La 'Jungle' des Bénévoles - Construire le camp à Calais.

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Eugénie CARLIER

2016 1

LA ‘JUNGLE’ DES BÉNÉVOLES CONSTRUIRE LE CAMP À CALAIS

École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille


En couverture, photographie prise à l’atelier de fabrication de l’Auberge des Migrants ©Eugénie Carlier

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LA ‘JUNGLE’ DES BÉNÉVOLES CONSTRUIRE LE CAMP À CALAIS

Entre conteneurs du gouvernement et abris auto-construits, comment fonctionnent les filières de construction intermédiaires, et comment les réfugiés s’approprient-ils ces constructions ?

Eugénie Carlier Sous la direction de Bénédicte Grosjean et Céline Barrère Séminaire d’initiation à la recherche Urbanisme et Urbanisation. École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille. Mai 2016


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« Les frontières sont des lignes. Des millions d’hommes sont morts à cause de ces lignes. Des milliers d’hommes sont morts parce qu’ils ne sont pas parvenus à les franchir.» PEREC (GEORGES), Espèces d’espaces, Paris, Galilée, 1974, 125p.


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SOMMAIRE

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Remerciements

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Avant-propos

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Introduction

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1. DE LA FRONTIÈRE À LA ‘JUNGLE’

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1.1 Un détroit stratégique.

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1.2 La dernière frontière.

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1.3 Un « encampment » nouveau.

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2. LA CONSTRUCTION DE LA

‘NEW JUNGLE’ PAR LES ACTEURS EXOGÈNES

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2.1 L’avant projet - S’introduire pour agir

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2.2 La conception

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2.3 La construction

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3. CONSTRUIRE LA STABILITÉ DANS LA MOBILITÉ SOUS-CONTRAINTE

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3.1 L’appropriation et ses limites

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3.2 Bidonville-Quelle place pour l’institutionnalisation ?

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3.3 Les enjeux du démantelement

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Conclusion

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Bibliographie

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Annexes

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REMERCIEMENTS

Je remercie particulièrement BĂŠnĂŠdicte Grosjean pour son suivi et soutien tout au long de cette annĂŠe. Je remercie ĂŠgalement CĂŠline Barrère, dont les conseils, recommandations et pistes de recherches ont ĂŠtĂŠ favorables Ă l’Êlaboration de ce mĂŠmoire. Je remercie mes parents de m’avoir soutenu dans l’orientation et la rĂŠalisation de ce mĂŠmoire. Je remercie Abi Evans, Grainne Hasset, Lionel Vacca, Martin, Alban et les DXWUHV EpQpYROHV TXL P¡RQW IDLW FRQĂ€DQFH HW DXSUqV GHVTXHOV FHWWH H[Sprience et mes recherches se sont enrichis. Je remercie Juliette Bardon pour son indĂŠfectible soutien et sa relecture assidue, mĂŞme Ă plus de 9 000 km. Je remercie ĂŠgalement Thibault Carlier et Anne Bausson pour leur relecture, leurs suggestions et leur intĂŠrĂŞt quant Ă la composition de ce mĂŠmoire. 6DQV RXEOLHU WRXV OHV UpIXJLpV SRXU OHXU DFFXHLO FKDOHXUHX[ VDQV FRQGLWLRQ OHXU FRQĂ€DQFH OHXUV FRQĂ€GHQFHV HW OH WKp FKDXG

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AVANT-PROPOS

Cette recherche interroge la ‘New Jungle’ dans sa dimension constructive. Ecrire sur un sujet d’actualitĂŠ aussi polĂŠmique que celui de la ‘New jungle’ de Calais en a laissĂŠ certains plutĂ´t sceptiques. La mĂŞme interrogation revenait souvent : ÂŤ quel est le rapport avec l’architecture ou l’urbanisme ? Âť ,O H[LVWH GLIIpUHQWHV UDLVRQV TXL P¡RQW FRQGXLWH j DERUGHU FH VXMHW Tout d’abord, il me semblait ĂŞtre vĂŠritablement intĂŠressant mais ĂŠgalement LPSRUWDQW j WUDYHUV PRQ UHJDUG GH FDODLVLHQQH HW PRQ H[SpULHQFH GH EpnĂŠvole, de pouvoir transmettre une rĂŠalitĂŠ et une perception diffĂŠrente de celle, souvent chaotique, transmise dans les mĂŠdias ces derniers mois. En effet, par ce travail de terrain auprès d’acteurs investis, par rapport Ă qui j’ai parfois dĂť prendre du recul, c’est la notion mĂŞme d’engagement et d’initiaWLYH TXL PpULWH G¡rWUH pFODLUpH DĂ€Q G¡HQ UHOD\HU OHV DSSRUWV GDQV OD FRQVWUXFtion de ce territoire. Ensuite, pour rĂŠpondre Ă cette interrogation sur le rapport entre ce VXMHW HW OHV pWXGHV G¡DUFKLWHFWXUH MH GLUDLV TX¡LO UpVLGH GDQV OH FKRL[ G¡XQ WUDvail de recherche, au travers des outils d’architecte, sur un espace produit en mouvement qui ne correspond pas Ă l’espace produit normatif habituel. Il LPSRUWH WRXW DX FRQWUDLUH G¡DVVRFLHU FH W\SH G¡HVSDFH GDQV OH FKDPS GH UpĂ H[LRQ GH O¡DUFKLWHFWXUH GH O¡XUEDQLVPH HW GH OD VRFLRORJLH &H WUDYDLO WHQG j UpYpOHU OHV G\QDPLTXHV FRQVWUXFWLYHV GH FH W\SH GH FDPS LQIRUPHO HW SUpFDLUH PDLV FRQWUDLQW G¡H[LVWHU 7URS VRXYHQW DVVRFLp DX[ SD\V HQ GpYHORSSHment, ce dernier risque d’apparaitre de manière plus rĂŠcurrente encore dans OH SD\VDJH GHV SD\V GpYHORSSpV DYHF OHV FULVHV pFRORJLTXHV pFRQRPLTXHV et politiques Ă venir. C’est pourquoi, il est nĂŠcessaire de s’interroger sur cette ‘jungle’ en formation, faisant ĂŠcho Ă la notion de ÂŤ terrain sensible Âť1, abordĂŠe par Florence Bouillon. Un ÂŤ terrain sensible Âť ĂŠtant un territoire dont l’ordre prĂŠ-ĂŠtabli se trouve rĂŠgulièrement remis en cause, entrainant alors la remise en cause des outils mĂŞme de recherche habituels que nous HPSOR\RQV HQ WDQW TX¡DUFKLWHFWH XUEDQLVWH Ce sujet de mĂŠmoire constituait dès lors une prise de risque. Premièrement, du fait du statut rĂŠsolument prĂŠcaire de la ‘New Jungle’ mais ĂŠgalement du fait de son caractère instable, par ses constructions, ses dĂŠconstructions et sa population en transit. Le terrain d’Êtude choisi pouvait alors ĂŞtre remis en cause Ă tout moment et disparaitre. Ainsi, la destruction

1_ LASSAILLY-JACOB (VĂŠronique), LEGOUX (Luc), ÂŤTerrains ‘sensibles’ dans le champ des migrations internationalesÂť in e-migrinter, n°9 , 2012, p.4

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en Mars 2016 de la partie sud m’a amenée à reconsidérer et renforcer cerWDLQV DVSHFWV GH PD UHFKHUFKH WHOV TXH OHV HQMHX[ GH OD FRQVWUXFWLRQ G·XQ ELGRQYLOOH WRXW FRPPH FHX[ GH VRQ GpPDQWqOHPHQW 'HX[LqPHPHQW GX IDLW GX FDUDFWqUH UHODWLYHPHQW UpFHQW GH OD ¶1HZ Jungle’, il a fallu faire preuve d’un engagement et d’un travail empirique personnel de collecte d’informations à travers des croquis, des photograSKLHV GHV UHQFRQWUHV PDLV DXVVL GHV UHYXHV GH SUHVVH DÀQ GH FRQVWLWXHU XQ FRUSXV GH WUDYDLO /HV H[SORUDWLRQV UpJXOLqUHV GX WHUULWRLUH WRXW DX ORQJ GH l’année ainsi que la participation à la construction de celui-ci par le biais d’ONG et d’associations locales m’ont permis de nourrir ce travail de recherche, bien que la frustration fut parfois présente face à la rapidité des changements et l’impossibilité d’être constamment sur place. Les pages suivantes sont donc le fruit d’une enquête au jour le jour, portant sur un présent incertain.


INTRODUCTION

$XVVL PDOKHXUHX[ HW GXUV TX¡LOV VRLHQW OHV FDPSV GH UpIXJLpV QH

VRQW SDV SUqV GH GLVSDUDLWUH /H QRPEUH GH PLJUDQWV HW GH UpIXJLpV D H[SORVp au cours des dernières dĂŠcennies2. Une augmentation progressive fut observĂŠe, dĂŠbouchant sur la crise migratoire actuelle que l’on peut aujourd’hui TXDOLĂ€HU FRPPH OD SOXV LPSRUWDQWH GHSXLV OD 6HFRQGH *XHUUH PRQGLDOH /H QRPEUH GH UpIXJLpV D FRQQX XQH DXJPHQWDWLRQ VLJQLĂ€FDWLYH HQWUH HW SDVVDQW DORUV GH PLOOLRQV j PLOOLRQV GH SHUVRQQHV3. NotamPHQW j FDXVH GH OD PXOWLSOLFDWLRQ GXUDQW FHV GHUQLqUHV DQQpHV GHV FRQĂ LWV j WUDYHUV OH PRQGH /¡2IĂ€FH GX +DXW &RPPLVVDLUH GHV 1DWLRQV 8QLHV SRXU OHV UpIXJLpV +&5 D GpQRPEUp FRQĂ LWV HQ $IULTXH &{WH G¡,YRLUH 5pSXEOLTXH &HQWUDIULFDLQH /LE\H 0DOL 5pSXEOLTXH GpPRFUDWLTXH GX &RQJR 6RXGDQ GX VXG HW OH %XUXQGL DX 0R\HQ 2ULHQW 6\ULH ,UDN <pPHQ en Europe ( Ukraine ) et 3 en Asie ( Kirghizistan, Pakistan, Birmanie ). &¡HVW SDU FRQVpTXHQW WRXW DXWDQW GH FRPPXQDXWpV HQWLqUHV IX\DQW OHV FRQĂ LWV OD JXHUUH OD SHUVpFXWLRQ RX OD SDXYUHWp HW GH VRFLpWpV OHV DFcueillant qui doivent faire face Ă cette crise. Calais, une ville du nord de la France de 72 000 habitants, est le point le plus proche de l’Angleterre, considĂŠrĂŠe comme la dernière ĂŠtape G¡XQ H[LO YHUV O¡HVSRLU G¡XQH QRXYHOOH YLH SDLVLEOH 'X IDLW GH VD ORFDOLVDWLRQ la ville de Calais a fait face depuis les annĂŠes 1990 Ă l’arrivĂŠe continuelle de UpIXJLpV GRQW OH QRPEUH YDULH VHORQ OHV FRQĂ LWV TXL VHFRXHQW OH PRQGH /LHX GH WUDQVLW LPSRUWDQW GX IUHW HXURSpHQ YHUV OH 5R\DXPH 8QL OHV LQIUDVWUXFtures comme le port et le tunnel sont autant d’opportunitĂŠs et de points de passages clandestins pour les rĂŠfugiĂŠs souhaitant rejoindre l’Angleterre. Une Angleterre dont certains maĂŽtrisent la langue ou possèdent dĂŠjĂ des membres de leur famille et qui de plus possède des conditions ĂŠconomiques plus prospères avec un travail au noir moins contrĂ´lĂŠ que dans d’autres SD\V WHO TXH OD )UDQFH SDU H[HPSOH

(Q DYULO DSUqV GHV DQQpHV GH Gp FRQVWUXFWLRQV GH WRXWHV IRUPHV de vie informelles, pour la première fois, les rÊfugiÊs sont  encampÊs  ,

2_ BRETEAU (Pierre), POUCHARD (Alexandre), ÂŤ Le nombre de migrants et de rĂŠfugiĂŠs a explosĂŠ au XXIe siècle Âť in Le Monde, (article en ligne) le 3.09.2015 3_ Ibidem. 4_ UNHCR, ÂŤWorldwide displacement hits all-time high as war and persecution increaseÂť, Disponible sur http://www.unhcr.org , (article en ligne), le 18.06.15 5_ ÂŤ encampment Âť, mot utilisĂŠ par Barbara Harrel Bond , fondatrice du Centre d’Êtudes sur les rĂŠfugiĂŠs Ă l’universitĂŠ d’Oxford, pour dĂŠsigner le fait de mettre en camp par choix politique. TransposĂŠ et utilisĂŠ en français par l’anthropologue et ethnologue Michel Agier.

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sur dĂŠcision de la municipalitĂŠ, sur le terrain dit de ‘la Lande’ en marge de &DODLV $XMRXUG¡KXL IDFH j O¡DIĂ X[ PLJUDWRLUH HW j OD PHQDFH WHUURULVWH TXH FHUWDLQV UpIXJLpV HX[ PrPH FKHUFKHQW j IXLU OHV FRQWU{OHV VH UHQIRUFHQW HW l’Europe de l’espace Schengen se referme. La frontière se durcit alors. Le nombre de rĂŠfugiĂŠs, lui, ne diminue pas. AdministrĂŠe par les bĂŠnĂŠvoles des DVVRFLDWLRQV ORFDOHV G¡DLGH DX[ PLJUDQWV OD Âś1HZ -XQJOH¡ VH FRQVWUXLW &H camp qui se dĂŠveloppe est donc tolĂŠrĂŠ par la municipalitĂŠ mais n’en reste pas moins illĂŠgal. Ce que l’on est en droit de se demander est alors comment un camp auto-organisĂŠ tel que celui de la Lande se met-il en place ? Comment s’est-il construitt ex-nihilo GDQV FH FRQWH[WH SUpFDLUH " %HDXFRXS GHV WUDYDX[ DFWXHOV SRUWDQW VXU OD ÂśMXQJOH¡ WHOV TXH FHX[ GX collectif PEROU et des ĂŠtudiants de l’ENSA Paris-Belleville6 rĂŠvèlent tout OH VDYRLU IDLUH GHV FRQVWUXFWLRQV pWDEOLHV SDU OHV UpIXJLpV HX[ PrPHV HW OHV interrogations qu’elles soulèvent sur la forme et la mise en oeuvre. CepenGDQW SHX G¡HQWUH HX[ DERUGHQW OH FKDPS SRXUWDQW YDVWH GHV FRQVWUXFWLRQV PHQpHV SDU OHV DFWHXUV H[RJqQHV TXH VRQW OHV EpQpYROHV LQGpSHQGDQWV OHV collectifs, les associations ou les ONG. Il semble pourtant important de PHWWUH HQ OXPLqUH FHWWH ÂśFRXFKH LQWHUPpGLDLUH¡ H[LVWDQWH HQWUH OHV UpIXJLpV HW O¡eWDW GRQW RQ VRXSoRQQH SHX O¡pWHQGXH GHSXLV O¡H[WpULHXU '¡XQ DXWUH F{Wp QRPEUHX[ DXVVL VRQW OHV GpWDLOV TXL PHWWHQW HQ pYLdence l’inadĂŠquation et le rejet par les rĂŠfugiĂŠs des conteneurs proposĂŠs par les pouvoirs publics. J’ai voulu aussi questionner dès lors la rĂŠception par les rĂŠfugiĂŠs des constructions issue d’initiatives bĂŠnĂŠvoles, Ă travers leur capacitĂŠ Ă se les approprier. Entre conteneurs du gouvernement et abris auto-construits, FRPPHQW IRQFWLRQQHQW OHV Ă€OLqUHV GH FRQVWUXFWLRQ LQWHUPpGLDLUHV HW FRPPHQW OHV UpIXJLpV V¡DSSURSULHQW LOV FHV FRQVWUXFWLRQV " /¡HQMHX GH FHWWH UHFKHUFKH HVW GH FRPSUHQGUH OHV Ă€OLqUHV GH OD PRELOLVDWLRQ GH FHWWH G\QDPLTXH FRQVWUXFWLYH H[RJqQH GDQV XQ WHUULWRLUH LQIRUPHO H[HPSWp GH WRXWHV UqJOHV QRUPHV HW GH KLpUDUFKLH ,O V¡DJLW pJDOHPHQW GH VDLVLU OHV HQMHX[ GH FHWWH PRELOLVDWLRQ VHV DERXWLVVHPHQWV HW GH FRPprendre comment celle-ci est accueillie par une population en transit.

6_ HANAPPE (Cyril) et les ĂŠlèves du DSA-Risques Majeurs de ENSA Paris-Belleville, Architecture et rĂŠduction du risque, plan guide d’intervention dans la jungle de Calais, Paris, Ensa-Belleville, Janvier 2016


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Nous commencerons par voir comment la ville de Calais a fait face Ă la problĂŠmatique migratoire depuis dĂŠjĂ plusieurs annĂŠes avec en cause sa position gĂŠographique et son statut juridique unique dans l’espace Schengen. La question des rĂŠfugiĂŠs a alors pris diffĂŠrents aspects dans la rĂŠgion du calaisis entre institutionnalisation et informalitĂŠ, entre rassemblement et dispersion. La ‘new jungle’ apparait pourtant comme une forme nouvelle dans l’accueil des rĂŠfugiĂŠs. Ensuite, nous verrons de plus près comment ce territoire s’est FRQVWUXLW DYHF O¡DLGH G¡DFWHXUV H[RJqQHV YHQXV GH WRXV KRUL]RQV ,O V¡DJLUD ici d’Êtablir une vue d’ensemble de ces diffĂŠrentes iniatives menĂŠes dans la ‘jungle’, de la conception Ă la construction, en mettant en lumière les intentions, les stratĂŠgies et les tactiques de ces intervenants. (QĂ€Q QRXV UHJDUGHURQV GH TXHOOH PDQLqUH O¡DSSURSULDWLRQ GH FHV FRQVWUXFWLRQV SDU OHV H[LOpV H[LVWH PDLV DXVVL TXHOOHV OLPLWHV WURXYHQW FHV constructions. Pour cela, il a fallut mener un travail d’enquĂŞte sur le terrain de sepWHPEUH j DYULO DĂ€Q GH FROOHFWHU FHV LQIRUPDWLRQV VXU OH SURFHVVXV constructif de la conception Ă l’appropriation.7

/¡LGHQWLĂ€FDWLRQ GHV GLIIpUHQWHV FRQVWUXFWLRQV H[RJqQHV D pWp UpDOL-

sĂŠe au fur et Ă mesure des dĂŠambulations alĂŠatoires au sein de la ‘jungle’. '¡DERUG LQWURGXLWH GDQV XQH DVVRFLDWLRQ PpGLFDOH EULWDQQLTXH GH Ă€O HQ DLguille, j’ai ensuite fait la rencontre d’autres acteurs. Le plus souvent, les informations ont ĂŠtĂŠ collectĂŠes de manière informelle au dĂŠtour de conversations avec les bĂŠnĂŠvoles et les rĂŠfugiĂŠs mais aussi Ă travers des sources FRPPH OHV UpVHDX[ VRFLDX[ OHV VLWHV LQWHUQHW RX OD OHFWXUH KHEGRPDGDLUH G¡DUWLFOHV GH SUHVVH V¡\ UDSSRUWDQW -¡DL SHQGDQW TXHOTXHV WHPSV HVVD\p de tenir un carnet de bord sur le terrain. Cependant, je trouvais au dĂŠpart indĂŠcent et intrusif d’arpenter la ‘jungle’ de cette manière. C’est donc plutĂ´t par la participation active Ă plusieurs chantiers ou Ă la vie associative que M¡DL SX P¡LQWpUHVVHU j FHWWH G\QDPLTXH FRQVWUXFWLYH &KDTXH SURMHW LGHQWLĂ€p FRPPH pWDQW LVVX G¡LQLWLDWLYHV H[RJqQHV SRVVqGH DORUV XQ WDEOHDX R les informations collectĂŠes ont pu ĂŞtre rĂŠpertoriĂŠes ensuite en 3 parties : l’avant-projet, le projet et l’après-projet.8 3DU GHV YLVLWHV UpJXOLqUHV j OD ÂśMXQJOH¡ j FRPSWHU G¡XQH j GHX[ IRLV par mois, en arpentant encore et encore, il a fallu porter une attention par-

7_ Voir la frise chronologique en annexe p. 93 8_ Les tableaux sont disponibles en annexe p. 114


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WLFXOLqUH DX[ GpWDLOV TXL VHPEOHQW GH SULPH DERUG GpVXHWV PDLV TXL VRQW pourtant les signes d’une forme d’appropriation. La photographie fut une manière de capturer ces dĂŠtails mĂŞme s’il fut parfois le travail de longues QpJRFLDWLRQV 3DU OD PLVH HQ SODFH GH UDSSRUW GH FRQĂ€DQFH SUHQDQW HQ FRPSWH OD JUDYLWp GHV H[SpULHQFHV WUDXPDWLTXHV YpFXHV DLQVL TXH OHV VHQVLbilitĂŠs culturelles de chacun, j’ai pu tisser des liens avec des rĂŠfugiĂŠs. Ces OLHQV P¡RQW SHUPLVH GH PLHX[ VDLVLU OHXU PDQLqUH G¡KDELWHU FH OLHX GH WUDQVLW et d’attente. J’ai alors mis des mots sur ce que je reconnaissais comme ĂŠtant du registre de l’appropriation. Des mots que j’ai ensuite classĂŠ, organisĂŠ VHORQ OH SULQFLSH G¡XQH FDUWH PHQWDOH UHWUDYDLOOpH HW DIĂ€QQpH UpJXOLqUHPHQW au fur et Ă mesure des visites. Chaque visite ĂŠtait l’opportunitĂŠ de nouvelles rencontres mais ĂŠgalement le constat d’absence. Des entretiens convenus avec des bĂŠnĂŠvoles ou GHV UpIXJLpV QH IXUHQW SDV UpHOOHPHQW SRVVLEOHV SRXU GLIIpUHQWHV UDLVRQV ,O \ a la barrière de la langue, le ‘turn over’ constant des bĂŠnĂŠvoles mais surtout un prĂŠsent dominant sur un futur incertain. Les ĂŠchanges d’e-mails furent alors une façon d’obtenir des informations ĂŠcrites mais aussi de garder un contact avec la vie agitĂŠe de la ‘jungle’ et de ses acteurs.


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©JunglEye

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©JungleEye


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DE LA FRONTIÈRE À LA‘JUNGLE’


20

+

C lais Ca Calais is

N Carte de localisation

Mer du d Nord Nor or rd d

Douvres Folkstone

+

DĂŠtroit du Pas Pas-de-Calais de Calais

+ 34k 34km 3 k +

Calais Cal Sangatte

+

Manche M anche h N Carte du dĂŠtroit Nord-Pas-de-Calais


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1.1 Un dĂŠtroit stratĂŠgique

>GĂŠographie du DĂŠtroit de la Manche

Par son caractère insulaire, la Grande-Bretagne possède comme IURQWLqUH SULQFLSDOH OD 0DQFKH /D GLVWDQFH GH VHXOHPHQW NP TXL UHOLH Calais et Douvres constitue la plus ĂŠtroite largeur du dĂŠtroit du Pas-deCalais. DĂŠjĂ dans l’Histoire, il fut un point clef dans les relations gĂŠopolitiques entre la France et la Grande-Bretagne. Au XIVe siècle, Ă l’issue de QRPEUHXVHV EDWDLOOHV &DODLV IXW DQQH[pH j O¡$QJOHWHUUH GHYHQDQW XQH SRUWH

Les côtes anglaises vues depuis le Cap Blanc-Nez. ŠBernard Baude

G¡HQWUpH VXU OH FRQWLQHQW HXURSpHQ /D YLOOH UHYLHQW DX[ PDLQV GHV IUDQoDLV DQV SOXV WDUG HQ Depuis, Calais a tirĂŠ partie de cette localisation stratĂŠgique en tentant de se positionner comme ÂŤ carrefour europĂŠen Âť par le dĂŠveloppement d’infrastructures de transport reliant la France et l’Angleterre, notamment Ă partir des annĂŠes 80. Aujourd’hui, c’est chaque annĂŠe jusqu’à 27 millions de personnes 9 qui traversent transversalement le dĂŠtroit Calais-Douvres. >DĂŠveloppement d’infrastructures clefs -Le port de Calais

Ancien port militaire stratĂŠgique et port de pĂŞche, le port de Calais Q¡D MDPDLV FHVVp GH V¡DJUDQGLU PDOJUp OHV GHVWUXFWLRQV VXFFHVVLYHV GHV GHX[ guerres mondiales. Il est aujourd’hui le premier port continental de liaison avec l’Angleterre10 WRXV WUDĂ€FV FRQIRQGXV /H SRUW FRQFHUQH HVVHQWLHOOHPHQW OH WUDĂ€F URXOLHU F¡HVW j GLUH OH WUDQVSRUW GH YpKLFXOHV $LQVL HQ c’est jusqu’à 1.8 millions11 de camions qui ont empruntĂŠ les installations portuaires calaisiennes pour se rendre en Angleterre. Un chiffre qui est, par ailleurs, en augmentation malgrĂŠ la problĂŠmatique migratoire12. Chaque anQpH PLOOLRQV GH YR\DJHXUV WUDQVLWHQW pJDOHPHQW SDU OH SRUW SRXU VH UHQGUH HQ $QJOHWHUUH FH TXL HQ IDLW OH GHX[LqPH SRUW HXURSpHQ GH YR\DJHXUV eTXLSp GH SRVWHV j SDVVHUHOOHV LO SHUPHW G¡DYRLU XQH FDGHQFH j 9_ PrĂŠfet Maritime de la Manche et de la mer du Nord, ÂŤ Zone de CompĂŠtence Âť, (en ligne), Disponible sur https://www.premar-manche.gouv.fr 10_Calais Promotion, ÂŤÂ Territoire et AccessibilitĂŠÂ Âť, (en ligne), Disponible sur http://calaispromotion.com 11_ AFP, ÂŤ Port de Calais: hausse du trafic poids lourds en 2015 malgrĂŠ l’afflux de migrantsÂť in France3Tvinfo, (article en ligne), le 20.01.16 12_ Ibidem.

Le port de Calais, un important trafic routier vers l’Angleterre. ŠPort de Calais


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TXDL DVVH] LPSRUWDQWH DYHF OD FDSDFLWp GH GpSDUWV GH IHUU\ SDU MRXU OD plupart remplis de camions arrivés directement de l’autoroute A16 ou de l’autoroute ferroviaire reliées au port. (Q XQ SURMHW G·H[WHQVLRQ QRPPp © &DODLV 3RUW ª D pWp DQQRQFp ,O D SRXU DPELWLRQ GH PXOWLSOLHU SDU GHX[ OHV FDSDFLWpV DFWXHOOHV GX port en mettant en place des infrastructures inter-modales rail-route-mer et HQ UpDOLVDQW XQ EDVVLQ SOXV JUDQG DX QRUG GX SRUW H[LVWDQW &H SURMHW YLVH j DFFXHLOOLU O·DXJPHQWDWLRQ VLJQLÀFDWLYH GX WUDÀF QRUPDOHPHQW DWWHQGXH SRXU 2030.13 -Le Tunnel sous la Manche

L’entrée du tunnel sous la Manche. ©Denis Charlet

Imaginé depuis le XIXe siècle, le tunnel sous la Manche a été inauJXUp HQ PDL &RQVLGpUp FRPPH OH SOXV JUDQG SURMHW HXURSpHQ HQ PDtière d’infrastructure, il permet de relier d’autoroute à autoroute Calais et Douvres en 90 minutes . ([SORLWp SDU OD VRFLpWp )UDQFR %ULWDQQLTXH Eurotunnel, le tunnel permet la circulation de navettes pouvant contenir jusqu’à 32 camions, des YRLWXUHV HW GHV DXWRFDUV ,O \ FLUFXOH pJDOHPHQW GHV WUDLQV j JUDQGH YLWHVVH Eurostar et Thalys UHOLDQW /RQGUHV j 3DULV HW %UX[HOOHV &H ¶OLHQ À[H· SHUPHW DLQVL OH WUDQVLW GH PLOOLRQV GH YR\DJHXUV FKDTXH DQQpH HQWUH OD )UDQFH HW l’Angleterre.

1.2 La dernière frontière &DODLV DSSDUDLW DXMRXUG·KXL FRPPH OH V\PEROH G·XQH SROLWLTXH PLJUDWRLUH HXURSpHQQH HQ GLIÀFXOWp 'H SDU VD VLWXDWLRQ JpRJUDSKLTXH SDUWLFXOLqUH DX ÀO GHV DQQpHV OD FRPPXQH GH &DODLV D DFTXLV XQ VWDWXW MXULGLTXH SDUWLFXOLHU DX VHLQ GH O·HVSDFH HXURSpHQ HQWUDYDQW O·H[LO GH MXVTX·j UpIXJLpV HQ VHSWHPEUH DX[ SRUWHV GH O·$QJOHWHUUH

13_ Le port de Calais, « Port Calais 2015 », (en ligne), Disponible sur http://www.calais-port.fr/ 14_ Calais Promotion, « le tunnel sous la Manche », (en ligne), Disponible sur http://calaispromotion.com 15_ PECQUEUX (Olivier), «Calais : explosion démographique à la ‘jungle’, où vivent 6 000 migrants» in La Voix du Nord, (article en ligne), le 18.10.15


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>Une spécificité politique -L’espace Schengen +

Calais

/HV DFFRUGV 6FKHQJHQ VLJQpV HQ HW HQWUpV HQ YLJXHXU HQ entraînent la création d’un espace libre de circulation des personnes et des PDUFKDQGLVHV GDQV O·HVSDFH GHV SD\V VLJQDWDLUHV GX WUDLWp DXMRXUG·KXL DX QRPEUH GH 8QH IRLV HQWUp VXU OH WHUULWRLUH GH O·XQ GHV SD\V VLJQDWDLUHV WRXW LQGLYLGX SHXW WUDYHUVHU OHV IURQWLqUHV GHV DXWUHV SD\V VLJQDWDLUHV VDQV rWUH FRQWU{Op IDLVDQW DORUV GLVSDUDLWUH SK\VLTXHPHQW FHOOHV FL /D PLVH HQ place de ces accords entraînent également l’établissement de points de

Calais ,porte de sortie de l’espace Schengen vers l’Angleterre.

SDVVDJHV IURQWDOLHUV GLW © SDUWDJpV ª DYHF OHV SD\V QRQ VLJQDWDLUHV /HV JDUGHV IURQWLqUHV GH FKDTXH SD\V HIIHFWXHQW DORUV GHV FRQWU{OHV j O·HQWUpH HW à la sortie, de manière successive. &HUWDLQV SD\V WHOV TXH O·,UODQGH HW OD *UDQGH %UHWDJQH SRVVqGHQW XQ VWDWXW VSpFLÀTXH $LQVL HQ QH VLJQDQW TXH OHV SDUWLHV GX WUDLWp UHODWLYHV j OD FRRSpUDWLRQ SROLFLqUH HW MXGLFLDLUH HQ PDWLqUH SpQDOH DX V\VWqPH G·LQIRUPDWLRQ 6FKHQJHQ DLQVL TX·j OD OXWWH FRQWUH OHV WUDÀFV GH VWXSpÀDQWV O·,Ulande et la Grande-Bretagne conservent alors le contrôle de leurs frontières. -Le Protocole de Sangatte

Signé lors d’un accord intergouvernemental en 1991, le protocole de Sangatte marque la délocalisation à Calais des contrôles d’entrée sur le territoire britannique, considérée alors comme un « déplacement de la frontière ». Ce protocole est mis en place dans le cadre de la construction du tunnel sous la Manche. Ainsi, il permet la mise en place de contrôles IURQWDOLHUV IUDQoDLV HW EULWDQQLTXHV GHV GHX[ F{WpV GX WXQQHO FKDTXH pWDW conservant alors ses compétences régaliennes. Par conséquent, les contrôles de l’État d’arrivée se font sur le sol de O·eWDW GH GpSDUW OHV FRQWU{OHV j O·DUULYpH pWDQW UpDOLVpV j WLWUHV H[FHSWLRQQHOV -Les accords du Touquet

Visant à renforcer la coopération transfrontalière contre l’immigration clandestine, les accords du Touquet sont signés en 2003. Ces accords UHSUHQQHQW OH PrPH SULQFLSH GH FRQWU{OHV ELODWpUDX[ GX SURWRFROH GH 6DQgatte, en l’étendant au port de Calais.

Les abords du port et du tunnel sous la manche où la sécurité a été renforcée. ©Sébastien Soriano ©Philippe Huguen


24

3DU OD VXLWH HQWUH HW G¡DXWUHV DFFRUGV ELODWpUDX[ VRQW

signĂŠs comportant des volets sĂŠcuritaires et humanitaires. Cela reprĂŠsente G¡XQH SDUW OD FRRSpUDWLRQ GHV (WDWV DX Ă€QDQFHPHQW GHV FRQWU{OHV HW GH OD sĂŠcurisation des sites de transit dans le Calaisis et, d’autre part, il met en place une prise en charge des personnes vulnĂŠrables, une aide Ă la demande G¡DVLOH RX DX[ UHWRXUV YRORQWDLUHV -ConsĂŠquences

Mer du Nord Douvres Sangatte

Calais

Manche Dunkerque

La France et la Grande-Bretagne, en appliquant chacune leur lĂŠgisODWLRQ FUpHQW GHV VRUWHV ÂśG¡HQFODYHV¡ HQ EORTXDQW OD IURQWLqUH DX[ QRQ UHVsortissants qui ne disposent pas d’un visa. Les candidats Ă l’immigration VRQW QRPEUHX[ j O¡HQWUpH HQ *UDQGH %UHWDJQH GX IDLW GHV FRQGLWLRQV G¡DFcueil jugĂŠes meilleures. Or, ils le sont beaucoup moins dans le sens inverse. Ainsi Calais devient un des ÂŤ goulots d’Êtranglement Âť16 GHV Ă X[ PLJUDtoires clandestins en Europe.

1992:Ouverture du centre de Sangatte.

>BloquÊs à la frontière Mer du Nord

(Q OHV SUHPLqUHV VLOKRXHWWHV G¡H[LOpV DSSDUDLVVHQW GDQV OH FD-

laisis, ils seront des centaines de milliers d’autres jusqu’à aujourd’hui à vouloir passer clandestinement en Angleterre en empruntant alors camions,

Douvres

Sangatte X

Calais

Manche Dunkerque

2002:Fermeture du centre de Sangatte, Dispersion sur le littoral.

IHUU\V RX ELHQ OH WXQQHO )DFH j FHWWH VLWXDWLRQ OHV JRXYHUQHPHQWV VXFFHVVLIV hĂŠsitent entre dĂŠcisions humanitaires et sĂŠcuritaires, tout en voulant ÂŤ dissiPXOHU OD SUpVHQFH GHV FODQGHVWLQV DX[ \HX[ GH OD SRSXODWLRQ GHV F{WHV GH OD Manche Âť17. Plusieurs formes de politiques se sont alors succĂŠdĂŠes depuis les annĂŠes 1990, entre institutionnalisation et prĂŠcarisation. -Le Centre Sangatte (1999-2002)

Mer du Nord

Avec la guerre du Kosovo entre 1998 et 1999, le nombre de migrants

Douvres Sangatte

augmente sensiblement. Le Ministre de l’IntÊrieur de l’Êpoque, Jean-Pierre

Calais

Chevènement, annonce l’ouverture, Ă Sangatte, d’un centre administrĂŠ par

Manche Dunkerque

2015: Ouverture du centre Jules Ferry / mise en camp la ‘New Jungle’.

OD &URL[ 5RXJH TXL SUHQGUD SDUDGR[DOHPHQW SODFH GDQV XQ DQFLHQ KDQJDU utilisĂŠ pendant le forage du tunnel sous la Manche. Ce centre sera alors 16_ Expression souvent utilisĂŠe dans les mĂŠdias pour signifier l’afflux de rĂŠfugiĂŠs bloquĂŠs car leur transit se trouve interrompu Ă la frontière. 17_ THOMAS (Olivier), ÂŤ Voir ou ne pas voir les migrants ? Les camps de ‘clandestins’ près des cĂ´tes de la Manche Âť in MĂŠtropolitiques, (en ligne), le 14.05.12.


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destinĂŠ Ă hĂŠberger, nourrir et soigner les rĂŠfugiĂŠs du Calaisis. SituĂŠ Ă 9km de Calais, il permet par ailleurs l’invisibilisation des rĂŠfugiĂŠs qui campaient MXVTXH Oj GDQV OHV MDUGLQV PXQLFLSDX[ RX SUqV GX SRUW Le hangar, non isolĂŠ, non insonorisĂŠ, et d’une surface de 27 000m2, possède alors une capacitĂŠ d’accueil de 700 Ă 800 personnes. A l’intĂŠrieur, RQ \ WURXYH GHV GRXFKHV GHV FRLQV FXLVLQH GHV HVSDFHV SRXU OHV HQIDQWV HW GHV FDELQHV SRXYDQW DFFXHLOOLU FKDFXQH SHUVRQQHV GDQV GHV FRQGLWLRQV assez rudimentaires. Le nombre de rĂŠfugiĂŠs atteignant 1 800 personnes, le GLUHFWHXU GX FHQWUH TXDOLĂ€D OD VLWXDWLRQ G¡ Š LQVRXWHQDEOH ÂŞ18, devant faire IDFH FKDTXH MRXU DX[ WHQVLRQV FUpHV SDU OD VXUSRSXODWLRQ HW OH SURPLVFXLWp entre les diffĂŠrentes communautĂŠs prĂŠsentes. (Q QRYHPEUH VXU GpFLVLRQ GH 1LFRODV 6DUNR]\ DORUV 0LQLVWUH de l’IntĂŠrieur, le centre de Sangatte est fermĂŠ car, selon lui, le centre reprĂŠsente ÂŤ un appel d’air de l’immigration clandestine dans le monde Âť.19 Ce fut par ailleurs le rĂŠsultat de ÂŤ facteurs (qui) avaient alors probablement accĂŠlĂŠrĂŠ le processus: des demandes rĂŠpĂŠtĂŠes de la sociĂŠtĂŠ Eurotunnel auprès GHV LQVWDQFHV MXGLFLDLUHV OH PpFRQWHQWHPHQW UHOD\p GDQV OD SUHVVH ORFDOH d’une partie de la population des communes avoisinantes, le changement de gouvernement et la place croissante du thème de l’immigration irrĂŠgulière dans le champ mĂŠdiatique Âť.20

Le centre de Sangatte ŠThe Sun ŠGÊrard Pique

Après avoir ĂŠtĂŠ rassemblĂŠs entre 1999 et 2002, les rĂŠfugiĂŠs sont contraints de se disperser sur le littoral en se rĂŠfugiant dans les blockhaus DOHQWRXUV RX IRUPDQW DORUV GH SHWLWV FDPSV LQIRUPHOV GLVVpPLQpV DX[ DERUGV des aires d’autoroutes, des stations-services ou des points de distributions associatifs. Le nombre de migrants chute pour quelques temps mais en revanche leurs conditions de vie se sont fortement dĂŠgradĂŠes. -La ‘Jungle’ Pachtoune (2003-2009)

Dans le bois de Garenne, Ă quelques kilomètres du port de Calais, se trouve le camp informel le plus important Ă l’Êpoque. DĂŠnommĂŠ la ‘jungle’, il regroupe principalement des afghans de la communautĂŠ pachtoune. Au dĂŠpart, le terme de ‘jungle’ ne possède pas de connotation nĂŠgative, il est en IDLW LQVSLUp GX PRW ÂśMDQJDO¡ TXL VLJQLĂ€H Š IRUrW ÂŞ HQ SHUVDQ HW HQ SDFKWRXQH Le camp rassemble jusqu’à 700 migrants et compte plus de 60 cabanes. 18_ GISTI, ÂŤÂ Le centre de Sangatte Âť in gisti.org , (en ligne), le 15.01.07 19_ BASTIE (EugĂŠnie), ÂŤL’afflux de migrants Ă Calais : retour sur 15 ans d’impuissance publiqueÂť in Le Figaro, (article en ligne), le 04.09.2014. 20_ THOMAS (Olivier), op. cit.

Les ‘jungles’ du littoral après la fermeture du centre de Sangatte. ŠJean RĂŠvillard


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Evacuation des squats, vue à travers les illustrations d’une militante et bénévole Calaisienne. Source: DRUELLE (Louise), «Un an à Calais» in Libération, le 29.10.2016


27

Cependant, après plusieurs interpellations et destructions d’abris dans la rĂŠgion de Calais, la ‘jungle’ devenue trop connue de l’opinion publique est dĂŠmantelĂŠe Ă son tour en septembre 2009 en prĂŠsence du Ministre de l’IntĂŠrieur de l’Êpoque, Éric Besson. Un dĂŠmantèlement fortement mĂŠdiatisĂŠ qui ÂŤlaissait penser que le gouvernement avait rĂŠglĂŠ le problème des ‘migrants de Calais’, comme après la fermeture du centre de Sangatte en 2002 Âť21. -Les squats et campements sur le littoral

Les rÊfugiÊs sont donc à nouveau dipersÊs sur le territoire, entre campements et squats dans la ville de Calais dont ils sont rÊgulièrement H[SXOVpV /H SOXV HPEOpPDWLTXH HVW OH VTXDW GH O¡DQFLHQQH XVLQH *DOORR GH WUDLWHPHQW GH PpWDX[ TXL D pWp RXYHUW SDU GHV PLOLWDQWV HW UDVVHPEOH SUqV GH UpIXJLpV GH QDWLRQDOLWpV GLIIpUHQWHV 'HV WHQWHV GHV GRXFKHV HW GHV ODWULQHV \ VRQW LQVWDOOpHV SDU O¡21* 0pGHFLQV GX 0RQGH ,FL PDOJUp OHV tensions communautaires, les rÊfugiÊs auront un peu de rÊpis avant la vague GH GpPDQWHOHPHQW G¡DYULO -La naissance de la New Jungle (2015)

$SUqV O¡RXYHUWXUH GX FHQWUH G¡DFFXHLO GH MRXU -XOHV )HUU\ HQ -DQYLHU OHV UpIXJLpV VRQW H[SXOVpV GHV VTXDWV GH OD YLOOH GH &DODLV HW GHV FDPSHPHQWV DOHQWRXUV HQ DYULO ,OV VRQW FRQGXLWV VXU GpFLVLRQ PXQLFLSDOH j pWDEOLU XQ QRXYHDX FDPS VXU OH WHUUDLQ GLW GH Âś/D /DQGH¡ MRX[WDQW OH FHQWUH -XOHV )HUU\22 et situĂŠ Ă Ă peine 1km de l’ancienne ‘Jungle’. Ainsi, les rĂŠfugiĂŠs issus de diffĂŠrentes communautĂŠs sont ĂŠloignĂŠs du centre-ville et ‘encampĂŠs’ Ă nouveau. Ce terrain est considĂŠrĂŠ comme ĂŠtant un ÂŤ espace en GHKRUV GXTXHO OHV PLJUDQWV VRQW FRQVLGpUpV LOOpJDX[ HW LQGpVLUDEOHV ÂŞ23. Ici, tout est Ă construire, Ă organiser.

21_ Ibidem. 22_ ÂŤÂ Un regroupement dĂŠcidĂŠ par l’État, il faut le redire, et non pas un campement ‘auto-ĂŠtabli’ par les migrants eux-mĂŞmes.  AGIER (Michel), ÂŤNe dĂŠtruisons pas le bidonville de Calais !Âť in Le Monde , (article en ligne), le 14.02.16. 23_AGIER (Michel), ÂŤÂ Habiter le monde autrement  in MEADOWS (Fiona)(dir.), Habiter le campement , Paris, Actes Sud/ CitĂŠ de l’Architecture et du Patrimoine, 2016, p23


28

UNHCR

1.3 Un ÂŤencampmentÂť p nouveau $ORUV SHXW RQ YUDLPHQW XWLOLVHU OH WHUPH GH ÂśFDPS¡ SRXU TXDOLĂ€HU FH WHUULWRLUH DXWR pWDEOL GH OD Âś1HZ -XQJOH¡" 4XDOLĂ€HU OD ÂśMXQJOH¡ j OD IRLV GH FDPS HW GH ELGRQYLOOH Q¡HVW LO SDV FRQWUDGLFWRLUH" 4XHOTXHV FODULĂ€FDWLRQV sĂŠmantiques apparaissent nĂŠcessaires Ă la comprĂŠhension du territoire que

G Gouvernement ent nt t interne ne a au u pays. ays s

reprĂŠsente la ‘jungle’. Les camps reprĂŠsentent une problĂŠmatique plus que jamais actuelle et planĂŠtaire. Il s’agit ÂŤ d’une des composantes majeures de la ‘sociĂŠtĂŠ

G Gouvernement

Usine

mondiale’, et le lieu de la vie quotidienne de dizaines de millions de personnes Âť . Selon Michel Agier, l’ensemble de ces camps peut ĂŞtre rassemblĂŠ sous le terme de ‘forme-camp’. Celui-ci se caractĂŠrise en 3 points. Le ÂśIRUPH FDPS¡ HVW KRUV GHV FDUWHV H[WUDWHUULWRULDOLWp KRUV GHV ORLV H[FHSWLRQ HW KRUV GH OD VRFLpWp H[FOXVLRQ 'DQV VRQ GHUQLHU RXYUDJH Un Monde de Camps 25, Michel Agier et ses collaborateurs dressent et donnent Ă voir XQ SDQRUDPD GH FHV FDPSV j WUDYHUV OH PRQGH 2Q \ UHWURXYH W\SRORJLHV diffĂŠrentes de camps basĂŠes sur la façon dont ils sont administrĂŠs et dirigĂŠs. '¡XQH SDUW LO \ D OHV FDPSV RIĂ€FLHOV GH UpIXJLpV DGPLQLVWUpV SDU OHV DJHQFHV internationales comme le HCR et l’UNRWA26 '¡DXWUH SDUW LO H[LVWH OHV camps de dĂŠplacĂŠs internes gĂŠrĂŠs par les gouvernements, les centres de rĂŠWHQWLRQ DGPLQLVWUDWLYH HW OHV FDPSV GH WUDYDLOOHXUV PLJUDQWV (QĂ€Q LO \ D OD

Auto-organisation

catĂŠgorie des camps auto-ĂŠtablis dans laquelle la ‘New Jungle’ de Calais est placĂŠe. Si les autres catĂŠgories semblent administrĂŠes, rĂŠgulĂŠes et organisĂŠes par une organisation ou une autoritĂŠ, le cas de la ‘jungle’ de Calais , auto-ĂŠtabli de manière forcĂŠe, est bien diffĂŠrent. En effet, mĂŞme si l’État intervient par l’intermĂŠdiaire des forces de l’ordre ou de l’association locale La vie active, la ‘jungle’ s’auto-construit et s’auto-organise avec l’aide de bĂŠnĂŠvoles et d’ONG indĂŠpendants.

Les 5 typologies Êtablies par M.Agier ŠEugÊnie Carlier

Le terme ‘camp’ renvoie Ă l’idĂŠe d’un ÂŤ espace rĂŠservĂŠ Ă des usages VSpFLĂ€TXHV 3DU FRQVpTXHQW F¡HVW OD IRQFWLRQ XQLTXHPHQW TXL GpĂ€QLW OH

24_ CAILLOCE (Laure)  Les camps, l’autre destination des migrants  in CNRS Le Journal, (article en ligne), le 28.11.2014 25_ AGIER (Michel)(dir.), Un monde de camps. Paris, La dÊcouverte, 2014, 422 p. 26_ UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East) L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les rÊfugiÊs de Palestine dans le ProcheOrient.


29

camp Âť27. Roger Brunet dans Les mots de la gĂŠographie28 va plus loin. Il GpĂ€QLW OH WHUPH GH ÂśFDPS¡ FRPPH Š XQH SULVRQ RX XQ DVLOH SRXU GHV SHUsonnes que l’on ne peut voir ailleurs sur leur territoire ou qui en ont ĂŠtĂŠ chassĂŠes Âť, rĂŠpondant donc Ă la dĂŠcision d’une sociĂŠtĂŠ et de son idĂŠologie, FHOOH G¡H[FOXUH O¡DXWUH On retrouve ĂŠgalement cette idĂŠe dans le mot ÂŤ encampment Âť, transposĂŠ et utilisĂŠ en français par Michel Agier, pour traduire l’idĂŠe d’une mise en camp SDU FKRL[ SROLWLTXH 'DQV OH FDV GH OD Âś1HZ -XQJOH¡ OD QRWLRQ GH ÂśFDPS¡ HVW valable du fait qu’elle rĂŠsulte de la dĂŠcision de l’État de rassembler les H[LOpV HQ XQ VHXO HW PrPH OLHX OH WHUUDLQ GH ÂśOD /DQGH¡ 3DU FRQVpTXHQW OD ‘jungle’ est un camp dans sa dimension fonctionnelle et politique, celle de UDVVHPEOHU HW GH UHQGUH LQYLVLEOH OHV H[LOpV EORTXpV j &DODLV29. L’usage du terme ‘bidonville’ semble complĂŠmentaire dans le cas de Calais. D’une part, dans sa dimension constructive, car c’est un ÂŤ ensemble G¡KDELWDWLRQV SUpFDLUHV HW VDQV K\JLqQH JpQpUDOHPHQW IDLWHV GH PDWpULDX[ GH UpFXSpUDWLRQ GDQV OHVTXHOOHV YLYHQW GHV SRSXODWLRQV H[FOXHV ÂŞ30. D’autre part, c’est un bidonville, comme le dĂŠfend Elisabeth Dorrier-Apprill dans son ouvrage Vocabulaire de la ville31. Par son caractère juridiquement prĂŠFDLUH OH ULVTXH GH GpPDQWqOHPHQW H[LVWH ,O V¡DJLW G¡XQ FDPS Š GRQW RQ QH SHXW JDUDQWLU OD GXUpH OD VROLGLWp OD VWDELOLWp TXL j FKDTXH LQVWDQW SHXW rWUH remis en cause Âť32. C’est un bidonville tolĂŠrĂŠ mais qui n’en reste pas moins illĂŠgal. Cette notion est d’autant plus forte que ce qui le diffĂŠrencie des bidonvilles usuels, c’est le caractère transitoire de sa population. La ‘jungle’ se construit au fur et Ă mesure que la frontière se durcit avec une population SDUDGR[DOHPHQW HQ H[LO $ OD GLIIpUHQFH GHV ELGRQYLOOHV FRPPH OHV vilas miserias d’AmĂŠrique hispanique, les favelas brĂŠsiliennes, les bustees de Calcuta ou les slums en Inde et en ThaĂŻlande, la population ici n’a pas pour intention de s’Êtablir de manière durable. 27_GEORGE (Pierre) VERGER (Ferdinand)(dir.) Dictionnaire de la gĂŠographie, Paris, Presses Universitaires de France, 2013 - Le mot ÂŤcampÂť. 28_ BRUNET (Roger) FERRAS (Robert) THERY (HervĂŠ)(dir.), Les mots de la GĂŠographie, Paris, La documentation Française, 2005.- Le mot ÂŤcampÂť p.81 29_ THOMAS (Olivier), op.cit. 30_ MERLIN(Pierre) CHOAY(Françoise)(dir.), Dictionnaire de l’urbanisme et de l’amĂŠnagement, Paris, Presses Universitaires de France, 2000 - Le mot ÂŤBidonvilleÂť p.125 31_ DORRIER-APPRILL (Elisabeth), Vocabulaire de la ville, Paris, Du temps, 2001 - Le mot ÂŤBidonvilleÂť p. 72 32_ BRAUDO (Serge) Dictionnaire du droit privĂŠ, (dĂŠfinition en ligne)- Le mot ÂŤprĂŠcaireÂť Disponible sur http://www.dictionnaire-juridique.com


30

Favelas, dont les habitations sont, sans cesse, en constructions.

ŠCatalytic communities


31

Les bidonvilles usuels sont pour la plupart le rĂŠsultat de ÂŤ la misère UXUDOH TXL QRXUULW OH Ă X[ GH O¡H[RGH UXUDO HW GRQF OD PLVqUH XUEDLQH ÂŞ33 en marge des grandes villes. Ces baraques sont progressivement consolidĂŠes car elles sont l’investissement d’un mĂŠnage, le travail d’une vie. Ainsi, ces quartiers informels sont ÂŤ au moins partiellement, composĂŠs de maison en dur, surtout Ă l’occasion de procĂŠdures de rĂŠgularisation ou consolidation IRQFLqUH TXL SHUPHWWHQW DX[ UpVLGHQWV GHYHQXV SURSULpWDLUHV G¡LQYHVWLU GDQV OHXU KDELWDW VDQV ULVTXHU GH SHUGUH WRXW OHXU LQYHVWLVVHPHQW SDU H[SXOsion. Âť /HV UpIXJLpV HX[ Q¡RQW SDV OD YRORQWp GH V¡pWDEOLU HW GH YLYUH GDQV la ‘jungle’, ni de la rendre pĂŠrenne. Ce qu’il faut retenir de ce travail sĂŠmantique, c’est que la ‘jungle’est XQ FDPS GDQV VD GLPHQVLRQ SROLWLTXH F¡HVW j GLUH GH UDVVHPEOHU HW G¡H[clure. La notion de bidonville renvoie plutĂ´t Ă une dimension prĂŠcaire par son statut illĂŠgal mais aussi par ses constructions vĂŠtustes. Certains mĂŠdias j WUDYHUV O¡HPSORL GH O¡H[SUHVVLRQ Š -XQJOH G¡eWDW ÂŞ PHWWHQW HQ pYLGHQFH WRXW OH SDUDGR[H TXL H[LVWH HQWUH OD QRWLRQ GH FDPS HW OD QRWLRQ GH bidonville. Le terme ‘jungle’ fait ĂŠcho Ă la prĂŠcaritĂŠ d’un camp pourtant ĂŠtabli d’après la dĂŠcision politique d’un gouvernement dont les initiatives d’amĂŠnĂŠnagements sont faibles. Cependant, comme pour les bidonvilles usuels, certains acteurs de la sociĂŠtĂŠ civile considèrent qu’on ÂŤ ne peut plus continuer la politique du SLUH TXL FRQVLVWH j ODLVVHU OHV JURXSHV VRFLDX[ OHV SOXV GpPXQLV V¡HQWDVVHU GDQV GHV WDXGLV XUEDLQV VRXV SUpWH[WH TXH O¡H[WUrPH SUpFDULWp GHV FRQGLtions de vie dĂŠcouragera Âť36 j G¡DXWUHV SHUVRQQHV GH YHQLU V¡\ LQVWDOOHU 'H ce fait, il a pu ĂŞtre observĂŠ que de nombreuses initiatives bĂŠnĂŠvoles sont PHQpHV GDQV OD ÂśMXQJOH¡ DĂ€Q G¡DPpQDJHU HW G¡DPpOLRUHU OHV FRQGLWLRQV GH vie des rĂŠfugiĂŠs.

33_ DRUMMOND(Didier), Architectes des favelas, Paris, Dunod, 1981, p.V 34_ DORRIER-APPRILL (Elisabeth), op. cit. 35 _ SABEYRAN(HaydÊe)  A Calais, une jungle d’Etat pour les migrants in LibÊration, (article en ligne), le 02.04.15, 36_ DRUMMOND(Didier), op. cit, p.V


ŠGrainne Hasset

32


2

LA CONSTRUCTION DE LA‘NEW JUNGLE’ PAR DES ACTEURS EXOGÈNES

33


34

1

-The Jungle Books-

2

-Théatre Good ChanceJoe & Joe

8 3 13

3 -Abris MSF/AHFW-

12

4 -Centre femmes/enfantsGrainne Hasset Team

2

7

4

5

-Centre de thérapieGrainne Hasset Team

9 1 10

6 -AbrisMartin et Alban

11

6

7 -Clinique C de vaccinationGrainne Hasset Team

100m

N

Carte de localisation des constructions analysées dans la ‘Jungle’ _Réalisée en Janvier 2016.

8 -AbrisKate Adams

9

10

11

13

12

-Abris-

-Centre jeunesse-

-Ecole Laïque du

-Belgian Kitchen-

-Little Ashram Kitchen-

MSF

Grainne Hasset Team

Chemin de Dunes-

Collectif Baya

Ashram Kitchen Team

Zimako Après janvier 2016


35

'DQV FH FRQWH[WH R OD SUpFDULWp HVW JUDQGH GHV EpQpYROHV LQWHUQDWLRQDX[ YHQXV GH WRXV KRUL]RQV GpFLGHQW SRXUWDQW G·HQWUHSUHQGUH HW GH FRQVWUXLUH DÀQ G·DPpOLRUHU OHV FRQGLWLRQV GH YLH GHV H[LOpV HW G·DSSRUWHU XQ SHX SOXV GH GLJQLWp j FHV GHUQLHUV &HV DFWHXUV H[RJqQHV VRQW XQ GHV SULQFLSDX[ PRWHXUV GDQV OD FRQVWUXFWLRQ GH FH WHUULWRLUH $LQVL SURJUHVVLYHPHQW HQ YXH GH O·KLYHU OD ¶MXQJOH· GH WRLOHV V·HVW KDELOOpH GH WDVVHDX[ GH SDQQHDX[ HW GH VWUXFWXUHV UREXVWHV 3RXUWDQW OH WUDYDLO PHQp SDU FHV EpQpYROHV Q·HVW VRXYHQW SDV UHOD\p j OD hauteur de leur tâche. Il serait toutefois pertinent de s‘intéresser à cela et d’éclaircir les conditions de mise en oeuvre de tels projets constructifs dans FH W\SH GH WHUULWRLUH WULVWHPHQW YRXp j SHUGXUHU DXMRXUG·KXL $XWUHPHQW GLW comment construit-on dans un territoire en mouvement tel que celui de la ‘Jungle’ ? Quels sont les composants de ce processus constructif mené par GHV DFWHXUV H[RJqQHV GH OD FRQFHSWLRQ j OD FRQVWUXFWLRQ " 4XHOOHV LQWHUDFWLRQV H[LVWH LO HQWUH FHV GHUQLHUV " 3RXU FHOD M·DL VXLYL j GLIIpUHQWV QLYHDX[ G·DYDQFHPHQW DX FRXUV GH SOXVLHXUV YLVLWHV GH VHSWHPEUH j DYULO HQYLURQ SURMHWV GH construction37 allant de l’abri à l’équipement communautaire. De ce fait, XQH YXH G·HQVHPEOH GH FHWWH G\QDPLTXH FRQVWUXFWLYH HW GH VHV ÀOLqUHV D SX être établie.

2.1 /L’avant projet-s’introduire p j pour p agir g

Avant la mise en place d’un projet de construction, beaucoup des intervenants rencontrés ont généralement commencé par une visite de la ‘New Jungle’. Tout comme dans un projet classique, cette première visite de terrain est essentielle puisque c’est à cette occasion que se mettent en place les premières prises de contact et de connaissance de ce territoire ainsi que de ses acteurs et de leurs besoins.

EQ 6HSWHPEUH ORUV GH PD SUHPLqUH YHQXH LQÀOWUpH FRPPH Ep (Q 6HSWHPEUH ORUV GH PD SUHPLqUH YHQXH LQ¿OWUpH GDQV O¶pTXLSH QpYROH GDQV O·pTXLSH GH O·DVVRFLDWLRQ EULWDQQLTXH +DQGV ,QWHUQDWLRQDO pJDOHGH O¶DVVRFLDWLRQ $1'6 17(51$7,21$/ pJDOHPHQW HQ REVHUYDWLRQ LO H[LVWDLW PHQW HQ REVHUYDWLRQ LO H[LVWDLW XQH VRUWH G·DSSUpKHQVLRQ IDFH j OD UpDOLWp GX XQH VRUWH G¶DSSUpKHQVLRQ IDFH j OD UpDOLWp GX WHUUDLQ TXL P¶DWWHQGDLW HW FH WHUUDLQ TXL P·DWWHQGDLW HW FH TXH MH SHQVDLV GpMj FRQQDLWUH j WUDYHUV OHV PpTXH MH SHQVDLV GpMj FRQQDLWUH j WUDYHUV OHV PpGLDV -H IXV WUqV VXUSULVH SDU GLDV -H IXV WUqV VXUSULVH SDU O·DPSOHXU GX FDPS PDLV DXVVL SDU WRXWH O·DFWLYLWp O¶DPSOHXU GX FDPS PDLV DXVVL SDU WRXWH O¶DFWLYLWp EpQpYROH TXL V¶\ GpURX EpQpYROH TXL V·\ GpURXODLW 3HX GH WHPSV DSUqV O·H[SORVLRQ GH OD FULVH PLJUDODLW 3HX GH WHPSV DSUqV O¶H[SORVLRQ GH OD FULVH PLJUDWRLUH GXUDQW O¶pWp 37_ les tableaux d’analyses sont disponibles en annexe. p. 94


36

OD PRELOLVDWLRQ pWDLW IRUWH &RPPH XQH IRXUPLOOLqUH GHV JURXSHV G¶LQGLYL WRLUH GXUDQW O·pWp OD PRELOLVDWLRQ pWDLW IRUWH &RPPH XQH IRXUPLOLqUH GHV GXV FKDFXQ SRUWDQW ¿qUPHQW OHV FRXOHXUV GH OHXU DVVRFLDWLRQ V¶DFWLYDLHQW JURXSHV G·LQGLYLGXV FKDFXQ SRUWDQW ÀqUHPHQW OHV FRXOHXUV GH OHXU DVVRFLDWLRQ j GLIIpUHQWHV WkFKHV VRLQV GLVWULEXWLRQV FRQVWUXFWLRQV &H TXL IXW OH SOXV V·DFWLYDLHQW j GLIIpUHQWHV WkFKHV VRLQV GLVWULEXWLRQV FRQVWUXFWLRQV &H TXL IXW GpVWDELOLVDQW F¶pWDLW FHWWH WUqV IRUWH SUpVHQFH %ULWDQQLTXH -H QH PH UDSSHOOH OH SOXV GpVWDELOLVDQW F·pWDLW FHWWH WUqV IRUWH SUpVHQFH EULWDQQLTXH -H PH VXLV VHQEDV DYRLU SDUOHU DYHF XQ TXHOFRQTXH IUDQoDLV FH ZHHN HQG Oj /HV IUDQoDLV WLH GpSDVVpH SDU WRXWH FHWWH HIIHUYHVFHQFH &H Q·HVW TXH ELHQ SOXV WDUG TXH M·DL SX IDLUH OD UHQFRQWUH G·DXWUHV EpQpYROHV IUDQoDLV SRXUWDQW ELHQ SUpVHQWV (Q HIIHW GDQV FH FRQWH[WH LQIRUPHO FRQVWDPPHQW HQ PRXYHPHQW HW IDFH j O·XUJHQFH GH OD VLWXDWLRQ LO HVW ELHQ VRXYHQW GLIÀFLOH G·REWHQLU GHV

15 C’est le nombre de pages et groupes Facebook identifiés comme étant relatifs à des projets constructifs uniquement dans la ‘jungle’ de Calais.

LQIRUPDWLRQV FODLUHV HW DFWXHOOHV PrPH V·LO H[LVWH XQ LPSRUWDQW WUDYDLO GH FRPPXQLFDWLRQ PHQp SDU OHV DVVRFLDWLRQV SUpVHQWHV YLD OHV UpVHDX[ VRFLDX[ ou des sites internet, à travers lesquels la mobilisation est motivée et rassemblée. Cependant, la profusion de ces pages internet peut parfois porter j FRQIXVLRQ VXU O·LGHQWLÀFDWLRQ HW O·DFWLRQ GH FHV DVVRFLDWLRQV HW GH FHV FROlectifs tant les pages sont nombreuses. On \ FRQVWDWH OD FRRSpUDWLRQ LPSRUWDQWH HQWUH FHV JURXSHV QRWDPPHQW HQ SDUWDJHDQW OHV DSSHOV DX[ GRQV GH FKDFXQ ,O \ D QRWDPPHQW XQH SDJH Facebook de « Building in Calais jungle », initialement tenue par un membre de l’association locale l’Auberge des migrants, qui met en lumière toutes les initiatives constructives menées dans la ‘jungle’ sans disctinction.

(Q DUSHQWDQW FH WHUULWRLUH OD UHQFRQWUH GH VHV DFWHXUV H[LOpV HW

>La prise de contact et l’évaluation des besoins

bénévoles- permet le recueil d’informations qui seront primordiales pour QRXUULU OD GpPDUFKH GX SURMHW (Q QRYHPEUH M·DL G·DERUG IDLW OD UHQcontre de Grainne Hasset, une architecte Irlandaise, lors de la construction de la clinique de vaccination Hands International. Par la suite, l’hi-

SOCIETE CIVILE - Appels aux dons - Mobilisation de l’opinion - Communication des actions

ver arrivant, la ‘jungle’ était dans une sorte d’effervescence constructive.

ETAT -Saisir le conseil d’État -Solliciter l’intervention

Aides

LES RÉFUGIES

-LES BÉNÉVOLES et ONG‘couche intermédiaire’

- coexistent - coopèrent

Les interactions de la ‘couche intermédiaire’. ©Eugénie Carlier

Ainsi, c’est en m’attardant à chaque bruit de marteau ou de perceuse lors des visites suivantes que j’ai pu rencontrer d’autres entrepreneurs comme Martin et Alban GHX[ DUFKLWHFWHV )UDQoDLV UpDOLVDQW GHV DEULV GXUDQW OHXU temps libre, de Kate Adams, dramaturge britannique à la tête du projet Flat Pack Disaster Shack, ou encore de Zimako, réfugié et initiateur de l’école /DwTXH GX &KHPLQ GHV 'XQHV FKDFXQ pWDQW SUrW j GLVFXWHU HW SDUWDJHU VRQ H[SpULHQFH 39

38_ Les prénoms ont été modifiés. 39_ Voir la frise chronologique disponible en annexe p.93


37

/D SULQFLSDOH GLIÀFXOWp ORUV GHV SUHPLqUHV YLVLWHV UpVLGH GDQV OH IDLW

-Un travail d’écoute

TX·LFL LO Q·H[LVWH SDV YUDLPHQW G·LQWHUORFXWHXU RIÀFLHO QL GH UqJOHV RX GH VFKpPD GLUHFWHXU $XWUHPHQW GLW LO Q·\ D SDV YpULWDEOHPHQW G·DSSHO G·RIIUH GH FOLHQW RX GH FDKLHU GHV FKDUJHV ,O H[LVWH MXVWH GHV EHVRLQV pOpPHQWDLUHV DX[TXHOV LO IDXW VXEYHQLU WHOV TX·KpEHUJHU QRXUULU VRLJQHU PDLV DXVVL DLGHU enseigner et divertir. Les intentions de ces bénévoles consistent en l’apport d’une aide concrète et directe en réponse à un besoin . Souvent, ces acteurs viennent de manière ponctuelle et pour une durée limitée, il leur faut alors être efÀFDFH $ WUDYHUV FHV SUHPLqUHV SULVHV GH FRQWDFW GHV OLHQV HVVHQWLHOV GH FRQÀDQFH VH FUpHQW HQWUH HX[ HW OHV UpIXJLpV &HOD GHPDQGH GH OD SDWLHQFH HW GH O·LPSOLFDWLRQ ELHQ DX GHOj GH OD ÀQ GX FKDQWLHU /HV UpIXJLpV SDtients, discutent, se livrent et racontent leur histoire. Dès le départ, en tant TX·DFWHXU H[RJqQH FHOD SDVVH SDU XQ WUDYDLO G·pFRXWH GH FRPSUpKHQVLRQ et par le fait d’admettre que l’on ne sait rien véritablement de ce que les réfugiés vivent &HV GHUQLHUV © VDYHQW H[DFWHPHQW FH TXL D EHVRLQ G·rWUH IDLW OH FRQWH[WH HVW WUqV LPSRUWDQW ª . Rappelant l’approche sociologique de Clifford Greetz , nommée « thick description », cette première visite est une façon de passer outre la simple observation. Les intervenants passent VRXYHQW SOXVLHXUV MRXUV j YLYUH DX U\WKPH GH OD ¶MXQJOH· GDQV OH EXW GH GpFHQWUHU OHXU UHJDUG GH FRQWH[WXDOLVHU HW GH PLHX[ VDLVLU OHV HQMHX[ DÀQ GH leur donner sens par la suite dans la conception du projet.

-Une communication orale

Au sein de la ‘jungle’, le relationnel est important puisque la communication repose principalement sur le principe du ‘bouche à oreille’ avec les rumeurs, parfois absurdes, que cela peut impliquer. C’est de cette manière que Kate Adams, à ses débuts, s’est entendu dire que « toutes constructions réalisées à l’aide d’outils électriques tels qu’une visseuse ou

40_ « Projects start in response to issues that directly affect people’s lives » p.213 L.ROSA (Marcos), WEILAND (Ute) (dir.), Handmade urbanism: Mumbai, Sao Paulo, Istanbul, Mexico City, Cape Town : from community initiatives to participatory models, Berlin, Jovis, 2013, p.213 41_ « "( 6(/'20 7$.( 7+( 7,0( 72 +80%/( 2856(/9(6 72 6$< ? '21@7 81'(567$1'@ 72 $6. &20081,7,(6 :+$7 7+(< $&78$//< 1((' !+(< .12: (;$&7/< :+$7 1(('6 72 %( '21( &217(;7 ,6 62 ,03257$17 Ibidem. p.214 42_ GEERTZ (Clifford), « La description dense »in Enquête, (article en ligne), le 15.03.2013

Rencontres et discussions, entre bénévoles et réfugiés. ©Eugénie Carlier


38

©A Home for Winter

©A Home for Winter

L’entrepôt de l’Auberge des Migrants prêté au collectif A Home for Winter pour la réalisation des abris. Il accueillera aussi MSF quelques mois en cohabitation.


39

XQH SHUFHXVH VHUDLHQW V\VWpPDWLTXHPHQW GpPRQWpHV ÂŞ . Kate Adams, sceptique, a choisi de ne pas prendre en compte cette donnĂŠe pour mener Ă bien son projet. C’est ĂŠgalement Ă la suite de ÂŤ bruits de la jungle Âť Ă propos du besoin urgent de protĂŠger les femmes et les enfants dans le camp que le centre qui leur est dĂŠdiĂŠ Ă vu le jour. Grainne Hasset, venue une première fois en $R€W avait en tĂŞte de rĂŠaliser une cuisine communautaire. Cependant, après cette première visite, l’architecte irlandaise compris, Ă la demande d’une bĂŠnĂŠvole britannique, que la prioritĂŠ ĂŠtait de crĂŠer un espace de repli pour protĂŠger les femmes et enfants, une population vulnĂŠrable et peu visible. &H TXH O¡RQ FRPSUHQG j WUDYHUV FHV H[HPSOHV F¡HVW OD OLEHUWp G¡LQLtiative de chacun basĂŠe sur un travail d’Êcoute et de terrain menĂŠ en amont et dont l’unique but demeure l’amĂŠlioration des conditions de vie dans la ÂśMXQJOH¡ /D SULVH GH GpFLVLRQ IDFH j FH FRQWH[WH QRQ QRUPp HW FRGp VH Upalise alors selon ces considĂŠrations et avec discernement.

-Intervenir sous-couvert d’une association ou une ONG

D’autres acteurs mènent ĂŠgalement ce travail, en amont, d’Êcoute et de terrain. Cependant, ils interviennent directement dans le campement sous couvert d’une ONG ou d’une association en tant que chargĂŠ de mission ou sous-traitant. C’est le cas de Lionel Vacca, menuisier français de formation et spĂŠcialiste de la maison Ă ossature bois, qui est devenu chef de mission DEULV FKH] Š 0pGHFLQV VDQV )URQWLqUH ÂŞ 06) )RUW G¡XQH H[SpULHQFH SUpcĂŠdente dans l’humanitaire dans les annĂŠes 90, ce dernier a ĂŠtĂŠ engagĂŠ pour concevoir et gĂŠrer la production des abris MSF de la ‘jungle’ de novembre j PDUV FRQĂ€DQW DORUV SRXU TXHOTXHV WHPSV VRQ HQWUHSULVH j VHV associĂŠs. De la mĂŞme manière, l’association locale l’Auberge des Migrants D FRQĂ€p VD SURGXFWLRQ G¡DEULV DX FROOHFWLI A Home For Winter, composĂŠ de GHX[ DUFKLWHFWHV EULWDQQLTXHV 3DU DLOOHXUV LO \ D DXVVL 0DUWLQ HW $OEDQ OHV GHX[ DUFKLWHFWHV IUDQoDLV TXL sont intervenus durant leur temps libre en demandant Ă plusieurs associaWLRQV GH Ă€QDQFHU OHXU SURMHW G¡DEULV j RVVDWXUH ERLV Le fait de passer par l’intermĂŠdiaire d’une ONG ou d’une associa-

43_ voir le questionnaire de Kate Adams en annexe, p. 102 44_ voir le questionnaire de Grainne Hasset en annexe, p. 104


40

Extrait Architecture et réduction du risque plan guide d’intervention dans la ‘Jungle’ de Calais par les étudiants en DSA- Risques Majeurs de ENSA Paris-Belleville


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WLRQ HVW XQH IDoRQ G¡REWHQLU UHODWLYHPHQW SOXV IDFLOHPHQW GHV DLGHV Ă€QDQcières et logistiques. Le collectif A Home for Winter a ainsi obtenu le prĂŞt G¡XQ HQWUHS{W SDU VRQ SURSULpWDLUH HW XQH SDUWLH GX Ă€QDQFHPHQW GHV DEULV SDU l’Auberge des Migrants. Quant Ă Lionel Vacca, par l’intermĂŠdiaire de MSF, il a pu embaucher en intĂŠrim une ĂŠquipe qu’il a lui mĂŞme formĂŠ, obtenir un HQWUHS{W HW OHV Ă€QDQFHPHQWV SRXU OD SURGXFWLRQ NĂŠanmoins, c’est aussi une manière pour ces professionnels d’Êviter de porter prĂŠjudice Ă leur carrière dans le futur par leur prise de position vis Ă vis d’un sujet aussi polĂŠmique que le camp des rĂŠfugiĂŠs Ă Calais. En effet, FHUWDLQV DUFKLWHFWHV RQW FRQĂ€p FUDLQGUH GH SHUGUH GHV FRPPDQGHV SXEOLTXHV si leur implication venait Ă ĂŞtre rĂŠvelĂŠe. Ainsi, ils se protègent derrière une association qui prend en quelque sorte en charge la responsabilitĂŠ du ‘bâtiment’. Les contrats sont signĂŠs au nom des associations et organisations QRWDPPHQW SRXU OD FRPPDQGH GH PDWpULDX[ &¡HVW OH FDV GDQV OH FDGUH GX SDUWHQDULDW HQWUH 0DUWLQ $OEDQ HW OH 6HFRXUV &DWKROLTXH R OHV LQIRUPDWLRQV au sujet des concepteurs et du lieu de production ne sont pas communiTXpHV /H SDUWHQDULDW HVW GRQF RIĂ€FLHX[ PDLV SDV RIĂ€FLHO >Evaluation des conditions Durant cette première visite, les conditions rĂŠelles du terrain sont ĂŠvaluĂŠes. La prise en compte de ces ĂŠlĂŠments est importante pour la bonne mise en oeuvre du projet. En effet, Calais est soumis Ă un climat ocĂŠanique DYHF VHV SOXLHV HW VHV ERXUUDVTXHV /HV PDWpULDX[ HPSOR\pV GRLYHQW GRQF

Les usines chimiques avoisinant la ‘jungle’. ŠEugĂŠnie Carlier

rĂŠpondre Ă cela en ĂŠtant robustes et rĂŠsistants Ă l’humiditiĂŠ. Grainne Hasset a ainsi revu, dès son retour en Irlande, ses esquisses en changeant notamPHQW OHV PDWpULDX[ SRXU TX¡LOV VRLHQW SOXV UpVLVWDQWV j O¡KXPLGLWp HW DX[ IRUFHV H[HUFpHV SDU OHV WHPSrWHV De plus, le terrain vierge de la Lande est constituĂŠ de nombreuses zones inondables et est, de surcroĂŽt, classĂŠ partiellement en zone Seveso, du fait GHV XVLQHV FKLPLTXHV j SUR[LPLWp 3DUDGR[DOHPHQW F¡HVW pJDOHPHQW XQH zone d’intĂŠrĂŞt ĂŠcologique (ZNIEFF) GH W\SH . Par consĂŠquent, il n’est pas possible de creuser et de mettre en place de quelconques fondations, ni d’utiliser du bĂŠton. Les constructions sont alors d’emblĂŠe prĂŠcaires tant par leur matĂŠrialitĂŠ que par leur temporalitĂŠ. Par ailleurs, les conditions du terrain, telle que l’absence de vraies routes 45_ Selon le Plan Local d’Urbanisme : ÂŤ Toutes les constructions et tous travaux de drainage, remblaiement, comblement ou susceptibles d’entraĂŽner la dĂŠgradation des fonctions hydrologiques et ĂŠcologiques de la zone humide protĂŠgĂŠe sont interdites .Âť

Extrait du PLU de Calais. Le cercle hachurÊ correspond à la zone Seveso. En vert, il s’agit de la ZNIEFF.


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FDUURVVDEOHV RX GH UpVHDX[ pOHFWULTXHV LQĂ XHQFHURQW DXVVL OD ORJLVWLTXH GH chantier. Ces donnĂŠes constituent dès lors les premières contraintes Ă respecter, Ă dĂŠfauts de règles ĂŠtablies, s’imposant par les caractĂŠristiques mĂŞme du Construction de d la Little Ashram Kitchen - Mars 2016 ŠLittle Ashram Kitchen

Croquis de conception d’un abris par Flat Pack Disaster Shack ŠKate Adams

VLWH /HV EpQpYROHV WHQWHQW DX PLHX[ GH OHV UHVSHFWHU DĂ€Q GH QH SDV DFFURvWUH OD UHPLVH HQ FDXVH GH O¡H[LVWHQFH GX ELGRQYLOOH QL OD SUpFDULWp ODWHQWH HW OHV PDXYDLVHV FRQGLWLRQV GH YLH &HSHQGDQW DXFXQH VDQFWLRQ Q¡H[LVWH HQ FDV GH non-respect de ces contraintes. . D’autres initiatives tentent de maĂŽtriser, dans la mesure du possible, OD G\QDPLTXH FRQVWUXFWLYH TXL VH MRXH GDQV OD ÂśMXQJOH¡ 'XUDQW OD SpULRGH d’effervescence constructive prĂŠ-hivernale, un mĂŠdiateur issu de l’Auberge GHV 0LJUDQWV pWDLW HQ FKDUJH G¡LGHQWLĂ€HU OHV EpQpĂ€FLDLUHV HW OHV WHUUDLQV GLVponibles, en veillant Ă ce que les constructions nouvelles soient rĂŠalisĂŠes en dehors de la zone Seveso et en respect de la zone d’intĂŠrĂŞt ĂŠcologique. 8QH IRLV OHV EpQpĂ€FLDLUHV HW OH WHUUDLQ LGHQWLĂ€pV FH PpGLDWHXU OHV PHW DORUV HQ UHODWLRQ DYHF OHV EpQpYROHV OH MRXU GH OD FRQVWUXFWLRQ DĂ€Q TX¡LOV SXLVVHQW FRQYHQLU HQVHPEOH GH O¡LPSODQWDWLRQ SDU H[HPSOH Par ailleurs, les ĂŠleves du DSA des risques majeurs de l’ENSA Paris-BelleYLOOH RQW DXVVL PLV HQ SODFH XQH JXLGH GH FRQVWUXFWLRQ DĂ€Q G¡DSSRUWHU OHV conseils nĂŠcessaires Ă toute personne souhaitant construire dans la ‘jungle’.

2.2 / La conception p

Croquis dans l’entrepĂ´t de l’Auberge des migrants ŠEugĂŠnie Carlier

$SUqV OD SULVH GH FRQQDLVVDQFH GX VLWH HW GH VHV HQMHX[ OD SKDVH GH FRQFHSWLRQ SHXW GpEXWHU 'HX[ JUDQGV W\SHV G¡DSSURFKH RQW SX rWUH LGHQWLĂ€pV '¡XQH SDUW LO \ D O¡DSSURFKH TXH O¡RQ SHXW TXDOLĂ€HU GH Š FRQFHStion-construction Âť, c’est-Ă -dire que la conception et la construction se font GH PDQLqUH TXDVLPHQW VLPXOWDQpH YRLUH GH IDoRQ H[SpULPHQWDOH GLUHFWHment sur le terrain, Ă l’image de la Little Ashram Kitchen. D’autre part, il \ D O¡DSSURFKH SOXV UDWLRQQHOOH HW FODVVLTXH R OHV SURMHWV VRQW FRQoXV HQ DPRQW HW HQ GHKRUV GX FRQWH[WH PrPH GH OD Âś-XQJOH¡ 6L OD SDUWLFLSDWLRQ GHV UpIXJLpV j OD FRQFHSWLRQ HVW HQYLVDJHDEOH GDQV OH FDV GH ÂżJXUH GH Š FRQFHSWLRQ FRQVWUXFWLRQ ÂŞ VLPXOWDQpH HOOH QÂśHVW SDV UpHOOHPHQW QRWDEOH GDQV OHV DXWUHV SURMHWV DQDO\VpV /D SDUWLFLSDWLRQ GHV Up

Croquis de conception d’un Abris par Martin et Alban

IXJLpV H[LVWH SOXW{W j WUDYHUV OH VRQGDJH LQIRUPHO HQ DPRQW YX SUpFpGHP-

ŠMartin

46_ HANAPPE (Cyril) et les Êlèves du DSA-Risques Majeurs de ENSA Paris-Belleville, op. cit.


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ment. En effet, la phase de conception est consacrĂŠe principalement Ă OD WHFKQLTXH DĂ€Q GH FRQVWUXLUH GH PDQLqUH HIĂ€FDFH DXWDQW WHFKQLTXHPHQW qu’Êconomiquement. L’usage ou le lieu d’implantation ne sont pas des ĂŠlĂŠPHQWV GpWHUPLQDQWV HW GpĂ€QLWLIV GDQV OD FRQFHSWLRQ De l’abri comme module habitable Ă l’Êquipement communautaire comme espace de rassemblement, les projets sont conçus de manière Ă ĂŞtre neutres et donc facilement adaptables. Ceci correspond Ă une nouvelle approche de la conception du projet dĂŠcrite dans l’ouvrage Handmade Urbanism: ÂŤ On conçoit peu pour GpWHUPLQHU QRXV WHQGRQV SOXW{W j FRQFHYRLU GH PDQLqUH RXYHUWH HW Ă H[LEOH de façon Ă ce que le projet puisse ĂŠvoluer dans le temps et accueillir parfois plusieurs usages Âť . Les structures de Grainne Hasset devaient au dĂŠpart rWUH GHV OLHX[ GH UDVVHPEOHPHQW SRXU FKDTXH FRPPXQDXWp &HSHQGDQW LOV RQW SOXW{W pWp DWWULEXpV DX[ XVDJHV DVVRFLDWLIV FRPPH OD FOLQLTXH QH FKDQgeant alors en rien le design de la structure. La durĂŠe de la phase de conception des diffĂŠrents projets est globalement assez courte face Ă l’urgence et dure pour chacun environ 2 Ă 3 semaines. Dans le cadre d’une production en sĂŠrie tels que les abris de 06) RX GH O¡$XEHUJH GHV PLJUDQWV OD PLVH HQ SODFH G¡XQ SURWRW\SH HVW XQH manière d’Êtablir et de rĂŠgler diffĂŠrents paramètres. Il s’agit lĂ d’Êvaluer, SDU H[HPSOH OHV FR€WV GH SURGXFWLRQ OH process, les techniques de mise en oeuvre et la durĂŠe de montage. Le collectif A Home For Winter a eu O¡RFFDVLRQ GH WHVWHU HQ FRQGLWLRQV UpHOOHV VRQ SURWRW\SH GDQV OH TXDUWLHU GH

Prototype d’un abri MSF -Novembre 2015 ŠEugĂŠnie Carlier

la ‘jungle’ dit ÂŤ des familles Âť. Un premier abri fut donc construit Ă destination d’une famille dont la tente n’Êtait plus vivable. De cette première H[SpULHQFH LOV RQW DLQVL SX UHOHYHU TXHOTXHV SRLQWV j SHUIHFWLRQQHU ,O V¡DJLW notamment, de la procĂŠdure de mise en place sur le terrain qui gagnerait en temps Ă ĂŞtre plus organisĂŠe et nĂŠcessiterait quelques amĂŠliorations dans la manutention des cadres prĂŠfabriquĂŠs. 'DQV OD PrPH RSWLTXH *UDLQQH +DVVHW D FRQoX XQ SURWRW\SH DYHF l’Êquipe du FabLab de Limmerick, composĂŠe de volontaires et d’Êtudiants HQ DUFKLWHFWXUH &H SURWRW\SH GH VWUXFWXUH G¡HVSDFH FRPPXQDXWDLUH V¡LQVpire de celles en tubes cartonnĂŠes de l’architecte Shigeru Ban, utilisĂŠes Ă la VXLWH GHV WUHPEOHPHQWV GH WHUUH GH DX -DSRQ &H SURWRW\SH UpDOLVp HQ Irlande a permis de tester la structure ainsi que son montage et de prĂŠfabri-

Prototype FabLab Limerick et Grainne Hasset -Novembre 2015 ŠFabLabSAUL Calais Aid

47_ ÂŤ(...)rarely design to determine, tending rather to arrange open, flexible frameworks that can evolve over time and accommodate several overlapping programs.Âť L.ROSA (Marcos), WEILAND (Ute) (dir.), op. cit., p.213


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TXHU SDU H[HPSOH OHV SLqFHV G·DUWLFXODWLRQV FRPSOH[HV En parallèle, durant cette courte période, il faut également admiQLVWUHU OD SDUWLH ORJLVWLTXH TXL FRQVLVWH HQ OD UHFKHUFKH GH ÀQDQFHPHQWV GH IRXUQLVVHXUV GH PDLQ G·RHXYUH HW GH PR\HQ GH WUDQVSRUW

/HV PR\HQV GH ÀQDQFHPHQW VRQW GLYHUV HW VRXYHQW YDULpV SRXU XQ

VHXO HW PrPH SURMHW '·XQH SDUW OHV DVVRFLDWLRQV SDUWHQDLUHV ÀQDQFHQW j O·DLGH GHV GRQV ÀQDQFLHUV SULYpV UHoXV &HW DUJHQW VHUW QRWDPPHQW j O·DFKDW GHV PDWpULDX[ '·DXWUH SDUW XQ DXWUH V\VWqPH VHPEOH WURXYHU GX VXFFqV DXSUqV GHV EpQpYROHV LQGpSHQGDQWV ,O V·DJLW GHV FDPSDJQHV GH ÀQDQFHPHQW participatif (crowdfunding) par internet. Cela permet de générer des dons G·DUJHQW VLPSOLÀpV YLD LQWHUQHW WRXW HQ IDLVDQW OD SURPRWLRQ G·XQ SURMHW concret à un large public. Exemples de campagne de crowdfunding.

Si le crowdfunding SHUPHW O·DFKDW GH PDWpULDX[ OHV SURMHWV VH FRQVWUXLVHQW DXVVL j O·DLGH GH PDWpULDX[ UpFXSpUpV &·HVW OH FDV GH OD Litlle Ashram Kitchen. Cette cuisine communautaire est construite en récupérant des débris de la zone sud détruite et de toiles d’anciennes tentes MSF. Le

Construction de la clinique ©Grainne Hasset

Construction d’un abri par Martin et Alban

projet « Flat Pack Disaster Shack » organise des campagnes de dons de PDWpULDX[ FRPPH GHV SDOHWWHV /D SOXSDUW GHV DFWHXUV VRQW LVVXV GHV PpWLHUV de la construction ou du bâtiment, de ce fait, ils font appels à leurs contacts et fournisseurs pour obtenir gratuitement GHV PDWpULDX[ RX GHV SUL[ UpGXLWV sur leur commande. 3DU DLOOHXUV LO HVW LQWpUHVVDQW GH QRWHU TX·LO H[LVWH XQH WUqV IRUWH HQtraide entre les associations présentes sur le site. Ainsi, au départ, la section construction de ‘Médecins sans frontières’ fut hébergée dans l’entrepôt GH O·$XEHUJH GHV PLJUDQWV SRXU O·pODERUDWLRQ GX SURWRW\SH G·DEULV 06) ,O Q·HVW SDV UDUH TXH GLIIpUHQWHV DVVRFLDWLRQV SDUWLFLSHQW HQVHPEOH DX ÀQDQFHment d’un même projet. Ce fut le cas pour l’Ecole Laïque du Chemin des Dunes qui a reçu l’aide de nombreuses associations d’horizons différents ou encore de la Little Ashram Kitchen.

©Eugénie Carlier

Construction d’un abri MSF ©A Home For Winter

2.3 La construction

$YDQW O·DUULYpH VXU OH VLWH LO IDXW GpÀQLU O·HPSODFHPHQW R OH FKDQtier prendra place. A l’image des échos de la ‘jungle’, cette décision est négociée de manière assez informelle entre plusieurs acteurs dont les représentants de communautés et le médiateur de l’Auberge des Migrants. ,O HVW SRVVLEOH TXH O·HPSODFHPHQW VRLW GpÀQL j O·DUULYpH HQ IRQFWLRQ GHV WHU-


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rains disponibles. Ce fut le cas pour la clinique de vaccination ou la Little Ashram Kitchen, dans le soucis de ne pas dĂŠranger, autant que possible, une autre communautĂŠ ou ĂŞtre menacĂŠ de destruction suite Ă une dĂŠcision G¡DPpQDJHPHQW GX JRXYHUQHPHQW 3DU H[HPSOH OH G{PH Good Chance Calais a dĂŠmĂŠnagĂŠ une première fois car il ĂŠtait, au dĂŠpart, implantĂŠ sur la zone qui fut choisie pour le camp de conteneurs. La première ĂŠtape du chantier consiste souvent au dĂŠblaiement du terrain. Cela semble anodin pourtant cela participe Ă la prise de conscience de la marche en cours mais cela sensibilise ĂŠgalement sur la gestion des dĂŠchets, surtout vis Ă vis des espaces rĂŠsiduels qui seront probablement investis par la suite. /D FRQVWUXFWLRQ G¡DEULV GXUH HQ PR\HQQH GH K j K 3RXU GHV ĂŠquipements communautaires, cette phase de construction peut durer pluVLHXUV MRXUV &HV GXUpHV YDULHQW HQ IRQFWLRQ GHV HIIHFWLIV EpQpYROHV Ă XFWXDQWV $LQVL OHV Ă€QV GH VHPDLQH HW OHV YDFDQFHV VRQW VRXYHQW GHV SpULRGHV de grande activitĂŠ, Ă la diffĂŠrence des jours de semaine, plus calmes.

/D ORJLVWLTXH HVW XQ SRLQW SpULOOHX[ j JpUHU ,O IDXW VDYRLU IDLUH IDFH

Ă plusieurs dĂŠconvenues tout au long du chantier. De l’acheminement des PDWpULDX[ SDU GHV YRLHV SHX SUDWLFDEOHV j OD PpWpR GLIĂ€FLOH HQ SDVVDQW SDU O¡DEVHQFH G¡pOHFWULFLWp RX OH YRO GH PDWpULDX[ OHV pTXLSHV GRLYHQW IDLUH preuve de patience et de tactique. De ce fait, cela nĂŠcessite une organisation rigoureuse avant et pendant le chantier. '¡XQH SDUW FHWWH RUJDQLVDWLRQ VH WUDGXLW SDU OH FKRL[ GH PpWKRGH FRQVWUXFWLYH HPSOR\pH $ OD GLIIpUHQFH Ges projets construits directement sur site comme la Jungle Books, l’Ecole LaĂŻque du Chemin des Dunes ou

Ab i en Kit Abris A Home For Winter pour l’Auberge des migrants ŠHelp refugees

la clinique, la technique principalement utilisĂŠe pour les abris est la prĂŠfabrication. Cette mĂŠthode prĂŠsente plusieurs avantages. Celle-ci permettant d’apporter directement sur le terrain la construction dite ‘en kit’, la mise HQ RHXYUH HVW DORUV UDSLGH HW HIĂ€FDFH 3DU DLOOHXUV OD FRQVWUXFWLRQ pWDQW HQ SOXVLHXUV SDUWLHV LO HVW DORUV SOXV GLIĂ€FLOH G¡HQ YROHU OHV PDWpULDX[ PDLV LO est Ă noter que la manipulation en est rendue plus dĂŠlicate car les pièces sont lourdes.

(QVXLWH OD FRQVWUXFWLRQ œHQ NLW¡ SHUPHW DXVVL SOXV GH à H[LELOLWp $X

48_  (...) as observed , sanitation and recovery programs often start by cleaning an area with the help of a community , an important step as it tackles not only the problem of waste.  Ibidem, p 213

Discussion avant le montage d’un abris entre Martin et la famille bĂŠnĂŠficiaire. ŠEugĂŠnie Carlier


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Construction d’un abris en ‘kit’ par Martin, Alban, 2 charpentiers anglais et des réfugiés Syriens, en 3 heures, sous la pluie.5 _27 Novembre 2015 ©Eugénie Carlier

Construction de la clinique de vaccination avec Grainne Hasset,des bénévoles britanniques, un réfugié soudanais et un réfugié Afghan, en 4 jours. _9 Novembre 2015 ©Abi Evans ©Grainne Hasset ©Eugénie Carlier


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GpEXW GX FKDQWLHU OHV EpQpÀFLDLUHV SHXYHQW DORUV GLVFXWHU DYHF OHV FRQVWUXFteurs des différentes options de montage. Ainsi, par quelques mots mais VXUWRXW GHV JHVWHV O·pTXLSH HW OHV EpQpÀFLDLUHV GpÀQLVVHQW SDU H[HPSOH l’orientation de la construction ou encore de l’emplacement d’une porte ou d’une ouverture. Le collectif A Home For Winter offre aussi la possibilité DX[ UpIXJLpV GH PRQWHU HX[ PrPH OHXU DEULV HQ OHXU IRXUQLVVDQW OH ¶NLW· HW les outils nécessaires. Cela participe dans un sens au début de processus d’appropriation. /D SDUWLFLSDWLRQ GHV H[LOpV j OD SKDVH GH FRQVWUXFWLRQ GpSHQG GHV chantiers. Si MSF, pour des raisons juridiques, refuse la main d’oeuvre non SD\pH HW GRQF Q·DXWRULVH SDV OHV p[LOpV j SDUWLFLSHU G·DXWUHV FKDQWLHUV SOXV libres reçoivent l’aide de migrants. Le montage du dôme du théâtre Good Chance Calais DYHF O·DLGH GH UpIXJLpV GH GLIIpUHQWHV HWKQLHV IXW XQH H[Sprience forte et marquante dans la construction de la ‘jungle’. Par ailleurs, FHUWDLQV UpIXJLpV HX[ PrPH DUFKLWHFWHV RX LQJpQLHXUV LQVLVWHQW SRXU SDUWL-

La construction du Théatre Good Chance Calais ©Good Chance Calais

ciper à la construction. A l’image d’Ahmed, réfugié soudanais, dont j’ai fais la rencontre durant la construction de la clinique : 1RXV DYLRQV OH PrPH kJH 1RXV IDLVLRQV OHV PrPHV pWXGHV $KPHG pWDLW NRXV DYLRQV OH PrPH kJH HW QRXV IDLVLRQV OHV PrPHV pWXGHV $ pWDLW pWXGLDQW HQ pWXGLDQW HQ DUFKLWHFWXUH GDQV VRQ SD\V OH 6RXGDQ 1RXV pWLRQV Oj j DLGHU

DUFKLWHFWXUH GDQV VRQ SD\V OH 6RXGDQ 1RXV pWLRQV Oj j DLGHU O·pTXLSH GHV EpQpYROHV GH O¶pTXLSH GHV EpQpYROHV GH *UDLQQH +DVVHW SRXU OD FRQVWUXFWLRQ GH OD FOL *UDLQQH +DVVHW SRXU OD FRQVWUXFWLRQ GH OD FOLQLTXH QLTXH UDFRQWH $ PH UDFRQWH TX·LO IDLW oD SRXU JDUGHU OD PDLQ QH SDV RXEOLHU FH TX·LO D DSSULV ,O PH TX¶LO IDLW oD SRXU JDUGHU OD PDLQ QH SDV RXEOLHU FH PDLV DXVVL V·RFFXSHU SRXU TXH OH WHPSV VRLW PRLQV ORQJ &RPPH GHX[ pWXGLDQWV RQ GLVTX¶LO D DSSULV PDLV DXVVL V¶RFFXSHU SRXU TXH OH WHPSV VRLW PRLQV ORQJ &¶HVW FXWH G·$XWRFDG GHV UDFFRXUFLV GH FODYLHU HW GHV WDFWLTXHV ELHQ XWLOHV ,O PH UDFRQWH DXVVL PDUUDQW RQ GLVFXWH G¶$XWRFDG GHV UDFFRXUFLV HW GH WDFWLTXHV G¶pWXGLDQWV HQ GHV DQHFGRWHV VHPEODEOHV DX[ PLHQQHV VXU FHV SURMHWV j O·pFROH VRQ SURIHVVHXU GLIÀFLOH DUFKLWHFWXUH ,O PH UDFRQWH DXVVL GHV DQHFGRWHV VHPEODEOHV DX[ PLHQQHV VXU HW ULJRXUHX[ HW VXU FHW H[HUFLFH GDQV OH FDGUH GXTXHO LO GHYDLW UHSUHQGUH OHV SULQFLSHV GH FHV SURMHWV j O¶pFROH VRQ SURIHVVHXU GLI¿FLOH HW ULJRXUHX[ HW VXU FHW H[HUFLFH /pRQDUG GH 9LQFL SRXU FRQFHYRLU XQ SURMHW $ DYDLW DSSDUHPPHQW UpXVVL EULOODPPHQW R LO GHYDLW UHSUHQGUH OHV SULQFLSHV GH /pRQDUG GH 9LQFL SRXU FRQFHYRLU XQ FHW H[HUFLFH -H Q·DL SDUWDJp TX·XQH MRXUQpH j WUDYDLOOHU DYHF OXL PDLV QRXV SDUWDJLRQV SURMHW $KPHG DYDLW UpXVVL EULOODPPHQW FHW H[HUFLFH EHDXFRXS GH SRLQWV FRPPXQV -H Q¶DL SDUWDJp TX¶XQH MRXUQpH j WUDYDLOOHU DYHF OXL PDLV QRXV SDUWD -H VXLV UHWRXUQpH j ¶OD MXQJOH· TXHOTXHV MRXUV SOXV WDUG -H VXLV DOOpH YRLU O·HQGURLW JLRQV EHDXFRXS GH SRLQWV FRPPXQV R LO GRUPDLW PDLV XQH EpQpYROH EULWDQQLTXH TXL OH FRQQDLVVDLW P·D GLW TX·LO pWDLW SDUWL -H VXLV UHWRXUQpH j µOD MXQJOH¶ TXHOTXHV MRXUV SOXV WDUG -H VXLV DOOpH YRLU SRXU O·$QJOHWHUUH LO \ D TXHOTXHV MRXUV ©LO IDXGUD DWWHQGUHª PH GLW HOOH ©,QFK·$OODKª O¶HQGURLW R LO GRUPDLW PDLV XQH EpQpYROH EULWDQQLTXH TXL OH FRQQDLVVDLW P¶D GLW TX¶LO pWDLW SDUWL SRXU O¶$QJOHWHUUH LO \ D TXHOTXHV MRXUV ©0DLQWHQDQW LO IDXGUD DWWHQGUHª PH GLW HOOH ©,QFK¶$OODKª


48

Discussion entre bénévoles et réfugiés lors de la construction d’un abris MSF

©AHomeForWinter


49

8QH IRLV OH FKDQWLHU WHUPLQp OHV EpQpÀFLDLUHV SHXYHQW FRPPHQFHU

Ă investir la construction. C’est lĂ que peut dĂŠbuter l’appropriation. Les constructions sont , par la suite, suivies par les diffĂŠrents concepteurs. La SOXSDUW GX WHPSV LO V¡DJLW GH SHWLWHV UpSDUDWLRQV GXHV DX[ LQWHPSpULHV WHOOHV que des portes d’abris MSF voilĂŠes, des vis manquantes, une bâche arrachĂŠe. Ces visites de contrĂ´le sont aussi une manière d’amĂŠliorer les techniques et les processus de constructions pour les futurs projets. De ce fait, Grainne +DVVHW SRXU OH FHQWUH GHV MHXQHV D FKRLVL XQH VWUXFWXUH HQ SDQQHDX[ ERLV isolĂŠs car les bâches des 3 structures prĂŠcèdentes ĂŠtaient trop souvent arrachĂŠes lors des tempĂŞtes. Construire dans la ‘jungle’ est un vĂŠritable travail de composition. (QWUH FRQWH[WH LQVWDEOH ORJLVWLTXH YDULDEOH HW GLIIpUHQFHV FXOWXUHOOHV FKDTXH projet, mĂŞme s’il fut conçu et pensĂŠ, se renouvelle face Ă la ‘jungle’ et son caractère instable.

49_ BERNARDOT (Marc),  Campements d’infortunÊs, figures, topiques, politiques in MEADOWS (Fiona)(dir.), Habiter le campement , Paris, Actes Sud/ CitÊ de l’Architecture et du Patrimoine, 2016, p.129


A HOME FOR WINTER

50

ET L’AUBERGE DES MIGRANTS - La production d’abris-

d

g

c f

1) AArrivage

*

de d matériaux à l’entrepôt. l

b e

a

a-

Découpe des sections bois/ 1 à 2 bénévoles

bcdefg*

Assemblage de la structure/ 1 à 2 bénévoles Pose du contreplaqué/ 1 à 2 bénévoles Réalisation des portes/ 1 Bénévole

tasseaux t pré-découpés é dé é 4)lles constituer les cadres.

pour

Pose de l’isolation/ 1 à 2 bénévoles Découpage palettes-Sol/1 à 2 bénévoles Stock kit / matériaux Outillage et point café/ vestiaire

Chaque semaine, l’atelier débite 112m3 de

de d 7) Fixation aggrafeuse.

l’étancheité l h à l’aide l d d’une d

bois pour 47 abris par jour. La production des abris de l’Auberge des Migrants est décomposée environ en 6 tâches différentes. En début de journée, le chef d’atelier constitue des équipes de 2 à 3 personnes pour réaliser chacune de ces tâches. Ce travail à la chaine est simplifié au maximum afin que tout ©AHFW

le monde puisse y participer, non-anglophone ou apprentis bricoleurs. Le chef d’atelier passe d’équipe en équipe veillant au bon déroulement de la production.

10)Début

d’appropriation.


©AHFW

51

2)L’entrepôt

où se déroule la production.

des cadres latéraux avec

/ plans

du contreplaqué 6) Pose et découpe de l’aeration. ©AHFW

Constitution 5)des vis

3) Dimensionnement

et prêt à être monter sur

t 9) 9 )MMontage

des d différentes diff di ffé t faces f de d l’abri l’ b i

©Alisonkilling

complet 8) 8 )Kit site.

11)Déplacement zone sud.

suite à la destruction de la


©Eugénie

Carlier

52


3

CONSTRUIRE LA STABILITÉ DANS LA MOBILITÉ SOUS-CONTRAINTE.

53


54

La ‘jungle’ de toiles bleues.

© Pierre Gautheron


55

De constructions en déconstructions partielles, la ‘jungle’ reste un

sujet de vives controverses. Différentes positions émergent et débattent. '·XQH SDUW LO \ D OD SDUROH GHV H[LOpV GHV EpQpYROHV HW GHV 21* j O·LQLtiative de la construction de la ‘New Jungle’, qui défendent ce « droit à la ville », ce besoin de stabilité dans une mobilité sous contrainte. D’autre SDUW LO \ D OHV RSSRVDQWV GRQW O·eWDW OXL PrPH TXL VRXWLHQQHQW OD GHVWUXFtion de celle-ci, plaidant des arguments notamment liés à des questions sécuritaires et sanitaires mais également éthique, en faveur d’un camp réduit, davantage normé, régulé et contrôlé. Si la question de « construire le camp » reste polémique, il est intéressant d’observer quelles formes de stabilité apportent les différentes constructions vues précédemment une fois installées. Sont-elles investies SDU OHV UpIXJLpV HW SDU TXHOV PR\HQV " 4XHOV VRQW OHV HQMHX[ G·XQ GpPDQWqlement ?

3.1 L'appropriation et ses limites >Définition du concept d’appropriation. Au premier regard, le terrain vague de la Lande est rempli d’abris

DX[ EkFKHV JULVpHV LGHQWLTXHV HW DQRQ\PHV 3RXUWDQW DX ÀO GHV YLVLWHV GHV GpDPEXODWLRQV HW GHV UHQFRQWUHV FHUWDLQV GH FHV DEULV PRQRFRUGHV Ànissent par se distinguer. Parfois, il s’agit simplement de quelques inscripWLRQV SHLQWHV j PrPH OD EkFKH SDUIRLV G·XQH VLPSOH SDOHWWH IDLVDQW RIÀFH GH PDUFKH RX HQFRUH XQ HPSORL GX WHPSV DIÀFKp VLJQH G·XQ V\VWqPH PLV HQ place. &HV H[HPSOHV pYRTXHQW GLIIpUHQWV GHJUpV G·DSSURSULDWLRQ GH FHV FRQVWUXFtions établies par des associations et des ONG. Pourtant, celles-ci ne repréVHQWHQW DX GpSDUW TX·XQH VROXWLRQ PDWpULHOOH G·XUJHQFH DÀQ GH SURWpJHU GX IURLG HW GHV LQWHPSpULHV FHV UpIXJLpV EORTXpV DX[ SRUWHV GH O·$QJOHWHUUH /HV H[LOpV pODERUHQW DORUV © XQ PRQGH IDPLOLHUª en adéquation avec leur FXOWXUH HW DXTXHO LOV SHXYHQW V·LGHQWLÀHU © SDUFH TXH VRXOLJQH 0DULD 9LOOHWD 3HWLW LO PDLQWLHQW RXYHUWV OHV GLPHQVLRQV GH VD WHPSRUDOLWp ª &HV OLHX[ abritent des événements, des actions mais surtout la cohabitation entre « le WHPSV YpFX ª HW © OH WHPSV GH O·j YHQLU ª GHV H[LOpV

50_ SEGAUD (Marion) BRUN (Jacques) DRIAN (Jean-Claude)(dir.), « L’appropriation» in Dictionnaire de l’habitat et du logement, Paris, Armand Colin, 2002, p.29


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« Habiter, c’est bien plus que s’abriter (...) Habiter, c’est se sentir «chez soi», c’est partager avec d’autres une histoire intime. Pour qu’il y ait partage, il faut qu’il ait un autre. Un autre que l’on accueille. »

ANSELLEM (GUY), Préface in MEADOWS (Fiona)(dir.), op. cit, p.8

Invitation à prendre le thé chez les Syriens 25 Mars 2016 ©Eugénie Carlier

-


57

6HORQ OD SV\FKR VRFLRORJXH 3HUOD 6HUIDW\ *DU]RQ O·DSSURSULDWLRQ UHQYRLH j GHX[ LGpHV GLVWLQFWHV PDLV OLpHV O·DGDSWDWLRQ HW OD SHUVRQQDOLVDtion . D’une part, il s’agit donc de l’appropriation comme étant l’action d’adapter quelque chose à un usage déterminé et d’autre part, il s’agit de l’appropriation comme étant la volonté de rendre propre. &HV GLYHUVHV DSSURSULDWLRQV REVHUYpHV SRXUWDQW ÀQHV SHUPHWWHQW GH IDLUH GH FHV DEULV XQ VHPEODQW GH ¶FKH] VRL· SRXU VHV RFFXSDQWV 3DU O·H[SUHVVLRQ GH ¶FKH] VRL· LO IDXW \ YRLU O·DEUL SK\VLTXH G·XQ H[LOp PDLV DXVVL celui de son intimité « avec ses forces et ses faiblesses, avec la tentation de l’ancrage dans la maison, de l’arrêt, de la stabilité et des sécurités du repli » &H ¶FKH] VRL· DSSDUDLW QpFHVVDLUH VXU XQ WHUULWRLUH R OD SUpFDULWp HW l’incertitude règnent. Cette dimension du ‘chez soi’ est véritablement ressentie lorsque les H[LOpV YRXV LQYLWHQW j SUHQGUH OH Chaïï thé dans leur abri.

OQ VH GpFKDXVVH HW RQ ODLVVH VHV FKDXVVXUHV VRXYHQW VXU XQH SDOHWWH j 2Q VH GpFKDXVVH HW RQ ODLVVH VHV FKDXVVXUHV VRXYHQW VXU XQH SDOHWWH j O·H[O·H[WpULHXU 3XLV RQ SpQqWUH FKH] HX[ GDQV FHWWH SLqFH R LOV GRUPHQW VRXYHQW SDU WpULHXU SXLV RQ SpQqWUH FKH] HX[ GDQV OD SLqFH R LOV GPHQW VH UpFKDXIIHQW GHX[ VH UpFKDXIIHQW HW VH UHWURXYHQW SRXU WXHU OH WHPSV $ O·LQWpULHXU RQ SHXW \ RX VH UHWURXYHQW $ O·LQWpULHXU RQ SHXW \ GpFRXYULU XQH pWDJqUH UHPSOLHV GH OLYUHV GpFRXYULU XQH pWDJqUH UHPSOLH GH OLYUHV GHV WHQWXUHV DX[ FRXOHXUV G·pTXLSHV GH GHV WHQWXUHV DX[ FRXOHXUV G·pTXLSHV GH IRRW DQJODLVHV RX DYHF IRRW DQJODLVHV RX DYHF GHV FKDWRQV HW OHXUV YrWHPHQWV VRLJQHXVHPHQW VXVSHQGXV des chatons, leurs vêtements soigneusement suspendus. Le narguilé et la /H QDUJXLOp HW OD WKpLqUH IXPDQWH QRXV DWWHQGDQW VXU XQH SHWLWH WDEOHWWH j PrPH théière fumante nous attendant sur une petite tablette à même le sol, nous OH VRO QRXV VRPPHV LQYLWpV j QRXV DVVHRLU /j OD GLVFXVVLRQ \ HVW SOXV SURSLFH VRPPHV LQYLWp j QRXV DVVHRLU /j OD GLVFXVVLRQ \ HVW SOXV SURSLFH FDU QRXV FDU QRXV VRPPHV HQWUH QRXV HW FKH] HX[ 1RXV VRPPHV rWUHV KXPDLQV GDQV VRPPHV HQWUH QRXV HW FKH] HX[ 1RXV VRPPHV rWUHV KXPDLQV GDQV FHV FHV SHWLWV PqWUHV FDUUpV j GLVFXWHU HW j IDLUH FRQQDLVVDQFH DYHF TXHOTXHV PRWV 6 petits mètres carrés à discuter, à faire connaissance avec quelques mots HQ nos JULIIRQQDQW QRV FDUQHWV $SUqV GpJXVWp d’anglais, G·DQJODLV en griffonant carnets. Après avoir déguster ceDYRLU thé sucrée, il FH WKp VXFUp LO HVW WHPSV GH UHSDUWLU DUSHQWHU OD ¶MXQJOH· $ORUV FRPPH GHV LQYLWpV RQ OHV UHPHUFLH HVW WHPSV GH UHSDUWLU H[SORUHU OD ¶1HZ -XQJOH· DORUV FRPPH GHV LQYLWpV RQ FKDOHXUHXVHPHQW HW VDQV YUDLPHQW VDYRLU RQ VH GLW © D ELHQW{W ª les remercie chaleureusement et sans vraiment savoir, on se dit ‘a bientôt’.

>Observations des formes d’appropriation

- L’adaptation

Tout d’abord, l’adaptation comme forme d’appropriation est selon 51_ Ibidem. pp.23-33 52_ Ibidem. pp.27-33


58

le dictionnaire de l’habitat et du logementt © O·DFWLRQ GH PRGLÀFDWLRQ GH O·REMHW VXU OHTXHO V·H[HUFH O·DSSURSULDWLRQ -XVWHVVH TXL UpYqOH XQH LQWHOOLgence intime des qualités propres à cet objet et de ses potentialités » . D’après mes observations, l’adaptation dans la ‘jungle’ se compose GH GHX[ JUDQGHV FDWpJRULHV 3UHPLqUHPHQW XQH SDUW LPSRUWDQWH GH O·DGDSWDWLRQ UHQYRLH DX GRPDLQH TXH O·RQ SHXW TXDOLÀHU GH FRQVWUXFWLI ,O V·DJLW d’une part, de tout ce qui a trait au ‘renforcement’ de la construction en elle-même. D’autre part, cela correspond à tout ce qui renvoie à l’aménagement. En effet, une fois le chantier terminé, par nécessité ou véritable crainte de la part des réfugiés, les abris sont renforcés sur différents plans tels que l’étanchéité, l’isolation ou le lestage. « La science de ce campeur d’infortune, c’est celle de la récupération et du détournement » , celle des tactiques visant à l’amélioration des qualités de la construction même.

JH PH UDSSHOOH GH FHWWH IRLV HQ 1RYHPEUH LO SOHXYDLW GHSXLV KHXUHV HW depuis 2 Je me rappelle de cette fois, en Novembre, il pleuvait QRXV pWLRQV VXU OH SRLQW GH WHUPLQHU OH PRQWDJH G·XQ DEUL DYHF OHV GHX[ DUFKLheures et nous étions sur le point de terminer le montage d’un abri avec les WHFWHV 0DUWLQ HW $OEDQ /·pWDQFKpLWp GH O·DEUL DYDLW pWp pWXGLpH HW pWDLW GRQF DVGHX[ DUFKLWHFWHV 0DUWLQ HW $OEDQ /·pWDQFKpLWp GH O·DEUL DYDLW pWp pWXGLpH HW VXUpH SDU OD PLVH HQ SODFH G·XQ WRLW HQ SHQWH HQ W{OH PpWDOOLTXH &HSHQGDQW OH était donc assurée par la mise en place d’un toit en pente en tôle métallique. UpIXJLp $IJKDQ j TXL pWDLW GHVWLQp O·DEUL D LQVLVWp SRXU DMRXWHU VXU OHV UDLQXUHV Cependant, l’Afghan à qui était destiné l’abri a insisté pour ajouter sur les GX WRLW GH PRGHVWHV PRUFHDX[ GH SODVWLTXH TX·LO DYDLW WURXYp DX VRO 0DUWLQ HW UDLQXUHV GX WRLW GH PRGHVWHV PRUFHDX[ GH SODVWLTXHV WURXYpV DX VRO 0DUWLQ $OEDQ GXELWDWLIV VXU OD QpFHVVLWp GH EULFROHU XQH pWDQFKHLWp VXSSOpPHQWDLUH HW $OEDQ GXELWDWLIV FRPSULUHQW VD FUDLQWH HW O·DLGqUHQW j À[HU OH SODVWLTXH FRPSULUHQW VD FUDLQWH HW DFFHSWqUHQW GH O·DLGHU j À[HU OH SODVWLTXH &RPSURPLV L’étanchéité, du fait du climat et du caractère inondable de la Lande, est bien souvent grandement renforcée par la superposition de bâches et de toiles en tous genres, récupérées auprès des bénévoles, au cours des distriEXWLRQV RX DX[ DOHQWRXUV GH OD ¶MXQJOH· 6XU OH PrPH SULQFLSH OH UHQIRUFHment de l’isolation se manifeste par le recouvrement des parois intérieures de l’abri avec des couches de tentures et de duvets. Ensuite, l’abri est à son tour lesté à l’aide de toute sorte de poids trouvés sur le territoire tels que des pierres ou des sacs de sable. 53_ Ibidem. p.27 54_ Voir schéma p.60 Appropriation par le renforcement. ©Eugénie Carlier

55_ BERNARDOT (Marc), « Campements d’infortunes, figures, topiques, politiques » in MEADOWS (Fiona), op. cit., p.129


59

'¡DXWUH SDUW VXU OH SODQ FRQVWUXFWLI O¡DGDSWDWLRQ H[LVWH DXVVL SDU

l’action d’addition. Cela a trait d’abord Ă l’ameublement tels que la mise en place de rangements, l’ajout d’un poĂŞle Ă chauffer ou encore la crĂŠation d’une ouverture supplĂŠmentaire, mais l’addition correspond ĂŠgalement Ă la crĂŠation d’ ÂŤ un espace intermĂŠdiaire Âť . Beaucoup d’abris dans la ‘jungle’ SRVVqGHQW FHW HVSDFH LQWHUPpGLDLUH PLV HQ SODFH SDU OHV UpIXJLpV HX[ PrPHV (Q FUpDQW DLQVL XQ HQWUH GHX[ LOV GRQQHQW GX VHQV j O¡HVSDFH GX ORJHPHQW SULYp SXEOLF LQWpULHXU H[WpULHXU 8QH VLPSOH SDOHWWH GLVSRVpH j OD SRUWH GH l’abri ou l’ajout d’un auvent marquent le seuil, avec des gradations subtiles du passage du public au privĂŠ. C’est ici, que l’on dĂŠpose ses chaussures avant d’entrer dans l’abri, que l’on dĂŠpose les ustensiles de cuisine ou que l’on s’assoit pour regarder les gens qui passent. En effet, selon les commuQDXWpV XQH SDUWLH GHV SUDWLTXHV VH GpSODFHQW j O¡H[WpULHXU . Les soudanais vous inviteront Ă prendre le thĂŠ devant leur abri dans les espaces communs H[WpULHXUV WDQGLV TXH OHV V\ULHQV YRXV LQYLWHURQW j OH SUHQGUH j O¡LQWpULHXU

L’espace intermĂŠdiaire Ă partir d’un abri A Home For Winter ŠEugĂŠnie Carlier

/D VHFRQGH EUDQFKH GH O¡DGDSWDWLRQ SHXW rWUH TXDOLĂ€pH G¡DPpQDJHment. Il s’agit d’une part de l’‘implantation’, c’est-Ă -dire, la façon dont les abris sont agencĂŠs. Souvent conçus comme de simples modules, ils peuvent FHSHQGDQW HW VHORQ O¡XVDJH rWUH DJHQFpV DĂ€Q GH FUpHU GHV HVSDFHV FRPPXQV Ă plusieurs rĂŠfugiĂŠs, des cours ou des venelles menant Ă certaines partie du camp. 'DQV XQ UHJLVWUH SOXV SD\VDJHU OHV DFFqV HW HVSDFHV H[WpULHXUV VRQW parfois amĂŠnagĂŠs, des marches sont sculptĂŠes dans la dune, des terrasses VRQW FRQVWUXLWHV GHV SDUWHUUHV GH Ă HXUV VRQW SODQWpV - La personnalisation

/D OLPLWH HQWUH DGDSWDWLRQ HW SHUVRQQDOLVDWLRQ HVW Ă€QH &HV QRWLRQV se complètent. C’est pourquoi ‘l’espace intermĂŠdiaire’ comme adaptation sert lui-mĂŞme de support Ă la personnalisation. En effet, ces espaces intermĂŠdiaires sont investis par des dispositifs, dits â€˜Ă dĂŠpĂ´t’, de pratiques et V\PEROLTXHV WHOV TXH OH PDUTXDJH GHV LGHQWLWpV FRPPH j O¡DLGH GH SDQQHDX[ indicatifs, le nom de l’occupant ou encore des messages. En effet, la personnalisation fait ĂŠcho au besoin de rendre propre,

56_ SEGAUD (Marion) BRUN (Jacques) DRIAN (Jean-Claude)(dir.), op. cit. , p.148 57_ AGIER (Michel) , ÂŤJe me suis rĂŠfugiĂŠ lĂ !Âť: bords de routes en exil, Paris , Donner Lieu, p.78

L’appropriation par la dĂŠmarche artisique. ŠSĂŠbastien Anquer


60

Isolation

Renforcement

Étanchéité Lestage

Constructif ameublement

Rangement/étagère Ouverture Fenêtre Poêle Panneaux solaires

Seuil

clôture/ séparation Pièce Auvent Palette

Addition ADAPTATION

Mise en Commun

Morphologie

Cour Venelle

Aménagement

Terrassement

Extérieur Végétalisation

L’adaptation _ Schéma ©Eugénie Carlier _ Photgraphies ©Eugénie

Carlier ©Ensa Paris-Belleville


61

Renforcement

Ameublement

Seuil

Implantation

ExtĂŠrieur


62

Artistique

Expression Slogan

Pays/ Ethnie

Personnalisation

Appartenance Propriété

Enseigne

Information Indications

Expression

Appartenance

Information

La personnalisation _ Schéma et photographies ©Eugénie Carlier


63

GH FDUDFWpULVHU HW GH PDUTXHU VRQ HPSUHLQWH VDQV QpFHVVDLUHPHQW UHQYR\HU j un usage pratique. Il n’est pas rare d’observer de nombreuses inscriptions. /·DEUL VHUW HQ TXHOTXH VRUWH GH VXSSRUW G·H[SUHVVLRQ $LQVL © Darfour is bleeding », « I want to go to UK » et « Nous cherchons une vie meilleure » VRQW GHV H[HPSOHV GH FH TXH O·RQ SHXW REVHUYHU LQVFULW PRGHVWHPHQW VXU OHV DEULV /HV FRXOHXUV OHV GUDSHDX[ HW OHV QRPV GH SD\V RX G·HWKQLHV V·LQVcrivent également, faisant écho, à une appartenance, à un «espace de vie» perdu. ,O H[LVWH pJDOHPHQW XQH SDUW DUWLVWLTXH 'HV IUHVTXHV YLHQQHQW UHFRXYULU OHV EkFKHV JULVkWUHV GHV DEULV PDLV DXVVL GHV OLHX[ FRPPXQDXWDLUHV 'HV collectifs participent à ce processus de personnalisation comme le collectif Art in the Jungle. Ainsi, des artistes interviennent dans la ‘jungle’ sousIRUPH GH ZRUNVKRSV HW G·H[SRVLWLRQV TXL RQW QRWDPPHQW SRXU EXW G·pJD\HU XQ WDQW VRLW SHX OHXU ¶FKH] HX[· $ WUDYHUV GHV WDJV HW GHV FROODJHV F·HVW XQH IDoRQ G·KXPDQLVHU OHV DEULV HW OHV OLHX[ FRPPXQDXWDLUHV /HV LQWHUYHQWLRQV GH FH W\SH RIIUHQW XQH SHUVSHFWLYH GLIIpUHQWH -L’Organisation et l’investissement

Ce que nous avons vu précédemment relève d’une forme d’approSULDWLRQ PDWpULHOOH HW SK\VLTXH &HSHQGDQW G·DSUqV PRQ H[SpULHQFH SHUVRQnelle et mes observations sur le terrain, une forme liée à l’idée d’organisation et d’investissement fait également partie du processus d’appropriation. (Q HIIHW TXH GHYLHQGUDLHQW FHV OLHX[ V·LOV Q·pWDLHQW SDV LQYHVWLV SDU GHV DFWHXUV HW JpUpV SDU OD PLVH HQ SODFH GH V\VWqPHV " &HWWH GLPHQVLRQ G·LQYHVWLVVHPHQW HVW SOXW{W UHODWLYH DX[ pTXLSHments communautaires tels que la clinique, l’Ecole Laïque du Chemin des Dunes ou encore le théâtre Good Chance Calais. Ces équipements dont les DSSRUWV VRQW PpGLFDX[ pGXFDWLIV RX FXOWXUHOV FRQVWLWXHQW GHV SRLQWV G·DQcrages dans le territoire. &HV G\QDPLTXHV VRQW PHQpHV SDU OH WUDYDLO GHV EpQpYROHV PDLV DXVVL SDUIRLV SDU OHV UpIXJLpV HX[ PrPHV &RPPH XQH SULVH GH UHODLV LO V·RSqUH SRXU FHUWDLQV XQ JOLVVHPHQW RX HQFRUH XQ SDVVDJH GX VWDWXW G·H[LOp j FHOXL d’acteur-entrepreneur de la ‘jungle’. A l’image de Zimako , initiateur de l’École Laïque du Chemin des Dunes, de Farid, gestionnaire de la Jungle Books, de Gucci, cuisinier à la Little Ashram Kitchen ou des participants au 58_ MORICE (Louis), « Zimako, le Calaisien » in Le nouvel obs, (article en ligne), le 8.09.2015


64

Acteurs

Bénévoles Migrants

Système

Accueil programme Distribution

Temporalité

Rendez-vous Matin/ Après midi Activités

Communication

Mise en relation Plan panneaux / affiches

ORGANISATION

Système

Temporalité

Communication

L’organisation _ Schéma et photographies ©Eugénie Carlier


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¶&RQVHLO GHV H[LOpV· FHUWDLQV UpIXJLpV ODQFHQW RX SDUWLFLSHQW j GHV SURMHWV EUqYHV VXU =LPDNR =LPDNR HVW XQH ÀJXUH HPEOpPDWLTXH GH OD ¶1HZ ZLPDNR HVW XQH ÀJXUH HPEOpPDWLTXH GH OD ¶1HZ -XQJOH· /RUVTXH MH O·DL -XQJOH· /RUVTXH MH O·DL UHQFRQWUp OD SUHPLqUH IRLV HQ 1RYHPEUH MH QH VD-

UHQFRQWUp OD SUHPLqUH IRLV HQ 1RYHPEUH MH QH VDYDLV SDV TX·LO pWDLW UpIXYDLV SDV TX·LO pWDLW UpIXJLp 7RXW VRXULUH LO P·D H[SOLTXp YRXORLU FRQVWUXLUH XQH JLp 7RXW VRXULUH LO P·D H[SOLTXp YRXORLU FRQVWUXLUH XQH LQÀUPHULH HW XQH FODVVH LQÀUPHULH HW XQH FODVVH VXSSOpPHQWDLUH SRXU FH TXL DOODLW GHYHQLU DXMRXUG·KXL VXSSOpPHQWDLUH SRXU FH TXL DOODLW GHYHQLU DXMRXUG·KXL O·(FROH /DwTXH GX &KHl’Ecole Laïque du Chemin des Dunes. Il était venu à notre rencontre car nous venions dePLQ GHV 'XQHV ,O pWDLW YHQX j QRWUH UHQFRQWUH FDU QRXV YHQLRQV GH WHUPLQHU terminer de construire un abri avec Martin et Alban. Zimako était à GH FRQVWUXLUH XQ DEUL DYHF 0DUWLQ HW $OEDQ =LPDNR pWDLW j OD UHFKHUFKH G·DLGH la recherche d’aides et de mains d’oeuvres pour ses projets. Il m’a marqué par

HW GH PDLQV G·RHXYUHV SRXU VHV SURMHWV ,O P·D PDUTXp SDU VRQ FXORW VRQ G\QDVRQ FXORW VRQ G\QDPLVPH HW VRQ RSWLPLVPH j YRXORLU DPpOLRUHU OHV FKRVHV PLVPH HW VRQ RSWLPLVPH j YRXORLU DPpOLRUHU OHV FKRVHV Ce glissement du statut de réfugié à celui d’entrepreneur - c’est aussi une manière pour les réfugiés d’acquérir des responsabilités et de : « faire comme si l’on travaillait, de manifester des dispositions à faire quelque chose, de tenir une conduite et une réputation dont on connaît la force de contagion, de prendre soin du jugement de ses semblables et de dire la YpULWp GHV IDLWV ORUVTXH OD VLWXDWLRQ O·H[LJH ,O LQWURGXLW GHV UpIpUHQFHV TXL GpSOLHQW HW FRQÀUPHQW OD UpSXWDWLRQ OHV SDUROHV OD IRUFH GX WpPRLJQDJH HW OHV sociabilités en accréditant ces espaces » . Les organisations et les équipements qui se mettent en place dans la ¶MXQJOH· FRQVWLWXHQW GHV UHSqUHV SRXU OHV H[LOpV (Q SUHQDQW O·H[HPSOH GX G{PH du théâtre Good Chance Calais, on peut s’apercevoir qu’il s’agit tout d’abord simplement d’un repère visuel sur le territoire. En effet, visible en de nomEUHX[ SRLQWV GX VLWH HW LQGLTXp j WUDYHUV XQH VLJQDOpWLTXH OH G{PH SHUPHW GH VH localiser et de s’orienter dans le territoire de la ‘jungle’. D’autre part, il s’agit également d’un repère moral car le dôme constiWXH XQ GH FHV OLHX[ R OHV H[LOpV SHXYHQW H[LVWHU VH GLVWLQJXHU HW DFTXpULU XQH identité.60 ,OV \ GpYHORSSHQW GHV KDELWXGHV DX[TXHOOHV VH UDFFURFKHU GXUDQW XQH DWWHQWH GRXORXUHXVH HW SHVDQWH $LQVL OHV MRXUQpHV V·RUJDQLVHQW HW VRQW U\WKmées autours des associations, de leur distribution ou de leur activités. 3DU FRQVpTXHQW j SDUWLU GX PRPHQW R FHV OLHX[ VRQW FRQQXV HW UHFRQQXV SDU OHV H[LOpV GDQV OD ¶MXQJOH· LO \ D XQH IRUPH G·DSSURSULDWLRQ

59 _ LEVY-VROELANT (Claire), Logements de passage : formes, normes, expériences, Paris, L’Harmattan, 2000, p.91 60_ « The project are like the anchor and docking sites for people, which can provide them with identity and responsibility.» JACOBS (Olaf), « Reporting from Local initiatives » in L.ROSA(Marcos), WEILAND (Ute) (dir.), op. cit., p.200

Journée type 10h30_Réveil

après avoir tenté en vain de passer la fronitère la nuit dernière.

11H_Attente dans la file d’un des lieux de distributions. 12h_Attente dans la file pour la douche par au centre Jules Ferry. 14h_Repas à l’Ashram Kitchen ou la Belgian Kitchen. 16h00_Aller à l’école Laïque du Chemin des Dunes pour apprendre le Français. 19h00_ Pièce de Théâtre dans le dôme.


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Un abri, fragile, resiste malgré le démantèlement.

©Laly Picon


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>Les Limites - Le transit

Selon le Dictionnaire de l’habitat et du logement 61, une appropriaWLRQ HVW SHX YLVLEOH PDLV H[LVWH GH PDQLqUH LGpHOOH RX V\PEROLTXH /·DSSURSULDWLRQ H[LVWDQW GH IDoRQ JUDGXHOOH HOOH H[LVWH GRQF j GHV GHJUpV YDULDEOHV et selon l’intention du réfugié dans le lieu 62. Or, la ‘jungle’ ne constitue qu’un espace de transit et d’attente vers un véritable nouvel « espace de vie » souhaité 63 6HORQ OD GpÀQLWLRQ GH * GL 0pR O·HVSDFH GH YLH FRUUHVpond à l’espace concret du quotidien que représentent le logis, le travail et les loisirs. Cependant, suspendus en migration, ces abris ne représentent que « des haltes ou des refuges, précaires et toujours temporaires, à la différence de maisons ou demeures » .

&·HVW LFL TXH SUHQG SODFH WRXW OH SDUDGR[H HQWUH DSSURSULDWLRQ HW

WUDQVLW 6L HOOH HVW ÀQH O·DSSURSULDWLRQ VH IDLW MRXU DSUqV MRXU 'H PDQLqUH FRQVFLHQWH RX QRQ O·DSSURSULDWLRQ SDU OHV H[LOpV H[LVWH GDQV O·RSWLTXH GH rendre un peu moins dur le temps passé bloqué à la frontière, peut-être aussi SDU UpVLJQDWLRQ RX HQFRUH GH IDoRQ VROLGDLUH HQ SHQVDQW DX[ SURFKDLQV H[LOpV TXL OHXU VXFFpGHURQW /·DSSURSULDWLRQ DSSDUDLW LQDFKHYpH FDU OHV H[LOpV QH souhaitent pas rester et inachevable car le risque de démantèlement plane sur la ‘jungle’. - Une mise en sens fragile L’appropriation trouve aussi ses limites dans le statut précaire du ELGRQYLOOH 0rPH VL VHORQ 3HUOD 6HUIDW\ *DU]RQ OD SURSULpWp QH UpVLGH SDV nécessairement dans la possession d’un titre légal juridique. La possession UpVLGH VLPSOHPHQW LFL GDQV XQ OLHQ © PRUDO SV\FKRORJLTXH HW DIIHFWLI ª lié au processus de mise en place d’un ‘chez soi’ et d’habitus &HW DEUL R QRXV avons pris le thé, c’était bien celui de Nadir et Fohad. Ils l’ont reçu à leur DUULYpH F·HVW DLQVL GHYHQX OHXU ¶FKH] HX[· SDU OD PDQLqUH GRQW LOV ¶YLYHQW·

Le Faux -Permis de construire d’Alplha ©Marine Tondelier

61_ SEGAUD (Marion), BRUN (Jacques), DRIAN (Jean-Claude)(dir.), op. cit., pp.27-33 62_ BRUSLE (Tristan), «Rendre l’étranger familier. Modes d’appropriation et de catégorisation de l’espace par les migrants népalais en Inde», in Revue Européenne des Migrations Internationales, 2010, vol. 26, n° 2, pp. 77-94. 63_ SEGAUD (Marion), BRUN (Jacques), DRIAN (Jean-Claude)(dir.), op. cit., pp.27-33 64_ Ibidem, p.53 65_ Ibidem. pp.27-33


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leur abris . Cette appropriation est Ă considĂŠrer plutĂ´t comme ÂŤ une mise en sens de l’espace, (qui) est indispensable au migrant pour qu’il ne tombe pas dans le chaos Âť66. Chaque famille cherche Ă s’approprier cet espace transitoire par diffĂŠrents procĂŠdĂŠs. C’est ÂŤ faire comme si on ĂŠtait chez soi alors qu’on est sur la route Âť67. Cela renvoie au concept de ‘dĂŠcor’ d’Erving Goffman dans lequel la vie peut prendre place. Le dĂŠcor ÂŤ comprend le mobilier, la dĂŠcoration, la disposition des objets et d’autres ĂŠlĂŠments de second plan, constituant la toile de fond et les accessoires des actes humains qui se dĂŠroulent Ă cet endroit Âť68 (Q UHSUHQDQW FHW H[HPSOH GH O¡LQYLWDWLRQ j ERLUH le thĂŠ, par la simple disposition de quelques chaises en cercle, l’utilisation GHV OLWV FRPPH EDQTXHWWHV OH DXYHQW RX O¡DEUL GHYLHQW XQ VDORQ R O¡RQ SHXW recevoir, faisant de ce lieu un espace propre permettant de ÂŤ gĂŠrer ses relaWLRQV DYHF XQH H[WpULRULWp GLVWLQFWH ÂŞ69. -Le ‘prĂŠsentisme’

/D ÂśMXQJOH¡ V¡pWDEOLW GDQV XQH ORJLTXH G¡XUJHQFH HW TXL DX[ GpSHQV PR\HQV GHV DVVRFLDWLRQV ORFDOHV HW GHV 21* D GpYHORSSp Š XQH DUFKLWHFture de sauvetage, mais aussi une ĂŠconomie de la logistique des abris, des YRLULHV GH O¡DSSURYLVLRQQHPHQW GHV pTXLSHPHQWV VDQLWDLUHV HW PpGLFDX[ considĂŠrĂŠs comme autant de formes provisoires, destructibles ou transposables Âť70. Selon Michel Agier dans son introduction Ă l’ouvrage Habiter le campement OH FDPS UHSRVHQW VXU OH FRQFHSW GH ÂśSUpVHQWLVPH¡ GpĂ€QLW SDU O¡KLVWRrien François Hartog. Cette notion renvoie l’idĂŠe d’un prĂŠsent qui serait prĂŠpondĂŠrant sur le champ d’action des intervenants. En effet, aucun enseiJQHPHQW QH VHPEOH rWUH WLUp GHV H[SpULHQFHV HW GHV FDPSHPHQWV SUpFpGHQWV depuis la fermeture de Sangatte en 2002. Pourtant, ce provisoire se rĂŠpète pour des temporalitĂŠs suspendues et perdure sans rĂŠellement ĂŠvoluer. Le prĂŠsent domine alors, guidĂŠ par le caractère transitoire, prĂŠcaire et pressant de la ‘jungle’. 66_ BRUSLE (Tristant) ,op. cit . 67_ AGIER (Michel), ÂŤJe me suis rĂŠfugiĂŠ lĂ ! ....., op. cit. , p.70 68_ GOFFMAN (Erving), La mise en scène de la vie quotidienne, Paris, Les ĂŠditions de minuit, 1973, p.2 69_CERTEAU (Michel), L’invention du quotidien. Tome 1, Arts de faire, Paris, Gallimard, 1990, p.XLVI 70_ AGIER (Michel), ÂŤHabiter le campement autrementÂť in MEADOWS (Fiona)(dir.), op. cit., p20.21


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3.2 Bidonville-Quelle place pour l’institutionnalisation ? Depuis son commencement, la ‘New jungle’ n’a cessĂŠ de grandir en DWWHLJQDQW XQH SRSXODWLRQ GH SUqV GH UpIXJLpV HQ VHSWHPEUH 71. &H WHUULWRLUH TXDOLĂ€p G¡LQJpUDEOH HW KRUV GH FRQWU{OH SDU OD SUHVVH VHQVDWLRQnaliste 72 73 IXW DGPLQLVWUp G¡DERUG SDU GHV DVVRFLDWLRQV ORFDOHV G¡DLGH DX[ migrants. Puis, la ‘New Jungle’ a vu l’arrivĂŠe d’ONG d’envergure internationale au nom du ‘devoir d’ingĂŠrence’ telles que SolidaritĂŠ Internationale ou MĂŠdecins sans Frontières. Ainsi, il s’est progressivement mis en place une institutionnalisation du bidonville, c’est-Ă -dire ÂŤ un processus tendant momentanĂŠment vers une plus grande stabilisation des pratiques et des normes Âť . Ceci fut possible par la mise en place de mesures sanitaires et sĂŠcuritaires, inspirĂŠes des grandes logiques humanitaires. Cette institutionQDOLVDWLRQ V¡HVW pJDOHPHQW DIĂ€UPpH XQ SHX SOXV ORUVTXH V¡HVW PLV HQ SODFH OH FDPS GH FRQWHQHXUV Ă€QDQFp SDU O¡eWDW HQ -DQYLHU La question ĂŠthique est centrale dans ce processus d’institutionnalisation. Le but est de construire pour rĂŠguler. D’une part, sur les plans sanitaires et socials en apportant des conditions de vie plus dignes et salubres mais aussi sur le plan sĂŠcuritaire, en empĂŞchant le dĂŠveloppement GH WUDLWHPHQWV LQKXPDLQV RX GpJUDGDQWV FRPPH OHV WUDĂ€FV GH SDVVHXUV OD SURVWLWXWLRQ PDLV DXVVL OHV WUDĂ€FV GH GURJXHV RX OD QRQ DVVLVWDQFH j PLQHXUV isolĂŠs. NĂŠanmoins, le nombre de rĂŠfugiĂŠs demeure supĂŠrieur au nombre de places d’hĂŠbergement disponibles dans les conteneurs et les centres d’aides et d’orientation (CAO). Les abris de fortune perdurent alors en marge des FRQWHQHXUV 'HX[ IRUPHV GH FDPSHPHQW FRH[LVWHQW DORUV VXU OH WHUULWRLUH GH OD /DQGH '¡XQH SDUW LO \ D XQ FDPSHPHQW ex-nihilo auto-organisĂŠ composĂŠ G¡DEULV LQIRUPHOV '¡DXWUH SDUW FH GHUQLHU HVW SHX j SHX UDWWUDSp SDU OD Ă€JXUH du camp humanitaire gĂŠnĂŠrique plus contrĂ´lĂŠ et rĂŠgulĂŠ, composĂŠ des tentes 71_PECQUEUX (Olivier), op. cit. 72_ AFP, ÂŤCalais: l’Etat condamnĂŠ Ă amenager la ‘jungle’ in Le Point, (article en ligne), le 23.11.2015 73_ BAUMARD (Maryline) ÂŤA Calais, la jungle est aujourd’hui hors de contrĂ´leÂť in Le Monde, (article en ligne), le 14.10.2015 74_ Expression de Bernard Kouchner formulĂŠe en 1987 lors d’une confĂŠrence ÂŤDroit et morale humanitaireÂť . Il s’agit d’une intervention humanitaire, en cas d’urgence, sans y ĂŞtre appelĂŠ par les autoritĂŠs. 75_ TOURNAY (Virginie), Sociologie des institutions, Paris, Presses Universitaires de France , collection ÂŤQue sais-je ?Âť, 2011, Introduction


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La ‘jungle’ ratissée pour accueillir les conteneurs. _Novembre 2015 ©Eugénie Carlier

La ‘jungle’ aux deux visages. _Mars 2016 ©Eugénie Carlier


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bleues, des conteneurs ou encore des abris MSF à l’implantation mesurÊe.

Les Normes UNHCR - 30 m2 / personne

>Les rĂŠgulations sanitaires et sociales

/HV PHVXUHV PLVHV HQ SODFH VRQW DYDQW WRXW VDQLWDLUHV DĂ€Q GH SDO-

lier Ă l’importante insalubritĂŠ du bidonville. Ces dernières se composent

- 3.5 m2 / abris / personne - 1 point d’eau/ 250 personnes

HQ SDUWLH GHV VRLQV PpGLFDX[ HW GHV FDPSDJQHV GH YDFFLQDWLRQ PDLV DXVVL GH O¡DPpOLRUDWLRQ GHV FRQGLWLRQV HW GH O¡DFFqV j O¡K\JLqQH j O¡HDX SRWDEOH

- 1 latrine/ 20 personnes

et l’assainissement. La population grandissante en a appelÊ à la nÊcessitÊ

- Distance entre abris 2 mètres minimum

urgente de mettre en place, de toutes pièces, des conditions sanitaires. Car implantĂŠe sur une ancienne dĂŠcharge, la Lande ĂŠtait vierge de toute installation. $LQVL GLIIpUHQWV SRLQWV RQW pWp DPpOLRUpV JUkFH DX[ 21* HW DX[ DVVRFLDWLRQV DLGpHV HQ SDUWLH SDU O¡(WDW FRQWUDLQW HQ QRYHPEUH SDU OH tribunal administratif de Lille, Ă amĂŠliorer les conditions de vie des rĂŠfugiĂŠs. MalgrĂŠ ces amĂŠliorations, le camp reste en deçà des normes UNHCR. (Q MXLQ 6ROLGDULWp LQWHUQDWLRQDOH a rĂŠpondu Ă l’appel de MĂŠdecins sans Frontières. En collaboration avec ces derniers, il a ĂŠtĂŠ construit 3 SRLQWV G¡HDX HQYLURQ ODWULQHV HW GRXFKHV UpSDUWLHV VXU OH FDPS SRXU OHV

- Distance abri-point d’eau = 15m max - Distance point d’eau / latrine = 30m max -Coupe feu tous les 300 mètres

UpIXJLpV SUpVHQWV HQ MXLQ 3DU OD VXLWH Acted, une ONG française PDQGDWpH SDU OD SUpIHFWXUH HQ QRYHPEUH D pJDOHPHQW PLV HQ SODFH SRLQWV G¡HDX[ HW ODWULQHV VXSSOpPHQWDLUHV &HV LQWHUYHQWLRQV RQW QpFHVVLWp O¡H[WHQVLRQ GX UpVHDX G¡HDX GRQW OHV VHXOV DFFqV pWDLHQW VLWXpV DX[ DERUGV du Chemin des Dunes. Il a fallu aussi penser Ă la mise en place de routes FDUURVVDEOHV SRXU SHUPHWWUH O¡DFFqV DX[ FDPLRQV GH YLGDQJHV 3DU DLOOHXUV Acted a engagĂŠ une entreprise de collecte des dĂŠchets qui passe quotidiennement autour des points de collecte et des bennes supplĂŠmentaires installĂŠs sur le site. La mission des ONG et associations est ĂŠgalement sociale. L’ONG Acted a travaillĂŠ sur la ÂŤ mobilisation communautaire Âť, c’est-Ă -dire Ă O¡LGHQWLĂ€FDWLRQ GH OHDGHUV FRPPXQDXWDLUHV SHUPHWWDQW XQH PHLOOHXUH FRPPXQLFDWLRQ HQWUH OHV LQWHUYHQDQWV HW OHV UpIXJLpV &HOD D SHUPL SDU H[HPSOH de sensibiliser les diffĂŠrentes communautĂŠs sur la collecte d’ordures ou les ULVTXHV G¡LQFHQGLHV DYHF OD PLVH HQ SODFH G¡H[WLQFWHXUV j GLVSRVLWLRQ FKH] les reprĂŠsentants communautaires. Un important travail de recensement a pJDOHPHQW pWp PHQp DĂ€Q GH PLHX[ FRQQDLWUH OD SRSXODWLRQ GH UpIXJLpV TXL vivent dans la ‘jungle’, l’accent ĂŠtant mis sur le recensement des enfants

Exemples de rÊgulations sanitaires et sociales ŠEugÊnie Carlier


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mineurs isolés. >Les Régulations sécuritaires Des normes sont mises en place dans le but de pallier à différents Les Abris MSF à l’implantation organisée. _Mars 2016©Eugénie Carlier

risques. Un des risques les plus importants sur ce territoire demeure le ULVTXH G·LQFHQGLH 'HX[ LQFHQGLHV LPSRUWDQWV RQW GpWUXLW GHV ]RQHV HQWLqUHV HQ QRYHPEUH /HV DEULV 06) \ RQW DORUV SULV SODFH Ils ont alors été implantés de manière régulière et organisée avec GHV HVSDFHPHQWV SUpFLV G·HQYLURQ P HQWUH OHV DEULV HW MXVTX·j P SRXU OHV allées de circulation. Ces espacements sont destinés à limiter la propagation du feu en cas d’incendie et à optimiser le nombre d’abris implantés dans un WHUULWRLUH R OHV HVSDFHV OLEUHV FRPPHQFHQW j PDQTXHU Pourtant, malgré le contrôle des humanitaires, veillant au maintient GHV HVSDFHPHQWV YLGHV HW HQ DSSHODQW DX[ LGpHV GHV DUFKLWHFWHV 0DUWLQ HW $OEDQ OHV HVSDFHPHQWV SUHQQHQW XQ DXWUH VHQV SDU OHV XVDJHV TXH OHV H[LOpV HQ

Appropriation des interstices entre les abris MSF.

IRQW &RPPH GHV YHQHOOHV VRPEUHV PDLV ¶KDELWpHV· OHV H[LOpV \ FLUFXOHQW HQ IRQW GHV HVSDFHV FRPPXQV GH FXLVLQH RX \ VqFKHQW OHXU OLQJH $XWUHPHQW GLW LOV V·DSSURSULHQW FHV OLHX[ OHV QRUPHV SDUDLVVDQW IDLEOHV IDFH DX EHVRLQ d’appropriation.

©A HomeForWinter ©Amélie Fontaine

Par ailleurs, l’établissement du camp de conteneurs apparait comme le fait le plus emblématique de la mise en place de cette institutionnalisation GX FDPS GH UpIXJLpV 'qV QRYHPEUH OD ]RQH G·LPSODQWDWLRQ IXW GpEOD\pH GH ses abris, ratissée et grillagée. Les réfugiés furent contraints à vivre dans l’espace tampon constitué de grandes tentes bleues. Longtemps comme un YLGH GpVHUWLTXH DX PLOLHX GH OD ¶MXQJOH· OHV FRQWHQHXUV VRQW ÀQDOHPHQW DUULYpV HQ MDQYLHU 76. Ces conteneurs neufs, chauffés et isolés sont prêts à recevoir 12 personnes chacun. Ils s’empilent et s’alignent à en devenir des ¶ERvWHV GH PpWDO· &ULWLTXDEOH FHWWH SODQLÀFDWLRQ j GHV DLUV GH © WUDYDLO j OD chaîne (qui) régit l’architecture répétitive, pour une vie à la chaîne » 77. Il Q·H[LVWH QL HVSDFH FRPPXQ QL FXLVLQH QL GRXFKH 'DQV FHV FRQWHQHXUV OHV UpIXJLpV VRQW ORJpV PDLV LOV QH VRQW SDV ¶FKH] HX[· FDU LO OHXU HVW LPSRVVLEOH d’investir le lieu. En opposition au processus d’appropriation, ce camp de conteneurs 76_ HANAPPE (Cyrille), « A Calais, un camp des années 30» in Libération, (article en ligne), le 21.10.2015 77_ AGIER (Michel), «Habiter le campement autrement» in MEADOWS (Fiona)(dir.), op. cit. p.15


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UHĂ qWH SOXW{W OH FRQFHSW GH Š GpVDSSURSULDWLRQ ÂŞ pWDEOL SDU 3DXO +HQU\ &KRPEDUW GH /DXZH (Q FH VHQV OHV FRQWHQHXUV Q¡DSSDUWLHQQHQW SDV DX[ rĂŠfugiĂŠs et sont rĂŠgis par des règles prĂŠcises. Lorsqu’un rĂŠfugiĂŠ a fabriquĂŠ XQH ERLWH HQ ERLV SRXU \ GpSRVHU VHV FKDXVVXUHV ERXHXVHV HOOH OXL D pWp UHWLUpH 'H FH IDLW OD GLDOHFWLTXH HVSDFH FRGLĂ€p HW HVSDFH YpFX LQWHUIqUHQW GDQV le processus d’appropriation devenu quasiment impossible.

7RXMRXUV GDQV XQ VRXFLV G¡pWKLTXH DĂ€Q G¡HPSrFKHU O¡DFFqV DX[ SDV-

seurs, l’entrĂŠe dans la zone des conteneurs nĂŠcessite un contrĂ´le par un V\VWqPH GH UHFRQQDLVVDQFH G¡HPSUHLQWH SDOPDLUH 8Q V\VWqPH TXH SRXUWDQW EHDXFRXS GH UpIXJLpV UHIXVHQW FDU PpĂ€DQWV LOV FUDLJQHQW G¡rWUH Ă€FKpV

'HV URXWHV DVSKDOWpHV RX FDUURVVDEOHV DYHF XQ V\VWqPH GH VLJQD-

OpWLTXH DĂ€Q GH IDFLOLWpV OHV DFFqV DX[ VHUYLFHV G¡XUJHQFHV HW DX[ YpKLFXOHV humanitaires sont ĂŠgalement venues dĂŠcouper le territoire auto-ĂŠtabli, enWUDvQDQW OH GpSODFHPHQW DUELWUDLUH GH FHUWDLQV DEULV &HV D[HV RQW pWp ERUGpV GH ODPSDGDLUHV DĂ€Q G¡DVVXUHU XQ pFODLUDJH PLQLPXP GH QXLW LQVWDXUDQW XQ

Le camp de conteneurs. Šls-container ŠAP/Sipa

climat plus sĂŠcurisĂŠ. Toujours dans un soucis de contrĂ´le, des patrouilles de &56 VRQW SRVWpHV DX[ DERUGV HW DX[ HQWUpHV GX FDPS HW HIIHFWXHQW TXHOTXHV rondes. >Etablir le camp pour mieux en sortir?

&RPPH j WUDYHUV O¡H[HPSOH GHV FRQWHQHXUV GH OD œMXQJOH¡ Š 7UqV

peu d’Etats ont envie de voir de vastes colonies d’Êtrangers dĂŠmunis s’installer Ă leurs frontières, c’est d’abord parce que cela comporte des risques de dĂŠstabilisation (‌), ensuite parce que c’est une plaie. Les camps de UpIXJLpV VRQW GpOLEpUpPHQW FRQoXV SRXU \ rWUH SURYLVRLUHV HW WRXW HVW IDLW SRXU GLVVXDGHU OHV JHQV TXL \ YLYHQW GH V¡\ Ă€[HU ÂŞ78. Pourtant, le camp de *UDQGH 6\QWKH PLV HQ SODFH SDU OH PDLUH 'DPLHQ &DUrPH HW 0pGHFLQV VDQV IURQWLqUHV HVW FRQVLGpUp FRPPH XQH UpXVVLWH 6L OHV FRQGLWLRQV \ GHPHXUHQW sommaires, le camp a ĂŠtĂŠ conçu avec considĂŠrations selon les rĂŠfugiĂŠs et leur pratiques, Ă la diffĂŠrence du camp d’Etat Ă Calais, qui est plutĂ´t conçu en termes de gestion d’enfermement et de contrĂ´le. '¡XQH SDUW OH FDPS GH *UDQGH 6\QWKH UHVSHFWH OHV QRUPHV GpĂ€QLHV SDU OH 81+&5 '¡DXWUH SDUW LO ODLVVH SODFH j OD YLH DX[ SUDWLTXHV HW j O¡DSpropriation des rĂŠfugiĂŠs. Les abris sont disposĂŠs de manière plus libre et des

Le camp de Grande-Synthe rĂŠalisĂŠ avec MSF, dès le deuxième jour, l’appropriation se met en place. ŠPhilippe Huguen ŠActes et CitĂŠs

78_ LEWIS (Jim),  Le camp comme un nouveau modèle urbain  in Le courrier international n°941, Novembre 2008


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Les matériaux de la clinique, ici détruite, sont récupérés pour reconstruire des abris après la destruction de la zone sud. _Mars 2016©Eugénie Carlier

Des réfugiées érythréennes se rendant à l’église, malgré la déstruction de la zone sud. _Mars 2016©Eugénie Carlier


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ÂśOLHX[ GH YLH¡ VRQW GLVSHUVpV j WUDYHUV OH FDPS En crĂŠant ce nouveau camp, le parti pris de Damien CarĂŞme et MSF ĂŠtait d’une part de reprendre la main sur un camp historiquement contrĂ´lĂŠ SDU OHV SDVVHXUV PDLV VXUWRXW G¡RIIULU XQ WHPSV GH SDXVH GDQV O¡H[LO HW FHFL dans des conditions de vie dignes. Et si construire le camp ĂŠtait la solution SRXU PLHX[ HQ VRUWLU " (Q HIIHW F¡HVW OH SRLQW GH YX GH 'DPLHQ &DUrPH (Q

Avant la mise en place du camp MSF Ă Grande -Synthe,avec la collaboration de la Mairie, le camp ĂŠtait en proie Ă une ‘mafia’, et aux passeurs . Prix d’accès/ 500â‚Ź Prix d’une douche/ 5â‚Ź Prix d’un repas/ 1â‚Ź

SHUPHWWDQW GH SUHQGUH OH WHPSV GH OD UpĂ H[LRQ GDQV XQ FDGUH UHVSHFWDEOH RQ offre, selon lui, une meilleure perception des possibilitĂŠs d’asile en France. &\ULOOH +DQDSSH DUFKLWHFWH D\DQW SDUWLFLSp j OD FUpDWLRQ GH FH FDPS GpIHQG cette idĂŠe: ÂŤ A l’Êvidence, le quartier prĂŠcaire n’est pas dĂŠsirable en soi mais il fait pour nombre de gens partie d’un chemin de vie, et travailler Ă VRQ DPpOLRUDWLRQ SOXW{W TX¡j VRQ pUDGLFDWLRQ HVW OH PHLOOHXU PR\HQ GH IDLUH HQ VRUWH TXH FHX[ TXL O¡KDELWHQW SXLVVHQW XQ MRXU HQ VRUWLU ÂŞ79. Le maire GH *UDQGH 6\QWKH D QRWDPPHQW FRQĂ€p TXH SHX GH WHPSV DSUqV O¡RXYHUWXUH GX FDPS DX[ QRUPHV 81+&5 XQH DXJPHQWDWLRQ GHV GHPDQGHV G¡DVLOH HQ France a pu ĂŞtre observĂŠe 80.

3.3 Les enjeux de la destruction ‘Lieux de vie’

Le 12 FĂŠvrier 2016, la destruction de la zone sud de la ‘jungle’ est annoncĂŠe. D’après les propos de la prĂŠfète Fabienne Bucio: ÂŤ on ne peut pas laisser cohabiter un camp organisĂŠ et un camp prĂŠcaire Âť81 . L’objectif est donc de rĂŠduire le camp Ă sa forme la plus institutionnalisĂŠe mais aussi la plus annihilante. Ce qui a conduit en Mars 2016 au dĂŠmantèlement de la zone sud durant une semaine. Des abris mais aussi le thÊâtre, la clinique, le centre pour la femme et l’enfant, le centre de thĂŠrapie, la première Ashram Kitchen, construits grâce Ă l’implication et l’engagement d’acteurs internaWLRQDX[ RQW GLVSDUX ,OV QH FRUUHVSRQGDLHQW SDV j OD GpĂ€QLWLRQ GH Š OLHX[ GH vie Âť ĂŠmise par l’ordonnance du tribunal administratif de Lille. Seulement O¡(FROH /DwTXH OH FHQWUH SRXU OHV MHXQHV O¡pJOLVH pU\WKUpHQQH HW XQH PRVquĂŠe seront sauvegardĂŠs. 82

La ‘jungle’ serait devenue trop visible selon Michel Agier . En ef-

79_ HANAPPE (Cyrille), ÂŤ A Calais, un autre devenir de villeÂť in Multitudes, n°61, 2015, p.14-17 80_ CARĂŠME (Damien), Interview in ADLER (Laure), Hors Champs, France Culture, (Enregistrement Audio), le 11.04.2016 Ă 15emin. 81_ PECQUEUX (Olivier), ÂŤAnnonce du dĂŠmantèlement de la moitiĂŠ de la ‘jungle’ de Calais: 1000 migrants concernĂŠsÂť in La Voix du Nord, (article en ligne), le 13.02.2016 82_ AGIER (Michel), ÂŤNe dĂŠtruisons pas..... , op.cit.

ÂŤÂ ConsidĂŠrant qu’il rĂŠsulte de l’instruction, et notamment de la visite sur les lieux effectuĂŠe le 23 fĂŠvrier 2016, que (la Jungle de Calais) se caractĂŠrise par la prĂŠsence, pour l’essentiel, d’un habitat Ă la fois dense et diffus constituĂŠ d’abris prĂŠcaires et, par ailleurs, d’installations destinĂŠes Ă des services de nature sociale, culturelle, cultuelle, mĂŠdicale ou juridique. ConsidĂŠrant que ces lieux ont ĂŠtĂŠ soigneusement amĂŠnagĂŠs, qu’ils rĂŠpondent, en raison de leur nature et de leurs modalitĂŠs de fonctionnement, Ă un besoin rĂŠel des exilĂŠs (et qu’ils s’avèrent par consĂŠquent autant de) ‘lieux de vie’. Extraits de l’ordonnance du tribunal administratif de Lille du 25 fĂŠvrier 2016.


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IHW HQ SUHQDQW OD GpFLVLRQ GH UDVVHPEOHU HQ PDL WRXV OHV UpIXJLpV HQ XQ seul et mĂŞme lieu, la municipalitĂŠ a ainsi favorisĂŠ l’Êmergence et le dĂŠveloppement de nombreuses sociabilitĂŠs qui en se croisant et se recomposant de manière cosmopolite furent favorables Ă la construction de la ‘jungle’. ,O V¡\ HVW GpYHORSSp GHV VROLGDULWpV LQWHUQDWLRQDOHV GHV DFWLRQV HW GHV pYpQHPHQWV R OHV DFWHXUV VRQW LQYLWpV j FR H[LVWHU &HOD D DWWLUp DXVVL OH UHJDUG des mĂŠdias et de l’opinion publique sur la question migratoire en France et en Europe. Le gouvernement, dĂŠpassĂŠ par l’ampleur du camp qu’il a lui PrPH LQVWDXUp D GRQF GpFLGp VRQ GpPDQWqOHPHQW DĂ€Q GH OH UHQGUH PRLQV visible 83 SUpWH[WDQW GHV RIIUHV HW GHV RSSRUWXQLWpV GH UHORJHPHQW GLJQHV pour lĂŠgitimer cette rĂŠduction de la ‘jungle’. Pourtant, face Ă la destruction, ÂŤ ce principe de relation, qui fonde et refonde sans cesse toute sociĂŠtĂŠ, n’a pas complètement cĂŠdĂŠ Âť . En dĂŠtruisant la zone Sud, c’est le bidonville dans sa dimension matĂŠrielle qui est GpWUXLWH /HV OLHQV GH VRFLDELOLWp HX[ VRQW PLV j PDO PDLV SHUGXUHQW 3DU OH dĂŠmantèlement, c’est le travail humanitaire, d’amĂŠlioration des conditions HW GH UpJXODWLRQ TXL HVW GpWUXLW PDLV DXVVL WRXWH O¡DSSURSULDWLRQ SDU OHV H[LlĂŠs. On dĂŠtruit ainsi le dĂŠbut d’une stabilitĂŠ ĂŠtablie Ă travers les ĂŠchanges TX¡LOV VRLHQW pFRQRPLTXHV DYHF O¡H[LVWHQFH GH QRPEUHXVHV pFKRSSHV TX¡LOV soient culturels avec les initiatives et les mĂŠdiations entreprises par le thÊâtre RX TX¡LOV VRLHQW VRFLDX[ DYHF OHV DLGHV j OD GHPDQGH G¡DVLOH &¡HVW O¡LGpH GpIHQGXH QRWDPPHQW SDU OH FROOHFWLI 3(528 (Q VXLWH DX GpPDQWqOHPHQW G¡XQ FDPS URP j 5LV 2UDQJLV 6pEDVWLHQ 7KpU\ PHPEUH GX 3(528 ĂŠcrivait: ÂŤ DĂŠtruire est la plus sĂťre manière de faire pĂŠrenniser le bidonville, celui-ci se reconstruisant fatalement quelques mètres plus loin Âť . De ce fait, suite au dĂŠmantèlement, le nord de la ‘jungle’ s’est beaucoup dĂŠvelopSp HW GHQVLĂ€p HQWUDLQDQW DORUV GHV WHQVLRQV G€HV j OD FRKDELWDWLRQ G¡HWKQLHV DX[ PRGHV GH YLH GLIIpUHQWV &HUWDLQV RQW DFFHSWp OHV SURSRVLWLRQV G¡KpEHUgement en CAO ou en conteneurs. D’autres sont partis dans des camps plus petits et très sommaires, parfois inconnus des associations et organisations. Les conditions, elles, restent sommaires. L’appropriation est Ă refaire, la stabilitĂŠ Ă retrouver. Ce ‘dĂŠcor’ au sens d’Erving Goffmann, qui permet l’instauration d’habitudes et d’un quotidien, est perturbĂŠ, dĂŠshuma83_THOMAS (Olivier), op. cit. 84_ AGIER (Michel), ÂŤNe dĂŠtruisons pas......, op. cit. 85_ THIERY (SĂŠbastien) ÂŤFaire autrement face au bidonville pour y enfanter la villeÂť in Re-vue Malaquais, n° 1, 2014 , p.44


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nisant un peu plus la vie des rÊfugiÊs. ÉCOUTER

Par ailleurs, il s’agit d’une opÊration dont le coÝt pourrait être utilisÊ autrement selon le collectif PEROU. En effet, ces derniers avance l’idÊe

Pour Calais, construire avec les migrants &H TXH QĹ‘RQW SDV GLW )UDQŠRLV +ROODQGH ;DYLHU %HUWUDQG HW 1DWDFKD %RXFKDUW ¢ OĹ‘RFFDVLRQ GH OD UHQFRQWUH TXL QĹ‘D SDV HX OLHX DYHF OHV &DODLVLHQV GDQV OH JUDQG VDORQ GĹ‘KRQQHXU GH OĹ‘+ÂśWHO GH 9LOOH GH &DODLV # " #$ ! ! #! & $ # , # !. $ " ! # - " #! (" # /" ! $ #! $ #! ! # ! #% ! ! ' # #! . # ! "!

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WLDWLYHV EpQpYROHV H[LVWDQWHV &¡HVW QRWDPPHQW j WUDYHUV OD SXEOLFDWLRQ G¡XQ IDX[ MRXUQDO PXQLFLSDO Calais-Mag rÊ-inventer Calais, à destination des KDELWDQWV TXH OH FROOHFWLI H[SRVH XQH DXWUH IDoRQ GH FRQFHYRLU OH ELGRQ-

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ville. Le collectif, non sans utopie, ouvre les perspectives sur une ‘jungle’ j OD ULFKHVVH HW DX[ VDYRLU IDLUH FXOWXUHOV GRQW OD YLOOH GH &DODLV DXUDLW WRXW j gagner Ă accompagner dans son dĂŠveloppement.

1DWDFKD %RXFKDUW 9R\H] PRL &DODLVLHQQH GH F°XU HW QpDQPRLQV ¿OOH GH PLJUDQWV GH SqUH DUPpQLHQ HW GH PqUH SRORQDLVH /HV % "," ', ,('- 0 ,)5+5, ) + '(-+ 5+(.- '(' ) + , &" + '-, ('- .' ' '- % " ," ' ?.+ , + & "' % .+ & "+ .+ ! "- '-, *. %*. , "2 "' , 3 ) "' ,('- % , .- .+, @ - , + ",- , *.@.' 5%. % 5). %"*. ' , .+ "- -(%5+ + *.@.' #.+" " -"(' )5' % ("- (' &' + !("0 %@ . "% # % ", , + "' & '- / '- /(., -(., # / ", " '-9- + & --+ / '- ! .' - ! .' & ' " -.+ 3 , 5% -"(', &.'" ") % , '-" ")5 , (+- '- ,.+ %@ +- - % & '"6+ "+ %@!(,)"- %"-5 %% , " +('- - %% , "', +"+('- '(-+ /"%% ', % ,"6 %

CALAIS_16_mag_BAT.indd 8

La municipalitĂŠ, le gouvernement restent fermĂŠs face Ă ses perspecWLYHV 3RXUWDQW GHV H[HPSOHV G¡LQLWLDWLYHV FRPPH OH FDPS GH *UDQGH 6\Qthe, laissent penser qu’un compromis est possible entre une approche rĂŠgulĂŠe et une approche soucieuse de la dignitĂŠ des rĂŠfugiĂŠs. On estime DXMRXUG¡KXL GH DQV j DQV OD GXUpH PR\HQQH G¡XQ FDPS GH UpIXJLpV86. On peut alors se demander si le rĂ´le de l’architecte ne serait-il pas d’accomSDJQHU DX PLHX[ OH FDPS GDQV VRQ GpYHORSSHPHQW YHUV XQ WHUULWRLUH V€U accessible et durable ?

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RENCONTRER

J’aime Calais-Monde m &DODLVLHQV HQ FROÂŞUH } FRQWUH OĹ‘LJQRUDQFH HW OĹ‘KRVWLOLWÂŤ TXL HQ UÂŤVXOWH 'ÂŤWHUPLQÂŤV ¢ m VDXYHU &DODLV } HQ FXOWLYDQW OĹ‘HQWUDLGH HW OĹ‘KRVSLWDOLWÂŤ ,OV QRXV RQW IDLW SDUYHQLU OH UÂŤFLW GĹ‘XQH UHQFRQWUH GĹ‘XQ PRPHQW GH IUDWHUQLWÂŤ 3RXU TXH OĹ‘RQ SRUWH KDXW OHXU SDUROH )ORULOÂŞJH SORTIR $XWRXU GĹ?$QQHWWH "-- #", , */,- !3 ( /' .*%," ". (/-% ' ") '%") 0" '"- %)-. '' .%*)- !" ' +' -.% %"))" %( ) $" 0,%' %.3 ")."''" 2 $ $ ". $ *,!% 0 '' 2 ' % ("!% 0,%' $ +DOOH 3ODFH GĹ?$UPHV , ./%. *(+ #)3 DX OXWK GH OD 6\ULHQQH :DHG %RXKDVVRXQ ". / */! !/ /, & ) /)#*, )-"0",%)* ")!,"!% 0,%' $ 4 2 4 /!%.*,%/( !/ ,/" !/ )*0"( ," " - ("!% 0,%' )-"0",%)* )%(", /)" -.", ' -- / 7ZLQ )DLU ("!% 0,%' !" $ 2 $ )RUXP *DPEHWWD %URFDQWH VSÂŤFLDOLVÂŤH GDQV OĹ?DQWLTXLWÂŤ DQJODLVH

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Extraits du faux CalaisMag  rÊ-inventer Calais  par PEROU ŠEugÊnie Carlier

86_ ALLEN (Katherine), ÂŤBeyond the Tent: Why Refugee Camps Need Architects (Now More than Ever)Â Âť in ArchDaily, (article en ligne), le 14.10.13


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CONCLUSION

ProblĂŠmatique et enjeux Cette recherche a interrogĂŠ la ‘jungle’ dans sa dimension constructive, un territoire perçu jusqu’alors comme ĂŠtant un bidonville auto-construit. 3RXUWDQW ELHQ TXH FRPSRVpH G¡DXWR FRQVWUXFWLRQV IDLWHV SDU OHV H[LOpV GHV DFWHXUV H[RJqQHV LQGpSHQGDQWV LVVXV G¡DVVRFLDWLRQV RX HQFRUH G¡21* n’hĂŠsitent pas Ă intervenir, Ă apporter leur aide Ă la construction de cet esSDFH HW OH WUDQVIRUPHU DĂ€Q GH UpSRQGUH DX PLHX[ DX[ EHVRLQV pOHPHQWDLUHV : abriter, nourrir, soigner, divertir, enseigner... Quels enseignements l’archiWHFWH HW O¡XUEDQLVWH SHXYHQW LOV WLUHU GH FHV LQWHUYHQWLRQV GDQV XQ FRQWH[WH informel ? RĂŠsultats Un prĂŠalable historique de la question migratoire Ă Calais a permis d’Êtablir une vue d’ensemble de l’accueil des rĂŠfugiĂŠs depuis les annĂŠes 1990 Ă aujourd’hui. Montrant alors qu’en dĂŠpit de la forte mĂŠdiatisation de ces derniers mois, le dĂŠveloppement d’habitat informel par les rĂŠfugiĂŠs n’est pas un fait nouveau Ă Calais. La recherche sĂŠmantique a permis d’interroger les diffĂŠrences qui H[LVWHQW SDU DLOOHXUV HQWUH OD IRUPH GX ELGRQYLOOH DSSHOp DXVVL OH favelas ou le slum, et la forme du bidonville que reprĂŠsente la ‘jungle’, caractĂŠrisĂŠe par une population en transit. Avec une politique migratoire entre rassemblement et dispersion, ou encore institutionnalisation et prĂŠcarisation, la mise en camp sur le terrain de la Lande n’apparaĂŽt pas comme rĂŠsolument nouvelle concernant l’accueil des rĂŠfugiĂŠs Ă Calais. Cependant, il constitue quelque-chose de nouveau dans la forme, en rassemblant en un seul et mĂŞme lieu diffĂŠrentes ethnies selon une dĂŠcision politique. La ‘jungle’ est donc un camp. Cet ‘encampement’ a permis le dĂŠveloppement d’un bidonville tolĂŠrĂŠ, entraĂŽnant l’instauration de WLVVXV pFRQRPLTXHV VRFLDX[ HW FXOWXUHOV GRQQDQW j YRLU SRXU FHUWDLQV XQH urbanitĂŠ naissante caractĂŠrisĂŠe par l’idĂŠe mĂŞme d’entraide et d’interactions sociales. La ‘jungle’ serait une urbanitĂŠ en tant que ÂŤ manière d’organiser O¡HVSDFH TXL SHUPHW GH IDFLOLWHU DX PD[LPXP WRXWHV OHV IRUPHV G¡LQWHUDFWLRQ entre partenaires et de les multiplier Âť87. Ceci a notamment ĂŠtĂŠ possible par O¡LPSOLFDWLRQ HW O¡LPSRUWDQWH G\QDPLTXH FRQVWUXFWLYH PHQpHV SDU OHV EpQp87_ MERLIN(Pierre) CHOAY(Françoise) (dir.), op. cit. , DĂŠfinition d’urbanitĂŠ, p.926

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voles et les humanitaires. De cette recherche, il en ressort 3 grands ordres de résultats. -Une mobilisation connectée

Concernant la mobilisation bénévole, nous avons pu constaster plusieurs choses. Tout d’abord, les différentes enquêtes menées sur les constructions de la ‘jungle’ révèlent l’importance et la diversité de cette ‘couche intermédiaire’ qui rassemble les bénévoles et les humanitaires veQDQW SRUWHU DVVLVWDQFH DX[ H[LOpV 8QH YLQJWDLQH GH FROOHFWLIV DVVRFLDWLRQV RX 21* UHODWLIV j OD FRQVWUXFWLRQ GDQV OH FDPS RQW SX rWUH LGHQWLÀpV 88. A O·H[FHSWLRQ GHV 21* LO V·DJLW SRXU EHDXFRXS GH FHV DFWHXUV GH OHXU SUHPLqUH H[SpULHQFH GH FH W\SH VRXYHQW QpH G·XQH SULVH GH FRQVFLHQFH SHUVRQnelle et d’une volonté d’agir, en mettant au service leurs compétences ou leurs contacts d’architecte, de charpentier mais aussi de dramaturge, d’orthophoniste ou d’artiste. Une partie des bénévoles, pour beaucoup anglophone, monte leur propre projet de manière indépendante. Il s’agit souvent GH FH TX·RQ TXDOLÀH DXMRXUG·KXL GH ¶FROOHFWLI· DJLVVDQW DLQVL GH PDQLqUH DXWRQRPH GDQV OHXUV IRQFWLRQQHPHQWV HW GH PDQLqUH OLEUH GDQV OHXU FKRL[ A l’inverse, d’autres acteurs choisissent plutôt de passer par l’intermédiaire G·XQH DVVRFLDWLRQ RX G·XQH 21* H[LVWDQWH j O·LPDJH GH O·$XEHUJH GHV 0Lgrants ou de Médecins sans Frontières. Cette démarche présente des avanWDJHV FRPPH OD SUpVHUYDWLRQ GH OD FRQÀGHQWLDOLWp GHV LQWHUYHQDQWV PDLV DXVVL OD PLVH j GLVSRVLWLRQ GH PR\HQV HW GH ÀQDQFHPHQWV 2Q QRWHUD FHSHQGDQW TXH VL FHV GHX[ DSSURFKHV VRQW OpJqUHPHQW GLIIpUHQWHV O·HQWUDLGH PDQXWHQWLRQQDLUH ÀQDQFLqUH RX PDWpULHOOH HQWUH OHV DVVRFLDWLRQV OHV 21* et les intervenants est très forte. Autre remarque, le rôle d’internet apparait crucial dans cette mobilisation. Par la mise en relation avec les intervenants via l’utilisation des UpVHDX[ VRFLDX[ WHOV TXH Facebook ou Twitter, ils se créent de véritables groupes d’action ouverts à tous et attelés à des missions précises qui permettent facilement de prendre contact avec les acteurs. Même si l’on pourUDLW V·\ SHUGUH WDQW FHV SDJHV VRQW QRPEUHXVHV HW YDULpHV /·DOLPHQWDWLRQ GH FHV VLWHV HVW DVVH] OLEUH 6XU OHV UpVHDX[ VRFLDX[ FKDFXQ HVW LQYLWp j \ SDUWLFLSHU 2Q \ WURXYH GHV SURSRVLWLRQV GH SURMHWV DYHF GHV SODQV GLVSRQLEOHV VXU 88_ Voir l’annuaire en annexe p.


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le principe d’Opensource, des photos, des tĂŠmoignages et mĂŞme des offres de covoiturage ou d’hĂŠbergement. Internet permet ĂŠgalement une diffusion IDFLOH HW UDSLGH GHV DSSHOV DX[ GRQV HW GHV FDPSDJQHV GH crowdfunding, touchant alors un large public. Par la suite, les donateurs sont tenus informĂŠs de manière presque hebdomadaire sur l’utilisation de leur dons, participant ainsi, d’une certaine manière, Ă l’action, malgrĂŠ la distance. -Une dynamique constructive flexible.

Autour de la dimension spatiale et constructive, il en resort que les initiatives de construction dans la ‘jungle’ nous enseignent sur la façon de FRQFHYRLU GDQV XQ FRQWH[WH LQIRUPHO ,O V¡\ MRXH XQH DUFKLWHFWXUH TXL UpSRQG avant tout Ă des besoins humains, Ă des rĂŠalitĂŠs locales et concrètes relevĂŠes après un travail d’Êcoute et de terrain. Ces initiatives ont comme base commune la volontĂŠ d’amĂŠliorer les conditions de chacun. Ceci se traduit alors VSDWLDOHPHQW SDU GHV LQWHUYLRQV FRQVWUXFWLYHV j O¡LPSDFW LPSRUWDQW HW DX[ PR\HQV UHODWLYHPHQW PLQFHV &HV LQWHUYHQWLRQV SUHQQHQW DORUV VHQV GDQV XQ ensemble cohĂŠrent car elles s’Êtablissent et s’ajustent selon l’Êvolution des EHVRLQV GX IDLW GH OHXU Ă H[LELOLWp En effet, toutes les constructions sont dotĂŠes d’une faible empreinte au sol issue du caractère prĂŠcaire du territoire et des contraintes environQHPHQWDOHV )OH[LEOH GDQV OHXU SURJUDPPH HW OHXU FRQFHSWLRQ PHVXUpH RX spontanĂŠe, il s’agit d’une architecture au potentiel de renouvellement et d’adaptabilitĂŠ importante comme en atteste le dĂŠmantèlement de Mars 2016. De ce fait, une partie des constructions ont pu ĂŞtre dĂŠmontĂŠes ou WUDQVSRUWpHV SRXU rWUH GpSODFpHV ,O V¡\ MRXH SHXW rWUH OHV PpFDQLVPHV GH OD ville de demain Ă laquelle dĂŠmocratiquement chacun pourrait prendre part HQ SDUWLFLSDQW G¡XQH IDoRQ RX G¡XQH DXWUH j VRQ Ă€QDQFHPHQW VD FRQFHSWLRQ VD FRQVWUXFWLRQ RX j OD YLH TXL V¡\ GpURXOH JUkFH j XQH GpPDUFKH FROODERUDWLYH DGRSWpH HQ WDQW TXH FLWR\HQ DXWRQRPH DX PR\HQ G¡LQIUDVWUXFWXUHV HQ NLW PLQLPDOLVWHV HW Ă H[LEOHV

-Une appropriation possible

Autour de la dimension appropriative, celle-ci fut dans un premier WHPSV GLIĂ€FLOHPHQW FRQFHYDEOH DX VHLQ GH FH WHUULWRLUH HQWUH WUDQVLW HW DW-


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tente. Pourtant, j’ai pu ĂŠtablir 3 catĂŠgories d’appropriation: l’adaptation, la personnalisation et l’organisation. Une appropriation dont les degrĂŠs varient selon la culture, les pratiques et les intentions du rĂŠfugiĂŠ. L’adaptation est la forme la plus dĂŠveloppĂŠe. En effet, c’est de cette façon que les construcWLRQV DX GpSDUW UHODWLYHPHQW QHXWUHV VRQW PRGLĂ€pHV DĂ€Q GH UpSRQGUH SOXV SUpFLVpPHQW DX[ SUDWLTXHV HW JHVWHV TXRWLGLHQV GHV UpIXJLpV ,O HQ HVW GH mĂŞme pour les ĂŠquipements communautaires dont la conception ouverte SHUPHW XQH FHUWDLQH Ă H[LELOLWp TXDQW DX[ DFWLYLWpV TXL V¡\ GpURXOHURQW La personnalisation est un autre degrĂŠ d’appropriation, parfois dĂŠFRXODQW GH O¡DGDSWDWLRQ PrPH /¡REMHW GHYLHQW DORUV OH VXSSRUW G¡H[SUHVsion d’un message, ou la manifestation d’une appartenance Ă une ethnie, un SD\V L’organisation, forme moins perceptible, est une forme d’appropriation qui n’est visible que si l’on prĂŞte attention au dĂŠroulement des activitĂŠs dans la ‘jungle’. Le passage du statut de rĂŠfugiĂŠ Ă celui d’entrepreneur montre cette capacitĂŠ Ă prendre part Ă la vie du camp plutĂ´t qu’à la rĂŠsignation et l’attente. Par consĂŠquent, cette appropriation est une preuve de rĂŠussite et une reconnaissance du travail menĂŠ par les bĂŠnĂŠvoles. Elle reste pourtant inachevable du fait de la prĂŠcaritĂŠ et du caractère transitoire de sa population.

Les questions sanitaires et sĂŠcuritaires restent centrales et font l’objet de mesures radicales telles que le dĂŠmantèlement ou la mise en place GH FRQWHQHXUV YLVDQW j PLHX[ FRQWU{OHU XQ WHUULWRLUH HQ PRXYHPHQW &Hpendant, l’appropriation, notammment permise par l’implication des bĂŠnĂŠvoles, n’est-elle pas le dĂŠbut d’une forme d’auto-rĂŠgulation ? Ces questionnements, qui subsistent, amènent Ă s’interroger sur le rĂ´le PrPH GH O¡DUFKLWHFWH GDQV OH FRQWH[WH GH OD PLVH HQ FDPS Âś)DLUH LFL¡ QH reviendrait-il pas forcement Ă un ‘faire engagÊ’ ?


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84

BIBLIOGRAPHIE

Livres: _ AGIER (Michel), Gérer les indésirables : des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire, Paris, Flammarion, 2008, 349p. _ AGIER (Michel) Je me suis réfugié là, Bords de route en exil. Paris, Donner Lieu, 2011, 125p. _ AGIER (Michel) sous la direction de. Un monde de camps. Paris, La découverte, 2014, 422 p. _ COLOMBANI (Marie-Françoise), Bienvenue à Calais, les raisons de la colère, Paris, Actes Sud, 2016, 48p. _ COUREAU (Henri), Ethnologie de la Forme-camp de Sangatte, Paris, Les archives contemporaines, 2007, 274p. _ DAVIS (Mike), Le pire des mondes possibles : de l’explosion urbaine au bidonville global, Paris, La découverte, 2007, 249p. _ DE CERTEAU (Michel), L’invention du quotidien 1.arts de faire. Paris, Gallimard, 1990, 350p. _ DRUMMOND(Didier), Architectes des favelas, Paris, Dunod, 1981, 112p. _GOFFMAN (Erving), La mise en scène de la vie quotidienne, Paris, Les éditions de minuit, 1973, 256p. _ HANAPPE (Cyril) et les élèves du DSA-Risques Majeurs de ENSA Paris-Belleville, Architecture et réduction du risque, plan guide d’intervention dans la jungle de Calais , Paris, Ensa-Belleville, Janvier 2016 _HUTIN (Christophe) GOULET (Patrice), L’enseignement de Soweto- construire librement, Arles, Actes Sud, 2009, 100p. _LAACHER (Smaïn), Après Sangatte... nouvelles immigrations, nouvelles questions, Paris, La Dispute, 2002, 121p. _ LEVY-VROELANT (Claire), Logements de passage : formes, normes, expériences, Paris, L’Harmattan, 2000, 298p. _ L.ROSA (Marcos), WEILAND (Ute) Sous la direction de., Ute.Handmade urbanism: Mumbai, Sao Paulo, Istanbul, Mexico City, Cape Town : from community initiatives to participatory models.Berlin : Jovis , 2013, 220p. _ MEADOWS (Fiona), Sous la direction de. Habiter le campement , Paris, Ed.Actes Sud/ Cité de l’Architecture et du Patrimoine, 2016, 352p. _ PEREC (George), Espèces d’espaces, Paris, Galilée, 1974, 125p. _ SABERAN (HAYDEE), Ceux qui passent, Paris, Carnets Nord, 2012, 254p. _ SALIGNON (Bernard), Qu’est ce qu’habiter ?, Paris, Ed.La Vilette, 2010, 143p. _ TOURNAY (Virginie), Sociologie des institutions, Paris, Presses Universitaires de France , collection «Que sais-je ?», 2011


85

Articles: _ANGLIVEL (Maud), «La relative consécration d’obligations étatiques dans la ‘jungle’ calaisienne» in La Revue des droits de l’homme, (Article), 22.12.2015 _ AGIER (Michel), «Ne détruisons pas le bidonville de Calais !» in Le Monde , (article), 14.02.16 _ ALLEN (Katherine), «Beyond the Tent: Why Refugee Camps Need Architects (Now More than Ever) » in ArchDaily, (article en ligne), le 14.10.13 _ BRUSLE (Tristan), «Rendre l’étranger familier. Modes d’appropriation et de catégorisation de l’espace par les migrants népalais en Inde», in Revue Européenne des Migrations Internationales, 2010, vol. 26, n° 2, pp. 77-94. _ CAILLOCE (Laure) « Les camps, l’autre destination des migrants » in CNRS Le Journal, (article en ligne), le 28.11.2014 _CARRERE (Violaine) « Sangatte,un toit pour des fantômes » in Les Frontières du droit d’Asile, N° 1238, Juillet-août 2002. _GEERTZ (Clifford), « La description dense »in Enquête, 15.03.2013 [Enquête] _ HANAPPE (Cyrille), « A Calais, un autre devenir de ville» in Multitudes, n°61, 2015 _ HANAPPE (Cyrille), « A Calais, un camp des années 30» in Libération, le 21.10.2015 _LAACHER (Smaïn), « Réfugiés sans refuges» in Pouvoirs, (article), Janvier 2013 n°44 _LEWIS (Jim), « Le camp comme un nouveau model urbain » in Le courrier international n°941 , Novembre 2008 _MORICE (Louis), « Zimako, le Calaisien » in Le nouvel obs , le 8.09.2015. _THERY(Sébastien), «Faire autrement face au bidonville» in Re-vue Malaquais, n°1, Janvier 2014

Conférences: _ AGIER (Michel) HANNAPE (Cyril) POUCHARD SERRA (Anita) PRESITANNI (Sarah) «Habiter le campement» à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine le 14 Avril 2016, Paris _ Colloque international « Un paysage global de camps» par EHESS et la Cité de l’Architecture et du Patrimoine - Octobre 2014 .


86

BIBLIOGRAPHIE

Radiographie: _ DROUELLE (Fabrice), «De Sangatte aux jungles du Calaisis, les histoires sans fin» in Affaires Sensibles, France Inter, le 26.05.15 _ ADLER (Laure), Hors Champs, Série spéciale Calais, France Inter, du 11.04.16 au 15.11.16

Filmographie: _ GEORGE (Sylvain) , Qu’ils reposent en révolte, 2010, film documentaire, 153 min _ LAVILLE (Grégory), Calais ville d’errance, 2003, film documentaire, 70 min _ LIORET (Philippe), Welcome , 2009 , film dramatique, 110 min _ NOEL (JAMIE), The Lotus Flower: Hope in the Calais Jungle - 2016 , film documentaire , 15 min _ ISAACS (Marc), Calais la dernière frontière, 2001, film documentaire, 24 min

Iconographie: _ DRUELLE (Louise) - «Un an à Calais» , (illustrations), Calais, 2015-2016 _ DUBOIS (Léon), « Calais, immersion en images », (photographies), Calais, 2015. _ PICON (Laly), « Calaisfornia » , (photographies), Calais, 2016 _GAUTHERON (Pierre), « Welcome to the jungle » , (photographies), Calais, 2016 _ JUNGLEYE, projet photographique participatif dans la ‘jungle’, Calais, 2016 _REVILLARD (jean), « Jungles », (photographies), Calais, 2009

Dictionnaires: _ BRAUDO (Serge) Dictionnaire du droit privé (en ligne), URL : http://www.dictionnaire-juridique.com/ _ BRUNET (Roger) FERRAS (Robert) THERY (Hervé)(dir.), Les mots de la Géographie, Paris, La documentation Française, 2005, 518p. _ DORRIER-APPRILL (Elisabeth), Vocabulaire de la ville, Paris, Du temps, 2001, 192p. _ MERLIN(Pierre) CHOAY(Françoise)(dir.), Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Paris, Presses Universitaires de France, 2000, 1024p.


87

_ SEGAUD (Marion) BRUN (Jacques) DRIAN (Jean-Claude) sous la direction de, Dictionnaire de l’habitat et du logement, Paris, Ed.Armand Colin, 2002, pp.23-33

Site internet: _Calaispédia - http://www.calaidipedia.co.uk _Collectif PEROU - http://www.perou-paris.org _Collectif A Home For Winter- http://ahomeforwinter.blogspot.fr _Médecins sans frontières - http://www.msf.fr _Pages Facebook : Little Ashram Kitchen , Building in Calais Jungle, L’Ecole Laïque du Chemin des Dunes... _Grainne Hasset - http://the-calais-builds.squarespace.com _The refugee right - Data project http://www.therefugeeproject.org


88

TABLE DES MATIERES

9

Remerciements Avant-propos

11

Introduction

13

PARTIE 1 DE LA FRONTIÈRE À LA ‘JUNGLE’ 1.1 Un détroit stratégique

19 21

>Géographie du Détroit de la Manche

21

>Développement des infrastructures

21

- Le port de Calais - Le tunnel sous la Manche

1.2 La dernière frontière >Une spécificité politique -

24

Le centre de Sangatte (1999-2002) La ‘jungle’ Pachtoune (2003-2009) Les Squats et campements sur le littoral La naissance de la ‘New Jungle’ (2015)

1.3 Un « encampment » nouveau

PARTIE 2 LA CONSTRUCTION DE LA

23

L’espace Schengen Le protocole de Sangatte Les accords du Touquet Conséquences

>Bloqués à la frontière -

22

‘NEW JUNGLE’ PAR LES ACTEURS EXOGÈNES

28

33

2.1 L’avant projet- S’introduire pour agir

35

2.2 La conception

42

2.3 La construction

44


89

PARTIE 3 CONSTRUIRE LA STABILITÉ DANS LA MOBILITÉ SOUS-CONTRAINTE 3.1 L’appropriation et ses limites

53 55

>Définition du concept d’appropriation

55

>Observation des formes d’appropriation

57

- L’adaptation - La personnalisation - L’organisation et l’investissement

>Les limites

67

-Le transit -Une mise en sens fragile -Le présentisme

3.2 Bidonville-Quelle place pour l’institutionnalisation?

69

>Les régulations sanitaires et sociales

71

>Les régulations sécuritaires

72

>Établir le camp pour mieux en sortir?

73

3.3 Les enjeux du démantèlement

75

Conclusion

79

Bibliographie

84

Annexes

91


90


91

ANNEXES _Frise Chronologique

p.93

_ 13 Fiches d’études de chantiers p.94

_ Questionnaires - Kate Adams - Grainne Hasset _ Lionel Vacca _ Extraits de carnet

p.102 p.104 p.107 p.108

_ Annuaire des associations et ONG relatives à la construction p.114 dans la ‘jungle’.


92

FRISE CHRONOLOGIQUE


93


94

FICHES D’ENQUÊTE

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Construction

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Après-projet

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Démolition

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©A Home For Winter


95 Projet :

Abis Flat Pack Disaster Shack

Concepteur:

3 4

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Avant-projet

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Š Flat Pack Disaster Shack

Construction

Fabrication: ( " ( ( # Contrainte: Lieu: Equipe: "( ( DifficultĂŠs: Interlocuteur sur le site:

Š Flat Pack Disaster Shack

Après-projet Diffusion:

RĂŠseau sociaux ,

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DĂŠcoration, isolations .

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Fevrier/Mars 2016 ?

Š Flat Pack Disaster Shack

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ŠEugÊnie Carlier

Construction

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Interlocuteur sur le site:

ŠEugÊnie Carlier

Après-projet

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DĂŠmolition

Fevrier/Mars 2016 ?

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ŠEugÊnie Carlier


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Construction

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©MSF

Après-projet Diffusion :

site officiel MSF

Appropriation :

Démolition

Projet:

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Suivi :

Fevrier/Mars 2016 ?

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©Albert Facelly

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Avant-projet

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©Good Chance Calais

Construction

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Interlocuteur sur le site:

©Good Chance Calais

Après-projet

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Démolition Fevrier/Mars 2016 ?

©Sarah Lee


Projet

97

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Concepteur : Association: DĂŠmarche :

Avant-projet

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Construction Fabrication:

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Lieu: à côtÊ de l’Eglise ErythrÊenne. Equipe: BÊnÊvoles DifficultÊs: l Ê X

ŠJungle Books

Après-projet Diffusion :

page facebook, presse

Appropriation : A

Peinture en façade, signaletique, cours, lieu d’information, espace extĂŠrieur

Suivi :

Extension Decembre 2015 - classe enfant

DĂŠmolition

Projet

Fevrier/Mars 2016 ?

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ŠJungle Books

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Concepteur : Association: DĂŠmarche :

Avant-projet Objectif : Financement : MatĂŠriaux :

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ŠGrainne Hasset

Construction

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ŠEugÊnie Carlier

Après-projet Diffusion: Appropriation: Suivi:

DĂŠmolition

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Fevrier/Mars 2016 ?

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98

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Avant-projet Objectif: Financement: MatĂŠriaux:

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Construction

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ŠGrainne Hasset

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DĂŠmolition

ŠGrainne Hasset

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Avant-projet

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Construction

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Après-projet

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DĂŠmolition

Fevrier/Mars 2016?

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ŠGrainne Hasset


99

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Avant-projet Objectif: Financement: MatĂŠriaux:

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Š Sam Dooley

Construction

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DĂŠmolition

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Fevrier/Mars 2016?

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Avant-projet

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Après-projet

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DĂŠmolition

Fevrier/Mars 2016 ?

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ŠL’Ecole LaĂŻque du Chemin des Dunes


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Avant-projet

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Construction

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Après-projet

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DĂŠmolition

Fevrier/Mars 2016 ?

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Concepteur:

Avant-projet Objectif: Financement: MatĂŠriaux:

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Construction

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ŠAshram Kitchen

Après-projet Diffusion:

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Appropriation: Suivi:

Fevrier/Mars 2016 ? ! & ! + + " ! /-.0 2 " + 2 ' ( " ! ! " # ! ' ! ! & (

DĂŠmolition

ŠAshram Kitchen


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QUESTIONNAIRES


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QUESTIONNAIRE Kate Adams - Comédienne Britannique Association ‘Flat Pack Disaster Shack’

(+286( 7+(5(

eFKDQJH SDU H PDLO OH -DQYLHU

Général 4XHOOH HVW YRWUH SURIHVVLRQ " -H VXLV FRPpGLHQQH SURIHV VLRQQHOOH MH MRXH SULQFLSDOHPHQW GHV SLqFHV GH WKpkWUH HQ $QJOHWHUUH $0 $ 352)(66,21$/ $&75(66 :25.,1* 0$,1/< ,1 7+($75( ,1 1*/$1'

&RPPHQW VH ¿QDQFH OH SURMHW " GRQV 21* DVVRFLDWLRQ &52:')281',1* LQYHVWLVVHPHQW SHUVRQQHO

-¶DL G¶DERUG ¿QDQFp SDU PRL PrPH SXLV GHV DPLV P¶RQW DLGpH /RUVTXH QRXV DYRQV PRQWp OH SUR MHW µ /$7 $&. ,6$67(5 +$&.¶ QRXV DYRQV PLV HQ SODFH XQ &52:')281',1* !2 67$57 :,7+ )81'(' 7+( 75,36 0<6(/) 7+(1 620( )5,(1'6 +(/3(' 287 "( 7+(1 25*$1,6(' $ &52:' )81'(5 :+(1 :( 6(7 XS ÀDW SDFN GLVDVWHU VKDFN DQG UDLVHG 021(< 7+$7 :$<

Le Projet GDWH GH OD SUHPLqUH FRQVWUXFWLRQ 1RYHPEUH DFWXHOOHPHQW 29(0%(5 $1' 21*2,1* 4XL SDUWLFLSH j OD FRQVWUXFWLRQ " 8QH IRUPDWLRQ HVW HOOH QpFHVVDLUH " 1RXV PrPHV 0RQ FROOqJXH HVW XQ EULFROHXU PDLV SHUVRQQHOOHPHQW MH Q¶DL DXFXQH YpULWDEOH H[SpULHQFH &HUWDLQV UpIXJLpV TXL QRXV DLGHQW Q¶RQW SDV G¶H[SpULHQFHV QRQ SOXV RX DX FRQWUDLUH VRQW GHV LQJpQLHXUV SDU H[HPSOH 856(/9(6 $1' 21 $&&$6,21 7+26( :( :(5( %8,/',1* )25 +(/3(' < 3$571(5 ,6 $ 75$,1(' 6(7 '(6,*1(5 $1' %8,/'(5 %87 +$9( 12 75$,1,1* 20( 2) 7+( 5( )8*((6 :+2 +(/3(' +$9( 12 (;3(5,(1&( $1' 27+(56 $5( (1*,1((56 (7&

4XL V¶RFFXSH GH OD FRPPDQGH GHV PDWpULDX[ " YRXV PrPH 21* UHF\ FODJH

1RXV FRPPDQGRQV QRXV PrPH OHV PDWpULDX[ PDLV QRXV RUJDQLVRQV DXVVL GHV FDPSDJQHV GH GRQV FRPPH (VW FH YRWUH SUHPLqUH H[SpULHQFH GDQV SRXU OHV SDOHWWHV XQ FDGUH µKXPDQLWDLUH¶ " "( 25'(5(' 0$7(5,$/6 $1' $/62 25*$ 2XL 1,6(' '21$7,216 68&+ $6 3$//(76 &RPELHQ GH WHPSV GXUH OH FKDQWLHU " &KDFXQ DEUL HVW FRQVWUXLW HQ $Q 6L YRXV WUDYDLOOH] DYHF XQH 21* DV JOHWHUUH /¶DVVHPEODJH VXU SODFH GXUH L’avant-projet VRFLDWLRQ ODTXHOOH " HQYLURQ XQH KHXUH $X GpSDUW DYHF O¶$XEHUJH GHV $&+ 2) 285 60$// 6+$&.6 ,6 %8,/7 ,1 4XL GpFLGH GX VLWH GH FRQVWUXFWLRQ " ,O 0LJUDQWV PDLV QRXV WUDYDLOORQV SDU QRXV PrPH PDLQWHQDQW 1pDQPRLQV \ D W LO GHV UqJOHV GHV FULWqUHV j UHV 1*/$1' 7+(1 $66(0%/(' 216,7( ,1 $1 +285 LO \ D EHDXFRXS G¶HQWUDLGH HQWUH OHV SHFWHU" /D µMXQJOH¶ HVW FRQVWDPPHQW JURXSHV +$9( %((1 ,1 &217$&7 :,7+ 8%(5*( HQ PRXYHPHQW ,O HVW LPSRUWDQW GH $YH] YRXV UHQFRQWUHU GHV SUREOqPHV '(6 ,*5$176 %87 :( $5( 12: :25.,1* V¶DVVXUHU TXH O¶RQ HVW SDV HQWUDLQ GH WHFKQLTXHV GHV GLI¿FXOWpV GHV LPSUp 21 285 2:1 2:(9(5 7+(5( ,6 $ /27 2) FRQVWUXLUH VXU XQH ]RQH VXVFHSWLEOH YXV " &217$&7 %(7:((1 ',))(5(17 *52836 :+(1 G¶rWUH UDWLVVpH RX UpFXSpUpH SRXU XQ /¶DFFqV j OD µ-XQJOH¶ SHXW rWUH FRPSOLTXp ,O \ DXVVL FRQVWDPPHQW GHV DXWUH XVDJH 287 7+(5( 7KH -XQJOH LV FRQVWDQWO\ LQ ÀX[ DQG LW UXPHXUV VXU FH TXH O¶RQ SHXW IDLUH RX &RPPHQW DYH] YRXV HQWUHSULV YRWUH ,6 ,03257$17 72 (1685( <28 '2 127 %8,/' QH SDV IDLUH 3DU H[HPSOH XQH IRLV RQ GpPDUFKHV " FRQWDFW DYHF XQH 21* 620(:+(5( 7+$7 ,6 /,.(/< 72 %( %8//'2 QRXV D GLW TXH WRXWHV OHV FRQVWUXFWLRQV UpDOLVpHV j O¶DLGH G¶RXWLOV FRPPH OD =(' 25 7$.(1 29(5 )25 27+(5 86( YLVLWH VSRQWDQpH

SHUFHXVH RX OD YLVVHXVH VHUDLHQW V\V -H VXLV YHQXH HQ VHSWHPEUH DX GpSDUW DYHF XQ SURMHW DXWRXU GH OD PX &RPELHQ GH WHPSV DYH] YRXV FRQVD WpPDWLTXHPHQW GpWUXLWHV $XVVL TXH OH FLPHQW Q¶HVW SDV DXWRULVp VLTXH GDQV OD µMXQJOH¶ 3XLV M¶DL pWp FUp j OD SKDVH GH FRQFHSWLRQ" $XWUH FKRVH LO Q¶HVW SDV UDUH GH WRP j VHPDLQHV EpQpYROH DXVVL GDQV OH FHQWUH GH WUL GH EHU VXU GH O¶DPLDQWH ORUVTX¶RQ WHUUDVVH :((.6 O¶$XEHUJH GHV 0LJUDQWV XQ SHX OH WHUUDLQ 0$'( $ 9,6,7 ,1 (37(0%(5 :+,&+ :$6 &(66 72 7+( -81*/( &$1 %( 75,&.< !+(5( 4XHOOHV VRQWOHVFRQWUDLQWHV" &211(&7(' 72 )$&,/,7$7,1* 086,& ,1 7+( $5( &2167$17 5802856 $%287 :+$7 ,6 $/ 81*/( $/62 92/817((5(' ,1 7+( :$5


103

/2:(' $1' :+$7 ,61@7 )25 (;$03/( $7 21( 67$*( :( :(5( 72/' 7+$7 $1<7+,1* 7+$7 +$' %((1 0$'( 86,1* 32:(5 722/6 :28/' %( 7$.(1 '2:1 /62 7+$7 &( 0(17 :$61@7 $//2:(' /62 21&( <28 67$57 ',**,1* 25 /(9(//,1* *5281' <28 2)7(1 &20( $&5266 $6%(6726 $X FRQWUDLUH DYH] YRXV GpSOR\HU GHV UXVHV WDFWLTXHV " 3DWLHQFH ORUVTX¶LO HQ IDXW $7,(1&( :+(1 287 7+(5( ,6 1(('(' /HV UpIXJLpV LQWHUYLHQQHQW LOV GDQV OH SURFHVVXV GH FRQFHSWLRQ" GH FRQVWUXF WLRQ" 6L RXL FRPPHQW " 2XL GDQV OD FRQVWUXFWLRQ VXU VLWH PDLV Q¶D\DQW SDV G¶RXWLOV RQ QH ¿QLWLRQV <HV 2QVLWH ZLWK WKH ¿QLVKLQJ RI WKH 352-(&76 !+(< '2 127 7(1' 72 +$9( WRROV KRZHYHU VR FDQ EH GLI¿FXOW WR OHDYH WKHP WR ¿QLVK

L’après-chantier $SSRUWH] YRXV GHV UpSDUDWLRQV" XQ VXLYL " /H WRLW D VRXYHQW EHVRLQ G¶rWUH UpSDUp <(6 !+( 522) 72 21( 2) 7+( /$5*(5 6758& 785(6 1(('(' 5(3$,5 /HV UpIXJLpV V¶DSSURSULHQW LOV OHV FRQVWUXFWLRQV" 6L RXL FRPPHQW " ,OV DSSRUWHQW TXHOTXHV ¿QLWLRQV O¶LVROHQW HW OH GpFRUHQW ,1,6+,1* 2)) $1' 7+(1 ,168/$7,1* $1' '(&25$7,1* ,16,'( $YH] YRXV O¶LQWHQWLRQ GH FRQVWUXLUH j QRXYHDX GDQV OD µMXQJOH¶ " 2XL F¶HVW XQ SURMHW HQ FRXUV #(6 7+,6 ,6 $1 21*2,1* 352-(&7 &RPPXQLTXH] YRXV VXU OHV UpVHDX[ VRFLDX[ " DYDQFHPHQW FKDQWLHU 3RXUTXRL " $&(%22. !:,77(5 &52:')81',1*

LQIRUPpV OHV JHQV SRXU TX¶LOV VDFKHQW R SDUW OHXU DUJHQW "( 86(' )$&(%22. $1' 7:,77(5 72 &52:' )81' $1' 72 /(7 3(23/( .12: :+(5( 7+( 021(< ,6 *2,1*


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QUESTIONNAIRE Grainne Hasset - Architecte Irlandaise ‘FabLab Limerick Aid Calais’

FLGp GH FRQVWUXLUH GLIIpUHQWHV VRUWHV G¶DEULV 2Q P¶D SURSRVp GH FRQVWUXLUH XQH VRUWH GH FXLVLQH TXH WRXW OH PRQGH SRXUUDLW XWLOLVHU -¶\ DL UpÀpFKL HW PHV FROOqJXHV GX /$% ,0(5,&. JpUp SDU PRQ pFROH G¶DUFKLWHFWXUH IXUHQW G¶DFFRUG SRXU P¶DLGHU (Q DRXW MH PH VXLV UHQGXH j &DODLV SRXU Échange par e-mail FRQVWDWHU OHV FRQGLWLRQV GX WHUUDLQ HW le 15 Mars 2016 OD IDoRQ GRQW OHV JHQV FRQVWUXLVDLHQW $SUqV FHWWH YLVLWH M¶DL FKDQJp PHV SODQV DSUqV DYRLU YX OH FOLPDW QRWDP PHQW DX QLYHDX GHV PDWpULDX[ -¶DL Général GpFLGp GH FRQVWUXLUH VWUXFWXUHV FRP PXQDXWDLUHV HW GH OHV WUDQVSRUWHU j &D 4XHOOH HVW YRWUH SURIHVVLRQ " ODLV GHSXLV O¶,UODQGH VHPDLQHV SOXV -H VXLV DUFKLWHFWH HQ ,UODQGH R WDUG /¶LGpH SULQFLSDOH pWDLW XQ HVSDFH MH VXLV pJDOHPHQW SURIHVVHXUH j O¶pFROH FRPPXQDXWDLUH R OHV JHQV SHXYHQW VH G¶DUFKLWHFWXUH UDVVHPEOHU $0 $1 $5&+,7(&7 ,1 35$&7,&( ,1 5( /$1' $1' $ 352)(6625 2) $5&+,7(&785( &¶HVW XQ SURMHW TXH M¶DL PHQp ZZZ WKH FDODLV EXLOGV VTXDUHVSDFH -¶DL FKHUFKp OHV ¿QDQFHPHQWV DSSH FRP OHU j GHV GRQV GH PDWpULDX[ PHQHU XQH FDPSDJQH GH &52:')81',1J 7RXW (VW FH YRWUH SUHPLqUH H[SpULHQFH GDQV FHOD DYHF O¶DLGH G¶DPLV GH OD IDPLOOH XQ FDGUH µKXPDQLWDLUH¶ " GH FOLHQWV GH FROOqJXHV HW G¶DXWUHV 2XL F¶HVW OD SUHPLqUH FRQWDFWV 4XDQG QRXV VRPPHV DUULYpV <HV WKH ¿UVW QRXV DYRQV FRPSULV TX¶LO Q¶\ DYDLW SDV GH UqJOHV F¶pWDLW O¶DQDUFKLH ,O Q¶\ DYDLW 6L YRXV WUDYDLOOH] DYHF XQH 21* DV SDV GH VLWH SDV GH FOLHQW SHUVRQQH DYHF VRFLDWLRQ ODTXHOOH " TXL QpJRFLHU $SUqV TXHOTXHV pFKRV 1RQ MH QH WUDYDLOOH SDV SRXU XQH GHV EUXLWV GH OD µMXQJOH¶ TXHOTX¶XQ 21* QRXV D GLW TX¶XQ FHQWUH SRXU IHPPHV 2 '2 127 :25. :,7+ $1 HW HQIDQWV VHUDLW QpFHVVDLUH 4XHOTX¶XQ G¶DXWUH QRXV D IDLW VDYRLU TX¶XQ HV L’avant-projet SDFH GH WHUUDLQ YDJXH ERLVp pWDLW OLEUH 2Q \ D SRVp OD VWUXFWXUH IDLVDQW DLQVL &RPPHQW DYH] YRXV HQWUHSULV YRWUH XQH FRQVWUXFWLRQ OD SUHPLqUH &H IXW GpPDUFKHV " FRQWDFW DYHF XQH 21* XQ pOpPHQW FRPPXQDXWDLUH LPSRUWDQW YLVLWH VSRQWDQpH

SRXU OD µMXQJOH¶ FHW KLYHU &RPPHQW VH ¿QDQFH OH SURMHW " GRQV 21* DVVRFLDWLRQ &52:')281',1* 67$57(' %(&$86( :$6 LQYHVWLVVHPHQW SHUVRQQHO

6+2&.(' %< 7+( 6/2: 5(63216( ,) 7+( 5, 4XL V¶RFFXSH GH OD FRPPDQGH GHV 6+ 7$7( 72 7+( 5()8*(( &5,6,6 ,1 ($5/< PDWpULDX[ " YRXV PrPH 21* UHF\ 81( $1' %(&$86( +$' +($5' 2) FODJH

',0,1,6+,1* '(02&5$&,(6 ,1 !85.(< ,1 -¶DL FRPPHQFp SDUFH M¶pWDLV ($5/< '(&,'(' 72 %8,/' 6+(/7(5 FKRTXpH SDU OD OHQWH PRELOLVDWLRQ GX 2) 620( 6257 7 :$6 68**(67(' 72 0( 72 JRXYHUQHPHQW LUODQGDLV IDFH j OD FULVH )$%5,&$7( $ 6257 2) &$03 .,7&+(1 %$6( GHV UpIXJLpV GpEXW MXLQ -¶DL Gp 7+$7 (9(5<21( &28/' 86( 7+28*+7

$%287 7+,6 $1' 0< &2//($*8(6 ,1 /$% ,0(5,&. 581 %< 0< 6&+22/ 2) $5&+,7(&785( $*5((' 72 +(/3 1 8*867 :(17 72 $/$,6 72 6(( :+$7 7+( 6,7( &21',7,216 :(5( $1' :+$7 :$< 3(23/( :(5( %8,/',1* )7(5 7+$7 9,6,7 &+$1*(' 0< 3/$16 21&( /($517 $%287 &/,0$7( :+$7 0$ WHULDOV ZHUH WKHUH DQG ÀRRGLQJ , GH &,'(' 72 )$%5,&$7( &20081,7< 6758& 785(6 $1' 72 6+,3 7+(0 72 $/$,6 )520 5(/$1' 7+5(( :((.6 /$7(5 !+( 528*+ ,'($ :$6 $ &20081,7< 63$&( :,7+ $ 675,9( :+(5( 3(23/( &28/' *$7+(5 !+,6 ,6 $ 352-(&7 /(' %< 0( 628*+7 )81',1* $6.(' )25 '21$7(' 0$7(5,$/6 5$1 &52:' )81',1* &$03$,*16 $1' $& &(37(' $1' :$6 +(/3(' %< )5,(1'6 )$ 0,/< &/,(176 &2//($*8(6 $1' &217$&76 "+(1 :( $55,9(' :( 81'(56722' 7+(5( :(5( 12 58/(6 ,7 :$6 $1$5&+< !+(5( :$6 12 6,7( 12 &/,(17 12%2'< 72 1(*2 7,$7( :,7+ 9(178$//< 7+528*+ $ 0,; 785( 2) -81*/( 1(*27,$7,216 620(%2'< 6$,' $ :20(1 $1' &+,/'5(1@6 &(175( :$6 1(('(' $1' 620(21( (/6( )(/7 $ 3$7&+ 2) 6&58%%< ',57< %86+< /$1' :$6 )5(( 62 :( 387 21( $1' $ +$/) 2) 7+( 6758&785(6 72*(7+(5 $1' 0$'( $ 6,1*/( EXLOGLQJ WKH ¿UVW DQG DQ LPSRUWDQW 3,(&( 2) &20081,7< ,1)5$6758&785( )25 7+( &$03 7+$7 :,17(5 &RPELHQ GH WHPSV DYH] YRXV FRQVD FUp j OD SKDVH GH FRQFHSWLRQ" /D FRQFHSWLRQ D GXUp VHPDLQHV MXVTX¶j OD OLYUDLVRQ j &DODLV DVVH] IRX 1RXV DYRQV FRQVWUXLW DXWUHV VWUXFWXUHV GRQW XQ FHQWUH GH WKpUDSLH HW XQH FOLQLTXH GH YDFFLQDWLRQ 3XLV OH FHQWUH SRXU OHV MHXQHV QRXV DYRQV XWL OLVp XQ V\VWqPH GLIIpUHQW 6,36 6758& 785( ,168/$7(' 3$1(/6

21&(37,21 7+5(( :((.6 )520 '(&,6,21 72 $55,9$/ ,1 &$/$,6 &5$=< "( %8,/7 7:2 27+(5 6758&785(6 $ 7+(


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5$3< &(175( $1' $ 9$&&,1$7,21 &(175( $X FRQWUDLUH DYH] YRXV GpSOR\HU GHV !+(1 7+( <287+ &(175( $)7(5 86,1* $ ',))(5(17 6<67(0 !+$7 :$6 $/62 4XL SDUWLFLSH j OD FRQVWUXFWLRQ " 8QH UXVHV WDFWLTXHV " IRUPDWLRQ HVW HOOH QpFHVVDLUH " $YHF O¶H[SpULHQFH RQ V¶HVW DPp 7+5(( :((.6 7,/ $55,9$/ 2Q D FRQVWUXLW j O¶DLGH GH EULFR OLRUp DYHF GHV JHQV TXL VXUYHLOOHQW OHXUV HW GH SURIHVVLRQQHOV ,UODQGDLV QRWUH PDWpULHO QRXV DYRQV DSSULV j 4XHOOHV VRQW OHV FRQWUDLQWHV" %HDXFRXS GH FRQWUDLQWHV /H $QJODLV )UDQoDLV eFRVVDLV +ROODQ DOOHU YLWH UpÀpFKLU j OD PHLOOHXUH VR FR€W OD IDFLOLWp GH FRQVWUXFWLRQ OHV GDLV 6RXGDQDLV HW $IJKDQ 0DLV QRXV OXWLRQ HW OD SOXV UDSLGH SRXU FRQVWUXLUH LQRQGDWLRQV FRQVWUXLUH DVVH] YLWH WUDYDLOORQV WRXMRXUV DYHF OHV UpIXJLpV XQ SODQFKHU VROLGH HW LVROp !5,&.6 $1' 7$&7,&6 :,7+ (;3(5,(1&( FKDTXH MRXU SRXU pYLWHU TXH FHOD QH TXDQG QRXV SRXYRQV VRLW YROp SRXU IDLUH GX IHX GH ERLV 8,/7 %< 6(0, 6.,//(' $1' 6.,//(' 0(1 :( *27 %(77(5 +$9,1* 3(23/( *8$5' FRQVWUXLUH GH PDQLqUH VpFXULVpH RF 5,6+ $1' 1*/,6+ $1' &277,6+ $1' PDWHULDOV OHDUQLQJ WR JR IDVW ¿JXULQJ FXSp OH OLHX OH GHUQLHU MRXU SRXU pYLWHU 87&+ $1' 8'$1(6( $1' )*+$1 RXW WKH EHVW DQG IDVWHVW ÀRRU WR EXLOG OH VTXDW &RQVWUXLUH DYHF FH TXH O¶RQ 0(1 $1' 620( 5,6+ 1*/,6+ $1' 21( :+,&+ :$6 62/,' $1' ,168/$7(' /($5 WURXYH HQ )UDQFH HW VLQRQ UHFKHUFKHU 5(1&+ :20(1 /:$<6 :25.,1* :,7+ 1,1* 72 +$9( '5,9(56 $ %$&.83 $1' 75< '2 +$5':$5( 6725( 5816 )$67> GHV VROXWLRQV HW PDWpULDX[ VXU OH WHU 5()8*(( 0(1 :+(5( :( &28/' SOXLH %HDXFRXS GH UpIXJLpV YLHQQHQW &RPELHQ GH WHPSV GXUH OH FKDQWLHU " SRXU UpFODPHU XQ SHX GH PDWpULHOV /D FRQVWUXFWLRQ GXUH MRXUV Jp /HV UpIXJLpV LQWHUYLHQQHQW LOV GDQV OH SURFHVVXV GH FRQFHSWLRQ" GH FRQVWUXF PDLV LO \ D DXVVL GHV YROV ,O IDXW DXV QpUDOHPHQW WLRQ" VL ¿QLU DYDQW TXH OHV EpQpYROHV QH 216758&7,21 *(1(5$//< '$<6 6L RXL FRPPHQW " GRLYHQW UHQWUHU FKH] HX[ &DFKHU UH /HV UpIXJLpV SUHQQHQW SDU j WURXYHU OHV PDWpULDX[ *5($7 0$1< &21675$,176 &267 6+,3 $YH] YRXV UHQFRQWUHU GHV SUREOqPHV OD FRQVWUXFWLRQ RXL PDLV SDV j OD 3,1* 021(< ($6( 2) &216758&7,21 WHFKQLTXHV GHV GLI¿FXOWpV GHV LPSUp FRQFHSWLRQ FRPPH FHOD VH SDVVH HQ

ÀRRGLQJ EXLOGLQJ HQRXJK LQ GD\ RQH YXV " VR LW ZRQ¶W EH VWROHQ IRU ¿UHZRRG EXLO %HDXFRXS GH GLI¿FXOWpV WHFK ()8*((6 7$.,1* 3$57 ,1 &216758&7,21 ',1* 6(&85(/< $1' 2&&83<,1* 21 7+( QLTXHV VRXYHQW HQ UDSSRUW DYHF OD <(6 127 &21&(37,21 $6 ,7 +$33(1(' /$67 '$< 62 ,7 :21@7 %( 648$77(' :25 ORJLVWLTXH 2EWHQLU XQ PR\HQ GH WUDQV 2876,'( 2) &$03 .,1* :,7+ :+$7 <28 &$1 %8< ,1 $/$,6 +$5':$5( 6725(6 ,1 7+$7 '$< $1' :+$7 WpULDX[ O¶DEVHQFH G¶pOHFWULFLWp O¶HV L’après-projet \RX FDQQRW ¿QG GULYLQJ PDWHULDOV LQWR VHQFH WURXYHU OHV RXWLOV OHV &56 HW OHV 7+( 6,7( 32:(5 722/6 9(5686 %$77(5,(6 JD] ODFU\PRJqQHV RX LQLWLDOHPHQW $SSRUWH] YRXV GHV UpSDUDWLRQV" 8Q 5$,1 /276 2) 3(23/( 3/($',1* )25 0$ WURXYHU XQ VLWH LO Q¶\ DXVVL SDV WHOOH VXLYL " 7(5,$/6 )25 7+(06(/9(6 7+()7 75<,1* 72 PHQW SRVVLELOLWp GH FUHXVHU GH PHWWUH 2XL TXHOTXHV UpSDUDWLRQV IXUHQW ¿QLVK WKH EXLOGLQJ LQ ORQJ GD\V KDUG GHV IRQGDWLRQV GX EpWRQ 3DU FRQVp QpFHVVDLUHV /HV WURLV SUHPLqUHV VWUXF :25. %()25( 3(23/( :(17 +20( 75<,1* TXHQW RQ XWLOLVH GHV VDFV GH VDEOHV WXUHV pWDLHQW WURS IUDJLOHV IDFH DX YHQW 'LI¿FXOWpV VRFLDOHV HW WHFKQLTXHV WHPSrWHV WR KLGH ¿QG DJDLQ \RXU WRROV«HWF FRPPH YXHV FL GHVVXV <HV UHSDLUV ZHUH QHHGHG 7KH ¿UVW /RWV RI WHFKQLFDO GLI¿FXOWLHV DOO 7+5(( 6758&785(6 :(5( :($. ,1 672506 Le projet $5281' /2*,67,&6 *(77,1* 75$163257 *(77,1* ,172 6,7( *(77,1* 0$7(5,$/6 /HV UpIXJLpV V¶DSSURSULHQW LOV OHV GDWH GH OD SUHPLqUH FRQVWUXFWLRQ !&HQWUH IHPPHV HW HQIDQWV 2FWREUH JHWWLQJ GLHVHO ¿QGLQJ RXU WRROV EHLQJ FRQVWUXFWLRQV" 6L RXL FRPPHQW " 67233(' %< 7+( 25 7($5*$6 ,1 3HLQWXUHV PRELOLHUV DGDSWpV WKH GD\WLPH RU LQLWLDOO\ ¿QGLQJ D HWF QpDQPRLQV FH VRQW GHV HVSDFHV !&HQWUH GH WKpUDSLH 2FWREUH !&OLQLTXH GH YDFFLQDWLRQ 1RYHPEUH VLWH GLI¿FXOWLHV DOVR DV WKHUH¶V QR GLJ SXEOLFV *,1* 12 )281'$7,216 12 &21&5(7( 62 $,17,1* $'$37,1* )851,785( (7& !&HQWUH SRXU OHV MHXQHV )HYULHU 6$1'%$*6 12 (/(&75,&,7< (7& 86(' 2 7+(6( $5( 38%/,& %8,/',1*6 7+28*+ FLDO WHFKQLFDO GLI¿FXOWLHV DV GHVFULEHG $%29(


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QUESTIONNAIRE

107

Lionel Vacca - Responsable Abris MSF Urgence Nord

eFKDQJH SDU H PDLO OH 0DUV

Général 4XHOOH HVW YRWUH SURIHVVLRQ " -H VXLV PHQXLVLHU GH SURIHV VLRQ M¶DL DFTXLV GHV FRQQDLVVDQFHV HQ FKDUSHQWH -H GLULJH XQH HQWUHSULVH GH FRQVWUXFWLRQ GH PDLVRQV HQ ERLV HW MH VXLV HQ FH PRPHQW ORJLVWLFLHQ SRXU 06)

-H VXLV HQ FKDUJH GH OD FRPPDQGH $X FRQWUDLUH DYH] YRXV GpSOR\p GHV GHV PDWpULDX[ UXVHV WDFWLTXHV" -XVWH GHV SHWLWHV DVWXFHV YHQDQW 4XL GpFLGH GX VLWH GH FRQVWUXFWLRQ " ,O GH PRQ H[SpULHQFH GH FRQVWUXFWHXU HW \ D W LO GHV UqJOHV GHV FULWqUHV j UHV GH PHQXLVLHU SHFWHU" (WDQW GDQV O¶XUJHQFH OH GpFLVLRQ /HV UpIXJLpV LQWHUYLHQQHQW LOV GDQV OH D pWp SULVH SDU OHV UHVSRQVDEOHV WHUUDLQ SURFHVVXV GH FRQFHSWLRQ" 'H FRQVWUXF GH 06) HQ DFFRUG DYHF OHV GpFLGHXUV WLRQ" 1RQ WURS FRPSOLTXp GH JpUHU j 3DULV XQH PDLQ G¶°XYUH QRQ SD\pH LQWHUGLW &RPELHQ GH WHPSV DYH] YRXV FRQVD FUp j OD SKDVH GH FRQFHSWLRQ" L’après-projet 'HX[ MRXUV HQYLURQ 4XHOOHV VRQW OHV FRQWUDLQWHV " /D UDSLGLWp G¶H[pFXWLRQ OD IDFLOL Wp G¶H[pFXWLRQ SRXU TXH OH PRGqOH VRLW UHSURGXFWLEOH SDUWRXW OD UpVLVWDQFH DX YHQW j OD SOXLH DX IHX DX[ HIIUDFWLRQV HW OH SUL[ ELHQ V€U

(VW FH YRWUH SUHPLqUH H[SpULHQFH GDQV Le projet XQ FDGUH µKXPDQLWDLUH¶ " /D UpQRYDWLRQ GH GHX[ K{SLWDX[ 'DWH GH OD SUHPLqUH FRQVWUXFWLRQ DX <pPHQ HQ SRXU 06)

$SSRUWH] YRXV GHV DPpOLRUDWLRQV DX IXU HW j PHVXUH" $SSRUWH] YRXV GHV UpSDUDWLRQV" 8Q VXLYL " 4XHOTXHV IXLWHV TXHOTXHV SRUWHV TXL RQW YRLOp

/HV UpIXJLpV V¶DSSURSULHQW LOV OHV FRQVWUXFWLRQV" 6L RXL FRPPHQW " ,OV LVROHQW HW UDMRXWHQW GHV KDXW YHQWV GHV H[WHQVLRQV HW GHV PHXEOHV 6L YRXV WUDYDLOOH] DYHF XQH 21* DV 4XL SDUWLFLSH j OD FRQVWUXFWLRQ " 8QH j O¶LQWpULHXU IRUPDWLRQ HVW HOOH QpFHVVDLUH " VRFLDWLRQ ODTXHOOH " 0pGHFLQ VDQV )URQWLqUHV 06) 'HV LQWpULPDLUHV LVVXV GX EkWL $YH] YRXV O¶LQWHQWLRQ GH FRQVWUXLUH j PHQW TXH M¶DL PRL PrPH IRUPp QRXYHDX GDQV OD µMXQJOH¶ " 3DV j &DODLV PDLV j *UDQG 6\Q L’avant-projet &RPELHQ GH WHPSV GXUH OH FKDQWLHU " WKH HW GDQV G¶DXWUHV SHWLWV FDPSV DX[ &RPPHQW DYH] YRXV HQWUHSULV YRWUH 'H PL QRYHPEUH j PL IpYULHU DOHQWRXUV GpPDUFKHV " FRQWDFW DYHF XQH 21* SRXU &DODLV GH PL IpYULHU DX PDUV SRXU *UDQGH 6\QWKH &RPPXQLTXH] YRXV VXU OHV UpVHDX[ YLVLWH VSRQWDQpH« VRFLDX[ " DYDQFHPHQW FKDQWLHU 9LVLWH VSRQWDQpH DX VLqJH PDLV $YH] YRXV UHQFRQWUHU GHV SUREOqPHV 3RXUTXRL " HQ F¶pWDLW HQFRUH SRVVLEOH &¶HVW WHFKQLTXHV GHV GLI¿FXOWpV GHV LPSUp VXU )DFHERRN GH PRQ FRWp HW SOXV FRPSOLTXp PDLQWHQDQW YXV " SRXU OHV SHUVRQQHV VXU SODFH VXU OH VLWH ,O D IDOOX DMXVWHU XQ SHWLW SHX GH 06) pJDOHPHQW &RPPHQW VH ¿QDQFH OH SURMHW " GRQV QRWDPPHQW SRXU OD SRVH GHV W{OHV EDV 21* DVVRFLDWLRQ &52:')281',1* DFLHU HQ WRLWXUH XQH SHQWH DX GpEXW LQYHVWLVVHPHQW SHUVRQQHO

06) QH UHoRLW TXH GHV GRQV SUL SXLV GHX[ SHQWHV SOXV pFRQRPHV HQ ERLV PDLV DYHF XQ ULVTXH GH IXLWH SXLV YpV SRXU JDUGHU VRQ LQGpSHQGDQFH j QRXYHDX XQH SHQWH SOXV GRXFH HQWUH 4XL V¶RFFXSH GH OD FRPPDQGH GHV OHV GHX[ /D SRUWH D pWp VLPSOL¿pH SRXU PDWpULDX[ " YRXV PrPH 21* UHF\ JDJQHU GX WHPSV GH IDEULFDWLRQ FODJH


108

EXTRAITS DE CARNET


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Entrée de la ‘jungle’, sortie A16.

Une des nombreuses échoppes de la ‘jungle’.


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Abris et cour intérieure.

Nouvelle route et abris déplacés au petit matin.

Partie soudanaise.


111

Espace intermédiaire- le seuil .

Reconstruction au nord de commerces et échoppes.

L’ancien nne rue commercante détruite.


112


113


114

ANNUAIRE non exhaustif des Associations et ONG relatives à la construction dans la‘jungle’:

A Home For Winter

Collectif britannique construction d’abris

http://www.ahomeforwinter.org/

Bénévoles britanniques

Little Ashram kitchen Building in Calais Jungle

Construction et gestion d’une cuisine à destination des bénévoles Fais la promotion des initiatives de constructions dans la jungle.

http://www.sweetpeace.me/#!ashared-meal/t5yz3

https://www.facebook.com/ buildinginCalaisjungle/?fref=ts

Construction de l’Ecole par Zimako Jones réfugiés avec l’aide de plusieurs associations.

http://tempsreel.nouvelobs.com/ societe/20150807.OBS3841/ les- migrants-de-calais-a-l-ecolelaique- du-chemin-des-dunes. html

Flat Pack Disaster Shack

Une comédienne Britannique construction d’abris

https://www.facebook.com/ FlatPackDisasterShack

Flat Pack Shelter UK

X

https://www.facebook.com/ groups/flatpackshelters/

Ecole Laïque du Chemin des Dunes

2 dramaturges britanniques

Good Chance Calais

Jersey Buidlers for Refugees

Jungle Books Calais

montent un dôme géodésique dans la jungle X

https://www.youtube.com/watch? v=zD-RyGco3kQ

https://www.facebook.com/ Jersey-Builders-for-Refugees904792126267081/?fref=ts

Mary Jones - enseingnante Franco- britannique http://www.crowdfunder.co.uk/ - construction d’une bibliothèque/ jungle-books-calais-migrant-librasalle de réunion ry


115

X

https://www.facebook.com/ groups/ ActionFromUKProvideShelter/? hc_location=ufi

Grainne Hasset et le FabLab Limmerick

architecte britannique/ l’école architecture Limmerick construction de centres communautaire, clinique.

http://the-calais-builds.squarespace.com/

La vie active

association qui gère le centre J.Ferry - mandaté par l’Etat de l’implantation des 125 conteneurs

‘ Martin et Alban’

2 architectes Français Construction d’abris

Provide Shelters Actions from UK

Médecins Sans Fron- Lionel Vacca, charpentier Français - construction d’abris tières

http://www.lavieactive.fr/

X

http://www.msf.fr/actualite/articles/ parer-au-plus-presse-surjungle- calais-abris-hiver

L’Auberge des Migrants

Coordination des initiatives constructions d’abris

http://www.laubergedesmigrants. fr/lassociation/nos-actions/

Collectif Baya

Collectif Belge d’Architecture expérimentale - Construction de la Belgian Kitchen

http://collectifbaya.com/portfolio/ belgium-kitchen/

Palettes 4 Calais

travaille avec l’équipe de l’Auberge des migrants - collecte de palettes - Néerlandais

https://www.facebook. com/Pallets-4-Calais1645210062407509/?fref=nf

Home for All

collectif français d’Architectes en cours de formation, souhaitant intervenir dans la jungle.

http:// http://www.homeforall.eu/


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Aujourd’hui, face Ă la crise migratoire qui touche notre sociĂŠtĂŠ, les camps de rĂŠfugiĂŠs se multiplient. Informels, humanitaires, auto-organisĂŠs ou institutionnalisĂŠs, ils prennent diffĂŠrentes formes pour des vies ‘encampĂŠes’. A travers l’Êtude de cas de la ÂśMXQJOH¡ GH &DODLV ÂśJRXORW G¡pWUDQJOHPHQW¡ GH OD FULVH PLJUDWRLUH DX[ SRUWHV GH O¡$Qgleterre, cette recherche tente de comprendre comment ce territoire se construit. Plus SUpFLVpPHQW LO V¡DJLW GH PHWWUH HQ OXPLqUH OHV Ă€OLqUHV GH FHWWH G\QDPLTXH FRQVWUXFWLYH H[RJqQH GDQV XQ WHUULWRLUH LQIRUPHO H[HPSWp GH WRXWHV UqJOHV QRUPHV HW KLpUDUFKLH 3RXU FHOD XQH HQTXrWH GH WHUUDLQ D pWp PHQpH GH VHSWHPEUH j $YULO DXWRXU GH projets menĂŠs par des bĂŠnĂŠvoles issus de la sociĂŠtĂŠ civile et venus de tous horizons. Il V¡DJLW pJDOHPHQW GH VDLVLU OHV HQMHX[ GH FHWWH PRELOLVDWLRQ VHV DERXWLVVHPHQWV DLQVL TXH de comprendre comment celle-ci est accueillie par une population en transit. &HWWH UHFKHUFKH SRXVVH j YRLU DX GHOj GH OD SUpFDULWp HW GH O¡H[FOXVLRQ VDQV FHVVH PRQWUpHV GDQV OHV PpGLDV FDU PDOJUp WRXW FHV H[LOpV FRQVHUYHQW OHXU UHJDUG GLJQH HW V¡DWtachent Ă retrouver une stabilitĂŠ, une manière d’habiter dans la mobilitĂŠ sous-contrainte DYHF O¡DLGH G¡DFWHXUV H[RJqQHV HQJDJpV

In regards to the current migrant crisis, the refugee camps are multiplying. Informal, humanitarian, self-organized and institutionalized camps take on different forms for encamped lives.Through this case study of the Calais Jungle migrant camp, a bottleneck crisis at the gates of Great Britain, this research attempts to understand how the territoU\ LV EXLOW 6SHFLÀFDOO\ LW LV D SDQRUDPLF DQDO\VLV RI WKLV LQIRUPDO WHUULWRU\ H[HPSWHG RI rules, standards and hierarchy in whiech the exogenous components make up this dynaPLF EXLOGLQJ PRELOLVDWLRQ )URP 6HSWHPEHU WR $SULO D ÀHOG VXUYH\ UHDOLVHG approximately 13 projects guided by volunteers from an international volunteer body. This research also aims to understand the issues of said mobilisation, its outcomes and how it is welcomed by a population in transit. This research additionally urges to look beyond the precariousness and the exclusion constantly shown in mass media – because, despite this, and with the aid of external, committed actors, these refugees retain their worthy gaze, committing themselves to regaining stability and a way to live in this involuntary mobility.

#informel #rÊfugiÊ #auto-organisation #appropriation #dÊmantèlement


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