Institut d'estudis occitans de ParĂs Documents per l'estudi de la lenga occitana N°70
Henri GIlBERT
La covisada
Edicion originala Lyon/Paris, Badiou-Amat/Joseph Gibert 1928 Document dins lo maine public numerizat per archive.org
Documents per l'estudi de la lenga occitana Daus libres de basa numerizats e betats a dispausicion sus un site unique.
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Henri GILBERT
LA COVISADA EN DIALECTE BRIVADOIS Arec une traduction française
et des notes étymologiques
^-Si^ LYON LIBRAIRIE 7,
ANCIENNE
PARIS ) î
BADIOU- AMANT
Rue du Plat,
7
|
librairie 27,
1923 (Tous
di'oits
réservés)
j.
gibert
Quai Saint-Michel, 27
.
PRÉFACE
Le parler de Chilhac
appartient, quant à ses
éléments, à l'un des dialectes
langue
En
purs de la
d'oc.
on y remarque la survidans leur forme ancienne, d'un grand
l'étudiant de près,
vance,
nombre de mots les
les plus
troubadours
téraire
et
:
employés par que la langue lit-
et d'expressions
ce qui établit
langue populaire du
la
n'étaient pas, chez nous,
moyen âge
complètement différentes.
La première ayant un domaine plus étendu, nécessairement cesser,
plus
cependant,
riche
de
se
en
sans
vocables,
confondre
était
avec
la
seconde. Les particularités qui différenciaient les dialectes
n'étaient
l'unité de la
La langue
même
pas
un obstacle
à
langue parlée écrite était loin,
une graphie uniforme, car
il
« elle
est vrai, d'avoir
avait à souffrir 1
.
du caprice des scribes » du moins, les différences qu'on y remarque sont-elles peu importantes; :
comme
encore peut-on les considérer plutôt
comme
signes de prononciation que
des
des signes
graphiques.
Depuis
la
rences n'ont
décadence de notre langue, ces fait
que
diffé-
Peu
croître et se multiplier.
à peu, faute d'oeuvres écrites correctement, on a
perdu de vue
la
«ux-mêmes, ont
forme des mots, puis ces mots été, parfois,
corrompus au point
d'en être méconnaissables.
On
connaît
la
méthode des patoisants
en prenant pour unique guide
même
lorsqu'elle est fautive...
la
prononciation^
Une
dispense, sans doute, d'étudier
telle
les
méthode
règles de la
langue, mais elle ne peut qu'engendrer
décomposition, l'obscurité
sordre, la
au balbutiement, les
félibres
lettrés
et
ni
ne
1«
écrire
:
public
le
elle
;
tend
instruit
sauraient s'en
dé-
ni
accom-
moder. C'est ce
que l'abbé Four explique
fort bien
l'exposé qui précède sa belle édition de
nouze.
Comme lui,
nous avons le souci
dans
Verme-
d' « allier
au respect des formes étymologiques une ample reconnaissance des mutations accomplies
nous pensons, de plus, qu'au
lieu
».
Mais
d'employer
—m— une graphie imitée du généralement,
fait
ainsi qu*on le
français,
est préférable
il
de s'inspirer
des principes, très simples, qui ont régi autrefois
notre langue. Il
n'y a pas lieu d'exposer,
dans leurs détails
(1)
:
ici,
ces principes
quelques remarques sur
phonétique suffiront. L'emploi de
la
en particulier, nous permettra de
la lettre o,
faire
une sé-
rieuse simplification.
La
voyelle 0.
—
Il
y
a,
en langue
d'oc,
doux
Vo ouvert et Vo fermé.
:
L'o ouvert se prononce
comme dans
français or, clos^sot, trop. Ex.
:
les
mots
hôrt^grôs^pelharôt^
esclép.
L'o fermé se prononce ou
:
trobador, razon^
espinos (pron. troubadou, razou, espinou, mutité la consonne finale). Dans les diminutifs en
de
mé
et
Vn muette
:
on,
Vo est toujours fer-
ainsi chinon, peisson,
poton se
prononcent chinou, peissou, poutou,
La terminaison on des verbes (S""" pers. plur.) a un son nasal un peu plus assourdi que celui du français on. (1)
On pourra
consulter
l'ancien provençal putoiiée
cksieck, 1921).
la
très intéressante
Grammaire de
par Joseph Anolade (Paris, C. Klin-
—
—
IV
Tels sont les cas les plus fréquents. D'ailleurs,
dans notre texte Vo ouvert est marqué d'un accent (6)
ainsi, toute
;
La Mais
confusion sera évitée.
voyelle U.
prend
elle
—
Même
son qu'en français.
son ou lorsqu'elle forme
le
le
dernier élément de l'une des diphtongues «w, eu, iu^ ou,
lesquelles se prononcent àou,
éou, iou,
ôou (en une seule émission de voix, accent sur
premier élément). Cependant, à Ghilhac,
les
le
gens
purement donnent à w de iu un son intermédiaire entre u et eu et terminé par qui parlent le plus
une
sorte d'aspiration
L
et
N
rend par sonalha
A
la
;
mouillées.
(1).
—
/A, et celui
Le mouillement de
de n iparrih. Ex.
:
/
se
talhar,
lanhar, vergonha.
fin
des mots, Ih est bref
:
malh, gralh,
chavalh.
Abréviations.
— Las,
/os, nos, etc.,
mot précédent, peuvent
le
On
appuyés sur
se réduire à
en trouve de fréquents exemples
is,
ns, etc.
dans
les
écrits des troubadours.
Ce sont, d'ailleurs, nos vieux auteurs qui ont été
(1)
constamment nos guides. Nous avons essayé On donnera
fuaiil
aussi à m le son ou dans
les
fontaine, puant, pont, suan, sommeil.
mots suivants
:
V d'apporter
langue
—
à
l'œuvre
la
de restauration de notre
œuvre qui nous
modeste contribution. encouru
—
critique,
Si,
est
chère
parfois,
—
notre
nous avons
qu'au moins notre bonne
volonté soit notre justification.
Henri Gilbert.
—
—
2
LO COVISE
Un
jorn d'esliu, ves Chilhac.
Dins lo cel^ blau, lo solelh raia charreiras
;
li
Los homes sont lis
;
ges de brut pels
bestias charchon l'ombra. fora, elh trabalh.
Sai et
caires fressuros, lo carrel sobre la fauda,
lai, lis
dins
fennas
covison.
Sot lo Gantau son dec coviseiras
la Naneta,
:
la
Finon, la Mieta, la Catonet, la Loison, la Goton, la
Marinon, la Roseta, la Justina, la Marion.
Aco
es plazer de
veire
li
:
li
mans
se desgageon,
dets se coiton de picar lis espioanas ton, viron sobre'ls carrels, lis
coma
sônon
de carcavels
:
;
lis
fuses
li
san-
chambalhas d'escalha quant
gente
brut'cô
fail
que bolegon'n pauc, se levon
E'is coifas blanchas,
pas,
se
comencar
viron pas. la
Coma
d*una tau et d'una tau que'ls
fason'quelis fennas
per
covisada sen chaplar, sen dire quican
pôdon pas
;
sen se planger de
auzir, cotinent?
sis
homes
—
3
L'ASSEMBLEE
Un jour Dans dans
les
Les
d'été, à Chilhac.
le ciel
rues
;
bleu, le soleil irradie; point de
bruit
bêtes et gens cherchent l'ombre.
hommes
sont dehors, au labeur. Çà et
^es coins ombreux,
le
carreau sur
là,
dans
giron, les fem-
le
mes sont assemblées. la Il y en dix a qui sont réunies sous le « Cantau » Nanette, la Finette, la Miette, laCatherinette, la Loui:
son, la Margoton, la Marinette, la Rosette, la Justine, la
Marion. C'est plaisir de les voir
:
les
mains vont
vite,
les
doigts se hâtent de piquer les épingles les fuseaux sau;
tent, virent
sonnent
sur les carreaux,
comme
des grelots
:
les
quel
garnitures d'écaille joli bruit cela fait
I
Et les coiffes blanches, qui s'agitent un peu, ne se
lèvent pas, ne se virent pas. font-elles
parler
Gomment
ces
femmes
pour commencer la réunion sans jaser, sans
de l'une
et
de l'autre, sans se plaindre de
leurs maris qui ne peuvent les ouïr, présentement ?
— Chascuna, beleu,
vei,
4
enreive,
pessetas blanchas
lis
ques aura quant copara sa dentella aquela mandara quican elh drôlle,ques es sodart; l'autras aura de pan :
per que
sis efants
n'ajon
pasfam
;
una autra
— aquela
—
achatara
ques es mais cassada sobre son carrel una genta rauba de nôvia
am
sa
ques
drôlla,
es
promeluda... Et
Ji
dets fason mais sautar
lis
fuses, lis
a testa de vire se picon mais viste dins
chambalhas
d'escalba fason'na
lis
mais
espionnas
cartons,
brava
lis
mu-
sica.
Aco
es lo carrel de la
Naneta que sônalo mais clar,
aco es'quelh, amais, ques a
la dentella la
La Naneta, en virant la rôda, La Finon, que l'espia delh fai
mais langea.
cossira'n pauc. caire
Tuelh, Ihi
de
:
«
— Digeas,
«
—
Que
cossiras ben tant, anueit? paura Finon? N'en chau tant veire,
Naneta,
volés,
per ganhar sa vida «
— Anem,
!
vos mais ses
contas nos quican,
Totas levon la testa «
— Oc, ôc,
a
—
«
—
«
E
virada?
ben,
»
:
un conte per nos desvelhar Ges n'en sabe comencas, vos autras Non farem, non farem. Ses nôstr'ainada
comencas «
mau
e oblidarés vostr'ennôja.
1
:
!
!
— Si dise un — Oc, ôc !
»
conte, chascuna contara lo siône
?
:
Chacune, peut-être,
en rêve,
voit,
blanches qu'elle aura quand
elle
piécettes
les
coupera sa dentelle
:
enverra quelque chose au garçon, qui est sol-
celle-ci
dat; l'autre aura du pain pour que ses enfants n'aient
pas faim; une autre sur son carreau, à sa
fille,
—
celle qui est la plus
courbée
— achètera une gente robe de mariée
qui est promise...
Et les doigts font sauter de plus en plus les fuseaux, les épingles
à tête de verre se piquent plus vite dans
une plus jolie
les cartons, les garnitures d'écaillé font
musique. C'est le carreau de la Nanette qui a le clair
;
c'est
celui,
son
le
plus
qui a la dentelle la plus
aussi,
longue.
La Nanette, en virant la roue, soupire un peu. La Finette, qui la regarde, du coin de l'œil, lui fait «
«
— Dites, Nanette, vous soupirez bien — Que voulez-vous, pauvre Finette?
tant voir
pour gagner sa
— Allons,
«
vie
:
tant, hui ?
en faut
11
I
vous aussi, vous êtes triste? Hé bien,
contez-nous quelque chose, et vous oublierez votre ennui.
»
Toutes lèvent la «
« « « «
tête
:
— Oui, oui, un conte, — Je n'en sais point
pour nous éveiller
:
—
Non, non, vous êtes
— Si je dis un conte, — Oui, oui I
»
!
commencez vous autres! notre aînée commencez :
chacune contera
I
le sien ?
La Naneta arresta
Hé
a
Gealh «
»
:
ben,
sis fuses,
so
dis,
acô vos agrada
_^ Digeas lo
viste,
sabe
?
Naneta
Et la Naneta comenqet
espia son carrci
:
î
»
«
Lo
conte
:
delh
— La Nanette arrête «
— Hé
7
ses fuseaux, regarde son carreau
bien, dit-elle, je sais
cela vous plaît-il ? «
— Dites-le
Et la Nanelte
vite,
Nanette
commença
:
!
»
«
Le
conte
du Coq
»
:
:
—
8
LO CONTE DELH GEALH
Dinc una bôria, i avia'n boier ques amava melh dormir que trabalhar. Si lo mestre s'en anava de très pas, elh se botava a s'estirar e a badalhar.
Mas'co era
massa
l'estiu
!... Quant la chauchambas flaqidas se
que patissia
venia, Claude sentia sis
podia pas tener dreit
;
:
auria fat pranjeira tota la
liada...
Lo
ser, jazia, nientat.
Son
leit Ihi
agradava melh, de
segur, que la dallia o l'estombel.
Aqui, sonhava qu'avia res a faire, que se laboravon totes solets, li
que
li
blats se
champs médian en
lis
gardegeant...
Quan esmai,
elh matin, quant lo reloge sonava très
horas et que lo mestre, en tustant, per Ihi
gastava son reive
et
son benaise
Claude s'estirava, badalhava,
lo
desvelhar,
1
et...
demorava
elh
leitl
Un
matin, lo granger
—
lo
paire Jaconet
— badet
—
9
LE CONTE DU COQ
Il
y avait, dans une ferme, un bouvier qui aimait
mieux dormir que Si le
travailler.
maître s'éloignait de trois pas,
il
se mettait à
s'étirer et à bâiller.
Mais
c'était l'été, surtout, qu'il pâtissait!...
il
ne pouvait pas se tenir droit
fait la sieste
Le
soir,
il
plus, certes,
Là,
il
Quand
Claude sentait ses jambes molles
la canicule venait,
;
aurait volontiers
il
:
toute la demi-journée. s'allait gésir,
que
la
anéanti.
Son
lit
lai plaisait
faux ou l'aiguillon.
rêvait qu'il n'avait rien à faire, que les
champs
se labouraient seuls, que les blés se moissonnaient en •
les regardant...
Quel chagrin, heures
et
lui gâtait
Claude
que
le
le
matin, quand l'horloge sonnait trois
maître, en frappant, pour l'éveiller,
son rêve s'étirait,
et
son bonheur bâillait,
et
!
....
demeurait
au
lit!
Un
matin,
le
fermier
— lepère Jacquinet — ouvrit la
10
coma
d'aise, entret
si
volia'tapar la maire elh nis, a
Tescureta, et te Ihi faguet petar un parel d'emplasires
:
— AI
«
espelat
!
Te levaras pas
Lo boier se levet en bredolhant «
—
:
Quana fotuda besonha, qu'aqueli
bon veire qu'un boier
es de
»
!
aco es quauque granger.
los a
pas
reloges
fats
:
fedas
.
escenlas,
lis
li
sonalbas^ni mais
n'en chaunhava,
pensar,
i
Aco
»
Despueis, Claude podia pas auzir, sen
campanas, De vels.
!
de segur,
tipar, lis
lis
carca-
coma
lis
.
Si'cos avia durât, n'auria rebuzat.
Un jorn, ques que
am
faria
trobat
:
era solet, a l'hostau, se demandet de
aquelh coquin de reloge. Aguet leu
badet la caissa
Saguet benaise de pas per desvelhar laissaria lo
dormir
lo
et
desfaguet
li
lo veire arrestat
lo
rodetas. :
aora sonaria
paire Jaconet e aquelh d'aqui
Claudonet ques avia tant de suaû,
matin, belsigne! Et, de
Quant reloge
:
pensar, se botet a badalhar.
i
mestre tornet, essaiet de faire anar
lo
lo
res Ihi faguet.
Aquelh
ser,
lo boier
s'endormiguet, benaise, et
sonhet. Lhi era vejaire qu'aco era lo vespre. Per
l'esti-
vada, darrés la boria, lo pastre sonava son labrit pels
champs,
auzia cridar
:
los autres boiers seguian la regea.
;
Los
—
—
11
porte doucement, entra avec précaution, sanslumière, et
fit
résonner sur ses joues une paire de
— Ah
«
mauvais
!
ne
sujet, tu
te
Le bouvier se leva en maugréant
gifles
lèveras pas?
qu'un bouvier ne
assurément,
les a
quelque fermier.
c'est
»
:
— Quelle mauvaise chose que ces horloges
«
aisé de voir
:
I
II
est
pas inventées
:
»
Depuis, Claude ne pouvait ouïr, sans être en colère, les clochea, les sonnettes, les sonnailles, et
comme
les brebis
Un jour, ce
que
cela avait duré,
Si
même
les
Cette seule pensée le laissait sans appétit,
grelots
chaleur incommode...
en aurait perdu l'esprit.
qu'il était seul, à la
ferait bien
qu'il
la
il
vite trouvé
il
:
maison,
il
se
demanda
maudite horloge.
à cette
ouvrit la caisse
et
démonta
Il
les
eut
roua-
ges. fut bien aise de
Il
la voir s'arrêter
:
ore,
elle
ne
sonnerait plus pour éveiller le père Jacquinet, et celui-ci laisserait
sommeil,
le
Et, d'y penser,
Quand l'horloge
le
Ce il
:
Il
il
le
pauvre
se
mit à
maître revint, rien n'y
soir-là,
rêva.
dormir Je petit Claude qui avait tant
matin,
lui
le
il
!
bâiller.
essaya de faire marcher
fît.
bouvier s'endormit, tout heureux, et
semblait que
c'était
à la vesprée. Par le
guéret, derrière la ferme, le pâtre appelait son chien;
par
les
lon.
11
champs,
les
les autres
entendait crier
:
bouviers suivaient
le sil-
12
—A
«
Caliou
Morralhat
!...
Lo vacheiron jetava
li
!...
vachas
Vira
et
!...
vedels qui rape-
li
tavon per la prada. Toti Irabalhavon, dinsla boria, et
Claude dormia!... Dormia, so Aqueste cop, fora lo leit Et, dins
:
lo paire
coma
sabria l'hora?
son reive, se desmaissava de
Tôt per un cop,
— Cacaraca
« -
Aurian
crezia, per la vida!...
Jaconet vendria pas lo traire
dit
!
lo
gealh faguet
rire...
:
»
qu'aquelh fotut gealh sabia qu'era 1res
horas
— Cacaraca
«
!...
Cacaraca
!...
»
Lo paure Claude sentiguet, dins son eime, quican que s'en anava, un chastel de treva que se desrochava...
Badet los uelhs sen saber ont era. Et lo paire Jaconet saguet'qui per lo morralhar de
doas geautadas
et
per lo traire fora
Alaien, lo gealh,
caunhaire
que tornava chantar,
fasia l'es-
:
— Cacaraca
«
lo leit.
!
»
Li doas liadas, lo boier saguet
mais sornos que de
costuma. Era tan ennojat, que pensava gaire elh trabalh
.
Auzia res de sô que
velhat...
a medjorn
Vouguet :
Ihi dizian
faire pranjeira,
:
reivava tôt des-
coma'ls autres,
avia ges desuan. Quant Ihi
demanda von
per ques era tant sornos, dizia res, màs tochava son ase
.
.
— «—
Marche, Blanchet!... Marche, Mourraliat
Tourne Le petit vacher gardait
vaches
Claude dormait
la ferme, et
pour
les
et les
veaux, qui
prairie. Tous étaient au labeur,
s'ébattaient, par la
sait-il,
!...
»
!...
dans
-
13
!.
dormait, pen-
.. Il
la vie...
Cette fois, le père Jacquinet ne viendrait pas le jeter hors
du
lit
comment
:
Theure
saurait-il
?
dans son rêve, il riait à se démonter la mâchoire. Tout à coup, le coq fit « Cacaraca » On aurait dit que ce maudit coq savait qu'il était Et,
:
—
trois
!
heures
:
— Cacaraca
«
!
.
Cacaraca !.. » dans son esprit, quelque
.
.
Le pauvre Claude
sentit,
chose qui s'évadait, un château de 11
Et
le
père Jacquinet fut
là
pour
gifles retentissantes et le jetèl*
Là-bas,
le
moqueur
le
«
qui s'écroulait.
fée
ouvrit les yeux sans reconnaître où lui
il
se trouvait.
appliquer deux
hors du
lit.
coq, qui s'était remis à chanter, faisait
:
— Cacaraca
!
»
Toute la journée,
le
bouvier
fut
encore plus sombre
que de coutume.
11
était si
guère au travail.
Il
n'entendait rien de ce qu'on lui
disait
:
comme
il
les autres, à
Quand on ne
rêvaittout éveillé...
lui
disait rien,
midi
:
ennuyé,
Il
le
demandait ce qui mais
il
qu'il
ne pensait
voulut faire
la sieste,
sommeil ne
vint pas.
le
rendait
si triste, il
suivait son idée... s
14
Se botet elh
leit
coma'ls polas jocavon. Crezia po-
der dormir; aco saguet fotut: demoret
lis
uelhs ba-
la cridada delh gealh,
d'aquelh
dats!
Auzia, enquera,
mauvas gealh que desvelhava
A
lo
se
podia pas
monde ques
avian suan.
chalia qu'aco'chabesse
I
1
Lo reloges avia vougut sonalhar naria pas
;
era parangit
matin, que
taizar, lo
:
lo reloge
i
tor-
!
Et lo gealh...
N'en penset pas mais. Mas se levet, d'un saut, se bestiguet et prenguet son cotel pontut e aguzat delh biais. Davalet,
que l'auziguesson pas, com'un rau-
baire, et s'en anet ves la jocada. Conisssia tant l'en-
que podia
dreit, I
faire sen chalelh.
entret.
Lo
un fotraud de gealhas roge, era la testa esconduda sot son ala: creze ben que sonhava d'una genta poleta gearei dels polas,
dreit sobre
son jocador,
cada ques avia picot芒t de gran a costat des
elh, ras
un plangeon... Claude l'avia tant vist de c么ps, que l'aguet leu trobat, a l'escur.
Lo graupiguet, Ihi torseguet
que cridesse pas,
et Ihi
aponget, dins
lo cuelh,
le
per
corps, son
cotel pontut.
Lo gealh faguet pas'na cridada era mort
pauc
:
Coma
;
s'espousset
un
I
lo
mostre s'en tornava, en portant
lo
corps
— se mit
Il
au
comme les
lit
pouvoir dormir
;
mais ce
—
15
poules juchaient, croyaat
fut
en vain,
resta les
il
yeux
béants. oyait encore le cri
Il
qui ne pouvait pas se
gens en sommeil
Ah
fallait
il
!
du coq, de ce mauvais coq
taire, le
matin, qui éveillait les
!
que cela
finît
!
L'horloge avait voulu carillonner reviendrait pas
:
elle avait
Fhorloge n'y
;
son compte
Et
le coq...
Il
ne poursuivit pas sa pensée. Mais
!
se leva, d'un
il
saut, se vêtit et prit son couteau pointu et soin.
Il
affilé
descendit en évitant de se faire ouïr,
voleur, et s'en alla vers la juchée.
bien l'endroit, qu'une lumière
Il
avec
un
tel
connaissait
S[
était inutile.
y entra.
Il
Le
roi des poules,
un énorme coq rouge,
était droit
sur son perchoir, la tête cachée sous son aile crois bien qu'il rêvait d'une jolie poulette
:
je
au plumage
marqueté de blanc qui^avait picoté du grain à côté de au pied du pignon... Claude l'avait vu tant de fois, qu'il l'eut vite trou-
lui.,
vé, dans l'obscurité. L'ayant saisi,
pour l'empêcher de
crier, et lui
il
lui tordit le
plongea, dans
le
cou
corps,
son couteau pointu.
Le coq ne jeta pas un
peu
:
il
était
Comme
le
mort
cri
;
il
trembla seulement un
!
monstre s'en retournait, en portan
le
— auziguet
lis
16
—
fedas que bramavon,
li
vachas
et
li
bious
que morlavon una chuta, esconduda dinc un vielh aurian dit qu'aqueli bestias sauze, alai, goinava ;
:
coma
d'eime et plangian lo mort. Pueis,
avian
volian sonar lo clas, dins tota la bôria
botèron a brandolhar
sis
li
si
bestias se
chadenas, a espoussar
si
sonalhas.
Delh
luan,
lo
reloge de la gleisa sonet medja-
nueit.
D'auzir aqueli bruts, que cranhava tant, Claude, lo Tuaire. trantiolava de paor.
Se botet a corre e anet traire de l'autre costat de la paret lo
corps delh gealh, après que Ihi aguet ran-
chat una pognada de plomas, per faire creire qu'acô era lo reinaud que Favia emportât.
Quant aguet pannat
si
mans, plenas de sang,
lo
boier se tornet jaire. «
— Aora, res gaslara mon suan
»,
se penset.
Mas era cranhos. Vesia ques avia mau desvelhat sei lo matin. Per la
guet
coma
le
fat.
fin, lasse,
Demoret
s'endormi-
jorn anava vener. Et, dins son suan,
aguet un reive que fazia paor. Vezia, davans elh, lo gealh, dinc una nebla rogea. Lo bec de l'aucel era badat et preste a Ihi crebar lis
pontudas eron dreit son cuelh et semanavon planlar. Lo cotel era apongeat dins lo corps delh gealh, e una plueja de sang tombava delh mau. Tota gota que tochava le morre delh
uelhs
;
sis arpias
blava que se
i
— corps,
il
ouït les brebis qui bramaient, les vaches et
bœufs
les
un vieux
(jui
meuglaient.
du sens
comme
victime. Puis,
dans toute
la
ter leurs chaînes, à
Dans
Une
chouette, cachée dans
on aurait
là-bas, ululait:
saule,
ces bêtes avaient
le glas,
—
17
si
que
elles
ferme
la
avaient voulu sonner
mirent à agi-
les bêtes se
secouer leurs sonnailles. l'horloge de l'église
le lointain,
dit,
et qu'elles plaignaient
sonna minuit.
D'ouïr ces bruits, qui lui causaient tant d'effroi
Claude, l'assassin, chancelait de peur. 11
le
se mit à courir et alla jeter, par-dessus le
mur,
cadavre du coq, après qu'il en eut arraché une poi-
gnée de plumes pour faire croire que
c'était le
renard
qui l'avait emporté.
Après le
qu'il eut
essuyé ses mains, pleines de sang,
bouvier alla se recoucher. «
— Ore,rien ne troublera mon sommeil
Mais
il
de son
était
rempli de crainte
forfait. Il
la fin, brisé
demeura
de fatigue,
allait paraître.
Et,
il
;
il
éveillé
»,
pensa-t-il.
se rendait
compte
jusqu'au matin.
s'endormit
comme
le
A
jour
pendant son sommeil, ifeut un
rêve effrayant. Il
voyait, devant lui, le coq,
Le bec de l'oiseau yeux et
il
était
;
était
dans une nuée rouge.
ouvert et prêt à
lui
crever les
ses griffes acérées étaient dirigées vers son cou
semblait qu'elles allaient s'y planter. Le couteau
enfoncé dans
sang tombait de
le
corps
la blessure.
du coq et une pluie de Chaque goutte qui attei-
18
Claude
i
coma
entrava et lo borlava
de'gotas de
s'acôs era estât
fiôc.
Et lo gealh espoussava sis alas et cridava «
— Tuaire
Lo
Tuaire
!...
:
1... »
tuaire suzava e aganissia de paor. Volia cridar
mas quican
ténia
si
;
maissas sarradas;et lanhava. Se
sentia estavanir...
— era très horas —
Tôt per un cop,
I
gealh faguèron doi rais de fîôc guet, et faguet «
lis
uelhs delh
son cuelh se redezi-
una cridada que bronziguet
— Gacaraca
Claude
;
!
:
»
sobresautet dins son
leit,
com'un
pueis,
simple, correguet fora.
Lo paire Jaconet, que
lo
venia desvelhar,
lo
veguet
passar davans elh et se sauvar, a la galopada, pels
champs, en cridant
~
« Is
Mais
me
:
crebara'ls uelhs
uelhs!... Paras me!...
1...
Mais
me
crebara'
»
Lo perdeguèron, quan entret, alai, dins la chassanha et, desempueis, dengun l'a vist... Dison que s'es trais dins l'aiga et que son corps es demorat elh ;
fond de quauque gorg.
Sô que vos pôde fin, et
dire,
acoes ques afah'na mauvasa
qu'aqueli que volon pas trabalhar n'en fazon
pas d'autra.
—
—
19
gnait le visage de Claude pénétrait dans les chairs,
comme
et,
Et
des gouttes de feu, les brûlait...
coq agitait ses
le
— Assassin
«
!...
en criant
ailes,
Assassin
!
:
»
L'assassin suait et défaillait de peur. crier
Il
eût voulu
mais une force invisible tenait ses mâchoires
;
serrées; et
il
gémissait faiblement.
se sentait dé-
Il
faillir...
Tout à coup
—
était
il
trois
coq dardèrent deux rayons de et
il
jeta
«
—
un
cri retentissant
Cacaraca
!
heures
!
les
yeux du
feu,
son cou se tendit
lit,
puis,
:
»
Claude sursauta,
dans son
comme
fou,
courut dehors.
Le père Jacquinet, qui venait
l'éveiller, le vit
ser devant lui et se sauver, en criant «
—
yeux
On
!.
me
Il .
le
crèvera les yeux
Protégez-moi
.
perdit de vue,
chassagne
la
prétend est
!
;
et,
!...
Il
me
crèvera les
»
quand
il
entra, là-bas, dans
depuis, personne ne
qu'il s'est jeté
pas-
:
dans
la rivière et
l'a vu...
On
que son corps
demeuré au fond de quelque gouffre.
Tout ce que je puis vous
mauvaise
fin, et
ler n'en font
dire, c'est qu'il a fait
que ceux qui ne veulent pas
point d'autre.
une
travail-
20
UNA QU'AMA PAS
Quant de Finon
la
—
LIS
FLANHAIRES
Nanela se saguet taizada, aquela chapleira
Ihi
tornet dire
:
«
— Sabés s'era maridat, Claude — Lo conte zo dis pas. — Creze que non iNaneta. — De que n'en sabés, Finon?
«
—
« « «
fazia,
sabe! Pôde pas creire que, d'autres côps,
fennas saguesson tant bestias faire levar sis
D'un caire «
lo tuaire?
homes, quant eron flanhaires
et
de l'autre,
— Que ses simpla,
Ihi
Finon
!
lis
com'anueit. Devian ».
respondegaèront I
:
a tojorn' gut de pin-
taires, de ribotaires, de flanhaires et n'i aura enquera. Ac6 sera nos autras, pauras fennas, que n'en patirem. « Et de que mais? Pasta ben!.
— — Et que farias? — Que faria? Me plange pas de mon Peire .
« «
Sis efants e
sis avia'n
.
:
ama
ôbra tant que pot; mas vos promete que
Claude, te Ihi pegearia enquera mais d'em-
plastres que lo paire Jaconet. Lhi botaria la picha dins
21
UNE QUI N'AIME PAS LES FLANEURS
Quand
la Nanette eut cessé
de Finette
lui dit
encore
de parler, cette bavarde
:
«
— Savez-vous marié, Claude l'assassin? — Le conte ne dit pas. — Je crois pas, Nanette. ne — Qu'en savez-vous, Finette?
«
—Je
«
« «
était
s'il
le
l'était
qu'il
femmes
le
saisi Je
fussent
si
ne puis croire qu'autrefois
sottes qu'aujourd'hui. Elles devaient
faire lever leurs maris,
De côté «
les
et d'autre,
quand
on
lui
— Que vous êtes naïve,
ils
étaient paresseux
répondit Finette!
Il
».
:
y a toujours eu
des ivrognes, des riboteurs, des fainéants et
il
y en aura
encore. Ce sera nous, pauvres femmes, qui en pâtirons « « «
— Bien sûr!... Et quoi encore?.. — Et que vous? — Ce que je ferais? Je ne me plains
I
feriez-
pas de
mon
œuvre tant qu'il peut; mais je vous promets que, si j'avais un Claude, je lui appliquerais encore plus de gifles que le père JacPierre
:
il
aime ses enfants
et
— la
man,
trica, lo « «
«
«
quan
es elh trabalharia,
menar
elh
champ
— Coma zo dizési...
— am una
ieu deuria,
1
farias pasi
— faria pas? Espias me dins vision — Aquela gampa de Finon Me paor, coma lo
!...
parla
«
22
!
fai
I
— Chauria que saguessiam lotas com'aco. — E ben, Finon, avés tant de morre, contas nos sis
quican. «
— Crezésque
sei
empeitada?Ma menina me
dizia
pro de besonhas, quans ère petiota.
Anem, escoutas celh »
«
Coma
faguet Codaca per entrar elh
—
23
—
quinet; je lui bouterais la pioche en main et vaillerait,
au champ «
quand
je devrais, avec
une
trique, le
il
tra-
mener
I
— Comme
vous dites
cela!...
Vous ne
le
feriez
pasi «
—
Je ne
la prunelle «
—
comme « «
le
ferais
pas? Regardez-moi bien dans
I
Cette
terrible Finette!...
elle parle
Elle
me
fait
peur,
!
— faudrait que nous fussions toutes ainsi. — Hé bien, Finette, puisque vous êtes hardie, Il
si
contez-nous quelque chose. «
—
Croyez-vous que je sois embarrassée?
grand mère
me
Ma
disait assez de choses, lorsque j'étais
petite.
Allons, écoutez
au
ciel ».
«
Comment
fit
Coudaca pour entrer
— 24 —
COMA FAGUET GODAGA PER ENTRAR ELH GELH
Un paure home Chau
era mort
un vendre.
que, aquelh jorn, la Camardas avia
creire
que
dalliat trop viste o
lis
esprits fazian pranjeira
:
i
aguet ni ange ni diable per campar son anma.
anma
sabia pas ont anar, per so que
conissia pas mais lo
chamin delh celh qu'aquelh de
Et la paura
l'enfern.
Era aqui que lanhava, quant sent Mechelh, que venia de querre luan,
et,
un
rei,
passet.
Ella lo seguet, de
com'acô, arribetelh celh.
Aco era un chastel d'ont que n'en vezian pas
lo
la
chap,
parets era tant langea et
tan auta que n'en
vezian pas la cima. Li justes, et,
tota'ls
que
anges porlavon, entravon sen
fin,
cops que lo portau, qu'espandissia,
se
lis
badava, auzian, en una doussa musica Gloria!
»
:
«
Gloria!
25
COMMENT
COUDACA POUR ENTRER AU CIEL
FIT
Un pauvre homme Il
fauché un peu trop
au
était
mort un vendredi. la Camarde avait
faut croire que, ce jour-là,
repos,
recueillir
car
vite
n'y
il
ou que
les esprits se livraient
eut
ange ni diable pour
ni
son âme.
âme ne
Et la pauvre
savait
où
se
diriger parce
chemin du
qu'elle ne connaissait pas plus le
ciel
que
celui de l'enfer. Elle se lamentait,
quand
quérir un roi, passa. Elle
saint Michel, qui venait de
de loin,
le suivit,
et, ainsi,
arriva au ciel. C'était
un
castel
dont la muraille
qu'on n'en voyait pas
la
fin
était si
longue
haute qu'on n'en
et si
voyait pas la cime.
Les
élus,
discontinuer,
que et,
les
anges portaient, entraient sans
chaque
fois
que
le portail,
qui res-
plendissait de lumière, s'ouvrait, on entendait en
douce musique
:
«
Gloire
!
Gloire
I
»
une
26
L'anma la gloria
se sentia tirada per l'enveja d'anar chanta r
de l'Autisme.
Tustet pelh portau. clau delh Paradis, espin-
Sent Peire, ?que ten la chet « «
e
1
;
— Que voles so cridet. — Sel Codaca de ves Ghilhac ? »
vene
;
ai
ganhat
lo celh
».
Lo gardaire delh celh respondeguet en
se
re-
gaunhant
— Quau menât « — Vene solet, bon sent Peire. — Ont es ton bon ange « — sabe pas quant sei partit «
t'a
?
«
?
;
d'alaien,
i
avia
dengun per me prener. «
« «
— Et voudrias entrar'qui? — Fotre ben, bon sent Peire — Te voies entornar!... Recebem !
pas la pau-
ralha!... «
— S'ere pauralha coma vos, demandaria res! Voi
nommas
Peire, et ses
pas tant l'harbalant,
mais dur que lapeira
quand
lo
!...
Fazias
gealh chantet très
côps !...». L'apostre n'en demoret com'una feda massolada...
Un pauc
apueis, cridet sent
Thomas.
Aquelh d'aqui, ques avia auzit Codaca, de Fespoussar de «
la
mena
:
— Aco es tu, ques as tant
de morre
?
se
prometia
27
L'âme
se sentait
possédée d'un ardent désir d'aller
chanter la gloire du Très-Haut. Elle heurta au portail.
Saint Pierre, qui tient la clef du Paradis, regarda «
«
— Que veax-tu? cria-t-il. — Je suis Coudaca, de Chilhac;
et j'y
viens
« «
« « il
le ciel
répondit, en faisant la gri-
ciel lui
:
— Qui conduit? — Je viens seul, bon saint Pierre. — Où est ton ange gardien — Je ne sais pas quand je suis parti de là-bas, t'a
?
le
:
n'y avait personne «
— Et
«
— Certes,
«
— Veux-tu —
I
.
oui,
me
pour
tu voudrais
pauvraille «
gagné
».
Le gardien du
mace
j'ai
prendre.
entrer ici?
bon saint
te retirer?...
Pierre.
Nous ne recevons pas
la
.
comme vous, je ne demanVous vous nommez Pierre et vous êtes
Si j'étais pauvraille,
derais rien
!
plus dur que la pierre!... Vous ne faisiez pas tant fier,
:
lorsque
le
coq chanta trois
L'apôtre en resta
comme une
le
foisl... ».
brebis étourdie d'un
coup de massue...
Peu après,
il
appela saint Thomas.
Celui-ci, qui avait ouï le
Coudaca, se promettait de
rabrouer de la belle façon «
— C'est
toi,
qui es
si
:
hardi?
—
—
«
mas
—
28
Bon sent Thomas, demande pas gaire
vole
:
entrar elh celh.
— Pelha de beslia! Desgorgeal
«
sem
martirs,
li
lis
confes,
lis
!...
Sabes pas que
apostres,
li
sents et
qu'aquelh celh es noslre? «
—
Digeas, sent
maucrezensa
man
vôstra
ja?
et
Thomas,
voi sovenés de vôstra
que Nôstre Signe vos faguet botar
dins son| costat?... N'avés pas bergon-
»
Lo sent
se casset, pueis cridet sant Paul.
Desera, sent Paul badava la bocha per Ihi en dire quatre, quant Codaca faguet «
— Apôstre,
venés contar
sei
sô que faguerias, quant
Estefe, e ont anavias,
per
terra.
Acô mut.
.
.
:
benaise de voi veire
:
beléu,
me
tueron sent
quant un'esparnida vos traguet
»
Ihi faguet
com'una
gimblada
et
demoret
.
Mas
lo
bon Dieu, que sabia que
i
avia quican, ven-
guet veire.
Oodaca n'aguet pas paor de <
— Senhor, so
pelhard, sut,
vos
ai bailat
Ihi parlar
un pas grand
cas;
ai
credut et n'ai dengun tuât. Tota
de
mon pan am
ma
vida,
aquels que n'avian ges, ai
fat
chaufar et jaire aquels qu'avian
sen
leit; et, aora, voi
Paradis.
:
mas un paure serve, un mas vos ai totjorn conis-
diguet, sei
freit et
vene demandar de
me
qu'eron
badar
lo
—
—
«
chose
:
Bon je
Thomas,
saint
sommes
les
— Dites,
«
!
Insolent
Tu ne
!
ciel.
sais pas
que nous
martyrs, les confesseurs, les apôtres, les
que ce
saints, et
ne demande pas grand
je
veux seulement entrer au
— Vil manant
«
—
29
ciel est
saint
nôtre?
Thomas, vous souvenez-vous de
votre mécréance, et que Notre-Seigneur vous ter votre
main dans son
vergogne
? »
Le saint baissa
fît
bou-
côté?... N'en avez-vous pas
la tête, puis
il
appela saint Paul.
bouche pour lui faire un discours bien senti, quand Coudaca fit « Apôtre, je suis enchanté de vous voir peutDéjà, saint Paul ouvrait la
:
—
être,
:
me
venez-vous conter ce que vous
on martyrisa saint Etienne,
où vous
et
feu du ciel vous jeta à terre...
Ce fut
comme
resta sans
Mais
le
mot
si
on
l'avait
— Seigneur,
dernier des
vous
ai
cinglé au visage et
bon Dieu, qui savait bien
jamais
sonne. Toute
dit-il, je
hommes,
ma
qu'il se
passait
lui
vie, j'ai
parler
:
ne suis qu'un pauvre
mais
rien qui vaille;
renié, j'ai crw
qui n'en avaient point,
partagé j'ai
serf,
je
ne
en vous et n'ai tué per-
mon
pain avec ceux
réchauffé et couché ceux
qui avaient froid et qui étaient sans abri viens vous
il
voir.
Coudaca n'eut pas peur de le
»
dire...
quelque chose, vint
«
quand quand le
fîtes,
alliez,
demander de m'ouvrir
le
;
et, ore,
Paradis. 3
je
— —
«
Aco
Dieu. Te
30
—
es parlât delh biais,
sabes parar
et
Peire, bada, et tu, entrai
respondeguet
ton plaidejat
lo
bon
m'agrada.
»
Aqueste côp, chaiiguet que
lo
portau se badesse, ei
Codaca entret elh Paradis. Aquels sents son li senhors d'autres cops, ques avian tôt lo benaise, et Codaca lo paure monde ques a tant rambalhat per en aver un pauc.
«
te
— C'est bien parlé,
31
—
répondit
le
bon Dieu. Tu
sais
défendre et ton plaidoyer m'agrée. Pierre, ouvre
et toi, entre
Cette fois,
!
!
» il
fallut bien
que
le
portail s'ouvrît, et
Coudaca entra au Paradis. Ces saints sont les seigneurs de jadis, qui avaient tout le bien-être, et Coudaca, le pauvre peuple qui a tant peiné
pour en obtenir un peu.
32
D'AUTRES COPS
Aquelh conte agradet pro am'ls fennas, boteron a chaplar daparteira
—
La Mieta. besonhas
Au Finon
1
et totas se
:
Mas sabés de gentas
I
La Catonet. embolhada.
..
—
L'avés auzida
?
N'a pas la gorgea
un curât dins
Parla com'
sa cha-
deira...
— Sabe sô
La Finon. La Loison.
—
ques
ai après.
kco es pas de messongeas, sô que
a elh chap de vostre conte
i
?
— De que? — Acô dels paures et dels senhors.
La Finon. La Loison. La Finon. La Roseta.
— El pardina
li
libres,
!
— Tenés, la Goton, ques a estudiat dins
nos zo contara.
— — —
M' en sovene gaire, aora. La Goton. Digeas nos zo La Marinon. Aco es ben vrai, vezés. Fazia pas de La Goton. bon viure, d'autres cops. Tota villa, tôt vialage avia !
son senhor. Aquelh d'aqui vesqia dins son chastel, a
— 33 —
AUTREFOIS
Ce conte plut beaucoup aux femmes, leurs réflexions à tour de rôle
Là Miette choses
.
— Hé, Finette
!
et elles firent
:
Mais vous savez de belles
!
La Catherinette. le gosier
— L*avez-vous ouïe? Elle n'a pas
embarrassé... Elle parle
comme un
curé en
chaire...
— Je sais ce que — Ce ne sont pas
La Finette. La Louison.
j'ai
qui vient à la
fin
de votre conte
La Finette.
— Quoi donc?
La Louison.
— Ce
appris.
des mensonges, ce
?
qui concerne les pauvres et les
seigneurs.
La Finette. La Rosette. dans
— Hé pourquoi? — Tenez, la Marguerite,
les livres,
1
La Marguerite. La Marinette. La Marguerite. faisait
— Je ne m'en souviens guère, orc. — Dites-le-nous — C'est la vérité, voyez-vous ne I
pas bon vivre, autrefois. Chaque
village avait
qui a étudié
nous l'expliquera.
!
son seigneur. Celui-ci vivait
Il
chaque dans son
ville,
—
—
34
l'abriga, darres si grossas torres.
covidava d'autres chastelans,
Quant s'ennojava, amies, et
sis
am
toti,
un tropel de chins, anavon chassar. Quant totaquelh mondes aviant passât, chalia veire cevadas,
li
Lo
lis
ordis,
blats dralhats,
li
trapegeats.
mas
paure serve vezia chatir sa racorda et podia
gardegear... Si leu fat
:
s'
era vougut virar, acô séria estai
un liam elh cuelh e una brancha d'abre
gralhs avian per espartinar
La Marinon.
—
Li
1
!
Lis podian pas botar en prison,
aquels mauvas senhors?
La Goton
— Quau
Eron li mesbotavon' Is autres. Et chalia Aco eras els que pas faire grand cas, vezésben, per anar dins' quelis tres.
los auria botats?
i
i
escondalhas escuras ont
li
fazian
rats
lo diable
a
quatre.
— Et pôble, cossi vesqia? — Lo pôbles era de planger. Mangeava — sedats era per senhor —
La Roseta. La Goton; de pan nègre
lo
lo
lo
,
et
marchava, mais d'un cop, ped deschaus. Pueis, quant s'era esquintât elh trabalh,lhi prenian
un bon pauc de son tôt so
Si lo
dava
vin,
de son blat, de sa fruta, de
ques avia campât.
li
senhor volia
faire bastir
un
chastel,
coman-
serves, et per res! Si s'en anava a la guerra'
a la crosada,
si
fazia de diutes, si
maridava sa
filha,
Ihi chalia bailar d'argent.
Et la nueit, quant
li
garnolhas coassavon, dins
li
—
—
35
castel, à l'abri, derrière ses grosses tours.
nuyait,
il
accompagnés d'une meute de chiens,
Quand tous !
s'en-
il
allaient chasser.
ces gens avaient passé,
les avoines, les orges, les blés
pieds
Quand
conviait d'autres châtelains, ses amis, et, tous,
couchés
il
fallait voir
et foulés
aux
Le pauvre serf voyait détruire sa récolte sans
pouvoir protester. été vite fait
un
:
eût voulu se plaindre,
S'il
lien
au
col et
Les corbeaux avaient de quoi
c'eût
une branche d'arbre faire leurs
I
repas L..
—
La Marinette. Ne pouvait-on pas les bouter en prison, 'ces méchants seigneurs? Qui les y aurait boutés? Ils La Marguerite. étaient les maîtres. C'étaient autres. Et
il
ne
fallait
pas
eux qui y boutaient les grand chose, voyez-
faire
vous, pour aller dans ces sombres oubliettes où les rats faisaient le sabbat.
—
La Rosette. Et le peuple, comment vivait-il? La Marguerite. Ah le peuple était à plaindre II* mangeait du pain noir" le plus fin était pour le seigneur —, et il marchait, bien souvent, pieds déchaus. Puis, quand il s'était épuisé au labeur, on lui prenait une bonne partie de son vin, de son blé, de sa cueil-
—
!
—
lette
de
fruits,
en un mot de tout ce
Si le seigneur voulait faire bâtir
qu'il avait récolté
un
castel,
il
•
dispo-
sait des serfs et sans rétribution. S'il allait à la guerre,
à
la
croisade,
s'il
fille, il fallait lui
Et, la nuit,
faisait
des dettes,
s'il
mariait sa
bailler de l'argent.
quand
les grenouilles coassaient,
dans
—
—
36
li serves anavon batre l'aiga per que lo mestre poguesse dormir. La Marion. E ben, belsigne! Lo chalia pas cros-
rasas delh chastel,
—
sar?
—
La Catonet. nhors
N'
i
a,
anueit,
d'
aquels
se-
?
La Goton.
—
Ges.
I
a un folraud de temps que lo
chastel de Chilhac es desrochat et qu' aquels que
demoravon
son... sabe
— Ont era,
La Justina.
La Goton.
—
i
pas ont... lo chastel
de Chilhac?
Delh costat de la gleisa. Era bastiten
aut delh roc.
La Marion. — Quau vos a dit tôt acô ? La Goton. Mon paure pairin, ques es. mort l'annada passada, a quatre vint dech ans (que lo bon
—
Dieu
La
et la
bôna Viergea ajon son anma Et com' an fat per que i
Loison.
—
!)
aje ni senhors
ni serves?
—
La Goton. fin, se viret.
Lo pobles avia tant patit que, per la Mas per qu' acô' chabesse, n'en chauguet,
de centenadas
La
!
—E
enquera anueit, lis pelhards pâtisson pro. Me sovene que, quant ère petiôta, mangeaviam gaire de pan blanc ni de part, a l'hostau. FipîoN.
N' aviam
mas per Sant
quant de côps
Joan, la festa de Chilhac. Et
ma mamas
a prestit sa pasta
racet
La Catonet.
— Aquelh temps
es passât.
am
de
— les fossés
que
le
du
—
37
castel, les serfs allaient battre
Teau, afin
maître pût dormir.
La Marion.
— Le pauvre homme
*
Ne
fallait-il
pas»
aussi, le bercer ?
—Y
La Gatherinette.
en
a-t-il,
hui, de ces sei-
gneurs?
La Marguerite.
—
temps que le que ses habitants
Point. Voilà beau
castel de Chilhac est en ruines et sont... je ne sais où..
—
La Justine. Où était-il, le castel de Chilhac? Du côté de l'église. Il surplomLa Marguerite.
—
blait le roc.
—
Qui vous a dit tout cela? La Marion. Mon défunt parrain, qui est mort La Marguerite. l'an passé, à quatre-vingt-dix ans (que le bon Dieu et
—
la
bonne Vierge La Louison.
âme comment
aient son
—
Et
!)
a-t-on
fait
pour
qu'il
pâti,
qu'à
n'y ait plus ni seigneurs ni serfs?
La Marguerite. la fin
il
que cela
— Le peuple avait
se révolta. Mais prît fin
La Finette.
il
tant
en fallut des siècles, pour
!
— De
assez à pâtir. Je
nos jours encore, les pauvres ont
me
toute jeune, nous ne
souviens que,
lorsque j'étais
mangions guère de pain blanc,
ni de viande, à la maison.
Nous en avions seulement
à la Saint-Jean, la fête de Chilhac. Et combien de fois
ma mère a
mis du son dans sa pâte
La Catherinette.
!
— Ce temps est passé.
— pauc de chapelet
La Finon.
—
— Dizés, vos autras fennas,
La Mieta.
temps a
38
si
diziam
un
?
— Laissas
la velhada.
m'
estar' cô
!
Aurem pro de
Contas quican mais.
— Iganauda de Finon — Au Mieta! Lojorndelh Soparon, nos
La Mieta. La Naneta.
!
avés contât
:
tornarés dire
?
La Mieta.
—
«
Lo
S'
acô vos agrada, vole ben. Escoutas
lop que s'es fat
monge
»
;
nos zo
:
-
—
La Miette.
Dites,
39
vous autres femmes,
disions un bout de chapelet
si
nous
?
— Laissez donc cela
La Finette. d^ temps à
—
!
Nous aurons assez
Contez plutôt autre chose.
la veillée.
— Impie de Finette! — Holà, Miette Le jour du Réveillon,
La Miette. La Nanette.
vous nous avez conté
vous nous
le
La Miette. Ecoutez
:
redirez
!
:
«
Le loup qui
s'est fait
moine
»
?
— Puisque cela vous agrée, je veux bien
;
â&#x20AC;&#x201D;
LO LOP QUE
D'aquelh temps,
Un
li
40
S'ES
FAT MONGE
bestias parlavon.
mais d'una par-
lobas, ques avia espaoralhat
geada, tombet malaute
:
la
ronha
Ihi
mangeava
la pel.
Plen de dolor et de languizon, elh pensava morir end
sa cavorna. Preget guet,
si
lo
bon Dieu de garir son
mau
et
promele"
tornava aver la sandat, de se passar de part
d'aquelh jorn en
lai et
de se faire
monge end lo covent
de Sent Julian, de Breude.
Quant miracle! L'endeman, saguetgarit! fat lo vot vouguet faire la penitensa.
Avia
:
S'en anet ves Breude.
Pelh chamin, cle,
de
lis
chins, que sabian res delh mira-
avian pro enveja de Ihi esfatar la pel, els
Ihi la
traucar a cops de forchas;
mas
homes
era tant con-
^ni que denganlhi faguet res. Lo monde, amais, lo pre-
nian
per quauqu'anma
quo patissia
et
se
signa-
von..
Nostre lop arribet elh covent. Lo portier Ihi badet et lo
menet ves
l'abat.
—
41
LE LOUP QUI S'EST FAIT MOINE
En
ce temps-là, les bêtes parlaient.
Un
vieux loup, qui avait porté l'épouvante en plus
d'un parc, tomba malade Ja rogne lui rongeait
la
peau.
croyait bien
mou-
:
Plein de douleur et de tristesse,
il
en sa caverne.
rir
11
pria
le
bon Dieu de guérir son mal
recouvrait la santé, de renoncer, pour
s'il
ses jours, à se
et promit, le
reste de
nourrir de chair et de se faire moine
au couvent de saint Julien, de Brioude. Quel miracle
Ayant Il
fait le
s'en alla
En chemin, cle,
!
I
donc à Brioude. les chiens,
qui ne savaient rien dumira-
avaient bien envie de lui déchirer la peau, et les
hommes était si
gens
Le lendemain, il fut guéri vœu, il voulut faire la pénitence.
le
de la lui percer à coups de fourches.; mais contrit
que personne ne
prenaient
même pour
lui
fit
de
il
mal. Les
quelque âme en peine
et se signaient.
Notre loup arriva au couvent. Le portier et le
présenta à l'abbé.
lui ouvrit
— «
—
Aco es
me
Julian «
tu,
42
fa^uet aquelh, que sent
fraire,
fazia veire,
—
quant sonhave, aquesta nueit?
T'espeitave, sabes.
« Lo sent, per la volontat de Dieu, m'a dit que ses un grand pechador fai penitensa, fraire, fai penitensa Que la bôna gracia tombe, coma l'aiganha, sobre :
!
ton
anma
»
1
Et tant l'abat n'avia geau, tant pau mais l'auria
potonat!
Adonca, lo mangea feda
doneron
lo
pietos de
rauba, Ihi
bidar.,. Et pueis,
lis
mais
lo
chantavaben un pauc
la gleisa,
mas
s'era roumassat,
hors de chantar,
:
bestiguet la
de Fraire Alengrin et saguet
monges. A
coma
fort et
gia
li
nom
autres
deflîgun s'en
plan-
monges podian cha-
que volés? Fazia sô que podia
:
un
lop n'es pas de gôrgea a chantar la messa, pas mais
qu'un ase n'a de biais per Sajas, solamen,
jazia sobre
un
tochar la chabreta...
que Fraire A leyigrin
leit
fazia penitensa,
de gavels, plorava
sis
pechats et
pregeava de bon cuer.
Mas pregea que pregearas temps, Ihas
e' Is
de sopa Ai
si
!
autres lioumes
Ihi
faire
maigre tant de
li
lis
pastena-
fazian gingiva; satopinada
qu'auria crocat una fedona!... lo tornet prener.
Elh que chantava, d'avant, :
De
bailava lo badalh
La languizon zava
!
dents venian langeas, langeas,
a la gleisa,
li
am
tant de cuer, se tai-
monges podian pus
chabidar!...
43 Est-ce
«
toi, frère,
faisait voir,
es
dans
fît
mon
me
que saint Julien
celui-ci,
rêve de cette nuit?
«
Je t'attendais, sais-tu?
«
Notre saint, sur l'ordre de Dieu, m'a révélé que tu
un grand pêcheur fais pénitence, frère Fais péniQue la grâce d'en haut tombe, comme la rosée !
:
tence
!
âme
sur ton
!
»
Et l'abbé était
brassé
si
joyeux, qu'il l'aurait presque em-
I.,.
Donc, l'avale-brebis vêtit la robe, on lui donna
nom nes.
de Frère Isengrin
A
l'église,
il
et
il
fut le plus
chantait bien un peu fort et d'une
voix enrouée, mais personne ne s'en plaignait lieu
le
pieux des moi-
:
au
de chanter, les autres moines pouvaient dormir...
Et puis, que voulez-vous?
Il
faisait ce qu'il
pou-
vait: un loup n'a pas plus une voix à chanter la
messe qu'un âne n'a d'adresse à jouer de
la chevrette
!
Sachez, seulement, que Fy^êre Isengrin faisait pénitence, gisait sur
un
lit
de sarment, pleurait ses péchés
et priait avec ferveur.
Mais
il
avait
beau prier
et prier
!
De
faire
maigre
longtemps, ses dents devenaient longues, longues,
si
les
carottes et autres légumes lui donnaient la gingivite;
son pot de soupe
Ah
!
le faisait bâiller.
qu'il aurait volontiers
La langueur
croqué une brebis
!
le reprit.
Lui qui chantait, auparavant, avec tant d'ardeur, se t
aisait à l'église, les :
moines ne pouvaient plus dormir
I
Lo matin,
—
44
pas très delh covent sortian l'aver
lis
Fraire Ahngrin, qu'auzia aurilhas et niflava
:
sis
sonalhas, plantava
li
uelhs lioucegeavon
:
lis
aviaenve-
;
ja de crocar.
Lhi chalia de part, de part sangosa Ai
per de ques avia quitat
1
cor, ont la
lo
!
boscas ont
lo
senglar
sauvagina farfôlha? Per de ques avia fugit
sa cavorna d'ont sortia, a son biais, per anar querre,
dins lo pargue, dins la fedaria,
la nueit,
li
bestias
bialarellas ?
Una
nueit que Tenveja de charn
li
torsia
li
budels,
trobet lo biais de sorter et viret ves lo bôs.
A
per la plana, se viset qu'una fedas era
la lunaira,
perduda dinc un champ «
—E
que «
!
bôna
nueit,
:
feda
faguet lo sauta pargue,
!
fazes' qui, soleta ?
— Me
sei
escampelhada
et
sabe pas ont es
ma
par-
geada, aora. «
— Crei me,
feda, la trobaras pas
1
»
Alengrin faguet dos pas per la graupir pelh cuelh. Mas
penset ques avia
fat lo vot
de ges mangear de part de
sa vida.
—
«
Basta
!
so
diguet,
autre l'atapara et s'en
fam
!
si
la
laisse
estar,
galara. Pueissa, ai
un
trop de
»
Et lo crôca feda espelet la bestiona. lops son
Li
don
!
totjorn
lops
:
que'ls fedas
se
gar-
— Chaque matin, troupeaux
—
45
les pâtres
de l'abbaye sortaient
les
Frère Isengrin,, qui oyait les sonnailles,
:
dressait les oreilles et humait, de loin, l'odeur de sa
proie
yeux jetaient des
ses
;
éclairs;
il
avait envie de
jouer des crocs. lui fallait
Il
de la chair, delà chair saignante
Ah pourquoi !
avait-il quitté la forêt
où tout ce qui est sauvage s'ébat? Pourquoi
glier,
avait-il
son antre d'oà
fui
aller ravir, la nuit,
animaux bêlants
Une rait,
l
où court le san-
dans
trouva
le
à son gré, pour
sortait,
?
véhémente envie de chair
nuit qu'une
il
il
parc, dans la bergerie, les
le
moyen de
le tortu-
sortir et se dirigea aussi-
tôt vers le bois.
Au
bis était «
de lune, par la plaine,
clair
il
s'avisa qu'une bre-
perdue dans un champ.
— Hé
bonne
I
nuit, brebis,
fît
saute-parc, que
le
fais-tu là, seulette? «
où «
— Je me suis séparée du troupeau il
et je
ne sais pas
se trouve, à cette heure.
—
Crois-moi, brebis, tu ne le trouveras pas! »
Isengrin
songea
fit
deux pas pour
qu'il avait fait
le
la saisir
vœu
au cou. Mais
il
de ne plus manger de
chair de sa vie. a
— Bast
emparera Et
le
!
se dit-il,
si
je la laisse aller,
s'en
faim
!
»
dévore-brebis mit en pièces la pauvre bête.
Les loups sont toujours loups deatl
un autre
et s'en régalera. D'ailleurs, j'ai trop
:
que
les brebis se gar4
—
I
lis
—
A LOPS ET LOPS
La Mietas avia totas
46
son
tant sabut dire
que
conte
coviseiras avian laissat'star sis fuses per l'es-
coutar.
Gaire ben totas avian vist de lops
;
mais non com'
aquelh. «
— Vezés, s'ere estada aqui,
diguet la Finon,
séria pas signada de lo veire passar.
Auria podut cassar de mangear
lo
uelhs com' una robiaca que ven
lis
bon Dieu.
a cops d'escobas
!
me
Lo mostrelhasl
Te Ihi auria doblat
lis
costas
aco, la Naneta ji'era
cran-
.
.
»
D'auzir parlar com'
hosa. «
— Et s'acos era estât quican? ques era un temps
Sabés
»
so respondeguet
ont vesian
d'estranjas
besonhas. «
Un
tirar
cop, lo paire Boschet, ques es mort,
de vin ves sa
aguet badat
cava dels Esconduras.
la porte, veguet,
nègres que mostravon
cops de ped
;
mas
si
davans
elh,
anava Quant
dos chinas
dents. Li vouguet sorter a
avia trobat de trabalh
!
Lhi saute-
—
Y A LOUPS ET LOUPS
IL
La
47
Miette avait su dire
si
bien son conte que toutes
en repos leurs fuseaux
les dentellières avaient laissé
pour l'écouter. Presque toutes avaient vu des loups^ n'étaient pas «
comme
— Voyez-vous, me
mais qui
celui-ci.
si
j'avais été là, dit la Finette, je
serais pas signée en le
voyant passer. L'afpu baisser les yeux comme une bigote qui vient de manger le bon Dieu... Je lui ne
freux monstre
!
Il
aurait
aurais enfoncé les côtes à coups d'écoupe
»
!
D'ouïr parler ainsi, la Nanette ne pouvait se défen-
dre d'une certaine crainte. «
— Et
si
c'eût été
quelque être surnaturel
Car vous savez qu'il fut un temps
dit-elle.
?
répon-
où
l'on
voyait d'étranges choses. «
tirer
Une
fois, le
père Bouschet, qui est mort,
du vin à sa cave des
eut ouvert la porte,
il
«
vit,
devant
chiens noirs qui montraient les sortir à
coups de pied; mais
Quand il deux gros
il
se
Il
voulut les
lui,
dents.
allait
»
Escondures
.
trouva fort empê-
— ma
de sobre,
ron
fîna
48
— chauguet que barresse
et
!
\iste la porta.
Son pas de chins ordinaris
«
d'aqui rai «
«
»,
Anet querre lo curât. Lo curât portet un gros
la cava, se botet
a
chins
creirias? Lis
libre, et,
»
quant saguet dins
besonhas en
legir de
Zo
latin.
sauteron de sobre,
Ihi
mas'co
so diguel;
sabe qiiau n'en sera mestre...
:
ams
elh
mais.
— N'ai res per me parar
«
s'en anet.
Mas
set sobre' Is chins
Sautavon
:
sauts de très aunas
lis :
la porta, Ihi borret
cubas,
li
man. L'espous!
fasian de
cubels; !
vouguet arrestar en barrant
lis
:
lis
petava
tôt n'en
Et quant Boschet
«
faguet lo capelan. Et
»
aco era' quels que desparravon
gerlas,
li
!
tornet, l'esparson a la
chins,
mais que saguesson
gros, passeron per la paqelieira. « Si lo
lops era 'stat com'
Irompada, Finon...
La Finon
riguet
aco, sérias
ben 'stada
»
mas
:
— Grezés, so diguet, totas
«
ton de ves
lis «
lis fotraudisas que conEsconduras»? Sô que veguet, aquelh
nas roge de Boschet, aco era, de segur, de rats
coma «
s'era pintat,
lis
prenguet per de chins...
— Maucrezenta de Finon
!
cridet, d'alai,
;
et,
»
laNanon»
cranhas res ? «
— Que volés que cranhe?Digeas
dlDS
lis
:lis
cavas sarradas delh biais? Et
li
chins entron
lops son dins
— chêl
Ils
sautèrent sur
—
49
lui,
ma
chère, et
lui fallut,
il
tout de suite, refermer la porte. «
— Ce ne sont pas des chiens ordinaires,
mais patience « Il
«
Je sais qui en aura raison
I
alla quérir le curé.
Le curé apporta un gros
dans
se dit-il,
».
la cave,
croiriez-vous
?
livre, et,
quand
fut
il
Le
se mil à lire des choses en latin.
il
Les chiens
sautèrent dessus tout
lui
pareillement. «
— Je n'ai rien pour me défendre
Et, s'étant retiré, l'agita
au-dessus
fuyaient
!
faisant des «
des
chiens
prêtre.
bonds de
trois
aunes
:
eux
qui
cuves, tonneaux,
tout en craquait
!
Et quant Bouschet voulut les arrêter, en fermant
la porte,
il
ne put en venir à bout
qu'ils fussent très gros, passèrent « Si le
La Finette ne
—
:
les chiens,
par
encore
la chatière.
loup eût été ainsi, vous eussiez été
trompée, Finette...
«
» fit le
c'étaient
:
sautaient cuveaux,
Ils
!
revint, le goupillon à la main, et
il
fît
que
rire
Croyez-vous toutes
conte à propos des
bien
«
«
:
les niaiseries
Escondures
» ?
que Ton ra-
Ce que
vit ce
nez
rouge de père Bouschet, c'étaient, bien sûr, des rats;
comme
et, «
la
—
il
était gris,
il
les prit
Incrédule de Finette
!
pour des chiens...
s'écria,
»
de l'autre côté,
Nanon vous ne craignez donc rien ? « Que voulez-vous que je craigne? Les chiens ;
—
entrent-ils dans les caves
convenablement fermées?
— 50 — li
bôs
enquera
e
;
en demôra gaire, aora.
n'i
Si n'en
trôbon quaucuns ves Sauvanirgues, se venon pas pro-
menar
pels charreiras, elh hiuer,coma d'autres côps.
Li moeirian d'aqui, sabés! «
~
Botas, Finon, diguet la Goton,
i
avia ben qui-
can, per que n'en digeon tant. «
— De
segur,
delh
plardisa
faguet la Finon,
monde... Vezés,
qu'aquels que son dins
chambas !... Aco paure monde, lis
i
:
i
avia
sim-
la
a d'autres
lops
a de lops a doas
que fazon de
mau
elh
fortunats que raubon lo pauc de li
servents
si
bôs
es'quels
ben dels pelhards, gaire
li
i
mauvas mestres que paion que
et
lis
fazon
de
crebar
fam... ce
Et
li
lops que parle son mais de fugir qu'aquels
ques an quatre pautas tias « fai
que
;
els
mangeon
lo
:
aquestes
monde
— Taizas vos, Finon quican de vds auzir
ma
!
:
«
—
li
bes-
diguet la Marinon n'ai lo
aco
;
me
cuer cofle de saber
tanta Reina, de ves Chavalet, a gardât nôstré
mon
ben, depueis la mort de
quant
mangeon mas
!
l'on
sap
paure
Vezés,
paire...
res...
Anem, Marinon,
n'ajas pas d'esmai
:
beleu
d'avant que morir... « «
— Es trop lobai per pariar coma vos. — Que sem simplas Dizem un autre conte 1
voudra melh. «
—
avés auzit, Catonet 7
;
aco
— Quant aux loups, en
ils
—
51
sont dans les bois, et encore n'y
en trouve quelques-uns
reste-t-il guère, ore. Si l'on
à Combaneire ou à Sauvanirgues,
promener dans
se
On
fois.
—
«
les ôterait
Allons,
pense
là, je
ne viennent pas
en hiver,
les rues,
de
ils
comme
Margoton,
Finette, dit la
autre-
1
il
y avait
bien quelque chose, pour qu'on en raconte tant.
— Assurément,
«
rie des gens.
..
fit
ceux qui sont dans
il y avait la niaise" y a d'autres loups que il y a des loups à deux
la Finette,
Voyez-vous,
il
les bois
:
jambes!... Ce sont ceux qui font du mal aux pauvres gens, les riches qui ravissent le peu de bien des bles, les
hum-
mauvais maîtres qui payent insuffisamment
leurs serviteurs et leur restreignent la nourriture... « Et les
loups dont je parle sont bien plus à fuir que
ceux qui ont quatre pattes
que «
fait
les bêtes
;
eux,
— Taisez-vous, Finette, de
la
ces derniers ne
:
mangent
le
ma
dit la Marinette
—
Allons,
quand on
Marinette,
«
j'ai le
me
cœur
la
mort de mon pauvre
soyez pas en peine: .
— Elle est trop /oMue, pour parler comme vous. — Que nous sommes sottes! Disons un autre
conte «
cela
est ignorant...
ne
peut-être qu'avant de mourir. «
;
;
tante Reine, de Chevalet, a
gardé notre part d'héritage, à père... Voyez-vous,
mangent
!
peine de vous ouïr parler ainsi
gros de savoir que
«
monde
;
—
cela vaudra
mieux
!
Avez-vousouï, Catherinette?
— «
son «
—
52
—
N'en pôde ges dire
:
sabe
mas
'
na chan-
».
— Aco changeara
;
La Calonet, ques era chadeira et chantet
«
chantas'na chanson
»
.
elh rai delh solelh, ressenet sa
Joaneton à l'aiga
».
— — Je
«
53
^
ne peux pas en dire
:
je
ne sais qu'une
chanson. «
—
La
Cela changera
;
chantez une chanson
Gatherinette, qui était exposée
soleil, recula sa chaise et
taine ».
chanta
«
».
aux rayons du
Jeanneton à lafon^
—
54
-
JOANETON A L'AIGA
Joaneton s'en vai a Faiga, Querre d'aiga per pousar, Larirolon Lariro Ion
{bis)
la,
la,
Querre d'aiga per pousar. Pelh chamin, la drolla encontra
Un garson ben
la,
Lariro Ion
la,
Un garson ben « «
a caval,
Lariro Ion
a caval.
— Bella, dona me'n pauc d'aiga Per
mon
caval abiurar,
Lariro Ion
Lariro Ion «
Per
mon
{bis)
la, la,
caval abiurar.
«
Mossur,
«
Vos en chaura
«
{bis}
si
n'en volés d'aiga, davalar... {bis)
Lariro Ion
la,
Lariro Ion
la,
Vos en chaura
davalar...
—
55
—
JEANNETON A LA FONTAINE
Jeanneton s'en va àFeau, Quérir de l'eau pour en puiser
Larirou Ion
la,
Larirou lonlo, Quérir de l'eau pour en puiser.
Par
Un
Un
le
chemin,
la belle
rencontre
élégant cavalier,
Larirou Ion
la,
Larirou Ion
la.
élégant cavalier.
«
— Belle,
«
Pour mon cheval abreuver,
donne-moi un peu d'eau
Larirou Ion
la,
Larirou Ion
la,
mon
«
Pour
«
— Monsieur,
Il
cheval abreuver. si
vous voulez de l'eau,
vous faudra dévaler,
« Il
Larirou Ion
la,
Larirou Ion
la,
vous faudra dévaler...
— «
— Drôlla,
«
Un poton
si
te
-
56
eu n'en davale, colara, {bis)
Lariro Ion
la,
Lariro Ion la, «
Un poton
«
— Un poton
«
«
«
«
te colara
Mossur, tôt
Mossur,
n'es
î .
.
pas grand causa
so que voudrés.
Lariro Ion
la,
Lariro Ion
la,
tôt so
que voudrés
l
si n'es pas pro, m'amia, Te poiriaben caressar... (ôw)
Lariro Ion
la,
Lariro Ion
la,
Te poiria ben caressar...
«
—
«
Mas que pensara ma maire, Quant me veira pas tornar ? (ôw)
Quant
Lariro Ion
la,
Lariro Ion
la,
me
veira pas tornar
?
«
— Creira que l'aigas es fera,
«
Que
«
(bis)
— Vai,
«
«
..
Que
n'as pas
podut pousar,
Lariro Ion
la,
Lariro Ion
la,
n'as pas
{bis)
poudut pouzar...»
— «
— Belle,
«
Un
si
—
57
je dévale,
baiser cela te coûtera,
Larirou Ion la, Larirou Ion
la,
«
Un baiser cela
«
—
«
Monsieur, tout ce que vous voudrez,
Un
coûtera
te
!...
baiser est peu de chose
Larirou Ion
la,
Larirou Ion
la,
:
<(
Monsieur, tout ce que vous voudrez
M
— Va,
«
Je pourrais bien te caresser.
si
ce n'est point assez, m'amie,
Larirou Ion
la,
Larirou Ion
la,
«
Je pourrais bien
«
— Mais que pensera
«
Quand
«
Quand
elle
ne
te
me
caresser.
ma
Larirou Ion
la,
Larirou Ion
la,
elle
ne
me
.
mère,
reverra point revenir
«
— Elle croira que l'eau Que
Que
.
verra point revenir?
«
«
!..
?
est trouble,
tu n'as pas pu en puiser,
Larirou Ion
la,
Larirou Ion
la,
tu n'as pas
pu en puiser.
.
.
»
Cette chanson nous a été obligeamment communiquée par M. Vénard, pharmacien.^Nous Tavons mise en ordre et complétée.
—
58
APRES CHANTAR, CHAU RIRE
Aquela chansons avia agradat am' Estapauc,
lornèron chaplar «
—
coviseiras.
:
Mas, chantas delh biais, Catonet. Quausauria
credut que sabia de tant bravi besonhas «
Is
piquèron delhs mans coma chau. Pueis,
— M'es vejaire que chantavias
?
a la gleisa, quant
ères filha?
— Oc ben. — Lo curât vos aprenia de chansons? « — Adivôc — Et coma n'en sabés? — N'en sabe de mon grand. N'en chantava pro, lo «
«
1
«
«
paure home,
et
me
n'avia pro après;
dadas, aora. Ai tant plorat, dins
ma
mas .lis vida,
ai oble-
que
l'en-
veja de chantar m'a leu'gut passât... (c
— Aco
tornara, vezés
acô tôrna per'quels que
;
vôlon. «
«
— Acô tôrna gaire viste — E fotrauda! anueit que !
!
plorar, beleu?
Aurem pro
fai solelh,
lézer de
voudrias pas
badalhar
et
de cos-
—
59
APRÈS AVOIR CHANTÉ,
FAUT RIRE
IL
Cette chanson avait eu l'agrément des
femmes de
l'assemblée. Aussi, elles applaudirent vigoureusement. Puis, la conversation reprit «
:
— Mais vous chantez très bien, Catherinette.
aurait cru que vous saviez de «
«
« «
«
«
!
les
le
je les ai
que
Il
pauvre homme, et
il
le
m'en avait appris pas mal
oubliées, ore. J'ai tant pleuré, en
l'envie de chanter
— Cela
ceux qui «
étant
?
!
mais
«
l'église,
fille?
— Cela est vrai. — Le curé vous apprenait donc des chansons — Ah bien oui — Et comment en savez-vous? — Je tiens de mon aïeul. en chantait beau-
coup,
vie,
choses?
— lime semble que vous chantiez à
jeune «
jolies
si
Qui
;
ma
m'a passé de bonne heure. cela revient pour
reviendra, voyez-vous
;
veulent.
— Cela ne revient guère vite — Hé sotte que vous êtes hui !
I
I
qu'il fait soleil,
vous ne voudriez pas pleurer, peut-être? Nous aurons
60
quant
sirar
moscias blanchas tombaran, que
li
lis
congeiras cataran lischamins et que l'aura nos bofara entre'ls aurilhas
!
»
Lis autras fennas trobèron, co
n'en laisseron 'star sis Is
fuses per
tant delh biais
rire, la
que
Catonet coma'
autras. «
— Pracô, pracô, disia la Marinon, d'aquelh monin
de Finon
1
me chau mostrar mi dents
Mais
Et mostrava qu'era berchuda. •'
[.
«
— Anem, anem,
!
»
.
a
.
Catonet, avés pro redut; chan-
un pauc mais. Paura Finon, ai obledat lis chansons mas me sovene de quaucas goalhas. Trobas 'quela besonha
tas
«
—
;
:
«
—
«
Gôrgea dins gôrgea,
«
Set peds, la coa darrés.
»
sabe, faguet laRoseta; aco es
chai que biù
lo
dins Vola. » «
—
E ben, respondeguet la
tant, qu'ei acô a «
Quant hi
«
es
farina.
lo
vai^
aco es elh
Qant tôrna, aco es
*••••••••" — Anem, forgeas Aco
Catonet,
si
n'en sabés
:
blat
:
ella ? »
,...,.... vos
que vai
a
lo cervel!...
Trobas pas?
molen
qne tôrna en
elh
et
61
temps de
bien le «
tomberont, que les congères
»
couvriront les chemins et que entre les oreilles
!
la Calherinette «
vent nous soufflera
le
»
Celte boutade parut qu'elles laissèrent,
soupirer quand les
bâiller et de
mouches blanches
si
pour
comme
plaisante aux autres femmes,
fuseaux en repos,
rire, leurs
les autres.
— Mon Dieu, disait la Marinette, qu'elle est drôle,
cette Finette!
^ents!
lime
faut,
malgré moi, montrer mes
»
Et elle montrait qu'elle était brèche-dent.
«
— Allons, allons, Calherinette, vous avez assez
ri;
chantez encore un peu. «
je
— Pauvre Finette,
me
a «
«
— Je
dans «
j'ai
la
La bouche dans la bouche, Sept pieds, la queue par derrière.
le sais,
fil
la Rosette
:
»
c'est le chat qui boit
marmite.
— Eh bien, répondit la Calherinette, puisque vou$
êtes si habile, qu'est ce a «
«
oublié les chansons; mais
souviens de quelques gouailles. Trouvez ceci:
que
farine.
:
Quand il y va, c'est lui Quand il en vient, c'est
— Allons, creusez-vous
pas?... C'est
c'est
le blé
la tête
;
elle? »
I...
qui va au moulin
et
Vous ne trouvez qui en revient
— Devinas enquera
:
si
—
62
trobas pas, Loison, per vostra
penitensa nos contarés quican... «
Te bolegue
«
Et
«
Prene acô tiône
«
E o bote dins'cô miône.
me
Dettgun devina?
bolégues,
»
P La Finons aguel un côp «
— Sabés, Finon? — Oc. Aco
«
—
«
d'uelh coquin.
es...
Taizas vos, Finon!
.
.
.
Trobas quican mais
!...
Dengun devina? «
Aco
es un
Tabre^ elh se
home sobre una fai
varzella.
bolegar; prend de
En bolegant
celeiras et
li
bôtadins son benel... «
Loison, noi devés un conte
La Loison «
se faguet
I
»
pas pregear
— Adonca, so diguet,
vas fennas; vos contarai
:
badas vostre auzidor, bra«
Plan Pognet».
— Devinez encore
«
si
:
63
—
vous ne trouvez pas, Louison,
pour votre pénitence, vous nous conterez quelque chose...
Je te
remue
«
Et tu
me
«
Je prends ce qui est tien
«
«
Et je
le
La
— Vous savez,
«
—
«
— Taisez-vous,
Finette?
Oui, c'est... Finette!...
Personne ne devine « C'est
bre,
il
est,
lui-même, remué;
met dans son
Trouvez autre chosel...
?
un homme dans un
cerisier. il
En remuant l'ar-
prend des cerises
— Adonc,
se
fit
fit-elle,
je vous conterai
et
panier...
Louison, vous nous devez un conte!
La Louison ne «
est mien... »
Finette eut un coup d'œil malicieux.
«
«
mets dans ce qui
— Personne ne devine?
«
les
remues,
«
pas prier ouvrez
l'oreille,
Plein Poignet
»
:
».
braves femmes;
-
64
PLEN POGNET
Una
fennas avia très efants. Eron tant bravonets,
qu'acô fazia geau de
li
Mas
veire.
lo
darrer, belsi-
gneta, era tantpetitonet qu'auriachabut dins
per acô, era
nommât Plen
D'aquelh temps,
de
la
que
vida s'es
vist.
lo
laman
:
Pognet.
paure monde patissian coma de
Avian tant mougut de guerras,
la terra estivava.
Ges de gran, ges de pan
senhors avia de blat de cobre, dins sa graneira
;
.
Lo
mas
pelhard mangeava sô que trobava, d'herba mais
lo
d'un côp. Dins sa chabana, la paura serva plorava tons avian fam, et res per Ihi donar
maire per saber com' acô
fai
mau
I
:
sis
efan-
Vezés,chal esser
de veire plorar de
fam lis petiots... Aqueli manonas, que sabon mas demandar, voi reviron lo cuer !
«
— Si n'avia mas dos,
podria sauvar. despei tarai
.
.
Que
pensava
farai
la fenna,
beleu
lis
de l'autre? Gossi m'en
?»
Et plorava, plorava sen poder trobar cossi s'en despei taria.
.
65
PLEIN POIGNET
Une femme gnons que
avait trois enfants. Ils étaient
c'était
une
joie de les voir.
était si petit, le pauvret, qu'il aurait
de la main
En
:
ce qui l'avait fait
ce temps-là, les
Mais
mi-
si
dernier
le
tenu dans le creux
nommer Plein
Poignet. si
mal-
On
avait
pauvres gens étaient
heureux que jamais on n'a rien vu de
tel.
déchaîné tant de guerres, que la terre restait en
fri-
che. Point de grain, point de pain. Le seigneur avait
du blé en réserve, dans son grenier mais le manant mangeait ce qu'il trouvait de 1 herbe, plus d'une fois. Dans sa chaumière, la pauvre serve pleurait ses pe;
:
;
tits
enfants avaient faim, et rien à leur donner
vous,
faut être
il
mère pour savoir
la
!
Voyez-
douleur que
cause la vue des enfants pleuranlde faim... Ces menottes, «
qui ne savent qu'implorer, vous remuent le cœur!
— Si je
n'en avais que deux, pensait la
peut-être les pourrais-je sauver... l'autre?
Et
Comment m'en
elle pleurait,
comment
Que
femme,
ferai-je
de
déferai-je? »
pleurait,
elle s'en déferait.
sans pouvoir
trouver
— «
— Anem, so faguet,
66 lo
—
perdrai dins lo bôs
!
Mas quant chauget chauzir aquelh que perdria, saguetempeitada, Per
et tornet plorar.
penset que Plen Pognet séria de bon
la fin,
melh escampelhar elh
et
dos premers
am
comandet
bos. D'avant que
sis efants
parteguesson, diguet
d'anar
am
li
:
—
Anas vos promenar dins lo bos, tant luan coma podrés. Aqui avés de pesés que semenarés «
pelh chamin. Quant voudrés tornar, vos escondrés delh Plen Pognet et lo laissarés star.
»
coma la maires avia
Lis efantons faguèron
Pelh chamin, l'ainat eschampava de
saguèron luan, tant luan coma
poduts portar,
s'arrestèron
sis
et
pesés.
chambas
se
lis
dit.
Quant avian
setèron sot un
grand fau. Saguèron benaises de trobar de fainas de n'en mangear. Lo
S'endormiguet
Quant
e'is
petitet,
et
era lasse»
pechaire,
autres lo laissèron.
se desvelhet et
que veguet que
sis
fraires
s'eron n'anats, charchet son chamin. Lis pesés ques
avia vist semenar Ihi lo faguèron trobar,.
Fazianueit quant tornet. La porta de era barrada. Cridet a
— Maireta,
badas
me
!
— D'ont venes,
Et lo peliotcontet cossis'era trobat.
chabana
»
La maire correguet badar «
la
:
mon coma
et Ihi diguet
:
petiot ? » sis fraires FaviaXi
perdut
et
— — Eh bien,
«
Mais quand
— perdrai dans
fit-elle, je le
il
fallut choisir celui
embarrassée
elle fut
67
et
le
qu'elle
boisî
»
perdrait,
pleura encore.
Enfin, elle pensa que Plen Poignet serait plus facile
à égarer et elle envoya ses enfants au bois. Avant leur départ, elle dit aux deux premiers
:
— Allez vous promener dans le
«
bois,
aussi loin
que vous pourrez. Voici des pois que vous sèmerez le chemin. Quand vous voudrez revenir, vous
par
ferez en sorte
que Plein Poignet ne vous voie pas,
vous l'abandonnerez.
et
»
Les petits enfants firent ainsi que la mère avait
dit.
Pendantqu'ils cheminaient, l'aîné jetait des pois. Lors-
que leurs jambes avaient
qu'ils furent loin, aussi loin
pu
les porter,
ils
s'assirent sous
s'arrêtèrent et
un
grand hêtre. Ils furent bien aises de trouver des faînes et d'en
manger. Le tout
fatigue.
Il
Quand
petit, le
s'endormit et
il
s'éveilla et
étaient allés,
il
les
qu'il
pauvret, était recru de
autres l'abandonnèrent.
que ses frères s'en
vit
chercha son chemin. Les pois
qu'il
avait vu semer, le lui firent retrouver. faisait
Il
cabane
—
«
nuit,
quand
était fermée.
Il
cria
le petit lui
perdu
et
raconta
comment
il
et lui
!
dit
:
?»
comment
s'était
la
:
— D'où viens-tu, mon petit
Et
La porte de
revint.
Mère chérie, ouvrez-moi
La mère courut ouvrir «
il
ses frères l'avaient
retrouvé.
—
68
—
Era totbanhat,pechaire. La maire, que cossirava, atubetlofiôc et lo faguet chaufar.
L'endeman, faguet tornar
sis efants elh
comandet que perdeguesson Plen Pognet tornesse, aqueste côp Li drollels hi
bôs et
Ihi
que non
et
!
aneron
et
perdegueron
lo fraironet
de
tau biais que non tornet.
mas
Plen Pognets era pro petitet,
cridava
!
Gridava
sa maire que l'avia'nat faire morir dins'quelh boscas E dengun Ihi respondia, non mas lo rasas ont quican I
cridava,
De
comas
l'auzir,
elh.
.
sabe pas qiiaus auria banhat sis uelhs.
un viot de ped per una prada ont hi avialo
Viret etdesvirettant que trobet
sôrter delh bôs Arribetdinc .
biou Morel.
S'espaoreget de veire una tant grôssa bestia, elh qu'era tant menudet, et s'escondeguet dins l'herba,
darres un cheir.
Lo d'alai,
biou Morel
pasturava to bellamen,
venia d'aise,
et, toi
d'herba amais Plen Pognet Alai, dins nu.eil, «
sachabana,
sonhet que
— Qu'ai
barai, aora?
fat
la
î
maires era cossirosa. La
lo diable la
de
mon
venia querre.
petiot ?
so disia. Ont lo tro-
»
Elh matin, anet elh bôs. Cridava «
—
Pognet
Plen !
!
»
d'aqui
per un côp, avalet lamota
Pognet
!
Plen
:
Pognet
!
.
.
.
Au
Plen
69
Le pauvret alluma
rant,
était tout mouillé.
Le lendemain,
renvoya ses enfants au bois
elle
recommanda de perdre
leur
La mère, en soupi-
le feu et le fit réchauffer.
façon qu'il ne revînt pas, cette fois
Les garçonnets obéirent
et
et
Plein Poignet et dételle !
perdirent leur frérot de
façon qu'il ne revint pas.
telle
Plein Poignet, malgré sa petitesse, criait bien fort 11
bois maudit le
1
appelait sa mère, qui l'avait envoyé mourir dans ce !
Et personne ne lui répondait,
si
ce n'est
ravin où ses cris se répétaient...
De 11
l'ouïr, le
du bois
tir
cœur
le
plus dur eût versé des pleurs.
virs^tant et tant qu'il trouva une sente
pour sor-
dans une prée où se trouvait
et arriva
le
bœuf Morel. Il si
une bête
s'effraya de voir
minuscule,
et
se cacha
il
si
grosse, lui qui était
dans l'herbe, derrière un
tas de pierres.
Le bœuf Morel pâturait tout tranquillement, delà, approchait tout
avala
temps
la touffe
doucement,
d'herbe
Plein Poignet en
et...
Là-bas, dans sa cabane, la
«
— Qu'ai-je
trouver
Au «
il
même
1
nuit, elle rêva
le
deci,
tout à coup,
et,
que
fait
mère
était
dolente.
La
diable venait la quérir.
le
de
mon
petit? soupirait-elle.
Où
?
matin,
elle alla
— Plein Poignet
!
au bois, criant
:
Plein Poignet Plein Poignet! I
!
»
—
70
-
Gesde Plen Pognet Lo bôs era tant grand Et Plen Pognet era tant petite* que l'aurian cachât am lis peds, amais l'aurian 1
!
pas
vist.
La maire espiava li gènes, Il genebras, lis pinetonSy li grands faus coma per demandar s'escondian pas son petiot;
et
li
genes espes,
pinetons verturos fasian
lis
un paac mais
si
genebras sornes
li
coma
branchas per que veguesse
grands faus forchats semblavon dire
—
«
volian
si
!
.
.
.
res,
et
li
:
Mauvasa maire, chalias gardar ton
Ves, cossi parem nostri brostons
campar
petiot!...
»
Lo cuer de li maires sap coma li besonha^ parlonE aco era mais que'ls faus que Ihi disian « Chalias gardar ton petiot » Aco era totas lis peiras que son ped fazia redolar, totas li bestionas que rondinavon per terra, totes lis escirôus que sautavon pels :
!
branchas, totes dels pinetas,
morre. «
li
totas
i
cridavon
garnas que
Ihi
en
aut
gimblavon
lo
.
— Chalias gardar ton
De
que
gralhs li
pensar,
petiot!
tombada simpla. Corria
n'en séria
d'assai, d'alai... Era cofla
»
que n'en podia pus.
Mais n'avia pas trobat son petiot. S'en tornet.
Aqueste jorn, tueron son ventre. A
la nueit,
lo
biou Morel e'schampèron
lo
lop,
que furava entorn
dels hostaus, lo golet: aqui aguet Plen Pognet dins
sa cornhôla
!
~
—
71
Point de Plein Poignet!
Le bois
Poignet était
était si vaste! Et Plein
qu'on l'aurait foulé aux pieds sans
La mère
interrogeait des
leur
demander
s'ils
yeux
les genêts,
grands hêtres,
vriers, les pinetons, les
petit
si
le voir.
les
gené-
comme pour
ne tenaient pas son petit abscons
et les genêts épais, les genévriers
;
sombres, les pine-
tons vigoureux semblaient vouloir rassembler un peu
plus leurs
branches,
afin qu'elle
grands hêtres fourchus avaient «
—
Mauvaise mère,
il
ne
de dire
l'air
fallait
vît rien,
et les
:
garder ton petit!
Vois avec quel soin nous protégeons nos rejetons
Le cœur des mères
comprendre choses. Et ce n'étaient pas seulement lui disaient
:
sait
« Il fallait
le
les hêtres qui
garder ton petit!
toutes les pierres que son pied les bestioles qui erraient
sur
!...»
langage des
»
C'étaient
faisait rouler, toutes
le sol,
tous les écureuils
qui sautaient sur les branches, tous les corbeaux qui coassaient au faîte des grands pins, toutes les
ches qui «
—
lui fouettaient le visage.
11 fallait
Cette pensée
garder ton petit troublait
Elle courait en tout sens,
gnait son
!
bran-
.
»
profondément son
esprit.
une immense chagrin
étrei-
cœur
Elle s'en retourna sans avoir retrouvé son petit.
Ce jour-là, on tua intestins.
A
le
bœuf Morel
la nuit, le loup,
maisons, les avala
:
et
on en jeta
les
qui rôdait autour des
voilà Plein Poignet
dans sa gorge
!
— Lo mangea
feda,
~
72
ques avia mais fam, s'en anet,
champs, veire si trobava qaauqua bestia per crocar. Desviselun pargue e i anet. Quant saguet de
pels
rase, Plen
lop
Pognet cridet
— Gara,
«
pastre
I
:
Gara, mouton,
qu'aqui
a lo
i
»
!
Et
am
pastre
lo
chins
sis
passet
darrés
lo
lop que s'entornet elh bôs, la pel traucada de cops
de dents
costas
e'is
machadas de cops de
can-
lia*.
Tant de côps hi vouguet tornar, tant de cops Plen
Pognet
lo faguet rostar.
.
Lo lop, que bava res mais per mangear, crebava de fam. Anet veire lo reinaud. Lis côps de barra fan pas viure.
«
— Fraire,
so diguet, sei la mais de planger de
totasli bestias. Ai dins totes
sis
digea
me
pastres 1.
.
moeire acô que crida dins
cossi farai per
casset
res
son
mas
nas
melh pensar, pueis
d'aise «
e'is
môri de fam
ventre. »
testa,
per
:
que sabes tant de besonhas,
fin et
Lo reinaud, ques a sa
ventre quican que crida
fedas et pôde res graupir
Tu, que ses tant
mon
mon
côps que vau veire un pargue,
lis
paron
tro-
lis
de coquinaria dins
pontut,
sarret
lis
uelhs
tornet badar per dire,
:
—
Fraire,
me
besonha coma tu
et
sovene d'un lop ques avia tau
que
mon grand gariguet.
leu
te
73
Le mange-brebis, dont
la
faim n'était pas encore
apaisée, alla, à travers champs, voir
que bête à dévorer.
Quand «
—
il
Et
s'il
trouvait quel-
découvrit un parc
et s'y rendit.
fut tout près, Plein Poignet cria
Prends garde, pâtre
Voici le loup
l
le pâtre,
suite
Il
!
:
Prends garde, mouton
1
»
aidé de ses chiens,
du loup qui regagna
coups de dents
et les
pourpeau trouée de
se mit à la
le bois, la
côtes meurtries de
coups de
fourche à parc
Autant de autant de
fois,
voulut surprendre les moutons,
il
Poignet
fois Plein
lui fît
recevoir de
mau-
vais coups...
Les coups de barre ne font pas vivre. Le loup, qui ne trouvait plus aucune nourriture, mourait de faim. alla consulter le renard.
Il
— Frère,
«
parmi toutes
dit-il,
plus à plaindre.
J'ai,
dans
qui crie chaque fois que je les pâtres sir
meurs de faim!
sais tant de choses,
pour
me
je suis le
mon ventre, quelque chose me dirige vers un parc, et
défendent leurs brebis
aussi, je
:
les bêtes,
dis-moi
et je
ne puis rien sai-
Toi, qui es
comment
débarrasser de ce qui crie en
rusé et qui
si
je
m'yprendrai
mon
ventre.»
Le renard, qui n'a que méchanceté en tète, baissa son museau pointu, ferma les yeux pour mieux réfléchir, puis les rouvrit «
vait
pour dire lentement
— Frère, je me souviens d'un dans
le
même
:
loup qui se trou-
cas que toi et que
mon
aïeul gué-
—
74
—
qu'as paor. Aqui as sô que faras.
garirai,
Vezes
aquels dos abres que se tôchon quasi, alai? Bôta
entremed
me
et fai tôt sô
darres
botarai
sortra
.
que podras per
tu per
te
passar
i
quant
dire
:
te
ieu
bestia
la
.
—
Grammaci, fraire, respondeguet lo lop en badalhantdefam.Tebailarai quican o asben ganhat «
:
per lo plazer que
Lo lop «
fazes. »
se botet entre lidos abres et tiret
n'en pengeava
ton
me
— Tôrna tirar
!
!
.
sa lenga
cridava lo coquin de reinaud
ventre platezit!...
sôrter
:
!
Tirai
tirai
La
bestia
:
vai
.
Lo lop tirava tant que sis côstas n'en crocenavon. « s'era Aug » so faguet, tôt per un côp
—
espetat*
:
!
!
Lo reinaud, benaise delh mau que venia de
faire, s'en
anet en sautegeant.
un pauc montet pus luan, per una brancha que tochava a la cima d'un grand fau. Volia veire lo chamin pe s'en anar. Era aqui que gardegeava, quant très hômeg se venguèron setar elh ped de son abre. Aco era de raubaires. Badèron un sachon et se botèron a compPlen Pognet sorteguet de sa prison,
et,
terra,
tar de pistôlas et d'escuts.
Un «
dizia
:
— Aqui as
miônai
la pessa,
aqui a la siôna, aqui a la
-
-
75
Je te guérirai, sois sans crainte. Voici ce que tu
rit.
devras
deux arbres qui
faire. Vois-tu ces
se touchent
quasi, lâ-bas? Boute-toi au milieu et essaye dépasser
de force
:
me
je
mettrai derrière pour
dire
le
quand
la bête sortira... «
— Grand merci, frère, répondit
de faim. Je
récompenserai
que tu
le service
Le loup de passer «
te
se
bouta entre
la
:
langue
toujours
Tire
ventre s'aplatit
Le loup
me rends.
!..
Tire
.
les
!
avec tant
tirait
loup, en bâillant
»
deux arbres
en pendait
lui
criait
!
le
tu l'as bien gagné, par
:
et s'efforça
!
méchant renard ton La tire bête va sortir!... p de force que ses côtes en le
;
!
craquaient. «
— Aug
ventre
!
»
tout à coup.
fit-il
Il
s'était
faire, s'en alla
qu'il
venait
en sautant de plaisir.
Plen Poignet sortit de sa prison, join,
le
!
Le renard, heureux du mauvais tour de
rompu
et,
un peu plus
en s'aidant d'une branche qui touchait terre,
il
monta sur un grand hêtre. Il voulait voir s'il découvrirait un chemin pour s'en retourner. Il était là à observer, quand trois hommes vinrent s'asseoir au pied de son arbre. C'étaient des voleurs. sachet et se mirent à compter des
Ils
ouvrirent un
pisloles et des
écus.
L'un d'eux disait voici la
mienne
1
:
«Voici ta pièce, voici la sienne,
76 «
— Et
la
miôna
!
Lo raubaire, qae cridava (c
—
»
faguet, d'en aat, Plen Pognet.
que
crezia
l'autre
se plangia,
:
Mas Tas ben, bougre
!
»
Trescops, tau besonha arribet. Li raubaires pensèron que
li
gai ta von et desparrè-
ron tant viste que laissèron l'argent.
Pognet davalet de
Plen
blanchas, escampelhadas pro.
Li gentas pessas
l'abre.
per l'herba, Ih'agradavon
Mas coma'ls emportai'?
Et,
pas mais, ont s'en
anar? Sabia gesde chamin. Era'qui en pessamen,
quant sa maire, que
charchat despueis que s'era perdut,
lo trobct
l'avia
a costat
delh sac.
Aguet leu de potons
et
fat
de lo botar dins
plorava d'aise
si
bras.
Lo mangeava
:
L'efantonet se jassava dins lo cuelh de sa maire «
— Maireta
qiiitar
I
!
A
I
de
ma
:
maireta! Vos tornarai pas
»
La paura fenna campet l'argent, pueis s'en anet am son petiot, et, quant tornet ves sa chabana, toti n'aguerongeau.
— — Et la mienne
«
77
d'en haut, Plein Poignet.
» fit,
!
—
Le voleur, qui croyait que son compagnon réclamait, criait
— Tu
«
:
bougre
l'as bien,
Trois fois la
même
I
»
chose se reproduisit.
Les voleurs, se croyant découverts, détalèrent vite qu'ils
si
abandonnèrent l'argent.
Plein Poignet dévala de l'arbre. Avec quel agrément il
vit les
gentes pièces blanches éparses sur l'herbe
Mais comment aller?
Il
du
mère, qui
s'était
perdu,
le trotiva
à
de
bouter dans ses
le
de baisers
et pleurait de
bon-
:
— Ah
!
mon pauvre pouUet
L'enfançonnet
mère
blotissait
se
!
Je
l'ai
dans
retrouvé le
cou
!
»
de sa
:
— Mère chérie
vous quitter
1
I
avec son
ô
mère chérie
!
Je ne veux plus
»
La pauvre femme alla
il
eut vite fait
elle
Elle le dévorait
!
heur
jour où
le
l'avait
sac.
Comme bras
I
où s'en
ne connaissait aucun chemin.
cherché depuis côté
«
Et, d'autre part,
était là qui songeait, lorsque sa
11
«
emporter?
les
recueillit l'argent, puis elle
petit, et,
quand
elle fut
cabane, tous les siens furent en joie.
s'en
de retour en sa
78
—
PLAIDEJAT PER LA MAIRE
«
— Pracô, Roseta,ques era petitonet aquelh paure
Plen Pognet!.
.
.
Tant pauc mais seria'stat com'uaa
neira...
Aco
es dins lo conte
ques era com'aco, Mari-
non. «
— D'aquel efanton, belsigne
maire
!
Sel benaisa
que sa
l'aje trobat.
—
« Oc ben avia pro patit. Mas n'avia fat veire amelh lop, tant mingornel comas era « E Gatonet Sabés coma dison « Petita mos;
!
—
!
cia fax rapetar gros ase «
—
:
!
Me chau
rire
.
»
de pensar de quant
biais
lo
fotraud de lobas se laisset afinar per lo reinaud... «
—
A
!
lo
bougre! Avia pro mangeât de fedas
Podia ben crebar «
— Et
la
!
!
maire? Crezés, Roseta, qu'era pas mau-
virada d'escampelhar son efant pelh bôs?
— La gampa « — Et son home? Podia pas preneruna trica «
zo faire petar
!
?
et Ihi
—
—
79
PLAIDOYER POUR LA MÈRE
«
—
Mon
Poignet
puce
Pour un peu,
!
Plein
eût été de la grosseur d'une
il
!...
«
—
«
—
mère «
Dieu, qu'il était petit, ce pauvre
Le conte
dit qu'il était ainsi, Marinette.
Pauvre enfançon
l'ait
!
Je suis bien aise que sa
retrouvé.
— Certes,
il
avait assez pâti. Mais
avait joué de
il
vilains tours au loup, tout petit qu'il était. «
—
verbe «
Hé «
:
Catherinette
!
Petite
mouche
!
Vous savez
fait sauter gros
— Je ne puis m'empécher de
quel biais
ce
rire,
que âne
dit le pro!
»
en songeant de
nigaud de loup se laissa afiner par
le
le
renard... «
— Ah
brebis
!
—
«
Il
la
!
mauvaise bête
!
pouvait bien crever
Et la
Il
avait
mangé
assez de
!
mère? Ne croyez-vous pas, Rosette, d'abandonner ainsi son enfant
qu'elle était dénaturée
dans « «
le
bois
?
— La vilaine femme — Et son mari? Ne pouvait-il donc
une trique
!
et la lui faire sentir ?
pas prendre
80 « ((
«
— Beleu n'en sabia res. — L'aurias parangida, vos, Mieta — Acô d'aqui rai S'avia vescutd'aquelh temps et .
!
!
que l'aguesse Irobada, Ih'auria «
—
A! Paura Miela
aquela fenna
me pense petiot
si
:
dit quican!
De segur que fazia de mau,
!
de von pas botar lisefants defora;
mas
ques auria pas vougut laissar star son
Ih'avian bailat un chantel de pan.
.
Vezés,
mancon de res, ques an de sedat, de part*, podon entopinar, elh caire delh fiôc, quant
aquels que et
que
se
acô cera et que Taura
fai
de bofadas, aquels an leu fat
de trobar quels autres son mauvirats
!
Mas si chalia qu'ausiguesson cridarson ventre, hors de mangear, aurian pas tant de morre! « Auzés la Finon? S'entrava pas per parar la
—
maire delh Plen Pognet «
—
!
Pare sô que deve parar! La maire patiguet
pro d'aver perdut son drolleton. Et pueissa, saber que « «
la
fam
?
— Goton,
devés
mauvasa comandeira...
— Ma figa, ieu sei de vés la Finon. — Vos mais, Goton Anem, vos hi
chaura sostar «
es
si
botas, nos
!
quant chaplas, contas quauqua brava
besonha, un conte que
parla de
bestias, si
n'en
sabés. «
—
Per
peseira. »
fe
d'acô,
vole ben. Sabe
«
Lo
Boc per
la
— « «
«
~
81
— Peut-être n'en rien. — Vous l'auriezcorrigée d'importance, vous, Miette! — Assurément j'avais vécu en ce temps-là, et que savait-il
!
.
Si
je l'eusse rencontrée, je lui aurais dit «
__
Ah Pauvre
Miette
!
!
Il
agissait mal, cette femn^e
dehors
les enfants
est hors de doute qu'elle
on ne doit pas bouter
:
;
petit, si
quelqu'un
pain... Voyez-vous,
lui eût baillé
ceux qui ne man-
quent de rien, qui ont du pain blanc, de
la viande, et
comme
qui peuvent se tenir chauds, au coin du feu,
soupe au toupin, quand souffle
Mais lieu de
la
neige tombe et vite
que
jugé que
les
le
vent
autres
!
s'il fallait
manger,
— Oyez
a
la
en rafales, ceux-là ont
sont dénaturés
!
mais je pense, aussi, qu'elle n'eût
pas abandonné son
un chanteau de
quelque chose
qu'ils ouïssent crier leur ventre,
ils
ne seraient pas
la Finette
!
elle
si
sévères
au
!
ne bronche pas pour parer
mère de Plein Poignet Je pare ce que je dois parer! La mère !
«
—
pâtit
assez de la perte de son petit. Enfin, vous devez savoir
que « «
la
faim est mauvaise conseillère...
— Ma je suis de — Vous aussi, Margoton foi,
boutez de son côté, a
de la Finette.
l'avis
il
?
Allons,
nous faudra céder
si
vous vous
!
— Margoton, puisque vous êtes partie à discourir,
contes-nous quelque chose d'inléressant, un
où
il
«
est question de
—
dans
Oh pour !
la pesière. »
bêl'^^s, si
cela, je
conte
vous en savez.
veux bien. Je
sais «
Le Bouc
82
—
LO BOC PER LA PESEIRA
Jacôt de Trompet era partit per anar a la feira.
En passant per
la
troba'n
prada.
boc
per
sa
peseira.
Aqui aguet Jacôt pr« empeitat per anar a Val querre
la feira...
lo lop.
Lo lop vouguet pas mangear
lo
boc, ni lo boc
se
parar de per la peseira.
Aqui aguet Jacot pro empeitat per anar a Vai querre
la feira...
lo chin.
Lo chin vouguet pas pelhar gear lo boc, ni
lo
lo lop, ni lo
lop
man-
boc se parar de per la peseira.
Aqui aguet Jacot pro empeitat per anar a
la feira...
Vai querre la barra.
La barra vouguet pas barrar lo chin, ni lo chin pelhar lo lop, ni lo lop mangear lo boc, ni lo boc se parar de per la peseira.
Aqui aguet Jacot pro empeitat per anar a
la feira...
—
83
—
LE BOUC DANS LA PESIÈRE
Jacot de Trompet était parti pour aller à la foire.
En traversant
la prade,
il
trouve
un bouc dan» sa
pesière.
Et voilà Jacot bien empêché d'aller à la foire! Il
va quérir
le
loup.
Le loup ne voulut pas manger
le
bouc, ni
bouc
le
sortir de la pesière.
Et voilà Jacot bien Il
va quérir
le
empêché
d'aller
à la foire
!
chien.
Le chien ne voulut pas
piller le
loup, ni le loup
bouc sortir de la pesière. Et voilà Jacot bien empêché d'aller à la foire
manger
le
bouc, ni
le
!
Il
va quérir
la barre.
La barre ne voulut pas frapper le chien, piller le loup, ni le loup manger le bouc,
ni le chien
bouc
ni le
sortir delà pesière.
Et voilà Jacot bien empêché d'aller à la foire
i
— Vai querre
84
—
lo fiôc.
Lofiôc vouguet pas cramar la barra, ni
la
barra
barrar lo chin, ni lo chin pelhar lo lop, ni lo lop
mangearlo boc, ni lo boc se parar de per la peseira. Aqui aguet Jacot pro empeitat peranar a la feira... Vai querre Taiga. L'aiga tuet lo
fiôc, lo fiôc
cramet
la barra, la
barrât lo chin, lo chin pelhet lo lop, lo lop
boc, lo boc se parel de per la peseira
.
Et Jacot saguet preste peranar a la
.
feira.
barra
manget
la
— SSII
va quérir
le feu.
Le feu ne voulut pas brûler frapper
le
manger le bouc,
ni le
Et voilà Jacot bien
Il
ni
bouc
sortir
empêché
barre
la
loup
le
delapesière.
d'aller à la foire
!
va quérir Teau.
L'eau éteignit
frappa le
la barre,
chien, ni le ohien piller le loup, ni
le
bouc,
chien,
le
bouc
le feu, le feu le
chien pilla
sortit
brûla le
loup, le loup
de la pesière.
Et Jacot put aller à la foire.
la barre, la
barre
mangea
86
—
GIGONAIRES
«
— Aqui
as
«
— De que
i
«
— Aco es mon fiou que s'embôlha.
a « « « «
u (c
« lis
1...
a,
Naneta ?
— Vos coitas trop, pardinal — El Acô vira, Finon Vai esser — N'avés bravamen — Pas tant qu'acô. — Quant? !
fat
— Medj'auna
.
quatre horas.
?
et
medja.
— Quant vos paion, vostra dentella? — Trenta sous l'auna. Mas es fîna que la
fina,
uelhs
!
N'en faze gaire et
me chau
coitar
:
hi
perde
la
levon
dimenche. «
— Mas s'embolhas vostres fuses,
farés
de Trompet que podia pas'nar a la feira
:
coma Jacot non serés
presta, quant chaura... «
«
— Fairai ben — Digeas, Naneta, !
era ben tan entestat, aquelh
boc! <v
—
Era coma d'homes que
i
a.
.
.
Quant chau
tirar
—
87
—
MAZETTES
«
— Allons,
«
-^ Qu'y
« « ft
bon
a-t-il,
1
Nanetle?
— C'est mon qui s'emmêle. — Vous vous dépêchez trop, pardi — Hél temps passe, Finette va être fil
.
!
le
!
Il
quatre
heures. « «
« «
«
«
que
— En avez-vous beaucoup? — Pas tant que cela — Combien? — Demi-aune et demie. — Combien vous lapaye-t-on, votre dentelle? — Trente sons l'aune. Mais est fait
!
elle
perds la vue
j'y
hâter, car «
—
Mais,
comme
«
«
— — —
la lève si
Je n'en fais guère, et
!
dimanche.
il
faut
me
.
vous emmêlez vos fuseaux, vous ferez
Jacot de Trompet qui ne pouvait pas aller à
la foire «
on
si fine, si fine,
:
vous ne serez pas prête, quand
Si, si
Dites, Nanette, Il
il
le faudra...
!
était
comme
il
était bien entêté, ce
certains
hommes
bouc
!
qui, lorsqu'il
— 88 — de ves avant, liron de ves arrer. razoD, eoquera €
— Amais
.
Trobon ques an
.
!
rambalhava* per grand cas...
Jacot
bon cop de quaquelh bougre de sen-
S'avia'tapat lo bocalhas et rarchar d'un
pcd
coa^m'es vejaire
sot la
lina chabra auria laissât star «
lis
pesés
!...
— Era d'aquela mena' de monde que non se sabon
desvirar
se negearian dins
:
lo
bacbas dels po-
lasî... «
— S'ere estada
diguet la Nanela. «
dents
lo lop, Ih'auria mostrat
li
lo chin, Ih'auria pical lis
anchas
»
.
— S'ere estada
!
»
diguet la Finon. «
— S'ere
estada
la
barra, quant cop Ih'auria fat
petar pelh suc! » diguet la Mieta. *
— S'ere estada lo
fiôc,
Ih'auria rimat
lis
peds
I
»
diguet la Caionet. «
— S'ere
bota «
!
estada Taiga,
> diguet la
—
K
ieu,
com'una
Taiiria
coflat
lo boc,
d'una bannada
Roseta.
s'ere estada
pelb pitre auria setat Jacot elh
med
pueissa auria mangeât tota la peseira
de la prada, !
diguet la
>
Loison. c « « «
— Ses ben cobeda, Loison — Et Tos, MarinoD, de que serias'stada — Pardi, pas res — E ben, se sabés quican, digeas nos zo,
una conteira.
î
?
!
et serés
. .
.
1
— faut
de
aller
89
Tavant,
— En
en arrière...
tirent
donnent raison, qui plus «
—
S'il
eût pris
le
bouc pour
quer un solide coup de pied sous
la
«
queue,
rassés de rien
dents «
», dit la
—
— Si
j'avais été la
«
—
pieds
I
-
«
Si j'avais »
bacdespoulesl
le
barre,
chef!
lui
aurais pincé les
de quel coup je
lui
» dil la Miette.
aurais roussi les
été le feu, je lui
dit la Catherinette.
Si j'avais été l'eau, je
une outre «
sonner
fait
le
Nanette.
dit la Finette.
aurais
dans
loup, je lui aurais montré les
Si j'a^vais été le chien, je 1
me
espèce de gens qui sont embar-
se noieraient
ils
»
fesses «
:
Si j'avais été le
u
ii
laissé en
I
était de cette
11
appli-
lui
semble que ce gredin de hume-chèvre eût
—
se
de compte, Jacot était embarrassé pour
fin
peu de chose...
paix les pois
Ils
estl
»
I
l'aurais gonflé
comme
dit la Rosette.
— Et moi,
si
coup de
j'avais été le bouc, d'un
corne en pleine poitrine, j'aurai assis Jacot au milieu
de
la
la
Louison. «
«
prade, puis j'aurais
toute la pesière
— Vous êtes bien envieuse, Louison — Et vous, Marinette, qu'auriez-vous
I
»
dit
1
— Oh rien, « — Eh bien, «
mangé
!
si
pardi
donc été?
I
vous savez quelque chose,
nous, et vous serez... une conteuse
I
dites-le-
— «
— Rai
—
de vos au Iras, que
berchuda coma «
90
— Anem,anem
son dins vostra
ses joinas
;
mas'na
que volés que dise?
ieu,
Reviras un paucli besonhas que
!
testa, et
passar, de cops que
bercha, acô nos fara
i
trobarés pro per dire. Farés a,
una messongea per vostra
rire...
«
— Espeitas qu'aje remudat mis fuses. — Remudas delh biais et chaplas parer...
«
—
«
li
Si volés
!
.
.
.
Et vos contarai
«
La Rosa
»
—
— C'est bon pour
«
— Allons, allons
—
vous autres, qui êtes jeunes
comme
mais une brèche-dent que je vous dise ? «
91
Remuez vos idées,
!
;
moi, que voulez-vous
et
vous trou-
verez beaucoup à dire. Vous ferez passer, de temps à
une menterie par votre brèche
autre, rire. «
«
nous fera
— Attendez que remis du à mes fuseaux. — Remettez-en convenablement, parlez de j'aie
fil
et...
même «
et cela
.
—
Rose
»
!
Si
vous voulez
!
.
.
.
Et je vous conterai «
La
—
92
LA ROSA
Un home avia très filhas ques amava bravamen. Un jorn, qu'anava de feira, Ihi diguet :
«
—
De que vos portarai que vos agrade?
Margarita, l'ainada, et Maria, la cadeta,
deguèron «
»
Ihi
respon-
:
— Volem una rauba de seda.
Et Rôsa, la joina
— Mon
nom
»
:
Rôsa vole una rôsa. » Lo paire s'en anet, et, quant saguet a la feira, crompet doas gentas raubas. Per la rôsa, penset que «
es
:
n'en trobaria pro, quant s'en tornaria.
Faguet
Pracô, comencava de
sa feira.
quant se viset de
negrezir
s'en anar.
Aco era pelh mes de jun. Avia chalorat
tôt lo jorn;
estaben, l'hôme se galava* de marchar a la fressura et si bôtas farradas
Mas
—
la rota.
n'era pas a meitat chamin qu'acô se botet
a'sparnir. «
toucavon per
Lo celhse
Cossi
farai,
catet, pueis la plueja
so
pensava, en
arribar, s'acô trai tota la nueit?
tombet.
cossirant,
De que diran
ma
per
fenna
1
93
—
LA ROSE
Un homme avait trois filles qu'il aimait beaucoup. Un jour qu'il allait à la foire, il leur dit :
«
— Que vous apporterai-je qui vous agrée
? »
Marguerite, l'aînée, et Marie, la cadette, répondirent «
— Nous voulons une robe de
Et Rose, la plus jeune
:
soie. »
:
— Mon nom est Rose
je veux une rose. » quand il fut à la foire, il acheta deux gentes robes. Quant à la rose, il pensa «
Le père
qu'il la trouverait Il
vaqua à
lorsqu'il
On
:
s'en alla, et,
aisément en chemin.
ses affaires
;
cependant,
le
soir tombait
songea au retour.
était
au mois de juin. La journée avait été
chaude; aussi, l'homme se galait de marcher à
la
fraîche et ses bottes ferrées martelaient la route.
Mais à peine arrivait-il à moitié chemin, que des éclairs brillèrent.
Le
ciel se couvrit,
puis une ondée
se déversa «
— Comment
pour arriver,
si
ferai-je,
la pluie
pensait-il,
tombe toute
en
soupirant,
la
nuit? Que 7
94 e'ms efanls, si me vezon pas toroar aquesle ser? Mais que crezon pas que de raubaires m'an arrestat, beleu, tuât
et,
»
1...
Com'espiava ont se podria abrigar, veguet, en
un
lai,
fiôc entre Us abres.
«
— Un hostau -
!
so penset
;
se hi podia esser d'avant
qu'acô n'en fâche una autra bofada, me
pauc.
hi pausaria'n
»
Prenguet una corcheira e anet de qu'ont vezia de fiôc.
Acô
un chastel.
se trobet
Li fazia
esmai de
hi
entrar.
Auziguet que dizian «
:
— Entras, brave home
!
»
Passet lo portau de mauvasa gracia. Totas'ls fenestras
delh chastel eron esclairadas,
auzia una musica doussa, tant doussa que de sa vida n'avia
auzida la pareira. Mas vezia dengun
demandavade que
hi avia... et
et se
comencava de s'espao-
regear...
Coma «
se virava per s'en tornar, quican faguet
— Entras, brave hômel
paor
!
La
:
Chaufas vos, n'ajas pas
»
porte
se
badet
tota
soleta,
es
elh
en-
trât..
Dins lo chafoger, d'estellassas fiocavon
.
L'home
se
chaufet, se sechet; aquela brandada lo rebiscolet*, e
acô
Ihi
dar*.:.
sabeguet
tant
bon que
se botet a
chabi-
— diront
ma femme
et
mes
—
95
enfants,
s'ils
me
ne
voient
pas ce soir? Pourvu qu'ils ne croient pas que des voleurs m'ont arrêté,
Pendant vit,
et,
peut-être, tué
qu'il regardait
où
il
I.
.
.
»
pourrait s'abriter,
il
au loin, une lumière qui brillait entre les arbres.
—
« Une maison! pensa-t-il si je pouvais y arriver avant que la rafale ne redouble, je pourrais m'y repo-
ser Il
;
un peu. prit
»
par une coursière
et se
dirigea
se voyait la lumière. C'était justement
Peu assuré, Il
« 11
n'osait y pénétrer.
il
ouït qu'on
lui disait
:
— Entrez, brave homme franchit
Toutes
le portail,
les fenêtres
!
»
non sans
musique harmonieuse,
de sa vie
il
vait être... et la
<t
se virait
—
éclairées
;
il
harmonieuse que Pourtant,
il
demandait ce que cela poupeur commençait à le gagner... et se
pour s'en retourner, lorsqu'une voix
fit
:
Entrez, brave
pas peur!
si
n'en avait ouï de semblable.
ne voyait personne
Il
crainte.
du château étaient
oyait une
mystérieuse
du côté où un château.
homme
!
Chauffez-vous, n'ayez
»
La porte s'ouvrit d'elle-même et il entra. Dans le vaste foyer, d'énormes bAches flambaient. L'homme se chauffa, sécha ses vêtements ce bon feu ;
le ravigota.
sommeil
le
Il
en éprouva un
gagna,
.
tel
bien-être
que
le
— Quant
—
9G
se desvelhet, lo gropas* avia passât, l'aura
amaisada, claregeava
s'era
per
lis
fenestras
et
li
gealhs cridavon. Se coitet de s'en anar. Defôra, elh caire de la porta delh chastel, veguet
un roser ques avia de rcsas d'una mena que conissia pas. «
— Anem, so diguet, la
as de gentas flors
Rôsa sera benaisa
:
aqui
».
Et n'en copet una.
Mas quant d'una feda Diguet
e'is
am
s'estavanir «
« «
l'aguet copada,
Aquela bestias avia
Iret.
una
la testa
laida bestia se
mos-
d'un chin, lo ventre
pautas d'una chabra.
l'hôme que tremolava
et
que pesset
;
— Per de que copas aquesta rôsa? — Per bailar am ma drùlla, que se noma Rôsa. — Aco es bon volés pas que vôstra drôlla la
!
.
.
.
Si
môri,
menas
rosa,
aora qu'es copada, et que vôstra drôlla n'en
la'qui,
davant dec jorns... Emportas
côpe une autra, quant vendra
La «
la
».
bestia se tornet escondre et l'home s'en anet.
— Pracô, pracô,
fat!...
drôlla?
so dizia,
Quau sap de qu'aquela
coma chaminava,
qu'ai
bestia vau faire de
ma
»
Avia tant d'esmai que vezia pas l'aubeta, promeira rizeta de la matinada,
que blan^hegeava en aut delh
puec, ni la plueja de la velhada que gotegeava,
de perlas, pels folhas,
ni'ls
coma
pradellas que la banha-
97
Quand
Forage avait passé,
s'éveilla,
il
le
vent
s'était
apaisé, le jour naissant éclairait faiblement les fenêtres et les
coqs chantaient.
Dehors, au coin de la porte du château,
il
vit
un
rosier couvert de roses d'une espèce qu'il ne connaissait pas. «
— Allons, se dit
de belles fleurs Et
il
Rose sera heureuse
la
il,
:
voici
w.
en coupa une.
Mais à peine
l'eut-il
coupée, qu'une bête hideuse
apparut. Cette bête avait la tête d'un chien, le corps d'une brebis Elle
dit
défaillir « «
«
et les pattes
et qui
manqua
:
— Pourquoi coupez-vous cette rose? — Pour la donner à ma qui se nomme Rose. — C'est bon vous ne voulez pas que votre fille,
!
Si
meure, amenez-la
fille
tez la rose,
ici,
avant dix jours... Empor-
puisque vous l'avez coupée,
que votre
et
en coupe une autre, lorsqu'elle viendra
fille
La bête disparut «
d'une chèvre.
à l'homme, qui tremblait
— Hélas
fait?
Qui
!
Hélas
sait ce
Son trouble l'aube,
et !
l'homme
s'en alla.
se disait-il,
en cheminant,qu'ai-je
que cette bête veut était
si
».
grand,
faire
qu'il
de
ma
fille
?»
ne voyait pas
premier sourire du matin, qui blanchissait la
cime du puy,
ni la pluie
de
la nuit,
qui tombait,
goutte à goutte, en perles, de chaque feuille, ni les pradelles baignées d'eau qui verdoyaient davantage..
-
98
-
dura fazia mais verdegear... Marcha va copet; aqueli gentas besonhas
cassava lo
et
Ihi fazian res...
enquera dins'quelh Chaque côp que lo chamin virava, crezia Irobar de bestias, et totjorn ramenava Era luan, desera,
et se vezia
chastel plen de trevas...
acô
:
— Quau sap de que vau
«
faire
de
ma
drolla?
»
Son monde, que Tespeitavon, saguèron benaises de lo veire. Quant aguet contât cossi la plueja l'avia tardivat, Margarita et Maria Ihi demandèron « Papa, avés crompada nostra rauba? » Lo paire bailet li doas raubas de seda. Et la Rôsa diguet Era esquintât*, nientat quant tornet chas
elh.
:
—
:
— Papa, avés portada ma rôsa?
«
Lis uelhs delh paire se
— Ai
«
!
ma
contet
banhèron
:
paura Roseta, so faguet, en
la flor, si sabia de
Et
«
la
que me cola
besonha
!..
.
Ihi
bailant
»
que chalia que sa
fîlha
faguesse
Quant et
la
Rôsa auziguet'co, pechaire*,
ploret, ploret,
respondeguet qu'amava melh morir
!
diguèron tant qu'elh novem jorn anet ves
Son paire
i
Quuant
saguet, copet
i
la
«
:
— Acô es
tu,
Ih'en
menet.
mostret. Aguet paor;
samen
Mas
lo chastel.
Rôsa?
mas
una rôsa
et la
bestia se
la bestia Ihi parlet
dous-
99 Il
marchait en baissant la
choses
était loin, déjà, et
Il
tête
du chemin,
A chaque
«
sait ce qu'elle
veut faire de
quand
il
qu'il eut
conté
Marguerite et Marie
arriva chez
comment la
lui
Le père donna Et Rose dit
les
demandèrent
deux robes de
ma
pauvre Rosette,
la fleur, si tu savais ce qu'elle
Et
il
»
?
soie.
:
Les yeux du père se mouillèrent
Ah!
conta ce qu'il
Quand Rose
fallait
me
ût-il,
ouït cela, la
en
coûte
que sa
»
:
lui baillant
raisonna
bien que
si
le
»
!...
fille fît.
pauvrette, elle pleura,
pleura, et répondit qu'elle préférait mourir la
Les
voir.
:
— Père, avez-vous apporté ma rose? —
lui.
le
pluie l'avait retardé,
— Père, avez-vous acheté notre robe
«
«
ma
:
fille ? »
qui l'attendaient, furent heureux de
Après
«
son esprit
en
revenait
était brisé, anéanti,
siens,
détour
croyait trouver devant lui cette bête et,
il
toujours, cette pensée
— Qui
dans ce châ-
se voyait encore
il
teau tout hanté de mauvais génies.
Il
ces belles
toutes
:
le laissaient indifférent.
neuvième jour
1
Mais on
elle se rendit
en ce château.
Son père
Quand
l'y
conduisit.
elle y fut, elle
coupa une rose
apparut. Elle eut peur; mais la bête
cement «
:
— Est-ce
toi.
Rose?
lui
et
la bête
parla dou-
— 100 « «
— Oc. — Demora dins'quelh
mau. Trobaras
tôt sô
dengun
chastel;
que
te
chau,
et, si
le fara
de
m'escoutes»
auras de benaise per ta vida... Oblèdes pas de copar
una rôsa, quant me voudras parlar » Lo paire et la fîlha demorèron elh de totas
chastel. Avian
besonhas mais que n'en chalia per
11
la
Quant volian mangear, trobavon sobre la taula tant sô que envejavon de la vida s'eron
gasta. tôt
:
galats...
Desera, una
semanada
penset que sa maire et
am
diguet
son paire
s'era passada.
La
drôlla
sors devian s'ennojar et
si
de
s'en
tornar
ves
l'hos-
tau.
Quant saguet soleta, anet, coma de costuma, copar una rôsa. La bestia venguet. Mas, en liôc de s'en lornar gaire de temps après, vouguel demorar
Rôsa, dins lo chastel. Se jasset la
am
la
peds de la drôlla
els
:
podia pas pro gardegear. «
—
rar'qui
Rôsa, !
Sei
ma Rôsa, so dizia, que t'ame de demomas'na laida bestia, un moslre, et tu me
gardes, et tus as pietat de ieu
pas parlar?.
am
.
.
Per de que
tu que ses tant bôna?
Et,
coma
dizia'cô, si
te
!
Ai
I
per de que pôde
pôde pas dire quau
sei
»
dos uelhs eron banhats et lan-
hava com'una persona.
La Rôsa, que
la
plangia perde bon,
delh biais per amaisar son mau.
Ihi
parlava
— — Oui. — Demeure
«
«
101
en ce château
de mal. Tu trouveras ce qu'il tes, tu
— personne ne
:
te faut, et, si tu
te fera
m'écou-
seras heureuse toute ta vie... N'oublie pas de
me
couper une rose, lorsque tu voudras Le père
et
la
parler
».
demeurèrent au château.
tille
Ils
avaient de toutes choses et bien plus qu'il ne leur en
pour
fallait
l'heure
du
leurs
satisfaire
repas,
ils
besoins.
Quand
tous les mets qu'ils pouvaient souhaiter n'avaient connu telle abondance.
ils
Une semaine
s'était
pensa que sa mère être, et elle pria
Une une
:
de leur vie
.
déjà écoulée. La jeune
et ses
sœurs
fille
s'attristaient, peut-
son père de retourner à la maison.
fois seule, elle alla,
rose.
venait
trouvaient, servis sur la table,
comme
Labête apparut. Maisau
de coutume, couper lieu
de se retirer, peu
de temps après, elle voulut demeurer avec Rose dans château. Elle se coucha aux pieds de la jeune
le
fille
:
ses yeux ne pouvaient se détacher de ceux de Rose.
—
«
Rose,
demeurer monstre,
Ah
ma
ici!
et tu
Rose, disail-elle, que je t'aime de
Je
ne suis qu'une hideuse bête, un
me
gardes, et tu
pitié.
pourquoi ne puis-je parler?... Pourquoi ne puis-
!
je te dire qui je suis, à toi qui es Et, elle
me prends en si
bonne
?...
»
en disant cela, ses yeux versaient des larmes et
gémissait
comme une
personne.
Rose, qui, du fond du cœur, la prenait en pitié, lui parlait
tendrement pour calmer sa douleur.
— 102 — «
— N'ajas pas paor, so
dizia, aurai d'espeita
voi
:
laissarai pas'star ». «
— Pracô, se demandava quau podia ©sser aquela
bestia,
de que
i
aviaque non podia dire
avia d'uelhs tan amistos.
per de ques
et
.
Quant saguet demorada un pauc com'acô, tornet pensar
am
son monde. Demandet de s'en tornar quau-
ques jorns ves son hostau. «
—
Te laisse anar, Rôsa, diguet
sabes sô que
dit
t'ai
quant seras de luan, lu mais...
Si
aora que
;
La Rôsa
m'escoutes,
anet
seras
trei
son
veire
te conisse,
;
mas
pâtirai
tomes pas, deve morir
et, si
d'aqueste pais... Te baile
la bestia
la
jorns
mais
et
benaisa
».
monde que
la
plora-
besonhas
et
qu'un jorn, que dévia leu vener, séria benaisa es
els
von,
Diguet
avia de
ques
totas
li
mais.
N'aguèron grand solas.
Coma passèron
viste,
aquels
trei jorns! Quant la Rosa se vouguet entornar, sa
pregèron tant, que se tardivet d'un
maire
et si sors la
jorn.
L'endeman, anet elh chastel. Se demandava
com'acô
faria...
Trobet
et 11 rosas desfolhadas,
pendolava, flaqida
lo roser
rabanat delh solelh
per terra. N'i avia ma'una que
!
La copet vistamen. Auziguet que cridavon «
— Ai
morir
1
»
!
Rôsa
1
Rôsa
:
!...
Me
fazes morir
I
Me
fazes
103 «
—
Ne craignez
rien, disait-elle, je saurai
patiente et ne vous abandonnerai pas
Cependant,
elle se
».
demandait qui pouvait bien être dont
cette bête, quel était le secret
délivrer et pourquoi elle avait
ses parents.
elle
ne pouvait se
un regard
Après avoir vécu quelque temps reporta vers
être
Elle
tendre.
si
.
pensée se
ainsi, sa
demanda quelques
jours pour se rendre auprès des siens. «
— Je
laisse aller. Rose, dit la Bête,
te
pelle-toi ce
que
je t'ai dit
:
pâlirai de ton éloignement, et,
suis vouée à la mort, ainsi
formes à
mon
désir, tu seras,
mais rap-
ore que je te connais, je si
que
tu
ne reviens pas, je
toi!... Si tu te
en ce pays,
la
plus heu-
reuse entre toutes... Je te donne trois jours
».
Rose se rendit auprès de ses parents qui raient. Elle dit qu'elle ne
jour prochain
manquait de rien
la pleu-
et
Comme ils passè-
QuandRose songea au
départ,
sa mère et ses sœurs la supplièrent tant, qu'elle féra d'un jour.
qu'un
heureuse avec eux.
elle serait
Ces paroles leur firent grand bien. rent vite, ces trois jours!
con-
Le lendemain,
elle s'en fut
le
dif-
au château,
remplie de crainte. Elle se demandait ce qui
allait se
passer. Elle trouvale rosier desséché par le soleil; les
roses étaient effeuillées à terre, excepté une qui pendait, flétrie
En
!
hâte, elle la coupa.
Elle entendit ces cris «
fais
— Ah
!
mourir
Rose 1
!
Rose
:
!..
Tu me
fais
mourir
!...
Tu me
104
Mas ges de
bestia
!
Espiet de qu'ont auzia lanhar, et la trobet que pen-
geava traire
pous
la testa dins lo
un pauc mais
:
anava
se hi
I
La Rôsa
se coitet
de
la levar, et,
comas era
garella,
la portet ves la fuant.
Quant l'aguet parangida, acô drôUe que «
diguet
Ihi
— M'as fat patir,
laissât' star, te
qaau «
se trobet
an gente
:
Rôsa
;
mas per de que m'as pas
pardone. Aora que pôde parlar. sabras
sei.
Mon
paires era lo senhor d'aqueste chastel. Mori-
guet a la guerra, en estranje pais, que ieus ère
Ma maires aguetson
joinet.
ben,
grandamen
richa,
Ëstaben,
paures conissian
lis
et,
lot
mais que saguesse
per lo paure monde.
fazia res
lo chastel e hi
venian
gaire.
Un
jorn,
pracô,
una fenna mau
bestida,
Iota
cassada sobre son baston, venguet demandar l'au-
morna
*.
Ma maire un
l'avia
caire de pan,
me
qu'aco
saje
vista.
Hors de
comandet' pardonat!
Is
—
faire
Ihi
chins, e
lis
aqissere
ieu *
bailar
maisves
la
paura.
Aquela d'aqui levet son baslon
e'is
chins demo-
rèron la gorgea badada, darres lo portau, virats en peira
diguet
:
;
et
saguèron
pueis, se viret de ves nos autres et
—
—
105
Mais point de Bête!
Cherchant du côté d'où venaient ces plaintes, la
trouva
pendante au bord du puits
la tête
à tomber dans
le
vide
Rose se hâta de
elle
et prête
!
la relever, puis,
comme
était
elle
souillée, elle la porta à la fontaine.
Quand
elle l'eut lavée, elle vit,
garçon qui lui dit
— Tu m'as
w
devant
un beau
elle,
:
Rose
fait pâtir,
m'as pas abandonné, je
mais puisque
;
tu
ne
pardonne. Ore que je puis
te
tout dire, tu sauras qui je suis. ((
Mon
père, qui était
mourut à
la guerre,
seigneur de ce château,
le
en pays étranger, alors que j'étais
Ma mère jouit de sa fortune, et, immensément riche, elle ne faisait point
bien jeune encore.
bien qu'elle fût
l'aumône au pauvre monde. Aussi, qui connaissaient de
réputation
les
le
mendiants,
château,
n'y
venaient guère. «
Un
jour, pourtant, une vieille
femme aux
vête-
ments sordides, toute courbée sur son bâton, vint demander l'aumône «
Ma mère
Pavait vue.
un quignon de pain,
moi
aussi
—
elle
que cela
Au
lieu de lui
faire
donner
lança sur elle les chiens, et
me
soit
pardonné
I
—
je les
excitai contre la pauvresse « Celle-ci leva
la
son bâton et
gueule béante, derrière
le
les
chiens demeurèrent
portail, et furent
gés en pierre; puis, se tournant vers nous,
chan-
elle
dit
:
— monde
Mauvas
«
mauvas coma
gralhs Et
si
Serés
ses!-...
chasti-
que son
servents,
li
mes très, anon coassar am
li
»
I
servents, virats en gralhats nègres, prenguè-
li
ron la volada ves
— Et
«
que
Per comencar, que
gals!.. tant
—
106
tu,
bos.
li
fenna aissa que pôdes pas veire
lis
pelhards, so tornetdire, sabras que sei la fadaBelina. Ai lo poder per' quesle païs
que
me
guelh
sei
et
melh afinar
chaque côp que coparan una flôc
*
flor,
acô
de pious!... Paras tant de cossirs
n'an fat aquels ques an
voler...
te
botada en paura... Per ques as tant d'or-
ranche un
coma
aco es per
de mauvestat, sajes virada en roser plen de
rosas, et que te
:
patit de
ton
mau-
»
E un roser se trobet elh caire de La fada se viret de ves ieu
la porta.
:
«
— Et
tu, drôlle
mau
estrut, seras'
na laidabestia
et viuras dins la terra. N'en sortras totes lis
destacharan 'na
mas podrasres
Parlaras
rosa.
dire de so
que
coma
t'es'ribat.
lo
cops que
monde,
Ses com'aco
per una centenada. S^ras sauvât, pracô, davant 'quelh temps,
si lo
promer que copara'na rosa es un pelhard et
qu'aje una droUa. Com'aco d'aqui te chaura maridar,
autramen moriras, morira coma «
et,
si
la
drolla
vôu pas vener,
tu.
Vole qu'aquels que vendran'qui trobon per man-
gear et per biure.
— «
107
—
Mauvaises gecs que vous êtes Vous serez châtiés !
!
D'abord, que les domestiques, qui son t aussi méchants
que leurs maîtres, «
aillent croasser avec les
Et les domestiques, virés
corbeaux
!
en gros corbeaux noirs,
prirent leur vol vers les bois. «
— Et
toi,
miséreux,
les
femme haineuse fit-elle
fée Béline. J'exerce
mieux
te
qui ne peut supporter
encore, lu sauras que je suis la
mon pouvoir en
surprendre que
j'ai
ce pays
c'est
:
pour
pris lesapparencesM'une
mendiante. Puisque tu as tant d'orgueil
de méchan-
et
ceté, sois changée en rosier chargé de roses, et que
chaque
fois
cheveux
qu'on
te soit
douloureux que «
Et
«
La
«
—
un
coupera une
te
les
une
touffe de
!
rosier s'éleva au coin de la porte.
mon côté homme discourtois,
fée se vira de
Et
fleur,
Tu feras autant de soupirs malheureux que tu as repoussés ».
arrachée
toi,
jeune
:
tu seras une Tu en sortiras coupera une rose. Tu auras
bête hideuse et tu vivras dans la terre. toutes les fois que l'on
l'usage de la parole, mais tu ne pourras rien dire de
ce qui te concerne. Tu es condamné pour un siècle. Ta punition pourra, cependant, prendre fin avant ce temps, si le premier qui coupera une rose est un homme du peuple et qu'il ait une fille. Alors, tu devras te
marier, autrement tu mourras;
ne veut pas venir, «
elle
et, si la
mourra comme
fille
toi.
Je veux que tous ceux qui viendrent
à manger et à boire.
jeune
ici
trouvent
«
la
Acô trevara dins
promeira rosa.
108
lo chastel
— d'avant qu'ajon copada
»
La fada mo tochetain son baston despueis, sei estai un babalhas. Adonca, aco es tu, Rosa, que m'as sauvât. Auras et seras noi maridarem sô que t'ai prometut :
:
richa
Lo «
».
man
drôlle prenguet la
— Rosa,
Rosa,
ma
N'en diguet pas mais
Rosa. :
de la Rosa ..
»
sen saber com'acô se fazia,
dama
veguet, davans elh, una genta
rauba blancha coma nibla. Era
negea
la
coronada de
:
grifol
*
bestida d'una
et leugeira
et
coma
la
son morre rizent era
mais que mais agrados. Diguet «
— Me conissés?.
avésbeson de ieu
Lo
:
.
.
drôlle se genolhet
— Ai
Sei la fada Belina. Sabe ques
que volés?
»
:
bôna fada, si vos plai, so diguet, ajas pietatl Que ma paura maire e'is autres tôrnon'ver la vida delh monde. » La fada tochet'ls chins, e'is chins se jassèron a sis «
peds let
;
de
!
pueis, croset, per de sobre sa testa, son trico. trei biais
:
un
tropel de gralhs
venguèron dels
bos, et, quant se pausèron per terra, acô saguetli ser-
vents delh chastel. Per la
fin,
tochet lo roser
:
la
chastelana se trobet davant son monde. Mas era laidal N'avia ges de pious
!
109 Ce château sera hanté jusqu'à ce qu'on
«
première rose.
la
La
«
^n
bête... «
•ce
me
fée
coupé
»
toucha de son bâton
:
depuis,
vécu
j'ai
^
Ainsi, c'est toi, Rose, qui m'as délivré.
que
ait
je t'ai
promis
Tu auras
nous nous marierons et tu seras
:
riche, »
homme
Le jeune «
— Rose, Rose,
prit la
ma
main de Rose
Rose...
:
»
n'en dit pas davantage. Sans savoir
Il
cela se faisait,
vit,
il
comment
tout à coup, devant
lui,
une
dame vêtue d'une robe blanche comme la neige légère comme la nuée. Elle était couronnée de houx
belle et
et son visage riant avait Elle dit «
sais
— Me reconnaissez-vous? Je suis la fée Béline. Je que vous avez besoin de moi que souhaitez- vous ? :
Le jeune
homme
— Ah
bonne
«
ma
!
pauvre mère
vivants.
La â
fée
s'agenouilla
fée,
dit-il,
ayez pitié
!
reviennent parmi
Que les
;
les chiens, et les
beaux vinrent des
:
aussitôt,
:
du château. Enfin,
la châtelaine
qu'elle était laide
une bande de cor-
bois, et, à peine furent-ils à terre,
vit les serviteurs
le rosier
chiens se couchèrent
puis elle croisa, par-dessus sa tète, sa
baguette de trois biais
que l'on
de grâce,
et les autres
:
»
toucha
ses pieds
cha
une grâce sonveraine.
:
!
elle tou-
apparut devant tous. Mais
Elle n'avait pas
un
seul cheveu
l
— MO — La fada «
parlet com'acô
:
— Si vos ai tornats botar en vida, aco es per Famor
d*aqaesta drôlia. Sajas, d'aqui en
chau que dins
Drôlie,
trei
lai,
de bon monde.
jorns sajes maridat. Tu, sa
maire, per penitensa, demoraras la testa pialada et
non
veiras la nôssa. Tu, drôlla,
tau gracia
me
podras demandar
que voudras, non ma'una, pracô
te la
:
bailarai. «
—
Bôna
fada, faguet la Rôsa,
coma mon
benaisa tau jorn
mon
si la
esser
maire de
nôvi deu patir? Si vos plai, ques ella aja de que
chadena
faire sa
coma' a
coma podria
noviage,
et
que puescia mangear de
festa,
Is autres...
— Rôsa, m'amia, qu'acô
saja
Per que ses co-
fat.
rauda, auras de benaise tota ta vida, et dengun
podra justar Et, tôt solet,
per un côp,
lo
portau delh chaste! se badet
dos chavalhs, que tiravon un charre d'argent,
entrèron
;
la fada
Quant geau tornar veire
!
lo
i
montet
monde
et s'en anet.
delh chastel aguèron de se
Anèron querre
lo paire, la
sorsdelaRosaet covidêron chastelans de dec
grand
te lo
* ».
*
legas de festa.
luan.
Pueiss'
La Rosa am
maire,
li
et chastelanas
emprès, faguèron
sa rauba de nôvia
*
era
enquera mais genta que de costuma.
Quant saguet maridada, gardetson monde ves Ni mais obledet pas so que la fada
mandet am si servents de
faire
Ih'
ella.
avia dit. Co-
bôna charaamels pau-
~ La u
fée parla ainsi
lit
:
— Si j« vous ai readu la
jeune
Soyez,
fille.
c'est
vie,
trois jours. Toi, sa
il
grâce à cette
faut que tu sois marié
mère, pour ta punition, tu
resteras chauve et ne prendras point part
Quand à
toi,
jeune
fille,
aux
secourables
dorénavant,
malheuFeux. Jeune homme, dans
—
tu pourras
aux noces.
me demander
telle
grâce que tu voudras, mais une seule, cependant
je
:
te la baillerai. «
— Bonne
fée, reprit
heureuse en un
être
riage,
si
en prie,
la
tel
Rose,
comment
mère de mon époux
faites qu'elle ait
mon ma-
doit pâtir? Je vous
de quoi tresser sa chaîne et
comme
les autres.
fait ainsi.
Puisque tu
qu'elle puisse avoir part à la fête, «
pourrais-je
jour que celui de
— Rose, m'amie, qu'il en soit
es sensible à l'infortune d'autrui, tu auras
du bonheur
toute ta vie et personne n'y pourra porter atteinte. Et, tout à coup, le portail
du château
s'ouvrit
»
de
lui-même, deux chevaux attelés à un char d'argent le franchirent; la fée y prit place et disparut.
Quelle joie les gens du château eurent de se revoir!
On
alla quérir le père, la
on convia châtelains ronde. Puis on
mère,
les
et châtelaines
sœurs de Rose
et
à dix lieues à la
grand
fête. Rose, dans sa robe de mariée, était encore plus belle que de coutume.
Après
fit
de la
garda ses parents auprès d'elle. non plus, les recommandations
la noce, elle
Elle n'oublia pas, fée.
Ses serviteurs reçurent l'ordre de faire bon
— res.
412
—
Eslaben, aquels d'aqui irobavon
dada per
se parar de Ter delh
temps,
baun bon topin
la feneira
e
de sopa per se rapatiar.
La « Bona Dama d'efants, viusquet toi
lo
»
— coma dizian — aguet un Iropel gaire
be'na centenada et trobet
benaise que Ih'avian prometut et ques avia
tant méritât.
— accueil
113
—
aux pauvres. Aussi, ces derniers trouvaient-
ils
toujours la fenière ouverte pour s'abriter contre
les
intempéries et une bonne soupe pour apaiser leur
faim.
—
—
La « Bonne Dame » comme ils disaient eut de nombreux enfants, vécut presque centenaire et jouit de tout le
bonheur qui
qu'elle avait bien mérité.
lui
avait été promis et
114
DE QU'ONT CHAU PAS!
— Marinon,
«
diguet la Catonet, nos avés contât
quican de brave
;
mas m'avés
fat
am
paor
aquela
bestia; creze que n'en sonharai...
— Et per
«
de que, Catonet? Aco era pas'na
vasa bestia, aco era un galant.
— Vos en
«
fote!...
Un
galant ques a de paulas de
chabra, un ventre de feda, una testa de chin
—
«
Âcô vos
fai
dar
?
— Brave bon Dieu, que dizés'qui, Finon
passât .
.
:
li
?
Acô m'a
garsons son per'quellas que se volon mari-
Acô era bon per
.
..
soleu, Catonet? Lo morre d'un
gente garson vos agradaria mais, beleu «
la
Rôsa.
. .
et
per vos ques avés
homes E aquelh <iues ai fara trei !. « Basta que vostre tresem voi gaste delh vos mais gastat dos «
mau-
.
!
.
.
—
.
—
biais,
!
«
—
illent «
Me
pararai, Catonet,
ganhara
—
me
pararai
:
lo
pus va-
!
N'aurias pas
tant
fat
l'harbalanda, s'eres
estada la maire d'aquela paura Rôsa. Quant aurias
—
ou
115
NE FAUT PAS!
IL
— Marinelte, dit la Gatherinette, vous nous
«
avez
conté quelque chose de beau; mais vous m'avez
peur avec cette bête je crois que ;
—
«
Et pourquoi, Gatherinette
méchante
— Ah
«
bête, c'était 1
un
bien oui!...
j'en rêverai.
?
Ce n'était pas une
galant...
Un
galant qui a des pattes
de chèvre, un corps de brebis, une
—
«
d'un «
Cela vous
fait
..
tête
de chien
!
.
garçon vous agréerait mieux, sans doute
joli
— Ah!
mon
.
répugne, Catherinette? Le visage
Dieu,
que dites-vous
là,
?
Finette.
Cela m'a passé; les garçons restent pour celles qui
veulent se marier... C'était bon pour la Rose... et
pour vous, qui avez usé deux maris « «
— Et celui que — Puisse votre
j'ai
vous aussi
faut, «
—
drai «
;
Je
le
me
fera trois
troisième vous user
comme
il
I
défendrai, Catherinette, je
plus vaillant l'emportera
— Vous n'auriez pas tant
aviez été la
I...
!..
mère de
cette
me
défen-
!
fait la
faraude,
si
vous
pauvre Rose. Quand voua
— sabut que auria «
la chalia
fat cossirar.
— Oc ben
—
menar vec una
bestia, acô
demandât am mon home per de
ques avia copat de rôsas de qu'ont chalia pas «
— Aqui
as,
vos
.
auria
:
116
Finon
!
Es elh que crezia tant ben
!
faire!... «
la
—
man
Quant
l'on conis
pas quican, Ton
«
— Adivoc*, fotrauda
«
— Avés razon, Catonet. Aco saguet
grand ben n'en sortiguet
Rôsa «
bôta pas
floriguet
!
:
Si chalia res faire...
mau
fat
;
mas
per una rôsa copada, una
!
— Aco es vos que dizés'co, Roseta? E ben, tornas
hi et trobas de a
hi
!
que nos
— Farai ben, Finon,
faire rire
!
et vos contarai Meitat Gealh,
—
117
—
auriez su qu'il fallait la conduire auprès d'un tre, cela
— Oui,
«
pourquoi
—
«
faire
il
certes
demandé à mon mari
I
il
ne
fallait
— Mon
pas
l
bien
!
Dieu oui, étourdie!
S'il
ne
fallait
rien
.
— Vous avez raison, Catherinette. Ce fut un mal
pée,
une Rose -~
C'est
fleurit
;
"
!
vous qui parlez
ainsi,
Rosette? Eh bien,
Je m'exécuterai, Finette, et je vous
L Homme-Coq.
;
pour une rose cou-
continuez, et trouvez de quoi nous faire rire «
si
ne connait pas quelque chose, on
main
mais un grand bien s'ensuivit «
où
qui croyait
Et lui
!
faire. «
j'aurais
Et voilà. Finette
n'y porte pas la «
;
avait coupé des roses
— Quand on
«
mons-
vous aurait fait soupirer...
!
conterai
—
118
—
MEITAT GEALH
Un
meitat gealh, ques era esparnhant, avia cent
esculs de côbre. Lis prestet
am un homme
Mas una annada venguet que que
et
i
li
riche.
blats granèron gaire
aguet res per pasturar
lo
bestiau. Meitat
gealhs aguet beson de son argent et s'en anet per lo
demandar.
Quant saguet un pauc luan, trôba Ont vases, Meitat Gealh?
«
« «
«
lo reinart.
—
— Vase querre cent escuts que me devon. — Laissa me segre. — Oc ben voles. Bôta sot mon ala si
te
:
te
por-
tarai. »
Lo
reinart se botet sot son ala es eh l'emportet.
Elh Caire d'une garnassa, trôba lo lop. « « «
«
— Ont vases, Meitat Gealh? — Vase querre cent escuts que me devon. — Laissa me segre. — Oc ben voles. Bôta sot mon ala portasi
te
:
te
rai. »
Lo lop se botet sot son ala
es elh l'emportet.
Acô
Ihi
—
119
L'HOMME-COQ
Un homme-coq, écus de côté. Mais
il
de grain
11
vint et
Quand — Où
il
fut
à un
homme
riche.
blés donnèrent
les
eut besoin de son argent et
il
se
mit en
réclamer.
le
un peu
vas-tu,
peu
n'y eut rien pour pâturer le bétail.
il
route pour aller
«
les prêta
une année où
où
L'Homme-Coq
qui était économe, avait mis cent
loin,
il
rencontra
renard.
le
Homme-Coq?
«
— Je vais quérir cent
«
—
«
— Si
écus que l'on
me
doit.
Laisse-moi suivre. tu
veux. Mets-toi sous
mon
aile
je te por-
;
terai. »
Le renard se mit sous son
Au
coin d'un bois,
il
aile et
rencontre
le
il
l'emporta.
loup.
«
— Où vas- tu,
«
— Je vais quérir cent écus que l'on me
Homme-Coq
?
« — Laisse-moi suivre. — veux Mets-toi sous «
Si tu
.
mon
aiie
;
doit.
je te por-
terai. »
Le loup se mit sous son
aile et
il
remporta. Cela
120
mas
pezava, pracô,
n'avia geau de faire plazer
am
los
antres.
Un pauc pus «
luan, trôba l'aiga
— Ont vases, Meitat Gealh
— Vase querre cent — « Laissa me segre «
« fais,
— Oc ben sabes;
si
mas
voles.
se
i
L'aiga se faguet
:
?
me
escuts que
Bota
te
sot
devon.
mon
pôdes châber,
ala. N'ai
mon
te portarai. »
coma poguet
tant pelitoneta
et
chabeguet sot Tala.
Aquela chargea n'era pas leugeira que
trantiolava, de cops
peirassas
;
i
avia, per
mas de pensar ques
et Meitat
rocs o perlis
li
avia
Gealh
fat
plazer
am
d'autres, acô lo fazia marchar.
Arribetelhchastel del'hôme quelh'avia manlevat porta, tôuca,
Qent escuts et tustet per la
si
tôuca,
tôucal
Lo «
«
portier passet la testa pelh fenestron
:
— Quau's acô?
— Aco
es ieu, Meitat
Gealh
;
vostre
mestre
me
conis. «
« « «
dar
— Et que voles? — Vole parlar amelh mestre de — Per de que faire — M'a manlevat cent escuts
saien.
?
;
;
me
fan fauta.
Lo portier
Ihi
li
vene deman-
»
s'en anet trobar son mestre, pueis tornet
passar sa testa pelh fenestron
:
121
un peu, mais
pesait bien
il
heureux de
était
faire
plaisir à autrui.
Un peu plus loin, il rencontre M Où vas-tu, Homme-Coq?
la rivière.
— — Je vais quérir cent écus que l'on me — Laisse-moi suivre. — tu veux. Mets-toi sous mon J'en
doit.
« «
déjà certes mais si tu peux y tenir, je
faix,
;
La
ai
aile.
Si
«
rivière se
fit si
te
mon
porterai. »
petite qu'elle put et elle réussit à
tenir sous son aile.
Cette charge
n'était
pierres,
mais
la
les
et
l'Homme-Coq
rocs et les grosses
pensée qu'il avait
fait plaisir
à autrui
donnait la force de marcher.
lui
l'homme qui
arriva au château de
Il
prunté ses cent écus, et toc
pas légère,
parmi
chancelait; parfois,
il
frappa à
lui
avait
la porte,
em-
toc, toc,
I
Le portier mit
la tête
«
— Qui est là?
«
—
C'est moi,
an guichet
l'Homme-Coq;
:
votre
maître
me
connaît. «
« «
«
— Que veux-tu donc? — Je veux parler au maître de céans. — Que veux-tu? — m'a emprunté cent écus je viens lui
Il
;
les lui
demander; ils me font faute. » Le portier retourna auprès de son maître, puis reparut au guichet
:
i!
122 «
—
me, Meitat Gealh, vai
Escouta
mestres es de
Marida sa
filha,
se pica leu, sabas, et te podria
Pueissa,
Mon
t'en.
n'ama pas que l'empeiton. anueit; tornaras un autre côp.
festa et
mau
recè-
bre
— Acô
«
fai
cent escuts.
me
resjbadas
;
Ihi parlarai
Le portier tornet ves son mestre «
;
me chau mi
» :
— M'embestia,ton Meitat Gealh? so faguet
aquelh;
si-vôu tan entrar, bada Ihi et bôta lo am'ls polas!
La porta
se
badet, et Meitat Gealh se penset que
l'anavon recêbre
mangear
coma
meneron
sarrèron
Aco
Ihi
lioc
que l'anavon
se deu;
et biure et se pausar,
son chamin; mas en lo
»
faire
per sô ques era las de
de lo faire entrar elh chastel,
tôt dreit ves lo jocador, et craca
!
te hi lo
!...
copet lo geau, de se veire aqui dedins,
mas
chaguet demorar am'ls polas. Totas'queli
bestionas, la testa levada, lo garde-
geavon, un cop d'un caire, un cop de l'autre sis
chambas
et si
morrebecut,
Lo
gealh,
Ihi
bras d'home,
sis alas
;
de veire
de gealh et son
semblava d'estranjamena...
que desgranava una
espigea^
s'era
arrestat.
Lo cuelh et faguet
n'autre?.
:
.
plantât, elh mais, testeget dos o très cops «
Cô, eô, cô, de dire
Tu, gara
te
!
Te veze
!
:
E aora
?
Aqui n'as
... »
Elh chap d'un temps, tornet'spoussar son espigea.
— «
—
— Écoute-moi, Homme-Coq, va-t-en. Mon maître
donne une marie sa
fête et
fille,
il
n'aime pas qu*on
dérange
le
.
11
aujourd'hui; tu reviendras une autre
D'autant plus qu'il est sujet à des sautes d'hu-
fois.
—
parle
;
mal.
vois-tu, et qu'il pourrait te recevoir fort
meur, «
123
égal, ouvrez-moi, afin
Gela m'est
me
il
mes cent écus
faut
que
je
lui
»
!
Le portier se rendit encore auprès de son maître: «
—
11
m'importune, ton
puisqu'il insiste tant, le
avec les poules
La porte
manger voyage
teau,'on le
celui-ci et
;
mets-
doncetl'Homme-Coq pensa qu'on se doit
qu'on
;
et se reposer, car
mais au
fit
pour entrer, ouvre-lui
comme il
et boire ;
1
»
!
s'ouvrit
recevoir
allait le
Homme-Coq
allait le faire
était las de
il
lieu de lé faire pénétrer
mena au poulailler, et,
crac
Sa joie s'évanouit de se voir en
on
!
dans l'y
son
châ-
enferma
lieu,
ce
le
mais
!
il
fallut y rester.
Toutes ces bestioles, la tête levée, tantôt d'un œil, tantôt de l'autre
bes
et
le
considéraient
lui voir
des jam-
leur paraissait d'étrange espèce...
il
Le coq, qui égrenait un Le col dressé, fois la tête, :
de
des bras d'homme, des ailes de coq et un visage
orné d'un bec,
dire
;
lui
épi, s'était arrêté.
aussi,
en faisant
:
il
secoua deux ou trois
« Co, co,
co», d'un air de
«Qu'est-cequecelasignifîe?En voici un autre?...
Toi, prends garde
l
Je
te
surveille
Et, au bout d'un moment,
il
!..
.
»
se remit à secouer son
—
—
124
Mas'ls polas, tant mai'ardidas que Meitat Gealhs era
tomberon de sobre a cops de bec, et mais fugissia, mais lo picavon Quant veguet que se podia pas parar, cri-
sen defensa,
Ihi
!
det
:
— Reinart;
«
autramen
sei
mon amie
reinart,
perdu t
!
Lo reinart sautet fora son tota
lis
I
Sors de
mon
ala et se galet de tuar
polas.
Quant plomas.
am
serventa venguet
la
de gran per
son davantau plen
donar mangear, trobet res mas de
Ihi
.
anet conlar vistamen
Aquelh diguet am'ls fedas
!
:
«
Sarra
am me
son mestre. aquella mauvasa bestla
»
Sarrèron Meitat Gealh dins la fedaria Ai las Ihi
chaguet patir enquera mais que
fedas,
coma rôunhavon,
tra et
Testofavon
;
visèron de lo trucar
de
ala,
»
se sarravon
una contra
pueissa empres,
li
banards se
lo
:
li
Aqui,
!
ve'ls polas. Lis l'au-
moutons
se
justavon un
l'autre...
Quant veguet que «
—
men Lo
Lop, lop,
sei
perdut
lop,
I
podia pas parar, cridet
se
mon amie
!
Sors de
mon
:
ala, autra-
»
ques avia set delh sang d'aquelh bestiau,
sorteguet de sot
de Meitat Gealh e estranglet
l'ala
fedas et moutons.
Quant
lo chastelan
sabeguet lo chaple ques avian
—
—
125
qui étaient d'autant plus har-
épi.
Mais
dies
que l'Homme-Coq
les poules,
était
sur lui à coups de bec,
et
sans défense, se jetèrent
plus
fuyait, plus elles le
il
frappaient.
Quand cria «
ne pouvait pas se défendre,
vit qu'il
il
il
:
—
mon ami
Renard, renard,
autrement
je suis
perdu!
Sors de
!
mon
aile,
»
Le renard sauta hors de son
aile et tua
avec joie
toutes les poules.
Quand grain,
son tablier plein de
la servante vint, avec
pour leur donner à manger,
des plumes
!
elle
ne trouva que
»
Elle s'en alla,
de suite,
tout
le
raconter à son
maître.
On enferma l'Homme-Goq dans il
la bergerie.
Hélas
1
eut à pâtir encore plus que parmi les poules. Les
brebis, tout en ruminant, l'autre et l'étouffaient
;
se serraient l'une contre
puis, les béliers se mirent à le
frapper de leurs cornes
:
les plus
l'enlevaient de l'un à l'autre.
Quand cria «
il
vit qu'il
.
hauts encornés se
.
ne pouvait plus se défendre,
il
:
—
Loup,
autrement
loup,
je suis
mon ami
perdu
!
!
Sors de
mon
aile,
»
Le loup, qui avait soif du sang de ce bétail, sortit de l'aile de l'Homme-Goq et étrangla brebis et moutons.
Quand
le
châtelain sut quel massacre l'on avait fait 9
— 126 — fat
de son aver, menet tanl grand varalh qu'espaor-
reget Iota sa companha. «
— D'aquelh coquin
per m'empeitar
paor
!..
!...
Un
1
so cridava
;
n'es
aciu seg Tautra
!..
mas vengut .
Mas qu*as
»
Faguet vener quatre vailes fesson lo forn et que
i
et
comandet que chau-
traguesson Meitat Gealh. Lis
quatre vailes anèron querre Meitat Gealh, pechaire,
que sabia pas de que n'en dire, Mas elh, quant veguet que lo cridet vistamen «
— Aiga,
men
sei
L'aiga,
que
!
m'amial Sors de mon
s'era faita petitona per
et neget aquels
Tanava cramar, ala,
autra-
»
ala, n'en sorteguet
et
fîôc
:
aiga,
perdut
et l'enfornèron.
chaber sot son
grandinassa, eschantiguet
ques avian chaufat
lo fiôc
lo forn.
Quant lo diutaire veguet que l'aiga sortia delh forn comencavade montar, aguet paor et tornet li cent
escuts ques avia manlevas, et Meitat Gealh s'en anet.
— de son troupeau, apeuratous
— Ah
«
me Il
!
mena
si
grand tapage
le
!
coquin
!...
I
criait-il;
Un mauvais
il
n'est
en
venu que pour
tour suit l'autre
I...
Mais
»
venir quatre valets et
fit
qu'il
ses invités.
troubler
attends
il
—
127
commanda que
l'on
chauffât le four et que l'on y jetâtTHomme-Coq»! Les quatre valets allèrent quérir l'Homme-Coq, le pauvret, qui ne savait qu'en dire, et Tenfournèrent.
Mais
quand
lui,
cria en hâte «
— Rivière,
autrement
La
il
vit
que
le
feu allait le brûler,
il
;
m'amie
rivière,
je suis
perdu
I
!
Sors de
mon
aile,
»
rivière, qui s'était faite toute petite afin
de pou-
voir tenir sous son aile, en sortit toute grande, éteignit le feu et noya ceux qui avaient chauffé
Quand et
le
commençait à
s'élever,
il
four.
eut peur et rendit les
cent écus qu'il avait empruntés et alla.
le
débiteur vit que l'eau sortait du four
l'Homme-Coq
s'en
—
128
-
UN PAUG D'ADJUDA FAI GRAND BEN
Lis coviseiras trobéron pas qu'aquelh contes era fat
per rire
toi contrari,
;
plangian Meitat Gealh par
so ques avia'gut de pena
La Finon podia pas perdonar am aquelh
riche.
Diguet
— Vezés, Roseta, ma borsas
»
cros hi pot pas' star
bôgea de pistolas res am un riche
:
e li
coma dison
es ;
de pel de diable
et la
mas podria aver una
una gerla d'escuts que prestaria riches sabon manlevar, mas non
De que n'en dizés, Roseta? D'escunes que i a? D'escunes quei a? Volonpas mais un que l'auLiard per liard, raubon lo pelhard. Prestas Ihi
tornar... «
«
tre
— — !
d'escuts,
das ladre «
vos tornaran de peiras... et de regaunha-
qu'es
:
riches
es
honorât, qu'es paures
es
!
— Coma ses mau virada, anueit,
sac, totas
li
nosesson pas bofarellas
cunas ques an de nogealhs..
Finon ;
i
!
Dinc un
n'a ben quau-
129
UN PEU D'AIDE FAIT GRAND BIEN
Les femmes ne trouvèrent pas que ce conte fût fait
pour provoquer
THomme-Coq
le rire
;
au contraire,
Finette ne pouvait pas pardonner à ce riche.
La
Elle dit
:
— Voyez-vous, Rosette, ma
«
elles plaignaient
parce qu'il avait subi des épreuves.
bourse
peut demeurer
diable^ et la croix n'y
^
pourrais avoir une bouge de
mais je
est
en peau de
comme Ton
cuveau d'écus que je ne prêterais rien à un riche riches savent emprunter, mais
non
dit;
pistoles et :
un les
rendre... Qu'en
dites- vous. Rosette? «
—
D'aucuns...
«
—
D'aucuns
tre
desécus, ries «
? Ils
Liard à liard,
I
:
ils
ne valent pas plus l'un que l'au-
ils
volent
le
pauvre. Prêtez-leup
vous rendront des pierres.,
et des
moque-
qui est riche est honoré, qui est pauvre est ladre
—
Comme
Finette
de vent
amande
I
vous tournez tout en mal aujourd'hui,
Toutes les noix d'un sac ne sont pas pleines
!
;
..
il
y en a bien quelques-unes qui ont une
— —
«
Ai
Roseta,
I
chau
que gre
:
an sô Aco es mai-
lo
»
!
«
monde
amels paures.
Lo gras non sap de que viu
«
:
—
conisse aquelh
penson gaire
et
coma dizon
130
— Finon, avés de mauvasas razons, anueit
que dison amais
Lis promeiras se perdonon,
:
sabés
;
lis
aus-
tras se bastonon ? » E'is
fennas de rire, hors la Finon.
Pueis, la Nanela diguet «
:
— Finon, voi bastonarem pas, d'aqueste cop
zo farem,
tornas embolhar vôstres
si
fuses
bolhas un pauc vôstra lenga et coitas voi fazés petar aquels fuses
Lo morre de
—
«
pus fina
la
la
!
.
.
.
Finon s'esclairet
me
Prestas
pas coma l'home riche suent
»
!
Naneta, so
Naneta,
!
mas EmAnem, ;
;
:
respondeguet, vos ses vostra medj'auna
vos la tornarai
farai
:
tôt
coti-
*.
—
« E ieu farai pas coma Meitat Gealh vos comandarai pas l'aiga, ni mais lo lop, ni lo rei:
nartl... «
—
N'en deuguet aver geau de trobar d'ajuda,
quant n'aguet beson. « Aco es com'acô^
—
:
so que fazem amels autres,
autre nos fan. Et, de cops que fai «
i
a,
grand ben. Et vos, Justina, dizés res
— Vos escoute,
jamais batuda,..
»
Naneta...
«
lis
un pauo d'ajuda ?
Lenga muda saguet
— «
— Hélàs
pauvres. C'est de quoi vit «
le
maigre
Vous savez que Et les
les
ne
et
l'on dit aussi
:
«
la
méchanceté, hui.
«
rire, fors la Finette :
nous ne vous bastonnerons pas, pour
mais nous n'y manquerons pas,
un peu votre langue, résonner vos fuseaux
Le visage de
et
hâtez-vous
la Finette s'éclaira
!
Allons, faites
:
Prêtez-moi votre demi-aune; je ne ferai pas
~ Et moi je ne
ferai
je ne lancerai contre
renard
—
quand «
vous
»
!
commel'hommeriche; je vous
«
si
Embrouillez
— Nanette, Nanette, répondit-elle, vous êtes la plus
fine!...
«
ont ce
souci des
Les premières se par-
embrouillez, derechef, vos fuseaux
«
ils
:
Le gras ne sait point
«
autres se bastonnent ?
— Finette, ;
:
vous êtes portée à
femmes de
cette fois
dit
en
! »
Puis, la Nanette dit «
guère
sont
comme Ton
— Finette,
donnent,
—
Rosette, je connais ces gens
!
faut
leur
qu'il
131
!
vous
pas
la rendrai incontinent.
comme THomme-Coq
ni l'eau,
ni le loup,
:
ni le
. .
Il il
dut être plein de joie de trouver de l'aide
en eut besoin.
— C'est ainsi
:
ce que
est rendu. Et, parfois,
nous faisons à autrui nous
un peu d'aide
fait
grand bien.
Et vous, Justine, vous ne dites rien? «
— Je vous écoute,
fut jamais châtiée...
Nanette... «
Langue muette ne
— «
— Acô d'aqui
132
Justina
rai,
brave, atape la medj'auna «
tias
— Oc ben, :
La
oc ben
—
1
I.
. .
;
raas
si
dizés res de
Sabés quican
?
Aco parla de doas gentas bes-
caia et lo varrai.
»
— «
— Fort bien, Justine; mais
que
prends
jolie chose, je
vous quelque chose «
133
— Oui, certes
tes bêtes
:
«
La
!
la
— si
vous ne contez quel-
demi-aune
!...
Savez-
?
Il
est question de
truie et le verrat ».
deux charman-
—
134
LA CAIA ET LO VARRAT
Un
viege,
N'amava varrat
;
un varras amava una
mas aquestas
fomarer, cossi
la
Quant
la
podia trobar, ras
calinhava gentamen
se vertelhonava d'aise, sis aurilhas
coquins
uelhs
bon
faire lot
era s'amiona.
Et Ihi zo fazia veire! lo
caia.
coma deu
d'autras, saique,
luzissian,
son
Sa coa
!
bolegavon,
piou
rede
se
sis li-
zava...
Adonca,
am
fem
tinava
dura «
mascle,
lo
son lo
nas de sa caieta
Off, off
dizia en
et
lo
sen-
sa parla-
!...
»
:
— Om, om!...
De
pauc
caia Ihi fazia belh semblant, amais respondia en
alau parladura a
fojava'n
:
— Om, om...
La
amistos,
nas que se rebeqelhava, pueis
li
veire,
lis
Aus, aus
!...
»
aurias envejals, tant s'amavon!
Ai las D'aquelh temps, li bestias se fagueron una grand guerra. Tôt so ques avia de dents o d'onglas, o ques era becut o bannat se botet delh chaple, mas !
—
135
LA TRUIE ET LE VERRAT
Une
un verrat aimait une
fois,
truie.
en aimait d'autres, certes, ainsi que doit
Il
bon
tout
Et
il
verrat,
mais
le lui faisait
celle-ci était sa
voir!
Quand
près du tas de fumier,
trer,
il
faire
douce amie.
pouvait la rencon-
comme
il
la câlinait
gen-
timent Sa queue se recroquevillait d'aise, ses oreilles !
remuaient, ses yeux luisaient, son poil raide se
Adonc,
le
mâle, amoureux,
fumier avec son groin qui se redressait, l'odeur
du museau de sa mignonne
son langage «
— Om,
La
lui
répondait dans «
— Om, om
De
les voir,
s*aimaient
truie et disait en
:
om!...
truie
lissait.
un peu le puis il humait
fouissait
Off, off!...
faisait le
même
!...
vous
.
beau semblant, ensuite parler
Aux, aux
elle
:
!..
.
»
les eussiez enviés, tellement ils
!
Hélas! en ce temps-là, les bêtes firent une grande
armé de dents ou d'ongles, ou qui avait un bec ou bien des cornes prit part à la lutte, mais non les bêtes à lard... Et cependant que,
guerre. Tout ce qui était
—
-
136
non U beslias lardadas... Et qu'hora pels bos, pels montanhas, pels planas, la bestiaria s'espelava et qu'auzian de brams de dou, lo varrat et la caia, dins
amor
sa soda, sospiravon per «
«
— Om, om!... — Om, om!... Aus,
:
Off, offl...
ausl... »
Pracô, lo mascle vouguet veire
per que diguesson que
chapiou fazia
et Ihi
i
un pauc
la
guerra
era estât. S'en anet trobar lo
diguet que sa bodena pesava et Ihi
empeicha per
mas ques
se batre,
elh podria faire
quican per esser d'adjuda.
Lo chapiou-lo
lion-lhi
comandet de portar
lo viure
dels valhents que se batian.
Adonca, fagueron assaber amelhs bestias fumellas de campar sô ques avian gardai de bon per
si
mascles
que batalhavon. Lo message de la coa tôrta amasset toi acô,
en
mas hors d'anar
penaria,
bailat
faguet
elh
ves la soda de
brenos se galeron
et
norrir sis fraires ques eron
portar sô
sa caia.
que
Aqui,
se rapalieron
Ih'
avian
amaires
lis
quauques bravi
jorns
Un
una paura galina, ques avia dou de son coma gearratava davant la soda, veguet lo dammage. S'en anet de sautada, de volada, per anar vespre,
gealh,
pus
viste, zo dire elh lion.
Lo
lion
mandet
li
raubaires per Ihi
pausar
razon.
A
tota
demanda,
lo varrat
respondiamas
:
la
— par
les bois,
par
—
137
montagnes, par
les
les
plaines, la
gent animale s'entre-déchirait et qu'on entendait des de détresse,
cris
verrat et la truie, dans leur loge,
le
soupiraient d'amour «
«
:
— Om, om!... off!... — Om, om!... Aux, aux Off,
!
Pourtant, afin
le
chef et
le
...
mâle voulut voir un peu
que Ton pût dire
trouver
«
qu'il y
lui dit
la guerre,
s'en alla
était allé. Il
que sa bedaine, qui pesait,
l'empêchait de se battre, mais qu'il ferait volontiers
quelque chose pour être de bonne aide.
Le chef
—
lion
le
—
lui
commanda
de porter les
vivres des vaillants qui combattaient.
Adonc, on parer
les
assavoir aux bêtes femelles de pré-
fit
bonnes choses qu'elles
avaient gardées
pour leurs mâles qui guerroyaient. Le messager à
queue
torte
recueillit tout cela,
mais au
la
lieu d'aller
nourrir ses frères qui étaient en grand peine,
il
fit
porter dans la loge de sa truie tout ce qui lui avait été confié. Là,
les
amants bréneux
se rassasièrent
joyeusement pendant quelques beaux jours Un après-midi^ une pauvre géline, que l'absence de !
son coq rendait dolente, grattait
vit le
dommage
alors qu'elle
devant la loge.
Elle s'en alla, tantôt sautant,
tantôt volant, pour
aller plus vite, avertir le lion
Le
lion
manda
les voleurs, afin
A toute demande,
le
de les questionner.
verrat ne savait que répondre
:
138 «
—
Om,
Et la caia «
«
om!...Off,
off!...
»
:
— Om, om Âus, aus!... — Oc ben, diguet, en branlant »
!...
la
testa, lo lion,
perde que zo obledère? Auria deugut me sovener que ses d'un bestiau de mau près. Quau que fachon, coche tornaala caia, et caia elh fomarer... Serés penats d'aquelh biais
:
tu,
varrat,
demoraras
set
ans en-
sodat, et tu, caia, dos ans! »
Totas
li
bestias
queseron elh
plait troberon qu'aco
era un petas ben pausat. Ai
î
si
campavon en soda
doas pautas, cossi
lo
monde
li
varrats e
'Is
caias a
séria desempeitatl...
— «
— Om,
«
—
oml... Off, off!...
Et la truie (.<
139
»
:
— Om, om — En vérité,
!...
Aux, aux!...
»
dit
en secouant la
lion,
le
pourquoi l'oubliai-je? J'aurais dû
me
tête,
souvenir de
quelle vile origine vous êtes... Quoi que l'on fasse,
porc retourne à
la truie, et truie
serez châtiés de la sorte
enfermé dans
ta loge
pendant deux ans! Toutes
que
la
Ah deux
!
les bêtes
:
toi,
au fumier.
verrat, tu
pendant sept ans,
.
.
Vous
demeureras et toi, truie,
»
qui assistaient au plaid trouvèrent
sentence était bien rendue. si
on mettait en loge
pattes,
combien
le
les verrats et les truies
monde
serait débarrassé!
à
140
LIS
«
— Anem,
COCHES ELH FOMARER
so diguet la Justina, vos zo dizia ben
qu'acô parlava de bestias. « «
— Amais de bravas — De que vos
!
Naneta? De bestias que vos
cliau,
tenon de lard, de saucissas, de geambon, de bodin, et
mau
de que mais sabe? Et ses si
contenta? Veirem ben
parlarés com'acô, quant tuarés vôstre coche, per
Chalendas*... «
—
Acô d'aqui
rai
!
Mon coche
a quatre pautas et
devine ben qu'aquelh delh conte, amais la caia, n'avia
mas doas. Uns avia de braias et l'autra de raubas... Aco era de monde de tau*mena que sabe .
.
— Se galavon quant autres patissian, Naneta. — Adivoc, Finon; n'em vist longeamen d'aquels «
lis
«
ques aurian deugut
Anavon
jaire
peloiravon
dinsde bons
am
guerra et que se pausavon.
faire la
coflavon, rizian et
leits, se
de cadornas, quant
homes
et nostres drolles,
l'aiga,
dins la bolia, dins
pechaire lis
!
nôstres paures
eron defora, dins
congé iras, elh varalh
—
141
LES PORCS AU FUMIER
«
—
Allons, dit la Justine, je vous le disais bien
qu'il était question «
—
«
— Que vous
de bêtes.
Et combien nobles faut-il
vous fournissent du
du boudin, tente?
et
que
!
donc, Nanette?Des bêtes qui
lard, des saucisses,
sais-je
du jambon,
encore? Et vous êtes mécon-
Nous verrons bien
si
vous tiendrez
le
même
langage, quand vous tuerez votre porc, à la Noël... «
— Passe
pour cela! Mon porc, à moi, a quatre que celui du conte, ainsi
pattes, et je devine bien
que
la
truie,
n'en avaient que
deux. L'un portait
culotte et l'autre robe... Ils étaient d'une engeance
qui m'est connue... «
—
Ils
se gâtaient, alors
que
les
autres pâtissaient,
Nanette. «
— Mon Dieu, oui, Finette. Nous en avons vu long-
temps, de ceux qui auraient dû faire la guerre et qui se reposaient. Ils se couchaient
dans de bons
lits,
faisaient ripaille, riaient et se divertissaient, cepen-
dant que nos maris en plein
air,
dans
et
nos
l'eau,
fils,
dans
les
malheureux étaient
la
boue, dans la neige,
1
10
—
142
delh chaple, de qu'ont' cô
dava «
— bombava
*
bombar-
et
!
— N'en trobon,
mais, d'aquels que se son fortu-
nats. (c
«
— En raubant — Et lèvon
paure monde, Finon.
lo
la testa,
achaton de chastels
!
Mieta
!
Et se fazon veire
!
Et
Et son deputats, menistres, tôt
sô que vôlon! «
—E
aco es nos autras fennas, Finon, zo sabés,
avem
ques
per ajuda, que noi
efants
per
guerra, diable «
nostres
faire
sem crebadas,
tota la
viure aquela cochetalha
delh
!
— De
talha... «
am
laborat, semenat, medut,
que vos plangés, Mieta? An aumentat
An botat
la
l'hora novella.
— Mas'quels que nos an guerregeats,
lis
faran ges
paiar? «
es
— Mieta, ont es aquelh que nos fara paiar? Quaus
mestre? Dengun, ma'n tropel
d'estafiers
que son
de reinarts per ganhar pers els et d'ases per governar per nos autres et
;
que son d'agnels
de lops per lo poble
que
et
Mas que vai
se foton
t'en veire
si
mon
semblon,
que n'an pas bergonja de res
de nos
galon,
se
;
am quau
autres,
qu'ajon
paures païsansi
d'honors,
d'argent,
ase peta!... Et paia,
païsan
paia! «
— Mas,
digeas, Finon, aquels que se son mala-
— dans
tumulte du combat, parmi
le
bombardements
les
—
143
!
— On en trouve, aussi, de
«
explosions et
les
ceux-là, qui sont de-
venus riches.
— En volant les pauvres gens, Finette. — Et portent la tête haute, Miette Et
«
«
ils
ils
!
tent en évidence
!
Et
ils
met-
se
achètent des châteaux
!
Et
ils
deviennent députés, ministres, tout ce qu'ils veulent. «
—
Et c'est nous autres femmes. Finette, vous
vez, qui
avons labouré, semé, moissonné, ayant
aides nos enfants, qui nous toute la guerre, pour faire «
— —
les impôts.
une bande s'agit
.
.
On
damnés porcs!
a mis Vheiire nouvelle. fait la
guerre, ne les
payer?
Miette, où est celui qui
dommager? Qui donc
la
vivre ces
Mais ceux qui nous ont
fera-t-on pas
a—
sommes épuisées, pendant
De quoi vous plaignez-vous. Miette? On a
augmenté ((
le sa-
comme
est
les forcera
à nous dé-
maître ? Personne,
si
ce n'est
d'estafiers (1) qui sont des renards, lorsqu'il
de leurs intérêts, et des ânes, lorsqu'il s'agit de
chose publique
;
qui sont des agneaux envers leurs
pour le peuple, qui n'ont aucune moquent de nous, pauvres paysans
pareils et des loups
vergogne
Pourvu
et se
I
qu'ils jouissent, qu'ils aient des
honneurs, de
l'argent, qu'importe le reste! Et paye, paysan, «
—
Mais, dites-moi.
Finette,
paye!
ceux qui se sont
(1) Honneur au patriote Poincaré et à ses collaborateurs, à qui revient la lourde tâche de réparer les défaillances criminelles des « eslafiers « que toul 1& monde connaît.
— men
fortunats,
li
—
144
riches novels,
coma
dixon, Ihi faran
res tornar ?
— De que
«
la
Catonet?Si
Ihi faran,
'Is
coa de la padella, cossi farias per
sar
lis
faire fricas-
?
— Lis tornaria botar dins la padella et
«
ria
peissons tenian
vistamen dins Tontura
Aquela paraulassa faguet tant
que
Roseta
la
podia
en
n'
ravira-
li
»
!
fennas,
rire totas'ls
pas catar
bre-
sa
cha... «
can
—
Loison, voi dirai qui-
Catonet, so faguet la
aco es pas de peissons que
:
aco
de
es
corron
coches,
que
aciu et
pautas mais,
môzon de
cossègon...
'Is
an
de pautas,
quans an
vazon escondre,
se
et
dins lo conte,
a,
1
coches
Is
e'
quant vezon que
i
un'
fat
doas
coches de
Lis
a pas grat,
per' Is empeitas, et, elh jorn d'anueit,
se
non
son penats. «
—
fat,
Per trobar'
aco par «
qui
es'
Is
sabrem ont son coches,
que
i
a
'Is
et
mas de
fogenon
et
autres
paiaran
:
quant
!
saber lo fomarer
que
se
:
fazon ata-
!... »
—
Finon,
plait,
lo
coma
Aqueli d'aqui son
n'auran pro
sera lo
quant'
d'avant lion,
mas
que
Is
aurem près
'Is
et
que faran
cramar, non sabe quau
creze que podres faire lo razona-
dor... «
— Aco
es vos, Marion,
que
dizés'
co? Voi des-
— malement dit, «
enrichis, les
—
145
nouveaux
ne leur fera-t-on rien rendre?
— Que leur
ferait-on, Gatherinette? Si les pois-
comment
sons tenaient la queue de la poêle,
vous pour «
comme on
riches,
feriez-
les faire frire ?
— Je les remettrais
rais et retournerais
Cette boutade
fit
dans
la poêle, et les tourne-
vilement dans l'huile tellement rire les
!
»
femmes que
la
Rosette n'en pouvait plus couvrir sa brèche...
—
«
Gatherinette,
qu'il
y a dans
ils
ont
:
Louison, je vous ferai
ce ne sont pas des poissons
mais des porcs,
le conte,
ont des pattes,
la
fît
observer quelque chose
et les porcs
courent et vont se cacher, quand
ils
commis quelque méfait
et
qu'on les poursuit...
Les porcs à deux pattes agissent de
même, quand
voient qu'ils sont exposés à la vindicte publique se mettent à l'écart, et,
;
au temps où nous vivons,
ils ils ils
ne subissent aucune peine. «
ils
—
Il
en est de ceux-là
auront accumulé
trouver, et
ils
fumier «
:
les méfaits,
payeront
Pour trouver
comme
des autres
:
quand
nous saurons où
les
!
les porcs,
il
suffît
de savoir où est
le
c'est là qu'ils fouissent et se font prendre...
— Finette, quand nous
les
aurons pris,
et
qu'on
fera leur procès, avant de les brûler, je ne sais pas
qui tiendra
le rôle
pourrez tenir celui «
— C'est donc
du lion, mais je du procureur...
crois
que vous
vous, Marion, qui dites cela? Vous
—
146
—
velhas? Adonca, contas sô que sabés
brave «
—
:
et
qu'acô saje
ses la darreira.
Sabe
lo
conte delh Faure... e acô parla delh
diable... «
— Bougressa de Marion,
que me
noi volés faire sonhar, aquesta
farias dire
!
Mas
nueit? Creze que o
fazés d'eime... «
~
Si
vezés Banneta, nos zo conlarés
deman
n'en rirem. <'
— Anem,
escoutas sô que faguet Lo Faure
:
:
—
147
—
vous éveillez? Alors, contez-nous ce que vous savez
que ce
«t
— Je
«
du
tion
soit
beau
:
vous êtes
du
sais le conte
la dernière.
Forgeron... et
il
est ques-
diable...
— Maudite
Marion Vous voulez donc que nous ayons des cauchemars, cette nuit? Je crois que vous «
1
le faites exprès... «
—
Si
vous voyez
raconterez demain «
;
le diable
cornu, vous nous
nous en rirons.
— Allons, écoutez ce que
fit
Le Forgeron
:
le
—
148
—
LO FAURE
1
avia,
Se
un cop, un faure ques avia
le vava
set efants.
a la pica delh jorn et tustava tant que
podia sobre l'encuje per ganhar de que
li
norrir. Nfas
que tustarasl S'atapava de bônas
tusta
suzadas,
ganhava gaire de sôus. Acô Ihi fazia tant dôu de veire sis efantons cridar et plorar de fam, que se vouguet pengear. S'en anet dinc una garnassa. Coma se pengeava, arribet un petit home bestit de nègre que Ihi diguet «
«
:
— Que fazes, aqui — Sel trop pelhard ?
per norrir mis efants
:
me
vau pengear. a
— Fâches pas' cô, fotraud
auras sô que « «
te
chau. Paras
!
Te bailarai d'argent
mas
— Et de que me chau faire? — Pas grand cas faras pacha* am
vint ans de tôt sô
:
que
:
sô que te dirai.
t'aurai donat;
ieu. Jauziras
mas, pueissa,
mione et te vendrai querre ». Lo pelhard de faure sabia pas coma
seras
faire
:
avia
149
—
LE FORGERON
une
Il était, Il
fois,
un forgeron qui avait sept enfants. du jour et frappait sur Ten-
se levait à la pointe
clume
tant qu'il pouvait, afin de
Mais
nourrir.
il
gagner de quoi
les
avait beau frapper et prendre de la
peine, son gain était bien faible.
Sa douleur
était si vive
de voir ses enfants crier et
pleurer de faim qu'il résolut de se pendre.
dans un bois.
s'en alla
Il
survint un petit «
— Que fais-tu là?
«
— Je
suis trop misérable
mes enfants «
—
Ne
:
je vais
fait
Gomme
homme, vêtu de
pas
me
cela,
il
se pendait,
noir, qui lui dit
:
pour pouvoir nourrir
pendre
!
nigaud
!
Je te baillerai de
l'argent; tu auras ce qu'il te faut, et tu feras seule-
ment « «
ce
que je
te dirai.
— Et que me faut-il donc — Oh! peu de chose Tu I
faire ?
feras pacte avec moi.
Pendant vingt ans, tu jouiras de tout ce que je t'aurai donné; mais, ensuite, tu seras mien et je viendrai te quérir
».
Le malheureux forgeron ne savait à quoi se résou-
150 conissut qu'aco era
Amais, per
Banneta «
—
la fin,
diable et se volia pas donar.
le
faguet pacha.
Ihi diguet
:
Vai t'en ches lu et bota un sac preste
garnirai de lois d'aur
:
te
lo
».
Lo faure tornet ves son hostau. Faguet un trauc estachet una grôssa bôgea que pengeava en bas, dins la chambra. Per afinar lo
dins son soler* e hi
diable, descorduret lo qiulh de la bôgea.
Lo
diable saguel leu aqui.
—
I
ses,
faure?
— Oc ben. — Anem, a tapa
!
»
Et lo diable, d'en aut, se botet a traire ladas, dins la bôgea. Mas'
ronlavon per
la
Is
chambra
'Is
pessas a pa-
pessas hi demoravon pas et
Banneta n'en
:
trazia
mais. Elh chap d'un temps, s'arrestava « «
— a pas pro — Bôta n'en mais! N'i
:
?
>)
cridava lo faure.
Ë'is
pessas tindavon, tornar, dins
Mas
n'i
«
—
avia tant que la
Bougre!
t'en
chau ben tant! faguet Banneta.
Âqueste côp, m'arreste «
—
garda «
Oc ben
'Is
si
:
voles,
t'en baile
pus!
diguet lo faure
:
n'ai
pro;
autras*..
— Oblèdes pas sô
lo diable.
lo sac.
chambras era plena!
ques avem convengut
»,
faguet
loi dre
avait reconnu que c'était
il
:
diable et
le
voulait pas se donner. Cependant, à la
fin, il
il
ne
conclut
le pacte,
Satan
—
«
lui dit
:
Va-t'en chez
garnirai de louis d'or
et
loi
prépare un sac
Il fit
il
une ouverture
solier et y attacha
bouge qui pendait, en bas, dans afîner le diable,
je te le ^
Le forgeron regagna sa maison.
au plancher de son
:
».
décousit
le
une grosse
chambre. Pour
la
fond de la bouge.
Le diable ne tarda pas à venir.
— Es-tu forgeron — Assurément. — Allons, attrape
«
là,
« «
».
!
Et
?
diable, d'en hauf, se mit à jeter les pièces à
le
pelletées,
dans
raient point
:
la
bouge. Mais
elles roulaient
demeu-
les pièces n'y
par
la
chambre
et
Satan
remplaçait par d'autres.
les
Au bout d'un moment, « «
—
il
assez «
y en avait tant,
m'arrête
— :
»
le
forgeron.
pièces tintaient, de nouveau, dans
Morbleu!
fois, je
:
?
!
Mais
«
s'arrêtait
a-t-il
Et les
«
il
— N'y en pas assez — Mets-en encore criait
Comme je
te.
fais
Il :
que
la
chambre
t'en faut bien tant!
tu n'en auras plus
fit
le sac.
était pleine!
Satan. Cette
!
tu voudras, dit le forgeron;
— N'oublie pas ce que nous avons convenu
diable.
j'en ai
cadeau des autres... », fit le
— Racanet un bon cop
152
—
et s'en anet.
Quant aguet aquelh pogeaud de pessas,
lo faure
faguet bastir una granda fargea et prenguet dech obriers per Ih'ajudar. S'avias vist cossi lo foger borlava, cossi lo bofador bofava,
von, cossi
li
aqui
rava
dedins!
que
drolletas
li
aqui.
E
hi
de hi anar
plazer
era
cossi
martels peta-
li
beligeas sautavon, cossi tôt acô se desvi-
chantavon tant, farrar
faire
li
qu'aco
bestias
galavon d'anar covisar
se
et
per
.
Pracô,
monde
lo
se
pelhardas de faures avia fargea..
.
demandavon com' fat
aquelh
per aver una tant brava
Mas elh laissava pensar
et se
galava com'un
rei.
Semâna per semâna, mes per mes, coma laribeira,
li
plôu blanc
lo fat
bôna
chap.
l'aiga
de
vint ans passèron. Desèra, lo faures avia et
la pel
cofida, et,
mais qu'aguesse
vida, quican Ihi pesava, quant se veguet elh
Se dizia
que
i
auria
pas grat...
et
cossi-
rava.
Lojorn d'avant que lo diable venguesse, lo bon Dieu que fazian una virada pelh monde per
et sent Peire,
coma
veire
lo diable
ganhava, passèron pelh pais,
chascun sobre un ase tant gente que totes Fespiavon. Entrèron dins la fargea et sent Peire demandet «
:
—
Mestre,
vos plai?
me
farrarias
pa
'n
pauc
mon
ase, si
—
153
—
Il fit
entendre un ricanement significatif et disparut.
Une
fois en possession de ce
forgeron
Ah
vice dix ouvriers. était ardent,
comme
comme
si
1
comme
vous aviez vu
le
comme
tout
le
monde
le feu
avec force,
soufflet l'activait
le
marteaux frappaient, comme
les
sautaient,
monceau de pièces,
bâtir une grande forge et prit à son ser-
fit
les bluettes
était actif en ce lieul
Et on y chantait tant, que c'était plaisir d'y aller faire
que
ferrer les bêtes et
les jeunes dentellières
à se grouper dans ces parages.
aimaient
..
Cependant, les gens se demandaientcomment geron, pauvre
comme
belle forge...
si
suppositions
et
il
Quant il
était, avait fait
ii
lui,
il
la rivière, les
était
chenu
avait autant de bien-être qu'un roi.
fixé.
années s'écoulèrent. Déjà,
Il
veille
lui pesait,
que l'eau
le
forgeron
mené une
quand
il
vie
se vit
lui
donnait à penser.
du jour où
le
diable devait venir,
le
bon
Dieu et saint Pierre, qui faisaient une ronde par
monde,
au
se disait qu'il faudrait rendre des
comptes... et cela
La
ainsi
et ridé, et, bien qu'il eût
agréable, quelque chose
terme
pour avoir une
peu de cas des
faisait
Semaine à semaine, mois à mois, de
le for-
afin de voir
comment
le
le
diable s'y comportait,
passèrent en ce pays, montés, l'un et l'autre, sur un âne si
beau que tout
Ils
le
monde en
était
dans l'admiration.
entrèrent dans la forge et saint Pierre
demanda
:
« — Maître, ne ferreriez-vous pas un peu mon âne, s'il
vous plaît?
154
((
— Chaii
pas parlar com'aco, respondeguèron
lis
obriers.
Chau
dire
:
MesLre de sobre totes
«
farrarias pa'n paiic
S'en van ves
de
la
lo
fargea,
mon
ase,
vos plai?
si
dins
'si
me
mestres, ».
faure. Era seLai dinc
morre
lo
11
mans,
un tôt
caire soci-
dos.
Sent Peire «
—
Ihi
diguet
:
Mestre de sobre tôles
mon
pa'n pauc
ase,
si
que
—
Vai t'en ves
te lo
mestres,
vos plai?
Et lo faure respondeguet «
li
lis
me
farrarias
»
:
obriers, et fai te lo farrar, et
gramponon delh
biais
î
»
Lis obriers zo faguèron.
D'aquelh temps, sent Peire et lo bon Dieu se setèron '
ves lo faure. «
— Digea,
faure, faguet lo
qu'as d'esmai.. «
— Ai
tôt lo
donat
!
n'en pode ben'ver
monde
am
bon Dieu, me sembla
,
o vai saber
elh diable, et
me
!
:
... i
pode
dire,
aora que
a vint ans que
me
sei
vendra querre deman
lo
matin...
—
« sabe. Mas' scouta. Vendran trei diables lo promer qu'entrara ches tu, lo faras setar dins ta chadeira et se podra pus levar non que Ihi zo comandes; et, quant se levara, que tis homes ajon de boni barras!... L'autre, Ihi faras' massar una perade ton hort, et sera estachat amelh perer sei que lo destaches. Lo :
— «
ne
Il
ouvriers.
pas parler
faut
Il
faut dire
:
vont vers
un coin de
répondirent
ainsi,
les
Maître des Maîtres, ne ferreriez-
mon
vous pas un peu Ils s'en
-
155
âne,
le
la forge,
vous plaît?
s'il
».
forgeron, qui était assis dans figure
la
dans
les
mains, tout
soucieux. Saint Pierre lui dit «
peu
:
— Maître
des Maîtres, ne ferreriez-vous pas un
mon
s'il
âne,
Vous plaît?
Et le forgeron répondit
—
«
Va-t'en
».
:
vers les ouvriers,
afin
ferrent et lui mettent de bons clous!
Les ouvriers sirent auprès
—
«
— Ah!
j'ai
fit
me
le
dans
bon Dieu,
le
:
le
.
tes
Quant à
il
Il
me
le dire, il
:
et
il
y a
me
toi, fais-le
asseoir
ne pourra plus se lever, à moins ;
l'autre, tu lui feras cueillir il
il
viendra trois
le lui commandes et, quand il hommes soient munis de bonnes
jardin, et
s'as-
.
premier qui entrera chez
ta chaise, et
savoir
donné au diable
Je le sais. Mais écoute-moi.
que tu ne
que
le
monde va
suis
viendra quérir demain matin
diables
bon Dieu
bien sujet d'en avoir! Je puis
vingt ans que je
—
demandé.
et le
l'émoi...
maintenant que tout
«
le
du forgeron.
Dis-moi, forgeron,
semble que tu as de «
te
».
firent ce qui leur était
Pendant ce temps, saint Pierre
qu'ils
se lèvera, barres!...
une poire de ton
sera attaché au poirier jusqu'à ce que tu
156 darrer,
saqet
faras virar en rai, et lo botaras dinc
lo
un
».
L'endeman, de bon malin, Banneta arribet. D'un la lunda de la pôrla e enlret
cop de ped, tombel «
— Ânem, —
«
:
faure, le vene querrel
Espeila'n pauc
me
veire clar;
levé
ses lant preissal!
:
Laissa
mas. Vézes ben que non
me
sei des-
velhal! « «
— Coita te dize! — Fotraud! Mas me te,
fenna... M'en
Lo diable
chau dire adiussiasam
chau pas parler com'acoî Sela
se selet, es elh
sacin d'après, tornet davalar «
—
Tè, le segue. Veni
Mas
faguèron
tant
am
petar,
»
:
».
laissèron espingar a son aise,
fargeaires arribèron
qui!
monlet ves sa fenna. Un
demoret pegeal dins
lo diable
le'
ma
et, toi
la chadeira.
Lo
per un cop,
lis
de barras de ferre. N'
que
n'avia'
Is
i
en
costas dobla-
das.
— Gracia! Gracia!
a
so cridava. Laissas m'eslar!
Laissas m'estar! Laissa m'en anar, faure, laissa m'en
anar
— pas pro E' Is
Tornas !
hi,
vos autres! cridet lo faure
:
n'i
a
»
fargeaires
lo
tornèron escodre a cops de
barras de ferre. «
— Aia!
laissa
cridava lo diable. Si te plai, faure^
âia!
m'en anar Tornarai pus !
!
157
Pour ce qui
l'en détaches.
changer en
rat, et le
du dernier,
est
tu le feras
mettras dans un sachet
».
Le lendemain, de bon matin, Satan arriva. D'un coup de pied, « «
il fit
tomber
le
linteau de la porte et entra
— Allons, forgeron, je viens quérir. — Attends un peu que tu es donc
:
te
:
Laisse-moi voir clair!
A
peine suis-je levé
pressé
l
tu vois
:
bien que je ne suis pas éveillé. « «
— Hâte-toi, te dis-je! — Hé, nigaud! H me faut dire adieu à ma femme...
Je ne peux m'en séparer ainsi
Le diable
peu après, «
—
Mais
Eh le
il
s'assit;
lui,
:
assieds-toi là! ».
monta auprès de
en descendit
bien, je te suis. Viens!
diable
demeura
sa
femme;
:
fixé
».
dans sa chaise. On
le
laissa se débattre à son aise, et, tout à coup, les for-
gerons arrivèrent, armés de barres de pèrent de tant de coups
qu'il
fer.
Hs
le
frap-
en avait les côtes
enfoncées.
—
« Grâce! Grâce! criait-il. Laissez-moi! Laissezmoi! Laisse-moi m'en aller, forgeron, laisse-moi m'en
aller «
!
— Redoublez
geron
;
de coups, vous autres! cria
ce n'est pas encore assez
!
le for-
».
Et les forgerons recommencèrent à
le
battre
de
leurs barres de fer. «
— Aïe
!
aïe
!
criait le diable. S'il te plaît, forgeron,,
laisse-m'en aller! Je ne reviendrai plus!
-
— Te
«
laissarai sauvar per aqueste cop,
sinnaras que tornaras pus
—
«
Pôde pas sinnar'
m'en anarai per
tôt solet.
querre
te
—
158
»
mas me
».
cô,
non
mas
mestre;
sei lo
N'en vendra'n autre, se vôu,
.
Laissèron levar lo diable de la chadeira. Mas era tan esquintât de cops de barras, que sabiapas quana
chamba
botar davant l'autra
demoret
:
tornar en enfern. Quant hi saguet, diguet diables
ans per lis
autres
:
— Anas
«
set
am
aquelh
querre
faure,
volés
si
:
ieu
m'en charge pas! Jamais faure entrara dins Tenfern
!
»
aquels d'aqui Ihi
D'auzir* co,
mais
la pel
trauqèron un pauc
a cops de forchas et lo ravirèron dins
lo
fiôc.
D'aquelh temps,
lo faures
aguet patiensa.
un autre diable pus mestre que
Parteguet
lo
promer.
Quant saguet ves l'hostau delh faure, d'un cop de ped tombet un caire de «
— Sabes, faure,
delh biais
am
co «
mon
ieu...
i
porta e entret.
vazes segre
!
a set ans, mas
Parangiguères
me
crides? T'espeitave
mas
—
tu.
Si
de mau, aco es que m'agradava pas
mas tu. Anem, parles pas
te volia «
faras pas'
setarai pas dins ta chadeira...»
— Pracô, de que
l'autres aguel
me
fraire,
Me
la
tant
:
sei preissat.
:
159
'
— Je
«
me
tu
sauver pour cette
te laisserai
— Je ne peux pas signer cela
«
maître. Mais je quérir,
On
s'il
m'en
veut
:
».
laissa le diable
savait quelle
de sa chaise.
se lever
jambe mettre
la
première.
aux autres diables
Il
Quand
Mais
qu'il
il
ne
resta
y
fut,
.
— Allez donc quérir ce forgeron,
«
je
viendra te
autre
sept ans pour s'en retourner en enfer. dit
mais
je ne suis pas le
Un
irai seul.
coups de barres l'avaient tellement brisé,
les
il
fois-ci,
signeras que tu ne reviendras plus.
si
vous voulez
:
ne m'en charge pas! Pour moi, jamais forgeron
n'entrera en enfer!
Voyant peu plus
»
cela, les autres diables lui la
peau, de leurs fourches,
trouèrent
un
et, le précipi-
tant dans le feu, le remuèrent vigoureusement.
Pendant ce temps, Mais
il
partit
le
forgeron eut quelque répit.
un autre diable ayant plus de pou-
voir que le premier.
Arrivé devant la maison du forgeron, d'un coup de
pied «
il
effondra un coin de la porte et entra
— Tu
bel état
sais, forgeron, tu
mon
frère,
il
vas
me
suivre
!
;
Tu mis en
y a sept ans Mais tu ne !
me feras
point cela à moi. Je ne m'asseoirai pas dans ta chaise. «
que
— Mais enfin, pourquoi toi. Si l'autre
sait pas... Je «
cries-tu? Je n'attendais
eut à souffrir, c'est qu'il ne
ne voulais que
toi
me plai-
!
— Allons, pas tant de discours
!
Je suis pressé
!
— — Bougre
«
—
mas me pôde pas n'anar com' aco. ma chamisa un bocinon de temps, per querre. Ânueit es dimenche; me chau bolar !
Ai obledat l'anar
160
:
prôpi...
— Aco es bon
«
N'auras pas mester de chamisa,
!
dins l'enfern, ni de res mais! «
— Anem,
charreiras
tè,
i
;
sei.
i
Mas podem pas passar pels
a trop de monde, nos podrian veire.
Sabes pas? passa dins
mon
pera; d'un saut vau querre
ma
hort et
mangea una
chamisa
».
Lo diable passa dins l'hort, tocha una brancha per copar una grossa pera jaune, et... aqui l'as estachat Lis fargeaires espeitavon mas'cô.
de barras de
ferre, et n'i
ron, paure monde,
n'en crocenava «
— Coquin
m'en anar
!
Me
n'i
am
Venguèron
en conhèron,
n'i
en conhè-
en conhèron tant que
lo
perer
!
de faure! Laissa m'en anar! Laissa tuazes pas,
te dize,
me
tuazes pas
!
De
la vida tornarai et jamais faure entrara dins l'enfern «
«
— M'o sinnaras — T'o pode pas
;
Vendra
sinnar
ieu
:
si
podes
(c
— !
homes
Vai
sei
pas
pas lo
Ihi
t
!
mestre. :
lo
».
faguèron petar quauques autres
bônes cops de barras, pueissa, pro
te creze
Mestre de tota la diablaria, Lucifer
lo
faras sinnar, Li dech
autramen,
t'en, aora,
lo faure Ihi diguet
:
mangea pera mancat! N'as
Et tôrijes pas d'anueit
I
»
—
— Tout ce que tu voudras
<(
temps pour l'aller che
il
;
me
dans
voir.
Tu ne
chemise...
un brin de
;
il
j'y suis!
Mais nous ne pouvons pas-
y a trop de monde, on pourrait nous
Le diable passe dans pour couper une
mon jardin et mange ma chemise ».
le
jardin, touche
poire jaune, et
..
Les forgerons n'attendaient que
armés de barres de il
poirier, «
fer, et
il
une branche
le voici
cela.
attaché
!
vinrent,
Ils
reçut des coups, bonnes
reçut des coups et des coups tellement que
le
lui-même, en craquait.
— Coquin de forgeron
m'en
diman-
c'est
saut, je vais quérir
une poire; d'un
gens,
de
rien
toilette...
pas? Entre dans
sais
Un
chose!
l'enfer... ni d'autre
les rues;
Mais je ne puis m'en
Tu n'auras pas mestier de chemise,
!
— Allons, voici
ser par
!
Aujourd'hui,
quérir.
faut faire
— C'est bon
«
ma
J'ai oublié
ainsi.
aller
«
-
161
Ne me tue
aller!
!
Laisse-m'en aller
!
Laisse-
me
pas, je t'en supplie, ne
tue
De la vie, je ne reviendrai, et, s'il ne tient qu'à moi, jamais forgeron n'entrera en enfer!
pas
«
«
!
—Tu me le signeras; autrement, je ne te crois pas!
— Je
ne peux pas
maître. Mais
Lucifer
:
il
viendra
hommes le
— Va-
t'en,
en as assez
!
le
Maître de toute la diablerie,
peux
!
»
gratifièrent de quelques derniers
coups de barres, puis «
le
tu le feras signer, si tu
Les dix
ne suis pas
te le signer; je
le
forgeron ajouta
:
à présent, mange-poire mainqué
Et ne reviens pas d'aujourd'hui
!
»
!
Tu
— Lo paure bougras
—
162
una
s'en aaet, lot escambarlat,
espanla qae pengeava, et plen de sang,
N'i
avian tant
aconhat, que demoret cinq ans per s'en tornar. Quant arribet en enfern, diguet
—
«
:
coma
Sabés, vos autres, farés
mas
voudrés,
per ieu, jamais faure entrara dinsTenfern
-
»
!
Diablas, diables, diabletons, toti hi sautèron
de
sobre et lo rostèron delh biais.
d'aquelh
Et,
Mas
faure se pausava et se
temps, lo
gala va 'n pauc mais
.
.
.
parteguet, perl'anar querre, lo mestre de Ten-
fern et de tota la diablaria, Lucifer.
Quant saguet ves l'hostau delh faure, d'un cop de ped n'en desrochet un caire e entret. «
— N'as
mas «
de duras
fat veire
am
lis
ieu te farai sègre, qu'as paor
—
Tè, que ses bestial
mas Ieu? Anem, tè,
t'espeitave;
pas pus
te
volia
autres, so diguet
faguet lo
tu! te
;
I
faure.
Per de que sègue
Ieu
venias
marcha a
;
forai »
Acô se trobava tas diguet «
—
lo
jorn delhs Rogazons. Lo diabla-
:
Anueit, pôde
pas passar pels charreiras
eschampon d'aiga benezida «
— Passa pels
quels que fan de « «
:
aco
me
tua
charreiras, fotraud
mau que
— Non pôde — Pracô, vira
s'escondon
!
te
en chin.
;
!
Aco es mas'
!
!
—
—
163
Le malheureux diable
écartant les jam-
s'en alla,
une épaule plus basse que l'autre^ et plein de Il avait reçu une si ample distribution de coups,
bes,
sang.
ans pour s'en retourner. Quand
qu'il resta cinq
arriva en enfer,
—
il
dit
il
:
autres, vous ferez comme bon vous semblera; mais, quant à moi, jamais for«
Vous
savez, vous
geron n'entrera dans
A
l'enfer
!
»
ces mots, diables, grands et petits, tous lui sau-
tèrent dessus et lui infligèrent une sévère correction...
pendant ce temps,
Et,
le
forgeron se reposait et
continuait à prendre de l'agrément.
Mais
il
partit,
Quand
il
arriva devant la maison
coup de pied
il
—
«
il
je te ferai suivre,
moi
;
tu pas plus
tôt? Allons,
C'était le jour «
fit
toi
— Passe donc par
« «
le
forgeron. Je t'atten-
pourquoi ne venaiste suis: sortons! »
me tue
se cachent!
en chien.
;
I
nigaud
I
toi
:
puis passer dans les rues
les rues,
mal qui
— Je ne puis — Alors, change-
!
:
vite, je
on répand de l'eau bénite, cela «
:
le
des Rogations. Le diable dit
— Aujourd'hui, je ne
ceux qui font
et entra
moi, sois sans crainte
ne voulais que
je
du forgeron, d'un
à rude épreuve, dit-
les autres
— Tiens, que tu es bête!
dais,
Maître de Ten-
en démolit tout un coin
Tu as soumis
mais
;
.
l'aller quérir, le
de toute la diablerie, Lucifer.
fer et
«
pour
!
11
n'y a
que
164 «
— Non pôde
Tota
!
—
la chinaria
ataparia trop de cops de dents «
— Vira
sarai.
en
te
Dengun
*
me
corria de sobre
:
!
Te botarai dinc un saqet et te pasveira, dins ma pocha. Quant saras
rat. te
defora, et que cridaras
«
Qi
delh saqet e 'ns en anarem
».
Lo faures avia
son
:
Qi
!
Qi
î
saqet lot preste
:
diable, que s'era fat menut, et l'estachet
sortrai
te
»
!
bolet lo
i
pueissa,
;
tornet virar et lo portet ves sa fargea. Lo botet sobre
am
rencuje. Lis fargeaires,
l'autre
Qi
»
I
de barras de ferre,
l'es-
mena, aquelh mais un lo levava, tombaVa! Es elh fazia pro «Qi! Qi
codeguèron de lo
la
:
!
:
Mas
lo
laissavon
faire
tustavon un pauc
et
mais.
Entre dos cops, cridava «
— Laissa me!
promete « « «
:
:
Laissa me,
coquin de faure! T'o
jamais faure entrara dins l'enfern !
!
rada
et tornas'scodre !»
Li barras
.de ferre Ihi
fagueron
sautava coma'n espigeaî
Lis
lis
quatre de sobre
fargeaires n'avian
geammarôt! « De que n'en «
«
«
!
— Sinna me que me laissaras'star — Non pôde — Nonpôdes? Anem, vos autres droites, viras Tai-
— diezs, diablatas? N'i a pro — Coquin de faure, laissa me? — Sinnaras? — Sinnarai tôt sô que voudras !
»
?
:
lo
—
_- 165
«
Je ne puis
1
Toute
me
la chiennerie
j'attraperais trop de coups de dents «
- Change-toi en
et je te passerai.
Quand
rat.
Je
!
mettrai dans un sachet
te
Personne ne
:
Qi
diable, qui s'était fait le
menu,
et le
ferma
porta à la forge.
il
:
consciencieusement, lui aussi
l'autre
Qi
!
Qi
Lui,
l'aplatissait! !
»
Mais
ils le
faisait
Qi
:
»
!
irons
».
y mit
le
puis
;
!
il
revint
plaça sur
Il le
clume. Les forgerons, avec leurs barres de tirent
Qi
I
nous en
sachet et nous
Le forgeron avait son sachet tout prêt sur ses pas et
ma poche.
dans
te verra,
tu seras au dehors, tu crieras
Je te sortirai da
courrait sus et
l'.en-
fer, le bat-
un
le
sans cesse:
levait, «
Qi
!
laissaient faire et n'en frappaient
que davantage. Entre deux coups, «
— Laisse-moi
te le «
«
«
promets
:
!
criait
il
:
Laisse-moi, coquin de forgeron! Je
jamais forgeron n'entrera dans l'enfer!
— Signe-moi que — Je ne puis
tu
me
laisseras en paix
!
!
— Tu ne
virez l'airée
peux pas ? Allons, vous autres garçons, » et recommencez à battre !
Les barres de fer firent sur lui sautait
comme un
poignets endoloris
épi
;
les
« les
quatre
»
!
«
— Qu'en dis-tu, vilain diable? En as-tu assez?
«
-— Coquin de forgeron, laisse-moi
« u
:
il
forgerons en avaient les
!
— Tu signeras? — Je signerai tout ce que tu voudras
!
»
166
Adonca,
lo faure
—
badet lo saqet et lo diable sinnet
que jamais faure entraria dins Qu'acô
mâchai nar
:
Ihi
l'enfern. Et s'en anet.
sabla bon de s'estirar un pauc
et chablat,
Mas era
tant
que demoret set ans per s'en
tor-
podia pas'chabar d'arribar
Quant
li
!
!
diables lo vegueron tornar tôt soiet, auze-
—
ron res dire
aco eras elh
vireron per rire.
lo
mestre
—
;
mas
se
..
Lo faure viusqet set ans. Quant saguet mort, s'en anet ves lo bon Dieu per esser jugeât. Et portava son sac.
Lo bon Dieu
Ihi
diguet
:
« — As fat pacha amelh diable I
« «
anet, et tustet per la porta
te
:
chau'nar en enfern
:
— Quau's acô? — Aco es faure que ven am son sac lo
!
»
Diablassas, diablas, diablassonassas, diablassonas,
diablassons, diablassonetas, diablassonetassons, diablassonets,
diablassonetons,
diablonassas,
diables,
diablonas, diablonassonas, diablonassons, diablonassonets, diabletassas, diabletas, diabletassonas, diable-
tassons, diabletassonets, diablons, diablets, diablonetassas, diablonetas, diabletonassas, diabletonas, dia-
blonetassons, diabletonassons, diablonelassonets, diabletonassonets, diabletons, diablonets et diabletonets, toti i(
que «
corregueron darres la porta
—
Coquin de faure,
l'avia'nat querre,
— Garda
tis
et se hi
cridet lo
demôra de qu'ont
peras
!
ranqeron.
promer diable ses
!
cridet lo segond, et vai t'en
!
167 Alors, le forgeron ouvrit le sachet et le diable signa
que jamais forgeron n'entrerait dans s'en alla. Qu'il trouvait était si
il
I
ne pouvait achever de se
il
:
diables
les
point
n'osèrent
lui,
il
un peu Mais
!
Quand ^Is
Et
l'enfer.
s'étirer
meurtri et broyé qu'il demeura sept ans
pour s'en retourner rendre
doux de
de
faire
—
maître
le
revenir
virent
le
mais
tout seul,
—
réflexions
c'était
détournèrent pour
se
ils
rire...
Le forgeron vécut encore sept ans. Quand mort,
s'en alla, portant son sac,
il
vers
il
fut
bon Dieu,
le
pour être jugé. Le bon Dieu «
— Tu as
en enfer. Il
« «
lui dit
:
pacte avec le diable
fait
:
il
le
faut aller
»
y alla et frappa à la porte
— Qui est-ce — C'est
:
.
?
forgeron
le
qui
avec
arrive
son
sac! » Diables, diablots, diablotins et
coururent
derrière
la
porte
et
diablotinets, tous s'y
arc -boutè-
rent. «
—
Coquin qui
diable es
de
était
forgeron
allé
le
!
quérir,
cria
le
demeure
premier
où tu
!
'<
—
va-l'en
Garde !
tes
poires!
cria
le
deuxième,
et
— 168 — «
—
Barras
la porta,
vos autres
qu'aquelh faure s'en tôrne
—
!
cridet Lucifer, et
son sac
!
»
bon Dieu.
Lo Lo bon Dieu Ihi diguet « De que vénes faire faure tornet ves le
am
:
?
T'avia dit de demorar en
enfern.
—
« Brave bon Dieu, respondeguet lo gun me vôu, en enfern. Quan i sei estât,
faure, dentota la dia-
blaria s'es rancada darres la porta, es ai auzit Lucifer
que cridava «
am «
son sac
si
diables
!
»
Peïre,
qu'escoutava, n'aguet
porta delh Paradis «
:
Pracô, sei tornat; pôde pas demorar defôra! »
Sent [a
am
— Lo laissas pas enlrar! Qu'aquelh faure s'en tôrne
—
Anem,
sobre ton sac
Lo faure Paradis
:
bôta et
am te
pietat.
Badet
sa granda clau, et Ihi diguet
darrès la porta
demoràras'qui
.
:
te
:
setaras
»
entret, et, despueis, es darres la porta delh
quant hi anarès,
lo veirés.
.
169 «
— Barrez la porte, vous
que ce forgeron
autres
Le forgeron
s'en retourna vers le
Le bon Dieu
lui dit
— Que
«
I
cria Lucifer, et
s'en retourne avec son sac
»
I
bon Dieu.
:
viens-tu faire? Je t'avais dit de demeurer
en enfer.
— Dieu de bonté, répondit
«
me
ne
veut, en enfer.
Quand
forgeron, personne
le
j'y ai
été,
toute la dia-
blerie s'est arc-boutée derrière la porte, et j'ai
Lucifer qui criait à ses diables «
— Ne
le laissez
pas entrer
retourne avec son sac
peux pas
refster
»
!
dehors
Que ce forgeron
!
s'en
Alors, je suis revenu; je ne ».
!
Saint Pierre, qui écoutait, en eut pitié.
Il
porte du Paradis avec sa grande clef et dit «
ouï
:
ouvrit la
:
Allons, boute-toi derrière la porte: tut'assoieras
sur ton sac et tu demeureras
Le forgeron entra,
du Paradis
:
et,
là. »
depuis,
quand vous
irez,
il
est derrière la porte
vous
le verrez...
170
A REVEIRE
«
—
Marion, so diguet la Finon, n'em pas lézer
anar d'aqueste
ser,
elh
Paradis...
d'i
polas van
Lis
jocar... «
— Que Banneta noi venia querre,
«
—
A!
vôu...
si
Para pas'cô...
lo folraud!
a
I
lo faure,
alai! a
— Oc ben!
«
—
venia mas, totChilhac
Si
riria...
Digeas, vos autras fennas, lo solelh trescôla
:
nos chau'nar claure. «
« «
— Anem, a reveire — A reveire — Sei deman
!
!
!
»
La covisada es'chabade. Tôt bellamen,
An
lis
coviseiras s'en vazon.
trabalhat longeamen per pauc ganhar
se plangeon,
ni
seregaunhon.
d'aver, an de voler et
;
mas
ni
non son richas de patiensa mais que mais. Non Si
171
—
AU REVOIR
«
— Marion, dit
la Finette,
sible d'y aller, ce soir,
il
ne nous est pas
loi-
au Paradis... Les poules vont
jucher... « «
— Que Satan nous vienne quérir, veut... — Ah nigaud! ne fera point cela.. y a s'il
!
le
Il
.
il
le
forgeron, là-bas!
— C'est vrai!
«
S'il s'avisait
de venir, tout Chilhac
rirait... «
— Dites, vous autres
derrière
le
mont
:
«
— Allons, au revoir — Au revoir
«
—
«
femmes,
le
cache
soleil se
faut rentrer chez nous.
il
!
!
Jusqu'à demain
L'assemblée a pris
Lentement,
»
fin.
les dentellières s'en vont.
Elles ont travaillé elles
!
beaucoup pour gagner peu mais ni un mot d'amer;
ne font entendre ni une plainte
tume.
Si elles
ne sont point riches d'avoir, elles pos-
sèdent un fonds inépuisable
de résignation
et
de
patience. Elles ne sont nullement envieuses et le tra-
172
son cobedas, e obrar
Ihi fai geau.
pena, aqui as so que
Ih' eschai.
Gaire de j么ia, pro de
Prac么, de b么na gracia
sis homes per trabalhar la terra, quant chau, donon elh pais d'efants verturos. Fennas valhentas, vos ame per s6 que ma maire
ajudon et
es de vos autras, et
vole sarrar aquelh libre en voi
lauzant.
m
— vail les contente.
173
Peu de
—
plaisir,
beaucoup de peine^
voilà ce qui leur échoit. Pourtant, elles aident, de
bonne grâce, leurs maris à travailler la terre, quand le faut, et donnent au pays des enfants vigoureux. Femmes vaillantes, je vous aime parce que ma
il
mère
est des vôtres et je
veux fermer ce
livre
en vous
louant.
12
NOTES ÉTYMOLOGIQUES
— Aco
P. 48.
(faqui rai, aco rai, rai d'aco, expres-
sions équivalentes qui signifient
:
cela est à l'ordinaire,
cela va bien, cela est aisé, rien de plus facile.
Et a rai, à l'ordinaire.
Les dialectes «
à
la raie
righi
d'oïl
», « en:
emploient, aussi, les expressions
raie
», «
à raie
».
Cf. l'anglais
« ail
voy. P. Malvezin (Glossaire) qui donne rai
» et
pour raid, mot venu d'un posée de ar, ajuster.
ratios, de la racine ra, trans-
— Adivoc,
particule affirmative, au sens de vraiment » « sans doute » « je crois que oui » Pour a div oc, littér. « Oh Dieu oui » Div peut être aussi bien l'abrégé du gaulois divos, Dieu, que du latin divus, même sens.
P. 58.
«
Oh
!
oui
»
«
;
;
;
!
.
P. 78.
au plus
—
Ajfînar, duper,
a fin
employé,
».
Cf.
aussi,
encore dans vieux Rat »
afiner,
en
la fable :
!
tromper adroitement, jouer
mot du
ancien
Centre,
français.
de La Fontaine
«
même
On
le
sens,
trouve
Le Chat
et le
—
i76 -notre maître Mittis
«
trompe
«
Pour
«
Blanchit sa robe et s'enfarine
la
seconde
fois les
— Aqissar, lancer
P. 104.
et les affine,
»>.
ou exciter un chien contre « Kss
quelqu'un ou contre un autre chien, en faisant
Kssl
:
!
»
Racine onomatopéique.
— Aumorna,
P. 104.
çais corrompu,
aumône,
comme on
n'est
pourrait
pas un mot franle croire.
C'est le
eleemosyna (emprunté du grec) qui a pris
latin
les
formes suivantes elemosina (aussi elimosina), elmosna, almosna, almorna (par différenciation de s en r) et, :
«nfin,
Au
aumorna
«
—
11
(par vocalisation de
aumorna^ compassion,
fig.,
Dava a Vil paubres elemosinas. » (Vie de Guillawnede
la Tour),
donnait à sept pauvres des aumônes. «
Quant hom
«
Cochât, ^'almosnd'l fazia,
«
Honors
vei
e bes
romieu
li
séria. »
{Azemar
— Quand un homme voit un lui faisait «
l).
pitié.
aumône, honneur
le
Noir^ Ja d'ogan).
pèlerin malheureux,
s'il
et bien lui serait.
Qui adordenamens vol far almorna, a se mezeys deu
«omenssar.
»>
[Y. et
— Qui j>ar
Yen,
fol. 82).
avec ordre veut faire aumône, doit commencer
lui-même.
—
177
—
«
D'home
«
Pot dompna aver almosna gran.»>
conques,
q'es aissi
{Bernard de Yentadour^
— D'homme qui grand
Non
es)
est ainsi conquis, dame peut avoir
pitié.
almosnera, aumônière, bourse; almornier almoynier, almonier, qui demande, qui fait l'aumône, aumônier; almonaria, soin de distribuer des Dérivés
:
aumônes, aumônerie
almornar^ aumôner,
;
faire l'au-
mône.
— Aver, bien,
P. 44.
vaillant de quelqu'un
peaux constituant,
;
argent, possessions, l'avoir, le
troupeau de moutons,
les trou-
autrefois, le principal de la richesse.
(Lat. habere, avoir, posséder). «
— Mais
Mas non
es
bo que
n'est pas
il
D'aquellas que
«
s fl'e
son aver.
bon qu'il se fie amon per aver. (B.
»
(Poème snr Boèce). en son avoir, »
de Ventadour, Chantars),
— De celles qui aiment pour argent. «
E playmi quan
«
Fan
las
gens
corredor
li
e'is
avers fugir. (B.
— Et
il
gens et L'oïl
me
les
plaît
quand
«
Bien
E
m play).
coureurs font fuir les
troupeaux.
employait aussi a
les
»>
de Born, Be
i
ad
or,
le
mot aver
:
mMistes ejacunces,
valent tut Vaveir de Rurne.
»»
{Chanson de Roland, v.
638).
— —
178
y a en quantité
Il
or,
—
améthystes et rubis, et
valent plus, à eux seuls, que tous les trésors de P. 108.
—
ils
Rome.
Babalhas, augmentatif de babalou babauy on fait peur aux
bête, fantôme, être imaginaire dont
—
Se couvrir le Gara lo babaul » visage d'un masque pour faire peur aux enfants, c'est « faire lo babau ». Cf. babarota, cloporte, soit « petite petits enfants :«
bête», et le
mot
cantalien babot, féminin babota, petit
insecte quelconque. Origine incertaine. P.
l4:2.
— Bo7nbar, produire un bruit sourd, exploser;
par extension, battre, frapper. De la racine onomatopéique bomb, qui a produit, aussi, le grec bombos (en latin bombus), bruit sourd.
bomba, nom verbal, toupie, bombarda, bombarde bombardar, produire une grosse détonation, bombarder bombassau, grand coup de poing. Au figuré, bomba, correspondant au latin powpa, pro-
De bombar sont dérivés
et son diminutif bombil
:
;
;
;
cession,
cortège solennel,
faste,
luxe,
magnificence,
bombansa ou bobansa (par dénasalisation), faste, bonne chère, bombance bombansai' ou bobansar, entourer de faste, mener joyeuse vie (en terme d'argot « faire la bombe ») bombansier ou boban-
appareil, ostentation
;
;
;
sier, fastueux,
prodigue, orgueilleux. L'ancienn.^. langue
d'oc avait, en outre, le subst. masc. boban,
corrompu en
burban, pompe, ostentation, générosité, magnificence, « inanis gloria "
»
(Donatz Proensals).
Lur bobans sera de sobre en jos
».
(Bertrand de Born, S'ieu fos aissi)
—
179
—
— Leur ostentation sera de dessus en bas. «
Et
«
No
si
la cortz del
m
Puei
relevon, jamais
bobans non serai sors.
e'I ric
»
(Richard de Barbezieux, Atressi cum)
— Et
Cour du Puy
si la
ne
et la noble générosité
me
relèvent, jamais je ne serai debout.
— Cantau, partie de
P. 2.
l'enceinte fortifiée de Chi-
Ihac, située à droite de la porte nord.
Nous n'avons pu
savoir l'origine de cette dénomination
dans Cantauy P. 72.
voir,
faut-il
:
la racine cant, côté ?
— Cantia, fourche à parc. Placées du côté exté-
rieur d'un parc, ces fourches servent à soutenir les claies et à les ajuster.
la
même
chanteau
celtique.
De
la racine cant, côté,
chantelar^ couper en chanteaux
;
coin du foyer
angle,
même graphie, On
Mot
que dans nos mots chantel, bord d'un pain,
;
chantier
^
égal au
chanton,
;
français de
etc.
trouve, aussi, cette racine dans le
nom
de lieu
Chanteuges, qui est écrit ÇanlogUu7n^ dans une charte
de 936
:
Halerii
«
Cantogilum, situm ex una parte super fluvius ex
et
altéra parte
super rivum
Deje...
»
(H. Doniol, Cartulaire deBrioude, p. 346). Chanteuges, en effet, est assis sur Tangle formé par la réunion de la
Desge et dé l'Allier. De même, Cantium est l'ancien (Angleterre)
;
c'est
nom du pays
un pays d'angle
:
alter angulus, qui est ad Cantium...
mentaires, V,
13).
Ce
nom
«
»
de Kent
Hujus
lateris
(César,
Com-
est écrit Cantia^ dans Gré-
goire de Tours (Histoire des Francs, Liv. IV, chap. 26).
—
180
—
P. 64. — Chahana ou chabona, cabane. Bas latin cabanna (dans Isidore de Séville), hutte de vigneron, cabane. C'est le mot gaulois capanna, de la racine cap, couvrir. Cette racine a formé de nombreux mots, aussi bien en oïl qu'en oc capa, chape capel ou chapel, chapeau capota, capote capella ou chapella, cha:
;
;
;
pelle, etc., etc.
—
P. 42.
Chabreta,
chevrette
«
de
instrument
»,
musique rustique en usage dans les montagnes du Massif Central. La « chevrette » se compose d'un sac en peau, aVoeire », l'outre, auquel sont rattachés deux tuyaux accouplés,
la
«
chantarella
et le
»
bronzi-
«
dor».
La chabreta bêlement de
est ainsi
nommée
la chèvre,
parce qu'elle imite
chabra, en oc
On rappelle aussi la « chabra ». On dansait, autrefois, la bourrée au son de vrette
du
»,
P. 140.
fifre et
le
capra)
(latin
la
«
che-
du tambour.
— Chalendas, au pluriel, la fête de Noël. Les
Romains appelaient Calendœ
le
premier jour de chaque
mois. Nos pères, ayant adopté leurs usages, disaient
au vingt-cinquième jour de décembre das
»,
par abréviation de
(januarias),
c'est-à-dire
«
:
«
Octavo Calen-
octavo die an te Calendas
le
huitième jour avant
»
les
calendes, ou avant le premier jour de janvier.
Lorsque
marqua
le
lument
«
le
christianisme se fut répandu et que Noël
commencement de Calendas
»,
parce
l'année, ce jour fut absoqu'il
quable d'entre ceux qui portaient
était le plus le
même nom.
remar-
— «
E
«
C'om
—
181
s'avenc entorn Nadal
si
a.pe\B,
Kalendas
lai. »
(Peire Vidal,
— Et ainsi «
Calendes
issio),
»
A
«
il
AbHl
arriva autour de Noël, qu'on appelle là
Calendas, lo sant jorn de Nadal.
•>
[Chronique d'Arles),
— A Calendes,
le
saint jour de Noël.
Dérivés Chalenda maia chanson qu'on chantait au mois de mai chalendier (calendarium), calendrier; cha:
:
lendar et chalendal, qui est des calendes. P.
—
24.
Chap^
quelque chose.
Au
tête,
sommet, bout, extrémité de Pour
figuré, principe, chef, chef-lieu.
cap, réduction du latin caput, tête, chef. (Pour rendre le
sens de caput, nous employons plutôt Dérivés
:
chabet, chevet de
lit
;
chabussar, plonger, jeter à l'eau
;
;
mot
bœuf pour
capsol, ancien droit seigneurial, lods
sier ou cabasser (de cabessa,
«
testa). ;
chassol ou chassou,
coussinet que l'on met à la tête d'un
au joug
le
chabeissa, perruque
cabèche
»,
tête,
;
le lier
cabes-
en espa-
gnol cabèça), celui qui est à la tête d'une troupe d'ouvriers
;
chabot, qui a une grosse tête
d'un enfant qui a une tête gracieuse la
vigne; cassar,
cassar, se baisser
chabiscot, se dit
;
;
chapolar, tailler
pour capsar, baisser ;
la tête;
se
chabidar (d'un bas latin capitare),
somnoler, à cause des mouvements de tête qui se produisent pendant l'assoupissement; descapitar, décapiter
;
achabar, achever, proprement,
«
mener à chef
escassar, pour escapsar, décapiter, été ter, etc.
»
;
— — Chaumassay
P. 8.
—
182
chaleur ardente, canicule, pour
caumassa, calmassa et calimassa
.
Du
latin calere, être
chaud.
Le mot français chômer, pour chaumer, est de même mots cantaliens calima, chaleur ardente,
origine. Cf. les
câlina^ petite chaleur, etc P.
—
2.
Chilhac, ancienne seigneurie ayant appar-
moyen
tenu, au
sur r Allier
(arr,
âge, à la famille de ce
nom,
et située
de Brioude).
Dénote un bas latin Ciliacum, dérivé du celtique ou Cellios (voir Holder, Dictionnaire d'ancien
Cilios
celtique).
Les seigneurs du Four
(dits)
de Chilhac étaient aussi
seigneurs de Sales (alias Salas), d'AUeret et de quelques censives, près de Chilhac. C'était une noblesse connue
depuis Odilondu Four, écuyer habitant Chilhac en 1300. Elle avait
pour armes
pagné de
trois étoiles de
P. 64.
—
:
«
D'azur,
même
au chevron
d'or,
accom-
».
Cobre. De cobre, de relais, en réserve, de
v Avés pro de blat per semenar? » N'ai de cobre réponddemande-t-on à quelqu'un. « Aquest'annada,li vinhas son estadas bravas ai il. mon cobre de vin ». -— a Aquest an, ai mon cobre
reste,
en suffisance
:
—
—
((
y>
:
:
cranhe res
».
Dérivé de cobrir, couvrir, cacher, garantir (bas latin coprirCy du latin cooperire). Cf. l'espagnol cobro, lieu où l'on garde une chose, où on la met en sûreté « Poner en cobro », mettre une personne ou une chose en sûreté, la mettre dans un lieu où elle soit hors de danger. :
— —
P. 24.
Codaca,
183
nom
—
onomatopéique, par allusion
plaisante au cri que pousse la poule qui vient de pondre.
—
Combaneira, littéralement, « Combe Noire » P. 50. massif montagneux et boisé situé au-dessus du village d'Aubazac, sur la rive gauche de l'Allier, à peu de distance de Chilhac. Mot formé de comba, combe, vallée, et neira, noire.
L'expression « lop de ves Combaneira
»,
désigne, à
un homme grossier.
Chilhac,
— Copel,
« P. 98.
petit
sommet, nuque. Diminutif de
coponcup, sommet d'un mont, d'un
arbre. Origine
celtique.
Copel est
le
nom d'un mont volcanique situé sur le commune de Saint-Eble (Haute-Loire).
territoire de la P. 60.
ner,
Cossirar, penser, considérer, rêver, imagi-
-
être dans l'inquiétude, soupirer.
(dans le
derare, «
—
Donatz Proensals
«
Pour consirar
réduction du latin consi-
regarder avec soin, examiner; proprement,
regarder les astres Dérivés
cossire,
»),
:
».
consideransa,
considération
chagrin, rêverie, pensée,
;
souci;
cossir ou
cossiransa^
inquiétude;comraere, morose, rêveur; cossiros^ pensif, chagrin, inquiet; cossirans^ en état de penser, de considérer.
Notre mot cossir ar ou consirar avait son correspondant en
oïl
:
«
Et je querrai d'amors joie
«
Car consirer d'amors ne me puis mie.
et
baudor,
(Colin Muset).
184 P. 2.
—
Colinent, incessamment, tout de suite.
En
continent.
Pour
in continenti (sous-entendu tem-
latin,
pore). Cf. le français incontinent. P. 2
—
commune, assemblée, Velay, groupe de femmes occupées à
Covise, réunion, vie
Dans
société.
le
faire de la dentelle
Dénote un bas intimité, vie
latin convitium, venu du commune. Autres formes
latin convictio,
convit et covic
:
convictus).
lat.
En
oïl,
convi et convif
portug. convite, «
An
ital. toit
(lat.
convivium). Cf. esp. et
convito, catalan convit.
dons
e convitz.
Giraud de Borneil
—
Ont supprimé dons La maison où
«
ils
En un convif où
Lo doutz).
et festins.
tenaient leurs grands convis
(Œuvres d'Alain Chartier, «
:
il
».
p. 44)
y avait plusieurs assis à
la table ».
(Amyot, Traductions de Plutarque, vie d'Antoine). Dérivés covisar, former un covise; coviseira, personne qui prend part au covise; covisada, durée du covise, ensemble des personnes forman,t le covise. :
P. 164.
— Dengun
(aucune) personne. Pour nengun,
necunus). En ancien oc, negun, neguna, aucun, aucune, personne. En Limagne, « personne se traduit par « pa'un » (pas un) ou par nasalisé de
negun
(lat.
j>
n'arma
»,
abréviation de
«
pas una arma
âme). Cf. l'expression française
«
»
(pas
une
pas âme qui vive
».
185
Pas dengun, sans bonne
homme
méprisable,
sans honnêteté,
foi.
— Desparrar, partir subitement,
P. 48.
courir à toutes
jambes. Dérivé de esparra^ mouvement subit, écart; esparra était aussi le nom d'une ancienne arme de trait.
D'après Pierre Malvezin,
de la racine spar,
variante de scar, fendre, séparer, disperser,
qui est dans
rejeter,
irlandais scarraim, je fends, je
le vieil
sépare, le breton dUshar, abatis, etc.
Autres dérivés
:
espar r on, échelon
;
esparrar, écar»
un autre desparrar, au sens de tirer, partir avec explosion, faire une décharge de mousqueterie cité par Des Sauvages (Dictionnaire languedocien-françois, Nismes, 1785). ter les jambes, glisser
;
,
—
Dralhar, laisser des traces de pas sur une dans un semis; battre, frayer, fréquenter, en parlant d'un chemin courir, se sauver. P. 34.
terre,
;
Dérivé de dralha, pour drailla^ contracté de draguillay
pour dragilla (avec g
dur), lequel est
nutif de draga^ sentier, passage,
un dimi-
détour, chemin de
traverse affecté au passage des troupeaux de moutons.
Autres dérivés de draga
:
dragar^ courir par les
sentiers, laisser des empreintes de pas sur les terres
;
draguegear ou draguechavj fréquentatif; adralhat, celui qui est en chemin, qui est en train d'aller; celui qui aborde quelqu'un ou qui va quelque part avec un air
empressé.
Dralhar
est, quelquefois, corrompu en draiar (cf., dans Mistral, travaia^ pour travalhar ; Mireio, pour
— MirelhOj etc.). Mais
il
186
—
n'a rien de
commun
même
avee dralhy
« dradzena », criblure, ainsi que le prétend M. A. Dauzat. Dralh est le nom verbal de dralhar, cribler (ancien
crible, et n'est pas de
français
«
drailler
la
racine que
»).
Dralhar, courir, dérive, par sdn formateur draga^
de la racine drag^ variante de trag, courir,
que dans
la
même
gaulois vertragos, vautre, chien coureur,
le
le latin tymhere,
et l'anglais to trag, tirer. (V. P. Mal-
vezin, Glossaire de la langue d'oc).
—
Empeitar, embarrasser, gêner, empêcher, P. 22. au propre et au figuré. Pour Empeicar (bas latin impedicare, du latin pedica, entrave) Proprement, « mettre empaiiar, empaichar, des entraves » Autres formes empachaTy enpazar, empechar (employées par les trou.
.
badours)
Cf. espagnol,
.
impacciare Dérivés tacle
:
«
:
catalan,
;
:
portugais
:
empachar;
italien,
empatœar.
empeitay entrave, embarras, gêne,
Moei
de per mis empeitas
te
»,
obs-
ôte-toi
de
devant moi, ne m'embarrasse pas. Empeitaire, gêneur, empeitada, gêne momentanée empeitos, indiscret ;
;
embarrassant, qui ne sait qte gêner; empeitat, embarrassé, retenu, occupé, empêtré; animal auquel on a
mis des entraves. Fenna empeitada, femme enceinte; empeitamen, empêchement, desempeitar, débarrasser, délivrer;
desempeita, débarras
;
desempeitos, ser-
vi able.
P. 10.
— Escenla
ou Escinta, clochette
d'autel, cla-
rine attachée au cou d'un animal, sonnette. Pour esqinla, nasalisé
de
esqilla,
du tudesque skella
— Escenla se le
groupe
;
Dérivés
nuyeux
;
(V
e initial a la valeur de
devant une voyelle, se prononce cf. Breseia, pron. Brechia).
se,
en italien sonnette
ichenla
lit
-
187
:
;
i,
et
comme
escenlar^idÀvQ résonner une clochette, une escenlaire,
qui sonne,
celui
homme
en-
escenlada, coup de sonnette, sonnerie; escen-
Ion, petite sonnette; petite fille; petit
P. 40.
c/i,
— Esfatar, dépecer, déchirer
de vieilles hardes,
et,
homme. de vieux linge,
généralement, déchirer
sans
effort
Dérivé de fata^ chiffon, autre forme du mot pata^ lui-même forme Ae peta, pièce, coupure, qui a donné petas, augmentatif, petassar, raccommoder, rapetassur pièces. Ce dernier est devenu, en français, rapetasser. De même, le francisé fatras amas de chiffons, de guenilles, résulte de la contraction
sar, mettre pièces
de notre ïâoifataraSy dérivé de fat a. Pierre Mal vezin Téiiepeta au bas ISLimpetia (en oc, pessa, en français, pièce). P.
— Esmaiar,
8.
allemand magan, bler,
chagriner,
«
pour esmagar
pouvoir
»
(préfixe
eœ
et haut
être fort), étonner, trou-
épouvanter; proprement,
selon la
remarque de Littré, « ôter force et pouvoir » Cf. le portugais esmaiar et l'italien smagare. En oïl, esmaer et esmaier (dans la Chanson de Ro.
land).
Nom
verbal
:
esmai, surprise, trouble, ennui, peine,
souci, émoi.
P. 34.
—
Esparlinar, dérivé de espar tin, ^omv ves-
—
—
188
pertin (bas latin vespertinuSy repas du vesper). L'
espartin
c
»
du
soir,
lat.
est le repas que font, l'après-
midi, les journaliers et les paysans au lieu où
ils tra-
vaillent.
Espariinar
est,
corrompu en despar-
quelquefois,
tinar.
Du même [vesperem] veillée ris
;
;
latin
vesper sont dérivés
vesper, étoile de
vespras, les vêpres
;
avespre,
approcher de
vespre^ le soir
;
;
soirée,
vespértillon, chauve-sou-
subs. m., le soir; avesprar, faire tard, la nuit; avesprir,
L'oïl avait, aussi, ces
—Espeiar,
P. 74.
:
Vénus vesprada,
même
sens.
mots.
éclater, se crever;
au
fig.,
crever
d'embonpoint. Formé du préfixe es pour eœ, et de petar, dérivé de pet (bas latin pettum, du latin peditum, incongruité). «
Tais jpetz que son de corn vos semblaran.
(Tenson de Montan et d'une
—
De
tels pets
que son de cor
ils
«
Las castanhas del brasier
«
Peton quan non son mordudas
Dame
:
»
leu).
vous sembleront.
».
(Un troubadour anonyme).
—
Les châtaignes du brasier éclatent quand
ne
elles
sont pas mordues. Espet,
nom
verbal d'espetar, désigne u» pétard ou un
éclat de braise allumée qui s'élance avec explosion
bruit d'une P. ^%.
arme à
;
le
feu. Petegear, c'est pétiller.
— Esquintar, déchirer, briser, rompre, user
figuré, fatiguer à l'excès. Ce mot,
;
au
qui correspond, pour
—
189
-
sens figuré, aux expressions françaises «c êlre brisé » être rompu »,a deux variantes esquisar ou esquissar
le
^
«
:
et
son nasalisé esquinsar.
On «
d'ailleurs, ces
trouve,
anciens
dans
mots
textes
les
:
Camenseron greumens a plorar e lurs vestis a esquirCtar (Hist. abrégée de la Bible, fol. 19).
»
— Ils commencèrent à pleurer amèrement et à déchirer leurs vêtements. <r
Que esqiiinton
e
pesseion per pessas totz
(Cartulaire de Montpellier,
—
Qu'ils déchirent et
?los
fol.
capels
».
144),
dépècent par pièces tous leurs
chapeaux «
L'autre esquisset sas gonelas
».
(Peire Cardenal,
—
Una
L'autre déchira ses tuniques. «
De sen blizautde seda
fetz
un pan esqumsar
(Roman de Fierabras,
—
Ciutat).
Il fit
».
v. 707).
déchirer un pan de son bliaut de soie.
«
Que
«
Si parta
l'amors, que m'aflama e
de lieys ni sesquis
m
ponh,
»
(G. de Cabestaing,
Ar
vei).
— Que l'amour, qui m'enflamme et me point, s'éloigne d'elle et se brise
Esquisar, pour esqisar, peut être dérivé de la racine que
le
même
sanscrit chidy pour ancien skid, le grec
skiso, le latin nasalisé scindere^ tous
au sens de fendre.
Cette racine scid (avee c dur) est dénotée, en celtique, 13
190
par un sceida, dans
le
breton shoaz, épaule,
le vieil
irlandais sciath, aile, nageoire, soit division; le bre-
ton 5CMid, brisé de fatigue.
Quant à esquintar, pour esqintar, devenu en fran^ c'est le latin scindere, qui nous est arrivé modifié par son passage dans la basse latinité. (Voirie « Donatz Proensals », dans lequel e^gt^m* est traduit par scindât, ce qui exclut le supposé eocquintare çais, esquinter,
de Darmesteter).
En
ce qui corîcerne le sens absurde de
cinq
Général, rire.
.
«
couper en
attribué à esquinter .i^ar Fauteur du Dictionnaire
»
accueillons-le, tout
au moins, par un sou-
D'où vient donc l'idée de ce partage en cinq
.
ou en sept? Est-il jamais arrivé dans le cas d'une extrême fa« Je suis coupé en cinq » ? Et le malheureux tigue auteur, esquinté par un critique partial, a-t-il lui aussi, son pauvre corps en cinq morceaux ? Et qu« dire de nos Immortels qui refusèrent, en 1913, d'admettre esquinter dans leur Dictionnaire, sous prétexte que ce vocable n'avait pas d'origine connue, qu'il faisait double emploi avec éreinter et qu'il était isolé
plutôt qu'en
trois
à quelqu'un de
dire,
:
dans
Le
la
langue française?
«
Donatz Proensals
»,
déjà
cité,
et
les
diffé-
rentes acceptions rapportées au début de cet article
démentent nos Académiciens éreinter et esquinter ne se confon^'ent pas, mais ils forment une gradation dont esquinter est le terme le plus fort. Enfin, le pré:
tendu isolement du francisé esquinter ne se voit guère, si l'on rassemble les mots français de la même famille
— que
lui
scinder^ scision,
:
scinliller,
venus du
latin
—
191 et, ;
probablement, étincelle
schisme
(division),
tique, schiste (pierre facile à diviser), schisteux,
du grec, tous de
la racine scicl
— Far folha7\ remuer
P. 44.
(1),
schisma-
venus
(2)
buissons, dans animaux. Par exten-
ddiïis les
les broussailles, en parlant des
pour les personnes. Pour barfolhar (ly latin ayant remplacé le b celtique) et barfodilhar. Ce mot se compose du préfixe péjoratif bes et de fodilhar ou fodiliar, de la même racine que le sion, s'emploie, aussi,
latin fodere,
pour un archaïque
/btZ^re, fouir.
Nous avons, aussi, barbolhar, remuer la vase avec mains. Darmesteter explique ainsi
les
«
Composé avec
inconnue
et
français farfouiller
:
une particule d^origine
».
— Flac,
P. 8.
fouiller
le
mou,
lâche, qui
manque de vigueur,
faible, flasque (lat. flaccus). «
Quar lapelh a molha eflacha
».
(Tenson de Bertrand et de Gaubert).
(1)
Ce mot, venant du
La métathèse (2)
latin scintilla, devrai^ être escintelle.
a produit estincelle,
devenu
étincelle.
D'après Michel Bréal, caedo (pour scaedo) appartient,
probablement, à
la
même
famille, ce qui ajoute
un nombre
important de mots à ceux qui sont donnés ci-dessus
:
concis^
concision, décider, décision^ inciser, incision, occire, césure, ciseau, et ses
Les Mots
dérivés, homicide, etc. (Voir
latins, art. scindo et caedo).
Bréal et Bailly,
— —
Car <<
il
Om
192
—
a la peau molle et fiasque. de flac cor s'espavent' e s'esmaya (G. Faidit.
—
Homme
Dérivés flacir
(lat.
:
».
Ja no crezatz).
de cœur lâche s'épouvante et s'effraye.
flaqir, flétrir, se faner,
flaccere)
;
passer autre forme, ;
flacar^ lâcher, fléchir, et, au figuré,
mollir; flaqeza, faiblesse; flacameny flasquement, mollement, lâchement fiaqegear, fréquentatif aflaqe;
ziVy affaiblir
;
dé/laquer,
(cf.
terme scatologique, en
argot). Il
zin,
y a lieu de remarquer que flac, selon Pierre Malvepourrait être une forme de blac, même sens, d'uu
Dans ce cas, il du remplacement b celtique par /' latin. j D'ailleurs, les mots ci-dessus ont une autre forme dans celtique blaccos, égal au latin flaccus.
aurait
laquelle entre le radical celtique blac
:
blacar, blaqessa,
blaqegear, etc.
—
Se galar, être à son aise, se réjouir. En Limagne, au sens particulier de «jouer», «prendre ses P. 92.
ébats
même
en parlant des enfants. Dérivé de gala, joie, le que l'ancien français gale, l'italien et l'espagnol
»,
gala un jour, un habit de gala, de fête, de « joie ». Dans le dialecte des Cévennes, se galaminar, c'est s'égayer, se délecter lo galapastre est la bergeron:
;
nette, l'oiseau qui
«
réjouit les pâtres ».
Gala est d'origine celtique. P. 14.
—
Geacada. En Velay
et sur les confins, ce
s'applique particulièaement à une poule dont est
marqueté de nombreux
petits
points
le
mot
plumage
blancs sera-
-
193
—
blablement disposés à ceux que l'on remarque sur le bord antérieur des ailes du geai ou geac. Dans le Cantal, c'est le nom propre d'une vache; il s'applique,
comme qualificatif,
d'ailleurs,
à d'autres
animaux.
Qeac est la forme chuintée de gac, mot de nos pères, venu d'une racine onomatopéique qui se trouve, aussi, dans le breton. Autres formes ^<xc/i, gas (dans les :
Cévennes). L'ancien français avait gai, pour gaie
gai qui sied sur l'arbre
Dans
breton gegin, Dérivés
:
;
même
Le
gag in. Ce mot correspond au
sens, également poar gagin.
-geaina, femelle du geai
;
geaïssa, l'engeance
troupe de geais geaïnon, petit geai. ;
Gsassa, -pour g eacia eigacia,
même
«
parler de Chilhac, geac est devenu geaïn, au
le
diminutif, pour geagin et
des geais
:
(Raoul de Cambrai).
»
nom
de la pie, est de
origine.
P. 86.
—
Giga, jambe, en français
gigar, agiter les gigues, courir, dont
«
gigue
le
»,
a formé
fréquentatif est
gigonar, marcher en tous sens, aller et venir,
et,
par
extension, hésiter, toucher à tout, faire peu de travail
Gigonaire est synonyme de « mazette », « lambin ». Giga est de la même racine que les mots latins gigas, géant, et ciconia, cigogne, P. Malvezin y ajoute « le nasalisé cingelo, de Vercingétorix, grand chef des guerriers, proprement de ceux qui marchent à la conquête». Racine ci<7 eigig. utile.
P.QO.
Nom
—
Goalha, moquerie, plaisanterie, badinerie.
verbal de ^ottZMr, plaisanter, se moquer. Goalhar
est le parallèle du français gouailler, battre
avec une
194 verge
par extension, donner une correction verbale,
;
moquer
se
(Voir P. Malvezin, Dictionnaire
des racines
celtiques.
—
Gomar, pousser des cris plaintifs, se lamenPour govinar. Racine gov, crier, la même que dans
P. 16. ter.
breton govela,
le
gémir, pleurer,
le
grec govein, se
lamenter, gémir. P«
—
72.
Dans
grand festa
»,
comme en
riables,
expressions
les
les adjectifs tau et
«tau gracia», et
grand sont inva-
grandis et les autres modèle avaient, comme on sait, la même forme au masculin et au féminin. De là vient qu'en français grand est invariable dans « grand mère », « grand messe », « grand route », etc. Mais on latin
a
lalis,
de faire suivre cet adjectif d'une apostrophe,
le tort
l'e
:
même
adjectifs faits sur le
muet que
l'on
prétend remplacer n'ayant jamais
existé...
Geste grant guère ne deit munter a plus».
«
(Chanson de Roland, v. « Si «
243).
a grant joie
El vergier ou dognoie
»
(Colin Muset, Volez oïr), P. 14.
— Graupir,
saisir, agripper.
Forme ouverte de
grapir, dérivé de grap, griffe. Ce radical a donné de
nombreux mots aussi bien en
grapa, grapaud, crapaud grapet^ diminutif, d'où est venu grapetar en français contracté « gratter » (pour grapeter) grapinar griffe
;
grapar, saisir avec
français qu'en oc
les griffes
;
;
;
dérober
;
grapinhar,
griffer, etc.
:
195 P. 108.
— Grifol, houx. Pouv agrifol
{Iditin
ag rifolium)
Et une autre forme agrevol, dans laquelle ne
En nom propre,
produite l'aphérèse de Va.
pour Vagrevol. fogliOy
même
P. 96.
Cf. l'espagnol
s'est
pas
lagrevol^
agrefolio et Fitalien agri-
sens
— Gropas,
ondée de pluie. Pour g lopas augmentatif de glob
forte
et globas (permutation de b etp), (latin
eorps
globus,
l'anglais club
sphérique, peloton, globe).
Cf.
.
Le commentateur Macrobe (ye siècle) emploie globi pour désigner des flocons de neige :« ^/o6^ nivium^^. Gropas a désigné, d'abord, une masse de nuages arrondis, puis, par métonymie, la pluie qu'ils produisent. P.
26.
—
Harbalant,
l'important, le
fier, le
lant et fabulant,
du
loquace,
hâbleur,
qui
fait
généreux; fanfaron. Pour habafabidantem,
latin
accusatif de
fabulansy lequel est dérivé de fabulare, causer, s'entretenir, inventer, mentir, et se relie à fari, dire,
parler,
par l'intermédiaire de Aôw/rt.
Pour Xr épenthétique, cf. largea, mot du parler de Chilhac, pour lâcha, laiche et, pour le changement de /"en 6, cf. l'espagnol /i^^^^r, parler, poar fablar (lat. fabulare). Ce changement, fréquent, en latin, et, aussi, en oc, surtout dans le gascon, se rencontre même en français (hardes pour fardes) Le changement inverse s'est produit dans notre moi fartalha, pour hortalha). Dans son Dictionnaire languedocien- français ^ Des Sauvages donne « abalan » ou abalous, généreux, libé;
.
rai
».
196
—
Abalous, pour habalous, vient du latin fabulosus
porté aux légendes, aux gie de harbalant
.
contes, et confirme l'étyraolo-
nous ne pouvons être
C'est dire qae
de l'avis de M. A. Dauzat, qui cite arbaJan (Glossaire
du patois de Vinzelles) et P. 14.
mateur
—
venir de
le fait
.
,
.
arbalète
!
1
/oc«t?or, juchoir, dérivé de jocar dont le for-
est joc, barres sur lesquelles les poules se cou-
chent. Autre dérivé -.jocada, accouchée.
En ancien
français, jue
de
quelquefois,
:
«
Et, à la vérité,
il
usait,
rudes termes que les poules s'en
si
fussent levées du et
Joyeux
^"mc. (Bon. Des Périers, Les Contes Nouv. XVI). Les dialectes du Nord, picard, ont joquer et Jouquer, au sens
devis,
notamment le
général de coucher, se coucher, en parlant des person-
nes et des animaux.
De
en latin
la racine ioc^
dont
iac,
le
sens primitif
est «jeter, lancer,»; le sens s'est étendu^ ensuite, à
ridée de repos. Le verbe latin jacère et son
jacère
—
«
rendent ces deux sens
Poma
&ivdXdi
jacent sub...
P. \\0. «
— Justar,
enlever des mains
la violence
:
des voleurs
tava la part,
»
;
le
sens primitif.
jouter, combattre; par extension» »,
s'emparer de quelque chose par
«De raubaires lui
inchoatif
Jacere lapides
(Cicéron).
»
Nos mots n'ont pas conservé
«
:
Ihi
an justat sa moneda », « Lo chin empor-
ont enlevé son argent. Ihi
l'ai
justada
»,
le
chien emportait la
viande, je la lui ai reprise.
Justar est
le
bas latin ^Maj^are, proprement «joindre,
faire joindre», venu, lui-même, &\x\2X\n juxta, de, près de.
à coté
-
197
—
Dérivés Jus ta, ^oûie; jus faù^e^ goûteur; parextension, :
prend quelque chose de force, voleur.
celui qui P. 98.
dans
— Menar,
mettre en
le dessein, projeter, et,
ser, faire agir quelqu'un
avec
soi,
avoir en tête, être
l'esprit,
par extension, faire pen-
comme on
veut, faire
aller
conduire; amener, produire, engendrer; tra-
mer, machiner. Ce verbe entre, avec des acceptions
dans un grand nombre de locutions
différentes,
sacin de
a'n
temps que zo mena
», il
a beau
—
—
«
iVenar fioc»,
—
incendier-
«
I
qu'il
Menar varalh», un métier. «Menar li bestial»,
y pense, qu'il a ce projet en tête. « Menar mester faire du tapage.
—
:
temps
«
faire
»,
conduire les bêtes. «
Mena
tos secretz a sabis
homes
>>.
Trad. de Bédé,
—
Confie tes secrets à sages «
Menan gran baudor
fol. 75.
hommes.
per tota
la ciutat ».
(Vie de St-Honorat)
— «
Mènent grande Can
allégresse par toute la cité.
l'enten Falmiran, gran
joya n'a menada».
Roman de
— Quand «
Fierabras, v. 2755.
l'émir l'entend, grande joie
Quan non
il
en a montrée.
poirai îHewar la langa«.
(Folquet de Marseille, Senher).
—
Quand
Menar dans je
les
me
je ne pourriii
remuer
la langue.
vient de la racine 7nen, penser, la
mots
même
latins, 7nens, esprit, intelligence;
que memini,
souviens, Minerva, pour Menerva, déesse de
l'in-
198 telligence, le grec menos, le sanscrit mafias, l'anglais
77iind,
même
«
esprit
meinen
sens; l'allemand
»
être
«
d'avis ».
De
même
la
famille
:
mena, menée, négociation,
manière, façon; espèce, race,
condition,
état,
engeance;
menât, semblable^ pareil menada, conduite menairas ou meneiras, nom qu'on donne, dans la cérémonie des ;
;
noces, à deux jeunes
son époux et qui
la
filles
qui conduisent la mariée chez
couchent demenar, troubler
la rai"
son, agiter, tourmenter (en italien dimenare), démenât,
dément, possédé, ramenar ou remenar, redire, répét3r, les
mêmes
choses, rabâcher.
En ancien
français,
ramentêr (du «
A
ce propos
«De
ramenar se disait vamentevolr ramener
latin mente^n) et
ung
dit
ramaine
:
:
saige mère, saige enfant». (Villon)
Ramener sien,
s'est, d'ailleurs, conservé dans l'argot pariavec son sens ancien. Quant au français mener,
a la même origine que l'italien menare, menear, l'ancien espagnol et l'oc menar. il
P. 78.
— Mingornel,
de très petite
taille.
le
portugais
Nasalisé de
Miconel, avec r épenthétique. Cf. minganelas, petites
mines, petites façons qui sentent l'enfant gâté (dans
Des Sauvages). La nasalisation a amené un ^ à la place du c. Miconel est le diminutif de micon et de mie, petit, donné pour un celtique micco* ou mlcos par P. Malvezin. D'après notre savant compatriote, les noms propres Michon, Michot, Miquet, M ion. Miette, etc.; et nos mots mic^û^, miche, mi^ea, mie, mialha, petite chose,
_ que
etc., ainsi
même
de la
l'oil
199
—
mïoche, tout petit enfant, seraient
origine.
— Neira, puce, littéralement, «la noire»
P. 78.
(latin
remarquer que noir et noire se àX^^ninegre et negra, à Chilhac. Neira semble emprunté au dialecte voisin. Cf. Comôrtnei'rrt, nom de montagne, nigray noire).
est à
II
déjà étudié.
nom
Niella,
noire
»
(latin
de plante,
nielle,
nigella, fém.
veut
dire, aussi,
la
<.y
de nigellus, diminutif de
niger, noir). P. 110.
nouvelle
— Novia,
jeune épousée. Littéralement,
Mot gaulois
».
«
la
qui s'est conservé sans change-
ment. Au masculin, novi, de
no?;/o.s',
nouveau. En
latin,
novus, nova.
Dérivés
:
novial, nuptial; noviadis, achats faits
pour
un mariage. P. 148.
— Pacha,
Au moment
convention, accord, marché, pacte.
de la conclusion d'un marché, l'acquéreur
frappe de la main dans la main du vendeur.
En
Limd^gne,.pacha signifie, aussi, «joue
»,
en souve-
nir d'une ancienne
coutume qui consistait à prendre un
enfant à témoin, au
moment de la conclusion d'un j^ac^e,
et à le souffleter
publiquement,
afin qu'il se
souvînt et
pût, au besoin, en témoigner.
On
lit,
à ce sujet, dans Le Livre des Gestes du roi
ChUdebert III Aî'vcrnes, et sa
:
«
Eptadius, noble de
femme
Salaberge,
mutuelle de tous leurs biens,
que
la
et,
la contrée
des
se firent concession
selon la coutume, pour
chose ne fût point oubliée, et qu'au cas néces-
— saire
il
—
200
en fût porté témoignage,
ils
produisirent un en-
fant d'onze années, qui était de leur ville, et sur
Joues duquel plusieurs
comme
étant
Pacha
soufflets
furent
les
appliqués,
moyens de souvenir.
pour pacta, du latin pactum. La graphie avec ch a été amenée par la prononciation chuintée du groupe et, de pacta. Cf. penche, nasalisé de pèche, est
peigne, venu du latin pectem.
Dérivés «
:
pachon,
Faire la pacha
»,
soufflet;
c'est aussi
pachonar, mettre
fin
—
souffleter.
à une querelle,
à un différend.
—
P. 16. Pannar, essuyer (avec un « pan »). Dérivé de pan, morceau d'étoiîe, lambeau (latin pannus). Autres dérivés panna man, essuicmain; panna qiou* :
pan de chemise, P. 44.
—
etc.
Part, viande.
mot a
portion, ce
D abord employé au sens de
désigné, ensuite, particulièrement la
viande, laquelle constituait, autrefois, la principale,
souvent, la seule nourriture «Equiti
(Suétone
—
Romano
{Id^iin
et,
part em, portion).
avidâus vescentip^r^^^ suasmisit
».
).
envoya sa portion à un chevalier romain qui mangeait avec trop d'avidité. Il
—
P. 98.
peccator).
aux
«
« pêcheur » (latin terme de commisération correspondant
Pechaire, littéralement,
Ici,
poverino
»,
au vieux français
«poveretto
» «
poverello
»
des Italiens,
pauvre » et à l'expression « bonnes gens» des paysans del'Angoumois et du Poitou. Diminutifs pechairon, pechaireta. :
«
le
201
«Quand
la nuis es
«
E
«
Mais clamet
passade
el
jorz esclaire,
Girarz a perd ut, non sat que faire sei
dolent,
pechaire
caitif,
!
».
(Girart deRoussillon, fol. 128.
P. 82. —Pelfiar,
pelh
{Iditin
mordre
à la peau. Dérivé de Pel ou
pelliSy peau).
Dans la fable « Le Chien à qui on a coupé les oreilles », La Fontaine a employé le mot piller dans le même sens
:
car étant de nature
»
«
A
piller ses pareils
Viennent aussi de pel pin,
:
»>
pelha, peau écorchée (de la-
plus particulièrement), mauvais
linge,
haillon; pelhela^ "^eiiie peau; pelalha,
pialalha, pelure, écoroe pelhissa, pelisse
pelhard,
pelher, pelletier, peaussier
pelharia, pelleterie
;
perpellicium)^ surplis ler;
;
pois,
;
;
sobrepelis [su-
;
;
pelar, corrompu Qn pialar, pe-
;
pelhardisa, -pacuYreté extrême;
-psiUYre
pelhairej pelharol, chiffonnier, brocanteur guenille
chiffon,
corrompu en
pelandral,
déguenillé
peau qui tient à
la
pelandrUy
;
pelhofa, écale de
;
viande cuite
;
peloira, peau
dégoûtante des viandes, peau flasque et pendante des vieilles gens,
femme de mauvaise
une terme de mépris, conduite
P. 76. latine «
indigne; espelar,
vie
peloirar, avoir ;
espelal,
etc.
— Po^Ze^ terme de tendresse Meus pullus passer
de l'inusité poZ^e
;
écorcher
(latin
minin eiitpolla (puUa)
(cf.
l'expression
dans Plaute). Diminutif pullus, jeune, petit), dont le fé-
;
en
»,
ol,
polie
:
202 »
«
Ne La
non la pouret omque pleier sempre non amast lo Deo menestier
ule cose
polie
».
(Cantilène de sainte Eulalie, v. 10).
Le langage populaire a conservé ce mot pour désiet, particulièrement^ une personne adonnée à la galanterie « une poulie »
gner une jeune femme^
:
En nom propre de personne P. 76.
—
:
Poulie.
Polon, baiser. Dérivé de pol (plus ordinaire-
ment pola, au Potonet,
féminin), lèvre,
diminutif;
mot
d'origine celtique.
polonar, pofonegear, faire des
baisers; potonaire, potonegeaire/ celui qui aime à faire
des baisers
ponnar, pour potnar eipotenar, bouder,
;
littéralement,
F. 94.
faire la lèvre
«
— Rabiscolar,
»
pour Rebiscolar (renforcement
de la syllabe initiale) et Eeviscolar, rétablir, ranimer, ravigoter, ragaillardir. Proprement,
«
revivre
» (du lat.
reviviscere]. «
Mas can
lo
mandamen
fon vengut, le peccatz reviviscolet
(Trad. de l'épïtre de Saint Paul
— Mais
quand
le
commandement
w.
aux Romains). fut venu, le
péché
ressuscita.
P. 30. ser,
—
Rambalhar, emmêler, et, au figuré, tracasse mêler mal à propos dans quelque Pour rembulhar et embulhar (voir Des Sau-
brouiller,
affaire.
vages, Dict.
languedocien -françois,
Embulhar ou embolhar du bas
latin
dj:^i.
embulicare (voir P, Malvezin,
legar). Dérivés
:
rambalia).
est le contracté de embolegar,
rambalhou
art.
eînbou-
ramôo?,filasse de chanvre
—
203
—
de rebut, mêlée et tortillée, dont on ne tire qu'une étoupe grossière. Au fig., embarras, tracas ramôa;
rambalhos, embarrassant, qui occupe beaucoup d'espace. Ètymologie incertaine. Ihaire, tracassier;
P. 50.
—
Sauvanirgues, écart de Saint- Privat-du-Dra_
gon, canton de La Voûte-Chilhac.
nom
Ce
est écrit Silvignanicus (pour
dans une charte de 906 Silvignanicus,.
.
.
quae
...villam
:
sita est
Silvimanicus)^
meam
quae vocatur pago ArvernicO; in
in
comitatu Brivatensi, in aice Cantiiiaco...
»
(Voir H. Do-
Cartulaire de Brioude, charte n" 294). D'Arbois de
niol,
Jubainviile le dérive du
même, du
cognomen
Silvianus, yenu^ lui-
gentilice Silvinius. (Voir Recherches sur la
propriété foncière, p. 577).
- Ronhar, ruminer
P. 124.
(lat.
ruminare). Pour roin-
niar, par métathèse.
P. 150.
—
Soler ou Solier, lieu exposé au soleil, au
haut d'une maison, terrasse au dessus haute «
;
et destiné
de
la
à faire sécher
maison
,
étage
,
le linge;
chambre
par extension, charpente, plateforme plancher
Un
jorn anet juguant per un solier antic.
»
(Vie de Saint Honorât).
— Un jour,
il diïls.
Jouant sur un plancher antique.
Ce mot était aussi dans «
Li barons a celle
Dieu
k'il le
(Li
femme
délivrast...
la
langue
d'oïl
:
fu en haut solier, et
si
»
Contes dou Roi Coustant TEmpereur).
prioit
— En bas
204
—
solerium, da latin solarium, dérivé de
latin,
sol, soleil.
—
P. 10.
Suon
Suan, sommeil, notamment à ChiPierre Malvezin dérive ce
et
Ihac (pron. souon et souan) celtique suoimqs.
mot d'un
est, d'ailleurs,
.
Le
somnus, sommeil,
latin
même, pour un archaïque svomnus.
lui
forme ouverte suan, employée à Chilhac^ suan et le sanscrit svapnas En ancien oc som.
Pour
la
l'irlandais
cf.
.
:
Dérivés nios
soniar
:
(lat.
somniosus)
{lat.
,
somniare), songer, rêver; so-
porté aux rêves
;
soniaire, qui
rêve.
—
Varzelta, cerisier. Du latin viridia, plantes P. 62. verdoyantes, dérivé de viridis, vert, et devenu verdia,
en bas latin
(cf.
verdiariuniy pour viridiarum), puis
verja, par chute du d ot allongement de Vi. L'adjonction de la désinence ella a amené, ensuite, le renforce-
ment de dz de la
la syllabe
initiale, et la simplification
du son
mutée en z dans
la gra-
lettre i, laquelle s'est
phie varzella. Yerjan, verger^ se trouve dans les textes des trou-
badours
:
«
Quan
la novella flors
par
el
verjan
(Bertran de Born,
— Quand «
la
E'
1
»..
Quan
la).
nouvelle fleur paraît au verger flor
brotoûon par verjan (B.
».
de Ventadour, Quant erba).
— Et les fleurs bourgeonnent dans
le
verger.
— 205 — Remarquons que la désinence ella n'est pas, ici, seulement diminutive; elle ajoute une idée de gentillesse, de grâce appliquée à certains végétaux en particulier. C'est ainsi que le peuplier, arbre remarquable par sa verdure, se
même
nomme, en Limagne,
varzella.
Pour
la
raison, sans doute, le cerisier a reçu^ chez nous,
ce nom.
ERRATA
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que^ au lieu de qui.
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portant^ au lieu de portan.
au
sent,
:
lieu
trouveras^ au lieu de trouveras.
:
après la 16» ligne, ajouter
—
Ai
!
de
mon
paure pollet
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Lo Conte delh Gealh IJna qu'ama pas lis flanhaires Coma ĂŽaguet Codaca per entrar
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D'autres cops
Lo lop que T
32
monge
s'es fat
40
a lops et lops
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.loaneton a l'aiga
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Apres chantar, chau rire
58
Plen Pognet
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Plaidejat per la maire
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Lo Boc per
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Gigonaires
la
peseira
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!
La Rosa
92
De qu'ont chau pas
114
!
H8
Meitat Gealh
Un pauc d'ajuda La Caia Lis
et lo
fai
grand ben
Varrat
coches elh foniarer
Lo Faure A reveire! Notes ĂŠtymologiques
128
134 140
148 170 1
7B
Documents per l'estudi de la lenga occitana
51. Jules Gabriel DE VINOLS, Vocabulaires patois vellavien-français et français-patois vellavien (1891) 52. François Juste RAYNOUARD, Résumé de la grammaire romane (1838) 53. François Juste RAYNOUARD, Lexique roman - 1 (A-B) (1836) 54. François Juste RAYNOUARD, Lexique roman - 2 (C) (1836) 55. François Juste RAYNOUARD, Lexique roman - 3 (D-E) (1838) 56. François Juste RAYNOUARD, Lexique roman - 4 (F-K) (1838) 57. François Juste RAYNOUARD, Lexique roman - 5 (F-K) (1838) 58. François Juste RAYNOUARD, Lexique roman - 6 (F-K) (1838) 59. François Juste RAYNOUARD, Lexique roman - 7 (F-K) (1843) 60. François Juste RAYNOUARD, Lexique roman - 8 (F-K) (1843) 61. François Juste RAYNOUARD, Lexique Roman – 9 (Appendice) (1843) 62. François Juste RAYNOUARD, Lexique Roman – 10 (Index A-E) (1843) 63. François Juste RAYNOUARD, Lexique Roman – 11 (Index F-Z) (1843) 64. Général PLAZANET, Essai d'une carte des patois du midi (1913]) 65. Joseph ANGLADE, Notes languedociennes, in Revue des Langues Romanes (1900) 66. Léon LAMOUCHE, Note sur la classification des dialectes de la langue d'oc (1900) 67. François VIDAL, Étude sur les analogies linguistiques du roumain et du provençal (1885) 68. Émile de LAVELEYE, Histoire de la langue et de la littérature provençales (1845) 69. Joseph LHERMITTE dit SAVINIAN, Grammaire provençale (sous-dialecte rhodanien). Précis historique de la langue d'oc (1882) 70. Henri GILBERT, La covisada (1928)
Documents per l'estudi de la lenga occitana
1. 2. 3. 4. 5. 6.
Albert DAUZAT, Géographie phonétique d'une région de la Basse-Auvergne (1906) Albert DAUZAT, Glossaire étymologique du patois de Vinzelles (1915) Vastin LESPY et Paul RAYMOND, Dictionnaire Béarnais ancien et moderne (1887) Joseph ANGLADE, Histoire sommaire de la littérature méridionale au moyen-Âge (1921) Joseph ANGLADE, Grammaire de l'ancien provençal ou ancienne langue d'oc (1921) Henry DONIOL, Les patois de la Basse-Auvergne. Leur grammaire et leur littérature (1877) 7. Darcy Butterworth KITCHIN, Old Occitan (Provençal)-English Glossary (1887) 8. Karl BARTSCH, Altokzitanisch (Provenzalisch)-Deusch Wörterbuch (1855) 9. Frederic MISTRAL, Lou tresor dóu Felibrige 1 (A-B), (1878) 10. Frederic MISTRAL, Lou tresor dóu Felibrige 2 (C), (1878) 11. Frederic MISTRAL, Lou tresor dóu Felibrige 3 (D-Enc), (1878) 12. Frederic MISTRAL, Lou tresor dóu Felibrige 4 (Enc-F), (1878) 13. Frederic MISTRAL, Lou tresor dóu Felibrige 5 (G-Mab), (1878) 14. Frederic MISTRAL, Lou tresor dóu Felibrige 6 (Mab-O), (1878) 15. Frederic MISTRAL, Lou tresor dóu Felibrige 7 (P-Rel), (1878) 16. Frederic MISTRAL, Lou tresor dóu Felibrige 8 (Rel-Sut), (1878) 17. Frederic MISTRAL, Lou tresor dóu Felibrige 9 (Sut-Z), (1878) 18. François MALVAL, Étude des dialectes romans ou patois de la Basse-Auvergne (1877) 19. Joseph ROUMANILLE, Glossaire Occitan (Provençal)-Français (1852) 20. Emil LEVY, Petit dictionnaire Ancien Occitan (Provençal)-Français (1909) 21. Simon Jude HONNORAT, Dictionnaire de la Langue d'Oc 1 (A-B) (1846) 22. Simon Jude HONNORAT, Dictionnaire de la Langue d'Oc 2 (C-D) (1846) 23. Simon Jude HONNORAT, Dictionnaire de la Langue d'Oc 3 (E-O) (1846) 24. Simon Jude HONNORAT, Dictionnaire de la Langue d'Oc 4 (E-O) (1846) 25. Simon Jude HONNORAT, Dictionnaire de la Langue d'Oc 5 (P-R) (1847) 26. Simon Jude HONNORAT, Dictionnaire de la Langue d'Oc 6 (S-Z) (1847) 27. Jules RONJAT, Essai de syntaxe des parlers provençaux modernes (1913) 28. Vincenzo CRESCINI, Glossario Antico occitano (provenzale)-italiano (1905) 29. Henri Pascal de ROCHEGUDE, Essai d'un glossaire occitanien (1819) 30. Abbé de SAUVAGES, Dictionnaire français-languedocien 1 (A-G) (3e éd.1820) 31. Abbé de SAUVAGES, Dictionnaire français-languedocien 2 (H-Z) (3e éd.1821) 32. Achille LUCHAIRE, Glossaire ancien gascon-français (1881) 33. Camille CHABANEAU, Grammaire limousine (1876) 34. Aimé VAYSSIER, Dictionnaire patois de l'Aveyron 1 (A-Greda) (1879) 35. Aimé VAYSSIER, Dictionnaire patois de l'Aveyron 2 (Gredo-Z) (1879) 36. Jean-Baptiste CALVINO, Nouveau dictionnaire niçois-français (1905) 37. Jean-Pierre COUZINIÉ, Dictionnaire de la langue romano-castraise 1 (A-F) (1850) 38. Jean-Pierre COUZINIÉ, Dictionnaire de la langue romano-castraise 2 (G-Z) (1850) 39. Joseph ROUMANILLE, De l'orthographe provençale (1853) 40. Jean DOUJAT, Le dictiounari moundi (1811) 41. Louis BOUCOIRAN, Dictionnaire analogique et étymologique des idiomes méridionaux - 1 (A-C) (1898) 42. Louis BOUCOIRAN, Dictionnaire analogique et étymologique des idiomes méridionaux - 2 (D-L) (1898) 43. Louis BOUCOIRAN, Dictionnaire analogique et étymologique des idiomes méridionaux - 3 (M-Z) (1898) 44. John DUNCAN CRAIG, A Handbook to the Modern Provençal Language, (1863) 45. Joseph-Pierre DURAND DE GROS, Études de philologie et linguistique aveyronnaises (1879) 46. Oskar SCHULZ-GORA, Altprovenzalisches Elementarbuch (1906) 47. Eduard KOSCHWITZ, Grammaire historique de la langue des félibres (1894) 48. François ARNAUD & G MORIN, Le langage de la vallée de Barcelonnette (1920) 49. Harry EGERTON FORD, Modern Provençal Phonology And Morphology (1921) 50. Pedro VIGNAU Y BALLESTER - La lengua de los trovadores (1865)