L’HABITAT INTERMÉDIAIRE : L’HABITAT DE L’ENTRE DEUX CHAMPENOIS Inès // Rapport d’étude Enseignant : COURTEIX Stéphan
École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon E642 - 2019-2020 - 14/05/2020 1
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L’HABITAT INTERMÉDIAIRE : L’HABITAT DE L’ENTRE DEUX CHAMPENOIS Inès // Rapport d’étude Enseignant : COURTEIX Stéphan
École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon E642 - 2019-2020 - 14/05/2020 Couverture : Charly Broyez Photographie ©2017 muz.fr
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SOMMAIRE INTRODUCTION
p.6
I. ÉVOLUTION DE L’HABITAT ET DE LA SOCIÉTÉ
p.7
I.1 - Verticalisation, la folie des grands ensembles et ses limites
p.7
p.10
I.2 - L’habitat intermédiaire : définition et évolution
II. L’HABITAT INTERMÉDIAIRE, UNE RÉPONSE AUX ENJEUX SOCIO-POLITIQUES D’AUJOURD’HUI ET DE DEMAIN p.13
II.1 - L’habitat intermédiaire au regard des dynamiques politiques
p.13
II.2 - L’habitat intermédiaire au regard du paysage
p.19
II.3 - L’habitat intermédiaire : une économie sur tous les points ?
p.23
III. LE LOGEMENT INTERMÉDIAIRE : UNE MANIÈRE CONTEMPORAINE D’HABITER
p.26
III.1 - La notion d’habiter : d'un logement au chez soi III.2 - Une alternative contemporaine qui satisfait
p.26
p.34
III.3 - Logement intermédiaire : investissement personnel et groupal
p.30
CONCLUSION
p.37
BIBLIOGRAPHIE
p.38
TABLE DES FIGURES
p.39
TABLE DES MATIÈRES
p.42
RÉSUMÉS
p.44 4
5
INTRODUCTION L’habitat, a toujours été au cœur du quotidien de tout à chacun, si bien que, les anthropologues et les ethnologues, lorsqu’ils étudient les peuples, s’intéressent bien souvent à leur habitat en premier lieu. Ce dernier siècle, l’habitat a évolué de bien des manières. En partie avec une prise de conscience de la part des sociologues qui dénoncent les entraves à la qualité de l’habitat au dépend et au bénéfice du capitalisme. C’est notamment le cas d’Henri LEFÈBVRE, dans son ouvrage Critique de la vie quotidienne II. où il s’adresse aux praticiens au sujet des actions territoriales et urbaines. Il est persuadé que ces projets « d’efficacité » économique et urbaine, détériorent sérieusement les conditions de l’habiter au profit d’une société où l’économie règne. Dans la continuité des études psycho-sociologiques menées depuis les années soixante, sur l’Homme et sa relation à l’espace habité, architectes, urbanistes ainsi que les collectivités, comprenant doucement ces enjeux, se sont penchés sur des expériences d’habitats alternatifs. Parmi ces formes d’habitats fleurissantes, l’habitat intermédiaire, aussi connu sous l’appellation d’habitat semi-collectif, connaît un essor tout particulier ces dernières années. À mi-chemin entre l’habitat collectif et la maison individuelle, l’habitat intermédiaire semble séduire de plus en plus de personnes aspirants aux avantages de la maison individuelle tout en bénéficiant des atouts de la ville. Je suis partie de mon idée initiale qui était de définir s’il existait un type d’habitat adapté au bien être des habitants pouvant concorder avec le contexte actuel de « crise urbaine » : exode rurale, augmentation des population, densification nécessaire, étalement urbain et les enjeux écologiques. Ma volonté était de trouver comment répondre à ces enjeux tout en garantissant des lieux de vie confortables aux occupants et de voir s’il existe des solutions pour demain qui réunissent ces critères. La potentielle solution que je vais étudier afin d’en déceler les atouts, et les failles s’il y en a, est, l’habitat intermédiaire. C’est alors dans une optique d’allier les disciplines d’architecture, d’urbanisme avec celle de la sociologie, que je développe mes recherches. Ce développement s’oriente sur cette dualité constante de l’habitat intermédiaire qui est de répondre à la fois, aux enjeux actuels de notre société, tout en considérant les besoins individuels des habitants. Le tout en prenant en compte le contexte urbain dans lequel les projets s’implantent.
DANS QUELLE MESURE L’HABITAT INTERMÉDIAIRE RÉPOND-T-IL AUX BESOINS ACTUELS DE LA SOCIÉTÉ ET DE SES HABITANTS ?
Afin d’essayer de répondre à cette question, ce rapport s’appuiera principalement sur les recherches et études menées par Christian MOLEY et Frédéric MIALET ainsi que tous les rapports en lien avec l’habitat intermédiaire, émis par le PUCA 2. Un grand nombre des projets étudiés provient de L’observatoire CAUE de l’urbanisme et du paysage.3 Pour ce faire, nous allons d’abord commencer par analyser historiquement l’habitat afin de comprendre comment est apparu l’habitat intermédiaire et dans quelles conditions, ce qui nous permettra d’en proposer une définition claire. Dans un second temps, nous nous intéresserons à la prise en compte, ou non, des enjeux socio-politiques et écologiques dans ce type de construction. Puis, dans une troisième partie, nous traiterons de l’habitat intermédiaire au regard des habitants et de leurs attentes d’un logement. 1
LEFEBVRE Henri, 1961 Critique de la vie quotidienne tome II
2
PUCA : Plan Urbanisme Construction et Architecture
3
Base de données en ligne régulièrement actualisée pour faire connaître la production architecturale, urbaine et paysagère, à l’échelle départementale et nationale, et mettre en valeur la démarche des acteurs du projet. Une sélection d’opérations choisies par l’équipe du CAUE pour la qualité de leur conception, leur caractère innovant, leur valeur d’usage.
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I - ÉVOLUTION DE L’HABITAT ET DE LA SOCIÉTÉ Pour comprendre comment nous en sommes arrivés à l’habitat intermédiaire il est important de repartir quelques décennies en arrière et étudier les différentes dynamiques concernant l’habitat de l'Homme. L’habitat au cours de l’histoire a toujours été au centre des préoccupations. Les façons de construire l’habitat influencent la société et vice versa. Il existe un lien étroit entre la question sociale et la question du logement.
1 - VERTICALISATION, LA FOLIE DES GRANDS-ENSEMBLES ET SES LIMITES L’habitat est au cœur de la société, ainsi, améliorer l’habitat en termes de confort et l’adapter à son temps revient à vouloir en partie « résoudre la question du social »1 par le biais du logement. C’était notamment le cas en France en 1834 avec la crise du Choléra, qui a poussé HAUSSMANN à révolutionner la ville et vie parisienne.
Rue Soufflot avant et après la percée sur le Panthéon orchestrée par Haussmann 1870. (fig.1) 2
A - Apparition des grands ensembles, le logement d’urgence
Cité radieuse Le Corbusier, Marseille 1961 (fig.2)
La Duchère, Lyon 9 1962 (fig.3)
Le siècle passé et ces dernières décennies ont été marquées par des recherches de formes, de concepts, dit « socialistes ». C’est notamment le cas avec les grands ensembles des années 5070, ou encore des édifices de mini-ville comme la cité Radieuse de LE CORBUSIER située à Marseille. Ces principes, partent d’idées fortes et souvent très justes, cependant elles rencontrent souvent des limites, nous le verrons par la suite. Les années d’après-guerre (1945), sont marquées par une politique de reconstruction et de planification urbaine importante. Les grands ensembles en sont un composant majeur. Avec l’exode rurale, apparaît le besoin de loger3 de plus en plus de monde dans les villes et leur périphéries.
1
MORET F., 1998, chapitre "Le logement et la question sociale (1830-1870)" dans Logement et habitat : l’état des savoirs p.21
2
fig. : abréviation de figure
3
« Le terme de besoins de logements apparait dans les années 50 avec la planification de construction alors que le pays souffre d'une importante pénurie de logements. » BOSVIEUX Jean, 1998, chapitré « Besoins et demandes logements » dans Logement et habitat, l'état des savoirs p.86
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Ainsi naissent les premières banlieues composées principalement de grands ensembles à caractère sociaux. Ces derniers représentaient alors un progrès économique et social sans précédent. Cette vocation sociale relativement ouverte se justifiait par la mission des HLM de « contribuer à l'accroissement quantitatif de l'offre » 1. Les logements sont modernes, et confortables : avec eau courante, toilettes et salles de bains dans l’appartement, volume spacieux et pièces lumineuses. Ces logements doivent répondre aux besoins de la famille nucléaire 2. Un paysage de tours et de barres commence peu à peu à prendre place en France : l’habitat se transforme radicalement en très peu de temps.
B - Du confort à la désillusion Ces grands ensembles, habités par les classes ouvrières, se trouvent à proximité immédiate avec d’autres types d’habitats tels que des pavillons, des immeubles de copropriété, quartiers résidentiels, habités par des classes moyennes à aisés. Très vite cette insertion de grands ensembles pose problème. Les classes sociales viennent s’entrechoquer et le voisinage des grands ensembles voit d’un mauvais œil l’arrivée de ces d’habitations. La vie en communauté ne fonctionne pas toujours. On se rend vite compte que la volonté socialiste initiale de certains projets, échoue, en effet obtenir une mixité sociale 3 au sein d’un habitat collectif est très difficile. Les politiques délaissent les banlieues. Petit à petit ces ensembles, autrefois gage de modernité, se dégradent et véhiculent une mauvaise image. (Concentration de chômage, dégradation des équipements, soulèvements …).4 Très rapidement ces banlieues se transforment en ghettos. Les années 1960 sont marquées par les travaux de sociologues menés sur l’habitat. Ces découvertes vont mener à l’émergence de nouvelles méthodes de conception prenant davantage en compte les aspirations des habitants, leurs habitudes etc. Cette aspiration marque le passage de revendications « quantitatives » vers des revendications plus « qualitatives ».5
Cité de La Boissière, Nantes, 1970, quartier mixte (fig.4)
La maison individuelle reste toujours le modèle d’habitation préféré des français. Celle-ci à l’inverse du logement collectif, représente la propriété, la stabilité et offre des avantages considérables comme des espaces extérieurs privés par exemple. Or, l’accès à la maison individuelle pour tout le monde est impossible, il faut trouver des compromis. Le logement, son type, sa typologie, traduit une appartenance sociale et un statut : c’est une réelle source de hiérarchisation de la société en classes sociales. Notre habitat nous représente au sein de la société, c’est une sorte d’identité. C’est notamment la raison pour laquelle, dans notre société actuelle et ce depuis plusieurs décennies, les particuliers « aspirent » 6 à la maison individuelle. Ces mœurs sont fortement influencées par les politiques ainsi que les promoteurs. 1
HORENFELD Gilles, 1998, chapitre « L'univers des HLM » dans Logement et habitat, l'état des savoirs p. 138
2
Famille nucléaire : père mère, enfants. Terme employé par TODD Emmanuel dans les années 1980.
3
HORENFELD Gilles, 1998, chapitre « L'univers des HLM » dans Logement et habitat, l'état des savoirs p. 141
4
Source BOSVIEUX Jean, 1998, chapitre « Besoins et demandes logements » dans Logement et habitat, l'état des savoirs p.90
5
MOLEY Christian, 1998, chapitre « Doctrines architecturales et politiques de logements » dans Logement et habitat, l'état des savoirs p. 307 6
VORMS Bernard, 1998 chapitre « Les politiques d'encouragement à l'accession à la propriété » dans Logement et habitat, l'état des savoirs p. 211
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C - L’émergence d’un nouveau type d’habitat : l’habitat intermédiaire Dans un contexte où les villes continuent de s’étendre, des solutions doivent être trouvées pour limiter l’étalement urbain tout en satisfaisant les habitants qui souhaitent bénéficier des avantages de la maison individuelle, en ville. L’habitat intermédiaire représente une alternative intéressante aux modes d’habitats traditionnels : à mi-chemin entre la maison individuelle et l’immeuble collectif. En effet le concept d’habitat intermédiaire, est né de la volonté d’offrir à l’habitat collectif les avantages de la maison individuelle et/ou à l’inverse de regrouper les logements individuels de manière à atteindre une densité proche de celle du logement collectif. Le terme d’habitat intermédiaire apparaît dans les années 1970, bien que les premières réalisations datent de la décennie précédente. C’est notamment le cas dans les années 1960 avec les architectes mobilisés par le concours d’idées le PAN (Programme d’Architecture Nouvelle). Certaines réalisations donnent lieu à des modèles existants toujours aujourd’hui comme par exemple les habitats à gradins. 1
Logements à gradins à Villepinte – Andrault et Parat, architectes, 1970. (fig. 5)
Habitat 67 à Montréal – Moshe Safdie, 1967. (fig. 6)
Le 9 août 1974, une circulaire de la Direction de la construction définit l’habitat intermédiaire comme étant un logement possédant : 2
- Un accès individuel extérieur par logement - Un espace privatif extérieur (= ¼ de la surface du logement) - Une hauteur limitée (3 étages maximum) - Deux logements superposés minimum - Des espaces collectifs de qualité - Des vis-à-vis limités
Depuis, le terme d’habitat intermédiaire n’a pas fait l’objet d’un travail de définition claire et précise. Dans l’imaginaire collectif ce terme reste plutôt flou et ses limites en sont d’autant plus difficiles à tirer. « Le concept d’habitat intermédiaire est né de la volonté de donner à l’habitat collectif l’allure et certains avantages de la maison individuelle ou, inversement, de penser le groupement des logements individuels de façon à approcher les densités et l’urbanité du logement collectif. La notion d ’habitat intermédiaire contient aussi en germe la vision idéale d’une osmose entre nature et habitation, proche de celle qu’offre (théoriquement) la maison dans son jardin. » 3 1
ADEUS, décembre 2004, C’est quoi l’habitat intermédiaire ?
2
MIÈGE C., 2010, Fiche pédagogique : différents types d'habitat intermédiaire, document de la Direction départementale des Territoires de la Savoie. 3
Définition proposée par DEHAN Ph., concours Cimbéton.
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2 - L’HABITAT INTERMÉDIAIRE : DÉFINITION ET ÉVOLUTION A - Définition et délimitation du terme d’habitat intermédiaire Dans ce rapport le terme intermédiaire et le terme semi-collectif signifient la même chose. Bien que l’habitat intermédiaire existe depuis longtemps, il reste encore peu connu et traité, ainsi, sa définition et ses limites n’en restent pas moins floues si bien qu’il peut même parfois être confondu avec une forme d’habitat pour le troisième âge à la croisée de l’habitat individuel et l’habitat communautaire. Ce terme est alors souvent sujet à des problèmes de définition des limites : qu’est-ce que le terme englobe et qu’est-ce qu’il n’englobe pas ? Il est employé pour toutes les typologies inclassables ou hors collectifs et pavillon. Les typologies d’habitat intermédiaires sont peu définies puisqu’il existe de nombreuses manières de les décliner. L’équipe d’Urbitat, distingue trois catégories morphologiques au sein de leur étude pour le PUCA et USH, soit les plots, les barres puis les « inclassables », c’est-à-dire les opérations mixtes ou encore avec certaines particularités qui les distinguent comme la construction en pente. « L’habitat intermédiaire n’est pas l’apanage d’aucune forme urbaine, d’aucune morphologie de bâti. Même si certaines formes comme les tours ne semblent pas pouvoir la pratiquer, on en conclut néanmoins assez facilement que l'habitat intermédiaire peut être utilisé indépendamment de la forme, de la position urbaine, de la structure du bâti. Cette filière d'habitat offre donc une potentielle grande liberté pour fabriquer des morceaux de ville souples, non stigmatisés, indépendamment de toute "mécanique de conception" fermée. » 1 Durant ce rapport, l’habitat intermédiaire concerne des habitations présentant des caractéristiques de l’habitat individuel tout en économisant de l’espace naturel comme le ferait un logement collectif. On écarte l’individuel dense (maison en bandes etc). Parfois, l’habitat intermédiaire est utilisé comme terme financier et associé à un logement à loyer intermédiaire ou loyer modéré. Ici, nous nous en tenons à la typologie d’habitat et à la forme urbaine, non pas à un logement à caractère social.
B - Retour en arrière : Les prémices de l’habitat de type intermédiaire fin XIXe, début XXe siècle Les prémices de cette forme d’habitat sont apparues fin du XIX ème siècle avec l’émergence des cités ouvrières. Pour répondre aux problèmes de conditions de vie très désagréables des ouvriers, des discussions se font entre intellectuels, médecins et industriels. Naît alors le logement paternaliste. Des exemples telles que la Cité paternaliste de Schneider, Le Creusot, la Cité ouvrière de Mulhouse ou encore la Cité Michelin à Clermont-Ferrand voient le jour. 2 La recherche d’idéal de la maison individuel ne pouvant être satisfait, une variante à cette dernière a été conçue sur un plan en damier. Les maisons sont édifiées sous forme de rangées alignées densément les unes aux autres, bordant les rues étroites. La cité ouvrière de Mulhouse (1853) est l’une des premières en Europe, cette dernière repose sur un système de location-vente, ce qui permettait aux familles de devenir propriétaires après une certaine période. Cette cité servira de modèle pour les suivantes. 1
Citation tirée de l’étude sur l’habitat intermédiaire en Centre-Est menée par Urbitat pour le PUCA et l’USH en 2008 PUCA : Plan Urbanisme Construction et Architecture , USH : Union Sociale pour l’Habitat 2
APPERT Manuel, 2019, cours UE-532 Histoire des formes urbaines et de l’urbanisme du XIX au XXI ème siècle
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(Cité des corons Mulhouse 1853 ( fig.7)
Cité New Lanark, �cosse, 1800 (fig.8)
Début XX ème siècles apparaissent également les cités jardin, proposant elles aussi des solutions semblables à celle des logements intermédiaires. Prenons la Garden City de Letchworth conçue en 1903 par Howard : création d’une agglomération combinant les avantages de la ville et de la campagne et suppression de leurs inconvénients respectifs. Ce dispositif, bien qu’utopiste, repose sur les mêmes valeurs que le sera l’habitat intermédiaire un siècle plus tard.
Garden City Letchworth, England, E.Howard, 1903 (fig.9)
(fig.10)
C - La « redécouverte » de l’habitat intermédiaire de 2000 à aujourd’hui Durant les années 1980-1990, associé à une connotation sociale très forte dans les esprits, l’habitat intermédiaire est laissé de côté. Ces préjugés sont aussi dus au fait que les opérations ont très souvent été réalisées avec peu de moyens et surtout sans prendre en compte l’intégration au site. 1 Depuis les années 2000 à aujourd’hui, l’habitat intermédiaire connaît un succès grandissant. Il apparaît comme une solution aux thématiques modernes, comme le prix élevé du foncier, la limitation de l’étalement urbain ou encore le renouvellement urbain. On redécouvre notamment l’habitat intermédiaire par le biais de la loi SRU (loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbain) qui, entre autres, s’interroge, sur la mise en œuvre d’une économie du foncier et d’une densification. Plusieurs travaux d'étude et de recherche ont donné lieu à la mise en place d'expérimentations sur ce type d'habitat, comme par exemple celles menées par Urbitat pour le PUCA et l’USH ou encore toutes les recherches de C. MOLEY et F. MIALET. 2 Les études ont pour but de comprendre les points forts et faibles de ces projets afin de permettre la construction ultérieure d’opérations améliorées. 1
Analyse MIALLET Frédéric, 2006, Le renouveau de l’habitat intermédiaire
2
MIALET F., 2006, Le renouveau de l’habitat intermédiaire / MOLEY C., 2006, Les abords du chez soi, en quête d’espaces intermédiaires / MOLEY C., 2000-2010 résultats de recherches Conceptions actuelles de l’habitat.
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Aujourd’hui, l’habitat intermédiaire se veut à la fois être une réponse politique et sociale ainsi qu’une réponse aux désirs individuels des populations. « […] la recherche d'habitat intermédiaire découle d'une volonté d'humanisation d'un immeuble qui refuse d'être une barre. […] Enfin, on perçoit l'habitat intermédiaire comme du logement individuel empilé. » 1
Résidence du Motier à Clermont-Ferrand, 6 logements, 2004 Architectes : Bruhat, Bouchaudy et Dobel, (fig. 11)
10 logements intermédiaires Longvic, Dijon, 2005 Architectes : Jean Charles Jacques architecte (fig. 12) 2
1
Étude sur l’habitat intermédiaire en Centre-Est menée par Urbitat , SCHWAB, DAUBER, Panoptique pour le PUCA et l’USH en 2008 p.2 2
Opérations étudiés par l’équipe Urbitat
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II - L’HABITAT INTERMÉDIAIRE, UNE RÉPONSE AUX ENJEUX SOCIO-POLITIQUES D’AUJOURD’HUI ET DE DEMAIN Les enjeux contemporains sont nombreux, l’habitat étant un pilier de notre société il va de soi que des solutions doivent être trouvées afin de répondre au mieux à ces derniers.
1 - L’HABITAT INTERMÉDIAIRE AU REGARD DES DYNAMIQUES POLITIQUES A - L’habitat intermédiaire et densification Pour cette partie, nous nous appuierons sur les études de densités menées par Urbitat pour le PUCA Savoie ainsi que celles d’ Audiar pour la métropole de Rennes. 1 « La densité est le rapport entre la somme des surfaces habitables d’une ou plusieurs constructions et la surface totale du terrain d’implantation. » 2 Dans ce contexte urbain dont la population augmente, densifier les villes est une nécessité. Il est possible en effet de densifier avec des tours d’habitations collectives, afin de ne pas perdre en efficacité, or ces dispositifs ne sont peu voire pas adaptés à la demande et au besoin de confort des habitants. Le logement intermédiaire quant à lui propose une forme d’habitat plus dense que les maisons individuelles, tout en conservant leur confort. Une forte densité peut permettre aux services urbains, équipements, commerces etc. de venir s’installer et ainsi créer un nouveau pôle d’activité. Toutefois, il faut rester vigilant à bien répartir cette densité afin de ne pas la rendre oppressante pour les habitants. De plus il ne faut pas confondre densité réelle et densité perçue qui se fonde sur des impressions subjectives. Les tours et les barres sont souvent associées à de fortes densités alors qu’elles sont plus faibles que des cités-jardins par exemple car souvent construites sur des grandes surfaces de terrain -sauf au centre-ville-. De la même manière que l’habitat collectif, l’habitat intermédiaire superpose ses logements afin d’atteindre un certain objectif de densité urbaine. Selon Audiar « la surface nécessaire à la réalisation de logements intermédiaire (si on compte 50 à 60 logements à l’hectare) est trois fois inférieure à un lotissement classique comportant des parcelles de 500m². » Avec cette approche, les densités obtenues sont supérieures à celles d’un quartier d’habitat pavillonnaire et s’approchent de celles de l’habitat collectif.
1
AUDIAR ( Agence d’Urbanisme et de Développement Intercommunal de l’Agglomération Rennaise) Entre maison et appartement : l’habitat intermédiaire, étude menée pour la métropole de Rennes, Décembre 2008 2
Définition dictionnaire Larousse 2020
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Logements intermédiaires au sein de la ZAC des Timonières à Acigné dans la métropole de Rennes (fig. 13)
Résultats d’étude de densité menée par Audiar au sein de la ZAC des Timonières à Acigné dans la métropole de Rennes (fig.14)
Logements intermédiaires au sein de la ZAC des Timonières à Acigné dans la métropole de Rennes (fig. 15)
Dans son ouvrage Le renouveau de l’habitat intermédiaire, F. MIALET, cite Edouard DARKANIAN, gérant de BAPH qui considère quant à lui que le logement intermédiaire se doit de proposer une densité égale ou supérieure à 100 logements par hectare. 1 Ce chiffre est à considérer avec précaution, puisqu’il concerne principalement un contexte de région parisienne. De plus les motivations derrières sont essentiellement économiques. Dans les habitats étudiés par Urbitat, « les opérations révèlent une densité en moyenne de 66 logements par hectare » ce qui est bien loin du chiffre mentionné plus haut.2
1
MIALLET Frédéric, 2006, Le renouveau de l’habitat intermédiaire, p.143
2
Étude sur l’habitat intermédiaire en Centre-Est menée par Urbitat , SCHWAB, DAUBER, Panoptique pour le PUCA et l’USH en 2008 chapitre «Densité créatrice ?» p.33
14
Dans le tableau ci-dessous, nous pouvons observer le taux de densité sur différents projets. La variation de cette densité va de 10 jusqu’à 140 logements par hectares avec une moyenne de presque 70 lgmts/Ha. Les opérations les plus denses observées avec 154 et 133 logements à l’hectare, sont deux opérations en accession réalisées en à Grenoble et à Vienne en Rhône Alpes.
Tableau des densité moyenne, PUCA (fig.16)
Les allées des Roseraies à Grenoble (fig.17)
(fig.18)
Les allées des roseraies, à Grenoble est l’une des opérations les plus denses de l’étude d’Urbitat avec 133 logements à l’hectare. Construite en 2005, l’opération compte 68 logements intermédiaires en accession.2 Plus dense que l’habitat individuel mais moins que les habitats collectifs de ville, l’habitat intermédiaire est un habitat de transition entre différents types de tissus urbains. « L’habitat intermédiaire ne peut, ne doit, être vu comme un produit unique régnant sur un dispositif d’aménagement complet. […] c’est grâce à sa capacité combinatoire, de « pont » entre le logement individuel groupé et le logement collectif que l’habitat intermédiaire est le meilleur outil » 3
1 et 3
Étude sur l’habitat intermédiaire en Centre-Est menée par Urbitat , SCHWAB, DAUBER, Panoptique pour le PUCA et l’USH
en 2008, chapitre «Densité créatrice ?» p.33 2
Maître d'ouvrage : Renault. Architectes : Groupe 6 architectes
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B - L’étalement urbain maîtrisé L’étalement urbain est « la progression des surfaces urbanisées sur la périphérie des villes de façon plus rapide que la croissance démographique. L’étalement urbain résulte de la périurbanisation […] Cela correspond à un desserrement des populations et des activités ainsi qu’à une densification de l’espace rural. » 1 En France la question de l’expansion urbaine est un sujet primordial : le nombre d’habitants augmente considérablement d’années en années, et, face à l’exode rurale, les villes doivent trouver des solutions afin d’accueillir les populations. Ce phénomène d’extension des villes sur les territoires ruraux découle du désir des français de posséder une maison avec un jardin tout en pouvant bénéficier des services urbains à proximité. Au-delà de l’impact esthétiques de ces quartiers dans le paysage français, l’impact écologique est désastreux. En effet la conséquence ultime de l’étalement urbain est l’artificialisation des sols naturels ainsi qu’une réduction considérable des terres agricoles. Plusieurs lois ont été mises en place depuis plusieurs années pour contrer et limiter ce phénomène, notamment en 2010 avec la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain) puis la loi ALUR (Accès Au Logement et un Urbanisme Rénové) ou encore les lois Grenelle II etc. Or, en réalité malgré les efforts législatifs mis en place, peu d’actions concrètes sont menées par la suite. La maîtrise de l’étalement urbain est alors un objectif incontournable en termes d’urbanisation responsable. L’habitat intermédiaire se présente comme une solution contre l’étalement urbain non contrôlé de fait de ses capacités à construire densément. Selon Christian MOLEY, un inversement des priorités en ce qui concerne les enjeux de l'habitat intermédiaires aurait eu lieu dans les années 2000 : « Alors que les objectifs initiaux de l’habitat intermédiaire étaient plutôt tournés vers une forme de satisfaction de la demande en quête de maison, tout en intégrant la question de la consommation de terrain à limiter, cette priorité est aujourd’hui inversée. L’habitat intermédiaire, tel que promu par les pouvoirs publics, apparaît désormais comme servant l’intérêt général, en tant que moyen de lutte contre l’étalement pavillonnaire.»2 Les Hauts Seyssins, Isère (fig. 19)
Construire des habitats intermédiaires permet d’urbaniser tout en limitant l’étalement urbain au maximum en comparaison avec les maisons individuelles. Ces dernières, ont plus d’emprise au sol que les habitats intermédiaires. Cela s’explique par la possibilité des habitats intermédiaires, d’empiler plusieurs foyers sur la même emprise au sol qu’un unique foyer individuel.
Coupe de l’opération les Hauts Seyssins, Isère (fig. 20) 1
Définition dictionnaire Wikipédia 2020
2
MOLEY Ch. , 2011, Plan Construction urbanisme et habitat, programme logement design pour tous, Conceptions actuelles 2000 - 2010 Chapitre « Une Architecture de conciliation aux critères en évolution » p.86
16
Cette expansion maîtrisée permet de préserver au maximum la nature en incitant l’utilisation de parcelles restreintes. Les opérations d’habitat intermédiaires, sont, à la différence des habitats individuels, de réels outils urbains et jouent un rôle important dans l’organisation du paysage.
C’est le cas notamment dans le projet Les Hauts Seyssins, une opération de 65 logements à Seyssin en Isère menée par Tectonique en 2017. Ce projet se situe dans un milieu encore très rural où la beauté des montagnes règne. Loger est une nécessité mais penser au paysage est primordial. Cette opération de 65 logements se trouve être très efficace en termes de densité et limite alors fortement l’expansion urbaine. 1
Les Hauts Seyssins, Isère (fig. 21)
Plan masse les Hauts Seyssins, Isère (fig. 22)
C - Une mixité sociale permise
Plan masse Coop Coteau Ivry-sur-Seine (fig. 23)
1
Un des avantages considérables des habitats intermédiaires réside dans la mixité sociale et générationnelle possible comme nous les révèlent les différentes études menées comme par exemple celle de MOLEY 2 L’habitat intermédiaire, encore peu diffusé, n’est sujet à aucune stigmatisation sociale et attire aussi bien des classes peu aisées que des classes moyennes. Ses avantages étant nombreux, ses typologies variées, n’importe quel type de population peut se voir habiter un logement intermédiaire. Les typologies architecturales de l’habitat intermédiaire permettent d’effacer les différences de perception entre les classes sociales. C’est notamment le cas du projet d’habitat intermédiaire participatif Coop Coteau à Ivrysur-Seine, construit suite à l’appel de projet VUD (Villa Urbaine Durable) du PUCA (Plan d’urbanisme Construction et Architecture) en 2001 dont les objectifs étaient la maîtrise de l’étalement urbain, la mixité sociale et urbaine dans l’habitat ainsi que la qualité environnementale et l’efficacité énergétique.
Projet présenté par AMC Magasine
2
MOLEY Ch. , 2011, Plan Construction urbanisme et habitat, programme logement design pour tous, Conceptions actuelles 2000 2010 Chapitre « Mixité et développement durable » p.19
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L’appel à projet offrait alors l’opportunité à différents acteurs (ville, agence d’architecture, bureau d’étude etc.) de se regrouper afin d’expérimenter l’habitat et les techniques de construction. L’agence Atelier 15, alors regroupée avec la ville d’Ivry-sur-Seine et l’OPAC 94 propose au sein de leur projet urbain, une opération de logements sociaux ainsi que des logements en accession. 1 Pour la ville, ce programme est alors une manière de mettre en œuvre une mixité sociale. Le programme rencontre de nombreuses difficultés lors de sa mise en place, en grande partie du fait, que le bailleur, étant habituellement confronté à du logement social, ne sache pas assurer la maîtrise d’ouvrage de logements en accession. L’opération mixte est alors un échec, et seuls les logements sociaux sont construits à ce stade du projet. Or en 2012, Alain COSTES, architecte et coopérateur d’Atelier 15, propose de réaliser une opération en coopérative en y intégrant une dizaine de familles. L’objectif de cette coopération est d’enfin atteindre la mixité sociale initiale en la construisant dans la continuité du projet déjà réalisé. « Sans être une communauté homogène, les coopérateurs adhèrent néanmoins à des valeurs communes. Parmi celles-ci, l’objectif de ne pas contribuer à la montée des prix de l’immobilier dans la première couronne parisienne. » 2 Les 13 habitats créés relèvent de l’habitat intermédiaire, qui par endroit tend à ressembler à de l’individuel groupé. Chaque logement de la Coop Coteau a été conçu main dans la main avec son propriétaire, ainsi chacun des logements est personnalisé aux attentes de chacun, en témoigne un des logements étant totalement adaptée à une vie en colocation.
Coop Coteaux Ivry-Sur-Seine (fig.24)
Coop Coteaux Ivry-Sur-Seine (fig.25)
Coop Coteaux Ivry-Sur-Seine (fig.26)
Dans ce type de projet, il faut cependant, rester vigilent à toujours conserver une certaine qualité de construction dans les habitats de même qu’un bon entretien en aval afin de préserver l’image actuelle de l’habitat intermédiaire. Si les opérations sont mal gérées ou les espaces mal entretenus etc., le risque est de véhiculer une mauvaise image de ce type d’habitats. Cela engendrerait la fuite des habitants et les habitats seraient rapidement stigmatisés comme logements sociaux peu attirants. En effet, pour rappel ce fût le cas dans les années 80-90, peu après les premiers essais de logement intermédiaire : les opérations ont été peu concluantes car maladroitement réalisées, avec très peu de moyens et des matériaux de basse qualité. Ces logements se sont vite transformés en logement sociaux pour les personnes les moins aisés. Entre logement d’équité et logement à caractère sociaux, la frontière est très mince et le moindre dérapage peut faire basculer l’image que renvoient ces opérations. De plus, dans cette optique de logement « équitable », pour toutes les catégories sociales, il faut rester vigilant à ne pas tomber dans le piège d’une vision trop idéaliste voir utopiste qui relèverai au final d’un fonctionnement à la limite du communisme. 1
Projet détaillé dans le Rapport Villa Urbaine Durable « L’innovation à l’épreuve du montage des opérations », juillet 2006
2
Étude l’Observatoire sur la qualité architecturale du logement en île-de-France, fiche COOP Coteau Mars 2019 p.6
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2 - L’HABITAT INTERMÉDIAIRE AU REGARD DU PAYSAGE A - Facilité d’insertion et d'adaptation des projets d’habitats intermédiaires Un des points forts de l’habitat intermédiaire réside dans sa capacité à s’intégrer aux différents contextes paysagers et ainsi le préserver ou encore le mettre en valeur. En effet, il s’insère de façon pertinente aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural ou encore à la frontière des deux. En milieu rural, d'après les études 1, il a l’avantage d’intégrer du logement plus dense que du pavillonnaire sans s’imposer brutalement comme le ferait un bâtiment collectif. Dans un environnement constitué essentiellement de pavillons, il aura tendance à s’apparenter aux maisons individuelles de par sa forme notamment en se limitant à deux niveaux. Afin de ne pas perdre l’étiquette « d’intermédiaire », ces opérations seront peu espacées les unes des autres de manière à générer la densité attendue. En revanche, quand l’habitat intermédiaire se trouve dans des milieux urbains constitués de logements collectifs, il prendra l’aspect de « petit collectif » montant jusqu’au R+3 ; la limite maximum pour être considéré comme de l’intermédiaire selon la définition de 1974. L’insertion d’habitats intermédiaires participe au développement d’une forme urbaine nouvelle. Pour une insertion réussie, un travail sur les volumes doit être effectué : proportions similaires aux bâtiments environnants, respects des transitions entre bâtis et espaces verts, composition des façades, toitures etc. Pour que le projet fonctionne, comme dans toute bonne architecture, le paysage doit être pris en considération lors de la conception. Le projet de la Coop Coteau à Ivry-surSeine est un très bon exemple d’insertion réussie : Atelier 15 a su produire un projet intermédiaire en ville tout en conservant la pente. Construire en pente est un réel défi, d’autant plus quand il ne s’agit pas d’individuel. L’intégration architecturale est réussie, les matériaux utilisés (bois, brique et acier) intègrent les bâtiments dans le paysage du coteau et renforcent le langage préalablement déployé. Coop Coteaux Ivry-Sur-Seine (fig.27)
« Le régionalisme est une tendance à conserver ou à cultiver les traits originaux d’une région, d’une province » 2 L’habitat intermédiaire induit alors très souvent la notion de régionalisme puisqu’il s’adapte aux codes de constructions de sa région d’implantation. Prendre en compte les techniques et les codes esthétiques des constructions régionales n’est pourtant pas toujours tâche évidente. Ces codes doivent être adaptés aux typologies et selon les formes de l’intermédiaire, puisque les habitats traditionnels dont s’inspirent ces projets relèvent le plus souvent de l’individuel. Ce n’est pas une reproduction mais une « réutilisation de procédés », s’inspirer afin de créer une « continuité esthétique »3 et constructive du bâti. De même que l’utilisation de matériaux locaux, participe aussi à l’écologie.
1
AUDIAR, Décembre 2008, Entre maison et appartement : l’habitat intermédiaire, métropole de Rennes, p.8
2
Définition régionalisme par CNTRL.fr
3
SOPPELSA Caroline, 2020, E631, cours sur Le régionalisme
19
Dans l’exemple ci-dessous 1, l’opération s’adapte tout à fait à son environnement en prenant en compte la pente tout en générant des vues sur les montagnes alentours. D'autre part, les matériaux utilisés lors de la construction - bois et pierre -, en plus d’être écologiques, proviennent de la région. Leur esthétique tout comme leur mise en œuvre, s’accordent aux bâtiments avoisinants. La lecture du paysage n’est en aucun cas gênée par la construction.
Insertion paysagère du projet de 6 logements Chalet Yosemite à Tignes, Ateliers d’architecture Corinne MAIRONI (fig.28)
Chalet Yosemite à Tignes (fig.30)
Dessin Chalet Yosemite à Tignes (fig.29)
Coupe de projet chalet Yosemite à Tignes (fig.31)
Selon Léandre VAILLAT, en 1916, le régionalisme n’est pas une imitation ni-même une copie, mais bien « une adaptation des formes anciennes à ses besoins nouveaux ». 2 Le passé n’est pas une gêne mais un répertoire permettant d’avancer. Chalet trditionnel «Annapurda» à Tignes (fig.32)
1
Exemple tiré de l’étude l’habitat Intermédiaire en pays de Savoie menée par MIÈGE Claire pour la direction départementale des territoires de Savoie 2
VAILLAT Léandre, 9 Août 1916, « La cité renaissante » in Le Temps
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B - Lorsque le paysage n’a pas été pris en compte Cette partie s’appuie sur l’étude de cas de la cité-jardin Frugès à Pessac, une banlieue bordelaise et son analyse faite par Philippe BOUDON dans son ouvrage à ce sujet. En 1924, ce projet, conçu par Le Corbusier, s’apparente, de par ses formes et principes, à ce qui sera plus tard de l’habitat intermédiaire. La commande est passée par l’industriel Henry Frugès, qui alors passionné par l’architecture autorise Le Corbusier de mener le projet comme il l’entend : « Pessac doit-être un laboratoire » 1, c’est l’occasion pour Le Corbusier de réaliser un habitat utopique, fantasmé jusqu’alors.
Cité Frugès à Pessac, Le Corbusier (fig. 33)
Échoppe bordelaise typique (fig. 34)
Le Corbusier applique ses principes fonctionnalistes sans prendre en compte l’environnement dans lequel s’inscrit le projet ni même la culture des habitants. La cité est en rupture complète avec l’architecture bordelaise : formes géométriques strictes, matériaux inadéquats, couleurs vives, toits terrasses etc. : à l’opposé du patrimoine régional attaché à l’héritage du siècle des lumières. De plus les orientations sont alternées pour répondre au besoin d’intimité, le climat landais quant à lui ne fait pas partie de l’équation. Les maisons landaises présentent habituellement une façade orientée est avec un côté ouest aveugle afin d’éviter le vent et la pluie venant de l’Atlantique. 2 Face à ces blocs de bétons cubiques et colorés, les bordelais habitués aux échoppes bordelaises, restent stupéfaits et dénoncent le résultat. Selon les habitants, les codes esthétiques de la cité sont de l’ordre du vocabulaire nord-africain d’où le surnom bien ironique attribué : « cité du Maroc ». Malgré le système révolutionnaire de standardisation, et les idées socialistes défendues, les maisons dérangent les habitants et sont invendables en l’état. 2bis
Cité Frugès à Pessac, Le Corbusier, années 1920 (fig.35)
Avant modifications
Après (fig.36)
Quatre ans suite à cet échec, les maisons sont attribuées à des familles démunies qui les ajustent à leur mode de vie. Les fenêtres horizontales en bandeau sont rebouchées et laissent place à des fenêtres plus traditionnelles. Les espaces inter-pilotis sont bouchés ou le toit des terrasses est couvert. Les couleurs sont remplacées par un blanc ou d’autres tons neutres. Quarante ans après Le Corbusier, questionné à propos de Pessac, semble donner raison aux habitants en déclarant « Vous savez c’est toujours la vie qui a raison et l’architecte qui a tort ». Dans ce projet, il aurait peut-être suffit d’un toit plus traditionnel et la considération du climat pour que les habitants l’acceptent. Les maisons aurait ainsi été intégrés à leur milieu tout en véhiculant les idées novatrices de son concepteur. 1
Propos tenus par FRUGÈS Henri lors de sa commande auprès de Le Corbusier
2
Source BOUDON Philippe, 1969, ouvrage Pessac de Le Corbusier : Etude socio-architecturale, 1929-1985
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C - L’habitat intermédiaire : à l’image du «New Urbanism» ? L’habitat intermédiaire fait indéniablement preuve d’une volonté à insérer la nature dans l’urbain. De ce fait on peut se questionner sur un éventuel lien entre le courant urbanistique du «New-Urbanism» et l’habitat intermédiaire. Apparu dans les années 1980, le New-Urbanism est en rupture avec l’urbanisme néo-traditionnel et résulte d’une envie de créer des quartiers répondant à des critères de qualité architecturale et de bien être, respectueux de l’environnement naturel. 1 Le New-Urbanism, s’inscrit dans la tradition des cités jardins du début XX ème. Le courant part du principe que la forme urbaine est susceptible d’améliorer les relations sociales. Comme décrit dans sa charte, le mouvement repose sur l’hypothèse que « toute modification de la morphologie urbaine au profit de la densité, de l’inscription dans le site géographique et de la qualité des espaces de voisinage est en mesure de répondre aux exigences contemporaines de soutenabilité, dans la mesure où elle confère un sens aux lieux qui procure un certain bien-être aux habitants.» Il s’agit ici de retrouver une échelle d’aménagement, une densité et un rapport entre le bâti et les vides plus favorables aux piétons. L’évolution typo morphologique doit être entre croissance urbaine, développement durable et confort de vie. Tous ces critères sont en totale adéquation avec les revendications de l’habitat intermédiaire décrites dans les différents ouvrages et études consultés. 3
» Domaine du mot à la Charité sur Loire(fig. 37)
Le projet Le domaine du mot à la Charité sur Loire, réalisé par l’atelier CALC architectes en 2016, en est la preuve.4 Pour redonner une identité au quartier, le projet d’habitats intermédiaires, fait preuve d’un réel engagement urbain. Dans un premier temps s’inscrivant dans un quartier où les pavillons cohabitent avec le collectif, le projet se doit d’être une articulation entre ces deux tissus qui ne communiquent pas. Les habitats sont accessibles par des ruelles piétonnes donnant sur la rue principale. Ce fonctionnement favorise les modes doux et participe de ce fait à réattribuer une échelle humaine au quartier. 1 2
Photomontage Domaine du mot (fig. 38)
Domaine du mot (fig. 39)
Source GHORRA-GOBIN Cynthia, 2014, Essai sur Le « New Urbanism » et la soutenabilité Charte du New Urbanism sur CNU.org
3
BARBEYER Ph., MIALET F., PLANES C., Avril 2003, Étude action sur L'habitat intermédiaire, synthèse, CAUE Savoie, Chapitre « Prendre en compte les échelles territoriales » p.16 4
Présenté par l’Observatoire CAUE de l’urbanisme et du paysage
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3 - L’HABITAT INTERMÉDIAIRE : UNE ÉCONOMIE SUR TOUS LES POINTS ? A - Économie foncière ? Le prix du foncier, en France, d’autant plus dans les communes se situant à proximité d’une grande agglomération, est de plus en plus élevé, dû à la raréfaction et forte demande de celui-ci. L’habitat intermédiaire, de par sa forme et sa possibilité de superposer les logements, induit automatiquement une économie de foncier en comparaison à de l’habitat pavillonnaire. Pour cela, il faut bien entendu que la densité produite soit suffisante pour le rentabiliser. Grâce à cette économie de départ, les logements sont proposés à des prix attractifs sans pour autant être dans des immeubles collectifs. Après l’achat du terrain, des économies sont également réalisées sur la charge foncière en comparaison avec du pavillonnaire ou de l’individuel groupé. La charge foncière est constituée de tous les coûts engendrés pour rendre le terrain constructible (nivellement, évacuation de cailloux, terres etc., construction des systèmes d’arrivée et d’évacuation d’eau etc.). Cette économie foncière réalisée reste néanmoins moins attractive que celle des HLM ou autres logements collectifs puisque l’habitat intermédiaire monte moins haut, il y a donc moins d’habitants au m². 1
B - Économie sur le coût de construction et d’entretien ? L’un des plus importants coûts liés à la construction concerne les fondations et la structure du bâti, le gros œuvre. Ce coût dépend directement de la forme du bâtiment ainsi que des matériaux structurels sélectionnés. Plus les décrochements de volumes en façade sont nombreux, plus le coût est élevé. Le coût de construction d’une opération de logements intermédiaires semble plus rentable que celui du même nombre de logements en maison individuelle, grâce à une économie de matériaux.2 En comparaison à du collectif, le coût de construction n’apparaît pas plus important dans les opérations d’intermédiaires, selon l’étude Urbitat.3 Cela reste cependant une hypothèse non vérifiée puisqu’aucune comparaison des coûts n’a été réalisée. On peut en revanche noter que nombre d’opérations d’habitats intermédiaires ont une visée écologique et utilisent de ce fait des matériaux qualitatifs et plus respectueux de l’environnement. Ces matériaux sont souvent coûteux. Or, il faut calculer sur la durée, plus les matériaux utilisés sont de bonne qualité, moins le bâtiment nécessite de rénovations en aval (fuites, ravalements de façades, renouvellement de l’isolation etc.) Cependant nous pouvons supposer que, les coûts structurels, répartis sur moins de logements dans les opérations de logements intermédiaires en accession auront plus d’impact qu’en collectifs. Les parkings soulèvent également une réelle problématique financière. Créer des stationnements en infrastructure, est certes, un gain de place considérable devant les opérations. Cela permet une économie de foncier ainsi qu’une sécurité maximisée pour les véhicules. Cependant d'après les études AUDIAR, cette initiative engendre des surcoûts considérables lors de la construction.4 Intégrer des garages au sein des bâtiments est également une solution pour les opérations dont la forme s’apparente à de l’individuel groupé. Or, le coût de construction augmente également, tout comme le foncier ainsi que les coûts liés aux pertes énergétiques. En effet intégrer un garage au sein même du bâtiment revient ainsi dire à intégrer « un volume froid dans un volume chaud » . 4 1
MIALET Frédéric, 2006, Le renouveau de l’habitat intermédiaire, p.169
2 et 3 4
Étude sur l’habitat intermédiaire en Centre-Est menée par Urbitat en 2008, chapitre «La question des coûts» p.32
AUDIAR , Décembre 2008, Entre maison et appartement : l’habitat intermédiaire, métropole de Rennes, p.4
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Afin de limiter les coûts liés aux stationnements, il faut veiller à les adapter selon la typologie des habitats intermédiaire ainsi qu’aux contraintes urbanistiques. La réponse « juste » à cette problématique ne semble pas exister. Financièrement, le principal atout de l’habitat semi-collectif réside dans la diminution, voire l’absence de charges collectives. En effet les frais de gestion sont diminués de par la réduction des espaces collectifs en rapport avec les habitats collectifs. Dans l’étude Urbitat, un gestionnaire témoigne «les charges sont faibles», « il n’y a pas de gardien » et pourtant « il n’y a aucun problème de maintenance».1 Les habitants se chargent souvent eux même de l’entretien des espaces partagés et collectifs. Le chauffage et l’électricité, également groupés sont moins coûteux que pour un logement individuel. Un gain de coût significatif est également effectué sur les Voiries et Réseaux Divers (VRD). D’une manière générale, on remarque l’absence importante d’études comparatives des coûts entre l’intermédiaire et les autres formes d’habitat. Les informations concernant le sujet restent de simples suppositions à prendre avec des pincettes. D’un point de vue économique, le programme d’habitat intermédiaire semble presque être improvisé. Une chose est sûre, cet aspect financier ne fait la plupart du temps, pas partie des motivations premières de ce type d’habitats, du moins pas dans ses premières apparitions.
C - Économie d’impacts sur l’environnement : l’habitat intermédiaire, un habitat durable et écologique
Les logements intermédiaires sont non seulement économes sur l’utilisation d’espace naturels grâce aux démarches de limitation d’étalement urbain mais aussi en termes de pollution urbaine notamment en ce qui concerne la de pollution de construction. Il se présente comme un type d’habitat durable en favorisant une gestion économe de l’espace, en s’adaptant aux énergies renouvelables de même qu’en prônant une efficacité énergétique grâce à ses formes plus compacte que l’habitat individuel par exemple.1 De plus, il limite l’étalement urbain et de ce fait diminue les déplacements motorisés. D’une manière générale, aujourd’hui les architectes et constructeurs conçoivent leurs édifices tout en prenant compte l’aspect écologique. Certains, plus que d’autres et parmi ceux-ci certains habitats intermédiaires affirment privilégier leur visée écologique et pérenne.
Le bois de la marre à Donges (fig.40) 1
Le projet Le bois de la mare 3 à Donges fait partie de ces habitats responsables. Il est constitué de 23 logements éco-responsables de par leur basse consommation d’énergie ainsi que par l’utilisation de matériaux sains. La consommation énergétique de ces logements est de seulement 47.6 kWh/m²/an soit moins de 50 kWh et correspond alors à la classe A. En France la moyenne est de 250 kWh/m²/an, classe E.4 Des économies financières sont donc faites, la classe A correspondant à 250€ /an de dépenses contre une fourchette allant de 1151€ à 1650€ pour la classe E.
Étude sur l’habitat intermédiaire en Centre-Est menée par Urbitat menée en 2008 , chapitre «Satisfaction des gestionnaires» p.43
2
BARBEYER Ph., MIALET F., PLANES C., Avril 2003, Étude action sur L'habitat intermédiaire, synthèse, CAUE Savoie, p.8
3
Projet des architectes Atelier du Lieu, présenté lors de la semaine de l’architecture 2016 du CAUE 44
4
Source : total.direct-energie.com
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La structure ainsi que le bardage sont en bois, un matériau durable et naturel tout comme l’isolation, elle, constituée de fibre de bois. Des capteurs solaires sont installés sur le toit et les ouvertures au sud sont maximisées. Le chauffage collectif se fait par une chaudière à gaz naturel, une solution contemporaine écologique et moins polluante que la moyenne.
Le bois de la mare intérieur logement (fig. 41)
Le bois de la mare (fig. 42)
Le projet de 18 logements intermédiaires au sein de l’opération de 65 logements (partant de l’individuel allant jusqu’au collectif) à Jouy-Le-Moutiers, présenté par l’observatoire CAUE, part de la volonté du maître d’ouvrage de constituer un des tous premiers quartiers libellés comme étant bio-sourcés.1 Logements intermédiaires à Jouy le Moutiers (fig. 43)
Le bois, matériaux sain et naturel, est utilisé sur la majeure partie des édifices, de façon diversifiée et alternée comme on peut le voir ci-contre. Il est intégré aux façades tout comme dans la charpente, les loggias, les persiennes, les menuiseries, les escaliers, les portes ou encore les parquets. Le bois représente au total 20,25kg/ m² de la surface du plancher plaçant ainsi l’opération au-delà des exigences de premier niveau du label « bâtiment bio-sourcés », étant de 18kg /m².
Logements intermédiaires à Jouy le Moutiers (fig. 44)
De plus, le bâtiment a recours aux énergies renouvelables puisque 30% de la production d’eau chaude sanitaire est assurée par une pompe à chaleur, ce qui permet d’obtenir la performance énergétique HQE – RT 2012- 10%.
Logements intermédiaires à Jouy le Moutiers (fig. 45)
1
Définition bio-sourcé : « se dit d’un produit ou d’un matériau entièrement ou partiellement fabriqué à partir de matières d’origine biologique » source notre-planète.info 2
Il existe 3 niveaux qui correspondent chacun au respect d’un certain taux minimal d’incorporation au bâtiment de matériaux biosourcés 18 kg/m² de Surface de Plancher pour le niveau 1, 24 kg/m² pour le niveau 2, 36 kg/m² pour le niveau 3.
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III - LE LOGEMENT INTERMÉDIAIRE, UNE MANIÈRE CONTEMPORAINE D’HABITER 1 - LA NOTION D’HABITER : D’UN LOGEMENT AU CHEZ SOI « On demande à la maison qu’elle soit agréable, construite avec des matériaux solides, qu’elle représente le projet familial : stable et durable » 1 À travers cette citation, EIGUER explique que l’habitat est une importante source d’espérances et d’investissements. On transpose nos idéaux au sein de notre habitat, l’accès à la propriété par exemple est important car il représente la stabilité. L’habitat est un pilier de notre société, or, la notion habiter, ne se limite pas au fait de se loger. Habiter induit un certain nombre de comportements de l’habitant vis-à-vis de son espace et constitue notamment une forme d’interaction entre l’intérieur de l’être et son environnement extérieur.
A - Les aspects psychologiques liés à l'habitat « Au-delà du regard que l’on peut poser sur les pratiques des architectes, c’est bien évidemment parce que celles-ci conditionnent le cadre de vie qu’il importe de recourir aux sciences humaines pour mieux comprendre les enjeux humains de l’aménagement de l’espace d’une part, et les effets qu’il produit sur les individus, d’autre part. »2 Lorsque l’on construit les espaces de vie, en partie les habitats, il est important de comprendre et prendre en compte les aspects psychologiques et sociologiques liés à ces derniers afin d’offrir le meilleur confort de vie possible aux habitants. Cette pratique est souvent retrouvée sous la formulation de psychologie environnementale. La psychologie environnementale apparue dans les années 60-70 en outre-mer, puis dans les années 80 en France est, « l'étude des interrelations entre l'individu et son environnement physique et social, dans ses dimensions spatiales et temporelles ».3 L’habitat n’est pas seulement un abri, ni même un logement, c’est un réel lieu d’investissement psychologique. EIGUER considère ce dernier comme « [...] le reflet de ce que nous sommes, en termes d’individus non pas isolés mais groupés dans un ensemble formé de ses habitants.» 4 Cette notion évoquée n'est autre que celle de « l'habitat intérieur », un lien fort existe entre le mécanisme psychisme de l'habitant et son environnement concret. Ce concept s'inscrit dans la continuité de l'approche phénoménologique des années 1950, où l'habiter est perçu comme une « expression de l’être »5. Or pour Bachelard « l’être commence par le bien-être »6, ainsi habiter commence par le bien-être. L'habitat dans ce sens est considéré comme une « extension du corps et de la conscience »6. Le corps de l’habitant fait office de lien entre l’intérieur de son être et l’extérieur, son milieu de vie. Cette projection se fait également dans le sens inverse et d’une certaine manière l’espace dans lequel on vit, influence nos pensées nos sentiments et est « source de comportements »7. L’architecte, en menant correctement son travail d’analyse des habitants, de l’environnement, des usages etc. en amont, peut faire en sorte d’apporter du bien être aux habitants et de générer des comportements positifs. Des études scientifiques ont par exemple prouvé que, les espaces verts améliorent les capacités cognitives, notamment sur la concentration : 1 et 4
EIGUER Alberto, 2004, L’inconscient de la maison, p.20 et p.14
2
COURTEIX Stéphan, 2017, E232 Cours pratiques de l’habiter, p.7
3
MOSER G., WEISS K., 2003 Espaces de vie : aspects de la relation homme-environnement, Paris, Armand Colin
5
HEIDEGGER M., 2001 (première édition en 1958), « Bâtir Habiter Penser », et « L’Homme habite en poète », in Essais et conférences, coll. Tel, Gallimard, p. 170-193 et p. 224-245. 6
BACHELARD G., 1998 (première édition en 1957), La Poétique de l’espace, Quadrige / PUF
7
MOLES A., ROHMER MOLES E., 1998, Psychosociologie de l’espace, textes assemblés par SCHWACH. V, p.32
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« […] La contemplation d’un jardin ou d’une forêt améliore la concentration.» De même que l’apport en lumière au sein d’un habitat peut également avoir une grande incidence sur l’habitant. : «la lumière du jour synchronise notre cycle veille-sommeil […] des études ont montré qu’une quantité suffisante de lumière solaire améliore les résultats des élèves. »1 Dans les projets d’habitats intermédiaires étudiés dans ce rapport, les architectes promeuvent la qualité des espaces de vie et le confort des habitants, en proposant de grandes surfaces, des espaces lumineux et des espaces extérieurs abondants. La satisfaction et le bien-être des habitants est l'une des priorités de ces opérations.
B - L’appropriation des lieux de vie L’appropriation d’un habitat traduit la volonté de s’y sentir chez soi : l’habitant y projette une part de lui, peut-être de façon à maîtriser inconsciemment l’espace. L’appropriation peut se définir comme un processus de mise en conformité de l'habitat avec l’habitus2 des individus. Selon EIGUER «L’appropriation interroge non seulement l’avoir mais aussi l’être »3, en effet une manière de s’approprier l’espace est de l’investir en disposant des objets. D’une part, cela montre la possession, d’autre part, le type d’objets exposés montre explicitement qui est l’habitant, ou au moins l’image de lui qu’il souhaite renvoyer. Bien que certains objets soient fonctionnels, ils reflètent aussi notre personnalité, et « traduisent nos goûts esthétiques et nos besoins fonctionnels »3. L’appropriation d’un espace par les objets fait donc partie du processus de projection de l’être dans l’espace concret 4. LEFEBVRE définit l’appropriation comme « [...] l’ensemble des actions des hommes dans l’espace, consistant simultanément à lui donner des configurations spatiales matérielles et des significations.» 5 L’appropriation de l’espace peut donc être matérielle (objets, meubles, etc.) mais peut également se traduire par la manière dont le corps interagit avec l’espace, comment il l’occupe et l’appréhende. L’appropriation de l’habitat peut aussi se définir par l’agencement des pièces, l’aménagement, l’ouverture d’un mur etc. Le rôle de l’habitat influe également en partie sur le processus d’appropriation, s’il est définitif ou transitoire, la relation qu’entretient l’habitant avec son espace de vie sera certainement différente car il n’y développera pas le même d’attachement.
C - Intimité et sociabilité : maîtrise et hiérarchie des rapports Habiter induit la notion d’intimité et interroge les limites entre le privé et le public ainsi que le choix d’intensité de ce qui est montré et caché. Parfois cette limite est confuse puisque les espaces d’intimité ont évolué au fur et à mesure des siècles (ex : avant on recevait dans la chambre, qui aujourd’hui est le lieu d’intimité par excellence.6) D'après EIGUER 7, il y a deux types d’intimités, l’intimité propre à soi et celle qui est partagée avec un proche. L’habitat familial doit être conforme et se prêter aux besoins de ses deux formes d’intimité. Au sein même de l’intimité réside alors une forme de sociabilité : la structure familiale est à la fois intime face au regard extérieur, cependant cette intimité est générée par des liens familiaux comme la complicité, la vie commune, le respect etc. L’espace de la maison familiale traditionnelle française est révélatrice des différentes échelles de l’intime. 1
ANTHES E., Juin 2009, Article « Comment l’architecture influence nos pensées », Cerveau et psycho n°33, p. 32-33
2
Habitus comme manière d’être, phénomène d’habitus décrit par Pierre Bourdieu en 1972.
3
EIGUER Alberto, 2004, L’inconscient de la maison, p.81
4
Espace concret : référence à BOUDON Ph. qui en 1971 dans son ouvrage Sur l’espace architectural, distingue 3 catégories d’espace: l'espace mental, l'espace concret et l'espace vécu. 5
LEFEBVRE H., 1970 La Révolution urbaine Paris, Gallimard, coll. Idées p. 203
6
ELEB Monique, 1998, chapitre « L'habitation entre vie privée et vie publique » dans Logement et habitat : l’état des savoirs p.72
7
EIGUER Alberto, 2004, L’inconscient de la maison, p.47
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Les murs du logement, représentent une coque qui préserve l’intimité familiale : à l’intérieur de cette dernière prend vie une forme de sociabilité intime (famille ou amis dans certains moments). Puis au sein de ses murs, des cloisons séparent les fonctions et usages des pièces créant ainsi une autre forme d’intimité : WC, Salle de Bain, chambres renvoient à une intimité personnelle. Dans les opérations collectives ou semi-collectives, l’intimité est mise à l’épreuve. En effet, l’une des principales craintes des habitants de ce type de d’habitats concerne le manque d’intimité, qu’elle soit sonore, à cause d’une mauvaise isolation ou visuelle de part un vis-à-vis important. Les logements intermédiaires pour la plupart, ont la volonté de remettre en question les principes du collectif afin de l’adapter au besoin d’intimité des habitants. Ainsi les architectes développent différentes techniques afin de proposer des habitats semi-collectifs où l’intimité est préservée. Elles peuvent être de l’ordre du plan, de l’habillage tout comme de l’ordre du matériau. Dans le projet de 18 habitats intermédiaires à Jouy-Le-Moutier,1 l’utilisation du bois est vectrice d’intimité. La densité au sein de l’opération (en tout composée de 65 logements) est forte et les logements sont rapprochés. Pour contrer les problèmes de vis-à-vis qui pourrait naître, les architectes ont travaillé avec la déclivité du terrain en offrant à chaque logement un espace extérieur privatif, une grande loggia avec des persiennes ajourées en bois, à l’abri des regards. Ainsi chaque habitant se sent chez lui. L’intimité est aussi générée par les circulations piétonnes nombreuses au sein de l’îlot : chacun choisit le parcours de son choix pour rentrer chez lui ou pour rejoindre ses voisins dans le jardin collectif. L’idée est de « créer » au-delà des espaces intimes, « le sentiment de vivre ensemble, en proposant des lieux de partage de l’espace ».2 Cependant on peut noter que la volonté de limiter les vis-à-vis n’a pas été menée totalement à bout visiblement puisque les balcons, des logements collectifs, ne bénéficiant pas d’un traitement spécial, semblent êtres ajoutés aléatoirement là où il était nécessaire d’offrir un espace extérieur. Les vues depuis ces balcons semblent, directement donner sur les jardins et terrasses des logements intermédiaires. À mes yeux, ces balcons ne sont pas à la hauteur du reste de l’opération. Bien qu’ils ne concernent pas directement les logements intermédiaires, le but de l’opération reste tout de même de faire cohabiter ces différents types d’habitats tout en préservant l’intimité des habitants. D’une manière générale je pense tout de même que le projet a bien été réussi et propose des espaces de vie très qualitatifs.
Persiennes en bois à Jouy le Moutiers (fig. 46)
Cohabitation des types d’habitat à Jouy le Moutiers (fig. 47)
Logements intermédiaires à Jouy le Moutiers (fig. 48)
1
Projet présenté par l’Observatoire CAUE de l’urbanisme et du paysage
2
Citation DUFLOS Chloé, associée chez MUZ Architecture et urbanisme
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Parmi les projets d’habitats intermédiaires, Le piano à queue dans Lyon 9 réalisé en 2007 1 place la notion d’intimité au cœur de son projet. Cette opération de 38 logements intermédiaires développe une typologie en plan, permettant de gérer la superposition des logements bénéficiant chacun d’espaces extérieurs, tout en préservant leur intimité. Au rez-de-chaussée prennent alors place des logements plains pieds donnant chacun sur un jardin extérieur privatif. En étage, des appartements en duplex sont organisés autour d’un patio privatif, de manière introvertie, tout en profitant du ciel. Dans cette opération, l’architecte a d’une part voulu redonner au sol un usage privatif et intime, souvent délaissé dans le collectif et d’autre part proposer un accès au logement étant privatif ou partagé entre deux logements. De par cet aspect hybride entre vie collective et intimité, l’intermédiaire représente une nouvelle fois un « produit immobilier ambiguë » 2.
Plan masse du projet, Piano à queue, Lyon 9 (fig. 51)
Balcon Piano à queue, Lyon 9 (fig. 49)
Espaces extérieurs, Piano à queue, Lyon 9 (fig. 50)
Espaces extérieurs, Piano queue, Lyon 9 (fig. 52)
à
1
Projet présenté dans une vidéo youtube publiée par le CAUE (Conseil d’Architecture de l’Urbanisme et de l’Environnement) de Rhône Métropole, remporte le Prix Habitat du Grand prix de l’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement du Rhône en 2010. 2
Citation GACHON Régis, architecte associé du projet
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2 - UNE ALTERNATIVE CONTEMPORAINE QUI SATISFAIT A - Réponse à la demande des habitants Les logements intermédiaires représentent une alternative à la maison individuelle fortement désirée par un grand nombre de français. En effet, ses promesses étant de réunir dans du semicollectif les avantages à la fois du collectif et de l’individuel, la typologie plaît au plus grand nombre. Les possibilités d’individualisation et d’espaces extérieurs appropriables apportent un certain confort et une intimité recherchée. Financièrement, le coût de ce type de logement est inférieur à celui d’une maison individuelle ce qui offre alors la possibilité, d’acquérir ou de louer un bien ayant des caractéristiques de l’individuel, à ceux qui n’auraient pas pu se le permettre. Se pose ensuite la question de l’accession, en effet, la propriété est une aspiration chez nombre de français et constitue un véritable titre social. D’après l’étude d’Urbitat 1, les habitats intermédiaires en accession sont très appréciés par des ménages à faibles revenus souhaitant accéder à ce fameux titre tant convoité, sans pour autant que ce soit dans un immeuble collectif. Les logements intermédiaires en location seraient quant à eux souvent destinés à de jeunes ménages en attente d’accession ou aux personnes cherchant un logement de transition. De plus l’habitat intermédiaire semble s’adapter à différentes typologies de ménages tout comme à chaque génération. D’après les études et entretiens menés par Urbitat, les typologies d’habitats seraient à la fois appropriées, « aux ménages en constitution ou ayant déjà des enfants et, dans une certaine mesure, à des populations seniors pour des raisons de sécurité et d’accessibilité. Cette forme d’habitat permet une transition, sans trop de frustration après ou avant l’habitat individuel. Néanmoins, il est nécessaire de noter que tous les logements ne peuvent être de plain-pied. Ceux-ci sont idéalement pour les grandes familles qui devraient être au rez-de-chaussée mais aussi pour les personnes pouvant vivre des difficultés d’accès. » 2 Les études menées par l’équipe Audiar révèlent un postulat similaire « Les investisseurs sont souvent minoritaires parmi les acheteurs car ces logements atypiques et souvent plus grands induisent des loyers plus élevés. L’intérêt de l’habitat intermédiaire est qu’il peut répondre à la fois au désir d’individualisation et au besoin d’urbanité. Les jeunes ménages s’orientent vers ce type de produit bénéficiant de certaines caractéristiques de la maison mais à proximité du centre-ville. On trouve également des célibataires, des couples sans enfants, des familles monoparentales ainsi que des seniors. Pour cette dernière catégorie, il s’agit de choisir un logement plus adapté au vieillissement, mais permettant d’accueillir ponctuellement enfants et petits-enfants. »3 D’après le sondage de satisfaction des habitants tiré de l’étude d’Urbitat, les habitants sont favorables à l’habitat intermédiaire. Un habitant affirme : « Il y a 40 demandes pour un logement libéré». Un autre nous confie qu’il considère son logement « comme un logement individuel » et ajoute que les logements de l’opération sont « très demandés ». D’autres précisent « Ce ne sont pas des HLM », « espaces privatifs très appréciés ». 4
1 2
Étude sur l’habitat intermédiaire en Centre-Est menée par Urbitat en 2008, chapitre «L’ambiguïté » p.29 Étude sur l’habitat intermédiaire en Centre-Est menée par Urbitat en 2008, chapitre «12 atouts et d’autres» p.41
3
AUDIAR, décembre 2008, Les nouvelles formes urbaines de la ville archipel, revue Composition urbaine, « Entre maison et appartement : l’habitat intermédiaire» chapitre «qui sont les acheteurs?», métropoles de Rennes p.8 4
Étude sur l’habitat intermédiaire en Centre-Est menée par Urbitat en 2008, chapitre « Satisfaction des habitants (verbatim) » p.44
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Les habitats intermédiaires de par leur adaptation formelle et structurelle, sont une belle réponse aux désirs des habitants concernant l’individualisation de logements. En effet, le simple fait d’emprunter les codes de la maison individuelle comme par exemple le toit à deux pans ou l’organisation des habitats en « plot », permet déjà de séparer et différencier les espaces et les logements les uns des autres. Des variations de matériaux peuvent également rentrer en jeu. Dans l’exemple à Villier-le-Bacle1, l’utilisation du toit à deux pans ainsi que des proportions similaires à l’individuel permet à chaque habitant de distinguer son propre logement depuis l’extérieur. De plus la déclinaison des couleurs et compositions de façades personnalise d’autant plus chaque plot.
Logements intermédiaires Un jardin habité, Villiers le Bacle, (fig. 53)
Ici, dans le projet de 19 logements intermédiaires éco-résidence à Mulsanne2 conçu par A2A Architectes, les logements ont un socle commun par-dessus lequel plusieurs structures à deux pans se dégagent. Cette composition permet ainsi une lecture claire entre les espaces depuis l’extérieur. Les entrées individualisées bien lisibles en façade permettent aussi cette individualisation tant recherchée.
Logements intermédiaires, Mulsanne, (fig. 54)
B - La campagne à la ville et la ville à la campagne Les logements intermédiaires intéressent fortement les populations souhaitant vivre à la ville avec le confort de vie de la campagne. En effet, ils permettent l’installation en zone urbanisée, à proximité des services tout en restant abordables financièrement. De plus, l’atout majeur réside dans la promesse d’espaces extérieurs privatifs, qualité qui renvoie au langage de la maison individuelle. L’habitat intermédiaire représente alors « une alternative au coût élevé du m² de jardin en secteur urbain »3. Les toits plats de certains habitats semi-collectifs peuvent aussi permettre un aménagement végétal de ces derniers, faisant profiter les habitants d’un espace extérieur supplémentaire et ainsi, rendre à la nature, le bout de terrain qu’on lui a pris. De plus « créer et réussir de nouveaux espace suppose de les inscrire dans une continuité d’usage avec le tissu urbain existant.»4 Cependant, la volonté d’apporter la campagne à la ville a ses limites dans le sens où il ne faut pas oublier de densifier, les espaces extérieurs en rez-de-chaussée sont donc limités et bien souvent réservés aux résidents de ce même niveau. Les autres espaces extérieurs ne sont pas naturels (terrasses, balcons, toits terrasses etc.) 1
Projet présenté par l’observatoire CAUE, d’après l’étude du CAUE 91
2
Projet présenté au Prix départemental 2016 de l’Architecture, de l’Aménagement et du Patrimoine.
3
Les nouvelles formes urbaines de la ville archipel, revue AUDIAR Composition urbaine, Chapitre « L’avantage d’un appartement avec « jardin » p.8 4
BARBEYER Ph., MIALET F., PLANES C., Avril 2003, Étude action sur L'habitat intermédiaire, synthèse, CAUE Savoie, p.8
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Au sein du quartier Les hauts de Chazal 1 à Besançon, l’opération de 35 logements intermédiaires, GAÏA, s’articule en partie autour de la volonté de créer un « quartier-jardin ». L’idée est de permettre une densification qui ménage une véritable place à la nature offrant ainsi aux habitants un confort et une qualité de vie importante.
Espaces extérieurs opération GAÏA (fig. 55)
(fig. 56)
Constitué de 3 immeubles en limite de parcelle, le projet offre en son centre un parc urbain semblable aux paysages de campagne visibles à l’horizon. La pente naturelle, conservée dans le parc accentue cette continuité paysagère. Les espaces de vie des logements, sont tous organisés de manière à offrir un prolongement sur l’extérieur à chacun des logements, soit sur des jardins privatifs en Rezde-chaussée ou sur des balcons et terrasses en étages.
(fig.57)
Parc urbain , opération GAIA, (fig. 58)
Ces logements, en plus d’intéresser les personnes souhaitant retrouver la campagne à la ville, sont à la fois une manière pour certaines mairies et constructeurs d’apporter une densité à la campagne. Densifier tout en gardant la qualité paysagère de la campagne est la stratégie du projet Les maisons de l’étang à Châtillon d’Azergues2. De par son implantation en paysage rural, le projet s’est offert le luxe d’apparenter l’opération d’habitat intermédiaire à de l’individuel groupé de par sa forme extérieure en plot aux allures de maisons. Le projet s’inscrit dans la pente du terrain face au village, s’adossant à la colline, s’ouvrant sur un petit étang entouré de végétation. Le programme propose 15 logements répartis en 8 plots compactes, couverts de toits végétalisés. Entre chaque plot prend place un patio au R+1.
Série de photographies des espaces extérieurs du projet Les maisons de l’étang, (fig. 59 à 61) 1
Projet de l’Atelier Ladoy présenté par L’Observatoire CAUE en 2015, projet gagnant du prix Regards sur l’architecture et l’aménagement en Franche-Comté 2015 : Coup de coeur du jury et Vote du public 2
Projet présenté par le 44 CAUE Rhône Métropole en 2015
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C - Typologies d’espaces « Au regard de la réglementation, l’habitat l’intermédiaire n’existe pas. Seules deux catégories existent : l’habitat individuel et l’habitat collectif. Le code de l’habitation et de la construction considère la superposition de plus de 2 logements (avec ou sans partie commune) comme une caractéristique de l’habitat collectif, on applique alors la réglementation des immeubles collectifs aux logements intermédiaires. » 1 Malgré cette réglementation, un des avantages de l’habitat intermédiaire réside dans l’existence d’un grand nombre de typologies d’espaces possibles. Il existe toutes tailles de logements, allant du T1 au T5 et peut être décliné de plusieurs manières afin de satisfaire la demande du plus grand nombre. Un des points forts de l’habitat intermédiaire réside dans des surfaces de vie spacieuses. En effet, dans l’étude menée par Audiar, nous apprenons que les surfaces sont souvent plus grandes qu’en collectif. Ainsi un T3 en semi-collectif présente en moyenne 10 à 15 m² supplémentaires soit 70 à 75m² au total au lieu de 55 à 60 m². Les pièces sont souvent agencées de manière originale entre elles de façon à optimiser l’espace. De plus, retrouve des pièces annexes comme un dressing ou un cellier, peu présentes en collectifs.2 Dans sa typologie, l’habitat intermédiaire est principalement caractérisé par un accès et des espaces extérieurs privatifs. Dans de nombreux cas les logements sont organisés en duplex, ce qui induit alors un mode de vie proche de celui d’une maison individuelle. Ainsi, des mezzanines ou encore doubles hauteurs sont également possibles et ajoutent un réel confort de vie au logement.3 Ci-contre un exemple tiré de l’étude menée par Audiar,4 le projet Les Angéliques par l’architecte L. CROISIARD où chaque logement possède un garage ainsi qu’un cellier. Les T3 font 74,55 m² et possèdent un balcon de 6,5m² en plus d’un jardin. Les T4 quant à eux bénéficient d’un grand jardin ainsi que de deux WC et une salle d’eau en plus d’une salle de bain pour une surface totale de 88,65m².
Plans des duplex T3 et T4 « Les angéliques », (fig. 62)
Dans l’opération Piano à queue réalisée à Lyon 9, un certain nombre de logements sont également organisés en Duplex comme ce T4. Réparti sur le R+1 et R+2, il possède une terrasse bénéficiant d’une double hauteur. Cette double hauteur est également présente au sein même du logement dans une partie du séjour. Le logement bénéficie également de plusieurs rangements intégrés. Plans d’un T4 en duplex « Piano à queue », (fig. 63) 1
AUDIAR, décembre 2008, Les nouvelles formes urbaines de la ville archipel, revue Composition urbaine, « Entre maison et appar-
tement : l’habitat intermédiaire», métropole de Rennes, chapitre «Réglementation de l’habitat intermédiaire» p.5 2 et 3
AUDIAR « Entre maison et appartement : l’habitat intermédiaire» chapitre «Des logements plus confortables» p.5
4
Présenté par AUDIAR, « Entre maison et appartement : l’habitat intermédiaire» chapitre «Des logements qui peuvent évoluer» p.5
5
Présentation de GACHON Régis, architecte du projet, vidéo youtube publiée par le CAUE de Rhône Métropole
33
3 - LOGEMENT INTERMÉDIAIRE : INVESTISSEMENT PERSONNEL ET GROUPAL A - Des lieux de vie poussant à l’investissement personnel : intérieur, extérieur Comme nous l’avons vu dans les témoignages provenant de l’étude d’Urbitat, l’habitat intermédiaire pour celui qui y habite, est perçu comme un logement individuel, ainsi son implication et son investissement personnel dans les lieux sont d’autant plus forts et ce encore plus dans les logements en accession.1 L’avantage de l’habitat intermédiaire réside dans la composition de l’espace permettant aux habitants de profiter des lieux de vie privatifs comme le seraient ceux d’un logement individuel : des accès plutôt individualisés, des espaces extérieurs privatifs. Parfois un logement possède plusieurs espaces extérieurs privatifs : un balcon et un jardin ou encore une terrasse et un balcon, une loggia et un balcon etc. Chaque espace propose un degré d’intimité différent, mais leurs dispositions sont généralement réfléchies de manière à limiter le vis-à-vis. Selon le type d’extérieur dont l’habitant dispose, l’utilisation qui en est faite sera différente. Tous se positionnent cependant en relation avec une pièce du logement. Souvent en prolongement du séjour par exemple se trouve une terrasse qui permet de prendre des repas dehors ou un jardin au rez-de-chaussée. 2 Exemple de grandes terrasses avec belle vue : projet à Jouy-Le-Moutier.
Grande terrasse du projet de Jouy le Moutier, (fig. 64)
Grande terasse du projet de Jouy le Moutier, (fig. 65)
Les usages de ces espaces extérieurs sont variés et attrayants de par leur surface plus importante qu’en collectif. Cette impression d’individuel pousse les habitants à prendre soin des parties communes : chacun a sa part de responsabilité. Les comportements au sein de ce type d’habitats sont semblables à ceux en copropriété. Parfois les habitants disposent d’espace de stockage en sous-sol et/ ou de garages qu’ils investissent également. Dans l’exemple du projet de la Cité Edouard Herriot dans Lyon 9, l’organisation spatiale des espaces extérieurs et intérieurs pousse les habitants à un investissement personnel fort. Les espaces extérieurs privatifs sont nombreux : jardins, balcons, grandes terrasses, toits terrasses. Leur disposition les uns par rapports aux autres favorise fortement leur appropriation, notamment pour les jardins qui renforcent l’aspect « maison individuelle » des logements.3 1
Étude sur l’habitat intermédiaire en Centre-Est menée par Urbitat en 2008, chapitre « Satisfaction des habitants (verbatim) » p.44
2
AUDIAR, décembre 2008,Entre maison et appartement : l’habitat intermédiaire, chapitre « Des espaces privatifs multiples » p.4
3
Habitat intermédiaire, ed. CAUE du Rhône, p. 42-45, mars 2007 et « Renouvellement urbain et logements intermédiaires », Je Dis, juill. 06, pp. 11-12.
34
3D Cité Edouard Herriot, Lyon 9 Jardin privé Cité Edouard Herriot, Lyon 9 (fig. 67) (fig. 66)
Terrasse Cité Edouard Herriot, Lyon 9 (fig. 68)
B - Les interactions sociales en habitat intermédiaire Bien qu’un des grands avantages de ce type d’habitat réside dans la possibilité de se l’approprier personnellement, il ne faut pas oublier que l’habitat intermédiaire reste une forme d’habitat relativement collectif. Des espaces restent partagés, ce qui pour certain peut représenter un frein alors que ce sera une opportunité pour d’autres de créer du lien social. Ici, l’avantage est de créer du lien social souvent plus convivial qu’en individuel ou en collectif d'après MOLEY 1 Cette notion de convivialité au sein des habitats intermédiaires est importante. En effet dans le rapport sur l’Habitat intermédiaire en Centre Est mené par Urbitat mais également dans le livre de MIALET 2, il apparaît évident que ces types d’habitats partent notamment d’une volonté de créer du lien social, voire une réelle forme de vie collective. Cela est notamment dû au sentiment de partager une forme d’habitat atypique et la volonté de le faire fonctionner. Cette notion de collectivité s’oppose à ce que l’on retrouve dans des résidences collectives ou dans les grands ensembles où elle est souvent imposée et mal vécue. A l’inverse, ici, la plupart des habitants semblent faire le choix de vivre proches de leurs voisins. Les propos des habitants et gestionnaires interrogés durant l’étude sur logement intermédiaire en centre-est confirment ces observations : «Il n’y a jamais eu de conflit de voisinage», « Le programme vit très bien : ce type de produit génère plus de convivialité, de vie sociale et d’entraide », « Il y a une bonne solidarité entre les locataires » ou encore « C’est un village dans la ville ».3 L’unité de groupe est indéniable. Le respect est une valeur primordiale, chacun dispose de son intimité et respecte celle des autres, les rapports entre les habitants en sont d’autant meilleurs. Les limites bien définies entre les espaces privés et collectifs accentuent ce phénomène. De plus les habitats intermédiaires sont composés de peu de logements et les accès sont souvent privatifs ou desservent uniquement 2 logements formant ainsi des espaces de transition entre le collectif et le privé : une forme d’intimité de groupe apparaît alors. Dans le collectif, cette transition n’existe pas, les habitants ressentent une forme de peur d’agression de leur intimité et ont de ce fait souvent plus tendance à se replier sur eux- même, comme pour se protéger d’une quelconque forme d’invasion au sein de leur intimité. En logement individuel, principalement en ville, les rapports entre voisins sont également souvent inexistants car chacun fait sa vie de son côté. Ces interactions sociales « subies » ou « imposées »3 comme dans les logements collectifs tendent à supprimées dans les habitats intermédiaires. 1
MOLEY Christian, 2011, Plan Construction urbanisme et habitat, programme logement design pour tous, Conceptions actuelles
2000 - 2010 Chapitre « Convivialité, lien social, vivre ensemble » p.11 2
Ouvrage MIALET Frédéric, 2006, Le renouveau de l’habitat intermédiaire p.45
3
GRAFMEYER Yves, 1998, « Logement, quartier, sociabilité » dans Logement et habitat, l'état des savoirs, p. 351
35
Selon mes convictions ainsi que mes observations, je pense que l’habitat intermédiaire a un très fort potentiel de convivialité. En effet l’ambiance semble très bonne, les voisins se connaissent et s’apprécient, se rendent service tout en menant une vie autonome. Les typologies de ces habitats, notamment, le faible nombre d’habitants ainsi que les petites dimensions des parcelles, renforcent les rapports entre les habitants et la connaissance et fréquentation les uns des autres. Une fois de plus ce schéma est bien loin de l’habitat collectif où certains voisins ne s’adressent jamais la parole ; les rapports sont plus semblables à ceux en village de campagne. On peut cependant émettre l’hypothèse que cette forte proximité peut potentiellement se transformer en désavantage dans certaines situations notamment si un voisin se met à dos le reste du « groupe ».
C - Capacité d’évolution du logement ? Le caractère évolutif d’un logement est une notion importante à prendre en compte lors de sa conception. D’autant plus dans les opérations rassemblant plusieurs habitats qui n’ont donc pas forcément été pensés ni conçus pour un client en particulier. Cependant la réalité du marché va souvent à l’encontre de cette notion comme nous le rappelle l’étude d’Urbitat. En effet le mot d’évolutivité recouvre « des besoins très divers qui vont de la capacité d’extension (dans le volume ou hors structure), de restructuration potentielle des surfaces et, globalement, de fabrication postérieure de valeurs ajoutées au logement. » Cependant force est de constater « que les exemples sont absents, les stratégies également. »1 De ce point de vue la notion d’évolutivité des logements semble plus s’apparenter à des théories et des aspirations hypothétiques. Cependant, dans un souci de cohérence avec le désir d’appropriation des habitants tout comme avec les besoins de durabilité des opérations, il semble tout de même indispensable que l’évolutivité des logements intermédiaires puisse être développée. D’un point de vue théorique le logement intermédiaire bien que moins souple que l’habitat individuel, l’est bien plus que le logement collectif. « À l’évidence, il nous apparaît que la capacité de l’habitat intermédiaire à proposer de l’habitat évolutif est … intermédiaire. »2 La mise en œuvre de cette évolutivité au sein des opérations reste complexe de par l’individualité recherchée simultanément à la superposition des logements. Cette dernière empêche souvent à la surface de vie de se dilater. L’élargissement peut néanmoins se développer au sol en prolongeant le bâti ou encore en hauteur pour le dernier niveau. En outre, l’évolution ne signifie pas uniquement extension, elle peut aussi se faire au sein même du plan d’un logement. Ce dernier « doit pouvoir évoluer sans interventions trop lourdes ; la restructuration doit être possible au fur et à mesure, éventuellement même anticipée. »3 L'évolution peut concerner le changement de destination de certaines pièces, circulation, aménagement des combles, modification des espaces extérieurs etc. Les jardins peuvent aussi évoluer à travers l’investissement des habitants (planté ; équipé etc.) Les variations possibles sont infinies et dépendent du projet d’origine. Pour que l’évolution soit possible, il faut une anticipation de l’architecte en amont. « L’évolutivité n’a alors rien de spécifique à l’habitat intermédiaire, il faut la ferme volonté du maitre d’ouvrage. »4
1, 2, 3et 4
Étude sur l’habitat intermédiaire en Centre-Est menée par Urbitat en 2008, chapitre «L’évolutivité» p. 31-32
36
CONCLUSION Nous remarquons que l’habitat intermédiaire se révèle, en effet, être une solution intéressante à mi-chemin entre les attentes d’une société qui se responsabilise et de ses habitants, eux, ne voulant pas pour autant renoncer à leur rêve d’habitat individuel. D’une part, ce type d’habitat, à travers les différentes études qui ont été menées, a prouvé pouvoir répondre aux enjeux de densification, en proposant des opérations qui limitent l’étalement urbain de par leur implantation et leur forme. Très souvent ces critères offrent alors la possibilité de superposer, combiner et assembler les logements entre eux, les rendant alors beaucoup plus efficaces que l’habitat individuel. D’autre part ces opérations plaisent beaucoup aux habitants qui semblent y trouver le parfait compromis, entre rural et urbain, calme et services, individuel et collectif. Comme nous l’avons vu, plusieurs typologies d’habitat semi-collectif existent, cependant nous retrouvons toujours les mêmes caractéristiques avantageuses propres à ce type d’habitat. Un de ces avantages considérables est la possibilité de s’adapter à toutes sortes de paysages. En effet, la forme, très souvent, découle du paysage environnant au projet. Dans un quartier plutôt de type pavillonnaire les habitats intermédiaires auront plutôt tendance à s’apparenter aux maisons individuelles du quartier en limitant le nombre d’étage, ne dépassant ainsi rarement pas le R+1 tout en étant peu espacés l’un de l’autre afin de créer la densité attendue du programme. Lorsque l’habitat intermédiaire se trouve en revanche dans des quartiers constitués principalement de logements collectifs, sa forme s’apparentera à du petit collectif montant alors, jusqu’au R+3. De plus, comme notamment observé en Savoie, les habitats intermédiaires s’adaptent au site et à la région d’implantation de par leur façon de s’implanter dans le sol, de la manière de construire leur toit ou encore, de composer leurs façades. Au-delà des aspects urbanistiques, les aspects humains de l’habitat intermédiaire, sont également bien présents. Les habitants interrogés entretiennent de bonnes relations les uns avec les autres dans un esprit convivial, malgré la forte volonté de vivre dans un logement qui s’individualise. En ce sens, l’habitat intermédiaire s’accommode tout à fait aux désirs paradoxaux des habitants, qui, à la fois expriment un besoin d’intimité, d’appropriation personnelle de l’espace, tout en souhaitant développer une sociabilité entre résidents. Un point tout à fait encourageant concerne l’absence de stigmatisation autour de ces logements à l’heure actuelle, ce qui permet une mixité sociale rarement possible dans d’autres types d’opérations. Malgré tout, quelques réserves persistent en ce qui concerne l’aspect financier de ces habitats, notamment avec le prix du foncier qui reste toujours plus élevé que dans le cadre d’un habitat collectif. De même que l’impact du coût de construction - structure et fondations - puisque ce dernier est réparti sur le prix des logements qui sont moins nombreux qu’en collectif. L’avantage face aux logements collectifs réside cependant dans la diminution voire l’absence de frais d’entretien et de charges collectives. Bien que l’habitat intermédiaire soit une solution du futur, il ne s’agit pas de créer une France constituée essentiellement de ce genre de programmes. L’intérêt de cette typologie d’habitat est la mixité sous tous ses aspects : mixité des formes, mixité sociale, mixité des déclinaisons etc. Alors, dans la continuité de cette optique, l’habitat intermédiaire ne s’impose d’aucune manière comme un habitat unique. Il est important de conserver des habitats collectifs ainsi que des habitats individuels. L’intérêt des habitats semi-collectifs est de recréer une forme d’équilibre au sein de certains quartiers, ainsi que de proposer des solutions nouvelles. Nous pouvons en revanche nous interroger sur la pérennité et l’évolution de ces opérations, notamment leur non-stigmatisation. Persiste-t-il un risque que ces habitats soient peu à peu fuis et associés à une certaine catégorie sociale, comme ce fût le cas seconde moitié du XXème siècle pour les grands ensembles, ou, au contraire, est-ce l’habitat stable du futur ? 37
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TABLE DES FIGURES Couverture : https://muz.fr/#03LOGEMENTS/12Jouy_le_Moutier Charly Broyez Photographie ©2017 Figure 1 : images lebonbon.fr exposition © Paris Avant Après Figure 2 : pinterest.com Figure 3 : https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/histoires-d-info/21-mars-1973-fin-de-la-construction-degrands-ensembles_1769827.html © Maxppp Figure 4 : pinterest.com Figure 5 : https://expositions-virtuelles.citedelarchitecture.fr/parat/02-PARTIE-03-DOC02VISUEL.html © Alexandre Ragois Figure 6 : http://www.habitat67.com/en/information/ © Véra Cardot Figure 7 : http://www.elisabethpoulain.com/2016/03/la-ville-industrielle-le-creusot-vue-par-pierre-tremaux-1847. html © Aurélien & François Mocq Figure 8 : https://musee-hlm.fr/discover/focus/13 Figure 9 : http://www.letchworthgardencity.net/about-city/ © Letchworth Garden City Figure 10 : http://www.letchworthgardencity.net/about-city/ © Letchworth Garden City Figure 11 : http://www.urbanisme-puca.gouv.fr/ © Bruhat & Bouchaudy Figure 12 : http://www.urbanisme-puca.gouv.fr/ © OPAC Dijon Figure 13 : http://www.scotbessin.fr/site/ressources_4/fuhabintermediaire.pdf Figure 14 : https://www.audiar.org/sites/default/files/documents/editeur/etudes/fu2012_acigne_zac_timoniere. pdf Figure 15 : https://www.audiar.org/sites/default/files/documents/editeur/etudes/fu2012_acigne_zac_timoniere. pdf Figure 16 : http://www.urbanisme-puca.gouv.fr/IMG/pdf/rapport-habitat-intermediaire-centre-est.pdf Figure 17 : http://www.archicontemporaine.org/RMA/p-8-lg0-Les-allees-de-la-Roseraie.htm?fiche_id=486 © Groupe 6 architecte Figure 18 : http://www.archicontemporaine.org/RMA/p-8-lg0-Les-allees-de-la-Roseraie.htm?fiche_id=486 © Groupe 6 architecte Figure 19 : https://www.amc-archi.com/photos/tectoniques-65-logements-intermediaires-seyssins,8419/tectoniques-65-logements-inte.1 © Tectoniques Figure 20 : https://www.amc-archi.com/photos/tectoniques-65-logements-intermediaires-seyssins,8419/tectoniques-65-logements-inte.10 © Tectoniques Figure 21 : https://www.amc-archi.com/photos/tectoniques-65-logements-intermediaires-seyssins,8419/tectoniques-65-logements-inte.7 © Tectoniques Figure 22 : https://www.amc-archi.com/photos/tectoniques-65-logements-intermediaires-seyssins,8419/tectoniques-65-logements-inte.9 © Tectoniques Figure 23 : http://atelier15-scop.com/coop-coteau/ © 2017 Scop Atelier15 Figure 24 : http://atelier15-scop.com/coop-coteau/ © 2017 Scop Atelier15 Figure 25 : http://atelier15-scop.com/coop-coteau/ © 2017 Scop Atelier15 Figure 26 : http://atelier15-scop.com/coop-coteau/ © 2017 Scop Atelier15 Figure 27 : http://atelier15-scop.com/coop-coteau/ © 2017 Scop Atelier15 Figure 28 : http://www.savoie.gouv.fr/ © Corinne MAIRONI atelier Figure 29 : http://www.savoie.gouv.fr/ © Corinne MAIRONI atelier Figure 30 : http://www.savoie.gouv.fr/ © Corinne MAIRONI atelier Figure 31 : http://www.savoie.gouv.fr/ © Corinne MAIRONI atelier Figure 32 : https://www.alpineanswers.co.uk/ Figure 33 : pessac.com © Quentin Salinier Figure 34 : https://bordeaux-confidentiel.fr/2019/11/18/les-echoppes-bordelaises/ © Bordeaux confidentiel Figure 35 : https://www.gasconha.com/spip.php?article1294 Photo tirée de «Pessac de Le Corbusier» de Ph. Boudon Figure 36 : https://www.gasconha.com/spip.php?article1294 Photos tirées de «Pessac de Le Corbusier» de Ph. Boudon Figure 37 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/le-domaine-du-mot/ © CALC Architectes Figure 38 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/le-domaine-du-mot/ © CALC Architectes Figure 39 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/le-domaine-du-mot/ © CALC Architectes Figure 40 : https://www.atelierdulieu.com/ © Atelier DU LIEU
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Figure 41 : https://www.atelierdulieu.com/ © Atelier DU LIEU Figure 42 : https://www.atelierdulieu.com/ © Atelier DU LIEU Figure 43 : https://muz.fr/#03LOGEMENTS/12Jouy_le_Moutier © Charly Broyez Figure 44 : https://muz.fr/#03LOGEMENTS/12Jouy_le_Moutier © Charly Broyez Figure 45 : https://muz.fr/#03LOGEMENTS/12Jouy_le_Moutier © Charly Broyez Figue 46 : https://muz.fr/#03LOGEMENTS/12Jouy_le_Moutier © Charly Broyez Figure 47 : https://muz.fr/#03LOGEMENTS/12Jouy_le_Moutier © Charly Broyez Figure 48 : https://muz.fr/#03LOGEMENTS/12Jouy_le_Moutier © Charly Broyez Figure 49 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/ilot-piano-a-queue-dockland © Erick Saillet Figure 50 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/ilot-piano-a-queue-dockland © Erick Saillet Figure 51 :http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/ilot-piano-a-queue-dockland © Atelier Régis Gachon architectes Figure 52 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/ilot-piano-a-queue-dockland© Erick Saillet Figure 53 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/un-jardin-habite/© Benoît FOUGEIROL Figure 54 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/19-logements-intermediaires-eco-residence © A2A Architectes Figure 55 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/residence-gaia-35-logements-dans-le-quartier-les-hauts-duchazal/ © Atelier LADOY Georges Figure 56 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/residence-gaia-35-logements-dans-le-quartier-les-hauts-duchazal/ © Atelier LADOY Georges Figure 57 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/residence-gaia-35-logements-dans-le-quartier-les-hauts-duchazal/ © Atelier LADOY Georges Figure 58 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/residence-gaia-35-logements-dans-le-quartier-les-hauts-duchazal/ © Atelier LADOY Georges Figure 59 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/maisons-de-letang/ © Jerôme Ricolleau Figure 60 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/maisons-de-letang/© Jerôme Ricolleau Figure 61 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/maisons-de-letang/ © Jerôme Ricolleau Figure 62 : http://www.scotbessin.fr/site/ressources_4/fuhabintermediaire.pdf © Laurence Croslard Figure 63 : http://www.caue-observatoire.fr/ © Atelier Régis Gachon architectes Figure 64 : https://muz.fr/#03LOGEMENTS/12Jouy_le_Moutier © Charly Broyez Figure 65 : https://muz.fr/#03LOGEMENTS/12Jouy_le_Moutier © Charly Broyez Figure 66 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/le-coteau-cite-edouard-herriot-lyon-9e-69/ ©BBC Architectes Figure 67 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/le-coteau-cite-edouard-herriot-lyon-9e-69/ © Gilles Aymard Figure 68 : http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/le-coteau-cite-edouard-herriot-lyon-9e-69/ © Gilles Aymard
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TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION
p.6
I. ÉVOLUTION DE L’HABITAT ET DE LA SOCIÉTÉ
p.7
I.1 - Verticalisation, la folie des grands ensembles et ses limites
p.7
A. B. C.
Apparition des grands ensembles, le logement d'urgence Du confort à la désillusion L’émergence d’un nouveau type d’habitat : l’habitat intermédiaire
p.7 p.8 p.9
I.2 - L’habitat intermédiaire : définition et évolution
p.10
�. �. �.
Définition et délimitation du terme d’habitat intermédiaire Retour en arrière : Les prémices de l’habitat de type intermédiaire, fin XIXe début XXe siècle La « redécouverte » de l’habitat intermédiaire de 2000 à aujourd’hui
p.10 p.10 p.11
II. L’HABITAT INTERMÉDIAIRE, UNE RÉPONSE AUX ENJEUX SOCIO-POLITIQUES D’AUJOURD’HUI ET DE DEMAIN p.13
II.1 - L’habitat intermédiaire au regard des dynamiques politiques
p.13
�. �. �.
L’habitat intermédiaire et densification L'étalement urbain maîtrisé Une mixité sociale permise
p.13 p.16 p.17
II.2 - L’habitat intermédiaire au regard du paysage
p.19
�. �. �.
Facilité d’insertion et d’adaptation des projets d’habitats intermédiaires Lorsque le paysage n’a pas été pris en compte L’habitat intermédiaire : A l’image du New Urbanism ?
p.19 p.21 p.22
II.3 - L’habitat intermédiaire : une économie sur tous les points ? �. Économie foncière ? �. Économie sur le coût de construction ? �. Économie d’impacts sur l’environnement : l’habitat intermédiaire, un habitat durable et écologique
p.23 p.23 p.23 p.24 42
III. LE LOGEMENT INTERMÉDIAIRE : UNE MANIÈRE CONTEMPORAINE D’HABITER
p.26
III.1 - La notion d’habiter : d'un logement au chez soi
p.26
A. B. C.
Les aspects psychologiques liés à l’habitat L’appropriation des lieux de vie Intimité et sociabilité : maîtrise et hiérarchie des rapports
p.26 p.27 p.27
III.2 - Une alternative contemporaine qui satisfait
p.30
A. B. C.
Réponse à la demande des habitants La campagne à la ville et la ville à la campagne Typologies d’espaces
p.30 p.31 p.33
III.3 - Logement intermédiaire : investissement personnel et groupal
p.34
A. B. C.
Des lieux de vie poussant à l’investissement personnel : intérieur, extérieur Les interactions sociales en habitat intermédiaire Capacité d’évolution du logement
p.34 p.35 p.36
CONCLUSION
p.37
43
RÉSUMÉS Ce rapport s’intéresse à l’habitat intermédiaire, ses caractéristiques et à sa place au sein de la société actuelle. Dans un premier temps, il s’agit de revenir en arrière et étudier historiquement les prémices et l’apparition de ce type d’habitat afin d’en tirer une définition claire et d’en comprendre ses concepts. Dans un second temps il est question de l’aspect sociétal de l’habitat intermédiaire : aujourd’hui, en quoi ce type d’habitat répond-t-il aux enjeux de la société tels que les dynamiques urbanistiques et politiques qui visent non seulement à densifier la ville et limiter l’étalement urbain tout en préservant l’environnement et les paysages. Cette partie permet également d’éclairer le lecteur sur les aspects financiers de ce type d’opération. Puis, dans un troisième et dernier temps, le rapport s’oriente vers des questions plus sociales afin de déceler si cet habitat est compatible avec les attentes que se font les habitants d’un logement en termes d’espace mais également en termes de rapport sociaux.
This report focuses on semi-collective housing, its characteristics and its place in today’s society. The first step is to go back and study historically the beginnings and the appearance of this kind of habitat in order to draw a clear definition and understand its concepts. Secondly, we are talking about the societal aspect of intermediate housing: how does this type of housing respond to the challenges of today’s society such as the urban and political dynamics which aim not only to densify the city and limit urban sprawl but also preserving the environment and landscapes. This part also enlightens the reader on the financial aspects of this type of operation. Then, in a third and final step, the report is oriented towards more social questions in order to detect if this habitat is compatible with the expectations of the inhabitants of a housing in terms of space but also in terms of social proximity and relationships.
Mots clefs : habitat - logement - habitat intermédiaire - semi-collectif – dynamiques politiques urbanistiques et sociales
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