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« FOR INTÉRIEUR » Écritures autobiographiques « For intérieur » explore le registre très singulier de l’écriture intime, de l’individuel et de l’universel, du personnel et de l’historique. La collection accueille des textes qui repoussent les frontières du genre : fragments d’une vie, autobiographie rêvée, confessions pudiques ou impudiques.
Graphisme : Martine Gillet / Tanguy Habrand Illustration de couverture : © Pierre Le-Tan © Les Impressions Nouvelles – 2011 www.lesimpressionsnouvelles.com info@lesimpressionsnouvelles.com
Jean-Benoît Puech
Par quatre chemins entretiens
LES IMPRESSIONS NOUVELLES
Présentation
Les quatre écrits qui suivent sont d’une forme un peu particulière, aussi je crois bon de les décrire rapidement. Le premier est la transcription d’une improvisation orale faite à l’Université catholique de Louvain-laNeuve, le 6 mai 2010, lors d’un colloque intitulé « Figurations de l’auteur », organisé par David Martens, Jean-Louis Tilleul et Myriam Watthee-Delmotte. David Martens m’avait invité à venir présenter ceux de mes livres qui mettent en scène le personnage de l’écrivain imaginaire Benjamin Jordane. À la demande de l’un des auditeurs du colloque, qui est aussi éditeur, Jan Baetens, précieux lecteur de très longue date, j’ai transcrit cette improvisation en vue de sa publication. Jan m’avait demandé un toilettage vraiment minimal, si bien que l’origine orale est encore très sensible. Le second texte est également la transcription d’une improvisation orale, faite le 20 janvier 2007 à l’Université La Sapienza, à Rome, lors d’un colloque intitulé « Présence du passé dans la littérature française contemporaine », organisé par Gianfranco Rubino, Annie Oliver et Martine Van Geertruyden. Annie Oliver m’avait invité à venir parler de mon travail en cours, la biographie de Benjamin Jordane. Pour la 7
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publication de la deuxième journée, « Écrire l’histoire d’une vie », par les éditions Spartaco, sous la direction d’Elisabetta Sibilio, j’avais repris mon improvisation, mais il ne s’agissait plus d’un simple toilettage. Cette deuxième transcription était plus écrite. J’y apporte ici une unique correction, le nom d’une propriété d’Île-de-France. Le troisième entretien a été réalisé d’emblée par écrit. Les questions m’avaient été confiées à Montréal, le 7 octobre 2008, par Catherine Dalpé, une doctorante de l’Université du Québec à Montréal, à l’occasion du colloque organisé par Robert Dion et Frances Fortier, Brigitte Ferrato-Combe et Frédéric Regard, intitulé « Nouvelles écritures biographiques », et je m’étais engagé à lui répondre par écrit. Ces questions portaient sur l’ensemble de ma recherche. Je précise que l’une d’entre elles m’a été soumise ultérieurement, qui a été ajoutée à l’ensemble (p. 135). Notre dialogue sera publié au Canada dans un volume regroupant des entretiens avec plusieurs écrivains français, et je tiens à remercier ses éditeurs de nous permettre la présente pré-publication. Le quatrième texte est la transcription d’un échange oral organisé par Sylvie Gouttebaron dans le cadre des « Mercredis littéraires » de la Maison des Écrivains et de la Littérature. Il a eu lieu à Paris, dans l’auditorium du Petit Palais, le 7 avril 2010. Marianne Alphant avait accepté d’être mon interlocutrice. Là encore, j’ai tout
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PRÉSENTATION
fait pour rester fidèle à l’esprit du dialogue, mais cette fois j’ai légèrement remanié sa forme. Toilettage minimal d’une longue improvisation orale ; remaniement écrit d’une autre improvisation plus brève ; réponses écrites pour un long entretien ; causerie où j’ai maintenu l’effet d’oralité tout en remaniant plusieurs fois la transcription littérale : ces textes destinés à un public éclairé ont en commun leur statut très pragmatique. Je les ai classés en fonction de leur plus ou moins grand degré d’élaboration, mais surtout parce qu’il me semble que selon cet ordre, le lecteur découvrira mon parcours littéraire. Les dates que je viens de donner permettront une lecture chronologique pour les lecteurs qui le souhaiteraient. D’autres rencontres m’ont permis de m’exprimer, et surtout de communiquer l’évolution d’une recherche qui a recours à l’oral autant qu’à l’écrit : à Nantes avec Dominique Rabaté grâce à Thérèse Jolly et au « Lieu unique » ; à Orléans avec Marianne Alphant, déjà, grâce à Catherine Martin-Zay et à la librairie « Les Temps modernes » ; à Paris avec Françoise SimonetTenant grâce à l’Association pour l’autobiographie et à la Maison des Écrivains et de la Littérature. Je n’oublie pas non plus diverses librairies et facultés des Lettres (à Tours, Bordeaux, Grenoble, Clermont-Ferrand, Lille, Lyon…), la Bibliothèque publique d’information du Centre Georges-Pompidou, les Instituts français de Bonn et de Berlin… La présence de l’interlocuteur et celle des auditeurs m’aident beaucoup, si j’osais 9
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je dirais qu’elles m’inspirent. Kleist explique cela admirablement dans un texte fameux. J’ai pu parler ainsi à l’université d’Orléans avec une régularité que je dois à certains responsables, à commencer par Nathalie Lavialle. Je remercie enfin Roger Leroy, Jacky Couratier et Gérard Genette qui sont à l’origine de mes publications (comme du fait même que je publie), mon fidèle correcteur Fabrice Madre, Agnès Védrenne, ainsi que toutes les personnes qui m’ont permis de poursuivre en me renouvelant leur confiance et en m’aidant par leurs interventions. J’espère qu’en échange, ces causeries leur ont procuré un certain plaisir, prévu ou imprévu.
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David Martens : Nous allons reprendre le fil de nos travaux avec un exposé un peu particulier, celui de JeanBenoît Puech, qui est assis à ma gauche. Il semble toujours épineux de devoir présenter des auteurs comme Jean-Benoît Puech. Et si je dis des auteurs, c’est quelque peu à dessein, dans la mesure où lorsqu’on serre la main de Jean-Benoît Puech on peut avoir l’impression, du moins pour ceux qui comme moi connaissent la nature assez particulière de son travail, de serrer plusieurs mains en une seule. Certains comprennent déjà pourquoi, et les autres ne devraient pas tarder à le comprendre. Je vais donc me risquer à cet exercice en commençant par vous dire que dans le cadre de notre colloque, la présence de Jean-Benoît Puech nous est apparue comme une évidence, non seulement parce que ses travaux académiques – il enseigne à l’université d’Orléans – ont fait date en ce qui concerne le questionnement sur ce qu’est un auteur ou sur les modes de fonctionnement de l’auteur, mais aussi parce que ce travail a pris une tournure tout à 1 Transcription d’une improvisation orale dans le cadre du colloque « Figurations de l’auteur » co-organisé par David Martens, Jean-Louis Tilleul et Myriam Watthee-Delmotte, en collaboration avec « Figura. Le texte et l’imaginaire » de l’UQAM, à Louvain-la-Neuve, le 7 mai 2010. 11
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fait particulière dans la mesure où ses connaissances sur les processus de fabrication d’un auteur ont été mis à profit par quelqu’un qui, de chercheur, est devenu également, et peut-être essentiellement – ça il nous le dira – un praticien, un écrivain, et un créateur d’écrivains, et d’un écrivain en particulier, qui s’appelle Benjamin Jordane. Ancien élève de Gérard Genette, sous la direction duquel il a mené des recherches relatives à la supposition d’auteur, Jean-Benoît Puech a publié plusieurs inédits de son écrivain fétiche, Benjamin Jordane, chez Gallimard, avec La Bibliothèque d’un amateur en 1979, puis chez Champ Vallon, des fragments du journal de Benjamin Jordane sous le titre L’Apprentissage du roman, et des projets de roman, des nouvelles inachevées, dans des recueils intitulés Du vivant de l’auteur, Présence de Jordane ou encore Jordane revisité (1990, 2002, 2004). En 2008 paraît, chez Champ Vallon encore, le premier numéro des Cahiers Benjamin Jordane, édité par les amis de l’écrivain. On y retrouve des textes de l’auteur, des commentaires de ses textes par les meilleurs spécialistes de son œuvre, comme Stefan Prager, ou Jean-Benoît Puech lui-même, ainsi que des témoignages de certains de ses proches, l’ensemble étant agrémenté d’un très beau cahier iconographique central présentant, notamment, une photographie de l’écrivain à sa table de travail, ainsi qu’une photographie de vous-même, Jean-Benoît Puech, et d’Yves Savigny devant la maison d’enfance de Jordane à Étampes. Je pense que nombre de sociétés d’écrivains
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seraient très heureuses de pouvoir réaliser un travail de cette qualité pour mettre en valeur leur grand homme. En 2010, chez P.O.L, est paru Une biographie autorisée. Sur le site de l’éditeur, ce livre est présenté comme « écrit en collaboration avec Yves Savigny (et non sous pseudonyme) ». Jean-Benoît Puech nous expliquera peut-être pourquoi l’éditeur a jugé bon de préciser la nature particulière de la signature de cet ouvrage. Aujourd’hui, il vient donc nous entretenir de cet écrivain qu’est Jordane, auquel lui-même et Yves Savigny (et d’autres) contribuent à donner vie à travers un inlassable travail, notamment de biographe. Je ne peux que vous recommander l’entretien qu’il a accordé à France Culture en lieu et place d’Yves Savigny qui, initialement invité et finalement absent, a été représenté – ce sont les mots de Marianne Alphant qui s’est chargée d’introduire cette rencontre – par les soins de JeanBenoît Puech 2. S’il est aussi en verve que cette fois-là, et je ne doute pas qu’il le soit, je suis persuadé qu’on ne va pas s’ennuyer. Je propose de reprendre et de développer ce que vient de nous dire David, que je remercie évidemment 2 Cet entretien a eu lieu en public le 19 avril 2010, à Paris, à l’auditorium du Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris, dans le cadre du cycle organisé par la Maison des Écrivains et de la Littérature, « Les Mercredis littéraires ». Il est repris dans le présent volume. 13
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d’avoir écrit cette présentation, comme je vous remercie d’être restés jusqu’à la fin de cette passionnante journée. Je vais donc reprendre comme je le disais, dans l’ordre, toutes ces publications qui constituent ce que certaines personnes appellent le « cycle Jordane », et en effet, en dehors de ce cycle Jordane, je n’ai publié que des travaux universitaires3. Pour commencer, je dois faire une petite correction, parce que dans mon parcours, il n’y a pas eu d’abord des travaux universitaires et ensuite des travaux littéraires. Je dirais que ces « recherches » ont constamment été menées en parallèle ; et j’ai même publié mon premier 3 En transcrivant mon improvisation à partir de l’enregistrement que David m’a envoyé, je vais ajouter quelques notes de commentaire (après coup ne veut pas forcément dire, hélas, plus intelligent : l’expérience immédiate n’exclut pas forcément sa compréhension simultanée, et l’expression ultérieure est souvent aveuglée, sans le savoir, par d’épaisses ou subtiles rationalisations). Ici, je me dois de corriger mon propos. En dehors du « cycle Jordane », en fait, j’ai publié deux autres livres sous mon nom. Le premier, Voyage sentimental, a d’abord paru chez Fata Morgana, puis dans une version revue et corrigée, mais nullement définitive, il a reparu chez Farrago-Léo Scheer. Le second, Louis-René des Forêts, roman, paru chez le même éditeur, est constitué d’extraits de mon journal sur Louis-René des Forêts (que j’avais d’abord transposés dans L’Apprentissage du roman). J’ajoute que je ne parle jamais dans cette improvisation, à tort ou à raison, d’un autre petit livre que je pourrais annexer au « cycle Jordane », intitulé Du vivant de l’auteur. Deux autocommentaires sur mes deux premiers livres y encadrent un condensé de ma thèse sur la « supposition d’auteur », elle-même attribuée à un chercheur fictif, Jean-Charles Mornay. 14
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livre, La Bibliothèque d’un amateur, qui est le premier du cycle Jordane, avant d’avoir soutenu ma thèse sur la supposition d’auteur. Cela s’est fait vraiment parallèlement. Ce sont deux formes très différentes pour une même recherche. Enfin, très différentes… Mes travaux universitaires ont recours fréquemment à la narration fictionnelle, et inversement mes fictions sont fréquemment des pastiches de travaux universitaires. Donc les deux formes s’empruntent l’une à l’autre un certain nombre de procédés. Le premier livre, La Bibliothèque d’un amateur, se présente comme un recueil d’articles critiques à propos de romans qui sont en réalité des romans imaginaires. Il y a un texte de présentation, qui se trouve en fait à la fin du livre, et dans lequel un récit met en scène un jeune homme qui, dans une salle des ventes, achète une caisse de livres. Dans chacun de ces livres il y a une fiche qui a été rédigée par la personne qui vend sa bibliothèque. Alors le jeune homme qui a acheté cette caisse de livres va essayer de reconstituer, à travers les ouvrages mêmes qui se trouvent dans cette « manette », comme on dit, la personnalité de celui qui les vend. Et il a en plus, pour l’aider, ces notes de lecture qui ont été glissées dans les volumes. Chaque chapitre du livre est une des notes de lecture qui ont été écrites par le vendeur, celui qui disperse sa bibliothèque et qui les a laissées dans les ouvrages. Il faut tout de suite ajouter que chacun de ces livres est un livre que j’ai inventé et par conséquent ce 15
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sont des notes de lectures sur des livres imaginaires, à la manière… on a souvent dit que c’était à la manière de Borges, mais en fait, j’ai plutôt été influencé par La Vocation suspendue de Pierre Klossowski. C’est elle, La Vocation suspendue, qui a décidé de la mienne, et non pas les Fictions de Borges qui, quand même, sont un de mes livres de prédilection, bien que je sois peut-être davantage attaché au personnage de Borges qu’à sa création écrite. Alors là, dans ce premier livre, je ne suis pas sûr que Jordane soit nommé. Ah ! si ! Il l’est déjà. Il l’est déjà dans le texte final qui raconte, donc, l’acquisition de cette bibliothèque par… je n’ose pas dire le narrateur, je dirai par l’acheteur. Jordane est déjà nommé comme étant celui qui a dispersé sa bibliothèque. Et donc le jeune homme qui achète la bibliothèque ne dit rien sur Jordane mais donne simplement ces critiques de Jordane qui furent faites par lui à usage privé, qui sont des critiques manuscrites qu’il a faites comme on peut parfois écrire des marginalia4. Mais Jordane n’a d’épaisseur en tant que personnage, dans ce premier livre, que parce que, à travers ses « portraits » de livres, on peut imaginer la personnalité et la vie du portraitiste. Cette personnalité et cette vie ne sont pas explicitement présentes dans La Bibliothèque d’un amateur. La personne de l’amateur est nommée, mais 4 J’espère qu’en résumant ainsi mon premier livre, je ne suis pas trop en train de le réécrire ! 16
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ce n’est encore qu’un nom et ce n’est qu’ultérieurement que Jordane a commencé à prendre du volume. Et voici comment. J’étais, à l’époque, très influencé par Klossowski, mais aussi par un autre écrivain qui était un proche de Klossowski, Louis-René des Forêts. Pendant très longtemps j’ai noté dans mon journal toutes nos conversations, un peu à la manière d’Eckermann avec Goethe, ou de la « Petite Dame » avec Gide, ou de Janouch avec Kafka, etc. C’est un genre littéraire que la conversation, qui n’est pas la même chose que l’entretien, parce que l’entretien c’est une pratique institutionnelle, tandis que la conversation, en principe, c’est une relation privée qui n’implique pas un enregistrement, ni un enregistrement comme ici et maintenant, qui est institutionnel, ni même un enregistrement de la mémoire privée parce que quand on a une conversation, en principe, on se confie à l’oubli autant qu’à la mémoire de celui qui nous écoute. Or, en ce qui me concerne, je tenais un journal de nos conversations, je l’ai tenu pendant vingt ans, jusqu’au jour où Louis-René des Forêts m’a demandé d’être son interlocuteur à l’occasion d’un film que Benoît Jacquot voulait tourner sur lui. J’ai été un peu surpris, parce que si je l’admirais beaucoup, c’était parce qu’il résistait à la construction médiatique de son image, mais j’ai accepté tout de même. Mais à l’issue de cet entretien, j’étais très déçu et j’ai éprouvé le désir de publier nos vraies conversations. Or des Forêts s’y est opposé en écrivant 17
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à l’éditeur, qui était d’accord pour la publication, qu’il ferait valoir son droit moral sur ses propos si cette publication avait lieu. Nous en avons parlé Louis-René et moi et il m’a dit qu’à tout prendre, il aurait « préféré » une transposition. Je me suis de nouveau rangé à son avis et j’ai donc transposé ce livre de conversations, du moins les extraits de nos conversations que j’avais choisis en prenant soin de ne conserver que ce qui se rapportait à la littérature, et plus particulièrement à la question dont on a débattu aujourd’hui de la publication, puisque autant que par l’œuvre écrite de des Forêts, j’étais fasciné par son silence d’une quinzaine d’années au moins. Le silence de des Forêts a sans doute une cause biographique, la mort de sa fille, mais à mon sens il a une autre cause qui est liée au mouvement de dévalorisation de la littérature, dont on a parlé ici ce matin, mais dont on parle aussi beaucoup ailleurs. (Nous avons fait référence au livre de William Marx à ce sujet mais il y a aussi celui de Laurent Nunez, Les Écrivains contre l’écriture5.) On sait bien qu’il y a ce mouvement qui vient du romantisme, disons, et qui a été réactivé par Rimbaud et les surréalistes, et je voyais en des Forêts non seulement une personne qui avait vécu un deuil terrible, mais qui était aussi une nouvelle 5 William Marx, L’Adieu à la littérature, Minuit, coll. « Paradoxes », 2005. Laurent Nunez, Les Écrivains contre l’écriture, Corti, 2006. William Marx a justement rendu compte du livre de Laurent Nunez dans « Le dépassement de la littérature », Critique, n° 715, décembre 2006. 18
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incarnation de ce mouvement de « dévalorisation de la littérature ». Et puis j’admirais son silence aussi parce que je croyais qu’il témoignait de son indépendance par rapport à la communication, à la reconnaissance, à l’institution littéraire… Donc j’avais retenu de nos conversations tout ce qui concernait cette question. Et me voilà contraint d’en faire une transposition ! À ce moment-là, j’ai transposé toutes ces conversations en changeant les titres des livres de des Forêts, mais aussi en changeant le nom de des Forêts, que j’ai appelé Pierre-Alain Delancourt, et puis j’ai même changé le nom du jeune homme que j’étais et j’ai décidé d’attribuer ce journal à Benjamin Jordane. Donc, une nouvelle fois, Benjamin Jordane n’était pas immédiatement présent ; mais en filigrane d’un nouvel écrit de lui, qui était également un écrit intime, le personnage de Benjamin Jordane commençait à prendre du volume.
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OUVRAGE PARU EN MARS 2011 Quatre chemins mènent de quatre métropoles à la petite maison de lierre et de papier où Jean-Benoît Puech s’entretient depuis trente ans avec un écrivain de son invention, Benjamin Jordane, lui-même amateur de masques et de passages secrets. Pour nous, il écarte maintenant les rideaux d’une bibliothèque de rêve, il pousse les portes de son laboratoire central et romanesque, il ouvre la barrière du jardin de l’enfance où quelques souvenirs sont restés cachés parmi les hautes herbes. Pièces décolorées d’un puzzle interminable, billes d’agate, frêles mais fidèles figurines d’un monde disparu, ce sont autant de reliques qui viennent servir la reconstitution d’un roman familial dans une véranda de province ou sur la page aux lignes claires. Mais en même temps, dans ces quatre causeries savantes et enjouées, par un nouveau tour d’écrou, l’auteur semble inventer de nouveaux mystères, pour l’amusement lucide de ses fidèles interlocuteurs comme de ses nouveaux lecteurs.
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DIFFUSION/DISTRIBUTION : HARMONIA MUNDI EAN : 9782874491108 ISBN : 978-2-87449-110-8 288 PAGES - 17 €