Defi 753 ! Ils sont 753 !

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Défi : 753 ! Ils sont 753 !

Défi 753 ! Ils sont 753 !

Nouvelle 1 : La bataille du passé de Florence …………………………………………………. 2 Nouvelle 2 : Le Mausolée d'Onyx de Claire ….…………………………………….……………. 5 Nouvelle 3 : Un lutin, ça va… d’Élodie …………...………………………………….…………. 10 Nouvelle 4 : The Number of the beast (ou presque) de Marie-Eve ……….....…..…. 14 Nouvelle 5 : Le Centre de Rody ………………………………………………………….....…..…. 20

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Défi : 753 ! Ils sont 753 ! La bataille du passé de Florence

— Commandant nous sommes attaqués ! L'homme interpellé se retourna vers son second. Ses cheveux noirs ébouriffés trahissaient son empressement à venir porter la nouvelle à son supérieur. Le commandant se passa la main dans ses cheveux blonds, les repoussant en arrière, et un soupir échappa de sa bouche. — Calmez-vous Arion. Ils ne peuvent pas faire grand-chose contre notre armée. Ce n'est qu'une attaque suicide de leur part. Envoyez la cavalerie les calmer cela devrait suffire. — À vos ordres commandant Mathieu. Le commandant se retourna vers la carte étalée sur la table signifiant la fin de l'entrevue. La carte représentait le royaume de Naymar. Les différents champs de bataille étaient inscrits en rouge ainsi que la ligne de front principale. Cela allait faire deux mois que ce conflit durait et ils n'en voyaient pas la fin. Ce qui au départ n'avait été qu'une simple escarmouche entre paysans et seigneurs était devenu une guerre civile à laquelle l'armée ne pouvait mettre fin, elle-même tiraillée entre les deux camps. L'armée perdait de plus en plus de terrain, le laissant aux mains des rebelles. Depuis le début des combats, plus de 10 % du royaume avait été conquis par les paysans épaulés par le royaume voisin Niara. Ce royaume leur avait fourni la logistique et les armes qui manquaient leur donnant ainsi l'avantage. Mathieu soupira en baissant la tête. Comment ralentir l'avancée des rebelles tout en limitant les pertes humaines ? Il n'était ni pour les rebelles ni pour l'armée, mais son grade obtenu à force de persévérance ne lui laissait pas le choix. Il ne voulait pas risquer de tout perdre alors que tant de monde comptait sur lui. Il commandait l'avant-garde et si elle se brisait alors les innocents ayant trouvé refuge plus loin dans le royaume seraient à la merci des rebelles. Même si Mathieu ne croyait pas tout ce que l'on disait sur les atrocités commises par les rebelles il savait que toute rumeur à un fondement de vérité et il avait lui-même était témoin de certaines d'entre-elle. Son dos se souvenait encore des coups de fouet avant qu'ils ne réussissent à s'échapper. Mais il ne pouvait pas non plus se voiler la face vis-à-vis des exactions commises par son camp. Dehors il entendait ses hommes se préparer à l'affrontement. Il devrait sûrement y participer luimême. Il devait encourager ses hommes qui doutaient, ne rien laisser paraître de ses doutes. Se redressant il sortit de sa tente pour rejoindre les cavaliers. Montant sur son cheval il sortit son épée et se plaça devant ses hommes. — Cavaliers ! Aujourd'hui encore nous allons nous battre pour la liberté des civiles qui croient en nous ! Ceux qui nous attaquent espèrent nous voir faiblir, mais nous ne leur ferons pas plaisir alors ôtez tous vos doutes de vos esprits et ne gardez que notre but : GAGNER !

Les soldats répondirent en hurlant et en claquant leurs armes contre leurs boucliers.

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Mathieu se demandait comment ils avaient pu en arriver là. Partout où son regard se portait, des morts jonchaient le sol. Les râles des blessés agonisants ajoutaient au concert des hennissements des chevaux effrayés. Lui-même était coincé sous son cheval. Ses jambes avaient été brisées sous le poids de sa monture qui l'avait protégé du coup mortel. Il sentait sa vision se brouiller et savait qu'il n'en avait plus pour longtemps. -753 ! Ils ne sont que 753 ! cria-t-il de désespoir. À 753, ils avaient vaincu la meilleure troupe de cavaliers de Naymar. Des larmes de désespoirs commençaient à perler aux coins de ses yeux. Il tentait de les retenir ne voulant pas offrir cette humiliation ultime à ses ennemis. Il entendait des pas se diriger vers lui, une lame se posant sur sa gorge. Relevant les yeux il vit le général de Niara qui le regardait en souriant. Le commandant cracha au visage du général tentant de lui ôter son sourire. L'homme s'essuya la joue sans cesser de sourire et s’accroupit à côté de Mathieu. — Alors qu'est-ce que cela fait de se savoir impuissant ? De se savoir incapable de se défendre Commandant ? — Va te faire voir ! Je sais ce que vous voulez en les aidant, mais même s’ils gagnent vous ne dirigerez pas ce royaume ! Il resta toujours libre et hors de votre domination ! La lame se leva et s’abattit sur la joue de Mathieu la lui entaillant profondément sur toute la longueur de la joue. — Nous avons mis assez de temps et d'argent dans cette révolution pour savoir que ces péquenots ne pourront pas se défendre quand nous viendrons ! Et toi tu ne seras plus là pour le voir ! Le général se redressa levant sa lame perpendiculairement à Mathieu et l'abaissa lui transperçant la gorge. Le commandant sentit son corps se tendre sous la douleur alors qu'il émettait un gargouillis et que son sang giclait sous la torsion que le général exerçait sur l'épée pour rendre ses derniers instants encore plus insoutenables. Alors que la nuit envahissait son regard, il entendit un dernier cri de désespoir : — COMMANDANT ! Hurla Arion tendant la main vers lui alors qu'une lame le transperçait de par en par et qu'il s'effondrait au sol. Une larme coula finalement sur la joue de Mathieu alors que son esprit quittait son corps. Le général retira la lame de la gorge du commandant et l'essuya sur un morceau de tissus qu'il laissa ensuite tomber au sol. Un sourire victorieux s'afficher sur son visage. Il balaya le champ de bataille du regard. Les morts autour de lui le remplissaient de joie. Chaque mort affaiblirait ce pays le rendant plus facile à conquérir. Ailleurs dans une salle de classe. — Aahh !

Un jeune homme venait de se réveiller en sursaut au beau milieu de la cour en hurlant.

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— Mathieu Spassan expliquez-moi ce cri, ordonna le professeur d'un air sévère en regardant l'élève ! — Je... je suis désolé monsieur, s'excusa Mathieu en baissant la tête. — Il faudra plus que des excuses jeunes hommes. Vous allez aller expliquer cela au proviseur ! Mathieu prit ses affaires tout en gardant la tête baissée sans voir le regard compatissant de son meilleur ami Arion. Un nom bizarre, mais assez joli. Il sortit de la salle l'esprit encore embrumé. Ce rêve avait été tellement réaliste, mais il ne savait plus de quoi il parlait à par le fait qu'il s’était senti mourir. D’ailleurs la douleur à sa joue était encore présente. Il passa sa main dessus et sentit un liquide chaud. La ramenant devant lui il vit sa main tachée de sang frais. Il resta quelques instants à regarder sa main sans comprendre avant que son rêve ne lui revienne brutalement en pleine tête. Fermant les yeux de douleur il sentit le monde tourner autour de lui. Les rouvrant doucement il vit la lumière du soleil passer à travers l'ouverture de la tente alors qu'un homme entrait en courant affolé : — Commandant nous sommes attaqués ! Passant la main sur sa joue il sentit l'absence de coupure, mais aussi une barbe de plusieurs jours bien entretenue. Son instinct lui soufflait qu'il avait déjà vécu cela et qu'il ne devait pas reproduire les mêmes erreurs. Il se tourna finalement vers son second. — Préparez les troupes, nous allons les attaquer en force ! — Toutes les troupes pour seulement 743 rebelles ? — Oui il ne faut surtout pas les sous-estimer. Ils ont l’appui de Niara et ce n'est pas négligeable. La lame sous la gorge du général de Niara Mathieu savourait cette grande victoire. Ses hommes le félicitaient de sa clairvoyance qui les avaient évitaient de plonger tête baissée dans un piège et qui leur avait assuré la victoire. C'était la première victoire marquante pour leur camp depuis le début des conflits et elle marquait le renouveau de l'armée. Ailleurs les informations passaient en boucle un reportage sur les deux étudiants retrouvaient mort l'un d'une lame dans la gorge et les jambes broyaient alors qu'il allait au bureau de son proviseur et l'autre embrochait dans sa salle de cours. Une cellule de suivi psychologique avait été mise en place pour les élèves et la police enquêtait sur ses deux morts mystérieuses.

FIN.

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Défi : 753 ! Ils sont 753 ! Le Mausolée d'Onyx de Claire

Une lueur faible parmi les étoiles étincelantes. Un objet perdu dans l’espace incommensurable. Un vaisseau errant dans l’obscurité et le silence. Reflétant la luminescence des astres en vagues moirées sur sa coque noire, l’Onyx n’émettait aucune vibration ; pas un vrombissement de moteur, ni même un signal de balise. Le bâtiment se vautrait dans le néant, cerné de navettes immaculées vides comme d’autant de soldats minuscules autour d’une reine mourante. Seul l’un de ces appareils se mit soudain en activité, allumant cockpit et tableau de bord aux commandes d’un jeune garçon qui s’y était installé. Feignant l'indifférence, ce dernier tourna finalement un regard gris mélancolique vers l’imposante et sombre chrysalide mécanique. ~~~~~ L’Onyx et sa flotte maintenaient leur position depuis plus de deux mille ans sur l’orbite d’une planète argentée, conquise à l'issue d'une guerre contre ses habitants humains qui avaient dû se soumettre à l'espèce extraterrestre victorieuse des Ptérophores par l'obligation de leur fournir régulièrement une de leurs jeunes femmes. Choisie par la communauté, une fille était ainsi élevée de façon à complaire aux vainqueurs et confiée au vaisseau surveillant leurs terres. Mais les siècles passants, les Ptérophores se dispersèrent dans l'espace et ne se manifestèrent plus, de sorte qu'il ne restât guère que le Commandant de l'Onyx auquel rendre le fragment de quartz blanc notifiant la réclamation d'une femelle humaine... qui ne connut bientôt plus que deux ans de sursis avant la demande suivante. Or cette fois-là, la fille qui avait été désignée comme promise au Maître de l'Onyx mourut de maladie. Parvenu à bord du vaisseau par l'une des navettes blanches, le chef de la communauté mena Suhem, la jeune femme remplaçant la promise décédée, dans les couloirs vides de l'Onyx jusqu'à une salle de réunion, dont le mur du fond était incrusté de pierres rouges et brillantes. Les abords étant silencieux, le vieil homme laissa sa curiosité le piquer jusqu'à traverser la salle pour examiner les joyaux. « 753 ! Ils sont 753 ! » Percevant un bruit derrière elle, Suhem se retourna et fit face à un homme aux longs cheveux blancs

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et de peau si pâle qu'elle semblait diaphane ; ses yeux entièrement gris, sans iris ni pupilles, la jaugeaient avec impassibilité. Il prit le morceau de quartz de ses mains, tandis que le chef de la communauté, revenu auprès d'eux avec un air fautif, hochait exagérément la tête en signe de salut, avant de se retirer. Le Maître quittant la salle à son tour, Suhem le suivit à travers le vaisseau, en silence. Il la fit entrer dans une pièce sombre au centre de laquelle était placé un grand lit, puis dit d'une voix amorphe : « Ne quitte pas cette chambre sans ma permission. » La porte coulissante se referma derrière lui. La jeune femme demeura quelques instants à la fixer, s'efforçant de ne pas s'angoisser. Elle s'était résignée à être abandonnée aux Ptérophores qu'elle se représentait, à l'instar des jeunes gens de sa confrérie, comme d'horribles créatures avides de chair humaine. Pourtant, elle craignait avec une appréhension plus vive que le Maître ne découvrît la substitution à la véritable promise avec colère ; elle avait fixé celui-ci dans les yeux, alors que l'éducation donnée aux filles destinées aux Ptérophores leur faisait incliner humblement la tête vers le sol en leur présence... car elle avait été choquée par l'apparence délicate, presque spectrale du Commandant, comme par le vide dans son regard. Ses yeux s'étant habitués à l'obscurité dans laquelle la chambre était plongée, Suhem se mit en quête d'un interrupteur pour allumer un quelconque système d'éclairage ; elle tâta les murs des mains et des panneaux opaques y coulissèrent vers le haut, révélant la planète argentée qui baigna la pièce dans sa lumière crue. D'abord éblouie, la jeune fille s'émerveilla d'une telle beauté, simple dans sa forme et sophistiquée dans ses couleurs, habillées de motifs nuageux et d'astéroïdes scintillants. Cette vue sur ce corps gigantesque de sa petite chambre à bord d'un vaisseau inconnu, au coeur d'un néant inabordable et incommensurable lui souffla l'envie d'en voir d'autres facettes, et sa curiosité excitée lui fit oublier l'avertissement du Maître. Elle se précipita à la porte qui se déverrouilla lorsqu'elle la toucha et sortit dans les couloirs de l'Onyx. Les flancs du bâtiment disposaient du même système d'écrans qui lui montrèrent à nouveau en s'ouvrant le galbe lumineux de son monde d'origine, et les navettes immaculées qui composaient la flotte. Suhem s'agenouilla au sol pour observer à son aise les métamorphoses des traces vaporeuses de l'atmosphère et les étoiles s'allumant les unes après les autres dans le noir intense, perdant toute notion du temps... quand un cri strident la fit violemment sursauter de terreur. Le cœur battant violemment, elle ne pensa pas seulement à se redresser et se tourna vers l'intérieur sombre du vaisseau que n'atteignait pas la luminescence de l'astre. Ses sens en alerte perçurent des pas rapides, comme d'un groupe de personnes en train de courir... Suhem réalisa alors qu'elle n'avait croisé aucun membre d'équipage depuis qu'elle était montée à bord de l'Onyx, quand une forme claire émergea de l'ombre dans la clarté blanche et s'avança vivement, ne s'arrêtant qu'à quelques

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mètres d'elle en se redressant tout d'un coup, comme ayant perçu quelque chose de déplaisant. Tétanisée par la peur, la jeune fille ne sut que fixer la créature de ses yeux écarquillés, notant son corps pâle, ses deux bras et ses quatre pattes postérieures articulés, attachés à un thorax large et un abdomen court, duquel pendaient dix ailes fines et transparentes ; la tête ronde équipée de mandibules était sertie de deux globes oculaires gris, sous de longs poils blancs qui coulaient sur épaules recouvertes de cuticules. Ces yeux brillants chassèrent la terreur de l'esprit de Suhem, tandis qu'elle reprenait son calme et sa respiration. « Maître ? » La créature émit un sifflement en reculant davantage, puis se décida à faire face à la jeune femme, abaissant quelque peu ses pattes postérieures et faisant claquer ses mandibules. « N'as-tu donc point peur de moi ? _ Vous m'avez surprise, Maître ; vous n'êtes pas vraiment effrayant. » Le ton du Commandant était légèrement embarrassé, et Suhem regrettait de ne pouvoir reconnaître cette expression dans les traits de son visage sous forme humaine. Mais en cet instant de contemplation silencieuse dans la lueur froide de la planète argentée, ses ailes fragiles et atrophiées brillaient délicatement. « Ne m'aurais-tu pas désobéi, en quittant ta chambre sans ma permission ? » La jeune femme sursauta et baissa la tête, puis en s'excusant, se leva et retourna d'où elle venait. S'installant dans le lit, elle laissa ouverte la vue sur l'astre clair pour le contempler, bien qu'elle sombra dans le sommeil en s'imaginant le Maître sous forme humaine, l'air gêné et le regard fuyant. ~~~~~ Le Commandant de l'Onyx rendit visite chaque jour à sa captive dans sa chambre, et lui vint bientôt l'impatience d'être au lendemain auprès d'elle pour poursuivre leurs conversations sur leurs mondes, et sur eux-mêmes. Suhem oubliait peu à peu son angoisse, mais la tristesse dans le regard du Maître pesait sur son propre coeur ; elle peinait à mesurer sa solitude des siècles durant à bord de l'énorme vaisseau qu'elle pouvait désormais arpenter librement, à proximité d'une planète inabordable et ses semblables disparus. Elle ne souhaitait plus que l'en soulager, et inspirer davantage cet éclat de vitalité qu'elle avait reconnu dans son expression lorsqu'ils parlaient d'autre chose que des Ptérophores. Mais elle dut se rappeler son statut de sacrifiée devant le panneau aux pierres dans la salle de réunion de l'Onyx. Une vive anxiété la surprit lorsqu'elle considéra la teinte écarlate des fragments

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de quartz et la poussa à s'en éloigner ; deux mains saisirent ses bras et elle se sentit retenue fermement contre le torse du Maître. Suhem réalisa qu'elle ne le craignait pas ; son âme s'ébranlait non pas par crainte d'être dévorée, mais de n'être qu'une promise à ses yeux. Elle ressentait davantage que de la bienveillance pour cet être abandonné lui-même depuis une éternité et cet aveu à son propre coeur la fit frémir de désespoir. Elle sentit alors la bouche du Commandant se rapprocher dans un souffle chaud de son oreille : « Oui, 753 promises depuis deux mille ans réclamés dans l'espoir de perpétuer notre espèce, dont les femelles se faisaient de plus en plus rares. Mais aucune progéniture ne naquit d'elles ; elles se suicidèrent, perdirent la raison à la vue de notre véritable forme ou moururent d'un accouchement particulièrement difficile que les enfants ne supportèrent pas non plus. Nous pouvons prendre apparence humaine, mais retrouvons notre aspect originel sous le coup d'une forte émotion ou pour l'accouplement ; à cette fin, j'ai voulu te rejoindre le premier soir dans ta chambre et dans l'obscurité, de façon à ce que tu ne me voies point ainsi... mais je ne m'attendais pas à ce que tu sois sortie contempler l'univers dans les couloirs, et encore moins à ce que tu n'en prennes que peu de peur... » Il la pressa davantage contre lui et glissa son visage dans le creux du cou de la jeune femme. « Et me voici satisfait de ton sort, cédé par les tiens à mon bon vouloir... alors que je me refuse pourtant à te faire mienne. Je ne sais si je peux être heureux de chérir enfin une compagne, ou si je dois être triste qu'elle soit d'une espèce si fragile et éphémère... » Suhem ferma ses paupières à cette confession, puis leva doucement la main, de façon à toucher de ses doigts des mèches immaculées glissant sur sa poitrine. « Un instant plaisant sur une éternité de souffrance, ne vaut-il donc pas la peine d'être vécu ? » Le Commandant sembla réagir à cette question en redressant légèrement la tête, pour finalement la reposer à nouveau en silence contre la gorge de la jeune fille, et porter ses bras autour de son corps frémissant. ~~~~~ Suhem et le Maître poursuivirent leur existence solitaire à bord de l'Onyx, renforçant leur affection l'un pour l'autre, jusqu'à s'inspirer le désir d'une proximité plus intime à la lumière de la planète argentée. Le Commandant s'en défiait et résistait à ses pulsions vis-à-vis de la jeune femme, craignant de la condamner prématurément par une fécondation dont l'accouchement pouvait être dramatique ; mais Suhem, consciente qu'elle ne pourrait demeurer à jamais auprès de lui et qu'il se retrouverait seul de nouveau, entendait conforter sa réponse à la déclaration du Maître, de sorte que

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face à son épanchement total et sans crainte, celui-ci ne put que céder... Un enfant de forme humaine naquit après des heures de contractions éprouvantes, auxquelles Suhem survécut de peu. Affaiblie, elle le garda auprès d'elle et lui reconnut sa propre couleur de cheveux châtains, mais la peau pâle et les yeux gris du Maître de l'Onyx ; elle mourut au bout de quelques jours dans son sommeil. Le Commandant constatant son décès en poussa des hurlements de désespoir qui lui firent soudainement reprendre son aspect véritable. Les pleurs de sa progéniture l'obligèrent pourtant à retrouver ses esprits. Enfermant le corps sans vie de Suhem dans un caisson de conservation transparent au pied du panneau aux 753 pierres écarlates, le Maître apprit à supporter sa peine en reconnaissant en ce fils que la jeune femme lui avait donné, les sentiments qu'elle lui avait rendus, le dernier souhait de son espèce comblé, ainsi que la continuation d'un instant heureux sur une éternité de triste solitude. Il baptisa l'enfant du nom de son vaisseau et l'éleva jusqu'à ce qu'il fût adulte. Le jeune Onyx aima sa mère à travers la vitre de son cercueil, apprenant à la connaître par les confidences de son père sur leur rencontre et leur relation. Il comprit ainsi que si le Commandant s'était résolu à demeurer à son poste à bord de son vaisseau des siècles durant, il lui serait impossible de laisser derrière lui le corps de Suhem ; mais s'appuyant sur la conviction de celle-ci concernant l'existence et motivé par son père, il fit le choix de mener sa vie et d'acquérir ses propres assurances, quelque part dans l'univers. Installé dans une des navettes blanches de la flotte, il regardait encore le bâtiment sombre dans lequel reposait sa mère, choyée par le Maître qui lui avait confié au moment de son départ, le fragment de quartz blanc par lequel il l'avait rencontrée, et que le jeune garçon portait autour du cou. Alors que les commandes du petit vaisseau vérifiaient ses capacités, Onyx ne pouvait ignorer cette veillée triste et immuable, tout en sachant qu'il ne saurait rien y changer ; il ne pouvait que respecter les choix et la mémoire de ses parents. Lorsque le tableau de bord approuva la mise en marche des moteurs de la navette, le jeune homme s'arracha à la contemplation du vaisseau noir en saisissant la pierre translucide dans son poing et inspira longuement pour refouler les larmes qui lui venaient dans les yeux, tandis qu'il se représentait le Maître au pied du cercueil clair de Suhem, dans un sommeil hivernal en attendant la mort. Onyx valida la commande, lançant la navette immaculée dans le néant étoilé. FIN.

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Défi : 753 ! Ils sont 753 ! Un lutin, ça va... d’Élodie

Éric passa la main dans ses cheveux bruns couverts de poussière. Comment avait-il pu en arriver là ? Un grand boum résonna en provenance des combles et un peu plus de sciure de bois saupoudra le jeune homme. Épuisé, il se laissa tomber sur le canapé. Ce dernier aussi avait reçu sa part de pluie poudreuse et le poids d’Éric souleva un nuage grisâtre. Désespéré, il contempla le chaos qu’était devenu le salon de leur maisonnette. Les lutins se trouvaient partout, chapeaux pointus qui s’agitaient dans tous les coins et recoins. Quatre d’entre eux s’appliquaient à faire briller la baie vitrée, un cinquième arrosait les plantes en sifflotant, d’autres encore balayaient, astiquaient, rangeaient et le jeune homme supposa que les bruits en provenance du grenier témoignaient de l’activité intense de tri qui s’y déroulait. Il y en courait dans tous les coins. Où qu’il posât son regard, Éric croisait un chapeau vert. Si une heure plus tôt on lui avait annoncé qu’il allait subir une telle invasion, il se serait montré perplexe. Si en prime on l’avait prévenu qu’il l’aurait bien cherché, il se serait vexé. Qui de sensé pourrait vouloir autant de ces petits êtres chez lui ? Certainement le même genre de personne qui ne jetterait pas de sorts à tout hasard, pour le fun, et sans rien y connaître. Mais il possédait une bonne excuse : il s’ennuyait. Depuis une semaine, Éric passait ses journées à tourner en rond. Envie de rien, au fond. Aucun divertissement qui se présente, surtout. Dormir, faire le légume devant la télé, attendre le retour de sa copine. Une répétition sans fin, voilà une description précise de ses journées. Alors le jeune homme avait fini par craquer et fouiller dans les livres de sorcellerie d’Anna. Lui, cela le laissait indifférent, mais sa petite amie croyait profondément à l’existence de la magie. Pourquoi ne pas tenter de jeter un sortilège, histoire de s’amuser ? Il aurait mieux fait de se couper un doigt en râpant des carottes pour le dîner. En farfouillant, l’apprenti magicien était tombé sur un ouvrage d’invocation. Pourquoi pas ? La première page dévoilait un rituel pour inviter un lutin dans sa demeure. Une petite recherche rapide sur internet avait éclairé la lanterne du jeune homme. Les lutins domestiques, ces petites créatures merveilleuses qui font les corvées à votre place. En voilà une bonne idée ! Comme cela, si sur un malentendu ça devait marcher, le résultat serait utile. Sur un malentendu… On n’a pas suffisamment conscience du nombre de malentendus que la vie charrie.

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À peine avait-il terminé de marmonner les phrases rituelles aux côtés d’un cierge violet - le livre disait blanc, mais une bougie, c’est une bougie, non ? – qu’un minuscule bonhomme était apparu. Il était grand comme une bouteille de vodka, couvre-chef non compris. Il portait une petite veste en tweed et son visage jovial disparaissait sous un chapeau pointu aussi grand que son porteur. « Tintillant, pour vous servir », avait-il annoncé en faisant la révérence. « Mes amis ne sauraient tarder. Nous vous sommes très reconnaissants de l’invitation. Personne ne veut recevoir nos congénères depuis des décennies. Nous sommes donc plus que ravis qu’un être humain soit enfin revenu à la raison. » Sans tarder, il avait dégainé un chiffon et entrepris de dépoussiérer les bibelots. Éric, lui, avait senti comme un vent de panique l’envahir. Ses congénères ? Mais il n’en avait invoqué qu’un ! Pourquoi ses congénères viendraient-ils ? La question tournait sans fin dans la tête du jeune homme alors qu’il observait, désespéré, les lutins qui ne cessaient d’apparaitre à côté de la bougie. Oh, il l’avait éteinte bien sûr. Comme si cela pouvait changer quoi que ce soit. Les créatures continuaient de surgir du néant dans son salon. Elles faisaient une ample révérence à leur hôte avant de se mettre au travail. Soudain, l’apprenti sorcier sentit qu’on lui tripotait les pieds. Il se redressa pour découvrir l’un d’entre eux en train de lustrer ses baskets. La créature s’interrompit un instant, offrit un large sourire au jeune homme, puis se remit à la tâche. Ce dernier consulta sa montre : dix-huit heures. Anna ne devrait plus tarder. Elle saurait quoi faire. La sorcière, c’était elle. Justement, il entendit la porte d’entrée claquer. —

C’est m…

Éric se retourna vers sa copine, plantée au milieu du salon, son bonjour coincé au fond de la gorge. Un lutin s’approcha d’elle et la délesta de son sac à main, tandis que deux autres lui enlevaient son manteau. La jeune femme leva le regard vers lui. —

C’est quoi ce bordel ?

Je vais tout t’expliquer.

Tu as intérêt.

Le jeune homme ouvrit la bouche, mais les mots ne sortaient pas. Comment raconter cette journée ubuesque sans passer pour un idiot ? Impossible. —

Je m’ennuyais. J’ai voulu tester un de tes bouquins.

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Comment ça, tester ?

L’agacement d’Anna pouvait se palper. Elle était crevée. N’importe qui à sa place serait énervé de rentrer chez lui et de trouver un tel chantier. —

Ben, j’ai jeté un sort, quoi.

Toi ? Faire de la magie ? Mais tu n’y crois pas !

Maintenant, oui, marmonna-t-il.

Anna eut la bonté de ne pas trop se réjouir. Il croyait en la possibilité de la magie, et avait appris sa leçon à la dure. Maintenant, il fallait réparer ses conneries. —

Bon, d’après mon expérience, quand un sort ne fonctionne pas comme il devrait,

c’est que tu as fait quelque chose de travers. Tu as bien suivi les instructions du livre ? —

Oui. Non.

Oui ou non ?

C’est important la couleur de la bougie ?

Tu penses que l’auteur prendrait la peine de la préciser sinon ? rétorqua-t-elle,

sarcastique. Tu as mis quelle couleur ? —

Violet, murmura-t-il.

Violet ! Mais t’es malade ! T’as vraiment utilisé une bougie violette !?

Le jeune homme opina du chef. —

C’est grave ? interrogea-t-il, penaud.

Anna engloba le salon d’un large mouvement de la main. —

À ton avis ?

Oui.

Oui, tu as, grosso modo, choisi la couleur la plus puissante. Donc au lieu d’en

invoquer un seul, tu as tout simplement invité l’entièreté du petit peuple chez nous. Tu sais combien il y en a ? —

D’après celui à qui j’ai demandé de compter, 753.

753 ! Ils sont 753 !

Oui.

Mais qu’est ce qu’on va faire avec 753 lutins ?

Les renvoyer chez eux ? tenta timidement Éric.

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La jeune femme éclata de rire. Son petit ami, perplexe, resta planté là, attendant que l’hilarité de sa petite amie passe. —

Tu crois vraiment que c’est possible ? Quand tu invites l’un de ces êtres chez toi, tu

ne le renvoies pas, sauf si tu veux te le mettre à dos. Tu imagines 753 lutins qui en auraient gros sur la patate à notre égard ? Non, on est coincés avec eux maintenant. Va falloir leur trouver une utilité… Vaste programme. Les lutins refusaient catégoriquement proposition sur proposition, ils ne voulaient pas quitter la maison, n’y connaissaient rien en technologie moderne, le téléphone les intimidait… Bien sûr, leurs idées ne plaisaient pas plus à Éric et Anna. Qui voudrait acheter des sabots en bois ou cette étrange mixture qu’ils osaient appeler « Cocktail Pétillant de Joie » ? Puis soudain, une illumination surgit, qui plut à tout le monde. Qui y songea ? Allez savoir, comme chaque bonne idée, chacun s’en attribuera les honneurs. L’essentiel, c’est que je jeune couple avait trouvé de quoi occuper ces envahisseurs. Ils commencèrent raisonnables, avec un minuscule site internet des plus artisanal qui ne proposait que quatre produits : un bonnet, une paire de gants, une écharpe, des chaussettes en laine. Les petits ouvriers travaillaient dans le grenier, en rang d’oignons. Bien sûr, ils ne tricotaient qu’en vert, et bonnet et chaussettes possédaient des extrémités singulièrement pointues. Les lutins… Face au succès des créations, les minuscules artisans se laissèrent convaincre d’utiliser d’autres couleurs, puis à rajouter des motifs et à se montrer créatifs. Les plus originaux finirent même par proposer un service personnalisé avec tricotage à la demande sur croquis de l’acheteur. La petite entreprise du couple, « Les 753 », assura leur santé financière, ainsi que celle de nombreuses générations après eux. Mais tout de même, 753 lutins… FIN.

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Défi : 753 ! Ils sont 753 !

The Number of the beast1 (ou presque) de Marie-Eve La lune, pleine et pâle, montait lentement dans le ciel, éclairant la forêt et une ferme isolée, cachée derrière un mur de pierres apparentes. Du haut d’un immense cèdre bleu, une chouette Effraie faisait entendre son chuintement caractéristique, seul bruit troublant le silence, jusqu’à ce qu’un ronflement rauque et presque félin vienne percer les ténèbres. Comme deux gros tigres enroués, des motos roulant à tombeau ouvert crachaient leur hargne, puis se mirent à ronronner plus doucement en remontant la rue étroite, avant de s’éteindre dans un cliquetis métallique devant la maison. Les deux silhouettes qui en descendirent étaient aux antipodes l’une de l’autre. La première, grande et musclée, projetait son ombre sur la seconde, petite et aux courbes féminines. Ils ôtèrent leurs casques, libérant tous les deux une longue chevelure qui vint masquer les motifs qui ornaient le dos de chacun de leurs blousons. Un loup hurlant à la lune pour l’homme, une face grimaçante de « Jack’ o’Lantern » pour la femme. Sans échanger un mot, ils ouvrirent les valises de leurs motos pour en sortir ce qui ressemblait à s’y méprendre à des poches de sang. Toute la nuit, ils avaient écumé les hôpitaux de la région pour piller leurs stocks d’hémoglobine. Pénétrer dans les bâtiments pour récupérer leur butin était un jeu d’enfant, grâce aux pouvoirs combinés des deux complices : la sorcière jetait un sort d’invisibilité sur le loup-garou à l’odorat infaillible et le tour était joué. Pourtant, l’avancée de la nuit et la position de l’astre nocturne dans le ciel les avaient forcés à rentrer avant qu’ils ne puissent en obtenir autant qu’ils le souhaitaient. S’engouffrant précipitamment dans la cuisine de la vieille bâtisse, ils posèrent leur chargement sur la table campagnarde qui trônait au milieu de la pièce, à côté d’un vieux fourneau en fonte qui dégageait une douce chaleur. — Va voir où ils en sont, ordonna la jeune femme en retirant son blouson. Moi, je commence le mélange. Combien y’ en a déjà ? — Pff, tête de linotte, soupira l’homme. Avec un chiffre pareil, tu devrais t’en souvenir pourtant ! Si je ne me suis pas gouré, il y en avait six-cent-soixante-six. — Six-six-six, the Number of the Beast, hell and fire was spawned to be released 2 , se mit à fredonner la jeune sorcière, fan de hard-rock, pendant que son compagnon, hilare, déposait sur le coin du poêle un énorme chaudron rempli d’une substance gluante d’un rouge profond, identique à la couleur des cheveux de sa femme.

1

The Number of the Beast - Chanson du groupe de Heavy Metal Iron Maiden.

2

Six six six le Nombre de la Bête. L'Enfer et le feu furent engendrés pour être libérés

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Défi : 753 ! Ils sont 753 !

Alors que son compagnon ressortait, armé d’une lampe-torche, la magicienne plongea un thermomètre dans le chaudron, puis commença à ouvrir les sachets un à un, pour les ajouter au liquide épais qui réchauffait lentement. Tout en remuant le contenu du récipient, elle se mit à repenser aux évènements qui les avaient conduits, elle et son amoureux, à porter à presque trentehuit degrés une pleine marmite de sang, un soir de pleine lune. Sur un coup de cœur, le couple avait acheté cette baraque branlante plusieurs années auparavant et depuis, ils s’escrimaient à la remettre en état. Après avoir réaménagé la partie habitable, ils avaient commencé à s’étendre dans les dépendances et, quelques jours plus tôt, Amarok, bricoleur invétéré, avait émis l’idée saugrenue d’équiper la grange d’une fosse de mécanique. En creusant pour aménager le nouveau passe-temps du loup-garou, ils avaient mis à jour une crypte voûtée remplie d’une pyramide de cercueils digne de Khéops. — Non, pas Khéops, mauvaise pioche, marmonna Nefertari en tripotant l’Ankh en argent qui pendait au bout d’une chaîne à son cou. La sorcière était issue de la longue lignée des « Grandes de Magie », dont les racines remontaient aux confins de l’Égypte Antique, comme l’indiquait son prénom, référence à l’une des magiciennes les plus puissantes que le monde ait jamais connue. Depuis la nuit des temps, les prêtresses vénéraient Isis et usaient de leurs pouvoirs pour éradiquer leur ennemi de toujours : les vampires, considérés comme les engeances de Seth, le Dieu de la discorde. Comme tout bon lycanthrope, Amarok n’était pas non plus un fervent supporter des « moustiques géants », comme il les appelait. Pourtant, à leur grand désespoir, les innombrables catafalques qui remplissaient le sous-sol de leur maison s’étaient révélés remplis de suceurs de sang. — Six-six-six, the Number of the Beast, sacrifice is going on tonight3, susurra-t-elle en versant la dernière poche dans le chaudron et en contrôlant le thermomètre. Le liquide rougeâtre arrivait à la température idéale : celle du corps humain. Des pas résonnèrent à l’extérieur et son amant franchit la porte, un air inquiet sur le visage. — On est dans la merde ! Un des murs de la crypte s’est effondré et il y a un autre nid derrière. Y’en a plus que prévu. — Combien ? Combien en tout ? demanda la sorcière avec une pointe d’anxiété. — Sept-cent-cinquante-trois, ils sont sept-cent-cinquante-trois, gronda-t-il. Sa voix commençait à se modifier et la transformation ne tarderait pas, marquant le début des ennuis. L’action de la pleine lune n’entraînerait pas seulement la mutation du garou. Elle sonnerait aussi le réveil de la horde de morts-vivants en stase dans la grange depuis des dizaines, voire des centaines d’années, privés d’air, de lumière, et surtout, de nourriture. 3

Six six six le Nombre de la Bête. Le sacrifice se déroule cette nuit

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Défi : 753 ! Ils sont 753 !

La jeune femme, d’habitude si maîtresse d’elle-même, lâcha un long chapelet de jurons retentissants avant de reprendre. — Vérole, je ne suis pas sûre qu’il y ait assez de sang, et on n’a pas le temps d’en trouver plus. Ça pue ! Tu commences à te transformer, plus le temps de tergiverser. Amène la cuve juste devant la porte, il faut transvaser avant qu’ils ne rappliquent. — Oui, je crois que j’ai entendu du bruit en quittant la fosse, ça ne m’étonnerait pas qu’ils commencent à se réveiller. La voix d’Amarok devenait de plus en plus grave et quasiment incompréhensible. Son corps se modifiait, et c’est à moitié courbé qu’il partit chercher un grand abreuvoir à bestiaux. Il y transféra le contenu du chaudron, qui fuma légèrement dans la fraicheur de la nuit, et réussit à prononcer encore quelques mots avant que sa nature animale ne se manifeste pour de bon. — Tu es sûre que ça va marcher ? Tu ne préfères pas tenter la solution de repli ? grogna-t-il à travers sa mâchoire déformée, dans laquelle des canines proéminentes commençaient à pointer. — J’ai confiance en la magie d’Isis et le pouvoir des Pharaons coule dans mes veines. Mais ce soir, on risque gros, très gros. Vas-y, fais-le, il vaut mieux prendre toutes les précautions possibles. Un fracas retentissant en provenance du fond de la cour fit bondir Nefertari et arracha un jappement furieux à la créature hybride qui se tenait à ses côtés. — Vite, ils arrivent, couina la jeune femme en ouvrant sa chemise. Mords l’épaule droite, sinon tu vas abimer ma marque de protection, dit-elle en posant une main sur son omoplate gauche pour masquer l’œil Oudjat bleu turquoise qui y était tatoué. Un grondement monta de la gorge du gigantesque loup gris qui se trouvait désormais devant elle, et une énorme patte, griffue et poilue, qui se voulait pourtant délicate, se posa sur son bras pour la maintenir. La bête approcha sa gueule aux dents acérées de son trapèze et mordit violemment, léchant la plaie pour y faire pénétrer le virus lupin qui lui sauverait peut-être la vie. La jeune femme laissa échapper un cri de douleur, vite couvert par le tumulte provoqué par la horde de vampires affamés surgissant devant la maison. Leur peau grisâtre pendait en lambeaux sur des membres secs et décharnés. Leurs silhouettes voutées et émaciées rendaient leur démarche hésitante, et une lueur de folie meurtrière brûlait dans leurs yeux noirs. L’odeur du sang flottant dans l’air fit jaillir des centaines de paires de canines dans un cliquetis caractéristique qui résonna dans la pièce. Avec un peu d’imagination, ou d’humour noir, on aurait pût se croire dans un remake du clip de « Thriller » ! Les premiers vampires plongèrent la tête la première dans l’auge en émettant des grognements de satisfaction. Les suivants, frustrés de ne pouvoir atteindre leur but, se laissèrent guider par l’odeur de sang frais qui coulait de l’épaule de Nefertari et sautèrent par-dessus la cohue pour atterrir au milieu de la pièce. L’animal aux poils hérissés bondit et s’interposa, tous crocs dehors, pour mordre,

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griffer et déchiqueter tout ce qui passait à sa portée, afin de protéger sa compagne. La sorcière, fermement campée sur ses jambes, saisit dans une main un khépesh4 et dans l’autre, un poignard dont la lame argentée, gravée de hiéroglyphes, étincelait au rythme de ses mouvements. Elle embrochait des cœurs et coupait des têtes avec l’énergie du désespoir, en tentant d’ignorer la douleur lancinante qui pulsait dans son torse à chacun de ses mouvements. — Mais quelle idée j’ai eu de faire ça aujourd’hui ! Faut vraiment être débile pour se faire arracher un bout d’épaule juste avant un combat, râla-t-elle en frappant à revers une sangsue qui lui sautait sur le râble. Chaque cible touchée se disloquait en un nuage d’épaisse poussière grise qui retombait mollement sur le sol. Le parquet en était déjà jonché, mais le nombre des assaillants ne semblait pas décroître. Des grappes de corps enragés se battaient encore pour accéder au contenu du bassin de métal, mais les plus voraces se précipitaient directement vers la source du précieux liquide qui gouttait sur le corps de la magicienne. Plus ils en dégommaient, et plus il y en avait. La fatigue se faisait sentir et leurs réflexes ralentissaient. Le loup poussa un glapissement de douleur quand les mâchoires d’un vampire se verrouillèrent dans la peau tendre de sa gorge. Le cri déchirant d’Amarok rompit la concentration de la guerrière, qui, sans l’appui de son compagnon, se retrouva vite submergée. Des dizaines de morsures aigües brulèrent sa peau, sa tête se mit à tourner et elle sentit ses membres faiblir. Dans un dernier sursaut d’énergie, d’une voix rendue tremblante par la peur et la douleur, la sorcière se mit à réciter une série d’incantations. — Sangre frigido, corpus rigidus, sangre rigido, corpus frigidus. Lupus intravirus, vampirii mortus… Elle répéta cette suite de mots, telle une litanie, avant de s’effondrer, comme morte, sur le pelage du loup, tombé à terre.

Les premiers rayons du soleil frappèrent les paupières closes de la silhouette allongée sur le sol. Un mouvement sous sa tête lui fit ouvrir les yeux et, quand elle porta la main à son visage, elle se mit à éternuer violemment. Elle s’assit tant bien que mal, malgré le violent élancement qui lui traversa l’épaule quand elle prit appui sur son bras droit. Un gémissement attira son attention et elle se retrouva nez à nez avec un museau poilu et une langue rose et humide qui lui nettoya le visage. — Par le phallus perdu d’Osiris, tu es vivant, souffla-t-elle en embrassant la truffe du loup. J’ai crû qu’on allait y rester ! 4

Khepesh : Glaive égyptien utilisé pendant l'antiquité. Arme en bronze dont la moitié de la lame est recourbée en demi-cercle.

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Défi : 753 ! Ils sont 753 !

Puis, son regard fit rapidement le tour de la pièce pour y découvrir un spectacle apocalyptique. Les murs étaient couverts de sang séché, l’abreuvoir, complètement déformé, avait glissé sous la table et la porte d’entrée gisait, dégondée, sur le perron. Une épaisse couche de scories recouvrait le plancher et des particules plus fines flottaient dans l’air, provoquant une nouvelle crise d’éternuements chez la jeune femme. Un rire de soulagement monta dans sa gorge et elle se mit à jurer pour exorciser les restes de peur qui la tenaillaient encore. — Putain, ils sont vraiment trop cons ces vampires ! Ils n’ont toujours pas compris que le sang de garou leur était fatal ! Quelle bande de nazes ! L’énorme animal à côté d’elle fut secoué de soubresauts, comme s’il riait, puis une étrange brume se mit à flotter autour de son corps. Quand le brouillard se dissipa, Amarok était de retour dans la pièce, nu et entièrement humain. D’un geste tendre et délicat, il attira la sorcière dans ses bras, ses lèvres se posant sur sa blessure à l’épaule pour l’embrasser avec respect. — On a réussi mon amour, on les a eus. T’es la plus forte ! Nous aurons la paix maintenant, affirma-t-il, sincère. — Oui… Non… Attends, on ne peut pas en être sûrs, il faut qu’on vérifie. Il faut qu’on compte pour en avoir le cœur net, va chercher un tamis. Il faut qu’on les trouve, il faut qu’on les compte, dit-elle d’une voix affolée. — Compter ? Mais compter quoi ? Reprends-toi chérie, ton plan a fonctionné à merveille. T’as eu une idée géniale de me faire mordre des cochons pour les infecter avec le virus garou, puis de diluer leur sang dans celui des humains pour en masquer l’odeur. Grâce à ta contamination, et au sort de pétrification, ils n’ont pas pu nous vider complètement. C’est terminé ma belle, respire, fit-il d’une voix apaisante. — Non, il faut qu’on s’assure qu’aucun d’eux n’en a réchappé ! Mets un caleçon et va vérifier si tous les cercueils sont vides, ordonna-t-elle. Moi, il me faut un balai, une pelle, un seau et un tamis. Il faut qu’on compte les crocs… Au boulot ! Sept-cent-cinquante-trois multiplié par deux, ça fait mille-cinq-cent-six canines à trouver avant ce soir. Un long travail de nettoyage démarra alors, ponctué par des éternuements à répétition, et au bout de quelques heures, le rez-de-chaussée retrouva un semblant d’ordre. À côté de plusieurs seaux remplis de poudre grise, un gros coffret en ébène débordait de petits objets qui ressemblaient à des aiguilles d’ivoire recourbées. — Mille-cinq-cent-deux, mille-cinq-cent-trois, mille-cinq-cent-quatre… Merde, il en manque deux, jura la sorcière en jetant les dernières dents dans la boîte. Amour, t’es sûr qu’il n’y en a pas un qu’est reparti se pieuter ? — Oui, certain, par contre, viens voir, lança-t-il d’une voix amusée. Je suis dans les toilettes !

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Défi : 753 ! Ils sont 753 !

Appuyé nonchalamment contre la porte d’entrée du lieu d’aisance, il regardait d’un air narquois la scène étrange qui se déroulait à ses pieds. Le dernier vampire, celui qui jusque-là avait échappé à leurs recherches, se trouvait devant eux. Contrairement à ses acolytes, il n’était pas tombé en poussière, mais se tenait, pétrifié, la tête penchée au-dessus de la cuvette des toilettes, dans la position typique du soulard un soir de cuite. Des traces de sang maculaient l’intérieur de la cuvette. — Et ben voilà, on l’a trouvé ! Il a dû essayer de régurgiter le sang empoisonné ! Pas si con que ça celui-là ! T’as ton compte maintenant ? — Ouais, c’est bon, y’a plus qu’à récupérer les dents et ma boîte à trophées sera pleine ! — Ah non, cocotte, si on y touche, il va se désagréger, alors compte pas sur moi pour aller te chercher quoi que ce soit là-dedans ! protesta l’homme. Les deux complices éclatèrent d’un rire libérateur avant de s’embrasser fougueusement. Le simple déplacement d’air produit par leur mouvement suffit à faire partir en fumée la statue de cendres à leurs pieds, déclenchant une série d’atchoums retentissants chez la sorcière et un fou rire mémorable du lycan. Main dans la main, le couple partit chercher l’aspirateur pour, enfin, effacer les dernières traces de l’attaque massive dont ils avaient été victimes. Tout en marchant, la sorcière se mit à chanter d’une voix de fausset, en suivant le rythme de la chanson qui avait rythmé toute cette aventure. — Sept-Cinq-trois, le nombre du vampire, c’est gagné, on les a tous grillés !

FIN.

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Défi : 753 ! Ils sont 753 ! Le Centre de Rody

 753 ! Ils sont 753 ! – s’exclama Shelley.  Comment peux-tu être aussi précise ? demanda Michelle.  Tout simplement parce qu’ils portent un numéro sur leur chemise et que le mien c’est le 751. Nous avons perdu deux compagnons, donc ils sont forcément 753 !  Attention ! Ils vont rentrer ! s’écria Tommy en poussant le meuble en métal pour le mettre contre la porte. Les trois jeunes rescapés se barricadèrent dans le tout petit local à provisions qu’ils sécurisèrent du mieux possible.

Quelques heures plus tôt… Tommy aida Shelley à ranger sa valise dans la soute du bus. Le jeune homme de dix-neuf ans était amoureux de sa camarade depuis les années de formation. Lorsqu’il reçut sa convocation pour le Centre, il fut le plus heureux. D’autant plus que celle qu’il aimait l’avait également. Michelle arriva en courant et déposa son bagage. Elle s’empressa de serrer sa meilleure amie dans ses bras.  C’est arrivé ce matin ! déclara-t-elle avec une satisfaction à peine cachée. Sous l’ordre du général, les trois amis prirent place dans l’autobus qui les conduisait vers une meilleure vie. Il faut dire que depuis le cataclysme, ceux qui habitent en dehors du Centre, n’ont pas le droit de vivre au-delà de vingt ans. En effet, passé cet âge, le corps se décomposait de manière accélérée sans raison apparente. Chaque enfant qui venait au monde de manière artificielle grâce à l’incubateur était pris en charge par les aînés. Après une enfance dans un paradis artificiel, tous partaient en formation. Les vingt-cinq meilleurs étaient choisis, une fois tous les six ans, pour intégrer un bâtiment en plein milieu de la zone 51 que l’on appelait le Centre. Cet immeuble était placé sous très haute surveillance électronique et quiconque l’approchait était instantanément désintégré. Tous rêvaient d’y aller. Cependant, personne ne savait ce qui se passait à l’intérieur. Le bus démarra enfin. Shelley serra la main de Tommy. Le stresse montait. Au bout de plusieurs centaines de kilomètres, la destination se dessinait au loin. Plus le bus se rapprochait, plus Michelle semblait déçue. En effet, elle avait toujours idéalisé le Centre. En vérité, il s’agissait d’un grand hangar. Lorsque le véhicule s’immobilisa, tous furent invités à descendre et à se diriger vers l’intérieur. Il fallait le faire en courant. Cela faisait partie de la dernière épreuve. Les lasers de désintégration étaient coupés. Les occupants du bus avaient moins de deux minutes pour parcourir les neuf cents mètres qui les séparaient de la porte. Au bout du compte à rebours, les armes se réenclenchaient de nouveau et tuaient à vue. Le « Top » de départ fut donné lorsque le général se tira une balle dans la tête. Cela semble horrible, mais tous les généraux voulaient accompagner un convoi pour pouvoir mourir dignement.

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Défi : 753 ! Ils sont 753 !

Tommy, Shelley et Michelle s’élancèrent sans prêter attention aux autres. Le jeune homme ne courait pas aussi vite qu’il le pouvait. Il se ralentissait pour pouvoir tirer les mains de ses deux amies. Il avait toujours était doué en sport. En formation, il avait obtenu les meilleurs résultats toutes matières confondues. Ils finirent par franchir la porte et quelques dizaines de secondes plus tard, les poursuivants disparurent dans un nuage de poussière. Ils reprirent leur souffle et constatèrent avec stupéfaction qu’ils n’étaient que cinq au total à y être parvenus. Deux garçons les accompagnaient. Sur le mur en face d’eux, il y avait un panneau qui indiquait qu’ils devaient se débarrasser de leurs vêtements et enfiler ceux qui se trouvaient là. Chacun s’exécuta. Après s’être changés, les cinq survivants franchir la porte. Ils découvrirent un grand espace vide. Personne ne les attendait contrairement à ce qu’ils avaient imaginé. L’un des jeunes garçons se mit à courir sans raison vers l’autre bout de la pièce. Soudain un bruit sourd retentit. Tommy tira Shelley, Michelle et l’autre survivant derrière une pile de tonneaux qui faisait barricade, mais laissait voir ce qui se passait. Le bruit se rapprocha de plus en plus et celui qui courrait finit par disparaître, avalé par une masse informe.  C’est sans doute une autre épreuve, murmura Michelle.  Mais, personne ne nous y a préparés, se plaignait Shelley. Quand le silence revint, les quatre adolescents se frayèrent un chemin jusqu’à l’escalier qui menait à la passerelle. De là, ils auraient une vue imprenable et pourraient juger de la situation. Un par un, et dans un très grand silence ils se dirigeaient vers les marches métalliques. Tommy ouvrait le chemin suivi de Shelley, Michelle et l’autre survivant. Alors qu’ils étaient presque arrivés sur le palier, l’autre garçon se tordit la cheville et bascula en arrière. Un grand grincement en métal résonna. Il fut immédiatement suivi par l’espèce de grognement sourd. Tommy, Shelley et Michelle se mirent à courir. Ils essayèrent d’ouvrir toutes les portes. Quand au final, une s’ouvrit, ils s’infiltrèrent dans la pièce. À travers le petit hublot, le jeune homme observa celui qu’ils avaient lâchement abandonné disparaitre dans un cri d’effroi. Michelle poussa un petit cri qu’elle retint avec sa main. Ils n’étaient pas seuls. Il y avait une femme, enfin ce qu’il en restait. Elle tenait dans sa main un carnet. Shelley, tout en grimaçant le lui prit. C’était le journal intime de la défunte Isa, ici présente. Elle racontait comment elle était arrivée au Centre avec son frère. Elle faisait également part des « créatures » qui habitaient ces murs. Elle décrivit comment à cause d’une expérience génétique qui devait permettre aux habitants de ce lieu de vivre plus longtemps, ils furent presque tous touchés par un mystérieux virus qui les changea en « Non-Morts ». Ces infectés étaient tous aveugles. Ils étaient, cependant, très sensibles aux sons. C’est ce qui les rendait agressifs. Le virus était présent dans l’air. Une simple égratignure suffisait à permettre la transformation. Shelley feuilleta le reste du journal et trouva un plan du hangar.  Visiblement, il y aurait un local avec des provisions, dit-elle  Super, en plus je commence à avoir super faim, murmura Tommy. En suivant les indications de la petite carte, les trois adolescents prirent la direction du gardemanger. Ils étaient en train de traverser ce qui jadis fut la cantine lorsque Michelle trébucha et fit tomber un plateau sur le sol. Le grognement ne se fit pas attendre. Ils se mirent à courir. Ils fermèrent une première porte derrière eux. Tommy poussa une armoire contre la porte. Ils bloquèrent l’accès à deux autres accès.

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 753 ! Ils sont 753 ! – s’exclama Shelley.  Comment peux-tu être aussi précise ? demanda Michelle.  Tout simplement parce qu’ils portent un numéro sur leur chemise et que le mien c’est le 751. Nous avons perdu deux compagnons, donc ils sont forcément 753 !  Attention ! Ils vont rentrer ! s’écria Tommy en poussant le meuble en métal pour le mettre contre la porte. Les trois jeunes rescapés se barricadèrent dans le tout petit local à provisions qu’ils sécurisèrent du mieux possible. Le ventre de Shelley lui rappela qu’elle avait faim. Elle ouvrit un carton contenant des barres de céréales. Elle en distribua à ses amis. Alors que tous se délectaient de la nourriture, les yeux de Tommy se remplirent de larmes. En déchirant le paquet contenant la nourriture, la jeune femme s’était coupée.  Ce n’est peut-être pas suffisant, déclara Michelle.  Comment te sens-tu ? demanda Tommy.  Je vais bien, assura Shelley. Quelques heures plus tard, Michelle dormait profondément. Tommy et Shelley discutaient. Il lui avoua ses sentiments. La jeune femme, elle, tentait de cacher la fièvre qui montait en elle. Elle se sentait rageuse. Elle avait envie de tout casser. Cela ne lui ressemblait pas. Elle était d’ordinaire si calme et posée. Elle embrassa Tommy en se disant que ça allait passer. Tous deux apprécièrent cet instant. Alors que le baiser était long et bon, elle lui mordit à la lèvre jusqu’au sang.  Aie… Tu m’as mordu ! dit Tommy en s’écartant. Le sourire de sa belle demoiselle se brisa. Son regard devint transparent. Elle se jeta sur Michelle qui ronflait. Avec ses dents, elle arracha la peau de sa joue. Elle poussa un grognement de satisfaction alors que son amie commença à hurler. De l’autre côté de la porte, des coups retentirent. Les 753 voulaient rentrer. Tommy regarda en silence Michelle se transformer. Il eut un sursaut et perdit le contrôle de lui-même. Il hurla. Le cri était terrifiant. Quelques secondes plus tard, le silence régna de nouveau dans le Centre. Tout serait calme, jusqu’à la prochaine livraison…

FIN

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