L’ÉTRANGER Ré m i n i s c e n c e s
d’après l’Étranger d’Albert Camus © Éditions Gallimard
il s’est alors levé il a repoussé les assiettes il a soigneusement essuyé la toile cirée de la table il a pris dans un tiroir de sa table de nuit une feuille de papier quadrillé une enveloppe jaune un petit porte-plume de bois rouge et un encrier carré d’encre violette
Dossier de Présentation
Sommaire
Page 02 // Intention Page 03 // Distribution, soutiens & partenaires, remerciements Page 04 // Dates & lieux de diffusion Pa g e 0 5 / / C ré a t i o n # 1 - Av a n t p ro p o s Page 06 // Création #2 - Carnet (s) Page 09 // Création #3 - L’endroit (du son) Page 10 // Les artisans Page 13 // Dossier de presse Page 19 // Entretiens Page 21 // Contacts - Crédits
Liens http://salon.io/l-etranger h t t p : / / w w w. c i t i z e n j a z z . c o m / L e s - M i n i d o c s - L - E t r a n g e r. h t m l
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Intentions
Ce projet initié par Pierre-Jean Peters est le résultat de la relation intime que le comédien entretient depuis plus de dix ans avec ce monument littéraire. Ce trajet introspectif l’a conduit - peu à peu - au travers de multiples expérimentations, à incarner autant la figure d’Albert Camus (l’homme écrivant) que celle de son héros Meursault et de tous les autres protagonistes du roman. Pierre-Jean Peters impose une lecture vertigineuse tout en jeu de miroirs qui emmène notre réflexion sur le son et la relation intime que nous entretenons avec la lecture : Qui parle ? D’où me parle-t-on ? La dislocation des dialogues du roman prend corps devant la question posée - par le comédien - de la lecture intérieure : cette voix - en nous - qui relit et joue tous les personnages. Grâce au fruit d’un travail orchestral et intuitif, entre l’adaptation théâtrale d’une œuvre littéraire et la musique, Pierre-Jean Peters porte cette voix pour (re) composer un quartet avec les musiciens. La musique est une présence, une réponse essentielle qui fixe le ton et installe des mouvements parallèles ordonnés en séquences organiques. Elle est un complément lyrique planté dans la dramaturgie. Cette forme hybride met en lumière le sens profond du texte ainsi que les thèmes chers à Albert Camus : L’ Algérie et la justice, la révolte et l’absurde.
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Distribution Pierre–Jean Peters // Voix & jeu // Idée originale Adrien Dennefeld // Guitare & violoncelle Guillaume Séguron // Contrebasse & basse // Direction artistique Jean–Pierre Jullian // Batterie & percussions Pierre Vandewaeter // Son // Régie générale Eric Bellevègue // Création lumière Olivier Malrieu // Adaptation
Soutiens & partenaires La Société des Études Camusiennes Le Collectif JAZZ-LR L’AJMI - Jazz et musiques improvisées L’ADAMI La SPEDIDAM L’Association MITOA Citizen Jazz
Remerciements Les Éditions Gallimard Maison Louis Jouvet - ENSAD, Montpellier Société LCB, Montpellier Studio Lakanal, Montpellier M’hamed Sedrati Hind Sedrati Philippe Dalban Jacques-Marie Bernard
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Dates & lieux de diffusion 2013 Du 8 au 31 juillet // Théâtre du Roi René // Festival d’Avignon 25, 26 & 27 novembre // Théâtre International // Francfort 17 décembre // ATP & Scène Nationale // Poitiers
2014 Du 26 au 30 Mai // Résidence #1 Jazz LR // Théâtre de Vergèze Du 11 au 15 Juillet // Têtes de Jazz - AJMI // Festival Avignon (Préférences du IN) 4 & 5 octobre // Théâtre de Vaugarni 26, 27 & 28 novembre // Théâtre International // Francfort 5 décembre // Théâtre de la Faïencerie // La Tronche Du 8 au 10 décembre // Résidence #2 Jazz LR // Centre Culturel de Cabestany 11 décembre // Jazzèbre & Centre Culturel // Cabestany 12 décembre // Jazz à Junas & La Maison de l’Eau // Allègre les Fumades
2015 15 Janvier 2015 // ATP Les Vosges & Auditorium de la Louvière // Epinal 31 janvier 2015 // ATP Les Terres du Sud & Arthémia // Le Grau du Roi 12, 13 & 14 Mars 2015 // Théâtre Molière - Scène nationale // Sète 21 Avril 2015 // ATAO & Théâtre Gérard Philippe // Orléans 27 septembre 2015 // Théâtre // Pézenas 12 Novembre 2015 // Festival D’JAZZ // Nevers
2016 Du 14 au 19 mars // Résidence de création L’Étranger - Réminiscences (Opus#2) // AJMI Du 21 au 24 mars // Résidence de création L’Étranger - Réminiscences (Opus#2) // La Garance - Scène nationale // Cavaillon 25 mars // Création L’Étranger - Réminiscences (Opus#2) // La Garance - Scène nationale // Cavaillon er
30, 31 mars & 1 et 2 avril // TAPS - La Laiterie // Strasbourg
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Création #1
Avant propos (...) La version de L’Étranger qui fut proposée pendant le festival d’Avignon 2014, est la quatrième version d’une aventure personnelle et théâtrale autour du roman d’Albert Camus et de son personnage Meursault. « Réminiscences » est pour moi la mise en avant de la figure de l’écrivain dans son roman et dans son temps, côte à côte avec son héros, dans la beauté Algérienne. Nous avons ici deux interprétations pour le regard du public : celle de Camus l’écrivain et son objectivité créatrice, et celle de Meursault le héros « sacrifié » avec sa subjectivité. Après avoir travaillé sur trois adaptations différentes de L’Étranger, j’ai considéré que ce cheminement n’était pas totalement abouti, et qu’il me fallait encore une fois entamer « une nouvelle traversée ». L’Étranger - Réminiscences est dit à la première personne. Un « Je » de celui qui raconte identique à celui de l’acteur ou musicien qui s’exprime dans et par ce « Je / Jeu ». Pierre-Jean Peters (...) Pour la musique, il me fallait certainement partir de cette immédiateté du « dire » du héros. Trouver dans cette proximité des mots, la voix qui convient. Épuiser cette relation sans être dans la paraphrase, ni l’illustration. Je devais aussi rendre compte de certains contre-chants, mettre entre parenthèse le silence, en évidence la lucidité poétique qui irradie l’œuvre. Les musiciens et l’acteur sont parfois ensemble comme un chœur antique, composant une unique entité mais ils peuvent éclater et devenir quatre voix indépendantes les unes des autres, comme autant de personnes composant la foule. Celle du public lors du procès, le bruit des journalistes, celui de la salle : « J’ai senti alors, quelque chose qui soulevait toute la salle, et pour la première fois j’ai compris que j’étais coupable. »
Guillaume Séguron
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Création #2.1
Carnet (s) Avignon 2013 En tant que musicien, jouer 25 fois la pièce nous a imprégné du texte, de l'ambiance de l'adaptation d'Olivier Malrieu, des intentions, inflexions, du rythme de Pierre-Jean Peters. Nous avions une connaissance " littéraire " de l’œuvre, mais après cette étape, nous avions celle de la matière, de l'expérience du jeu, du combat, du plateau. Celle des sons. Une compréhension du rythme de l'adaptation. Au départ de notre travail, la musique était principalement construite sur des canevas et des séquences improvisées. Les séquences étaient déjà très découpées. L'orchestration était alors acoustique, percussions, guitare et contrebasse. Le texte porté par l'acteur est une voix musicale parmi les autres. La pensée n’est plus en termes de mots, de sens, mais de sons. Et dans les voix de tous les personnages incarnés, il y a autant de timbres à exploiter. Le son de nos voix, le son du groupe... Notre objectif commun était bien dans l’interprétation des mots de Camus. Et nous avions tous conscience d’en n’être qu’aux prémisses...
Décembre 2013 Pierre-Jean souhaite quitter les modèles balisés, il veux être poussé dans d'autres retranchements, mettre le texte autrement. De là naît cette volonté de se retrouver encore plus confronté à la musique, à la manière et à l'énergie des musiciens, pour lui donner une forme plus "concert", en faire un "vrai" quartet - presque au sens "Coltranien" du terme -, un leader (comme un chanteur) et un trio qui (le) pousse, qui pose les climats. Puis pouvoir changer d'instrument, comme Pierre-Jean change de personnages. Sur la route nous évoquons Bashung, Gainsbourg, Ferré et certaines formes du 20ème siècle (Opéra, théâtre musical, etc). C’est à partir de là que l'emprise de Camus s'est éloignée, que nous avons perdu la timidité d'affronter ce poids, cette masse littéraire, et que son fantôme est devenu central, que sa présence s'est incarnée. Il nous fallait s'affranchir de l'origine du projet pour y revenir et le servir au mieux...
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Création #2.2
Avril / mai 2014 Le projet L’Étranger / Réminiscences est sélectionné pour les résidences du Collectif JazzLR. Guillaume prend en charge la direction musicale ainsi que l’écriture de nouvelles pièces. L’orchestre se dédouble : Adrien joue le violoncelle et la guitare, Guillaume, la contrebasse et la basse électrique. Nous passons de l’acoustique à l’électrique, combinons les timbres et les intensités, varions les climats par l’emploi de certains effets. Nous utilisons tous ces possibles pour coller à la multiplicité des voix. Durant trois jours le trio déchiffre les compositions, les travaille et les joue comme des pièces seulement musicales. Guillaume n’a rien dit quant à leurs places dans le spectacle, il s’avère que chacun les reconnaîtra aux exacts moments prévus. Camus semblait planer au-dessus de toutes nos influences musicales. Situation complémentaire à celle de l’acteur, pont entre deux univers... La musique devient une voix autonome, qui comme le récit, trace un chemin. Elle propose à l’acteur de donner le texte de manière plus vibrante, plus intense. Elle accentue le climat de tension tel que l’on peut le trouver au cinéma, car il y a bien un point de vue cinématographique de type policier dans cette adaptation de l’Étranger. La forme prend donc un tout autre sens, Albert était là dans son passé, confronté à des styles et des genres musicaux extérieurs à son époque, nouvelle expérience du passé dans le présent. Le présent dans la voix du texte, dans le présent de celui qui joue ; le passé de Camus et de ceux qui lui en rendent compte aujourd’hui. Mai 2014 : au théâtre de Vergèze (Résidence #1 Jazz LR avec le soutien de Jazz à Junas), Pierre Vandewaeter rejoint l’équipe pour la mise en espace du son, la diffusion, l’équilibre et la présence de la voix face à un orchestre qui joue sur le rapport acoustique / amplifié. Les sons soulignent, suggèrent, rappellent des moments, des sentiments propres à l’auteur. Mais surtout, comme Albert Camus - écrivain, penseur, homme engagé - ces sonorités musicales vont, tout au long du spectacle, déployer leur(s) identité(s) propre(s), leur(s) singulière(s) revendication(s) pour entrer en résonance avec les mots, avec les non-dits, avec les gestes de Camus / Meursault / Pierre-Jean Peters. Nous apprenons que le IN du Festival d’Avignon (Olivier Py) a sélectionné L’Étranger / Réminiscences dans ses préférences. La pièce dans sa forme concert est jouée à l’AJMI durant Têtes de Jazz 2014.
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Création #2.3
Octobre - décembre 2014 Éric Bellevegue nous retrouve pour les représentations au théâtre de Vaugarni. La création lumière se fait sur la route, au fil des spectacles... Nous apprenons à créer l’espace plateau au fur et à mesure, dans l’urgence, durant les balances. La scénographie se dessine de nos expériences, elle est le résultat visible de l’endroit où nous en sommes. Une autre trace en perpétuelle évolution. En décembre (Résidence #2 Jazz LR, avec le soutien de Jazzèbre), les lumières deviennent une part importante du spectacle jusqu’à devenir une voix supplémentaire. Elles découpent l’espace, fixent et orientent le regard et proposent de rendre palpable les différents lieux, les multiples situations. Tout en imposant le mouvement, la lumière incarne le temps et décortique les espaces de jeu pour Pierre-Jean Peters. L’Étranger - Réminiscences parvient - à ce stade - à questionner le temps. Celui du présent du spectacle, celui de l’écrivain, celui des personnages, celui du lecteur, celui du spectateur. Un temps en contre jour.
Mars 2015 - et suite Les trois jours de représentations dans la petite salle du Théâtre Molière (Scène nationale de Sète) nous imposent de revisiter le projet. Des contraintes techniques ne nous permettent pas de jouer la pièce en l’état. Pierre-Jean et Guillaume profitent de l’occasion pour requestionner les imaginaires. L’Étranger Réminiscences s’ouvre à d’autres textes d’Albert Camus. Nous examinons la périphérie. Les lignes bougent. Nouveaux textes, nouvelles musiques. Guillaume fabrique des blocs de texte / musique pour chaque soir. La journée l’équipe met en forme ces propositions afin que tous les soirs un nouveau spectacle soit donné, afin que chaque spectateur ait la sensation de participer à un « tout» dont il ne voit qu’un fragment.
Cette expérience donnera lieu à un Opus #2.
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Création #3
L’endroit (du son) Le travail du son dans cette création s'accorde à un mixage de concert dans la forme et le rapport qu’il entretient avec le public. Le son se doit d’être d’abord la reproduction réaliste des intentions du comédien dans le déroulement du récit. Le texte doit toujours être compréhensible et naturel bien que sonorisé, quelle que soit l'interprétation des musiciens et du comédien. Le mixage est permanent et retranscrit toutes les nuances sonores. Cela permet aux musiciens de jouer dans un contexte proche du concert lorsque l'écriture le veut, d’ajouter une nouvelle dimension sonore pour le spectateur et de permettre des arrangements plus libres pour le compositeur. L'idée motrice est d'unifier ces deux formes du spectacle vivant, les musiciens et le comédien sont égaux, la musique, le jeu du comédien et la scénographie se mixent entre eux, personne n'est le prétexte de l'autre. Le travail de Pierre-Jean Peters sur cette pièce de concert est confondant, sa faculté d'engager le texte dans les compositions originales et son occupation de l'espace ne laissent aucun doute sur la nature de la pièce. La musique, quant à elle, n’illustre pas, elle vit et se nourrit de la magnétosphère du texte de Camus. Le son bien que toujours présent devient invisible par l’oubli et réapparaît le plus naturellement possible sur les scènes de concert. Le travail sur le son met en œuvre ces choix artistiques pour confondre le spectateur dans une forme mixte, le théâtre - concert.
Pierre Vandewaeter
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Les artisans
Il a joué « L’Étranger » d’après l’œuvre d’Albert Camus (mise en scène d’Avner Perez) pour la première fois en 2006. Il travaille aussi avec la compagnie Théâtre au Présent d’Yves Gourmelon et Lydie Parisse, avec qui il joue en 2009 « le Malentendu » d’Albert Camus et Réalitarium de Lydie Parisse ainsi que « La Matrice ». Il joue une nouvelle adaptation de « L’Étranger » au festival d’Avignon 2009 (mise en scéne d’Yves Gourmelon et Lydie Parisse).
Pierre-Jean Peters Pierre-Jean Peters a débuté le théâtre à l’âge de 13 ans, avec le théâtre burlesque de Jean Franchesquin (Marseille). Puis il a cheminé d’un directeur d’acteur et metteur en scène à l’autre, aussi bien en France qu’au Québec.
Il travaille avec La compagnie de la Mer de Moni Grégo et Yves Ferry, sur une 3ème version de L’Étranger (mise en scène de Moni Grégo) à Montréal (Québec) en 2010, puis sur Dom Juan Révolution de Moni Grégo. En 2011, il joue « Place des héros » (mise en scène de Jean-Michel Potiron). En 2013 débute le projet « Le manuel de l’amour moderne » de Lydie Parisse, joué à Toulouse.
Plusieurs rencontres ont profondément influencé sa formation : Serge Ouaknine (Grotowsky-UQAM Montréal), Sandra Mladenovidch (Théâtre du mouvement de Jacques Lecoq-Paris), Michel Chapdelaine (Actor’s Studio Vitez - Montréal), avec qui il entreprend pendant plusieurs années, un travail basé essentiellement sur l’acteur, l’espace vide, la création instantanée - Le projet CRÉATION EN DIRECT, présenté devant le public pour la première fois en septembre 2002 à Montréal (Québec). Polyvalent, il multiplie les expériences professionnelles : au théâtre : Henri Bonnias (Le 9 Thermidor ou la mort de Robespierre), E. Ionesco (Jeu de massacre), Diderot (Jacques et son maître), Artaud-Michaud (Virage obscur des surréalistes), Shakespeare (Henri VI), M. De Ghelderode (Don Juan), Alban Berg (Lulu), Feydeau (L’Homme de paille). Il a travaillé en Radio - théâtre et comme lecteur de nouvelles (Radio - Canada), a joué dans plusieurs courts-métrages : « Le casting » d’Alain Zef, « Pierrot la haine » de Husky Kihal et Michel Capaldi, le « Projet Gamma » de David Sarrio, « Alcor 3 » et « Cayenne coco » de Jean-Luc Casanova. En 2000, il travaille en Corse où se fait la rencontre avec Robin Renucci lors des 3èmes Rencontres Internationales de Théâtre, où il joue « Pascal Paoli » mis en scène par Paul Grenier et contribue, avec Gérard Gélas, à l’écriture collective de la pièce, « Qui a dit que nous étions morts ? »
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Jean-Pierre Jullian Diplômé d'État de Professeur de musique Jazz en 87, Jean-Pierre Jullian est batteur-percussionniste depuis plus de 25 années où de grands artistes jazz ont croisé sa route, tels Michel Petrucciani, Barre Philipps, Claude Tchamitchian, Raymond Boni, Rémi Charmasson... Son parcours professionnel est riche d’expériences, de rencontres, de créations, où il a œuvré au sein de divers groupes, tant en France qu’à l’étranger : Chine, Vietnam, Mexique, Amérique Centrale, Belgique, Suisse, Allemagne, Finlande, Estonie... Il participe pour aux créations théâtrales : « Je voudrais pas crever (Boris Vian), « Le Jardinier » (Mise en scène de J-C Giraudon), « Proschée ». Des musiques de films et autres rencontres performances : Acte Kobe France. En tant que compositeur, il crée des pièces musicales pour le théâtre, la danse et collabore avec l’Opéra Comédie de Montpellier, les chorégraphes : Luc Maubon, Mitia Fedotenko, ainsi que Claude Tchamitchian, Aurélien Besnard...
Guillaume Séguron De l’acoustique à l’électrique, de l’écriture à l’improvisation, du solo aux grands orchestres, Guillaume Séguron a toujours privilégié la pluralité stylistique. La musique est pour lui un espace ouvert dans lequel s’imbriquent des techniques instrumentales protéiformes et de multiples influences (cinéma, peinture, histoire.) Il traverse les univers et les pratiques musicales avec la détermination de celui qui se pose avant toute autre chose la question du « comment ».
Adrien Dennefeld Improvisateur, compositeur, guitariste et violoncelliste, Adrien Dennefeld est musicien depuis ses sept ans, il joue dans des contextes variés et fait de nombreuses rencontres d'improvisation et des résidences de création musicale. Il a participé à plusieurs projets de théâtre et de danse, et compose de plus en plus pour le cinéma. Professionnel depuis 10 ans, reconnu par ses pairs, lauréat de nombreux prix et distinctions musicales : Meilleur groupe au Concours Jazz à la Défense 2006, Lauréat Culture France 2007, Lauréat Jazz Migration 2009, il collabore régulièrement avec des maisons de productions et des labels de musique. Près de 500 concerts en Europe et dans le monde jalonnent son parcours scénique depuis 2005, témoignant d’une activité intense, de son goût pour le voyage et les autres cultures. On retiendra notamment les Festivals de Jazz d’Orléans, Reims, Nantes, Montpellier (Radio-France), Strasbourg, Berlin (Allemagne), Rome (Italie), Londres (Angleterre), Varsovie et Wroclaw (Pologne), Bruxelles (Belgique), Prague (Tchéquie), Zurich (Suisse), Riga (Lettonie), Vilnius (Lituanie), Pula (Croatie), Vienne (Autriche), Minsk (Bélarus), Luxembourg,... Ainsi que des tournées en Suède, Norvège, Burkina Faso (Afrique de l’Ouest), Népal, Inde, Canada...
Plus par attitude que par doute, il explore tôt plusieurs directions. Il mène conjointement un cursus universitaire d’histoire de l’art et d’archéologie, une activité de plasticien et des études musicales au conservatoire. Très vite arrivent les premiers groupes de jazz et de musiques improvisées, les orchestres classiques, les opérettes... On le retrouve ainsi se confrontant à des univers forts différents, du rock à la musique contemporaine et du théâtre à la danse, des documentaires radiophoniques à l’enseignement et actions pédagogiques... Travaille avec les sons, les mots, la photo et les recherches plastiques. Il questionne et bidouille les outils et les genres sans jugement de valeur. A la fois discret et très actif sur la scène européenne du jazz et des musiques improvisées, il se partage entre ses activités d’instrumentistes au sein de multiples ensembles ainsi qu’à ses propres projets. En décembre 2012, Franpi Barriaux lui consacrait un entretient fleuve dans les colonnes de Citizen Jazz, tandis qu’en mai 2013, Karl Lippegaus faisait de lui un portrait biographique de 50 mn sur les ondes de la WDR de Cologne. Son trio Solo Pour Trois a reçu le soutien de l’AJC au travers du programme Jazz Migration, dont il en a été lauréat en 2013. Il s’est produit dans de nombreux festivals et scènes, en France comme à l’étranger : Cité de la musique, Opéra de Montpellier, Atelier du Plateau, Festival Africolor, Festival Avignon, Cannes, Opéra Bastille, Opéra Comique, Festival Radio France, Nevers, Sons d’hiver, Cotonou, Tempere, Pointe Noire, Trieste, Sorrento, Helsinki, Roccella, Tallinn, Poitiers, Printemps de Bourges, Montreuil, Nantes, Lille...
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Éric Bellevegue Concepteur lumière, créateur lumière, régisseur lumière, plateau, formateur, scénographe et metteur en scène. Régisseur lumière depuis 1989 pour plusieurs Compagnies et dans divers lieux. Il signe notamment les créations lumière de la « Compagnie Amin » et de la « Compagnie Les Epis Noirs » de 1990 à 1999.
Pierre Vandewaeter Ingénieur du son depuis plus de quinze ans, il touche à tout ce que l'oreille perçoit. Avec la découverte des The Cure au collège puis le bricolage de samplers, boites à rythmes et la manipulation de guitare et autres sons triturés, un cursus scientifique Deug de physique Option Acoustique en poche, il intègre la faculté de Brest pour terminer ses études par l'obtention d'une Maîtrise des Sciences et Techniques Image et Son. Après être passé par les studios EDS Davout, Paris-Première et Radio-France, et conçoit plusieurs régies pour des studios professionnels et est actuellement freelance au studio Lakanal à Montpellier où il mixe et enregistre pour de nombreux artistes et labels (V2, Pias, Sony BMG, Discograph, Bee Jazz, Abeille Musique, Yolk, Tôt ou Tard, Comet Records, Enja Records, Harmonia Mundi, Nocturne, Nato...). Plusieurs disques pour lesquels il a contribué ont été primés (Blues Music Award aux USA avec Billy Branch & Kenny Neal, victoire de la musique ONJ, Médèric Colignon) et ont reçu un accueil chaleureux de la presse (Inrocks, Jazz Mag,...). Á la fois réalisateur de disque, preneur de son et mixeur, il sonorise des concerts, du théâtre, de la danse ou encore des performances et installations sonores.
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Installé dans la région de Montpellier, Eric Bellevegue rencontre Maripaule B et la « Compagnie Maripaule B & Philippe Goudard ». Pour elle, il éclaire deux spectacles : « Anatomie d’un clown » et « Motusse et Paillasse » et participe à plusieurs évènements éphémères, de 2002 à 2009. Par la suite il travaille avec plusieurs compagnies régionales, parmi lesquelles « Le Luna Collectif », théâtre de rue, depuis 2007 et la « Compagnie Espace Nomade », création de spectacles engagés et populaires depuis 2000. Actuellement,il fabrique et crée les éclairages pour la « Compagnie le théâtre de la grande poche », spectacle de marionnette « 20 000 lieux sous les mers », et fait la création lumière et mise en scène de leur nouveau spectacle « La légende d’après ». Il fait aussi partie, à l’année, de l’équipe de la salle de concert VICTOIRE 2 en tant que régisseur lumière. Il collabore, aux cours de résidences, à la conception de l’éclairage de plusieurs groupes de musique (LES ACCROBATES, THE CHASE, FANGA…) et il est tuteur de formation auprès de stagiaires dans le domaine de la Lumière.
Dossier de presse Articles
Agnès Spiquel (Présidente de la Société des études Camusiennes)
La page blanche de la scène. Sur la marge de gauche, une petite table à laquelle viendra de temps en temps s'asseoir celui qui écrit L'Étranger. Sur la marge de droite, trois musiciens qui accompagnent les mots et le silence avec des sons aux nuances infinies. Au milieu, un homme, seul et multiple : Pierre-Jean Peters est tous les personnages du roman – et, pour chacun, on dirait qu'il change de corps. Mais il est surtout Meursault et, puisque tout est vu depuis le procès, un Meursault mûri et dense car déjà condamné à mort ; mais les moments de bonheur passé sont intensément présents, par exemple en cet instant de pure grâce où il esquisse des pas de valse dans l'évocation d'un dialogue avec Marie. Le texte de L'Étranger n'est pas donné en entier ; c'eût été trop long. Mais le sens profond de l'œuvre, souligné par Camus lui-même, est mis en évidence car tous les événements de la première partie sont directement confrontés à ce qu'en fait le procès. Le va-et-vient entre les deux parties est à la fois fidèle au roman et scéniquement efficace. Dix ans de compagnonnage de Pierre-Jean Peters avec L'Étranger s'achèvent ainsi. Pierre-Jean Peters ne s'est pas approprié l'œuvre de Camus ; il s'est approprié à elle : il s'est rendu capable de nous donner ce Meursault-là.
10 / 10 / 2014
L’Étranger : Un très grand moment de théâtre En accueillant, samedi et dimanche derniers, pour deux représentations « L’Étranger », d’Albert Camus, en ouverture de leur saison théâtrale, la Grange-théâtre de Vaugarni a frappé un grand coup. Olivier Malrieu a tiré une superbe adaptation que l’immense Pierre-Jean Peters a très bien mise en scène et qu’il interprète magnifiquement. Sous les yeux d’un public ravi et conquis, il fait plus que jouer le personnage de Meursault, il le devient, comme il devient tout à tour tous ceux qui vont le côtoyer. Avec un talent consommé, il incarne, mime et imite : l’Aumônier, le président du tribunal, son avocat et tous les témoins convoqués à son procès : le directeur de la maison de retraite, Marie Cardona et son « ami » Raymond. C’est du grand et beau théâtre, comme on aime et comme Camus l’aurait aimé. En scène, Pierre-Jean Peters est accompagné de trois instrumentistes de jazz (Jean-Pierre Jullian, Adrien Dennefeld et Guillaume Séguron). Leurs belles improvisations expriment et soulignent parfaitement toute la tension du drame qui se joue. Les spectateurs, venus très nombreux, aussi bien soirée qu’en après-midi (une troisième représentation aurait été nécessaire pour satisfaire la demande), ont fait un triomphe aux héros de cette belle soirée, avec une mention spéciale à la fragilité et l’humanité de Pierre-Jean Peters.
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18 / 08 / 2014
Sophie Chambon
L’Étranger / Réminiscences, présenté et porté par le batteur Jean-Pierre Jullian et le comédien Pierre-Jean Peters, a été sélectionné pour les résidences Jazz LR 2014, puis choisi par Olivier Py dans le cadre des « Préférences du In ». Sous le soleil d’Avignon, la tragédie camusienne prend tout son sens. Meursault raconte sa vie avec neutralité, les sentiments semblent absents du récit. Il déroute le public comme déjà le lecteur. Et l’on ressent bien, à l’énoncé du texte, cette absence de logique, ou plutôt cet illogisme. L’adaptation théâtrale, signée Olivier Malrieu, est précise, pertinente, objective dans les choix des passages (il est impossible de tout jouer en 1h15). Elle devient un jeu de miroir où les personnages, les situations se répondent. Cette version « concert » n’est pas une lecture avec fond sonore. Formidable par son énonciation parfaite, son habileté à prendre de nombreux accents, Pierre-Jean Peters tient le spectacle à bout de bras. Soudain, Meursault et Camus trouvent leur incarnation dans cette tragédie grecque, solaire, azuréenne, où l’éblouissement du ciel méditerranéen rend fou. Évidemment, le texte « tient » à la seule lecture, mais là, il est palpable. D’autant que la musique du trio sur scène n’intervient pas toujours au même moment ni de la même façon selon les représentations : les musiciens peuvent par exemple suivre le comédien, selon le rythme du texte qui est musique. Ainsi, ce que certains ont pu considérer naguère comme un « work in progress » confirme de réelles qualités de mise en place, et serait plutôt aboutissement du travail entrepris l’an dernier en Avignon, au théâtre du Roi René, pendant tout le mois de juillet. Citant le bassiste et contrebassiste Guillaume Séguron, qui a composé plusieurs pièces figurant cette version-ci, pour l’Ajmi : « Nous avions une connaissance « littéraire » de l’œuvre mais après cette étape, nous avons eu celle de la matière, de l’expérience du jeu, du plateau. Celle des sons. Une compréhension du rythme de l’adaptation. » Sur scène, il y a bien un trio et un acteur dont l’accord n’efface pas les personnalités respectives. Le groupe est un support au soliste, corps danseur, en mouvement presque permanent. La musique fait passer l’ensemble d’un état à un autre, à moins qu’elle ne s’adapte dans un extraordinaire travail d’une lumineuse évidence, sans effets scéniques à la mode tels ces écrans présentant des vidéos souvent dispensables. Le texte devient peu à peu une voix musicale parmi les autres. Et dans les voix de tous les personnages qu’incarne Pierre-Jean Peters, beaucoup de timbres sont à exploiter de par le dispositif orchestral : Adrien Dennefeld joue du violoncelle et de la guitare, Jean-Pierre Jullian des percussions et de la batterie, Guillaume Séguron de la contrebasse et de la basse électrique. Tout cela avec effets (distortion, delay, loops, arco, pizz, sans parler des gongs et autres percussion). La forme prend alors un tout autre sens, le texte original est confronté à des styles et genres musicaux extérieurs à son époque (on reconnaît entre autre des inflexions à la King Crimson, toute la culture rock des musiciens). Une autre expérience du passé dans le présent, le présent de la voix du texte dans le présent des musiciens, traduisant l’obsession de la négation du temps. Guillaume Séguron me confie encore : « Albert Camus avait un sens aigu du plateau, de la scène, de ce qui se « dit » et se « fait » lorsque le rideau de la vie s’ouvre et que l’on ne peut plus reculer. Dans l’instant et le lieu où tout se décide. Lorsque L’envers et l’endroit se confondent. Cette vision traverse son œuvre. C’est le sens même de l’exercice de la musique, une preuve de vie. Peut-être est-ce suffisant pour le geste de l’improvisateur… Quel est l’impact de l’environnement sonore sur la narration ? Qui sommes-nous dans cette proposition ? Notre véritable rôle, notre fonction ? Certainement, nous devons partir de cette immédiateté et trouver dans la « proximité » de ses mots, le son qui convient. Essayer d’épuiser cette relation sans être dans la paraphrase, ni
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l’illustration. En espérant que la musique pourra rendre compte de certains contre-chants, mettre entre parenthèse le silence, et en évidence la lucidité poétique. » Autant d’éléments qui laissent, parallèlement au texte, beaucoup de pistes d’exploration pour le musicien, on le voit. Comment jouer, en effet, « Aujourd’hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas » ?
12 / 07 / 2014
Philippe Méziat
17 / 12 / 2013
Ceux qui me lisent savent combien la question des rapports entre les arts me titille, mais aussi combien je suis méfiant vis à vis de la mise en œuvre effective de ces relations. Peu de spectacles réussissent à maintenir l'équilibre entre des expressions diversement sensibles, diversement "branchées" sur des sens (nos sens), qui n'ont, en eux-mêmes, strictement rien à se dire, sinon à s'exercer en même temps. Autrement dit, pour moi, il y a la musique, et puis ailleurs d'autres expressions de l'esprit, et les mélanges refendent un sujet déjà suffisamment barré. Et qu'on ne me demande pas de choisir. Basé sur "L'Étranger" de Camus, "Réminiscences" offre au moins cette qualité que ce n'est pas un monologue accompagné de ci et de là par un trio de musiciens, mais le résultat du travail d'un quartet. On assiste au procès de Meursault à travers sa propre voix mais aussi à travers les voix des autres personnages du roman. Bien découpé, le texte est soutenu magnifiquement par l'auteur du projet, et ponctué par une musique forte, dense, qui a toute sa part dans la dramaturgie. Un "work in progress" promis à de belles évolutions encore.
L’Étranger de Camus : Seul face à l’absurde Dans le noir, sous un faisceau de lumière crue un homme installé devant une table écrit un journal intime. Il fume. C’est Meursault, l’antihéros de l’Étranger (...) Dans un jeu très étudié Peters fait ressortir l’absurdité de la situation du personnage face à une vérité toujours subjective. Étranger aux convenances sociales, il ne sait pas mentir (...) La présence sur scène de trois musiciens conjuguées à de judicieux jeux de lumière donne le tempo et crée une atmosphère particulière pour chacune des séquences. C’est très bien vu pour servir un texte non destiné à la scène. Et faire redécouvrir Camus le centenaire.
08 / 07 / 2013 http://emile08. blogspot. fr/2013/07/ Ém il e La ns ma n
14h10 : L'Étranger / Réminiscences, d'après Albert Camus. J'ai déjà vu plusieurs adaptations du roman portées à la scène. J'ai aimé celle-ci pour la qualité du "montage", pour la manière dont le comédien nous livre cet étrange récit multi-sens sans en faire trop, pour la présence aussi d'un trio musical qui, sans être trop envahissant, sert bien la création des atmosphères des différentes séquences. A conseiller à ceux qui aiment l'auteur ou qui ont envie de redécouvrir ce roman qui reste dans la mémoire littéraire collective... mais qu'on ne lit plus forcément beaucoup.
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24 / 07 / 2013
« Nous sommes tous des condamnés à mort »
Pier Patrick
Alger. 1942. Procès d’assises. Meursault, l’antihéros par excellence, – ici, le narrateur sacrifié, – est confronté à ses juges… et au regard des jurés, en l’occurrence les spectateurs. Meursault, le bel indifférent pourrait-on dire… Indifférent à tout, à la mort de sa mère, à l’amour de Marie et même à son propre destin. Olivier Malrieu signe là une superbe adaptation du chef d’œuvre d’Albert Camus, adaptation interprétée par Pierre-Jean Peters qui signe également une solide mise en scène laissant la part belle au texte d’une force poignante et qui joué dans le désordre n’en est que plus percutant. Le comédien dans un jeu hallucinant de vérité, endosse tour à tour l’ensemble des personnages, du Procureur Général à l’avocat de la défense en passant par Camus lui-même. Le tout ponctué par une ambiance musicale étonnante assurée par trois bons musiciens, aux guitare et percussions, Jean-Pierre Jullian, Adrien Dennefeld et Guillaume Séguron. Appartenant avec Le Mythe de Sisyphe ainsi que les pièces de théâtre Caligula et Le Malentendu au cycle de l’absurde, cette œuvre superbement adaptée et réalisée ne laisse personne dans l’indifférence. C’est du lourd ! Le public l’a bien compris qui longtemps applaudira.
Entretiens #1
22 / 01 / 2015
Pierre Jean Peters : un « passeur » de l’œuvre de Camus
Marie Der Gazerian
Etranger, Pierre Jean Peters ne l’est plus à l’œuvre de Camus. Passionné et profondément touché par l’auteur, le comédien et metteur en scène a choisi d’adapter L’Étranger dans une pièce du même nom, sous-titrée « Réminiscences », programmée à la Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau du 12 au 14 mars prochains. Le long travail de réflexion et de maturation de l’œuvre de Camus permet à l’artiste d’offrir une adaptation personnelle mais fidèle, dans laquelle il incarne seul tous les personnages. Il est accompagné sur scène par trois musiciens : Jean-Pierre Jullian, Adrien Dennefeld et Guillaume Séguron. Rencontre avec ce « passeur » de l’œuvre de Camus. Depuis 2006, vous avez incarné trois fois Meursault sous la direction de différents metteurs en scène. Comment diriez-vous que votre adaptation se distingue de ces dernières ? L’adaptation que j’ai faite se distingue de celle des autres dans sa construction et dans son sens. Je suis revenu sur l’adaptation par la musique par exemple. La mise en scène est aussi très différente car elle prend comme architecture centrale la deuxième partie du roman, plus ou moins à partir de ce qu’est le procès, les interrogatoires et la dispute avec l’aumônier de la prison. À partir de là se dessinent des flashbacks et souvenirs. L’histoire commence à la fin. Pourquoi avez-vous choisi d’ajouter le sous-titre « Réminiscences » ? « Réminiscences » signifie pour moi échos du passé et des souvenirs. C’est
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un terme symbolique pour une œuvre située dans un temps ancien pour nous mais tôt dans la carrière de Camus. C’est donc une réminiscence par rapport à l’écriture du roman. C’est aussi une référence aux instants qui nous échappent et ressemblent à des moments de rêve. Le titre L’Étranger se suffit à lui-même mais il faut le dépasser pour lui donner quelque chose d’original. Réminiscence est approchant et le mot juste pour exprimer ce que je souhaitais faire. Qu’est-ce-qui vous a motivé à incarner l’œuvre seul et à vous entourer uniquement de trois musiciens à vos côtés sur scène ? Ce jeu solitaire était mûrement réfléchi avant même d’attaquer la quatrième version de L’Étranger. Dans la première version, il y a dix ans, j’étais déjà seul avec une musicienne qui jouait par moment le rôle de Marie. J’avais accepté cette version singulière car c’était celle qui me paraissait la plus évidente pour la mise en scène. L’Étranger a été écrit à la première personne, ce qui justifie cette solitude. La présence des musiciens était à la base du projet, et sans cela il n’y aurait pas eu de projet. C’était très important de m’entourer d’une valeur sonore, d’un univers très précis et de vrais artistes. Vous donnez alors à la musique un rôle presque aussi important qu’au texte ? Son rôle n’est pas aussi important que celui du texte : le texte guidera toujours l’adaptation. La musique est compagne et compagnon au même titre que moi. Moi, je mets ma valeur, mon talent d’acteur et de virtuose au service du texte. Je me mets au service de Camus, je suis un passeur. Je fais de L’Étranger une invention charnelle dans l’espace, mais ce qui est écrit, nommé et imaginé, c’est Camus. Je joue plusieurs rôles dans L’Étranger dont celui de l’écrivain. Vous jouez tous les personnages de L’Étranger ? Oui, la difficulté était d’incarner les autres personnages. C’est un travail classique de l’acteur que d’être capable d’incarner plusieurs personnages à la fois. Votre adaptation est donc un moyen de continuer à faire exister l’œuvre ? Oui bien sûr. Je veux diffuser l’idée du texte. Quand on aime le texte, on se bat pour que l’adaptation soit vue et partagée. La plupart du temps, les gens connaissent très bien le roman, ou pas du tout, et sont attirés par le nom de l’événement. Quand ils sortent de la salle, ils n’ont qu’une envie : retourner dans le roman. D’autres sont poussés vers lui avant de venir voir le spectacle. Je permets un peu aux gens de se replonger dans la lecture de Camus, dans L’Étranger ou autre chose d’ailleurs. Camus compte énormément pour les gens, de façon mystérieuse ou évidente. Il y a un amour sincère. Peut-être simplement pour l’avoir écouté, pas forcément beaucoup lu, mais écouté à une certaine époque. Même pour les jeunes. Plus les jeunes générations lisent Camus plus ils aiment Camus. Quelque part, ils se reconnaissent dans sa pensée. En 2002, vous participiez au « Projet Création en Direct » à Montréal qui consiste en un travail basé sur le corps de l’acteur dans un espace vide pour une création instantanée. Cette pratique est-elle employée dans votre adaptation ? J’ai reçu cet enseignement d’un grand monsieur du théâtre au Québec, Michel Chapdelaine. Il a été très important dans ma formation. Le travail initié là-bas se retrouve dans mon travail aujourd’hui : j’en ai des réminiscences. C’est un type de travail intégré qui fait partie de moi et m’a permis de traverser des zones d’ombres par rapport à un type de travail ou l’incarna-
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tion de certains personnages. Pouvez-vous nous dire deux mots à propos du travail en lui-même ? Il faudrait consacrer une émission entière pour parler de ce travail (rires). En quelques mots, c’est la capacité à amener l’acteur au-delà de lui-même, dans quelque chose qui n’a jamais été fait. Après sa formation « normale », l’acteur a des dispositions pour travailler un texte, qu’elles soient orales ou physiques. La Création en Direct est une formation de 5 ans qui permet à l’acteur de créer un mode de travail différent et indépendant qui rejoint toutes les formes de théâtre (jeu de masques, gestuelle du corps, travail du texte). C’est l’acteur qui le produit de manière instantanée et libre. Il est son propre metteur en scène, son propre scénographe et son propre musicien. C’est cette capacité à être dans un espace vide et une conscience vide de ce que l’on doit faire. C’est la possibilité d’arriver sur scène devant un public et d’être capable de produire quelque chose instantanément, au delà de toutes les peurs. C’est un véritable événement, pas seulement un spectacle. Chaque présentation est unique et à durée très variable. La solitude sur scène est-elle aussi une manière de faire écho aux thèmes de la solitude et de la marginalité qui se retrouvent dans l’œuvre de Camus ? Oui, bien sûr. Je ne pensais pas particulièrement à cette marginalité mais elle sort naturellement de l’œuvre. Meursault vit seul mais il est aussi avec les autres. Par exemple, il fréquente Marie avec qui il a des rapports amoureux. Psychologiquement, c’est ce qui nous perd un peu et c’est voulu de la part de Camus : on ne sait pas. On ne sait pas ce que Meursault pense mais il nous fait comprendre cette forme de solitude. Elle n’a pas imprégné mon travail de mise en scène, mais plutôt mon travail sur le héros. C’est une valeur que je trouve et rejoins chez Camus, dans L’Étranger et dans d’autres œuvres. Camus est seul lui aussi dans son travail. Mais je dirais que cette solitude de l’écriture est un temple, pas forcément un lieu où l’on se perd. Vous avez découvert Camus à 15 ans. Vous souvenez-vous de cette « rencontre » ? Que perceviez-vous de l’auteur à cette époque ? Cette perception a-telle évolué avec les années ? Je l’ai immédiatement perçu comme un immense auteur. Je n’étais pas encore dans mes années où je lisais beaucoup, j’avais des lectures diverses. J’ai commencé Camus par La Peste. J’ai vieilli avec l’œuvre de Camus. J’ai lu beaucoup de textes poétiques de lui, j’ai beaucoup lu et vu des choses sur lui. Ma découverte de l’époque a beaucoup évolué. Je ressens une immense amitié pour cet auteur, une solidarité humaine précoce. Déjà La Peste était un roman sur la solidarité des hommes face à la catastrophe, l’innommable. C’est un roman qui m’a vraiment bouleversé. L’Étranger est venu après. Je le considérais comme un labyrinthe policier, un fait divers qui a mûri. Je relis ses œuvres sans arrêt. Chez Camus, ce qui est extraordinaire, c’est qu’on ne s’arrête pas et c’est vrai pour tout le monde. On est sans cesse nourri par Camus. Quand on cherche quelque chose de très juste par rapport à un thème particulier on peut lire Camus. C’est un référent universel qui nous rejoint au plus profond de nous-même. Il n’est pas un guide, mais plutôt un homme dont l’écriture nourrit et ne laisse jamais indifférent. Il répond à des questions que l’on se pose maintenant. Maintenant, alors qu’il écrivait il y a longtemps. Il était déjà visionnaire dans sa façon d’écrire, ses idées et les thèmes sur lesquels il s’est penché. Il m’accompagne et m’accompagnera tout le temps. J’ai beaucoup à lire et à relire. C’est une source inépuisable. Enfin, avez-vous déjà songé à mettre en scène d’autres textes de l’auteur ? Oui j’ai songé à mettre en scène Caligula. J’ai déjà joué dans une autre pièce, Le Malentendu, c’était très beau. Et j’ai toujours comme projet de
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monter Caligula un peu comme L’Étranger mais c’est déjà une pièce et non un roman, ce qui est très différent. Dans la solitude aussi, mais avec des moyens technologiques puissants. J’ai aussi envie de monter Noces ou L’Été.
Entretiens #2 07 / 01 / 2015
Sabine Lesur
Le 15 janvier, les ATP accueillent « Réminiscences », un spectacle original sur Camus d’après l’Étranger avec Pierre-Jean Peters et trois musiciens. Une mise en abyme d’un texte fondamental sur l’humain. Comment avez-vous abordé le livre d’Albert Camus : l’Etranger et pourquoi ? Quand j’étais jeune, à l’âge de 15 ans, j’ai lu l’Étranger qui m’a beaucoup marqué. Et puis, comme beaucoup de jeunes, je l’ai oublié. Ce n’est que plus tard, quand j’ai fait le choix d’être comédien, que tout ça a rejailli. Ça a été tellement fort. En 2006, j’ai eu envie de mettre en scène le romain. Je l’ai fait à trois reprises avec différentes mises en scène. Mais là, j’avais envie d’être seul en scène pour livrer mes souvenirs et réminiscences de Camus car l’Étranger, c’est un roman et pas une pièce. Ce n’est pas forcément simple à adapter. Vous êtes donc seul en scène avec trois musiciens… La musique s’est imposée à vous. Comment ? L’écriture de Camus distille une véritable musicalité. Il suffit juste de la capter. J’aime la musique de ses morts : ils génèrent une véritable vibration. Je suis donc allé spontanément vers le jazz qui est une musique que j’affectionne. Ensuite les musiciens qui m’accompagnent – Jean-Pierre Jullian à la batterie et aux percussions, Guillaume Séguron à la contrebasse et à la basse électrique et Adrien Dennefeld à la guitare et au violoncelle – ont fait leurs propres propositions. Nous avons également inclus du rock (King Krimson, entre autres) et des compositions. La musique soulève la pièce et génère une tension inhérente au texte. Elle n’habille pas le texte mais a un rôle central comme dans un opéra où la partition théâtrale et la musique se complètent et s’équilibrent. Est-ce habituel pour vous la de travailler avec la musique ? Oui, j’aime assez mais pas sous cette forme. Là, j’ai souhaité m’inspirer de Peter Brook et de Mnouchkine qui utilisent la musique en direct en lui donnant un rôle majeur. J’ai moi-même été formé au jazz très jeune et l’espace sonore est très important à mes yeux. L’œuvre de Camus, dont on a fêté le centenaire de la naissance l’an dernier, habite votre travail depuis longtemps. Pourquoi ? J’ai été marqué par la pensée de l’écrivain, qui donne une vision humaniste du monde. Son œuvre rejoint mes préoccupations artistiques et humaines. C’est pourquoi Camus apparait aussi dans la pièce, fumant cigarette sur cigarette car, en 2013, lors du centenaire de sa naissance, il m’apparaissait fondamental de mettre en avant le personnage. D’ailleurs, auparavant, j’avais conçu mes pièces d’après l’ordre chronologique. Là, j’ai pris le contre-pied en commençant par la fin. Y aura-t-il une vie après Camus ? Oui, j’ai envie de travailler sur un autre auteur phare qui a été marquant pour moi : Antonin Artaud. J’aime sa pensée et sa révolte. C’est un auteur
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très actuel comme Victor Hugo que j’aimerais aussi aborder. J’aime le théâtre de l’homme pour l’homme qui par la pensée amène une traîne profondeur. Cette pièce va toucher le jeune public comme vous ? Oui, sans doute. Il y a une vitalité dans l’œuvre de Camus qui ne peut que toucher et parler aux jeunes générations. Son héros Meursault est épris de liberté ; il interpelle ça sa vie bascule soudainement suite à un fait divers. C’est une sorte de chemin initiatique qui évoque la vie, l’amour, la mort, la famille, la mère et touche tout le monde par son universalité.
« Il s’est alors levé. Il a repoussé les assiettes. Il a soigneusement essuyé la toile cirée de la table. Il a pris dans un tiroir de sa table de nuit une feuille de papier quadrillé, une enveloppe jaune, un petit porte-plume de bois rouge et un encrier carré d’encre violette. »
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