Extrait du "Bal des poussières"

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EXTRAIT


Collection « Imaginaires » Cet ouvrage est publié avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Graphisme : Mélanie Dufour Illustration de couverture et cartes de l’incipit : © Dominique Marquès © Les Impressions Nouvelles – 2012 www.lesimpressionsnouvelles.com info@lesimpressionsnouvelles.com


Katia Lanero Zamora

Chroniques des Hémisphères Tome I

Le bal des poussières

LES IMPRESSIONS NOUVELLES



À mes Indémodables. Et vive la 25ème, tsouin tsouin.



À

la fin du XXIème et dernier siècle de l’ère chrétienne, une maladie a décimé les populations du Sud et déferlé vers le Nord comme une vague de mort. Devant le chaos menaçant, les pays les plus riches ont érigé le Mur pour stopper la contamination. Ils ont finalement condamné tous les passages. Les deux Hémisphères se sont oubliées, repliées sur elles-mêmes.


Au Nord Le Conseil d’Administration des Grands États du Nord fédère les grandes cités autour de leur capitale, Urbe. Celles-ci ne peuvent entrer dans la coalition qu’à condition de générer un PIB d’au moins cinq milliards de Nordiques. La société de la coalition est basée sur un système de castes : tout en haut de l’échelle, les Bien-nommés, puis les Nommés qui peuvent vivre dans les villes. Les plus nombreux sont les Sans-patronyme, qui s’entassent dans les favelles des banlieues, aliénés à la khalendra, plante miracle si elle est de bonne qualité, toxique si elle n’est pas transformée. Les villes qui ne sont pas suffisamment riches pour entrer dans la coalition sont peu à peu désertées, et deviennent un no man’s land de ruines. Au fil des siècles, la nature reprend ses droits sur ces territoires qui retournent à l’état sauvage : un refuge idéal pour les Marginaux, les fugitifs et les hors-la-loi.


Au Sud Les Guerres ethniques ont fauché les survivants de l’épidémie. Un traité de paix et d’alliance est finalement signé pour permettre la reconstruction des ethnies. Au Faso, les Naabas élus par les Chefs de village se succèdent, écartant les femmes de la politique et les reléguant au foyer. Les peuples se tournent vers leurs anciennes croyances, la magie renaît. La vénération des talismans des dieux du soleil et de la pluie maintient un fragile équilibre ; l’histoire des victoires et des défaites du passé se transmet sous l’Arbre à Palabres. Les garçons sont élevés selon les lois des Hommes Intègres et on consulte les soyas pour guérir, prédire, exorciser.

Notre histoire commence alors que la présidente du Conseil d’Administration de l’Urbe, Sédaline Binger, vient d’ordonner la réouverture du Mur pour piller les richesses du Sud. Le monde est à nouveau uni, le Sud dominé.


Les personnages Au Sud

Yéné, dit Yéné le Percé : Capitaine de la garde personnelle du Naaba Sissao, époux de Sali.

Abdoulaye : Frère de Sagana, fils d’Oko et Biba. Abrahim : Meilleur ami de Sagana et d’Abdoulaye. Azaam le Bon : Naaba assassiné qui a fondé Waga-la-Blanche. Biba : Veuve d’Oko, mère d’Abdoulaye et Sagana. Dini : Ex-capitaine de la garde personnelle du Naaba Azaam, fait partie de la Ligue des Étalons. Mangwa : Fidèle compagnon de Sagana & animal-totem de Caracal. Moussa : meilleur ami d’Oko, fait partie de la Ligue des Étalons. Oko : père d’Abdoulaye et Sagana, fondateur de la Ligue des Étalons. Sagana : Fille d’Oko et de Biba. Jeune fille de la prophétie de la Reine de la Pluie. Sali : sœur de Biba, épouse de Yéné. Fait partie de la Ligue des Étalons. Sissao : Naaba qui a pactisé avec les Nassarahs venus du Nord.

Au Nord Akhal-Teke : Originel de Spes émigré à l’Urbe, époux de Sédaline Binger et père de Caracal. Nom urbain : Elias Binger. Aurochs : membre de Spes, rival de Caracal. Caracal : Fils de Sédaline Binger et d’Akhal-Teke. Relié à son animal-totem, Mangwa. Nom urbain : Cham Binger. Jaguar : Originel de Spes qui a volé l’Attrape-Rêves. Patou : Membre de Spes, compagnon de dortoir de Caracal qu’il surnomme « Mouette ». Phacoch’ : Membre de Spes, compagnon de dortoir de Caracal. Sédaline Binger : présidente de la Compagnie Binger, épouse d’Elias et mère de Cham. Shikra : meilleure amie de Caracal. Yearling : chef de Spes.

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Prologue

L

e Naaba Azaam regarde la nuit s’étendre sur Wagala-Blanche au pied de son Palais. La capitale luit sous la lune, paisible. Il éteint la dernière bougie qui éclaire sa chambre et s’allonge sous les voiles du lit à baldaquin. Il s’endort et rêve qu’il marche dans la forêt aux pieds des cascades de Baän-Forah, sous les ramures des baobabs. Azaam aime cet endroit paisible pour cette impression d’être petit et insignifiant, même s’il est Naaba. Il marche entre les racines énormes et arrive devant le prince des baobabs de la forêt. Des oiseaux nichent et chantent dans ses branches chargées de fruits. Le Naaba Azaam, qui n’a plus mis les pieds dans une forêt depuis trop de décennies, est ému. Il dispose de peu de temps pour lui-même depuis qu’il administre le Faso et qu’il habite le Palais de la capitale. Il s’imprègne de sérénité, de calme, de solitude. C’est alors qu’une araignée blanche surgit derrière lui et avance sur ses huit pattes articulées vers le prince des baobabs. Azaam regarde faire la petite créature avec amusement : elle doit être impressionnée par la grandeur du monde qu’elle s’apprête à découvrir. Pourtant, l’araignée s’arrête sur une racine et y plante ses crocs qui déversent un liquide blanc visqueux. Le venin enveloppe la racine, puis contamine celle d’à côté, progresse vers le tronc, monte jusqu’aux branches. Azaam s’élance, mais trop tard il le sait, pour stopper l’infection et appose ses mains sur le tronc. Le venin les recouvre, puis ses bras, son torse, les brûle comme au fer blanc. Le Naaba lève les yeux pleins de panique pour voir avec horreur que le venin a gagné les oiseaux et les fruits. Un feu se déclare. En quelques instants, il ne reste du baobab qu’un tas de cendres grises depuis lequel l’araignée

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blanche le toise. De ces cendres naissent d’autres araignées qui s’élancent en légions vers les baobabs de la forêt. Le Naaba Azaam se réveille en sursaut dans le lit de sa chambre du Palais, le front couvert de sueur et convoque son fidèle conseiller. Il plante son regard qui a vu l’horreur dans les yeux vert d’eau de son ami. – Mon cher Dini, lui confie-t-il en prenant ses mains, des heures sombres menacent le Faso. Le pays des Hommes Intègres va avoir besoin de toi.


PREMIÈRE PARTIE



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L

e petit garçon ouvre les yeux. Le visage de son père dans la lumière tamisée de la veilleuse l’apaise. – Cham, réveille-toi… – J’ai encore fait un cauchemar ! Elias serre Cham dans ses bras puissants. Le petit garçon cesse de pleurer après quelques minutes pendant que son père lui caresse les cheveux. Quand ses sanglots sont éteints, il dit : – Habille-toi. On part en balade. Cham regarde par la fenêtre alors que son père pose des vêtements sur son lit. – Il fait encore nuit ! – Je sais, mon grand. Cham ne comprend pas mais obéit à son père. – Viens, on y va. Il prend son petit garçon à califourchon sur sa hanche. Il jette un dernier regard à la chambre de l’enfant le plus gâté du monde, vérifie que sa flûte est toujours bien accrochée à sa ceinture et ferme la porte. Pour le reste, tout se passera comme prévu.

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Sédaline Binger ne se grille une cigarette d’herbe violette qu’en deux circonstances particulières  : quand elle est contrariée et quand elle est anxieuse. Ce soir, le cendrier déborde de mégots. Lorsque la femme la plus puissante du monde se met en colère, cela se ressent d’un côté à l’autre de l’Urbe. En une seule journée, elle peut suspendre les négociations en cours, provoquer la perte de plusieurs centaines de milliers de Nordiques, faire revenir mille cinq cents personnes chez elles, remerciées par leur patron, et augmenter l’impôt sur la khalendra de 0,02 %. D’ailleurs, 17


Chroniques des hémisphères aujourd’hui, Sédaline a mis un terme aux recherches sur le lait maternel à la khalendra, qui étaient en cours depuis dix ans. Comme ça. Juste parce que, tout d’un coup, elle s’en fout. Mais, même si elle le voudrait, Sédaline Binger ne contrôle pas tout. Elle écrase sa cigarette mauve sur le coin de son bureau jusqu’à réduire le mégot en miettes, décroise ses longues jambes et s’approche de la vitre qui lui offre une vue imprenable sur l’Urbe au pied de sa tour. Elle promène ses yeux sur les autres tours plus petites et plus humbles où s’allument déjà quelques lumières. Sur les viaducs, les métros se pressent comme des araignées sur une toile. Une immense toile de fer dont le centre est la tour Binger, estampillée d’un caducée, symbole de la victoire de la science sur la nature. On voit scintiller la coupe dorée, comme protégée par les deux serpents ailés qui l’enlacent d’où que l’on regarde de l’Urbe. Dans son cou libéré de ses cheveux blonds retenus en chignon, Sédaline sent le regard perçant et froid de son défunt père. Elle se retourne sur le grand écran accroché au-dessus de son bureau et s’écrie à l’attention de l’effigie numérique : – Oui ! Je sais ! Son père avait raison : jamais elle n’aurait dû épouser ce Sans-patronyme, ce sans-capital, venu de nulle part, avec un goût très suspect pour la nature. Elle croise les bras, se remet à faire les cent pas sous le nez de ses escarpins abandonnés dans un coin de la pièce. Elle se retient de crier. Passe une main dans ses cheveux tirés. Toute la journée sans une seule nouvelle ! Elias, où êtes-vous ? Il a emmené Cham se balader hors des équilibrateurs de climat, comme il le fait souvent. N’est-ce pas déjà l’hiver au dehors, cette saison qu’il aime tant ? Tant d’enthousiasme pour voir tomber du ciel de la vapeur d’eau congelée en cristaux, c’est incompréhensible ! Dès que l’occasion se présente, il emprunte un navicoptère et emmène Cham. Ils

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Tome I : Le bal des poussières reviennent deux ou trois heures plus tard et racontent leur épopée en exagérant beaucoup. Sédaline, comme tous les Urbains, déteste la nature, elle l’abhorre, tant il y fait sale, obscur et puant ! Son fils y prend pourtant goût. Il aime ces balades avec son père, mais là, Elias dépasse les bornes ! Ils devraient déjà être rentrés. Et Olav, son assistant, ne répond pas ! Elle fulmine, broie ses mains l’une dans l’autre. Comme si c’était le moment de lui faire ce coup-là ! La nuit tombe et Cham déteste la nuit, Elias le sait très bien. Il demande qu’on laisse la lumière allumée dans sa chambre, mais malgré ça, il fait des cauchemars. Elias lui a interdit de jouer à « Meurs pour l’Urbe ». Son mari a parfois des réactions étranges : c’est le dernier jeu à la mode, tous les enfants de leurs amis y jouent. « Trop violent pour un enfant de six ans » ! Qu’y a-t-il de mal à jouer à un jeu qui enseigne les valeurs des Grands États du Nord ? Plus jeunes ils les intègrent, meilleurs citoyens ils seront ! Elle s’assied à son bureau et regarde l’image de Cham en fond d’écran de sa tablette. Il est si petit, si parfait. Son teint de marbre, ses cheveux et ses yeux couleur de sable, et puis sa particularité, quelques cils blancs au milieu des noirs sur sa paupière droite, font de lui un parfait Binger. Il le sera, parfait, malgré les efforts répétés d’Elias pour lui inculquer d’autres valeurs ! D’ici quelques jours, il intégrera le pensionnat de ses aïeuls et fréquentera les mêmes institutions qu’eux. Il sera un parfait président du conseil d’administration. Elle croise les doigts, joint les mains. Se répète « Mon Dieu… Mon Dieu… Faites…  » C’est idiot  : l’ère des Religions est finie depuis longtemps et il est démontré scientifiquement que Dieu n’existe pas. Le vidéophone signale un appel. Elle bondit, effleure l’écran-sphère du doigt et l’image miniature d’Olav se matérialise en 3D. Il fait si sombre autour de lui qu’elle comprend qu’il est loin des équilibrateurs de climat. – Bon sang, Olav, où êtes-vous ?

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Chroniques des hémisphères – À la frontière de la Forêt Noire. Sédaline tremble. Jamais Elias ne s’est tant éloigné de l’Urbe. La Forêt Noire est si dense et si profonde que personne, jamais, n’ose s’y aventurer. Au-delà des zones énergétiques, les sagitt’airs douaniers exécutent tout homme tentant de franchir la frontière, sans parler des Marginaux qui dans le meilleur des cas vous dépouillent puis vous égorgent et au pire, vous vendent aux trafiquants d’humains ! – Mais… que faites-vous si loin ? Olav hésite à parler. La vision des arbres nus, aux branches entremêlées, au second plan, terrorise Sédaline. L’assistant frigorifié est mal à l’aise. Il fuit le regard de la microcaméra. – Madame, commence-t-il… Il s’arrête. Il reprend. Regard caméra. Planté virtuellement dans les yeux de sa patronne. – On a repéré le navicoptère de Monsieur Elias. Il a dépassé les zones énergétiques et son navi… Sédaline saisit la sphère du vidéophone à deux mains et la soulève de son socle pour l’approcher de son visage. – Quoi « son navi » ? – Son navi s’est crashé, Madame, nous ne pensons pas qu’il soit possible que… – Qu’attendez-vous ? – Mes hommes, Madame, ne veulent pas pénétrer dans la forêt. – Olav Sdralévicz, si nous n’entrez pas dans cette forêt, je jure que je vous enlève votre patronyme et vous renvoie dans la favelle d’où je vous ai tiré ! – Bien, Madame. La menace de la favelle fait ramper à ses pieds le moindre Nommé de première génération, encore fraîchement meurtri par le blizzard et la misère qui règnent dans ces banlieues. L’image de l’assistant se résorbe et disparaît. Sédaline relâche la sphère qu’elle est à deux doigts de briser et la repose sur

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Tome I : Le bal des poussières son socle. Elle serre les poings. Le regard dur de son père semble dire « Nous ne pensons pas qu’il soit possible que… » Son mari est un Sans-patronyme et son fils, un bâtard. Son père n’aurait même pas cillé en pareille circonstance. « Il y a les faibles, et il y a les Binger. » C’est la devise. Les minutes d’abord, puis les heures passent. Plusieurs fois elle tente d’appeler Olav, mais il ne répond pas. Il cherche. Il doit forcément chercher. Mais plus il cherche, moins elle a confiance. Elle ne tient pas en place, a sorti son chemisier de sa jupe fourreau, détaché ses cheveux. Elle ne répond pas aux appels répétés du standardiste « Madame Binger, le Gouverneur Sophiste De Vathaire pour vous… » Elle finit par hurler dans le parlophone : – Qu’il aille au diable ! Le standardiste n’ose pas envoyer le Gouverneur Sophiste De Vathaire au diable de la part de sa patronne et cherche un mensonge réaliste. Les cigarettes ne servent plus à rien. Sédaline est prête à s’effondrer à la moindre pichenette. « Mon Dieu… Mon Dieu… Faites que… » Quand l’appel retentit, elle relève la tête, incrédule. Olav se matérialise. Ses plaies aussi. Ses vêtements déchirés. Sa mine de survivant. Comme dans « Meurs pour l’Urbe », avec les lèvres gercées, les joues rouges et les cils givrés. – Olav ! Il relève les yeux débordés de larmes. Et fait « Non » de la tête. Elle porte une main à sa bouche, réflexe universel pour ne pas laisser échapper l’espoir. Elle est à bout de souffle, ses larmes déferlent sur un fond de cri désespéré. Animale, elle se retrouve à quatre pattes, les cheveux défaits, criant et frappant le sol. Le soleil se lève. Et à partir de cette aube nouvelle, malheureusement pour les Grands États du Nord, Sédaline Binger n’aura plus jamais rien à perdre.

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Chroniques des hémisphères

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La forêt noire Elias met le feu au navi. Cham trouve ça cool de voir une explosion pour de vrai, comme dans « Meurs pour l’Urbe » ! Waow, la tête qu’ils vont faire, ses amis, quand il va le leur raconter ! Les flammes du navi dansent aux pieds de la falaise et soudain Cham demande comment ils vont rentrer à la maison. Elias ne répond pas. Ils s’enfoncent dans la forêt. Elias regarde tout le temps par-dessus son épaule. Il répète sans cesse « Vite, Cham, allez, vite ! ». Le petit garçon avance, un pied devant l’autre dans la boue et les ronces. C’est la première fois qu’il voit la forêt d’en bas. Son père le tire par la main, ne lui laisse pas le temps de la découverte. Il a l’air inquiet, regarde en arrière. Ils marchent jusqu’à une misérable cabane de bois moisi. – Attends ici. Elias fait le tour de la cabane, revient avec un engin sur deux roues complètement rouillé. Il l’enfourche et aide Cham à s’installer derrière lui. – Accroche-toi. L’engin se jette en avant comme un monstre fou dans un bruit de pétard. Cham ferme les yeux. Ils zigzaguent parmi les arbres à une vitesse affolante alors que la forêt s’étoffe autour d’eux et que le jour décline. Le vent froid gerce le visage du petit garçon qui s’accroche de toutes ses forces à son père. Ils roulent sans relâche jusqu’à ce que l’engin crache un dernier hoquet. – Et merde ! Putain ! rage Elias en frappant le guidon. Cham ne discute pas quand son père lui dit de descendre de la moto. Quand il ouvre les yeux, il voit la neige pour la première fois. La forêt scintille de mille diamants sous les dernières lumières du jour. Elias balance l’engin dans des fourrés et reprend la main de Cham : elle est glacée. Il lui enfile des gants et enfonce un bonnet sur sa tête. Avec son

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Tome I : Le bal des poussières manteau, ses gants et son bonnet trop grands, Cham arrive à lui arracher un sourire. Elias le prend dans ses bras. – Allez, on continue, dit-il après lui avoir déposé un rapide baiser sur la joue. – Où on va Papa ? Elias le fait passer sur son dos, sur le sac qu’il porte sur ses épaules. – Ne fais pas de bruit. La nuit tombe. Les branches des arbres marbrent le ciel. Cham sent l’angoisse de l’obscurité monter en lui. À l’Urbe, il ne fait jamais tout à fait noir. La vraie forêt ne ressemble pas du tout à celles qu’on montre dans les films. Dans chaque ombre, il voit un monstre prêt à le dévorer. Il voudrait allumer la lampe de poche. – Surtout pas, murmure son père, on pourrait nous voir ! – Qui ? – Tais-toi, Cham. Elias est fatigué, il dépose Cham à terre. Ils laisseront deux fois plus de traces mais ils sont proches du but. Un bruit craque derrière eux. Elias sursaute, dégaine une arme et la pointe en direction du bruit en poussant Cham derrière un arbre. Il tombe à la renverse et regarde son père, une arme de soldat à la main. Il ne bouge pas, les yeux fixés sur l’ombre derrière eux. Le silence s’éternise. Soudain, une autre branche craque. Elias tire, attrape Cham par le bras et détale. – Qu’est-ce qui se passe, papa ? Elias soulève le petit garçon, cavale, une détonation étouffée par la neige lui fait courber le dos. Il se baisse, se prend les pieds dans les ronces et tous deux dévalent la pente dans une succession de culbutes. Leurs visages, leurs mains, sont griffés, coupés, meurtris par les cailloux acérés et la terre durcie par le gel. Cham a perdu son bonnet. Il a mal à tout le corps. Plus rien n’obéit. Il entend la voix de son père. – Cham ! Cham, réponds ! Il ouvre les yeux. Son père le prend dans ses bras.

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Chroniques des hémisphères – Excuse-moi, Cham, excuse-moi. Il reprend sa course. Regarde par-dessus son épaule : une silhouette descend la pente à leurs trousses. Autour d’eux, une ville fantôme émerge. Une ville comme l’Urbe, mais inhabitée et triste. Elias s’engouffre dans une rue en ruines dont les bâtiments sont rongés de lierre et de branches d’arbres. Des carcasses de voiture les regardent passer comme des animaux agonisants. Elias ralentit. Écoute. L’inconnu est toujours derrière eux, n’a qu’à suivre leurs traces. Il marche alors à reculons dans ses propres traces et se cache dans l’ombre du squelette d’un autobus. – Papa, murmure Cham, j’ai peur. Elias plaque sa main sur sa bouche. Les pas de l’inconnu se rapprochent, suivent les traces, s’arrêtent avec la piste. Une voix grave s’élève alors de l’ombre. – Tu n’aurais pas dû revenir, Akhal-Teke. Cham a peur que l’inconnu entende son cœur battre. Elias sort son arme. Il murmure : – Agrippe-toi. Il surgit à découvert, tire sur l’inconnu et détale dans la rue. Ses poumons s’embrasent mais il ne sent pas le poids de Cham qu’il serre contre lui jusqu’à l’étouffer. Ils traversent la ville fantôme, Elias s’arrête sur une passerelle et pointe un immeuble du doigt. – Regarde, Cham ! Le petit garçon reconnaît le caducée, symbole de sa famille, sur l’enseigne de la tour. – Rappelle-toi, il y a une tour Binger dans ces ruines ! Tu la vois, Cham ? Est-ce que tu la vois ? Cham acquiesce en pleurant. Une balle les frôle, Elias reprend sa course perdue et ils regagnent une forêt plus dense. Les tirs de l’inconnu se rapprochent. Elias se débat dans les branches entremêlées des arbres sauvages. Il ne peut aller plus loin. Il dépose Cham à terre, lui met le sac sur le dos. – Continue !

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Tome I : Le bal des poussières Le petit s’électrise mais Elias n’y prête aucune attention. Il retire de sa ceinture la flûte dont il ne se sépare jamais et la met dans la main de Cham. – Tout droit ! Traverse le fleuve et continue, toujours tout droit ! Suis l’étoile, tu sais la Polaire, je te l’ai appris, Cham, tu te souviens ? Cham ne répond pas, continue de pleurer, Elias le secoue. – Tu donneras ma flûte au chef  ! Tu m’as compris ? Ne la perds surtout pas ! Il le serre contre lui et lui caresse frénétiquement les cheveux. – Tu vas y arriver. Tu vas y arriver parce que tu es comme moi. Tu es un grand garçon, tu es comme moi n’est-ce pas ? Cham acquiesce et serre la flûte de toutes ses forces dans sa petite main, mais tout de suite il crie en pointant du doigt : – Papa ! Elias se retourne à temps pour voir l’ombre fondre sur lui. – Cours, Cham ! Mais Cham est paralysé. La grande ombre frappe son père encore, et encore. – Papa ! Son père ne répond plus. L’ombre s’en détourne et s’avance vers le petit garçon. – Ton père n’aurait pas dû t’amener ici. Alors qu’il lève le bras pour l’attraper par le col, Cham allume la lampe de poche, le faisceau droit sur les yeux de l’inconnu. Il hurle : une immense tache rouge recouvre la moitié du visage de l’homme qui porte de longs cheveux noirs sales et des vêtements de camouflage usés. Il lâche la lampe et se met à courir sous les ramures des arbres. L’homme n’arrive pas à le suivre, ralenti par les barrières végétales. Cham avale la distance qui le sépare du fleuve et s’arrête au bord du serpent argenté endormi. L’homme à la tache rouge apparaît derrière lui et le petit garçon s’élance sur la surface

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Chroniques des hémisphères glissante du fleuve gelé. L’homme le poursuit et dit, d’un ton amusé, d’une voix caverneuse : – Mais qu’est-ce que tu fais, sale bâtard d’Urbain ? Même si tu m’échappes, le jour où tu mettras un pied hors du village, je te tomberai dessus ! Cham évite le bras qui s’abat sur lui. L’homme glisse, mais attrape la cheville du petit garçon. Tous les deux tombent. Cham crie, se débat alors que l’homme l’attire à lui. – Ça ne sert à rien, rage maintenant l’homme. Cham donne des coups de pieds, des coups de griffes, la voix de son père tournoie dans ta tête « Tu es comme moi ». « Crac ». Une fissure se dessine sur la surface du fleuve et la glace commence à céder sous le poids de l’homme. Il s’enfonce dans l’eau glacée en criant. Cham se relève et se met à courir vers la rive, la fissure courant après lui. Il continue le cœur battant et ne se retourne que lorsqu’il a atteint la terre. Il voit le fleuve reprendre vie sous ses yeux dans un grand fracas, emportant avec lui le fantôme de cet homme au visage rouge. Un silence effrayant s’installe. Seul au milieu d’une forêt figée dans la blancheur de l’hiver, sous son bonnet trop grand, Cham lève les yeux vers le ciel et repère la plus brillante de toutes les étoiles. Il serre les poings et se murmure à lui-même pour se donner du courage : – Suis l’étoile Polaire, Cham. L’étoile Polaire.

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Zongo Quand Biba se réveille ce matin, un rayon de soleil passe déjà sous le rideau de raphia. Le dieu solaire ne leur laisse que peu de répit, juste le temps d’une courte nuit. – Maudit Wintoogo ! s’écrie-t-elle en se redressant. Biba écoute les respirations de ses deux enfants. Qu’ils rêvent encore un peu, ce sera toujours ça de gagné sur la soif. Elle se lève. Le percepteur vient ce matin : il faut aller voir le puits. Elle subit la chaleur matinale dans la cour et va 26


Tome I : Le bal des poussières jusqu’à l’abri de sa femelle caracal. La plupart des familles de Zongo possède un caracal. C’est un animal doux, fidèle, et un indispensable compagnon de chasse. Sa femelle est pleine et son petit naîtra bientôt. Biba la caresse. Le félin cherche la paume de sa main encore et encore. – Courage ma belle, dit Biba en déposant un baiser sur le pelage doré de l’animal. Elle contourne le muret de la maison et se dirige vers le puits. Mada, la voisine, s’y trouve déjà, sourcils froncés et mains sur les hanches. Les deux jeunes femmes considèrent le fond du puits à peine boueux. – Ça ne peut plus durer, s’écrie Mada. – Ils le rempliront demain. – C’est ça. Un coq, quelque part dans le village, se plaint plus qu’il ne chante. – Je vais aller à Waga. – Ils ne laisseront pas tomber, ça ne sert à rien, coupe Mada. – Mais on ne peut pas les payer, tu le sais bien ! Mada quitte le puits des yeux et les plante dans ceux de Biba. – Il faut de nouveaux volontaires pour l’armée. – Mada… – Il suffirait d’un seul homme ! Un volontaire et ils le remplissent ! Le forgeron a dit qu’il s’engagerait. – Ils sont déjà trop nombreux à être partis. Ils ne reviendront jamais ! – Tu es la veuve d’Oko, Biba, notre ancien chef, alors prends cette décision ! Le village se meurt. Que ferait Oko en pareille situation ? Le percepteur va arriver d’un moment à l’autre. J’espère que tu feras le bon choix. Mada s’éloigne en proférant des insultes aux dieux. Biba fixe le fond du puits comme si l’eau allait en jaillir à tout moment. Avant, à l’époque où il y avait encore deux saisons,

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Chroniques des hémisphères il ne s’asséchait que rarement. Biba raconte souvent à ses enfants comme il était amusant de se baigner dans la rivière en pleine saison des pluies. Pour eux, « se baigner » est déjà inimaginable. Au loin, une comète soulevant une queue de sable se dirige vers le village. Le percepteur vient de plus en plus tôt. Biba arrive à l’Arbre à Palabres, le lieu de rassemblement du village, en même temps que le percepteur. Depuis son bouweenga, un félin de la taille d’un cheval, il toise les villageois rassemblés. Un autre bouweenga attend un cavalier. Il enfonce ses griffes dans le sable et bat l’air avec sa queue hérissée de pointes. Le cavalier porte une armure noire de nassoudour, les soldats du nouveau Naaba, et enlève son casque. C’est Yéné le Percé, de la Garde naabatique. Il s’adresse à Biba : – Zongo fera-t-il un don pour servir la grandeur du Naaba Sissao ? Le soleil fait briller l’anneau qui pend à son oreille. Sur son cou, on devine le tatouage du lion à l’encre rouge, symbole du Naaba Sissao. Derrière Yéné, Biba aperçoit la frimousse de ses deux enfants mal éveillés qui sortent dans la cour de la maison. Abdoulaye tient Koom par la main, qui frotte ses yeux d’un bleu trop exceptionnel. Les regards lourds des villageois pèsent sur ses épaules. Elle croise celui du forgeron. Il est déjà en habits de voyage. Sa femme a les yeux rouges. – Alors ? Qu’aurait fait Oko ? Oko était si courageux qu’il se serait mis entre le percepteur et le forgeron et aurait envoyé le Naaba Sissao au diable, l’invitant à venir percevoir lui-même les tributs. Oko était un Homme Intègre. Oko n’aurait pas cédé aux pressions de ce chacal de Sissao. Mais Oko est mort et Zongo meurt de faim. – Biba ? s’impatiente Yéné.

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Tome I : Le bal des poussières Alors qu’elle garde des injures entre ses dents, le forgeron s’avance et tranche : – Zongo fera don. La foule laisse échapper un soupir de soulagement mêlé de peur. La femme du forgeron s’accroche à lui, fond en larmes. Il l’embrasse et rejoint Yéné le Percé. Le percepteur tend à Biba, tremblante de rage, une attestation estampillée du tampon du Conseil du Naaba. – Signe, dit-il. Biba regarde le papier sans le toucher. « Biba, fille de Moshé, veuve d’Oko, atteste le don de Zongo d’un de ses hommes pour servir la grandeur du Naaba Sissao et le royaume du Faso… ». – Le puits sera rempli ? – À ras bord. – Dès demain ? – Dès ce soir. Biba saisit la plume que lui tend le percepteur. Signeraitelle avec son sang que cela lui ferait moins mal. Yéné plie l’attestation et la range dans son armure. – Tu vois que tu finis toujours par signer. Biba serre les poings. Yéné s’allonge sur son bouweenga, pieds repliés au niveau des hanches du félin, les mains de part et d’autre de son cou, la tête parfaitement alignée au-dessus de celle de l’animal. Le forgeron l’imite maladroitement. Ils s’élancent vers Waga, soulevant des nuages de sable. Les villageois n’osent exprimer leur joie devant la désormais veuve du forgeron. Biba enrage. Elle est tirée de ses pensées par Koom. – Ma’, Ma’ ! Viens ! Biba regarde son enfant. – C’est la caracal, Ma’ ! Abdoulaye dit que le bébé va naître !

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Chroniques des hémisphères

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La forêt noire Le jour avale l’éclat de l’étoile polaire, et Cham avance, épuisé. Ses chaussures ont cédé à la rosée nocturne et matinale, le froid s’introduit par tous les interstices de ses vêtements. Il tremble, couteau à la main. Il les a entendus, les animaux, renifler, gémir, grogner à son passage, mais il a brandi le couteau, a eu peur mais ne l’a pas montré. Il se convainc qu’il a vu l’homme disparaître dans les flots et pourtant son estomac est noué à l’idée qu’il ait pu le suivre. Il se retourne souvent. Il a cessé de pleurer. Il meurt de froid. Ne pas s’arrêter, pour ne pas mourir en statue de glace. Un bruit de galop s’approche, inexorablement, de lui. Son cœur se met à battre la chamade, il détale, mais la bête surgit et soudain, il voit bondir une grande biche plus effrayée que lui. Il se penche, la biche saute au-dessus de lui et lorsqu’il veut se relever, il entend un long cri, un : – Non ! L’instant d’après, alors qu’il a la tête entre les mains et qu’il est roulé en boule le nez dans la neige, il tente de reprendre sa respiration en jetant un coup d’œil entre ses doigts écartés. Une flèche s’est fichée dans un tronc d’arbre et deux enfants, une petite fille et un jeune garçon, ont surgi devant lui. Ils ont l’air de sortir tout droit du jeu « Survie en pleine jungle ». Le jeune garçon tient un arc et la petite fille se précipite à ses côtés. – Ça va, frère ? Tu n’as rien ? Il ose à peine se relever mais lorsqu’elle pose ses mains sur lui pour tenter de l’aider, il se dégage de son étreinte. – Je veux juste voir si tu n’as rien de cassé ! s’exclame-t-elle. Il s’éloigne de quelques pas. Elle a les cheveux sales et elle ne sent pas bon la framboise comme les filles de l’Urbe. Elle a de grands yeux de la couleur des sapins, le bout du nez rougi par le froid et porte des vêtements grossiers, mais à son cou pend une chaînette d’argent avec une larme de cristal 30


Tome I : Le bal des poussières en pendentif. Elle lui donne l’impression d’être sauvage. Le jeune garçon, lui, s’approche d’un air suspicieux, les sourcils froncés sévèrement. – Qui es-tu ? Qu’est-ce que tu fais là ? Cham déglutit et tente de se cacher derrière le tronc d’un arbre. Vraiment, il n’aime pas la dégaine de ce garçon. Ses yeux sont méchants. Ses lèvres pincées le confirment. – Arrête, Aurochs, tu lui fais peur ! rétorque la petite fille à la chaînette d’argent. Elle s’approche de Cham et prend une voix douce. – Je m’appelle Shikra, dit-elle en lui tendant la main gantée de mitaines en laine. Ses ongles sont noirs et ses doigts écorchés. Cham observe la main sans oser la saisir. Et s’il se salissait ? – Quel âge as-tu ? Moi j’ai huit ans ! Il y a trop de bonté sur son visage pour qu’elle lui veuille du mal mais il murmure néanmoins d’une voix très faible. – Six ans. – Six ans ! Tu es un grand garçon dis-moi ! – Et demi, ajoute-t-il sur le même ton. – Cher grand garçon de six ans et demi, qu’est-ce que tu fais dans ces bois ? Le jeune garçon, Aurochs, s’impatiente et s’approche de Cham en le bousculant. – Ça suffit les gamineries ! Réponds ! Cham est rapide et dégaine son couteau. La main d’Aurochs subit une légère entaille. – Laisse-moi faire ! se fâche Shikra. Ce n’est que lorsque Aurochs s’est suffisamment éloigné que Cham ose répondre. – Mon papa m’a emmené ici. On s’est fait attaquer par un homme, par là, dit-il en montrant la direction d’où il vient. Il avait une grande tache rouge sur le visage. Les deux enfants échangent un regard. – Une tache rouge ? demande Shikra.

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Chroniques des hémisphères – Oui ! s’emballe soudain Cham en tortillant ses mains l’une dans l’autre. Une grande tache sur toute la moitié de son visage. – Et où est ton père ? demande Aurochs. Cham hausse les épaules. Il voudrait pleurer mais il n’a plus de larme, les yeux paralysés de froid. – Je dois voir le chef, dit-il simplement. Aurochs et Shikra s’interrogent. – Je ne pense pas qu’on ait d’autre solution, conclut Aurochs. Tu vas nous suivre. Cham a toujours peur mais il ne le montre pas. Il saisit la main que Shikra lui tend. Ses doigts glacés se réchauffent à leur contact. Après un long moment, ils retrouvent un sentier et le suivent jusqu’à une clairière au centre de laquelle trois bouleaux sont plantés. – Pourquoi tu regardes toujours derrière nous ? s’énerve Aurochs. Le visage du petit garçon se tord en une moue de chagrin. – L’homme… il pourrait nous suivre ! Shikra s’agenouille devant lui. – C’est impossible. Après cette clairière, explique Shikra, on entre dans le territoire du village. Rien ne peut t’arriver au-delà de cette clairière. Elle sourit, complice. – Rien ? – Rien ! Je te le jure ! Promesse d’épervier ! Ils passent un dernier bosquet et se retrouvent devant un mur de branchages. Shikra écarte deux branches et fait passer Cham et Aurochs. Cham n’en croit pas ses yeux. De l’autre côté, il y a un vrai village, avec des maisons de bois sur pilotis ! Des enfants vont et viennent, les bras chargés de légumes et d’outils. Une joyeuse cacophonie animale s’élève des poulaillers et porcheries, et partout, des enfants, beaucoup d’enfants. Shikra sourit. – Bienvenue à Spes !

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À SUIVRE…


EN LIBRAIRIE LE 4 OCTOBRE 2012 En 2089, les pays du Nord érigent un mur pour se protéger de l’épidémie qui décime le Sud. Les siècles passent, les Hémisphères se replient sur elles-mêmes et s’oublient. Caracal vit à Spes, un village d’enfants et d’adolescents réfugiés dans la Forêt Noire, crainte par les Urbains et loin de toute technologie. Caracal reçoit un don extraordinaire : le jour de sa totémisation, un lien télépathique le connecte à Mangwa, son animal-totem. À travers les yeux du félin, Caracal découvre un monde très différent de Spes au sud du Mur. Car Mangwa est l’animal domestique de Sagana, une jeune fille africaine sur laquelle pèse la prophétie de la Reine de la Pluie : elle est celle qui ramènera le Bâton de Pluie et délivrera son pays du joug des Nassarahs, les Blancs venus du Nord. Alors que Caracal part sur les traces de l’Attrape-rêves, le talisman qui lui permettra de maîtriser son pouvoir, Sagana recherche sa famille, enlevée lors d’une rafle. Grâce à Mangwa, les destins des deux adolescents sont désormais liés.

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DIFFUSION/DISTRIBUTION : HARMONIA MUNDI EAN : 9782874491528 ISBN : 978-2-87449-152-8 240 PAGES – 15 €


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