouvrages prévus durant tout leur cycle de vie. Tout en favorisant l’utilisation continue du territoire par les populations visées, les ententes avec les autochtones prennent en compte leurs valeurs, leurs droits et intérêts revendiqués ou établis de même que les enjeux culturels et environnementaux auxquels ils accordent de l’importance. Elles permettent aussi aux communautés d’améliorer leurs infrastructures, de développer les entreprises locales et d’aborder avec plus de confiance les enjeux liés à d’autres projets de développement qui pourraient les concerner.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Hydro-Québec veille à ce que ses projets d’aménagements hydroélectriques profitent aux régions qui les accueillent. Pour s’en assurer, elle conclut des ententes avec les communautés autochtones et allochtones dès les premières étapes de ses projets afin de maximiser les retombées socioéconomiques liées à la construction et à l’exploitation des ouvrages ainsi que de déterminer les mesures d’atténuation, de compensation et de mise en valeur appropriées. Les ententes avec les autochtones tiennent également compte de leurs valeurs, de leurs droits et intérêts revendiqués ou établis de même que des enjeux culturels et environnementaux auxquels ils accordent de l’importance. Elles sont aussi l’occasion de définir de concert avec eux les mesures qui seront adaptées à leurs besoins. Différents mécanismes visant à favoriser les retombées économiques locales sont inclus dans les ententes, notamment : • • • •

l’embauche prioritaire de la main-d’œuvre locale ; la mise sur pied de comités des retombées économiques régionales ; la conception de formations adaptées, en collaboration avec les organismes du milieu ; la mise en place de pratiques contractuelles encourageant l’attribution de contrats aux entreprise locales, dont le fractionnement des contrats, de sorte que les entrepreneurs locaux – souvent de plus petite taille que ceux d’autres régions – puissent les obtenir ; • l’attribution aux communautés autochtones concernées de différents fonds destinés notamment à faciliter leur adaptation aux changements occasionnés par le projet et à contribuer à leur développement socioéconomique. Ces ententes16 permettent aux régions d’accueil de profiter d’une part avantageuse des retombées potentielles des projets. Des exemples d’ententes avec les communautés autochtones ou allochtones sont présentés dans les paragraphes suivants.

Ententes avec les communautés autochtones Depuis le début des années 1970, Hydro-Québec a signé près de 50 ententes avec des nations autochtones établies au Québec en lien avec des projets de production et de transport d’hydroélectricité (voir l’annexe G). La première de ces ententes est la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ), conclue en 1975. Dans cette convention, les parties conviennent de la nécessité d’échanges continus entre les Cris et Hydro-Québec pour qu’il soit possible d’évaluer les répercussions du projet sur le mode de vie des Cris et des Inuits, de façon à permettre la mise en place de mesures visant à atténuer les impacts. La convention prévoit que ces échanges se font par l’entremise d’une société mixte à but non lucratif appelée Société des travaux de correction du complexe La Grande (SOTRAC). Depuis ce temps, le maintien d’échanges continus avec les parties prenantes autochtones dans le cadre d’un forum mixte fait partie intégrante du processus mis en pratique par Hydro-Québec, tant à la Baie-James qu’au sud du territoire conventionné (voir l’annexe G).

16. Les sommes rattachées aux engagements financiers contenus dans la plupart de ces ententes ne sont pas publiques.

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Dès la conception de ses projets, Hydro-Québec s’engage dans un processus d’échanges et de discussions avec les communautés autochtones afin de s’assurer que leurs attentes et leurs préoccupations sont prises en compte. Dans certains cas, ces échanges mènent à des négociations conduisant à de nouvelles ententes (Hydro-Québec, 2017d) qui visent notamment : • à favoriser l’accueil du projet par le milieu ; • à faire profiter les communautés autochtones de retombées économiques et favoriser leur participation aux études et suivis environnementaux ; • à réduire les impacts des projets sur le mode de vie traditionnel des autochtones afin que ceux-ci maintiennent leurs activités de chasse, de pêche et de piégeage, importantes pour l’alimentation et la subsistance des communautés ; • à tisser des relations à long terme. C’est sur la base de cette approche qu’Hydro-Québec, au tournant des années 2000, a signé avec les Cris deux ententes, soit la Convention Nadoshtin et la Convention Boumhounan, en lien avec la construction du complexe de l’EastmainSarcelle-Rupert. La Convention Nadoshtin a encadré la construction et l’exploitation de la centrale de l’Eastmain-1 et de son réservoir. Elle comprenait la mise en application de diverses mesures de correction et d’atténuation visant à réduire les impacts sur les communautés cries touchées, notamment des mesures incitatives permettant aux Cris qui souhaitaient collaborer aux études liées au projet ou à la construction des ouvrages de satisfaire aux exigences d’embauche. Différents fonds destinés aux mesures de correction et d’atténuation y étaient prévus, de même qu’un montant cible de contrats accordés aux Cris, qui a été atteint et même dépassé (Hydro-Québec, 2002). Les retombées de cette entente ont surpassé les attentes des parties prenantes. De 2002 à 2007, la main-d’œuvre crie affectée à la construction de l’aménagement de l’Eastmain-1 a représenté en moyenne 12 % de l’effectif mensuel, soit 124 personnes. Entre 2002 et 2005, 1 039 Cris ont séjourné sur le chantier : 835 hommes et 204 femmes. Enfin, les Cris ont exécuté 66 contrats qui correspondent à 31 % de la valeur de tous les contrats attribués. La Convention Boumhounan a encadré la réalisation des autres composantes du complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert. Elle a notamment permis aux Cris de participer aux études et aux travaux liés au projet de même qu’à l’évaluation de la faisabilité et au processus d’obtention des permis d’autorisation. Tout comme la Convention Nadoshtin, cette entente prévoyait la mise en œuvre de diverses mesures environnementales, de correction et d’atténuation visant à réduire les impacts du projet sur les communautés cries touchées. Par exemple, Hydro-Québec a construit, au bénéfice de la communauté de Waskaganish (établie à l’embouchure de la rivière Rupert), une nouvelle usine de traitement de l’eau équipée d’instruments à la fine pointe de la technologie. Celle-ci allait répondre à la croissance de la demande d’eau potable de la communauté pour les 30 années suivantes. Elle a été construite par une entreprise crie ; depuis 2011, elle est exploitée par la communauté de Waskaganish. La Convention a établi des fonds importants destinés aux communautés et aux utilisateurs du milieu, notamment pour favoriser la participation aux études d’impact et l’adaptation aux changements causés par le projet. Elle prévoyait également un montant cible de contrats accordés à des Cris (Hydro-Québec 2002). Entre 2007 et 2011, la moyenne mensuelle du nombre de travailleurs cris sur les chantiers a été de 183, soit environ 6 % de la main-d’œuvre totale. Quelque 37 entreprises et travailleurs autonomes cris ont participé à l’exécution de 316 contrats, ce qui dépasse les engagements de retombées prévus dans la Convention Boumhounan. C’est donc dire que, de 2002 à 2011, les conventions Nadoshtin et Boumhounan ont donné lieu à la création de plusieurs centaines d’emplois pour les Cris et à d’importantes retombées sous forme de contrats à des dizaines d’entreprises et de travailleurs autonomes cris (Baba et coll., 2016). Ces retombées représentent près de 20 % du coût total de la réalisation du complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert (environ 7 G$). Grâce aux différentes ententes et conventions qu’elle a conclues avec Hydro-Québec et les autorités gouvernemen­tales, la Nation crie s’est affirmée et structurée. Elle a pris en charge son propre développement socioéconomique (Baba et coll., 2016). Les Cris sont maintenant plus aguerris pour négocier avec d’autres promoteurs de projets de développement dans des secteurs comme la foresterie et les mines. La mise en place de structures politiques découlant de la CBJNQ a aussi favorisé l’amélioration de la qualité de vie chez les Cris. Comparativement aux autres groupes d’Indiens inscrits vivant dans une réserve, les Cris ont enregistré une plus grande amélioration de leurs indicateurs socioéconomiques et une préservation supérieure de leurs pratiques traditionnelles (Tremblay, 2009). LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

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L’ensemble des mécanismes mis en œuvre dans le cadre des ententes conclues avec Hydro-Québec contribue à améliorer l’expérience et l’employabilité des travailleurs provenant des localités où sont implantés les projets, particulièrement les travailleurs autochtones. Après leur participation aux projets d’Hydro-Québec, ils deviennent qualifiés pour d’autres emplois. Selon les résultats d’un sondage réalisé auprès des travailleurs cris du complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert, 81 % d’entre eux ont trouvé un nouveau travail après la fin du projet, principalement dans les secteurs de la construction, de la maintenance et de l’alimentation. Hydro-Québec a mis en place des programmes particuliers dans le cadre de la CBJNQ et conclu d’autres ententes afin de favoriser à long terme l’emploi et la formation des Cris de la Baie-James. Par exemple, de 2003 à 2019, l’Entente concernant l’emploi des Cris a permis à 138 Cris d’obtenir leur diplôme d’un établissement d’enseignement reconnu dans quatre corps de métiers spécialisés associés à l’exploitation du complexe La Grande. Aussi, 122 Cris ont été embauchés par Hydro-Québec à titre d’employés permanents. En septembre 2019, 93 d’entre eux travaillaient toujours pour l’entreprise, les autres ayant quitté leurs fonctions pour des raisons personnelles. De plus, Hydro-Québec verse des fonds aux communautés et aux utilisateurs cris concernés afin de permettre aux générations à venir de faire face aux changements occasionnés par ses projets tant et aussi longtemps qu’elle exploitera ses installations à la Baie-James. Il s’agit là d’exemples de retombées concrètes et durables. Par ailleurs, des ententes ont été conclues avec les Innus de la Côte-Nord. Par exemple, seulement pour la construction du complexe de la Romaine (de 2009 à 2022), Hydro-Québec a conclu trois ententes sur les répercussions et avantages (ERA) avec quatre communautés innues, totalisant des dizaines de millions de dollars. En raison des relations qu’Hydro-Québec a tissées au sein des communautés autochtones, elle peut aujourd’hui compter sur l’expertise d’entreprises autochtones (Hydro-Quebec, 2018b) évoluant dans différents secteurs d’activité : • la Compagnie de construction et de développement crie, qui figure parmi les plus importantes entreprises de construction du Québec ; • Gestion ADC, qui fournit des services de cafétéria et de conciergerie au complexe La Grande ; • Air Inuit et Air Creebec, qui assurent notamment le transport des employés d’Hydro-Québec à la Baie-James et sur la Côte-Nord ; • Kepa Transport, qui effectue le transport de marchandises à la Baie-James comme sur le reste du territoire québécois, en Ontario et dans l’Ouest canadien ; • la Société des entreprises innues d’Ekuanitshit (SEIE), qui offre des services de terrassement, de cafétéria, de conciergerie et d’entretien technique aux campements de travailleurs du complexe de la Romaine. Également, au cours des dernières années, de plus en plus d’entreprises autochtones spécialisées en environnement ont vu le jour et ont obtenu des contrats d’Hydro-Québec. Aujourd’hui, Hydro-Québec a acquis le statut de partenaire des communautés autochtones. Elle souhaite maintenant se positionner comme un chef de file dans le domaine des relations avec les peuples autochtones. À cet fin, en décembre 2018, elle est devenue membre du Conseil canadien pour le commerce autochtone et s’est engagée dans le programme de certification Relations progressistes avec les autochtones (RPA) de cette organisation. Ce faisant, Hydro-Québec s’engage à réfléchir à ses façons de faire afin de poursuivre ses efforts pour être : • • • •

un milieu de travail ouvert et réceptif aux employés autochtones ; un excellent partenaire d’affaires pour les entreprises autochtones ; un fournisseur d’électricité à la hauteur des attentes de ses clients autochtones ; une entreprise soucieuse d’harmoniser ses installations et activités avec le milieu autochtone.

La certification RPA représente pour Hydro-Québec une occasion de continuer à améliorer son approche et ses pratiques relatives aux autochtones. L’adoption d’une politique en matière de relations avec les autochtones formalise la démarche de collaboration entreprise avec ces communautés.

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Ententes avec les communautés allochtones Au fil de la mise en œuvre des ententes avec les communautés allochtones, dont le contenu s’est bonifié avec le temps, la proportion des retombées économiques pour les régions d’accueil des projets a augmenté. Ainsi, durant la réalisation du projet de la Sainte-Marguerite-3 (sur la Côte-Nord), commencée en 1994, plus de 70 % des effectifs provenaient de la région d’accueil, contre environ 50 % dans le cas du complexe Manic-Outardes, construit au-delà de deux décennies plus tôt, entre 1959 et 1978 (Consultants Dominique Égré, 2004). Les ententes avec les collectivités contribuent au dynamisme local en favorisant les investissements dans les infra­structures communautaires. Grâce à l’entente conclue avec Hydro-Québec dans le cadre du projet de l’Eastmain-1-A– Sarcelle–Rupert, la municipalité de Baie-James (devenue la municipalité d’Eeyou Istchee Baie-James) dispose d’un fonds lui permettant notamment d’investir dans diverses initiatives au profit des générations actuelles et futures (projets à caractère sportif, culturel ou touristique) ou dans l’amélioration des infrastructures municipales. Relativement au projet du complexe de la Romaine, Hydro-Québec a signé en 2008 une entente avec la municipalité régionale de comté (MRC) de Minganie, qui prévoit la création de plusieurs fonds de soutien pour la réalisation de projets à caractère économique, récréotouristique, social et culturel dans la MRC. Les sommes versées depuis 2008 ont été principalement utilisées pour l’amélioration ou l’ajout d’infrastructures et d’équipements. Elles ont servi, par exemple, à la construction d’une salle de spectacle, d’un complexe aquatique et d’une nouvelle caserne de pompiers à HavreSaint-Pierre (Hydro-Québec, 2018a). On peut également mentionner l’impact positif associé à la décision d’Hydro-Québec d’implanter le centre administratif du complexe de la Romaine au sein de la petite localité de Havre-Saint-Pierre, ce qui a permis l’installation ou le maintien de 50 familles dans cette région marquée depuis de nombreuses années par un bilan migratoire négatif.

Sculpture sur une aire commémorative de la présence crie au périmètre du réservoir de la Paix des Braves

Transport aérien des travailleurs d’Hydro-Québec et de la Société d’énergie de la Baie James par Air Creebec

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6.7.3 Comment Hydro-Québec tient-elle compte de la spécificité des populations autochtones dans le processus d’évaluation environnementale de ses projets ? RÉPONSE SOMMAIRE Hydro-Québec accorde une attention particulière aux communautés autochtones dans le cadre du processus d’évaluation environnementale de ses projets hydroélectriques. Ce processus inclut l’évaluation des impacts sociaux en milieu autochtone, en plus d’intégrer la consultation et la participation des autochtones. Dès l’étape de planification des projets, l’entreprise met en place une démarche d’information et de consultation adaptée à ces communautés. Elle leur communique les renseignements nécessaires à la compréhension des projets et des modifications apportées au territoire. L’information peut leur être transmise dans leur langue maternelle selon les besoins exprimés. Hydro-Québec recueille leurs commentaires et leurs préoccupations, et les intègre aux études environnementales de manière à améliorer le projet et à réduire ses impacts. Lors de la réalisation des études d’impact, des efforts importants sont consacrés à l’évaluation des impacts sur les communautés autochtones. Cela se traduit par plusieurs activités de collecte de données permettant une meilleure connaissance des communautés, de leurs valeurs, de leurs droits et intérêts revendiqués ou établis ainsi que de leur usage du territoire et des ressources. Ces efforts peuvent prendre la forme d’entrevues ou d’ateliers de groupe auprès d’utilisateurs du territoire ou de représentants de groupes sociaux. Ce portrait détaillé permet à Hydro-Québec de bien cerner les composantes sensibles d’un milieu, de déterminer les impacts potentiels du projet sur les communautés touchées et de définir des mesures d’atténuation en conséquence. Les mesures d'atténuation visent surtout le maintien des activités traditionnelles de chasse et de pêche. Plus globalement, on cherche à ce que les communautés autochtones tirent des avantages de l’aménagement hydroélectrique non seulement pendant sa planification et sa construction, mais aussi pendant la période d’exploitation.

Campement cri à la Baie-James (terrain de piégeage R11)

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RÉPONSE DÉTAILLÉE Les autochtones constituent une proportion élevée de la population du Nord québécois, là où sont implantés les grands complexes hydroélectriques (voir la section 3.5). C’est particulièrement le cas sur le territoire de la Baie-James. Pour tisser des relations avec les communautés autochtones, Hydro-Québec adopte une approche qui consiste à prendre en considération leurs valeurs, leur culture ainsi que leurs droits et intérêts revendiqués ou établis, ce qui exige du temps et des ressources humaines (Alliman, 2014). L’entreprise dispose d’une équipe de conseillers formés dans des domaines très variés comme la biologie, l’anthropologie, le droit et la géographie qui se consacrent quotidiennement à l’établissement et au maintien de bonnes relations avec les autochtones sur tout le territoire québécois. Certains y travaillent depuis plus de 30 ans. Ces spécialistes assurent une présence constante auprès des communautés – au-delà de la construction des aménagements hydroélectriques – et communiquent en continu avec elles. Ils négocient également les ententes favorisant l’acceptabilité sociale des projets, en assurent la mise en œuvre et en font le suivi (Hydro-Québec, 2018b). La prise en compte des populations autochtones dans les évaluations environnementales des projets s’exerce sur deux plans : à l’occasion de l’évaluation des impacts sociaux en milieu autochtone (au Québec, cet élément fait partie intégrante de la démarche d’évaluation des impacts environnementaux) ainsi que dans le cadre d’une démarche de consultation et de participation adaptée aux autochtones. Dès l’étape de planification des projets, Hydro-Québec met en place, par l’entremise notamment de comités mixtes, une démarche d’information et de consultation des communautés autochtones concernées. Les renseignements nécessaires à la compréhension des projets et des modifications apportées au territoire sont diffusés au sein des communautés au moyen de rencontres et de séances d’information publiques, entre autres. Ces activités sont également l’occasion pour Hydro-Québec de recueillir les commentaires et les préoccupations des communautés, qui sont ensuite intégrés dans le processus d’étude d’impact. Tous ces efforts contribuent à la bonification des projets et à la réduction de leurs effets négatifs sur le milieu. Au besoin, on veille à ce que l’information soit traduite dans la langue de la communauté afin que tous les participants puissent participer aux discussions.

Séchage de peaux de castor (Baie-James)

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À l’étape des études d’impact, Hydro-Québec consacre des efforts considérables à l’évaluation des impacts des projets sur le milieu humain et, incidemment, sur les communautés autochtones et leurs pratiques. Elle compte sur l’expertise de conseillers formés en anthropologie, en sociologie et en géographie humaine qui savent marier les méthodes et l’éthique propres aux sciences humaines à l’analyse environnementale. Cette démarche implique en premier lieu une bonne connaissance des intérêts et des valeurs de chacune des communautés touchées par les projets. Les efforts d’Hydro-Québec comprennent : • la consultation de documents d’archives et de banques de données propres aux autochtones (par exemple, le Système d’information sur les droits ancestraux et issus de traités (SIDAIT), Statistiques Canada, le Secrétariat aux affaires autochtones du Québec et les conseils de bande) ; • la tenue de nombreuses rencontres d’information et d’échange ; • la tenue d’ateliers avec des représentants des communautés touchées, de groupes sociaux et des utilisateurs du territoire sur des préoccupations particulières ; • la réalisation d’entrevues individuelles ou de groupe avec les utilisateurs du territoire. La mise sur pied de comités mixtes reflète une approche éthique et participative des communautés. À partir des données recueillies, on peut établir un portrait détaillé des communautés, décrivant notamment : • • • •

l’histoire de leur présence sur le territoire ; leur profil démographique et socioéconomique ; leur gouvernance (institutions politiques, administration communautaire, etc.) ; leur utilisation du territoire et des ressources (périodes et lieux de chasse et de pêche, emplacements des campements, modalités d’accès au territoire en été et en hiver, conditions de navigation, conditions de circulation en motoneige, etc.).

Ce portrait permet à Hydro-Québec de bien cerner les usages valorisés et les composantes sensibles d’un milieu, à partir desquels il est possible de déterminer les impacts potentiels du projet et de définir les mesures susceptibles d’atténuer la portée des impacts négatifs ou encore de maximiser les impacts positifs. Les comités mixtes permettent aux communautés autochtones de participer à ces étapes. Le rôle important que jouent les comités mixtes dépasse l’évaluation des impacts sociaux. Ces comités contribuent à la mise en place de mécanismes favorisant l’apport des communautés autochtones à l’ensemble des études environnementales. Les communautés participent non seulement à l’étape de la collecte des données sur le terrain, mais également à celle de l’analyse, ce qui met en valeur le savoir écologique autochtone. Ce dernier enrichit l’état des connaissances scientifiques sur des composantes des milieux physique et biologique. Il est aussi utilisé pour orienter les efforts d’acquisition de données sur le terrain (voir l’encadré 6-7-3) et pour préciser l’évaluation des impacts ainsi que le choix des mesures d’atténuation et de compensation. La centrale de l’Eastmain-1 et le réservoir de la Paix des Braves de même que les centrales de l’Eastmain-1-A et de la Sarcelle et la dérivation Rupert, dont la construction s’est échelonnée de 2007 à 2013, constituent des exemples récents de l’approche d’Hydro-Québec à l’égard des peuples autochtones. Avant même la réalisation de ces projets, l’entreprise a travaillé en collaboration avec les conseils de bande de 6 communautés cries et 34 maîtres de piégeage. Grâce à la contribution des maîtres de piégeage, dont chacun est responsable du prélèvement des animaux à fourrure sur un terrain déterminé, on a pu documenter l’utilisation du territoire par les Cris, recueillir leur savoir traditionnel et optimiser le projet en fonction de leurs activités traditionnelles. Afin de développer et de maintenir cette collaboration, Hydro-Québec a mis sur pied plusieurs comités. Parmi ceux-ci, le comité de suivi, qui réunissait des représentants d’Hydro-Québec et des communautés cries, a joué un rôle particulièrement important dans l’intégration du savoir traditionnel et des préoccupations environnementales des Cris au projet (Alliman 2014).

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Plusieurs moyens de communication ont été utilisés pour renseigner la population crie sur le projet. L’émission de radio Hydlo & Friends a été diffusée chaque mois sur les ondes de la James Bay Cree Communications Society (JBCCS), des publireportages ont été inclus dans le magazine The Nation et un calendrier des activités de suivi a été distribué dans les communautés. À cela s’ajoute la création du site Web Hydlo and Friends Online, qui s’adresse aux Cris. On y diffuse notamment de nombreuses capsules vidéo, dont des témoignages en langue crie portant sur les études environnementales, auxquelles prennent part plusieurs Cris (Consortium Waska-Génivar, 2019). Un exemple des publications diffusées sur le site Web est présenté à l’annexe H. Comme l’utilisation du territoire et de ses ressources occupe une place prédominante dans l’identité culturelle des communautés autochtones ainsi que dans la transmission intergénérationnelle de leur savoir, Hydro-Qubec a mis en œuvre des mesures d’atténuation pour protéger les habitats naturels et favoriser la poursuite des activités de chasse, de pêche et de piégeage ou toute autre activité traditionnelle sur les territoires ancestraux. En voici quelque-unes : • le maintien de débits réservés écologiques et la construction de seuils pour maintenir les niveaux d’eau et les usages anthropiques (navigation, chasse, pêche, etc.) dans des sections de rivière dont le débit a été réduit ainsi que pour protéger l’habitat du poisson, maintenir des milieux riverains productifs et diminuer les risques d’érosion ; • l’aménagement de sites de pêche et d’étangs pour la chasse à la sauvagine ; • le déplacement de camps ou d’infrastructures communautaires touchés par le projet ; • la création de comités mixtes chargés de gérer les activités de chasse et de pêche des travailleurs durant les travaux de construction afin de limiter les nuisances et la surpêche dans les plans d’eau valorisés par les autochtones ; • la construction de rampes de mise à l’eau et de routes d’accès à certaines portions du territoire ; • la réalisation de fouilles archéologiques et la mise en valeur du patrimoine autochtone ; • l’aménagement de sites favorisant la pêche traditionnelle et le maintien des habitats d’espèces de poissons valorisées ; • la création de fonds appuyant à la poursuite des activités traditionnelles, par exemple l’aménagement et l’entretien de camps et de sentiers de motoneige. Ces mesures contribuent à la transmission des connaissances et à la préservation de la culture au sein des communautés. Elles visent ultimement à ce que les communautés autochtones puissent utiliser le territoire autant, sinon plus, qu’avant la réalisation des projets (Hydro-Québec, 2018b). Elles permettent aux communautés autochtones de tirer des avantages de la présence des aménagements hydroélectriques non seulement pendant la planification et la construction, mais aussi pendant la longue période d’exploitation des ouvrages. C’est pourquoi les études sur l’utilisation du territoire par les autochtones ne se limitent pas à la phase de construction des projets, mais se poursuivent après la mise en eau des réservoirs. Elles permettent de documenter la continuité des pratiques dans les secteurs non touchés par les projets de même que l’adaptation de certaines pratiques aux nouvelles conditions du milieu (Castonguay, Dandenault et Associés, 2017).

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Encadré 6-7-3 Exemple de la prise en compte du savoir traditionnel dans l’acquisition de données Dans le cadre du projet du complexe de la Romaine, Hydro-Québec réalise une étude sur l’utilisation du territoire par les autochtones. En abordant le sujet de la collecte de plantes médicinales le long des tronçons de la rivière Romaine devant être ennoyés, les femmes autochtones de la communauté innue d’Ekuanitshit (les femmes détiennent les connaissances associées à cette activité) ont proposé de tenir une activité de cueillette en famille, dans la confidentialité. Hydro-Québec a financé ce projet. L’activité s’est échelonnée sur une période de quatre ans, au cours de laquelle l’entreprise a pu parfaire ses connaissances sur la flore riveraine de la rivière Romaine. Elle a également été l’occasion pour les participants de distribuer dans la communauté les plantes médicinales récoltées et de séjourner le long des tronçons de rivière qui allaient bientôt être compris dans un réservoir. Cette expérience a revêtu une signification particulière pour les Innus sur le plan culturel et spirituel. Elle a notamment été présentée par l’organisatrice lors d’un colloque scientifique (Lavoie et Mestokosho, 2017). Amorcée en 2009, l’étude de l’utilisation du territoire par les Innus se poursuivra jusqu’en 2024.

Cueillette de plantes médicinales le long de la rivière Romaine par une femme innue

6.7.4 Est-il possible de pratiquer des activités récréotouristiques dans les réservoirs d’Hydro-Québec conçus pour la production d’hydroélectricité ? RÉPONSE SOMMAIRE Parmi la centaine de réservoirs et de plans d’eau gérés par Hydro-Québec, presque tous sont utilisés à des fins récréotouristiques, bien que ceux situés dans le Nord québécois le soient dans une moindre mesure. Hydro-Québec tient compte de ces activités dans la gestion des niveaux d’eau dans les réservoirs. Au besoin, elle diffuse de l’information en lien avec l’exploitation de ses aménagements afin de favoriser une utilisation sécuritaire des plans d’eau. De plus, l’entreprise met en place des mesures de mise en valeur des réservoirs, comme l’aménagement d’infrastructures de loisirs et de tourisme.

RÉPONSE DÉTAILLÉE La superficie totale des réservoirs gérés par Hydro-Québec est d’environ 20 000 km2. La superficie moyenne de ces plans d’eau est de 114 km2 si on exclut les cinq grands réservoirs du complexe La Grande, qui à eux seuls ont une superficie de 11 355 km2. Les réservoirs et les installations qui les accompagnent permettent, outre la production d’électricité, la pratique d’activités récréatives (Consultants Dominique Égré, 2004). Ces activités sont toutefois plus développées dans les réservoirs du sud du Québec que dans les réservoirs nordiques. Les réservoirs méridionaux sont situés plus près des grands centres urbains, dans une zone climatique plus clémente, ce qui facilite l’exploitation de leur potentiel récréatif.

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En collaboration avec les organismes touristiques régionaux, Hydro-Québec déploie des efforts afin de faire connaître au public ses aménagements hydroélectriques ainsi que les infrastructures et les services destinés à des fins récréatives, notamment : • les accès et les rampes de mise à l’eau ; • les activités nautiques telles que la navigation de plaisance, le canot, le kayak, le rafting, la voile, la planche à voile, la baignade, la motomarine et la plongée sous-marine ; • la chasse au petit gibier, au gros gibier et à la sauvagine ; • la pêche estivale et hivernale ; • le piégeage d’animaux à fourrure ; • le motoquad, la motoneige, le cyclisme, le traîneau à chiens et la randonnée pédestre dans des sentiers récréatifs. Pour les activités fauniques, on recense une centaine de pourvoiries réparties sur 26 réservoirs. La plupart d’entre elles sont établies autour du réservoir Baskatong, dans le nord de la région de l’Outaouais, et du réservoir Gouin, en Haute-Mauricie (GDG Conseil, 2001).

Rampe de mise à l’eau et quai flottant à Waskaganish (Baie-James)

Sentier de motoquad sur le territoire de la Baie-James

Épi avec plateformes d’observation et allée piétonne à Waskaganish (Baie-James)

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Comme les activités récréatives représentent des sources de revenus importantes dans les régions où elles sont pratiquées, Hydro-Québec reçoit à l’occasion des demandes du milieu pour que la gestion des plans d’eau soit adaptée aux activités (canoë-kayak, pêche, nautisme, etc.). L’entreprise répond à ces demandes de façon à trouver un juste équilibre entre les besoins de production d’énergie et ceux des utilisateurs du territoire. Lorsque l’équilibre est trouvé, il mène à la conclusion d’ententes avec le milieu. Hydro-Québec suit des règles d’exploitation strictes et sécuritaires qui déterminent les niveaux d’eau minimaux et maximaux de ses réservoirs. Au besoin, elle informe les détenteurs de droits et les utilisateurs du territoire au sujet de la gestion hydrique de ses réservoirs. L’entreprise dispose d’un inventaire des éléments sensibles bordant la plupart de ses réservoirs qui lui permet d’évaluer les effets des hausses ou des baisses de niveaux d’eau sur ces derniers. Depuis plus de 20 ans, Hydro-Québec favorise la mise en valeur du patrimoine que constituent ses installations ainsi que la polyvalence des usages de ses réservoirs. Elle a tiré des enseignements du développement des activités récréotouristiques dans les réservoirs plus anciens et les réinvestit dans la planification des nouveaux projets hydro­ électriques. Ainsi, dès l’étape de la conception, l’entreprise prévoit l’aménagement d’infrastructures (par exemple, des rampes de mise à l’eau ou des portages) de même que les mesures d’atténuation et de mise en valeur propices aux usages récréotouristiques. Pour le complexe de la Romaine, dont la construction s’échelonne de 2009 à 2022, Hydro-Québec a prévu : • la construction de rampes de mise à l’eau sur les rives de chacun des quatre réservoirs pour rendre ces derniers accessibles ; • la mise en valeur du touladi et de la ouananiche – deux espèces halieutiques – dans certains réservoirs (notamment au moyen d’ensemencements et d’aménagement d’habitats) afin d’améliorer la qualité de la pêche sportive ; • l’aménagement de portages le long de certains segments de la rivière Romaine, y compris leur balisage, pour faciliter le franchissement des ouvrages pour les canoteurs et les kayakistes ; • le déboisement de certaines portions de rives des réservoirs (avant la mise en eau) afin d’améliorer les conditions de navigation après la mise en eau ; • la construction de passerelles permettant aux motoneigistes de franchir la rivière Romaine, un peu en aval du premier barrage ; • l’aménagement d’une aire de stationnement pour motoneiges à proximité de la centrale la plus en aval.

Passerelle pour motoneige construite au PK 30,5 de la rivière Romaine

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On a élaboré une carte de navigation afin de favoriser l’appropriation du réservoir de la Paix des Braves (aménagement de l’Eastmain-1). Cette carte indique l’emplacement des rampes de mise à l’eau, des haltes et des belvédères ainsi que les secteurs du réservoir qui ont été déboisés. Des cartes de navigation ont aussi été produites pour les biefs de la dérivation Rupert, en plus d’une signalisation visant à aider les navigateurs à se déplacer sur les nouveaux plans d’eau. L’efficacité des mesures d’atténuation est évaluée par les programmes de suivis environnementaux, dont la durée varie selon la composante visée, les impacts prévus et l’efficacité de la mesure. Des mesures correctrices ou des ajustements du mode de gestion des débits et des niveaux d’eau peuvent être proposés, le cas échéant, à l’issue de ces suivis. Enfin, durant la période estivale, Hydro-Québec offre des visites guidées gratuites de certains barrages et centrales, qui attirent chaque année près de 140 000 personnes. Certaines installations d’Hydro-Québec, telles que l’aménagement Robert-Bourassa, à la Baie-James, ou le barrage Daniel-Johnson et la centrale Manic-5, sur la Côte-Nord, constituent des attraits touristiques d’importance dans les régions où elles sont implantées.

6.7.5 Quelles sont les mesures prises par Hydro-Québec afin de limiter l’impact des grands aménagements hydroélectriques sur le paysage ? RÉPONSE SOMMAIRE Les grands projets hydroélectriques entraînent une modification du paysage en raison de la création de réservoirs et de la présence d’infrastructures permanentes ou temporaires, comme les centrales, les barrages, les digues, les chemins d’accès, les camps de travailleurs et les résidences permanentes des employés d’Hydro-Québec. L’entreprise met en place plusieurs mesures pour atténuer l’impact visuel de ces aménagements, par exemple la plantation des aires perturbées et le déboisement partiel des rives des futurs réservoirs. Par ailleurs, les réservoirs constituent de nouveaux plans d’eau ayant une valeur paysagère intrinsèque souvent comparable à celle de plusieurs lacs naturels du milieu environnant. Hydro-Québec applique des mesures visant à mettre en valeur ces nouveaux paysages et porte une attention particulière aux qualités architecturales du patrimoine bâti de façon à intégrer ses infrastructures le plus harmonieusement possible à leur environnement. De plus, l’entreprise prend part depuis plusieurs années aux initiatives de réflexion et d’analyse relatives au paysage ainsi qu’au développement des pratiques les plus innovantes en la matière.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Les activités de production d’énergie d’Hydro-Québec exigent souvent des interventions pouvant avoir des répercussions notables sur le paysage (Paquette et coll., 2008). Certaines modifications sont temporaires, car elles sont associées aux chantiers de construction, mais d’autres sont permanentes et résultent de l’ennoiement de grandes surfaces terrestres ainsi que de la présence de plusieurs ouvrages nécessaires à la production de l’énergie (centrales, barrages, digues, etc.). Les pertes de paysages naturels comprennent des chutes, des vallées, des rivières et des milieux humides. Néanmoins, les réservoirs constituent de nouveaux plans d’eau ayant une valeur paysagère intrinsèque comparable à celle de plusieurs lacs du milieu environnant. Ils se démarquent souvent de ces derniers par leur plus grande dimension et par une puissance hydraulique exceptionnelle (Hydro-Québec Production, 2007c). De plus, les chutes d’eau produites par certaines installations apportent une diversité au paysage en créant des gerbes spectaculaires du fait de leur hauteur. À cet égard, Hydro-Québec met en place certaines mesures visant à valoriser les nouveaux paysages. Par exemple, au complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert, diverses infrastructures ont été aménagées dans les six communautés cries touchées, notamment quatre sites d’interprétation, trois haltes d’observation, deux belvédères, deux points de vue, une aire de pique-nique et un sentier pédestre (Consortium Waska-Génivar, 2019).

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Depuis fort longtemps, l’entreprise applique systématiquement différentes mesures pour favoriser la reprise de la végétation après la construction des ouvrages. À titre d’exemple, après la réalisation du complexe La Grande dans les années 1970, à la Baie-James, les aires de travaux ont été soigneusement nettoyées, les terrains, nivelés, les pentes trop fortes, consolidées et les sols, ameublis dans le but de faciliter la restauration du couvert végétal dans les zones de construction. En plus de procéder à des ensemencements de végétaux, Hydro-Québec a planté plus de onze millions d’arbres et arbustes (Hayeur, 2001). Plus récemment, dans le cadre du projet du complexe de la Romaine – dont la construction a débuté en 2009 –, Hydro-Québec s’est engagée à atteindre un objectif d’au moins 2 500 plants par hectare pour le reboisement des aires perturbées par les travaux. Concrètement, cet engagement a donné lieu à la plantation de 647 452 arbres ou arbustes sur une superficie de plus de 250 ha en 2018 (Hydro-Québec, 2019a). À la suite de la mise en service de ses aménagements de production d’énergie, Hydro-Québec effectue des suivis environnementaux pour voir si les mesures de restauration du couvert végétal se sont révélées efficaces et si des corrections sont nécessaires. Dans le cas du complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert, elle a réalisé un suivi du paysage en collaboration avec les utilisateurs autochtones du territoire afin d’évaluer l’évolution des rives de la rivière Rupert après sa dérivation. On y a observé que certains secteurs ensemencés ne se restauraient pas comme prévu ; la situation a été corrigée au moyen d’ensemencements supplémentaires. Par ailleurs, certains ouvrages hydrauliques présentent un intérêt patrimonial ou symbolique qui ajoute une valeur historique et culturelle au paysage. Par l’entremise de sa politique Notre rôle social, Hydro-Québec s’est engagée à répertorier, à protéger et à mettre en valeur son vaste patrimoine constitué de sites, d’installations, de bâtiments et d’équipements, mais aussi de savoir-faire. Ses aménagements constituent des attraits touristiques valorisés dans les régions où ils sont implantés. Durant la période estivale, l’entreprise offre des visites guidées gratuites de ses installations, barrages et centrales qui attirent chaque année près de 140 000 personnes. Hydro-Québec s’intéresse à la question du paysage depuis de nombreuses années. Elle cherche constamment à intégrer le plus harmonieusement possible ses infrastructures au patrimoine bâti et naturel (Hydro-Québec, 2019b). En 1996, elle a participé à la fondation de la Chaire en paysage et environnement de l’Université de Montréal, seul groupe de recherche spécialisé dans ce domaine au Québec. Aujourd’hui, l’entreprise est toujours associée aux recherches de la chaire universitaire à titre de partenaire de projets. Ces efforts de recherche, conjugués à l’expérience des spécialistes en paysage d’Hydro-Québec et aux nombreuses réflexions sur le paysage qui ont lieu au sein de l’entreprise depuis les années 1970, ont mené à l’élaboration d’un ensemble de mesures visant à prévenir, à atténuer, à corriger ou à compenser les impacts négatifs de la construction et de la présence des installations hydroélectriques sur le paysage (Paquette et coll., 2008). En somme, les ouvrages de production hydroélectrique modifient le paysage. Bien qu’il soit impossible d’en atténuer tous les impacts, on peut en amoindrir certains. Hydro-Québec s’efforce de mettre en valeur les nouveaux paysages associés à ses aménagements hydroélectriques ainsi que d’intégrer de façon harmonieuse ses ouvrages de production pour qu’ils créent de nouveaux repères visuels et de nouveaux types de paysages humanisés (Hydro-Québec, 2019b).

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6.8 MERCURE 6.8.1 Comment le mercure est-il libéré dans les réservoirs et quels sont ses effets sur les organismes aquatiques ? RÉPONSE SOMMAIRE La libération du mercure dans les réservoirs a fait l’objet d’études poussées pendant plusieurs décennies au Québec et ailleurs dans le monde. Le mercure peut être présent naturellement dans la végétation, les sols et le substrat rocheux. Les retombées de la pollution atmosphérique anthropique (par exemple la combustion du charbon) et des éruptions volcaniques viennent augmenter les teneurs en mercure en milieu terrestre et dans les plans d’eau. La création d’un réservoir n’ajoute rien aux quantités de mercure présentes sur place. En fait, après la mise en eau, le mercure inorganique est transformé en une forme organique, le méthylmercure, plus facilement assimilable par les organismes aquatiques en raison de sa biodisponibilité accrue. Les teneurs en mercure des organismes augmentent à mesure qu’on remonte la chaîne trophique, pour culminer chez les poissons prédateurs. Dans les réservoirs d’Hydro-Québec, les teneurs en mercure des poissons augmentent généralement pendant quelques années après la mise en eau, pour revenir lentement à des valeurs équivalentes aux teneurs naturelles après 10 à 35 ans d’exploitation. Bien que les teneurs des poissons des réservoirs d’Hydro-Québec atteignent habituellement un pic représentant de deux à huit fois ceux des plans d’eau naturels, aucun effet dommageable sur l’abondance, la croissance ou la reproduction des poissons n’a été observé dans les réservoirs du Québec. De plus, aucun cas d’intoxication au mercure causée par la consommation de poissons pêchés dans ses réservoirs n’a été signalé à Hydro-Québec.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Libération du mercure dans les réservoirs Le mercure est présent naturellement sous forme élémentaire dans la végétation tout comme dans les sols et le substrat rocheux. En outre, une partie importante du mercure se trouvant dans l’environnement provient de la pollution atmosphérique (provenant principalement de l’utilisation de combustibles fossiles) et des éruptions volcaniques (Santé Canada, 2007). La mise en eau des réservoirs ne fait pas augmenter la quantité de mercure dans l’environnement ; le mercure existant est plutôt libéré du sol et de la végétation, et est transformé partiellement en méthylmercure, principalement par un processus bactérien. La méthylation du mercure résulte d’une décomposition bactérienne naturelle de la matière organique ennoyée (voir la figure 6-15). Une fois transformé en méthylmercure, le mercure est beaucoup plus facilement assimilable par les organismes aquatiques. Pour la plupart des espèces de poissons, la teneur en mercure dans les tissus augmente (bioaccumulation) tout au long de leur vie. De même, la teneur en mercure augmente à mesure qu’on remonte la chaîne trophique (bioamplification) : elle progresse à partir du zooplancton, en passant par les invertébrés benthiques (Tremblay et coll., 1998 ; Tremblay, Lucotte et coll., 1998) et les poissons fourrages, jusqu’aux poissons piscivores (Bilodeau et coll., 2017). La présence de méthylmercure dans les poissons et leurs prédateurs est un enjeu pris très au sérieux par Hydro-Québec dans ses projets hydroélectriques, en raison des risques potentiels pour la santé des pêcheurs sportifs et de subsistance (voir la section 6.8.2). Cela dit, aucun cas d’intoxication au mercure lié à la consommation de poissons pêchés dans les réservoirs n’a été signalé à Hydro-Québec. Depuis la fin des années 1970, Hydro-Québec a fait tous les efforts nécessaires pour comprendre ce phénomène et pour prévoir aussi précisément que possible son évolution dans ses réservoirs existants et futurs.

Suivi environnemental du mercure dans les réservoirs d’Hydro-Québec Sur une période de 35 ans (entre 1978 et 2012), Hydro-Québec, de concert avec les Cris dans le cadre de la Convention sur le mercure (1986), a mené un vaste programme de suivi des teneurs en mercure des poissons de sept réservoirs du complexe La Grande. Ce programme, a donné lieu à l’analyse de plus de 37 000 poissons, appartenant notamment à trois espèces piscivores (grand brochet, doré jaune et touladi) et à deux espèces non piscivores (grand corégone et meunier rouge). Il est incontestablement l’un des plus importants programmes de suivi du mercure dans les poissons jamais réalisés. Il visait à déterminer l’importance et la persistance de teneurs en mercure élevées des poissons (Verdon et coll., 1991; Lucotte et coll., 1999 ; Schetagne et Therrien, 2013) ainsi qu’à fournir aux agences de santé publique les données nécessaires pour gérer correctement les risques pour la santé liés à la consommation de poisson par les pêcheurs sportifs et de subsistance locaux (Girard et coll., 1996 ; Chevalier et coll., 1997).

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Cette gestion des risques pour la santé, mise en œuvre pour tous les réservoirs récents d’Hydro-Québec, consiste notamment à diffuser des avis en matière de consommation de poisson (en collaboration avec les agences de santé publique locales) basés sur les teneurs en mercure des poissons de taille propre à la consommation, afin de permettre aux consommateurs de profiter des bienfaits pour la santé de la consommation de poisson tout en assurant des niveaux sécuritaires d’exposition au mercure (Schetagne et coll., 2005). À titre d’exemple, l’efficacité de ces avis a été démontrée par une étude menée auprès des consommateurs de poissons locaux (pêches sportive et de subsistance) avant et après la mise en eau du réservoir de la Sainte-Marguerite 3. Cette étude a conclu à l’absence d’une exposition accrue au mercure après la mise en eau, malgré une hausse des teneurs en mercure des poissons comparable à celle des réservoirs du complexe La Grande. Figure 6-15 – Cycle du mercure après le remplissage d’un réservoir AVAL IMMÉDIAT DU BARRAGE Le méthylmercure peut être transporté en aval des réservoirs par le plancton, les insectes et les petits poissons.

Barrage

Précipitations Mercure

Le mercure peut être transporté dans l’air et retombe sur les forêts, les rivières et les lacs avec les poussières, la pluie et la neige.

Dans les rivières et les lacs, le mercure est transformé en méthylmercure et passe dans la chaîne alimentaire jusqu’aux poissons.

AVAL IMMÉDIAT DU BARRAGE

Barrage

Le taux de transformation de mercure en méthylmercure est égal à celui que l’on trouve dans les rivières et les lacs naturels.

Les petits poissons continuent à descendre du réservoir et à être consommés par des poissons qui mangent habituellement des insectes.

PLUS LOIN EN AVAL

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Végétation Mercure Ruissellement Mercure

Le mercure des sols et de la végétation ennoyés est transformé en méthylmercure et passe dans la chaîne alimentaire jusqu’aux poissons.

Le niveau de mercure dans les poissons est de nouveau égal à celui que l’on trouve dans les rivières et les lacs naturels.

Divers processus autres que la création des réservoirs hydroélectriques peuvent aussi faire augmenter les teneurs en mercure des poissons, par exemple la combustion de charbon, l’incinération de déchets, la libération des effluents d’usines de traitement des eaux usées, la métallurgie extractive et la production hydroélectrique au fil de l’eau. Dans ce contexte, des avis en matière de consommation de poisson en rapport avec le mercure et d’autres contaminants sont régulièrement diffusés et mis à jour par les autorités canadiennes et américaines (voir l’EPA17 et Santé Canada18 par exemple) ainsi que dans d’autres pays. Figure 6-15

Titre 1 Titre 2

17. www.epa.gov/mercury/guidelines-eating-fish-contain-mercury. Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement.

18. www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition/salubrite-aliments/contaminants-chimiques/contaminants-environnementaux/ mercure/mercure-poisson.html.

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Hydro-Québec a aussi participé à des programmes de recherche avec des institutions scientifiques et médicales afin de mieux comprendre et de prévoir l’évolution du mercure dans les réservoirs ainsi que ses effets sur la faune et sur la santé humaine (voir l’encadré 6-8-1). Ces études ont mené à la publication de plusieurs articles scientifiques, d’une monographie et de nombreuses présentations dans des colloques scientifiques. La monographie sur le mercure (Lucotte et coll., 1999), qui regroupe quatorze articles revus par des pairs, présente une analyse exhaustive des sources et du cheminement du mercure dans les milieux naturels et les réservoirs du Nord québécois.

Encadré 6-8-1 Programme de recherche d’Hydro-Québec sur le mercure Hydro-Québec étudie la question du mercure depuis la fin des années 1970, tant dans les lacs naturels que dans les milieux aménagés pour la production hydroélectrique. D’abord entreprises aux fins du réseau de suivi environnemental au complexe La Grande, à la Baie-James, ces recherches se sont poursuivies sous la forme d’un programme institutionnel unique dans le domaine du mercure. Ces activités ont été menées de façon intensive en collaboration avec les Cris entre 1977 et 2012. Au cours de cette période, au seul complexe La Grande, on a procédé à plus de 37 000 mesures de la teneur en mercure des poissons. Ce programme institutionnel a été conçu et réalisé de concert avec les Cris afin de répondre aux besoins de l’entreprise ainsi que de faire face à des enjeux importants pour les Cris (voir la section 6.8.2). Les objectifs essentiels de ce programme étaient de mieux comprendre les mécanismes responsables de la hausse des teneurs en mercure des poissons des réservoirs hydroélectriques et de repérer les risques pour la santé non seulement chez l’humain, mais aussi chez les poissons, oiseaux et mammifères piscivores. Ce programme, sans équivalent dans le monde, a débouché sur d’importantes avancées scientifiques dont profitent aujourd’hui les projets hydroélectriques d’Hydro-Québec. Pour mener à bien ce programme de recherche, Hydro-Québec a collaboré avec plusieurs partenaires, dont l’Université du Québec à Montréal (étude du cheminement du mercure dans les milieux naturels et aménagés du nord du Québec), l’Université de Sherbrooke (modélisation du mercure dans les poissons des réservoirs hydroélectriques), la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal (étude clinique sur les effets d’une exposition au mercure sur le vison), le Service canadien de la faune (étude sur les effets du mercure sur le succès de reproduction du balbuzard pêcheur), l’Institut des eaux douces de Pêches et Océans Canada (étude du taux de méthylation du mercure dans des réservoirs expérimentaux), l’Unité de recherche en santé publique du Centre hospitalier universitaire de Québec (production de guides de consommation de poisson) et le Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie James (production d’un guide nutritionnel sur les poissons de la Baie-James). Concrètement ce programme de recherche a permis de bien cerner l’ampleur, la durée et les principaux mécanismes responsables de la hausse de la teneur en mercure des poissons des réservoirs. Il a également : 1) montré que cette hausse ne met pas en danger les populations de poissons, d’oiseaux et de mammifères piscivores ; 2) permis la mise au point d’un modèle prévisionnel de l’évolution des teneurs en mercure des futurs réservoirs ; 3) contribué à la conception de mesures de compensation ; et 4) précisé les risques et les bienfaits pour la santé liés à la consommation de poisson.

Les résultats de ce programme de suivi montrent que les teneurs en mercure des poissons atteignent généralement leur pic après quatre à onze ans chez les poissons non piscivores et après neuf à quatorze ans chez les espèces piscivores (voir la figure 6-16) (Bilodeau et coll., 2017). Pendant cette période, les teneurs en mercure des poissons sont de deux à huit fois supérieures à celles des mêmes espèces dans les lacs naturels. Les teneurs maximales en mercure observées chez les poissons non piscivores sont comprises entre 0,33 et 0,72 mg/kg de mercure total, alors qu’elles sont nettement plus élevées chez les espèces piscivores, soit entre 1,65 et 4,66 mg/kg (Schetagne et Therrien, 2013). Après une augmentation initiale, les teneurs en mercure des poissons se mettent à diminuer ; elles reviennent graduellement aux valeurs naturelles de 10 à 35 ans après la mise en eau (voir la figure 6-16). La hausse des teneurs en mercure des poissons des réservoirs est donc un phénomène de grande ampleur, mais néanmoins temporaire en raison de l’épuisement des matières ennoyées facilement décomposables (sols et partie verte de la végétation) qui favorisent la transformation bactérienne du mercure inorganique en méthylmercure. Comme l’indique la section 6.1.2, la décomposition subséquente de la partie ligneuse (arbustes et troncs, branches et racines) est si lente qu’elle ne joue pas un rôle appréciable dans la hausse des teneurs en mercure des poissons.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-85


Aval des réservoirs Le suivi des teneurs en mercure des poissons au complexe La Grande a montré que le mercure est exporté en aval des réservoirs (principalement par le plancton et les petits poissons). Les teneurs en mercure des poissons en aval suivent des profils d’augmentation puis de diminution semblables à ceux des poissons du réservoir amont (Schetagne et Therrien, 2013 ; Schetagne et coll., 2000). De même, les teneurs maximales en aval sont habituellement semblables aux valeurs mesurées dans les poissons du réservoir. Toutefois, chez les espèces habituellement non piscivores (comme le grand corégone et le meunier rouge), on a souvent observé une hausse plus marquée des teneurs en mercure immédiatement en aval du réservoir, à cause de la consommation de petits poissons rendus vulnérables à la prédation après leur entraînement dans les turbines ou les ouvrages régulateurs (Brouard et coll., 1994). Ce changement de régime alimentaire est observé immédiatement en aval des centrales à grande hauteur de chute, où les petits poissons sont temporairement étourdis par le changement de pression d’eau à leur passage dans les turbines.

Effets environnementaux et mesures de gestion On sait que le méthylmercure a des effets toxiques sur la vie aquatique à des teneurs supérieures à celles qu’on trouve dans les réservoirs, comme le montrent des études en laboratoire et divers cas graves de contamination industrielle. Par exemple, on observe que des teneurs en méthylmercure comprises entre 6 et 20 mg/kg entraînent de la mortalité chez les poissons (Wiener et Spry, 1996). En revanche, Bilodeau et collaborateurs (2016) constatent qu’aucun effet toxique perceptible du mercure sur les poissons n’a été détecté dans trois grands réservoirs du Nord québécois, après un suivi sur environ 20 ans. En fait, comme le mentionne la section 6.4.3, les indicateurs de la santé des poissons – notamment les rendements de pêche, la croissance, l’embonpoint et le recrutement – ont connu une amélioration temporaire après la mise en eau. Cette amélioration est probablement due à l’augmentation concomitante de la quantité d’éléments nutritifs (résultant de la décomposition de la matière organique ennoyée) et à ses effets sur la production primaire (phytoplancton) et secondaire (zooplancton). Ces résultats montrent qu’une hausse des teneurs en mercure n’a pas eu d’effets dommageables sur les populations d’organismes aquatiques, quel que soit le niveau trophique, du plancton aux poissons. Étant donné l’importance de cet enjeu pour les consommateurs de poissons provenant de la pêche sportive ou de subsistance, Hydro-Québec a inclus un suivi sur les teneurs en mercure des poissons dans tous ses récents projets hydro­électriques comportant la création de réservoirs, notamment les complexes de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert et de la Romaine ainsi que les aménagements hydroélectriques de la Sainte-Marguerite-3, de la Toulnustouc, de la Péribonka et du Lac-Robertson. Les résultats de ces suivis ont toujours été semblables : les teneurs en mercure ont graduellement augmenté après la mise en eau, pour atteindre un pic d’abord chez les espèces non piscivores puis chez les espèces piscivores, avant de redescendre à des niveaux équivalents à ceux des lacs témoins de la même région. Depuis le milieu des années 1980, Hydro-Québec a créé puis perfectionné graduellement des modèles mathématiques visant à prévoir l’évolution de la teneur en mercure de la chair des poissons (Hydro-Québec Production, 2007c). Un modèle basé sur la libération du phosphore dans les réservoirs a initialement été mis au point (Schetagne et coll., 2003) ; il s’est ensuite peu à peu transformé en un modèle plus complexe et plus détaillé (modèle HQHG) intégrant les principaux processus physiques et biologiques qui interviennent dans la production et la bioaccumulation du méthylmercure dans les réservoirs (Thérien, 2005 et 2006). Un suivi environnemental a permis de vérifier la justesse de ce modèle et d’y apporter des ajustements afin de mieux prévoir l’augmentation des teneurs en mercure des poissons.

CONCLUSION La transformation du mercure inorganique en méthylmercure biodisponible dans les réservoirs est un phénomène bien connu, étudié depuis plusieurs décennies. Les résultats d’un important programme de suivi du mercure montrent que les teneurs en mercure des poissons culminent généralement chez les poissons non piscivores entre quatre et onze ans après la création de nouvelles retenues et entre neuf et quatorze ans chez les espèces piscivores. Pendant cette période, les teneurs en mercure des poissons peuvent atteindre des valeurs de deux à huit fois supérieures à celles des mêmes espèces dans les lacs naturels. Les teneurs reviennent ensuite lentement à des valeurs naturelles sur une période de 35 ans après la mise en eau. Le suivi des populations de poissons des réservoirs montre que les rendements de pêche ont été soit maintenus, soit accrus ; on peut donc conclure que les teneurs en mercure constatées ne sont pas suffisantes pour entraîner des effets nuisibles sur les organismes aquatiques, du moins à l’échelle des populations. Comme la teneur en mercure des poissons représente un enjeu de santé humaine, Hydro-Québec a déployé beaucoup d’efforts pour faire le suivi des teneurs en mercure et pour mettre au point des modèles prévisionnels de leur évolution temporelle.

6-86

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Elle a collaboré avec des agences de santé publique locales pour produire des guides de consommation de poisson afin que les consommateurs de poisson locaux – tant les pêcheurs sportifs que les membres des Premières Nations – puissent continuer de profiter des bienfaits pour la santé liés à la consommation de poisson tout en maintenant leur exposition au mercure largement en deçà des seuils sécuritaires (voir la section 6.8.2). Figure 6-16 – Évolution temporelle des teneurs en mercure total pour les longueurs standardisées des principales espèces de poissons dans les réservoirs du complexe La Grande a) Grand corégone (400 mm), réservoirs du secteur ouest

b) Grand corégone (400 mm), réservoirs du secteur est 0,7

0,7 Robert-Bourassa La Grande 3

0,5 0,4 0,3 0,2

Caniapiscau

0,6

Opinaca

0,20

Mercure total (μg Hg·g-1)

Laforge 1 Laforge 2

0,5

La Grande 4

0,4 0,30

0,3 0,2 0,1

0,1

0,10

0,05 0,0

0,0 Cond. nat.

10

15

20

25

c) Meunier rouge (400 mm), réservoirs du secteur ouest

Mercure total (μg Hg·g-1)

La Grande 3

0,6 0,5 0,4 0,3 0,2

0,22

0,1

0,12

3

5

7

9

11

13

15

17

19

30

Caniapiscau Laforge 1

0,7

Laforge 2

0,6

La Grande 4

0,5 0,4 0,3 0,20

0,2

23

0,06 Cond. nat.

La Grande 3

3,0 2,5 2,0 1,5 1,0

0,93

0,5

0,30

0,0 Cond. nat.

5

10

15

20

25

Mercure total (μg Hg·g-1)

Opinaca

3,5

7

9

11

13

15

17

19

Laforge 1 Laforge 2

3,5

La Grande 4

3,0 2,5 2,0 1,5 1,0

0,92 0,36

0,0 Cond. nat.

30

3,0

5

10

15

30

25

20

h) Touladi (700 mm), réservoirs du secteur est Caniapiscau

Opinaca La Grande 3

2,5 2,0 1,5

1,02

1,0 0,5

0,30

0,0

23

Caniapiscau

4,0

Robert-Bourassa

3,0

21

0,5

g) Doré jaune (400 mm), réservoirs du secteur ouest

Cond. nat.

5

4,5

Robert-Bourassa

4,0

3

f) Grand brochet (700 mm), réservoirs du secteur est

5,0

Mercure total (μg Hg·g-1)

Mercure total (μg Hg·g-1)

21

e) Grand brochet (700 mm), réservoirs du secteur ouest

4,5

Mercure total (μg Hg·g-1)

25

0,0

Cond. nat.

3,5

20

0,1

0,0

5,0

15

0,8

Opinaca

0,7

10

d) Meunier rouge (400 mm), réservoirs du secteur est

0,9

Robert-Bourassa

0,8

5

Cond. nat.

30

Mercure total (μg Hg·g-1)

0,9

5

2,5

Laforge 1 La Grande 4

2,0 1,5

1,44

1,0 0,71 0,5 0,0

5

10

15

20

25

30

Âge du réservoir (années)

Cond. nat.

5

10

Plage des niveaux moyens mesurés dans les conditions de référence pour une longueur normalisée. Teneur moyenne en mercure au-dessus de la plage des niveaux naturels, mais sans écart important par rapport à au moins un lac naturel dans la région (α > 0,05). Intervalles de confiance (α < 0,05) des valeurs moyennes.

Source : Bilodeau et coll., 2017.

15

20

Âge du réservoir (années)

25

30

A118AL_f6_16_geq_011_mercure_200617.ai

Mercure total (μg Hg·g-1)

0,6

Figure 6-16 LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT Titre 1

6-87


6.8.2 La hausse des teneurs en mercure des poissons dans les réservoirs entraîne-t-elle un risque pour la santé des populations riveraines ? RÉPONSE SOMMAIRE Dès la fin des années 1970, même avant la mise en eau des réservoirs de la Baie-James, dans le nord du Québec, l’enjeu du mercure a été considéré comme prioritaire par Hydro-Québec et les autorités de santé publique. Au programme institutionnel de recherche sur le mercure appliqué de façon intensive entre 1977 et 2012, se sont ajoutées deux conventions signées en 1986 et en 2002 par Hydro-Québec, les communautés cries et le gouvernement du Québec à ce propos. Ces conventions avaient entre autres pour objectifs une gestion adéquate de l’enjeu de la hausse des teneurs en mercure au sein des populations cries. Il a ainsi été possible de documenter scientifiquement les aspects les plus importants de ce phénomène. Il est maintenant bien établi que la mise en eau des réservoirs hydroélectriques entraîne une augmentation temporaire de la teneur en mercure de la chair des poissons, laquelle revient à la normale après une période de 10 à 35 ans. Il n’existe pas de mesures pour atténuer ce phénomène. La hausse du mercure dans les poissons des réservoirs est bien documentée et rien ne porte à croire qu’elle a occasionné une augmentation significative des niveaux d’exposition au sein des populations locales concernées. Les expositions au mercure de la population générale au Québec tout comme celle des pêcheurs sportifs demeurent, dans la grande majorité des cas, inférieures aux limites recommandées par Santé Canada. D’après les données que détient Hydro-Québec, aucun cas d’intoxication au mercure chez les pêcheurs sportifs ou de subsistance par suite de la consommation de poissons des réservoirs n’a été signalé au Québec.

RÉPONSE DÉTAILLÉE Dans la réalisation de tous ses projets hydroélectriques, Hydro-Québec suit l’évolution des teneurs en mercure des poissons avant et après la mise en eau des réservoirs sur des périodes pouvant aller jusqu’à plus de 30 ans après la construction des aménagements. Des guides de consommation adaptés aux communautés sont produits en collaboration avec les autorités de santé publique ; ceux-ci contiennent des recommandations de consommation selon les espèces de poissons et les lieux où ils sont pêchés (voir un exemple à l’annexe I). Des guides alimentaires pour les régions de la Baie-James, de la Côte-Nord, de la Mauricie et du Saguenay–Lac-Saint-Jean sont publiés sur le site Web d’Hydro-Québec.19 Ces recommandations sont basées sur les teneurs en mercure des poissons prévues par les études d’impact et validées au moyen de mesures de suivi sur le terrain. Cette approche permet aux consommateurs de continuer à profiter des bienfaits nutritionnels associés à la consommation de poisson en évitant tout risque lié à la présence de mercure. Depuis plus de 30 ans, de concert avec les autorités de santé publique régionales, Hydro-Québec réalise des suivis d’exposition méthodiques et périodiques sur de grands échantillons des populations qui pourraient être touchées par les projets hydroélectriques. Le suivi de l’exposition au mercure chez certaines populations humaines a été réalisé lorsque la teneur en mercure des poissons était élevée dans les réservoirs. Dans certains cas, on a pu comparer l’exposition des populations avant et après la mise en eau des réservoirs. Ce suivi repose sur la mesure des teneurs en mercure des cheveux (Dumont et coll., 1998). La hausse du mercure dans les poissons des réservoirs est bien documentée et aucune augmentation des niveaux d’exposition au sein des populations concernées n’a été observée. En réalité, sur le territoire de la Baie-James, les taux d’exposition des Cris ont diminué considérablement pendant et après la mise en eau des réservoirs. Cette diminution, qui peut paraître paradoxale, s’explique par une modification du régime alimentaire des communautés cries, qui consomment moins de poisson. Ce changement, amorcé dans les années 1970, est induit par différents facteurs, le principal étant le mode de subsistance. En effet, l’emploi salarié a pris une place de plus en plus importante (Imrie, 1997), au détriment des activités de pêche. La crainte de la contamination au mercure véhiculée au sein de

19. www.hydroquebec.com/developpement-durable/documentation-specialisee/mercure.html.

6-88

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


la population crie, qui était vive dans les années 1980, a également joué un rôle dans le délaissement des produits de la pêche. Depuis, Hydro-Québec et le Grand Conseil des Cris (par l’intermédiaire des conventions sur le mercure) se sont appliqués à raviver l’intérêt envers les pêcheries locales en subventionnant des activités de pêche dans les lacs naturels du territoire et en favorisant la transmission intergénérationnelle du savoir cri relativement aux activités de pêche. D’après une enquête réalisée en 2010, 60 % des Cris considèrent que la consommation de poisson provenant d’Eeyou Istchee n’avait pas d’effet négatif sur la santé (Hydro-Québec et SEBJ, 2013). Dans le cas du réservoir de la Sainte-Marguerite 3, sur la Côte-Nord, aucune augmentation de l’exposition au mercure des populations concernées n’a été observée après la mise en eau. Cette observation est valable pour les populations innues et allochtones concernées. Au contraire, une légère baisse d’exposition a été constatée chez les communautés innues. Dans le contexte de l’étude d’impact portant sur l’aménagement du complexe hydroélectrique de la Romaine, dont les travaux de construction ont débuté en 2008, une méthode novatrice d’analyse du risque pour la santé a été élaborée à la demande de Santé Canada et de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Côte-Nord. L’approche consistait à mesurer l’exposition au mercure des populations locales et à déterminer les principales sources de mercure dans leur régime alimentaire ainsi que leurs teneurs, le tout avant la mise en eau des réservoirs. Le calcul de l’exposition future des populations locales reposait sur les teneurs éventuelles des sources de mercure associées au projet (obtenues par simulation), selon différents scénarios de consommation de poisson et selon l’intention avouée des populations de pêcher dans les nouveaux réservoirs. Le risque additionnel pour la santé des consommateurs de poisson a ensuite été évalué selon les seuils reconnus d’effet sur la santé. Les résultats de cette analyse, qui a été reçue favorablement par Santé Canada, montrent que l’aménagement du complexe de la Romaine n’entraînera pas de risque additionnel pour la santé lié au mercure. Durant les audiences publiques sur le projet, Santé Canada a déposé un mémoire dans lequel les experts concluaient que les niveaux attendus d’exposition au mercure des populations locales n’étaient pas préoccupants. Malgré ce faible risque, Hydro-Québec procédera à des mesures d’exposition des trois communautés locales de la région de la rivière Romaine en 2023 et en 2030 afin de s’assurer que les prévisions sont adéquates et d’apporter des correctifs au besoin. Bien qu’il soit impossible d’empêcher le mercure d’augmenter dans les réservoirs, Hydro-Québec s’efforce d’en réduire l’impact sur la santé des populations en diffusant de l’information relative aux risques associés au mercure et aux bienfaits de la consommation de poisson pour la santé. À ces fins, elle met au point des outils de communication adaptés aux communautés visées, en collaboration avec les organismes de santé publique locaux et les représentants des communautés autochtones concernées. Les expositions au mercure de la populaiton générale au Québec tout comme chez les pêcheurs sportifs demeurent, dans la grande majorité des cas, inférieures aux limites recommandées par Santé Canada. D’après les données que détient Hydro-Québec, aucun cas d’intoxication au mercure chez les pêcheurs sportifs ou de subsistance par suite de la consommation de poissons des réservoirs n’a été signalé au Québec.

CONCLUSION Les expositions au mercure de la population québécoise, y compris les communautés autochtones, sont générale­ment basses. De plus, la hausse du mercure dans les poissons causée par la mise en eau des réservoirs n’a pas eu d’influence significative sur l’exposition des populations riveraines. Le risque lié à la consommation de poissons des réservoirs demeure faible pour ces populations si on tient compte des pratiques mises en place par Hydro-Québec en collaboration avec les organismes de santé publique locaux : 1) suivi de l’évolution du mercure dans les poissons sur de longues périodes ; 2) suivi de l’exposition des communautés par des analyses de cheveux au besoin ; 3) élaboration et diffusion d’outils de communication adaptés aux communautés locales ; et 4) validation de l’efficacité de ces outils.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

6-89


6.9 IMPACTS DES TRAVAUX DE CONSTRUCTION 6.9.1 Quelles sont les mesures mises en place par Hydro-Québec lors de la construction des aménagements hydroélectriques pour limiter les impacts sur l’environnement ? RÉPONSE SOMMAIRE Lors de la construction de ses aménagements, Hydro-Québec met en œuvre plusieurs mécanismes pour protéger l’environnement. L’entreprise a mis au point un ensemble de clauses environnementales normalisées qui sont appliquées par les différents intervenants sur les chantiers. De plus, des équipes de surveillance environnementale sont sur place en permanence pour en vérifier l’application et pour repérer d’éventuelles non-conformités dans le cadre d’un programme accrédité à la norme ISO 14001. Des mesures d’atténuation spécifiques peuvent également être mises en place en présence d’enjeux fauniques ou floristiques. Par ailleurs, à la fin des chantiers, Hydro-Québec procède à la restauration et au reboisement des aires perturbées afin de réduire l’empreinte des travaux sur les milieux naturels.

Campement de l’Eastmain relié à des canaux acheminant les eaux clarifiées vers une tourbière

RÉPONSE DÉTAILLÉE La construction des aménagements hydroélectriques crée des chantiers de grande envergure pouvant s’étaler sur une période de trois ans ou plus. Dans le contexte québécois, ces chantiers se déroulent généralement en milieu isolé, ce qui exige l’aménagement de chemins d’accès aux ouvrages ainsi que de campements temporaires pouvant accueillir plusieurs centaines de travailleurs. Les principaux travaux incluent : • • • • • •

le déboisement des chemins d’accès et des aires de travail ; le déboisement partiel des réservoirs et la récupération du bois marchand ; des travaux d’excavation et de terrassement ; l’exploitation de carrières et de sablières ; la fabrication de béton ; des travaux en eau liés à la construction de voies de dérivation temporaire, de batardeaux, de barrages, d’évacuateurs de crues, de digues, de prises d’eau et de canaux de fuite ; • la construction de centrales et de cheminées d’équilibre. 6-90

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Plusieurs installations connexes sont également requises, dont : • • • •

des lignes d’approvisionnement en électricité du chantier et du campement de travailleurs ; des parcs de carburant et de dépôts d’explosifs ; des installations de traitement de l’eau potable et des eaux usées ; des installations de gestion des matières résiduelles.

Les principaux effets potentiels des activités de construction sur l’environnement sont de nature temporaire. Ils concernent les émissions atmosphériques (gaz d’échappement des engins et véhicules, et particules), l’érosion des sols dans les aires déboisées, les apports de matières en suspension dans les cours d’eau ainsi que la contamination des sols et des eaux en cas de déversement accidentel de contaminant. Hydro-Québec a pour principe d’assurer la protection de l’environnement pendant toute la durée des travaux qu’elle exécute. De nombreux mécanismes sont mis en place à cette fin. Dans le cadre des études d’impact, l’entreprise détermine les mesures d’atténuation qu’elle compte mettre en œuvre au cours de la construction. Les autorisations gouvernementales relatives aux divers travaux peuvent en outre exiger des mesures supplémentaires visant à éviter ou à atténuer les impacts sur l’environnement. Conformément à la norme ISO 1400120, Hydro-Québec met en place un plan de surveillance environnementale qui comprend un ensemble de clauses contractuelles environnementales normalisées devant être respectées sur les chantiers. Dans un effort supplémentaire de prévention des impacts, elle informe et sensibilise les entrepreneurs ainsi que les travailleurs au sujet des mesures de protection de l’environnement. Enfin, à mesure que les installations temporaires ne sont plus requises, l’entreprise procède à leur désaffectation (carrières, sablières, etc.) et à leur reboisement (campements temporaires). Dans le cadre de la surveillance des travaux, on s’assure de l’application des lois, des règlements et des clauses environnementales normalisées ainsi que du respect des engagements et des obligations particulières de nature environnementale. La surveillance commence par l’intégration des mesures d’atténuation et des autres mesures de protection de l’environnement dans les plans et devis, et se poursuit pendant toutes les étapes de la réalisation d’un projet. Les mesures de protection de l’environnement préconisées par Hydro-Québec font partie intégrante des clauses contractuelles imposées aux entreprises à qui elle confie des travaux. Ces entreprises sont ainsi tenues de : • se conformer aux politiques et directives d’Hydro-Québec visant la protection de l’environnement ; • soumettre à Hydro-Québec les plans de leurs installations de chantier aux fins de la vérification de leur conformité avec les lois et règlements ainsi qu’avec les directives relatives à la protection de l’environnement. Les clauses environnementales normalisées s’appliquent à tous les grands travaux et ouvrages qui peuvent avoir des incidences sur l’environnement et qui sont assujettis à des normes ou à des règlements. Des clauses particulières préparées par Hydro-Québec peuvent être ajoutées selon la nature des travaux. L’ensemble de ces mesures permet à l’entreprise d’encadrer les activités de construction et d’assurer le respect des lois et règlements applicables en environnement. Par exemple, la construction du récent complexe de la Romaine était assujettie à de telles clauses (Hydro-Québec Production, 2007f ). Des équipes de surveillance sont présentes en permanence sur les chantiers afin d’assurer le respect des clauses environnementales. Dans le cas où une non-conformité environnementale est constatée, Hydro-Québec avise l’entrepreneur par écrit. L’avis de non-conformité indique la nature de l’infraction, les corrections à apporter et le délai alloué pour ce faire. Si les corrections ne sont pas effectuées de façon satisfaisante dans le délai prévu, Hydro-Québec peut les réaliser ou les faire réaliser par un autre intervenant, aux frais de l’entrepreneur.

20. ISO 14001 : Cette norme de l’Organisation internationale de normalisation spécifie les exigences relatives à un système de gestion environnementale pouvant être utilisé par un organisme pour améliorer sa performance environnementale. Elle est respectée par les organismes souhaitant gérer leurs responsabilités environnementales d’une manière systématique et contribue au pilier environnemental du développement durable.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

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Sortie du tunnel de transfert vers le bief Rupert aval et canal C-4 (en construction)

De plus, les chantiers de construction font l’objet d’inspections ponctuelles de la part des différentes autorités gouvernementales concernées (ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec ainsi que Pêches et Océans Canada), qui veillent au respect des lois environnementales qu’elles sont chargées de faire appliquer. Selon la nature des enjeux locaux, des mesures particulières peuvent être mises en place pour préserver la faune et la flore. La protection de nids de rapaces, l’installation de perchoirs et l’ensemencement de lacs en poissons pour atténuer les effets de la pêche pratiquée par les travailleurs en sont quelques exemples. Hydro-Québec prend également des mesures pour assurer l’intégration harmonieuse des projets dans les communautés et pour contribuer le plus possible au développement économique local. On peut mentionner la création d’un comité des retombées économiques régionales et d’un comité de relations avec le milieu, la formation et l’embauche de membres des communautés touchées de même que la publication annuelle d’un bilan des activités environnementales réalisées dans le cadre de chaque projet.

CONCLUSION Les chantiers hydroélectriques exigent des travaux d’envergure qui se déroulent sur plusieurs années. De nombreux mécanismes sont mis en œuvre pour assurer la protection de l’environnement, dont l’application de clauses environnementales normalisées propres à Hydro-Québec et la mise en œuvre d’un programme de surveillance environnementale accrédité à la norme ISO 14001 visant à prévenir, à détecter et à corriger toute non-conformité. Aussi, les aires de travail temporaires sont restaurées de façon progressive au fur et à mesure qu’elles ne sont plus utilisées, ce qui réduit l’empreinte des travaux sur le milieu naturel.

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LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


7

Étude comparative du CIRAIG et analyse des indicateurs clés 7.1 INTRODUCTION Il existe peu d’études qui ont évalué et comparé de façon approfondie les performances environnementales des différentes filières énergétiques. L’une des études qu’Hydro-Québec considère comme les plus complètes à ce sujet a été publiée en 2014 par le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG, auparavant Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services). Établi en 2001, le CIRAIG est un centre d’expertise en cycle de vie reconnu mondialement pour ses travaux et initiatives fondés sur de solides assises scientifiques. Il cumule près de vingt années d’expérience appliquée. Il accompagne les entreprises industrielles, les gouvernements, les organisations et les consommateurs dans leur démarche vers un développement durable. Cette étude comparative du CIRAIG est basée sur l’analyse du cycle de vie (ACV). Le principal avantage de cette approche est qu’elle prend en considération les impacts environnementaux d’un produit ou service sur une grande partie, ou la totalité, de son cycle de vie, soit de l’extraction des matières premières à la production (dans le cas des filières énergétiques). Une autre caractéristique de l’ACV est qu’elle compare la performance environnementale des différents produits ou services sur une base commune, par exemple la quantité de GES émise par kilowattheure produit, ce que ne font pas ou ne font que très rarement les études d’impact spécifiques à des projets. Ce chapitre présente les principaux résultats de cette étude en décrivant d’abord brièvement les filières d’énergie renouvelable et non renouvelable, puis en comparant leur performance environnementale.

7.2 PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES FILIÈRES ÉNERGÉTIQUES Les filières énergétiques considérées dans l’étude du CIRAIG (2014) sont classées en énergies renouvelables (hydraulique, marine, éolienne, solaire, bioénergétique et géothermique) et en énergies non renouvelables (filières thermiques utilisant le gaz naturel, le charbon ou le mazout et filière thermique nucléaire). De façon générale, l’énergie renouvelable occupe une part de plus en plus importante dans les bouquets énergétiques (ensemble des sources d’énergie disponibles pour la distribution aux consommateurs) à l’échelle mondiale. La puissance installée servant à la production d’énergie renouvelable a plus que doublé depuis 2000 (IRENA, 2019). Celle-ci représente désormais plus de 30 % de la production mondiale d’énergie. En particulier, la puissance installée de production d’énergie renouvelable a progressé considérablement aux États-Unis ces dernières années pour atteindre 264 GW en 2018 (voir le tableau 7-1), soit une augmentation de 100 % depuis 2000. Les énergies renouvelables représentent aujourd’hui plus de 17 % du bouquet énergétique américain. Les filières éoliennes et solaires montrent les plus fortes progressions sur la période 2000-2018, la puissance installée qui leur est associée étant passée respectivement de 2 377 MW à 94 295 MW et de 176 MW à 51 450 MW (EIA, 2019 ; IRENA, 2019).

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

7-1


Tableau 7-1 – Répartition de la puissance installée des filières d’énergie renouvelable dans le monde, en Amérique du Nord et aux États-Unis – 2018 Filière

Puissance installée (MW) Monde

Hydraulique

Amérique du Nord

1 293 127

52,3 %

196 567

51,0 %

103 034

39,0 %

1 171 612

47,4 %

177 313

46,0 %

84 007

31,8 %

120 983

4,9 %

19 231

5,0 %

19 027

7,2 %

532

0,0 %

23

0,0 %

0,0 %

563 726

22,8 %

111 986

29,0 %

94 295

35,7 %

Énergie éolienne terrestre

540 370

21,9 %

111 957

29,0 %

94 266

35,7 %

Énergie éolienne en mer

23 356

0,9 %

29

0,0 %

29

0,0 %

485 826

19,7 %

57 118

14,8 %

51 450

19,5 %

Énergie solaire photovoltaïque

480 357

19,4 %

55 346

14,3 %

49 692

18,8 %

Énergie solaire thermique à concentration

5 469

0,2 %

1 772

0,5 %

1 758

0,7 %

115 730

4,7 %

16 563

4,3 %

12 948

4,9 %

Biocombustibles solides et déchets renouvelables

95 686

3,9 %

13 713

3,6 %

10 431

3,9 %

• Bagasse (résidu fibreux de la canne à sucre)

18 533

0,7 %

865

0,2 %

0,0 %

• Déchets municipaux renouvelables

12 624

0,5 %

1 156

0,3 %

1 117

0,4 %

• Autres biocarburants solides

64 529

2,6 %

11 692

3,0 %

9 314

3,5 %

Biocarburants liquides

2 352

0,1 %

155

0,0 %

155

0,1 %

Biogaz

17 692

0,7 %

2 695

0,7 %

2 362

0,9 %

13 329

0,5 %

3 496

0,9 %

2 546

1,0 %

2 471 438

100 %

385 730

100 %

264 273

100 %

15,6 %

10,7 %

Hydroélectricité Accumulation par pompage Énergie marine

Éolienne

Solaire

Bioénergétique

Géothermique Total Proportion de la production mondiale d’énergie renouvelable

Source : IRENA, 2019.

7-2

États-Unis

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


7.2.1 Filières d’énergie renouvelable Filière hydraulique Les centrales hydroélectriques sont des ouvrages à longue durée de vie, généralement d’au moins 100 ans. Ces centrales utilisent l’énergie cinétique de l’eau pour la transformer d’abord en énergie mécanique, puis en énergie électrique. Il existe deux grandes catégories de centrales, soit les centrales à réservoir et les centrales au fil de l’eau. Les centrales à réservoir sont alimentées par l’eau accumulée dans un lac artificiel créé au moyen d’un barrage et parfois d’autres ouvrages de retenue (digues). Ce type d’aménagement entraîne l’ennoiement de superficies terrestres plus ou moins grandes. Le réservoir a pour avantage de permettre l’accumulation d’eau pendant les périodes de faible demande et la livraison de quantités importantes d’énergie lors des périodes de pointe. La production à la centrale peut être modulée sur une base saisonnière, journalière ou même horaire en fonction de la demande d’énergie ; elle peut aussi être ajustée aux périodes biologiques du poisson, dans le cas des centrales pour lesquelles sont établis des débits réservés écologiques (voir la section 6.4.4). Le débit du cours d’eau en aval de la centrale est alors artificialisé et ne suit plus nécessairement les cycles saisonniers naturels. La production d’énergie lors des périodes de pointe journalières peut causer des variations très subites, d’heure en heure, du débit et du niveau d’eau en aval de la centrale. Ces variations s’atténuent progressivement à mesure qu’on s’éloigne de la centrale vers l’aval, en raison des apports des tributaires. Les centrales à réservoir comprennent également les aménagements hydrauliques à accumulation par pompage. L’activité de pompage exige de l’énergie produite par d’autres types de centrales pour stocker l’eau dans des réservoirs lorsque la consommation est basse, par exemple la nuit. Cette eau est turbinée pour produire de l’énergie pendant les pics de consommation. Ce type de centrales n’est pas utilisé au Québec, mais représente environ 8 % de l’hydroélectricité produite aux États-Unis. Les centrales au fil de l’eau, quant à elles, sont alimentées directement par un cours d’eau et ne disposent de pratiquement aucune réserve d’eau. Dans ce cas, la retenue d’eau et l’ennoiement de terres sont modestes, parfois minimes, étant donné qu’on utilise généralement un réseau de digues et de chenaux pour assurer le maintien des niveaux d’eau à l’intérieur du lit naturel de la rivière. L’énergie produite fluctue au gré des variations du débit. Lorsque plusieurs centrales sont prévues sur un même cours d’eau, il peut être avantageux de construire une centrale à forte retenue en amont et des centrales à plus faible retenue ou au fil de l’eau en aval. Ces dernières reçoivent alors des débits régularisés par la retenue amont. Ce dispositif, utilisé par Hydro-Québec, permet d’optimiser la production d’énergie dans les bassins hydrographiques exploités. Elle réduit également l’étendue du territoire touché par les aménagements, comparativement à l’option de multiplier les centrales sur plusieurs rivières différentes. Le facteur d’utilisation associé à la production d’hydroélectricité est généralement élevé – il est par exemple de 65 % pour les centrales d’Hydro-Québec –, car il s’agit d’une forme d’énergie continue et modulable (l’énergie est produite par le débit des rivières). L’hydroélectricité peut donc être combinée à des énergies intermittentes, comme le solaire ou l’éolien. De fait, au Québec, le couplage de l’hydroélectricité avec l’éolien permet d’améliorer la performance environnementale du bouquet énergétique de la province. La construction des grands ouvrages (barrages, digues et centrales) fait appel à de la machinerie lourde émettrice de particules et de gaz à effet de serre (GES). Malgré tout, les centrales hydroélectriques offrent un bilan avantageux sur le plan de la qualité de l’air et des émissions de GES, du moins en zone boréale. Les centrales à réservoir et, dans une moindre mesure, les centrales au fil de l’eau ont cependant d’autres impacts environnementaux, comme l’ennoiement de superficies terrestres, l’augmentation temporaire du mercure et du dioxyde de carbone (CO2 ) dans les réservoirs et la modification de l’utilisation du territoire (voir le chapitre 6).

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

7-3


Filière marine La filière des énergies marines (aussi appelées énergies des océans ou thalassoénergies) est basée sur la maîtrise des flux d’énergie naturelle dans les océans. Cette filière encore peu courante comprend les énergies suivantes : • L’énergie marémotrice, qui repose sur le mouvement montant et descendant des énormes masses d’eau mobilisées par le phénomène des marées océaniques. La centrale marémotrice exploite une énergie potentielle : elle utilise le marnage pour produire de l’électricité au moyen de la différence de hauteur entre deux bassins séparés par un barrage. Un bras de mer ou un estuaire en zone de fort marnage est équipé d’une infrastructure qui met en œuvre des turbines de basse chute actionnées par le flux d’eau de mer entre les deux bassins (situés à des niveaux différents) (Planète énergies, 2014a). • L’énergie houlomotrice, qui repose sur la production d’électricité à partir du mouvement des vagues (Planète énergies, 2014b). • L’énergie osmotique, qui utilise la concentration de sels de l’eau de mer pour produire de l’électricité (Planète énergies, 2014d). • L’énergie hydrolienne, qui repose sur l’utilisation de la force motrice des courants en mer ou en rivière. Les expérimentations en cours font appel à des hydroliennes sous-marines ou de rivière ou à de grandes hélices ou turbines fixées en batteries sur les fonds marins ou flottant en position intermédiaire entre deux eaux. À ce jour, cette filière est encore au stade expérimental (Planète énergies, 2014a). Dans ce chapitre, seules les énergies marémotrice et houlomotrice sont considérées dans les analyses, car les énergies osmotique et hydrolienne sont encore peu utilisées et au stade expérimental en Amérique du Nord.

Filière éolienne L’énergie éolienne est produite par la force que le vent exerce sur les pales d’une hélice, leur faisant faire de 10 à 20 tours par minute. Les pales sont reliées à un alternateur qui transforme l’énergie mécanique en énergie électrique. La quantité d’énergie produite dépend de la vitesse du vent, de la surface balayée par les pales et de la densité de l’air. Les éoliennes requièrent un apport minimal de vent, généralement de 12 à 14 km/h, pour commencer à tourner et à produire de l’électricité, et de 50 à 60 km/h pour produire à pleine puissance. Lorsque les vents dépassent le cap des 90 km/h, il faut interrompre la production pour éviter les bris d’équipements (Hydro-Québec, 2015). L’énergie produite par la filière éolienne est intermittente, car elle est limitée aux périodes de vents propices. Son facteur d’utilisation oscille entre 25 et 40 %, une valeur légèrement plus faible que celles de la plupart des autres filières (de l’ordre de 35 %). On doit donc coupler l’énergie éolienne à des sources de production d’énergie plus continues et modulables pour répondre à la demande et assurer la stabilité des réseaux. C’est pour cette raison que l’éolien est complémentaire à l’hydroélectricité dans le bouquet énergétique du Québec. Les parcs éoliens ont pour effet de modifier les paysages et l’utilisation du sol. Ils peuvent également avoir des incidences sur l’environnement, notamment sur les chauves-souris et sur les oiseaux. De plus, la fabrication des éoliennes requiert de grandes quantités de métaux et d’énergie. Les principaux impacts de l’électricité de source éolienne, durant son cycle de vie, sont donc associés à la fabrication de ses composantes. L’exploitation éolienne peut être de type terrestre ou maritime, ce qui crée des enjeux différents. On distingue également les parcs de grande capacité, qui sont raccordés au réseau électrique, des installations domestiques chez les particuliers. Le présent rapport traite de l’énergie éolienne terrestre de grande capacité, car, pour le moment, l’éolien en mer est très peu développé en Amérique du Nord.

Filière solaire La filière solaire comprend deux types de technologies : le solaire thermique et le solaire photovoltaïque. Le premier consiste en la transformation de l’énergie du soleil en chaleur et implique l’utilisation de pompes ou de ventilateurs pour assurer un transfert actif de la chaleur à des fins de stockage ou de distribution directe pour un usage prévu (Ressources naturelles Canada, 2016). Le capteur solaire absorbe l’énergie solaire et la transforme en chaleur utilisable. Le solaire thermique permet une production d’électricité plus constante que le solaire photovoltaïque, car il est possible de stocker l’énergie thermique pour ensuite l’utiliser la nuit afin d’alimenter une turbine générant de l’électricité. Un tel système requiert des équipements particuliers de stockage, par exemple un réservoir de stockage contenant un mélange 7-4

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


eutectique de sels (sel fondu). Le solaire thermique nécessite aussi qu’on fasse circuler un fluide qui transporte la chaleur des capteurs solaires vers la turbine, puis vers le réservoir de stockage de chaleur. L’huile de synthèse est généralement utilisée à cette fin. Un système de production solaire thermique nécessite l’utilisation de combustibles fossiles pour maintenir le sel fondu à haute température, de façon à ce qu’il demeure liquide et qu’il maintienne la température de l’huile de synthèse suffisamment élevée pour garantir le fonctionnement du système. Enfin, une installation de production thermique est généralement complétée par un système de refroidissement, lequel peut être à l’eau, sec ou hybride. Le second type de technologie solaire repose sur l’effet photovoltaïque. Il convertit directement les photons lumineux en courant électrique par l’intermédiaire d’un matériau semi-conducteur (Hydro-Québec, 2014). Les capteurs photovoltaïques – ou panneaux solaires – sont habituellement à base de silicium monocristallin ou polycristallin (Hydro-Québec, 2014 ; IEPF, 2008). Les différentes composantes des systèmes photovoltaïques peuvent avoir des durées de vie variables : autour de 20 à 30 ans pour les panneaux et de 7 à 10 ans pour le régulateur. Les systèmes photovoltaïques peuvent être utilisés pour différentes applications, soit directement sur un bâtiment utilisant de l’électricité, soit dans un système intégré à une structure raccordée à un réseau électrique (éclairage public ou mur antibruit, par exemple), soit dans un système de panneaux reliés en série dans le cas d’un système de production centralisé alimentant un réseau électrique. La technologie photovoltaïque a relativement peu d’incidences sur l’environnement en phase de production, outre la conversion de l’utilisation du sol sur les superficies occupées par les parcs solaires. La construction des panneaux requiert cependant de grandes quantités de ressources minérales et énergétiques ; le solaire photovoltaïque émet donc plus de GES que la plupart des autres énergies renouvelables. Les facteurs d’utilisation des installations solaires photovoltaïques et thermiques sont par ailleurs parmi les plus faibles de toutes les filières considérées – de l’ordre de 20 à 25 % aux États-Unis (EIA, 2019). Tout comme l’éolien, la production d’énergie solaire est intermittente en raison de l’alternance jour-nuit. L’énergie solaire doit donc être couplée à d’autres formes d’énergie dont la production est plus continue et modulable, comme l’hydroélectricité, pour qu’on puisse répondre à la demande et assurer la stabilité des réseaux. Ce besoin de couplage avec du stockage ou d’autres formes de production d’électricité n’est pas pris en compte dans la présente comparaison.

Filière bioénergétique La filière bioénergétique permet une valorisation des déchets organiques. Produire les matières nécessaires est relativement peu coûteux en intrants, mais il en faut de grandes quantités, car la production d’énergie est relativement modeste et est surtout avantageuse lorsque de volumes importants de ressources sont disponibles à proximité des usines. De plus, la combustion de la matière organique n’ajoute pas au bassin de carbone déjà en circulation dans la biosphère, comme c’est le cas des combustibles fossiles. Elle peut cependant nécessiter de la machinerie utilisant des combustibles fossiles pour la transformation ou le transport des matières.

Biomasse L’énergie peut être produite à partir de plusieurs sources de biomasse, dont les résidus forestiers, les déchets agricoles et d’élevage, la rotation rapide de plantations forestières, la culture vouée à la production énergétique, la fraction organique des déchets municipaux et tout autre flux de matières organiques. Par une variété de procédés, ces matières premières peuvent servir directement à produire de l’électricité ou de la chaleur, ou être utilisées pour produire des combustibles gazeux, liquides ou solides (IPCC, 2011). Le pouvoir calorifique de la matière organique peut servir à produire de l’électricité à partir de procédés thermiques (pyrolyse, gazéification ou combustion directe) ou biochimiques (digestion anaérobie ou méthanisation). Dans le cas de la combustion de biomasse, on utilise généralement la biomasse ligneuse comme les résidus de bois. La combustion de la matière ligneuse a comme inconvénient la production de polluants atmosphériques potentiel­ lement néfastes, par exemple du monoxyde de carbone et des particules. Dans plusieurs régions, elle contribue significativement à la formation du smog. Ces procédés nécessitent parfois l’utilisation de combustibles fossiles d’appoint pour stabiliser la combustion de la biomasse. En brûlant les résidus dans une chaudière, on produit de la vapeur et de l’électricité (procédés de cogénération). LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

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Biogaz Dans le cas de la combustion de biogaz, la biomasse fermentescible (comme les lisiers, les résidus liquides et les déchets) est d’abord convertie en biogaz par des microorganismes. Cette décomposition en l’absence d’oxygène permet de générer un gaz qui, par sa composition (principalement du méthane et du gaz carbonique), est voisin du gaz naturel fossile. Celui-ci peut ensuite être brûlé dans un groupe électrogène adapté, comme celui d’une centrale thermique, pour générer de l’électricité.

Filière géothermique La filière géothermique concerne l’extraction de la chaleur accumulée dans des formations rocheuses parfois très profondes (jusqu’à une douzaine de kilomètres de profondeur) pour la transformer en énergie électrique et en énergie thermique utiles. La géothermie profonde s’apparente à la création artificielle d’un gisement géothermique dans un massif cristallin. À quelques kilomètres de profondeur, un caloporteur est injecté sous pression dans la roche. Il se réchauffe en circulant dans les failles rocheuses et la vapeur qui s’en dégage est pompée jusqu’à un échangeur de chaleur permettant la production d’électricité. Cette filière rejette peu de polluants et son empreinte au sol est très limitée, une partie des installations étant souterraines. Elle offre également une production d’énergie stable et des facteurs d’utilisation plus élevés que la plupart des autres filières d’énergie renouvelable, de l’ordre de 70 à 80 %. Cependant, son importance dans le bouquet énergétique demeure marginale, soit de l’ordre de 0,6 % dans le monde et de 1 % aux États-Unis, du fait de l’accessibilité restreinte de la ressource.

7.2.2 Filières d’énergie non renouvelable Filière thermique – charbon L’électricité est produite par une centrale thermique brûlant du charbon. Aux fins de la présente étude, le lignite – charbon fossile, d’aspect ligneux ou terreux, noir ou brun, contenant de 65 à 75 % de carbone, intermédiaire entre la tourbe et la houille – est considéré comme du charbon.

Filière thermique – gaz naturel L’électricité est produite par une centrale thermique brûlant du gaz naturel. Certaines sont dites à cycle combiné, où un cycle est constitué d’une turbine à combustion (TAC) et d’une turbine à vapeur (rendement amélioré). Le gaz combustible est envoyé dans la TAC, qui produit de l’électricité et des gaz d’échappement très chaud, appelés fumées. La chaleur des fumées est récupérée par une chaudière, qui produit ainsi de la vapeur. Une partie de cette vapeur est utilisée par une turbine pour produire une quantité supplémentaire d’électricité. Un enjeu émergeant de cette filière réside dans les émissions fugitives de gaz naturel (essentiellement du méthane) au cours de l’extraction du gaz et de son transport.

Filière thermique – mazout L’électricité est produite par une centrale thermique à partir de la combustion d’un hydrocarbure dans un ou plusieurs moteurs diesel qui actionnent un alternateur ou dans une chaudière classique où la vapeur produite sert à actionner une turbine.

Filière thermique – nucléaire L’électricité est produite par une centrale thermique qui utilise comme chaudière un réacteur nucléaire. Certaines technologies utilisent de l’uranium enrichi, alors que d’autres emploient de l’uranium naturel. Tout comme l’hydro­ électricité, le nucléaire constitue une énergie de production continue et modulable à laquelle peuvent être couplées des énergies intermittentes, telles que l’éolien ou le solaire photovoltaïque. Comparativement à l’hydroélectricité cependant, le nucléaire offre moins de souplesse quant à son niveau de production.

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LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


7.3 COMPARAISON DES FILIÈRES SELON L’ANALYSE DU CYCLE DE VIE 7.3.1 Sources d’information et méthode La principale source d’information utilisée pour la comparaison des filières est l’étude du CIRAIG (2014), financée par Hydro-Québec. Basée sur l’analyse du cycle de vie (ACV), cette étude considère les impacts environnementaux d’un produit ou service sur l’ensemble de son cycle de vie (voir la figure 7-1), depuis l’extraction des ressources naturelles servant à la fabrication des composantes du produit ou service jusqu’à son élimination finale (y compris les étapes de réutilisation et de recyclage, le cas échéant), en passant par la fabrication, l’assemblage, l’emballage, la distribution, la consommation, l’usage et l’exploitation du produit ou service. Figure 7-1 – Étapes prises en compte en analyse du cycle de vie

Fabrication/ transformation

Distribution/ transport

Fin de vie/ recyclage

Utilisation/ consommation

A118AL_f7_1_geq_032_cycle_200519.ai

Extraction des ressources

Le CIRAIG a analysé le cycle de vie complet de l’électricité produite, achetée et distribuée par Hydro-Québec. Les résultats présentés ci-après comparent l’empreinte environnementale des centrales hydroélectriques d’Hydro-Québec (au fil de l’eau et à réservoir) à celle d’autres types d’installations de production d’électricité. L’ACV constitue l’une des méthodes les plus complètes et performantes pour la comparaison des impacts environnementaux de produits ou services parfois très différents, mais offrant une fonction similaire, et ce, même si ces impacts ont lieu à divers endroits dans le monde ou à différentes phases du cycle de vie. L’ACV est particulièrement appropriée pour comparer l’empreinte environnementale de la production d’électricité, en prenant en compte l’espérance de vie d’une centrale, sa puissance installée et son efficacité de production, ainsi que pour exprimer ses impacts par quantité d’électricité produite. Chaque étape du cycle de vie d’un produit consomme des intrants, comme de l’énergie et des ressources renouvelables (eau, bois, soleil, etc.) et non renouvelables (pétrole, gaz naturel, métaux, etc.), et génère un certain nombre d’extrants, comme des émissions dans l’environnement (GES, déchets, effluents, etc.). Ces consommations et ces émissions constituent une source d’impacts environnementaux à l’échelle mondiale (changements climatiques et destruction de la couche d’ozone), régionale (smog ainsi qu’acidification et eutrophisation des cours d’eau) et locale (impacts toxicologiques et écotoxicologiques). LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

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Afin de réaliser cette analyse comparative, le CIRAIG a recueilli toutes les données disponibles dans la littérature scientifique au sujet des impacts des différentes filières de production d’électricité. Plus de 60 rapports ou articles, publiés entre 2007 et 2012, ont été recensés et analysés. Depuis 2012, de nouvelles études ont été publiées sur le sujet, plus particulièrement sur les émissions de GES des centrales hydroélectriques à réservoir et sur les émissions fugitives liées à l’extraction et au transport du gaz naturel. Les résultats de ces récentes études ne figurent pas dans les tableaux comparatifs du CIRAIG ; toutefois, les émissions de GES de l’hydroélectricité québécoise sont toujours représentatives. Le CIRAIG a également utilisé les déclarations environnementales de produits et a consulté la base de données Ecoinvent (version 2.2 ; www.ecoinvent.org/database). Une description détaillée de la démarche méthodologique suivie par le CIRAIG est présentée à l’annexe J. En résumé, sept indicateurs pour lesquels il existait suffisamment de données dans la documentation ont été retenus pour la comparaison des filières énergétiques : • Changements climatiques : potentiel de réchauffement associé aux émissions de GES tout au long du cycle de vie. Les résultats sont exprimés en grammes d’équivalent de dioxyde de carbone par kilowattheure produit (g éq. CO2/kWh). • Destruction de la couche d’ozone : émissions de substances appauvrissant la couche d’ozone (SACO) tout au long du cycle de vie. Cet indicateur s’exprime en microgrammes d’équivalent de trichlorofluorométhane par kilowattheure (μg éq. CFC-11/kWh). • Acidification : émissions de substances acidifiantes tout au long du cycle de vie. Cet indicateur s’exprime en grammes d’équivalent de dioxyde de soufre par kilowattheure (g éq. SO2/kWh). • Eutrophisation : émissions de substances nutritives, en particulier l’azote (N) et le phosphore (P), causant un déséquilibre et la dégradation du milieu aquatique tout au long du cycle de vie. Cet indicateur s’exprime en milligrammes d’équivalent de phosphate par kilowattheure (mg éq. PO4/kWh). • Toxicité humaine : émissions de substances ayant des effets toxiques tout au long du cycle de vie. Cet indicateur s’exprime en grammes d’équivalent de 1,4-dichlorobenzène par kilowattheure (g éq. 1,4-DB/kWh). • Oxydation photochimique (smog) : substances contribuant à la formation d’ozone (O3) troposphérique (smog d’été) sur l’ensemble du cycle de vie. Cet indicateur s’exprime en milligrammes d’équivalent d’éthylène par kilowattheure (mg éq. C2H4/kWh). • Épuisement des ressources : utilisation des ressources non renouvelables, fossiles ou minérales, tout au long du cycle de vie. Cet indicateur s’exprime en milligrammes d’équivalent d’antimoine par kilowattheure dans le cas de l’extraction des ressources minérales (mg éq. Sb/kWh) et en mégajoules d’énergie non renouvelable par kilowattheure (MJ/kWh) dans le cas de l’utilisation d’énergies fossiles. Pour la mesure de l’extraction des ressources minérales, les publications recensées emploient des méthodes d’évaluation différentes dont les résultats ne peuvent pas être combinés. L’ACV comporte cependant certaines limitations liées à la disponibilité des données dans l’état actuel des connaissances. Par exemple, le CIRAIG n’a pas considéré la fin de vie des barrages et autres ouvrages de retenue d’Hydro-Québec, puisqu’aucune information précise sur leur fin de vie n’était disponible dans les bases de données consultées. Des données à ce sujet tirées d’une étude publiée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont cependant présentées en guise de complément. L’analyse du cycle de vie à l’échelle des filières ne tient pas compte non plus des impacts liés au caractère intermittent de certaines énergies (comme l’éolien et le solaire), qui doivent en pratique être couplées à d’autres énergies de production plus continue et modulable. En ce qui concerne l’indicateur relatif aux changements climatiques, Hydro-Québec a considéré, en plus de l’étude du CIRAIG, celle que le GIEC a publiée en 2011 (Arvizu et coll., 2011). Il s’agit d’une revue de documentation qui a couvert les études pertinentes produites après 1980. Comme ceux du CIRAIG, les graphiques du GIEC n’incluent pas les plus récentes publications portant sur l’empreinte carbone de plusieurs filières.

7-8

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


7.3.2 Présentation des résultats par indicateur La comparaison de la performance environnementale des filières énergétiques, pour chacun des indicateurs, est présentée aux figures 7-2 à 7-9. Il importe de noter que le nombre d’énergies considérées dans les comparaisons varie selon l’indicateur. Cela s’explique par la variation de la disponibilité des données d’un indicateur à l’autre. En ce qui concerne l’indicateur « changements climatiques », les données du CIRAIG permettent de comparer l’hydroélectricité produite par les centrales d’Hydro-Québec (avec ou sans réservoir) à l’électricité produite à partir d’autres sources d’énergie.

Changements climatiques Les résultats du CIRAIG quant à la comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « changements climatiques » sont illustrés à la figure 7-2. Figure 7-2 – Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « changements climatiques » 878

Filière thermique – Mazout

835

Filière thermique ‒ Charbon

798

Filière thermique ‒ Gaz naturel

234

Biogaz 107

Biomasse 77

Filière solaire photovoltaïque

64

Filière solaire thermique

37

Filière géothermique

A118AL_f7_2_geq_040_200617.ai

23

Filière nucléaire

22

Filière houlomotrice

17

Hydroélectricité – Hydro-Québec, réservoir

16

Filière éolienne

Minimum Moyenne Maximum

7

Filière marémotrice 6

Hydroélectricité – Hydro-Québec, au fil de l’eau 0

100

200

300

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

g éq. CO2/kWh

Unité : grammes d’équivalent de dioxyde de carbone (CO2) par kilowattheure Source : CIRAIG, 2014.

Figure 7-2 Titre 1 Titre 2 Document for information purposes only. For any other use, please contact Géomatique at Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement. LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

7-9


Les principaux constats qui se dégagent de cette comparaison sont les suivants : • L’hydroélectricité (centrales à réservoir et au fil de l’eau) émet très peu de GES. Les émissions proviennent surtout de la machinerie utilisée pour construire les ouvrages et transporter les matériaux, de la fabrication du béton ainsi que de la décomposition naturelle de la matière organique dans les zones ennoyées au cours des premières années suivant la mise en eau des réservoirs. • Les énergies éolienne, nucléaire et marine sont, avec l’hydroélectricité, celles qui émettent le moins de GES, principalement en raison du fait que le procédé de production utilise très peu de combustible fossile ou n’en utilise pas et n’engendre pas d’émissions directes de GES. Les émissions de GES sont liées essentiellement à la construction des équipements et des infrastructures. • Les énergies thermiques au mazout, au charbon et au gaz naturel ont le plus d’impact, car les procédés de production génèrent des émissions directes de CO2. Des émissions fugitives1 de méthane peuvent également survenir durant l’extraction et le transport des combustibles. Le gaz naturel est composé essentiellement de méthane, un puissant GES. Dans le cas des centrales au gaz naturel, des émissions de GES surviennent lors de la combustion du gaz, mais également lors de l’extraction et du transport du gaz. Le gaz naturel liquéfié engendre des émissions supplémentaires qui sont liées au procédé de liquéfaction et au transport du gaz sur des distances généralement plus grandes (Turconi et coll., 2013). • La biomasse et le biogaz produisent des émissions plus élevées que les autres formes d’énergie renouvelable (éolien, énergie marine et hydroélectricité) en raison de la combustion ou de la fermentation de la matière organique. • Le solaire présente des valeurs légèrement plus faibles que la biomasse et le biogaz, mais plus élevées que les autres énergies renouvelables (éolien, énergie marine et hydroélectricité), en raison de l’énergie nécessaire à la fabrication des matériaux constituant les cellules et les panneaux photovoltaïques. Les quantités de GES émises par le solaire dépendent largement des sources d’énergie utilisées pour produire les panneaux (Turconi et coll., 2013). • La performance du nucléaire est relativement bonne : elle est meilleure que celle des autres énergies thermiques ainsi que de celle de plusieurs énergies renouvelables, comme le solaire, la biomasse et le biogaz. Dans le cas des centrales hydroélectriques à réservoir, les émissions de méthane peuvent être plus importantes en milieux tropical et tempéré (Deemer et coll., 2016 ; Turconi et coll., 2013) (voir la section 6.2.1). En raison du climat froid et des eaux bien oxygénées, les émissions de méthane mesurées dans les réservoirs hydroélectriques du Québec sont très faibles (Tremblay et coll., 2010). Les émissions de GES des réservoirs, comme celles qui proviennent de la combustion de biomasse, sont biogènes. Le carbone biogène2, contrairement au carbone d’origine fossile, n’ajoute pas à la quantité de carbone en circulation dans la biosphère. Les résultats de l’étude du GIEC, illustrés aux figures 7-3 et 7-4, appuient ceux de l’étude du CIRAIG. La figure 7-3 compare les différentes filières d’énergie, tandis que la figure 7-4 compare les différents types de production hydro­électrique, soit les centrales à réservoir, les centrales au fil de l’eau et les centrales à réserve pompée. Il importe de préciser que les résultats présentés à la figure 7-3 ne comprennent pas les émissions de GES liées aux changements d’affectation des terres causés par les installations de production d’électricité. Ces changements peuvent être particulièrement importants dans le cas de la biomasse et de l’hydroélectricité. En ce qui concerne cette dernière, les modifications de l’affectation des terres incluent l’ennoiement de superficies terrestres par les réservoirs, qui entraîne des émissions de GES en raison de la décomposition de matières organiques (voir la section 6.2.1). Toutefois, ces émissions sont incluses dans les résultats présentés à la figure 7-4. Soulignons de plus que des estimations supplémentaires ont été produites depuis la publication des résultats de l’étude du GIEC.

1. Il s’agit de rejets de polluants dans l’atmosphère libre après qu’ils ont échappé à une tentative de captation ou de rétention à l’aide d’une hotte, d’un joint ou de tout autre moyen. Les émissions fugitives comprennent les fuites issues d’équipements divers (tuyauteries, pompes, compresseurs, etc.), les fuites des installations de stockage de produits gazeux, liquides ou solides, les fuites de certaines parties de procédés comme les ouvertures de citerne pendant des opérations de chargement ou de déchargement ainsi que les fuites d’installations de stockage de produits pulvérulents en plein air, de bassins de décantation eau-pétrole, d’évents, etc. 2. Le carbone biogène provient du sol et de la végétation ; il fait partie du cycle naturel du carbone. Le carbone fossile est celui qui a été emprisonné dans la croûte terrestre pendant des millions d’années et qui est libéré à la suite de son extraction et de son utilisation comme source d’énergie.

7-10

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


L’examen des figures 7-3 et 7-4 permet de faire les constats suivants : • Le classement des différentes filières est très semblable à celui du CIRAIG (voir la figure 7-3) : les filières thermiques au gaz naturel, au charbon et au mazout ont les émissions de GES les plus élevées, tandis que les filières éolienne, marine et hydraulique ont les émissions les plus faibles. • L’hydroélectricité (qui comprend les centrales à réservoir et les centrales au fil de l’eau) est l’une des filières qui émet le moins de GES (voir la figure 7-3). • La plupart des estimations de GES liés au cycle de vie des réservoirs hydroélectriques qui prennent en compte la construction, l’exploitation et le démantèlement varient de 4 à 14 g éq. CO2 /kWh. Ces valeurs sont semblables à celles qui ont été calculées par le CIRAIG pour les centrales d’Hydro-Québec. • En ce qui concerne l’hydroélectricité, la valeur médiane des émissions de GES des aménagements à réservoir et au fil de l’eau est très proche, soit environ 6 g éq. CO2 /kWh (voir la figure 7-4). Cependant, il y a une grande variabilité en ce qui concerne les réservoirs. Certaines études font ressortir que leurs émissions peuvent parfois dépasser 40 g éq. CO2/kWh, surtout en zone tropicale (Turconi et coll., 2013). Seules deux des études recensées par le GIEC ont produit des estimations d’émissions de GES provenant du démantèlement des installations (voir la figure 7-4). Selon le GIEC, ces estimations peuvent refléter les émissions de GES Filières de production d’électricité à partir de ressources renouvelables Filières de production d’électricité à partir de renouvelables provenant de grandes quantités de limon et de matière organique recueillies au cours deressources la vie des non réservoirs. Les auteurs 2 000 mentionnent cependant que cette explication ne peut pas être transposée à d’autres cas de démantèlement de barrages, en raison de la diversité des caractéristiques des différents aménagements (taille des barrages, superficie des réservoirs, 1 750 modalités duMaximum démantèlement, etc.). Une incertitude persiste donc quant aux émissions en phase de démantèlement. 1 500

75e centile Médiane

En somme, les analyses du cycle de vie montrent que les émissions de GES des centrales d’Hydro-Québec 1 250 25 centile (6 g éq. CO2  /kWh pour les centrales au fil de l’eau et 17 g éq. CO2  /kWh pour les centrales à réservoir) sont comparables Minimum 1 000 de l’éolien (14 g éq. CO /kWh) et inférieures à celles du solaire photovoltaïque (64 g éq. CO /kWh) (CIRAIG, 2014). à celles Estimations 2   2  2

ÉmissionsÉmissions de GES surdeleGES cyclesur delevie (g éq. cycle deCO vie2/kWh) (g éq. CO2/kWh) Émissions de GES sur le cycle de vie (g éq. CO /kWh)

e

uniques avec CSC

750

Filières de production d’électricité à partir de ressources renouvelables

Filières de production d’électricité à

Filières de production d’électricité à partir de ressources renouvelables

Filières de production d’électricité à partir de ressources non renouvelables

Figure 7-3 – Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « changements climatiques » partir de ressources non renouvelables

-1250 250 500

13

6

28 11

Charbon

Mazout

Gaz naturel

Énergie nucléaire

Énergie éolienne

Énergie marémotrice

10 5

126 49

125 32

83 (+7) 36 (+4)

CharbonCharbon

8

24

169 (+12)

10

50 (+10)

Figure TS.9.4 | Estimations d’émissions de GES (g éq. CO2/kWh) sur le cycle de vie pour de grandes catégories de filières de production d’électricité, 250 plus-1 certaines filières intégrant la capture et le stockage du CO2 (CSC). Les changements nets dans les stocks de carbone liés à l’utilisation des terres -1 000 * Émissions évitées sans élimination des GES de l’atmosphère (surtout applicables à la biomasse et à l’hydroélectricité avec réservoir) et les impacts de la gestion des terres sont exclus ; les estimations négatives1 CSC : capture et stockage de dioxyde de carbone pour l’énergie de la biomasse sont liées à des hypothèses concernant les évitements d’émissions produites par les déchets aux sites d’enfouissement, y -1 500 -1 250 les sous-produits. Les méthodes d’analyse et les références sont présentées à l’annexe II. Le nombre d’estimations est supérieur au nombre de compris * Émissions évitées sans élimination des GES de l’atmosphère références, de nombreuses études ayant envisagé CSC plusieurs scénarios. Les nombres entre parenthèses concernent des références supplémentaires et : capture et stockage de dioxyde de carbone 500 des-1estimations de filières avec CSC. L’information de répartition est liée aux estimations actuellement disponibles dans la littérature sur les analyses du cycle de vie, et non nécessairement aux extrêmes théoriques ou pratiques sous-jacents, ou à la tendance centrale véritable lorsqu’on considère toutes les conditions222 de(+4) déploiement. 126 [Figure 9.8] 42 8 28 10 126 125 83 (+7) 24 169 (+12) Estimation Note 1. Les «52 estimations négatives », 13dans la terminologie des11analyses du5 cycle de vie Référence (+0) 26 6 49 présentées32 dans ce rapport, 36 (+4) concernent 10 222 (+4) 126 28 évitements 10 d’émissions 126ne retirent pas 125 de GES83de (+7) 24 Estimation d’émissions. Contrairement à l’énergie de42la biomasse8avec CSC, les l’atmosphère.

les évitements 50 (+10) 169 (+12)

Source : Arvizu et coll., 2011. Référence 52 (+0) 26 13 GES (g éq.6CO2/kWh) sur 11 le cycle de 5 vie pour de 49 grandes catégories 32 (+4) de production 10 50 (+10) Figure TS.9.4 | Estimations d’émissions de de36filières d’électricité,

A118AL_f7_3_geq_033_200618.ai

26

42

Mazout Mazout

126

Gaz naturel Gaz naturel

52 (+0)

*

Énergie nucléaire Énergie nucléaire

-1 000 -750

222 (+4)

Énergie éolienne Énergie éolienne

-750 -500 Référence

*

Solaire thermique Solaire thermique

-500 -250 Estimation

Photovoltaïque Photovoltaïque

-250 0

* Émissions évitées sans élimination des GES de l’atmosphère CSC : capture et stockage de dioxyde de carbone Biomasse Biomasse

0 -1 500 250

Hydroélectricité

Estimations uniques avec CSC

Énergie marémotrice Énergie marémotrice

-1500 000 750

Estimations 25e centile uniques avec CSC Minimum

Hydroélectricité Hydroélectricité

750 -750 1 000

25ee centile centile 75 * Minimum Médiane

Géothermie

1 000 -500 1 250

75e centile Médiane Maximum

Géothermie Géothermie

1 250 -250 1 500

Maximum

Solaire thermique

1 500 1 750 0

Photovoltaïque

1 750 250 2 000

Biomasse

2 000 500

618.ai 033_200618.ai

plus certaines filières intégrant la capture et le stockage du CO2 (CSC). Les changements nets dans les stocks de carbone liés à l’utilisation des terres (surtout applicables à la biomasse et à l’hydroélectricité avec réservoir) et les impactsD’ÉNERGIE de la gestion des terres sont AU exclus ; les ET estimations négatives1 7-11 LA PRODUCTION HYDROÉLECTRIQUE QUÉBEC L’ENVIRONNEMENT Figure TS.9.4de | Estimations GES (g éq. CO2/kWh) surles le cycle de vied’émissions pour de grandes catégories filièresaux desites production d’électricité,y pour l’énergie la biomassed’émissions sont liées àdedes hypothèses concernant évitements produites par les de déchets d’enfouissement, plus certaines filières intégrant la capture d’analyse et le stockage CO2 (CSC). changements nets dans stocks de carbone est liéssupérieur à l’utilisation des terres compris les sous-produits. Les méthodes et lesdu références sontLes présentées II. Le les nombre d’estimations au nombre de Figure 7-3à l’annexe (surtout applicables à la biomasse à l’hydroélectricité avecscénarios. réservoir) Les et les impactsentre de laparenthèses gestion des concernent terres sont des exclus ; les estimations négativeset1 références, de nombreuses études et ayant envisagé plusieurs nombres références supplémentaires


200 Maximum

160

180

75e centile

140

160

Médiane

120

25e centile Minimum

100

140

80

120

60 40

100

20

80

0

60

Émissions liées aux CAT – Réservoir

Estimations : Références :

40

Émissions Toutes le liées aux CAT – autres émissions Démantèlement du cycle de vie

16 7

3 2

16 7

CAT : changements dans l’affectation des terres

20 0

Estimations : Références :

Toutes les valeurs

Réservoir

Au fil de l’eau

Accumulation par pompage

27 11

18 9

8 2

1 1

A118AL_f7_4_geq_034_lifecycle_200618.ai

Émissions de GES sur le cycle de vie (g éq. CO2/kWh)

Figure 7-4 – Émissions de GES de différentes productions hydroélectriques

Source : Arvizu et coll., 2011.

Destruction de la couche d’ozone La comparaison des filières selon l’indicateur « destruction de la couche d’ozone » (voir la figure 7-5) fait ressortir ce qui suit : • L’hydroélectricité et l’éolien ont le moins d’impact sur la couche d’ozone, étant donné qu’il y a très peu d’utilisation de combustibles durant la production d’énergie. • Le thermique au mazout et au gaz naturel de même que le nucléaire émettent le plus de substances appauvrissant la couche d’ozone (SACO). La production d’énergie à partir de combustibles fossiles en est la raison principale. Dans le cas du nucléaire, c’est l’enrichis­sement de l’uranium qui génère des quantités importantes de SACO. • Le thermique au charbon, le solaire photovoltaïque, le solaire thermique, la biomasse et le biogaz présentent Figure 7-4 des valeurs de µg éq. CFC-11/kWh du même ordre, qui sont dix fois moindres que celles du thermique au Titre 1 mazout et au gaz naturel. D’un point de vue environnemental, ils demeurent néanmoins moins performants Titre 2 que l’hydroélectricité et l’éolien. Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement et services partagés.

7-12

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Figure 7-5 – Comparaison des résultats selon l’indicateur « destruction de la couche d’ozone » 107,0

Filière thermique – Mazout 67,0

Filière thermique ‒ Gaz naturel

10,0

Filière solaire photovoltaïque Biogaz

8,0

Filière solaire thermique

6,0

Filière thermique ‒ Charbon

6,0 6,0

Biomasse

Minimum Moyenne Maximum

0,6

Filière éolienne

0,23

Hydroélectricité – Hydro-Québec 0

50

100

150

A118AL_f7_5_geq_013_ozone_200605.ai

29,0

Filière nucléaire

200

μg éq. CFC-11/kWh Unité : milligrammes d’équivalent de trichlorofluorométhane (CFC-11) par kilowattheure Source : CIRAIG, 2014.

Acidification des sols et des eaux Les principaux constats qui se dégagent de la comparaison selon l’indicateur « acidification » (voir la figure 7-6) sont les suivants : • La valeur d’équivalent SO2/kWh de l’hydroélectricité d’Hydro-Québec est parmi les plus faibles et est proche de celles du nucléaire et de l’éolien. Cette bonne performance s’explique par la faible utilisation de combustibles durant la production d’énergie. Les émissions de dioxyde de soufre (SO2) et d’oxydes d’azote (NOx ) se limitent essentiellement à la phase de construction, plus précisément à l’approvisionnement en matériaux (Turconi et coll., 2013). • Le thermique au mazout, au charbon et au gaz naturel ainsi que le biogaz présentent les valeurs d’équivalent SO2 /kWh les plus élevées ainsi que la plus grande variabilité dans les résultats. Cette variabilité est attribuable à la diversité de l’origine et des modes de production des combustibles utilisés de même qu’aux différents types de technologies de traitement des émissions en cheminée. • Les valeurs pour la biomasse sont très variables et,Figure en moyenne, 7-5plus élevées que celles des autres énergies renouvelables. La plus grande partie des émissions est liée à l’étape d’approvisionnement en matières combustibles, qui comprend Titre 1 la production et le transport (Turconi et coll., 2013). La technologie de traitement des émissions en cheminée et le type Titre 2 de biomasse utilisé influent beaucoup sur les émissions de substances acidifiantes (NOx et SO2). Document – d'information destiné aux concernés par le projet.selon Pour tout autre usage, communiquer avec : » Figure 7-6 Comparaison despublics filières énergétiques l’indicateur « acidification Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement et services partagés.

6,3

Filière thermique – Mazout 3,5

Filière thermique ‒ Charbon 1,6

Filière thermique ‒ Gaz naturel

0,9

Biomasse

0,4

Filière solaire thermique

0,4

Filière géothermique 0,3

Filière solaire photovoltaïque Filière éolienne Filière nucléaire Hydroélectricité – Hydro-Québec

0,08

Minimum Moyenne Maximum

0,05 0,013 0,00

0,25

0,50

0,75

1,00

2

4

6

8

A118AL_f7_6_geq_014_acidification_200605.ai

2,3

Biogaz

10

g éq. SO2/kWh Unité : grammes d’équivalent de dioxyde de soufre (SO2) par kilowattheure Source : CIRAIG, 2014. LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

7-13


Eutrophisation La comparaison des filières sur le plan de l’eutrophisation est illustrée à la figure 7-7. Il en ressort ce qui suit : • Les énergies renouvelables (hydroélectricité, géothermie, solaire et éolien) et l’énergie nucléaire sont celles qui ont le moins d’impact sur l’eutrophisation, puisque les substances eutrophisantes n’apparaissent que de façon marginale dans des processus secondaires de la construction des aménagements hydroélectriques. • Le thermique au charbon, au mazout et au gaz naturel, le biogaz, la biomasse et le solaire photovoltaïque présentent la performance la plus faible. Cela s’explique par la fabrication des matériaux constituant les panneaux photovoltaïques dans le cas du solaire et par les émissions de substances azotées liées à la production de combustibles et à la combustion dans les autres cas. Figure 7-7 – Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « eutrophisation » 9 176,0

Filière thermique ‒ Charbon Filière thermique – Mazout 254,0

Biogaz

209,0

Filière thermique ‒ Gaz naturel

203,0

Filière solaire photovoltaïque

189,0

Biomasse 57,0

Filière géothermique

31,0

Filière solaire thermique

17,0

Filière éolienne

Minimum Moyenne Maximum

13,0

Filière nucléaire

3,7

Hydroélectricité – Hydro-Québec 0

200

400

500

1 000

1 500

25k

50k

A118AL_f7_7_geq_015_eutrophisation_200605.ai

412,0

70k

mg éq. PO4/kWh Unité : milligrammes d’équivalent de phosphate (PO4) par kilowattheure Source : CIRAIG, 2014.

Toxicité humaine Pour l’indicateur « toxicité humaine », la comparaison entre les filières (voir la figure 7-8) révèle ce qui suit : • L’hydroélectricité et le thermique au gaz naturel ont le potentiel de toxicité humaine le plus faible. • Le thermique au charbon a, de loin, le potentiel de toxicité humaine le plus élevé et présente la plus grande variabilité. Cette dernière est attribuable à la diversité des technologies utilisées ainsi qu’au type et à la provenance des combustibles. • La faible performance de la filière thermique au charbon est attribuable au fait qu’elle émet beaucoup de mercure. Aux États-Unis, 44 % des émissions anthropiques de mercure proviennent de cette filière (EPA, 2018). Parmi les autres substances toxiques produites par la combustion du charbon, on compte les NOx, qui s’attaquent aux voies respiratoires (Canada, 2013), en plus de contribuer à l’acidification et à l’eutrophisation (voir les sections précédentes).

Figure 7-7 Titre 1 Titre 2

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement et services partagés.

7-14

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Figure 7-8 – Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « toxicité humaine » 213

Filière thermique ‒ Charbon 70

Filière solaire thermique

65

Filière thermique – Mazout

65

Filière solaire photovoltaïque

44

Biomasse 38

Filière éolienne

26

Biogaz

Minimum Moyenne Maximum

9

Filière thermique ‒ Gaz naturel

2

Hydroélectricité – Hydro-Québec 0

200

400

600

A118AL_f7_7_geq_015_eutrophisation_200605.ai

78

Filière nucléaire

800

g éq. 1,4-DB/kWh Unité : grammes d’équivalent de 1,4-dichlorobenzène (1,4-DB) par kilowattheure Source : CIRAIG, 2014.

Oxydation photochimique (smog) Les principaux constats qui se dégagent de la comparaison des filières (voir la figure 7-9) quant à l’indicateur « oxydation photochimique (smog) » sont les suivants : • L’hydroélectricité et l’énergie nucléaire ont la meilleure performance en matière de mg éq. C2H4/kWh. Elles présentent des valeurs cent fois plus faibles que celles des filières basées sur la combustion (charbon, mazout, gaz naturel et biogaz). Ce résultat avantageux s’explique par les faibles émissions de NOx, de SO2 et de particules. • Un second groupe comprenant la biomasse, le solaire et l’éolien présente des valeurs dix fois plus faibles que celles des filières basées sur la combustion (gaz naturel, mazout et charbon), tout en demeurant un peu moins performant que l’hydroélectricité et le nucléaire.

Figure 7-8 Titre 1 Titre 2

Figure 7-9 – Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « oxydation photochimique (smog) » Filière thermique ‒ Charbon

2 261,0

Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout296,0 autre usage, communiquer avec : Filière thermique – Mazout Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement et services partagés.

220,0

Filière thermique ‒ Gaz naturel 30,0

Biomasse

20,0

Filière solaire photovoltaïque

18,0

Filière solaire thermique

15,0

Filière éolienne

Minimum Moyenne Maximum

3,0

Filière nucléaire

0,8

Hydroélectricité – Hydro-Québec 0

100

1 000

2 000

3 000

22k

A118AL_f7_9_geq_017_oxydation_200605.ai

368,0

Biogaz

24k

mg éq. C2H4/kWh Unité : milligrammes d’équivalent d’éthylène (C2H4) par kilowattheure Source : CIRAIG, 2014.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

7-15


Épuisement des ressources – extraction des ressources minérales La comparaison des filières sur la base de l’indicateur « extraction des ressources minérales » est présentée à la figure 7-10. Il en ressort ce qui suit : • L’hydroélectricité, le thermique au charbon et le thermique au gaz naturel sont les plus performants au regard de cet indicateur. Ces énergies nécessitent le moins d’extraction de ressources minérales. • Le solaire photovoltaïque est le moins performant. Cette faible performance est attribuable à l’extraction de minéraux particuliers (par exemple le silicium et les terres rares) qui entrent dans la fabrication des cellules photovoltaïques. • L’éolien est l’un des moins performants, car il exige l’extraction de ressources minérales pour la fabrication des composantes des parcs éoliens. Figure 7-10 – Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « extraction des ressources minérales » 14,0

Filière solaire photovoltaïque

A118AL_f7_10_geq_018_ressources_200513.ai

0,3

Filière éolienne 0,09

Biomasse

0,07

Filière nucléaire

0,04

Filière thermique – Mazout

0,031

Hydroélectricité – Hydro-Québec

Minimum Moyenne Maximum

0,016

Filière thermique ‒ Charbon

0,016

Filière thermique ‒ Gaz naturel 0,0

0,2

0,4

0,6

20

40

mg éq. Sb/kWh Unité : milligrammes d’équivalent d’antimoine (Sb) par kilowattheure Source : CIRAIG, 2014.

Épuisement des ressources – utilisation d’énergies fossiles En ce qui a trait à l’indicateur « utilisation d’énergies fossiles » (voir la figure 7-11), la comparaison des filières révèle ce qui suit : • Le biogaz, l’hydroélectricité, l’énergie marine et le nucléaire affichent la meilleure performance au regard de cet indicateur. Cela s’explique par la très faible consommation d’énergies fossiles durant la phase d’exploitation. L’utilisation des énergies fossiles, dans ces cas, se limite essentiellement aux étapes d’approvisionnement en matériaux et de fabrication des composantes ainsi qu’à la construction et au maintien des infrastructures. • À l’inverse, les filières thermiques au charbon, au gaz et au mazout, qui sont entièrement alimentées par des combustibles fossiles, ont la plus faible performance. • L’utilisation d’énergies fossiles par le solaire, la biomasse, la géothermie et l’éolien, bien que nettement plus faible que celle des filières thermiques mentionnées ci-dessus, Figure 7-10 est plus élevée que celles du nucléaire, de l’hydroélectricité, de l’énergie marine et du biogaz.Titre 1

Titre 2

Par ailleurs, le CIRAIG mentionne que la variabilité importante des résultats de certaines filières (notamment l’éolien, le thermique au gaz et le thermique au mazout) serait attribuable à la grande diversité des matériaux entrants Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec : considérés lors de l’analyse. Géomatique, Hydro-Québec TransÉnergie et Équipement et services partagés.

7-16

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Figure 7-11 – Comparaison des filières énergétiques selon l’indicateur « utilisation d’énergies fossiles » 13,00

Filière thermique ‒ Charbon

11,00

Filière thermique – Mazout

9,00

Filière thermique ‒ Gaz naturel

0,86

Filière solaire photovoltaïque

0,44

Filière solaire thermique

0,37

Biomasse

0,33

Filière éolienne

0,11

Filière nucléaire

0,04

Filière marémotrice Hydroélectricité Hydroélectricité – Hydro-Québec Biogaz

0,04

Minimum Moyenne Maximum

0,03 0,01

0,00

0,25

0,50

0,75

1,00

1,25

5

10

15

A118AL_f7_11_geq_019_climat_200903.ai

0,54

Filière géothermique

20

Mégajoules (MJ) par unité de volume ou de masse Source : CIRAIG, 2014.

7.4 CONSTATS GÉNÉRAUX DE L’ANALYSE COMPARATIVE DES FILIÈRES ÉNERGÉTIQUES Sur la base des analyses effectuées par le CIRAIG, il ressort que, selon les sept indicateurs étudiés, la production hydro­ électrique d’Hydro-Québec se classe parmi les filières énergétiques les plus performantes sur le plan environnemental, surtout en ce qui a trait aux changements climatiques (émissions de GES), à l’épuisement des ressources et à la toxicité humaine. Ce classement est principalement attribuable au fait que la filière hydraulique utilise peu de ressources (autre que l’eau) et n’émet pas de GES pendant la phase de production d’énergie. À l’inverse, les filières à combustible fossile (charbon, mazout et gaz naturel) présentent la performance environnementale la plus faible en raison de l’extraction, de la transformation et de l’utilisation des combustibles durant les différentes étapes de leur de cycle de vie. Parce qu’elle tient compte de l’ensemble du cycle Figure de vie des 7-11 filières énergétiques, l’étude du CIRAIG met en évidence Titreaux 1 filières éolienne et solaire photovoltaïque, notamment les impacts environnementaux non négligeables associés pour l’indicateur « extraction des ressources minérales ». Globalement, ces filières d’énergie renouvelable demeurent Titre 2 néanmoins parmi celles qui ont la meilleure performance environnementale. Document d'information destiné aux publics concernés par le projet. Pour tout autre usage, communiquer avec :

Hydro-Québec TransÉnergie Équipement partagés. bien dans quelle mesure l’hydroélectricité produite Bref,Géomatique, les analyses effectuées par leet CIRAIG enet services 2014 illustrent par Hydro-Québec constitue une énergie renouvelable performante sur le plan environnemental, qui se compare avantageusement aux autres filières énergétiques.

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Discussion générale et conclusion L’hydroélectricité québécoise : une énergie propre, renouvelable et fiable À la lumière de l’information présentée dans cette synthèse, on peut affirmer que l’énergie produite par Hydro-Québec au moyen de ses grands aménagements hydroélectriques est à la fois renouvelable et propre. Lorsqu’on considère le cycle de vie complet des différentes filières énergétiques, force est de constater que l’hydroélectricité d’Hydro-Québec est l’une des plus performantes sur le plan des émissions de gaz à effet de serre (GES), en particulier le dioxyde de carbone et le méthane. Elle se compare avantageusement avec les filières reconnues comme produisant de l’énergie propre (voir le chapitre 7). Comme toutes les autres formes d’énergie, l’hydroélectricité produite à l’aide de réservoirs émet des GES (y compris du dioxyde de carbone et du méthane) durant les phases de construction et d’exploitation. Toutefois, ces émissions (17 g éq. CO2/kWh) sont nettement inférieures à celles des filières thermiques (de 620 à 879 g éq. CO2/kWh) et sont du même ordre que celles de l’électricité générée par les centrales au fil de l’eau, le nucléaire, l’éolien et les marées (de 3 à 14 g éq. CO2/kWh ; CIRAIG, 2014). De plus, les émissions de GES de l’hydroélectricité québécoise sont plus faibles que celles de bon nombre d’énergies dites propres, comme les énergies houlomotrice, solaire et géothermique ainsi que les énergies issues de la biomasse et du biogaz (de 22 à 247 éq. CO2/kWh ; CIRAIG, 2014). Par ailleurs, sur la base des six autres indicateurs étudiés par le CIRAIG en 2014 – destruction de la couche d’ozone, acidification, eutrophisation, toxicité humaine, oxydation photochimique (smog) et épuisement des ressources –, la production hydroélectrique d’Hydro-Québec se classe parmi les meilleures options du fait de sa faible utilisation de ressources pendant la phase de production. La filière hydraulique québécoise permet ainsi la production d’une grande quantité d’énergie tout en affichant une solide performance environnementale qui se démarque à l’échelle mondiale. L’hydroélectricité du Québec se distingue en outre par sa fiabilité, sa constance et sa prévisibilité, ce qui lui permet de former des combinaisons optimales avec d’autres énergies propres et renouvelables. En effet, les réseaux électriques doivent maintenir en tout temps l’équilibre entre la production et la consommation d’énergie. L’énergie doit être disponible sur-le-champ quand la clientèle en a besoin. Or, plusieurs énergies propres (dont l’éolien et le solaire) sont inter­mittentes et partiellement prévisibles et n’offrent pas de capacité de stockage. Il faut donc leur associer une source d’énergie de base flexible, disponible et facilement modulable en fonction des besoins. Par exemple, de grands pays producteurs d’énergie éolienne, comme l’Allemagne, exploitent des centrales thermiques en complément de l’éolien et du solaire pour répondre aux besoins qui fluctuent. Au Québec, à la suite d’investissements importants dans le réseau de transport, l’énergie hydroélectrique et l’énergie éolienne sont parfaitement intégrées et complémentaires. Grâce aux réservoirs, qui agissent efficacement comme des accumulateurs d’énergie à grande échelle, l’hydroélectricité est en mesure de combler les besoins en énergie lors des périodes où la production d’énergie éolienne est basse ou nulle, ce qui contribue à réduire les émissions de GES.

Des impacts environnementaux connus et maîtrisés Comme toutes les autres filières énergétiques, la grande hydraulique n’est pas sans conséquence sur l’environne­ ment. Après plusieurs décennies d’études et de suivis environnementaux, Hydro-Québec est en mesure d’affirmer qu’elle connaît bien et maîtrise efficacement les enjeux environnementaux associés à ses aménagements hydroélectriques (voir l’annexe B). La grande hydraulique entraîne des modifications physiques du milieu qui lui sont propres, par exemple l’ennoiement de grandes superficies terrestres, la modification du paysage et la hausse du mercure dans la chair des poissons. Toutefois, comme le montre le chapitre 6, les effets de ces modifications sur les milieux biologique et humain peuvent être prévus avec un degré de précision relativement élevé lors des études d’impact. Ils peuvent également être atténués, corrigés ou compensés de façon efficace par des mesures appropriées.

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L’énergie propre et renouvelable : une tendance haussière à l’échelle mondiale Il est indéniable que l’utilisation des énergies renouvelables dans le monde est en constante progression – elle a plus que doublé depuis 2000 (IRENA, 2019) – et que de nombreux pays et États ont la volonté de réduire les émissions de GES. Les filières d’énergie renouvelable fournissent maintenant plus de 30 % de la production énergétique mondiale. Comme plus de 99 % de ses approvisionnements viennent de ces filières, Hydro-Québec participe, à la hauteur de ses capacités, à cette tendance. L’utilisation des énergies renouvelables a aussi progressé considérablement aux États-Unis ces dernières années. Les énergies renouvelables représentent aujourd’hui plus de 17 % du bouquet énergétique américain, et certains États se sont fixé des cibles ambitieuses d’énergie propre en vue de réduire leurs émissions de GES aux échéances de 2030 et de 2050. Le Canada et le Québec contribuent à cette tendance planétaire. Au Canada, les sources d’énergie renouvelables représentent à l’heure actuelle environ 17 % de l’approvisionnement en énergie primaire (RNCA, 2017). De plus, aux termes de l’Accord de Paris, le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de GES de 30 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030 (en 2019, le niveau de 2005 était estimé à 730 Mt éq. CO2 ). Le Québec s’est donné des objectifs semblables. Pour 2030, il vise à réduire ses émissions de GES de 37,5 % par rapport à leur niveau de 1990. Pour 2050, il vise à les diminuer de 80 à 95 % (MELCC, 2020).

L’environnement : une priorité pour Hydro-Québec L’environnement est une priorité à Hydro-Québec. L’entreprise mise sur l’utilisation judicieuse des ressources dans une perspective de développement durable. C’est pourquoi elle favorise la production d’électricité à partir de ressources renouvelables. À preuve, les approvisionnements énergétiques d’Hydro-Québec proviennent presque uniquement de filières d’énergie renouvelable : l’hydraulique en tête (94 %), suivie de l’éolien, de la biomasse et du solaire. Les énergies fossiles (pétrole et gaz) ne représentent que 0,04 % de l’électricité fournie par l’entreprise. Hydro-Québec conçoit des projets hydroélectriques qui sont optimisés du point de vue environnemental et qui sont assujettis à une réglementation environnementale rigoureuse et complexe imposée par deux paliers de gouvernement (provincial et fédéral). En plus de se conformer aux lois et règlements en vigueur, l’entreprise est proactive en matière environnementale. On peut souligner plusieurs de ses orientations et actions à cet égard : • Hydro-Québec souscrit aux principes du développement durable. Par ses politiques et encadrements, elle est l’une des entreprises les plus vertes du Canada. • Hydro-Québec s’impose trois conditions de base pour la réalisation des projets ayant un impact important, suivant ses politiques et ses encadrements internes : – ils doivent être acceptables du point de vue de l’environnement et du développement durable ; – ils doivent être accueillis favorablement par les communautés locales ; – ils doivent être rentables à la lumière des conditions du marché. • Au début des années 1970, Hydro-Québec a mis en place une fonction Environnement. Depuis, cette fonction a été mise à contribution dans toutes les actions liées au développement de la production. Elle participe à toutes les étapes de réalisation des projets, de la conception à la réalisation, et prend part à l’exploitation des aménagements. Cette fonction compte au sein de son personnel des spécialistes œuvrant dans toutes les disciplines touchant l’environnement. • Hydro-Québec s’est dotée en 1984 d’une politique sur l’environnement visant à affirmer sa responsabilité en matière de protection et de mise en valeur des ressources naturelles (voir l’annexe D). À cette occasion, l’entreprise a été considérée comme un précurseur par Environnement Canada. • Hydro-Québec s’est dotée en 1985 d’une fonction Affaires amérindiennes et inuites puis, en 2019, d’une politique en matière de relations avec les autochtones visant à créer avec les communautés autochtones des relations durables et mutuellement avantageuses basées sur le respect des valeurs et de la culture de tous. Cela se traduit notamment par des ententes qui permettent aux communautés autochtones de participer activement à la réalisation des projets de l’entreprise, de contribuer aux programmes de suivi environnemental ainsi que de bénéficier de retombées économiques.

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• Hydro-Québec accorde une importance particulière à la réalisation d’études d’impact détaillées dans le respect des normes de qualité les plus exigeantes. Les inventaires compris dans ces études sont souvent cités dans d’autres études scientifiques servant à améliorer la connaissance de la biodiversité sur le territoire québécois. • Dans le cadre des études d’impact et des suivis qu’elle mène depuis plusieurs décennies, Hydro-Québec a acquis une masse d’information impressionnante sur les composantes physiques, biologiques et humaines de l’environnement, notamment en milieu boréal. Elle s’appuie sur ces connaissances pour raffiner la prévision des impacts des nouveaux projets hydroélectriques et élaborer des mesures d’atténuation et de compensation efficaces. • Hydro-Québec participe à la recherche scientifique en environnement par le truchement de subventions et de collaborations avec les instituts de recherche. • Les données recueillies par Hydro-Québec depuis près d’un demi-siècle revêtent un caractère instructif indéniable, qui profite à l’ensemble de la communauté scientifique canadienne et internationale. En plus des rapports d’études, l’entreprise encourage ses spécialistes à rédiger des articles dans des publications scientifiques de haut niveau, qui exigent des révisions par des pairs. En définitive, l’hydroélectricité d’Hydro-Québec possède de nombreux atouts : • La grande hydraulique est une filière énergétique performante sur le plan des émissions de GES. Elle figure parmi celles qui émettent le moins de GES (notamment le dioxyde de carbone et le méthane) par kilowattheure produit. De ce fait, elle contribue peu aux changements climatiques et participe, au contraire, à la décarbonation du secteur de l’électricité et de l’économie où elle est consommée. • Après plusieurs décennies d’acquisition de données, Hydro-Québec est en mesure d’affirmer qu’elle connaît bien les impacts propres à ses grands aménagements hydroélectriques. Elle peut les prévoir avec une grande précision. • Hydro-Québec maîtrise également les impacts liés à l’hydroélectricité produite à l’aide de réservoirs. Ces impacts peuvent être évités, corrigés, compensés ou encore atténués par la mise en place de mesures appropriées. • Les aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec produisent une grande quantité d’énergie, de façon constante et prévisible. Ils ont aussi une capacité de stockage d’énergie à grande échelle. De ce fait, ils facilitent l’intégration d’autres filières d’énergie propre, qui ont souvent une production intermittente et qui n’offrent pas de grande capacité de stockage. Hydro-Québec évite ainsi le recours à des ressources fossiles. Hydro-Québec est convaincue que l’énergie produite par sa grande hydraulique mérite d’être considérée comme propre et renouvelable, au même titre que les autres filières de production d’électricité qui sont aujourd’hui reconnues comme telles.

Centrale de la Sarcelle et ouvrage régulateur (Baie-James)

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LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Annexes A

Directive 21 d’Hydro-Québec – Acceptabilité des projets et des activités de l’entreprise

B

Sommaire des impacts génériques de l’hydroélectricité souvent mentionnés et des impacts réels observés dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec

C

Liste des centrales hydroélectriques d’Hydro-Québec

D

Politique sur l’environnement d’Hydro-Québec : Notre environnement

E

Politique en matière de relations avec les autochtones d’Hydro-Québec : Nos relations avec les autochtones

F

Définitions de rivière à débit régularisé, de rivière à débit réduit et de rivière à débit augmenté

G

Liste des ententes entre Hydro-Québec et diverses communautés autochtones

H

Exemple d’un bulletin d’information à l’intention des communautés autochtones

I

Extrait du Guide alimentaire des poissons nordiques – Région de la Baie-James

J

Méthodes d’évaluation des impacts selon le cycle de vie



ANNEXE A Directive 21 d’Hydro-Québec – Acceptabilité des projets et des activités de l’entreprise

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

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ANNEXE A (suite)

A 3 Règles à observer et mesures à prendre

Directive Page 2 de 2

Les projets et les activités ayant un impact environnemental significatif doivent être acceptables du point de vue de l'environnement, accueillis favorablement par les milieux d'accueil et être rentables. Pour assurer ces trois conditions, les unités doivent notamment :  Adopter une vision dʼensemble lorsque des projets ou activités sont interreliés afin dʼen mesurer les impacts environnementaux globaux et cumulatifs.  Définir et analyser les enjeux environnementaux, dès la planification du projet ou de l'activité, afin de faire le choix des meilleures options et des meilleures méthodes pour les gérer. Les évaluations environnementales déjà menées, la surveillance et les suivis environnementaux réalisés pour des projets ou des travaux similaires sont des intrants à considérer dans une perspective d'amélioration continue et dʼefficience.  Réaliser une évaluation environnementale adaptée à l'ampleur des projets et activités en cause. Cette dernière doit être réalisée en conformité avec les exigences légales en vigueur. Lorsque le projet ou l'activité n'est pas assujetti à une exigence légale et que les impacts anticipés sont significatifs, une évaluation environnementale est réalisée en se basant sur les encadrements de lʼentreprise ainsi que sur les meilleures pratiques.  Incorporer des mesures pour gérer à la source les impacts environnementaux significatifs, atténuer les impacts négatifs, maximiser les impacts positifs et, au besoin, compenser les impacts résiduels et ce avant, pendant et après les travaux.  Prévoir et, le cas échéant, assurer une surveillance environnementale, avant, pendant et après les travaux et activités afin de respecter les exigences légales et les autres exigences.  Prévoir et, le cas échéant, assurer un suivi environnemental afin de vérifier la justesse des impacts anticipés, d'évaluer l'efficacité des mesures proposées lors des évaluations environnementales ou convenues dans le cadre dʼautres engagements et dʼapporter des ajustements au besoin.  Maintenir des échanges, consulter et tenir compte des préoccupations et attentes des milieux dʼaccueil tout au long du processus décisionnel. Lorsque requis, informer les parties prenantes aux différentes étapes des projets et activités. L'ampleur de la démarche et les moyens utilisés sont adaptés en fonction des caractéristiques du projet ou de l'activité ainsi que des caractéristiques du milieu.  Conclure, lorsquʼapproprié, une entente, une convention ou un accord entre les représentants de lʼentreprise et ceux dʼune collectivité ou dʼune organisation représentative, de façon à favoriser lʼintégration harmonieuse des installations et des équipements à lʼenvironnement, le développement socio-économique régional ou la mise en valeur conjointe des ressources et du territoire ou pour tout autre finalité dʼintérêt commun. De plus, les unités doivent sʼassurer quʼelles réalisent les projets et activités conformément aux lois, aux règlements et aux autres exigences. Les autres exigences sont des exigences applicables à une installation ou à une activité qui ne découlent pas des lois et règlements (documents émis par les autorités gouvernementales ou municipales, ententes conclues avec Hydro-Québec, autres ententes et engagements volontaires, encadrements internes).

4 Mécanismes de suivi

La direction principale – Environnement et affaires corporatives est responsable du suivi et de la reddition de comptes de cette directive. Le rapport sur le développement durable dʼHydro-Québec en constitue le principal mécanisme. Toutes les unités concernées assurent lʼapplication de la présente directive et fournissent l'information nécessaire à son suivi.

A-2

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


ANNEXE B Sommaire des impacts génériques de l’hydroélectricité souvent mentionnés et des impacts réels observés dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec Enjeu

Impacts génériques de l’hydroélectricité souvent mentionnés

Impacts réels observés dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec

Qualité de l’eau et sédiments (section 6.1) Température de l’eau (section 6.1.1)

Les barrages peuvent entraîner la stratification de la température de l’eau des réservoirs. Ainsi, les températures de surface peuvent augmenter lorsque l’écoulement de l’eau est ralenti. Si la prise d’eau de la centrale hydroélectrique est située en surface, cette eau plus chaude peut faire augmenter la température de l’eau de la rivière en aval. De même, des températures plus froides en aval peuvent survenir si la prise d’eau est en profondeur. Ces modifications du régime thermique peuvent avoir des impacts sur l’habitat, le taux de croissance ou la survie de certains poissons et d’autres espèces.

Une stratification de la température de l’eau se produit dans les réservoirs d’Hydro-Québec. Comparativement aux conditions naturelles, la température de l’eau de surface des réservoirs est généralement de 2 à 5° C plus chaude en hiver et de 3 à 6° C plus froide en été. La couche inférieure reste fraîche toute l’année (environ +4° C). Deux fois par an, un mélange vertical de la colonne d’eau se produit et la température redevient plus uniforme. L’amplitude des variations de température au cours de l’année est également réduite. Au printemps, le réchauffement de la masse d’eau est légèrement retardé, tout comme la baisse de la température de l’eau à l’automne. Dans les rivières, les changements sont généralement plus importants juste en aval des barrages. La température de l’eau s’équilibre progressivement avec la température de l’air à mesure que l’eau s’écoule vers l’aval. Les suivis environnementaux réalisés par Hydro-Québec depuis plus de 40 ans montrent que les modifications du régime thermique causées par les aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec ne sont pas suffisantes pour entraîner une baisse de la productivité des systèmes aquatiques (voir les sections 6.4.3 et 6.4.4).

Qualité de l’eau (section 6.1.2)

Les barrages peuvent entraîner la stratification des nutriments et de l’oxygène dissous dans les réservoirs en raison du manque de mélange naturel de l’eau en hiver et en été. Les niveaux d’oxygène dissous peuvent souvent descendre sous les normes minimales, ce qui peut exposer les organismes à des conditions hypoxiques ou anoxiques. Si la prise d’eau est située au fond du réservoir, des problèmes de faibles niveaux d’oxygène dissous peuvent se produire en aval, avec des impacts sur le biote aquatique.

Les rivières et les lacs du Nord québécois sont généralement pauvres en nutriments. La mise en eau des réservoirs apporte un afflux de nutriments, ce qui a pour effet de stimuler la croissance du phytoplancton, avec des effets positifs sur la chaîne alimentaire (voir la section 6.4.3). Une stratification des paramètres de la qualité de l’eau (notamment la température et l’oxygène dissous) se produit en été et en hiver dans les réservoirs d’Hydro-Québec, comme c’est aussi le cas dans les lacs naturels profonds. Bien que de faibles niveaux d’oxygène puissent être parfois observés dans certaines zones profondes et dans des baies à la fin de l’hiver, la qualité de l’eau dans la couche d’eau productive (de 0 à10 m de profondeur) demeure favorable à la vie aquatique. L’oxygène dissous est rarement problématique en aval du barrage, car la turbulence en augmente rapidement les niveaux.

Embolie gazeuse (section 6.1.3)

Lorsque l’eau s’écoule des évacuateurs de crues, il peut se produire un phénomène de sursaturation de l’eau en gaz dissous, provoquant la mort par embolie gazeuse chez certaines espèces de poissons.

Aucune mortalité notable par embolie gazeuse n’a été observée en aval des centrales à réservoir ou au fil de l’eau exploitées par Hydro-Québec.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

B-1


ANNEXE B (suite) Impacts génériques de l’hydroélectricité souvent mentionnés

Impacts réels observés dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec

Les barrages hydroélectriques causent des variations du régime sédimentaire en rivière. Les réservoirs diminuent la vitesse d’écoulement de l’eau, entraînant ainsi le dépôt de sédiments. L’eau rejetée par les turbines est déficiente en sédiments, ce qui entraîne une plus grande érosion des canaux et un affouillement en aval. Inversement, les sédiments se déposent dans les réservoirs, ce qui réduit la profondeur et modifie la forme du réservoir.

Aucun cas de sédimentation majeure n’a été signalé en amont des barrages exploités par Hydro-Québec, car la charge sédimentaire naturelle des rivières nordiques du Québec est généralement faible. En aval des barrages, la charge sédimentaire est globalement réduite et varie selon le type de modification apporté au régime hydrologique.

Les sédiments déposés peuvent également contenir des résidus chimiques ou industriels provenant de sources en amont.

La contamination des sédiments n’est pas un enjeu dans les réservoirs du Nord québécois puisqu’ils sont construits dans des régions éloignées, loin de toute source importante de pollution anthropique.

Enjeu

Régime sédimentaire (section 6.1.4)

Pour diminuer les effets potentiels de l’érosion dans les cours d’eau en aval des barrages, Hydro-Québec met en place plusieurs mesures d’atténuation qui se sont révélées efficaces, notamment le maintien de débits réservés, la construction de seuils ou d’épis pour la maîtrise des niveaux d’eau, la mise en place d’enrochements et l’ensemencement végétal des rives.

Gaz à effet de serre (GES) (section 6.2) Émissions de GES des réservoirs (section 6.2.1)

Les émissions de GES sont souvent mentionnées comme étant un impact de la grande hydroélectricité sur le climat. La création de réservoirs entraîne l’ennoiement de grandes superficies terrestres. La décomposition de la végétation et de la matière organique qui s’ensuit produit des GES, entre autres le méthane, qui peuvent contribuer aux changements climatiques.

Les études d’Hydro-Québec montrent qu’après les quelques premières années suivant la mise en eau du réservoir, pendant lesquelles les processus de décomposition sont particulièrement actifs, les émissions de GES chutent de façon marquée sur une période de cinq à dix ans, pour revenir à des niveaux comparables à ceux des lacs naturels et des rivières. La faible température de l’eau, la bonne oxygénation de l’eau et l’apport réduit en matière organique se traduisent par de très faibles émissions de méthane et, globalement, par de faibles émissions de GES dans les réservoirs d’Hydro-Québec. Le contraste est marqué avec les réservoirs en région tropicale, dont on sait qu’ils émettent beaucoup plus de GES (en particulier du méthane) sur une plus longue période. Selon une analyse du cycle de vie, les émissions moyennes de GES des réservoirs d’Hydro-Québec se chiffrent à 17 grammes d’équivalent de dioxyde de carbone par kilowattheure. Ces émissions sont inférieures à celles de la plupart des autres technologies de production d’électricité, de source renouvelable ou non. Elles sont comparables à celles de la filière éolienne et moindres que celles de la filière photovoltaïque.

Émissions de GES des réservoirs (section 6.2.2)

Lors de la construction d’un barrage hydroélectrique, les principales sources d’émissions de GES résident dans la production et le transport des matériaux (béton, acier, etc.) et dans l’utilisation de la machinerie de génie civil.

Une analyse du cycle de vie des installations d’Hydro-Québec conclut que les émissions de GES attribuables à la construction d’un aménagement hydroélectrique sont faibles, soit entre 10 % et 20 % de son empreinte carbone.

Biodiversité (section 6.3) Biodiversité et espèces à statut particulier (section 6.3.1)

B-2

Les grands projets hydroélectriques peuvent menacer la biodiversité, voire causer l’extinction d’espèce, en raison de plusieurs facteurs, dont la perte ou la modification d’habitats terrestres et aquatiques, l’altération de la qualité de l’eau, la mortalité des poissons dans les turbines et les entraves à la libre circulation des espèces de poissons migratrices.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

Les projets hydroélectriques modifient le milieu naturel en ennoyant de grandes superficies en amont des barrages et en modifiant les débits des cours d’eau en aval. La préservation de la biodiversité fait partie des priorités d’Hydro-Québec. Cela se traduit par de nombreuses études d’impact exhaustives, divers inventaires spécialisés, des mesures d’atténuation et des aménagements compensatoires visant à protéger la faune et la flore. Les nombreuses études réalisées dans le cadre des aménagements hydroélectriques du Québec démontrent que les espèces qui fréquentent les habitats touchés sont en mesure de s’y adapter, d’y compléter leur cycle de vie et de maintenir leurs populations. Les suivis montrent que les aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec n’ont compromis la survie d’aucune espèce.


ANNEXE B (suite) Enjeu

Impacts génériques de l’hydroélectricité souvent mentionnés

Impacts réels observés dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec

Ressources halieutiques et habitats (section 6.4) Migration des poissons (section 6.4.1)

Mortalité par entraînement (section 6.4.2)

Les barrages peuvent entraver le passage des poissons migrateurs, les empêchant d’atteindre leurs aires de reproduction, dans le cas des espèces anadromes, ou leurs aires d’alimentation, dans le cas des espèces catadromes.

Dans le Nord québécois, la quasi-totalité des grands barrages hydroélectriques sont construits à l’emplacement de chutes naturelles infranchissables. Ils ne nuisent donc pas à la migration d’espèces de poissons amphihalines entre l’eau salée et l’eau douce.

Le passage des poissons dans les turbines ou les évacuateurs de crues est une cause de stress, de blessures ou de mort pour les organismes aquatiques.

Dans le Nord québécois, la grande majorité des grands barrages hydroélectriques sont construits à l’emplacement de chutes naturelles infranchissables. Les espèces migratrices ne sont donc pas exposées au risque de mortalité par entraînement dans les turbines.

Cependant, les déplacements des espèces de poissons d’eau douce (résidentes) entre les différents types d’habitats (p. ex. les habitats de fraie, d’alevinage et d’élevage) peuvent être entravés. Dans ce cas, des mesures d’atténuation, comme la construction de seuils munis de passes à poissons et de canaux de passage, l’ajout de frayères ainsi que l’établissement de débits réservés écologiques, se sont révélées efficaces pour assurer les déplacements des poissons entre leurs différents habitats.

La mortalité par entraînement est toutefois inévitable pour les espèces résidentes, mais les effets sur les communautés de poissons sont considérés comme faibles. Plus de 40 ans de programmes de suivi ont démontré que l’abondance des populations de poissons se maintient tant en amont qu’en aval des barrages. Le succès de reproduction et le taux de survie des poissons aux jeunes stades de développement se maintiennent également. Ces observations indiquent que la perte de biomasse attribuée à l’entraînement est mineure et n’a pas de conséquences défavorables sur les populations de poissons. Poissons et habitats aquatiques dans les réservoirs (section 6.4.3)

La construction d’un barrage sur une rivière perturbe de façon permanente l’équilibre des écosystèmes en place. En amont du barrage, des écosystèmes d’eau vive sont transformés en habitats artificiels d’eau dormante. Les modifications de la température et de la composition chimique de l’eau, de la teneur en oxygène dissous et des propriétés physiques d’un réservoir sont souvent défavorables aux communautés aquatiques qui s’étaient adaptées au réseau hydrographique existant.

Un suivi environnemental à long terme montre que les réservoirs dans le nord du Québec supportent des communautés d’organismes aquatiques comparables à celles des grands lacs environnants. Bien que la mise en eau transforme profondément les habitats terrestres et aquatiques existants, les caractéristiques des habitats aquatiques et la qualité de l’eau sont propices au développement de communautés aquatiques viables, diverses et productives. La productivité du milieu aquatique dans les réservoirs est souvent semblable – et parfois légèrement supérieure – à celle des lacs naturels environnants. Les rendements de pêche augmentent pour certaines espèces et diminuent pour d’autres, sans qu’on n’observe de changement net dans la diversité des poissons des réservoirs du Québec.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

B-3


ANNEXE B (suite) Enjeu

Poissons et habitats aquatiques en aval des barrages (section 6.4.4)

Impacts génériques de l’hydroélectricité souvent mentionnés Les aménagements hydroélectriques modifient le régime hydrologique des rivières en aval des barrages. Le détournement de l’eau vers les centrales hydroélectriques réduit la quantité d’eau disponible pour le maintien des écosystèmes dans les cours d’eau. En aval des centrales, l’habitat des poissons peut être modifié durant les heures de pointe. Le rapide changement des niveaux d’eau dans les rivières peut piéger de nombreux invertébrés dans les zones sèches, entraînant une diminution de la quantité de nourriture des poissons et de l’habitat utilisable. Ces changements touchant l’habitat et la nourriture peuvent nuire aux ressources halieutiques en aval du barrage.

Milieux estuariens (section 6.4.5)

L’exploitation des aménagements hydroélectriques modifie la répartition temporelle des apports en eau douce dans les milieux estuariens et côtiers. Ces changements influent sur l’étendue du panache d’eau douce à l’embouchure des rivières ainsi que sur le profil d’intrusion saline. Ces effets peuvent à leur tour modifier la dynamique des écosystèmes estuariens et côtiers.

Impacts réels observés dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec Afin de réduire ou de compenser les impacts liés aux modifications du régime hydrologique, Hydro-Québec met en place diverses mesures, comme le maintien de débits réservés écologiques, l’établissement de règles de gestion des débits, la construction d’ouvrages hydrauliques (seuils et épis) pour maintenir les niveaux d’eau, l’aménagement d’habitats (frayères et aires d’élevage) et le soutien de populations vulnérables ou en difficulté par des ensemencements en poissons. Les suivis environnementaux réalisés par Hydro-Québec montrent que ces mesures sont efficaces pour maintenir les habitats aquatiques et offrir aux communautés de poissons les conditions propices à leur développement.

Hydro-Québec a mis en œuvre des suivis de plusieurs composantes environnementales représentatives de ces écosystèmes, dont la productivité primaire, les herbiers de zostère marine, les communautés de poissons et certaines espèces de mollusques. Les suivis effectués dans les milieux estuariens et côtiers montrent que, malgré les modifications des conditions physiques apportées par l’exploitation des aménagements hydroélectriques, les communautés d’organismes aquatiques s’adaptent à ces nouvelles conditions et un nouvel équilibre se met en place. Les communautés locales peuvent également continuer de profiter des ressources fauniques de ces milieux. Sur la côte est de la baie James, des études sont en cours pour approfondir les connaissances sur les milieux côtiers, notamment la répartition et la croissance de la zostère marine et son utilisation par les Cris.

B-4

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


ANNEXE B (suite) Enjeu

Impacts génériques de l’hydroélectricité souvent mentionnés

Impacts réels observés dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec

Milieux humides et végétation (section 6.5) Milieux humides riverains (section 6.5.1)

La création de réservoirs dans un système fluvial peut entraîner la perte de la végétation riveraine. Une communauté végétale riveraine de type fluviatile est ainsi remplacée par une végétation aquatique d’affinité lacustre. Les effets de ce changement sont mixtes ; une végétation riveraine saine peut potentiellement se former, mais les réservoirs peuvent aussi être colonisés par des herbes nuisibles, comme le myriophylle à épis et la salicaire commune. La végétation riveraine en aval d’un barrage peut être modifiée par la fluctuation des débits pendant les périodes de pointe et hors pointe. Les plantes aquatiques dépendantes d’un débit constant ne peuvent pas s’établir le long du périmètre mouillé, tandis que certaines plantes peuvent être soumises à un stress très élevé en raison des changements de niveau d’eau. Dans les cas extrêmes, des installations sans mesures d’atténuation ni maintien d’un débit réservé minimal peuvent éliminer presque entièrement le débit aval pendant les conditions de faible débit estival, détruisant ainsi les habitats riverains.

La création des réservoirs occasionne la perte de milieux humides riverains. Dans bien des cas, cette perte est temporaire, car les processus naturels, combinés à des mesures d’atténuation et de compensation appropriées, mènent au développement de milieux humides sur une partie des berges des réservoirs et à l’atteinte d’un nouvel équilibre. Dans le cas des milieux humides non riverains (p. ex. les tourbières), les pertes sont définitives. En aval des barrages, les impacts sur les milieux humides riverains varient selon le type de modification apportée au régime de débits. Depuis environ 40 ans, Hydro-Québec met au point des mesures et des pratiques qui compensent partiellement la perte de milieux humides riverains et autres, notamment des mesures particulières visant la création de nouveaux milieux humides à forte valeur écologique. En bout de ligne, les grands aménagements hydroélectriques au Québec ont un impact résiduel sur les milieux humides dont l’ampleur varie selon qu’on considère leur superficie ou leur valeur écologique et selon les conditions propres à chaque projet. Les suivis de la végétation riveraine par Hydro-Québec n’ont pas établi la présence d’espèces de plantes envahissantes ou exotiques en milieu boréal. La prolifération d’espèces exotiques envahissantes ne constitue donc pas une menace ni un enjeu au regard des aménagements hydroélectriques d’Hydro-Québec.

Faune terrestre (section 6.6) Mammifères et oiseaux (section 6.6.1

Les effets sur l’habitat des oiseaux sont de divers ordres. Le réservoir crée un nouvel habitat pour les canards et les oies. Cependant, la fluctuation des débits en aval peut perturber les ressources halieutiques et potentiellement réduire la capacité des oiseaux pêcheurs, comme les aigles, les hérons et les martinspêcheurs, à prospérer dans cette communauté. La création d’un réservoir dans un système fluvial peut éliminer la végétation riveraine et d’autres organismes sessiles ainsi que les oiseaux juvéniles et les petits mammifères. Les espèces fauniques comme le castor, la loutre et le cerf de Virginie peuvent subir une perte nette d’habitat en raison de la création du réservoir et de la fluctuation du débit en aval du barrage. Les pertes subies par la végétation et les poissons à cause des installations hydroélectriques peuvent se traduire par une perte de nourriture pour de nombreux animaux.

La création d’un réservoir entraîne une perte permanente d’habitat forestier ainsi qu’une perte ou une modification d’habitat riverain et de milieux humides. À court terme, ces pertes ou modifications d’habitat ont un impact sur les populations de mammifères et d’oiseaux. Cependant, des milieux humides et riverains se recréent progressivement de façon naturelle. De plus, les habitats naturels disponibles autour des réservoirs agissent comme habitats de remplacement pour plusieurs espèces. Ils sont généralement nombreux, compte tenu de l’homogénéité des habitats et des densités fauniques relativement faibles dans le Nord québécois. À moyen et long terme, les populations de mammifères et d’oiseaux s’adaptent à ces modifications et colonisent ces habitats.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

B-5


ANNEXE B (suite) Enjeu

Impacts réels observés dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec

Impacts génériques de l’hydroélectricité souvent mentionnés

Utilisation du territoire, peuples autochtones et économie (section 6.7) Déplacement de populations (section 6.7.1)

La construction de barrages et l’ennoiement de grandes superficies terrestres par les réservoirs peuvent entraîner le déplacement forcé de populations entières.

Aucun grand projet de production hydroélectrique mené par Hydro-Québec n’a exigé un déplacement majeur ou une réinstallation forcée de populations. Au début des années 1970, les membres de la communauté crie de Fort George, établie sur une île à l’embouchure de la Grande Rivière, craignaient que le problème d’érosion auquel leur village faisait face ne soit amplifié par la réalisation d’un projet hydroélectrique. Après études et consultations, ils ont demandé à s’établir ailleurs. Dans un effort concerté des gouvernements, d’Hydro-Québec, du Grand Conseil des Cris du Québec et de la bande de Fort George, un nouvel emplacement a été choisi sur la terre ferme à proximité du village existant. L’aménagement du nouveau village a été fait en collaboration avec la communauté de Fort George. Pour donner effet à la décision de la communauté de Fort George de se déplacer, les parties ont signé en 1978 la Convention de Chisasibi. Les aménagements hydroélectriques (notamment les réservoirs) peuvent occasionner le déplacement ou la destruction de bâtiments isolés comme des camps de piégeage, des chalets et des abris sommaires utilisés à des fins récréatives ou pour la pratique d’activités traditionnelles de chasse ou de pêche. Hydro-Québec applique alors les meilleures pratiques d’indemnisation pour dédommager leurs propriétaires.

Ententes avec les collectivités locales et les communautés autochtones (section 6.7.2)

B-6

Les grands projets hydroélectriques ont souvent des impacts négatifs sur les communautés locales, comme la relocalisation forcée (avec ou sans compensation), la perte de moyens de subsistance, la perte d’artéfacts de patrimoine culturel ou la détérioration de la qualité de vie.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

Afin de rendre ses projets et ses activités acceptables par le milieu d’accueil, Hydro-Québec conclut des ententes avec les communautés autochtones et non autochtones. En plus de prévoir le versement de compensations aux communautés d’accueil, ces ententes visent notamment à optimiser les retombées économiques des projets par la création d’emplois, la formation et l’attribution de contrats locaux. Elles incluent des mécanismes d’échanges continus servant à veiller à la mise en œuvre des ententes et à traiter les enjeux au fur et à mesure qu’ils se présentent afin de favoriser le maintien de l’acceptabilité sociale durant tout le cycle de vie du projet. Les ententes avec les autochtones, tout en favorisant l’utilisation continue du territoire par les populations touchées, prennent en compte leurs valeurs, leurs droits de même que leurs priorités culturelles et environnementales. Elles permettent aussi aux communautés autochtones d’améliorer leurs infrastructures et de soutenir le développement des commerces locaux.


ANNEXE B (suite) Enjeu

Spécificité des populations autochtones (section 6.7.3)

Impacts génériques de l’hydroélectricité souvent mentionnés Les populations autochtones peuvent être particulièrement touchées par les aménagements hydroélectriques. Les impacts peuvent porter, par exemple, sur les pratiques culturelles, sur les terres ancestrales (impacts directs et indirects) et sur la cohésion des communautés. Ils comportent des risques pour la santé publique, peuvent perturber les pratiques ancestrales et entraver l’accès à des ressources de subsistance.

Impacts réels observés dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec Hydro-Québec accorde une attention particulière aux communautés autochtones dans le cadre du processus d’évaluation environne­ mentale de ses projets hydroélectriques. Dès l’étape de planification du projet, elle met en place des comités mixtes pour informer et consulter les parties prenantes autochtones ainsi qu’une démarche d’information et de consultation adaptée aux communautés autochtones. Les informations nécessaires à la compréhension du projet et les détails des modifications apportées au territoire leur sont communiqués. Leurs commentaires et leurs préoccupations sont recueillis et intégrés aux études d’impact afin de bonifier le projet et de réduire ses impacts. Lors de la réalisation des études d’impact, l’entreprise consacre des efforts considérables à la collecte de données afin de bien connaître les communautés et leurs différents usages du territoire et des ressources. Comme l’utilisation du territoire et de ses ressources occupe une place prédominante dans l’identité culturelle des autochtones et dans la transmission intergénérationnelle de leurs savoirs, Hydro-Québec et les représentants des communautés autochtones concernées établissent des mesures d’atténuation visant non seulement à protéger les habitats naturels, mais également à favoriser la réappropriation et l’utilisation continue du territoire. Ces mesures visent également à ce que les communautés autochtones puissent tirer avantage des aménagements hydro­ électriques, non seulement pendant les phases de planification et de construction, mais aussi pendant l’exploitation des aménagements.

Activités récréotouristiques (section 6.7.4)

Les impacts d’une centrale hydroélectrique sur les loisirs locaux sont généralement associés aux fluctuations du niveau de l’eau et aux changements de sa qualité. Les réservoirs peuvent avoir des impacts positifs et négatifs sur les activités récréatives. Un réservoir peut créer un nouveau plan d’eau favorisant les activités aquatiques comme la pêche ou la navigation de plaisance. Par contre, les ressources halieutiques en aval d’une installation hydroélectrique peuvent être sérieusement compromises, ce qui peut diminuer la qualité de la pêche, notamment pour les truites. De plus, les installations hydroélectriques peuvent potentiellement éliminer le potentiel de navigation en eau vive pour des tronçons particuliers d’une rivière.

La quasi-totalité des réservoirs exploités par Hydro-Québec sont utilisés à des fins récréotouristiques, quoique de façon moindre dans le Nord québécois. Dans le cadre de l’exploitation de certains de ses réservoirs, Hydro-Québec tient compte de ces activités dans la gestion des niveaux d’eau. Au besoin, elle diffuse de l’information sur l’exploitation de ses aménagements hydroélectriques afin de favoriser une utilisation sécuritaire des réservoirs. De plus, l’entreprise met en place des mesures de mise en valeur des réservoirs, comme l’aménagement d’installations de loisirs et de tourisme, visant à permettre aux utilisateurs de profiter des nouveaux plans d’eau créés. Pour réduire ou compenser les impacts sur la navigation en aval des barrages, Hydro-Québec puise au besoin dans des mesures telles que le maintien de débits réservés minimaux et de règles de gestion des débits, et la construction d’ouvrages hydrauliques (seuils et épis) destinés à maintenir les niveaux d’eau (voir la section 6.4.4).

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

B-7


ANNEXE B (suite) Enjeu

Paysage (section 6.7.5)

Impacts génériques de l’hydroélectricité souvent mentionnés L’intrusion visuelle d’une nouvelle installation hydroélectrique – en particulier le barrage, la centrale et les installations de transport d’électricité – pourrait constituer une gêne pour des activités récréatives telles que la randonnée ou l’observation de la faune.

Impacts réels observés dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec Les grands projets hydroélectriques entraînent une modification du paysage en raison de la création de réservoirs et de la présence d’infrastructures permanentes ou temporaires, comme les centrales, les barrages, les digues, les camps de travailleurs et les bancs d’emprunt. Hydro-Québec met en place plusieurs mesures pour atténuer l’impact visuel de ces ouvrages et aires d'extraction, par exemple la restauration de la végétation dans les aires pertubées et le déboisement partiel des rives des futurs réservoirs. Par ailleurs, les réservoirs constituent de nouveaux plans d’eau ayant une valeur paysagère intrinsèque souvent comparable à celle de plusieurs lacs naturels du milieu environnant. Hydro-Québec met en place des mesures visant à mettre en valeur ces nouveaux paysages. De plus, elle prend part depuis plusieurs années aux initiatives de réflexion et d’analyse sur la question du paysage et au développement des pratiques les plus innovantes en la matière.

Mercure (section 6.8) Mercure dans l’environnement (section 6.8.1)

B-8

La mise en eau des réservoirs entraîne une augmentation importante du mercure dans l’eau, les sédiments et les organismes vivants, notamment les poissons.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

Le mercure est présent naturellement dans la végétation, le substrat rocheux et les sols. Une partie du mercure présent dans l’environnement provient d’activités humaines telles que la combustion du charbon. Hydro-Québec a effectué un suivi à long terme des teneurs en mercure dans plusieurs réservoirs qui lui a permis de décrire et de comprendre ce phénomène. Les réservoirs n’ajoutent pas de mercure à l’environnement ; cependant, après la mise en eau, le mercure inorganique présent dans les sols et la végétation ennoyés est transformé en méthylmercure organique, plus facilement assimilé par les organismes aquatiques (biodisponibilité accrue). Les teneurs en mercure des organismes augmentent avec les niveaux trophiques et culminent chez les poissons prédateurs. Il n’existe aucune mesure capable de contrer ce phénomène. Il est maintenant bien établi que les teneurs en mercure des poissons des réservoirs d’Hydro-Québec augmentent généralement après la mise en eau, pour revenir ensuite progressivement aux niveaux naturels après 10 à 35 ans. Bien que ces teneurs atteignent généralement des valeurs de deux à huit fois supérieures aux valeurs naturelles, aucun effet négatif sur l’abondance, la croissance et la reproduction des poissons n’a été observé dans les réservoirs du Québec.


ANNEXE B (suite) Enjeu

Mercure et risque pour la santé des populations riveraines (section 6.8.2)

Impacts génériques de l’hydroélectricité souvent mentionnés

Impacts réels observés dans les complexes hydroélectriques d’Hydro-Québec

La présence de mercure dans les réservoirs, en particulier dans la chair des poissons, constitue un risque pour la santé humaine, notamment pour les populations autochtones qui font une grande consommation de poisson.

Dès la fin des années 1970, l’enjeu du mercure a été considéré comme prioritaire par Hydro-Québec et les autorités de santé publique, et ce, même avant la mise en eau des réservoirs de la Baie-James, dans le nord du Québec. En plus d’un programme institutionnel de recherche sur le mercure réalisé de façon intensive entre 1977 et 2012, deux conventions successives sur le sujet ont été élaborées et signées en 1986 et en 2001 entre Hydro-Québec, les communautés cries et le gouvernement du Québec. Ces conventions avaient entre autres pour objectifs de gérer de façon adéquate cet enjeu auprès des populations cries. Ces recherches ont permis de documenter scientifiquement les aspects les plus importants de ce phénomène. Afin de prévenir les risques pour la santé humaine, Hydro-Québec, en collaboration avec les autorités locales, produit des guides de consommation adaptés à chaque communauté. Ces guides contiennent des recommandations de consommation de poisson selon les espèces de poissons et les lieux où ils sont pêchés. Depuis le début du suivi du mercure dans les réservoirs d’Hydro-Québec, aucune augmentation importante des niveaux d’exposition des populations locales touchées n’a été constatée.

Impacts des travaux de construction (section 6.9) Impacts de la construction des aménagements hydroélectriques (section 6.9.1)

La construction d’un nouvel aménagement hydroélectrique peut causer des impacts environnementaux importants. Les activités de construction comprennent généralement le déboisement, la construction d’accès routiers ainsi que les travaux d’excavation et de dragage liés à la mise en place des diverses composantes des centrales. Les impacts probables comprennent l’érosion des sols et une augmentation de la turbidité et de la sédimentation en aval (ce qui peut dégrader la qualité visuelle de la rivière et nuire aux espèces terrestres et aquatiques) ainsi que l’augmentation du bruit et le soulèvement de poussières.

Durant la réalisation de ses projets, Hydro-Québec met en œuvre plusieurs mécanismes pour protéger l’environnement. Les contrats de l’entreprise contiennent un ensemble de clauses environnementales normalisées qui doivent obligatoirement être appliquées par les différents intervenants sur les chantiers. De plus, des équipes de surveillance environnementale sont mobilisées en permanence pour en vérifier l’application et pour relever d’éventuelles non-conformités, dans le cadre d’un programme accrédité ISO 14001. D’autres mesures d’atténuation peuvent également être mises en place en présence d’enjeux fauniques ou floristiques particuliers. À la fin des chantiers, Hydro-Québec procède à la restauration et au reboisement des aires perturbées par les travaux afin de réduire l’empreinte des travaux sur les milieux naturels.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

B-9



ANNEXE C Liste des centrales hydroélectriques d’Hydro-Québec Type

Puissance installée1 (MW)

Nombre de groupes

Hauteur de chute2 (m)

Mise en service3

La Grande Rivière

Réservoir

5 616

16

137,16

1979-1981

La Grande Rivière

La Grande Rivière

Réservoir

2 779

9

116,7

1984-1986

La Grande-3

La Grande Rivière

La Grande Rivière

Réservoir

2 417

12

79

1982-1984

La Grande-2-A

La Grande Rivière

La Grande Rivière

Réservoir

2 106

6

138,5

1991-1992

Beauharnois

Fleuve Saint-Laurent

Lac SaintFrançois et canal de Beauharnois

Fil de l’eau

1 853

36

24,39

1932-1961

Manic-5

Rivière Manicouagan

Rivière Manicouagan

Réservoir

1 596

8

141,8

1970-1971

La Grande Rivière

La Grande Rivière

Fil de l’eau

1 436

12

27,5

1994-1995

René-Lévesque (Manic-3)

Rivière Manicouagan

Rivière Manicouagan

Fil de l’eau

1 326

6

94,19

1975-1976

Jean-Lesage (Manic-2)

Rivière Manicouagan

Rivière Manicouagan

Fil de l’eau

1 229

8

70,11

1965-1967

Bersimis-1

Rivière Betsiamites

Rivière Betsiamites

Réservoir

1 178

8

266,7

1956-1959

Manic-5-PA

Rivière Manicouagan

Rivière Manicouagan

Réservoir

1 064

4

144,5

1989-1990

Outardes-3

Rivière aux Outardes

Rivière aux Outardes

Fil de l’eau

1 026

4

143,57

1969

Sainte-Marguerite-3

Rivière SainteMarguerite

Rivière SainteMarguerite

Réservoir

882

2

330

2003

Laforge-1

La Grande Rivière

Rivière Laforge

Réservoir

878

6

57,3

1993-1994

Bersimis-2

Rivière Betsiamites

Rivière Betsiamites

Fil de l’eau

845

5

115,83

1959-1960

Outardes-4

Rivière aux Outardes

Rivière aux Outardes

Réservoir

785

4

120,55

1969

Bernard-Landry (Eastmain-1-A)

La Grande Rivière

Rivière Eastmain

Réservoir

768

3

63

2011-2012

Nom

Bassin versant

Cours ou plan d’eau

Robert-Bourassa

La Grande Rivière

La Grande-4

La Grande-1

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

C-1


ANNEXE C (suite)

Nom

Bassin versant

Cours ou plan d’eau

Type

Puissance installée1 (MW)

Nombre de groupes

Hauteur de chute2 (m)

Mise en service3

Rivière des Outaouais (inférieur)

Rivière des Outaouais

Fil de l’eau

753

14

17,99

1962-1964

Romaine-2

Rivière Romaine

Rivière Romaine

Réservoir

640

2

156

2014

Toulnustouc

Rivière Manicouagan

Rivière Toulnustouc

Réservoir

526

2

152

2005

Outardes-2

Rivière aux Outardes

Rivière aux Outardes

Fil de l’eau

523

3

82,3

1978

Eastmain-1

La Grande Rivière

Rivière Eastmain

Réservoir

480

3

63

2006

Brisay

La Grande Rivière

Rivière Caniapiscau

Réservoir

469

2

37,5

1993

Romaine-3

Rivière Romaine

Rivière Romaine

Réservoir

395

2

119

2017

Péribonka

Rivière Péribonka

Rivière Péribonka

Fil de l’eau

385

3

67,6

2007-2008

Laforge-2

La Grande Rivière

Rivière Laforge

Fil de l’eau

319

2

27,4

1996

Trenche

Rivière Saint-Maurice

Rivière Saint-Maurice

Fil de l’eau

302

6

48,47

1950-1955

La Tuque

Rivière Saint-Maurice

Rivière Saint-Maurice

Fil de l’eau

294

6

34,75

1940-1955

Beaumont

Rivière Saint-Maurice

Rivière Saint-Maurice

Fil de l’eau

270

6

37,8

1958-1959

Romaine-1

Rivière Romaine

Rivière Romaine

Fil de l’eau

270

2

61,5

2015

McCormick4

Rivière Manicouagan

Rivière Manicouagan

Fil de l’eau

235

7

37,8

1952

Rocher-deGrand-Mère

Rivière Saint-Maurice

Rivière Saint-Maurice

Fil de l’eau

230

3

24,3

2004

Rivière des Outaouais (inférieur)

Rivière Gatineau

Fil de l’eau

226

8

40,54

1928-1956

Rivière Saint-Maurice

Rivière Saint-Maurice

Réservoir

204

6

32,92

1934-1955

Carillon

Paugan

Rapide-Blanc

C-2

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


ANNEXE C (suite)

Type

Puissance installée1 (MW)

Nombre de groupes

Hauteur de chute2 (m)

Mise en service3

Rivière Saint-Maurice

Fil de l’eau

200

8

44,2

1911-1929

Rivière Saint-Maurice

Rivière Saint-Maurice

Fil de l’eau

194

3

44,2

1948-1949

Rivière Manicouagan

Rivière Manicouagan

Fil de l’eau

184

3

36,58

1966-1967

Rapides-des-Îles

Rivière des Outaouais (supérieur)

Rivière des Outaouais

Fil de l’eau

176

4

26,22

1966-1973

Chelsea

Rivière des Outaouais (inférieur)

Rivière Gatineau

Fil de l’eau

152

5

28,35

1927-1939

Sarcelle

La Grande Rivière

Rivière Eastmain

Fil de l’eau

150

3

8,7–16,1

2013

Rivière Saint-Maurice

Rivière Saint-Maurice

Fil de l’eau

131

5

17,38

1924-1931

Rivière des Outaouais (supérieur)

Rivière des Outaouais

Fil de l’eau

131

4

22,26

1968-1975

Fleuve Saint-Laurent

Fleuve Saint-Laurent

Fil de l’eau

113

12

9,14

1914-1924

Rapides-des-Quinze

Rivière des Outaouais (supérieur)

Rivière des Outaouais

Fil de l’eau

109

6

25,9

1923-1955

Rapides-Farmer

Rivière des Outaouais (inférieur)

Rivière Gatineau

Fil de l’eau

104

5

20,12

1927-1947

Rivière Saint-Maurice

Rivière Saint-Maurice

Fil de l’eau

93

4

25,61

1916-1930

Rivière des Outaouais (inférieur)

Rivière des Outaouais

Fil de l’eau

92

4

16,16

1931

Rapide-des-Cœurs

Rivière Saint-Maurice

Rivière Saint-Maurice

Fil de l’eau

76

6

22,69

2008-2009

Chute-Allard

Rivière Saint-Maurice

Rivière Saint-Maurice

Fil de l’eau

62

6

17,83

2008-2009

Rivière des Outaouais (inférieur)

Rivière des Outaouais

Fil de l’eau

56

3

18,29

1925-1949

Nom

Bassin versant

Cours ou plan d’eau

Shawinigan-2

Rivière Saint-Maurice

Shawinigan-3

Manic-1

La Gabelle

Première-Chute

Les Cèdres

Grand-Mère

Chute-des-Chats

Bryson

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

C-3


ANNEXE C (suite) Nom

Bassin versant

Cours ou plan d’eau

Type

Puissance installée1 (MW)

Nombre de groupes

Hauteur de chute2 (m)

Mise en service3

Rivière des Outaouais (inférieur)

Rivière Gatineau

Réservoir

55

5

18

2007

Rivière-des-Prairies

Fleuve Saint-Laurent

Rivière des Prairies

Fil de l’eau

54

6

7,93

1929-1930

Hart-Jaune

Rivière Manicouagan

Rivière Hart Jaune

Réservoir

51

3

39,6

1960

Rapide-2

Rivière des Outaouais (supérieur)

Rivière des Outaouais

Fil de l’eau

48

4

20,43

1954-1964

Rapide-7

Rivière des Outaouais (supérieur)

Rivière des Outaouais

Réservoir

48

4

20,73

1941-1949

Rivière Saint-François

Rivière Saint-François

Fil de l’eau

29

6

14,64

1925

Rivière Sainte-Anne

Rivière Sainte-Anne

Fil de l’eau

22

4

124,97

1916-1999

Rivière Saint-François

Rivière Saint-François

Fil de l’eau

16

4

9,1

1919-1925

Rivière Batiscan

Rivière Batiscan

Fil de l’eau

15

2

44,81

1926

Chute-Bell

Rivière des Outaouais (inférieur)

Rivière Rouge

Fil de l’eau

10

2

17,8

1915-2011

Mitis-1

Rivière Mitis

Rivière Mitis

Fil de l’eau

6

2

36,58

1922-1929

Mitis-2

Rivière Mitis

Rivière Mitis

Fil de l’eau

4

1

22,86

1947

Mercier

Chute-Hemmings

Sept-Chutes

Drummondville

Saint-Narcisse

Source : https://www.hydroquebec.com/production/centrales.html. 1. La puissance installée indiquée correspond au maximum autorisé par le permis d’exploitation. 2. La hauteur de chute indiquée correspond à la plus grande valeur s’il y en a plusieurs. La hauteur de chute varie selon le groupe turbine-alternateur. Ainsi, des travaux de réfection peuvent entraîner une modification de cette valeur. 3. Années de mise en service du premier et du dernier groupe de chaque aménagement. 4. La centrale McCormick est exploitée par une société en commandite appartenant à Hydro-Québec (60 %) et à Alcoa (40 %).

C-4

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


ANNEXE D Politique sur l’environnement d’Hydro-Québec : Notre environnement

Niveau de confidentialité: Public

Politique Page 1 de 2 Thème

En vigueur le

Notre environnement

AAAA-MM-JJ

2018-11-16

Adoption No de la résolution

HA-246/2018

1

Adopté le

AAAA-MM-JJ

2018-11-16

Révisé le

AAAA-MM-JJ

Date de révision

Secrétaire général

Pierre Gagnon

Original signé et conservé

Introduction La présente politique constitue les orientations et les engagements dʼHydro-Québec en matière dʼenvironnement. Lʼentreprise mise sur lʼutilisation judicieuse des ressources dans une perspective de développement durable.

2

Principes généraux Hydro-Québec prend les mesures nécessaires pour demeurer à lʼavant-garde en ce qui concerne la protection de lʼenvironnement. Elle le fait en exerçant une gestion diligente et responsable relativement à lʼensemble de ses activités, produits et services. En favorisant la production dʼélectricité à partir de ressources renouvelables, Hydro-Québec protège lʼhéritage environnemental des générations futures. Elle élabore des projets qui créent de la valeur pour la société québécoise et sont optimisés du point de vue de lʼenvironnement, tout en cherchant à ce quʼils soient accueillis favorablement par les collectivités. Elle pratique une gestion environnementale rigoureuse, conforme à la norme ISO 14001, dans une perspective dʼamélioration continue, et ce, dans le cadre de ses activités au Québec et à lʼinternational.

2.1 Protection de lʼenvironnement Pour contribuer à la protection de lʼenvironnement, Hydro-Québec sʼengage à : •

établir une culture écoresponsable au sein de lʼentreprise;

promouvoir une utilisation efficace et optimale de lʼélectricité;

promouvoir lʼélectrification des transports;

évoluer vers lʼapprovisionnement de sa clientèle en électricité produite exclusivement à partir de ressources renouvelables, dont lʼhydroélectricité;

anticiper les impacts des changements climatiques et à prendre les mesures pour sʼy adapter.

2.2 Amélioration continue de la performance environnementale Pour améliorer sa performance environnementale, Hydro-Québec sʼengage à : •

Tenir compte de lʼenvironnement dans les processus décisionnels pour la sélection de ses acquisitions et investissements, dès lʼétablissement de ses orientations stratégiques, et à toutes les étapes du cycle de vie de ses projets, ses produits, ses services et ses installations de façon à prévenir la pollution ainsi quʼà préserver la biodiversité et la qualité de lʼenvironnement;

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

D-1


ANNEXE D (suite)

Niveau de confidentialité: Public

Politique (suite) Page 2

3

de 2

prévenir et à gérer les impacts à la source de ses activités, à en atténuer les impacts négatifs et à en maximiser les impacts positifs, ainsi quʼà en assurer un suivi pour améliorer sa performance et faire évoluer ses pratiques;

faire preuve de transparence et à collaborer avec les parties prenantes dans le cadre des évaluations environnementales de ses activités, de ses programmes et de ses projets;

spécifier aux fournisseurs les critères environnementaux à intégrer pour une gestion responsable de leurs activités, produits et services dans une perspective de développement durable;

utiliser durablement les ressources et à favoriser lʼintégration du concept de cycle de vie à ses choix de consommation;

réaliser, à soutenir et à valoriser la recherche et lʼinnovation relativement aux enjeux émergents et aux effets de ses activités sur lʼenvironnement.

Reddition de comptes au Conseil dʼadministration 3.1 Mesures de reddition de compte Toute dérogation à lʼapplication dʼun ou de plusieurs principes énoncés dans la présente politique doit être signalée dans toute recommandation présentée pour approbation. Relativement à une préoccupation particulière, le Conseil dʼadministration ou le président-directeur général peut en tout temps demander une reddition de comptes sur lʼapplication de certains principes généraux énoncés dans la présente politique.

3.2 Responsable de la reddition de comptes Chaque gestionnaire est responsable de faire appliquer les principes généraux énoncés dans la présente politique et dʼen rendre compte à ses supérieurs. Le vice-président exécutif – Affaires corporatives et chef de la gouvernance dépose chaque année auprès du Conseil dʼadministration un rapport portant sur le développement durable. Ce rapport est aussi rendu public. Dans une optique dʼamélioration continue de la performance environnementale, le vice-président exécutif ‒ Affaires corporatives et chef de la gouvernance évalue périodiquement la conformité environnementale de même que le caractère adéquat et lʼefficacité de la gestion environnementale.

D-2

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


ANNEXE E Politique en matière de relations avec les autochtones d’Hydro-Québec : Nos relations avec les autochtones

A Politique Thème

En vigueur le

Nos relations avec les autochtones

Page 1 de 2

15 novembre 2019

Adoption No de la résolution

À venir

Date

15 novembre 2019

Secrétaire général

Pierre Gagnon

ORIGINAL SIGNÉ ET CONSERVÉ

1. Introduction

La présente politique constitue les engagements d’Hydro-Québec en matière de relations avec les autochtones. Elle présente les orientations adoptées par l’entreprise, qui guident ses relations avec les autochtones et les services qui leurs sont offerts.

2. Principes généraux

Hydro-Québec est soucieuse de l’acceptabilité de ses activités au sein des milieux autochtones. Elle reconnaît qu’une approche adaptée aux caractéristiques culturelles et aux structures de gouvernance autochtones est nécessaire. Elle mise sur l’établissement et le maintien de relations fondées sur le respect mutuel, le partenariat et une participation réelle des autochtones. En conséquence,

Implication des autochtones

pour favoriser l’acceptabilité et l’intégration de ses projets et de ses activités au sein du milieu autochtone, Hydro-Québec s’engage à :

 informer et impliquer les communautés autochtones à toutes les étapes du

cycle de vie de ses projets (planification, conception, réalisation et exploitation) afin de s’assurer que leurs attentes et préoccupations soient prises en compte ;

 recourir à un processus de consultation et de participation du public adapté et qui tient compte des spécificités sociales, culturelles, politiques des communautés autochtones et du savoir autochtone ;

 favoriser les retombées économiques des communautés autochtones en encourageant la participation des entreprises autochtones aux activités de l’entreprise ;

 favoriser, au besoin, la mise en place de mesures visant à s’assurer du soutien des communautés autochtones à l’égard de ses projets et activités.

Esprit de collaboration

pour favoriser la progression et le maintien de ses relations avec les autochtones, Hydro-Québec s’engage à :

 contribuer à l'essor économique, social et culturel des peuples autochtones de

façon distincte et respectueuse de leur identité dans le cadre de ses projets et activités d’exploitation ;

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

E-1


ANNEXE E (suite)

Politique (suite)

A

Page 2 de 2

 s’assurer que ses décisions d’affaires prennent en considération les droits et

revendications, les intérêts, la culture, le mode de vie et la gouvernance autochtone ;

 engager un dialogue et faire des communications proactives à toutes les étapes

du cycle de vie de ses projets ainsi que dans le cadre de ses activités courantes de façon à en assurer une intégration harmonieuse avec les activités des autochtones directement touchées ;

 communiquer, de façon transparente, en fournissant notamment de l’information et de la documentation dans un format accessible et compréhensible pour les autochtones ;

 favoriser, lorsque jugé opportun ou nécessaire, la mise en place de comités ou de forums d’échange mixtes ;

 offrir à sa clientèle autochtone un service à la clientèle adapté à leurs particularités.

Culture d’entreprise

pour favoriser un milieu de travail ouvert et réceptif à l’égard des autochtones et à leurs réalités, Hydro-Québec s’engage à :

 mettre en place des mesures favorisant l’attractivité, l’embauche et la rétention d’employés autochtones ;

 mettre en place des moyens favorisant la sécurisation culturelle des autochtones;

 sensibiliser ses employés à la culture, aux valeurs et au mode de vie des peuples autochtones ;

 informer ses employés des engagements et obligations de l’entreprise envers les autochtones et qui découlent d’ententes qu’elle a conclues avec des communautés autochtones.

3. Reddition de comptes

E-2

imputabilité

Chaque gestionnaire est responsable de faire appliquer les principes généraux contenus dans la présente politique et d’en rendre compte dans sa ligne hiérarchique.

exception

Toute dérogation à l’application d’un ou de plusieurs principes contenus dans la présente politique devra être signalée dans toute recommandation présentée pour approbation.

préoccupation

Relativement à une préoccupation spécifique, le Conseil d’administration ou le président-directeur général peuvent en tout temps demander une reddition de comptes sur l’application de certains principes généraux contenus dans la présente politique.

mesure

Hydro-Québec rend publics annuellement différents rapports et documents dont le rapport sur le développement durable ; ils font état des réalisations et d’indicateurs témoignant de ses engagements envers les communautés autochtones.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


ANNEXE F Définitions de rivière à débit régularisé, de rivière à débit réduit et de rivière à débit augmenté RIVIÈRE À DÉBIT RÉGULARISÉ Aux fins de la présente synthèse, une rivière à débit régularisé est un cours d’eau dont le débit est commandé par une centrale hydroélectrique dans un contexte de production d’énergie. Le débit varie selon le régime d’exploitation de la centrale. En général, l’hydrogramme d’une rivière à débit régularisé est caractérisé par l’élimination des crues printanières et l’atténuation des étiages estivaux et hivernaux ainsi que par des fluctuations horaires, journalières et saisonnières du débit, selon la demande d’énergie. Le bilan hydrique annuel de la rivière est le même qu’avant son aménagement ; toutefois, la répartition temporelle du débit durant l’année est changée. Pour les besoins de cette synthèse, nous considérons que le débit d’une rivière à débit régularisé n’est ni augmenté par la dérivation des apports d’un autre cours d’eau, ni réduit en raison d’une dérivation de cette rivière vers un autre cours d’eau. Les rivières Betsiamites et Romaine, toutes deux dans la région de la Côte-Nord, en sont des exemples.

RIVIÈRE À DÉBIT RÉDUIT Il s’agit d’un cours d’eau dont on a dérivé une partie ou la totalité du débit vers un autre bassin versant pour augmenter la production d’énergie d’une ou de plusieurs centrales. Le débit de ce type de rivière n’est pas régi par une centrale. Il est assuré par les apports secondaires provenant des tributaires situés en aval du point de dérivation. Dans certains cas, le débit est également soutenu par le maintien, au moyen d’un ouvrage régulateur, d’un débit réservé écologique, qui peut être modulé selon les périodes biologiques du poisson (reproduction, alimentation, incubation des œufs, etc.). La rivière Rupert, dans la région de la Baie-James, est un exemple de rivière à débit réduit. Depuis 2009, une partie des eaux de la partie supérieure de son bassin versant est dérivée vers le complexe La Grande. Un débit réservé écologique équivalant à 48 % du débit moyen annuel à l’embouchure de la rivière y est maintenu.

RIVIÈRE À DÉBIT AUGMENTÉ Il s’agit d’une rivière dont le débit est augmenté par les eaux provenant d’un ou de plusieurs autres cours d’eau, afin d’augmenter la production d’énergie d’une ou de plusieurs centrales. Le bilan hydrique annuel d’une rivière à débit augmenté est plus élevé qu’avant son aménagement. De plus, le débit d’une rivière à débit augmenté est commandé par l’exploitation d’une centrale ; il est donc appelé à varier fréquemment pour répondre à la demande d’énergie. La Grande Rivière, dans la région de la Baie-James, en est un bon exemple. Depuis le début des années 1980, elle reçoit une partie des eaux des rivières Eastmain et Caniapiscau et, depuis 2009, elle reçoit en plus une partie de celles de la rivière Rupert.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

F-1



ANNEXE G Liste des ententes entre Hydro-Québec et diverses communautés autochtones Entente ou convention

Année

Signataires

Objet

Convention Atikamekw– Hydro-Québec

1988

• Conseil de la Nation Atikamekw (Atikamekw Sipi) • Bande d’Obedjiwan (Opitciwan) • Bande de Weymontachie (Wemotaci) • Bande de Manouane (Manawan) • Hydro-Québec

• Prendre en charge la production et de la distribution d’électricité à Obedjiwan et à Manawan. • Au moins une fois l’an, informer les parties atikamekw des travaux et contrats prévus en territoire atikamekw. • Favoriser l’attribution de contrats aux Atikamekw selon les compétences. • Transmettre à Atikamekw Sipi deux fois par année les variations du niveau des réservoirs de la Haute-Mauricie. • Favoriser l’embauche de main-d’œuvre atikamekw.

Entente Wemotaci

2002

• Bande de Weymontachie (Wemotaci) • Hydro-Québec

• Favoriser l’attribution de contrats et d’emplois liés aux études et à la construction des centrales de la Chute-Allard et des Rapides-des-Cœurs ainsi que de leur ligne de raccordement au réseau.

Entente Hydro-Québec– Atikamekw Nehirowisiw

2015

• • • • •

• Redéfinir le cadre des relations entre les Atikamekw et Hydro-Québec selon l’évolution de celles-ci depuis la signature de la convention de 1988. • Partager avec Wemotaci certaines infrastructures de télécommunications situées entre la centrale de la Chute-Allard et La Tuque.

Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ)

1975

• Grand Conseil des Cris du Québec • Association des Inuit du NouveauQuébec • Gouvernement du Québec • Société d’énergie de la Baie James • Société de développement de la Baie-James • Commission hydroélectrique de Québec (Hydro-Québec)

• Permettre aux Cris et aux Inuits du Québec d’échanger des droits non définis contre des droits définis sur des terres ainsi qu’une indemnisation financière. Un seul des 31 chapitres de cette convention, le chapitre 8, porte sur le développement hydroélectrique. • Assurer le maintien du niveau de certains plans d’eau ainsi que la tenue des engagements relatifs à l’alimentation permanente en eau de communautés cries. • Instaurer des dispositions en faveur des Cris pour l’emploi et les contrats au complexe La Grande. • Établir entre autres un régime d’évaluation environnementale sur le territoire ainsi qu’un programme de sécurité du revenu pour les chasseurs et piégeurs cris.

Convention de Chisasibi

1978

• • • •

• Construire le village de Chisasibi et y reloger la communauté crie de Fort George.

ATIKAMEKW

Conseil de la Nation Atikamekw Conseil des Atikamekw de Wemotaci Conseil des Atikamekw de Manawan Conseil des Atikamekw d’Opitciwan Hydro-Québec

CRIS

Grand Conseil des Cris du Québec Bande de Fort George Société d’énergie de la Baie James Société de développement de la Baie-James • Commission hydroélectrique de Québec (Hydro-Québec) • Gouvernement du Québec • Gouvernement du Canada

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

G-1


ANNEXE G (suite)

Entente ou convention

Année

Signataires

Objet

Convention complémentaire n° 4 (liée à la Convention de Chisasibi)

1978

• Grand Conseil des Cris du Québec • Société d’énergie de la Baie James • Commission hydroélectrique de Québec (Hydro-Québec)

• Permettre la signature et l’application de la Convention de Chisasibi. • Modifier le projet La Grande-1 et certaines dispositions du chapitre 8 de la CBJNQ relatives à l’alimentation en eau de Fort George et d’Eastmain.

Convention du lac Sakami

1979

• • • • •

• Fixer une nouvelle cote maximale des eaux du lac Sakami et convenir de travaux correcteurs.

Convention complémentaire n° 5

1979

• Administration régionale crie • Société d’énergie de la Baie James • Commission hydroélectrique de Québec (Hydro-Québec)

• Assurer que le niveau maximal du lac Sakami ne dépasse pas normalement 613 pieds au-dessus du niveau maximal des eaux. • Assurer que le débit des eaux détournées des rivières Eastmain et Opinaca ne dépassera pas 70 000 pi3/s.

Convention concernant le fonds de la Convention du lac Sakami

1984

• • • • •

Administration régionale crie Bande d’Old Factory (Wemindji) Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James Société Sakami Eeyou

• Modifier l’alinéa 3.5.3 de la Convention du lac Sakami concernant le paiement par la SEBJ du solde non déboursé à la fin de 1983 du fonds de l’annexe II prévu par la Convention du lac Sakami. • Permettre à l’Administration régionale crie et à la Société d’énergie de la Baie James de choisir conjointement la Société Sakami Eeyou comme bénéficiaire du solde non déboursé.

Convention La Grande

1986

• • • • • • • • • • • • • •

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Bande de Chisasibi Bande d’Eastmain Bande de Whapmagoostui Bande de Mistissini Bande de Nemiscau Bande de Waskaganish Bande de Waswanipi Bande de Wemindji Cris d’Oujé-Bougoumou Gouvernement du Québec Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

• Convenir de mesures de correction et d’atténuation, d’avantages communautaires, de mesures d’ordre économique et d’autres mesures en faveur des Cris. • Compter d’ici 1996 150 Cris titulaires d’emplois permanents au complexe La Grande. • Raccorder les communautés cries de Wemindji, d’Eastmain, de Waskaganish et d’Oujé-Bougoumou au réseau d’Hydro-Québec selon l’échéancier prévu dans la Convention. • Négocier un contrat d’échange d’énergie visant la production de la centrale de la Maquatua, propriété de la bande de Wemindji. • Construire une route d’accès à la rive nord de la Grande Rivière dans la région de Chisasibi. • Fournir à Chisasibi une prise d’eau fiable et permanente à même la Grande Rivière. • Construire et mettre en service un système d’égout pour la communauté de Chisasibi. • Améliorer l’emplacement de pêche à La Grande-1. • Prendre d’autres mesures pour favoriser les activités d’exploitation des utilisateurs cris.

Convention complémentaire n° 7

1986

• Administration régionale crie • Intervenants : bande de Chisasibi et conseil de bande de Chisasibi • Hydro-Québec • Société d’énergie de la Baie James

G-2

Administration régionale crie Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James Gouvernement du Québec Gouvernement du Canada

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

• Permettre la signature et l’application de la Convention La Grande (1986). • Faciliter la construction des aménagements La Grande-1, La Grande-2-A et Brisay ainsi que de la ligne de transport de Radisson-Nicolet-des Cantons. • Créer la Société Eeyou de la Baie-James, qui remplace la SOTRAC pour ce qui est des travaux correcteurs au complexe La Grande.


ANNEXE G (suite)

Entente ou convention

Année

Signataires

Objet

Convention sur le mercure

1986

• • • • • • • • • • • • • •

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Bande de Chisasibi Bande d’Eastmain Bande de Mistissini Bande de Nemaska Bande de Waskaganish Bande de Waswanipi Bande de Wemindji Bande de Whapmagoostui Cris d’Oujé-Bougoumou Gouvernement du Québec Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

• Déterminer la nature et la portée du problème causé par la présence de mercure dans l’environnement en tenant particulièrement compte du bassin du complexe La Grande (1975), tel qu’il est défini dans la Convention La Grande (1986). • S’efforcer de réduire au minimum tout risque possible pour la santé qui découle de la présence de mercure dans l’environnement. • Atténuer les impacts négatifs actuels et éventuels sur les Cris, leur mode de vie et leurs activités d’exploitation, et prévoir des mesures de correction.

Convention Opimiscow

1993

• • • • • •

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Nation crie de Chisasibi Nation crie de Wemindji Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

• Convenir de mesures de correction et d’atténuation, d’avantages communautaires, de mesures d’ordre économique et d’autres mesures en faveur des Cris.

Convention complémentaire n° 11

1993

• Administration régionale crie • Hydro-Québec • Société d’énergie de la Baie James

• Permettre la signature de la Convention Opimiscow.

Entente relative à l’alimentation en électricité du village de Wemindji

1998

• Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) • Nation crie de Wemindji • Hydro-Québec

• Fournir de l’électricité à Wemindji en raccordant le réseau local de distribution et la minicentrale hydroélectrique de la Maquatua au réseau d’Hydro-Québec. • Procéder à un échange d’énergie électrique conformément à la Convention La Grande (1986) grâce à un contrat de vente d’électricité pour la consommation de la communauté ainsi qu’à un contrat d’achat de l’électricité produite par la minicentrale. • Appliquer un prix d’achat de l’électricité produite par la minicentrale égal au prix de vente pour le village.

Convention sur le mercure

2001

• • • •

• Aider les autorités de santé publique dans l’élaboration et la prestation de programmes de gestion de risques liés à l’exposition humaine au mercure. • Rétablir et revaloriser la pêche chez les Cris. • Créer un cadre de coopération plus efficace entre les Cris et Hydro-Québec relativement à la présence du mercure dans la région de la Baie-James.

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

G-3


ANNEXE G (suite) Entente ou convention

Année

Signataires

Objet

Convention Nadoshtin

2002

• • • • • • • •

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Bande d’Eastmain Nation crie de Mistissini Bande de Nemaska Bande de Waskaganish Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

• Encadrer la participation des Cris au projet de l’Eastmain-1 prévu dans la CBJNQ, les autorisations pour ce projet ayant été obtenues en 1991. • Prévoir la mise en application de diverses mesures environnementales, de correction et d’atténuation.

Convention Boumhounan

2002

• • • • • • • •

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Bande d’Eastmain Nation crie de Mistissini Bande de Nemaska Bande de Waskaganish Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

• Encadrer la participation des Cris au projet de l’Eastmain‑1‑A et de la dérivation Rupert. • Prévoir la mise en application de diverses mesures environnementales, de correction et d’atténuation.

Convention complémentaire n° 13

2002

• Administration régionale crie • Hydro-Québec • Société d’énergie de la Baie James

• Confirmer qu’Hydro-Québec et la SEBJ renoncent à l’aménagement des rivières Nottaway, Broadback et Rupert prévu dans la CBJNQ.

Entente concernant l’emploi des Cris

2002

• • • • • • • • • • • • •

• Réitérer l’objectif de compter 150 Cris travaillant pour Hydro-Québec qui répondent à ses critères d’embauche et dont l’emploi permanent est situé dans la région de la Baie-James. • Établir des moyens et mécanismes efficaces afin d’atteindre cet objectif. • Viser les emplois suivants pour l’embauche des Cris : technicien en automatismes, technicien en télécommunications, électricien d’appareillage et mécanicien d’appareillage. Hydro-Québec garantit des emplois permanents aux 150 premiers Cris qui répondront à ses critères d’embauche. • Permettre aux parties cries d’exercer un rôle de direction et d’assumer la responsabilité d’orienter vers Hydro-Québec des candidats cris répondant aux critères d’embauche d’Hydro-Québec. • Mettre en œuvre des incitatifs et des programmes d’emplois temporaires visant à atténuer les impacts négatifs du complexe La Grande sur les activités traditionnelles cries et à permettre une meilleure utilisation par les Cris des secteurs touchés.

Convention relative au démantèlement des sites de travaux d’Hydro-Québec–SEBJ ou des installations mis hors service

2002

• Administration régionale crie • Hydro-Québec • Société d’énergie de la Baie James

G-4

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Bande de Chisasibi Bande d’Eastmain Bande de Mistissini Bande de Nemaska Bande de Waskaganish Bande de Waswanipi Bande de Wemindji Bande de Whapmagoostui Cris d’Oujé-Bougoumou Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

• Assurer la désaffectation par Hydro-Québec ou la SEBJ des emplacements où elles ont effectué des travaux et le démantèlement de leurs installations mises hors service sur le territoire de la Baie-James.


ANNEXE G (suite) Entente ou convention

Année

Signataires

Objet

Convention relative à la ligne de transport de Waskaganish

2002

• • • • •

Bande de Waskaganish Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

• Raccorder le village de Waskaganish au réseau d’HydroQuébec au moyen d’une ligne de transport d’électricité. • Permettre à Hydro-Québec de prendre en charge l’exploitation et l’entretien du réseau de distribution d’électricité de Waskaganish. • Faire en sorte qu’Hydro-Québec attribue à des entreprises cries une partie importante des travaux de construction pourvu que celles-ci respectent ses exigences en matière d’échéanciers, de coûts et de qualité.

Convention relative à la ligne de transport de Whapmagoostui

2002

• • • • •

Première Nation de Whapmagoostui Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

• Raccorder le village de Whapmagoostui au réseau d’Hydro-Québec au moyen d’une ligne de transport d’électricité.

Convention relative aux différends et à un comité de règlement des différends

2002

• • • •

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

• Mettre sur pied un comité de règlement des différends. • Résoudre, dans le cadre de ce comité, l’ensemble des différends qui opposent les parties. • Suspendre les procédures judiciaires en cours.

Convention concernant une nouvelle relation entre Hydro-Québec/ SEBJ et les Cris de Eeyou Istchee

2004

• • • • • • • • • • • • • •

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Nation crie de Chisasibi Bande d’Eastmain Nation crie de Mistissini Nation crie de Nemaska Première Nation crie de Waskaganish Bande de Waswanipi Nation crie de Wemindji Première Nation de Whapmagoostui Cris d’Oujé-Bougoumou Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James Gouvernement du Québec

• Régler tous les différends en suspens entre le Grand Conseil des Cris, l’Administration régionale crie, les Cris du Québec et les communautés cries, d’une part, et Hydro-Québec et la SEBJ, d’autre part.

Convention concernant l’administration des ententes entre Hydro-Québec/SEBJ et les Cris de Eeyou Istchee

2004

• • • • • • • • • • • • • •

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Nation crie de Chisasibi Bande d’Eastmain Nation crie de Mistissini Nation crie de Nemaska Première Nation crie de Waskaganish Bande de Waswanipi Nation crie de Wemindji Première Nation de Whapmagoostui Cris d’Oujé-Bougoumou Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James Gouvernement du Québec

• Confier à la Société Niskamoon d’importantes parties de l’administration et de la gestion des ententes conclues entre les Cris et Hydro-Québec/SEBJ.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

G-5


ANNEXE G (suite)

Entente ou convention

Année

Signataires

Objet

Entente sur le comité de suivi

2007

• Société Niskamoon • Hydro-Québec • Société d’énergie de la Baie James

• Mettre en œuvre conjointement et de façon coopérative le programme de suivi environnemental du complexe de l’Eastmain-Rupert conçu pour remplir les conditions, exigences et obligations d’Hydro-Québec en lien avec ce projet. • Attribuer au comité, en ce qui concerne ce complexe, un mandat de forum mixte assurant la continuation de la participation substantielle des Cris à la conception et à la réalisation du complexe.

Entente relative à la gestion de l’eau de la rivière Rupert

2009

• • • • • •

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Première Nation crie de Waskaganish Nation crie de Nemaska Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

• Gérer et maintenir le débit réservé écologique prévu par le projet avec l’objectif de préserver les stocks et les habitats du poisson du secteur de la rivière Rupert en aval du barrage de la Rupert.

Convention relative à la centrale La Sarcelle

2010

• • • •

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

• Modifier la Convention Boumhounan et recommander aux signataires de celle-ci ainsi qu’à la nation crie de Wemindji de consentir à ces modifications.

Convention complémentaire n° 21

2010

• Administration régionale crie • Hydro-Québec • Société d’énergie de la Baie James

• Modifier l’alinéa 8.2.2 de la CBJNQ portant sur le niveau des eaux du lac Sakami.

Entente de modification à la Convention Boumhounan

2010

• • • • • • • • •

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Bande d’Eastmain Nation crie de Mistissini Nation crie de Nemaska Première Nation crie de Waskaganish Nation crie de Wemindji Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James

• Modifier la Convention Boumhounan par l’ajout de la nation crie de Wemindji comme partie à la convention.

Entente concernant la réappropriation du territoire visé par le projet de l’Eastmain1-A– Sarcelle–Rupert

2012

• • • • •

Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Administration régionale crie Hydro-Québec Société d’énergie de la Baie James Gouvernement du Québec

• Permettre aux Cris d’assumer certaines obligations d’Hydro-Québec afin d’atténuer les impacts humains du projet et d’assurer l’utilisation continue et la réappropriation du territoire par les utilisateurs cris.

G-6

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


ANNEXE G (suite)

Entente ou convention

Année

Signataires

Objet

INNUS Convention Mashteuiatsh– Hydro-Québec

1990

• Bande des Montagnais du Lac-Saint-Jean • Hydro-Québec

• Informer annuellement le Comité conjoint Mashteuiatsh– Hydro-Québec (CCMHQ) des travaux et contrats dans le territoire revendiqué par Mashteuiatsh. • Transmettre chaque année au CCMHQ le plan de développement d’Hydro-Québec.

Convention Mashteuiatsh– Hydro-Québec

1994

• Bande des Montagnais du Lac-Saint-Jean • Hydro-Québec

• Prendre les dispositions nécessaires pour former et embaucher, particulièrement dans la zone d’application de la convention, le plus grand nombre possible de Montagnais du Lac-Saint-Jean. • Déposer auprès du CCMHQ une liste des contrats qu’Hydro-Québec prévoit attribuer dans tous les champs d’activité pour l’année à venir dans la zone d’application de la convention. • Financer sur dix ans (de 1994 à 2003) le fonctionnement du secrétariat du CCMHQ.

Entente Uashat mak Mani-Utenam

1994

• Bande des Montagnais de UashatMaliotenam • Hydro-Québec

• Étudier les moyens les plus appropriés pour favoriser l’embauche de main-d’œuvre montagnaise de UashatMaliotenam dans le cadre des activités courantes d’Hydro-Québec dans la zone d’application de l’entente. • Favoriser l’attribution de contrats à des entreprises montagnaises dans le cadre de ses activités courantes dans la zone d’application de l’entente.

Entente Pesamit

1999

• Bande de Betsiamites • Hydro-Québec

• Établir un partenariat entre Betsiamites et Hydro-Québec. • Embaucher un coordonnateur à l’emploi innu.

Entente Essipit

1999

• Bande d’Essipit • Hydro-Québec

• Établir un partenariat entre Essipit et Hydro-Québec.

Entente Mashteuiatsh

2001

• Bande des Montagnais du Lac-SaintJean

• Établir un partenariat entre Mashteuiatsh et Hydro-Québec.

Entente Manitukapatakan

2003

• Bande des Montagnais du Lac-SaintJean • Hydro-Québec

• Favoriser l’attribution de contrats liés au projet d’aménagement de la centrale de la Péribonka.

Entente relative à la restauration du saumon de la Betsiamites

2005

• Bande de Betsiamites • Hydro-Québec

• Gérer les débits en aval de la centrale Bersimis-2 pour favoriser la restauration de la population de saumons de la rivière Betsiamites.

Entente NanemessuNutashkuan

2008

• Bande de Nutashkuan • Hydro-Québec

• Déposer annuellement auprès de Nutashkuan des perspectives quinquennales d’embauche et d’attribution de contrats dans la MRC de Minganie.

Entente Unamen-Pakua

2008

• Bande d’Unamen Shipu • Bande de Pakua Shipi • Hydro-Québec

• Déposer annuellement auprès d’Unamen Shipu et de Pakua Shipi des perspectives quinquennales d’embauche et d’attribution de contrats dans la MRC de Minganie.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

G-7


ANNEXE G (suite) Entente ou convention

Année

Signataires

Objet

Entente Nishipiminan

2009

• Bande des Innus d’Ekuanitshit • Hydro-Québec

• Déposer annuellement auprès d’Ekuanitshit des perspectives quinquennales d’embauche et d’attribution de contrats dans la MRC de Minganie. • Créer un poste de conseiller en emploi innu afin de maximiser l’embauche d’Innus dans le cadre de la construction du complexe de la Romaine.

Convention Mashteuiatsh– Hydro-Québec

2015

• Première Nation des Pekuakamiulnuatsh • Hydro-Québec

• Permettre à Mashteuiatsh de racheter les parts détenues par Hydro-Québec dans la SOCOM Minashtuk. • Financer sur dix ans (de 2015 à 2026) le fonctionnement du secrétariat du CCMHQ. • Modifier le facteur d’indexation prévu dans l’Entente Mashteuiatsh (2001).

Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ)

1975

• Grand Conseil des Cris du Québec • Association des Inuit du NouveauQuébec • Gouvernement du Québec • Société d’énergie de la Baie James • Société de développement de la Baie-James • Commission hydroélectrique de Québec (Hydro-Québec) • Gouvernement du Canada

• Permettre aux Cris et aux Inuits du Québec d’échanger des droits non définis contre des droits définis sur des terres ainsi qu’une indemnisation financière. Un seul des 31 chapitres de cette convention, le chapitre 8, porte sur le développement hydro­ électrique. • Décrire les aménagements hydroélectriques prévus. • Établir un régime d’évaluation environnementale sur le territoire ainsi qu’un programme de sécurité du revenu pour les chasseurs et piégeurs inuits.

Convention de Kuujjuaq

1988

• Société Makivik • Société municipale du village nordique de Kuujjuaq • Société foncière Nayumivik • Hydro-Québec • Société d’énergie de la Baie James

• Obtenir quittance pour les impacts environnementaux causés par le détournement de la rivière Caniapiscau, notamment quant à la garantie visant l’exploitation des poissons prévue à l’article 8.10 de la CBJNQ. • Informer annuellement la municipalité de Kuujjuaq des niveaux d’eau du réservoir de Caniapiscau et des déversements possibles et projetés pour l’année à venir. • Établir une procédure de déversement à l’évacuateur Duplanter.

Convention complémentaire n° 9

1988

• Société Makivik • Hydro-Québec • Société d’énergie de la Baie James

• Permettre la signature et l’application de la Convention Kuujjuaq (1988). • Obtenir quittance pour les impacts environnementaux causés par le détournement de la rivière Caniapiscau, notamment quant à la garantie visant l’exploitation des poissons prévue à l’article 8.10 de la CBJNQ. • Ne pas appliquer cette quittance aux effets qui pourraient subvenir au nord du 55e parallèle par suite de la production de méthylmercure due à la construction du complexe La Grande (1975) ou de tout autre aménagement hydroélectrique.

INUITS

G-8

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


ANNEXE G (suite) Entente ou convention

Année

Signataires

Objet

NASKAPIS Convention du Nord-Est québécois (CNEQ)

1978

• Bande des Naskapis de Schefferville • Grand Conseil des Cris • Association des Inuit du NouveauQuébec • Gouvernement du Québec • Société d’énergie de la Baie James • Société de développement de la Baie-James • Commission hydroélectrique de Québec (Hydro-Québec) • Gouvernement du Canada

• Convenir des conditions de la cession des droits évoqués dans la Loi de l’extension des frontières du Québec de 1912.

Convention complémentaire n° 1

1978

• Grand Conseil des Cris du Québec • Association des Inuit du NouveauQuébec • Gouvernement du Québec • Société d’énergie de la Baie James • Société de développement de la Baie-James • Commission hydroélectrique de Québec (Hydro-Québec) • Gouvernement du Canada

• Permettre la signature de la CNEQ avec les Naskapis et inclure les droits conférés aux Naskapis sur le territoire de la CBJNQ dans la CNEQ.

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

G-9



ANNEXE H Exemple d’un bulletin d’information à l’intention des communautés autochtones ᐊᒋᐦᑖᓱᓂᓯᓇᐦᐄᑲᓐ 1

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0

ᐁ ᓈᓈᑲᒋᐦᐋᑲᓅᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ

ᐁ ᓈᓈᑲᒋᐦᐋᑲᓅᑣᐤ ᐋᐦᒌᐤᐦ ᐁ ᐃᔅᐸᔨᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ ᐊᓂᑌᐦ ᓃᔓ ᐁ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ, ᐁᐅᒄ ᐆ ᐋᐸᑎᓰᐎᓐ ᐁ ᓈᓈᑲᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᐊᔅᒌ᙮ ᒋᔅᒉᔨᐦᑕᒧᐎᓐ ᐁ ᐃᐦᑎᔑᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ ᑆᒧᔥ ᑳ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲ, ᒣᒀᒡ 2002 ᑲᔦᐦ 2008, ᑲᔦᐦ ᐊᓐ ᒥᔔ ᑳ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲ ᒣᒀᒡ 2011 ᑲᔦᐦ 2014 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ᙮ ᒦᓐ ᒋᑲ ᐱᒥᐸᔨᐦᑖᑲᓅ ᐁ ᓈᓈᑲᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒡ 2016 ᑲᔦᐦ ᒦᓐ 2018 ᐃᔅᐸᔨᐦᒉ ᑲᔦᐦ ᒦᓐ 2018 ᑲᔦᐦ 2021 ᐃᔅᐸᔨᐦᒉ ᐊᔅᒌᐤ ᐊᒋᐦᑖᓱᓐ᙮ ᐊᓐ ᐁ ᒌ ᐗᓂᐦᑕᐦᒡ ᐊᓂᔫᐦ ᐋᒦᐦᑳᓈᓐᐦ ᒥᔔ ᑳ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲ ᐊᓂᔫᐦ ᑳ ᐅᔑᐦᑖᑲᓅᐦᒀᐤᐦ ᓃᔓ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡᐦ, ᐁᑯᑦᐦ ᑳ ᐅᔑᐦᑖᑲᓅᐦᒀᐤᐦ ᓃᔓ ᐋᒦᐦᑳᓈᓐᐦ ᒉ ᒌ ᐋᒥᑣᐤ ᓇᒣᐅᒡ ᐊᓂᑦᐦ ᓂᑕᒥᐦᒡ ᓃᔥᑕᒻ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᔨᒡ᙮ ᓂᔮᓈᓀᐤ ᐋᒦᐦᑳᓈᓐᐦ ᒌ ᐅᔑᐦᑖᑲᓅᐦ ᒉ ᒌ ᐋᒥᑣᐤ ᓇᒣᑯᔕᒡ ᐊᓂᑦᐦ ᐯᔓᒡ ᑳ ᒌ ᐋᒦᑣᐤ ᐊᓂᑦᐦ ᓂᔥᑐ ᓵᑲᐦᐄᑲᓐᐦ ᐁ ᒌ ᐊᔅᒋᐳᐦᑖᐦᑲᓅᐦᒀᐤᐦ ᐊᓂᑌᐦ ᓃᔥᑕᒻ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ᙮ ᒌ ᓈᓈᑲᒋᐦᑖᑲᓅ ᐊᓐ ᑳ ᐅᔑᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᐋᒦᐦᑳᓈᓐ ᐊᔅᐱᓐ 2010 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ ᒉ ᒉᔥᑎᓈᐦᐆᓈᓅᐦᒡ ᑖᐺᐦ ᐁ ᐋᐸᒋᐦᑖᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ ᐊᓂᔫᐦ ᐋᒦᐦᑳᓈᓐᐦ ᐁ ᐋᒥᑣᐤ᙮ ᐋᔅᑰ ᒋᑲ ᐱᒥᐸᔫ ᐆ ᐁ ᐃᔑ ᓈᓈᑲᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᐹᔅᑳᓐ 2023 ᐃᔅᐸᔨᐦᒉ ᐊᔅᒌᐤ ᐊᒋᐦᑖᓱᓐ᙮ ᐊᓐ ᒉ ᒌ ᒪᓯᓇᐦᐄᑲᓅᐦᒡ ᐁ ᐃᑖᑣᐤ ᓀᔥᑦ ᑖᓂᑌᐦ ᐁ ᐃᔅᐸᔨᑣᐤ ᓇᒣᐅᒡ ᑲᔦᐦ ᓇᒣᑯᔕᒡ ᒥᔔ ᑳ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᐦᑳᓅᐦᒡ, ᐁᐅᒄ ᑳ ᒌᔖᐙᒋᐦᐋᑲᓅᑣᐤ 50 ᓇᒣᐅᒡ ᑲᔦᐦ 40 ᓇᒣᑯᔕᒡ 2009 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ ᑆᒧᔥ ᐁ ᒌ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᐦᑳᓅᐦᒡ, ᐁᐅᒄ ᑳ ᐋᐸᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒀᐤᐦ ᐊᓂᔫᐦ ᒌᔖᐙᒋᐦᐄᑲᓐᐦ ᐊᔨᒨᔮᐲᐦᒡ ᑳ ᐅᐦᒋ ᐯᐦᑖᑯᐦᒡ᙮ ᐊᔨᒨᔮᐲᐦ ᒌ ᐋᐸᒋᐦᑖᑲᓅᐦ ᐁ ᓈᓈᑲᒋᐦᐋᑲᓅᑣᐤ ᑖᓂᑌᐦ ᐁ ᐃᔅᐸᔨᐦᐆᑣᐤ ᐅᒌ ᓇᒣᓴᒡ ᑳ ᒌᔖᐙᒋᐦᐋᑲᓅᑣᐤ᙮ ᑳ ᓃᐱᐦᒡ 2014 ᒌ ᐴᓂᐸᔫ ᐆ ᐁ ᐃᔑ ᓈᓈᑲᒋᐦᐋᑲᓅᑣᐤ ᐅᒌ ᓇᒣᓴᒡ ᐊᓐ ᐊᔨᒨᔮᐲ ᐁ ᐋᐸᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒡ᙮

ᐁ ᐃᓯᓈᑯᓯᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ – 2014 ᑳ ᐃᔑ ᒥᔅᑲᐙᐦᑖᑲᓅᐦᒡ

ᒣᒀᒡ 2011 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ, ᐊᐦᐊᐲ ᒌ ᐋᐸᒋᐦᐋᑲᓅ ᐁ ᑳᐦᒋᔥᑎᓈᑲᓅᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ ᐊᓂᑌᐦ 17 ᐁ ᐸᒋᔅᑕᐦᐙᓅᐦᒡ, ᐁᐅᒄ ᐊᓐ 9 ᐊᓂᑦᐦ ᓃᔥᑕᒻ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ, 5 ᐊᓂᑦᐦ ᐅᑖᐦᒡ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ ᑲᔦᐦ 3 ᐊᓂᑦᐦ ᓵᑲᐦᐄᑲᓐᐦ ᐁ ᓈᓈᑲᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒀᐤᐦ ᐁᑳ ᐅᔦᔥ ᐅᐦᒋ ᐃᐦᑑᑌᑲᓅᐦᒀᐤᐦ᙮ ᓃᔣᐤ ᒌ ᓂᑑᒋᔅᒉᔨᐦᑖᑲᓅ ᐊᓂᑦᐦ ᐁ ᒌ ᐱᒥᐸᔨᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᐆ ᐁ ᐃᔑ ᓈᓈᑲᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒡ, ᐯᔭᒀᐤ ᒣᒀᓃᐱᓂᐲᓯᒻ ᑲᔦᐦ ᒦᓐ ᐅᐸᐦᐆᐲᓯᒻ 2014 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ᙮ ᐅᑌᐦ ᒫᒃ ᐁ ᒌ ᓈᓈᑲᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒀᐤᐦ, ᐁᑯᑌᐦ ᐊᓂᑌᐦ ᒥᔅᑎᓯᓃ ᓂᑑᐦᐆᔅᒌᐦ ᑲᔦᐦ ᓇᒣᔅᑳᐤ ᓂᑑᐦᐆᔅᒌᐦ ᑳ ᐱᒥᐸᔨᐦᑖᑲᓅᐦᒡ᙮ ᓃᔓᔖᑉ ᐁ ᐃᓯᓈᑯᓯᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ ᒌ ᑳᐦᒋᔥᑎᓈᑲᓅᐎᒡ ᐊᓂᑌᐦ ᕉᐱᕐᑦ ᐁ ᒌ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ ᑲᔦᐦ ᐊᓂᔫᐦ ᓵᑲᐦᐄᑲᓐᐦ ᑳ ᓈᓈᑲᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒀᐤᐦ᙮ ᑖᐱᔥᑯᒡ ᒌ ᐃᔥᐱᔥ ᑳᐦᒋᔥᑎᓈᑲᓅᐎᒡ ᓇᒣᓴᒡ ᐊᓂᑦᐦ ᓃᔓ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡᐦ᙮ ᐊᓂᔫᐦ ᒫᒃ ᓃᔓ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡᐦ, ᐅᑳᐤ ᒸᐅᒡ ᒌ ᐌᔫᑎᓰᐤ᙮ ᐁᐅᑯᓂᒡ ᒦᓐ ᒨᔥ ᑳ ᐱᑕᐦᐁᐦᒀᐤ ᒋᓄᔐᐤ, ᓇᒣᐲ ᓀᔥᑦ ᐊᑎᐦᑲᒣᒄ᙮ ᐊᓂᒌ ᒫᒃ ᐁ ᐊᑕ ᐃᓯᓈᑯᓯᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ, ᑮᐹ ᐊᐱᔒᔥ ᐋᐦᒌᐤᐦ ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ ᒉᒀᓐ ᐊᔅᐱᓐ ᑳ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᐦᑳᓅᐦᒡ᙮ ᐊᓂᒌ ᐁ ᐃᓯᓈᑯᓯᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ ᑆᒧᔥ ᑳ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᐦᒉᓅᐦᒡ, ᐁᐅᒄ ᔮᐸᒡ ᑳ ᒋᔅᒉᔨᐦᑖᑯᓯᑣᐤ ᐁ ᐃᐦᑖᑦ ᒥᔔ ᑳ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᐦᑳᓅᐦᒡ᙮

ᐁ ᒥᔪᔥᑳᑐᓈᓅᐦᒡ ᒥᓯᐌ ᒉᒀᓐ ᒬᐦᒡ ᓂᐦᑖᐅᒋᐦᒋᑲᓐᐦ ᑲᔦᐦ ᐊᐌᓰᓴᒡ

ᐅᑳᐤ

ᒋᓄᔐᐤ

ᐊᑎᐦᑲᒣᒄ

ᓇᒣᐲ

ᑯᑕᑲᒡ ᓇᒣᓴᒡ (ᒥᐦᑯᒣᐲ, ᒥᔮᐦᑲᑑ ᑲᔦᐦ ᓇᒣᑯᔥ )

ᐊᒋᐦᑖᓱᓂᓯᓇᐦᐄᑲᓐ 2

ᐐᓭᐌ ᐁ ᐃᔅᑯᓯᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ ᐊᓂᒌ ᐅᓵ ᐁ ᑳᐦᒋᔥᑎᓈᑲᓅᑣᐤ ᕉᐱᕐᑦ ᐁ ᐅᐦᒋ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ ᒣᒀᒡ 2014 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ ᐁ ᐃᓯᓈᑯᑦ ᐊᐦᐊᐲ

ᒋᓄᔐᐤ

ᒣᒀᒡ 2011 ᑲᔦᐦ 2014 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ, ᑮᐹ ᑳ ᒥᔅᑲᐙᑲᓅᑣᐤ ᒋᓄᔐᐅᒡ ᐊᓂᑦᐦ ᒥᓯᐌ ᐁ ᒌ ᐃᔑ ᓂᑑᒋᔅᒉᔨᐦᑖᑲᓅᐦᒡ᙮ ᐊᓐ ᐁ ᐃᔥᐱᔥ ᐌᔫᑎᓰᑦ ᑲᔦᐦ ᑳ ᐃᔥᐱᔥ ᑳᐦᒋᔥᑎᓈᑲᓅᑦ, ᐁᐅᒄ ᑳ ᐄᔅᑯᐸᔨᐦᒡ ᐊᔅᐱᓐ ᑳ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲᐦ ᐊᓂᑌᐦ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ ᒥᔔ ᑳ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᐦᑳᓅᐦᒡ᙮ ᐁᐅᒄ ᒫᒃ ᑳ ᐄᔅᑯᐸᔨᐦᒡ ᐁ ᐃᔥᐱᔥ ᐋᒥᑣᐤ ᒋᓄᔐᐅᒡ ᐊᔅᐱᓐ ᐊᓐ ᓃᔥᑕᒻ ᑳ ᓃᐱᐦᒡ ᒥᔔ ᑳ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᐦᑳᓅᐦᒡ᙮

ᐊᑎᐦᑲᒣᒄ

ᐊᓂᑦᐦ ᓃᔥᑕᒻ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ, ᐁᐅᒄ ᐐᓭᐌ ᑖᐱᔥᑯᓐ ᑳ ᐃᐦᑎᔑᑣᐤ ᐊᑎᐦᑲᒣᑯᒡ ᐊᓂᑦᐦ ᑆᒧᔥ ᓀᔥᑦ ᒥᔔ ᑳ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᐦᑳᓅᐦᒡ᙮ ᒥᒄ ᒫᒃ ᐊᓂᑦᐦ ᐅᑖᐦᒡ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ, ᐊᓂᒌ ᑳ ᐃᔥᐱᔥ ᑳᐦᒋᔥᑎᓈᑲᓅᑣᐤ ᐊᑎᐦᑲᒣᑯᒡ ᒣᒀᒡ 2014 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ, ᐁᐅᒄ ᒸᐅᒡ ᓃᐦᑖᐦᒡ ᑳ ᐃᐦᑎᑯᐦᒡ ᐊᔅᐱᓐ ᓀᐤ ᓃᐱᓐᐦ ᑳ ᐃᔑ ᓂᑑᒋᔅᒉᔨᐦᑖᑲᓅᐦᒡ᙮ ᒥᔥᑕᐦᐄ ᒫᒃ ᒌ ᑳᐦᒋᔥᑎᓈᑲᓅᐎᒡ ᐊᓂᒌ ᑳ ᐊᐱᔒᔑᑣᐤ ᐊᑎᐦᑲᒣᑯᔕᒡ (< 250 mm ᐁ ᐃᔅᑯᓯᑣᐤ) ᑖᐱᔥᑯᓐ ᐊᓂᑌᐦ ᐁ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ ᒣᒀᒡ 2011 ᑲᔦᐦ 2014 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ, ᐁᐅᒄ ᒫᒃ ᐁ ᓅᑯᐦᒡ ᑖᐺᐦ ᐁ ᒥᔪᐸᔨᑣᐤ ᐅᒌ ᐊᑎᐦᑲᒣᑯᒡ ᐁ ᐋᒥᑣᐤ, ᐌᓯᓐ ᒌ ᐄᔅᑯᐸᔫ ᐁ ᐃᐦᑎᔑᑣᐤ ᐊᓐ ᓃᔥᑕᒻ ᑳ ᓃᐱᐦᒡ ᒥᔔ ᑳ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᐦᑳᓅᐦᒡ ᑲᔦᐦ ᐁᑯᑦᐦ ᒨᔥ ᐄᔥᐱᒥᐦᒡ ᑳ ᐃᐦᑎᑯᓂᔨᒡ ᐁ ᐃᐦᑎᔑᑣᐤ᙮

ᓇᒣᑯᔥ

ᐐᓭᐌ ᐁ ᐃᔅᑯᓯᑣᐤ ᐅᑳᐤ

ᒋᓄᔐᐤ

ᐊᑎᐦᑲᒣᒄ

76-mm (3-ᒥᒋᐦᒋᓐ) ᐁ ᐃᔑ ᐱᔅᒋᓯᑦ

48 cm (19 ᒥᒋᐦᒋᓐ)

66 cm (26 ᒥᒋᐦᒋᓐ)

44 cm (17 ᒥᒋᐦᒋᓐ)

102-mm (4-ᒥᒋᐦᒋᓐ) ᐁ ᐃᔑ ᐱᔅᒋᓯᑦ

49 cm (19 ᒥᒋᐦᒋᓐ)

69 cm (27 ᒥᒋᐦᒋᓐ)

46 cm (18 ᒥᒋᐦᒋᓐ)

ᐊᓂᑦᐦ RP062 (ᐊᔅᒌᐅᓯᓇᐦᐄᑲᓐ 1) ᐁᑯᑦᐦ ᒥᒄ ᑳ ᑳᐦᒋᔥᑎᓈᑲᓅᑣᐤ ᓇᒣᑯᔕᒡ ᒣᒀᒡ 2011 ᑲᔦᐦ 2014 ᑳ ᓂᑑᒋᔅᒉᔨᐦᑌᑲᓅᐦᒡ ᐁ ᐃᔅᐸᔨᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ᙮ ᐁᑯᑦᐦ ᑲᔦᐦ ᒸᐅᒡ ᒥᔥᑕᐦᐄ ᑳ ᑳᐦᒋᔥᑎᓈᑲᓅᑣᐤ ᒣᒀᒡ 2002 ᑲᔦᐦ 2008 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ᙮ ᐁᐅᒄ ᒫᔥᑯᒡ ᒨᔥ ᓃᐦᑖᐦᒡ ᒉ ᐃᐦᑎᑯᐦᒡ ᐁ ᐃᔥᐱᔥ ᐃᐦᑖᑣᐤ ᓇᒣᑯᔕᒡ᙮ ᑆᒧᔥ ᐅᐦᒋ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᐦᑳᓅᐦᒡ, ᒥᒄ ᐸᔅᒡ ᓵᑲᐦᐄᑲᓐᐦ ᒌ ᐃᐦᑖᐤ ᓇᒣᑯᔥ ᐊᓂᑦᐦ ᐊᓐ ᕉᐱᕐᑦ ᐊᔅᒌ ᐁ ᒌ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ᙮ ᐊᓐ ᐊᔨᒨᔮᐲ ᐁ ᐋᐸᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᐁ ᓂᑑᒋᔅᒉᔨᒫᑲᓅᑣᐤ ᓇᒣᑯᔕᒡ ᐁ ᒌ ᒌᔖᐙᒋᐦᐋᑲᓅᑣᐤ, ᐁᐅᒄ ᑳ ᓅᑯᐦᒡ ᒥᒄ ᐸᔅᒡ ᐁ ᒌ ᐋᐦᑕᐦᐆᑣᐤ ᐊᓂᑦᐦ ᐁ ᒌ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᔨᒡ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᔨᒡ ᑲᔦᐦ ᐁᔫᒄ ᑳ ᐋᐸᒋᐦᑖᑣᐤ ᐊᓂᔫ ᕉᐱᕐᑦ ᐅᔅᑯᑎᒥᔫ᙮ ᒥᒄ ᒫᒃ ᐋᐸᒋᐦᑖᐅᒡ ᒣᔅᑯᐌᔅ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᔫ ᐊᓂᑌᐦ ᒫᒥᐦᒡ ᐅᐦᒋ ᐊᓂᑦᐦ ᐁ ᒌ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ᙮ᓇᒧᔨ ᓈᔥᒡ ᒥᐦᒉᑑᒡ ᓇᒣᑯᔕᒡ ᐁ ᐃᑎᔑᑣᐤ ᐊᓂᑌᐦ ᐅᓵ ᓵᑲᐦᐄᑲᓐᐦ ᑲᔦᐦ ᒥᒄ ᐹᐦᐯᔭᑯᓂᐦᒡ ᐃᐦᑖᐅᒡ ᐊᓂᑦᐦ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᐦᒡ ᐊᓂᑦᐦ ᐁ ᐃᐦᑖᑣᐤ᙮

ᒉᒀᓐ ᒉ ᒋᔅᒋᓰᐦᑑᑖᑲᓅᐦᒡ

• ᐊᓂᔫᐦ ᑳ ᐅᔑᐦᑖᑲᓅᐦᒀᐤᐦ ᐋᒦᐦᑳᓈᓐᐦ ᒉ ᒌ ᐋᐸᒋᐦᑖᑣᐤ ᓇᒣᐅᒡ, ᓇᒧᔨ ᐅᐦᒋ ᐗᓈᑎᓐᐦ ᐅᐦᒋ ᒪᔅᑯᒦ ᓀᔥᑦ ᐁ ᒋᔑᒎᐦᒡ ᑲᔦᐦ ᑮᐹ ᐁ ᐃᔑᓈᑯᐦᒡ ᒉ ᒌ ᐋᐸᒋᐦᑖᑣᐤ ᑯᑕᑲᒡ ᓇᒣᓴᒡ᙮ ᒥᒄ ᒫᒃ ᓇᒧᔨ ᐁᔥᒄ ᐅᐦᒋ ᒥᔅᑯᐙᑲᓅᐎᒡ ᐙᐦᑯᒡ᙮ • ᒌ ᐙᐱᐦᑖᑲᓅ ᐊᓂᒌ ᓇᒣᐅᒡ ᐁ ᒌ ᓂᑲᐦᑎᐦᒀᐤ ᐊᓂᔫ ᐁ ᒌ ᐱᔅᒉᔮᔑᐦᑰᑖᑲᓅᐦᒡ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᔨᒡ ᐅᐦᒋ ᐊᓂᔫ ᕉᐱᕐᑦ ᐅᔅᑯᑕᒥᔫ ᐁ ᒌ ᐋᐸᒋᐦᑖᑣᐤ᙮ ᐊᓂᒌ ᓇᒣᐅᒡ ᑳ ᐃᐦᑖᑣᐤ ᐊᓂᑦᐦ ᐁ ᒌ ᐱᔅᒉᔮᔑᐦᑰᑖᑲᓅᔨᒡ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᔨᒡ, ᐁᑯᑌᐦ ᑏᑯᒡ ᐁ ᐋᒥᑣᐤ KP 362 (ᒣᔅᑯᐌᔅ ᓵᑲᐦᐄᑲᓐ)᙮ ᐊᔅᐱᓐ 2013 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ, ᓇᒧᔨ ᐋᐦᑕᐦᐆᒡ ᓇᒣᓴᒡ ᐐᐐᑎᒣ ᐊᓐ ᐁ ᒌ ᐱᔅᒉᔮᔑᐦᑰᑖᐦᑲᓅᐦᒡ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ ᑲᔦᐦ ᑮᐹ ᐁ ᐃᔑᓈᑯᐦᒡ ᐁ ᒥᔪᔥᑳᑯᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ ᐊᓂᑦᐦ ᐁ ᐃᐦᑖᑣᐤ᙮ • ᓅᑯᓐ ᒥᔥᑕᐦᐄ ᐁ ᐋᐸᒋᐦᑖᑣᐤ ᓇᒣᑯᔕᒡ ᐊᓂᔫ ᒣᔅᑯᐌᔅ ᓵᑲᐦᐄᑲᓂᔫ ᑲᔦᐦ ᐊᓂᑌᐦ ᐁ ᐃᔑᒋᒣᑣᐤ ᓃᔥᑕᒻ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ᙮ ᐁᔥᒄ ᐋᐸᒋᐦᑖᐅᒡ ᓇᒣᑯᔕᒡ ᐊᓂᔫᐦ ᐋᒦᐦᑳᓈᓐᐦ ᔖᔥ ᐁ ᒌ ᐃᐦᑎᑯᓂᔨᐦᒀᐤᐦ ᐁ ᒌ ᒋᔅᒉᔨᐦᑖᑯᐦᒀᐤᐦ ᑆᒧᔥ ᑳ ᐅᔑᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᐁ ᐱᔅᒉᔮᔑᐦᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲ ᐊᓂᑌᐦ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ᙮ • ᐊᓂᒌ ᑳ ᐃᔥᐱᔥ ᑳᐦᒋᔥᑎᓈᑲᓅᑣᐤ ᐅᑳᔕᒡ, ᒋᓄᔐᔕᒡ ᑲᔦᐦ ᐊᑎᐦᑲᒣᑯᔕᒡ ᐊᓂᑦᐦ ᓃᔥᑕᒻ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ, ᐁᑯᑦᐦ ᐌᐦᒋ ᒋᔅᒉᔨᐦᑖᑯᐦᒡ ᐁᑳ ᐅᔥᑐᐐᑯᑣᐤ ᒉᒀᔫ ᒉ ᒌ ᐋᒥᑣᐤ ᐅᒌ ᐁ ᐃᓯᓈᑯᓯᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ᙮ • ᐆ ᐁ ᐃᔑ ᓈᓈᑲᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᐁ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ ᒉᒀᓐ ᐊᔅᒌᐦᒡ, ᐁᐅᒄ ᐁ ᐃᔑ ᐱᒥᐸᔨᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᐁ ᐐᒑᐸᑎᓰᒫᑲᓅᑣᐤ ᐄᓅᒡ, ᑲᔦᐦ ᒥᔥᑕᐦᐄ ᒋᔅᒉᔨᐦᑕᒧᐎᓐ ᒌ ᒫᒨᓇᑲᓅ ᐅᐦᒋ ᐊᓐ ᐋᐦᒌᐤᐦ ᐁ ᐃᔅᐸᔨᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ ᐊᓂᑌᐦ ᕉᐱᕐᑦ ᐁ ᒌ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲ ᐊᓂᑌᐦ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ ᑲᔦᐦ ᐁᐅᒄ ᐆ ᒉ ᒥᔻᐸᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᒋᔅᒉᔨᐦᑕᒧᐎᓐ ᐊᓂᑌᐦ ᐃᔑ ᓃᔥᑖᒥᐦᒡ᙮ ᐊᔅᐱᓐ 2007 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ, ᐅᔥᑌᐦ 80 ᑎᐦᑣᐤ ᔖᔥ ᒌ ᐱᒥᐸᔨᐦᑖᑲᓅ ᐁ ᓈᓈᑲᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᐁ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ ᒉᒀᓐ ᐊᔅᒌᐦᒡ ᐅᐦᒋ ᐅᑌᐦ ᐄᔅᒣᓐ-ᓵᕐᓭᓪ-ᕉᐱᕐᑦ ᐁ ᐅᐦᒋ ᐅᔑᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᒥᔅᒌᐤ ᐃᔥᑯᑌᐤ, ᐁᐅᒄ ᒫᒃ ᐆ ᒉ ᐃᔑ ᐱᒥᐸᔨᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᐁ ᐃᔑ ᓈᓈᑲᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᐁ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ ᒉᒀᓐ ᐊᔅᒌᐦᒡ ᐹᔅᑳᓐ 2023 ᐃᔅᐸᔨᐦᒉ᙮ ᐋᒥᓀ ᐐᐦ ᒋᔅᒉᔨᐦᑕᒥᓀ ᒉᒀᓐ: ᐊᓐ ᒉ ᒌ ᑲᓇᐙᐱᐦᑕᒥᓐ ᑳ ᒪᓯᓈᔅᑌᐸᔨᐦᒡ ᐁ ᓈᓈᑲᒋᐦᐋᑲᓅᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ ᐊᓂᑌᐦ ᕉᐱᕐᑦ ᑳ ᐱᔅᒉᔮᔑᑰᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᓂᐲ ᐁ ᐙᔑᐦᐋᒡ ᓀᔥᑦ ᒫᒃ ᐋᒥᓀ ᐐᐦ ᒋᔅᒉᔨᐦᑕᒥᓀ ᒉᒀᓐ ᐅᐦᒋ ᐄᔅᒣᓐ-ᓵᕐᓭᓪ-ᕉᐱᕐᑦ ᐁ ᐅᐦᒋ ᓈᓈᑲᒋᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᐊᔅᒌ, ᒸᐅᑌᐦ ᒉ ᒌ ᐲᐦᑌᐸᔨᓂᔨᓐ: www.hydroandfriends.com

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

H-1



ANNEXE H (suite)

EASTMAIN-SARCELLE-RUPERT COMPLEX

KP 270

ᐊᔅᒌᐅᓯᓇᐦᐄᑲᓐ 1 - ᓇᒣᓴᒡ ᐁ ᐃᔥᐱᔥ ᑳᐦᒋᔥᑎᓈᑲᓅᑣᐤ ᑲᔦᐦ ᐁ ᐃᓯᓈᑯᓯᑣᐤ ᓇᒣᓴᒡ ᐊᓂᑌᐦ ᑳ ᐅᐦᒋ ᓂᑑᒋᔅᒉᔨᐦᑖᑲᓅᐦᒡ ᒣᒀᒡ 2014 ᑳ ᐃᔅᐸᔨᐦᒡ

75°30' KP 10

EM360A and B KP 20

EM356

Lac Kachinukamach

Eastmain 1 reservoir

Average yield 13 (fish/net-day)

EM354A and B

KP 150NE

R19

Rupert tailbay

Ri

KP 40

Nemiscau-1 dam

ᐅᑳᐤ

mi

KP 30

12.8

12.0

Lac Biggar

19.0

KP 130 KP 120

EM360

KP 50

RU107A and B

RU133A and B KP 60

RP058A and B

R20

RP114A and B

KP 100

6.5

Tommy-Neeposh transfer tunnel

ᒋᓄᔐᐤ

KP 90

Lemare dam

Campement

RP030

RP030A and B

KP 70

14.1

RP020

M25

Rupert tailbay

KP 140

KP 110

ᓇᒣᐤ

M19

EM356A and B

Lac Teilhard

RU107

au

KP 180

EM355A and B

KP 160

Lac Cramoisy

sc

KP 170

KP 140NE

Nemiscau-2 dam

re

viè

Ne

52°00'

EM355

52°00'

EM354

75°00'

M18

Lac Lemare

RP042 KP 80

KP 80

KP 40

RP056A and B

RP020A and B

ᐊᑎᐦᑲᒣᒄ

M26A

Lac Hore

Rupert forebay

KP 30

RP220A and B

KP 90

Ru

19.0

14.0

re

RP042A and B RP116A and B

rt

KP 110

KP 300

KP 330

Rupert dam

pe

Longnose sucker

ᒥᐦᑯᒣᐲ

iv

re

KP 350

14.5

KP 360

KP 340

R

up

RP014A and B

RP116

RP115

R

M33

KP 280

N25

RP114

RP062A and B

KP 320

Baie-Jolly weir

KP 0 (Lemare) KP 290

M26

KP 100

KP 20

KP 310

KP 290 weir

ᓇᒣᐲ

v Ri

KP 10

51°30'

Seuil PK 170

ᒥᔮᐦᑲᑑ

RP062

RP058

Average yield 13 (fish/net-day)

ᓅᑎᒦᐌᓲ

Rupert forebay

RP056

R21

4.5

RP115A and B

51°30'

ᓇᒣᑯᔥ

17.3

5.1

Route du Nord

re ma Le

er

KP 390

t

Others Lac Mesgouez

KP 370

Lac La Bardelière

ᑯᑕᑲᒡ* Seuil

24.8

0

4.1

12.5

To Chibougamau

Lac Mesgouez

RP220

Unnamed lake

RU133

Infrastructure

Rupert tailbay Rupert forebay Control lake

Dam

Gill and experimental nets

Canal

Boundary KP 100

Dike

13.0

75°30'

Kilometre point on the river or lake

R21

Trapline

Main road

Hydraulic structure

8.1

File: 6675_bim1_cm_2488_160208a.ai

Lac

Sampling stations

13.5

10 km

Lac Bourier

Average yield 11.5 (fish/net-day)

Document for information purposes only. For any other use, please contact Géomatique at Hydro-Québec Équipement and Services partagés

RP014

Control lakes

*ᑯᑕᑲᒡ ᒬᐦᒡ ᐊᑎᐦᑲᒣᑯᒡ ᐁ ᐃᓯᓈᑯᓯᑣᐤ, ᐊᑎᐦᑲᒣᑯᔥ, ᒫᓯᒣᒄᐅᓵᐌᐤ ᑲᔦᐦ ᐅᓵᐌᐤ

5

UTM, Zone 18, NAD83

Secondary road Access road 75°00'

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

H-3



ANNEXE H (suite)

Figure Table1 1– Average fishing yield per species at the Rupert diversion bay stations (76 (CPUE) and 102 mm nets), summer 2014 diversion bays in 2014 Fishing yield for single-mesh the main species in the Rupert

Walleye Before and after impoundment, walleye accounted for about 40% of the catch in the Rupert diversion bays. In 2014, the fishing yield (CPUE) for this species in both diversion bays was lower than before diversion. A similar decline was observed in the control lakes in 2014, so it may be unrelated to diversion bay impoundment. The small walleye caught indicate that this species is not having difficulty reproducing in the new environment. Walleye is generally the dominant species in lakes in the region.

6 Mesh 76 mm

INFORMATION BULLETIN — NUMBER 5, JULY 2016

Lake sturgeon No lake sturgeon were caught in the nets even though monitoring confirmed that the species still inhabits the forebay. Based on the information collected during telemetric monitoring, we know that nearly 80% of the tagged sturgeon left the tailbay during the first year after impoundment. Half of them cannot return because they left through Rupert spillway. The others moved upstream on the Rupert and could eventually come back.

4

3

2

6675_bif1_cm_2514_rendement_160126a.ai

Fishing yield (fish/net-day)

EASTMAIN-SARCELLE-RUPERT COMPLEX

What We Have Learned About Fish Communities in the Rupert Diversion Bays

102 mm

5

1

0

Walleye

Northern pike

Lake whitefish

White sucker

Other species

(longnose sucker, burbot and lake trout )

Table 2

Average fish length for the main species in the Rupert diversion bays in 2014

Fish monitoring plan

Monitoring the changes in fish communities in the two diversion bays is part of the Environmental Monitoring Program for the Eastmain-Sarcelle-Rupert complex. Information on fish populations was collected prior to the diversion, in 2002 and 2008, and after the diversion, in 2011 and 2014. Monitoring will continue in 2016 and again in 2018 and 2021.

Type of gill net

To offset the loss of spawning habitat after diversion bays impoundment, two lake sturgeon spawning grounds were developed in the upper portion of Rupert forebay. Eight spawning areas were also developed for lake trout near the natural spawning grounds found in three former lakes in the forebay. The man-made spawning grounds have been monitored since 2010 to ensure that they are still in good condition and usable by fish for spawning. This monitoring will continue at regular intervals until 2023. To document the presence and movement of lake sturgeon and lake trout after impoundment, 50 sturgeon and 40 lake trout were tagged in 2009 prior to impoundment. The movements of these fish were then monitored using telemetry. Telemetric monitoring ended in the summer of 2014.

Fish communities – 2014 results

As in 2011, fishing consisted of gill-net sampling at 17 stations, including 9 in the forebay, 5 in the tailbay and 3 in the control lakes. Each station was sampled twice, in July and August 2014. These stations are located on traplines belonging to the communities of Mistissini and Nemaska. Twelve different fish species were caught in the Rupert diversion bays and control lakes. The number of fish caught per net (average of 13 fish per net) was the same in both diversion bays. In both bays, walleye was the most abundant species. Northern pike, white sucker and lake whitefish were the other species most frequently caught. As for the species composition of the fish communities, few changes have been observed since impoundment. Most of the species present before impoundment have also been recorded after impoundment.

In harmony with plants and wildlife

Average length Walleye

Northern pike

Lake whitefish

76-mm (3-inch) mesh

48 cm (19 in.)

66 cm (26 in.)

44 cm (17 in.)

102-mm (4-inch) mesh

49 cm (19 in.)

69 cm (27 in.)

46 cm (18 in.)

Northern pike In 2011 and 2014, northern pike were found at all the stations sampled. Relative abundance and fishing yield increased in the diversion bays after impoundment. Reproductive success for northern pike has therefore risen substantially since the first year following impoundment. Lake whitefish In the forebay, the lake whitefish population was found to be similar before and after impoundment. However, in the tailbay, the proportion of whitefish caught in 2014 was the lowest recorded in four years of sampling. The large number of small specimens (< 250 mm long) in both diversion bays in 2011 and 2014 confirms successful reproduction in the species, as numbers in this size class increased in the first year after impoundment and have remained high ever since. Lake trout Station RP062 (Map 1) is the only place where lake trout were caught during the 2011 and 2014 follow-ups on fish communities. This is also the area where most specimens were caught in 2002 and 2008. Lake trout abundance will probably remain low in the future. Note that, prior to impoundment, lake trout was a species confined to a few water bodies in the Rupert diversion bays area. Telemetric monitoring of lake trout showed that, unlike sturgeon, few trout left the diversion bays via Rupert dam but use Lac Mesgouez upstream from the diversion bays. Lake trout populations in most lakes in the region are generally fairly small and tend to be concentrated in specific parts of the lakes.

What to remember

• Developed spawning grounds for sturgeon and lake trout have not been damaged by ice and currents and can still be used by the species. However, no eggs have been found in them so far. • Many lake sturgeon left the forebay via Rupert dam, with those remaining spawning in the spawning grounds at KP 362 (Lac Mesgouez). Since 2012, there has been no movement by the species outside the diversion bays and the environment appears to be suitable for the species. • Lake trout appear to have used Lac Mesgouez a great deal because a lot of travel was observed between this lake and the forebay. Lake trout still use some natural spawning grounds identified before diversion bay impoundment. • The number of young walleye, northern pike and whitefish caught in the forebay suggests that these species have had no difficulty reproducing since impoundment. • These environmental monitoring activities, conducted in close cooperation with the Cree partners, have produced a wealth of information on changes in fish populations in the Rupert diversion bays that will be useful in the future. Since 2007, over 80 environmental monitoring activities have been carried out under the Environmental Monitoring Program for the Eastmain-Sarcelle-Rupert complex; these activities are slated to continue until 2023. FOR MORE INFORMATION: To watch a video on monitoring fish communities in the Rupert diversion bays and to find out more about the Environmental Monitoring Program for the Eastmain-Sarcelle-Rupert complex, visit the Web site www.hydloandfriends.com

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

H-5



ANNEXE H (suite)

EASTMAIN-SARCELLE-RUPERT COMPLEX MAP 1 - Fishing yield and species composition at the stations sampled in 2014

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

H-7



ANNEXE I Extrait du Guide alimentaire des poissons nordiques – Région de la Baie-James

Production

Le guide alimentaire des poissons nordiques Région de la Baie-James

Du p

oiss

o n au m e n

u

LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

I-1


ANNEXE I (suite)

Catégories de terres, cours d’eau et installations hydroélectriques de la région de la Baie-James

2

Le poisson et la santé

Principaux nutriments contenus dans le poisson

Les poissons sont bons pour vous. En effet, les recherches tendent de plus en plus à démontrer les bénéfices pour la santé que procurent certains nutriments contenus dans les poissons. En plus d’être une source importante d’acides gras oméga-3, de sélénium, de vitamine D et de protéines, les poissons sont généralement faibles en gras saturés. Ces qualités nutritionnelles concordent bien avec les recommandations actuelles sur l’alimentation qui prônent la consommation de sources de protéines plus maigres. Par ailleurs, le «Guide alimentaire canadien» recommande au moins deux portions de poisson par semaine. Tout bien considéré, ils constituent un aliment de premier choix qui va de pair avec une saine alimentation.

Protéines : Les protéines servent de matériaux de construction à l’organisme. Elles aident à construire et réparer les tissus corporels, ainsi qu’à la formation d’anticorps pour combattre les infections. Vitamine D : La vitamine D nous aide à absorber le calcium qui assure une bonne croissance des os et des dents. Elle garde nos muscles et notre système nerveux en santé. Les recherches indiquent que la vitamine D aide aussi à prévenir certaines maladies chroniques, comme les maladies cardiovasculaires, le diabète, le cancer, la sclérose en plaques et les inflammations intestinales. Sélénium : Le sélénium est un antioxydant, c’est-à-dire qu’il combat les composés chimiques réactifs qui peuvent nuire à notre corps. Il aurait un rôle préventif pour les maladies cardiovasculaires et le cancer. Il réduirait aussi les effets nocifs du mercure.

Pour vous aider à profiter des bénéfices que procurent la consommation de poisson, ce guide vous suggère quelques recettes nutritives pour les apprêter.

Acides gras oméga-3 : Les oméga-3 sont des gras qui nous protègent contre les maladies cardiovasculaires et nous aident à demeurer en santé. Ils sont surtout retrouvés dans les poissons.

Saviez-vous que? Manger du poisson est excellent pour la santé du coeur! Des études montrent que consommer du poisson au moins deux fois par semaine réduit de 25 à 30 % les risques de mourir d’une maladie cardiovasculaire. La consommation des têtes, des os et des yeux de poisson vous procure plus de nutriments comme le calcium et la vitamine A. 3

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LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


ANNEXE I (suite)

Les poissons sont une bonne source d’oméga-3

Les poissons sont généralement faibles en gras saturés

Les oméga-3 sont excellents pour votre coeur. De plus, les bébés dans le ventre de leur mère en ont besoin pour le développement de leur cerveau, de leur système nerveux et de leur vue.

Comparativement aux sources de protéines d’origine animale (ex.: boeuf, porc, charcuteries, etc.), le poisson contient généralement moins de matières grasses et de gras saturés. Certains gras saturés augmentent le risque de maladies cardiovasculaires.

Contenu en oméga-3 de différents aliments

Contenu en gras saturés de différents aliments Poisson

Poisson

Truite grise Doré jaune Grand corégone Truite mouchetée Grand brochet

Truite grise Doré jaune Grand corégone Truite mouchetée Grand brochet

Sauvagine

Sauvagine

Macreuse noir Canard noir Bernache du Canada Lagopède des saules

Macreuse noir Canard noir Bernache du Canada Lagopède des saules

Gibier

Gibier

Caribou Orignal

Caribou Orignal Non disponible

Épicerie

Épicerie

Poulet (viande et peau) Poulet (viande seulement) Bœuf haché mi-maigre

Poulet (viande et peau) Poulet (viande seulement) Bœuf haché mi-maigre

0,0

0,2

0,4

0,6

0,8

1,0

1,2

1,4

0

2

4

6

8

14

16

18

Gras saturés (en g pour 230 g (8 oz) d'aliment cru)

Gras oméga-3 (en g pour 230 g (8 oz) d'aliment cru)

La figure ci-dessus montre combien les poissons sont riches en oméga-3 par rapport aux autres aliments.

La figure ci-dessus montre combien les poissons sont faibles en gras saturés par rapport aux autres aliments. 4

Contaminants dans les poissons de la région de la Baie-James Certains contaminants ne se décomposent pas facilement, comme : • les BPCs (produits chimiques qui étaient utilisés dans les transformateurs électriques); • le DDT (un insecticide jadis utilisé à grande échelle). Ces produits persistent dans l’air, l’eau et les sols pendant de longues périodes. Ils proviennent surtout du Sud, et sont transportés vers le Nord par le vent et la pluie. Ces produits chimiques peuvent être assimilés par les plantes et les petits organismes vivant dans l’eau (le plancton). De là, ils remontent la chaîne alimentaire vers les insectes, les poissons et les oiseaux et animaux qui consomment les poissons. De petites quantités de ces produits ont été retrouvées dans les poissons de la région de la BaieJames, mais les niveaux sont faibles et inférieurs aux critères de qualité de Santé Canada. Les BPCs et le DDT ne posent pas de contraintes à la consommation de poissons. Le mercure est un autre contaminant présent dans l’environnement. Les teneurs en mercure augmentent temporairement dans les poissons des nouveaux réservoirs hydroélectriques. Le mercure se retrouve de façon naturelle dans l’environnement et est également produit par certaines industries. Étant donné que le mercure est transporté par le vent et la pluie, tous les poissons peuvent contenir un peu de mercure.

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ANNEXE I (suite)

Contaminants dans les poissons de la région de la Baie-James (suite) La quantité de mercure dans les poissons dépend : • de leur l’âge et leur grosseur Le mercure s’accumule tout au long de la vie des poissons. Les gros poissons contiennent donc plus de mercure que les petits. • de l’espèce Les teneurs en mercure sont faibles dans les poissons non prédateurs (qui mangent surtout des insectes), comme la truite mouchetée, le grand corégone, l’estugeon jaune et les carpes. Par contre, les poissons prédateurs (qui mangent d’autres poissons), comme le grand brochet, la truite grise et l’ouananiche, contiennent plus de mercure. • du milieu dans lequel ils sont pêchés À cause de réactions chimiques se produisant en eau salée, les poissons côtiers de la Baie-James contiennent moins de mercure. Les poissons des jeunes réservoirs hydroélectriques et ceux capturés immédiatement en aval des centrales peuvent contenir plus de mercure que ceux des lacs naturels, dépendant de l’âge des réservoirs.

Pêche traditionnelle du cisco à l’épuisette sur la Rupert

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Du poisson au menu Le mercure contenu dans le poisson peut, à des doses élevées, affecter le système nerveux humain. Par contre, aux teneurs mesurées dans les poissons de la région de la Baie-James, les bénéfices de la consommation de poissons pour la santé sont de loin supérieurs aux risques. Les poissons demeurent donc excellents pour la santé.

Pour les femmes enceintes, celles qui peuvent le devenir bientôt et les enfants de moins de 13 ans

Les femmes enceintes doivent se procurer suffisamment d’acides gras oméga-3 pendant et après leur grossesse. Les oméga-3, qui se retrouvent en bonne quantité dans les poissons, permettent un développement optimal du cerveau, du système nerveux et de la vue du bébé. Aussi, les autorités de santé publique du Québec recommandent aux femmes enceintes, et à celles qui peuvent le devenir bientôt, de consommer au moins 2 repas par semaine de poissons à faibles teneurs en mercure (indiqués par une pastille verte dans ce guide). C’est-à-dire, le grand corégone, la truite mouchetée, les carpes, l’esturgeon jaune et tous les poissons côtiers de la Baie-James. Les femmes enceintes et celles qui peuvent le devenir bientôt devraient éviter de consommer les poissons prédateurs, comme les grands brochets, les dorés jaunes, les truites grises et les lottes.

Pour la majorité des adultes (à l’exception des femmes enceintes et celles qui peuvent le devenir bientôt)

Si vous consommez des poissons de la région de la Baie-James moins d’une fois par semaine, vous ne devriez pas vous préoccuper du mercure. Vous pouvez continuer à profiter des bienfaits des poissons pour la santé.

Pour les grands consommateurs de poisson

Si vous consommez des poissons plus d’une fois par semaine, tout au long de l’année, vous devriez être prudent et consulter les guides de consommation de poissons de la section «pour en savoir plus» à la fin de ce guide (pages 44 à 49).

Des recommandations sécuritaires

Les recommandations de consommation de ce guide sont très sécuritaires, car elles tiennent compte d’un facteur de sécurité pour s’assurer que l’exposition au mercure de tous demeure sous les limites recommandées. Par exemple, la recommandation de consommation pour les poissons prédateurs du réservoir Robert-Bourassa est de 2 repas par mois, mais dans les faits, pour atteindre le niveau d’exposition au mercure pouvant causer, chez la majorité des gens, des effets reconnus sur la santé, il faudrait en consommer au moins une fois par jour durant toute une année.

Cette section vous informera sur la fréquence de consommation à respecter afin de ne pas dépasser le niveau d’exposition recommandé par les organismes de santé publique du Québec. Le nombre de repas par mois recommandé dépend du type de poisson et de l’endroit où il est pêché.

À noter :

Il n’est pas dangereux de consommer du poisson tous les jours pendant une courte période, comme lors d’un voyage de pêche, car cela prend plusieurs mois à notre corps pour accumuler une quantité appréciable de mercure.

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ANNEXE I (suite)

Du poisson au menu (suite) L’allaitement et la consommation de poisson L’allaitement maternel fait partie intégrante de notre culture et de nos valeurs. Le lait maternel n’est pas une source importante d’exposition au mercure pour les enfants. Nous savons que les femmes qui mangent régulièrement du poisson ont un taux d’oméga-3 plus élevé dans leur lait maternel. En allaitant, ces femmes contribuent au bon développement de leur enfant. Il est donc recommandé de continuer de consommer au moins deux fois par semaine, des poissons à faible teneur en mercure durant l’allaitement. Les poissons indiqués par des pastilles vertes dans ce guide peuvent être donnés aux enfants vers l’âge de 7 mois, sous forme de bouillon ou en flocons.

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Caractéristiques et qualité de la chair des principales espèces de poissons de la Baie-James Caractéristiques et qualité de la chair

Valeur nutritionnelle

Pour chacune des principales espèces de poissons de la région de la Baie-James, les pages suivantes présentent de l’information sur leur habitat et leur alimentation, ainsi que sur les leurres les plus efficaces pour les capturer. On y trouvera également les principales caractéristiques de leur chair et des recettes nutritives.

La valeur nutritionnelle de chaque espèce de poisson est présentée en poids (g ou mg), en unité internationale (UI) et en pourcentage de la valeur quotidienne recommandée, qui est la quantité déterminée d’un élément nutritif à consommer tous les jours pour rester en santé. Les pourcentages de valeur quotidienne sont recommandés pour les hommes et les femmes de tous âges, à l’exclusion des besoins supplémentaires reliés à la grossesse et à l’allaitement. Dans le présent guide, ces pourcentages sont calculés en fonction de la consommation de 230 g de poisson cru. Notons que 230 g de poisson cru équivaut à environ 3 portions telles que définies dans le Guide alimentaire canadien.

Parasites La plupart des parasites trouvés dans les poissons, comme les vers et les kystes, sont sans danger pour la santé humaine. Une bonne cuisson permettant à la chair d’atteindre 60 °C (140 °F) pendant 10 minutes élimine tout danger relié aux parasites.

Recettes proposées Des recettes nutritives sont suggérées pour chacune des principales espèces de poissons de la région de la Baie-James. Afin de ne pas réduire les bénéfices pour la santé que procurent les oméga-3 des poissons, les modes de cuisson suivants sont recommandés : • À la vapeur ou en papillote • Poché • Sur le grill • Sauté • Fumé Si vous les faites frire, utilisez seulement une petite quantité d’huile végétale (huile d’olive ou de canola). 9

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ANNEXE J Méthodes d’évaluation des impacts selon le cycle de vie Cette annexe présente l’analyse du Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services, maintenant le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services, réalisée pour Hydro-Québec en 2014, dont les résultats font l’objet du Rapport technique : Comparaison des filières de productions d’électricité et des bouquets d’énergie électrique. L’évaluation du cycle de vie consiste à inventorier les intrants et extrants de matières et d’énergie tout au long du cycle de vie étudié et à les traduire en impacts environnementaux potentiels, à l’aide de modèles comme celui de la figure J-1.

Figure J-1 – Étapes de l’analyse du cycle de vie

Source : CIRAIG, 2014.

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J-1


ANNEXE J (suite) Les indicateurs environnementaux sont de deux types, suivant une approche « problèmes » ou « dommages » selon le niveau de modélisation de la chaîne de causalité des problématiques environnementales. Plusieurs méthodes d’évaluation des impacts du cycle de vie proposent les deux approches (voir le tableau J-1). Les méthodes orientées « problèmes » (midpoint) s’arrêtent aux effets primaires, c’est-à-dire qui découlent directement des activités étudiées, par exemple l’émission de chlorofluorocarbures (CFC) et ses conséquences sur la destruction de la couche d’ozone stratosphérique. Contrairement aux méthodes orientées « problèmes », les méthodes orientées « dommages » (endpoint) cherchent à regrouper les impacts environnementaux en fonction des conséquences, aussi loin que possible dans la chaîne de causalité. Ces méthodes tentent ainsi de prendre en compte les effets secondaires. Au lieu de parler d’émissions de substances appauvrissant la couche d’ozone (comme les CFC), les catégories d’impact quantifient le dommage potentiel sur la santé humaine (cancers, cataractes, etc.). Ces méthodes montrent plus clairement l’impact potentiel, mais se butent à la difficulté de suivre la chaîne de causalité, notamment lorsque celle-ci n’est pas clairement établie.

Tableau J-1 – Méthodes d’évaluation des impacts Nom

Approche

Contexte géographique

Nom de catégories d’impacts (problème)

Référence

Ecolndicator 99

Dommages

Europe

12

Goedkoop et coll., 2001

CML

Problèmes

Europe

10

Guinée et coll., 2002

EDIP 2003

Problèmes

Europe

8

Hauschild et coll., 2003

TRACI

Problèmes

États-Unis

9

Bare et coll., 2002

LIME

Problèmes et dommages

Japon

11

Hayashi et coll., 2004

Problèmes

États-Unis

25

Leonardo Academy, 2012

IMPACT 2002+

Problèmes et dommages

Europe

12

Jolliet et coll,. 2003

ReCiPe

Problèmes et dommages

Europe

15

Goedkoop et coll., 2009

IMPACT World+

Problèmes et dommages

Monde, continents

18

www.impactworldplus.org

LEO-SCS-002

Source : CIRAIG, 2014.

APERÇU DES INDICATEURS ENVIRONNEMENTAUX Les catégories d’impacts (problèmes et dommages) – nommés « indicateurs environnementaux » pour simplifier – varient d’une méthode d’évaluation des impacts du cycle de vie à l’autre et peuvent totaliser une quinzaine d’indicateurs. Le tableau J-2 présente, à titre d’exemple, un aperçu des indicateurs environnementaux utilisés dans les méthodes CML et IMPACT 2002+, qui sont les plus couramment citées dans la documentation. La méthode IMPACT World+, la plus récente, est officiellement admise depuis mai 2013. Elle n’est pas encore entièrement documentée et les logiciels d’analyse du cycle de vie (ACV) ne l’ont pas encore tous intégrée à leur plateforme, mais elle permet de profiter des dernières avancées en matière de modélisation environnementale. Cette méthode propose également de nombreuses innovations scientifiques et inclut de nouvelles catégories d’impacts d’intérêt, notamment l’utilisation de l’eau.

J-2

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ANNEXE J (suite) Tableau J-2 – Indicateurs environnementaux utilisés par les méthodes CML et IMPACT 2002+ Indicateur – Approche dommages (méthode IMPACT 2002+) Changements climatiques (kg éq. CO2)

Santé humaine (DALY)

Qualié des écosystèmes (PDF*m2*an)

Indicateur – Approche problèmes

Commentaires

IMPACT 2002+ Potentiel de réchauffement global (PRG)

CML Impact mondial. Les modèles et facteurs du GIEC sont utilisés par toutes les méthodes. La méthode IMPACT 2002+ considère un horizon de 500 ans. Les autres méthodes considèrent un horizon de 100 ans.

kg éq. CO2

kg éq. 1,4-DB

Impact local à mondial. Effets des substances toxiques sur l’environnement humain.

Toxicité humaine

Sans objet

Effets respiratoires (substances organiques et inorganiques)

kg éq. C2H4 kg PM2.5

Sans objet

Impact local. Substances inorganiques (smog d’hiver) : effets dus aux particules fines (< 2,5 µm). Substances organiques : effets associés aux composés organiques volatils (COV).

Effets cancérigènes et autres

kg éq. C2H3Cl

Sans objet

Impact local associé aux effets sur la santé humaine des substances cancérigènes et autres.

Rayonnements ionisants

Bq éq. 14C

Sans objet

Impact local généré par des substances émettant des rayonnements.

Acidification

kg éq. SO2

Impact régional. Selon les méthodes, compartiment aquatique seulement ou compartiments aquatique et terrestre.

Eutrophisation

kg éq. PO4

Impact régional qui prend en compte un déséquilibre des nutriments dans les systèmes aquatiques.

Destruction de la couche d’ozone

kg éq. CFC-11

Oxydation photochimique (smog)

kg éq. C2H4

Impact mondial associé à la réduction de la couche d’ozone stratosphérique et à l’augmentation des rayons UV qui atteignent la Terre. Impact régional. Smog d’été lié à la formation d’ozone troposphérique ; principales substances associées à ce phénomène : COV.

Écotoxicité terrestre et aquatique (eau salée et eau douce)

kg TEG sol/eau

kg éq. 1,4-DB

Utilisation des terres

m2 éq. arable

Sans objet

Énergies non renouvelables Ressources (MJ)

Unités

Extraction minérale et épuisement des ressources abiotiques

Impact régional lié à la perte de biodiversité associée à l’usage des superficies terrestres. Impact mondial. Mesure de la quantité d’énergie extraite sous forme de combustibles fossiles ou d’uranium.

MJ

MJ supplémentaire

Impact local. Prise en compte de l’effet des substances toxiques sur la biodiversité des écosystèmes. Les méthodes emploient différents modèles et unités de mesure pour l’indicateur.

kg éq. Sb

Impact mondial. Les deux méthodes emploient différents modèles et unités de mesure pour cet indicateur. L’extraction minérale (IMPACT 2002+) concerne l’énergie supplémentaire nécessaire pour extraire des minerais de gisements à faible teneur. La méthode CML évalue le taux d’extraction et la rareté de chaque minéral.

Source : CIRAIG, 2014.

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ANNEXE J (suite) DESCRIPTION DES INDICATEURS ENVIRONNEMENTAUX RETENUS POUR LA COMPARAISON Changements climatiques L’indicateur « changements climatiques » (aussi appelé « potentiel de réchauffement global ») est lié aux émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. De manière générale, l’évaluation des impacts associés aux émissions de GES est réalisée à partir de la méthode du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Cette méthode prend en compte le potentiel de réchauffement de chaque GES et convertit le tout en kilogrammes d’équivalent de dioxyde de carbone (kg éq. CO2), en se basant sur les données de forçage radiatif infrarouge. Des facteurs de caractérisation sont utilisés pour convertir les kilogrammes des différents GES en kilogrammes d’équivalent CO2. Les principales substances qui ont un effet sur cet indicateur sont le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4). Ces substances proviennent avant tout de la combustion de matières fossiles telles que le charbon, le mazout et le gaz naturel, mais aussi de la combustion de matières renouvelables (biomasse et biogaz). Elles sont également liées aux changements d’utilisation des terres (défrichage des terres et séquestration ou perte de carbone dans le sol) et aux réservoirs des centrales hydroélectriques. Les émissions de GES des réservoirs constituent ainsi la principale source d’émissions de la filière hydroélectrique (bien que ces émissions ne soient pas toujours mesurées dans les publications). En région boréale, ces émissions se produisent principalement au cours des dix premières années suivant la mise en eau du réservoir, après quoi elles diminuent jusqu’au niveau des lacs naturels environnants.

Destruction de la couche d’ozone L’indicateur « destruction de la couche d’ozone » est lié à l’appauvrissement de la couche d’ozone stratosphérique, qui se traduit par l’augmentation des rayons ultraviolets (UV) qui atteignent la Terre. Ces rayons ont plusieurs incidences sur la santé humaine (notamment le développement de cataractes et de cancers de la peau) et peuvent influer sur la vie animale et sur les écosystèmes terrestres et aquatiques. Les substances appauvrissant la couche d’ozone (SACO) contiennent généralement du chlore, du fluor, du brome, du carbone et de l’hydrogène dans des proportions variables, et sont souvent regroupées sous l’appellation générique « hydrocarbures halogénés ». Les chlorofluorocarbures (CFC), le tétrachlorure de carbone et le méthylchloroforme sont d’importants gaz anthropiques destructeurs de l’ozone, utilisés pour de nombreuses applications, notamment la réfrigération, la climatisation, le gonflement des mousses et le nettoyage des composants électroniques ainsi que comme solvants. Pour quantifier cet indicateur, le modèle établi par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) est généralement employé. Le potentiel d’appauvrissement de la couche d’ozone (PACO) y est mesuré en kilogrammes d’équivalent de trichlorofluorométhane (kg éq. CFC-11). Des facteurs de caractérisation sont utilisés pour convertir les kilogrammes des différentes SACO en kilogrammes d’équivalent CFC-11. Cet indicateur s’applique à l’échelle mondiale, puisque certaines des substances émises ont une persistance dans l’atmosphère assez longue pour se répandre partout sur la planète.

Acidification Les substances acidifiantes peuvent entraîner divers impacts sur les sols, les eaux souterraines ou de surface, les organismes, les écosystèmes et les biens matériels. Le potentiel d’acidification d’une émission dans l’air est calculé en kilogrammes d’équivalent de dioxyde de soufre (kg éq. SO2). Des facteurs de caractérisation sont utilisés pour convertir les kilogrammes de différentes substances acidifiantes en kilogrammes d’équivalent SO2. Cet indicateur s’applique à une échelle régionale, puisque les substances qui contribuent à l’indicateur ne se déplacent qu’à une échelle continentale. Il existe une certaine variabilité dans la manière de modéliser l’acidification des milieux terrestres et aquatiques. Certaines des méthodes d’évaluation disponibles ne considèrent que le potentiel d’acidification des substances (c.-à-d. la génération d’ions hydrogène H+). D’autres emploient des modèles plus évolués, permettant notamment de considérer le devenir atmosphérique des substances (modélisation de la dispersion des molécules et leurs réactions dans l’air) et leurs effets dans l’environnement. Les principales sources de substances ayant un effet acidifiant sont liées à la combustion de charbon et de mazout (émissions de dioxyde de soufre) de même qu’à la combustion de gaz naturel et, dans une moindre mesure, de biomasse (émissions d’oxydes d’azote).

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LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


ANNEXE J (suite) Eutrophisation L’eutrophisation se définit comme étant la modification et la dégradation d’un milieu aquatique dues à un apport excessif en substances nutritives. Bien qu’un processus d’eutrophisation très lent existe de façon naturelle, l’indicateur « eutrophisation » fait référence aux substances ayant la capacité d’accélérer ce processus de manière artificielle. Les principales substances nutritives en cause sont l’azote (provenant surtout des nitrates agricoles et des eaux usées) et le phosphore (généralement issu des phosphates dans les eaux usées), dont une augmentation des teneurs a pour effet d’entraîner une production importante d’algues et d’espèces végétales aquatiques, conduisant à une « asphyxie » du milieu aquatique et à une réduction de la biodiversité. Le potentiel d’eutrophisation d’une émission est calculé en kilogrammes d’équivalent de phosphate (kg éq. PO4). Des facteurs de caractérisation sont utilisés pour convertir les kilogrammes de différentes substances eutrophisantes en kilogrammes d’équivalent PO4. Cet indicateur s’applique à une échelle régionale ou locale, puisque les substances qui contribuent à l’indicateur ne se déplacent qu’à une échelle continentale. Les principales sources de substances ayant un effet eutrophisant sont les émissions de substances phosphatées et azotées. Dans la production d’électricité, les phosphates sont surtout émis au moment de l’extraction du charbon, alors que les substances azotées sont liées à la combustion de gaz naturel et, dans une moindre mesure, de la biomasse (émissions de NOx ).

Toxicité humaine L’indicateur « toxicité humaine » concerne les substances ayant des effets toxiques sur l’environnement humain. Les risques associés à l’exposition en milieu de travail ne sont pas inclus dans les effets modélisés. Le potentiel de toxicité humaine d’une émission est calculé en kilogrammes d’équivalent de 1,4-dichlorobenzène (kg éq. 1,4-DB). Des facteurs de caractérisation sont utilisés pour convertir les kilogrammes de différentes substances toxiques en kilogrammes d’équivalent 1,4-DB. Cet indicateur s’applique à une échelle variant de locale à mondiale, selon le devenir de chaque substance. En effet, les substances peu persistantes ne se déplacent que sur de courtes distances et leur effet est plus local, tandis que d’autres, plus persistantes, peuvent se déplacer à l’échelle mondiale. Les principales substances ayant un effet toxique sur les humains sont des composés tels que le benzène et les métaux. Le benzène est associé à certaines activités de production (gaz naturel), tandis que les métaux sont liés à l’extraction de combustibles et d’autres matériaux (charbon, uranium, fer, cuivre, etc.) et à leur utilisation.

Oxydation photochimique (smog) L’oxydation photochimique, aussi appelée « smog d’été », est liée à la formation de substances réactives (principalement l’ozone) qui sont néfastes pour la santé humaine, les écosystèmes et les cultures. Le potentiel de création d’ozone photochimique à partir d’une substance émise dans l’air est exprimé en kilogrammes d’équivalent en éthylène (kg éq. C2H4). Des facteurs de caractérisation sont utilisés pour convertir les kilogrammes de différentes substances en kilogrammes d’équivalent C2H4. Cet indicateur s’applique à une échelle variant de locale à mondiale, selon le devenir de chaque substance. En effet, les substances peu persistantes ne se déplacent que sur de courtes distances et leur effet est plus local, tandis que d’autres, plus persistantes, peuvent se déplacer à l’échelle mondiale. Les principales substances ayant un effet d’oxydation photochimique sont le dioxyde de soufre (SO2), le monoxyde de carbone (CO) et le méthane (CH4). Dans les différentes filières de production d’électricité, le SO2 et le CO sont surtout émis durant la combustion. En ce qui a trait au méthane, l’extraction et le transport du gaz naturel constituent une source majeure d’émissions.

Épuisement des ressources L’épuisement des ressources non renouvelables représente un enjeu majeur lié à la production d’électricité dans le monde. Cet indicateur regroupe deux sous-indicateurs environnementaux : le premier concerne l’extraction des ressources minérales de la croûte terrestre (métaux, minerais, etc.) et le second, l’utilisation d’énergies fossiles (pétrole, gaz naturel et charbon). Contrairement aux autres indicateurs environnementaux, qui sont liés aux émissions de substances dans l’environnement, les indicateurs d’épuisement des ressources sont associés aux matières consommées tout au long du cycle de vie des filières de production électrique. Ils s’appliquent à l’échelle mondiale, puisque l’épuisement des ressources a des conséquences sur toute la planète, quel que soit le lieu géographique. LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT

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ANNEXE J (suite) L’indicateur « extraction des ressources minérales » est mesuré en kilogrammes d’équivalent d’antimoine (kg. éq. Sb) par kilogramme extrait, afin qu’il tienne compte des réserves existantes, du taux d’extraction et de l’épuisement de chaque substance minérale. L’indicateur « utilisation d’énergies fossiles » (correspondant à la consommation d’énergie non renouvelable) est mesuré à l’aide du contenu énergétique des ressources extraites. Le pouvoir calorifique de chaque combustible fossile est exprimé en mégajoules (MJ) par unité de volume ou de masse.

Extraction des ressources minérales La principale cause d’épuisement des ressources minérales est l’extraction de métaux, notamment le cuivre, le chrome et le fer. L’utilisation de métaux dans des processus secondaires de construction des centrales et de leurs infrastructures représente le principal facteur pertinent relatif à cet indicateur dans le cycle de vie de la production d’électricité. L’extraction d’uranium est aussi incluse dans cet indicateur. Utilisation d’énergies fossiles L’indicateur « utilisation d’énergies fossiles » est directement lié à l’extraction des combustibles (charbon, pétrole et gaz naturel). Il est à noter que l’extraction d’uranium n’est pas incluse dans cet indicateur, mais dans l’indicateur « extraction des ressources minérales ». Les filières énergétiques utilisant des combustibles fossiles présentent les valeurs les plus élevées de cet indicateur, à l’exception de la filière nucléaire.

Santé humaine L’indicateur « santé humaine » est lié aux émissions de substances qui nuisent directement ou indirectement à la santé. Aux fins du présent texte, la plus récente méthode d’évaluation des impacts du cycle de vie, IMPACT World+ (www.impactworldplus.org), a été employée pour le calcul de cet indicateur. Avec cette méthode, on considère une multitude de sources d’impacts sur la santé humaine en prenant en compte l’ensemble de la chaîne de causalité. L’indicateur inclut notamment les substances qui ont des effets toxiques (cancérigènes et non cancérigènes) et des effets respiratoires, qui produisent des rayonnements ionisants ou qui contribuent à la destruction de la couche d’ozone, au réchauffement climatique ou à l’oxydation photochimique (smog). L’utilisation de l’eau est également prise en compte, eu égard aux effets indirects qu’elle peut entraîner sur la santé. Ces différents impacts sont ramenés à une unité commune qui représente la gravité de la maladie potentiellement causée par ces substances ou leurs effets indirects, soit les années équivalentes de vie perdue ; l’acronyme DALY (disability-adjusted life years) est souvent utilisé pour cet indicateur. Des facteurs de caractérisation issus de modélisations environnementales sont utilisés pour convertir les masses des différentes substances émises en DALY.

Qualité des écosystèmes L’indicateur « qualité des écosystèmes » est lié aux émissions de substances qui nuisent directement ou indirectement à la biodiversité. Aux fins du présent texte, la plus récente méthode d’évaluation des impacts du cycle de vie, IMPACT World+ (www.impactworldplus.org), a été employée pour le calcul de cet indicateur. Avec cette méthode, on considère plusieurs sources d’impacts sur les écosystèmes en prenant en compte l’ensemble de la chaîne de causalité. L’indicateur « qualité des écosystèmes » inclut notamment les substances qui ont des effets toxiques sur la vie aquatique, qui produisent des rayonnements ionisants ou qui contribuent à l’acidification des milieux terrestre et aquatique, à l’eutrophisation des eaux ou au réchauffement climatique. L’utilisation des terres et l’utilisation de l’eau sont également prises en compte, eu égard aux effets qu’elles peuvent avoir sur la biodiversité animale et végétale. Les impacts associés à la création de réservoirs et à la mise en place de barrages ne sont toutefois pas considérés, faute de facteurs de caractérisation représentatifs de leurs impacts potentiels. Ces différents impacts sont ramenés à une unité commune qui représente la fraction d’espèces potentiellement disparues, sur une surface donnée et durant une certaine période de temps (PDF*m2*an, où PDF signifie potentially disappeared fraction). Des facteurs de caractérisation issus de modélisations environnementales sont utilisés pour convertir les masses des différentes substances émises en PDF*m2*an.

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LA PRODUCTION D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE AU QUÉBEC ET L’ENVIRONNEMENT


Imprimé sur du papier fabriqué au Québec contenant 100 % de fibres recyclées postconsommation.


2020E2568-F

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