Étienne GARCIN
le nouveau dictionnaire PROVENÇAL-FRANÇAIS
Institut d'estudis occitans de París Documents per l'estudi de la lenga occitana ISSN 2117-9271 - N°101
Étienne Garcin Le nouveau dictionnaire provençal-français Diccionari occitan-francés d’Estève Garcin amb una gramatica e una colleccion de provèrbis Presentacion per Joan Francés Blanc Compte rendut paregut dins Le spectateur marseillais Reproduccion anastatica de l’edicion de 1823 © 2012 Antenne parisienne de l’Institut d’études occitanes (IEO Paris) Documents per l’estudi de la lenga occitana (ISSN 2117-9271) n°101 -2-
ENSENHADOR Lo diccionari provençal-francés d’Estève Garcin (Joan Francés Blanc).............................................................5 Compte rendut paregut dins « Le spectateur marseillais ».................................................................9 Le nouveau dictionnaire provençal-français (Étienne Garcin).......................................................................13
Illustracion de la pagina 4 : Acte de decès d'Estève Garcin (registre d'estat civil de la comuna de Draguinhan, servat e numerizat per l'archiu departamental de Var). -3-
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Lo diccionari provençal-francés d’Estève Garcin Joan Francés Blanc
La publicacion d’aquela primièra edicion del diccionari d’Estève Garcin se fa en 1823 a Marselha, que Garcin i fa lo regent, amb sonque sas inicialas, M. G. Lo dictionari a un títol dels longs: Le Nouveau Dictionnaire provençal-français, contenant généralement tous les termes des différentes régions de la Provence, les plus difficiles à rendre en français, tels que ceux des plantes, des oiseaux, de marine, d’agriculture, des arts mécaniques, les locutions populaires et suivi de la collection la plus complète de proverbes provençaux. Se ditz novèl que fa referéncia al diccionari d’Achard, paregut a Marselha abans la revolucion. Ne vòl èstre la seguida mas, coma o ditz Renat Merle, n’es sovent qu’una mèra còpia. Respond la publicacion non pas a una demanda dels usancièrs de la lenga de la melhor mestrejar, mas puslèu a una demanda sociala d’aculturacion cap al francés. Las classas mejanas sentisson lo besonh de passar al francés mas lor fa sofracha una aisina per passar al francés, per esporgar lor paura lenga d’òï dels « provençalismes ». Garcin o escriu dins sa prefàcia: “L’ouvrage que nous avons l’honneur d’offrir au public est d’une nécessité indispensable, -5-
depuis que la langue française est devenue d’un usage général dans toutes les provinces, non seulement dans tous les actes publics, mais encore dans tous les genres d’affaires. Les habitans de la Provence, tout en s’efforçant de suivre cette impulsion générale et nécessaire, ne peuvent parvenir à se défaire des locutions qui leur sont familières, et la langue française, dans leur bouche ou dans leurs écrits, sera toujours mêlée de provençalismes, tant qu’ils n’auront pas un bon Dictionnaire qui, en leur donnant les équivalens français, mettra sans cesse sous leurs yeux les fautes dans lesquelles ils sont involontairement entraînés par l’effet de l’habitude”. Garcin critica tanben sos davancièrs Pellas e Achard que sa lenga es tròp marselhesa e pas pro panprovençala. Aquela primièra edicion es plan aculhida per la revista Le spectateur marseillais (veire article çai-après), mas plan criticada per S. J. Onorat, qu’escriu en 1834 : « Ceux qui connaissoient son dictionnaire provençal n’ont pas été pris, car c’est un tas de solécismes et de barbarismes plutôt qu’un dictionnaire ; il n’est pas seulement par ordre alphabétique » (letra a Requien citada per Renat Merle). Estève Garcin èra nascut en 1784. Publica après son diccionari de causas en francés: Histoire et topographie de la ville de Marseille (Marselha, 1834) e lo Dictionnaire historique et topographique de la Provence ancienne et moderne (Draguinhan, 1835) tanben criticats per Onorat, Saint Hermentaire (Draguinhan, 1836), Lettres à Zoé sur la Provence (Draguinhan, 1841).
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Reedita puèi son diccionari, plan melhorat, en apondre notadament l’r a l’infinitiu (« que tanpauc en francés se pronóncia pas emai s’escriguès »). Son òbra màger en occitan, sa Robinsona provençala, demorarà manescricha entrò sa publicacion recenta (per J. L. Domenge). Estève Garcin moriguèt a Draguinhan lo 28 de novembre de 1859. Bibliografia René Merle, L’écriture du provençal de 1775 à 1840, inventaire du texte occitan, publié ou manuscrit, dans la zone culturelle provençale et ses franges, C.I.D.O. 1990 René Merle, « Garcin dans son temps », prefàcia a La Roubinsouno prouvençalo, ed. Per Jan-Luc Domenge, AVEP, 2010.
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Documents per l'estudi de la lenga occitana Un centenat de numeròs ja paregut. Sul domeni dialectal provençal: n°19. Josèp Romanilha, Glossaire occitan-français (paregut dins Li prouvençalo) n°36. Jean-Baptiste Calvino, Dictionnaire niçois-français n°67. François Vidal, Étude sur les analogies linguistiques du roumain et du provençal. n°69. Joseph Lhermitte, Grammaire provençale (sousdialecte rhodanien). n°73-74. Prosper Avril, Dictionnaire provençal-français n°78. Damase Arbaud, De l'orthographe provençale
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Compte rendut paregut dins « Le spectateur marseillais »
Le Nouveau Dictionnaire Provençal-Français, Précédé d’un abrégé de Grammire, etc, par M.Garcin (un vol. in 8°, prix 6 fr, chez les principaux libraires de la Provence). Parmi les divers idiomes parlés en France, il en est un qui, héritier d’une langue à laquelle nous devons notre première littérature, se glorifie d’avoir été longtems l’organe de l’administration dans une des plus belles portions du royaume, et d’avoir prêté plus d’une fois ses accens aux inspirations du génie. L’idiome provençal, formé de la langue romane, ou plutôt de son dialecte, est encore toute empreint de sa poétique origine. Entre les chants des troubadours et ceux des modernes poètes provençaux, quelle est la différence de langage ? une orthographe qui se rapproche davantage de l’étymologie latine, quelques mots de la langue des Romains que le provençal a rejetés ou qu’il a modifiés, voilà ce qui distingue les compositions du 12e siècle de celles de nos jours. Faites entendre à l’un de nos paysans les amoureuses plaintes d’Elies de Barjols, elles ne le toucheront pas moins que les facéties de Gros ne le réjouissent. Ceci nous conduit à dire que s’il existe une vraie différence, ce n’est pas dans les élémens grammaticaux, mais dans le caractère des ouvrages produits qu’il faut la chercher. Une amoureuse langueur dans les chantres du 12e siècle, une gaîté piquante et naïve dans leurs successeurs, voilà ce que tout homme tant soit peu initié dans les deux littératures aura pu remarquer dès le premier abord. -9-
La langue est la même, mais les productions sont différentes ; autrefois, c’étaient des élégies, aujourd’hui ce sont des chansons ; les troubadours, dans leurs écrits, adoptèrent les arabes pour maîtres ; les Provençaux, nourris d’une littérature supérieure, ont assujetti leurs petits poëmes aux règles du parnasse français ; les uns et les autres imitateurs, les premiers ont donné un élan qui a concouru à amener l’école de la renaissance, à laquelle les seconds se sont formés. Nous ne pousserons pas plus loin le parallèle ; nous n’avons rapidement indiqué la parenté des deux idiomes que pour faire connaître les titres que le provençal présente pour tous ceux qui voudraient, par bon ton, le couvrir d’un injurieux mépris. Le nom des troubadours est placé avec honneur dans toutes les littératures, pourquoi dédaignerait-on les pages spirituelles de leurs successeurs ? La langue romane a été l’objet de longues et sérieuses études pour l’auteur des Templiers ; la provençale ne pourrait-elle plus être que celle des halles et des bergeries ? Il est vrai que depuis un demi-siècle, la langue française a fait de vastes conquètes à l’intérieur du royaume. A l’époque du voyage de Monsieur en Provence, parmi les dames qui lui furent présentées, on en comptait à-peine quelques unes qui parlaient le français ; aujourd’hui il n’est peut-être aucun individu dans la basse classe, qui ne soit à même, dans le besoin, de se faire entendre de l’habitant de Paris. L’uniformité de lois et d’administration dans toutes les provinces, l’ascension des classes inférieures, le séjour des troupes, la fréquence des spectacles, telles sont les principales causes qui ont appris à tout le monde d’entendre et de parler la langue de Racine. - 10 -
Cependant, dans cet envahissement universel, il s’en faut que l’idiome provençal ait entièrement cédé le terrain ; le vaincu s’est mêlé au vainqueur, et de là ce mélange qui caractérise le jargon que l’on parle dans nos villes. Une infinité de locutions provençales ; de mots qui n’ont de français que la terminaison, l’accent de l’italien appliqué au français, voilà ce qui, mieux que sa vivacité et sa franchise, fait reconnaître le Provençal à Paris. Dans cet état de choses, un bon dictionnaire de leur idiome doit être, pour tous les Provençaux, un livre manuel. Là pourront s’éclairer les doutes, se résoudre les difficultés. S’agit-il de traduire un nom de plante, de poisson, etc, un terme technique, qu’ils ne consultent pas la tradition populaire, elle n’a que francisé le nom provençal ; qu’ils ouvrent leur dictionnaire, et si ce dictionnaire est un bon ouvrage, ils trouveront le vrai équivalent français. Alors vous n’entendrez plus le barreau retentir de chicanes sur le beal (biez), le notaire élaguera les confronts et confrontant (attenant, attenantes), l’auge d’un puits ne sera plus une pile, en un mot, notre langage cessera d’être un tissu de choquants barbarismes, et l’on pourra, quant à la pureté du langage, être à Marseille ce qu’on est à Paris. Tel est le but vers lequel M. Garcin a voulu nous acheminer. Après de longues et laborieuses recherches sur notre idiome, de nombreux voyages dans les divers points de la Provence, il vient de nous donner un dictionnaire provençal-français. Les faiseurs de dictionnaires nous avaient habitués aux lourds in 4° ; celui de Garcin s’est présenté sous la modeste forme de l’in-8°, sans renfermer plus de 400 pages ; c’est que M. Garcin n’est ni - 11 -
bavard, ni déclamateur … Les termes vieillis sont écartés, et les termes d’usage rarement omis. Ici, on ne peut s’empêcher de remarquer que le dictionnaire de M. Garcin ne pourrait servir à l’intelligence de certains poètes de nos jours, qui croient faire preuve de l’influence secrète, en accolant des mots que personne n’entend plus et qu’ils ont soin d’expliquer en note. Le provençal ne peut pas encore être regardé comme une langue morte. Quoique moins parlé dans les villes, il est encore dans toute sa pureté dans les campagnes ; c’est donc là que se trouve le trône de l’usage. M. Garcin est de Grasse ; son dictionnaire en apparaitrait-il moins bon aux Marseillais ? Mais Marseille est, de l’aveu de tout le monde, le lieu de la Provence où l’idiome s’est le plus corrompu ; un accent étranger à tout le reste de la contrée, des mots français avec des terminaisons provençales, voilà ce qui le caractérise, et cela devait être dans une ville où les étrangers affluent de toutes parts et y parlent une autre langue que les habitans. Aussi les dictionnaires de Pellas et d’Achard sont défectueux, parce que ces deux auteurs, comme le dit avec raison M. Garcin, n’avaient puisé que dans le dialecte marseillais. Pour faire un bon dictionnaire, il fallait n’être étranger à aucun des dialectes de la Provence et ne se laisser influencer par aucun, et c’est ce que nous avons reconnu dans M.Garcin ; son ouvrage sera utile à l’habitant de Barcelonnette comme à celui d’Arles et de Marseille.
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(Estève Garcin)
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