Imagazine septembre

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IMAGAZINE PDF N째23


[ IMAGAZINE septembre 2013 3

EDITORIAL :

ECONOMIE

Chèque Déjeuner Catherine Candella, Directrice RSE du groupe

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Power Africa initiative Croissance et développement de l’Afrique La Banque mondiale mobilise 14,7 milliards$ au cours de l’exercice 2013 Denmark Contributes US $1.8 Million to Africa Agriculture Fast Track Fund Rapport global sur la compétitivité : le classement des 40 pays africains GEOPOLITIQUE & DIPLOMATIE

Tank Entreprise & Pauvreté Bénédicte FAIVRETAVIGNOT, Membre fondateur WWF France 4

M. François Hollande, Président de la République française s’exprime sur les questions de la sécurité en Afrique lors de sa rencontre avec les Ambassadeurs de France dans le monde HUMANITAIRE & DROITS DE L’HOMME

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Philippe GERMA, Directeur Général

AFNOR Mérylle Aubrun

« Ramener la paix au Tchad pour que règne la justice et le respect des droits de l’homme » Me Delphine Kemneloum Djiraibé

CULTURE & MEDIAS20-21

- AUC holds Workshop on Mainstreaming Disaster Risk

BONN: Forum Mondial des Médias M Erik BETTERMANN

Reduction (DRR)

PAIX & SECURITE

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LIVRE :

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Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine 387ème réunion tenue au niveau ministériel SOCIAL BUSINESS

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Emmanuel ERRARD Directeur du Comité d'Organisation de PARIS 2015 & Fondateur des "Jeux Ecologiques"

Chine / Afrique Première réunion des Ministres de la Santé dans le cadre du Forum sur la Coopération sinoafricaine (FCSA)

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[ IMAGAZINE septembre 2013 DIPLOMATIE & GEOPOLITIQUE Extraits de l’Allocution du Président de la République de France à l’occasion de la Conférence des Ambassadeurs. Le Président François Hollande évoque les engagements de la France en Afrique,(Le Mali, la Rca, la Rdc, la Tunisie, l’Egypte, aussi, le futur Sommet sur la Paix qui aura lieu en décembre en France, après celui de Yaoundé en juin dernier au Cameroun sur la lutte contre la piraterie maritime) Le Président Hollande : « La France doit donc s’assurer que son outil de défense reste fiable. C’est ce que garantira la prochaine loi de programmation militaire, inspirée des travaux du Livre blanc sur la défense. Elle maintiendra pour les cinq ans qui viennent les crédits du budget de la Défense y compris dans cette période si difficile pour nos finances publiques. Mais c’est la condition indispensable pour préserver notre crédibilité et pour décider d’une intervention chaque fois que notre pays l’estime nécessaire, dans le cadre du droit international. Ce fut le cas au Mali le 11 janvier. Non pour se substituer aux Africains, mais pour agir avec eux… Sept soldats français sont morts dans l’opération Serval, des dizaines d’autres ont été blessés. Je veux rendre hommage à leur sacrifice et plus largement à nos forces qui ont permis de libérer le territoire malien et d’organiser la tenue d’une élection présidentielle dont je salue le déroulement. Elle a donné une légitimité forte à son nouveau Président, Ibrahim Boubacar KEITA. En huit mois, de janvier à juillet, nous aurons ainsi réussi à écarter les terroristes, sécuriser le Mali et engager la transition politique. Rarement une opération, ces dernières années, aura pu atteindre ses buts dans un si bref délai. La France va désormais réduire sa présence militaire mais elle continuera d’accompagner le Mali dans les défis qui l’attendent : restaurer l’Etat, améliorer la gouvernance, assurer la sécurité, mener à bien le développement. Et faire preuve d’une vigilance extrême. Car les groupes violents, les terroristes comme les trafiquants cherchent à s’installer là où les Etats n’arrivent plus contrôler leur territoire, et là où la coopération régionale ne fonctionne pas. On le voit en République démocratique du Congo où se multiplient les atrocités dont les femmes et les enfants sont les premières victimes. C’est pourquoi nous avons obtenu des Nations Unies, la mise en place d’une brigade d’intervention dans les Kivus. Et il revient aujourd’hui à la Monusco de s’opposer à Goma aux groupes armés qui déstabilisent la région. De même, il est plus que temps agir en Centrafrique. Ce pays est au bord de la « somalisation ». J’ai rencontré les ONG qui y travaillent. Elles font un travail admirable. Le bilan est accablant. 60 000 enfants risquent de mourir de malnutrition. Un million et demi d’habitants sur 5 millions sont déplacés J’appelle l’Union Africaine et le Conseil de sécurité à se saisir de cette situation. La France les y aidera. Mais je le rappelle ici, c’est avant tout aux Africains d’assurer leur sécurité. C’est le sens du Sommet de l’Elysée qui se tiendra en décembre, huit mois après que l’Union Africaine ait décidé de créer une capacité de réponse aux crises, et six mois après la réunion sur la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée qui a engagé des actions contre la piraterie.

L’Europe sera représentée au Sommet de Paris. Car c’est ensemble que nous devons répondre aux demandes des pays africains en matière de formation, d’encadrement et d’équipements de leurs armées. Car ce continent est plein d’avenir. Il doit pouvoir par lui-même maîtriser son destin. La France sera à ses côtés. Sans rien chercher pour elle-même. La responsabilité de la France, c’est aussi d’accompagner les pays arabes dans leurs difficiles transitions. J’ai rappelé à Tunis qu’aucune religion n’était incompatible avec l’exercice de la démocratie et que l’Islam pouvait en apporter une nouvelle preuve dès lors que les libertés individuelles, l’égalité entre les femmes et les hommes et le pluralisme étaient respectés. La France est donc solidaire du peuple tunisien pour lui permettre de retrouver la parole à travers l’organisation rapide d’élections aussi incontestables que celles de 2011. Raison de plus pour dénoncer les auteurs des violences qui frappent en Tunisie des militants politiques et qui mettent sciemment en péril le processus démocratique. C’est au nom de ces mêmes valeurs que nous appelons les autorités égyptiennes à rétablir au plus vite la paix civile et à aller vers de nouvelles élections avec l’ensemble des parties prenantes de la société. La France est disponible pour contribuer avec d’autres à une médiation. Elle fait cette proposition sans intention d’ingérence, mais dans le seul souci d’être efficace. Je souhaite élargir mon propos en offrant de nouvelles perspectives de coopération aux pays de la région. J'ai proposé à Malte au Sommet 5+5 que nous construisions ensemble une Méditerranée des projets. Nous ne pouvons en rester aux initiatives sans lendemain de ces dernières années. J’en appelle à de nouveaux partenariats moins ambitieux mais plus concrets. »

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[ IMAGAZINE septembre 2013 ECONOMIE Heirs Holdings $300m investment under Transcorp boosts US Power Africa initiative Transcorp completes purchase of Nigeria’s largest thermal power plant

sector efficiently to meet the increasing demands of our fastgrowing economy and improve the living standards of all Nigerians.” The Power Africa Initiative led by the United States President, Barack Obama is a multi-stakeholder partnership between the US government and six (6) other subSaharan African countries, together with the African private sector. The shared objective of this initiative is accelerating investment in Africa’s power sector over the next five years. About Heirs Holdings

President Barack Obama’s $7 billion US-backed Power Africa initiative has received a major shot in the arm with the announcement that full financing has been completed for the $300 million Ughelli power plant in Delta State, Nigeria by Transcorp Plc, the publicly quoted conglomerate managed by Tony Elumelu’s Heirs Holdings the pan-African proprietary investment company which is Transcorp’s largest shareholder. Last month, Heirs Holdings committed $2.5bn toward the Power Africa Initiative, a multi-stakeholder partnership between the US government and seven sub-Saharan African countries, including Nigeria; and earlier this year, Transcorp signed a cooperation agreement with General Electric (GE) for the development of the power sector in Nigeria. Transcorp Ughelli Power Limited (TUPL) announced last week a $225 million payment to Nigeria’s Bureau of Public Enterprise (BPE) representing the 75 per cent balance of the $300 million bid price for the 1000 megawatts capacity plant. TUPL made an initial deposit of $75m (25 per cent) for the plant in February this year. TUPL, which has American company Symbion Power as an equity investor in the project, plans to increase the power generation of the plant from 300MW to over 1070MW over the next five years. United Bank for Africa Plc (UBA) and the Africa Finance Corporation (AFC) as coarrangers, and First City Monument Bank Plc (FCMB) and Fidelity Bank as cofinanciers provided the debt financing facility for the acquisition of the plant, which is one of the six power generation companies unbundled as part of the privatization of the Power Holding Company of Nigeria (PHCN). Commenting on the completion of their acquisition, Elumelu, the Chairman of Heirs Holdings and of Transcorp said: ‘It is a major stride forward and has significance for Nigeria, the region and Obama’s administration, as it represents positive progress in the fulfilment of Power Africa. We are committed to developing Nigeria’s power

Heirs Holdings is a pan-African proprietary investment company driving Africa's development. We are active long-term investors who specialise in building businesses and corporate turnaround. We aim to transform the companies in which we invest and grow them into businesses that last. We invest in Africa to create value for our shareholders and partners, and to create economic prosperity and social wealth for the continent. Our investments in power, financial services, oil and gas, real estate and hospitality, agri-business and healthcare are helping to build economies, create jobs, drive prosperity and ultimately transform the lives of ordinary Africans in Africa.

La Banque mondiale a mobilisé un montant record afin de soutenir la croissance et le développement de l’Afrique au cours de l’exercice 2013 Le Groupe de la Banque mondiale a engagé le montant record de 14,7 milliards de dollars au cours de l’exercice 2013 (de juillet 2012 à juin 2013) afin de soutenir la croissance économique de l’Afrique et contribuer à l’amélioration des perspectives de développement du continent en dépit de l’incertitude de la situation économique dans le reste du monde. « La région a fait preuve d’une résilience remarquable face à la récession mondiale et a fait l’expérience d’une vigoureuse croissance », déclare Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique. « L’Afrique est au cœur des objectifs du Groupe de la Banque

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[ IMAGAZINE septembre 2013 mondiale à l’horizon 2030 de mettre un terme à la pauvreté extrême et promouvoir une prospérité partagée et durable d’un point de vue environnemental, social et fiscal ». Le Groupe de la Banque mondiale a maintenu son fort engagement auprès des pays d’Afrique, accordant 8,25 milliards de dollars de nouveaux prêts, portant sur près de 100 projets, au titre de l’exercice 2013 en cours. Ces engagements comprennent un montant record de 8,2 milliards de dollars de crédits et de subventions de l’Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres. Il s’agit du montant le plus élevé de nouveaux engagements pris par l’IDA pour une quelconque région depuis la création de la Banque. Les investissements pour le développement profitent au secteur privé Le volume total des engagements de l’IFC en Afrique subsaharienne, y compris les fonds mobilisés, a progressé pour atteindre le niveau record de 5,3 milliards de dollars, soit 34 % de plus que l’année précédente. De même, la dépense totale de l’IFC en programmes de services de conseil dans la région a augmenté jusqu’à dépasser 65 millions de dollars, soit 30 % du total de l’IFC. Cela a permis d’obtenir une amélioration des résultats dans les États fragiles ou affectés par des conflits et une amplification de l’impact dans les domaines d’intérêt prioritaires de l’IFC : opportunités de pratiquer une agriculture durable, accès au crédit et microfinancements, amélioration des services d’infrastructure et réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour la MIGA, la priorité est le soutien des investissements étrangers directs à destination de l’Afrique subsaharienne et bénéfiques au développement. En 2013, l’agence a émis 1,5 milliard de dollars de garanties en appui des investissements pour des projets dans les secteurs de l’agroalimentaire, du pétrole et du gaz, de l’électricité, des services et de l’eau. Une bonne partie concerne des investissements dans des projets de production d’électricité en Angola, en Côte d’Ivoire et au Kenya. L’Afrique subsaharienne a représenté 54 % du volume des investissements de la MIGA cette année, contre 24% l’an dernier, soit plus du double. Le soutien du Groupe de la Banque mondiale a porté prioritairement sur des projets transformationnels dans l’agriculture et l’électricité, ainsi que sur les filets de protection sociale, les transferts conditionnels de fonds en faveur des familles pauvres, les programmes de création d’emplois pour les jeunes et l’enseignement supérieur. Intensifier les efforts en faveur des pays fragiles Au cours de l’exercice 2013, le Groupe de la Banque mondiale a porté une attention accrue aux vecteurs régionaux de fragilité et de conflit en Afrique, en particulier dans la région du Sahel et celle des Grands Lacs. En mai 2013, au cours d’une mission historique dans la région des Grands Lacs effectuée conjointement par les Nations Unies et le Groupe de la Banque mondiale, la Banque s’est engagée à investir 1 milliard de dollars pour le développement, afin d’aider les pays de la région à dispenser de meilleurs services de santé et d’éducation, à développer le commerce transfrontalier et à financer des projets d’hydroélectricité en soutien de l’accord de paix de la région des Grands Lacs. Ce fut un message fort, réaffirmant que paix et développement sont indissociables et doivent être traités ensemble, soulignant l’engagement de la Banque à travailler plus étroitement avec les États sortant de conflits ainsi que sa détermination à aider les États fragiles à surmonter leur situation et à renouer avec le développement.

actuels et prévus profitent de la collaboration de l’IDA, de la MIGA et de l’IFC au sein du Groupe de la Banque mondiale pour tirer le meilleur parti de leurs investissements dans la région en matière de développement . Accélérer l’utilisation de la science et de la technologie L’avenir de l’Afrique dépendra de sa capacité à adopter plus rapidement des technologies existantes et à venir. Des gains importants de productivité sont possibles si l’on dispense une meilleure formation en science et en technologie aux Africains, et si l’on investit dans les nouvelles technologies agricoles. Au cours de l’exercice 2013, la Banque a contribué à remettre l’enseignement supérieur à l’ordre du jour du développement, avec un accent particulier sur la science. Les économies d’Afrique ont un besoin urgent de techniciens et d’ingénieurs très qualifiés, en particulier dans le domaine de l’énergie et des infrastructures. Elles ont besoin de scientifiques spécialistes de l’agriculture, de travailleurs dans le domaine médical et de chercheurs. Pour obtenir des résultats de qualité dans l’enseignement primaire et secondaire, il faut des enseignants qualifiés que seules les universités peuvent former. La Banque a continué à monter des partenariats afin d’apporter un appui à l’enseignement des technologies.

The Government of Denmark has announced a contribution DKK 10 million (approximately US $1.8 million) to the Agriculture Fast Track Fund to Spur Investment in the development of African agriculture, infrastructure

Le Banque a été en première ligne pour l’identification de mesures opérationnelles et le montage de partenariats (comme TerrAfrica) visant à intégrer le changement climatique dans la gestion des terres, la gestion des ressources en eau, l’infrastructure des transports, l’agriculture intelligente sur le plan climatique et la gestion des risques de catastrophes. Elle continue de travailler à l’élaboration de politiques innovantes, comme l’illustre le premier prêt à l’appui des politiques de développement pour le changement climatique, accordé au Mozambique.

The announcement was made on Wednesday, August 28, 2013 in Copenhagen by Denmark’s Development Cooperation Minister, Christian Friis Bach, during the visit to the country by the President of the African Development Bank Group Donald Kaberuka.

Le changement climatique est également au cœur du programme de développement pour la région. Les projets d’énergie propre en hydroélectricité, géothermie, solaire et gaz font partie intégrante de la stratégie de la Banque pour l’Afrique visant à limiter l’empreinte carbone liée à la croissance de la région et à profiter d’un énorme potentiel inexploité pour le développement. Nombre des projets

The Agriculture Fast Track Fund (AFT) is a US $26.8-million firstof-its-kind fund set up to spur greater private investment in

Relever le défi du changement climatique

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[ IMAGAZINE septembre 2013 agriculture infrastructure projects in Sub-Saharan Africa. The Danish Government’s support complements contributions from Agricultural Fast Track founding donors including USAID, which has committed $15 million, and the Government of Sweden, which has pledged $10 million. The fund is managed by the African Development Bank. The Agricultural Fast Track (AFT) provides grant funding for the initial project development costs of a broad range of agriculture infrastructure projects spanning the entire value chain – from production to market.The AFT is intervening in countries that are members of the New Alliance for Food Security and nutrition, which aims to strengthen the links from farmers to markets to tables. The New Alliance for Food Security and Nutrition was launched by President Obama at last year’s G8 summit and primarily includes six member countries: Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ethiopia, Ghana, Mozambique, and Tanzania. The New Alliance matches marketoriented regulatory reforms in these six countries with $3.7 billion in commitments from the private sector in agriculture. During the visit, Kaberuka attended a dinner-discussion on the theme “Growth in Africa including Nigeria”, hosted by the country’s Trade and Investment Minister, Pia Olsen Dyhr; European Affairs Minister, Nick Hækkerup; and Thomas Bustrup, Director, Federation of Danish Industries. He also held discussions with Minister Christian Friis Bach on topical issues including Africa’s development situation, African Development Fund replenishment, green and inclusive growth, gender equality, and fragile states.

Rapport global sur la compétitivité : le classement des 40 pays africains

Établi grâce au croisement de 100 indicateurs économiques, le rapport du World Economic Forum se base sur 12 «piliers» de compétitivité : l’environnement institutionnel, les infrastructures, la stabilité macroéconomique, le système de santé et le système éducatif de base, l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, le fonctionnement efficient des marchés de produits et de services, l’efficience et la flexibilité du marché du travail, les marchés financiers sophistiqué s, l’agilité technologiq ue, la taille du marché,

l'organisation intra et interentreprises dense et élaborée et l’innovation  Mauritius 45  South Africa 53  Rwanda 66  Botswana 74  Morocco 77  Seychelles 80  Tunisia 83  Namibia 90  Zambia 93  Kenya 96  Algeria 100  Libya 108  Gabon 112  Senegal 113  Ghana 114  Cameroon 115  Gambia 116  Egypt 118  Nigeria 120  Cape Verde 122  Lesotho 123  Swaziland 124  Tanzania 125  Côte d’Ivoire 126  Ethiopia 127  Liberia 128  Uganda 129  Benin 130  Zimbabwe 131  Madagascar 132  Mali 135  Malawi 136  Mozambique 137  Burkina Faso 140  Mauritania 141  Angola 142  Sierra Leone 144  Burundi 146  Guinea 147  Chad 148

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[ IMAGAZINE septembre 2013 SOCIAL BUSINESS Les dirigeants chinois et africains annoncent une nouvelle ère de coopération en matière de santé lors de la réunion de la Première Chine-Afrique ministres de la Santé Les priorités de collaboration de la santé lors de la première réunion des ministres de la santé dans le cadre du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) Des dizaines de ministres africains de la santé et les autorités sanitaires chinoises se sont réunis à Beijing le 16 août dernier en Chine, au Forum ministériel sur le développement Chine-Afrique de la santé pour tracer de nouveaux efforts pour soutenir santé à long terme des progrès de l'Afrique et de façonner l'avenir de la coopération sanitaire sino-africaine. Il s'agissait de la première réunion des ministres de la santé dans le cadre du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) depuis sa création en 2000, ce qui démontre le haut niveau d'engagement politique pour s'attaquer à la santé les plus pressants de l'Afrique ensemble les défis. Lors du Forum, les ministres de la santé et les responsables ont signé la Déclaration du Forum ministériel Beijing développement Chine-Afrique de la santé, qui établit une feuille de route pour relever ensemble les défis clés de la santé à travers l'Afrique, notamment le paludisme, la schistosomiase, le VIH / sida, la santé génésique, de vaccination et maladies à prévention vaccinale. Selon la déclaration, la Chine et les pays africains vont se lancer dans de nouveaux efforts pour parvenir à des solutions de santé durables, à long terme, comme l'augmentation des partenariats sur la recherche conjointe et remédier à la pénurie de travailleurs de la santé. Chine et les pays africains vont s'engager davantage avec le secteur privé pour encourager le transfert de technologie et accroître l'accès aux technologies de la santé à faible coût qui répondent à des normes de haute qualité. La Déclaration souligne que ces efforts de coopération sanitaire s'alignent avec les priorités des pays africains ainsi que des plans nationaux et régionaux de développement. "La Chine et les pays africains ont bénéficié de partenariats solides et efficaces en matière de santé depuis un demi-siècle, basée sur nos expériences communes et notre vision commune d'un avenir meilleur et plus sain pour tous nos citoyens», a déclaré l'hon. Min. Awa Coll-Seck, ministre de la Santé du Sénégal. "La Déclaration de Beijing solidifie l'engagement de nos gouvernements à élaborer et appliquer des stratégies conduites par l'Afrique qui animent les progrès de santé durable et d'améliorer la vie des gens à travers le continent." Cette année marque le 50e anniversaire de la Chine d'envoyer des équipes médicales aux pays africains, avec la première équipe envoyée en Algérie en 1963. Depuis lors, des milliers de personnels médicaux ont servi dans 43 pays africains. La Chine a également travaillé avec les partenaires africains et les organisations internationales pour construire des hôpitaux et des centres de lutte contre le paludisme, les travailleurs de la santé de trains et d'accroître l'accès aux traitements

antipaludéens et d'autres technologies de la santé. Établissements universitaires et entreprises privées ont également soutenu ces efforts. Maintenant, Chine et les pays africains étudient la possibilité de construire sur ces progrès et apporter de nouvelles ressources, de l'innovation et de leadership pour stimuler le progrès de la santé à travers l'Afrique. "Les citoyens chinois et africains vivent sur la même planète, sous le même ciel. Le partenariat entre la Chine et l'Afrique est enracinée dans l'humanitaire. En tant que président Xi décrit, cet amour n'a pas de frontières ", a déclaré l'hon. Dr Li Bin, ministre de la Commission de la planification familiale Santé nationale et de la Chine. "Je crois que les équipes médicales chinoises vont s'efforcer d'apporter une plus grande contribution à l'avenir." Dans cette nouvelle ère de collaboration, des représentants du gouvernement chinois et africains et d'autres parties prenantes travailleront en étroite collaboration pour trouver des solutions durables aux problèmes de santé. Il s'agira notamment de renforcer la capacité des ressources humaines dans les pays africains, en soutenant la capacité de production nationale, et accroître l'accès à des produits de santé à faible coût de haute qualité. Ces efforts conjoints s'appuieront sur et exploiter propres expériences de la Chine avec l'amélioration de la santé publique dans un contexte de ressources limitées. La Chine va également partager les outils et l'expertise qu'elle a acquise grâce à ses investissements dans la recherche en santé et le développement, la production des technologies de la santé, et son effort de réforme de la santé en cours pour étendre les soins de santé à tous les citoyens.

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[ IMAGAZINE septembre 2013 Chine et les pays africains vont également travailler en étroite collaboration avec les principaux intervenants de la santé mondiale pour soutenir la coopération sanitaire sino-africaine, y compris les organisations multilatérales, des ONG internationales et des organisations de la société civile. Des représentants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'ONUSIDA, le FNUAP, l'UNICEF, l'Union africaine, la Banque mondiale, l'Alliance GAVI et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme sont les observateurs du Forum. Ces partenaires internationaux ont joué un rôle essentiel au progrès de la santé déjà fait à la fois la Chine et les pays africains, et leur expertise et leurs expériences peuvent soutenir approfondie et plus efficace la coopération sanitaire sino-africaine. "Les décennies de collaboration entre la Chine et l'Afrique a longtemps été caractérisée par l'amitié et la bonne volonté», a déclaré le Dr Margaret Chan, Directeur général de l'OMS. "La Chine est désormais une force importante dans le développement de l'Afrique, avec une augmentation substantielle des engagements et des engagements. Cette est un modèle sud-sud de la coopération au développement basée sur les intérêts et le respect mutuels ". Le Forum ministériel s'appuie sur d'importantes discussions au Botswana lors de la 4e Internationale coopération sino-africaine de la Santé table ronde, qui a eu lieu pour la première fois en Afrique en mai 2013. Le forum est organisé dans le cadre du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), et est hébergé par la Commission de la planification familiale de la Chine, anciennement le ministère de la Santé Santé nationale et du. Ensemble, ces réunions ont jeté les bases d'une collaboration continue Sud-Sud entre la Chine et les pays africains sur les défis pressants de la santé.

Chèque Déjeuner Catherine Candella , Directrice RSE par Marie Cornet-Ashby Le Groupe Chèque Déjeuner*, est fondé en 1964. A peine quarante ans d'histoires, pour se positionner sur la 3ème marche du podium du marché des chèques et cartes de services prépayés ; une singularité distinguée par sa structure coopérative avec ce modèle de responsabilité sociétale unique !

parcours d'ingénieure chimiste m'a, très vite, fait comprendre qu'il fallait que je passe de l'autre côté de la barrière. J'ai fait, alors, une spécialisation en école de commerce, avec un Mastère Qualité, qui m'a permis d'intégrer le groupe Chèque Déjeuner en 1996. Pendant dix ans, je me suis focalisée sur la mise en place d'organisations structurées, avec ou sans certification ISO 9001. J'avais pour mission d'aider les différentes "Business Units" de l'entreprise à s'organiser pour deux enjeux, en 1996 : celui de préparer, l'euro et le bug de l'an 2000. C'est à partir de 2006, que j'ai commencé à évoquer au Président, la problématique environnementale et, le besoin que nous avions d'explorer ce sujet pour "devenir complet sur la RSE". Le groupe Chèque Déjeuner est une coopérative détenue pour 100 % par les salariés et, dirigé par seulement deux Présidents en 50 ans. Monsieur Georges Rino a créé la société en 1964 et, a été réélu jusqu'en 1993. L'actuel Président, Monsieur Jacques Landriot, vient ème d'être réélu pour un 5 mandat, de 4 ans. La stabilité de la gouvernance permet aux dirigeants de mettre en place en douceur, un système social très avancé directement connecté aux progrès économiques de l’entreprise. Nous sommes en avance économiquement et socialement…L’un ne va pas sans l’autre" - Catherine Candella, directrice RSE, du groupe Chèque Déjeuner

Laboratoire d’idées et d’initiatives, le Groupe Chèque Déjeuner défend et concrétise des valeurs d’ouverture et d’efficacité, à travers le développement de solutions accessibles et innovantes qui optimisent les organisations et facilitent le quotidien de plus de 185 000 clients, entreprises et collectivités, et 22,7 millions de bénéficiaires, salariés et citoyens. Un groupe, définitivement innovant de part sa politique RSE avec, aux commandes une femme libre et pudique, dont les anticipations riment avec brillance… "J'ai une expérience, je dirais, un peu "atypique" puisque je suis ingénieure chimiste. Et, l'on sait que l'industrie chimique est à la fois verte et vert pâle, puisqu'en fait, assez polluante. Mon

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[ IMAGAZINE septembre 2013 Pensez-vous que le système de coopérative, propre à votre groupe, puisse être un modèle de société globalisé à tout type de structure ? Je vais vous faire, une double réponse. D'un point de vue de la fonction qualité et RSE, le statut coopératif est du luxe. Et, pour une raison simple, il permet un mode de fonctionnement basé sur l'adhésion, essentielle, pour ce type de sujets ; la direction a toujours opté pour ce mode de management participatif et, elle en a alloué les moyens ! Cela fonctionne très bien. Néanmoins, ce choix unique nécessite de la rondeur et de l'écoute, de la part du manager qui a, finalement, peu de latitude pour "re-cadrer" des salariés-associés. C'est plus difficile, de recruter des dirigeants capables d'intégrer ces notions fondamentales de la coopérative ; c'est intéressant, mais pas forcément évident. Je peux concevoir, aussi, la capacité de structures classiques à mettre en place des "leaderships", tout en souplesse. C'est finalement, à mon sens, plus une question de gouvernance (donc, de gouvernants) et de formation des managers que de statut. Depuis deux ans, une ingénierie de groupe a été mise en place pour la formation et l'accompagnement des managers ; cela n'avait jamais été fait, auparavant. Maintenant, si je devais monter une structure, je le ferais sous forme coopérative, cela est certain. Et, c'est sans conteste pour la motivation immédiate que ce modèle génère pour les collaborateurs. ! Par ailleurs, la forme coopérative met en avant le respect de l'homme comme celui de la hiérarchie. Au sein du Groupe, ces valeurs de respect sont présentes : ce sont ses valeurs fondatrices. Comment s'est structurée votre direction RSE? Nous étions, au sein de ma direction, dans une somme d'initiatives répertoriées ; nous sommes passés à une démarche de structuration, avec la norme ISO 14001. Et ce fil rouge, adapté au groupe et ensuite aux filiales (entre 2008 et 2010) nous a permis de nous sentir, suffisamment "complets" pour parler de responsabilité sociétale. Avant 2010, nous nous sentions "légers", pour se dire performants, dans cette démarche RSE. Après l'obtention et le renouvellement de plusieurs certificats concernant la norme ISO 14001, nous nous sommes lancés dans la labellisation selon la norme ISO 26 000. Thomas Deysieux arrivé en décembre 2010 avec cette mission de nous accompagner à ce passage. L'objectif, étant de faire reconnaître par une tierce-partie, notre maturité en responsabilité sociétale en suivant les questions centrales de l'ISO 26 000. Cette étude a été conduite jusqu'en juillet 2012 ; notre système a été évalué par le bureau Veritas, comme plus que mature et, l'environnement fait partie des secteurs appréciés comme très bons… Pouvez-vous ouvrir sur ce travail d'évaluation, débuté en 2010… Notre système était déjà structuré autour des certifications ISO 9001 et ISO 14001 ; Une déclinaison des objectifs d’entreprise était déjà bien intégrée depuis presque 15 ans. Que pouvait nous apporter la norme ISO 2600 si ce n’est une norme de plus ? Nous cherchions à élargir les objectifs sur tous les piliers du Développement Durable et à initier un dialogue formel avec nos parties prenantes prioritaires. Pour atteindre ce cap, l’ISO 26 000 nous a apporté un cadre structurant et global pour le groupe. Cette norme, avec ses 7 questions centrales, des domaines d'action très précis et des lignes directrices permet à une direction générale, de disposer d’un bilan objectif et d’établir un plan d’actions ciblé. La démarche RSE nous pousse à aller en profondeur, à explorer toutes les variables avec une dichotomie fine et donc à travailler des sujets qui méritent d'évoluer ! L'évaluation n'est pas une certification ; le niveau de 3, 5 sur 5 et obtenu par notre groupe correspond à un niveau de maturité très intéressant. Votre groupe est fier de ce résultat ? Nous sommes très contents de cette première évaluation. Nous sommes fiers mais pudiques car la responsabilité sociétale est pour nous au cœur de notre gouvernance et, celle environnementale est induite dans ce respect basique. Certes, ce besoin de visibilité s'est fait sentir à un moment. Pour cela, nous avons engagé cette démarche d'évaluation et, pour être parfaitement transparents (au delà de nos évidences de valeurs) par rapport au marché global.

Comment cette politique RSE, s'applique t'elle en interne de votre groupe ? Déjà, L'Atrium (le siège social) est classé HQE. Il est construit sur 4 ailes afin que les salariés se rencontrent et, pour une mixité des rapports. Sur le plan environnemental, ce bâtiment a été conçu pour que la climatisation soit minimaliste, les bureaux n'ont pas de portes… Le bassin, qui entoure l'Atrium, se régénère par les eaux de pluie. Pour le bien-être des collaborateurs, il y a une salle de sport avec sauna et hammam. Sur la zone des Louvresses, un plan de déplacements inter-entreprises a été porté pour encourager le report modal vers les transports en commun et les modes de transport doux. Nous étudions la mise à disposition de vélos électriques, nous intégrons les voitures hybrides dans notre politique de flotte automobile (40 à ce jour en commande, chez PSA). Sur tous les sites français, nous avons lancé la mesure de l'empreinte carbone à travers la mise en place de bilans carbones. Dans cette volonté de réduire notre empreinte carbone la visioconférence a été installée en 2012, pour tous les sites et afin d'optimiser les réunions et minimiser les déplacements. Depuis 2010, notre direction des systèmes d'informations (DSI), fait un travail remarquable et unique, sur l'équipement des salariés en boîtiers légers (consommation très faible, de 3 watts) afin de faciliter l'accès au travail à distance, qui n'est pas encore totalement structuré. Ces mesures à visée environnementale convergent aussi vers l’amélioration de la qualité de vie de nos salariés. La direction des ressources humaines place d’ailleurs la qualité de vie au travail, comme une des priorités 2014. La santé de nos salariés est aussi une préoccupation au travers notamment du bien manger. Les produits de la cantine "Mamie Cocotte" sont locaux et bio. Le comité d'entreprise a mis en place un système, pour les salariés de l’Atrium, de livraisons de fruits et légumes bio ; ils sont disponibles à l'entreprise, le vendredi. Il y a très peu d'absentéisme, au

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[ IMAGAZINE septembre 2013 sein de votre groupe. Comment expliquez-vous ce facteur ? Je pense que cela est dû à la qualité de vie et de travail, donnée aux collaborateurs. Et les gens restent à Chèque Déjeuner ; le turn-over global est bas et, très bas pour les encadrants alors que le mode de rémunération est resserré. Les employés sont mieux payés que sur le marché, mais les cadres, moins. Néanmoins, les cadres restent. Les motivations, ne sont pas seulement financières ; elles sont aussi liées à un mode de gouvernance basé sur l'autonomie et la confiance. Pour ce qui me concerne, je suis arrivée au sein du groupe en 1996, en convention de stage en alternance. Etudiante, le Président, Monsieur Landriot, me confie la mission de certifier la société Chèque Déjeuner. J'avais 23 ans, j'étais "assise" et lui réponds : " Monsieur Landriot, je n'ai aucune légitimité pour cela, je suis ingénieure chimiste et j’ai tout à apprendre en matière d’organisation d’entreprise". A cela, sa réponse incroyable : " Pourquoi, personne n’a besoin de savoir que vous êtes étudiante, moi je vous fais confiance donc, allons-y ". Cette confiance propre à la structure dope, et permet de se dépasser de façon exceptionnelle! Une décision d'acquisition de société peut-elle émaner, d'un salarié puisqu'il est associé ? Nous avons mis en place, un système de collecte d'informations internes des collaborateurs, à l'aide de fiches de suggestions. Des propositions, sont faites quant à l'amélioration du groupe, essentiellement… En 2013, en lançant " Le Challenge RSE", avec la participation de 1000 collaborateurs, un gisement de propositions de sens et pertinentes, quant aux valeurs du groupe, se collectent. En 2014, nous analyserons toutes ces propositions recueillies, dans un livre blanc et à destination de la direction. D'ailleurs, le groupe a mené une enquête sur les conditions de travail et sur le bienêtre dans l’entreprise, diligentée par les partenaires sociaux et de façon anonyme. Des mesures ont été prises lorsque l'on constatait des dysfonctionnements dans des services et des projets Ressources Humaines ont été lancés sur la rémunération et sur la culture Groupe. Comment peut-on parler de votre démarche RSE, appliquée aux produits et services ? Le fait d'avoir repositionner un cadre, sur des questions centrales, nous a permis d'élargir le "scope", pour aborder en maille fine, certains sujets. Nous avons effectivement, la partie de la gouvernance prégnante dans notre système RSE. Et dans cette gouvernance RSE, l'innovation est un enjeu clé. Notre plan stratégique à 2018, passe (de ce fait) par la multiplicité d'offres de services apportées aux clients. Cet enjeu est stratégiquement fort, et nous l'avons intégré à la politique RSE. Nous avons orienté, aussi, notre politique sur d'autres questions centrales comme, celle relative au consommateur (pour nous, rebaptisé consommateur-client puisque nous sommes en B to B to C ) et sa satisfaction. La fidélité des clients du groupe Chèque Déjeuner est très forte, l'enjeu de la proximité avec eux, nous semble fondamental, aussi. Notre modèle économique depuis 1980 a muté ; notre première source de revenus vient (aujourd'hui) des prestataires qui acceptent nos titres ou nos produits. A titre d'exemple, en 2012, nous avons mis en place le QR code à destination des restaurateurs et affiliés qui pourront ainsi médiatiser leurs menus et offres commerciales : 60 000 restaurateurs indépendants sont concernés par cette offre, dans un premier temps. Il s'agit bien de surprendre nos clients avec des offres de services supplémentaires. Le Chèque Déjeuner en chiffres … En France, le Groupe a émis en 2012 307 millions de titres prépayés. Pour ne citer que le marché du titre restaurant qui représente 3.5 millions de consommateurs, en France, c’est 1 million 200 000 utilisateurs qui échangent notre titre Chèque Déjeuner pour manger chaque jour.

Tous les jours, de nombreuses personnes sont utilisateurs de ce chéquier pour déjeuner ; c'est un vecteur fort pour faire passer des messages. Et, nous sommes sollicités ! Nous avons mis en place une régie, pour gérer des espaces de publicités ou de partenariats. Peut-on parler de l'opération que vous avez mise en place, "Je déj, je donne"... "Je dej, je donne", est une opération visant à encourager les bénéficiaires à donner l'un de leur chèque, à Action contre la Faim, pour nourrir des projets. Nous sommes en partenariat avec cette ONG, à travers une offre gratuite d'espace publicitaire, dans notre chéquier. D'ailleurs, le titre de paiement prépayé est un don reconnu par l'Etat et, grâce à l'action de notre groupe, en ce sens. Nous en sommes très fiers… Pour ce qui concerne notre Fondation, elle intervient dans le domaine du soutien de l'emploi et de sa pérennité. Elle s'est aussi, ouverte à d’autres périmètres et, élargie aux enjeux de développement durable. Avez-vous une politique volontaire concernant un développement à l'international ? Oui, absolument. Nous souhaitons remédier à notre position aujourd’hui « mono-continentale » (l'Europe, pour l'instant à l'essentiel) et aller aussi, vers des pays à forte croissance économique. Nous ne nous interdisons pas de pays mais la stabilité est essentielle et la réglementation doit être favorable. Nos titres sont, quasiment tous, basés sur une exonération de charges. Notre développement se tournera vers des pays où il est possible de poser nos produits sur une base réglementaire. Nous évaluons les risques, à l'aide d'une matrice définie en amont. La prise de décision, se fera avec un taux de connaissance de ces risques et avec l’accord du Conseil d’Administration. Vous avez adhéré au Pacte Mondial des Nations-Unies ? Oui, nous avons signé les 10 principes. Et nous sommes partenaires de Max Avelaar, tous les

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[ IMAGAZINE septembre 2013 ans, sur la semaine du commerce équitable… La démarche RSE est appliquée à vos filiales ? Oui, même si elle est un peu plus, je dirais, française qu'internationale et, la volonté de la direction est de l'internationaliser totalement ! La démarche de labellisation avec Veritas, a concerné 4 entreprises françaises mais, cela représente déjà deux tiers de la zone France, avec presque 700 salariés. Quels sont les partenariats importants pour vous ? Ils sont multiples et tous sont importants. Ceux déjà, avec des organisations syndicales qui sont à l'origine de la reconnaissance du titre de paiement prépayé comme une avancée sociale. Les partenariats environnementaux ou de solidarité (Handéo, Handéco, Max Havelaar, Action Contre la Faim…) sont essentiels à nos valeurs. Le "Challenge RSE", va peut-être nous permettre d'aider d'autres associations dans lesquelles sont investis certains de nos collaborateurs, je suis très sensible à cette problématique. Quel est votre état d'esprit ? Je suis pour travailler, avec un supplément d'âme. Quels sont vos projets, pour les 5 ans à venir… Pour être synthétique. Déjà, d'intégrer les zones internationales dans la démarche RSE. Ensuite, nous sommes confrontés à une avancée technologique : le titre va être digitalisé, au début 2014. C’est donc un nouveau modèle économique qui actionnera différemment les piliers de du développement durable. Pour continuer, la transition énergétique : travailler sur les audits énergétiques ou des systèmes de management de l'énergie et, dans l' optique d'anticiper les augmentations de tarifs (comme celle de l'électricité) pour une balance quasi nulle. Cela suppose des investissements, bien évidemment. Pour finir : nous allons aussi, travailler sur un reporting intégré puisque notre entreprise devra s'y soumettre en 2016. Je ne peux passer sous silence le "Challenge RSE" qui mobilise depuis janvier 2013 près de 1000 salariés sur les grandes thématiques du développement durable et ce jusqu’en avril 2014. Le développement durable, un passage obligatoire, pour vous ? Les valeurs du développement durable, sont incontournables pour moi et, pour le futur. Faut-il l'imposer? La France a une culture latine ; je crois que sans la contrainte, les choses ne se feront pas seules. Donc, dans ce domaine, et plus particulièrement sur le reporting extra financier, je suis totalement pour une réglementation de la publication des données extra financières.

la production de cartes personnalisées, avec le savoirfaire intégré d’Alios…

Emmanuel ERRARD, entrepreneur social, Fondateur des "Jeux Ecologiques" et Directeur du Comité d'Organisation de PARIS 2015 Le rendez-vous est pris en 2015, à Paris, pour la première édition des "Jeux Ecologiques" ; un événement d'ampleur internationale et dont les enfants sont les acteurs. L'objectif atteint, d'Emmanuel Errard, réside dans une ambition noble et responsable, celle d'insuffler aux enfants une conscience environnementale. Titulaire d'un Master en communication et fils d'un officier de marine, Emmanuel Errard, vit sa jeunesse dans de nombreux pays du monde. Après son service militaire au sein du service information et communication des armées au ministère de la défense et alors âgé de 24 ans, il lance en kiosque "l'Inédit, le magazine qui bouge pour le meilleur et pour le prix " pour ouvrir la culture au plus grand nombre. Dès l'émergence d'Internet, il s'investit dans ce secteur en créant sa société de production, spécialisée dans le multimédia. Il dirige les « Journaux de la Créativité et de l’Innovation » mis en ligne quotidiennement gratuitement à destination des jeunes créateurs. Nominé pour le Prix du millénaire, en 2000, en tant qu'entrepreneur social, il

Le groupe Chèque Déjeuner, ce sont : des avantages proposés aux salariés et aux citoyens, avec l’émission de chèques et cartes de services socioculturels prépayés : Chèque Déjeuner, Chèque Cadhoc, Chèque Domicile CESU, Chèque Culture, Chèque Disque, Chèque Lire…; la stimulation et la motivation des organisations, avec IdeaStim ; la fidélité et l’animation de la relation client et citoyen avec CEV ; la gestion de l’action sociale, avec des solutions logicielles sur mesure : Apologic, Domatel, Arcan, Implicit, InfoDB…; les services à la personne, avec le spécialiste du soutien scolaire Domicours ;

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[ IMAGAZINE septembre 2013 revendique son implication dans les problématiques de l'environnement. En avril 2011, il part avec Clémence, sa femme et Jules, son fils de 7 ans, à la découverte des 100 anges gardiens de la planète pour les convaincre de faire partie d'un mouvement d'envergure internationale en faveur de la sensibilisation des enfants à l'environnement ; pour lui "ces meilleurs prescripteurs" vont devoir devenir les futurs anges gardiens de la planète... Peut-on revenir à la genèse de votre idée ? A l'origine, en 2006, j'ai lancé le 1er programme multimédia de sensibilisation à l'environnement pour les enfants. Et, en 2006, on parlait beaucoup de sensibilisation ; c'était le début de la prise de conscience, en fait, et notamment en France. Cela était, d'ailleurs, très anxiogène…Comme j'étais jeune papa, je trouvais que le message n'était, pas du tout, adapté aux enfants. J'avais une société de production à l'époque, et j'ai donc décidé de créer ce programme. Cela s'est concrétisé par une série de dessins animés pour les enfants, un site internet avec un jeu concours (sous formes de jeux vidéos et de quiz de connaissances sur l'environnement) et, le premier jeu écologique des cours de récré. Lorsque nous avons lancé ce programme, j'ai été voir des personnes engagées dans l'environnement comme Nicolas Hulot, Bertrand Piccard, Yann Arthus Bertrand, Jean-Louis Etienne…Une quinzaine de personnalités, sont entrées dans l'aventure avec pour objectif de sensibiliser les enfants à l'environnement, de façon ludique. Les dessins animés ( "Wooops, les Anges Gardiens de la Planète") ont été diffusés sur la chaîne TFOU (TF1) et par l'ADEME, soutenus par des partenaires comme la Fondation Nicolas Hulot et le Ministère de l'Ecologie. Les intervenants se déplaçaient dans les écoles, pour celles qui étaient demandeuses. Cela a tellement bien fonctionné, d'ailleurs, que nous avons été submergés d'appels d'instituteurs d'écoles primaires. Il s'est vraiment passé quelque chose, à ce moment ! Et nous avons commencé à réfléchir à des suites, pour cette aventure, qui avait suscité un véritable engouement. Colette, la femme de Paul-Emile Victor qui s'est battu toute sa vie pour l'écologie, nous a beaucoup soutenu avec l'idée que l'éducation (de façon ludique) à l'environnement était une vraie opportunité. De là, est né ce projet des Jeux Ecologiques et, avec une dimension internationale. Les personnalités qui ont suivi, ce projet, sont devenues nos " Anges Gardiens de la Planète ". Nous avons, ensuite, créé notre association et Colette Victor en est devenue la Présidente. Il a fallu, ensuite, penser à créer des réseaux internationaux que nous n'avions pas encore. Et l'idée a germé en moi, avec ce jour insolite lorsque j'ai dit à ma femme : " Prépare tes bagages, on va partir faire le tour du monde pour rencontrer les 100 "Anges Gardiens de la Planète " ! En avril 2011, nous sommes partis sur les routes du monde avec mon fils de 7 ans, pour rencontrer ces anges gardiens. Ce sont deux années de rencontres, à travers 130 000 kms. L'accueil a été exceptionnel... Sur quels critères avez- vous choisi ces " Anges Gardiens de la Planète "? Leur engagement…L'idée de les rencontrer était (aussi) de créer avec eux, le programme de fond de ces jeux (et,) en abordant les enjeux cruciaux du développement durable. Ces personnalités se devaient d'inspirer les enfants pour qu'ils deviennent, à leur tour, de futurs anges gardiens de la planète. Il a fallu aussi, choisir ces personnalités afin de couvrir tous les champs liés à l'environnement. Nous avons beaucoup échangé et travaillé pendant trois ans ; et, au départ, 600 personnalités ont retenu notre attention, à travers le monde. Nous avons, aussi, défini et affiné le parcours logistique pour permettre, d'aller sur place leur parler du projet. Cela n'a pas été évident… Vous n'avez pas eu peur, de partir comme cela à l'aventure ? Non, je suis un fils d'officier de marine. J'ai vécu partout dans le monde et, toute ma jeunesse ; cela a été beaucoup plus difficile pour ma femme, Clémence. Pour mon fils, cela a été dur pendant 3 mois, mais les enfants ont une facilité d'adaptation exceptionnelle. Notre plus beau cadeau est qu'il soit très épanoui, aujourd'hui. Il fait partie intégrante du projet…Mes voyages (comme celui du pôle Nord en 2002) m'ont permis de me rendre compte de la richesse de notre planète, et celle de vouloir apporter ma contribution à sa sauvegarde, donc son respect.

Combien de français, dans ces anges gardiens ? Une quinzaine, tous les pays sont représentés, même si l'Afrique est peu présente et, à regret. C'est, bel et bien, le début de l'aventure et qui va évoluer, bien entendu. Vous êtes nombreux, au départ de cette aventure ? Nous sommes trois au départ, ma famille, en fait. Viennent ensuite, et fondamentalement les 100 "Anges Gardiens de la Planète". Il s'agissait ensuite, d'organiser le Congrès Fondateur des "Jeux Ecologiques". J'adore mon pays et, je rêvais d'organiser ce congrès en France malgré les nombreuses sollicitations d'autres régions du monde. Nous avons eu la chance, alors, de recevoir les soutiens d’Eric Bazin et de George Gendelman, les fondateurs des "Ateliers de la Terre" que j'avais rencontrés à Courchevel lors de la 1ère édition. Le congrès s'est déroulé les 3, 4, 5 juin 2013 au siège de l’Unesco ; je ne pouvais pas espérer mieux. Et, comble du bonheur, Paris a été choisie pour lancer ces jeux en 2015. Aujourd’hui, une équipe pour l’organisation de la 1ère édition de cet événement est en train de prendre forme avec à sa tête, une chef d’entreprise d’expérience, Marylize Fortin, du monde des médias. Chaque personne qui rejoint cette équipe considère qu'il faut une éducation civique à l'environnement accessible aux enfants du monde entier. Particulièrement motivés, nous sommes convaincus par les vraies valeurs comme celles de l'éducation, de la transmission, de la coopération et de l’émulation positive pour que les enfants puissent apprendre à marcher vers un monde plus juste, plus sain et plus humain. En ce début de 21ème siècle, un monde développé sur des valeurs de consommation ou de profit à outrance ne sont plus les bonnes. Un formidable défi s’ouvre à nous, permettre aux enfants d’inventer le nouveau monde. Créer des solutions, concevoir de nouveaux outils pour leur permettre de s’y diriger. Les ‘Jeux Ecologiques’ en est un pour les enfants. Comment vont s'organiser "Jeux Ecologiques" ?

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[ IMAGAZINE septembre 2013 Non, nous n'avons aucun soutien à ce jour mais ce n'était pas la priorité au départ. Maintenant, nous allons faire des démarches en ce sens pour que l’état nous aide à communiquer vers le plus d’enfants possible pour ère que la 1 édition des Jeux Ecologiques Paris 2015 couplée à la conférence sur le Climat en France soit une réussite totale ; la Présidence mais aussi le ministère de l’éducation et le ministère de la jeunesse et des sports ont un rôle à jouer tout à fait important. La Présidence du Sénat et l’association des Eco-Maires appuient l’avancement du projet dans ce sens.

Déjà, l’école de l’environnement et son programme des Jeux Ecologiques sera accessible gratuitement via internet en juin 2014. Et les enfants, à partir de ce moment, pourront participer à ces jeux et apprendre à travers des fiches pédagogiques ; le programme sera imprimable pour que les enfants des villages les plus reculés puissent participer. Il s'agit pour les enfants de participer à un maximum de jeux écologiques, seul ou encadré par les professeurs ou éducateurs de centres aérés. Les enfants (de 6 à 12 ans) doivent avoir envie pour être actifs et, c'est essentiel, être fiers de participer ! Ensuite, je souhaite que cette émulation soit communicative. D'ailleurs les gagnants de ces " Jeux Ecologiques" vont devenir des porte-paroles auprès de nos 100 anges gardiens. Moi, j'aurais rêver enfant d'avoir cette chance, celle de partager une expérience aussi inédite et unique avec des copains du monde entier… Les nouvelles technologies nous permettent de concrétiser ce rêve. Quand, je vois ces personnalités exceptionnelles (je ne peux toutes les citer) se déplacer pour soutenir ce projet, je n'ai pas de mots pour leur dire ma reconnaissance. Tout finalement, s'inscrit dans une réussite totale, vous n'avez rencontré aucune difficulté ? Non, le chemin n’a pas été simple mais ce n’est pas dans la facilité qu’un homme s’épanouit. La plus grande difficulté dans la vie réside dans la prise de décision. Et, rien qu’entre celle que j'ai prise et le début de l’aventure du tour du monde à la rencontre des 100 Anges Gardiens de la Planète, s'est écoulé trois ans. Vous êtes toujours entourés par des gens qui doutent. Heureusement, Clémence et Jules étaient avec moi. Il faut également une grande dose de ténacité. En 2006, pour mettre en place le 1er programme de sensibilisation à l’environnement pour les enfants en France, il a fallu beaucoup de persévérance et de force de conviction car cela ne semblait pas une priorité. En 2015, pour la Conférence sur la Climat qui devrait s’organiser en France par la volonté du Président de la république, j’espère que l’on comprendra que les Jeux Ecologiques sont une formidable opportunité d’ouvrir le chemin à la nouvelle génération. Les grands de ce monde n’ont aujourd’hui peut-être que 7 ou 10 ans mais ont les clés pour véritablement le changer. Je finirai en citant Mahatma Gandhi. « D’abord, ils vous ignorent. Ensuite, ils se moquent de vous. Ensuite, ils vous combattent mais à la fin, c’est vous qui gagnez» Si un enfant qui apprend à marcher, commençait à douter et renonçait à chaque fois qu’il tombe, il ne serait pas près de courir. Et pourtant, après de nombreux échecs, il y arrive. Et après il court partout toute la journée !

Maintenant, j'imagine la mise en place de cet événement, comme un entrepreneur social, avec un plan financier et, avant tout, des partenaires privés. Je suis investi de cette mission d'organiser ces "Jeux Ecologiques" par le Comité international des Jeux Ecologiques dont font partis les ambassadeurs du monde de l’environnement, nos Anges Gardiens de la Planète. Les Jeux Ecologiques de Paris 2015 en France seront une réussite ! Avez-vous été touché par des événements, dont vous pouvez parler, à travers ce voyage de deux ans ? Vous savez, le voyage, c'est le moment…Toutes ces rencontres ont été très riches ; les 100 en fait ! Chaque rencontre a été un moment dans un cadre différent à un coin de la planète. C'est très difficile à faire ressentir ces émotions là ; tout ce que je peux dire aujourd’hui, c’est que nous avons eu le grand privilège de le vivre à trois, en famille avec Clémence et Jules. Pendant le voyage, nous avons apporté de l’information au sujet de cette aventure en tenant un carnet de route en ligne sur www.blog.ecologames.org. La grande émotion de ce voyage a n’en pas douter, a été de voir ces personnes que nous avions été rencontrer aux quatre coins de la Planète, ensemble, réunies lors du Congrès Fondateur des Jeux Ecologiques à l’UNESCO à Paris les 3,4 et 5 juin dernier, pour une seule chose, le projet des Jeux Ecologiques. Le puzzle se reconstituait d’un coup devant nos yeux !

Avez-vous reçu des soutiens de l'Etat ou d'ordre public ? Pendant le voyage, nous vivions tellement d’émotions fortes et denses

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[ IMAGAZINE septembre 2013 que je crois que nous avions besoin d’un moment pour digérer, faire retomber la pulpe au fond de la bouteille pour maintenant pouvoir le faire goûter. Aujourd’hui, nous avons un projet de livre sur ce voyage et ses rencontres, et travaillons à la construction d'un film documentaire grâce à notre partenaire USHUAIA TV. Quelle est pour vous, l'urgence en matière d'environnement ? Je vais vous dire : l'éducation ! Ce sont les enfants qui sont les meilleurs prescripteurs de la préservation de l'environnement. Des valeurs universelles doivent être transmises dès le plus jeune âge, à l'école. L'exemple de la démarche d'une femme qui va sensibiliser des enfants sur la disparition des singes laineux (qui sont consommés en Amazonie) est porteuse ; les enfants y sont sensibles, en refusant d'en manger auprès de leurs parents… Voilà ce que va proposer l’école de l’environnement en ligne sur le site internet des Jeux Ecologiques Paris 2015, avec ses 100 super-professeurs, inspirant, passionnant, pour élargir l’horizon des enfants, leur donner envie d’être eux aussi des Anges Gardiens de la Planète. Faut -il pour vous verbaliser les actes de particuliers non respectueux de l'environnement ? Oui, totalement. La France, considérée comme la première destination touristique mondiale, ne peut accepter pour de multiples raisons, des actes, pour moi, totalement inciviques. Nous devons être exemplaire. La protection de l'environnement consiste à prendre des mesures pour limiter ou supprimer l'impact négatif des activités de l'homme sur son environnement. Si vous ne comprenez pas qu’il faut ramasser la déjection de votre chien, bien qu’elle soit complètement biodégradable, quoi dire des pollutions rejetées dans la nature par des usines chimiques à beaucoup plus grosse échelle ? C’est une question d’éducation civique. 2015, une grande année et un vœu aussi ? Oui, et aussi avec la Conférence sur le Climat, un enjeu important. J'aimerais que les enfants aient une voix, dans ce processus sur l'environnement. Je rêve de voir un mouvement international très impliqué dans ces premiers jeux et une participation massive des enfants, afin que la deuxième édition en 2017, encre de façon durable cet événement de transmission de valeurs essentielles…

Tank Entreprise et Pauvreté Bénédicte FAIVRE-TAVIGNOT Bénédicte Faivre-Tavignot est co-fondatrice et directrice de la Chaire “Social business / Entreprise et pauvreté”, et du Mastère HEC “Management du développement durable”, créés respectivement en 2008 et 2003. Elle est membre fondateur de l’Action Tank Entreprise et Pauvreté.

l’intérêt de l’économie et du secteur privé, comme leviers de développement humain. Comment vous est venue cette idée de créer un Mastère dédié au développement durable au sein d'HEC ? Deux professeurs d’HEC, l’un à la tête des mastères, l’autre en charge du mastère management des risques internationaux, ont eu l’idée de créer ce mastère car ils ont pris conscience des enjeux de ce sujet et recevaient très concrètement des demandes croissantes d’entreprises désireuses d’embaucher des étudiants dans des fonctions développement durable alors en création. Est-ce vous qui en avez initié les programmes ? Comment, sur quels piliers, quelles références ? Du fait de mon implication sur le thème de la responsabilité des individus et des organisations, ces deux professeurs m’ont proposé des co-créer le mastère avec eux ; ce que nous avons fait en 2002-2003, le master ouvrant ses portes en septembre 2003. Etant donné nos profils, et celui d’un autre professeur de stratégie impliqué dans l’animation du master, trois axes majeurs se sont assez vite imposés, constitutifs de l’identité de ce programme : -un axe géostratégique et global : nous avons très vite voulu situer le développement durable dans son contexte global, dans une démarche systémique, géostratégique et prospective.

Ses recherches portent sur les processus permettant de faire des projets sociétaux d’accès aux biens et services (social business ou bop) des leviers d’innovation inversée et de renouveau stratégique. Elle a travaillé auparavant 15 ans dans le conseil en management / organisation, chez Eurequip, et dans l’industrie, en tant que contrôleur de gestion, chez Philips ; elle a débuté sa vie professionnelle par une expérience humanitaire d’une année dans un bidonville de Santiago du Chili. Elle est diplômée d’HEC (1988) et obtient son doctorat à l’Université de Lyon 3 en 2012. Vous êtes diplômée d'HEC, une école prestigieuse, est-ce pour vous un choix au départ ? C’est le choix ou le non-choix relativement classique d’un profil plutôt généraliste : j’ai choisi de faire une préparation en sortant du baccalauréat sans trop savoir quel projet bâtir pour la suite, en me donnant simplement les chances d’ouvrir un maximum de portes à la sortie. L’expérience humanitaire vécue au Chili, à la sortie d’HEC, m’a aidée à mieux comprendre l’intérêt de ce choix ; j’y ai en particulier découvert la micro-finance comme un levier économique au service des plus démunis ; j’ai ainsi mieux perçu

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[ IMAGAZINE septembre 2013 -un axe stratégique : étant donné l’ampleur des enjeux, il nous est apparu incontournable d’explorer les innovations voire les ruptures stratégiques que les entreprises peuvent et doivent mettre en œuvre, pour contribuer à une économie soutenable d’une part, et pour rester compétitives d’autre part. Les changements à la marge, les initiatives prises par les entreprises pour simplement tenter de réparer les effets négatifs de leurs activités ne suffisent plus; il est urgent d’aller plus loin : de transformer les modèles économiques, pour qu’à travers son activité, l’entreprise non seulement ne génère pas des impacts négatifs sur les hommes et la planète mais même induise des impacts positifs (réparant par exemple la nature, comme le prône le mouvement de l’économie positive, initié en France par BeCitizen ; ou luttant contre la pauvreté). -un axe comportemental : du fait de mon expertise sur le champ comportemental, (focalisée sur le développement de comportements plus responsables), nous avons voulu apprendre à nos étudiants que les transformations des pratiques des entreprises passaient aussi par une transformation des représentations et des comportements individuels ; et qu’eux mêmes, (les étudiants) pouvaient devenir des véritables acteurs de changement, en développant certes leurs savoir-faire mais aussi leur savoir-être. Nous leur présentons de nombreux leaders inspirants, et les aidons par différents leviers à accroitre leur propre leadership. Aujourd'hui cette formation, peut permettre quels types de débouchés ? Les débouchés sont nombreux ; ils sont : -d’une part tous les métiers de l’entreprise ouverts à un étudiant sortant d’HEC (finance, stratégie, marketing, achats et distribution, ressources humaines,…): l’enjeu étant avant d’intégrer ces nouvelles manières de penser et d’agir dans l’ensemble des métiers de l’entreprise, et non pas seulement à travers une direction développement durable : cette dernière est bien souvent utile pour induire un changement, mais à terme elle est appelée à disparaitre. -d’autre part, des métiers soit plus spécifiquement « verts » ou sociaux : certains étudiants se dirigent en effet sur un axe plus environnemental, en particulier dans le secteur des éco-industries (eau/déchets, efficacité énergétiques, énergies renouvelables), ou dans des secteurs en pleine mutation (construction , transports) ; d’autres enfin s’orientent vers des métiers plus sociaux (entrepreneuriat social / social business, approches Base of the pyramid dans les grandes entreprises, ONG, Organisations internationales de type PNUD,…). Selon vous, en quoi le développement durable est-il un progrès sociétal ? Une absolue nécessité ? Il suffit de voyager un peu, notamment dans les pays émergents, tels que l’Indonésie, où j’étais récemment avec mes étudiants… pour prendre davantage conscience de l’urgence actuelle : la déforestation massive qui contribue à accélérer le réchauffement du climat, la pollution de l’air, des rivières, des mers , la chute de la biodiversité (nous avons visité des fonds marins dévastés par la pêche intensive à l’explosif)…, l’engorgement des villes, l’accroissement des écarts sociaux, …. Il ne s’agit plus seulement d’une option sympathique ; mais d’une nécessité vitale.

Vous dirigez aussi la Chaire social business, entreprises et pauvreté. Quel regard portez-vous sur les économies des pays industrialisés ? Et celles des pays émergents ... Dans la chaire social business, nous avons étudié un certain nombre de grandes entreprises des pays développés ; dans de nombreux cas, nous constatons que ces entreprises, du fait de la financiarisation et de la pression toujours plus forte portant sur l’innovation technologique, ont atteint des sommets de sophistication ; elles élaborent des produits chers, exerçant une pression forte sur les ressources,

souvent inaccessibles au plus grand nombre, déconnectés des besoins fondamentaux des populations. Ankylosées par des organisations lourdes, des routines nombreuses, et un certain confort, elles ont souvent perdu une certaine capacité entrepreneuriale et créative, offrant un sens limité à leurs salariés. Les multinationales des pays développés sont confrontées à une menace de plus en plus vive de la part des entreprises des pays émergents ; ces dernières, bien souvent, fabriquent des produits plus simples, et moins chers, parfois plus robustes, et plus en phase avec les besoins des populations. Il ne s’agit bien sûr pas d’idéaliser les entreprises des pays émergents tentées aussi par la croissance à tout prix et le productivisme ; néanmoins, il demeure que bon nombre d’entre elles sont confrontées à des contraintes fortes en termes d’accès aux ressources, (notamment énergétiques) et à des populations au pouvoir d’achat limité, qui les préviennent d’une sur-sophistication et déconnexion de la réalité. Pensez-vous qu'il faille réinventer des modèles, lesquels et pourquoi ? Comme je le disais à propos du Master, nous pensons qu’il est temps d’aller vers des ruptures ; de transformer les modèles économiques pour qu’ils intègrent dès l’amont la question de l’impact environnemental et social. Il est urgent d’alléger significativement la pression sur les ressources et de relocaliser une partie des activités, afin des réduire les impacts environnementaux et, de permettre une plus grande autonomie des populations ; de multiplier des modèles d’économie circulaire, d’économie de fonctionnalité et de revenir à plus de créativité et de frugalité, dans une co-création associant secteur privé, société civile et pouvoirs publics. Il est temps, en fait, de transformer en profondeur les entreprises, en créant les conditions favorables à une transformation des individus ; des structures, process, et systèmes bien pensés peuvent alors permettre de passer d l’individuel au collectif. Nous pensons notamment que travailler avec et pour les personnes les plus pauvres est un levier de transformation puissant, et de

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[ IMAGAZINE septembre 2013 reconnexion à la réalité, au sens et à la vie. Nous avons ainsi mené des travaux de recherche sur l’ « innovation inversée » ; cette expression désigne une innovation mise en œuvre dans les pays émergents et répliquée dans les pays développés (par exemple l’électrocardiogramme portable et bon marché conçu par General Electric en Inde et vendu depuis aux Etats-Unis, par exemple pour les accidents de la route) ; et nous parlons même de « renouveau stratégique inversé » : le renouveau que favorise pour une multinationale des pays développés dans le fait de travailler auprès des populations dites de la base de la pyramide. Quels sont vos projets pour les 5 ans à venir ? Pour les 5 ans qui viennent, notre objectif est de continuer à développer la chaire : - ses activités de formation vis-à-vis des étudiants, ainsi qu’auprès des managers d’entreprises (nous allons créer un module de formation continue de 3 ou 4 jours en 2014, en France et au Kenya) ; -ses activités de recherche et de co-création avec les entreprises : nous accompagnons, dans une démarche de recherche-action ces dernières dans la conception et la mise en œuvre de modèles économiques de type social business visant à lutter contre la pauvreté, en France et à l’étranger. Nos projets consistent aussi à étendre notre action auprès des étudiants d’HEC ; afin de leur donner envie, au plus grand nombre d’entre eux, et non plus seulement aux « aficionados », de devenir des acteurs de changement, conscients des mutations en cours, et désireux de contribuer à une économie soutenable et inclusive.

World Wildlife Fund Philippe GERMA, Directeur Général Le WWF, initialement World Wildlife Fund, rebaptisé en 1986 World Wide Fund for Nature, puis simplement WWF en 2001, est une organisation non gouvernementale internationale de protection de la nature et fondée le 29 avril par Sir Julian Huxley, Sir Peter Markhman Scott, Guy Mountfort et Max Nicholson. Luc Hoffmann, héritier des laboratoires Hoffmann-La Roche participe à la création de WWF International dont il sera Vice-président jusqu’en 1988. Avec pour fondements, la préservation des espèces et des espaces, le réseau de WWF s'étend à l'international dans 100 pays proposant 1 200 programmes de protection de la nature. WWF tient l'une des premières places mondiales par le nombre de ses membres, le montant de ses engagements financiers dans les études scientifiques de diagnostic et ses réalisations d'opérations de protection de la nature. Par Marie Cornet-Ashby

qu’administrateur, avant de devenir son trésorier en 2012. Si depuis 2012, il représente la Fondation WWF France dans le cadre du débat sur la transition énergétique et de la table ronde sur la fiscalité, il en assure aujourd'hui la fonction de Directeur Général. Pour Isabelle Autissier, Présidente de WWF, Philippe Germa est apparu comme le meilleur candidat possible pour répondre aux défis du WWF France pour les années à venir et compte tenu des enjeux du plan stratégique 2012 -2017... Rencontre avec un homme engagé et expérimenté dans le management de projets environnementaux européens et internationaux... Quel est l'état d'esprit que vous constatez face aux grands défis du troisième millénaire ? Je reviens de la conférence annuelle qui s'est déroulée aux Etats-Unis à Yellowstone dans le National Parc, où tous les responsables de WWF dans le monde se sont réunis et, je peux vous dire que la morosité n'était pas présente. Mes homologues dans le monde sont très optimistes sur les suites à venir et concernant les grands défis que nous connaissons. Et, ils sont d'ailleurs très écoutés par leurs gouvernements et les entreprises. Je partage leur point de vue sur la capacité de notre réseau à faire évoluer les choses en Chine, au Brésil à titre d'exemples. Bien sûr, ces pays partent de loin. Et, notre réseau a pris la décision d'axer son plan d'action sur les pays du Sud et de l'Est…C'est-à-dire, au fond, il

Philippe Germa, s'engage dans l'écologie dès les années 70 en rejoignant Brice Lalonde et « les Amis de la Terre ». Leur conviction partagée : l’écologie, encore naissante à l’époque, sera au 20ème siècle ce que l’économie a été au siècle précédent. Conseiller Technique auprès du Ministre de l’environnement (de 1988 à 1992), il pilote en plus de la communication du Ministère, des dossiers majeurs comme la législation sur l’élimination des CFC, la suppression des phosphates dans les lessives, la création des Ecoorganismes, la mise en place des législations relatives à la qualité de l’eau et des déchets. Fondateur et Directeur Général de Natixis Environnement & Infrastructures, une entreprise dans le domaine des fonds d'investissement (dédiés aux projets d’énergies renouvelables, à la lutte contre l’effet de serre et au développement d’infrastructures orientées vers le développement durable), il est l'un des pionniers de l’économie verte. Il prend part également au programme européen de coopération scientifique et technique destiné à porter assistance aux problèmes d’environnement des pays d’Europe de l’Est. En 2008, Philippe Germa rejoint le WWF en tant

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[ IMAGAZINE septembre 2013 s'agit de faire en sortes que le développement des pays émergents se fasse avec une parfaite responsabilité quant à la nature et l'environnement. Et notre mission à WWF, est d'alerter (certes) les gouvernements, les institutions financières internationales et les entreprises mais, aussi, d'aider à mettre en œuvre des solutions adaptées. Et pour ces raisons, nous collaborons de façon proche avec les entreprises. J'ai rencontré récemment la Ministre de l'Environnement française et, WWF soutient tous les Ministres de l'Environnement de la planète. Je considère que WWF doit intervenir de façon collaborative au service de la préservation de notre écosystème. Des relations de partenariat, aussi avec les entreprises ? Oui, bien entendu. Et je crois, que peu d'entreprises ont pour seul objectif de polluer la planète. Il me semble, qu'une entreprise durable qui souhaite rester sur ces segments de marché, fait tout pour réduire son impact environnemental. Et nous sommes sollicités par certaines d'entre elles pour des conseils visant à une amélioration dans ce sens. Pour moi, il y a deux sortes d'entreprises : celles pour lesquelles les activités (produits et services) sont dans nos valeurs comme celles de l'économie d'énergie ou d'eau ( je dois vous dire que nous sommes ravis de collaborer avec elles) et puis, celles qui ont plus de mal avec ces notions et nous les aidons à faire évoluer leurs difficultés. Il y a un sujet important, les grandes commodités mondiales, c'est-à-dire les grandes matières premières mondiales agricoles ; elles sont produites en majorité par les pays du sud et 70 % sont utilisées, par seulement, 200 entreprises mondiales. Il a été décidé de se rapprocher de ces entreprises de manière à faire en sortes que ces matières premières soient certifiées. Donc, avec une production moins impactante sur l'environnement. Nous relayons les informations grâce à nos bureaux présents dans le monde entier, au niveau des instances internationales. WWF, a une démarche " Truly Global" : un message commun mondialement et adapté en fonction des pays. Le Grenelle de l'environnement est une bonne chose pour vous ? Oui toutes les lois, me paraissent bien. Celles du Grenelle de l'Environnement, le 1 et le 2. Et particulièrement, celle du Grenelle 1 qui a été votée à l'unanimité. Ce sont d'excellentes lois de cadrage avec un certain nombre de textes de ratifications. Des critiques se sont faites entendre sur l'insuffisance de décrets, certes, mais pour ce qui me concerne je ne suis pas un outrancier. L'Europe, est le continent qui a le plus intégré les questions environnementales. Ce n'est jamais assez mais la question n'est pas d'investir 1 euro de plus en Europe mais dans les pays du Sud où l'effet de levier va être très important. Le développement des BRIC avec des taux de croissance énormes et des modèles de vie ancestraux dans certaines régions est un vrai problème comme celui de la surexploitation des ressources naturelles. Et il faut convaincre ces pays, d'intégrer l'environnement dans leur développement et par la preuve de notre expérience, cela n'est pas acquis… L'idée de l'économie circulaire de recycler tout ce qu'il est possible plutôt que de puiser indéfiniment les ressources naturelles est une évidence, sauf que la mise en oeuvre n'est pas aussi facile que cela. Dire qu'il faut cesser d'aller chercher la dernière goutte de pétrole dans des endroits protégés du monde est un vrai challenge. Nous avons gagné dans un parc, le parc Virunga (connu pour ces gorilles) qui est l'un des premiers parcs nationaux mondiaux en République Démocratique du Congo. Deux compagnies pétrolières dont l'une française et l'autre anglaise avaient des permis d'exploration pétrolière dans cette région. WWF s'est battu au niveau international et, à la suite de pressions multiples, Total s'est engagée par écrit à ne jamais explorer le pétrole dans cette région. Et, nous avons rencontré Monsieur de Majorie avec Isabelle Autissier qui nous a confirmé cet engagement formel et signé. Il faut maintenant, que mon homologue anglais obtienne le même engagement de la société anglaise Soco. Pour l'image de la France, ce geste est symbolique et j'ai remercié personnellement Monsieur de Marjorie… La préservation des espèces est aussi une priorité pour WWF ?

Oui, WWF est né sur ce fondement, à l'origine et précisément. WWF est une ONG naturaliste et travaille pour la préservation des espaces et des espèces ; nous continuons à investir dans ce sens. Et, nous sommes présents partout où la bio-diversité est exceptionnelle. Au Gabon, à Madagascar ( à titres d'exemples) pour la préservation du tigre en liberté, qui est en voie d'extinction ( moins de 3200 dans le monde), aussi en Indonésie pour la préservation des dernières populations de tigres de Sumatra. Une espèce est en voie d'extinction, en dessous de 5 000 individus. Ce n'est pas de cas de l'ours blanc, au nombre de 25 000. Il reste 1600 pandas dans le monde…Le problème du braconnage des espèces sauvages est terrible. Et pour les éléphants, le thon, le tigre, le rhinocéros, les requins dont raffolent les asiatiques… Quand il s'agit de la mer… Isabelle Autissier, Présidente de WWF, grande naviguatrice est omniprésente sur les questions liées à cet aspect. Et la campagne de WWF de l'année prochaine, est axée sur la mer. Elle y sera très impliquée et, elle a signé l'Appel de Paris pour la Haute Mer. Le problème de la mer est qu'il est gouverné uniquement sur l'espace côtier. Notre rôle sera important en 2014, et la France est le 2ème domaine maritime mondial et porteuse d'une agence onusienne de l'environnement. Il est difficile d'imposer une réglementation internationale mondiale car les BRIC, notamment, la refuse. Les pays émergents ne veulent pas se laisser imposer des normes sur cet aspect. Nous serons obligés d'y venir. L'homme est enfermé sur la planète et les informations circulent à grande vitesse aujourd'hui et mondialement… Comment une ONG, comme WWF se développe t'elle sur le plan financier… Essentiellement avec la collecte de fonds. Quels sont vos futurs objectifs sur ce point ? Déjà, nous avons des recettes d'entreprises et qui sont très codifiées. Elles ne peuvent excéder 30 % de la recette globale de WWF.

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[ IMAGAZINE septembre 2013 Nous avons, aussi, une black liste des sociétés polluantes avec lesquelles nous ne pouvons collaborer. Les particuliers peuvent faire des donations ou des legs. Nous n'avons pas de subventions de l' Etat…Les financements sont indépendants. Le don moyen est de 30 euros. Je souhaite que ce don augmente et, de passer de 180 000 donateurs à 2 millions. Nos donateurs sont essentiellement des classes moyennes. Je suis soucieux de la pression fiscale qui peut fragiliser nos dons… Peut-on parler du fonds TESEN " Transition Energétique et une Sortie Equitable du Nucléaire " ? Il y un débat sur la transition énergétique en France. Je fais partie des gens en France qui ont combattu le nucléaire. Et les écologistes ont perdu la bataille du nucléaire…Il y a eu des accidents aussi, et la Cour des Comptes a publié un rapport en janvier 2012 sur ce coût, notamment celui du démantèlement. Il s'avère que celui-ci a été sous-évalué et que l'argent était provisionné et pour le compte des nucléaires. J'ai regardé, et retrouvé une proposition de loi signée en 2006 dont la spécificité était de créer un fonds indépendant du nucléaire et géré par la Caisse des Dépôts. J'ai proposé que cet argent soit utilisé pour la transition énergétique. Pour les générations futures, il est impossible de laisser 58 réacteurs nucléaires avec des dépôts radioactifs dans la nature en sachant que les moyens manqueront pour leur démantèlement… J'ai à coeur ce projet ainsi que celui du réchauffement climatique. En 2015, la conférence internationale sur le climat se tiendra à Paris, nous serons présents. Je crois que l'énergie pas chère n'est pas une bonne chose. Les énergies non renouvelables doivent avoir un coût, je dirais de conscience de la rareté. Quelle est pour vous, l'urgence en termes de priorités dans les défis du présent ? Le climat, avec le réchauffement climatique qui risque de créer des conséquences immenses sur les ressources en général et la biodiversité. Il peut tout perturber… La concentration de gaz carbonique augmente et, Marseille peut devenir le Caire en terme de climat et le Rhône être asséché... Votre priorité, en 2013… Je souhaite que nous prenions le leadership de la Francophonie et que WWF France ait une très belle représentation au niveau international… C'était un moment très riche, et très sain. Et j'ai vraiment aimé ce partage et avec Pauline. -------------------------------------------------------------------------------------------------AFNOR Mérylle Aubrun Mérylle Aubrun est Ingénieur développement au sein du département : "Développement régional" du groupe AFNOR et, plus particulièrement, pour les régions d' Ile-de-France, du Centre et de la Champagne-Ardenne. Elle travaille principalement sur le développement de partenariats avec les partenaires privés et publics de ces régions dans le but de faire connaître l’ensemble des métiers du groupe et des prestations associées. Ses sujets de prédilections sont la Responsabilité sociétale, le management des risques, la SST, le management de l’énergie et le management environnemental. Elle est également formatrice pour la filiale AFNOR compétences et, évaluatrice AFAQ26000, 3D et Label LUCIE pour AFNOR certification. Propos recueillis pour IMAGAZINE Quels sont les principales missions de votre association, quelles en sont les filiales ? En France et à l'international...

AFNOR est un groupe international de services organisé autour de 4 grands domaines de compétences : AFNOR Normalisation : animateur de la normalisation en France qui recense les besoins en normalisation et identifie les parties intéressées pour construire collectivement un consensus et le transcrire dans une norme avec une consultation publique sur chaque projet de norme ; AFNOR Edition : distributeur officiel des normes qui propose également des solutions d’informations professionnelles, standardisées, personnalisées ou codéveloppées à la demande des entreprises et publie également des livres et recueils de normes sur les thématiques majeures de la normalisation ; AFNOR Compétences propose des formules de formations inter et intra entreprises ( approches pédagogiques et ludiques) et accompagne les entreprises sur les thématiques déclinées dans les différentes normes. Enfin, AFNOR certification est le premier organisme de certification et d’évaluation en France avec des marques telles que NF, AFAQ et l’Ecolabel européen. A quand remonte la création de L'AFNOR, pour quels motifs au départ ... 1926, essentiellement pour des besoins techniques de l’industrie. Au départ une véritable volonté du patronat. Aujourd’hui le décret de 2009 fixe les statuts de l’AFNOR, association reconnue d’intérêt publique. L'AFNOR, ce sont des chiffres, pour vous lesquels ? Un groupe international, 1200 personnes dont 300 implantées dans 28 pays, 13 régions nationales et 90 pays en présence commerciale, mais aussi 50 000 clients. Quels sont les membres de votre association ? Et vos partenaires, pour quels projets… Du particulier, aux associations en passant par les universités, les écoles, les institutionnels publics et les acteurs privés ( petites et grandes entreprises) mais aussi fédérations professionnelles, syndicats de salariés, patronaux…Tous peuvent devenir adhérents AFNOR et participer, moyennant un financement aux travaux de normalisation... Mais,

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[ IMAGAZINE septembre 2013 aussi, chercher à se former, s’évaluer, se certifier ou encore acheter des produits de l’Edition… Lorsque que l'on évoque votre groupe, on pense immédiatement aux valeurs ; quelles sont-elles prioritairement, pour vous ? Quatre valeurs ont été définies officiellement, suite à des travaux: Qualité, Confiance, Collectif et Responsabilité Est-il nécessaire, pour vous, de normaliser une conduite quant à la responsabilité environnementale, pourquoi ? La norme est par définition volontaire donc, non contraignante. Elle éclaire, explique, donne des compléments d’information, évite les incompréhensions ou l’arbitraire. La norme permet de répondre de façon pertinente à un engagement. Quelles normes vous paraissent, fondamentales pour l'avenir et ces grands défis ? Que pensez-vous de ISO 26000 ? Comme se situent les dirigeants d'entreprise, en France face à cette problématique… La norme ISO 26000 est une norme de stratégie qui chapote l’ensemble des normes de management traditionnelles, elle met de la cohérence et crée du lien dans chaque organisation engagée dans une démarche de développement durable. Une norme qui permet de mieux appréhender les notions de parties prenantes, de responsabilités et de gouvernance. La norme invite les organisations à articuler leur démarche autour de 7 questions centrales : la gouvernance, les Droits de l’Homme, les relations et conditions de travail, l’environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs, les communautés et le développement local avec 7 principes fondateurs : redevabilité, transparence, comportement éthique, reconnaissance des intérêts des parties prenantes, respect des principes de légalité, reconnaissances des normes internationales de comportements, des droits de l’Homme. Ce document établi par consensus, décrit les principes et les thèmes que recouvre la responsabilité sociétale et propose une méthode de mise en œuvre dans une organisation. La norme respecte les grands textes fondateurs internationaux comme la déclaration universelle des Droits de l’Homme, les conventions de l’Organisation Internationale du Travail. La Responsabilité sociétale est une démarche de progrès qui s’inscrit dans une recherche de performance globale de l’organisation. Elle pousse à remettre en question les pratiques des organisations qui s’y engagent (réduction des risques, qualité du dialogue social, rapport de l’organisation avec son territoire, attractivité pour de futurs embauchés, amélioration des relations avec les entreprises, les fournisseurs, les pairs, la communauté au sein de laquelle elle intervient, productivité…) et incite à travailler différemment. Une démarche ISO 26000 peut ainsi constituer un formidable levier de croissance pour l’organisation : nouveaux clients, nouveaux marchés... Les dirigeants sont de plus en plus impliqués dans ces démarches, l’intérêt existe (les participations aux ateliers de mise en œuvre, aux formations en témoignent…), la transformation demande du temps. Quel accueil a reçu cette norme ? 95% de vote positif ( l'Inde, les USA, Cuba, la Turquie et Luxembourg ont voté non) sur les 163 pays de l’ISO et 99 pays participants au groupe de travail

Après 5 ans et demie de travail, l'accueil a donc été très positif pour l’Afnor et nous avons organisé un tour de France sur nos 13 régions, l' l’affluence était exceptionnelle pour une norme ISO et, avec plus de 1000 participants à Paris. En quoi cette norme est-elle un outil de progrès ? La norme ISO 26000 s’inscrit dans une recherche de performance globale de l’organisation. Elle pousse à remettre en question les pratiques des organisations qui s’y engagent (rédaction des risques, qualité du dialogue social, rapport de l’organisation avec son territoire, attractivité pour de futurs embauchés, amélioration des relations avec les entreprises, les fournisseurs, les pairs, la communauté au sein de laquelle elle intervient, productivité…) et incite à travailler différemment. L’organisation est fondamentalement incluse dans notre société. Elle ne peut vivre en autarcie et rester indifférente aux problèmes économiques, sociaux ou environnementaux qui se posent. Une démarche ISO 26000 peut ainsi constituer un formidable levier de croissance pour l’organisation : nouveaux clients, nouveaux marchés… Mettre en œuvre une démarche ISO 26000 est un investissement au service d la performance. La vraie question est de coût de la non prise en compte des principes de la responsabilité sociétale. La norme ISO 26000 n’impose pas d’exigences, mais un changement dans le comportement. Le coût est donc lié à la conduite du changement à travers la mise en œuvre du projet et sa reconnaissance externe lors d’une évaluation de type AFAQ 26000. Quels seraient, vos souhaits pour les 2 ans à venir... Que l’ensemble des entreprises s’engagent dans une démarche ISO 26000…

CULTURE & MEDIAS Du 17 au 1 juin dernier, la capitale allemande Bonn a accueilli quelques 2000 journalistes provenant de 115 pays pour le Forum Mondial des Médias,

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[ IMAGAZINE septembre 2013 organisé par la chaine de télévision Deutsche Welle. « L’avenir de la croissance : les valeurs économiques et les médias » était le thème retenu pour cette rencontre entre communicateurs de tous bord. Rencontre avec Erik BETTERMANN, Directeur Général de la Deutsche Welle dans l'enceinte du Bundestag à l'ouverture du Forum, par notre envoyé spécial et correspondant, Mahamat Ahmat Ben Aboubakar Kébir. Mahamat Kébir : Monsieur le Directeur Général, bonjour. Pourquoi l'Allemagne organise chaque année le Forum mondial des Médias? Erik Bettermann : Depuis six ans maintenant, nous organisons chaque année le forum mondial des Médias. Le but c'est d'avoir une plate forme, une base pour discussions entre les participants. Les thèmes sont proposés par des organisations partenaires. Nous pensons que pour les journalistes, pour les Médias, c'est important d'avoir une situation sur laquelle il faut réfléchir. Quel est notre rôle dans la question du développement de notre société? En tant que journalistes, nous sommes des ambassadeurs pour construire des ponts entre des cultures différentes. Combien de participants prennent part au forum mondial des Médias cette année ? Six ans avant, nous avons commencé avec huit cents participants. Cette année, nous avons invité deux-mille six cents participants. Ils arrivent des quatre coins du monde. Il y a beaucoup de conflits armés qui affectent le monde aujourd'hui. Pensezvous que ce Forum mondial des Médias envisagerait de trouver des solutions à ces problèmes ? Non. Ce n'est pas le rôle des journalistes de trouver des solutions. Mais je pense qu'il faut avoir une plate forme pour discuter et réfléchir : quel est le rôle des Médias dans les conflits à travers le monde? C''est une mal chance, certes. Mais ce n'est pas un forum à l'issue duquel nous faisons une déclaration en guise de solutions toutes faites. Ce n'est pas notre travail. Le journaliste regarde, essaye d'être objectif et mène des discussions pour les auditeurs ou à la télévision etc... C'est aux peuples de décider et de trouver des solutions aux conflits et non les journalistes. Monsieur Erik Bettermann, je vous remercie. Erik Bettermann : Je vous remercie également.

SECURITE & DROITS DE L’HOMME Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA) Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA), lors de sa 387ème réunion tenue au niveau ministériel, le 29 juillet 2013, a adopté la décision qui suit sur les Conclusions du Sommet des

Chefs d'État et de gouvernement de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) et la Commission du Golfe de Guinée (CGG), sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le Golfe de Guinée, tenue à Yaoundé, les 24 et 25 juin 2013: Le Conseil, 1. Félicite les chefs d'État et de Gouvernement de la CEEAC et de la CEDEAO pour la tenue d'un sommet visant à élaborer une stratégie commune pour assurer la sécurité du trafic dans le Golfe de Guinée, en collaboration avec la CGG; 2. Félicite également le Président Paul BIYA, le Gouvernement et le peuple du Cameroun pour l'organisation parfaite du Sommet et pour l’avoir abrité; 3. Exprime sa vive préoccupation que l’Afrique soit devenue une des plaques tournantes du vol mondial de pétrole brut, du blanchiment d'argent, du trafic illégal d’armes et de la drogue, du trafic des êtres humains, des crimes environnementaux, de la piraterie et des vols à main armée en mer, du déversement de déchets toxiques et du terrorisme maritime, et convient que l'insécurité maritime constitue une menace grave pour la paix et la stabilité des États africains car elle sape le développement et le bien-être des populations; 4. Relève, à cet égard, avec satisfaction que les dirigeants de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest ont franchi une étape importante et louable vers la sûreté et la sécurité maritimes car l'avenir de l'Afrique réside dans son économie bleue, une nouvelle frontière de sa renaissance; 5. Se félicite de la création d'un Centre inter-régional de coordination sur la sûreté et la sécurité maritimes en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest basée au Cameroun, et de l'adoption d’un Code de conduite relatif à la prévention et à la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale; 6. Soutient l'appel lancé par le Sommet de Yaoundé invitant la CEEAC, la CEDEAO et la CGG à «élaborer et à adopter une stratégie

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[ IMAGAZINE septembre 2013 régionale en conformité avec la stratégie de l'UA 2050 AIM»; 7. Demande à la Commission d’établir un cadre de coopération avec le Centre de coordination sur la sûreté et la sécurité maritimes à Yaoundé et de définir les modalités appropriées pour l'incorporation du Code de conduite susmentionné dans les qu'instruments juridiques pertinents de l’UA en matière de sureté et de sécurité maritimes; 8. Invite les Secrétariats de la CEEAC et de la CGG, ainsi que la Commission de la CEDEAO à transmettre ce Code de conduite à la Présidente de la Commission après sa ratification par les parties; 9. Encourage celles des Communautés économiques régionales qui ne se sont pas encore dotées d’un mécanisme pour assurer la sûreté et la sécurité de leurs domaines maritimes, à suivre l'exemple de la CEEAC et de la CEDEAO, en vue d'assurer la pleine sécurité et la sûreté des côtes de l'Afrique et des pays insulaires; 10. Demande à la Commission de faciliter ce processus et de créer une plateforme pour le partage des expériences et du renseignement sur la sûreté et la sécurité maritimes entre les régions; 11. Demande en outre à la Présidente de la Commission de transmettre la stratégie régionale CEEAC/CEDEAO, telle qu’adoptée à Yaoundé, au Secrétaire général des Nations unies et, à travers lui, au Conseil de sécurité des Nations unies, pour information et action en tant que de besoin, en ayant à l’esprit les dispositions pertinentes de la résolution 2039 (2012); 12. Décide de rester activement saisi de la question.

HUMANITAIRE & DROITS DE L’HOMME « Ramener la paix au Tchad pour que règne la justice et le respect des droits de l’homme » Me Delphine Kemneloum Djiraibé Me Delphine Kemneloum Djiraibé lutte pour les libertés, la défense des droits humains, la cohésion sociale, la paix. Est reconnue comme une pionnière de défense de droits humains au Tchad. Rencontre avec Me Delphine Djiraïbé en marge du Forum mondial des Médias qui s'est tenu du 17 au 19 juin 2013 à Bonn (Allemagne), par notre envoyé spécial et correspondant, Mahamat Ahmat Ben Aboubakar Kébir. Mahamat Kébir : Me Delphine, bonjour. Vous venez de tenir une conférence de presse avec trois autres conférenciers, dans une salle pleine à craquer, ici au centre international des conférences à Bonn. Quel message avez-vous livré aux participants à cette conférence ?

Les droits de l'Homme aujourd'hui au Tchad sont violés d'une manière systématique. Nous vivons dans une extrême pauvreté au Tchad et nos droits les plus élémentaires sont violés : le droit à la nourriture, le droit à un habitat décent, le droit aux soins de santé primaire sont violés. Tous ces droits sont violés pour la majorité des Tchadiens. Et en plus de cela, les droits civils et politiques sont également massivement violés. Vous savez qu'il y a des journalistes qui sont en prison, il y a des parlementaires qui sont arrêtés sans que leur immunité ne soit levée donc en violation de la Constitution. Il y a des généraux de l'armée qui ont servi le régime qui ont été arrêtés dans des conditions qui ne sont pas légales. Tout ceci démontre que les droits de l'Homme sont en mal. Il est vraiment urgent de faire en sorte que les droits de l'Homme soient respectés au Tchad. Je profite de votre micro pour lancer un appel à la communauté internationale, pour dire que le Tchad a besoin d'une alternance aujourd'hui. Alternance à la tête de l'Etat; Alternance de projets de société pour qu'on puisse se renouveler, pour qu'on puisse voir autre chose et pour qu'on espère avoir un minimum de conditions de gouvernance qui va mettre les Tchadiens sur le même pied d'égalité, qui va permettre une équitable redistribution des richesses du pays, sans considération de l'origine éthique, sans considération de la classe sociale ou de la religion. La communauté internationale doit se mobiliser pour éviter que le Tchad ne

Me Delpine Djiraïbé : Bonjour. Mon message concerne la situation socio politique au Tchad après presque dix ans d'exploitation du pétrole. Exploitation n’étant pas bénéfique pour la majorité de la population, principalement celle vivant dans la région du pétrole. C'est ce message que je suis venu apporter ici pour dire que malgré l'argent du pétrole qui coule depuis 2003. Le Tchad occupe le dernier rang concernant les pays pauvres du monde. Les populations vivent la pire des misères, n'ont pas accès à l'eau potable, à l'électricité. Leurs terres sont prises. Beaucoup vivent avec moins de un (1) dollar par jour. Le coût de la vie est tellement élevé que même ceux qui sont considérés être de la classe moyenne, si cette classe moyenne-là existe, ne peuvent pas s'offrir régulièrement un repas par jour. Donc, à travers mon message, j'en appelle aux autres pays africains de ne pas s'engager dans l'exploitation du pétrole, s'ils ne s'assurent pas que les conditions minimales en terme de démocratie, d'Etat de droit et de bonne gouvernance d'une manière générale ne sont en place. Quel est l'état actuel des droits de l'Homme au Tchad ?

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[ IMAGAZINE septembre 2013 devienne encore un pays instable, où la violence va être le système de gouvernement. Aujourd'hui, il y a des journalistes arrêtés, voire emprisonnés au Tchad. Que leur reproche-t-on ? Oui, justement, il y a Eric Topona, qui est correspondant de la Deutsche Welle et Secrétaire général de l'Union de Journalistes du Tchad (UST) qui est arrêté; Avenir de la Tchiré, trésorier de l’Union des journalistes tchadiens (UJT) et directeur de publication du journal Abba Garde ; enfin, le blogueur Laokolé Jean. Tous arrêtés dans des conditions rocambolesques parce qu'accusé d'être des complices des présumées tentatives de déstabilisation des institutions de l'Etat alors que cela n'est pas avérée. Comme moi, l’association Reporters sans frontières dénonce ces décisions arbitraires. Les journalistes ne font que leur travail d'animation de l'opinion politique nationale et internationale. Ils portent l'information, ils animent le débat. Dans un pays qui se veut ou qui se dit démocratique, on ne jette pas un journaliste en prison pour ses opinions. Aujourd'hui, on apprend qu’Eric Topona est malade et il n'a pas pu avoir accès à son médecin. Et cela est un sujet d'inquiétude. Parce que, dans les mêmes conditions, le syndicaliste Gustave Bétard était arrêté et détenu en prison. Rappelez-vous, il a été arrête parce qu'il a souri lors du procès des leaders syndicalistes. Il est mort en prison dans des conditions non élucidés à ce jour. Les prisons tchadiennes son comparables aux couloirs de la mort. Et, imaginer que quelqu'un puisse tomber malade plusieurs jours sans accès aux soins adéquats, nous avons des bonnes raisons de nous inquiéter pour sa vie. Donc la situation des droits de l'Homme au Tchad ne sont plus reluisantes. Des Députés dont j'ai parlés, il y a toujours deux qui sont en prison. Les autres ont bénéficié d'une liberté provisoire mais restent toujours inculpés. Vraiment c'est des sujets d'inquiétude parce que c'est une dérive qui risque de nous faire basculer dangereusement dans une situation instable. Savez-vous où exactement le lieu de détention ? Est-ce que c'est dans des maisons d'arrêt ou dans les centres de détention des renseignements généraux ? J'ai eu l'occasion de rendre visite à Jean Laokolé qui est mon client. Les journalistes sont détenus à Amsinéné dans des conditions horribles, inhumaines. Tandis que les Députés le sont dans les centres de détention des renseignements généraux. Il y a environ dix ans, vous avez créé le Comité de Suivi de l'Appel à la Paix et à la Réconciliation (CSAPR). Où en est le résultat aujourd'hui ? Le Comité de Suivi de l'Appel à la Paix et à la Réconciliation existe toujours et continue de faire son plaidoyer pour la paix véritable et durable au Tchad et continue de porter le fer dans la plaie, si je peux m'exprimer ainsi. Aujourd'hui, nous pensons que le moment est venu et ça a été l'une des Résolutions du Conseil national du CSAPR (Comité de Suivi de l'Appel à la Paix et à la Réconciliation, ndlr), qui demande une alternance pour le Tchad. C'est ce que je disais tantôt : une alternance à la tête de l'Etat; une alternance de projets de société pour que les choses se renouvellent et qu'on aspire à un changement positif dans notre pays. Nous le disons parce que l'alternance, ça fait partie des droits civils et politiques. Les Tchadiens ont le droit de voir la classe dirigeante se renouveler par le biais des élections. C'est en cela que nous disons que d'ici l'horizon 2016, il va falloir que les acteurs de la vie publique se mobilisent pour rendre possible une alternance au Tchad. Le Tchad vient d'inaugurer un nouveau champ pétrolier dans le sud du pays. Ne pensez-vous pas que cela va profiter aux

populations général et particulier ?

tchadiennes aux riverains

en en

(Sourire) Si le premier projet n'a pas profité aux populations tchadiennes, ce n'est pas celui-là qui va le faire. Le premier avait toutes les chances d'être bénéfique aux populations parce qu'il y avait des mesures, des mécanismes pour contrôler l'utilisation de l'argent mais malgré cela ces mécanismes n'ont pas fonctionné donc l'argent est géré uniquement pour l'intérêt des dirigeants. Si celui-là suit les mêmes règles, je ne vois pas comment cela peut être bénéfique aux populations. Le mot de la fin ? Beaucoup de chance pour le Tchad et les Tchadiens et vivement que l'alternance devienne une réalité au Tchad.

(En

photo, Moussey Avenir de la Tchiré) est toujours en détention. Sur la photo n°2 (photo-collage Eric Topona et Jean Laokolé) sont condamnés à trois ans de prison avec sursis et libérés mi-août après cinq mois de détention. Envoyé spécial à Bonn, Mahamat Ahmat BEN ABOUBAKAR KEBIR

Selon le rapport sur l’état des lieux de détention au Tchad publié en 2012 par Amnesty International, plus de 4 000 prisonniers répartis dans 45 prisons vivent dans des conditions insalubres. "D’après les statistiques officielles, fin janvier 2012, 4.831 prisonniers étaient répartis dans 45 prisons. D'après des chiffres figurant dans un rapport officiel qu'Amnesty International a pu consulter, la plupart des prisonniers étaient en réalité des prévenus, seules 1.765 personnes étaient des condamnés", indique le rapport intitulé "Tchad - nous sommes tous en train de mourir ici", en précisant que la population tchadienne est estimée à 11,5 millions d'habitants.

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[ IMAGAZINE septembre 2013 Une étude menée par le Programme pour la justice au Tchad (PRAJUST) en 2010 avançait le chiffre de 4.775 détenus, alors que les prisons ne pouvaient en accueillir que 2.080. Malgré les libérations régulières de détenus graciés par le président, le nombre de prisonniers reste excédentaire. Ce rapport s'appuie sur des visites de prisons, des entretiens et divers travaux de recherche menés par AI en novembre 2011 et mars 2012 et décrit les conditions dans les prisons tchadiennes et les atteintes aux droits humains qui y sont commises. Les prisons situées à Moundou, Doba et Sarh, trois villes au sud du pays, dépassent leur effectif.

En 1999, participe à de grandes rencontres internationales sur la question des droits de l’Homme comme celle de 1999 au Centre d’études des droits de l’homme de la Columbia University de New York (Etats-Unis). Parle le français, l’anglais, le «gouleye» et plusieurs dialectes du sous-groupe Sara (Sud du Tchad) et même l’arabe.

Ainsi à Moundou, la prison conçue pour accueillir 250 prisonniers en comptait, en novembre de l’année dernière, 462 détenus, dont 20 femmes et 10 garçons de moins de 18 ans répartis dans 13 cellules collectives.

AUC holds Workshop Mainstreaming Disaster Reduction (DRR)

A Doba, il y avait 275 prisonniers alors que cette prison est conçue pour en accueillir 50 personnes et à Sahr, la prison qui devrait héberger 200 prisonniers dans neuf cellules collectives, en comptait 265 détenus. La nouvelle prison d'Amsinéné, à N'Djamena, située à la périphérie de la capitale tchadienne, est également surpeuplée avec 318 personnes, dont 25 femmes qui s'entassaient dans les sept cellules de la prison mesurant chacune cinq mètres sur quatre.

The African Union Commission (AUC), through its Department of Rural Economy and Agriculture (DREA), in partnership with the United Nations Development Program (UNDP), held an interactive three (3) day workshop on mainstreaming Disaster Risk Reduction (DRR) in AU policies, programmes and plans, identifying stakeholder roles and responsibilities and making DRR an integral part of decision making.

Alors que la prison centrale de N’Djamena qui, avec ses 22 cellules, est construite pour accueillir 300 prisonniers, en comptait, en mai 2011, plus de 1.250, dont 35 femmes et un nombre inconnu de mineurs. Selon AI, le nombre élevé de détenus au Tchad est dû à la lenteur des procédures, à la difficulté de s'adresser à la justice, notamment pour les pauvres, aux dysfonctionnements du mécanisme de libérations conditionnelles et à la rareté des mesures de substitution non privatives de liberté pour les infractions mineures. En raison des insuffisances de l'appareil judiciaire, une part importante des personnes qui sont en prison n'ont jamais été condamnées. Par ailleurs, les prévenus ne sont pas séparés des condamnés. "Cette situation est due à l'accumulation des dossiers en souffrance dans les tribunaux et elle est aggravée par le manque de coordination entre le Parquet, la Police et l'administration pénitentiaire. Il arrive souvent que les prévenus restent plus de trois ans sans contact avec le Parquet ou dans l'attente d'être entendus par un juge", a estimé AI. Pour remédier à cette situation, AI demande au gouvernement tchadien de veiller à ce que les dispositions juridiques tchadiennes respectent les normes internationales, de s’attaquer aux traitements et punitions cruels, inhumains et dégradants dans les prisons, de s’attaquer au surpeuplement dans les prisons et de renforcer la supervision des conditions carcérales. Portrait : 2004, Lauréate du prix Robert F. Kennedy pour les Droits de l’Homme édition 2007, ouverture de son Cabinet d’avocats Première Présidente de l’Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme (ATPDH) Avec une Maîtrise en droit international option droits de l’homme et droit international de l’environnement obtenue à l’université américaine de Washington puis une Licence en droit, option droit privé obtenue à l’Université Marien N’gouabi de Brazzaville (Congo) Plusieurs études et enquêtes a son actif : Le rôle de la société tchadienne dans le processus démocratique pour le compte du PNUD Les enfants ouvriers du Moyen Chari (Tchad) pour le compte de l’UNICEF Les massacres de Khou-Mwabé (région de Doba) pour le compte de la Conférence Nationale Souveraine. En 1994, prend part au Programme International de Formation aux Droits de l’Homme à l’Institut International des Droits de l’Homme de Strasbourg (France).

on Risk

Africa is faced with many climate and environmental challenges ranging from climate change, desertification, deforestation, biodiversity degradation, droughts, floods earthquakes and cyclones, amongst others that threaten to undermine the region’s sustainable development prospects and heavily impact population livelihoods. It is in this context that the workshop highlighted the importance of identifying key priority sectors within the AU 2014-2017 Strategic Plan and the necessity of integrating DRR in all decisions to strengthen frameworks and strategies at the continental level in view to mitigate the vulnerability of the Continent to natural disasters. Hon. Jesca Eriyo, Secretary General in charge of Productive and Social Sectors of the East African Community (EAC), Dr. M.H. Khalil Timamy, AUC Head of Division on Environment, Climate Change, Water and Land Management and Ms Sophie Baranes of UNDP Regional Practice Coordinator opened the workshop by welcoming all participants. Sessions focusing on topics ranging from Understanding DRR; Disasters, Climate Change and Resilient Development linkages; Economics of Disaster; Disaster Risk and

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[ IMAGAZINE septembre 2013 Development in Africa; DRR Mainstreaming and more specifically into AUC Priority Sectors; Mainstreaming country examples were moderated by representatives from UNDP, the United Nations Center for Disaster Risk Initiative (UNCADRI) and the United Nations Office for Disaster Risk Reduction (UNISDR) and the AUC. The workshop stressed the need for proper risk and preparedness assessments on key entry points in order to build a comprehensive national and continental plan of action (NPA), based on the 2004 AU DRR Strategy and recommendations from the 4th Africa regional platform on the Hyogo Framework for Action (HFA), with aims to alleviate population exposure and vulnerability as well as increase resilience to natural disasters. The workshop emphasized the need for proper coordination, resource allocation, sensitization and advocacy within private, civil and public sectors as well as the need to provide experience-sharing opportunities with concrete examples of successful implementations within the region. The workshop further tapped into ways of lobbying for DRR with concerned ministries and institutions by accurately showing the human, economical and environmental impacts and benefits. Due to the cross-cutting nature of DRR mainstreaming, the workshop was attended by representatives of key AUC programmes and departments such as Agriculture, Food Security, Environment, AU-SAFGRAD, PATTEC, IBAR, PANVAC, Infrastructure and Energy, Peace and Security, Political Affairs, Economic Affairs and Information and Communication.

LIVRE

prise en compte dans les politiques publiques, mais aussi les programmes de la coopération internationale. Il en souligne l’intérêt, mais aussi les obstacles, pour proposer une approche du développement local qui soit enfin à la hauteur des besoins et des enjeux de cet indispensable « changement de cap ». Emmanuel MATTEUDI Politologue et docteur en urbanisme, est enseignant à l’Institut d’Urbanisme de Grenoble Université Pierre-MendèsFrance, et chercheur au laboratoire Pacte (CNRS, UJF, UPMF, IEPG). Il exerce également depuis 15 ans, une activité d’expertise auprès d’agences des Nations Unies,

"Enjeux du développement local en Afrique" "Enjeux du développement local en Afrique, ou comment repenser la lutte contre la pauvreté" ’Emmanuel Matteudi, préface de Jean-Michel Severino. Collection La Librairie des Humanités, L’Harmattan, 200 pages, Paris, 2012. Après la décolonisation, l’Afrique connaît aujourd’hui les mutations économiques, sociales, culturelles et politiques les plus profondes et les plus significatives de son histoire contemporaine, au point que l’on peut sans doute lui espérer un avenir plus rapidement prometteur que ne le prédisaient les experts les mieux avisés des trente dernières années. Reste qu’il est essentiel de s’entendre sur la signification et le contenu de cette promesse : faire en sorte que la démocratie s’installe durablement, que l’économique rejoigne le social et que les dynamiques émergentes s’inscrivent dans un développement soucieux de la réduction de la pauvreté encore massivement présente. Un des enjeux les plus significatifs de cette exigence, est de miser sur un développement territorialisé, proche des populations et de leurs besoins. Un développement qui fait de la proximité, la préoccupation première des décideurs et des développeurs, pour penser de nouvelles formes de gouvernance et de participation de la société civile, mais aussi, la promotion d’une économie centrée sur la valorisation des ressources et des savoir-faire locaux. C’est à ce prix que les politiques de lutte contre la pauvreté pourront enfin bénéficier des leviers adéquats pour reculer de manière significative. Ce livre traite ainsi de la manière dont la question territoriale est aujourd’hui

ONG, ministères et collectivités locales africaines dans les domaines de l’accompagnement social, du développement local et de l’aide à l’emploi..

Directeur de publication & Rédacteur en chef: Nicolas ABENA . Rédactrice en chef déléguée : Marie CORNET-ASHBY Dossiers Pays : Nguéma Thérèse. Chargée de Missions : NN. Rédacteur en chef Technique : :Oussouf DIAGOLA. Rédaction générale : :N chaise, N Ndong, S Abba, M. Cornet- Ashby , B ANANI. Collaboration externe :Onana Sylvestre, Henri Spitezki. Correspondant : Mahamat Ahmat Ben Aboubakar Kébir RCS : 510710262 Siret 510 710 265 00013 Siren 510 710 265 Cameroun :BP 14018 Aéroport international de Douala. La Table

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