5 minute read

SÉNÉGAL / 2020-2025

Next Article
HONDURAS

HONDURAS

Xalé Sama Yité : l’enfant, notre priorité

// Lutter contre les violences sexuelles et sexistes faites aux enfants //

Au Sénégal, les enfants, et en particulier les filles, continuent de faire face aux violences sexuelles et sexistes malgré la volonté affichée de l’État d’éradiquer ces violences. Pour appuyer les efforts entrepris, le Bureau international des droits des enfants, accompagné de ses partenaires, l’UNICEF et Affaires mondiales Canada, continue ses efforts cette année et met son expertise au service des professionnelles et des professionnels et des enfants pour leur permettre de mieux comprendre ces violences, mieux les identifier et mieux s’en protéger.

Le Projet

L’IBCR agit pour réduire les violences sexuelles et sexistes faites à l’égard des enfants au Sénégal, en particulier des filles, en ciblant :

• La professionnalisation de secteurs-clés de la protection de l’enfant : les forces de sécurité (police et gendarmerie), la magistrature, le secteur pénitentiaire et le secteur social

• Le renforcement du rôle et de l’autonomie des enfants dans la lutte contre les violences et la défense et la promotion de leurs droits

COMMENT ?

J En renforçant les pratiques des institutions visées, et en s’assurant qu’elles respectent les droits de l’enfant grâce à la définition de procédures internes ou multisectorielles pour clarifier les rôles et les responsabilités de chaque acteur dans l’accompagnement des victimes

J En formant les personnels actuels et en devenir aux violences sexuelles et sexistes pour qu’ils soient à même de respecter les droits de l’enfant et de les accompagner de manière adéquate au cours de leurs interventions

J En permettant aux enfants d’en savoir plus sur leurs droits et de développer un leadership dans la prévention des violences et leur éradication, grâce à des formations et à des outils spécifiques, et en favorisant la prise en compte de leur voix et leur participation à la lutte contre les violences auxquelles ils font face.

Les causes des violences faites aux enfants, les défis inhérents à leur éradication et les changements possibles sont mieux identifiés et compris grâce à une analyse – un « état des lieux » – de la protection de l’enfant au Sénégal et des secteurs visés par le projet, de leurs forces et faiblesses et des pistes de renforcement possibles. Cette analyse permettra de proposer des activités adaptées aux besoins identifiés et aux contextes ciblés tout au long du projet.

» 222 enfants et 368 femmes et hommes consultés pour cet état des lieux

» 3 villes visées : Dakar, Saint-Louis et Fatick

L’IBCR s’attache à traduire le titre de chacun de ses projets dans une langue nationale du pays dans lequel il prend place. Ce positionnement découle d’une volonté d’adapter ses actions à chaque contexte national, et de favoriser la compréhension du projet par le plus grand nombre et l'engagement de ses parties prenantes. Faisant suite à un processus de réflexion impliquant ses partenaires, le projet au Sénégal a ainsi été renommé « Xalé Sama Yité » signifiant « L’enfant, notre priorité » en wolof. Un logo a également été créé pour l'illustrer, basé sur ce nouveau titre.

Atelier de validation de l'État des lieux par un comité d’enfants, Dakar, septembre 2021

Atelier de validation de l'État des lieux, Saly, septembre 2021

Engager la lutte contre les violences sexuelles et sexistes est un combat de haute facture […]. Il est pertinent de donner des compétences aux personnes afin qu’elles soient aptes à faire efficacement face aux défis auxquelles elles sont exposées […] pour atteindre le respect des droits de l’enfant en toute circonstance.

- M. Ciré Lo, directeur de cabinet, représentant de madame la ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants lors du lancement de l’état des lieux, Dakar, décembre 2021

DES PROFESSIONS MIEUX OUTILLÉES SUR LES VIOLENCES FAITES AUX ENFANTS ET L’ÉGALITÉ DES GENRES

Les échanges ont permis une prise de conscience quant aux stéréotypes liés au genre, et à la nécessité de les déconstruire pour éviter les discriminations dans les pratiques professionnelles.

» 8 ateliers ont été organisés

» 2 procédures favorisant la coordination des interventions sont en cours de définition pour les forces de sécurité et la justice

Parmi les professionnelles et les professionnels ayant participé au projet :

83 %* estiment désormais connaître leur rôle et celui des autres acteurs dans l’intervention liée aux violences sexuelles et sexistes, contre 42 % avant le projet

Exercice sur la trajectoire des enfants victimes de violences dans le cadre de l’État des lieux, Dakar

85 %* déclarent être sensibles à l’égalité des genres, contre 44 % en début de projet

71 %** rapportent avoir les compétences suffisantes pour mettre en œuvre des pratiques respectueuses et adaptées aux droits de l’enfant, contre 36 % en début de projet

* activités en lien avec le développement des procédures

** activités en lien avec les formations

Il y a eu une déconstruction de certaines mentalités, on a une vision plus claire sur ce que c’est qu’une violence sexiste, etc. […] Par exemple, il y en a qui pensaient que seules les filles pouvaient être victimes de viol. [...] Les plaintes faites par les garçons sont prises beaucoup plus au sérieux.

- Membre du ministère de l’Intérieur, mars 2022

Des Enfants Plus Autonomes Pour Pr Venir Et Radiquer Les Violences

Les organismes communautaires partenaires du projet ont revu leurs façons de faire pour impliquer davantage les enfants et leur permettre de mieux comprendre leur rôle et d’exprimer leurs opinions.

Les enfants participant au projet sont désormais capables de reconnaître les violences sexuelles et sexistes, et savent comment réagir lorsqu’ils y sont confrontés.

98 % des enfants ayant participé aux activités du projet affirment se sentir désormais en mesure de se protéger et d’agir en cas de violences

91 % des filles et des garçons ayant participé au projet rapportent avoir de bonnes compétences de leadership

De haut en bas et de gauche à droite :

› Atelier avec le secteur social, décembre 2021, Dakar

› Atelier de développement de procédures pour le secteur de la justice, décembre 2021, Dakar

› Atelier avec les Forces de sécurité, juin 2021, Saly-Mbour

» 85 enfants s'impliquent dans le projet à travers les trois comités aviseurs créés à Dakar, Saint-Louis et Fatick

» 8 ateliers ont été organisés cette année avec des enfants

» Une bande dessinée adaptée aux enfants et résumant l’analyse de la protection de l’enfant du pays a été conçue

RÉCIT DE CHANGEMENT : MOHAMED*, 17 ANS

[…] Le projet a permis aux enfants de se positionner en posture de veille et d’alerte, de prendre en main leurs besoins spécifiques.

- Membre de l’association Femme enfance environnement, mars 2022

Mohamed est membre du comité aviseur du projet à Saint-Louis. En discutant avec un de ses amis, il découvre que ce dernier a été victime de violences physiques. Il s’adresse alors à une organisation locale partenaire du projet afin de signaler ce cas, ce qui permet en premier lieu de protéger l’enfant, et ensuite d’enclencher une médiation et un processus judiciaire pour poursuivre l’auteur des violences. Depuis, Mohamed continue de s’engager pour sensibiliser ses pairs à leurs droits et les encourager à les promouvoir, notamment au moyen de vidéos sur les réseaux sociaux.

« Le projet a permis de développer un leadership en moi, vraiment ! Maintenant, à l’école, je porte toujours mon badge du projet. [...] J'explique le projet [aux élèves], je les sensibilise et en plus, ça leur permet de s’exprimer sur ça ! »

* Le prénom a été modifié pour protéger l’anonymat de l’enfant.

This article is from: