FR - À la relève médicale diversifiée (2020)

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À LA RELÈVE MÉDICALE DIVERSIFIÉE RECUEIL DE LETTRES DE BIENVENUE POUR LES FUTUR.ES ÉTUDIANT.ES ISSU.E.S DE GROUPES MARGINALISÉS


TABLE DES MATIÈRES

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INTRODUCTION

PRÉAMBULE

CHÈR.E FUTUR.ES ÉTUDIANT.ES BIPOC

CHÈR.E FUTUR.ES ÉTUDIANT.ES LGBTQ2+

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CHÈR.E FUTUR.ES ÉTUDIANT.ES AVEC DES ENFANTS

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CHÈR.E FUTUR.ES ÉTUDIANT.ES AVEC UNE CONDITION MÉDICALE

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ORGANISMES ET RESSOURCES PERTINENTES

CONCLUSION

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INTRODUCTION

La rentrée scolaire en médecine peut être stressante en raison de toutes les adaptations nécessaires. Ce n'est pas chose facile, surtout lorsque le sentiment d’appartenance est absent. Ceci peut être davantage amplifié si on ne se voit pas dans ses pairs. Par conséquent, le but de ce projet est d'offrir aux nouveaux étudiants en médecine appartenant à des communautés sous-représentées des lettres de bienvenue adaptées à leur communauté. Puisque ces lettres sont rédigées par des étudiants en médecine, nous souhaitons que vous vous voyiez dans l'une de ces personnes et que vous connectiez à leur histoire. Dans ces lettres, vous trouverez leur histoire personnelle, des encouragements et des conseils qui peuvent vous aider dans votre cheminement personnel. Nous voulons que vous sachiez que vous n'êtes pas seuls et que nombreux sont ceux qui ont emprunté le même chemin. Il s'agit de la première édition du projet et nous avons fait de notre mieux pour obtenir autant de lettres diverses que possible afin d'augmenter la représentation. Cependant, cela n’a pas été un objectif réalisable à tous les égards. En tant que tel, c'est un projet qui sera amélioré au fil des ans et qui, espérons-le, aura une tendance inclusive croissante dans les prochaines éditions ! Amicalement, Le comité organisateur

Nissrine Ammari

Vice-présidente aux affaires extermes

Adam Benabdesselam

Coordonnateur national du comité de droits humains et paix (NORP)

Jimmy Chau

Coordonnateur national du comité de santé et droits sexuels et reproductifs incluant VIH et SIDA (NORA)

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IFMSA-QUÉBEC

IFMSA-Québec représente tous les étudiants en médecine du Québec depuis 2002. L’organisation défend avec coeur les intérêts de ses membres autour des enjeux sociaux, culturels et mondiaux de la santé autant sur la scène nationale qu’internationale. Présente dans les sept campus de médecine de la province incluant Moncton, IFMSA-Québec offre de multiples activités de formation et congrès en santé; organise plus de 140 échanges à l’étranger par année; coordonne plusieurs projets d’éducation par les pairs dans les écoles du Québec; se positionne sur les enjeux d’actualité; et travaille de pair avec de multiples partenaires externes, toujours dans l’objectif de former des jeunes médecins pour qui le stéthoscope est un levier d’action. Pour ce faire, l’organisation est activement impliquée sur les scènes locale et nationale au sein des quatre facultés de médecine du Québec de même qu’au sein de la Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine (IFMSA) sur la scène internationale.

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PRÉAMBULE

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Cher.e étudiant.e, Félicitations pour tous les efforts que tu as mis à travers ton parcours! J’espère que tu as bien célébré ton admission en médecine, car tu le mérites grandement. Au nom d’IFMSAQuébec, je te souhaite la bienvenue en médecine! Le domaine médical a gagné une personne incroyable et qui sera un atout pour le domaine médical. Nous sommes super excité.e.s de t’avoir parmi nous. Bienvenue dans notre famille! La médecine est une profession où tu vas lire beaucoup de livres (le Netter deviendra ton meilleur ami en anatomie) mais c'est surtout un domaine qui est rempli d’opportunités d’implications extra-curriculaires pour tous les goûts. Que tu sois intrigué.e par la santé sexuelle et les droits reproductifs ou bien la santé publique, tu pourras trouver un comité dans lequel tu peux t’impliquer. Et surtout, n’hésites pas à t’impliquer! En médecine, bien que tout l’aspect éducatif soit important, il faut prendre le temps de respirer et de continuer ses hobbys. C’est facile de se perdre dans ses livres, mais il ne faut surtout pas abandonner ce qu’on aime. Sa santé mentale est cruciale et il ne faut pas oublier d’y faire attention. Il va exister des moments plus difficiles. Le parcours médical n’est pas une ligne droite et rapide tel un sprint, mais un marathon auquel nous devons nous préparer et travailler fort autant du côté éducatif que personnel. Aussi, il ne faut pas avoir l’impression d’être seul.e. Il n’y a rien de mal à rechercher de l’aide que ce soit pour vos études ou votre santé mentale. Il existe énormément de ressources sur tous les campus pour vous soutenir. Bref, dans ces moments, rappelles-toi d’une chose : tu es entré.e en médecine, car tu as les capacités nécessaires pour devenir un.e excellent.e professionnel.le de la santé. Je suis confiante que tu vas exceller dans tes études et dans tes projets personnels. Finalement, nous sommes tous uniques et il faut être fier.e de ce que nous ramenons sur la table. Grâce à nos différences culturelles, sexuelles et raciales, nous pouvons ensemble amener une diversité et une nouvelle façon d’aborder la santé. Il faut être inclusif en médecine, avoir un esprit d’équipe et être ouvert.e d’esprit. Sans ceci, nous ne pourrons pas aider la population, qui est extrêmement diversifiée. Donc, n’aie pas peur d’utiliser ta voix pour le bien-être de tous, car c’est toi la relève médicale! En espérant te voir prochainement lors d’un de nos événements, Maria Alexandra Rosca, Présidente d’IFMSA-Québec presidence@ifmsa.qc.ca

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Bonjour à tous, À tous les nouveaux admis, bienvenue en médecine ! Les études en médecine sont parsemées de défis, souvent différents pour chacun. Je crois que le bien-être, commence par s’avouer à soi-même que parfois c’est trop et que ça ne marche plus... être au bout du rouleau et le dire tout haut. Quelqu’un de très sage a déjà dit qu’afin de bien soigner, il faut aussi apprendre à se soigner. N’attendons pas pour le faire; n’attendons pas la fin des études ou la fin d’un examen, écoutons-nous et soignonsnous dès qu’on en ressent le besoin. Lorsque tout va bien, dégonflons notre ego et soyons présents et à l’écoute des difficultés de nos collègues. Parlons de nos erreurs, de nos faiblesses, de nos moments difficiles et de la manière dont nous avons remonté la pente. Cette année, je nous souhaite donc de mettre des mots sur nos états, d’accepter nos limites, de les défendre, de moins juger ces limites et celles des autres et de trouver des solutions qui sont en accord avec nos valeurs. Ce faisant, on ne peut que faire de nousmême de meilleurs soignants ! Vous débutez un parcours extraordinaire qui vous mènera vers de nouveaux horizons ! La médecine est une des plus belles disciplines à étudier. Je vous souhaite de tomber en amour avec l’étude de la médecine et ses multiples facettes. La médecine est aussi un tremplin permettant de revendiquer haut et fort des changements permanents dans notre société, et cela débute par vous! Je vous encourage à vous impliquer et à défendre ce qui vous tient à cœur. Finalement, soyez fiers de qui vous êtes et de qui vous allez devenir, n’ayez pas peur de vos convictions et de vos idées et ne doutez pas de votre place ici. La beauté de la médecine passe par la diversité de ses membres, et ne l’oubliez jamais! Soyez doux avec vous-même et vos collègues, nourrissez les relations qui vous tiennent à cœur et cultivez les intérêts qui font de vous l’humain que vous êtes avant d’être un étudiant en médecine. Catherine Lajoie Présidente de la Fédération médicale étudiante du Québec

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Cher.e futur.e docteur, Tout d’abord, félicitations pour ton admission en médecine! Se rendre à cette étape est un énorme accomplissement, et cela mérite d’être souligné. Pour en arriver là, il a certainement fallu énormément de travail, de motivation et de sacrifices de ta part. Il sera important tout au long de ton parcours de penser à ce qui t’a motivé à poursuivre une carrière en médecine, et de garder en toi cette même passion. Alors que tu débutes ce nouveau chapitre de ta vie, je veux que tu te rappelles d’une chose : tu as ta place ici. Oui toi, étudiant noir en médecine, un des seuls de ta classe. Il se peut que des professeurs s’intéressent plus à ton pays d’origine qu’à tes ambitions de carrière, mais saches que tu as ta place en médecine. En milieu de stage, il se peut que tu te fasses confondre avec le personnel infirmier ou même avec le personnel d’entretien, mais sache toujours que tu as ta place en médecine. Il y aura des moments où tu seras témoin de commentaires désobligeants sur les patients noirs, et d’autres où tu seras appelé à parler au nom de la communauté entière. Tout cela t’obligera à être confronté au fait que, en tant qu’étudiant noir en médecine, tu es différent de la plupart de tes collègues. Peut-être que tu t’y attendais, ou peut-être que comme moi, tu débarques dans cette aventure avec l’admirable naïveté de croire que le monde médical est exempt d’ignorance et de discrimination. Toutefois, sois rassuré.e, je n’ai pas que des mauvaises nouvelles à te donner. Les situations mentionnées ci-haut, quoique blessantes et démoralisantes, restent une minorité parmi la multitude d’interactions que tu auras en tant que futur docteur. Il est important de les reconnaître afin que des changements puissent avoir lieu, mais il ne faut pas les laisser définir ton expérience. Les différentes facultés de médecine du Québec ont pris des engagements pour favoriser l’équité, la diversité et l’inclusion dans leurs programmes. De plus, les étudiants à travers le pays sont de plus en plus sensibilisés sur les micro-agressions, les biais inconscients et le racisme structurel qui touche le domaine de la santé. À travers l’Aile Jeunesse du Quebec Black Medical Association (QBMA), tu trouveras une petite communauté d’étudiants qui partagent un vécu similaire à toi et qui cherchent à promouvoir la représentation des personnes noires dans le domaine médical. Tu auras également l’occasion, à travers l’Association Canadienne des Étudiants Noirs en Médecine, de faire du réseautage avec des étudiants et médecins à travers le pays, de t’impliquer au sein de projets de bénévolat et même de travailler sur des projets de recherche si cela t’intéresse.

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Somme toute, c’est un énorme privilège d’être initié à l’univers de la médecine. Même en tant qu’apprenant, tu auras l’occasion de participer aux soins et d’interagir avec des personnes dans leurs moments les plus vulnérables. Comme minorité visible, tu auras un lien spécial avec les patients qui sentent qu’ils peuvent s’identifier à toi. Ce sont des moments très gratifiants qui sont à chérir et ne pas prendre pour acquis. Je t’invite donc à profiter pleinement de chaque moment. Continue à foncer comme tu le fais déjà et prends du temps à chaque semaine pour te reposer, te recentrer, faire une chose qui te rend heureux et passer du temps avec tes proches. Surtout, n’hésite pas à contacter l’Aile Jeunesse du QBMA pour quoi que ce soit. Nous avons très hâte de te rencontrer et de t’accueillir dans la famille. À bientôt! Sincèrement, Samantha Bizimungu Présidente, Aile Jeunesse – Association Médicale des Personnes Noires du Québec jeunesseqbma@gmail.com

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CHÈR.E FUTUR.ES ÉTUDIANT.ES BIPOC

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J’AURAIS VOULU QU’ON ME DISE

Bonjour à toi, cher(e) futur(e) collègue. J'aimerais commencer en te disant FÉLICITATIONS, du plus profond de mon coeur! Ce n'est vraiment pas rien de rentrer en médecine, alors qu'on évolue dans un système qui n'est pas construit pour notre succès, qui nous met des bâtons dans les roues. Étant maintenant en troisième année, il y a quelques trucs que j'aurais voulu qu'on me dise il y a 3 ans. J'aurais voulu qu'on me dise que je n'ai pas à diluer ma personnalité pour le confort des gens. J'aurais voulu qu'on me dise que je n'ai pas à me rendre misérable à force de vivre micro-agressions. J'aurais voulu qu'on me dise que je n'ai pas à me donner de l'anxiété en tentant de m'éloigner des stéréotypes. J'aurais voulu qu'on me dise que je n'ai pas besoin de modifier mon apparence en me rendant "moins noire" pour mieux m'intégrer. J'aurais voulu qu'on me dise que je ne me sentirais pas toujours à ma place. J'aurais voulu qu'on me dise que je serais souvent la seule personne noire dans la salle. J'aurais voulu qu'on me dise que je ferais face à de nombreux commentaires et gestes ignorants et blessants. J'aurais voulu qu'on me dise que pour plusieurs de mes camarades, je serais une des rares, sinon la seule, personne noire qu'ils connaissent. J'aurais voulu qu'on me dise que je me ferais quotidiennement sous-estimer. J'aurais voulu qu'on me dise que je n'ai pas à me prouver à qui que ce soit. J'aurais voulu qu'on me dise que je mérite autant ma place dans le programme que n'importe qui d'autre. J'avoue qu'avec ce que j'écris, on se demande si cela vaut vraiment la peine d'étudier en médecine en étant noir... mais, au contraire, il n'y a rien de plus fabuleux que de poursuivre des études médicales. J'aurais voulu qu'on me dise qu'en entrant en médecine, j'apprendrais plus de choses que je ne le croyais humainement possible. J'aurais voulu qu'on me dise qu'il n'y a rien de plus gratifiant que de travailler en relation d'aide. J'aurais voulu qu'on me dise que malgré tout, je trouverais ces quelques personnes, ces perles rares, cette poignée d'ami.e.s en or que je porterais profondément dans mon coeur. J'aurais voulu qu'on me dise que malgré tout, je suis en train de réaliser le rêve de plusieurs. J'aurais voulu qu'on me dise que notre communauté a désespérément besoin de médecins noirs compétents. Notre communauté a besoin de toi, croit en toi, prie pour toi, se bat pour toi. Tout cela, c'est ce que j'aurais voulu qu'on me dise. Mais, je te le dis à toi, maintenant. J'ai tellement hâte que tu réalises et atteignes ton plein potentiel. Sois patient.e. avec toimême. Évolue, améliore-toi, mais n'oublie jamais qui tu es et d'où tu viens. « You’re going to stand out anyways, so you might as well be outstanding » -Dre Onye Nnorom Au plaisir de te croiser dans les corridors des hôpitaux, JAMILAH UNIVERSITÉ LAVAL | JAMILAHTEMFACK@GMAIL.COM

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SALUT

Ce texte ne sera probablement ni le plus beau ni le plus inspirant. C'est juste une partie de mon histoire. Il risque d'être un peu long, mais j'espère qu’il t'apportera quelque chose. L'année passée, j'ai réalisé un grand rêve : être acceptée en médecine ! C'était sûrement une des choses que j'espérais le plus réaliser dans ma vie, même si je me l'avouais juste à moitié. Premièrement, j'étais déjà une professionnelle de la santé sur le marché du travail. J'étais un peu frustrée du manque de leadership au sein de ma profession. J’en voulais plus : être au coeur des prises de décision et de la prise en charge de mes patients. Deuxièmement, la médecine m’ouvre des portes vers plusieurs opportunités. Troisièmement, la médecine est mon rêve de petite fille. C'est d'abord la petite fille qui a changé 5 fois d'école primaire et 3 fois d'école secondaire, qui s'est fait intimider, qui s'est beaucoup cherchée, qui a parfois échoué… Elle y est arrivée. Cette décision a été accompagnée de nombreux sacrifices alors que j’étais déjà devenue adulte. J'ai dû laisser derrière moi un emploi incroyable et des collègues que j'adorais, déménager dans une nouvelle ville, vivre en résidence et en plus apprendre à côtoyer des personnes environ 10 ans plus jeunes que moi. En écrivant cette lettre, je me suis demandée quels autres obstacles j'ai dû traverser en tant que femme racisée... Après 1 an à l'Université Laval en médecine, je n'ai pas subi de racisme clair et direct de la part d’autres étudiants. Mais, comme le racisme systémique est un continuum, je l'ai constaté à travers le manque d'attention qu'on portait parfois aux questions de diversité et à la dimension culturelle dans mes cours cliniques ou d'éthique, à mes professeurs qui ne savaient pas quoi répondre à mes questions sur leurs patients immigrants...Ce n'était pas blessant comme un commentaire raciste, mais sans me surprendre, cela m'a déçu. Puis, il y a certains commentaires. Le racisme que l'on vit ce n'est pas seulement des commentaires comme « Retourne dans ton pays », « Ici on parle français » ou « Je ne suis pas raciste mais… ». C'est souvent beaucoup plus subtil que cela, comme tu le sais. C'est souvent passif-agressif. Très souvent c'est même seulement passif. Il est arrivé tellement de moments où j'ai pu me reposer sur mon parcours pour affronter des situations que j'ai vécues à ma première année en médecine. Il va te falloir beaucoup de détermination et de motivation pour passer à travers ces études, mais tu as déjà tout pour y arriver. Maintenant, tant qu'à faire, mets toutes les chances de ton côté pour le faire en étant épanoui.e et heureux(se). C'est pour cela que tu as appliqué à la base, non? Heureusement, les études de médecine à ULaval ne manquent pas d'opportunités de rencontrer des étudiants extraordinaires et de t'épanouir! Je ne doute pas une seconde que tu trouveras ton groupe. Personnellement, je serai disponible pour aller prendre un café, étudier ou juste discuter si tu en ressens le besoin. Je te promets que tu peux m'écrire n'importe quel des 365 jours de l'année et que tu auras une oreille attentive de mon côté. On ne se connait pas, mais tu as ma parole. Certains de mes centres d'intérêt sont la lecture, le tennis, la nourriture, les voyages, le “DIY” et l’implication sociale (à l'université, je suis dans le comité SPOT-UL). Bonne rentrée! A+ ANONYME UNIVERSITÉ LAVAL

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LETTRE À MOI-MÊME

Si j’avais la chance de retourner dans le passé pour me parler lors de ma première année en médecine à l’Université Laval, je me dirais qu’il faut profiter de la vie dès maintenant, car l’année 2020 ne sera pas prometteuse. Pour vous mettre en contexte, j’étais une étudiante de Montréal, fraîchement sortie du cégep, qui venait de déménager dans une ville où je ne connaissais absolument personne. Ayant grandie à Montréal, j’étais habituée à la diversité culturelle et je me fondais aisément dans la mosaïque ethnique. Or, en arrivant à Québec, je me suis vite rendu compte que mes traits asiatiques attiraient souvent des regards curieux. Je parlais différemment. J’avais un bagage culturel et une apparence physique différents. Pour ces raisons, j’avais peur de ne pas réussir à m’intégrer à l’université et de ne pas me sentir à ma place. Je ne peux nier le fait qu’il a été naturel pour moi de me lier d’amitié majoritairement avec des gens venant aussi de Montréal. Par contre, lorsque je ne prêtais pas attention à mon anxiété, je n’ai eu aucun problème à socialiser avec mes camarades de classe. Lorsque l’année scolaire a officiellement débuté, j’étais déterminée à faire de mes études ma priorité absolue, et ce, au détriment de ma santé mentale et de ma vie sociale. J’avais peur d’échouer, puisque j’avais dû travailler de façon ardue pour me rendre où j’étais. Ainsi, je me suis mise énormément de pression et ma première session en médecine a été digne d’un périple aux enfers. En rétrospective, il y a plusieurs choses que j’aurais faites autrement : j’aurais accepté de délaisser mon ordinateur portable durant quelques heures pour sortir avec mes amis lorsque ceux-ci m’invitaient, je serais allée aux événements sociaux de la faculté et je serais allée au gym suffisamment de fois pour rentabiliser ma carte de membre. Bien sûr, j’ai aussi des accomplissements qui méritent une reconnaissance. Je me serais félicitée d’avoir joint l’équipe de danse des Medgames, d’avoir socialisé avec mes camarades de classe malgré ma nature introvertie et d’avoir survécu à ma première année en médecine. La leçon que j’en tire est qu’il est important de prioriser ses études, mais jamais au détriment de sa santé. Un jour, je serai médecin et je ne laisserai pas mon titre de docteur définir mon identité, car lorsque j’enlèverai mon sarrau blanc en fin de journée, je serai simplement une asiatique ayant un intérêt pour la mode, qui aime danser et chanter, en plus d’avoir un faible pour la cuisine coréenne. Bref, mon message est de garder un mode de vie équilibré et de rester consistant envers ses engagements. Pour terminer, un quote que j’aime bien est: "You are not required to set yourself on fire to keep others warm." Bonne chance et bonne aventure! MY-CHI NGUYEN UNIVERSITÉ LAVAL | MY-CHI.NGUYEN.1@ULAVAL.CA

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CE QUE J'AURAIS VOULU SAVOIR À MA RENTRÉE EN MÉDECINE

Salut à toi, nouvel.le étudiant.e en médecine! (On peut se tutoyer, non?) Je me présente : je suis une étudiante de deuxième année à l’UdeM. Tu as probablement déjà bien entamé.e le début de ta première année dans le programme au moment de recevoir cette lettre. Je me rappelle ma rentrée à l’UdeM en automne 2018 : le stress que j’avais de rencontrer des nouvelles personnes (il n’y avait pas vraiment beaucoup d’admis venant de mon Cégep, donc je ne connaissais personne) et de rentrer dans des groupes d’ami.es déjà bien établis. Je me rappelle aussi le choc que j’ai eu en voyant que les choses n’étaient pas comme je m’y attendais. Je m’attendais à être moins stressée par l’école maintenant que le stress de performance et de la côte R était derrière moi. Je m’attendais à faire la connaissance de gens qui me ressemblaient et trouver des étudiants qui partagent mes intérêts et mes passions en dehors de la médecine. Ayant été dans une école secondaire majoritairement blanche, je n’avais pas réalisé le besoin que j’avais de me retrouver avec d’autres minorités visibles. Mes parents ont fait des sacrifices financiers pour m’envoyer dans une école secondaire privée, pensant que j’y aurais nécessairement une meilleure éducation. Mes amies blanches étaient gentilles (elles m’invitaient dans leurs grandes maisons) et « ouvertes ». (Fun fact : c’est elles qui m’ont encouragée à porter et aimer mes cheveux naturels tous les jours, malgré les commentaires que j’entendais… « On dirait des nouilles de ramen »). C’est en rentrant au Cégep que j’ai réalisé à quel point j’avais besoin de rencontrer des jeunes issus de minorités et de voir des professeurs qui me parlaient d’autres choses que de mon éducation filtrée du secondaire. Je me suis fait des nouveaux amis, qui sont maintenant de plus proches amis que tous ceux que j’ai eu par le passé. Être dans une école et un groupe d’amis plus diversifiés autant sur le plan culturel que socioéconomique, c’était comme si je me découvrais moi-même pour la première fois, comme si je me comprenais pour la première fois. En rentrant à l’université, je savais que la majorité des étudiants issus des minorités visibles seraient maghrébins ou asiatiques, j’avais déjà remarqué cette disproportion le jour de mes MEM. Comme j’ai mentionné, les choses n’étaient pas comme je l’imaginais : il y avait tellement de choses à apprendre! Je n’étais plus bonne à l’école, je n’étais même pas dans la moyenne! J’ai aussi rapidement senti que certaines activités étaient des activités de « blancs » et d’autres, de « minorités visibles ». Par exemple, les postes de l’association étudiantes sont occupés surtout par des étudiants blancs, les 5@7 le sont aussi.

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Il fallait, dans un sens, choisir son camp. Je me suis impliquée dans les choses que j’aimais plutôt que de suivre cette tendance, mais c’est quelque chose qui me dérangeait beaucoup. Ce désir de m’impliquer comme je l’avais fait au Cégep s’est un peu noyé dans cet océan d’étudiants motivés à toujours en faire plus : responsable de tel groupe d’intérêt, responsable de classe, représentant académique... J’étais qui, moi, pour représenter à quoi que ce soit ces étudiants si excellents? Je me noyais aussi dans cette quantité d’étude et ce sentiment d’être médiocre si je n’en faisais pas plus, au point où je ne voulais plus du tout étudier : mon ambition s’étouffait trop. Peut-être ne te sens-tu pas comme ça du tout, peut-être réussis-tu à très bien gérer ce nouvel horaire, mais si ce n’est pas le cas, détrompes-toi : ce n’est pas tout le monde qui s’implique, et ce n’est VRAIMENT pas tout le monde qui comprend les cours de médecine dès le début. Mais on a tous notre place. Voici quelques conseils : Si tu ne veux pas t’impliquer dans l’infinité de comités qui existent, ne le fais pas. Si tu veux t’impliquer, ne laisses pas le syndrome de l’imposteur t’arrêter. C’est normal de sentir qu’une tâche semble plus grande que toi («président» de ceci et «responsable» de cela). C’est normal de penser qu’on n’est pas à la hauteur : ça veut simplement dire que tu prends ça au sérieux, tu seras excellent.e! Si tu veux t’impliquer, fais-le pour toi.Choisis des implications que tu aimes, pas celles qui ont l’air bien sur un CV ou celles qu’on attend de toi. Tu sais quoi? Tu seras meilleur.e à celles-ci, et ça t’évitera le burnout. Ne culpabilise pas. Tu passes l’après-midi à écouter ta série préférée au lieu de relire le powerpoint du dernier cours? Tu as dormi un peu plus ce matin et tu dois choisir entre faire du sport pour ta santé ou rattraper ton retard dans les derniers cours enregistrés? Tu ne performes pas autant que tu aurais voulu? Prends une bonne inspiration, vas à ton rythme, et surtout, rappelle-toi de te féliciter pour tes bons coups! (Tu as quand même réussi à rentrer en médecine… C’est pas mal!) Laisse-toi douter. C’est correct de remettre en question ses choix. Prends un moment pour te rappeler ce qui t’as poussé.e à rentrer en médecine, et écris-toi une lettre que tu reliras dans des moments plus stressants ou déstabilisants. Entoure-toi. Je sais que tu rentres pendant une période où les rencontres sociales sont difficiles, mais que ce soit de vieux amis ou des nouveaux, ne t’isoles pas! Prends les devants pour organiser des séances d’étude de groupe ou organiser une activité à l’extérieur!

ISABELLE GRAVEL UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL - CAMPUS DE MONTRÉAL | ISABELLE.GRAVEL@UMONTREAL.CA

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CÉLÉBRER NOS DIFFÉRENCES

Tout d'abord, félicitations pour votre entrée en médecine! C'est une grande réussite dont vous devriez être extrêmement fier.e! Que vous soyez un.e nouvel.le étudiant.e en Pré-Med ou en première année, ce nouveau départ peut être très stressant et accompagné de défis. Non seulement il faut s'habituer au rythme exceptionnel des études requis en tant qu'étudiant.e en médecine, mais aussi sacrifier du temps et des activités sociales pour réussir. Entamer son parcours d’études médicales en tant qu'individu appartenant à une minorité ethnique ou à un groupe marginalisé peut apporter une charge de stress supplémentaire. Étant l'une des seules femmes musulmanes sud-asiatiques de ma cohorte, je ne me sentais pas à ma place lorsque j'ai commencé le programme. Le manque de représentation ainsi que le fait que j'étais visiblement différente de la majorité de la cohorte m'ont mise mal à l'aise au début. Cependant, je me suis vite rendue compte que ma culture, ma langue, mes valeurs, mes croyances et mes expériences n'étaient pas des choses que je devais cacher pour m'intégrer. Au contraire, j'ai réalisé que je devais les mettre en lumière afin d'offrir une perspective différente et de corriger les idées fausses. J'ai pris l'initiative d'exprimer mon opinion plus souvent et de participer à différentes activités qui favorisent la diversité et l'inclusion. Je me suis également impliquée dans différents comités et groupes, ce qui m'a amené à rencontrer des personnes incroyablement diverses! Tout au long de ma première année en médecine, la plus grande leçon que j'ai apprise est qu'il ne faut pas camoufler nos différences, mais plutôt les célébrer. Dans l'ensemble, le fait de ne pas voir ou de rencontrer des personnes de votre communauté ou de votre ethnicité au sein de votre programme ainsi que le fait d'avoir des valeurs et des opinions différentes de la majorité peut vous faire sentir isolé et timide. Cependant, les quatre ou cinq prochaines années en médecine sont l'occasion d'alimenter le dialogue, de parler des problèmes de santé qui touchent votre communauté et de présenter votre point de vue. Les préjugés raciaux ainsi que les stéréotypes et préjugés à l'égard des groupes minoritaires existent toujours dans les soins de santé et des personnes comme vous sont essentiels pour amener du changement. Devenez le modèle que vous auriez voulu avoir en entrant en médecine et inspirez des étudiants comme vous à poursuivre une carrière dans le domaine de la santé. Je vous souhaite la meilleure des chances pour les années à venir! ZUHA SHABBIR UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL - CAMPUS DE MONTRÉAL | SHABBIRZUHA@GMAIL.COM

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TROUVER UNE DEUXIÈME FAMILLE EN MÉDECINE

Félicitations pour ton admission! En temps qu’étudiant.e étranger.e cela est d’autant plus important de te féliciter pour tes efforts et le parcours ardu que tu as surmonté. Que tu sois accompagné.e de ta famille ou venu.e au Canada seul.e, cela reste un grand changement dans ta vie et provoque sûrement un peu d’appréhension de ta part. Pas de panique! Je suis passée par là, cela ne fait que 2 ans que je vis au Canada et suis séparée par tout un océan de ma famille. Cela me faisait peur au début, je me demandais comment j’allais faire toute seule, si j’allais avoir le mal du pays ou si j’allais pouvoir endurer des études longues seule. Ce que je ne savais pas à ce moment, c’est que j’allais rencontrer ma deuxième famille une fois en médecine: des personnes qui ont des parcours différents et passionnants, des personnes généreuses m’encourageant à adopter de saines habitudes de vie! Des amis avec qui je peux sortir faire du sport, aller étudier dans un café, ou marcher dans un parc pour faire un plein de vitamine D. Ces personnes, il y en a des centaines dans ta cohorte! Il suffit de te lancer et d’entamer le dialogue et tu trouveras, j’en suis certaine, des amis partageant des intérêts communs aux tiens. Poursuivre tes études au Québec rend l’expérience d’autant plus enrichissante. De multiples groupes d'intérêt existent et des activités sont constamment planifiées pour rendre ton expérience universitaire la plus riche et agréable possible. Ces événements (par zoom ou en présentiel) sont un excellent moyen de rencontrer de nouvelles personnes, de sortir de ta zone de confort et de sortir un petit moment de la bulle d’étude dans laquelle il est facile de s’enfermer. Les études en médecine ne devraient pas être rester chez soi enfermé dans sa chambre à étudier de 6h du matin à minuit. Il est important de trouver un équilibre de vie, d’allouer du temps pour faire un peu de sport, de t’adonner à ton hobby et de socialiser avec d’autres personnes (PS : tu peux aussi te faire des amis dans d’autres programmes qu’en médecine!). C’est aussi le moment de développer tes compétences transversales comme le travail d’équipe ou le leadership, le tout en t’impliquant dans un projet qui t’intéresse parmi les centaines que tu verras défiler tout au long de l’année! J’espère que ces premiers jours t’ont plu et que les prochains te plairont d’autant plus. MERYEM ZELLAG UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL - CAMPUS DE MONTRÉAL | MERYEM.ZELLAG@UMONTREAL.CA

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STARTER PACK POUR MES FUTURS COLLÈGUES NORD-AFRICAINS

Cher/chère nouvel.le étudiant.e en médecine, Cher membre de la communauté musulmane, Chère membre de la belle communauté nord-africaine, Bienvenue dans la grande famille des futur.es professionnel.le.s de la santé (nous sommes chanceux de t’avoir!!). Tout d’abord, félicitations de t’être rendu ici: on l’entend souvent, c’est un privilège de pouvoir étudier médecine, mais le parcours précédant ton admission se doit d’être reconnu et célébré. Tu embarques dans une étape transformative, exigeante, excitante et gratifiante de ton parcours professionnel. Pour plusieurs d’entre nous, les années d’université représentent un processus qui encadre notre développement tant professionnel que personnel. On découvre rapidement que ça ne se limite pas aux livres et l’hôpital, mais qu’il existe une richesse d’opportunités qui permettent aux étudiants d'acquérir des compétences en dehors des bancs d’école et de s’épanouir. Pour plusieurs d’entre nous, c’est également durant ces années qu’on découvre notre vocation. Vocation ici ne réfère pas seulement à votre future spécialité, mais également à comment vous souhaitez contribuer à la santé de la population. On peut aussi l’appeler un but, une vision. Pour certains c’est la recherche, pour d’autres c’est la politique, l’implication communautaire ou la santé mondiale... les possibilités sont multiples! Les opportunités extracurriculaires permettent même de se découvrir une passion et d’avoir une vision plus globale de ce qu’on peut accomplir comme futur.e.s médecins. Elles permettent aussi de respirer, de s’exprimer, de se découvrir, de connecter avec des individus aux aspirations et idéaux similaires et d’avoir un équilibre de vie, tout en nous formant à devenir de meilleurs futur.e.s médecins. Toutes ses opportunités, ça passe par les regroupements étudiants, les associations, la faculté, etc. Elles sont pour tous, par tous. On ne va pas se mentir, certains biais inconscients et effets du “réseautage” font en sorte que certains semblent avoir un accès privilégié. De nombreux efforts se font actuellement pour démocratiser l’accès aux opportunités et le rendre équitable. Toutefois, si jamais tu sens que tu es traité.e de manière injuste, n’hésite pas à en parler: des gens sont là pour t’écouter et te soutenir. Il nous arrive à tous d’avoir le syndrome de l’imposteur, de ne pas se sentir tout à fait inclus dans certaines activités ou de se sentir submergé - ne t’en fais pas! On se doit d’être honnête avec soi-même, reconnaître ses limites tout en valorisant nos succès et accomplissements. Le fait d’être étudiant en médecine est un succès en soi et représente une preuve de résilience et détermination. N’hésite pas à aller chercher de l’aide: il y a plein de gens aux parcours similaires et/ou aux origines similaires qui sauront te conseiller et t’appuyer.

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Pour conclure, tu contribues à la belle diversité du corps étudiant en médecine, une diversité qui doit être célébrée. Il y a une diversité d’origines, de diversité sexuelle, de nombreuses religions qui coexistent et des idéaux variés; c’est une chose dont on devrait être fiers et qui devrait être reflétée dans nos activités. N’hésite pas à innover et proposer des activités inclusives à l’image de cette diversité d’idées et d’individus. Et surtout, n’hésite jamais à aller chercher de l’aide ou soulever des situations qui peuvent menacer l’épanouissement et le bien-être d’étudiant.e.s issu.e.s de certains groupes, tant au niveau du curriculum que dans le contexte d’enseignement et en extracurriculaire. On est une grande famille dans laquelle tous et chacun devraient pouvoir s’épanouir; tu as le droit à un épanoussiement socio-académique. On doit tous travailler ensemble pour des études en médecine plus inclusives et saines pour tous. Si jamais tu veux de l’aide avec quoi que ce soit ou simplement pour discuter, n’hésite pas à me contacter! Bonne rentrée ! :) IMANE BENASKEUR UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL - CAMPUS DE MONTRÉAL | YOUSRA.IMANE@GMAIL.COM

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CHÈRE SŒUR,

Félicitations, tu as remporté le ticket d'or. Bienvenue à la chocolaterie! Dans les années à venir, tu vas vivre certains de tes moments les plus stressants, repousseras des limites que tu ne pensais pas pouvoir pousser plus loin et iras chercher si profondément en toi la force et la motivation que tu découvriras des choses sur toi-même qui t'étaient méconnues: ce qui est important pour toi, ce qui te maintient en vie, ce que tu aimes, ce qui te fait briller, ce pour quoi tu veux te battre et ce en quoi tu crois et qui te donne la force de continuer à te battre. Mais tu vivras aussi tes moments les plus parfaits, tes câlins les plus sincères, tes nuits les plus folles à étudier ou à faire la fête avec des amis, tes éclats de rires les plus retentissants qui s'enracinent si profondément en toi que tes abdos te font mal pendant des jours. Tu auras aussi ces petits moments spéciaux où tu te diras : «Wow! J’arrive pas à croire que je vais faire ça de ma vie!» Garde ce sentiment d’émerveillement précieusement et cultive-le pour qu’il dure même dans les moments où ça devient plus difficile et stressant. J’aimerais te dire tant de choses, mais elles sont difficiles à décrire. J’espère seulement que tu pourras les vivre comme je les ai vécues, ou encore mieux. Quand j'ai commencé cette lettre, je n'arrêtais pas de me demander: «Qu'est-ce que je voudrais me dire il y a trois ans?». C’est ce qui m'amène à cette liste de règles que je peux te proposer. 10 RÈGLES POUR AVOIR LA MEILLEURE EXPÉRIENCE EN MED EVER Règle n ° 1: N'aie pas peur de sortir de ta zone de confort. L'une de mes premières peurs en anticipant mon entrée en médecine était liée aux activités sociales. Étant musulmane, je ne bois pas. Et je sais à quel point l'alcool est un élément prédominant dans les contextes sociaux. J'appréhendais beaucoup l'idée de passer ma soirée à devoir expliquer pourquoi je ne buvais pas ou alors me sentir marginalisée à cause de ça. S'il n'y avait pas eu certain.e.s ami.e.s, j'aurais probablement manqué de nombreux partys en me demandant pourquoi me donner la peine d'y aller si je devais finir sobre entourée de gens ivres. Honnêtement, vas aux événements sociaux. Tu ne le regretteras pas. Ou peut-être 1 ou 2, mais la plupart du temps, tu seras heureuse d'y être allée. En plus de l'alcool, j'avais aussi quelques inquiétudes à l'idée de postuler à plusieurs opportunités comme être représente de classe ou faire une délégation d’IFMSA. Je pense que les femmes, en particulier les femmes racisée, ont tendance à avoir un très fort syndrome de l'imposteur. Nous avons toujours l'impression que nous sommes soit trop #anxiétésociale, soit pas assez #anxiétédeperfomance. Tu es exactement ce que tu as besoin d’être. Tes expériences, tes idées et tes particularités apportent de la diversité à une organisation et l'aident à éviter de négliger les choses qu'elle pourrait améliorer ou faire différemment. Par conséquent, ne te sous-estime jamais devant qui que ce soit, y compris toi-même.

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Règle n ° 2: Parle à cette personne que tu juges bizarre ou désagréable Une chose étrange avec le programme de médecine est que la moitié des personnes pensent que l'autre moitié n'est pas en médecine pour les bonnes raisons et vice versa. Il y a quelques exceptions qui ne s'en préoccupent pas du tout, mais, dans l'ensemble, nous avons tous une idée de ce qu'est un «bon étudiant en médecine» et avons tendance à porter un jugement sur les personnes qui ne correspondent pas à notre vision. Crois-moi quand je dis qu'il y a autant de façons de devenir un bon médecin qu’il y a d'étudiants en médecine. Certains étudiants sont plus axés sur la théorie et les connaissances; d'autres sont plus axés sur la participation communautaire ou l’engagement étudiant. Ce n'est pas parce que quelqu'un passe son temps à étudier qu'il n'a aucune intelligence émotionnelle. Quelqu'un qui se soucie moins de ses notes pour se concentrer davantage sur l'engagement étudiant ne sera pas moins compétent. Et cette personne que vous ne voyez que lors des partys essaie peut-être simplement de contrôler son anxiété de performance en passant du bon temps avec des amis. Rien n'est certain, à part le fait que tu vas manquer beaucoup de gens extraordinaires si tu ne fais jamais un acte de foi et leur parles. Ne pense pas que quelqu'un te déteste ou n'a rien de commun avec toi jusqu'à ce que tu lui donnes une chance. En tant que femme musulmane, je suis parfois inquiète, me demandant si cette personne risque de ne pas m’aimer à cause de ma foi ou non. Sincèrement, les gens sont beaucoup plus ouverts d'esprit qu’on ne le pense. L'école de médecine n’est pas la section commentaires sous un article du Journal de Montréal. Aie confiance en les gens. Ils sont plus agréables que tu ne le penses. Règle n ° 3: Faire autre chose hors de la médecine Si tu ne sais pas ce qui apporte de la valeur à ta propre vie, tu ne comprendras pas ce que la vie signifie pour tes patients. Ta famille, tes amis, tes loisirs, ta spiritualité et tes rêves te permettent de comprendre ce que vaut la vie et ce que représente la perte de qualité de vie pour tes patients. Être équilibré fera de toi un meilleur médecin, mais surtout, cela te gardera en meilleure santé. Tout n'est pas une question d'étude. Vas danser, t'impliquer, voyager, rencontrer des gens en dehors de la médecine. Profite de la vie. Règle n ° 4: L'échec est normal S'il te plaît, crois-moi sur parole. Nous devons normaliser les échecs; ce sont des opportunités et des échelles d’apprentissage, pas la fin du monde. Pour certains étudiants, leur passage en médicine est aussi facile qu’un couteau chaud qui glisse dans du beurre tendre. Tout semble tomber parfaitement comme dans le jeu Tetris le mieux organisé. Mais pour beaucoup d'entre nous, c’est une montagne russe folle: c'est super amusant, mais les hauts et les bas sont très présents. Il est difficile de comprendre le grand dessein de la vie et il est encore plus difficile de comprendre la place de l'échec dans notre parcours. On le réalise habituellement des années plus tard. Étant musulmane, mes parents disaient souvent «c'est mektoub» (traduction: «c'est écrit», qui signifie que c'est le destin), et j'ai aussi appris à accepter que certaines choses échappent à mon contrôle.

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Le meilleur cadeau que tu puisses t'acheter en médecine ne sont pas des livres, mais une bonne paire de ciseaux pour te couper un peu de lousse dans le stress que tu t'imposes. Tu peux échouer à un examen ou à un cours, recevoir de mauvaises évaluations et tu sais quoi? Tu seras toujours une médecin fantastique. Les meilleures médecins sont résilientes et se concentrent sur l'amélioration continue de leurs compétences et de leurs connaissances. Elles sont flexibles avec les autres et elles-mêmes et tout ce que personne d'autre ne peut contrôler. Les meilleures médecins se trompent aussi, mais elles ont appris à se reprendre rapidement, à être transparentes à ce sujet et à ne pas laisser cela les empêcher d'apprendre et de s'améliorer dans ce qu’elles font: elles ont appris à être excellentes pour échouer. C’est correct d’échouer; apprends simplement à exceller dans tes échecs. Règle n ° 5: C'est correct de ne pas aller bien Sois indulgente avec toi-même. Il faut comprendre que le niveau de stress et de pression auquel nous sommes confronté.e.s est vraiment élevé, et cela vaut pour de nombreux autres programmes, pas uniquement pour les études en médecine. Non seulement la pression augmente dans le monde académique, mais le monde lui-même devient de plus en plus fou. Tu vis aussi tes propres épreuves: des ruptures, des chagrins, des deuils, le stress de te marier, élever des enfants, gérer l'année 2020. Tu peux t'accorder une pause même si tu es «en retard» dans tes études et simplement t'allonger dans ton lit avec de la crème glacée, à revoir Friends ou The Office. Règle n ° 6: Ça sera plus difficile pour toi, il faut se rendre à l’évidence Je voudrais tellement te dire autre chose, mais en tant que femme racisée, oui, les chances que tu aies plus de barrières sont très élevées. Je dépasse déjà ma limite de mots, donc je ne peux pas parler longuement de toutes les façons dont la discrimination systémique rend l'épanouissement dans leur cheminement en médecine plus difficile pour les femmes racisées, S'il te plaît, n'oublie pas que cela ne t'empêchera pas de réussir, il faudra simplement y mettre plus de coeur. Pour moi, c'était quelque chose de difficile à digérer jusqu'à ce que je rencontre la Dre Gigi Osler #aqueen, qui était la présidente de l'Association médicale canadienne. Et elle a déclaré dans une entrevue réalisée par la FMEQ: «Je savais que je devais travailler deux fois plus fort, mais je m'en fichais, j'aimais ma spécialité et j'adorais la salle d'opération.» Et honnêtement, c'est le meilleur exemple de résilience auquel je puisse penser. La stigmatisation et les défis supplémentaires auxquels les femmes racisées doivent faire face seront toujours injustes, surtout lorsqu'on parle de postes décisionnels. Pourtant, la seule façon d’aller de l’avant, à part combattre cette injustice, est d’accueillir chaleureusement ce périple et de ne pas laisser les embuches t'atteindre. Alors maintenant, je pense: "Je vais devoir travailler deux fois plus dur pour arriver là où je veux être, mais ça va; j'aime la médecine, j'aimerai juste la médecine deux fois plus fort et ce lien spécial avec ma passion sera un privilège en lui-même. " À travers toutes les difficultés, rappelle-toi qu’une communauté de femmes est là pour te soutenir et t'aider à grimper du haut de leur propres expériences pour que tu ailles plus loin. N’oublie pas de redonner la pareille à celles qui viendront après toi. Règle n ° 7: Garde tes finances organisées Honnêtement, fais-le. Limite tes dépenses aux dépenses importantes, mais permets-toi des dépenses pour te remonter le moral lorsque tu as besoin d' #allervoyager. Gâte-toi de manière responsable, fais-toi plaisir sans en faire trop. Contacte ton conseiller ou ta conseillère en finances, établis un budget, et si tu as des angoisses financières, je te suggère de rechercher des affirmations d’indépendance financière. 22


Règle n ° 8: Fais de toi une priorité Une vraie priorité, rends ta santé aussi nécessaire que ta cote R. Tu dois réaliser que renoncer à des besoins essentiels, en dormant moins ou en mangeant des aliments de moindre qualité pour poursuivre un rythme d'étude insoutenable n'est pas acceptable pour toi-même. J'ai vraiment du mal sur ceci, mais nous devons normaliser le fait d'avoir moins de succès au travail / à l'école afin d'avoir une vie plus équilibrée. Je vais le répéter, sois indulgente envers toi-même. Si tu as envie de manger de la poutine tous les jours lors de ta dernière semaine d'examens parce que cela te permet de continuer et que c'est réconfortant: fais-le. Nous avons tous nos stratégies pour aller mieux. Certaines sont bonnes d’une perspective longitudinale (activité physique, prier, méditer, écrire, parler avec des amis), et d’autres sont préférables de temps en temps (nourriture réconfortante, regarder Netflix). Règle n ° 9: Tes proches sont plus importants que les notes Je pense que rien ne m'a sauvé plus que ma famille et mes amis. Pouvoir leur parler quotidiennement était ma bouée de sauvetage. Ils t'aident à relativiser certains de tes problèmes, à décrocher de tes études quand c’est le temps et à te rappeler ta valeur lorsque les choses se compliquent. N'oublie pas non plus ta communauté. Pendant les parties les plus difficiles de mes études, rien ne m'a apporté plus de paix que d’aller aux Taraweeh pendant le Ramadan. J'ai dû composer avec un deuil, un cours raté, de l'anxiété et un sentiment d’incompétence, mais au moment où mes pieds marchaient sur le tapis de la mosquée, mon cœur s'est senti mille fois plus léger. Le fait de me sentir connectée à ma communauté en priant de manière synchrone me permettait de comprendre qu'il y avait des choses plus grandes que moi, que mes problèmes et que dans l'ensemble du grand univers, tout allait être bien. Cela m’a apporté beaucoup de sérénité dans les moments difficiles. Je te souhaite la même chose. J'espère que chaque fois que les choses deviennent difficiles, tu auras ce petit endroit sur terre qui rend les défis les plus accablants un peu plus supportables. Règle n ° 10: Ramadan à ton rythme Autant ma spiritualité a toujours été quelque chose sur laquelle je m'appuyais lorsque les choses se compliquaient, autant étudier à temps plein ou être externe pendant le jeûne peut être difficile. Et même s'il s'agit d'un sujet controversé, fais ce qui te convient le mieux physiquement, émotionnellement et spirituellement. Moi, j'ai arrêté de jeûner pendant ma première année parce que c'était trop dur avec le rythme rapide de ma session d'été. Si tu décides également de le faire, n'oublie pas que cela ne fait pas de toi une moins bonne musulmane. La foi va au-delà du simple fait de jeûner, même si c'est un pilier de celle-ci, être gentille et bienveillante avec ses pairs, ses collègues et ses patients est aussi un moyen de célébrer sa foi pendant le Ramadan. Être charitable, patiente, faire des prières supplémentaires après le travail ou entre tes études sont également d'autres moyens d'élargir ta spiritualité. Règle n ° 11: Raie ces règles et crée les tiennes Je sais à quel point ça semble cliché, crois-moi. Mais honnêtement, tu auras ta propre expérience à travers ton cheminement en médecine. Tout ce que je peux dire, c'est que je suis convaincue que tu vas adorer ce qui t'attend. C'est mieux que tu ne l'imagines et moins stressant que ce que tu crains. Enfin, je veux que tu saches que dans mon cœur, il n'y a aucun doute que tu possèdes tout ce qu'il faut pour réussir, donc il ne devrait y avoir aucune peur dans le tien. Avec tout mon amour, Une grande soeur HANÈNE MANKOUR UNIVERSITÉ LAVAL | MANKOUR.H@GMAIL.COM

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CHÈR.E FUTUR.ES ÉTUDIANT.ES LGBTQ2+

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3 PETITS CONSEILS

Allo !!! D’abord, un GROS bravo pour ton admission en médecine. Le domaine dans lequel tu étudieras à présent est tout simplement MERVEILLEUX et j’espère du fond de mon cœur que tu t’épanouiras, et ce, tout au long de tes études. Ainsi, je me permets de te donner 3 petits conseils qui, selon moi, feront de ta médecine une expérience des plus enrichissantes : 1. Sois toi-même. Cela peut avoir l’air « quétaine », mais c’est tellement 100% vrai. Lorsque j’ai débuté ma médecine, j’avais peur : peur du rejet, peur du jugement et peur de déplaire. Je suis un gars, et j’aime les gars. On est en 2020, donc c’est super bien accepté. Toutefois, c’était la première fois que j’allais rejouer au hockey depuis mon « coming out » il y avait de ça quelques années. Je redoutais que les « boys » soient mal à l’aise en ma présence, surtout dans la chambre de hockey. Pourtant, dès le premier jour, les gars m’ont accueilli et m’ont fait sentir comme l’un des leurs. Jamais je n’ai ressenti qu’ils me jugeaient. Ils sont devenus mes amis et ont accepté chaque petite partie de ma personne. Je les adore pour cela. Toi aussi, tu rencontreras de belles et bonnes personnes comme celles que j’ai rencontrées, ne t’en fais pas. Sois toi-même et les gens t’aimeront, car tu es extraordinaire. 2. Ne t’impose pas de limite. Non, ton genre ou ton orientation sexuelle ne te définissent pas. Tu n’as pas à respecter de norme sociale futile. Que tu sois une femme, un homme, une personne non-binaire, ou bien que tu ne le saches pas, et ce, peu importe ton orientation sexuelle, tu n’es pas une étiquette. Tu es une personne à part entière, unique, belle et spéciale. Crois en toi et fonce. N’aie pas peur de faire du bruit ou de créer des vagues sur ton passage, car c’est toi qui changeras le monde. Parle fort et vise haut, car tu fixes tes propres limites; à toi de les surpasser. 3. Accepte de faire des erreurs, car tu en feras. Je ne te mentirai pas : la médecine, c’est difficile. Si tu es où tu es aujourd’hui, c’est que tu as travaillé fort. Pourtant, les prochaines années seront remplies d'embûches, de petites et de grosses montagnes. Lorsque tu trébucheras, rappelle-toi les raisons pour lesquelles tu as tout commencé. C’est beau de se tromper parfois, ça fait grandir. L’université, c’est fait pour te découvrir et pour devenir la meilleure version de toi-même. Fais-toi le cadeau de te laisser évoluer.Bref, que tu te connaisses parfaitement ou que tu sois encore en train de te définir, garde l’esprit ouvert et sois toi-même. Les gens t’adoreront tel(le) que tu es. ANONYME UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE - CAMPUS DE SHERBROOKE

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SORTIR DU PLACARD, MAIS ÊTRE EN PROBATION?

Chers nouveaux étudiants et nouvelles étudiantes en médecine, Pour commencer, je vous souhaite la bienvenue dans un nouveau chapitre de votre vie! Vous avez travaillé dur pour arriver où vous êtes aujourd'hui et même si nous ne nous sommes pas rencontrés, je ne pourrais pas être plus fier de vous <3. Mon expérience est un mélange d'immigrant asiatique de deuxième génération, d'homme ouvertement gay et de difficulté d’adaptation à l’école. Ce n’est pas tout le monde qui peut s’identifier à mon histoire, mais si elle peut aider au moins une personne, elle aura atteint son objectif. Avant d'entrer en médecine, j'avais beaucoup d'appréhensions. Depuis l’école secondaire, j'étais sorti du placard et j'étais assez ouvert par rapport à ma sexualité. Cependant, lorsque j'ai déménagé à Québec, j'étais hors de ma zone de confort et j'avais peur de la réaction de mes nouveaux pairs. Je ne savais pas forcément comment agir. Je me demandais si je devrais me conformer à la définition d’un homme hétérosexuel selon la société devant ce nouvel entourage. Au cours de mon premier semestre, je me suis peu à peu habitué à mon nouvel environnement. Certaines personnes avaient des doutes sur mon orientation sexuelle et me demandaient ouvertement si j'étais gay. J'ai été honnête avec eux et je leur ai dit la vérité. Au fil du temps, de plus en plus de personnes en ont eu connaissance. Quant aux autres personnes de ce nouvel environnement, je n’ai pas eu beaucoup de problèmes ces trois dernières années. J'ai trouvé un nouveau système de soutien et je me suis senti à l'aise avec mes amis. Avec le recul, je n’ai pas vraiment changé ma façon d’agir ou de parler. J'ai juste continué à être moi-même et je n'aurais rien changé. Cependant, ce qui a été difficile pour moi a été de m'adapter au cours de mon premier semestre. J'ai eu du mal à m'adapter à mon nouvel environnement. J'étais dans une nouvelle ville, je vivais seul pour la première fois et je n’étais pas habitué à la vie d’étudiant à l’université. J'ai échoué quelques examens, puis un cours et j'ai finalement été en probation. Au début du deuxième semestre, j'étais très stressé et j'avais peur d'être expulsé du programme. Cependant, j'ai eu la chance de connaître quelqu'un d'un an de plus que moi qui était exactement dans la même situation que moi à son premier semestre. Il m'a calmé et m'a expliqué que la faculté ne me mettrait pas à la porte d'un coup et que je sortirais facilement de la probation au semestre suivant. Et, il avait raison. Je suis sorti de probation le semestre suivant et mes notes ont rapidement augmenté. J'ai actuellement un GPA qui est autour de celui de mes pairs et je n'ai eu aucun problème depuis. Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il est normal d'avoir des difficultés pendant sa première année. Cela ne semble pas toujours évident avec les moyennes élevées en médecine, mais je vous garantis qu'il y a des étudiants qui ont aussi des difficultés au début. En médecine, il y a cette stigmatisation autour de l'échec et beaucoup de gens ont peur d'en parler.

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Je veux juste vous dire qu'il est normal de rencontrer des obstacles. Être étudiant en médecine, c'est comme être étudiant dans n'importe quel autre programme. Vous êtes ici pour apprendre et c'est normal de ne pas être parfait. Vous avez plus de 6 ans d’études à faire, ce n’est certainement pas votre première année de médecine qui déterminera si vous serez un bon médecin ou non. Ne laissez pas quelques revers vous définir. Mon conseil pour vous tous serait simplement d'essayer de ne pas vous mettre trop pression. Je sais que c'est difficile, mais une fois que vous apprendrez à vous accorder repos, cela rendra votre expérience bien meilleure. Vous ferez l'expérience de tant nouvelles choses, rencontrerez de nouvelles personnes, partirez à l'aventure prospérerez. Croyez en vous, car je crois en vous.

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Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me contacter. Quand je doutais de moi-même, quelqu'un était là pour me soutenir et répondre à mes inquiétudes. Il me ferait donc plaisir de rendre la pareille à la personne suivante. JIMMY CHAU UNIVERSITÉ LAVAL | JIMMEYCHAU@GMAIL.COM

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CHÈR.E FUTUR.ES ÉTUDIANT.ES AVEC DES ENFANTS

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DÉCOUVRIR SA VOIE APRÈS 30 ANS

Je te souhaite la bienvenue dans la grande famille qu’est la médecine. Je m’appelle David et je suis un étudiant en médecine à l’Université de Montréal. J’ai d’abord débuté ma carrière professionnelle en ingénierie mécanique où j’ai œuvré pendant près d’une dizaine d’années. J’ai eu la chance durant cette période de devenir papa de deux magnifiques enfants qui ont maintenant 4 et 7 ans. Et puis, à l’âge de 33 ans, j’ai décidé de me poursuivre ma vie professionnelle en médecine. À travers le texte suivant, je me permets de te fournir quelques conseils tirés de ma propre expérience personnelle et de la sagesse des gens que j’ai côtoyés lors de ma première année d’étude. Si, comme moi et plusieurs autres étudiants, tu as décidé de réorienter ta carrière pour continuer ton parcours professionnel en médecine, je tiens sincèrement à te lever mon chapeau pour le courage dont tu as fait preuve. Sache d’abord et avant tout que tu n’es pas le seul dans cette situation et que tu côtoieras plusieurs étudiants ayant des parcours similaires au tien. Je t’invite à profiter de cette opportunité et d’être ouvert à ces nouvelles rencontres, mais également à celles des étudiants ayant des profils différents du tien. Certes, la pandémie actuelle complique les interactions interpersonnelles traditionnelles. Alors, sois créatif et fuis l’isolement. Les liens que tu tisseras te seront d’un grand support pour démystifier tes incompréhensions, partager des techniques d’étude, discuter avec des gens partageant ta réalité et, bien sûr, rendre ton expérience plaisante. Quitter un univers connu, confortable et stable n’est pas chose simple. Cela démontre ta capacité d’adaptation. Cette aptitude sera l’un des éléments-clés de ton parcours en médecine. Il ne faut pas se leurrer, ta vie sera chamboulée et ne sera plus comme elle l’était avant le début de tes études en médecine. Selon moi, il faut d’abord et avant tout accepter cette nouvelle réalité telle qu’elle est et définir les priorités personnelles qui nous sont les plus chères (les must!) pour les incorporer dans notre quotidien. Tu sentiras sûrement quelques papillons dans ton ventre à la vue des prochains examens. Tu découvriras (ou c’est déjà fait…) que le rythme de la médecine est différent de ce que tu as vécu par le passé. Tu auras l’impression d’être soumis à un lot de connaissance titanesque. Tu pourrais même te remettre en doute à certains moments. Ne t’inquiète pas, tout retenir dans le moindre détail du premier coup est impossible. La rétention à long terme s’installa avec le temps par des réexpositions multiples dans les cours ultérieures. Soit patient, indulgent avec toi-même et ouvert à essayer de nouvelles techniques d’étude. Tranquillement tu trouveras tes méthodes de travail et tu t’adapteras au rythme et la quantité de travail. N’oublie jamais les convictions personnelles qui t’ont amené.e à réorienter ta carrière et choisir la médecine. Dans les moments plus difficiles (oui il y en aura!), avoir une vision globale de ton projet te permettra de voir au-delà des doutes et des difficultés que tu éprouveras dans l’immédiat. Bien que ton précédent parcours professionnel ne soit pas nécessairement en lien étroit avec la médecine, il ne faut pas sous-estimer l’empreinte qu'il aura sur tes études. Ce que tu as acquis durant ces années forgera en partie ton identité en tant que futur travailleur de la santé. Alors , sois fier du chemin parcouru et bonne continuité! DAVID HOULE UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL - CAMPUS DE MONTRÉAL | DAVID.HOULE.3@UMONTREAL.CA

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PARENTALITÉ ET ÉTUDE EN MÉDECINE

Tout d’abord, je vous souhaite la bienvenue dans la grande famille qu’est la médecine et dans la plus grande famille encore que sont les professionnels de la santé. Ce n’est certes pas un domaine facile, reposant et routinier mais je crois qu’aucun professionnel de la santé choisi ce domaine pour sa facilité! J’ai commencé mes études en médecine en septembre 2019 en intégrant la toute nouvelle PréMed de l’Université de Montréal. Je suis infirmière de formation et je suis maman de trois enfants de 11, 10 et 7 ans. Ce témoignage représente mon vécu très personnel d’étudiante en médecine et vous n’êtes pas sans savoir qu’il constitue une goutte d’eau unique dans une mer d’expériences différentes. Par contre, sachez que même si elle est petite et parfois discrète, une communauté tissée serrée de parents-étudiants en médecine existe pour vous soutenir dans cette nouvelle aventure. Quatre éléments sont selon moi essentiels pour vivre vos études le plus sainement possible. Premièrement, acceptez d’ores et déjà que votre vie telle qu’elle l’était avant le début de vos études ne sera plus la même. Même si l’on souhaite toujours épargner nos enfants des répercussions de nos choix personnels, des études temps plein en médecine auront un impact certain sur toute la cellule familiale. Le déni entraînera, selon moi, beaucoup de stress et le port d’un poids très lourd à vouloir tout garder et tout faire comme avant. L’acceptation vous permettra de prioriser ce qui est intouchable et déterminer ce qui peut être modifié dans les circonstances. Deuxièmement, entourez-vous de personnes en qui vous avez confiance et qui pourront vous supporter lorsque vous en aurez besoin. N’ayez pas peur d’accepter l’aide qu’on vous offre. En aucun cas cela ne fera de vous un mauvais parent! Que ce soit pour préparer des repas à l’avance, pour garder les enfants le temps d’un sprint d’études ou une petite sieste, pour vous aider avec les devoirs du plus vieux ou accompagner le plus jeune à son rendez-vous chez le dentiste, avoir un entourage disponible et soutenant facilitera votre passage en médecine. Troisièmement, je vous recommande de ne pas rester seul et de trouver d’autres étudiants de votre cohorte avec qui vous avez des affinités. Non seulement cela rend l’expérience des études tellement plus agréable, cela vous permet d’avoir un clan avec qui partager vos questions et vos incompréhensions, échanger sur des éléments des cours, partager des documents d’études, séparer la révision… Bref, c’est un soutien indispensable aux études. Quatrièmement, je crois que je ne vous apprendrai rien de nouveau en vous disant que l’organisation est la clé! Pour jonglez avec vos études, les tâches domestiques, le temps en famille et toutes les autres responsabilités que vous pouvez avoir, un horaire bien structuré qui laisse place aux imprévus et aux moments de spontanéités est indispensable. La procrastination est à proscrire! Sachez qu’au départ, vous prendrez sûrement plus de temps à étudier et réviser la matière et ce jusqu’à ce que, par essais/erreurs, vous ayez trouver LA méthode d’étude qui vous convient. Vous réorganisez peut-être plusieurs fois votre horaire mais je vous assure que vous arriverez à une organisation qui conviendra à votre situation particulière. Et si c’est plutôt difficile, tous les parents-étudiants en médecine seront là pour vous soutenir et vous aider! PATRICE JEANNOTTE UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL - CAMPUS DE MONTRÉAL | PATRICE.JEANNOTTE-DUMAS@UMONTREAL.CA

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FAMILLE, CHANGEMENT DE CARRIÈRE ET ÉTUDES EN MÉDECINE, UN BEAU DÉFI!

Félicitations! Tu as maintenant franchi une belle étape dans ton cheminement vers ta future (et peut-être nouvelle) carrière : ton admission en médecine! Certes, cette étape est excitante, mais peut-être aussi fortement déstabilisante. C’est normal et tu n’es pas probablement pas le seul dans cet état d’âme... Je m’appelle Jean-Philippe et je suis étudiant en médecine à l’Université de Montréal depuis 1 an. Je suis père de 3 merveilleux enfants, âgés de 10, 8 et 6 ans. J’ai débuté ma carrière professionnelle en ingénierie environnementale, j’y ai travaillé plusieurs années et j’y travaille toujours à temps partiel pendant mes études. Le projet d’étudier en médecine me trottait dans la tête depuis déjà plusieurs années. J’ai donc décidé de m’y lancer concrètement en 2019. Au début, j’avoue que c’était très déroutant... comme si j’avais sauté en chute libre et surtout très vertigineuse! Avant de me lancer dans ce formidable projet, oui, j’ai eu beaucoup de réflexions intérieures pour peser le pour et le contre et évaluer les impacts de cette décision sur ma famille ainsi que mon entourage. Oui, j’ai eu aussi beaucoup de profondes remises en question pendant les premiers mois de mes études en médecine. Fort probablement que tu en auras aussi! C’est normal ; le choix d’une carrière n’est pas une décision aisée et le changement de carrière, en cours de vie professionnelle, ne l’est pas non plus. Il y a plusieurs raisons qui m’ont poussées à me lancer dans ce nouveau projet, mais l’une de ces raisons l’emporte toujours sur les autres. De comprendre la merveilleuse complexité de l’humain et de pouvoir s'engager pour améliorer la santé des individus et des populations. Tel est le sens, la direction que j’ai décidé de donner à mon aventure de vie! Je me sens donc privilégié et chanceux d’avoir été admis et d’être là en ce moment pour mener cette quête. Tu te demanderas sûrement si c’est possible de maintenir un « certain » équilibre entre études, famille, amour, travail et ton toi-même (ne surtout pas l’oublier) ... Oui, la conciliation est possible! C’est tout un défi mais tu y arriveras toi aussi, tout comme moi. Il faut bien sûr y mettre beaucoup d’énergie mais ça en vaut l’effort! Des trucs? Tu en essayeras probablement plusieurs en cours de route et tu trouveras assurément ceux qui sont les plus adaptés à ta situation. De mon côté, je te suggérerais en premier d’avoir une certaine flexibilité... non seulement une flexibilité financière, pour t’enlever ce type de souci, et une flexibilité pour ton horaire de travail à temps partiel, mais également une flexibilité pour ta sphère « familiale » de la vie! Tu auras besoin d’aide durant cette aventure, alors sois bien entouré et reconnais que tu ne peux être un super-héros. Ta famille, tes amis, tes proches et tes nouveaux et plus jeunes compatriotes d’étude (tu verras, peu importe la différence d’âge, ils sont tous formidables et exceptionnels!) seront assurément là pour t’aider, te motiver et te rendre encore plus fort et plus déterminé!

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Nul doute que tu devras développer ta capacité d’adaptation et d’acceptation! Et ceci te sera fort probablement très utile également pour cette future carrière. Accepte que tu ne puisses atteindre la même performance académique que dans tes études précédentes, accepte que tu ne puisses peut-être pas participer à tous les matchs de sport ou compétitions de danse de tes enfants, accepte que tu ne puisses pas tout gérer comme tu le faisais juste avant ce saut vertigineux... Accepte que ta « performance » comme étudiant spécial ne se limite pas à une simple note académique, mais se définit plutôt par un « certain » maintien de l’équilibre de l’ensemble des sphères de ta vie (équilibre, soit dit en passant qui sera en constante évolution et adaptation!). Et surtout, à chaque fois que tu te remettras en question durant tes études, souviens-toi de la raison qui t’a poussée au début à faire ce saut en chute libre et à t’embarquer dans cette splendide aventure! En guise de fin, savoure chaque moment de cette nouvelle aventure et trouve ton plaisir même dans les moments les plus difficiles! Tu sortiras assurément grandi et transformé de cette aventure de vie! JEAN-PHILIPPE BOUDREAULT UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL - CAMPUS DE MONTRÉAL | JEAN-PHILIPPE.BOUDREAULT@UMONTREAL.CA

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CHÈR.E FUTUR.ES ÉTUDIANT.ES AVEC UNE CONDITION MÉDICALE

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POUR LES NOUVEAUX ÉTUDIANTS AVEC UN TDAH

Cher nouvel étudiant, Je suis sur le point de commencer ma première année en médecine. Comme je viens de compléter un baccalauréat dans un domaine des sciences de la santé, je n'ai pas à faire mon année préparatoire de médecine. Il se trouve aussi que j'ai un TDAH, qui peut apporter sa juste part de problèmes s'il n'est pas géré. Laissez-moi vous donner quelques conseils que j'ai appris en cours de route et qui ont rendu ma vie beaucoup plus facile. 1. Tout est dans la routine. Je préfère planifier mon temps à l'avance, sinon cela m'apporte beaucoup de stress indésirable. J'aime imprimer un calendrier hebdomadaire et faire un résumé de tous les devoirs / examens pour chaque cours. De cette façon, je peux planifier à l'avance ce que je vais devoir faire toutes les semaines. Assurez-vous de vous laisser un peu de marge de manœuvre étant donné que des événements imprévus surviendront probablement. 2. Le temps d'arrêt est aussi important que le temps d'étude. J'ai personnellement besoin de beaucoup de temps libre pour suivre mes études. J'aime garder au moins 2 heures tous les soirs pour moi et des pauses durant mes études. Ne vous sentez pas mal de prendre une pause, le surmenage n'apporte rien de bon. Dans votre routine, assurez-vous de prévoir du temps pour vous détendre. 3. Trouvez une méthode d'étude efficace. Personnellement, je ne peux pas étudier pendant de longues périodes de temps. Je préfère le faire pendant 2-3 heures par jour durant la semaine et 5 heures au maximum la fin de semaine. Afin de profiter au maximum de ce temps, je dois être efficace dans mes études. Essayez toujours de trouver un moyen de synthétiser la matière à apprendre, cela condensera et raccourcira la durée de votre temps d'étude. Je préfère la qualité à la quantité. Trouvez un moyen de condenser la matière à apprendre, d'une manière qui correspond à votre style. Les résumés sont excellents, mais pas pour tout le monde. Considérez peut-être du tutorat ou des vidéos en ligne, selon ce qui vous convient le mieux.

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4. Déterminez ce que vous aimez et participez à des activités liées à votre domaine d'intérêt. À la fin de votre éducation médicale, quand viendra le temps de faire les applications à la résidence, tout le monde aura un MD. Tout le monde sera sur la même longueur d'onde, cependant, ce qui vous permettra de faire ce que vous voulez, ce sont vos activités parascolaires. Sortez et découvrez ce que vous aimez. Il n’y a rien de tel que l’expérience dans la vie. Postulez à des stages, des journées d’observation, etc. Cela vous permettra éventuellement de déterminer quel domaine de la médecine vous convient le mieux. Une fois que vous l’aurez trouvé, essayez de vous impliquer dans celui-ci. Cela fera de vous, d'une part, un meilleur médecin et, d'autre part, un candidat de premier choix pour une résidence dans ce domaine. Avoir une expérience antérieure est un excellent moyen de mettre en valeur vos compétences et votre intérêt tout en vous impliquant, que ce soit en ayant une expérience académique (par exemple, une publication) ou une expérience pratique (par exemple, de l’observation). Ce seront des atouts incroyables pour votre future vie professionnelle et personnelle. Voilà, ce sont les 4 conseils qui m'ont le plus aidé tout au long de mes études en tant qu'étudiant avec un TDAH. J'espère que cela pourra vous aider également. Je vous souhaite à tous d’être la meilleure version de vous-même et d’avoir une belle carrière! ANONYME UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL - CAMPUS DE MONTRÉAL

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HARD WORK PAYS OFF

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Je m’appelle Hind Ziady, je suis atteinte d’une panuvéite, qui est une inflammation des yeux, depuis l’automne 2011 – alors que je n’avais que 12 ans – et je suis décidée à ne pas me laisser décourager par ma maladie et à persévérer pour atteindre mes objectifs qu’ils soient d’ordre académique, professionnel ou social. Les causes de l’apparition de ma maladie sont jusqu’à ce jour inconnues. À l’époque, mes ophtalmologues à l’Hôpital Sainte-Justine et à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont m’avaient prescrit plusieurs tests dont un examen en résonance magnétique de mon cerveau, une radiographie de mes poumons ainsi que diverses analyses sanguines pour tenter de rattacher une cause à ma maladie, en vain. Par conséquent, les ophtalmologues n’avaient d’autres choix que de traiter les symptômes de ma maladie à l’aide de gouttes anti-inflammatoires, ici des corticostéroïdes ophtalmiques, mais ce n’était pas suffisant. Petit à petit, mes inflammations se faisaient résistantes au traitement local : il avait donc fallu ajouter un traitement systémique, soit des comprimés de corticostéroïdes oraux, pour tenter de contrôler mes inflammations. Le problème est que ces comprimés avaient plus d’effets néfastes (p. ex. prises de poids, pilosité, récidives, etc.) que de bienfaits, c’est pourquoi mon ophtalmologue à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont avait décidé d’introduire, avec l’aide d’une rhumatologue, le méthotrexate en injection sous-cutanée, qui est un médicament immunosuppresseur aussi utilisé en chimiothérapie, pour essayer de retirer les comprimés de corticostéroïdes. Or, ces injections me donnaient des nausées. Puis, mon ophtalmologue et ma rhumatologue introduisent un autre médicament, cette fois plus onéreux, soit le Remicade en perfusion intraveineuse. Combiné au méthotrexate et à mes gouttes, le Remicade a permis de mieux contrôler mes inflammations et de retirer en toute sécurité les corticostéroïdes oraux graduellement. L’utilisation à long terme des corticostéroïdes ophtalmiques (mes gouttes) a amené d’autres pathologies oculaires, soient un glaucome et des cataractes aux deux yeux. Pour ce qui est des cataractes, j’ai eu beaucoup de difficulté à accepter le fait que ma vision se détériorait au fil des semaines sans que je puisse faire quelque chose pour freiner cela, mais j’ai travaillé très fort pour minimiser les retombées de cette affection sur mon parcours académique : j’en ai parlé au directeur adjoint de mon école secondaire, j’ai eu droit à des mesures d’accommodement et j’ai appris à y aller à mon rythme et que, parfois, il fallait donner du temps au temps. Heureusement, mes ophtalmologues, ici la spécialiste en uvéite et la spécialiste du glaucome, ont réussi à remplacer mes deux cristallins opacifiés par des lentilles intraoculaires artificielles en 2014 et j’ai pu retrouver une bonne partie de ma vision d’antan, mis à part pour ma vision de proche – sachant qu’une lentille artificielle ne peut pas se bomber comme le ferait un cristallin. Pour ce qui est du glaucome, il s’agit d’une maladie grave des yeux au cours de laquelle l’augmentation de la pression dans les yeux entraîne des dommages permanents – et non-négligeables – de mes nerfs optiques. Résultats, j’ai eu une intervention chirurgicale à l’œil gauche en 2014 et trois autres à l’œil droit en 2014, en 2015 et en 2018, et ce, en plus de diverses injections et autres traitements locaux et systémiques (en plus de mes absences à l'écoles).

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En fait, ma première intervention, soit une trabéculectomie, à l’œil droit avait échoué, parce que l’ouverture en question s’était refermée. Mon ophtalmologue spécialiste en glaucome avait donc opté pour un implant de Baerveldt, un tube de drainage, qui avait bien fonctionné pour environ deux ans avant que mon iris commence à s’incarcérer dans cet implant, menant à plusieurs crises de glaucome aigues et imprévisibles qui ont nécessité plusieurs allers aux urgences très tard la nuit et qui ont eu des effets nonnégligeables sur l’état de mon nerf optique à l’œil droit. Une de mes crises a eu lieu la veille de mes entrevues en médecine à Québec et elle a eu lieu comme suit : le 27 avril 2018, vers 21 heures, alors que je relisais mes notes et me préparais pour mon entrevue du lendemain à l’Université Laval à 7h45, j’ai senti une douleur aux yeux qui augmentait avec le temps et qui me signalait que mon iris s’était incarcéré dans mon tube de drainage. C’était la première fois que ma mère et moi visitions Québec et nous connaissions aucune urgence ophtalmique, mais heureusement ce n’était pas la première fois que mon iris s’incarcérait dans mon tube : je savais donc comment réagir rapidement et, surtout, calmement dans ce genre de situation. Nous contactions un taxi qui nous avait reconduites au CHUL et Centre Mère-Enfant Soleil. J’avais rencontré l’urgentologue et lui avait expliqué ma situation de santé et, de son côté, elle avait contacté le résident en ophtalmologie qui était de garde cette nuit et qui m’attendait à l’Hôpital Saint-Sacrement. Vu la complexité de la situation de mon œil, il avait contacté son superviseur et, ensemble, ils avaient réussi à diminuer la pression de mes yeux et, du fait même, libérer mon iris de mon implant et j’ai pu rentrer vers les environs de 1h du matin. Cinq heures plus tard, je me réveille avec l’œil en question rouge et me prépare pour aller à mes entrevues MEM et je me disais, cette journée-là, que j’étais aux entrevues pour faire de mon mieux et « advienne que pourra » pour le reste. Et, même si je n’avais pas été prise en médecine comme je le souhaitais, j’avais tout de même obtenu un score assez satisfaisant et j’étais très proche de rentrer en médecine à l’Université Laval avant que la liste d’attente soit fermée. Devant mes deux offres d’admission en médecine dentaire à l’Université de Montréal et en pharmacie à l’Université Laval, j’ai choisi de faire pharmacie, ce qui impliquait me séparer de ma famille, mes amies et ma ville en attendant les prochaines dates pour envoyer une nouvelle demande d’admission en médecine. Deux semaines avant ma rentrée en pharmacie, mon ophtalmologue m’avait opéré pour replacer mon implant et pour éviter la survenue de d'autres crises de glaucome. L’année suivante, j’ai réappliqué en médecine, j’ai passé mes entrevues MEM et j’ai reçu, à ma plus grande joie, une offre d’admission en médecine à l’Université de Sherbrooke au campus Saguenay quelques semaines plus tard. Bref, tout ça pour dire que hard work pays off et we can do it :)! L'important c'est de s'armer d'un bon support system et d'y aller à son rythme. HIND ZIADY UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE - CAMPUS DE SAGUENAY | HIND.ZIADY@OUTLOOK.COM

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OUI, LES ÉTUDIANTS EN MÉDECINE PEUVENT ÊTRE DES PATIENTS!

Bienvenue parmi nous, cher étudiant en médecine, chère étudiante en médecine! Félicitations pour ton entrée dans ce magnifique programme d’étude! Note : le masculin sera employé pour alléger la lecture. Le monde médical t’est sûrement déjà familier avec les épreuves de santé que tu as vécues. Enfin tu pourras jouer un autre rôle que celui du patient. On a besoin de gens comme toi, avec ton vécu, pour apporter une richesse au niveau du contact humain dans les soins et services offerts aux patients. Malheureusement, notre population est sous-représentée dans les programmes d’études en santé. C’est à nous tous de faire une différence dans la future génération de médecins et professionnels de la santé. Être admis en médecine n’est pas facile. Avec un handicap, c’est encore moins évident. Tu as tout le mérite. Chapeau! Peut-être que des gens (hélas ignorants) t’ont dit que tu ne peux pas être médecin à cause de la maladie ou trouble que tu vis? Que tu es trop malade pour soigner les autres? Que juste les gens qui n’ont aucun problème de santé peuvent devenir médecins? Que tu ne tiendras pas longtemps durant tes études? Ces commentaires sont blessants, mais tu es résilient d’avoir écouté ton cœur, ta tête, tes rêves, tes objectifs et tes ambitions, et non l’opinion non fondée des autres. Peut-être que tes études seront plus difficiles que pour les étudiants n’ayant aucun problème de santé. Peut-être que tu devras suivre moins de cours ou prendre des sessions off de temps en temps. C’est bien correct. Tu y as droit. Tu ne seras pas pénalisé. Je me suis sentie mal d’avoir un cheminement particulier, d’être différente des autres et de la « norme ». Le programme de médecine est plus flexible qu’on le pense. Mais je suis d’avis que ça vaut la peine de prendre un chemin plus long pour avoir mon diplôme. Ce n’est pas parce que notre cheminement est différent qu’on est moins bons. Les accommodements scolaires existent justement pour permettre aux étudiants d’atteindre leur plein potentiel et d’accomplir leurs études. Ne lâche pas les bras. Ne quitte pas le programme parce que tu penses que tu n’es pas assez bon. Tu mérites d’accomplir tes ambitions. La différence, le handicap ou les difficultés peuvent être lourds à porter à certains moments quand ils te rendent vulnérable. Tu peux te sentir seul. La souffrance n’est pas une condamnation qui t’est infligée. Elle est un indicateur que tu as besoin d’aide. Tu pourras consulter plus loin les ressources que je te recommande si jamais tu ne te sens pas bien. Demander de l’aide est un signe de respect de soi, et non un signe de faiblesse.

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J’ai partagé avec un professeur les difficultés que me font vivre mes maladies chroniques. Il m’a dit que c’est dans le devoir de l’Université de diversifier le bassin des étudiants et de tout faire pour permettre leur réussite. C’est dans l’intérêt de l’université d’offrir du soutien aux étudiants vivant des difficultés, car cela améliore ses statistiques de réussite. N’aies pas honte de ton histoire. Elle peut inspirer bien des gens. Je te partage quelques conseils : Suivre des comptes Instagram inspirants : @claudiaimartinez : Claudia est une résidente en physiatrie au Texas vivant avec une malformation cérébrale. @theseatednurse : Andrea est une infirmière de New York présentant une condition de myélite transverse. @internistatipo1 : María est une interniste avec un diabète de type 1. @dr.mely : Mélanie est une étudiante en médecine ayant vécu un burnout. @chronicloveclub : Une communauté pour les gens vivant avec une maladie chronique. Créer/rédiger un cahier avec des citations inspirantes Garder du temps pour soi, pour ses loisirs, pour voir ses amis et sa famille Participer à des groupes de soutien (dans la section « ressources ») S’entourer de gens qui nous font du bien et s’éloigner de ceux qui nous dévalorisent Dans les moments difficiles ou de doute, n’oublie jamais tes motivations pour devenir médecin. Bon courage et ne sous-estime jamais ton potentiel! ANONYME UNIVERSITÉ LAVAL

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DANS MES YEUX - D'UN ÉTUDIANT MALVOYANT

Cher nouvel étudiant en médecine, Félicitations, tu as réussi! Tu as sans aucun doute travaillé d'innombrables heures, passé de nombreuses nuits blanches, donné sang, sueur et larmes et attendu anxieusement ta lettre d'admission. Le plus dur est passé et ta prochaine grande aventure est sur le point de commencer. Si tu lis ceci, c'est peut-être parce que, comme moi, tu commences cette prochaine phase de ta vie avec un handicap physique. Tu as peut-être eu besoin d'accommodations spéciales pendant ton parcours, comme moi, et trouvé ton propre arsenal d'astuces en cours de route. Tu as peut-être dû te battre beaucoup plus que les autres pour être où tu es aujourd'hui. Il y a quatre ans, j'étais à ta place. Maintenant, je suis sur le point de devenir un médecin malvoyant. Mon voyage à travers la médecine a été plein de hauts et de bas. J'ai autant ressenti empathie et support, que discrimination subtile et ouverte. J'ai fait face à des défis que je n'aurais pas pu prévoir, j'ai trouvé des alliés inattendus et, en IFMSA, j'ai découvert une nouvelle maison : un réseau international de personnes partageant les mêmes valeurs, étant ouverts d'esprit et ayant soif de changement ainsi que d'acceptation. Le meilleur conseil que je puisse te donner, nouvel.le étudiant.e en médecine, est de te faire confiance. Si tu aimes la médecine, que tu te soucies de tes patients et que tu t’efforces d'être la meilleure version de toi-même, tu deviendras un médecin incroyable. Les obstacles auxquels tu fais face peuvent devenir tes points forts si tu le leur permets. Ils peuvent faire de toi un médecin plus empathique et humain, avec un aperçu unique de ce à quoi peut ressembler la vie des patients qui partagent une réalité similaire. Faites également confiance aux autres. Cherche de l’aide si tu en as besoin et n’aie pas peur de parler. Demande des conseils et de l’assistance. Essaie de trouver d'autres personnes qui partagent une expérience semblable. Les personnes avec un handicap en médecine sont rares, mais nous sommes ici et nous pouvons être nous faire entendre! Depuis des années, nous sommes nombreux à partager nos expériences et à consacrer notre temps à nous assurer que le domaine médical soit mieux préparé à ton arrivée. Tu n'es jamais seul.e. Surtout, n'oublie pas de profiter de chaque seconde de ton expérience. Utilise ton temps pour grandir autant que tu le peux. N'arrête jamais de faire les choses que tu aimes, même lorsque la charge de travail semble accablante. N'oublie jamais à quel point tu étais heureux le jour où tu as reçu ta lettre d'acceptation en médecine et enfin vu ton rêve se réaliser. Du fond du cœur, je te souhaite le meilleur dans les années à venir. Futur.e collègue, j'ai hâte de te rencontrer. ANONYME

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ORGANISMES ET RESSOURCES PERTINENTES

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UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL CAMPUS DE MONTRÉAL

Réseau d'entraide étudiant en médecine (REEM) Bureau d’aide aux étudiants et aux résidents (BAER) Orientation, emploi et soutien à l’apprentissage (CÉSAR) Centre de santé et consultation psychologique de l’Université de Montréal (CSCP) Bureau de soutien aux étudiants en situation de handicap (BSESH) Bureau d’intervention en matière de harcèlement (BIMH) CAMPUS DE MAURICIE

Réseau d'entraide étudiant en médecine (REEM) Bureau d’aide aux étudiants et aux résidents (BAER) Clinique universitaire de services psychologiques de l’Université du Québec à TroisRivières (CUSP) Bureau d’intervention en matière de harcèlement (BIMH) Services aux étudiants de l’Université du Québec à Trois-Rivières

UNIVERSITÉ MCGILL CAMPUS DE MONTRÉAL

Undergraduate Medical Education (UGME) The Well office of the Faculty of Medicine (Wellness Enhanced Lifelong Learning Office) Health queer professionals (MSS student club) Queer McGill (SSMU student club) Office of the dean of students McGill counselling and mental health services McGill students services Peer support center Indigenous health professions program First Peoples’ house Keep.meSAFE CAMPUS DE L'OUTAOUAIS

Service de santé de l'Université du Québec en Outaouais Keep.meSAFE The Well office of the Faculty of Medicine (Wellness Enhanced Lifelong Learning Office)

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UNIVERSITÉ LAVAL Réseau d’aides des étudiants en médecine (RAÉM) Direction des affaires étudiantes (DAE) Centre d’intervention en matière de harcèlement (CPIMH) Centre d’aide aux étudiants Service de consultation de l’École de psychologie

UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE CAMPUS DE SHERBROOKE

Service de psychologie et d’orientation de l’Université de Sherbrooke Centre d’intervention psychologique de l’Université de Sherbrooke (CIPUS) Programme de soutien pédagogique de la faculté de médecine de l’Université Sherbrooke Programme de soutien personnel de la faculté de médecine de l’Université Sherbrooke Services de soutien personnel et professionnel des Services à la vie étudiante l’Université de Sherbrooke Bureau du respect des personnes de l’Université de Sherbrooke Programme d’intégration des étudiantes et étudiants en situation de handicap ou trouble d'apprentissage de l’Université de Sherbrooke

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de

CAMPUS DE SAGUENAY

Service de consultation psychosociale Clinique universitaire de psychologie de l’Université du Québec à Chicoutimi Aide à la vie étudiante (AVE) CAMPUS DE MONCTON

Service de santé et de psychologie psychologie de l’Université de Moncton Service d’appui à la réussite et de soutien à l’apprentissage de l’Université de Moncton Programme REBONDIR Service aux étudiantes et étudiants internationaux de l’Université de Moncton Aide à la vie étudiante (AVE)

AUTRES RESSOURCES Forum jeunesse Afro-Québécois (FJAQ) Association médicale des personnes de race noire du Québec (AMPRNQ/QBMA) Groupe Facebook ''Professionnels de la santé BIPOC du Québec'' GRIS-Montréal (Groupe de Recherche et d'Intervention Sociale) Association québécoise de la douleur chronique (AQDC) Programme d’aide aux médecins du Québec (PAMQ) Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) 43


CONCLUSION

Nous souhaitons du fond du cœur remercier les rédacteurs, qui ont pris le temps de faire une introspection et de s’ouvrir dans leurs écrits, afin de faciliter le parcours médical des nouvelles générations d’étudiants. Nous souhaitons que ces lettres vous aident à entamer vos études avec moins d’appréhension. Nous espérons qu’elles seront pour vous une source d’inspiration et de support à travers les moments difficiles de votre parcours. Tout au long de vos études, n’hésitez pas à élever votre voix lorsque nécessaire. Il y a toujours moyen d’améliorer le programme et cela passe notamment par vous et vos critiques. Cela contribuera à construire un programme diversifié, à l’image de notre société. Également, plusieurs ressources sont à votre disposition. N’hésitez pas à demander de l’aide au besoin. De plus, nous sommes certains que vous rencontrerez des gens formidables, qui seront là pour vous aider et qui vous aideront à devenir la meilleure version de vous-même. Sachez que vous avez en IFMSA-Québec un allié, qui vous écoutera et vous défendra coûte que coûte, parce que vous méritez de vous sentir à votre place comme tout autre étudiant. N’oubliez pas que notre société, si diversifiée, a besoin de médecins de tous les horizons. Bienvenue en médecine ! Le comité organisateur

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