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À moto, Hatzalah sauve des vies en Israël | Ouest-France 28.08.2016

À moto, Hatzalah sauve des vies en Israël

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Paul Lorgerie | Dimanche Ouest-France 28.08.2016

Créée en 2006, Hatzalah est l’unité de secours la plus rapide au monde. Composée de bénévoles, elle prouve qu’Israéliens et Palestiniens peuvent travailler main dans la main.

Reportage

Eli Beer aime raconter son histoire. Ou plutôt celle de son organisation, lancée en 1986 à selle de mobylette, un talkie-walkie branché sur les ondes des urgences à la main.

À 17 ans, il est ambulancier volontaire. Lors d’une intervention, un enfant de 7 ans meurt dans ses bras sur le chemin de l’hôpital : « Chaque fois que je sauve une vie, je pense à lui. » Il décide de compenser la lenteur des ambulanciers en chevauchant un engin motorisé. Contournant les règles, lui et une dizaine de copains arrivent les premiers sur les lieux d’accidents pour maintenir les victimes en vie.

En toute indépendance

Depuis, son projet a fait du chemin. En 2006, il fonde United Hatzalah, « unis pour sauver » en hébreu. Dix ans plus tard, l’organisation quadrille le territoire israélien, fédère 3 000 volontaires et dispose de 15 millions de dollars (13 millions d’€) de budget, apporté par des dons privés, afin de préserver son indépendance.

Équipés de 500 motos, appelées « ambucycles », ces hommes et femmes interviennent sur les accidents de la route, ou les attaques, à toute heure. « Appelez une ambulance, et trois minutes plus tard, un type vêtu d’un pyjama et d’un gilet orange débarque à moto », sourit Eli Beer.

En 2015, United Hatzalah a réalisé 275 000 interventions gratuites. Ils sont effectivement sur place en 3 minutes en moyenne, 90 secondes en ville. Hatzalah est l’unité de secours la plus rapide au monde.

Tous ses membres sont munis d’un sac de premiers secours et d’un téléphone relié au centre de contrôle, basé à Jérusalem.

Jacob, 29 ans, était coiffeur-barbier à Jérusalem. Le jour où l’un des sauveteurs a secouru sa fille, ce juif orthodoxe a abandonné son métier pour se consacrer à la cause. Dans un petit calepin, il compte, entre deux interventions, les personnes qu’il a secourues. « Trente-cinq, depuis la fin de ma formation il y a quatre mois », détaille-t-il.

Des bénévoles en intervention à Tel Aviv, grâce aux « ambucycles ».

David mahfoud

« Une vie est une vie »

Les volontaires suivent une formation, « l’une des plus poussée au monde », selon Jonathan Chiche, qui récolte des fonds pour l’organisation en France. Les ambulanciers de Magen David Adom, le service des urgences israéliennes, « nous voient comme des concurrents. Mais nous sommes un complément », martèle-t-il.

Les portes de l’organisation sont ouvertes à toutes les religions. Car le credo d’Hatzalah est le suivant : « Nous avons le même sang qui coule dans nos veines. Une vie est une vie. Point. » Ainsi, Palestiniens et Israéliens se tutoient dans un environnement qui tend à les séparer.

Avec l’ouverture d’une unité dans le village de Taybeh, en Cisjordanie, et des volontaires installés à Jérusalem Est, partie arabe de la ville, Hatzalah couvre des zones que certains ne peuvent atteindre : « Si nous voulons réellement sauver des gens, nous devons construire un pont entre toutes les communautés et religions », répète Eli Beer.

Alors que l’État israélien a officiellement reconnu l’organisation en 2015, son modèle s’exporte dans le monde. Panama, Ukraine, Afrique du Sud, Australie et États-Unis adoptent cette philosophie.

Parce que, au final, « quel est le métier rêvé des enfants à travers le globe ?, interroge Jonathan Chiche. Devenir un super héros. Et les membres d’Hatzalah en sont. Des héros du quotidien avec un gilet orange en guise de cape. »

Paul LORGERIE.

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