50 ans Téléveysonnaz

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Vue imprenable (du Chalet Royal)



Sommaire

Préambule

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Vous reprendrez bien un peu d’utopie ! Jacques Melly, Président du Gouvernement valaisan

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I. L’ESPRIT PIONNIER (1950 -1964) Créer une base économique locale saine et durable, une utopie?

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Avec le président Délèze - Jean-Pierre Fragnière

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A bâtons rompus avec Michel Fragnière

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II. UNE VISION PORTEUSE D’AVENIR (1964 -1986) Promotion immobilière et professionnalisme Les 4 Vallées: une idée de visionnaires La Piste de l’Ours et sa télécabine Collaboration avec la commune 4

René Fournier: élégance discrète et efficacité sans compromission - Henry Fournier III. UN QUART DE SIÈCLE DE GRANDS DÉFIS (1986 - 2011) Les canons à neige, planche de salut Les Coupes du monde, la belle aventure

Trente Coupes du monde - Joseph Zenhäusern Poursuite de la promotion immobilière, un nouveau restaurant d’altitude Deux idées en une: le Chalet Royal et le parking des Grangettes Et pourtant elle tourne!

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Le privilège d’être président de Téléveysonnaz et vice-président de Télénendaz - Jean-Pierre Ramseyer 59 Regarder plus loin que le bout de son nez

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Le fabuleux domaine skiable des 4 Vallées Christophe Dumoulin, président de la commune de Bagnes)

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L’accord des 4 Vallées tient très bien la piste Christian Melly, président de la société des 4 Vallées 62 Ensemble Francis Dumas, président de la commune de Nendaz 65 Télénendaz - Téléveysonnaz: gardiens du temple Philippe Lathion, président du Conseil d’administration de Télénendaz 68 Enchantement Nadine Ruchti, directrice de Veysonnaz Tourisme

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Déjà de nouveaux défis pour Téléveysonnaz Et le village de Veysonnaz, pendant ce temps-là? Et Clèbes ?

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Le village où la politique la plus active est celle du tourisme - Henri Bernard Fragnière, président de la commune de Veysonnaz

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Des acteurs de l’économie locale s’expriment

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- Le café BonVin - Un trait d’union entre les générations Geneviève Praz, Café BonVin - Ma folie n’en était pas une Marcel Fournier, promoteur de l’hôtel Magrappé - Les promoteurs de Téléveysonnaz à l’origine de nombreuses initiatives Norbert Lathion, restaurant La Remointze - «Chapeau aux pionniers de Téléveysonnaz!» Simon Fournier 5 Jean-Marie Fournier: qu’en pensez-vous ?

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Demi-siècle - Vue imprenable François Dayer, journaliste

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Epilogue

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HIER

AUJOURD’HUI

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Le demi-siècle de Téléveysonnaz Préambule

Après la seconde guerre mondiale, Veysonnaz connaît le sort de la plupart des villages valaisans: une économie agraire qui peine à nourrir ses enfants, basée sur l’agriculture traditionnelle, l’élevage, puis des cultures de rente (fraise, framboise); à l’orée des années 1960, les activités agricoles deviennent encore plus marginales ; attachés à leur coin de terre, les gens du pays cherchent des emplois en usine, sur les barrages, dans la construction. C’est le temps des ouvriers-paysans.

tation sont décevantes. Une autre vision, mieux arrimée aux contraintes commerciales et financières, doit être forgée. René Fournier en est la cheville ouvrière. D’où la promotion immobilière, l’intégration et la professionnalisation de l’ensemble des activités touristiques, ainsi que l’affirmation, dès 1976, du concept des 4 Vallées; les trois maîtres d’œuvre, Rodolphe Tissières, Michel Michelet et René Fournier jettent alors les bases d’un tourisme régional viable de Veysonnaz/Thyon à Nendaz et Verbier.

Fondé déjà en 1928, le ski club de Veysonnaz fait preuve d’initiative: promotion du ski avec les moyens du bord, participation à des courses régionales, nationales. Certains villageois sont membres du Club alpin. C’est au sein de ces cercles que l’idée germe d’ouvrir Veysonnaz au tourisme, au-delà des visiteurs occasionnels qui découvrent les charmes de ce coin de terre. Pour une commune de montagne si peu pourvue en ressources financières, une bataille de pionniers s’engage, sous la houlette d’Henri Délèze, avec à la clé le pari insensé de construire une télécabine. C’est chose faite en 1961. On pense alors rentabiliser l’installation en attirant principalement la clientèle régionale. Il faut déchanter: les premières années d’exploi-

Le village de Veysonnaz en tire profit: l’emploi se développe, des perspectives de vie locales se dégagent, à pas comptés d’abord, puis de façon plus affirmée. Les recettes communales augmentent; les autorités nourrissent le souci d’aménager le territoire: la station touristique se développera au-dessus de l’espace villageois. 1986, dans la force de l’âge René Fournier meurt dans un accident de voiture. A 26 ans, son fils Jean-Marie reprend les rênes de la station au pied levé, confronté à des défis énormes. Il trouve peu à peu ses marques et sait relever le gant: fort d’un soutien populaire remarquable et de l’appui des ski clubs du Valais central, un noyau de bénévoles

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conduit par Veysonnaz-Timing organisera une trentaine de compétitions de Coupes du monde; grâce à l’enneigement artificiel, les pistes sont parfaites. Conscient des exigences de la clientèle et du coût des remontées mécaniques de nouvelle génération, Jean-Marie Fournier poursuit le développement de la station; de 1988 à 1993/94, des investissements de près de 40 millions de francs sont réalisés, tout en créant des synergies et une collaboration étroite avec Télénendaz. Le remplacement de la première télécabine de Veysonnaz s’opère en 2005, alors que le projet de la nouvelle installation de la Piste de l’Ours est à bout touchant.

Clèbes n’est pas en reste: ce village de 150 habitants, par son implication constante dans les activités touristiques, a su tirer son épingle du jeu; aujourd’hui des perspectives intéressantes de développement s’ouvrent: la commune de Nendaz est sur le point d’homologuer un plan d’aménagement comportant une zone à bâtir touristique au-dessus de l’espace villageois, ainsi qu’une zone pour résidants permanents en contrebas du village.

Les retombées économiques de 50 ans de tourisme pour Veysonnaz et Clèbes sont évidentes. Veysonnaz a vu ses recettes fiscales passer de 40000 francs en 1960 à 3,5 millions de francs en 2010. Développement fort réjouissant, les jeunes construisent ou reviennent au pays: la commune, fort intelligemment, décide en 2009 de créer une zone à bâtir pour 80 ménages sous le village, réservée aux résidants permanents. Le village connaît une belle vitalité et devient de plus en plus attrayant.

Cette ouvrage retrace les grandes étapes du demi-siècle d’une épopée alpine digne des plus grands matchs de reines. Un moment passionné et passionnant de l’histoire de ce coin de terre.

L’accouchement de cette nouvelle économie montagnarde ne se fait pas sans mal. Que d’affrontements, de rivalités, d’intrigues! Mais quelle ténacité et quels visionnaires!


Vous reprendrez bien un peu d’utopie! Le demi-siècle de Téléveysonnaz Un demi-siècle de défis lancés à la plus petite commune du canton, une aventure hors du commun menée par une poignée de passionnés, amoureux de leur coin de pays ! Cinquante années de luttes aussi, traversées par le doute, combattues avec une foi inébranlable. Le regard visionnaire des pionniers, alors que le village faisait carême toute l’année, qui ont pour noms René Fournier, Rodolphe Tissières, Michel Michelet et Henri Délèze, a permis à Téléveysonnaz de prendre son envol vers les sommets, avec le soutien généreux des autorités et de la population. Les grandes intuitions des hommes ne sont-elles pas les projets oubliés par Dieu ?

«Ce pays, arrêté à mi-chemin entre la terre et les cieux » comme le déclamait si bien Rilke, avait-il besoin de pylônes pour concurrencer de leur hauteur les arbres séculaires? Pour éviter l’exode des jeunes générations, la fuite vers la vallée, l’abandon d’un savoir-être ancestral, le fil d’acier qui imite le bruit du vent dans les branches fut la saignée de vie porteuse d’avenir pour les «barlouka». Le tourisme était et demeure l’avenir de Veysonnaz et, partant, du Valais tout entier. Un village, une région, illuminés au fil des années par un fantastique coup de projecteur en forme de compétitions de ski. La célérité des descendeurs évoque la non moins célèbre promptitude de quelques indigènes à faire place nette pour créer la Piste de l’Ours. Tracé mythique qui devint progressivement le cadre de compétitions de haut niveau et permit à Veysonnaz de rivaliser en notoriété avec les plus grandes stations suisses.

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Avec la volonté farouche d’unir les villages au passé parfois antagoniste pour créer un espace alpin de grande valeur avec plus de 400km de pistes ! Le domaine des 4 Vallées était né. Connu du monde entier, il est un maillon économique majeur pour la région et ses habitants. Avec l’élaboration d’une promotion immobilière cohérente et respectueuse de la nature dans un cadre enchanteur non seulement pour les hôtes de passage et les résidants occasionnels, mais aussi pour favoriser la population indigène et la rendre ainsi participative des projets élaborés, dans un esprit constructif.

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«Tout ici chante la vie de naguère, non pas dans un sens qui détruit le demain» nous rappelle encore Rainer Maria. Tous les défis lancés avec opiniâtreté n’ont pas éteint les chants du passé ni altéré l’avenir. Loin s’en faut!

L’aventure commencée il y un demi-siècle garde toute sa fraîcheur et sa pertinence. Elle a lentement porté à maturation les idées et les réalisations. Pour que surgissent de nouveaux défis liés à l’économie du tourisme soumise à une concurrence de tous les instants au niveau national et international. La préservation des paysages et du patrimoine tout entier, fierté de ce canton, alliée à la capacité de nouer les liens pour renforcer les synergies et réinventer sans cesse le dialogue sont, plus que jamais, les ingrédients d’un futur prometteur.

Une chose est certaine: 50 ans c’est la force de l’âge où tous les rêves sont possibles. Le futur des remontées mécaniques de Veysonnaz puise son dynamisme dans l’imagination débordante des années passées. L’utopie, nous le savons bien, c’est simplement ce qui n’a encore jamais été réussi. Repousser les limites avec le cœur,


c’est aimer cette région exceptionnelle qui a pour hôte d’honneur un soleil qui ne se lasse pas de briller et de réchauffer la ténacité des Valaisans! Les générations futures seront les témoins de la promesse renouvelée aujourd’hui. Toujours des questions se poseront, des doutes surgiront et des prophètes crieront. Le fils de René, Jean-Marie Fournier, entrepreneur infatigable à la croisée de plusieurs vallées et de plusieurs projets, saura à n’en pas douter, élargir l’horizon et hisser les rêves sur les plus hauts sommets. Avec un panorama couvrant la vallée du Rhône, les Alpes bernoises, le Val d'Hérens, le Cervin et la Dent-Blanche, je vous dis – pour que le Valais de demain continue de tutoyer les nuages – vous reprendrez bien un peu d’utopie. I Jacques Melly, président du

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L’ESPRIT PIONNIER 1950 -1964



Arrimé au promontoire issu du cône de déjection des alpages de Thyon et Combyre, Veysonnaz égrène ses habitations et son fier clocher sur la rive gauche du Rhône. L’une des premières publicités connues fait rêver: Veysonnaz, le soleil y passe le plus clair de son temps: il doit bien y avoir une raison. Fief de l’Evêché de Sion, à la frontière des possessions de la Maison de Savoie, Veysonnaz vit à travers les siècles d’une économie proche de l’autarcie, fondée sur l’agriculture, l’élevage, les petits métiers et, depuis la première

guerre mondiale, la vigne, principalement à Vétroz. Au fil des saisons, on tire ses ressources de la terre sur un mode transhumant, du village à la montagne, du village aux coteaux de vignes de la rive droite du Rhône. On marche beaucoup en ce temps-là, accompagné pour les transports du fidèle mulet. Ce n’est qu’en 1943 qu’une route est construite vers Sion, via Beuson / Nendaz. Depuis lors, les cars postaux relient le village à la capitale. Dès la fin de la seconde guerre mondiale, les activités agrosylvo-pastorales connaissent un développement significa-

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tif: amélioration de la productivité laitière (doublement de la production par vache en 10-15 ans), construction de conduites d’arrosage, introduction de la fraise de montagne au milieu des années 1950 avec des revenus non négligeables (jusqu’à 500000 francs par an), puis de la framboise, sur une échelle plus restreinte. C’est l’époque de l’ouvrier-paysan. Contraint de compléter ses revenus, l’agriculteur doit s’essayer à d’autres occupations sur les barrages, dans la construction, en Pays, arrêté à mi-chemin usine. Dur labeur que entre la terre et les cieux cette vie de penduaux voix d’eau et d’airain, laire partagée entre doux et dur, jeune et vieux, deux ports d’attache. Des familles quittent comme une offrande levée alors le village et les vers d’accueillantes mains: jeunes au bénéfice beau pays achevé, d’une formation comchaud comme le pain! mencent à s’installer ailleurs. En 1960, la I Quatrains valaisans, population stagne Rainer Maria Rilke autour de 350 habitants.

Créer une base économique locale saine et durable : une utopie ? La question taraude les esprits à ce moment-là. Déjà créé en 1928, le ski club donne une impulsion à la pratique du ski et à la compétition. Avec l’appui de responsables particulièrement motivés, des jeunes du village prennent part à des concours régionaux, voire à l’échelle nationale (l’un d’entre eux, Hermann Fragnière, sort 2e des championnats suisses de descente). On apprend à connaître les stations de l’époque. Leur président, Henri Délèze, par ailleurs également président de commune jusqu’en 1952, peut alors se convaincre dans d’autres contrées alpines du potentiel de développement des activités touristiques. C’est sous sa houlette que l’idée de construire une télécabine de Veysonnaz à Thyon s’affirme peu à peu. Rêve insensé pour une si petite commune (111 ha, la plus petite du canton) et une population si peu argentée, dotée de recettes fiscales de l’ordre de 20 000 à 40 000 francs. Des années de gestation marquées par des oppositions, des doutes, des interrogations mais aussi des liens noués avec des personnalités politiques, des res-


Avec le président Délèze Là-haut les idées sont fortes, il faut s’y rendre avec les hallebardes de l’esprit. Les enfants de la génération qui a écarquillé les yeux devant les bennes silencieuses de la première télécabine ont grandi sous l'autorité du président Henri Délèze. Né quelques mois avant le siècle, ce jeune instituteur allait revenir sur les terres de ses ancêtres pour reprendre le bureau postal des mains de son père. Il poursuivait aussi une lignée de «premiers magistrats du village», on disait syndics. L’exercice de ce mélange de pouvoir, de respectabilité et de responsabilité, il connaissait. Il mesurait bien vite les limites de son fief et l’ampleur des besoins à honorer, ne serait-ce que pour donner une chance à l’avenir. Impossible de se borner à jouer le roitelet dans ce charmant village, sur la colline, dont les feux, le soir, vus de la plaine, se confondent avec les étoiles. Les défis n’étaient pas minces ; il fallait tout faire, ou presque. D’abord, tenir ses troupes, entendons le parti. Et puis, ouvrir les portes de l’avenir. La mémoire retiendra, entre autres, la caisse-maladie de Nendaz et Veysonnaz, la caisse Raiffeisen, la maison d’école et la salle communale avec la superbe fresque d’Albert Chavaz. Et aussi cette ouverture qu’offrait en ces temps la fréquentation des chasseurs, par la société Diana et, surtout le Club alpin. Ce laboratoire allait forger les convictions et les espérances qui sont à la source du développement de ce qui est devenu la station de Veysonnaz et des 4 Vallées. Parallèlement, le Président Délèze tissait une discrète et solide toile où vont trouver place nombre d'esprits éclairés,

de magistrats, d’artistes, d’intellectuels et de clercs. Ensemble, ils vont permettre de préparer et de prendre les décisions nécessaires, au moment venu. La modestie des lieux et la discrétion des édifices ne sauraient occulter le fait que le village a été une pépinière d’esprits et un rendez-vous culturel fort bien fréquenté. Celles et ceux qui sont entrés dans la cave du président Délèze et qui ont, bienheureux, dégusté son fameux Humagne blanc, se souviennent de ces mots gravés au fronton: « Bienvenue à ceux qui arrivent, Paix à ceux qui restent et Bénédiction à ceux qui s’en vont». Quand la terre est austère, beaucoup de jeunes esprits parient sur le savoir. Veysonnaz a beaucoup donné et sans doute beaucoup reçu. Le rôle majeur d’Henri Délèze, avec ses proches amis, a été de cristalliser ces énergies en un projet d'avenir. Et aussi de dépasser les vaines querelles pour faire naître des promesses. Mission de bâtisseur et de pionnier, dans la durée, avec cette attitude qui vient sur le tard: la patience du détachement.

17 Ce ne sont pas «Marie du président» et ses huit enfants, ni même ses contemporains qui démentiraient de tels propos. Merci, Monsieur le Président. I Jean-Pierre Fragnière



ponsables de l’économie, de l’Administration cantonale et fédérale. Ski club, Club alpin, Société de chasse sont dans ces années-là autant de viviers de discussion, d’occasions de rencontres fort utiles quand on se lance dans des projets audacieux. Le projet de la télécabine mûrit et se concrétise. Président de commune dès 1952, Lucien Fournier appuie le projet. Ce rapprochement symptomatique des Délèze et Fournier préfigure un changement d’ère : bientôt les partis de familles ne seront plus de mise. Une demande de concession en bonne et due forme est adressée à l’Office fédéral des transports en 1956. Les arguments présentés s’avèrent convaincants: le projet de Veysonnaz, contesté pourtant du côté des téléskis de Thyon par crainte de la concurrence, passe la rampe. Pour la petite histoire: refusé dans un premier temps, le projet de télécabine de Nendaz sera aussi accepté par Berne. On considère qu’il y a place, sur les coteaux voisins de Veysonnaz et Nendaz, pour deux installations de remontées mécaniques. Michel Michelet, le futur patron de Télénendaz, préconise déjà à l’époque une approche régionale.

«

Ne point lutter contre, mais avec. Veysonnaz aura sa concession, c’est fort bien; mais Nendaz doit avoir la sienne. Les régions sont complémentaires, pas concurrentes; elles réussiront ensemble, ou échoueront. I Michel Michelet, 1956

»

Reste le plus difficile: mobiliser le financement. Le devis s’élève à 1040000 francs et le capital social soumis à souscription à 450000 francs (il sera porté à 800000 en 1961), le solde devant être couvert par l’emprunt. La recherche du financement nécessite des mois de porte à porte, de contacts noués avec de possibles investisseurs, d’implication de personnalités politiques, telles que Roger Bonvin, Conseiller national, futur Conseiller fédéral. Entre temps, le Comité d’initiative élargi sollicite l’appui de Me Emile Taugwalder, versé dans ce type d’affaires dans le Haut Valais: «avec celuilà, nous irons en Amérique», affirme Henri Délèze. Le capital social est péniblement réuni (plus de 250 souscripteurs!). Symbolique mais significative vu l’état des

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recettes fiscales, la part de la commune s’élève à 10000 francs, dont 50% souscrit par la bourgeoisie.

Fragnière, Cyrille Glassey, Hermann Lathion assurent le fonctionnement des installations.

Un jour la bonne nouvelle arrive: la Banque Cantonale du Valais accorde un crédit de 350000 francs. Sauvés? Pas tout à fait car les entreprises à qui l’appel d’offres est soumis ne se pressent pas au portillon. Dans le climat de l’époque, on pense à des intrigues souterraines de la part de concurrents malveillants. Finalement des offres sont proposées et c’est l’entreprise Giovanola qui sera choisie.

Quelques années plus tard, André-Jean Fournier entre en service. Il sera trente ans durant chef d’exploitation.

Les tractations pour la mise à disposition de terrains avec l’alpage de Combyre butent sur des oppositions. Les biens-fonds sont sacrés! Henri Fragnière, président du Conseil d’administration, s’implique personnellement en faisant valoir les arguments d’utilité publique. Un arrangement pragmatique est trouvé. 20

Les travaux peuvent commencer. Les stations de départ et d’arrivée sortent de terre, les pylônes sont mis en place. Des curieux assistent, émerveillés, à l’épissure du câble, puis à l’amarrage des cabines. C’est le 22 juillet 1961 que Berne autorise la mise en exploitation. Jours de liesse. Les premiers employés locaux, les Henri Praz, Michel

Dans la foulée, les téléskis Combyre I et II seront construits ainsi qu’une buvette rustique au sommet et une colonie de jeunes, à titre privé. Deux investisseurs de l’endroit, Cyrille Fournier, et Marcel Fournier (avec des associés de Nendaz), ouvrent respectivement le Relais des Mayens, puis en 1962 l’Auberge de Magrappé, au départ de la télécabine. L’emploi local non agricole démarre modestement: dans les remontées mécaniques, un premier commerce de sport (Fragnière Sports), l’école de ski, la restauration, la construction de chalets. Il séduit les jeunes. Certains délaissent alors malheureusement les efforts de formation professionnelle. En plein mitan des trente glorieuses, la vie paraît facile. Le contact avec les gens de l’extérieur – principalement du bassin lémanique – nourrit de nouveaux rêves: une société de jeunes se crée, avec un journal. Elle rencontre le succès



A bâtons rompus avec Michel Fragnière, employé de Téléveysonnaz de 1961 à 1968 Passionné de mécanique Tout jeune, la mécanique, c’était ma passion. Lorsque j’ai été engagé par Giovanola pour la construction de la télécabine de Veysonnaz, j’ai appris le métier sur le tas et ça s’est très bien passé. Ils auraient bien voulu me garder mais j’ai choisi de rester ici, avec un salaire moindre. Nous avons appris à faire fonctionner l’installation. Ce n’est qu’à de très rares occasions que nous avons dû faire venir des monteurs de l’extérieur. Après deux ou trois ans, nous avons dû changer les sécurités sur les pylônes. Nous (les employés) l’avons fait nous-mêmes, selon les directives édictées. Les vérifications de Berne ont montré qu’on l’avait fait en ordre. Homme à tout faire En plus de cette responsabilité, je participais également au damage des pistes qui se pratiquait à ski, de Combyre à la station de départ. Certains jours, nous descendions en escaliers jusqu’à trois fois sur l’ensemble du parcours. J’avais alors une forme olympique. Mais je m’occupais aussi de la sécurité des skieurs. En cas d’accident, c’est moi qui descendais les blessés sur la luge de secours. Pendant ce temps-là, j’appelais occasionnellement mon père Ernest qui me remplaçait à l’arrivée de la télécabine.

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La neige: abondance et pénurie Les deux premiers hivers (1961/62 et 1962/63), on l’a eue en abondance. Une année, il y en avait tellement que la station d’arrivée était presque enfouie sous la neige. On n’a pu y accéder que par la cabine de secours. Mais la saison 1963/64 fut catastrophique : pour relier les portions enneigées de la piste du grand téléski de Combyre jusqu’à la haie de l’alpage, on a dû aménager des passages et transporter la

neige par luge à foin dans de grandes serpillières. Quel boulot! Sur le cône de Thyon, chacun dans son coin Avec le voisin de Thyon - Les Collons, il n’y avait pas de collaboration. Les skieurs qui descendaient sur Thyon devaient payer la remontée par les téléskis de Theytaz, puis dès sa construction, par le Télésiège de l’Arolle. De même, ceux de Thyon qui descendaient la piste des mayens de Veysonnaz devaient payer au retour le billet de la télécabine. Petit progrès, on a introduit un jour un système de coupons. Avec les chamailleries de l’époque, on ne peut pas dire que le client était roi. Yves Maître, si proche des gens Il me tient à cœur de dire combien Yves Maître, président alors du Conseil d’administration, nous a épaulés, moi en particulier. Il ne manquait jamais de prendre des nouvelles. Souvent le soir, après le travail, il nous invitait à partager une assiette valaisanne. J’ai été invité, à plusieurs reprises, à une raclette dans son chalet. Il veillait aussi, et ce n’était pas facile à l’époque, à ce que nos salaires soient versés. Il s’est également battu pour que nous ayons en fin de saison une prime d’encouragement. C’était un homme bien. Que de souvenirs! Ce fut une période très dense et formidable de ma vie. On se débrouillait avec les moyens du bord. J’ai construit alors ma maison. Le toit, par exemple, m’a coûté à peine4'000 francs car on faisait beaucoup par soi-même. Ma femme, Georgette, s’étonne que je parle encore et toujours de ces années-là. C’est vrai, elles m’ont profondément marqué.


et génère des liens d’amitié durables avec des hôtes de la station. On vit des soirées mémorables.

Le rat des villes et le rat des champs Rencontre au mayen de la Raïre entre jeunes du village et jeunes de l’arc lémanique. Un violent orage remet au lendemain la divine raclette au feu de bois. Au petit jour, on s’ébroue d’une courte nuit: les conteurs du groupe ont fait étalage de leur talent. Le matin de juillet s’ouvre à la lumière. Le ciel parfaitement bleu se détache à travers les mélèzes. Notre conteur préféré, Martial, installe dans le pré une chaise longue et s’écrie en voyant le soleil se lever sur la rive droite du Rhône: regardez la

chance que nous avons ; aujourd’hui tout le monde peut se payer de beaux villages. Il faut dire qu’à l’époque il était encore au chômage… Le bonheur de se faire de nouveaux amis

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Pour épauler Téléveysonnaz, la Société de développement de Veysonnaz et environs est mise sur pied en 1963. Elle ne dispose que d’un budget fort limité (2000 francs.). Mais elle peut compter sur l’engagement assidu de ses membres qui s’emploient à améliorer les conditions d’accueil de la clientèle, à favoriser les contacts avec les gens du village, à promouvoir des loisirs attrayants. Pour Téléveysonnaz, l’engouement du départ commence toutefois à s’effilocher. La fréquentation de la télécabine se situe bien en deçà des espérances. Les années de neige

abondante n’y font rien: le bassin de clientèle de la région sédunoise est sollicité par nombre de stations locales et celle de cercles plus lointains comme l’arc lémanique ne vient qu’occasionnellement. Facteur aggravant: l’enneigement naturel s’avère bien aléatoire. L’hiver 1963/64 demeure dans les mémoires: les pistes ne sont aménagées que jusque vers 1800 mètres, et encore. Sur l’alpage de Combyre, on transporte la neige par luge à foin pour offrir à la clientèle, sur les passages exposés, un parcours de ski praticable.


Pour sauver l’entreprise et partant le tourisme à Veysonnaz, un nouveau concept de développement devient indispensable. La personne qui va imaginer et concrétiser les orientations porteuses d’avenir a été repérée. C’est un enfant du pays, René Fournier, employé de la Banque Cantonale du Valais. Fils du président Lucien Fournier, il a entre temps épousé l’une des filles du président Henri Délèze. La rivalité de ces Capulet et Montaigu des montagnes valaisannes trouve son épilogue dans une idylle, cette fois encouragée de part et d’autre. On doit se rendre à l’évidence. Les hypothèses de rentabilisation des installations faites au départ ne tiennent pas la route. Les recettes engrangées couvrent à peine les frais de personnel. L’assainissement financier de la société s’impose. Yves Maître, Conseiller national de Genève, vient de construire un chalet à Veysonnaz; il est appelé à s’impliquer dans les affaires de Téléveysonnaz. C’est lui qui intéresse Robert Leclerc au sort de la société. Le capital-actions de cette dernière est réduit de moitié et le banquier genevois accepte d’y investir 1 million de francs.

En 1964, René Fournier est nommé directeur de Téléveysonnaz; il va dès lors s’investir sans compter pour le développement de la station. C’est Félix Carruzzo, président de la ville de Sion, qui se trouve à ce moment-là à la tête du Conseil d’administration de la société.

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Une nouvelle ère s’ouvre…


UNE VISION PORTEUSE D’AVENIR 1964 -1986



La vision qui va faire la force du tourisme à Veysonnaz ne s’impose pas en un jour. Elle se construit progressivement autour d’un noyau d’acteurs clés – dont Me Roger Fragnière – sous la conduite avisée de René Fournier.

Promotion immobilière et professionnalisme

C’est le 29 août 1969 que la commune accorde l’autorisation de construction, à proximité du départ de la télécabine, d’un premier immeuble résidentiel de plus de 50 appartements à des fins touristiques. L’initiative en revient à des investisseurs de Sion. La vente toutefois des appartements s’avère des plus ardues. La faillite guette. C’est René Fournier qui reprend l’immeuble à son compte, alors que l’UBS et la Banque Leclerc renflouent l’affaire. Entre-temps, on s’est assuré les services d’une professionnelle hollandaise du tourisme, Fleurette Wagemakers, qui va apporter une contribution marquante au développement de la station. Des contacts sont noués avec des agences immobilières des Pays-Bas, d’Allemagne, d’Italie. A Zurich les visites d’appartements sont organisées par cars entiers avec, à la clé, raclette et accordéon. La nouvelle approche fait recette. Non sans mal, les ventes d’appartements s’accélèrent. Avec un grand «ouf» de soulagement, la faillite est évitée: les derniers contrats sont conclus et les emprunts remboursés.

Les premières années de Téléveysonnaz le démontrent à l’envi: sans un vivier local permanent de clientèle, la rentabilisation des remontées mécaniques est un leurre. La promotion immobilière devient incontournable.

On se lance alors dans la construction de nouveaux immeubles. Dès 1965, la commune a établi un plan d’aménagement qui réserve le haut du village au développement touristique. Décision bienvenue: elle localise la promotion immobilière

Au fil des années, les orientations stratégiques que voici vont s’affirmer: - promotion immobilière ordonnée avec, en point de mire, un plan de zone; professionnalisation de l’ensemble des services liés à l’offre touristique - liaison avec Nendaz et Verbier: les 4 Vallées se dessinent - ouverture d’une piste de descente de haut niveau, dotée d’une télécabine - coopération constructive avec l’autorité communale et la Société de développement.

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Fleurette Wagemakers et l’un des premiers employés de Télé-

Cyrille Glassey, employé dès le départ par Téléveysonnaz

veysonnaz, Hermann Lathion

en-dehors de l’espace villageois. De leur côté, les promoteurs auront à cœur de ne pas construire de façon désordonnée.

que de nombreux chalets poussent dans les zones qui leur sont dévolues.

Conçus et réalisés principalement par des entreprises de l’endroit, dont celle d’André Lathion, les nouveaux immeubles vont surgir, à la même altitude, de part et d’autre de l’actuelle route centrale de la station. L’image de cette dernière, telle qu’elle apparaît aujourd’hui, se profile. Alors

Dorénavant, la vente d’appartements se fera sur plans. Le recours à l’emprunt bancaire n’est plus nécessaire.

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Concept nouveau pour l’époque : les propriétaires d’appartements sont invités à les louer, d’où un allègement


Cerise sur le gâteau, René Fournier peut acquérir les actions de Téléveysonnaz que le banquier Leclerc, en difficulté, met en vente. Il se trouve par là-même en position dominante dans la société, ce qui lui permet de développer à sa guise des synergies avec les autres secteurs d’activité de la station. Situation de quasi monopole inconfortable à maints égards et qui ne manquera pas de susciter critiques et jalousies. Elle est toutefois le gage d’une approche globale et intégrée des activités touristiques. Me Roger Fragnière, membre du Conseil d’administration dès 1964, président de 1992 à 1998

significatif des frais financiers. La collaboration avec les tours opérateurs s’intensifie et se professionnalise. Des forfaits sont offerts pour la location et l’abonnement aux remontées mécaniques. Pionnier des lits chauds, Veysonnaz louera jusqu’à 400 appartements, y compris l’été. Les effets seront très bénéfiques. Ils permettront entre autres de financer, à titre privé, une piscine et un tennis.

Les 4 Vallées : une idée de visionnaires Trois paysans ont fait un pays, trois montagnards vont marquer de leur empreinte une région. Et cela dès 1976. Trois personnages hors du commun. Tout d’abord Rodolphe Tissières, concepteur et patron de Téléverbier, puis Michel Michelet, cheville ouvrière de Télénendaz et, bien sûr, René Fournier. Au cours de randonnées en montagne, ils se figurent les liaisons susceptibles d’unir ces espaces alpins. Dans leur esprit s’esquisse le concept des

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4 Vallées: relier les champs de ski de Veysonnaz - Thyon à ceux de Nendaz et Verbier. Un domaine skiable fabuleux.

La Piste de l’Ours et sa télécabine

de l’Ours à travers la forêt et des pâturages. Les autorisations de coupe de bois sont soumises à Berne dans le cadre de la candidature olympique de Sion pour 1976. Dès l’accord de principe du Conseil fédéral – Roger Bonvin n’y est pas étranger, ni son collègue Hans-Peter Tschudi – les déboisements sont entrepris… sans attendre les documents officiels dûment signés et estampillés. Enorme levée de boucliers dans les médias, particulièrement outre-Sarine. Tous se découvrent une âme d’écologiste. Le reboisement de surfaces de compensation n’apaise pas les esprits. La polémique agite aussi la bourgeoisie sédunoise. Elle ne s’apaisera – et encore – que lorsque les premières compétitions de haut niveau seront organisées sur cette piste rendue célèbre par l’une des controverses écologiques les plus mémorables du pays. En 1971, Bernard Russi gagnera la descente des Championnats suisses, devant Roland Collombin. L’année suivante, les Klammer, Griesmann et Roux marqueront l’épreuve de Coupe d’Europe qui y sera disputée.

Les responsables du ski, tout comme Téléveysonnaz, caressent depuis belle lurette le projet d’une vraie piste de descente, épreuve reine des compétitions de ski. Un tracé se prête à merveille, des alpages de Thyon - Combyre au Mayen

Et c’est ainsi que la Piste de l’Ours devient une référence: d’innombrables courses de ski, depuis les concours OJ jusqu’aux championnats nationaux et autres Coupes d’Europe, seront mises sur pied. Avec le recul du temps, on

La toile va se tisser progressivement. Pour sa part, Téléveysonnaz construit les téléskis de la Cheminée, de la Tsa et de Combyre III, puis le télésiège des Greppons Blancs, en commun avec Télénendaz. Et du côté Nendaz, des maillons essentiels se mettent en place: télésiège de Noveli, téléski des Greppons Blancs, téléskis puis télésiège de Tortin, le tout couronné six ans plus tard, en copropriété avec Téléverbier, par l’équipement du domaine du Mont-Fort. Au final, ce seront 400km de pistes offertes aux skieurs! Quelle belle carte pour la promotion de la région sur le marché suisse et européen!

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Peu de temps après, en 1984, le restaurant du Mont Rouge sort de terre, à proximité de la station d’arrivée des télécabines. Un édifice avenant, bien équipé, sans comparaison avec les cantonnements d’origine : plus de 700 places à disposition.

Collaboration avec la commune

dira que les responsables locaux et régionaux ont pu se faire la main en attendant la grande aventure des Coupes du monde dont il sera question plus loin.

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La télécabine de l’Ours, prototype, sera construite par von Roll en 1981. Dans le plus grand respect de Dame Forêt, nous dit l’histoire. Dût-on élever un pylône de 39 mètres pour laisser à leur place deux ou trois mélèzes, non séculaires, ceux-là. Etait-ce bien raisonnable quand on sait que la surface boisée valaisanne s’est accrue de plus de 30% depuis les années 1960?

Le plan d’aménagement de 1965, tout comme le plan de zones de 1981, assurent à Veysonnaz un développement ordonné, voire «harmonieux», comme le dit ci-après le président de l’époque (de 1964 à 1984), David Praz. En 20 ans, l’économie locale connaît une véritable mutation. Le tourisme prend le pas sur les activités agro-sylvopastorales. En 1985, le groupe Téléveysonnaz/VIP assure à lui seul près d’une centaine d’emplois. Ajoutés à ceux des entreprises et commerces, ces revenus contribuent de façon substantielle à l’accroissement des recettes communales qui passent de 40000 francs en 1960 à 1200000 francs en 1980.


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Veysonnaz se développe harmonieusement

Sur le plan économique, je dois affirmer que le tourisme est la seule solution actuellement pour sauver les populations de montagne de l’exode… En 25 ans, Téléveysonnaz a investi 20 millions de francs… Notre conception du développement nous permet d’envisager le futur en toute sérénité. Notre politique a toujours tenu compte des aspects sociaux, économiques et spatiaux du tourisme.

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Grâce à un développement sans à coup, nous avons à Veysonnaz un tourisme au service de toute la communauté. La compréhension de la population indigène pour les questions touristiques a ainsi été grandement facili-

tée car ni le rejet du tourisme, ni l’adoption intégrale de ses modes de vie ne sont judicieux. Ainsi Veysonnaz est désormais sortie de son isolement. Reliés au monde par le tourisme, nous construisons dans l’ordre et l’harmonie. …comme jadis, il est impératif que le Veysonnard prenne des risques; mette en œuvre les moyens les plus divers; fasse preuve de volonté d’entreprendre afin d’assurer le développement et l’essor économique de la région. I David Praz, président de la commune de Veysonnaz Extraits de la plaquette « Les 25 ans de Téléveysonnaz », Liliane Varone, 1986


Le village voisin de Clèbes, situé sur Nendaz, n’est d’ailleurs pas en reste. Il a toujours été partie prenante des activités touristiques et sportives de Veysonnaz et il a su en tirer profit, particulièrement en termes d’accès à l’emploi. Cela dit, les populations des villages de Veysonnaz et Clèbes restent viscéralement attachées à la terre et aux activités agropastorales, même si ces dernières deviennent, au plan économique, secondaires. L’élevage bovin suscite toujours autant d’intérêt, voire de la passion. Les combats de reines restent inscrits dans les gènes. Chaque année, l’inalpe de Combyre crée l’événement et attire la foule. Depuis les années 1950/60, l’image de Veysonnaz, Clèbes ainsi que du charmant hameau de Verrey s’est transformée : aménagement de routes et chemins, rénovation des maisons, équipements sanitaires… Sur un autre plan, les sociétés locales ont plutôt bien digéré le choc de cette ouverture au monde que constitue l’arrivée des flots de touristes. Avec le temps, les mariages exogames se sont multipliés, apportant du sang neuf et de nouvelles idées.

39 Lorsqu’il disparut en 1986, victime d’un accident de la route, l’homme clé de ces évolutions, René Fournier, laisse un bilan remarquable et plein de promesses. ❚


René Fournier: élégance discrète et efficacité sans compromission C’est à Kinshasa, au Zaïre où je représentais le CICR, le 25 novembre 1986, que Paul Praz, lui-même chef d’escale de la Lufthansa, m’a transmis la nouvelle de la mort brutale de René Fournier. Unis tous les deux à René par des liens familiaux, nous avons ensemble imaginé et partagé la détresse de ceux que le destin privait en l’espace de quelques heures d’un mari et d’un père mais aussi de l’homme clé dans des nombreux engagements sociaux, économiques et financiers du groupe VIP. A des milliers de kilomètres de Veysonnaz, c’est aussi le destin de notre village qui occupa notre réflexion et celle-ci se nourrissait essentiellement du rôle et des réalisations de René Fournier.

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25 ans après son décès, René Fournier promène encore dans les rues de la station et du village son regard de superviseur, de chef d’entreprise, d’homme de goût et d’autorité prêt à exprimer généreusement conseils avisés et aide sollicitée.

Son mariage avec Mariette Délèze fut la pierre angulaire d’un rôle qui contribua, dans un premier temps, à apaiser les querelles villageoises ancestrales et mesquines et à encourager la solidarité tant nécessaire dans un village qui, dans les dernières années de 1950, flirtait avec une pauvreté pouvant devenir chronique. Il est vrai que les difficultés évidentes de la jeune société de Téléveysonnaz ont offert à René Fournier les éléments facilitateurs d’une carrière locale mais il n’en est pas moins essentiel de souligner l’un des traits que j’ai pu, lors de brèves années de proximité, identifier chez lui: René Fournier se sentait nanti d’une mission: celle de faire survivre Veysonnaz et d’inscrire son nom sur la carte touristico-économique du Valais central. Sa tâche ne fut pas aisée et, mise à part une amitié privilégiée avec Me Michel Michelet et André Luisier, René Fournier a dû, le plus souvent, se battre contre les incompréhensions ou les trivialités des jalousies locales mais


surtout contre l’entêtement d’une classe valaisanne d’affaires pour laquelle le développement touristique de la région ne passait pas forcément par celui du cône de Veysonnaz. Seul, René Fournier a su maintenir Téléveysonnaz et le développement des structures de la station en état de fonctionnement et de développement. Sa vision stratégique consistant à desservir la Piste de l’Ours par une remontée mécanique et à s’imposer comme modeste mais sérieux partenaire de Téléverbier et Télénendaz fut déterminante pour la survie du villagestation qui impose aujourd’hui respect et crédibilité.

Il a certainement pu compter sur quelques amitiés indéfectibles qui lui ont facilité la réalisation de ses ambitions; celles-ci ont cependant été le fruit de sa détermination à réussir.

Le villageois s’est imposé comme un acteur économique important du Valais central. Politiques et investisseurs ont recherché sa proximité, ses conseils et son soutien. René Fournier fut un homme d’influence. Une influence acquise par l’expérience de ses propres engagements et la maîtrise de ces derniers. René Fournier n’a certainement jamais joué à la loterie. Il n’aimait pas le risque imprévisible mais il était capable d’audace, dès lors que seules sa force et sa responsabilité étaient engagées.

Il est heureux de constater, à l’occasion des 50 ans de Téléveysonnaz, que les 25 dernières années ressemblent étrangement aux 25 premières dans leurs difficultés et leurs réussites. Il s’agit vraisemblablement là d’une œuvre coulée dans le marbre d’un héritage qui, sans être fusionnel, demeure extrêmement cohérent.

Son exemple agit vraisemblablement comme motivation beaucoup plus que comme défi pour la famille qu’il a laissée derrière lui et qui a décidé de continuer son œuvre, dont Jean-Marie Fournier, son fils, est le principal dépositaire et responsable de son rayonnement régional fantastique.

I Henry Fournier, juillet 2011

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UN QUART DE SIÈCLE DE GRANDS DÉFIS 1986 - 2011



A la disparition de René Fournier, la question épineuse de son remplacement se pose. C’est son fils, Jean-Marie, qui est appelé à prendre la direction des affaires. Rien ne le prépare à de telles fonctions. Ni sa formation (commerciale et bancaire, somme toute sommaire), ni les emplois occupés jusque là (gestion du bar Le Barloucâ), ni la connaissance encore très superficielle des dossiers de la station. En quelques mois il doit pourtant, à l’invite de sa famille, retrousser les manches et endosser l’habit de directeur. Certes, les bases du tourisme à Veysonnaz sont alors saines. Mais de grands défis doivent être affrontés, dans un contexte de concurrence internationale accrue: - l’enneigement naturel fait souvent des siennes; capricieux, aléatoire, il ne permet pas de répondre de façon régulière aux exigences de la clientèle et il occasionne des manques à gagner considérables - la Piste de l’Ours est certes exploitée, mais encore bien en deçà de son potentiel; certains rêvent secrètement de compétitions de haut niveau - la promotion immobilière a connu un développement remarquable (2500 lits jusqu’en 1986); les remontées

mécaniques de nouvelle génération, ainsi que les goûts toujours plus exigeants des hôtes, appellent cependant à viser un nombre de lits plus élevé et des infrastructures de meilleure qualité, notamment de restauration - la capacité hôtelière de la station est quasi inexistante: par manque d’entretien, les chambres de l’Auberge de Magrappé ne sont guère louées; comment relever le défi d’une hôtellerie digne de ce nom? - l’aménagement de la station laisse à désirer: créer un centre attrayant, des places de parc appropriées? Face à ces défis, Jean-Marie Fournier, avec sa fougue, ses tripes, sa ténacité, va révéler son sens stratégique inné. Les choses vont avancer et la dimension régionale prendre toute sa signification. Au plan local toutefois des difficultés surgissent: l’aménagement central de la station tarde à se réaliser. 45

Les canons à neige, planche de salut Celles et ceux qui n’ont pas vécu les années de pénurie de neige en montagne, parfois jusqu’à la limite des alpages,


ne peuvent imaginer le désarroi des personnes qui misaient sur le tourisme d’hiver. De son temps déjà, René Fournier met en place quelques canons à neige sur la Piste de l’Ours. Essai prometteur. Mais on est loin du compte. Le manque de neige frappe souvent la station. La Piste de l’Ours ne présente pas les garanties suffisantes, notamment pour les compétitions. Jean-Marie Fournier demande et obtient l’autorisation d’installation d’une première cohorte de canons à neige, alimentée par l’eau du barrage de la Dixence. C’est un succès. Par la suite il équipera l’ensemble du domaine skiable. Coût de l’opération : environ 10 millions de francs.

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Les défenseurs de l’environnement, on s’en doute, montent au créneau. Les altercations sont houleuses. Avec le recul, on s’aperçoit que les canons n’utilisent, dans le cas de figure qui nous concerne, que des produits de Dame Nature: eau, air, froid. Sur le domaine des pistes de ski, les prairies, encore mieux irriguées, sont belles, ou en passe de redevenir belles, de leur flore diversifiée. Mais il est vrai que le débat ne se limite pas à ces seules considérations.

Les Coupes du monde, la belle aventure Les canons à neige installés, l’expérience engrangée de l’organisation de compétitions régionales et nationales, on se sent prêt à relever de nouveaux défis. L’occasion va se présenter en janvier 1990. Adelboden connaît des conditions d’enneigement médiocres et doit renoncer, la mort dans l’âme, à organiser son fameux Géant Hommes. La Fédération Internationale du Ski (FIS) se tourne vers Veysonnaz, toute heureuse de l’aubaine. Au pied levé et dans l’enthousiasme, on accepte le défi. En quatre jours, on mobilise la population, les ski clubs, les médias. On prépare les pistes. Entre-temps, une association s’est créée localement pour l’organisation de compétitions, appelée Veysonnaz Timing. Sous la houlette de Jean-Michel Praz et de quelques compagnons tout aussi motivés, elle atteint un haut niveau de compétence. C’est elle qui sera la cheville ouvrière de l’organisation dirigée par Jean-Marie Fournier et, au plan technique, par HenriBernard Fragnière, responsable de l’Ecole de ski. Ce premier essai est un coup de maître.


Veysonnaz Timing: la force du bénévolat Constitué au milieu des années 1970 sur une base bénévole, Veysonnaz Timing vise à organiser des manifestations sportives, en priorité de ski, et cela la plupart du temps, dans des délais très brefs. Il a fallu identifier et mobiliser des volontaires prêts à s’engager au pied levé, tout en disposant des compétences nécessaires, acquises dans leur parcours professionnel. La première équipe se compose de 15 personnes. Téléveysonnaz reçoit constamment des demandes pour l’organisation de compétitions de ski (sorties d’entreprises et de ski clubs, courses populaires). Il ne peut que se féliciter d’avoir un interlocuteur tel que Veysonnaz Timing. Une convention de partenariat est passée par laquelle les remontées mécaniques s’engagent à prendre en charge les frais effectifs et à offrir des avantages en nature aux bénévoles. Dans les années 1980, avec la mise en service de la Télécabine de la Piste de l’Ours, Veysonnaz Timing est mandaté par les organes officiels du ski pour l’organisation de courses de ski plus importantes, à divers niveaux: courses OJ régionales, championnats valaisans, championnats suisses, mais aussi un beau jour Coupes du monde. La fréquence de ce type de manifestations, ainsi que les exigences techniques et administratives de plus en plus élevées conduisent Veysonnaz Timing à améliorer son organisation et à augmenter le nombre de bénévoles qui passe de 15 à 30 personnes. A la fin des années 1980, l’ensemble de la Piste de l’Ours, orientée plein Nord, est équipée en canons à neige. «C’est tout naturellement que la FIS se tourne vers Veysonnaz pour l’organisation d’épreuves de ski de niveau

mondial», s’écrie Jean-Michel Praz. En 1990, Veysonnaz Timing sera la cheville ouvrière de la mise sur pied de six épreuves de Coupe du monde, pour un budget global de près de 1 million de francs. Son équipe de bénévoles, bien rôdée, assume la responsabilité de la plupart des secteurs d’organisation, et cela dans des délais très courts. De leur côté, les ski clubs de la région mettent à disposition 150 personnes. Par la suite, un accord est passé avec les dirigeants des ski clubs du Valais central pour la mise à disposition du personnel requis par les travaux exigés par la FIS. Occasionnellement l’Armée suisse apporte également sa contribution aux épreuves. L’équipe de base de Veysonnaz Timing est finalement portée de 30 à 60 personnes. En plus des courses de ski, Veysonnaz Timing s’investit également dans des activités telles que le nettoyage de la Piste de l’Ours, celui du Bisse de Vex, l’organisation des Championnats du monde de Motoneige (2007), participations à l’organisation du match cantonal de reines à Aproz. Une mention particulière doit être faite de la mise sur pied de quatre arrivées du Tour de Romandie. Les victoires d’étape de Laurent Dufaux, d’Alex Zuelle sont restées dans les mémoires. Excellent pour l’image de marque de Veysonnaz.

47 Présidé par Dany Fournier depuis 2006, Veysonnaz Timing se mobilise sans compter pour l’organisation d’événements divers. Au plan des compétitions de ski, il bénéficie des compétences et du réseau étendu de relations de Didier Bonvin, ancien entraîneur de l’équipe suisse des Dames.


L’équipe de Veysonnaz Timing

Un trio peu banal Adolf Ogi, Jean-Michel Praz et Jean-Marie Fournier

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En 1990, pour un budget global de près de 1 million de francs, Veysonnaz va mettre sur pied encore cinq compétitions de Coupe du monde: deux descentes dames, un géant dames, un géant et un slalom hommes. C’est le temps des Katrin Gutensohn, Carole Merle, Frederik Nyberg et autres Alberto Tomba. On vit dans l’euphorie, avec à la clé, une publicité gratuite sans précédent, au niveau de la planète ski.

En 1993, Veysonnaz se voit confier la compétition reine: la descente hommes. Celle qui aurait dû se tenir au Lauberhorn. C’est un défi redoutable, particulièrement en termes de sécurisation de la piste. En 4 à 5 jours, avec l’appui notamment d’une équipe technique de Téléverbier, conduite par Pierre-Denis Maillifard, on dote la Piste de l’Ours de mâts d’ancrage et de filets de sécurité. Réaliser une telle opération en si peu de temps confine à l’exploit.


Descente 1996, exploit suisse: William Besse, Bruno Kernen et Daniel Mahrer

Coût de ces installations: 1 million de francs. Remportée par Franz Heinzer, devant Patrick Ortlieb et Wiliam Besse, cette compétition suscite un engouement populaire sans précédent. C’est une carte de visite incomparable pour la station. De 1990 à 2004, Veysonnaz va organiser à la satisfaction générale trente compétitions de Coupe du Monde. La Piste de l’Ours est mondialement connue. Le label Veysonnaz s’imprime dans les esprits.

HOMMES (13)

FEMMES (17)

4 slaloms • 3 géants • - super G 3 descentes • 3 combinés

3 slaloms • 3 géants • 3 super G 7 descentes • 1 combiné

23.01.90 Géant hommes 1. Richard Krœll Aut 2. Hubert Strolz Aut 3. Rudolf Nierlich Aut

2’46’’62 2’47’’15 2’47’’16

20.12.95 Super-G dames 1. Alexandra Meissnitzer Aut 2. Heidi Zurbriggen Sui 3. Michaela Dorfmeister Aut

1’28’’72 1’28’’90 1’29’’17

03.02.90 Descente dames 1. Katrin Gutensohn-Knopf Brd 2. Carole Merle Fra 3. Michela Figini Sui

1’17’’41 1’17’’95 1’18’’01

21.12.95 Géant dames 1. Martina Ertl Ger 2. Sabina Panzanini Ita 3. Anita Wachter Aut

2’00’’06 2’01’’55 2’01’’79

04.02.90 Descente dames 1. Katrin Gutensohn-Knopf Brd 2. Carole Merle Fra 3. Karin Dedler Brd

1’17’’86 1’18’’05 1’18’’29

22.12.95 Slalom dames 1. Pernilla Wiberg Swe 2. Urska Hrovat Slo 3. Kristina Andersson Swe

1’14’’42 1’14’’72 1’14’’73

05.02.90 Géant dames 1. Mateja Svet Jug 2. Anita Wachter Aut 3. Diann Roffe USA

1’54’’31 1’55’’15 1’55’’81

19.01.96 Descente hommes 1. Bruno Kernen Sui 2. William Besse Sui 3. Daniel Mahrer Sui

2’03’’14 2’03’’15 2’03’’39

03.03.90 Géant hommes 1. Frederik Nyberg Swe 2. Hubert Strolz Aut 3. Richard Krœll Aut

2’25’’50 2’25’’81 2’25’’94

20.01.96 Descente hommes 1. Bruno Kernen Sui 2. Luc Alphand Fra 3. Patrick Ortlieb Aut

2’02’’69 2’03’’49 2’03’’49

04.03.90 Slalom hommes 1. Armin Bittner Brd 2. Alberto Tomba Ita 3. Hubert Strolz Aut

1’33’’81 1’34’’07 1’35’’37

21.01.96 Slalom hommes 1. Sébastien Amiez Fra 2. René Milekuz Slo 3. Thomas Sykora Aut

1’38’’79 1’39’’16 1’39’’48

19.01.93 Géant hommes (Adelboden) 1. Michael Von Gruenigen Sui 2’29’’51 2. Alberto Tomba Ita 2’29’’58 3. Lasse Kjus Nor 2’29’’71

21.01.96 Combiné hommes 1. Marc Girardelli Lux 2. Gunther Mader Aut 3. Kjetil-André Aamodt Nor

2’44’’44 3’45’’41 3’48’’30

23.01.93 Descente hommes (Lauberhorn) 1. Franz Heinzer Sui 1’59’’53 2. Patrick Ortlieb Aut 1’59’’54 3. William Besse Sui 1’59’’60

18.01.98 Slalom hommes 1. Thomas Stangassinger Aut 2. Kristinn Bjornsson Isl 3. Kiminobu Kimura Jpn

1’38’’12 1’38’’91 1’38’’92

24.01.93 Slalom hommes 1. Thomas Stangassinger Aut 2. Alberto Tomba Ita 3. Tomas Fogdoe Swe

18.01.98 Combiné hommes (avec descente de Wengen) 1. Hermann Maier Aut 2. Bruno Kernen Sui 3. Paul Accola Sui

3’25’’01 3’27’’67 3’28’’74

18.12.98 Descente dames 1. Hilde Gerg Ger 2. Pernilla Wiberg Swe 3. Bibiana Perez Ita

1’41’’13 1’41’’55 1’41’’63

19.12.98 Descente dames 1. Alexandra Meissnitzer Aut 2. Régine Cavagnoud Fra 3. Renate Goetschl Aut

1’42’’68 1’43’’00 1’43’’17

1’30’’42 1’30’’99 1’31’’64

23-24.01.93 Combiné hommes 1. Marc Girardelli Lux 28.61 2. Kjetil André Aamodt Nor 31.48 3. Guenther Mader Aut 33.90 26.02.93 Descente dames (Haus) 1. Katja Seizinger Ger 1’34’’47 2. Kerrin Lee-Gartner Can 1’34’’50 3. Miriam Vogt Ger 1’34’’52 27.02.93 Descente dames 1. Anja Haas Aut 2. Régine Cavagnoud Fra 3. Heidi Zurbriggen Sui Kate Pace Can

1’34’’47 1’29’’12 1’34’’99 1’34’’99

20.12.98 Slalom dames 1. Karin Roten Meier Sui 2. Kristina Koznick Usa 3. Anja Paerson Swe

1’28’’81 1’29’’31 1’29’’62

28.02.93 Super-G dames 1. Carole Merle Fra 2. Anita Wachter Aut 3. Régine Cavagnoud Fra

1’28’’50 1’28’’89 1’29’’12

20.12.98 Combiné dames 1. Hilde Gerg Ger 2. Martina Ertl Ger 3. Trude Gimle Nor

3’15’’15 3’16’’19 3’16’’54

11.12.93 Géant dames 1. Deborah Compagnoni Ita 2. Martina Ertl Ger 3. Vreni Schneider Sui

2’29’’86 2’32’’78 2’33’’83

10.01.2004 Descente dames 1. Renate Gœtschl Aut 2. Michaela Dorfmeister Aut 3. Hilde Gerg Ger

1’38’’58 1’39’’07 1’39’’07

12.12.93 Slalom dames 1. Pernilla Wiberg Swe 2. Morena Gallizio Ita 3. Christine Von Gruenigen Sui

1’26’’12 1’26’’94 1’27’’05

11.01.2004 Super-G dames 1. Hilde Gerg Ger 2. Michaela Dorfmeister Aut 3. Silvia Berger Aut

1’21’’34 1’21’’58 1’22’’10


Veysonnaz au service du ski suisse Trente Coupes du monde La fameuse Piste de l’Ours a accueilli pas moins de 30 Coupes du monde entre 1990 et 2004. Pas toutes figuraient au calendrier officiel de la Fédération Internationale de Ski (FIS). Veysonnaz se profilait grâce à sa garantie de neige et un comité d’organisation très flexible en cas de prise en charge de course qui devait être déplacée d’autres stations dû au manque de neige ou pour d’autres raisons. Kitzbühel, Wengen, Adelboden et d’autres courses de très haute renommée ont été réalisées sur ces pistes valaisannes. Sur les listes des gagnants nous retrouvons des noms comme Alberto Tomba, Bruno Kernen, Karin Roten, pour n’en citer que quelques-uns. Souvent il me suffisait de lancer un coup de fil – ou même pas – à Jean-Marie Fournier pour qu’il joue la carte de Veysonnaz dans ce marché convoité des Coupes du monde. Ce qui nous a permis de garder les courses en Suisse ou d’en ramener d’autres dans notre pays.

La Piste de l’Ours

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Les athlètes, entraîneurs et même les directeurs de courses de la FIS répondaient et répondent encore aujourd’hui à l’unanimité : la Piste de l’Ours fait partie des parcours les plus sélectifs du cirque de Coupes du monde. Karl Frehsner, entraîneur: « La Piste de l’Ours séduit les athlètes et les spectateurs, elle est attractive et exigeante». Les critiques – et cela n’est pas à nier – mettent plutôt en avant les possibilités limitées de l’hébergement ainsi que

l’âge un tant soit peu antique de la télécabine. Certes, mais jamais la qualité de la piste! Il ne faut que poser la question à Didier Cuche, Aksel Lund Svindal, Silvan Zurbriggen et Bode Miller ce qu’ils retirent de s’entraîner à Veysonnaz. La piste est dans un excellent état, l’infrastructure et l’organisation correspondent pleinement à leurs attentes. Allez trouver une station qui prépare la piste d’entraînement avec de l’eau afin que les athlètes retrouvent les mêmes conditions que lors d’une Coupe du monde!

Veysonnaz, à l’écoute de Swiss Ski et de Ski Valais Ce qui m’impressionne le plus? Malgré que Veysonnaz ne voit plus de course de Coupe du monde depuis plusieurs années, ils continuent inlassablement à soutenir le ski alpin ainsi que la relève. Avec la nomination de Didier Bonvin en tant que directeur sportif nous retrouvons un professionnel hautement qualifié. Des compétitions comme les championnats suisses, courses FIS, courses de Coupe d’Europe, des courses pour la relève sont organisées par Swiss Ski et Ski Valais. La Coupe du monde est-elle de retour avec les nouvelles disciplines bordercross et télémark ? Pour cet engagement infatigable et cet enthousiasme, je remercie Jean-Marie Fournier et son équipe de tout cœur!

I Dr Josef Zenhäusern, Vice-président Swiss Ski 1984-1992, directeur Swiss Ski 1992-2000


Jacques Deschenaux de la TSR, Alberto Tomba et Primin Zurbriggen

Steve Locher dans ses Ĺ“uvres


Depuis 2004, Veysonnaz ne se voit plus attribuer de Coupes du monde. Pour quelles raisons?

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Certains évoquent l’absence d’un village touristique au bas de la Piste de l’Ours, une capacité hôtelière insuffisante – bien que Sion ne se trouve qu’à vingt minutes en voiture. La vraie raison réside, selon Jean-Marie Fournier, dans l’attribution à la Suisse d’un nombre inapproprié de compétitions: huit courses, dont trois pour dames. Pour l’une des plaques tournantes du ski alpin, c’est insuffisant. Il revient à la Fédération Suisse de Ski de se battre pour obtenir au moins deux compétitions supplémentaires. Dans ce cas de figure, la paire Montana-Crans/Veysonnaz retrouve toutes ses chances. Et tant mieux si d’ici-là le village touristique prévu au départ de la télécabine de l’Ours voit le jour. C’est aussi un argument de poids. Mais JeanMarie Fournier évoque également l’empressement de la Fédération Suisse de Ski à ramener les compétitions en Suisse alémanique… L’ouverture des 4 Vallées et les Coupes du monde ont donné des impulsions décisives à la station. Les remontées mécaniques ont franchi depuis belle lurette le seuil de ren-

tabilité. Toutefois la question de leur remplacement est inéluctable. Les estimations de coût suscitent bien des cogitations. La barre des dix millions de francs sera vraisemblablement largement dépassée pour chacune des télécabines.

Poursuite de la promotion immobilière Un nouveau restaurant d’altitude Jean-Marie Fournier en est convaincu: le financement des installations de remontées mécaniques de nouvelle génération implique un nouveau développement de la promotion immobilière. En une vingtaine d’années, de 1988 à 2007, une douzaine d’immeubles de moyenne grandeur vont se construire et des lotissements de chalets se mettre en place. La station se dote alors de plus de 2500 lits supplémentaires. Evolution réjouissante: ces dernières années, des investisseurs locaux et de l’extérieur entreprennent la construction d’immeubles et de chalets. Veysonnaz est devenue attrayante au plan économique et commercial. Que de chemin parcouru!


Au niveau des alpages de Combyre et Meinaz, un nouveau défi se présente. Le magnifique domaine skiable des Greppons Blancs ne dispose encore d’aucun restaurant au début des années 1990. Entre-temps, certains caressent l’idée de fusionner les deux alpages – le nombre de vaches s’est contracté depuis les années 1950/60: de 250 à un peu plus de 100 têtes – d’autres personnes s’opposent farouchement à cette idée. Joutes oratoires mémorables, intrigues, rancunes. La raison économique finira par prévaloir et Michel Praz, conseil-

ler agricole, verra ses efforts enfin récompensés. Le préfet de Conthey préside l’assemblée des deux consortages et arbitre un vote séparé. Une majorité se dégage dans les deux camps pour la fusion. Décision est alors prise de rénover l’une des deux chottes pour le bétail. Ce sera celle de la Meinaz, en meilleur état. Que faire de celle de Combyre ? L’aménager en restaurant ? L’idée séduit, bien qu’audacieuse. Au début des années 1990, elle est finalement retenue. Un acte notarié se conclut avec le consortage issu de la fusion.

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Téléveysonnaz obtient un droit de superficie et un droit d’exploitation définitif. L’architecte Narcisse Fournier de Clèbes se montrera particulièrement inspiré et créatif, dans le respect de l’esprit des lieux. Le Restaurant des Chottes voit le jour en 1992, dans une étable. Tous s’accordent sur la réussite de cette réalisation, agrémentée d’une terrasse s’ouvrant sur un cirque alpin à couper le souffle. Sous la baguette aujourd’hui de Dominique Michelet, dit « Migou », le succès de ce restaurant ne se dément pas. Mais quittons le plancher des vaches reconverti en bonne table, parmi les plus appréciées à cette altitude. Et revenons à Veysonnaz station.

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Deux idées en une: le Chalet Royal et le parking des Grangettes Reproche souvent adressé à Veysonnaz en ce temps-là: la faiblesse de sa capacité hôtelière. Seule l’Auberge de Magrappé dispose de quelques chambres, désaffectées par manque d’entretien. Une rénovation s’impose.

Le Groupe VIP/Téléveysonnaz va s’employer à transformer cette auberge, en portant le nombre de lits à 36 et en modernisant l’ensemble de l’établissement. Projet réussi au plan architectural, salué dans la presse. Mais dans la tête des responsables de la station trotte une idée bien plus ambitieuse: construire un hôtel haut de gamme, doté d’une capacité d’accueil mieux en rapport avec les besoins de la station. Ce sera le Chalet Royal, dont l’appellation fleure un petit parfum de Hollande. Fleurette Wagemakers est toujours dans les parages. Niché au pied de la télécabine, il est inauguré en 1993. Il dispose de 56 chambres, de 6 appartements et de tous les équipements, ainsi que des facilités d’un établissement de ce niveau. Pour le financement, un investisseur genevois s’est joint au Groupe VIP/Téléveysonnaz. Deux idées en une, le Chalet Royal est construit sur un parking imposant: le parking des Grangettes, doté de 415 places. L’ambition des promoteurs est d’offrir aux propriétaires d’appartements ou de chalets une opportunité d’y garer leur voiture, laissant place à l’aménagement de l’artère centrale de la Station en rue (semi) piétonne. Hélas !


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Chalet Royal, parking des Grangettes, hôtel Magrappé et station de départ de la nouvelle télécabine


Faisons connaissance avec VIP En 1969 déjà, Téléveysonnaz crée en son sein un bureau ad hoc pour gérer l’ensemble des services de promotion et de gestion de la station. Sans statut juridique propre jusqu’à la fin des années 1970, ce bureau devient alors VIP SA (Veisonne Immo Promotion SA). C’est Fleurette Wagemakers qui gère ce bureau dès ses débuts; elle s’acquittera avec beaucoup de compétence de ses fonctions de DG jusqu’en 2000; cette année-là, la direction de VIP SA passe sous la baguette experte de Jacky Schiess. Acquis à la cause de Veysonnaz, d’un dévouement exemplaire, il apporte son savoir-faire aussi bien dans le cadre de VIP SA que dans celui de la société des 4 Vallées. Avec Jean-Marie Fournier, ils forment une paire parfaitement complémentaire et efficiente.

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Les attributions de VIP vont se diversifier et s’enrichir dans le temps. Elles se déclinent ainsi à l’heure actuelle: - construction d’immeubles de vacances, parkings, restaurants, hôtels, commerces, bars, discothèques, aménagements sportifs - location et réservation d’appartements, de chalets; contacts avec les tours opérateurs - conciergerie et entretien - gestion des biens de Téléveysonnaz S.A. (contrat de location): exploitation des remontées mécaniques et des restaurants d’altitude, gestion des dameuses de pistes et canons à neige - mise en location de commerces selon contrat de bail, mise en exploitation des hôtels, du parking des Grangettes, des équipements sportifs - collaboration à l’organisation de manifestations sportives avec Veysonnaz Timing (Coupes du monde, Tour de Romandie, Trophée de l’Ours (Mountain Bike…). VIP est tenu de verser à Téléveysonnaz S.A. un loyer annuel variable, couvrant l’ensemble des frais financiers des remontées mécaniques (montant de 600000 francs au début de ses activités jusqu’à 2,3 millions de francs aujourd’hui).

Ce noble et beau projet ne s’est pas encore concrétisé. Par la volonté de René Fournier, la commune est devenue propriétaire des espaces jouxtant les immeubles bordant la rue centrale de la station. Dans un premier temps, elle ne s’investit pas dans cet aménagement; par la suite, elle propose un projet qui soulève moult oppositions. Aujourd’hui, on en est toujours au même stade. Grandeur et misère du développement local.

Et pourtant, elle tourne ! De 1988 à 1993/94, le groupe VIP SA/Téléveysonnaz a investi près de 40 millions de francs, dont 10 millions respectivement pour l’Hôtel Chalet Royal et le Parking des Grangettes. Le non aménagement de l’artère centrale de la station, on peut s’en douter, a donné des sueurs froides aux promoteurs: la vente et la location des places de parc pour voitures ont marqué le pas et pesé des années durant sur les comptes des sociétés concernées.


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Et pourtant, elle tourne! Fort heureusement, la station connaît alors des années fastes, avec les impulsions apportées par les Coupes du monde et le développement des 4 Vallées. A l’heure actuelle, le Parking des Grangettes est encore sous utilisé. Puisqu’on en est à l’évocation des projets qui n’ont pas abouti, parlons de celui du funiculaire, destiné à remplacer

la première télécabine, inaugurée en 1961. A l’image de StLuc et d’autres stations valaisannes, ce type de remontée mécanique présente bien des avantages: fonctionnement par tous les temps, durée de vie considérable, faible coût d’entretien; localement, c’est aussi une invite de plus à mieux valoriser le bâti existant dans les mayens. Devisé à près de 25 millions de francs, il constitue un pari financier considérable. Le projet est présenté à la population. Il séduit mais suscite aussi auprès de certains propriétaires de mayens des réactions de rejet particulièrement virulentes. Discussions sans fin, intrigues, polémiques dans les médias. De guerre lasse, le Conseil d’administration de Téléveysonnaz change de fusil d’épaule et se décide pour une télécabine de nouvelle génération.

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L’atmosphère au niveau de la population locale s’apaise. Le nouveau projet passe la rampe et sera inauguré en grande pompe le 22 décembre 2005, avec le gratin des personnalités valaisannes. Coût total: 14 millions de francs. Montant à comparer avec celui de la première télécabine: 1 million! Les temps changent.


Le privilège d’être président de Téléveysonnaz et vice-président de Télénendaz Fêter le 50e anniversaire de Téléveysonnaz en étant son président et en étant aussi vice-président de Télénendaz est un rare privilège. Cette double casquette, comme celle d’administrateur délégué des deux sociétés de Jean-Marie Fournier, illustre bien le chemin parcouru, tel qu’il est décrit magistralement dans cet ouvrage. Le petit dernier, de santé précaire au début, est devenu costaud et il est désormais un partenaire incontournable dans les 4 Vallées. Mais comment? René Fournier a su voir que le développement du tourisme de montagne dépendait de la maîtrise de deux clés: les remontées mécaniques (la colonne vertébrale) et les locations d’appartements (le corps nourricier). L’image est de lui. Mais par où commencer quand les investissements sont énormes et que l’on n’est pas Crésus? Qu’à cela ne tienne, a pensé René Fournier: par les deux sinon le siphon ne s’amorcera jamais ! C’est ce qu’il a fait résolument avec le succès que l’on connaît. C’est ce qu’a fait aussi son fils Jean-Marie quand il a relancé la promotion immobilière à vocation locative avant même la fin du marasme dans ce secteur. Il a ainsi été possible de financer le renouvellement de la télécabine de Veysonnaz dont d’aucuns, dans les 4 Vallées, raillaient la vétusté. Cela permettra, selon les mêmes principes, de financer celle de la Piste de l’Ours. C’est le même esprit qui a été nécessaire pour décider de doter la station d’infrastructures hôtelières et de parking dignes de ce nom.

du destin d’une telle société. Il faut, en plus, un ancrage si fort dans le tissu économique régional que la seule pensée de réaliser un «carton financier» sur la vente d’un tel joyau déclenche un réflexe de rejet. Les résultats sont liés. D’une centaine de salariés en 1986, le groupe a passé à plus de deux cent cinquante en hiver. A cela il faut ajouter tous les emplois créés sur place par l’émulation suscitée. Cette optique a amené la famille Fournier à ouvrir le capitalactions de Téléveysonnaz aux collectivités régionales. Ce n’est pas par hasard. Ce n’est pas par hasard non plus que la commune de Bagnes a pris, il y a peu, une participation significative dans Téléverbier. Voilà, les Fournier-Délèze de Veysonnaz sont comme ça et tant qu’ils le resteront Téléveysonnaz et Télénendaz auront de beaux jours devant elles.

I Jean-Pierre Ramseyer, président de Téléveysonnaz * et vice-président de Télénendaz

59 * Conseil d’administration actuel:

Pour atteindre de tels objectifs, il a fallu et il faut encore une vision stratégique, une audace, une persévérance hors du commun. Mais ce n’est pas suffisant pour assurer la maîtrise

Jean-Pierre Ramseyer, président Jean-Marie Fournier, administrateur délégué Pierre-Alain Lathion, membre


Regarder plus loin que le bout de son nez Le mot est de Rodolphe Tissières, à la conférence de presse tenue à l’immeuble de la piscine de Veysonnaz à l’occasion du lancement des 4 Vallées en 1976: «La plus petite commune du canton, Veysonnaz, rejoint la plus grande, celle de Bagnes; mais Veysonnaz dispose de la plus grande piscine de cette région!» Et c’était vrai à l’époque…

COMMUNE DE VEYSONNAZ

COMMUNE DE BAGNES

Superficie

111 ha

28221 ha

Habitants

350 (1960)

4237 (1960)

558 (2009)

7467 (2009)

Recettes

3527024

59663314

communales

(2010)

(2009)

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Sources: - Le Valais en chiffres 2010 Office de la statistique du canton du Valais - Commune de Veysonnaz


Le «fabuleux domaine skiable des 4 Vallées» Le samedi 25 juillet 2009, le Conseil communal et le Conseil général de Bagnes, tous deux réunis en urgence à 7h30, respectivement 10h00, ratifiaient à l’unanimité l’acquisition des actions détenues par la Compagnie des Alpes dans le capital-actions de Téléverbier. Cette décision faisait suite à la signature inattendue d’un protocole d’accord le vendredi 24 juillet à midi, dans les bureaux de la CdA à Paris. Elle débouchait sur l’avis informatif suivant, affiché au pilier public:

Réuni en séance le 25 juillet 2009, en présence de 33 membres, le Conseil Général a pris la décision suivante : - il accepte à l’unanimité d’acquérir 20,3 % du capitalactions de Téléverbier SA, représentant 284 161 actions, détenues par SWISSALP SA (société appartenant à la Compagnie des Alpes (CDA), pour un montant de 13 824 432 euros, correspondant à CHF 21 069 816.80. La participation actuelle dans le capital-actions de Téléverbier SA s’élève ainsi à ce jour à 24,53 % pour la Commune et 1,13 % pour la Bourgeoisie, soit à 25,66 % au total. L’annonce officielle de cette transaction à la bourse de Paris le lundi soir 28 juillet à 18h00 créait une grande surprise bien au-delà des frontières du Canton. Pour la première fois, une communauté valaisanne ramenait dans le pays une participation importante dans une société florissante afin d’assurer la concordance des projets et de rendre ainsi plus homogène et cohérent le développement de sa principale activité : le tourisme.

A l’heure où l’un des partenaires importants des 4 Vallées fête ses 50 ans d’existence, il est bon de rappeler ici le second objectif visé par la commune de Bagnes : la pérennité des 4 Vallées. Le communiqué de presse de notre Conseil communal en septembre 2009 l’a clairement rappelé en ces termes: L’arrivée de la commune comme actionnaire important favorisera les relations avec l’ensemble des communes et des sociétés de remontées mécaniques du fabuleux domaine skiable des 4 vallées. En toute modestie, je suis fier aujourd’hui de pouvoir rendre hommage par ces quelques lignes aux pionniers et visionnaires qui ont bâti pistes et remontées mécaniques. Ils ont ainsi très largement contribué au maintien de la population dans nos vallées de montagne en leur permettant de développer des activités économiques locales. Mieux encore, ils ont réussi à bâtir, dès 1976, le plus grand domaine skiable entièrement sur le territoire valaisan. A l’heure où il devient quasiment impossible de développer le moindre nouveau domaine skiable ou de nouvelles liaisons, notre reconnaissance en est d’autant plus grande. Je présente donc les meilleurs vœux de la communauté bagnarde à la société Téléveysonnaz et souhaite longue vie au fabuleux domaine skiable des 4 Vallées dont elle est l’une des initiatrices!

I Christophe Dumoulin, président de la commune de Bagnes

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L’accord des 4 Vallées tient très bien la piste Au nom de la Société des 4 Vallées, j’ai l’agréable mission de féliciter TéléVeysonnaz qui célèbre son demi-siècle d’existence! Quelle réussite! Le récit de ces 50 années est un hommage à tous ceux qui ont participé à cette longue épopée. C’est aussi un formidable tremplin vers l’avenir de TéléVeysonnaz dont le succès s’affirme d’année en année.

Malgré ses atouts incomparables, Veysonnaz ne peut faire cavalier seul. Son sort est intimement lié à celui de ses grandes voisines. Les maîtres d’œuvre de la station se sont rendus à l’évidence: il n’y a de solution que régionale. D’entrée de jeu, le concept des 4 Vallées s’est avéré particulièrement porteur. Et pourtant, dans ces vallées alpines, l’esprit de clocher n’est pas bien loin, sans parler du goût parfois immodéré des combats de reines, qui ne manque pas d’inspirer les modes d’interaction entre ces chers humains.

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Depuis sa création, l’histoire des 4 Vallées n’a pas été un long fleuve tranquille : que de tiraillements, de calculs, de dénonciations de conventions, de procès d’intention à propos des tarifs, de la répartition des recettes, des systèmes de comptage… Pour la petite histoire, on relèvera que seul Téléveysonnaz n’a jamais dénoncé la fameuse convention. Au final, les 4 Vallées ont tenu la route au profit de toutes les parties concernées et pour le plus grand bonheur des amoureux de la pratique du ski.

Il est donc heureux que l’on ait songé à rassembler dans cet ouvrage les principaux éléments de la longue histoire de la vénérable jubilaire qui garde intacte, malgré les ans, sa vitalité. TéléVeysonnaz a joué un rôle en vue dans le développement de la commune de Veysonnaz et mérite la reconnaissance de toute une région, voire du canton du Valais dans son ensemble. Nos sociétés de remontées mécaniques, est-il nécessaire de le rappeler, ont été la seule planche de salut à même de procurer et d’assurer un avenir aux montagnards que nous sommes tout en offrant à nos hôtes la possibilité de pratiquer le ski et de s’évader dans un environnement exceptionnel. Gratitude aux pionniers, gratitude à ceux qui ont repris la barre et la tiennent fermement. A la présidence des 4 Vallées depuis huit ans, je puis vous assurer que notre société se porte mieux que le reflet qui en est parfois donné et que l’organisation opérationnelle mise en place donne pleine satisfaction aux quatre sociétés partenaires. C’est


dans cette collaboration exigeante que l’immense domaine skiable qui relie les stations de Verbier, Nendaz, Veysonnaz et Thyon est à même d’apporter une offre, une destination et un produit de très haut niveau à même de rivaliser, tout comme Zermatt, avec les plus grandes stations d’Europe. Plus de 400 kilomètres de pistes et 92 installations dans un décor sublime avec, en toile de fond, la vallée du Rhône et Sion, la capitale du Valais ! Vous en conviendrez, la destination a de quoi faire rêver. Conscient des atouts que représente cette destination, malgré les intrigues qui existent encore au vu des enjeux, du pouvoir que représentent les quatre sociétés, chacun démontre sa volonté de défendre la destination des 4 Vallées et de la protéger en toute occasion. C’est avec cette ambition que des hommes responsables sauront relever le défi de vivre et de réussir ensemble afin de transmettre aux générations futures une œuvre digne des précurseurs. L’accord historique signé en décembre 2005 tient très bien la piste, si vous me permettez l’expression. Il favorise une action concertée et garantit un dialogue que j’ai pour mission de privilégier. Je saisis l’occasion pour remercier les responsables des quatre sociétés siégeant à mes côtés pour leur confiance et les directeurs - véritables chevilles ouvrières de notre cohésion pour leur engagement sans réserve au service de la cause. En ces jours de liesse pour TéléVeysonnaz, j’adresse un message particulier à son véritable patron, M. Jean-Marie Fournier et

à son bras droit, M. Jacquy Schiess, qui dispose d’une grande faculté de saisir les enjeux et tient ainsi un rôle constructif très apprécié. Il a fallu tout le savoir et le dynamisme de MM. Henri Délèze et René Fournier pour permettre à TéléVeysonnaz de naître, assurer sa survie et se développer jusqu’à atteindre la taille que nous lui connaissons aujourd’hui. Il a fallu MM. René Fournier, Rodolphe Tissières et Michel Michelet, trois montagnards visionnaires, pour que s’esquisse et se concrétise le concept des 4 Vallées. C’est en considérant avec respect et reconnaissance l’audace et l’esprit d’entreprise dont ces pionniers ont fait preuve dans le contexte économique difficile de l’époque que tout un chacun se doit de puiser ses forces afin que le pouvoir confié serve la cause et fasse perdurer à jamais le rêve réalisé des 4 Vallées. «Que vivent la montagne et ce peuple heureux qui la sert avec fidélité et attachement!»

I Christian Melly, président de la société des 4 Vallées

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Ensemble Le Valais économique moderne s’est dessiné en trois grands mouvements pendant le 20e siècle : - avec le développement des axes de communication: l’arrivée du train et le percement des tunnels, la construction des routes donnant accès aux vallées latérales - puis avec l’épopée des barrages et la mise en place d’un impressionnant dispositif de produc-

Immergée dans le territoire de sa grande voisine Nendaz, Veysonnaz a tissé dans l’histoire des liens innombrables avec cette dernière: route, bisses, alpages, paroisses, associations diverses, caisse maladie…, sans parler de Clèbes et Verrey si proches par la parenté, les propriétés foncières, les cérémonies religieuses et tant d’autres choses.

tion hydroélectrique - enfin avec le tourisme, dont l’impulsion a été donnée par la création d’un vaste réseau de remontées mécaniques. Le président de Nendaz du début du 21e siècle constate, avec un brin de fierté, que sa commune a été pionnière – à un moment ou à un autre – dans chacune de ces étapes. Et Veysonnaz par conséquent, dont le destin est lié au nôtre même si l’histoire s’est montrée facétieuse par le passé en divisant, administrativement, un territoire et une population qui ont tout en commun. Car, disons-le, quelle différence entre vos Fournier et les nôtres, entre nos Délèze et les vôtres; quelle différence entre nos patois identiques; nos écoliers ne fréquentent-ils pas les même classes? Et puis, nos gens boivent de la même eau, jouent la même musique, skient sur les

64 Pas étonnant dès lors qu’avec le temps, les responsables de Téléveysonnaz et Télénendaz aient multiplié les échanges et les recherches de synergies. Ils ont aussi présenté un front uni face aux desseins de la Compagnie des Alpes, en défendant avec lucidité les intérêts de la région.

mêmes pistes… Jusqu’à ceux qui viennent en séjour chez nous de ne pas savoir distinguer les uns des autres. Seule la Constitution ne l’entend pas de cette oreille. Le dessin des districts, origine des treize étoiles de

notre drapeau valaisan, vous a voulus


Sédunois et nous Contheysans. Allez savoir pourquoi?

sont juridiquement séparées, leurs rayons d’action sont

Mais qu’importe. Nous nous sentons bien ainsi.

concertés et leurs moyens souvent conjoints. Il en va de même pour ce qui relève des administrations communales ; les ser-

Amis Veysonnards, votre anniversaire est ainsi un peu le nôtre.

vices communs sont nombreux. Naturellement, serais-je tenté

Fêtons ensemble.

de dire. N’en déplaisent aux signes topographiques des cartographies qui s’obstinent à délimiter des territoires par-dessus

La genèse de nos remontées mécaniques pourrait donner à

lesquels… on skie.

penser que nos aînés respectifs étaient… concurrents. Heureusement, l’histoire, cette fois, vient à notre rescousse en

Au nom des Nendettes et des Nendards, je formule les meil-

Michel Michelet, fondateur de

leurs vœux à Téléveysonnaz SA. Bravo pour ce qui a été fait:

TéléNendaz SA, eut cette remarquable réaction, alors que

courage et persévérance pour ce qui est à faire. De votre réus-

l’autorité fédérale lui refusait une concession (1956) sujette

site dépend un peu – voire beaucoup peut-être – la qualité de

à recours : « Veysonnaz aura sa concession, c’est fort bien,

vie future de toute une population désireuse de demeurer sur

mais Nendaz doit avoir la sienne. Les régions sont complémentaires, pas concurrentes ; elles réussiront ensemble, ou échoueront». La suite a démontré maintes fois la pertinence de l’argument.

un balcon du ciel.

rapportant les faits.

Me

Pour de longues années encore ! I Francis Dumas, président de Nendaz

Bien sûr, chacun de nous avons été de l’avant seul ou en collaboration. Veysonnaz des débuts avait des ambitions, des idées, des moyens ; Nendaz voisine avait du territoire, des bras disponibles. Nos bonnes relations ont fait le reste. Rapidement nos domaines skiables se sont joints (1972). Puis il y eut l’épisode dit « des trois Suisses » selon l’image de la journaliste Liliane Varone, « l’homme de Verbier, l’homme

de Nendaz et l’homme de Veysonnaz – leurs noms ne sont plus à citer, tous les connaissent – s’unissent pour devenir

plus forts ». C’est la naissance des 4 Vallées (1976). Dans le sillage, Veysonnaz comme Nendaz ont mis en œuvre les services publics nécessaires à l’exploitation touristique. Souvent en collaboration. Si les sociétés de développement

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Veysonnaz, vu de Nendaz


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Troupeau paissant autour du restaurant des Chottes


Télénendaz - Téléveysonnaz : gardiens du temple La fin des années 50 nous a vus naître, Jean-Marie et moi,

Et c’est dans ce contexte qu’est né le Valais d’aujourd’hui. Il

tous les deux un 28 mai, drôle de hasard. Le Valais d’alors

y a 50 ans, quelques pionniers, visionnaires, avec audace et

vivait au rythme des montées à l’alpage, des vendanges, de la

ténacité, ont relevé le défi du tourisme, à Veysonnaz, comme

cueillette des framboises et des abricots, des festivals et des

dans d’autres régions. Ce qu’ils ont fait, est aujourd’hui una-

processions. Les rares industries, comme l’usine d’aluminium

nimement reconnu et nous leur adressons ici notre profonde

de Chippis, la construction des barrages ou l’administration,

et sincère gratitude. Mais combien d’obstacles ont-ils dû sur-

procuraient quelques emplois. Pour les autres, il fallait vivre

monter, combien de sceptiques ont-ils dû convaincre ou pire,

de la campagne. Mais le Valais n’était pas pour autant pauvre.

ignorer, au risque d’en faire des ennemis, pour tracer un ave-

Ce n’est du moins pas le souvenir que j’en ai gardé et c’est

nir à leur petit village de montagne.

avec beaucoup de nostalgie que je repense à ces années-là. « Ils » avaient ici pour nom Délèze, Fragnière, Praz… et bien L’été avait l’odeur des foins et l’hiver la neige était abon-

sûr Fournier. Comment en effet retracer les 50 années de

dante. Avec nos skis en bois, nos chaussures en cuir et nos

Téléveysonnaz sans parler de René et Jean-Marie Fournier.

fixations à longues lanières, nous découvrions les joies du

Nous ayant quitté bien trop tôt, j’ai peu connu René. En

ski. D’intrépides entrepreneurs, à Nendaz, comme à

revanche, pour côtoyer Jean-Marie au quotidien, l’héritage

Veysonnaz, avaient déjà construit les premières installations

que lui a légué son père est évident. Tous les deux sont restés

ultra modernes pour leur temps. Elles nous comblaient de

attachés à leur village avec cette conviction profonde que seul

bonheur et lorsque nous passions devant l’employé au bas

le tourisme, les remontées mécaniques et la promotion immo-

d’une installation, muni de notre carte à point, celui-ci sou-

bilière lui assureraient un avenir. Ce qu’ils ont fait l’un et l’au-

vent, avec un sourire familier, poinçonnait sur le trou précé-

tre pour leur région relève de cette volonté d’entreprendre

dent et nous lançait une « bonne montée » qui sentait bon

avec le souci permanent de permettre à leurs propres enfants

l’enfant du coin.

de vivre à Veysonnaz, sans avoir à rougir du travail accompli par leur père. Le pouvoir et l’argent qui dictent les stratégies

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Nous ne manquions de rien, parce que nos parents, en vrais

à court terme, les coups financiers d’un jour, n’ont pas leur

montagnards qu’ils étaient, savaient partager. Si le quotidien

place dans cette quête de développement pour le bien de

était parfois égayé de petites querelles, si la politique a tou-

toute une région. C’est parce que, enfant de Nendaz, je par-

jours eu en Valais plus de relief que partout ailleurs, à chaque

tage ces valeurs que j’apprécie de travailler avec Jean-Marie.

fois que le destin s’acharnait sur eux, nos parents se serraient les coudes pour se relever et avancer. Ce sont certainement

Intuitivement, il a toujours su l’importance des 4 Vallées et le

ces valeurs de générosité et de solidarité, profondément

difficile équilibre à préserver entre petites et grandes stations.

ancrées dans le cœur des valaisannes et valaisans, qui pré-

Il a toujours su aussi l’importance de se rapprocher de

destinaient ce canton au tourisme.

Télénendaz pour ne pas rester isolé. Son père René Fournier


avait d’ailleurs pris le train en marche des 4 Vallées dès la pre-

même ne comprenait pas pourquoi s’opposer à une compa-

mière heure et quelques années plus tard, c’est Jean-Marie

gnie internationale sensée apporter professionnalisme et

qui acceptait que Téléthyon rejoigne l’aventure, mettant un

argent comptant et que la fusion semblait être la seule

terme à d’interminables querelles, pour le bien de la région et

planche de salut pour les sociétés de remontées mécaniques

parce que l’union fait la force.

valaisannes, nous avons, envers et contre tous, dit non… et la Compagnie des Alpes s’en est allée. Depuis, l’Euro dégringole,

Mais il devait être écrit quelque part que l’histoire des 4

la Grèce est en faillite, les europhiles se cachent pour mourir

Vallées ne serait jamais celle d’un long fleuve tranquille. Alors

et l’économie vraie, celle de proximité, redevient une valeur

que toutes les liaisons étaient construites et que toutes les

sûre.

sociétés de remontées mécaniques du domaine de ski des 4 Vallées s’étaient enfin accordées, la Compagnie des Alpes,

Qu’à cela ne tienne, les 4 Vallées se déclineront tôt ou tard à

l’ogre français à l’appétit féroce, s’invita au capital de

l’unisson, avec autour de la table des montagnards qui parta-

Téléverbier. La dénonciation de l’accord des 4 Vallées ne se fit

geront les mêmes valeurs que celles qui ont animé les

pas attendre, première étape de la stratégie à peine cachée de

Tissières, Michelet, Fournier et autres pionniers du tourisme.

la Compagnie des Alpes de mettre la main sur les 4 Vallées.

Ce n’est qu’ainsi qu’un rapprochement pourra voir le jour et « La petite station des grands champions », qui a vu sur ses

Avec Jean-Marie, nous partagions l’idée que pour notre grand

pentes nord de la Piste de l’Ours s’élancer tous les plus grands

voisin et son nouveau partenaire, l’intérêt des 4 Vallées se

noms du circuit de la Coupe du monde de ski, y occupera une

limitait au Mont-Fort et que Tracouet, décentré par rapport à

place de référence.

l’axe des 4 Vallées, risquait l’isolement et l’oubli si la Compagnie des Alpes parvenait à ses fins. Ensemble, nous

Je félicite en mon nom et au nom de Télénendaz, les membres

avons alors combattu la Compagnie des Alpes, convaincu

du Conseil d’administration de Téléveysonnaz, son président

qu’une société française, dont l’actionnaire principal était

Jean-Pierre Ramseyer et son administrateur délégué JeanMarie Fournier, la direction, les collaboratrices et les collaborateurs de Téléveysonnaz pour leur engagement et la qualité du travail qu’ils ont accompli, la commune, la Société de développement et tous ceux qui ont contribué au succès de cette belle entreprise et souhaite un avenir radieux à Téléveysonnaz que nous partagerons sans aucun doute avec aussi nos amis de Verbier et de Thyon.

l’Etat français, n’était pas une solution à long terme pour le développement de notre région. C’est dans ces moments difficiles, de combat pour le maintien d’une économie régionale, que j’ai appris à connaître JeanMarie. Combien de sceptiques avons-nous dû aussi convaincre et combien d’entre eux avons-nous dû ignorer. Alors que les bienfaits de la mondialisation étaient sur toutes les lèvres dans les salons feutrés de la haute finance, que la population

I Philippe Lathion, président de Télénendaz

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Au fil des ans, Jean-Marie Fournier a pu acquérir des actions au capital social de Télénendaz. Sa participation est devenue majoritaire, annonce à la une le Nouvelliste du 24 septembre 2008. La collaboration avec Téléveysonnaz est déjà tellement étroite et diversifiée que cette évolution ne suscite pas de remous. Depuis les débuts du tourisme dans ces vallées, les rapports de partenariat se sont complètement transformés. Aujourd’hui les synergies se multiplient entre les deux sociétés sœurs: gestion des dameuses de pistes et des ateliers, achat des pièces de rechange, approvisionnement des restaurants, location d’appartements…

Les Sociétés de développement elles-mêmes coopèrent de plus en plus: campagnes de marketing en commun, animations partagées, navettes des bisses… Les moyens à disposition ont bien évolué depuis les années 1960 : les deux sociétés disposent respectivement d’un budget de 500000 francs et de 2500000 francs: la mise en commun de ressources pour les campagnes de publicité ne peut qu’amplifier leur impact. En particulier, la palette de produits, de services et d’animations pour le tourisme d’été, qui marque le pas depuis des années, est appelée à se diversifier et s’enrichir, avec un accent tout particulier sur les aspects qualitatifs.


Enchantement D’un point de vue extérieur et neutre, j’ai remarqué en quelques semaines les atouts de Veysonnaz. Ce petit village, simple, convivial, est un endroit où les gens prennent le temps de se rencontrer en redonnant qualité aux relations humaines. Une des plus grandes richesses de la région est sans aucun doute sa situation privilégiée. Perché tel un nid d’aigle sur un magnifique versant, Veysonnaz peut se prévaloir d’une nature relativement peu transformée par l’homme. Au village, on en prend plein les yeux! La vue plongeante sur la Vallée du Rhône est vertigineusement belle… Les vieux chalets typiques, sa taille humaine et l’esprit bénévole de ses habitants m’ont conquise. Pour l’avenir, il est important d’analyser ce qui se passe aujourd’hui et avancer sans se focaliser sur les gloires du passé. Les collaborations entre acteurs locaux, notam-

ment Téléveysonnaz/VIP, et les destinations voisines de Nendaz, les Mayens-de-Sion et Thyon sont déjà en train de se renforcer et de se développer. Il faut également créer des financements communs pour développer des animations été/hiver, des produits touristiques communs, l’accès à de nouvelles technologies et élargir la promotion. Actuellement les moyens à notre disposition sont trop limités pour continuer à faire cavalier seul. C’est de bonne augure: il existe déjà de nombreuses expériences concrètes qui ont été menées à bien d’un commun accord par les Sociétés de développement de Nendaz et Veysonnaz: application iphone, navette hiver et été, accueil médias et Tours Opérateurs, etc. Allons ensemble dans la même direction! I Nadine Ruchti, nouvelle directrice de Veysonnaz Tourisme

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Déjà, de nouveaux défis pour Téléveysonnaz A peine sorti de son demi-siècle d’existence, Téléveysonnaz se voit confronté à de nouveaux défis. Mise en place en 1981, la première télécabine de la Piste de l’Ours doit être remplacée. L’appel d’offres a été lancé. Le coût avoisine les 13 millions de francs. Et puis, avec l’exiguïté du territoire de la commune, les zones de construction touristique de Veysonnaz se réduisent comme peau de chagrin. Des projets concernent aujourd’hui les Mayens de l’Ours. L’un d’entre eux, au bénéfice d’une autorisation de construire, semble particulièrement avancé: il s’agit d’un village touristique au départ de la télécabine.

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On le voit, les challenges ne manquent pas. Pour mener à bonne fin tous ces paris, Téléveysonnaz saura, comme par le passé, tirer parti de son réseau de relations, d’autant que Jean-Marie Fournier est devenu avec le temps un acteur profilé aussi bien au plan des instances valaisannes du Parti Démocrate Chrétien que des médias (président de Rhône Média/Nouvelliste et vice-président de Rhône FM).

Et le village de Veysonnaz, pendant ce temps là? Et Clèbes ? Le village de Veysonnaz a su garder son quant à soi, en maîtrisant son expansion et en ordonnant sur son territoire les différents types de zones à bâtir. Décision particulièrement bienvenue, la Commune vient de créer et d’aménager un lotissement de 80 parcelles en dessous du village destinées aux résidents permanents. C’est une aubaine pour les jeunes de l’endroit, ou de retour au pays, de construire sur des terrains meilleur marché qu’à la station, dans le prolongement du village.


Au village même, la plupart des habitations ont été rénovées; des logements sont mis en location. L’un ou l’autre quartier, quasiment tombés en désuétude, reprennent ainsi vie. Depuis 1960, la population a passé de 350 habitants à 558 en 2010. Et dans le même laps de temps, les recettes communales ont bondi de 40000 francs à 3500000 francs, ce qui laisse entrevoir une capacité d’investissement non négligeable. L’aménagement de l’artère centrale de la station serait-il à portée de main? Selon le président, Henri Bernard Fragnière, le projet est prioritaire pour la commune.

Avec le tourisme, Veysonnaz s’est trouvé en mesure de développer une économie locale relativement saine et durable. C’est devenu un lieu attrayant, particulièrement, on l’a dit, pour les franges plus jeunes de la population. Les sociétés locales font preuve de dynamisme. Elles mettent sur pied chaque année un comité chargé d’organiser la Fête au village à la mi-août, fête qui rencontre un grand succès populaire.

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Veysonnaz, village où la politique la plus active est celle du tourisme Veysonnaz, comme la plupart des communes de montagne du canton, était agricole vers 1950, habitée essentiellement par une population qualifiée d’ouvrier-paysan. L’agriculture ne nourrissant plus son homme, le défi était, bien entendu, d’éviter l’exode à l’instar d’autres villages de la région. Une activité nouvelle devenait, dès lors, indispensable. Le TOURISME: l’idée germait depuis des années dans l’esprit de quelques pionniers qui concrétisèrent leur rêve, un beau jour de juillet 1961, en partant à l’assaut de Thyon avec la première cabine. Téléveysonnaz réussissait son pari, retardé par d’innombrables embûches administratives et autres! Une nouvelle ère débute avec l’offre touristique qui apporte des places de travail, si recherchées, et complète avantageusement l’activité agricole. Du coup, les saisons d’hiver offrent une alternative. Le tourisme devient une activité au service de la population locale.

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Cela dit: hier, comme aujourd’hui, pour assurer l’existence de l’entreprise, il fallait des « utilisateurs », car ce n’était pas avec les 350 habitants de Veysonnaz que le but était atteint. La nécessité d’augmenter la capacité résidentielle s’est fait rapidement sentir. D’autre part, les structures existantes de Téléveysonnaz ne suffisaient plus à assurer une exploitation optimale. Il fallait une personne au gouvernail… M. René Fournier est confirmé au poste de directeur. Son premier acte traduit cette volonté d’assurer la pérennité de «son» entreprise. C’est ainsi que le premier immeuble, avec plus de 50 appartements destinés à des fins touristiques, a vu le jour en 1970, sous son impulsion et l’agence de location VIP qui assure une occupation régulière.

Les pouvoirs publics sont amenés à réaliser l’infrastructure – voies d’accès, eau potable – ce qui n’est pas une mince affaire pour une commune enregistrant 40000 francs de recettes en 1960, 239600 francs en 1970. Néanmoins, les premières zones touristiques sont équipées et permettent, dès lors, un développement mesuré et contrôlé. L’attractivité du site fait que les possibilités d’hébergement augmentent et par conséquent le premier but est atteint. Téléveysonnaz se développe également en étoffant son offre qui débouche en 1976 sur les «4 Vallées». Cette petite commune acquiert ainsi la possibilité, grâce à l’initiative privée, soit trois sociétés de remontées mécaniques: Téléverbier - Télénendaz - Téléveysonnaz, d’établir un trait d’union avec, à l’époque, la plus grande commune de Suisse : Bagnes. Cette entente du plus petit et du plus grand s’est faite par le biais et le dynamisme des hommes, des entrepreneurs qui les dirigeaient: Me Rodolphe Tissières, Me Michel Michelet et M. René Fournier. Cette ouverture représente dorénavant une carte de visite majestueuse, non seulement pour la région, mais également pour tout le Valais touristique puisque l’ensemble du domaine est le plus grand de Suisse avec ses 400km de pistes et 100 installations de remontées mécaniques. Téléveysonnaz s’oriente vers une nouvelle étape qui devient, vu son développement, incontournable : l’équipement de la « Piste de l’Ours ». En 1981, la télécabine nouvellement construite répond aux vœux d’une clientèle toujours plus exigeante et avide de piste sélective. Cette réalisation complète l’offre régionale et permet à Veysonnaz de franchir le cap des 150 000 nuitées les-


quelles concrétisent l’efficacité du système de location mis en place. En parallèle, l’autorité communale officialise le premier plan d’aménagement du territoire réservant au Tourisme une part importante correspondant à la volonté largement exprimée d’assurer un développement durable de cette activité. Les recettes communales franchissent, pour la première fois, la barre des 1200000 francs et le nombre d’habitants progresse. Le résultat est donc positif. Le tourisme «est la grande chance de la montagne » écrivait un politicien valaisan. Veysonnaz l’a bien compris puisque le développement se poursuit d’une manière toujours mesurée avec à la clef un investissement public pour les services et privé pour étoffer son offre touristique, en particulier sécuriser l’enneigement aux moyens d’installations qui deviennent une nécessité en raison des conditions climatiques. Au passage du millénaire, après avoir véhiculé dans les cinq continents l’image du Valais et de la Suisse, au moyen des 30 Coupes du monde de ski, l’objectif prioritaire de Téléveysonnaz est le remplacement de la télécabine. 2005 reste donc un millésime riche en émotion. Cette nouvelle installation apporte l’excellence à la «Piste des Mayens» et estampille le « produit Veysonnaz » dont l’attractivité a des effets directs. Les nuitées touristiques franchissent la barre des 220000 et les recettes communales approchent les 2500000 francs. L’aménagement du territoire est un sujet vital pour l’avenir de cette commune. Un nouveau plan de zone homologué en 2007 offre toutes les perspectives pour assurer un dévelop-

pement harmonieux et durable. Une zone touristique bien définie et un périmètre urbain réservé aux résidences principales sont les défis choisis et réalisés par l’autorité communale. Le souci majeur de tous les responsables politiques et touristiques tient en un mot: la qualité de l’accueil et du service. L’orientation future, sur le plan communal, devra être consacrée à l’amélioration qualitative du produit en apportant un soin particulier aux infrastructures de la première heure. Au seuil des 5000 lits, Veysonnaz a pratiquement atteint sa vitesse de croisière, si l’on tient compte de sa superficie. Les buts recherchés au départ en 1961, lors de la naissance de Téléveysonnaz, se profilent, à savoir: - créer un village touristique répondant au désir des hôtes et des indigènes - procurer du travail, sur place, à une population sans autre alternative. A l’occasion du cinquantenaire de Téléveysonnaz, la communauté locale se réjouit de ce grand succès et avec les remerciements pour services rendus, lui souhaite «bon vent» vers de nouveaux défis ! I Henri-Bernard Fragnière, président de Veysonnaz

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Les acteurs de l’économie locale s’expriment Le café BonVin – Un trait d’union entre les générations En 1933, ma grand-maman maternelle Mariette Salamolard-Bonvin ouvrait le café BonVin. L'établissement se voulait être un relais de convivialité pour les gens du village et déjà une halte revigorante pour les visiteurs de l’endroit. Ma maman, Anne-Marie, l’exploita durant plus de quatre décennies. Pour des raisons diverses, le café demeura fermé durant 29 ans. Après l’avoir rénové tout en conservant l’authenticité du bon goût et la simplicité originale des lieux, je l’ai réouvert le 23 mai 2008. Je reprends le flambeau du service carrément « sur l’injonction» de nombreux amis pour qui le Café BonVin pouvait fonctionner comme trait d’union entre la station et le village. Des vins du Valais alliés à une restauration qui sent bon les produits de nos cultures peuvent rassembler à l’occasion les villageois et les hôtes du moment. Il n’est même pas rare que je puisse assister à d’amicales rencontres et discussions entre gens qui ne se connaissaient pas quelques instants auparavant.

Redonner une âme à un petit café de village où l’on se sent comme chez soi, où se mêlent tradition et modernité, c’est en fait imaginer qu’un jour il ne sera plus nécessaire de marquer une différence entre la station et le village; un jour de fête, car la convivialité entre tourisme et les activités pastorales de notre région aura trouvé sa parfaite harmonie. C’est à cette fin-là que je destine la réouverture du Café BonVin et que je comprends ma contribution au développement de notre communauté de Veysonnaz. Un développement dont Téléveysonnaz aura été et demeurera la colonne vertébrale puisque le ski et les autres sports d’hiver restent la meilleure opportunité d’évasion que nous pouvons offrir à ceux qui choisissent la montagne et l’hiver pour se ressourcer. Cela ne diminue pas la merveilleuse attraction que constitue le réseau de balades que représente pour les vacances notre belle région du Valais central. Geneviève Praz

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Ma folie n’en était pas une! L’auberge de Magrappé fut inaugurée le 20 décembre 1962. Il s’agissait de la concrétisation d’un coup de folie. J’avais 24 ans, je devais imaginer l’exploitation la plus judicieuse de nos terrains attenants à la gare de départ de la télécabine récemment mise en place. Ma persuasion que le tourisme était sur le point de modifier les données économiques du développement de notre village a vraisemblablement participé à mon engouement débridé pour cette aventure. J’avais aussi l’ambition d’être mon propre chef. Lorsque je regarde l’auberge de Magrappé aujourd’hui, 50 ans plus tard, je ne peux que me conforter en réalisant que ma folie n’en était pas une et que l’Auberge a été durant toutes ces années un pilier indispensable à l’accueil et au développement touristique de Veysonnaz. Cela ne m’empêche pas toutefois de reconnaître que j’y ai versé des larmes de joie mais aussi de peine. L’hiver 1963-1964 fut sans neige. Donc pas de touristes, pas de clients. Et seule la fidélité des villageois nous a permis d’assurer les frais généraux. Durant les deux premières années, le fonctionnement de la partie hôtel fut entière-

ment redevable aux familles Thévenoz et Maître qui y passaient tous leurs week-ends. Cinq ans plus tard, des raisons personnelles, m’ont cependant forcé à faire un choix : devenir un hôtelier ou demeurer un employé de banque. Ce fut l’employé de banque qui s’imposa et l’hôtel fut mis en gérance jusqu’à sa vente au début des années 90. La construction de l’hôtel Magrappé était à son départ d’une audace comparable à celle des promoteurs de la télécabine. En ce qui me concernait, il s’agissait aussi d’une envie débordante de vouloir contribuer au maintien du développement économique de mon village. Téléveysonnaz comme l’Auberge Magrappé font partie de la même vision fantasque de l’époque qui s’avère avoir été une planche de salut aujourd’hui. S’il fallait recommencer… j’y renoncerais toutefois… Ce fut très difficile et en ce qui concerne l’hôtellerie, un pionnier solitaire est destiné à s’épuiser rapidement.

Marcel Fournier, initiateur du projet et premier propriétaire de l’Auberge de Magrappé

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La Remointze: un élément de leur vision A l'aube de mes 50 ans, en 1997, j'ai aussi voulu, en prenant mes propres risques, apporter ma pierre à l’édifice touristique de Veysonnaz. Cette décision fut certainement motivée, d’une part, par l’exemple de mon père qui, des années auparavant, s’était engagé dans la mise en place d’une entreprise de construction principalement orientée vers la promotion touristique et, d’autre part, par mon ambition à développer mon propre projet, avec mes propres moyens. La construction du café-restaurant de la Remointze a débuté en 1990. L’établissement fut géré dès son ouverture, en 1994, par mon épouse. Les exigences du commmerce et les difficultés logistiques de gestion m’ont poussé, en 1997, à faire un choix difficile: quitter ma position de cadre, à la Banque Cantonale à Sion, et apprendre les rudiments d'un nouveau métier aux multiples facettes. Ma conviction que Veysonnaz avait un potentiel énorme dans l’économie touristique du Valais a énormément contribué à me conforter dans mon choix. Le défi que nous avons relevé, avec mon épouse, nous a procuré beaucoup de satisfactions. La Remointze se veut

une respiration à mi-parcours, dans le cadre majestueux des Alpes, pour les skieurs en hiver et une halte bienvenue pour les randonneurs, dans le charme bucolique des Mayens, en été. Les initiateurs de Téléveysonnaz sont en fait à l’origine de plusieurs initiatives et idées développées parallèlement ou à la suite de la construction de la première télécabine. La Remointze est un élément de leur vision.

Norbert Lathion, restaurant La Remointze

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Le village de Clèbes, pour sa part, a pris une part active, on l’a dit, aux activités touristiques; il en a tiré profit en termes d’emploi, de développement de la petite entreprise… Sis sur la Commune de Nendaz, le village est partie prenante de la station. Le plan d’aménagement qui se décide en ce moment prévoit une zone à bâtir touristique, ainsi qu’une zone pour les résidants permanents. Quant au hameau de Verrey, grâce aux rénovations, il retrouve son lustre d’antan. Depuis le lancement du tourisme, la population a su faire preuve d’un esprit constructif, sans perdre son âme.

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Chapeau aux pionniers de Téléveysonnaz! En 1961, quand des promoteurs ont eu l’idée de développer la station de Veysonnaz par la construction d’une télécabine, c’était alors pour moi, à 11 ans, un bonheur que de pouvoir pratiquer mon sport favori, le ski, sans devoir remonter la pente à pied avec les skis sur les épaules. Les premières années, nous étions les dameurs de pistes en descendant en escalier depuis Thyon afin de donner à nos touristes les plus beaux souvenirs sportifs de notre région. Bien sûr, nous fûmes récompensés par un abonnement journalier pour le dimanche suivant. Le développement a suivi avec les dameuses qui nous ont remplacés et l’installation de plusieurs téléskis donna un plus grand choix de pistes. Puis vint l’ouverture de restaurants et bars de nuit où nous passions, en compagnie de jeunes touristes étrangers, des moments inoubliables. Jusqu’au jour où, en ce qui me concerne, je rencontrai une jeune Hollandaise venue travailler à l’agence VIP et qui depuis est devenue ma femme et travaille toujours encore en tant que caissière à Téléveysonnaz.

Ce développement m’a aussi permis de vivre et d’avoir une activité professionnelle en tant que technicien sanitaire sur tout le territoire veysonnard, soit en installant des salles d’eau spacieuses dans les nouveaux chalets construits sur Clèbes et Veysonnaz ou en réparant les anciennes constructions ou encore en assurant la construction ou l’entretien de nouveaux réseaux d’eau potable de la commune. 50 ans plus tard, la mise en place de nouvelles remontées mécaniques attirent toujours plus de touristes, donc plus de travail. Nous ne pouvons que tirer un grand coup de chapeau à ces pionniers de la construction de la télécabine, premier maillon du développement touristique à Veysonnaz. Simon Fournier, époux de Marije

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Inalpe de Combyre, chaque année l’événement


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Jean-Marie Fournier: qu’en pensez-vous ? Les 4 Vallées demain? Le concept des 4 Vallées garde toute sa pertinence et demeure évidemment vital. L’ouverture sur d’autres champs de ski apporte à tous une valeur ajoutée. Nous serons d’ailleurs à nouveau confrontés à cette question dans un futur proche, j’en suis persuadé. Cela dit, depuis 1976, date du lancement des 4 Vallées, la donne a beaucoup changé; un actionnariat majoritaire existe tant à Nendaz qu’à Veysonnaz et Télénendaz dispose d’une participation de 11% au capital de Téléverbier. Cette situation nouvelle devrait contribuer à assurer la pérennité des 4 Vallées. Dans les prochains temps, il conviendra de se mettre à table afin de prendre des décisions allant dans ce sens et permettant d’éviter les problèmes rencontrés par le passé. Certains évoquent la fusion des 4 sociétés: Téléverbier, Télénendaz, Téléveysonnaz et Téléthyon. Il faut se rendre compte que les économies d’échelle risquent d’être peu conséquentes; les frais fixes des remontées mécaniques représentent environ 80% du chiffre d’affaires et déjà aujourd’hui Télénendaz et Téléveysonnaz ont pratiquement une exploitation commune. Mais nous restons bien évidemment ouverts à toute solution qui pourrait renforcer la compétitivité de notre domaine skiable, y compris une fusion. 86

Préférence aux investisseurs de la région? Nous sommes convaincus que les acteurs locaux ont une meilleure vision des intérêts légitimes de la région. L’épisode mouvementé de la Compagnie des Alpes a bien montré que les sensibilités et les priorités n’étaient pas les mêmes. Cela posé, les investisseurs extérieurs sont les

bienvenus. A nous de faire en sorte que certaines règles du jeu et conditions essentielles soient respectées. Tout en étant conscients que la personnalité et l’attachement à leur région des différents acteurs assureront la maîtrise de l’économie touristique de montagne en mains locales. Quel tourisme pour nos régions de montagne? Notre principal atout, c’est bien sûr la beauté des paysages et de la nature. C’est nous qui avons donc un intérêt vital à préserver ce formidable patrimoine. Notre région de montagne est un terrain idéal pour la mise en valeur touristique, tant hivernale qu’estivale. L’offre de base classique bénéficie de compléments attractifs tels que l’agrotourisme, les bisses, les raquettes, la peau de phoque, etc. Ces dernières activités sont parfois identifiées sous l’appellation «tourisme doux». Mais que l’on ne s’y trompe pas, en tant que tel, le tourisme doux est un complément attrayant mais n’a pas pour mission de permettre l’exercice d’une activité économique performante susceptible d’assurer «le maintien de la population de montagne en montagne». De plus, les faibles incidences financières qu’elles génèrent ne permettront jamais la rentabilisation des investissements. Maintenant il faut s’atteler au cœur du problème, à savoir la commercialisation et le marketing. Points à mon sens faibles de notre produit, dus à l’insuffisance de moyens. Quelles relations avec le microcosme cantonal? De tout temps, pour la plus petite commune du canton, il a été vital de nouer des liens avec l’extérieur et de chercher


des appuis appropriés. On l’a vu pour la construction de la première télécabine. Cette même attitude d’ouverture s’est avérée payante par la suite que ce soit dans le cadre des 4 Vallées ou dans la recherche de synergies avec Nendaz. Nous avons investi dans les activités sportives en soutenant divers clubs et associations dans le canton dans le but de corriger un déficit de notoriété important et d’étoffer, d’améliorer par là-même le tissu de relations de Veysonnaz à travers le Valais. Quels contours pour la nouvelle loi sur le tourisme? Pour bien appréhender la nouvelle loi sur le tourisme, je dois dire deux mots d’abord sur l’ancienne loi. Je me suis engagé contre ce projet que je trouvais inéquitable, car notamment, il ne mettait pas à contribution les grands secteurs de l’économie: la grande distribution, les banques, les assurances etc. qui tirent, on le sait, et c’est tant mieux, grand profit du tourisme; il y avait aussi la distorsion à la concurrence entre les entreprises due à la taxe de promotion touristique et surtout l’imposition aux stations ou régions de résultats en terme de nuitées et l’exigence d’un budget minimal pour exister. Ceci aurait conduit immanquablement à la disparition d’activités touristiques dans certaines régions, ce qui était bien évidemment inacceptable. L’obligation imposée à certaines stations de se regrouper sans qu’il y ait de cohérence entre elles ne m’apparaissait non plus pas une bonne idée. Je pense qu’aujourd’hui nous devons laisser les stations se regrouper naturellement, sans contraintes. Il y a déjà nombre de regroupements qui se sont faits, d’autres suivront.

Certaines stations resteront seules car il n’y a pas d’autre choix. Cela ne sera pas grave : si la nouvelle loi passe, elles bénéficieront de plus de moyens quand même et profiteront aussi de l’augmentation sensible des moyens de la promotion cantonale. En ce qui concerne le financement, sans entrer dans le détail, le législateur doit tout d’abord prendre en compte l’urgente nécessité de l’augmentation des moyens de marketing pour le tourisme et plus largement pour la promotion économique du canton. Mais, encore une fois, il est essentiel de corriger l’énorme différence de moyens existant par rapport aux principaux concurrents européens, sans compter l’énorme apport de contributions étatiques chez nos voisins pour la réalisation de leurs infrastructures. Ce qui n’a bien évidemment pas été le cas chez nous. Il s’agit donc d’augmenter fortement le budget actuel de la promotion touristique. On peut l’obtenir en proposant une contribution faible mais équitable de tout le monde, ce qui engendrerait des moyens importants et suffisants. D’autres perceptions pourraient être introduites, à leur guise, par les communes. Une proposition de loi comportant ce type de mesures devrait emporter une large adhésion et je fais personnellement confiance au sens des responsabilités de la classe politique et des citoyens pour doter l’activité économique principale de ce canton des moyens nécessaires à sa compétitivité dans un marché en ébullition permanente. ❚

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Demi-siècle, vue imprenable Veysonnaz est sans conteste le plus bel endroit du monde. La preuve : c’est de là qu’on voit le mieux Savièse. L’inverse n’est pas tout-à-fait aussi vrai: de Savièse, on ne voit pas d’abord Veysonnaz, mais la grande pyramide – on n’ose pas dire le cône, ça sent la politique – de Thyon. Comme un tout monumental, cohérent. Avec la saignée de la piste de l’Ours au milieu, évident trait d’union vu d’en face, mais me dit-on, dernière pomme de discorde dans un verger où tout porte à l’harmonie. La célébration d’un anniversaire est un grand moment d’autosatisfaction. Exercice salutaire dans ce monde qui oublie si facilement le chemin parcouru. C’est aussi l’instant privilégié de se dire l’essentiel. Pour que demain soit un peu meilleur encore. Enfants de la vallée, nous gardions trois vaches et une chèvre à Praperoz, au départ du bisse d’Hérémence. Une occupation dont je ne saisissais pas toute la portée pastorale, mais qui laissait du temps à la rêverie. Aurais-je alors seulement imaginé qu’un demi-siècle plus tard, sur ces pentes herbeuses où ma grand-mère mettait en scène les processions des âmes du Purgatoire, allaient déferler les hordes de skieurs, randonneurs, planchistes et raquetteurs dévalant du Greppon ? Sortis tout droit de la saga moderne des 4 Vallées ?

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De là-bas, au bord de la Dixence, Veysonnaz était une sorte d’abstraction. Le bout du monde! Que l’on atteignait en pente douce, au bout du bisse, avant de tourner sur Planchouet, terra incognita… Thyon, la réalité du ski, se résumait alors aux Crêtes, à Theytaz I, au tire-fesse à Debons, à la cabane de la JOC. Tous trésors promis aux plus

grandes destinées touristiques. Alors que Veysonnaz gardait, pour nous autres écoliers salinsards, des airs de bois de lune et le goût sauvage de la conquête. Un espace de randonnées dominicales au-dessus des sapins. Skis sur l’épaule et redescente infernale jusqu’aux villages d’en-bas, dans l’abondance des neiges d’antan. Toutes ces réminiscences pour situer le propos : bien avant d’en écrire, j’avais pour ce coin un fond d’appartenance. Et cela m’autorise un brin de pertinence dans la mesure d’une évolution. Il faut dire, en plus, que dans ces années 40 à 60, Veysonnaz n’était encore, pour la bonne société sédunoise, excusezmoi du peu, que l’arrière-pays des Mayens de Sion. Cet ouvrage le raconte bien: un village en pleine dépopulation, aux perspectives agricoles mourantes et aux emplois liés au passage, à l’aube, du car de Chippis. Comme ailleurs, l’exception confirmait la règle : une terre de pauvreté fournit une grande richesse d’intellectuels. Droit, église, diplomatie et académie doivent à cette montagne un terreau fertile. A condition d’en sortir… Quoi qu’on en dise aujourd’hui, la bouche pleine, le tourisme a balayé tout ça. LE DÉPART ET L’ARRIVÉE Je vous parle d’un temps… Mais revenons à la case départ et posons-nous en prophètes de l’après-coup. Connaissant les fondamentaux, combien de chances avait Veysonnaz, par comparaison avec les autres acteurs potentiels de la pièce, à jouer les premiers rôles dans l’économie régionale ? Dans la


course effrénée qui s’est engagée dès la fin des années cinquante pour la réalisation des infrastructures du triangle Les Collons-Thyon-Veysonnaz, la ligne de départ était encombrée et la dernière nommée n’était pas favorite. Aujourd’hui, et pour autant que l’on soit sur la ligne d’arrivée, Veysonnaz peut aligner, dans la partition touristique, de ces éléments qui font que l’on amène un « plus» à l’aventure valaisanne des trente glorieuses: - la place gagnée sur la scène internationale du sport d’hiver est primordiale. L’enjeu est cantonal. Le fait que cette place soit disputée souligne encore sa pertinence. Il va falloir remettre l’ouvrage sur le métier; - le modèle VIP mis en œuvre par René Fournier – avec l’hyperactive Fleurette – ne fait que des envieux. Cette intégration verticale des activités d’une station est le credo des investisseurs autant que des politiques. Reste à en tirer les enseignements réels, éviter que la concentration du pouvoir ne conduise à l’étranglement des initiatives; - la bataille, légalement mais provisoirement gagnée, des canons à neige, est un apport décisif pour l’avenir des stations hivernales. Il faut en tirer une politique; - le rapprochement avec le grand voisin, Nendaz, est prometteur. On voit mieux les choses avec du recul. Sans compter la valeur ajoutée du réseau des 4 Vallées sur le plan de l’offre en domaine skiable. Primordial, mais ne pas oublier les petits pas qui ont fait les grands: où serait-on sans Tortin-Chassoure ? LA SUEUR ET LE BRUIT Tout cela, d’accord, s’est fait dans la sueur, le bruit et parfois la confusion. Mais quelle station pas encore quinquagé-

naire peut se targuer d’une telle contribution pour faire avancer la cause du tourisme cantonal? Hélas, de l’octroi de concession de la télécabine de 1961 à la réalisation de la Piste de l’Ours et jusqu’à la mise en place du concept des 4 Vallées, toute l’histoire de ce secteur est une suite d’affrontements, de rapports de force, de rivalités et de luttes d’intérêts. Cela dans une constance et une intensité sans pareilles dans la construction touristique valaisanne. Pourquoi? C’est toute la question. L’évidence de la communauté de destins est criante. Vu d’en face, cet ensemble régional a tous les atouts pour faire face aux défis de la nouvelle génération du tourisme. A condition de réunir les forces et de cesser de disperser les énergies. Les prémices et les augures sont là: les perspectives de mise en commun des sociétés de remontées mécaniques, le rapprochement des communes dans un remaniement territorial indispensable, les nouveaux investissements prévus de part et d’autre, tout devrait faciliter une remise à plat des objectifs et un nouveau tour de table avec les acteurs locaux et régionaux. Jean-Marie Fournier faisait ses premières dents quand son père a inauguré la première télécabine de Veysonnaz. Cinquante et quelques hivers plus tard, ce grand dévoreur d’idées a encore assurément assez d’appétit pour jouer le rôle qui s’impose au final dans cette pièce exemplaire: être le rassembleur des volontés d’avancer. Bon anniversaire ! I François Dayer, journaliste

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Elévation Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par delà le soleil, par delà les éthers… Baudelaire

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Epilogue Les 50 ans de Téléveysonnaz, c’est l’histoire d’une longue course d’épreuves tantôt épuisantes, tantôt lumineuses, parfois sombres mais toujours passionnées, le plus souvent gagnantes avec, à l’arrivée, une réussite économique incontestable. Ce fut l’affaire d’un grand nombre d’acteurs qui y ont cru, qui ont mouillé leur maillot et qui, là où ils étaient, ont contribué à construire l’édifice. Ils méritent aujourd’hui notre hommage. La clé de voûte de l’entreprise a été bâtie par une poignée de personnages hors du commun, hommes et femmes, qui ont pensé le développement de ce petit coin de terre en nouant les alliances stratégiques indispensables et qui ont su profiler Veysonnaz sur la scène régionale et internationale. Cette histoire s’est écrite en trois temps, brièvement esquissés dans cet ouvrage. Chacun de ces temps a eu sa raison d’être. Sans l’intuition et la ténacité des pionniers de départ, Veysonnaz, qui sait? serait encore un village assoupi, fréquenté par quelques visiteurs occasionnels. Et sans la maîtrise économique de certains acteurs-clés qui ont pris un jour les rênes du tourisme local, on en serait

peut-être à quémander des aides providentielles. Mais on ne refait pas l’histoire. Veysonnaz dispose aujourd’hui d’atouts déterminants pour forger son avenir: une population jeune en augmentation, enrichie d’apports extérieurs des plus précieux, un aménagement du territoire maîtrisé, un vivier d’emplois dont bon nombre peuvent être créatifs et enrichissants, une commune dotée d’une capacité d’investissement non négligeable. Il revient aux acteurs du crû d’affronter les enjeux structurels et qualitatifs de développement qui sont aujourd’hui les leurs en cherchant, ce qui fut souvent laborieux par le passé, à promouvoir entre eux des relations délibérément constructives et institutionnalisées. Il y a sur place un capital humain remarquable. C’est la «mayonnaise» qui peine à prendre parfois. Encore plus que par le passé, le sort des communes voisines de Veysonnaz et Nendaz est intimement lié. Les collaborations se sont déjà diversifiées, dans plusieurs domaines. Un jour ou l’autre, ne devrait-on pas se mettre à table et esquisser, puis concrétiser une vision intercommunale du développement territorial?

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Quant au groupe VIP/Téléveysonnaz, il se trouve aujourd’hui en excellente position pour parachever ses investissements en termes d’amélioration des remontées mécaniques et de promotion immobilière, en synergie avec les autres investisseurs intéressés par le développement de la région. Bientôt forte de 7000 à 8000 lits, Veysonnaz-station atteint peu à peu les limites des zones à bâtir touristiques, le magnifique versant des mayens étant réservé au tourisme doux et aux activités agro-pastorales. C’est du côté de Clèbes, on l’a évoqué, que des possibilités attrayantes s’ouvrent pour une promotion immobilière mesurée, mais aussi au Mayen de l’Ours, sur les communes de Salins et des Agettes.

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Reste un enjeu de taille qui doit titiller l’esprit de l’ensemble des acteurs: le tourisme d’été. On a déjà fait preuve d’imagination. Une offre intéressante d’activités diverses est à disposition. Mais on est encore loin du compte. C’est dans ce domaine tout particulièrement que la collaboration entre les sociétés de développement de la région peut être fructueuse, avec la production d’une palette partagée d’activités, d’événements, de services, d’équipements. De quoi nourrir les campagnes de publicité menées d’un commun accord.


De par la répartition actuelle du capital-actions des deux sociétés, Téléveysonnaz et Télénendaz collaborent de plus en plus étroitement et constituent au sein des 4 Vallées un pôle central incontournable. Quand on connaît la détermination des responsables actuels de continuer à « penser régional », il y a de fortes chances que le concept forgé par les Tissières, Michelet et Fournier vivra encore de beaux jours. Il n’est pas interdit de rêver. Belle épopée que ces 50 ans de Téléveysonnaz!

❚ Jean-Maurice Délèze*

* L’auteur de cet ouvrage est un enfant du pays. Fils cadet d’Henri Délèze, il a fait ses études au collège de Sion (option classique), puis aux Université de Fribourg et Oxford (sciences économiques et politiques, économie rurale). Il a œuvré pendant 40 ans dans la coopération internationale auprès de la Direction du Développement et de la Coopération (DDC). De 1993 à 2005, il a conduit la Section Afrique occidentale. Très attaché au continent africain, il a gardé des racines en Valais. Actuellement en retraite active, il poursuit son engagement en faveur de rapports Nord-Sud plus équitables et il coordonne un groupe, créé en 2005, qui vise à documenter le passé et le présent de Veysonnaz, Clèbes et Verrey (voir le site internet www.veysonnaz-chroniques.ch)

Un grand merci aux personnes qui ont facilité la rédaction de cet ouvrage, en particulier à Olivier Fournier pour la mise à disposition de documents, à Henry Fournier pour ses appuis, à Michel Praz pour la qualité de ses informations, à notre fils aîné Jean-Baptiste pour la patiente relecture de l’épreuve. Notre reconnaissance va aussi à celles et ceux qui y ont apporté leur contribution ou leur témoignage et, cela va de soi, aux professionnels d’IGN SA (Impression Graphisme Nendaz), à Basse-Nendaz.

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Veysonnaz - Nendaz, destin commun



GRAPHISME

IGN SA - Impression Graphisme Nendaz

RELIURE

Schumacher AG

PHOTOS

Michel Darbellay Martigny, Jean-Pierre Guillermin Nendaz, Le Matin Dimanche, Le Nouvelliste François Mamin, Aline Fournier Nendaz, Bernard Dubuis Erde, Klopfenstein Adelboden, Photo Perrochet SA Lausanne, collections privées

Achevé d’imprimer en septembre 2011 par IGN SA sur papier couché demi-mat 170gm2, composé en caractères Serifa et TradeGothic et tiré à 1000 exemplaires

ISBN 978-2-8399-0933-4



ISBN 978-2-8399-0933-4


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