Magazine 2B

Page 1

MAG’

N°1 PRINTEMPS 2013

ouge ta ville, bouge ton Boul’

LE PARADOXE BOULONNAIS

- La droite Frigide / la gauche gay La droite Frigide / la gauche gay - Marguerite, 111 ans, duchesse de «Boulbi»

Marguerite, 111 ans, duchesse de «Boulbi»



EDITO Une semaine. Une ville. Une équipe. Que l’aventure commence ! Il y a encore quelques jours ce magazine n’était rien. Aujourd’hui, il est notre « BB » et nous en sommes fiers. Marcher, courir, passer des coups de fil, prendre le métro. La semaine a été rythmée d’allers-retours Paris-Boulogne. Pendant que certains étaient auprès de la doyenne d’Ile-de-France, d’autres rencontraient la nouvelle génération de rappeurs au cœur du quartier Pont de Sèvres. Fouiner dans une ville qui paraît « clean » et se retrouver confronté à ses paradoxes est une expérience intéressante et parfois déroutante. Attendus et accueillis chaleureusement par des employés de la Mairie à l’ouverture du Bal, voilà qu’un coup de téléphone impromptu nous annonce que le maire ne valide pas notre présence. Sacré paradoxe ! Une ville à double tranchant qui n’hésite pas à faire venir un ancien sélectionneur de l’équipe de France pour entraîner ses petits, mais qui refuse de s’exprimer lorsqu’on met le doigt sur le côté obscur de sa politique. Alors que nous n’avions pas conscience que cette folle aventure nous conduirait ici, ce sont les plus belles, comme les plus secrètes, faces de Boulogne que nous avons découvertes. Retour à la Rédaction. Cette ambiance si particulière qui accompagne le bouclage envahit l’espace. De la musique, des cris, des éclats de rire. Bref, de la vie. Chacun de nous gardera sa vision de la semaine mais elle aura pour tous, été, une aventure humaine dans tous les sens du terme. Quoi qu’il en soit, si nous devions garder à l’esprit un mot d’ordre, il serait sans doute « Action, rédaction ». Laura GENET

E VENEMENT Le baroud d’honneur de la Manif pour Tous p.3 | Buzz éclair p.4

SOCIETE

L’homophobie : dans la ville comme dans la vie p.6 | Scouts toujours ? p.8 Squatteurs 3 étoiles p.10 | Dans les yeux de sa fille p.12

POLITIQUE Dossier : objectif 2014 p.14 | Boulogne à l’amende p.17

ECONOMIE La ville Renault p.20 | Un miracle économique p.21 Immobilier : les quartiers populaires à la relance p.20 A qui profite le Parc des Princes ? p.22

CULTURE Pont de Sèvres, terre de rappeurs p.24 | L’étude du groove p.25 Jean-Jacques Beineix le franc-tireur du septième art p.26

MEDIAS Dossier : le fief des médias p.28 Mon journal à moi p.30 | Le Boulogne de : Hervé Rodriguez p.31

SPORT Pelote basque : du sud-ouest à Boulogne p.32 | « C’est Monsieur ou Raymond » p.33 « Les handicapés seront bien reçus » p.34 | Vital, la remise en forme sans effort p.34 Direction de la publication : Franck Papazian et Magali Bonavia | Direction de la rédaction : Laëtitia Linnebank et David Lortholary | Rédactrice en chef: Laura Genet | Rédacteur en chef adjoint : Pierre Seddiki | Service société : Charlotte Mispoulet | Service politique : Etienne Breil | Service économique : Marine Chassagnon | Service culture : Justine Barthel | Service médias: Quentin Hoquante | Service Sport : Aglaé Milliard. PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 3


EVENEMENT

Le baroud d’honneur de Frigide Barjot

Photo: Alexandre MEYER

Le jour de la validation de la loi Taubira, mardi 23 avril, la porteparole de « la Manif’ pour Tous » a, une nouvelle fois, donné de la voix dans une énième manifestation. 2B Mag’ l’a interceptée. Haranguant volontiers la foule, la native de Boulogne a de nouveau entonné des slogans déjà bien rodés dans ces rassemblements où « Un père et une mère, c’est élémentaire » et « Taubira, casse toi » font déjà figure de leitmotivs. Au milieu des cabans bleu marine et des oriflammes roses, la leader de la “Manif’ pour Tous” a donc resservi son numéro scénique et véhément. Juchée sur sa désormais célèbre “Barjomobile”, modeste camion utilitaire recyclé en perchoir ambulant, elle était quasi inapprochable. Une descente furtive et c’est l’occasion de l’intercepter. Le temps de quelques questions à la va-vite, dans le tumulte de la playlist de la “Manif’ pour Tous”, et pour elle de déclarer : « Appelez moi demain, je serai moins overbookée » et elle disparaît déjà.

Buzz éclair La porte-parole de la “Manif’ pour Tous” multiplie les manifestations et les apparitions à la télévision. C’est la personnalité en vue de l’hiver, prolongée jusqu’au printemps, et la plus controversée aussi. Elle l’est d’ailleurs tellement qu’elle multiplie les changements de ligne —elle en est à sa troisième depuis novembre— et ne compte plus les sévices infligés à son coquet scooter rose. Elle le reconnaît elle même : « En ce moment, des amis, j’en ai pas beaucoup ». Et même si le club de ses détracteurs ne fait que gagner en adeptes, Frigide Barjot n’en demeure pas moins un mystère agaçant.

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 4

En apparence, c’est une quinqua des plus ordinaires. Mais derrière ses jupes en flanelle et ses tops échancrés, se cache, en réalité, un véritable ovni politique. Née dans le Boulogne des années 60 sous Albert Agogué (SFIO), Virgine Merle (son nom à l’époque) a filé à Lyon avec ses parents. Lui, directeur administratif dans une clinique. Elle, professeur de musique au Conservatoire. Frigide va connaître une éducation tendue et univoque qu’elle complètera par une foi sans faille, après un voyage révé-


hausse obligeamment la voix, prend la botte du « porte-parole ne briguant pas de mandats », affirme ne pas comprendre le jargon des politiciens et se place carrément au dessus des partis : « Je ne comprends pas ce langage. Surement parce que je ne rentre pas dans ces déballages politicards. La Manif’ pour Tous, c’est un rassemblement apolitique de Français de tous les horizons, de toutes les classes sociales, de toutes les écoles de pensée qu’elles soient philosophiques, religieuses ou Photo: Alexandre MEYER politiques ». Elle affirme aussi boulateur à Lourdes. Cette ferveur, elle der le système : « Ma richesse vient la revendique aujourd’hui : « Je ne de ma liberté de ton, d’expression et vois pas en quoi des convictions huma- de la distance entre les médias de pounistes et chrétiennes seraient un han- voir et moi ». Alors que pas un jour dicap ». Cette pédagogie influence- ne passe sans qu’elle défile dans les rait aujourd’hui les rassemblements matinales et les magazines télés, et qu’elle anime : « Ça vient peut-être de multiplie les interviews de rue avec mon éducation, mais j’ai toujours tout les reporters d’informations en contimis en œuvre pour que les manifs ne nu. Elle loue justement « l’impact et l’efficacité» de la soient ni haineuses, ni DATES télévision. Mieux violentes, ni démorali25 Septembre 1962 Naissance à encore, ce média sées ». Boulogne-Billancourt de masse serait le Rien que les raisons 1986 Commence à travailler à la seul valable pour de son leadership communication du RPR relayer l’inforsoudain dans ces 2004 Pèlerinage à Lourdes manifestions restent 2008 Candidate aux municipales dans mation : « Vous connaissez un meilfloues. Buzz opportu- le XVème à Paris Mai 2011 Publication des Confessions leur moyen de faire niste ou engagement d’une catho branchée passer vos idées ? » total et Novembre 2012 Début de son engadésintéressé ? L’inté- gement dans la « Manif’ pour tous » La radio manqueressée, elle, élude 23 Avril 2013 Adoption de la loi Tau- rait, à l’écouter, d’images et la par des esquives bira par l’Assemblée Nationale presse écrite d’inbien connues dans la sphère politico-médiatique à l’instar telligibilité. du classique : « Je n’ai rien à dire là- Figure de proue d’un mouvement dessus ». Elle n’en cultive pas moins essoufflé qui lui a conféré une médiales paradoxes. Alors qu’elle s’est tisation, aujourd’hui en sursis, Frigide auto-proclamée « attachée de presse Barjot assoit son statut de buzzeuse de Jésus », titre neu-neu et officieux haut de gamme. L’enjeu est maintetémoignant de sa piété et de sa pré- nant, pour elle, d’assurer son recytendue réserve, elle publie, en paral- clage, pour rester dans la lumière. lèle, Fais moi l’amour avec deux doigts Cela passera par un nouveau virage, , titre provocateur et cocasse dont le de nouveaux crédos dans refrain « Avec trois, ça ne rentre pas » « l’après loi Taubira » et la perspective de sa promulgation par François Holaurait ravi feu Jean-Paul II. Elle se revendique apolitique mais la lande. Mais elle en est encore loin : « C’est pas parce que la loi est passée rumeur gronde sur une éventuelle candidature dans un arrondissement qu’on va arrêter notre combat pour la « qui serait vide de gens qui portent conservation de la filiation biologique des fondamentaux », selon une ré- et des valeurs familiales traditioncente déclaration au Talk Orange-Le nelles ». Figaro. Quand on le lui rappelle, elle Etienne BREIL

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 5


SOCIETE

L’Homophobie : Dans la vie comme dans la ville Paris et Amiens sont les villes les plus engagées contre l’homophobie... Boulogne-Billancourt et Courbevoie sont, quant à elles, en bas de la liste. C’est ce que révèle un classement publié le 10 avril dernier. Boulogne ne serait pas « gay friendly ». C’est ce qui est montré dans un rapport annuel de 2012, composé du groupe République & Diversité et du Comité IDAHO. Le terme de « gay friendly » désigne les villes qui sont tolérantes et bienveillantes envers les homosexuels, sans y être directement liées, solidaires ou militantes. Pour réaliser ce classement, les villes concernées ont été évaluées sur leurs politiques internes (ressources humaines, formations) et leurs actions publiques : soutien aux associations, état-civil, prises de position publiques, éducation, prévention contre le sida et action sociale.

Aucune sensibilisation

Manon Garreau, journaliste pour MYTF1News, est la journaliste qui a publié, début avril, le classement des villes de France les plus engagées dans la lutte contre l’homophobie. La ville de Boulogne-Billancourt fait partie des communes les plus réticentes aux communautés gays. La ville ne dispose d’aucun moyen de sensibilisation «ils refusent catégoriquement de répondre à nos questions lorsqu’on aborde le sujet. Les agents de la mairie nous tournent le dos et le Maire refuse de s’exprimer», affirme la journaliste. Une image négative pour la Mairie, connue pour sa politique de droite et sa position face au Mariage pour tous. Quinze jours après la publication de cet article, Pierre-Christophe Baguet, Maire de la ville, ne souPRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 6

haite toujours pas s’exprimer sur ce thème.

L’homophobie sort de l’ombre

L’homophobie qu’est ce que c’est ? C’est une forme d’hostilité, explicite ou implicite, envers des individus dont les préférences amoureuses ou sexuelles concernent des individus de même sexe. L’association SOS Homophobie, située dans le IIième arrondissement de Paris, en a fait son combat. Son objectif, rassembler les témoignages, anonymes ou non, des victimes d’insultes ou d’agressions homophobes. 30% des cas recensés viennent d’Ilede-France. La densité de population est un facteur expliquant le nombre des victimes. Depuis 2003, SOS Homophobie a mis en place un numéro Azur et le nombre d’appels ne cesse d’augmenter. « Il y a une raison simple à cette augmentation. Le numéro Azur permet aux personnes souhaitant garder l’anonymat, de téléphoner sans être géolocalisé. Le plus souvent ils ont peur d’être dénoncés ou entendus par leur entourage » explique Michael Bouvard, président adjoint de l’association. Leurs actions se manifestent aussi par le biais d’interventions au sein des communes, des régions et des départements. Ils communiquent régulièrement


des rapports annuels sur les témoignages recueillis au cours de l’année, qu’ils envoient aux mairies et même aux députés. L’homophobie et la lesbophobie sont deux phénomènes qui ont toujours existé mais « qui sont de plus en plus dénoncés par les victimes en raison des récents évènements socio-politiques de la France » ajoute Michael. Les manifestations à critères homophobes touchent le travail (13%), le milieu familial (13%), le voisinage (12%) mais aussi le milieu scolaire (5%) et les lieux publics (11%). Ce sont souvent des insultes, du harcèlement, de la diffamation et des menaces qui reviennent.

vation à le faire. L’association parisienne SOS Homophobie est souvent confrontée à ce type de situation. Dernier exemple en date, des tracts délaissés sur le coin d’une étagère à la Mairie de Boulogne-Billancourt. « On tente dans ce cas de faire appel aux services de l’État, comme les établissements scolaires, les syndicats ou encore les forces de l’ordre qui sont les principaux lieux où viennent se plaindre les personnes. On réalise des interventions scolaires et des conférences de prévention dans les milieux professionnels où beaucoup de plaintes sont rapportées » confirme Michael Bouvard. Ce type de méthode directe permet de ne pas pas-

Boulogne-Billancourt et Courbevoie sont des villes dans lesquelles le sujet du Mariage pour tous est « un dialogue tabou ». Leur orientation politique entre en compte et creuse les différences entre les villes. Les deux communes des Hauts-de-Seine ne sont pas très à l’aise lorsque l’on évoque leur manque de dispositifs pour l’intégration des homosexuels dans la ville. Aucun bar gay, aucune association, aucun refuge. Seule Nancy, commune de droite, est une ville engagée dans la lutte contre cette discrimination sexuelle. Elle se positionne à la troisième place derrière Paris et Amiens.

ser par la Mairie, si elle refuse d’intervenir elle-même sur le sujet. L’homophobie est une discrimination punie par la loi et est un facteur de destruction sociale que certaines communes prennent à cœur, pour le bien-être de leurs habitants. Les personnes les plus touchées sont les 25-50 ans, soit 26% selon les études faites par l’association en 2011-2012. Le Mariage pour tous risque d’aggraver la situation. Depuis Novembre dernier, date du projet de loi, déjà de nombreuses agressions physiques ont été recensées à l’encontre d’homosexuels à Paris, Nice ou encore Lille. William ROBACHE

Un clivage gauche/droite

En fait, les maires disposent de leviers considérables pour sensibiliser leurs citoyens mais cela dépend des agents de services et de leur moti-

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 7


SOCIETE

Scout toujours ? Jugés sévères et « old school », les scouts sont souvent considérés comme un groupe religieux aux règles strictes. On imagine aisément une bande de têtes blondes en short et aux genoux écorchés, construisant des cabanes dans les arbres encadrés par un vieux curé ayant le coup de baguette facile. jeunes, mais personne n’est obligé d’y participer ». Les scouts et guides de France ne prônent pas l’idéal Chrétien, ils préfèrent mettre en avant leur côté éducatif. « Nous sommes là pour apporter un apprentissage utile aux enfants, nous leur apprenons l’autonomie, la solidarité et les valeurs du courage. Les Scouts de Boulogne participent à des actions de solidarité, nous sommes là pour travailler avec la ville et les autres associations, nous intervenons sur des opérations de nettoyage et de solidarité, pour prêter main forte aux Restos du Cœur ou à la Croix Rouge par exemple » précise Aujourd’hui, les Scouts et Guides de Arnaud Le Jariel. France tentent de lutter contre ces cli- Au delà de ça, le scoutisme permet aux chés. Et si le groupe de Boulogne est un enfants d’avoir confiance en eux et de groupe urbain, il n’est pas différent d’un mettre en place des projets. groupe rural. Arnaud Le Jariel, respon- « Quand on voit que des jeunes de 17 à 21 sable du groupe local dément ces images ans sont capables de mettre en place des « tout d’abord, nous ne sommes pas tou- voyages de plusieurs semaines à l’étranjours en short, on s’adapte à la météo. ger presque sans aucune aide, c’est Nous ne portons pas d’uniformes mais épatant ». Cette année, trois équipes des tenues » déclare-t-il, ajoutant que les de compagnons (les Scouts et guides seuls signes distinctifs sont une chemise âgés de 17 à 21 ans) de Boulogne parde couleur pour différencier les tranches tiront à l’étranger pour des voyages d’âge ainsi qu’un fou- « Nous ne portons pas entièrement financés par leurs moyens. Ils passent lard de couleur en foncd’uniformes, mais des l’année à rassembler de tion de la ville. l’argent en effectuant diLorsqu’on évoque les tenues » vers travaux et services, clichés, Arnaud Le Jariel et s’ils doivent demander des subvenpréfère répondre avec le sourire, il est tions aux autorités, ils se débrouillent pleinement conscient de l’image actueleux-mêmes pour remplir les demandes. lement prêtée aux Scouts et s’en amuse. Des groupes partiront au Bénin, en Il réplique par explications, précisant que Equateur et au Népal pour mener des si les Scouts restent un groupe religieux, missions à caractère humanitaire. Le ils ne s’enferment pas dans l’adoration Scoutisme, c’est donc avant tout l’école de Dieu. « Le groupe est ouvert à toutes les classes sociales et à toutes les confes- de l’autonomie, du partage et de l’husions. On organise parfois des messes de manité. L’école de la vie en somme. Alexandre FOUASSIER PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 8


Boulogne tatouée Un an que Virginie, Lou et Twan exercent leur art : le tatouage. Un savoir-faire loin des clichés et apprécié de personnes d’horizons très différents. Rencontre avec l’artiste Virginie, tatoueuse de profession… et de passion ! Loin des quartiers bobos du sud, c’est dans le nord de Boulogne assez « BCBG » que se trouve « Le Diable au Corps ». Un salon de tatouage et de piercing ouvert depuis bientôt un an. Et c’est le seul de la ville ! Un salon de tatouage dans une ville familiale réputée « bourgeoise », il fallait oser ! « Mais les “bourges“ se font tatouer» rétorque Virginie, la tatoueuse. En fait, le tatouage tend à se démocratiser en France. Mais pour Virginie, il reste encore des efforts à faire. «Il était temps que le tatouage change d’image ! Dans les autres pays, ça fait longtemps que c’est mieux vu. En France, on associe encore beaucoup le tatouage à la prison, aux bikers ou aux homosexuels », ironise-t-elle. Les habitants du quartier appréhendaient d’ailleurs beaucoup l’arrivée de ce salon au nom évocateur. « On était attendu au tournant, mais lorsqu’ils ont vu nos têtes de “bisounours“, l’image du tatoueur bourré, sataniste et qui fait peur aux petites vieilles s’est envolée ». Dans ce sanctuaire aux dessins corporels, tous les milieux sociaux se rencontrent. « On a de tout ! Je pense qu’on a eu la visite d’un ou deux Hells Angel » avoue-t-elle. Aujourd’hui, le tatouage est un phénomène de mode, tout le monde en veut. Petits, gros, en couleur ou noir

et blanc. Fini les tatouages « made in Las Vegas » que l’on regrette le lendemain. L’évolution des mentalités se voit aussi dans les magazines. Les tatouages ne sont plus gommés, mais affichés. Quand Virginie ne tatoue pas, elle crée. Un joli piercing orne le buste la tatoueuse, le faisant passer pour un pendentif. Et la confusion est parfaite ! Dans « l’antre du Diable », un seul mot d’ordre : discrétion. Dessins, posters et cadres photos au mur, le tout dans une ambiance musicale un peu «lounge». Le salon est décoré simplement. « On a voulu ouvrir un lieu qui inspire confiance. On n’allait pas non plus créer un espace avec des têtes de morts ou très ‘‘underground’’ » explique Virginie. Ils se sont adaptés, « Ça nous ressemble quand même, mais on ne voulait pas être encore plus catalogués ». Pour Virginie, l’essentiel réside dans le respect de la ville et des habitants. Le but, démocratiser le tatouage. « Et puis on a la tranquillité. C’est aussi pour ça qu’on est venus à Boulogne. C’est pour être tranquilles, donc on respecte la tranquillité des gens ». Boulogne regorge d’endroits insolites, oui, mais après tout, comme dit Virginie : « Ça parle à tous, c’est de l’art ! ». Charline ROUX

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 9


SOCIETE

Squatteurs trois étoiles En plein centre ville, à cinq minutes à pied du Parc des Princes existait un endroit oublié ; La Boulognaise. Le squat a abrité quotidiennement une vingtaine de personnes pendant onze mois. Quartier Les PrincesMarmottan, au nordest de Boulogne-Billancourt. 34 bis avenue Robert Schuman, deux panneaux d’affichages contrastent sur le portail noir qui cache hôtels particuliers et maisons de ville. « Permis de démolir » et « informations sur la démolition». Entre le 3 juin 2011 et le 18 mai 2012, la vie avait repris sa place au 34 bis. On les appelle « logements vacants » autrement dit logements vides. Cet ancien centre éducatif pour enfants autistes était abandonné depuis presque dix ans par la Sécurité Sociale. L’intriguant et imposant bâtiment caché derrière les arbres a attisé la curiosité d’Axel, trente-cinq ans, habitué aux squats et à la recherche d’un nouveau lieu. En rentrant de chez sa grand-mère résidante à Boulogne-Billancourt, Axel découvre avec étonnement « un lieu ouvert et sans canettes de bières alors qu’on Squatte un jour, est juste à côté de squatte toujours lieux comme le stade et la piscine Molitor, un complexe abandonné ». Hasard un peu provoqué, Axel logeait au squat Interférence Culturelle à Issy-Les-Moulineaux et depuis trois mois, avec deux amis, il cherchait un nouveau lieu pour monter leur collectif à promotion culturelle.

Un bon souvenir

Le bâtiment a été ouvert la nuit du 3 juin et baptisé la Boulognaise par Axel, Damien et Jean-Loup. Axel ouvrait son premier squat, aujourd’hui il se rend compte que l’ouvrir à Boulogne-Billancourt était loin d’être un pari osé pour lui. Squatte un jour, squatte toujours. L’année dernière, il a ouvert un ancien bâtiment du ministère de l’Intérieur Rue Saint Domi-

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 10

nique dans le VIIème arrondissement de Paris. « Là-bas c’était un pari, j’ai d’ailleurs pris 107 000€ d’amende pour cette ouverture. C’est important pour moi de faire du squat dans les beaux quartiers afin de montrer aux gens qui y habitent que le squat peut venir chez eux et pourrait toucher leurs enfants. Et puis on est pas des parias ». Il garde d’ailleurs un bon souvenir de son occupation à Boulogne-Billancourt. La vingtaine de squatteurs n’a jamais eu affaire à la mairie ou à des pétitions de la part du voisinage. Sur onze mois de squat, Axel raconte que les CRS venus sur les lieux de leurs soirées étaient plus présents pour surveiller que pour répimer. Dès qu’ils ont su qu’ils étaient expulsables et rattrapés par les dommages et intérêts, la Boulognaise s’est transformée en lieux pour de grandes soirées lancées par un barbecue dès midi. Portes ouvertes, cours de théâtre ou de musique, expositions permanentes, les événements en journée animaient le quartier. Pour Axel, lorsqu’on vit en squat, « il y a ceux qui, comme nous, ouvrent leur squat et s’accrochent au projet qu’ils veulent monter derrière et il y a les autres qui sont là pour simplement s’installer sur le lieu. Nous, on a mis 6 mois avant d’ouvrir la Boulognaise et même s’il y a eu des projets du collectif Boubou, il a stagné car on n’a pas sû gérer l’affluence dans la baraque ». Le 18 mai 2012, après l’obtention d’une semaine de délai d’expulsion, la Bou-


lognaise se vide. « C’était une bouteille de champagne, un lieu qui a vu l’émerveillement des yeux des gens qui y venaient. De la bonne sauce! » plaisante-t-il. Aujourd’hui en «convalescence » à Toulouse car « trop cramé à Paris» , il décrit Boulogne-Billancourt comme « une ville aseptisée. Dans toutes les villes aujourd’hui, les gens tolèrent le côté “underground” mais si on tape dans les beaux

quartiers c’est aussi pour montrer aux gens que le problème des logements est partout ». Depuis environ deux mois, la Boulognaise - laissons lui son nom - est en chantier. Une partie du bâtiment a été vendue à un promoteur immobilier et sera transformée en appartement de luxe. L’autre partie sera démolie pour accueillir un nouveau centre pour enfants autistes.

« Je gagne ma vie en faisant du dessin » Ymagyne*, artiste, 31 ans. Ancien squatteur et exposant à la Boulognaise à Boulogne-Billancourt. Ymagyne, squatteur pendant deux mois à la Boulognaise, est infographiste et dessinateur. Il a découvert le lieu la Boulognaise quelque mois après son ouverture. Le collectif Boubou lui a donné carte blanche pour la réalisation d’une fresque murale dans la pièce commune de la Boulognaise. Ymagyne parle de « la fleur qui veille sur le collectif ». Exposé pendant presque deux mois à la Boulognaise, il décrit ses dessins comme « space, étrange, un mélange entre fibre naturelle et tout ce qui s’entrelace ». Travailler avec les collectifs lui permet de faire connaître son art et arrondir ses fins de mois s’il réussit à vendre.

Un lieu sain et propre

Selon lui, un principe important de la vie en squat, « les gens qui choisissent d’habiter ensemble doivent tous être impliqués. Sur les bonnes choses comme sur les mauvaises. Il ne faut pas que certains profitent uniquement de la gratuité du lieu ». Il se souvient de la Boulognaise comme un lieu sain et propre qu’on n’avait absolument pas envie de délabrer. « Un lieu qui donnait envie de s’investir ou tu sens que tu pourrais rester plusieurs années...» . Aujoud’hui, les squats sont partout, Ymagyne se souvient même de soirées à Neuilly à trois cents mètres de Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, Ymagyne gagne sa vie grâce au

dessin et depuis janvier il s’est lancé dans le tatouage. Elisa GEAY

* Yoann Renault

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 11


SOCIETE

Dans les yeux de sa fille Les traits fatigués mais le regard vif, Marguerite Conrad a 111 ans. La doyenne des Franciliens a pris ses appartements à la maison de retraite A 93 ans Odette veille chaque jour sur Marguerite, sa maman, avec tendresse et caractère. « Mais qu’est ce que tu as à râler? », demande, sans une pointe d’agacement, Odette à sa maman. La nonagénaire se rend tous les jours au chevet de Marguerite. Ses rides témoignent d’une vie dure, semée d’épreuves. Et pour cause. Née sous la Troisième République, Marguerite Conrad a connu 17 Présidents de la République, 11 Papes et 2 guerres mondiales. « Maman a travaillé jusqu’à ses 76 ans. Le travail c’est le secret de la longévité ! », clame Odette. D’abord couturière à domicile, Marguerite est ensuite devenue serveuse dans une brasserie-restaurant.

Une femme pas comme les autres

« Aujourd’hui, quand je vois des personnes se plaindre alors qu’elles n’ont même pas la soixantaine, ça me fait rire ! » Mais Marguerite Conrad n’est pas une femme comme les autres. Jusqu’à l’âge de 101 ans, cette dame a monté et descendu les escaliers de son immeuble, sans soupirer. Cette femme n’a jamais demandé d’aide. Course, coiffeur, balade... « C’est une femme coquette, elle a toujours pris soin d’elle. Elle voulait être impeccable, tout le temps ! », explique Odette. Râleuse au cœur tendre, elle envoie à lonPRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 12

gueur de journée des bisous par la main au personnel et aux visiteurs. Affaiblie, la vieille dame ne peut s’exprimer que par des gestes, lourds et fatigants. « C’est une femme forte, une femme de poigne », avoue Odette, visiblement gênée par les cris de sa mère.

Quatre générations de descendants

La « reine » des Abondances, c’est elle. Jamais malade, Marguerite s’est toujours donnée du mal pour réunir les cinq générations de sa famille. « J’adore les réunions de famille, nous sommes tous réunis autour de maman. Avant, elle préparait toute seule le repas pour dix personnes », affirme sa fille, les yeux pétillants. Autour de son lit, ce sont des dizaines de photos de sa fille, de ses petits enfants et même arrières et arrières-arrières petits enfants. La voix éraillée par l’épuisement, Marguerite gémit pour parler. « Elle a peur des hommes, quand il y en a un dans sa chambre, elle crie ». Marguerite s’exprime avant tout par des exclamations. « C’est qu’elle n’est pas commode », dédramatise Odette. « Gentille demoiselle », sont les seuls mots que Marguerite Conrad réussira à prononcer distinctement aujourd’hui. Charlotte MISPOULET


«On veut plus de bals !» Mardi 23 avril, la maison Walewska a accueilli le bal printanier. Organisé par le quartier Parchamp - Albert Kahn. Le bal saisonnier est l’occasion pour les Boulonnais, de se retrouver pour danser et se détendre. « Mon voisin m’a dévergondé. Le bal est idéal pour échanger, rencontrer des gens » Claude, 76 ans. Renée-Francine, amoureuse de la musique des îles… « Vous voyez c’est bien ici, il y a le réfectoire, les toilettes, et la musique ! » Les bals saisonniers rassemblent surtout des personnes âgées et la mairie regrette que les jeunes ne participent pas davantage à l’animation de leur quartier. En deux ans le bal est devenu populaire, symbole d’un moment d’échange et de fête immanquable pour les habitants du quartier. Aglaé MILLIARD

Bienvenue chez nous Les Greeters sont une bande de Boulonnais, ils aiment leur ville et ils le font savoir. La raison d’être des Greeters, c’est le partage. Ils proposent des visites gratuites de la ville à qui veut, qu’ils soient locaux, provinciaux ou étrangers. « Notre but, c’est avant tout de proposer des rencontres, des échanges amicaux. A travers ça, on veut montrer notre Boulogne », déclare Patrick Lucard, président de l’association. Il insiste sur un point « Nous proposons aux gens de voir la ville autrement. Nous sommes les gens qui vivent à Boulogne, pas des guides touristiques, nous leur proposons autre chose que des monuments ». Si le mouvement compte près de 400 membres à Paris, ils ne sont qu’une douzaine en activité sur Boulogne. L’association a cependant réalisé près de 50 promenades en compagnie de quelques 150 touristes en 2012, année de sa création.

Un signe positif pour l’avenir selon Patrick Lucard. Le mouvement prend ses racines à New York, il y a près de 25 ans. Des habitants, lassés d’entendre que leur ville était sale et violente, ont décidé de la montrer différemment aux touristes. De la leur faire vivre. Repris une dizaine d’années plus tard à Paris, puis à Boulogne, le mouvement Greeters favorise les échanges et chacun en tire quelque chose. Les touristes voient la ville à travers les yeux des habitants, et les Greeters y voient une occasion rêvée d’échanger avec des gens ayant une culture différente de la leur, ainsi qu’un moyen de s’exprimer dans les langues étrangères qu’ils pratiquent. Une initiative visant à casser l’image de « ville bureau » de Boulogne et à montrer que des gens y vivent. Alexandre FOUASSIER

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 13


POLITIQUE

Dossier : objectif 2014

Les Boulonnais sur la réserve Dans moins d’un an, la bataille pour les municipales débutera. De nombreux élus locaux se disputeront le siège de maire de la ville. de Baguet est, d’autre part, bousculée par l’opinion. Ses principales promesses n’ont pas été tenues et il a perdu en crédibilité aux yeux de nombreux habitants. Il s’était engagé à construire 110 000 m2 d’immeubles d’entreprise. La liste des promesses non tenues est encore longue. Prétendues ouvertures de crèches, prolongement du métro neuf, construction de pistes cyclables et de terrains de rugby. Toutes ces énonciations lui porteront préjudice au moment du vote final selon les habitants de Boulogne. Entre honnêteté, amitié, casserole des emplois fictifs et sans programme, ni vision pour la ville, tout reste confus dans les cités du Nord, encore persuadées que l’UMP n’est pas le meilleur parti pour restaurer la deuxième grande ville après Paris.

Des habitants perplexes face à la situation Rien ne se passe comme prévu en politique dans la ville de Boulogne-Billancourt. Alors que l’UMP ne sait toujours pas quel candidat la représentera pour les législatives, le Parti Socialiste est lui aussi dans le flou concernant ses primaires. Plus précisément, l’UMP est encore en plein doute. Il s’agit, pour eux, d’empêcher la réélection du maire sortant, Pierre-Christophe Baguet. Les élections de 2008 avaient, en effet, permis à l’UMP de se placer en tête des suffrages. Le parti avait alors eu la lourde tâche de faire un choix délicat avec d’une part, le maire de l’époque, Pierre Mathieu Duhamel, qui revendiquait l’investiture, et de l’autre Pierre Christophe Baguet, à l’époque député et proche de Nicolas Sarkozy. L’UMP s’était alors tournée vers Pierre-Mathieu Duhamel. Pourtant, tout a changé aujourd’hui. Ce dernier a fait volteface et a décidé du jour au lendemain de redevenir candidat. Seule ombre au tableau pour le protagoniste : ses supposées relations avec Ziad Takieddine — impliqué dans l’affaire Karachi— qui l’affaiblissent dans un mois décisif pour l’UMP. La réputation PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 14

Pour les Boulonnais, la situation actuelle de la ville n’est pas en adéquation avec le slogan local de l’UMP : « Etats Généraux de la reconquête ». Pour bon nombre d’entre eux, que ce soit l’UMP, le PS ou le FN, la principale priorité serait de comprendre les besoins des habitants pour l’avenir de la ville. Pour Eric, boulanger de la rue Edouard Vaillant, les habitants « aimeraient voir enfin le changement s’emparer de la ville car c’est un mot d’ordre au sein de la société actuelle ». Le maire doit être « la personne la plus importante pour ses habitants car c’est lui qui nous aide pour les impôts ». « Nous attendons toujours les fameuses places en crèche mais qu’attend-il ? » Pour Jocelyne, couturière, « les responsables n’écoutent pas les besoins des habitants » et elle « risque de voter FN car ni la droite, ni la gauche ne correspond à ses critères et à ceux de la ville ».

L’invisibilité du PS s’accroît, le FN s’impose À Gauche, la tension monte. Des primaires ont déjà été évoquées pour calmer le jeu. Trois candidats sont en lice. Pierre Gaborit,


racistes mais nous ne sommes pas cela. Qui gouverne le pays depuis 1942 ? Nous ne faisons pas toutes les erreurs » En allant à la découverte des habitants, le FN charme, de jour en jour, les habitants en proposant des questionnaires supposés s’intéresser aux envies et aux besoins des boulonnais. Dans les faits, le parti ne cesse de monter en puissance et cela n’est pas prêt de changer. L’UMP et le PS ont désormais un peu moins d’un an pour inverser la tendance et se préserver d’un probable vote punitif. Marjorie TABARY

Les Municipales de BoulogneBillancourt figure de la gauche socialiste boulonnaise, et Martine Even, troisième du second tour des législatives de 2012 seront opposés à Judith Shan, conseillère régionale et municipale. Pour Pierre Gaborit, l’heure est au changement : « le PS a fait 35% aux dernières législatives, nous pouvons faire mieux ». Les idées du FN et du PS s’accordent tacitement, bien qu’il n’y ait aucune alliance entre eux. En effet, les deux partis souhaitent mettre en place un référendum local, améliorer la croissance de la ville ainsi que ses structures extra-sportives. Le véritable problème demeure le logement. Les deux partis opposés tentent désespérément de trouver des solutions d’avenir. Le plus surprenant reste la montée progressive du FN dans la ville. Implanté depuis peu, Julien Dufour responsable local pour la ville de Boulogne, part chaque jour sur le terrain afin de convaincre les électeurs de droite et de gauche de rejoindre le mouvement de Marine Le Pen. Selon lui, le Front National incarnerait le renouveau politique du pays. Ainsi, les habitants commencent à découvrir le véritable visage du parti : « Tout le monde nous traite de fachos, de

1971-1991 : Georges Gorse du parti UDR-RPR 1991-1995 : Paul Graziani du parti RPR 1995-2007 : Jean-Pierre Fourcade du parti UDF-UMP 2007-2008 : Pierre-Mathieu Duhamel du parti UMP 2008-2014 : Pierre-Christophe Baguet du parti UMP

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 15


POLITIQUE

Dossier : objectif 2014

La gauche éternelle absente Depuis 1971, les Boulonnais votent à droite. Pourtant la gauche tente, tant bien que mal, de se faire une place et ont tout à prouver pour 2014. UDR, RPR, UDF, et maintenant UMP… Depuis plus de 30 ans, la droite a la mainmise sur la ville. C’est d’ailleurs un sujet assez tabou pour eux. Lorsqu’on ose leur demander pourquoi Boulogne vote à droite, c’est le mutisme. Christine Deloffre, déléguée UMP de la ville, refuse de répondre aux questions lorsqu’on évoque l’opposition. “On ne parle pas de ça”. Pourtant, il y a bel et bien une gauche, qui est très active. Débats, réunions, manifestations, projets, ils comptent bien inverser la tendance et revenir au pouvoir lors des municipales de 2014.

reste. Ils sont bien décidés à faire tomber le maire. « Pour nous, c’est un travail sur le long terme », raconte Thomas, l’un des membres du groupe. Vendredi 26 avril 2013, ils ont prévu un débat sur l’emploi. Dans la ville, de nombreuses entreprises font vivre les Français. Mais à les écouter, ce sont des emplois trop précaires que le maire entretient. Ils prônent le CDI à temps plein et l’interdiction des licenciements boursiers. A peine 10 jours après, le 5 mai prochain, les Boulonnais défileront dans les rues. Une marche qui veut lutter contre l’emploi précaire : « Une marche citoyenne pour la 6ème république! » prône Thomas. L’@ternance a une maxime qu’ils comptent bien tenir jusqu’aux municipales : « ensemble, faisons la révolution citoyenne ».

La gauche s’unit

Se faire élire en 2014

Deux groupes de gauche sont dans l’opposition. Le groupe “Unis pour Boulogne-Billancourt” est le plus important. Ils ont 10 sièges au conseil municipal, sachant que l’UMP en a 41. Leur but est simple : se faire élire en 2014. Pour cela ils ont une stratégie : « on veut améliorer la vie des Boulonnais, et lutter contre le chômage croissant » comme l’explique un conseiller municipal. Depuis des années, ils luttent contre le maire, qui, pour eux, fait de la propagande « et ne sert que ses amis » . Le Front de Gauche qui se fait appeler “@lternance” dans la ville n’est pas en PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 16

Les municipales de 2014 sont très attendues par la gauche, et pour la première fois, appréhendées par la droite qui voit un changement de mentalité depuis la crise. Des candidats sont en lice pour succéder au maire depuis 5 ans, Pierre Christophe Baguet. Pourtant ce dernier compte bien se représenter. Face à lui la gauche s’unit, et compte déjà trois candidats du Parti Socialiste : Judith Shan, Martine Even et Pierre Gaborit. Le Front de Gauche est bien plus actif que le Parti Socialiste dans la vie politique de la ville, et pourtant aucun d’entre eux ne s’est encore déclaré candidat aux municipales. Pour l’instant rien n’est fait. Mais pour tous les partisans de gauche ou d’extrême gauche, « Boulogne en 2014 sera une ville de gauche », se répète Thomas. De son côté, la droite ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet, apparemment délicat. Clémentine BOYER


Boulogne à l’amende

Depuis plusieurs années, la Mairie n’arrive plus à remédier aux problèmes de saleté, dus aux incivilités permanentes des habitants. La municipalité se retrouve face à un problème de taille : le manque de propreté dans ses rues. Béatrice Belliard, se bat contre ce fléau et tente par tous les moyens de trouver des solutions concrètes. Qui l’eut cru ? La ville n’est pas épargnée par la saleté, loin de là. La mairie tente, depuis plusieurs années d’assainir les rues de la municipalité, ce qui s’avère être un travail de longue haleine. C’est ce qu’explique Béatrice Belliard, adjointe du maire, en charge de la voirie, de l’urbanisme, de la propreté et du stationnement. La priorité de cette femme est avant tout la gestion des données publiques : « il est nécessaire que les élus s’occupent de la bonne gestion de ces données. Après, il ne faut pas le dire, il faut le faire. Et nous l’avons fait ». La ville veut absolument remédier au problème et cela passe par l’augmentation de certaines dépenses publiques, ou bien des mesures plus ou moins appréciées. Pour éviter d’innombrables stationnements abusifs, la municipalité a ainsi rendu payante, une partie des places de parkings, afin de favoriser le roulement entre les automobilistes. L’objectif étant également d’améliorer la fluidité des rues, en proie aux embouteillages. Suite à de nombreuses plaintes des habitants concernant l’hygiène, la ville a même décidé d’installer des caméras de

surveillance : « Avec ces caméras, nous nous sommes rendus compte que des personnes se plaignaient de la saleté de la ville, mais que ces mêmes personnes dégradaient la voix publique en toute conscience », déplore Béatrice Belliard. C’est à peine imaginable, mais, selon elle, la verbalisation n’est pas une solution : « Si la ville est sale, c’est parce que les gens vivent salement ». En effet, même les amendes les plus onéreuses, ne font pas changer les mentalités : « Nous sommes victimes d’incivilités permanentes. Posezvous la bonne question, à commencer par : de quelle manière puis-je contribuer pour ne pas salir ? ». Demeure un paradoxe assez étrange. Les Boulonnais, qui vivent à l’origine dans un endroit cossu, ne font rien pour le maintenir en état. Pour cela, l’adjointe de Pierre-Christophe Baguet nous explique que de nombreuses interventions préventives seront progressivement mises en place, afin de sensibiliser la population : « Nous avons fait un ménage de Printemps, cela donne un vrai coup de propre ! ». Vous l’aurez compris, la ville est prête à tout pour une propreté irréprochable de ses rues, mais le plus dur reste encore à venir, les mentalités doivent évoluer. Justine BARTHEL

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 17


ECONOMIE

La ville Renault

En France, de nombreuses villes sont associées à des sociétés. L’exemple le plus flagrant est sans doute celui de Clermont-Ferrand et l’empire Michelin. Mais Boulogne-Billancourt et l’entreprise Renault partagent eux aussi une histoire commune. Boulogne-Billancourt, 1898. Une ville à la fois rurale et urbaine. L’île Seguin n’est encore qu’une pointe de verdure au milieu de la Seine où sont installés de vieux lavoirs en ruine et quelques demeures charmantes que les habitants regagnent en barque. Cette même année, un homme installe son entreprise au 10 rue du Cours (ndlr : actuelle Avenue Emile Zola). Cet homme, c’est Louis Renault. La ville ne le sait pas encore mais il va bouleverser son rythme de vie.

L’expansion de Renault

Peu à peu, Louis Renault va transformer la ville. Il achète ou loue (souvent à bon prix) des propriétés à Boulogne-Billancourt pour y installer ses usines. L’entreprise prend de plus en plus de place dans la commune. Légitimée par son rôle économique durant la guerre, Renault va s’étendre sur la vieille ville. La rue de l’Isle longée par les ateliers Renault va alors être annexée à l’entreprise et fermée par un portail même si certains Boulonnais y résident encore. Entre 1898 et 1920, l’espace consacré à l’entreprise va passer de 4680 m2 à 340 000 m2. Renault est alors une véritable ville dans la ville. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, la ville aux maisons basses accueille de nombreux immigrés algériens, italiens, arméniens et russes. Ces nouveaux habitants, employés chez Renault, vont don-

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 18

ner une véritable impulsion économique à la ville. Dès 1945, plusieurs cafés fleurissent dans le quartier de Billancourt, la place Nationale (ndlr : officiellement place Jules Guesde) est alors au cœur de la “ ville des employés”. Marchés, commerces, concerts, apparaissent au fil des années. L’espace Renault se confond alors avec l’espace Billancourt. Les habitants de la ville ont accès à un centre médical, un cinéma, des salles de sport et même une agence de voyage. En 1984, 14% des ouvriers Renault vivent encore à Boulogne.

La fin d’une épopée

Le soir du 20 novembre 1989, l’inspecteur du travail prend la parole sur le site de l’île Seguin pour annoncer aux ouvriers, en plein travail, la fermeture de l’usine d’ici 1992. La fin de l’industrie Renault à Boulogne-Billancourt, même s’y elle était attendue, a été un véritable électrochoc. La dizaine d’années qui suivit, la ville a subi un véritable bouleversement. De nombreux bâtiments anciens laissent alors place à des terrains vagues et de nombreux ouvriers quittent la ville pour travailler ailleurs. Malgré tout, Boulogne est à l’époque, et restera, la ville Renault, hantée, à tout jamais, par ces années d’essor. Marine CHASSAGNON


Un miracle économique ! Qui mieux que Louis Renault pour relancer l’économie à Boulogne dans l’entre-deux-guerres ? En implantant ses usines ici, le créateur du fleuron automobile français a donné un second souffle à la ville. Aujourd’hui, c’est l’aménagement de l’île Seguin qui va permettre aux Boulonnais de devenir « le centre de gravité culturel du grand Paris ». Il existe encore des exceptions. Boulogne et ses 80 000 salariés continuent de réduire le déficit. Deuxième parc d’activité en Ile-deFrance, les vieilles usines Renault ont laissé place aux grandes tours de verre du secteur tertiaire. Outre les grandes entreprises, les PME (Petites et Moyennes Entreprises) ont fleuri un peu partout. Porteur d’enjeux financiers importants, le développement durable, tous secteurs confondus, est largement représenté . Leurs implantations au cœur de la ville leur permettent de profiter des connaissances, grâce notamment à de nombreux partenariats. Boulogne c’est aussi et surtout la patrie des métiers de communication, avec des groupes tels que TF1 ou encore Canal+. Dans les rues, on peut compter bon nombre de commerces et d’artisans. Pour Jehan Coquebert de Neuville, Maire adjoint aux affaires économiques, « si les grands groupes restent, c’est grâce à la qualité de vie offerte par la ville ».

Une politique payante

En trois ans, la municipalité a réussi à réduire sa dette de 43 000 000 € L’agence de notation Standard & Poor’s a indiqué que cet effort a pu être fait grâce à « une gestion financière de qualité », ainsi « qu’un profil socio-économique plus que favorable». Les entreprises restent, mais pourquoi ? Tout simplement parce que le maire, Pierre-Christophe Baguet, a su rendre la ville agréable. Il fait bon vivre à Boulogne. L’étape la plus importante du recul de la dette fut l’entrée de la ville dans la communauté d’agglomération du grand Paris

Seine Ouest, permettant une augmentation des recettes. La municipalité a également réalisé leurs actifs, en vendant les immeubles vacants. L’objectif du maire a été clair dès le début de son mandat : diminuer la dette. « Nous avons une responsabilité vis-à-vis de l’argent public » reprend Monsieur de Neuville. Seules huit communes en France ont réussi le pari de diminuer leur dette. La ville continue de se construire et poursuit son expansion économique. Camille MEYER

Évolution de la dette (en euros) - 2000 : 150 000 000 - 2001 : 166 000 000 - 2004 : 163 000 000 - 2007 : 131 000 000 - 2011 : 106 000 000

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 19


ECONOMIE

Immobilier : les quartiers pop’ à la relance Après des années de hausses successives du prix du mètre carré, la commune fait aujourd’hui un pas en arrière. Les prix diminuent et la demande augmente. Après une année 2012 très compliquée, le secteur de l’immobilier semble retrouver une dynamique positive à Boulogne. En cause, la difficulté croissante pour trouver des acquéreurs, qui oblige à une baisse des prix. La valeur moyenne du mètre carré à Boulogne a en effet diminué de 5 %, du jamais vu depuis des années pour cette ville des HautsDe-Seine. Il n’est donc plus vraiment question pour les propriétaires d’attendre quelques années, et ainsi espérer vendre leur appartement plus cher, comme l’explique Jérôme, employé dans l’agence immobilière Eden Gestion, située Avenue Victor Hugo : « Les propriétaires n’ont plus vraiment le choix aujourd’hui. S’ils attendent, ils ont plus de chances de voir leur bien perdre de sa valeur plutôt que d’en gagner. Excepté le quartier de l’île Seguin qui est tout neuf, la baisse des prix dans Boulogne est généralisée, quel que soit le quartier ».

Jusqu’à 10.000 € le mètre carré !

Pour autant, il existe une grande disparité et ce, à l’intérieur même de la seconde ville d’Ile de France en terme de population (111.000 habitants en 2012). Le mètre carré dans les quartiers populaires comme Marcel Sembat ou Pierre Grenier tourne autour de 6.000 €. En revanche, dans le nord de la ville, réputé plus chic, les prix atteignent encore jusqu’à 10.000 € pour les places les plus recherchées. Mais pour Jérôme, cette

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 20

baisse des prix immobiliers n’est pas la seule raison de ce regain d’intérêt : « Boulogne est très bien située. On y trouve tout, c’est bien desservi et c’est à dix minutes en voiture. C’est forcément tentant. Qui refuserait de venir s’installer ici aujourd’hui ? ». La ville a su conserver sa diversité, notamment en raison de certains de ses anciens quartiers, qui contrastent avec une politique de modernisation, en particulier au nord de la ville. Conséquence, elle peut aujourd’hui convenir à tout le monde, accueillant aussi bien des résidences de luxe que des HLM. Une différence majeure avec d’autres villes dites ‘‘ riches ’’, comme Neuilly Sur Seine : « A Neuilly, c’est différent. Le milieu est vraiment aisé dans sa majorité. Les habitants n’ont pas vraiment connu la crise. Mais depuis le changement de gouvernement, cette catégorie de personnes quitte de plus en plus la France. Elle choisit de s’installer en Belgique, en Suisse ou même en Angleterre », explique Jérôme. Une situation que ne devrait pas connaître Boulogne avant un certain temps. En ce début d’année 2013, si le prix au mètre carré a globalement repris sa marche en avant (1,2% d’augmentation), le coût du mètre carré dans les quartiers populaires comme le centre ville ou Denfert-Rochereau, lui, continue de diminuer. Geoffrey BRUN


La ville qui bouchonne

La municipalité est considérée par beaucoup de gens comme le XXIème arrondissement de Paris. En effet, la ville connaît également ses bouchons quotidiens et ses problèmes de transport. Boulogne compte aujourd’hui plus de 100 000 habitants et se positionne comme la deuxième ville d’Ile-de-France. En raison de sa situation géographique, c’est une ville de transit et donc d’intenses passages entre Paris et sa banlieue. La commune compte 70 km de route sur une superficie de 6,18 km2. Aux heures de pointe, les embouteillages sont fréquents sur les grandes artères de la commune notamment Place MarcelSembat et rond-point Rhin et Danube. Une situation qui agace de plus en plus les Boulonnais : « La qualité de vie est bonne mais la circulation est vraiment trop importante toute la journée et avec les travaux c’est encore plus bruyant », témoigne Martin, un habitant de Boulogne depuis 20 ans. Une opinion partagée par beaucoup de monde dans la rue ainsi que par Béatrice Belliard, 1er maire adjoint chargée de la Voirie et de la Circulation. « La circulation dans la ville sera toujours un problème au vu du nombre d’habitants et de l’activité qui y règne ». Autre facteur d’embouteillages : les travaux. En effet, Boulogne est une ville qui se modernise en permanence ce qui génère donc des ralentissements. Concernant les transports en commun, la ville est très bien desservie puisqu’elle

dispose de deux lignes de métro avec 5 stations, 23 lignes de bus, deux stations Vélib’ ainsi que des zones de stationnement réservées aux Autolib’. Cette diversité dans les transports la rend plus facilement accessible sans véhicule mais la qualité des transports divise. Certains trouvent la ligne 9 du métro trop lente et trop bondée tandis que d’autres vont vanter la ponctualité des lignes de bus. Mention spéciale pour les deux lignes SUBB : gratuites, elles font le tour de la ville avec une boucle « nord » et une boucle « sud », qui font l’ unanimité tant elles sont utiles. Une interrogation demeure tout de même, elle concerne les pistes cyclables. Trop peu nombreuses, elles rendent l’utilisation des Vélib’ dangeureuse pour les usagers car ils sont obligés de circuler sur la route ou les trottoirs. Avec l’urabanisation perpétuelle de Boulogne-Billancourt, la question de la circulation ne va peut être pas aller en s’arrangeant. Reste celle des transports en commun, qui semble en bonne voie puisqu’un agrandissement de la ligne 9 est en cours pour le projet du grand Paris. Espérons que les vélos arrivent à trouver une place dans tout cela. Hugo ROUBY

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 21


ECONOMIE

A qui profite le Parc des Princes ? Situé à cent mètres de la commune, le Parc des Princes dépend de la Mairie de Paris. Malgré tout, l’afflux de spectateurs pendant les matches profite aussi aux commerces de Boulogne. Cette situation inédite en France offre une plus value aux deux communes

Le Parc des Princes, qui sert de frontière entre Boulogne et Paris depuis 1897, a une réelle influence sur l’économie locale. Pour les petits commerces, les 50 000 spectateurs qui sortent du match sont tous des clients potentiels. Les fast food et les bars font salle comble avant tous les matches. Les supporters se permettent souvent des écarts sur leur budget. Lors des soirées au stade, les fans sont moins regardants : « Les jours de match on ne compte pas ses sous, on se fait plaisir » s’exprime Eric supporter du PSG. Le coup d’envoi des matches est donné à 21h, les spectateurs se donnent rendez-vous avant pour ‘‘casser la croûte‘‘ aux alentours du Parc des Princes. Même si les prix sont beaucoup plus avantageux à l’extérieur du stade, il existe une grande différence entre les tarifs pratiqués à Paris et à Boulogne. Les magasins autour du Parc haussent les prix légèrement les jours de match pour que leur rentabilité soit accrue. Stratégie inverse de l’autre côté du périphérique, « Tartine et compagnie » ouvre spécialement les soirs de match et double son chiffre d’affaires par rapport à une journée normale. Ce fast food spécialisé dans la nourriture à emporter fait même le menu du «vrai supporter » à un prix qui défie toute concurrence. Pour seulement cinq euros, vous disposez d’un grand sandwich et d’une boisson. « Depuis que l’on a fait ce menu, la soirée PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 22

est rentabilisée en seulement une heure, avant le match» déclare le vendeur. Avec le bouche à oreille, le concept s’est développé et d’autres magasins de l’avenue de la République veulent s’y mettre. « Notre avantage par rapport aux restaurants de Paris, c’est le prix, il n’y a pas photo » déclare un boulanger de Boulogne.

Boulogne vs Auteuil

La plupart des supporters se retrouvent avant le match dans les espaces verts. Ceux de la tribune Auteuil se retrouvent côté Paris et ceux de la tribune Boulogne au Square Coquelin sur la commune des Hauts de Seine. Le clivage entre les tribunes Boulogne et Auteuil n’est pas nouveau. Il a forgé son identité au stade. L’édifice appartenant à la commune de Paris, celle-ci doit prendre tous les frais à sa charge. La Mairie de Paris en tire également quelques bénéfices. Sur une année, le Parc des Princes coûte 500 000 euros en entretien, mais parallèlement, il rapporte dix millions par saison. C’est donc une vraie source de revenus pour la mairie de Paris même si tous les trois ou quatre ans environ, le stade doit être rénové pour une valeur moyenne d’un à deux millions d’euros. Ce conflit d’intérêt pourrait très vite prendre fin car le Paris Saint Germain a pour projet de construire son propre stade dans les cinq prochaines années. Maxime FARGES


Boulogne, petite ville lumière Des millions de touristes affluent chaque année dans le « 21ème » arrondissement de Paris. Depuis la crise, la ville a décidé d’inclure le tourisme dans son expansion et mise dessus pour se développer.

Elise, gérante de l’office de tourisme de Boulogne explique que pendant longtemps les touristes sont venus à Boulogne parce que les hôtels y étaient moins chers qu’à Paris. Mais depuis peu « ils restent aussi dans la ville quelques jours pour visiter et se promener ». Au mois de mars dernier, l’office de tourisme a accueilli 25 touristes étrangers, et 74 français. Les chiffres précis ne sont pas encore définis, mais ils estiment qu’il y a eu, en 2012 environ 12 000 touristes. Le tourisme est devenu l’un des éléments moteurs de la croissance de la ville. Grâce à cela, les commerçants, les artisans et les hôteliers vivent confortablement, comme le souligne Elise : «Il y a encore quelques années, des commerçants et des hôtels fermaient, mais la tendance s‘est inversée, il y a même de plus en plus de concurrence ! ». En ce moment, la ville compte vingt hôtels et d’ici deux ans, il pourrait bien y en avoir deux de plus. Pour plaire aux touristes du monde entier, la municipalité met en avant son côté anglophone. Depuis novembre dernier, la plupart des panneaux indicatifs sont en anglais, et les guides des musées sont bilingues. Pour Elise, il est encore trop tôt pour affirmer que le tourisme à Boulogne aura un réel impact à long terme, mais pour l’instant il crée des emplois, et fait vivre la ville.

La ville plaît-elle vraiment aux touristes ?

Les touristes affluent vers Boulogne, mais comme l’explique Delphine, réceptionniste d’un hôtel, « les touristes étrangers sont très rares, j’ai dû en voir cinq tout au plus ». La municipalité n’est pas assez attractive, et face au géant qu’est Paris, il est difficile d’espérer faire mieux. Philippe, gérant d’un restaurant raconte qu’il voit souvent des touristes, mais peu d’étrangers. Pour lui, si les touristes viennent « c’est pour les hôtels abordables, mais aussi le cadre de vie agréable. Malgré cela, quand ils font le déplacement jusqu’ici, ce n’est pas pour rester dans la ville mais visiter la capitale » . Pour intéresser les touristes qui ont l’habitude de migrer chaque jour vers Paris, l’office de tourisme fait la promotion de ses nombreux musées, comme le musée des années 1930 qui plaît beaucoup aux visiteurs, mais aussi ses quartiers, son histoire et ses promenades. « Ce qu’aiment les touristes ? Ils raffolent du pont Renault, surtout la nuit, où les lumières sont magnifiques » s’enthousiasme Elise. Pour atteindre leur but et faire venir plus de 20 000 touristes d’ici 2015, l’office de tourisme et la mairie vont développer les infrastructures de la ville. « L’économie de Boulogne, c’est d’abord ses entreprises, mais le tourisme monte aussi en flèche ». Ils veulent que Boulogne soit reconnue comme une ville autonome et indépendante de la métropole parisienne. Clémentine BOYER

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 23


CULTURE

Pont de Sèvres, terre de rappeurs

Fin des années 1990, début des années 2000, éclot dans le paysage du rap français, une génération dorée originaire du quartier du Pont de Sèvres. Ici, on se considère comme la « capitale du rap français ». Zoxea et les Sages Poètes de la Rue, Booba et Lunatic, LIM, Salif, tous ces rappeurs qui ont à leur façon marqué le rap français, viennent de ce quartier sensible de la ville. « Boulogne c’est le rap » raconte El Hag, rappeur de la nouvelle génération. Le collectif “ Beat de Boul “, a réuni pendant quelques années tous les artistes du Pont de Sèvres avant de se séparer pour diverses raisons. « Sans Boulogne, c’est 50 % de l’histoire du rap français qui disparait » confie Yassine dit “ Yass “ autre rappeur du coin. Pour les deux amis, le talent explique en partie le succès de la génération “ Beat de Boul “, mais pas seulement. « C’est lié au quartier. C’est lui qui nous inspire, l’ambiance du quartier transpire dans nos textes » explique El Hag. « Pont de Sèvres c’est un endroit où les autres rappeurs viennent se ressourcer » poursuit-t-il.

Connexion avec les générations

« Je ne pense pas qu’on puisse revoir une génération aussi forte et talentueuse que celle de “ Beat de Boul “, c’est plus la même époque, plus les mêmes codes » lâche Yassine. PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 24

Un jeune artiste du Pont de Sèvres peut profiter de l’expérience des anciens qui restent présents et s’impliquent dans la vie de quartier. Le rappeur LIM y a par exemple, ouvert son studio, il propose aux jeunes de venir y travailler, de les aider à écrire. « Les anciens nous permettent d’avoir des structures, LIM je le croise parfois au quartier, il me dit passe ce soir au studio » raconte Yassine. Pour El Hag, c’est Issaka, ancien membre de la Malekal Morte, qui s’implique le plus. « Il aide tous les jeunes, si j’ai un problème avec mes textes je vais le voir, il m’explique le monde du rap. C’est vraiment quelqu’un d’humain ». Booba, la plus grande réussite de la ville réside désormais à Miami mais trouve toujours le temps de revenir là où tout a commencé pour lui. Le “ Duc de Boulogne “ comme il se surnomme ne peut s’impliquer au quotidien mais discute facilement avec la relève. Il donne ses conseils lorsqu’il est de passage au Pont de Sèvres. « Faut pas croire qu’il a oublié d’où il vient, je sais qu’il a déjà posé avec des jeunes d’ici » avoue Yassine. En vingt ans, le rap est presque devenu une institution à Boulogne et fait partie quoi qu’on en dise, de l’identité de la ville. Farez HACHEM

Beat de Boul : Boulogne All Star Créé en 1997, « Beat de Boul » regroupe les rappeurs du Pont de Sèvres et des alentours. L’idée est venue des « Sages Poètes de la Rue » (Zoxea, Melopheelo et Dany Dan), précurseur du rap à Boulogne. Le collectif était donc composé des « Sages Po’ », « Lunatic » (Booba et Ali), « Malekal Morte » (Mala, Bram’s et Issaka), « Mo’vez Lang » (LIM, Cens Nino, Boulox et R.A.T) et de « Nysay » (Salif et Exs). Après deux projets, Dans la Sono (1997) et Dans la ville (2000), « Beat de Boulogne », son nom d’origine, se sépare pour des histoires de contrat mais existe toujours sous forme de label dirigé par Zoxea.


Le Groove c’est pas que de l’impro « Le Groove, c’est accorder son jeu avec celui des autres musiciens. Ce n’est pas inné, ça s’apprend ! Dans la musique, on a besoin de maîtriser la technique pour pouvoir l’oublier ! » déclare Bernard Vidal, guitariste et professeur d’improvisation à l’IMEP (International music educators of Paris). En débutant l’entretien par cette for- tion au niveau de l’enseignement. On a mule, le musicien aux 25 années de car- beaucoup de travail mais on rigole bien ». rière sur la scène internationale pose Les nouvelles pousses de demain les bases de la ligne éducative de cette A la question « pourquoi le Jazz ? », Berécole, très axée sur l’écriture et nard Vidal la composition musicale. répond par « C’est une école Situé rue de Paris, à Boulogne, une formule l’institut propose une forma- très sérieuse, ouverte et imagée. « Le tion complète dans le domaine rigoureuse ». Jazz et le du Jazz. Blues sont les De la pratique instrumentale au chant, musiques mères de tout ce qui se fait auen passant par le solfège, les élèves de jourd’hui. Et là où le savoir et la musique l’IMEP sont en immersion totale dans se rejoignent, c’est dans la métaphore de le monde du Jazz. Ils sont encadrés par l’arbre : plus les racines sont profondes, une équipe pédagogique composée plus les branches pousseront. Et nous foruniquement de professionnels de la mons les nouvelles pousses de demain. musique. « Ce qui est positif dans le fait Voilà pourquoi le Jazz ». que nous soyons tous des professionnels, c’est que nous gardons toujours en tête Un certain prestige l’attitude particulière à adopter pour s’in- L’école IMEP, anciennement American sérer correctement dans le monde de la school, est implantée à Boulogne depuis musique » précise Bernard Vidal. une dizaine d’années. Les fondateurs y

Masse de travail et décontraction

Le paradoxe de l’IMEP, c’est le contraste entre la masse de travail demandée et la décontraction apparente des élèves. David Franco, élève en troisième année de 26 ans, déclare, souriant « C’est une école très sérieuse, ouverte et rigoureuse. Elle est à la hauteur de sa réputa-

ont trouvé un lieu abordable aux locaux disponibles, bénéficiant d’un certain prestige du fait de sa position, entre les Hauts-de-Seine et le XVème arrondissement de Paris. Ils y ont vu un lieu propice au développement d’une école, qui pouvait facilement attirer une bonne clientèle. Alexandre FOUASSIER

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 25


CULTURE

Jean-Jacques Beineix, le franc-tireur du septième art Le grand indépendant du cinéma français se dévoile, le temps d’une exposition, au Musée des années 1930 de Boulogne. Jean-Jacques Beineix, qui a guidé Béatrice Dalle, Gérard Depardieu ou encore Jean-Hugues Anglade dans leurs premiers pas à l’écran, s’est forgé un macrocosme éclectique. Juliette Singer, commissaire de l’exposition, nous propose d’en explorer les composantes. « Il avait son monde, avec ses codes. Comme beaucoup de cinéastes, certes, mais il est l’un des rares à y être resté fidèle quoiqu’il puisse arriver ». Par ces mots, Juliette Singer plante le décor de l’exposition Beineix, axée sur ses longs-métrages comme sur l’homme qu’il était. Six réalisations pour le grand écran, six ambiances. Chaque pièce est dédiée à un film, et l’alchimie opère. On passe de la cuisine de 37°2 le matin aux couleurs froides de Diva et aux ruelles glauques de La Lune dans le caniveau ; l’immersion est réussie. Certaines parties de décors originaux des films ont été spécialement remontées pour l’occasion : « Ici, nous ne sommes pas réellement devant une exposition. Nous sommes chez Beineix, dans son travail et dans son esprit », avoue la commissaire.

Un artiste complet

Au-delà de sa responsabilité de réalisateur, Beineix est un passionné d’art et de culture. D’un recoin sombre de la salle, luisent un piano aux couleurs vives et criardes - la musique était pour lui un pilier inaliénable - ainsi qu’une toile multicolore, peinte par le cinéaste

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 26

lui-même. Un peu plus loin, d’autres toiles sautent aux yeux. L’abstraction polychromatique qui naît de ses pinceaux est saisissante. « C’est un éternel amoureux de l’art pictural. Une année, le festival de Cannes lui a même demandé de peindre les motifs des services de table qui allaient être utilisé au cours des réceptions. Beineix ne se limite pas au cinéma, c’est un artiste complet. Il écrit, il photographie, il filme, il peint. L’art dans sa globalité l’intéresse, c’est ce que veut montrer cette exposition » explique Juliette Singer. Sur le mur, en photo avec Yves Montand quelques temps avant sa mort, Jean-Jacques Beineix acquiesce en souriant.

L’incompréhension

À 66 ans, si Beineix est toujours affranchi des contraintes des grosses sociétés de production, c’est parce qu’il a fondé la sienne, Cargo Films, pour pouvoir travailler dans l’autonomie la plus totale. « C’est ainsi que son cinéma est toujours resté libre. Sa seule vraie contrainte, c’était lui-même, pour un réalisateur, c’est une situation plus qu’avantageuse » analyse la commissaire. Très appréciée en Amérique et au Japon, son oeuvre a souvent suscité l’incompréhension de la critique française. Il est vrai que Jean-Jacques Beineix est à la frontière de mondes multiples. Le Japon le fascine, les graffitis l’intriguent et le passionnent, le dessin et l’animation l’attirent… Voilà un réalisateur français qui pousse implicitement son regard loin des sentiers battus. « Réussir à avoir sa patte de cinéaste, c’est avoir un esprit libre. Pour cela, je pense qu’il faut simplement rester égal à soi-même, et ce en toutes circonstances. Jean-Jacques Beineix en est la preuve vivante ». Comment le nier ? Hugo TESSIER


Avis aux cinéphiles ! Situé à seulement quelques pas de la Mairie, l’Espace Landowski est aujourd’hui un pôle culturel incontournable à Boulogne-Billancourt. Il y accueille notamment un cinéma consacré à la découverte de films et réalisateurs encore méconnus du grand public. Créé en 1998, le cinéma situé dans l’espace Landowski a désormais son public. Labellisé « Art et Essai », mais aussi « Recherche et découverte », il propose des films du monde entier, issus de cultures différentes. Des œuvres avec une qualité artistique bien souvent supérieure à la moyenne, mais qui ne sont néanmoins pas diffusées dans les grands cinémas, le plus souvent pour des raisons de rentabilité. C’est ce que nous explique le directeur du cinéma, Manuel Chapellut : « On cherche des films innovants. Nous sommes notamment les premiers à avoir diffusé les œuvres de Pedro Almodovar. Maintenant, regardez le succès qu’il a ». Les Boulonnais représentent 90% de la clientèle du site. Pour les purs ciné-

philes, c’est une véritable alternative aux grosses productions hollywoodiennes présentées dans les plus grandes salles : « Les gens ne savent pas apprécier un film. Tout ce qui compte pour eux, c’est d’en prendre plein la vue » explique Patrick, un abonné de longue date. Ici, une salle et une seule, mais qui satisfait (pour le moment) le directeur du cinéma : « A mon arrivée en 2003, il n’y avait que 15.000 entrées par an. C’est un travail sur le long terme, il faut du temps pour promouvoir et fidéliser le public ». Pari réussi : le cinéma a accueilli 50 000 personnes l’an passé. Geoffrey BRUN

Pantagruel au Théâtre de l’Ouest Conception et adaptation de Benjamin Lazar et Olivier Martin-Salvan - Jeudi 25 et Vendredi 26 avril 2013. Rien de moins évident que de transposer littéralement une œuvre littéraire au théâtre. D’autant plus lorsque François Rabelais en est l’auteur. C’est pourtant le challenge qu’a relevé le duo Benjamin Lazar et Olivier Martin-Salvan, le temps de deux soirées au TOP de Boulogne. Après une collaboration fructueuse en 2004 et la présentation d’une version très personnelle du Bourgeois Gentilhomme, les deux compères de la compagnie du Théâtre de l’Incrédule ont rempilé en 2013. Pour Pantagruel, ils ont opté pour une mise en scène pointue et loufoque, dans l’héritage d’Alcofribas Nasier. Dans un décor épuré, limité à quelques ustensiles moyenâgeux et à une structure de fer et de paille, leur réalisation subtile et redoutablement esthétique se pose naturellement. Et recréé fidèlement l’ambiance rabelaisienne, qui tient autant à l’expérimentation méthodique qu’aux gueuletons insatiables. Ces phases boulimiques, Olivier Martin-Salvan - tour à tour, narra-

teur, comédien, chanteur lyrique et danseur - entouré tout au long de la pièce de deux saltimbanques s’activant à la flûte et au luth, les illustre d’ailleurs épatamment. Au rythme des grimaces sardoniques et des énumérations de haut vol, il fait rejaillir le style truculent et excessif de Rabelais à grands coups de « fricassées de poissons scatophages ». Du début à la fin, le trio de scène passe du clair à l’obscur par d’inquiétants jeux de lumière orchestrés par la frontale du comédien et les filtres colorés qu’il appose sur sa tronche baroque, dans le néant du coté jardin. Ne serait-ce que pour donner plus de portée à ses singeries, déjà tordantes. Rabelais était dans le vrai : « le rire est thérapeutique ». Etienne BREIL PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 27


MEDIAS

Dossier : le fief des médias

Boulogne et son fief audiovisuel Pôle économique majeur d’Île-de-France avec une douzaine de milliers d’entreprises, Boulogne est le deuxième parc francilien après Paris. Surnommée « la ville du cinéma », Boulogne est réputée avant tout pour son aspect audiovisuel, puisqu’elle détient la plupart des studios de tournage depuis les débuts de la télé. C’est avant tout le site historique de l’audiovisuel. Les premiers studios d’enregistrement que ce soit pour la télé ou le cinéma, et les laboratoires techniques (ndlr : A l’époque, on tournait en 35 mm ) ont été fondés en 1941 par le producteur et réalisateur Léo Joannon, avec l’acteur Jean Brochard et son frère, Marcel Brochard. Mais quelles en sont les raisons ? Pourquoi les médias s’installent-ils ici ?

TF1, première arrivée

çaise par un ponte du BTP qui n’y connaissait rien en audiovisuel.

« Cela n’a plus rien à voir avec ce que j’ai connu en mai 1992 »

TF1, première chaîne française en part d’audience, est la première chaîne de télévision à s’être implantée à Boulogne. TF1, basée jadis à Cognacq-Jay, s’est implantée en mai 1987 à Boulogne. Une décision prise au moment de la privatisation par le repreneur Bouygues qui remporta l’appel d’offres. Depuis 1971, Évelyne Dhéliat, présentatrice météo a connu cette époque : « À Cognacq Jay, ce n’était pas rationnel donc TF1 s’est implantée à Boulogne pour retrouver une certaine rationalité. Boulogne était plus adaptée. N’oublions pas que les équipements de Cognacq-Jay, tout comme les locaux, devenaient vétustes. La plupart des studios se trouvait déjà à Boulogne. C’était un moyen de concentrer l’information dans un seul et même endroit et un moyen pour Bouygues de former en quelque sorte, un réseau entre l’audiovisuel et son groupe industriel.» Selon Alain Ammar, journaliste à TF1, c’est Francis Bouygues, PDG par la suite du groupe TF1 en 1987, qui est responsable du déplacement du siège (en 1992) de la première chaîne de télévision française à Boulogne : « Bouygues, ayant acheté le terrain et étant spécialiste du bâtiment, il était évident que Boulogne allait être choisi. » À l’entendre, le journaliste ne paraissait pas ravi du fait de la reprise de la première chaîne historique franPRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 28

Il ne faut pas perdre de vue que dans les années 1990, les quartiers qui bordaient la Seine que ce soit du côté d’Issy les Moulineaux ou de Boulogne n’étaient guère reluisants. Tout a été détruit et refait à neuf. Pour Patricia Montoya, « cela n’a plus rien à voir avec ce que j’ai connu en mai 1992 lorsque nous avons déménagé de Cognacq-Jay et Montparnasse (ndlr : tous les services de TF1 ayant été regroupés sur le même site) ». Axel VERGNERIE

Canal + dans la Lumière Canal +, à l’instar de plusieurs grands médias français, a élu domicile à Boulogne, en 2003. Après avoir logé dans Paris, la chaîne a investi un immeuble appelé “ Lumière “. Lorsque Bertrand Méheut est nommé à la tête de Canal + en 2003, il décide de quitter la capitale pour Issy-les-Moulineaux et Boulogne-Billancourt. La première chaîne payante vend alors son siège mythique situé Quai André Citroën dans le XVème arrondissement de Paris. La chaîne cryptée s’implante à Boulogne, à quelques centaines de mètres de la tour TF1. Dans ce nouvel édifice appelé “ Lumière “ (ndlr : baptisé ainsi en l’honneur des frères Lumière) sont regroupées les différentes rédactions ainsi que certains plateaux de la chaine. Le siège social est, quant à lui, situé de l’autre côté de la Seine à Issy-les-Moulineaux.


Pour des raisons financières, le groupe Canal + a décidé de regrouper ses activités éparpillées dans Paris et Issy-les-Moulineaux à Boulogne. Selon Delphine Skirka, salariée de Canal + depuis 2005, « le déménagement à Boulogne s’est fait d’abord dans un souci économique, Boulogne étant moins chère que Paris ». La chaîne d’information sportive Infosport + appartenant à la chaîne dirigée par Bertrand Méheut occupe désormais le même immeuble que les rédactions football et rugby. Un seul étage les sépare désormais ce qui facilite les échanges.

L’Equipe bien dans son « angle » Implantée depuis 2009 rue Yves Kermen, le plus célèbre quotidien sportif français suit la logique financière des grands médias. L’histoire des déménagements répétés du quotidien l’Equipe est aussi complexe que celle de son parcours journalistique. Un temps rue du Faubourg-Montmartre, le journal a migré en dehors de Paris faute d’espace pour accueillir les 700 salariés du quotidien. Une question d’espace mais pas que... Les salariés du quotidien sont pour la majeure partie domiciliés dans les Hauts de Seine. Par peur de trop les excentrer, l’Equipe a abandonné l’hypothèse de s’installer à Saint-Ouen près des bureaux du journal Le Parisien. En 1987, le journal choisit Issy Les Moulineaux.

Un cadre agréable, « l’esprit Canal »

« Non loin du périphérique et des sorties Quai d’Issy et Pont du Garigliano, la facilité d’accès du site est un facteur qui a compté », ajoute Delphine. Pour Géraldine Balthazard, une autre salariée de Canal + depuis 1999, situé sur les bords de la Seine et disposant d’un grand espace vert, le lieu est « propice à l’entente entre les équipes et à un esprit ‘corporate’, en plus de l’esprit Canal. C’est un immeuble en verre avec vue sur la Seine qui donne envie de venir travailler ». Edouard DENUAU L’histoire se répète en 2009 mais pour des motifs différents. En plein contexte de crise et soucieuse de centraliser ses activités, l’Equipe jette son dévolu sur Boulogne, « Boulogne a été choisie parce que c’est un quartier qui voyait le jour et avec des prix attrayants au niveau de l’immobilier » affirme Stéphane Bitton ancien rédacteur en chef et créateur du site l’Equipe.fr. Une zone ultra avantageuse pour ses coûts immobiliers et pour l’espace qu’elle offre. Aujourd’hui l’héritier du journal l’auto a investi « l’angle », un bâtiment ultra design situé en pleine zone Seguin Val de Seine.

« Le troisième navire »

La présence du quotidien de sport sur l’île Seguin n’est pas le fruit du hasard. Le groupe Amaury détenteur du journal l’Equipe y avait déjà implanté sa régie publicitaire Amaury Media ainsi qu’A.S.O. (Amaury Sport Organisation) installée au niveau du pont de Billancourt. « L’Equipe est le troisième navire de l’amiral Amaury, poser nos valises à Boulogne sonnait comme une évidence » concède Stéphane Bitton. Métaphore toute trouvée puisque « l’angle » est connu pour avoir la forme d’un bateau. Le petit plus environnemental qu’offre ce bâtiment dans la gestion de la qualité de l’air a aussi pesé dans la balance. Tant de critères qui ont joué dans la décision finale votée à l’unanimité chez les salariés du groupe et les actionnaires. Anthony SCHWING

L’Eden des grands médias

Boulogne-Billancourt est devenue en l’espace de vingt ans le pôle médiatique le plus affluent de France. La ville est une plaque tournante de l’ouest parisien offrant une visibilité aussi bonne qu’à Paris pour des coûts nettement plus avantageux. Trois sociétés du CAC 40 se sont d’ores et déjà implantées sur l’île Seguin offrant ainsi un terreau dynamique non négligeable. S’installer à Boulogne, c’est gagner en temps, en argent et en espace. PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 29


MEDIAS

Dossier : le fief des médias

Mon journal à moi La majorité des grandes villes françaises possède son propre magazine municipal. En quelques mots, il sert de porte-voix de la mairie. Mais d’autres types de médias locaux tendent à se développer. L’e-BB en est le parfait exemple. Lancé en 2009, l’e-BB est le journal électronique de la ville de Boulogne-Billancourt. Anne-Sophie Catalan, co-fondatrice du journal, est la mieux placée pour nous parler de ce e-journal « c’est un site d’information participatif supporté de manière associative. Nous sommes indépendants, aucun lien ne nous rattache à la mairie ». C’est donc ça la particularité de ce journal. Bien que la rédaction soit composé de dix-neuf « rédacteurs stables », ce site d’informations locales est ouvert à tous.

Chacun peut à sa guise rédiger un article sur le sujet de son choix étant donné que « le but est de faire plaisir et de prendre du plaisir ». Comptant plus de 114 000 habitants, Boulogne-Billancourt est une ville dynamique où il se passe beaucoup de chose à toutes les échelles. L’e-BB s’est donc mis en tête de traiter l’information d’une autre façon. « L’objectif de notre journal est de mettre en valeur les initiatives des particuliers et celles méconnues. On souhaite mettre en valeur toutes les

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 30

facettes de notre ville ». Le journal met également en avant l’actualité plus générale de la ville.

« Ce n’est pas un déversoir »

Le cœur de la rédaction est constitué de dixneuf rédacteurs, âgés de 18 à 65 ans, tous aussi différents les uns que les autres. Seulement deux d’entre eux sont journalistes. Le reste de l’équipe est constitué de véritables acteurs de la ville : professeur, conseiller municipal, psychosociologue, expert en finance. Un melting-pot de professions qui constitue la force de ce média. Chaque personne est spécialisée dans un domaine : actu sociale, actu politique et actu artistique entre autres. Les rédacteurs apportent leur regard tout en essayant de respecter la charte éditoriale fixée. « C’est un journal d’information, ce n’est pas un déversoir. Le parti pris n’y a pas sa place. Nous sommes là pour exposer, expliquer, et, mettre en valeur la pluralité des points de vue sur un sujet mais pas pour dire “ moi, je pense “ ». L’association ne dispose pas de locaux officiels mais l’équipe de rédaction se réunit le plus régulièrement possible dans son quartier général, le bistrot 19 situé à quelques encablures de la place Marcel Sembat. Un lieu qui lui permet de se « retrouver dans un espace tranquille de rédaction ». Les rédacteurs préfèrent éviter le travail où chacun planche chez soi seul de son côté et privilégient l’échange des points de vue. Malgré son jeune âge, l’e-BB a réussi à se constituer une solide base de fidèles lecteurs. Chaque mois, près de 8 000 visiteurs différents viennent s’informer sur le site. Un chiffre considérable acquis essentiellement grâce au bouche-à-oreille. Quentin HOQUANTE


Le Boulogne d’Hervé Rodriguez « Boulogne-Billancourt est un peu le XXIe arrondissement de Paris »

Directeur d’un restaurant depuis moins d’un an, Hervé Rodriguez a obtenu sa première étoile au guide Michelin en février dernier. Il se décrit comme un manipulateur de saveurs. « Votre restaurant Masa a ouvert ses portes il y a un peu moins d’un an. Quelle vision avez-vous de cette ville ? C’est une ville dynamique et agréable, je la considère comme étant le XXIe arrondissement de Paris. C’est une ville influente en Ile de France et je ne voyais pas d’autres endroits pour y ouvrir mon restaurant. Connaissiez-vous la ville avant d’y poser vos “ couteaux de cuisine “ ? Je n’ai pas eu de véritables expériences au préalable dans cette ville. Pourtant, à l’heure actuelle, je ne me vois pas travailler ailleurs. La dynamique de ma clientèle est horsnorme. C’est elle qui m’aiguille dans mes choix de cuisine. En effet, chaque soir après mon service, je vais voir mes clients pour recueillir leurs ressentis. L’accueil et la proximité sont la base de la réussite. Que cherchez-vous à faire ressentir chez les clients qui se rendent dans votre établissement ? Je veux donner de l’émotion au client et lui offrir un « souvenir » culinaire. Je n’impose

aucune limite à mon imagination (rires). La dernière recette que vous avez expérimentée dans votre restaurant boulonnais ? L’oeuf de poule de Charentes Maritimes, cuit à basse température avec un coulis de poivron de tomate, du jambon ibérique et du manchego (un fromage espagnol). Un pur délice. On sait que les Boulonnais sont des gens exigeants. Le rythme de travail est-il plus élevé qu’ailleurs ? On fait en moyenne 70 couverts par jours. Le rythme est, en effet, très élevé. Pourtant, leur exigence est justifiée. On se doit de leur servir le meilleur plat possible. Ce sont mes clients qui sont ma principale source d’inspiration, je leurs dois tout. Quels sont les endroits où vous adorez flâner lors de votre temps libre ? J’aime bien me balader aux trapèzes dans L’île Seguin, l’un des quartiers phares de Boulogne-Billancourt. C’est un endroit fabuleux où je peux me vider l’esprit et réfléchir aux plats que je vais préparer le soir. Cet endroit est un véritable jardin ou on peut se balader de longues heures en oubliant ses problèmes. C’est l’un des seuls espaces de verdure, dans cette ville très urbaine. Antoine TALL et Anthony SCHWING

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 31


SPORT

« C’est Monsieur ou Raymond »

Il est 14h, le soleil brille au Stade de la Marche à Vaucresson (92), quand les U11 de l’Athletic Club de Boulogne-Billancourt (ACBB) courent sur les terrains. C’est près d’un plan d’eau, sous les arbres que nous retrouvons Raymond Domenech, ancien sélectionneur de l’équipe de France de football. L’entraînement du mercredi après-midi est devenu ordinaire pour ces U11 de l’ACBB. Après Zidane, Ribéry et autres footballeurs internationaux, à leur tour d’être sous les ordres de Raymond Domenech. Depuis 2010, l’ancien sélectionneur a intégré le staff de l’ACBB pour « simplement être sur les terrains ». Les dirigeants boulonnais le voyaient responsable d’une catégorie de joueurs plus âgés, mais pour Raymond l’essentiel c’est « le plaisir d’être là, de voir les petits jouer sans prise de tête. La compétition est là aussi, mais le temps d’un entraînement et c’est ça que je recherchais ».

dire bonjour, prendre une douche, respecter les autres, se taire quand on parle, des choses basiques mais qui ont leur importance ».

Et l’avenir ?

Quand on lui pose la question sur ses futurs projets, il nous répond avec un grand sourire « attendre la fin du match ». Sans prise de tête, le conseiller des U11 de l’ACBB a signé pour la saison, et respectera son engagement. Il a appris ici, entouré des jeunes, un nouveau métier ; « Je me suis rendu compte qu’entraîneur de jeunes c’était un métier. Chez les pros quand on leur demande de faire ça ou ça à l’entraînement, ils vont le faire plus Le monde est fou ou moins bien, ils vont faire la gueule et s’ils Un calme s’est installé progressivement, n’ont pas compris, on va se dire c’est eux qui après des premiers ne comprennent rien (rire). Tanjours très mouve- « Je me suis rendu compte dis que là, s’ils n’ont pas compris, mentés, « ça a été que vous l’avez mal expliqué. qu’entraîneur de jeunes c’est tellement médiaLa différence elle est là, c’est une c’était un métier » tisé… le premier remise en cause permanente ». match où je suis Il prodigue des conseils que ses allé, je voyais les caméras, je me suis dit, le différentes expériences lui ont apportés. monde est fou. On était à un match de jeunes L’ACBB football attire, mais quand on lui dede 10 ans, et les bus à antenne de la télévimande si c’est parce que Raymond Domesion étaient garés à côté ». « C’est Monsieur nech fait partie du staff, il nous répond simou Raymond » crie-t-il aux enfants, l’image plement que non, « l’ACBB est un bon club de sélectionneur de l’équipe de France ne qui à une bonne philosophie, avec un projet s’est pas effacée du jour au lendemain... sur l’avenir, un vrai club amateur avec des Pourtant Raymond Domenech ne vient à éducateurs omniprésents ». l’ACBB que pour conseiller les jeunes, être Marie BLANCHARD présent lors des matchs et leur inculquer les valeurs du football, le vrai, et non celui des stars ; « être tous habillés de la même façon, PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 32


Pelote basque, du sud-ouest à Boulogne Sport ancestral, émigré du sudouest, la pelote basque se pratique également en région parisienne. Mais où la pratiquer ? Et quelles sont ses origines ? Tout est là. Il y a très longtemps, dans un pays soumis à la monarchie absolue, les français s’ennuyaient. Ils décidèrent alors d’inventer le jeu de paume, ancêtre de la pelote basque, qui consistait à s’envoyer une balle au dessus d’un filet. Naquit alors un engouement autour de ce jeu. Le frère de Montaigne va même décéder en se prenant une balle dans la tête : les Français avaient la fâcheuse habitude de remplir leurs balles de pierres...

23 spécialités

Quoiqu’il en soit, les temps ont changé, il existe aujourd’hui dix-sept clubs de pelote basque en Île-de-France soient 800 licenciés, dont les plus jeunes ont six ans. C’est le cas de l’ACBB où je me suis rendue pour tester ce sport. Tout juste arrivée, je rencontre Mathieu, professeur de pelote basque depuis 5 ans. Il me fait visiter les infrastructures et m’initie au vocabulaire technique de la pelote ; « Il existe 23 spécialités, la pala, la chistera, ou encore la main nue sont les principales ». L’association compte 80 licenciés. Si 90% des pratiquants viennent du Sud-Ouest, les parisiens sont de plus en plus nombreux à essayer la pelote.

Endurance et tonicité

Parlons de la pala, le principe est simple. Le terrain est appelé trinquet (terrain couvert et vitré), deux joueurs envoient la pelote dans un mur à l’aide d’une pala et doivent la rattraper à tour de rôle. Celui qui loupe la pelote perd le point. Une partie compte quarante points, et dure environ 1h20. Cette discipline nécessite une grande force d’endurance, beaucoup de tonicité, ainsi qu’une bonne lecture de la trajectoire de la pelote.

Mathieu me propose d’essayer, et visiblement ce sont des qualités que je ne semble pas posséder, où alors qu’un coup sur cinq... Une autre spécialité, encore plus impressionnante, la main nue. Comme son nom l’indique, elle se joue sans raquette, avec une pelote en cuire. Cette branche spécifique de la pelote basque reste réservée aux garçons.

Deux cents kilomètres heure

La dernière, mais non la moindre, la Chistera. Les lunettes de protection sont obligatoires, la pelote est lancée à plus de deux cents kilomètres heure dans le mur, et pèse environ un kilo. Après 1h de jeu intense, deux conclusions s’imposent à moi : la pelote basque est un sport épuisant, et je ne suis définitivement pas douée. Après l’effort, le réconfort : Mathieu me propose d’aller boire un verre en terrasse de la buvette du club, « c’est la tradition ! » me dit-il. L’ambiance qui y règne est très conviviale, de quoi allier l’utile à l’agréable... Solène PASCAL BENAILY

PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 33


SPORT

« Les handicapés seront bien reçus »

Médaillé d’argent aux Jeux Paralympiques de Londres en aviron, Stéphane Tardieu, amputé de la jambe droite, nous explique sa vie de champion handisport. Il est licencié à l’Athletic Club de Boulogne-Billancourt depuis trois ans. « Comment vous êtes-vous retrouvé à l’ACBB à deux ans des Jeux Olympiques ? Ils m’ont trouvé quand je faisais des compétitions sur les bassins. J’étais à Creil, en Picardie, je voulais me rapprocher de chez moi. J’ai sympathisé avec le président et j’ai rejoint le club. Sur la base nautique, le kayak et la voile sont présents. C’est super bien géré, c’est une des raisons pour lesquelles je suis arrivé à l’ACBB. L’ACBB a cette réputation de gros complexe nautique. Qu’en est-il réellement ? C’est un grand club, il y a 600 ou 700 adhérents. Une personne a même 80 ans ! C’est le 7ème club de France d’aviron à l’heure actuelle. A l’ACBB, le kiné vient une à deux fois par mois. C’est devenu complètement professionnel. Les handicapés peuvent venir faire de l’aviron, ils seront bien reçus. La base nautique de Sèvres est-elle justement équipée pour accueillir des sportifs

handisport ? Le site n’a que cinq ans. Il a été étudié pour tout le monde et donc pour les handicapés. Des ascenseurs, des douches adaptées ont été mises en place. Néanmoins j’ai besoin de quelqu’un pour m’amener sur l’eau. Il faut du personnel, mais pour bouger dans le club il n’y a pas de problème. Justement en parlant du personnel, qui vous accompagne au quotidien ? Les entraîneurs, les bénévoles et les jeunes. Cadets comme séniors, tout le monde m’aide pour mettre le bateau sur l’eau. Quatre entraîneurs d’aviron sont sur le domaine au quotidien à l’ACBB. C’est un grand club avec un super président dynamique, de nombreux bénévoles. Quand tout le monde veut donner du sens et que tout le monde veut donner un peu d’effort ça marche ! » Marie BLANCHARD

Vital, la remise en forme sans effort Créé en 2007, le centre Vital propose des soins spécifiques pour le bien-être et la remise en forme. Bluffant. Prendre soin de son corps et rester en forme ne rime pas toujours avec Boulogne Billancourt. La commune est dépourvue de parcs et d’espaces verts. Pour se dégourdir les jambes les Boulonnais sont contraints de zigzaguer sur les trottoirs, entre les piétons et les gaz d’échappement. Les bruits des véhicules transforment très vite le jogging du dimanche matin en une épreuve olympique. Quant aux salles de sport, elles sont souvent trop chères et les horaires ne se calquent pas toujours sur les emplois du temps. Il reste une solution, les centres de soins. Depuis maintenant cinq ans, Vital propose des cures de détox qui purifient le corps en éliminant les toxines. « Après avoir fait un bilan des déséquilibres de la personne, on commence les soins spécifiques », explique PRINTEMPS 2013 / 2B MAG’ / 34

Alexandra Gavsevitch, gérante du centre Vital. Ces soins permettent de nettoyer les cellules avant de les redynamiser. Le sauna japonais par exemple, permet de brûler en une séance de 30 minutes autant de calories qu’en courant un semi-marathon (21,1 km), et facilite la récupération après un effort. Un concept qui a déjà convaincu les sportifs de haut niveau, comme Tony Parker et Mathieu Valbuena. Autre méthode, le bain de pieds électrolytique. Il stimule les fonctions métaboliques, l’élimination et la microcirculation sanguine. « J’ai ressenti un effet bénéfique dès la première séance et maintenant quand je suis épuisée, je sais qu’une séance me fera me sentir mieux » confie une cliente. A quelques mois de la saison estivale le centre Vital semble être l’allié idéal pour faire de l’épreuve de la plage un combat gagné d’avance. Hugo ROUBY


PUBLICITÉ



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.