Comment se construit une ville au visage mosaïque ? L’étude de Rosario en ARGENTINE.
Inès Martinel Mémoire de Master Architecture domaine C Encadré par Laura Rosenbaum et Patrice Godier ENSAPBx . 2015-2016
Inès Martinel ROSARIO, FRAGMENTATIONS OU CORRESPONDANCES? Comment se construit une ville au visage mosaïque ? L’étude de Rosario en ARGENTINE.
Mémoire de Master Architecture domaine C Encadré par Laura Rosenbaum et Patrice Godier Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bordeaux juin 2016
À toi Rosario, déconcertante révolutionnaire et secrète. À ta jeune beauté, à ton avenir évasif qui m’ont tant questionnée. À ma famille et à mes amis pour leur soutien et leurs lectures, ce mémoire est aussi pour vous… À mes amis rosarinos pour leur disponibilité et leur attention au cours de mes recherches. Et pour m’offrir leur ville sans fin, mil gracigasias y abragasazos rosarigasinos. À Panajou photographie (Bordeaux) et Triángulo Color (Rosario), à Marcelo Barrale, l’ONG Orillas, Julieta Rodriguez Aye, Carolina Roldan, Ana Valderrama et la Yoli, pour leur aide et leurs encouragements dans mes «expériences » photographiques dans les villas miseria de Rosario. À Patrice Godier, à Laura Rosenbaum pour m’avoir guidée tout au long de ce travail. Et à tous ceux qui, plus ou moins directement, y ont participé.
ABSTRACT ESPAGNOL
ROSARIO, FRAGMENTACIONES O CORRESPONDENCIAS ? Cómo se construye una ciudad de cara mosaica ? El análisis de Rosario en ARGENTINA. Mientras que la ciudad de Rosario parece en primer lugar marcada por una fractura social brutal, y dividida en tres entidades bien distintas – las islas, la villa miseria y la ciudad formal-, como se hace que al vivir la un largo tiempo, se puede experimentar una sensación de continuidad y una facilidad al transcender estas divisiones? Construir un retrato de Rosario, a través de la convergencia de las miradas sobre la ciudad, por su expresión revelada en un planteamiento de terreno. Una ciudad de islas, de villa miseria y de “formal”, cuyas materias y tiempos se funden y se confunden. Una ciudad de imágenes, llevadas por sus habitantes, basadas en los rumores, las quimeras y las creencias nebulosas. Una ciudad también, donde las realidades suenan, a veces brutales y primitivas. Porque Rosario crece sobre bases rotas por las disparidades sociales. Una parte de sus actores acaricia su lujo y su riqueza, y en su constante búsqueda de poder, sueña con hacerla ciudad de influencia y turismo; mientras que otra se queda sin aliento en busca de la sobrevivencia, tras las chapas y el barro, camuflados de la mirada extranjera. Ahí está lo que es Rosario. Una ciudad de destino incierto, plural hoy pero al futuro exclusivo. Ahora duda, al cruce de su porvenir, entre fatalidad y libertad. Se encuentra frente a la posibilidad de ceder a las presiones del narcotráfico, de la corrupción y des las desigualdades, que la llevaran hasta el destino trágico y oscuro de las ciudades más peligrosas de América latina. Pero tiene también las cualidades para convertirse en una metrópoli dinámica y equitativa. Una ciudad en la cual pluralidad de territorios y equilibrio de contrastes, hacen su particularidad. Donde la informalidad agarra las menores posibilidades, reinventa funcionamientos de barrios y alimenta, con los vertidos de la ciudad formal, su mundo de la economía mínima. Qué papel dar a esta informalidad nacida de las islas del delta Paraná y de la villa miseria? Cómo utilizar sus bases para construir la ciudad de mañana? Finalmente cuáles son los verdaderos fabricantes de Rosario ? Qué lugar ocupan los diseñadores, y más precisamente los arquitectos, para resolver estas fracturas contemporáneas, sociales como territoriales? La metodología de terreno elegida para las investigaciones de esta tesina, se propone experimentar la creación de un lazo en el territorio de Rosario. Es un ejemplo definiendo la posición de intermediario del arquitecto, entre los contrastes a veces opuestos de la ciudad, y cuyo objetivo es de acercarlos entre sí, al tiempo que se preservan las características y las fuerzas de cada uno.
SOMMAIRE
INTRODUCTION 7 LOCALISATIONS 12 LEXIQUE 14 .1
ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES 17 a la ville morcelée 20 la rigueur de la ville formelle l’insaisissable des îles du delta Paraná l’enchevêtrement de la villa miseria b la ville comme un tout 26 Rosario en général similitudes de formes et de fonctionnements dynamiques d’échanges et équilibres
.2
ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE 45 a pluralité de statuts des intervenants 48 b l’image de Rosario par ses spécialistes 52 c des relations contrastées et contestées 70
.3
ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ? 105 a diversité des acteurs liés à l’expérience photographique 108 b au cœur de la villa miseria avec ses habitants 110 c regards croisés sur la villa miseria 144
.4
ROSARIO CONSTRUITE 153 a le désengagement des Institutions 156 b des acteurs intermédiaires volontaires et militants 170 c de la contestation à l’autonomie des habitants 182
CONCLUSION 190 BIBLIOGRAPHIE 193 ANNEXES 197
7 × INTRODUCTION
INTRODUCTION
Rosario, Province de Santa Fe, Argentine. Appréhender la ville un an et demi. Connaître son parfum en parcourant ses rues, ses pratiques en rencontrant ses habitants. Sa culture, sa nature, la vie qui y pulse. Vivre la ville ? Serait-ce la ville qui s’empare de nous ? Serait-ce elle qui nous habite le temps de nous remuer, pour nous libérer ensuite différents, chamboulés d’un autre regard ? Je suis arrivée à Rosario le 3 février 2014 dans le cadre de mon échange universitaire de neuf mois. Je ne l’ai quittée que le 11 juillet 2015, plus de dix-sept mois après mon arrivée. Je me suis fondue dans la cadence de la ville pour en prendre son pouls, en étant tour à tour étudiante puis monitrice de projet architectural à la Facultad de Arquitectura, Planeamiento y Diseño (FAPyD) et stagiaire chez l’architecte et enseignant Manuel Cucurell. Aussi, pratiquer au quotidien la ville, baignée au rythme de ceux qui l’habitent, loin de ma culture française, m’a offert une approche intime, une façon supplémentaire de la rencontrer. Par la pluralité des rôles que j’y ai occupé, par la diversité des points de vus que j’y ai croisés, s’est dessiné mon portrait de Rosario. Celui d’une ville au visage mosaïque, dont les rides pourtant jeunes racontent les tensions, les désaccords, les résistances et les fractures. J’ai pu intervenir dans les villas miserias, entrer dans des barrios privados, approcher de près les problématiques urbaines de la ville projetée et gravir au sommet de ses tours de quinze étages. Mes voyages en Bolivie, Pérou, Equateur, Brésil, Chili ont poursuivi mon apprentissage sur la fracture sociale caractéristique des grandes villes d’Amérique latine où riches et pauvres s’affichent dans une image contrastée bien connue… Mais dans ce portrait de Rosario, entre le spontané de la villa et le pensé de la ville formelle, sont apparues les humedales du delta du fleuve Paraná. Rencontrées au détour d’un workshop à mon arrivée, elles se sont ensuite immiscées dans mon quotidien comme scène de promenades en kayak, lieu de détente et d’inspiration. La force du Paraná résonne dans la ville et s’affiche comme trait de caractère principal et fondateur historique de Rosario.
8 × INTRODUCTION
Rosario se compose donc à mes yeux de trois forces, dont les caractères semblent être opposés en tous points : la villa miseria, la ville formelle et les îles du delta Paraná. De retour en France, je me heurte à l’incompréhension et à la difficulté de partager ce qui pendant un an et demi m’avait modelée sans même que je ne m’en aperçoive. Mais comment raconte-t-on une ville ? Comment raconte-on la ville en nous ? Ce travail de mémoire part d’une envie de partager Rosario en France, avec ceux qui ne la connaissent pas. Il est également pour moi l’occasion d’aborder Rosario avec une approche encore différente. Un regard supplémentaire aiguisé par le recul qu’offrent les distances temporelles et spatiales. Il ne marque donc pas une fin mais une continuité, une évolution à cette expérience de plusieurs mois. J’appelle cette expérience à Rosario le « voyage - vie » pour avoir mélangé les caractéristiques de l’émerveillement et de la découverte culturelle d’un voyage, à celles du quotidien et de l’enracinement à un lieu, influant jusqu’à ma façon de vivre et de penser. « Le « voyage vie » m’a donné un autre regard. Celui de ne pas seulement regarder les différences mais aussi les ressemblances et les liens. Ce mémoire se présentait également comme l’occasion d’approfondir mes ressentis sur la ville dans le cadre d’une recherche plus scientifique, en essayant de comprendre et d’apporter une réponse aux fractures et aux liens qui dessinent la ville.
Ainsi, la mise en parallèle du portrait fragmenté que je donne de Rosario et des différents rôles que j’ai pu y jouer, pousse à l’interrogation : Alors que la ville de Rosario semble au premier abord marquée d’une fracture sociale brutale et divisée en trois entités bien distinctes – les îles, la villa miseria et la ville formelle-, comment se fait-il qu’à la vivre un long moment j’y ai expérimenté une sensation de continuité et une facilité à transcender ces divisions ? Face à ce constat, j’ai établi plusieurs hypothèses, fondées sur la matière récoltée lors du premier voyage, sur les souvenirs et sur les questionnements survenus dans le temps et la distance. Si des entités distinctes composent la ville de Rosario, alors des similitudes de fonctionnement, d’organisation et de forme existent peut-être entre elles et atténuent l’image fracturée de la ville. Des dynamiques d’échange tissent des liens entre les îles, la villa miseria et la ville formelle composant Rosario et en estompent les limites. L’image mentale et l’imaginaire portés par les habitants de chaque entité sur les autres, accentuent les divisions spatiales et sociales. Si ma pratique de Rosario a été profondément influencée par mes rôles d’étudiante, de monitrice et de stagiaire en architecture, ainsi que par la curiosité et le regard que donnent les études dans ce domaine, peut-être peut-on considérer que l’implication dans l’analyse et la fabrication de la ville permet de rallier les extrêmes qui la constituent.
Afin d’étayer mes hypothèses, de les confronter et de rencontrer Rosario avec le nouveau regard que m’avait offert la distance, j’y suis retournée du 10 février 2016 au 15 mars 2016. Ce temps est ce que j’appellerai dans la suite du mémoire « le second voyage ».
La recherche s’est faite en trois points forts afin de décortiquer l’image et l’usage de la ville, ainsi que sa fabrication, par ses habitants et acteurs. Elles sont : l’approche subjective et personnelle, l’approche théorique et urbaine, et l’approche sociologique. L’outil majeur utilisé pour répondre à la problématique est le travail sur terrain effectué durant ce deuxième voyage, mené à partir des hypothèses préalablement établies.
9 × INTRODUCTION
Une approche personnelle issue de deux voyages à Rosario La méthodologie adoptée est donc dans un premier temps une analyse subjective. Elle consiste à rapprocher mes écrits de carnets de voyage, photographies et toute autre matière créée lors de mon premier séjour à Rosario, avec celle née du second voyage. Ce travail a posteriori des deux « voyages », me permet d’exprimer mon portrait de la ville de Rosario. Il est l’image de la ville à travers mes yeux, mon expérimentation, ma pratique, mes connaissances, bousculées ou appuyées par le retour sur place. Cette approche trouve sa source sur l’appui d’écrits, dessins, projets, réflexions personnelles. Elle a été la première entrée, le premier pas dans ce travail de mémoire. Me plonger dans cette production accumulée sur près de deux ans à propos de Rosario, relever, trier, classer, mettre en relation, confronter,… C’est un travail de décorticage, un tissage fait de mémoire et de matière concrète et personnelle. Une approche urbaine et scientifique La deuxième étape méthodologique est davantage théorique et rationnelle. L’outil de l’entretien est adopté pour cette approche car je le pense suffisamment ouvert pour permettre à l’intervenant de parler librement de ce qui lui semble essentiel. Mais il permet une certaine maîtrise permettant d’obtenir des réponses précises à mes hypothèses. J’ai réalisé 8 interviews sur Rosario avec des acteurs institutionnels ou non, qui l’analysent, la pensent, la projettent et la construisent. Les questions qui leur étaient posées étaient destinées à dessiner leur image de la ville et à approfondir mes observations quant aux échanges entre îles, villa miseria et ville formelle en tant que spécialistes et habitants de Rosario. Cette approche fait également appel à différents domaines scientifiques tels que l’histoire, la sociologie, l’urbanisme, l’architecture, la politique, l’ingénierie, l’économie ; ou comme au commerce et à l’agriculture, aux échelles nationales et locales. Des études cartographiques, iconographiques et de recherches sur les projets faits, en cours et à venir sur Rosario, appuient également cette partie. Ces recherches ont été menées sur place à la bibliothèque de la FAPyD ou encore auprès des services cadastraux et administratifs de la ville. En voulant me renseigner sur le cas des villas miseria auprès des institutions en y interrogeant des fonctionnaires, je me suis rendue compte de la complexité de ma démarche. Avant toute question, il me fallait effectuer un parcours administratif dans la ville pour demander des autorisations aux directions générales. Après m’y être rendue à plusieurs reprises, j’ai déposé en mars 2016 une fiche de questions présentant mon projet et signée par des professeurs de la faculté, au Servicio Publico de la Vivienda y el Habitat (SPV, Service Public du Logement et de l’Habitat) mais je n’ai toujours pas reçu de réponse*. Les démarches étaient encore plus complexes pour interroger une personne de la direccion de la vivienda y urbanizacion (direction du logement et de l’urbanisme). J’ai alors utilisé Internet comme un outil me permettant de passer au-delà des normalités administratives, en m’informant sur les sites internet des gouvernements ou des partis politiques, des projets en cours ou à venir, des débats et des différends présents comme passés entre institutions et habitants. * voir annexe
10 × INTRODUCTION
Une approche anthropologique et sociale La troisième partie de la méthodologie est une approche sociologique. La ville c’est aussi tous ceux qui l’habitent, alors j’ai cherché, dans le regard de ceux qu’elle a vus naître et fait vivre, à connaître leur Rosario. Par les entretiens réalisés avec les spécialistes habitant Rosario et par le contact permanent avec des amis sur place, j’ai pu comparer les points de vue et les impressions de chacun sur leur ville et ses évènements. Cependant, afin de ne pas me restreindre à un cercle de connaissances, aussi varié soit-il, j’ai mis en place une autre approche sociologique de terrain. Cette démarche nait également de la nécessité de préciser le point de vue des habitants de la villa miseria et leurs usages des îles et de la ville formelle. Malgré le contact quotidien qui se fait dans la ville avec les villeros, il m’aurait été difficile d’établir un entretien avec eux, pour des raisons pratiques et de relations de confiance nécessaires à une heure et demi de discussion… J’ai donc mis en place un travail photographique avec des habitants de trois villas. L’appareil photo jetable est devenu un outil intermédiaire entre l’habitant et moi, atténuant la distance et la méfiance que la durée du second-voyage ne m’aurait pas permis de supprimer. Pendant une semaine ils ont photographié leur quotidien afin d’offrir leur regard sur leur environnement et modes de vie. Des fiches-questionnaire distribuées en même temps que les appareils photos m’ont permis de connaître plus précisément les personnes. Des lectures en sociologie visuelle ont appuyé mon analyse des images. Les photos m’offrent le regard des habitants sur leur propre lieu de vie. La description que j’en fait me permet de le comparer à des ressentis personnels, d’autant plus que j’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de pratiquer ces villas. Dans un travail de recherche rétroactif, ces images ont également permis d’alimenter ou appuyer des informations données lors des entretiens. Les photographies résultantes sont le témoignage d’une façon de construire et de vivre, une immersion dans le quotidien de la villa jusqu’à l’intimité de l’intérieur des maisons où il est difficile d’accéder compte tenu du danger que représentent ces espaces pour celui qui y est étranger. L’approche sociologique a pour volonté d’étudier le regard des habitants des villas sur leur lieu de vie, mais aussi d’observer le rapport avec les habitants des autres entités en analysant leur réception des images. Le résultat du travail photographique a donc ensuite été exposé dans des espaces publics symboliques de Rosario, puis publié sur les réseaux sociaux, afin de recueillir les ressentis des passants et de l’éventail de personnes que pouvaient toucher ces interventions. J’ai bien conscience qu’elle ne représente qu’un échantillon de la population. A distance, Internet m’a aussi permis d’une certaine façon, de rester dans la position d’habitante de Rosario. La toile, lieu d’expression pour tous et sans censure, m’offrait la possibilité de recevoir l’information quotidienne des médias, de suivre les manifestations, les changements politiques ou économiques, d’analyser les ressentis des personnes sur place et d’ouvrir toujours plus le champ des points de vues, comparant les avis sur une même problématique de la ville. Au fur et à mesure de mes recherches sur place, il y a eu des changements, des imprévus et des ajustements dans la mise en pratique de ces trois approches. Certaines décisions ne pouvaient être prises que sur place, comme le choix des villas dans lesquelles laisser les appareils photos, qui ne fût définitif qu’après en avoir visité différentes et trouvé des personnes intermédiaires pour m’y introduire. De même, bien qu’ayant défini les intervenants que je voulais interviewer depuis la France, la liste s’est modifiée au fil de mes rencontres et des disponibilités de chacun.
Un exposé en quatre temps Afin de répondre à la problématique, les hypothèses sont développées en quatre parties sur les bases de la méthodologie présentée.
Le second temps de ce mémoire, s’intéresse aux concepteurs et décideurs de la ville. Précisant le portrait des îles, de la villa miseria et de la ville formelle au travers le regard des spécialistes. Y sont déterminées des caractéristiques générales et communes aux trois entités, témoignant des liens et fractures à l’échelle de la ville. Une troisième partie dresse le portrait de Rosario à travers l’image qu’en ont ses habitants. Elle cherche à confronter les points de vues, à soulever des interrogations et à bousculer les images collectives que portent les habitants de la villa, de la ville formelle et des îles, sur les conditions et modes de vie de chacun. Le quatrième temps de ce mémoire s’intéresse de façon plus directe aux mécanismes de construction et à la fabrication de la ville de Rosario par les institutions, les acteurs intermédiaires et les habitants, afin de jauger la place du concepteur, et plus particulièrement de l’architecte, dans la fabrication de Rosario.
11 × INTRODUCTION
Dans un premier temps, c’est un portrait subjectif de Rosario qui est donné. Cherchant à comprendre la division de la ville en îles, villa miseria et ville formelle, cette partie s’attache à détailler ces trois composantes de façon isolée puis d’étudier leurs relations et différences.
12 × LOCALISATIONS
LOCALISATIONS
ARGENTINE
DELTA DU PARANA
ROSARIO
BUENOS-AIRES
PROVINCE DE SANTA FE
aná Par
Province de Santa Fe
Province d’Entre Rios
Victoria
ia
tor
ic o-v
ari
ros nt
po
Roldán
Funes
Rosario
Delta du Parana Moyen
Buenos Aires (à 280km) BARRIO REPUBLICA DE LA SEXTA (SIBERIA) VILLA DU MANGRULLO MICROCENTRE
CHARIGÜÉ
PUERTO NORTE BARRIO BELLA VISTA
LA FLORIDA
PARANÁ VIEJO
cana
l Pa
raná
Para
ná V iejo
ponton Costa Alta Pont Rosario Victoria
14 × LEXIQUE
LEXIQUE Arroyo Qualifie un cours d’eau. Les arroyos Ludueña au nord et Saladillo au sud, sont des délimitations naturelles de la ville de Rosario. Asado Il est le barbecue traditionnel argentin. Véritable rituel, il se compose d’une succession de viandes ou de poissons différents, cuits au feu ou à la braise sur la parilla (grille à destination de l’asado). Il est possible d’y cuire les légumes. L’asado se fait partout, dans la ville formelle où son odeur parfume souvent les rues, chaque terrasse au sommet des immeubles ayant une voir plusieurs parillas ; dans la villa et dans les îles. Barrio Dans ce mémoire, le terme de barrio est utilisé selon la définition qu’en donne Topalov dans « L’aventure des mots de la ville à travers le temps ». Le barrio est un espace « reconnu ou non officiellement, indiqué ou non sur les cartes, le barrio est un espace identifié et vécu par les habitants de la ville où seraient privilégiés les rapports de voisinage. Ses limites ne sont pas toujours clairement indiquées ni signalées par des bornes mais l’habitant du barrio, lui, les connaît bien ». Barrio est associé à l’idée générale de pauvreté et populaire. Barrio privado ou cerrado Quartier fermé dont l’accès se fait par une unique entrée sécurisée avec gardien. Son urbanisation est faite de maisons disposées autour de voies de circulations réservées aux habitants. Les personnes vivant dans les barrios cerrados disposent d’espaces de services, de détente et de loisir partagés : piscine, terrains de tennis, golf, centre équestre… Copa de Leche Littéralement : « verre de lait », désigne souvent le lieu où les enfants d’un quartier vont boire le lait ou manger un produit laitier au goûter, ou bien le récupérer pour le prendre en famille. Cátedra Désigne un domaine spécifique à l’intérieure d’une matière enseignée à la faculté. La cátedra est souvent spécifiée par le nom du professeur qui en est titulaire et coordonne l’ensemble de ses enseignants. Gaucho Le « cow-boy » des pampas d’Amérique latine ! Îles La plupart du temps « îles » désigne dans ce mémoire la partie du delta face à Rosario, comprenant les terres allant du canal du Paraná à celles au nord-ouest du cours appelé Paraná Viejo ou Viejo Paraná. Le río Paraná et ses îles constituent le système « d’humedales » le plus grand du monde depuis le Brésil jusqu’à l’embouchure du río de la Plata entre l’Argentine et l’Uruguay. Les 300 derniers kilomètres du fleuve composent le Delta, où s’établit un écosystème terrestre et aquatique et une biodiversité des plus riches d’Argentine. L’humedales du río Paraná
Mate Il s’agit d’une infusion très consommée en Argentine, dont la plante : yerba mate est principalement récoltée dans le Nord-Est du pays. Il est caractéristique par sa bombilla (paille filtre) métallique et son contenant la calebasse, où de l’eau chaude est versée sur l’herbe à mate. Quand il est pris avec d’autres personnes, il se boit une fois avant d’être passé au voisin et de façon quasi systématique une même personne sert le mate aux autres. Boisson traditionnelle, le maté est consommé à toute heure et en tous lieux. Ville formelle Ce terme me permet de désigner la partie de Rosario crée et maîtrisée à partir d’une planification établie au cours des années, depuis la création de la ville. Elle est soumise à des règles administratives, législatives, financières. La ville formelle est reconnue par les différentes échelles du gouvernement puisqu’ils en assurent la production et le contrôle. Villa miseria Est le terme argentin pour désigner les quartiers de logements précaires, d’urgence. Le terme asentamiento est également souvent employé pour indiquer ces parties spontanées de la ville. D’après « L’aventure des mots de la ville à travers le temps, les langues, les sociétés » de Christian Topalov, la villa miseria est « un ensemble d’habitations fait de matériaux de récupération, sans équipements, ni règles, construites sur des terrains en friche et occupés illégalement ». En Argentine, la population qui y vit est celle « des migrants de l’intérieur qui arrivaient en masse à la ville, de la pampa, des Andes et du Nord-Ouest argentin », à partir du milieu du XXème siècle. Elles sont des « enclaves urbaines de la pauvreté ».
15 × LEXIQUE
est pour des millions de personnes une source vitale, entre autre en tant que réserve mondiale d’eau douce. Le système de humedales est soumis à un régime hydraulique qui conditionne sa structure et son fonctionnement. En effet, des variables comme les inondations, l’énergie des courants ou le temps de permanence de l’eau sont définis par la complexe synergie entre la géomorphologie et le régime hydraulique du site. Les caractéristiques écologiques les plus superficielles (types de plantes, espèces animales…) de l’humedales dépendent donc d’un vaste système s’étendant entre plusieurs pays et sous plusieurs strates de la terre. De cette complexité des paramètres résulte une diversité telle de paysages et de niches écologiques qu’il est impossible de l’étudier de façon unique et globale. Pour cela, la partie étudiée et que nous appellerons « îles » désigne la zone des humedales du Delta Medio du Paraná, et plus précisément le secteur des îles face à Rosario, sur une largeur moyenne de 4 kilomètres depuis la rive côté ville. Cette zone appartient au « Delta Medio » (Delta Moyen) et s’étend approximativement entre une première ligne imaginaire qui relirait Victoria (Province d’Entre Rios) à Rosario (province de Sant Fe) et une seconde qui unirait Baradero (Buenos Aires) et Ibicuy ( Entre Rios). La succession des phases fluviales et deltaïques associées à ses conditions climatiques et hydrauliques actuelles font ce qui caractérise et distingue cette partie du delta. Son paysage mêle plages et cordon littoraux résultants de la sédimentation, lagunes, plaines alluviales et îles. A ce système déjà complexe placé sous l’influence de nombreux facteurs, viennent s’ajouter les précipitations de la région, les variations des saisons, les changements propres aux affluents mineurs du Paraná ou encore les marées lunaires et solaires du río de la Plata. Il s’agit donc d’un territoire en perpétuelle mutation physique dont une partie seulement des mouvements peut être prévue.
.1 ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES .a la ville morcelée / .b la ville comme un tout
19 ×
.1 ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
Cette partie se propose d’être l’entrée à Rosario guidée par mon regard. Par ce qui est l’origine la plus pure des raisons de ce mémoire, la ville comme je l’ai perçue et comme elle m’a modelée. Elle se veut être une première plongée dans Rosario, à la fois vive et progressive, précise et décomposée, concrète et sensorielle. Elle est un dialogue interne entre premier et second voyage, le tissage subjectif d’une matière personnelle. La distance temporelle et physique avec la ville ainsi que la recherche réalisée pour le mémoire, participent au recul pris pour l’analyse de ces ressentis. Dans un premier temps, je cherche à définir les raisons qui m’amènent à diviser Rosario selon le triptyque : îles, villa miseria et ville formelle. Pour cela, j’étudie les caractéristiques de chacune de façon séparée, individuelle, au travers le croisement d’une matière personnelle et sensible réalisée avant et après le second voyage à Rosario. Dans un second temps, je m’interroge sur cette sensation d’unité ressentie à la pratique de Rosario. Quels sont les échanges, les dynamique, les équilibres et les tensions expérimentées entre îles, villa miseria et ville formelle ? Quelles similitudes les unissent dans leurs formes et dans leurs fonctionnements ?
Barrio Saladillo à la nuit tombée. collection personnelle
20 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
a la ville morcelée * la rigueur de la ville formelle PARCOURS ET POINTS DE REPERES DANS LA VILLE FORMELLE A l’échelle du MICROCENTRE : 1er voyage « Pluie. Nous visitons la ville avec les deux Manons. De l’auberge au monument de la bandera, et le long du fleuve en remontant jusqu’au musée d’Art Contemporain, nous récupérons le boulevard Oroño au début jusqu’au parc de la Independencia. »1 promenade dans Rosario 6.2.14
ill 1 vision personnelle de la ville de Roario et ses repères
« De 9h à 16h : bus pour Rosario. Cimetière, hippodrome… Parque de la Independencia, glaces chez Yomo. »2 8.8.14
image haut: guarderia à kayaks de La Florida. collection personnelle 1 Carnet de voyage « S32°56’34 .768’’ W60°38’37.504’’ » du 3.2.14 au 8.3.14 2 Carnet de voyage du 24.7.14 au 12.8.14, visite à Rosario et voyage en Argentine/Chili/Brésil avec mes parents et mes deux frères
PICHINCHA
ill 1 .
2nd voyage Le premier parcours dessine la moitié nord du microcentre de Rosario. Il relie des points repères et symboles de la ville. A ce moment je ne me rends pas vraiment compte de leur importance dans la structure de Rosario pour ses habitants. Tous ces points sont situés dans le micro centre et sont connus par l’ensemble des rosarinos, y compris ceux de la plus large périphérie. Le musée dont il s’agit est le MACRO, caractéristique par ses silos peints de plusieurs couleurs et réhabilités. Objet témoignant de l’ancienne présence portuaire, il est un des points de référence de la ville, utilisé pour indiquer la fin du microcentre vers le Nord. En habitant à Rosario, je l’utilisais souvent comme point de repère pour donner rendezvous ou expliquer une direction. Le cimetière et l’hippodrome se trouvent dans l’immense et très symbolique parc de la Independencia. S’y situent également le stade d’une des deux équipes de football les plus connues de Rosario : Newell’s old boys et le complexe sportif du club correspondant, un lac artificel, un parc
2nd voyage Cet espace que je décris le long du fleuve Paraná, grouillant de monde est le parc España, autre repère de la ville, si ce n’est son trait de caractère le plus remarquable. On utilisait le taxi le soir, même pour de petites distances car peu cher et pour les recommandations faites par d’autres français face à l’insécurité. Pas encore le bus, ni le vélo. Mon admiration devant l’ambiance du parc face au fleuve est claire, mais je ne suis pas naïve quant à l’insécurité ambiante, que je lie tout d’abord à mon statut d’étrangère. Je remarque à la lecture de mes carnets l’insertion de l’espagnol pour les mots les plus utilisés et caractéristiques de Rosario : le « fleuve » devient « río Paraná » : le « monument au drapeau » devient « monumento a la bandera » …
1er voyage « Je me suis perdue dans le semblable des cuadras avant de connaître l’ordre des rues et de sentir les subtilités qui se dessinent en parcourant le centre, tout me paraissait tellement similaire. Du radical des perpendiculaires, j’allais me reposer avec les tourbillons du Paraná et l’intangible des îles. Les petites rues du vieux Bordeaux étaient loin mais je trouvais ici un grand frère de la Garonne. »4 7.5.15
2nd voyage Ma carte mentale de Rosario au fur et à mesure que je la découvre se précise. Elle est caractérisée par le triangle délimitant le microcentre et ponctuée de points de repères. Mais l’intérieur de cette forme, de ce parcours périphérique est flou. Tout me semble rigoureusement identique et j’ai besoin d’un certain temps pour en appréhender les différences me permettant de me repérer dans de cette uniformité.
1er voyage « Visite de Pichincha, ancien quartier de bordels internationaux connus pour la traite des Blanches. On sert les fesses et ouvre les mirettes : jolies maisons. »5 9.8.14
2nd voyage Je commence à sortir du microcentre vers le quartier de Pichincha. Connu dans le passé pour ses maisons closes, il est aujourd’hui en pleine reconversion, « gentrification ». Il préserve encore de très jolies maisons du Rosario historique, ce qui crée un décalage avec le centre ville pourtant proche. Ce contraste nous replonge quelques décennies en arrière. A l’intérieur de Pichincha, le fleuve semble déjà ne plus exister.
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1er voyage « Après le déjeuner, nous allons marcher un peu le long des quais. Le soleil se couche, el río Paraná est teinté de bleu, le ciel couleur pastel. C’est immense. Les gens sont tous sortis, ils pique-niquent, courent, font du roller ; marchands de nourriture ambulants, musique sympa pour laquelle les escaliers montants sur le toit d’une université servent de gradins. L’ambiance est belle. Ne pas oublier que nous sommes « touristes ». » « Les quartiers au sud (avant Pellegrini) semblent plus défavorisés que ceux du nord (vers le fleuve et Oroño). »3 8.2.14
× ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
d’activités pour enfants, un musée… Les glaciers Yomo font partie de l’identité rosarina. Leurs enseignes ponctuent la ville, ce sont d’ailleurs les édifices les plus ouverts sur la rue, constitués presque uniquement de baies vitrées.
3 Carnet de voyage « S32°56’34 .768’’ W60°38’37.504’’ » du 3.2.14 au 8.3.14 4 Retour d’expérience d’échange universitaire, extraits choisis de l’interview pour le site de la fapyd, 7.5.15 5 Carnet de voyage du 24.7.14 au 12.8.14
22 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
A l’échelle de mon QUARTIER : 1er voyage « Ça fait du bien de rentrer à Rosario ! Je retrouve la panaderia, la fiambreria, la legumeria… pour acheter le piquenique de ce midi. »6 9.8.14
2nd voyage Sous ses apparences de ville immense et infinie, Rosario tient du village où tous se connaissent. Il est d’abord facile de se perdre quand on y est étranger. Les quartiers redivisent la ville. Chacun comporte ses boutiques très spécialisées. C’est-à-dire que le poulet et les œufs s’achètent dans la « polleria », la viande rouge dans la « carniceria », les jambons et fromages dans la « fiambreria », les légumes et fruits dans la « verduleria », le poisson dans la « pescaderia »,… Ces commerces de proximité et de petite échelle impliquent une façon de parcourir le quartier. Cela tisse des relations sociales entre les commerçants et les habitants qui ont les mêmes habitudes, fréquentent de mêmes lieux, se retrouvent dans la file d’attente et discutent des affaires du quartier, du match de football, de la vie de chacun. Les petits commerces sont des lieux de sociabilité bien plus que les quelques supermarchés.
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A l’échelle de ma MAISON :
ill 2 vision personnelle des parcours internes au centreville, définissant les quartiers 6 Carnet de voyage du 24.7.14 au 12.8.14 7 Retour d’expérience d’échange universitaire, extraits choisis de l’interview pour le site de la fapyd, 7.5.15
1er voyage « Je vis près du Paraná, au croisement avec le boulevard Oroño, dans une maison de pasillo. C’est une vieille maison, avec la beauté de ses années, organisée autour d’un patio vert couvert par les branches des arbres. Comme un cœur, il réunit toutes les pièces et génère des situations diverses de rencontres ou permanences. Vivre dans ce type de maison, caractéristique du lieu, a été pour moi une manière de plus de m’imprégner de la culture argentine. »7
2nd voyage Cette maison fût la mienne pendant un an et demi. Aujourd’hui je pense encore que d’avoir vécu dans une casa chorizo -maison traditionnelle de Rosario et Buenos Aires, caractérisée par un long et étroit couloir à ciel ouvert débouchant sur un patio autour duquel s’articulent toutes les pièces- est une de mes plus impactantes et belles rencontres avec la culture argentine.
1er voyage « Plage sur l’île. Musique et moucherons. »8
8.3.14
1er voyage « Nous faisons un tour en bateau sur le Paraná, côté Rosario jusqu’au pont Victoria, puis côté Entre Rios et les îles Charigüé. Le fleuve est toujours haut, les vaches doivent brouter les camalotes dans l’eau, baignant leur gras ventre. Village Charigüé : 300 habitants, 12 enfants scolarisés, son centre culturel et son commissariat. Rappel du workshop Aquifero Guarani, les moustiques en moins…[…] Casas de fin de semaine, impressionnante richesse quand on sait que le terrain ne s’achète pas mais peut être occupé librement à condition d’être libéré dès que demandé par la municipalité. Ni eau, ni électricité, peu de gaz et pas de boutiques. Autre rythme… » 9 22.8.14 « En dépit de la difficulté d’y construire -les matériaux devant être acheminés par voie navigable-, de l’absence d’eau courante et d’électricité, de l’instabilité des terrains, ces zones sont de plus en plus fréquentées. Les problématiques sociales finissent par se répéter. La faille riches/pauvres commencerait-elle à se caler sur le méandre des îles ? »10
23 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
** l’insaisissable des îles du delta Paraná 2nd voyage Ma première description des îles est très brève. Je me souviens y être allée pour la première fois en bateau navette, et être restée sur la plage. Ne pas s’aventurer à l’intérieur du territoire des îles et ne pas les pratiquer en kayak donnent une autre ambiance, bien moins concrète. De plus cette partie des îles est la moins caractéristique, car elle est accessible en bateau navette et la cumbia commerciale sonne sur ses plages, loin du côté sauvage de la plus grande partie des îles… 2nd voyage Lors de ce parcours, je me rends compte de la différence entre l’embouchure du Paraná Viejo et Charigüé. Reliant les deux à la vitesse du bateau à moteur, le contraste me marque davantage que lors des lentes balades en kayak. Un peu comme en parcourant l’intérieur du micro centre de Rosario, je me rends compte des différences à l’intérieur du méandre des îles…
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ill 3 vision personnelle des îles au tout début du 1er voyage ill 4 vision personnelle des îles quelques mois après mon arrivée 8 Carnet de voyage « S32°56’34 .768’’ W60°38’37.504’’ » du 3.2.14 au 8.3.14 9 Carnet de voyage du 24.7.14 au 12.8.14, visite à Rosario et voyage en Argentine/Chili/Brésil avec mes deux parents et mes deux frères
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10 note de mémoire I, 1.10.15
24 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
1er voyage « (…) Les rosarinos ont le pied marin. Leur bateau est leur compagnon. Le plus fidèle sûrement. Il ne fait pas de chichis, son nom n’évoque que du bon. Comme sa voiture pour un taxi, son vélo pour un hollandais, son cheval pour un cowboy. (…) Lourdement les cargos noirs et rouges se déplacent. Je garde mes distances. Quelques voiliers blancs jouent avec le vent. Des jet-ski brisent le solennel du moment par leur fugacité et leurs moteurs. Filants dans l’air, ils tapent en claquant la surface devenue dure du Paraná. Comme si le fleuve se fermait, refusait à s’ouvrir à cet objet d’un temps trop récent. Tout est si grand. Ou si petit, tant impuissant. Les gouttes d’eau sur la peau, elles, sont toujours les mêmes. Elles glissent guidées par la pagaie sur l’avant de mes bras. Sur terre elles seraient aussi petites. Mes coups de rames, mes ronds dans l’eau me paraissent de moins en moins vains au fur et à mesure que la côte se rapproche. Comme si la distance diminuant, la vitesse augmentait. La broussaille se détaille. Son fouillis se défait. Peu à peu se distingue le jaune du sable et le marron de la boue. Puis le vert perçant de l’herbe. Accoster c’est répéter les gestes, inverser leur ordre. Un pied. L’autre. A nouveau le gras épais du fond absorbe mes pieds. Et dans l’eau miroitante, mes mollets s’éclipsent encore. (…) Je suis arrivée à un parador. Plusieurs ponctuent la rive face à la ville. Sauvage aménagé, espaces plats bien cherchés s’offrent en terrains de volleyball. Un bar sur pilotis et une petite terrasse en bois pour acheter des bières rafraîchissantes. Minimum vital d’un espace de plaisirs. Sur des chaises pliantes mais surtout à même le sol, pique nique et mates s’échangent entre les rayons du soleil et dans les dentelles d’ombre.
2nd voyage Les ambiances décrites des îles sont variées. Elles sont génératrices d’un mélange d’activités, de formes…
25 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
Un nylon et un hameçon. Quelques uns pêchent à la ligne les fruits du fleuve. Avec leurs airs de piranhas, les palometas effraient. Elles n’attaqueront pas. Seule la forte chaleur et le fleuve bas les affole. Pas aujourd’hui. On coupe aux raies capturées leur queue vénéneuse avant de les regarder disparaître dans les éclats marrons et blancs de l’eau. »11 23.11.2015
*** l’enchevêtrement de la villa miseria
1er voyage « 4h de bus de Rosario à Buenos Aires. Nous arrivons à Retiro. 1er bidonville. Ça prend aux tripes. Peur ou compassion. On n’y pensait pas. »12 14.2.14
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2nd voyage Finalement, la première villa miseria que je vois n’est pas une de Rosario, mais celle à côté de la station de bus de Buenos Aires, Retiro, 10 jours après mon arrivée à Rosario. Villa Gobernador Galvez fût ma première rencontre avec une villa de Rosario. Une visite de site de projet d’architecture avec la faculté. Je vois encore derrière les vitres poussiéreuses du bus défiler des murs de briques et des pans de tôle, mélangés comme par hasard, perdus au milieu de la végétation verte de la toute fin d’été. Je me rappelle la boue ocre, terrain de jeux de volailles, de porcs et de chevaux en semi-liberté. Je sens aussi encore, le choc devant un habitant assis, les bras croisés sur le brillant de son arme noire. La violence inactivée d’un jeu vidéo. La réalité. Et puis il y avait les images religieuses et les messages à Dieu laissés sur les murs des maisons. La villa c’est le pittoresque. Je m’y sens bien et j’aime y être pour ses proportions, ses perspectives rompues, son échelle humaine. Le piéton roi, les trottoirs occupés et vivants, les hiérarchies des rues et passages creusant l’intérieur des manzanas («pâtés de maison») qui ne sont plus très carrées, me rappellent les villes européennes. Les cuadras du centre ville sont loin, c’est un autre monde. La villa jamais ne se vide, de jour comme de nuit. La maison des uns est celle des autres, on passe du privé au public sans s’en rendre compte.
ill 5 représentation personnelle de l’organisation interne des villas miserias 11 texte personnel – de la ville aux îles, repris le 23.11.15 12 Carnet de voyage « S32°56’34 .768’’ W60°38’37.504’’ » du 3.2.14 au 8.3.14
26 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
b la ville comme un tout * Rosario en général 1er voyage « Pour nos premières impressions de la ville, ça nous semble bien sympa. Hétéroclite. Les immeubles de 15 étages poussent entre des maisons de 2 niveaux. Il y a du neuf, de l’ancien, du beau, du moche, de l’original, du fin, du détérioré beaucoup, … L’architecture est à l’image des habitants. Riches et pauvres se côtoient. Pareil pour les voitures (même impression que j’avais eue dans le bus de la Tienda Leon en arrivant), il y en a des neuves, récentes, abîmées ou d’autres restées à une époque une vingtaine, trentaine d’années plus tôt… »13 promenade dans Rosario 6.2.14
image haut: le passage des cargos depuis les îles. collection personnelle 13 Carnet de voyage « S32°56’34 .768’’ W60°38’37.504’’ » du 3.2.14 au 8.3.14
2nd voyage Je perçois Rosario comme une ville à l’image de ses habitants, dont la diversité et la pluralité font son charme.
27 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
** similitudes de forme et de fonctionnement LES MAISONS “Traverser la rue pour sortir de la maison.” Cesare Pavese
1er voyage « La maison est composée d’un grand hall d’escalier. Immense mais plutôt inutile. Il donne ensuite sur un grand patio extérieur à l’étage, avec la parilla et le reste des pièces autour. Finalement le patio est la pièce centrale. Il y a encore une terrasse sur le toit. Pour aller d’une pièce à l’autre, il faut sortir et passer par ce patio… La cuisine est plutôt archaïque mais le reste des pièces est cool. »14 description d’une maison traditionnelle du centre-ville, 6.2.14
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1er voyage « Description d’une maison d’amis architectes. (cf. ill. 6) Une [maison] à la Tatie, qui crie sur la vereda (trottoir) comment le temps la construite, de tôle, de béton… Au RDC de ce nichoir haut de trois étages, RDC-garage-studio, jour et nuit. Les fonctions se mélangent. La minuscule chambre de la fraternité, quand l’étage n’existait pas. La vie entre le trottoir et le patio, ouverte au jeu. »15 4.9.14 « -quand la maison est partagée entre toutes les générations de la famille. -quand deux familles de la même sphère familiale partagent une même maison ou construisent sur un même terrain ou au-dessus de celle d’un membre de la famille. » « auto-construction contrôlée par un cadre initial (d’architecture). »16 projet d’archi fapyd
2nd voyage Les maisons de la ville formelle aux circulations parfois labyrinthiques, un peu à l’image de la circulation dans la villa…
ill 7 .
2nd voyage Au moment où j’écris cette description de la maison, je ne pense pas me rendre compte à quel point elle est similaire au processus de construction et à l’organisation de maisons dans les villas. D’ailleurs c’est en relisant les pistes d’un projet de logements pour la faculté, écrit avant la visite de la maison, que je fais la liaison avec la villa. L’analyse des photos prises par les habitants du Mangrullo et de Siberia me fait aujourd’hui remarquer avec d’autant plus de force cette ressemblance. Les matériaux utilisés, comme la tôle et la brique creuse, sont également ceux que l’on retrouve dans la villa, la ville formelle et les îles. La maison a été construite et appartient à un architecte enseignant-chercheur à la faculté de Rosario dont le domaine (cátedra) est caractérisé par la préoccupation sociale, des asentamientos et de la périphérie...
ill 6 couloir d’accès à une maison dans la villa de la Siberia ill 7 couloir d’entrée d’une casa chorizo du microcentre de la ville formelle. 14 Carnet de voyage « S32°56’34 .768’’ W60°38’37.504’’ » du 3.2.14 au 8.3.14 15 Carnet pour tout de 5.14 à 4.15 16 Carnet pour tout et surtout pour conférences, workshop… du 28.8.14 à 5.9.14. Idées personnelles pour le projet d’architecture : étude de l’évolution de l’habitat à l’échelle de la famille, le cas des favelas et villas.
28 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
ill 8 maison d’architecte située dans un quartier sud de Rosario, ville formelle, faite de tôle ondulée et briques. Julián Barrale ill 9 maison de pêcheurs située dans la villa Gobernador Galvez, tôle ondulée et bois ill 10 maison de la villa du Mangrullo, bois et tôle. collection personnelle ill 11 maison située dans les îles, sur le cours du Paraná Viejo, bois et tôle ondulée. collection personnelle ill 12 maison située dans la villa Gobernador Galvez, brique creuse et tôle ondulée. collection personnelle ill 13 maison d’architecte située à Roldán, brique pleine. collection personnelle
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LA MATIERE 29 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
« La ville imagine en nous, et il était légitime de recueillir le sens de certains lieux qui se haussent à la dignité imaginaire par leur éclat et leur pouvoir de retentir, de ricocher en l’homme. (...) Puissance proprement naturante de la ville ; cet océan de pierres est tout autant Nature que la nature, la montagne ou la mer… » Pierre SANSOT, la poétique de la ville.
piquant opressant : 1er voyage « Dans les guarderias (garages à bateaux) qui ponctuent le bord du Paraná, s’empilent les coques retournées sur de légères structures métalliques. Labyrinthes aux piquantes parois. A le parcourir on se sent visé. Dans leur coloré équilibre de deux mètres et demi de haut, les kayaks nous pointent. L’oppression du lieu se mêle à l’excitation de ce qui va suivre. »17 « Bien qu’ici (dans les îles), à l’inverse de la dense ville piquetée de tours de quinze étages, la Nature ait largement le dessus, l’Homme y vit et petit à petit tente de faire sa place. »18
ill 14 sensations mises en relations, les tours pointant le ciel et les allées de kayaks dans une guarderia de la Florida. collection personnelle 17 texte personnel – de la ville aux îles, repris le 23.11.15
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18 note de mémoire I, 1.10.15
30 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
l’eau : 1er voyage « Et j’ai vu le fleuve enfin. Très large, couleur Garonne. […] Il pleut + orage= river in the street. Nous pourrions y faire du canoë sans risque de piranhas. »19 premiers pas dans Rosario, 5.2.14
ill 15 pointe de l’embouchure du Paraná Viejo inondée. collection personnelle 19 Carnet de voyage « S32°56’34 .768’’ W60°38’37.504’’ » du 3.2.14 au 8.3.14
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2nd voyage L’eau n’est pas seulement dans les îles, elle est aussi dans la ville formelle et la villa. Les pluies d’été sont torrentielles à Rosario. Les tempêtes, cycliques et hebdomadaires sont remarquables par leur puissance et leur impact dans la perception et l’usage de la ville qui s’inonde. Dans le plan perpendiculaire de la ville, aucun obstacle ne freine la course du vent. Les jours avant et après la tempête sont également caractéristiques : l’atmosphère est chargée d’électricité, la chaleur et l’humidité insupportables, de nombreux dégâts sont causés dans les rues et les maisons par le vent et l’eau (arbres tombés, oiseaux morts, rues sales de décombres emportés par l’eau…). En général à cette période de l’été, en février, le niveau du fleuve Paraná est très haut, recueillant également les eaux d’autres cours en amont. La hauteur du fleuve a des influences sur les habitations et la fréquentation des îles. Notamment, les plages disparaissant sous le niveau de l’eau, l’activité balnéaire est diminuée. Lorsque le niveau du fleuve augmente, le parcours des îles change, ouvrant de nouvelles voies navigables en kayak, recouvrant d’eau des chemins normalement piétonniers… La tempête passée, la soleil brûlant revenu, la ville a un nouveau visage, modelé par le passage de l’eau, ses déformations ou sa permanence. Juste avant mon départ à Rosario, la ville avait fait parler d’elle jusqu’en France pour une attaque de baigneurs par des palometas, poissons ressemblant à des piranhas. Ces poissons sont nombreux dans le fleuve Paraná, les attaques sont peu fréquentes.
× ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES 31
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ill 16 microcentre de Rosario un matin de tempête. collection personnelle ill 17 îles dans le prolongement de l’avenue Pellegrini. collection personnelle ill 18 même partie de l’île (la cabane peinte est celle visible sur l’illustration au-dessus) durant une crue du Paraná. collection personnelle ill 19 Brazo Seco dans la villa du Mangrullo un jour « normal ». collection personnelle ill 20 Brazo Seco dans la villa du Mangrullo pendant une période de crue.
32 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
instabilité de la matière : ou le mouvement des territoires
ill 21 Villa Gobernador Galvez. collection personnelle ill 22 rues de Nuevo Alberdi. collection personnelle 20 texte personnel – de la ville aux îles, repris le 23.11.15
1er voyage «(…) Trouver le sien et l’amener jusqu’au fleuve. Duel corporel. Les kayaks n’aiment pas la terre ferme. Leur corps vide est insaisissable. Je pousse, je tire sur cette peau de fibre de verre. Et voilà l’eau. Enfin. Bercée sur la rive vaseuse, l’embarcation se fait plus docile. Comme si l’approche du Paraná la tranquillisait. Le nez dans l’eau, l’autre moitié sur le sable, le kayak remue. Le courant chatouilleur l’agite tandis que, dans la boue de la côte, s’est déjà doucement enfoncée l’autre partie du volume. Le kayak a besoin de faire corps, de modeler la matière, d’imprégner sa forme. Gilet de sauvetage. Pagaie. On balance les tongs dans l’embarcation. Bruit sourd dans le fond de la coque. Ultime effort à deux mains pour pousser le bateau sur l’eau. Dans un mouvement de poussée, un dernier crissement sablonneux, puis silence. Ça flotte. L’eau opaque et brillante me coupe les jambes à mi-mollets. Je ne vois pas, mais je sens bel et bien mes orteils plongés dans le gluant des fonds. Un pied, puis l’autre. A nouveau faire corps avec le kayak. Trouver notre équilibre. Me mettre au rythme du tangage. Je cherche ma place dans le jeu du fluide et du bateau. Entre les deux je m’immisce. Accorder mes gestes, les postures de mon corps aux mouvements du kayak dans l’eau. Comme une danse à trois. (…) L’eau est matière. L’eau fait la matière des îles. Elle forme dans ses mouvements des lagunes de terres, de sables, de boues. »20 « C’est dans les mouvements du Paraná que naissent et disparaissent les « îles », au rythme des mois et des manifestations climatiques… (vents et inondations, dépôts de sédiments…) Il en résulte de nombreuses zones de lagunes, de petits cours d’eau «temporaires », et quelques points fixes
2nd voyage Parcourir la villa en générale implique un bon sens de l’orientation. Sa forme est davantage proche du pittoresque de nos villes européennes que de villes au plan quadrillé et donc du centreville de Rosario. J’y ai l’impression de me fondre dans la matière, à l’image du kayak qui prend forme dans la matière des îles. La rencontre est très physique avec les îles du Paraná comme avec la villa. Elle est similaire à une randonnée en montagne: même attention à l’endroit où l’on pose son pied, même nécessité d’un bon sens de l’orientation...
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1er voyage « Non, Rosario ne compose pas au passé. (…) Rosario, elle, n’aime pas le noir et blanc. La mélancolie, uniquement l’emportent avec eux ceux qui la quittent. Alors qu’elle inspire la légèreté et la couleur de l’instantané, elle expire déjà le flou et la fugacité de son avenir. Dans cette course du présent avec le futur, Rosario se hâte sur un passé sans densité. Elle ouvre les yeux sur ses présents, sur le «maintenant» qui la forme. Cette rapidité la marque de contrastes lisibles spatialement et socialement. Se confrontent sur son visage les expressions de niveaux de vie, de codes et de mentalités incompatibles. Dans ses rues résonne l’insolence des villes qui grandissent trop vite. »22 « Dans le plan orthogonal de Rosario, relier les quartiers, leurs différences et leurs similitudes. Flux et dynamiques. Matière mouvante. Les rythmes et les temps de la ville sont-ils tant éloignés de ceux des îles ? Les comportements, les réactions, les actions qui y naissent sont-ils si différents ? En certains points, le « monstre métropole » et le « sauvage humedal » sont similaires. Notamment dans cette forme d’instabilité. »23
33 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
dont l‘étude au cours d’un temps long démontre leur déplacement… Alors oui je sortais sous la pluie, parce que tout se transforme à ce moment là, et surtout sur les îles. Rien n’est fixe donc. Ni même la nature… (…) Sur ce territoire sauvage, se plantent des panneaux de vente de terrains. On met en vente la nature instable. On vend du « rien » puisque rien n’est saisissable, imobilisable. Comment définir des frontières à ce qui se meut en permanence, ce qui apparaît et disparaît sans cesse ? Comment vivre ce « territoire nomade » qui se déplace au cours du temps, au rythme des saisons et des évènements climatiques ? »21
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2nd voyage La ville formelle n’est pas concrètement composée de boue comme les îles ou la villa, mais elle est une matière aussi malléable et insaisissable. Elle est en changement constant sous les pressions et dynamiques qui s’y exercent et la grandissent vers le futur.
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ill 23 Iles face à la Florida. collection personnelle ill 24 mouvement de la matière de la villa miseria ill 25 mouvement de la matière des îles du Delta Paraná ill 26 mouvement de la matière de la ville formelle 21 note de mémoire I, 1.10.15 22 Article écrit pour le site 3nta – rotating editor #6 – ROSARIO – « The Fruits of Peripheral Loves », 28.8.15
ill 26 .
23 note de mémoire III, 5.11.15
« Pour distinguer sérieusement deux lieux réels, ne faut-il pas d’abord chercher ce qui les distingue imaginairement ? (...) L’imaginaire n’est pas le fait de la subjectivité mais du réel. (...) Les hommes produisent leur ville. La ville produit ses hommes. (...) « Quelle est l’essence d’un lieu ? » peut être interprété comme « Que peut-on en rêver ? ». » Pierre SANSOT, Poétique de la ville
2nd voyage Les rêves et l’imaginaire occupent une place importante dans mes écrits sur Rosario. La capacité de ces territoires à éveiller l’imagination de chacun m’a marquée.
Proyecto Arquitectónico II - Cátedra M. Barrale - Docente: J. Lattanzi- Julio 2014 Alumnas: Gadret Laure, Martinel Ines
Cooperativa de pescadores en Villa Diego - Santa Fe - Argentina
1er voyage « Voyager et rêver ont leurs sources dans une forme d’instabilité. En m’informant et en vivant le système d’îles du Paraná, m’ont marquée le nombre et la diversité des projets qui en sont nés. Artistes peintres ou musiciens, scientifiques (physiciens) et architectes, … les îles inspirent et sont lieux d’expérimentations scientifiques et artistiques. Elles portent un imaginaire fort. C’est un rêve, un voyage. D’ailleurs plusieurs personnes disent aller « se reposer » sur les îles, fuir la ville, couper avec le rythme rapide de Rosario. Leurs termes sont ceux que j’aurais utilisés avant pour parler de mes voyages. Mais ne peut-on pas en dire autant de la ville ? L’éternel mouvement qui l’anime. La ville la nuit, la ville le jour. (…) Quelle matière constitue l’habitat informel ? Autre territoire instable. Autre source à projet, non ? »24 Presentación del 27 de mayo 2016 Ines MARTINEL
34 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
TERRITOIRES PROPRES AU RÊVE, A L’IMAGINATION, AU PROJET
« Par un sol, un toit, une maison communautaire, ils offrent des espaces de vie, de permanence, de rencontre… où grandissent les enfants, les projets et les rêves. »25 ill 27 projet d’architecture réalisé avec Laure Gadret à la FAPyD ill 28 illustration personnelle
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24 note de mémoire III, 5.11.15 25 Article écrit pour le site 3nta – rotating editor #6 – ROSARIO – « The Fruits of Peripheral Loves », 28.8.15
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35 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
*** dynamiques d’échanges et équilibres
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LA VILLE FORMELLE MARQUEE PAR LA PRESENCE DE L’INFORMEL 1er voyage « Il avait un bras enlaçant un bébé, l’autre plongé dans la gueule du container à ordures. » scènes de rues, vie quotidienne
2nd voyage La ville formelle, jusque dans ses poubelles, déborde de richesses pour les habitants de villas miserias.
1er voyage « Ici comme à Rosario, les commerçants qui n’ont pas de monnaie nous donnent une poignée de bonbons équivalant à quelques pesos manquants. »26 20.8.14
2nd voyage D’ailleurs il n’est pas rare que dans les tiroirs caisse des superettes et kiosko, parmi les cases triant les monnaies et celles des billets, une soit réservée aux fameux bonbons, comme s’il s’agissait d’une monnaie courante.
ill 31 .
VUES ECHANGEES 1er voyage « On veut aller à la plage sur l’île. Problème de bateau. Pas de plage aujourd’hui. »27 premiers pas dans Rosario, 5.2.14 « Je les voyais au loin, depuis la ville. Ligne d’horizon vert de gris, adoucissant la transition entre le bleu pur du ciel et le marron tourmenté du fleuve. »28
2nd voyage Dès mon arrivée dans la ville de Rosario j’entends parler de l’existence des îles. Cependant aller sur la plage ne se révèle pas si simple malgré un contact visuel quotidien… Des liens se font par les vues qui s’échangent entre ville formelle, villa et îles.
ill 29 de la ville formelle à la villa miseria. illustration personnelle ill 30 contrepoids entre rigueur de la ville et flux des îles. illustration personnelle ill 31 retour de monnaie en « bonbons » à la caisse d’un supermarché image : site primeraedicion. com.ar 26 Carnet de voyage du 24.7.14 au 12.8.14, visite à Rosario et voyage en Argentine/Chili/Brésil avec mes parents et mes deux frères. 27 Carnet de voyage « S32°56’34 .768’’ W60°38’37.504’’ » du 3.2.14 au 8.3.14 28 texte personnel – de la ville aux îles, repris le 23.11.15
36 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
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ill 32 la ville depuis les îles à la sortie sud du Parana Viejo, après Charigüé. collection personnelle ill 33 depuis les îles, vue d’une des deux tours Dolfines. collection personnelle ill 34 les îles vues depuis le parc de la bandera. collection personnelle ill 35 ville formelle vue depuis la villa du Mangrullo. collection personnelle ill 36 ville formelle vue depuis Villa Gobernador Galvez. collection personnelle
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1er voyage « (…) Les îles de Rosario. « Las islas » comme on dit ici. Là-bas. Dans un premier temps elles semblent exister pour se reposer, pour s’amuser, pour fuir la ville et la chaleur insupportable des étés de décembre. (…) »29 « (…) Enfin les marques prises, je lève la tête et contemple l’immensité. C’est seulement une fois assise dans le bateau que je prends conscience du lieu. Jusque là, la rencontre avec le site était tellement physique que je me concentrais sur le direct, sur le trajet nécessaire et l’équilibre primaire. Le vaste horizon s’étale mais il n’est pas plat. Sa surface s’anime, danse doucement, incessante et infatigable. L’eau claque les flancs de mon embarcation. J’y plante en cadence les palmes de la rame.
2nd voyage Cela fait sept mois que je suis installée à Rosario lorsque ma famille vient me voir. Pour leur donner un aperçu de la ville, et donc indirectement ce qui compose pour moi la ville, je les promène dans la ville formelle en passant par les lieux de référence, mais les îles font déjà totalement parti de Rosario. Leur relation à la ville, l’impact de leur dialogue contrasté avec les tours, est pour moi le trait de caractère principal de la ville où je vis.
Quelle force exerce l’immensité des choses. Du piquant mais proportionnellement humain de la guarderia, me voilà dans le monde gigantesque du rio Paraná. Comme projetée dans un réseau planétaire, naviguant sur les liens mondiaux que tisse l’eau dans la peau de la terre. Le pont Rosario-Victoria qui au loin semblait déployer les ailes de ses haubans pour impulser l’envol, s’est figé, monumental et statique. Il barre d’un trait blanc et sec, les mouvements perpendiculaires du Paraná. A ses pieds de béton, bruts et nus, je lève la tête. Sur le fond bleu du ciel, son tablier est une autoroute dans les nuages. Comme les lignes que tracent les avions. »30 « Prenons l’ascenseur pour nous ériger à la pointe du monumento a la bandera. 1ère fois, panorama sur Rosario. Fleuves et îles, abstraction et diffus des formes. De gros cargos tentent de nous rappeler l’échelle. De l’autre côté les tours s’élancent comme pour piquer le ciel. Irrégularité,
37 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
LES ILES POUR LA VILLE :
ill 37 pont RosarioVictoria vu depuis un bateau. collection personnelle 29 texte personnel – de la ville aux îles, repris le 23.11.15
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30 texte personnel – de la ville aux îles, repris le 23.11.15
38 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
les casas cachées par ces hauteurs ne cherchent pas à rivaliser et préservent le charme de leur « planéité » par leur absence, par le vide qu’elles créent entre les tours. (...) On repart le long du fleuve. Emerveillement devant les camalotes, les hangars réaménagés, la skyline, les îles, les flots, les couleurs, le ciel au coucher de soleil. […] Retraverser les ambiances des parcs comme à mon arrivée en février. Sorte de chevauchement temporel, renvoi à la mémoire. »31 4.9.14
ill 38 . ill 38 l’impressionnant alignement des piles du pont fonctionne comme un mur visuellement, partant de Rosario sa perspective se perd dans les îles vers Victoria. collection personnelle ill 39 « Traverser le fleuve » signifie dans le langage rosarino quotidien, couvrir une distance d’1kilomètre pour aller sur les premières îles du delta… image internet ill 40 …mais réellement, traverser le Paraná équivaudrait à parcourir 60 km ! image Google Earth 31 Carnet de voyage du 24.7.14 au 12.8.14, visite à Rosario et voyage en Argentine/Chili/Brésil avec mes parents et mes deux frères.
ill 39 .
ill 40 .
1er voyage « Rosario la bien quadrillée se compose de relations circulaires… les cercles invisibles. »32 « Rosario est une grande ville dans ses densités, ses conflits, ses contrastes et ses activités, mais avec le cours du temps, je me suis rendue compte qu’elle a aussi un « quelque chose » de village avec les relations entre les personnes, les habitudes, les rumeurs. J’aime l’imaginer faite de nombreux cercles, dans lesquels se trouvent des gens de mêmes activités, intérêts, environnements et façons de vivre. Et parfois, les cercles se croisent, dans cette danse d’engrenages, il est très aisé de passer de l’un à l’autre et se rendre compte que tout le monde se connaît… Cette dualité est la richesse et la sensibilité de Rosario. Elle permet de rencontrer de nouvelles personnes et de se trouver dans des situations amusantes. »33 7.5.15
2nd voyage
1er voyage « Ses lèvres étaient gercées, son sourire les a fendues. Non, Rosario ne compose pas au passé. (…) Rosario, elle, n’aime pas le noir et blanc. La mélancolie, uniquement l’emportent avec eux ceux qui la quittent. Alors qu’elle inspire la légèreté et la couleur de l’instantané, elle expire déjà le flou et la fugacité de son avenir. Dans cette course du présent avec le futur, Rosario se hâte sur un passé sans densité. Elle ouvre les yeux sur ses présents, sur le «maintenant» qui la forme. Cette rapidité la marque de contrastes lisibles spatialement et socialement. Se confrontent sur son visage les expressions de niveaux de vie, de codes et de mentalités incompatibles. Dans ses rues résonne l’insolence des villes qui grandissent trop vite.
2nd voyage A l’origine, j’ai écrit ce texte pour un article de la section « Rotating Editor », du site web d’architecture 3nta sur la ville de Rosario. Le texte devait décrire mon point de vue en tant que française sur Rosario. J’ai choisi de lier à mon image de la ville, une description du travail réalisé dans la villa par des étudiants et professeurs de la faculté d’architecture (FAPyD) de Rosario, en ramenant le texte à la construction du centre communautaire de Villa Itati. La ville de Rosario y est décrite comme une matérialité en mouvement vers le futur, sans attache au passé et à la muséification, mais où se creusent froidement les inégalités. A l’intérieur de cette évolution séparatiste, des liens viennent par la chaleur de leur humanité rappeler à la moitié de ville laissée en retrait, qu’elle fait partie d’un tout et qu’elle n’est pas oubliée de tous… Ce dernier point est dès à présent un clin d’œil vers la dernière partie de ce mémoire. Aussi, je remarque avoir noté à plusieurs reprises le besoin de temps nécessaire
(…) Alors la jeune Rosario n’est pas faite de l’accumulation de strates historiques, mais dans le quadrillage bien sage de ses artères s’enlacent d’autres épaisseurs, des forces
Lors du second voyage, je crois avoir encore découvert un nouveau cercle composant de Rosario. Un davantage constitué de jeunes qui s’activent dans leur ville pour créer des liens, des agrafes avec les quartiers les plus défavorisés. Luttant pour l’égalité, la justice mais aussi contre l’apitoiement et la ségrégation. J’ai rencontré des gens ou les ai contactés dans le cadre de mon mémoire. Un contact me mettant en relation avec une ou plusieurs autres personnes, les rencontres se ramifient comme les branches d’un arbre sans fin, bousculant un autre ressenti : « Rosario à la géographie d’une grande mais pas la population. Les gens attendent le changement mais ne veulent rien changer. »
39 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
DIALOGUE ENTRE LA FORME DE LA VILLE ET LES RELATIONS QUI S’Y TISSENT
32 Carnet pour tout et surtout pour conférences, workshop… du 28.8.14 à 5.9.14 33 Retour d’expérience d’échange universitaire, extraits choisis de l’interview pour le site de la fapyd, 7.5.15
40 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
impalpables. Ces flux sont des liens entre ses contrastes. Ils jouent à relier les oppositions, à aller et venir de l’une à l’autre. Dans la convergence de leurs mouvements se lisent alors les relations qui dessinent la ville. Si Rosario vit rapidement, il faut du temps pour l’apprivoiser, pour en prendre le pouls, se mettre à son rythme. La rencontrer intimement et la connaitre nécessite des semaines, des mois, des années à la vivre et à l’habiter. Et avec le temps elle s’ouvre. Et l’on devient acteur de cette immatérialité. Les forces en mouvement se révèlent être les actions et les interactions de chacun, l’évolution et les relations individuelles et collectives. Elles sont la scène d’émotions et de sensations, d’envies et de leurs concrétisations.
pour connaître Rosario. En effet sa compréhension n’est pas directe. La ville sauvage s’apprivoise avec le temps et l’implication… Cette sensation de Rosario fonctionnant comme avec un mécanisme d’engrenages, est certainement liée à ma pratique de la ville et aux rôles d’étudiante, monitrice, stagiaire que j’y ai occupés…
Dans cette masse informe se distinguent deux mouvements particuliers qui participent à sa mutation perpétuelle. Dans un courant parallèle, ils se lient et se délient dans des objectifs animés par l’amour et le partage. Ils ont incorporé dans leurs interventions la cadence de Rosario. Ils se confrontent aux problèmes d’actualité et du quotidien, prennent en charge le présent et ses questionnements. Ils actuent dans l’immédiateté par leur rapidité et leur précision d’intervention. Le regard toujours tourné vers le futur, sans cesser de s’étirer vers le devenir. Alors que le centre-ville s’épine de hautes tours en vitrine sur le fleuve Paraná, continue de survivre le Rosario périphérique, s’agrippant aux résidus de richesses du monstre métropolitain. Ces mouvements actifs rassasient l’urgence de l’émergence tout en donnant des pistes pour le développement des quartiers. Ils ponctuent d’une architecture populaire et contextualisée, la spontanéité et l’aspect évolutif de ces territoires.
ill 41 illustration personnelle représentant les relations internes à Rosario (réalisée pour le site 3nta sur Rosario)
Indépendants, ces mouvements tissent des liens culturels et sociaux, jouant entre la Facultad de Arquitectura, Planeamiento y Diseño de la UNR et le Rosario marginalisé. Ils s’appellent «Matéricos Periféricos» et «Domino» et participent de cette matière impalpable
ill 41 .
On inaugurait le centre communautaire à villa Itati. Cette fois-ci on avait offert un solescalier répondant à un couvert en pente, entre lesquels s’articulaient déjà des instants de spectacle, de détente ou de prières. Pour fêter le moment, on lui a peint un papillon sur la joue. Ses lèvres sont gercées, son sourire les fend. »34 28.8.15
ill 42 .
41 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES
qui caractérise Rosario. Sous ces noms vivent des forces qui créent, qui amplifient les connexions humaines. Avec leurs outils et leur volonté ils font pousser les graines d’envies, de besoins et de désirs que sèment les habitants. Par un sol, un toit, une maison communautaire, ils offrent des espaces de vie, de permanence, de rencontre… où grandissent les enfants, les projets et les rêves.
ill 42 illustration personnelle représentant les relations internes à Rosario (réalisée pour le site 3nta sur Rosario) 34 Article écrit pour le site 3nta – rotating editor #6 – ROSARIO – « The Fruits of Peripheral Loves », 28.8.15
42 × ROSARIO PERÇUE À TRAVERS DEUX VOYAGES × SYNTHÈSE
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De ce tissage de ressentis et de souvenirs, Rosario apparait comme une ville plurielle. Cependant, une forme d’instabilité générale, des similitudes de parcours et de matières, des échanges visuels et physiques permanents, unissent ses contrastes. Mais sur quels phénomènes de la ville s’appuient ces sensations ? L’analyse plus scientifique de Rosario permet-elle d’étayer ces intuitions personnelles ?
.2 ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE .a pluralité du statut des intervenants / .b l’image de Rosario par ses spécialistes / .c des relations contrastées et contestées
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.2 ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
Cette partie concerne l’étude de Rosario au travers le regard de ceux qui l’analysent, la pensent, l’écrivent et la construisent. Je m’intéresse aux professionnels de la ville car le métier auquel je me destine en est une branche et parce que je suppose que mes activités dans le domaine de l’architecture ont pu être un lien facilitant la transition entre ville formelle, villas miseria et îles. Cet intérêt se rattache donc à l’intuition qui m’anime de dire que dans la fabrication de la ville ou son étude, une solution aux fractures lisibles à Rosario peut être esquissée. Il est aussi lié au constat fait en y vivant, que les fabricants de la ville ne sont pas uniquement institutionnels… Ce second chapitre du mémoire consiste en une approche sociologique car les spécialistes sont aussi habitants de Rosario, mais leur regard sur la ville est fortement influencé par leur pratique scientifique. L’analyse de ce nouveau regard sur la ville est approfondie et précisée par l’exploitation de la « matière brute » donnée par les intervenants, sous forme de citations. Dans un premier temps, les îles, la villa miseria et la ville formelle sont abordées, permettant d’en apprendre davantage sur les caractéristiques de chacune et d’ouvrir la division de Rosario à d’autres entités. Dans un second temps, des thématiques communément abordées par les intervenants sont développées, précisant les relations qui s’établissent à l’intérieur même de Rosario.
Le pont, la ville, le fleuve. Rapport d’échelles. collection personnelle
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a pluralité de statuts des intervenants J’ai élaboré une première liste de personnes à interviewer depuis la France, à partir des rencontres et connaissances faites lors du premier voyage, et de mes recherches de mémoire faites entre les deux voyages. Dans un premier temps, cette liste se voulait la plus ouverte possible afin de rencontrer des spécialistes des îles, de la villa miseria et de la ville formelle, architectes, urbanistes, ingénieurs, artistes, étudiants investis dans des actions sociales, militants politiques, sociologues, … Elle s’est surtout affinée sur place à Rosario, au fil des rencontres, des entretiens et des recherches sur le terrain. De façon générale, je suis entrée en contact avec l’interviewé par mail, par l’application WhatsApp quand son contact m’était donné par une autre personne, ou en allant directement l’aborder sur son lieu de travail. Le sujet de mémoire expliqué et le rendez vous fixé, les rencontres se sont faites soit à la faculté d’architecture de Rosario, soit au domicile de l’intervenant. En amont, je préparais une grille de questions afin de m’aider à guider l’entretien sans perdre de vue mes hypothèses. Bien que la trame de questions était similaire d’un entretien à l’autre, je l’ajustais en fonction de mes recherches sur la personne et sa spécialité dans la fabrication de la ville. La plupart du temps l’entretien a pris la forme d’une discussion, mettant à l’aise l’intervenant, et les sujets étaient abordés sans forcément suivre l’ordre préétabli. Quand la personne interviewée dérivait sur une thématique qui me semblait éloignée de mes problématiques, je la laissais raconter considérant qu’elle devait trouver ce sujet important ou nécessaire à la compréhension d’autres explications. Si vraiment on s’éloignait trop, je ramenais la discussions en posant une question de la grille d’entretien. Les entretiens ont été réalisés avec les personnes suivantes :
ill 1 Depuis les îles vers une lagune. collection personnelle
Marcelo BARRALE, rencontré le 16.2.16 à la FAPyD. Architecte diplômé de la Universidad Nacional de Rosario (UNR) ; vice doyen de la faculté d’architecture, de planification et de conception de Rosario (FAPyD) de 2004 à 2010 ; coordinateur de l’Área de Hábitat Popular y Vivienda Social (Zone d’Habitat Populaire et Logement Social) de la Secretaria de Integración y Desarollo Socio-communitario de Rectorado UNR (Secretariat de l’Intégration et du Développement Socio-communautaire du Rectorat UNR) depuis 2011 ; coordinateur de workshops avec l’architecte Jorge Jáuregui, spécialiste de la favela
Ana Valderrama, rencontrée le 18.2.16 à la FAPyD. Architecte diplômée de la FAPyD UNR ; enseignante-chercheur et titulaire de cátedra en Analyse de Projet Architectural -trois premières années de faculté- à la FAPyD ; actuelle vice-doyenne de la FAPyD UNR ; titulaire d’un Master en Architecture du Paysage à l’University of Illinois at Urbana Champaign ; thèse sur l’importance de l’architecture à se construire comme manifestation physique du paysage ; a travaillé comme chef du secteur de planification de la municipalité de Rosario ; directrice de Matéricos Periféricos. Carolina Roldan, rencontrée le 22.2.16 au domicile familial dans le micro-centre de Rosario. Etudiante à la FAPyD ; co-fondatrice de l’ONG Orillas travaillant dans le barrio República de la Sexta (asentamiento de la Siberia) depuis 5ans. Mario Dominguez Teixeira, rencontré le 1.3.16 à la FAPyD. Ingénieur diplômé de la UNR ; titulaire de cátedra de Dessin Structurel à la FAPyD ; artiste plasticien ; a grandi sur les îles de Chariguë qu’il continu de fréquenter régulièrement. Roberto Kawano, rencontré le 3.3.16 à la FAPyD. Architecte urbaniste diplômé de la FAPyD UNR ; professeur en cátedra d’urbanisme à la FAPyD ; doctorat obtenu à l’université de Valladoid en Espagne ; a travaillé avec la municipalité. Martin Cabezudo, rencontré le 8.3.16 à son domicile dans un quartier au sud du micro-centre. Architecte diplômé de la FAPyD UNR ; co-gérant avec deux autres architectes de l’agence Arzubialde sur Rosario ; travaille pour l’agence de l’aire métropolitaine du grand Rosario -urbanisme des communes et villes de la grande périphérie de Rosario formant l’Area Metropolitana-. La Yoli, rencontrée le 5.3.16 à son domicile dans la villa du Mangrullo. Habitante de l’asentamiento du Mangrullo depuis 70 ans ; gérante de la Copa de Leche du Mangrullo. J’ai également rencontré Yoli le 27.2.16, car elle fût l’intermédiaire me présentant aux habitants de la villa où elle vit, afin que j’y distribue les appareils photos jetables. Juan Pablo Hudson, entretien réalisé par Internet de retour en France. Docteur en sciences sociales ; travaille dans la recherche sociale et militance politique au Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas (CONICET, Conseil National de Recherches Scientifiques et Techniques) avec le collectif « Club de Investigaciones Urbanas » (Club de Recherches Urbaines); a été enseignant dans le barrio Ludueña et y a organisé des ateliers ; auteur de livres et articles sur Rosario ; spécialiste de l’étude des jeunes de la périphérie de Rosario.
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de Rio de Janeiro ; titulaire de cátedra de Projet Architectural -trois dernières années de faculté dont projet final- à la FAPyD ; a suivi des études supérieures en Politiques Publiques et Développement Local ; directeur du projet de recherche UNR : « Arquitectura de la periferia y los bordes. El caso de Rosario » (« Architecture de la périphérie et des bords. Le cas de Rosario. »)
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Leur Rosario en quelques mots :
« Rosario est une ville LAIDE ! » Marcelo BARRALE
« Rosario est une ville DIVISÉE en deux. » -la richesse du centre appuyée par les politiques de la ville et la pauvreté des marges abandonnée de toute aide du gouvernement-
Ana VALDERRAMA
« C’est une ville INTERMEDIAIRE, à une autre échelle c’est une VILLE-PORT et une ville DE PLAINE. Et c’est une ville RECENTE, de formation récente. » Roberto KAWANO
« La ville de Rosario a beaucoup à voir avec les personnes qui l’habitent. On dit souvent que les rosarinos sont un peu radins, amarette… Et cela se voit un peu dans la construction de Rosario. (…) Elle est souvent sans valeur architecturale (…) on recherche le profit maximal du terrain. (…) » Mario DOMINGUE TEIXEIRA
« Rosario est BELLE ! » Yoli « MAGNIFIQUE mais DIABOLIQUE. Par rapport à ses contrastes, bien difficiles pour les avoir constament présents… (…) tous se connaissent, dans ce sens c’est un village. » Martin CABEZUDO
« La ville de Rosario se trouve depuis quelques années au milieu d’une profonde transformation, douloureuse, même traumatique, qui l’éloigne de certains modes de vie hégémoniques du passé. » Juan Pablo HUDSON
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b l’image de Rosario par ses spécialistes * la ville formelle
Mis à part son plan perpendiculaire et quelques points monumentaux, la forme de la ville de Rosario ne semble pas être issue d’une réflexion précise, ni d’un attachement à une certaine identité ou une quelconque notion patrimoniale. En effet sur la distance d’une cuadra, soit 100 mètres, les tours côtoient de vieilles maisons traditionnelles, des parkings, des terrains vides… Il se dégage une image de ville patchwork, fortement embellie par ses espaces de parcs en balcon sur le Paraná. La présence du fleuve se fait d’ailleurs ressentir comme une respiration, insufflant à la partie du plan quadrillé qui le borde, une légère déformation dans laquelle nait un espace public de parcs. Cet espace d’entre-deux se révèle alors être un excellent point de repère dans la ville. Au même titre que l’ensemble des places et parcs qui dans la régularité des cuadras dégagent des espaces de vide remarquables, ou comme le monument au drapeau, véritable symbole de la ville, scène de représentations en tous genre. Cependant, une certaine ségrégation est ressentie dans les espaces publics de Rosario, ou du moins est notée l’absence de lieux où toutes les classes sociales se retrouvent. Il est aussi fréquent d’entendre Rosario comparée à Buenos Aires. Une certaine rigueur, peut-être vestige d’un temps passé ne se ferait-elle pas ressentir? Où bien est-ce ce mélange ambiant, à l’image de la diversité des cultures, des racines des rosarinos ?
ill 2 Face au très symbolique monument au drapeau donnant sur le fleuve, l’alignement des hauts immeubles est rompu par la persistance d’une demeure traditionnelle. collection personnelle
L’échelle moyenne de la Rosario formelle, à l’inverse de Buenos Aires, permet d’en avoir une appréhension globale rapidement, et de la parcourir aisément en utilisant les transports en communs. Cependant, Rosario est aussi une ville de plaine et son destin, si elle suit le schéma d’autres grandes villes d’Amérique latine, est de s’étendre à l’infini… A cette ville en extension s’ajoutent une densité d’habitat et une fréquentation relativement faible du centre ville. Il en résulte une ville agréable à vivre de jour car elle ne souffre pas de taux d’affluence trop élevés dans les rues et les transports. Mais de nuit la ville ne vit plus ou seulement en des points précis où se concentre l’activité nocturne.
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Comparaison « Quand les journalistes demandaient à Fontanarossa, comment est-ce qu’il décrivait Rosario, il disait « C’est une petite Buenos Aires ». » Roberto KAWANO Echelle de la ville « Ce qu’a de bien Rosario, c’est une question d’échelle. Pour le moment il est possible de se déplacer en transports publics - au-delà de leurs déficiences - tandis que Buenos Aires devient très désagréable, c’est très grand, il y a beaucoup plus de gens… Rosario a une échelle gérable.» Roberto KAWANO « La partie barrio de Rosario est de maisons basses, individuelles… Mais ça a beaucoup changé. Quand j’étais petit, je vivais dans un barrio proche du centre, et les fins de semaine, l’après midi, les enfants pouvaient tranquillement sortir jouer au ballon sur la chaussée, il n’y a avait pas non plus de voitures qui passaient. (…) Les enfants qui jouent sur le trottoire sont toujours moins nombreux. » Roberto KAWANO Identité de Rosario « Je suis rosarino, et je ne pense pas que ce soit une ville qui ait une identité très marquée… D’abord je ne me rends pas bien compte parce que je suis d’ici, et aussi parce que ce n’est pas non plus quelque chose qui me préoccupe. Je crois qu’il faut faire les choses et ne pas trop se préoccuper de l’identité et de ce que chacun est. Chacun doit faire et est ce qu’il fait. Faisons et ne nous préoccupons pas de si nous sommes à l’intérieur de la tradition rosarina ou si l’on est entrain de la changer. Quel est le problème ? Faisons, et voilà ! » Roberto KAWANO
« Le tissu urbain de Rosario est très hétérogène. Parce que nous avons un bâtiment en hauteur, nous avons un terrain à l’abandon avec un parking, nous avons une maison… c’est un cahos à la verticale. L’explication à cela est la capacité d’investissement de la ville de Rosario. (…) Si Rosario était une ville avec une grande capacité d’investissement elle serait invivable, elle serait inhabitable. (…)» Roberto KAWANO Composition de la ville « Rosario c’est une ville sur une autre (…) la ville en elle même manque de beauté… parce qu’en plus les édifices qui se construisent ne sont parfois faits que pour les rentes… » Marcelo BARRALE
ill 3 Dans le barrio Pichincha comme dans le reste de la ville formelle, l’ancien et le récent se cotoient sans inconvénients. collection personnelle
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« Aldo Rossi est un référent pour les urbanistes de cette ville, parce qu’il parle du monument comme point de référence. (…) et un lieu de référence pour cette ville, sans aucun doute est le fleuve. Parce que quand cette grille qui semble être toujours la même se trouve déformée et accidentée contre un système de forme beaucoup moins géométrique ou avec une géométrie de forme moins rigide et pensée par l’homme, c’est là, presque sur la côte, où se produit que cette manzana commence à être triangulaire et qu’il commence à se passer des choses… Ce système tant rigide qu’est le plan se rompt par la présence de cet élément fleuve. Il me semble que le fleuve est comme une marque de la ville, une référence permanente plus qu’un point ! « Où vas-tu ? » « On se rencontre sur Sarmiento et le fleuve». Après les parcs, les places… et les autres monuments qui sont naturels ou artificiels sont les points grâce auxquels chacun se réfère. » Martin CABEZUDO
ill 4
Composition de la ville, espaces publics « Il n’y a pas d’espace public pluriclassiste à Rosario » « Bien sûr, la ville a depuis les trente dernières années, un lien d’espace public au bord du fleuve qui l’améliore notablement » Marcelo BARRALE
ill 4 Irrégularités du coeur de la manzana entre les rues Balcarce, Salta, Jujuy et Moreno, à trois cuadras du fleuve. collection personnelle ill 5 Déformations dans le tissus régulier des cuadras à l’approche du Paraná (bleu), dessinant l’épaisseur des parcs de la rive de Rosario (vert).
ill 5
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Composition de la ville, densité et fréquentation « De nuit, le centre de la ville meurt parce qu’il est principalement commercial, bien qu’il y ait beaucoup de logements dans le centre de Rosario. (…) A Rosario, la vie nocturne existe mais elle est davantage cachée qu’à Buenos Aires, et réduite. Dans la villa, les gens utilisent la rue la nuit. Cela a à voir avec l’extension de la ville. Dans la ville médiévale, comme la villa, les choses sont plus rapprochées. Ici dans le centre de Rosario ce n’est pas très grand, mais je ne peux quand même pas aller d’un bar à un autre en marchant une distance comme du Monument (au drapeau) à Pellegrini de nuit. (…) Aussi, le faible usage des espaces publics est lié à cela, que les villes sont étendues et de faible densité, les gens ne sont pas entassés… (…) La ville peut s’étendre, la géographie le permet à l’infini. La ville de plaine à l’habitude d’être comme ça en Amérique latine… Alors ce sont des villes où il est difficile de développer une vitalité intense dans l’espace public, sauf aux horaires commerciaux… » Roberto KAWANO
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ill 6 Vertigineux écarts entre les immeubles et les maisons traditionnelles de Rosario. collection personnelle
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ill 7 La rue Cordoba de nuit. De jour elle est très fréquentée pour ses commerces et son confort de rue piétonne. photo: Juan Pablo Garcia
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** les îles Les îles du Delta du Paraná Moyen constituent un territoire immense, étendu entre plusieurs villes, et de très faible densité habitée. Des lots sont dessinés pour maîtriser son occupation et son utilisation. Mais bien que la limite entre espaces privés et publics soit définie, elle est difficilement lisible sur le territoire. En effet, l’état des îles est instable, ses frontières sont en constant mouvement. Les courants hydrauliques qui l’animent et constituent l’acquifère Guarani, associés aux vents en modifient continuellement la forme et la topographie. Mais la nature dynamique du territoire des îles face à Rosario n’est pas la seule raison de son instabilité. L’intervention de l’homme et l’augmentation de la fréquentation des îles comme lieu de loisir par les rosarinos, influent sur cette matière malléable et chamboulent le comportement de la faune. L’insertion de tout point fixe dans ce territoire, comme les piles du pont Rosario-Victoria, est suivie par l’apparition d’une île formée de l’accumulation des sédiments sur cet objet, et des autres jeux de formation-déformation du territoire. Le manque de conscience écologique de la part des habitants de l’île ou de ceux qui la pratiquent ponctuellement, impacte son évolution. Face au manque de réglementation visant à préserver la richesse de cet écosystème, les inondations sont le seul moyen permettant à la nature de se régénérer sur les interventions intensives de l’homme. Face aux conditions particulières de vie qu’implique le territoire des îles face à Rosario, la mosaïque sociale est néanmoins perceptible et le divise en deux zones: le Paraná Viejo et Charigüé. Les personnes insulaires possèdent une identité ancrée, portée par leurs modes de vie, leurs coutumes mais aussi par les mythes qui y circulent et l’image qu’en ont ceux qui viennent de l’extérieur. Les activités qui se déroulent dans le Delta du Paraná témoignent également des traditions propres au lieu et à la culture gaucho. Les habitants du Delta vivent dans une sorte de lieu intermédiaire, entre deux villes et deux provinces. Cette partie des îles entretient toutefois un lien étroit avec Rosario dû à leur proximité.
ill 8 La ligne des îles souligne l’horizon du fleuve. collection personnelle
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« Les terrains sur les îles ont des limites. Charigüé a été divisé en lots autour de 1945. Le terrain qu’a acheté mon père à cette époque à un titre de propriété, il est côté et tu ne peux pas sortir de ces mesures. Après il y a les terrains fiscaux, des lots de grands champs, … ils sont tous côtés et ont un propriétaire… - Mais comment se définissent les points fixes sur ces territoires pour pouvoir en définir les mesures ? - Celui qui fait les côtes pose des bornes, des piquets qui restent sur l’île pour identifier les espaces. » Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA
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Division terrains « Il y a des lots définis pour les gens qui vivent sur les îles mais c’est un peu ridicule parce qu’en face de Rosario se trouve le territoire le plus dynamique du delta, le Paraná Moyen. Des terres apparaissent et disparaissent continuellement. Les bases du pont Rosario-Victoria et les pieux changent la vitesse des courants, forment des amas de sédiments, de la même façon, un bateau coulé génère une nouvelle île. » Ana VALDERRAMA
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ill 9 Impacts du pont Rosario-Victoria sur la traversée du delta Paraná. Pont principal de 350m (en bleu), 12 ponts sur les îles (en rouge), un pont d’accès à Victoria, 47km de terrepleins (en blanc) et 5 descentes sur les îles (points verts). illustration issue de la thèse doctorale de Cecilia Inés Galimberti.
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ill 10 Etude au cours du temps du déplacement des îles. Document réalisé lors du Workshop Aquifero Guarani 2014.
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ill 11 et 12 Comparaison de pontons d’accès à une maison sur Charigüé et une maison sur Paraná Viejo. collection personnelle ill 13 Conflits de propriété et corruption s’exerçant sur le territoire du Delta et particulièrement sur des terres appartenant à la municipalité de Rosario. traduction: «Îles volées depuis des années par des entrepreneurs rosarinos avec l’aide protectrice politique de Santa Fe et Entre Rios. 2012 -2013 -2014 on n’a pas avancé d’un mètre dans la récupération, cette année le problème continue de dormir dans les tiroirs de la bureaucratie politique et judiciaire pour bénéficier à un ami commun.» source image: page Facebook du groupe El Parana no se toca (On ne touche pas au Parana)
Le territoire et les habitants « La population insulaire est réduite. Mais il faut aussi prendre en compte le fait que l’île en face de Rosario à 60 kilomètres de large ! Une distance énorme. Alors c’est pour cette raison que la population qu’il y a, en relation à la taille (du territoire), ce n’est rien. » Marcelo BARRALE
ill 11
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Territoire instable « Il n’y a aucune réglementation, d’aucune sorte. » Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA « La crue n’est pas un problème. C’est quelque chose en relation avec le cycle naturel, qui est nécessaire parce que c’est le seul régulateur de cet écosystème… (…) Comme il n’y a pas de lois, comme rien n’est réglementé, la seule chose qui met de l’ordre est la crue elle-même. Car si ce n’était pas par la crue du fleuve Paraná, nous en face, nous aurions déjà une ville semblable à Rosario, nous aurions des plantations de soja partout et des élevages partout. Il n’y aurait plus d’animaux autochtones, le territoire serait totalement détruit et nous n’aurions pas ce que nous avons maintenant, c’est à dire ce réservoir tant important que nous devrions protéger davantage. » Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA
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Autorégulation du territoire « Ce que fait de bien l’inondation, c’est qu’elle ruine tout ce qui est monoculture, soja et élevage. Alors pour quelques années l’île se récupère, trouve un nouvel équilibre, parce que jamais elle ne revient à zéro, jusqu’au jour où les gens, aient de nouveau envie de se mettre à planter. Durant un temps, l’inondation est l’unique régulateur du système naturel. Comme le gouvernement ne le fait pas, la nature le fait. » Ana VALDERRAMA
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Évolution du territoire des îles, les habitants et l’écologie « Plusieurs choses ont changé de façon notable depuis que je vais à l’île. Petit, jamais je n’ai vu une loutre nager dans la rivière… Aujourd’hui si, parce que les gens ont pris conscience du respect par rapport à la chasse. Désormais on ne chasse plus d’animaux pour faire des manteaux de fourrure, parce que les gens ne les utilisent plus. En ce sens, davantage d’animaux autochtones peuvent être observés et sont un peu plus protégés. Car s’il n’y a pas une réglementation générale très importante, par contre il y a une régulation par rapport à la chasse. (…) D’autre part, on remarque un impact sur toute l’île, on entend plus de sons, de musiques, … qui terminent par nuire au rapprochement d’animaux qui avant rejoignaient la côte. Ensuite il y a beaucoup de résidus, avant on ne voyait pas autant de bouteilles et sacs de plastique. Les gens de l’île n’ont pas non plus une conscience très claire du respect de l’île. Pour commencer, ils sont comme des alliés de ceux qui veulent la conquérir. Par exemple, si sur l’île chaque personne a 40, 50 têtes d’animaux, il n’y a pas de problème. Le souci est qu’ils sont tentés de s’occuper de 3000, 4000 têtes de bétail, et ils acceptent par nécessité économique et sans préoccupation pour l’île. (…) Ou s’il doit pêcher en abondance, sans regarder la taille du poisson, l’habitant de l’île le fera… Ils n’ont pas de conscience écologique mais ils ont des besoins économiques de base. (…) Et ils ne sont pas discrets... Il est fréquent de voir les gens rassembler leurs résidus dans un sac de plastique noir et le jeter dans le cours d’eau comme s’il s’agissait d’un container à ordures. C’est un nonsens mais des gens qui vont sur l’île pour la fin de semaine, tous n’ont pas une conscience écologique… » Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA
59 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
Le jour où les îles sont apparues à la ville formelle « - Depuis quand y a-t-il tant de maisons sur l’île ? - La zone du Paraná Viejo a commencé à proliférer lentement à partir des années 1970-80, de plus en plus, petit à petit… Comme si avec le temps et à partir du moment où l’on a commencé à restructurer tout ce qui concerne le port, les gens ont pu se pencher un peu plus pour voir le fleuve et ce qu’il y avait en face. Les gens de Rosario ont commencé à trouver plus d’intérêt à traverser, acheter et édifier sur les îles… Et ça a été un processus lent. » Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA
ill 14 Au croisement de la rue Corrientes et du fleuve, un mur séparait la ville du port avant le déplacement de l’activité industrialo-portuaire. image: Juan Pablo Garcia ill 15 Même vue que ill 14, aujourd’hui. Sans le mur du port, la ville s’ouvre vers le parc donnant sur le fleuve. image: Juan Pablo Garcia ill 16 Intense fréquentation des îles tout au long de l’année. collection personnelle
60 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
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ill 17 Materiaux techniques et finitions précises pour une maison de la zone de Paraná Viejo. collection personnelle
Limite et relation des îles avec la ville formelle « Ce qui limite la province de Rosario avec celle d’Entre Rios est le moment le plus profond du Paraná, le canal. Du coup, quelques îles sont à Rosario, au sud près de Pueblo Esther parce que le côté le plus profond du canal passe de l’autre côté, une d’elles s’appelle Isla del sol. Sinon presque toutes les îles les plus importantes sont à Entre Rios. Ainsi, les îles nous incombent mais pas de façon légale, c’est-à-dire qu’il n’y a pas grand chose que nous pouvons faire de ce côté là. De façon indirecte si, elles sont plus proches de nous que de la ville de Victoria, mais on ne leur donne pas trop d’importance… » Martin CABEZUDO
« Sur les îles on trouve différentes classes sociales, mais ça ne génère pas un mélange. Sur l’île il y a deux zones: celle de Charigüé et celle du Paraná Viejo. Paraná Viejo est une zone cheta (snob) avec des gens qui ont un certain pouvoir d’acquisition, qui sont en compétition pour faire une maison plus belle que l’autre. Ils sont au final sur une île fictive, une île d’eux-mêmes. A l’inverse, sur Charigüé, les habitants qui y vont pour les fins de semaine depuis Rosario sont d’une certaine façon plus en contact avec les habitants primitifs, les gens de l’île, et se maintiennent un peu plus les habitudes de construction… Il y a des cas ponctuels qui sont tout le contraire, mais il y a un respect plus grand pour l’île par ce contact avec les habitants insulaires. » Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA Social, les habitants et leur identité « Le problème des habitants des îles en ce moment est qu’ils sont isolés, dans le sens où ils vivent en face de la ville de Rosario, qui est une ville très importante. Mais ils ne dépendent pas ni de la ville de Rosario, ni de sa province, ils sont de la Province d’Entre Rios. (…) Ils se sentent davantage de Rosario pour la proximité… » Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA Classes sociales, les habitants « Les conditions de vie sur les îles n’effacent pas les inégalités sociales qui existent entre riches et pauvres sur ces territoires. Ils s’entre-aident parfois mais ça ne génère pas une égalité. » Ana VALDERRAMA
ill 18 Rusticité d’une maison en bois à Charigüé, dont le ponton flotte sur des bidons de plastique. collection personnelle ill 19 Kayaks sur les îles face à la ville, au fond s’élève le pont RosarioVictoria. collection personnelle
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Les îles, un territoire similaire à celui de la villa « Les principaux liens de Rosario avec l’île sont plutôt informels. Bien sûr la relation qui se maintient avec les îles et avec le fleuve, de la part des habitants des asentamientos marginaux, est à l’intérieur de cette informalité. Toutes les villas n’ont pas un lien avec les îles. La plupart est éloignée du fleuve. Même quand on va à une villa comme le Mangrullo, la majorité des gens qui y habite ne vit pas de la pêche, elle travaille dans les industries alentours, quelques uns sont ouvriers dans la construction. (…) D’autre part, il y a une relation directe avec le fleuve parce qu’ils ont toujours des inondations, et le paysage déjà, rien de plus, le contact avec le paysage est une relation avec le fleuve. Aussi -ça peut être polémique ce que je vais dire- je pense qu’indépendemment de s’il est sur la rive du fleuve ou s’il est à l’intérieur de la ville -mais au bord du fleuve ce phénomène se renforcel’habitant d’un asentamiento a une relation avec la terre beaucoup plus étroite que celle que nous avons, habitants de la ville légale. Pour une question culturelle, de formation personnelle et de mode de vie, nous sommes plus déracinés. D’une certaine façon, nous avons davantage la possibilité d’aller vivre dans des villes totalement différentes et de nous adapter, que ne peut le faire une personne qui vit dans la villa en contact avec la terre, qui a une poule, des cochons, le fleuve à côté et vit le risque d’inondation de façon permanente, et le risque du froid et de chaleur. Alors bien sûr il a un lien avec la terre, avec le site bien plus fort que celui que nous avons. Donc je crois qu’ils développent un lien particulier avec leur environnement, et s’il s’agit du fleuve cela à encore plus de force parce qu’il impose des conditions bien plus fortes que celles de ceux qui vivent dans la plaine, au milieu de Funes. » Roberto KAWANO
61 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
Composition des îles, les espaces publics « -Quels sont les lieux publics de l’île, où se rencontrent les habitants ? - Concernant les habitants de Charigüé, quand nous achetons un terrain, nous sommes propriétaires jusqu’à la moitié de la rivière. L’espace public est la « rue » que chacun laisse pour que les gens passent, circulent d’un lieu à un autre. Et les lieux en réalité « publics publics » il n’y en a pas vraiment… Ça peut être l’école, un espace de rencontre public, car non seulement les enfants y vont mais il peut aussi s’y faire une fête d’anniversaire de quinze ans… Les lieux publics pourraient aussi être les courses cuadreras, les endroits où se font les courses à cheval. Elles attirent énormément de gens qui aiment les chevaux, ils viennent de différents lieux comme Puerto Gaboto, Villa Constitucion… et se retrouvent dans un lieu défini où s’organisent ces évènements. Ils ne sont pas si fréquents, ça se fait une fois par an… Un autre moment, qui peut se transformer en une sorte d’espace public, est quand on marque les animaux au fer. L’homme traditionnel gaucho, criollo, maintient cette culture et profite de ces moments de marquage ou de vaccination des animaux, pour montrer l’agilité des gauchos de l’île. Ils s’habillent tous en gaucho, mangent un asado, se réunissent… Ce sont des moments publics car disons que peut y aller qui veut, même une personne simplement curieuse peut aller regarder ce qui s’y passe sans problème. Mais ça n’a pas lieu près de la côte, plus à l’intérieur de l’île…» Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA
ill 20 Courses cuadreras sur les îles du delta Paraná. source image: site Internet pce2014.com.ar
62 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
ill 21 Limite de propriété sur les îles. Charigüé. collection personnelle
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ill 22 En vert, aires protégées ayant un plan de gestion. En beige, aires protégées sans plan de gestion. Une importante superficie du delta se trouve sous un régime de protection. Cependant, peu nombreuses sont les aires protégées ayant un plan de gestion. source carte: Minotti 2010 ill 23 Cadastre de Victoria. Parcellaire de la Section Îles du Département de Victoria. Les terres fiscales, propriété de la province d’Entre Rios représentent près de 30% de la superficie totale des Îles du département de Victoria. source carte: Taller Ecologista
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63 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
LOS PROYECTOS METROPOLITANOS DE CARACTER ESTRATÉGICO
LOS PROYECTOS METROPOLITANOS DE CARACTER ESTRATÉGICO
LAS OPERACIONES ENSISTEMAS RELACIÓN CON LOS SISTEMAS E PLANO INFRAESTRUCTURAS LAS OPERACIONES PRIORITARIASPRIORITARIAS EN RELACIÓN CON LOS E INFRAESTRUCTURAS AMBIENTALES. Nº8 OS
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ill 24 Projets de stratégie métropolitaine. Opérations prioritaires en relation avec les écosystèmes et infrastructures environnementales. Source: PUR 2007-2017 (Plan Urbain Rosario)
64 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
*** la villa miseria La forme de la villa miseria, est celle de la spontanéité caractéristique des grandes villes d’Argentine. À l’origine, la villa naît dans l’urgence, elle a les formes du construit dans l’objectif d’une transition, d’une amélioration future. Mais elle finit par se cristalliser, dans les espaces délaissés de la ville car les gens ne parviennent pas à obtenir rapidement les moyens d’acquérir de meilleurs terrains. La villa est un territoire instable et dynamique : pour des raisons humaines et naturelles. On soulève ici un point commun avec le territoire des îles. Sa matière dense et complexe, la rend difficilement praticable. Ce problème formel, entraînant de mauvaises conditions de vie et d’hygiène, est difficilement résorbable car le moindre espace est occupé. Inlassablement la villa se reconstruit et se remplit jusqu’à saturation, si saturation il peut y avoir… Les conditions de vies et les aménagements sont précaires. Aucune place n’est laissée aux espaces publics et communs. Les habitants sont dans une sorte d’entredeux –comme dans le cas des îles mais pour des raisons différentes- car ils ne sont pas reconnus par la ville de Rosario dans laquelle ils se sont installés. L’ensemble de ces circonstances marque les villas miseria d’un mal-être entrainant violence et insécurité. Cependant lorsque les habitants parviennent à s’organiser, une forme de respect et d’entente donne à la villa des allures de village. Les petites ruelles sont animées, on y circule à pied, les enfants se déplacent seuls et jouent dans la rue, le jour comme la nuit. L’espace de la maison s’invite dans la rue qui devient l’espace public majeur de la villa, à l’allure ocsillant entre salon et terrasse de café. Il arrive que des habitants changent de maison à l’intérieur même de la villa, accédant à un habitat au loyer et aux proportions leur convenant davantage par exemple. En effet, bien que la majorité des maisons appartient à la famille y vivant, certaines peuvent être louées. Ainsi, dans les villas aussi s’exercent les balances de l’immobilier… Il arrive que des personnes quittent la villa, en général la famille entière, rarement pour un autre asentamiento, parfois parce qu’elles accèdent à la propriété grâce à une aide extérieure. Il s’agit toute fois de cas très isolés.
ill 25 Paysage de la villa du Mangrullo. collection personnelle
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Territoire instable « La villa est tout le temps en mouvement. (…) La ville informelle change en permanence pour des raisons de relations individuelles, il n’y a pas de plan général (…). De fait, dans plusieur villas il a eu des tentatives de faire comme en Europe avec la ville médiévale (*ordonner, rendre salubre par l’ouverture de voies…), après les gens reviennent occuper les espaces et de nouveau tout le travail est défait. 20 ans après il y a de nouveau une villa. » Ana VALDERRAMA
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65 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
Territoire instable, croissance et social « La villa se densifie disons parce que le problème le plus grave de la ville en ce moment est celui de l’accès à la terre. Parce que la famille grandit, la fille se marie avec le fiancé, a un fils… Où vont-ils vivre s’ils ne peuvent pas s’acheter un terrain ? Alors ils s’installent au-dessus des parents, ou à côté. Le problème est qu’il n’y a pas de système d’accès à la terre pour les gens qui ont peu de ressources. » Ana VALDERRAMA
Une ville de transition « En général, la villa est une ville de la transition. C’est la ville où les gens résident de façon prétendument temporaire quand ils arrivent à la ville. Ils se font un rancho de tôle sur un lieu inondable, sur un terrain abandonné ou inoccupé, ils construisent de façon plus ou moins organisée, là où il y a de la place. Les gens s’installent de façon transitoire en pensant qu’après ils pourront s’acheter un terrain, acheter des briques, un WC, un lavabo, la réserve d’eau… et construire leur propre maison sur 20 ans. » Marcelo BARRALE
ill 26 Une des entrées de la villa du Mangrullo, sans transition entre voie ferrée et maisons. collection personnelle
66 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
Composition des villas, construction « Cela fait plus de 100 ans que l’asentamiento du Mangrullo existe sur le terrain qui appartient à l’ENAPRO. Nous ne payons rien d’impôts, ni d’électricité. Mais cela fait longtemps que nous demandons à la municipalité de créer des lots et de nous donner des titres de propriété.» La YOLI « Les gens ici font leur propre maison, ils construisent tout. Moi j’ai tout fait avec mon mari, toute ma maison. L’électricité, le sol, les tuiles, …» La YOLI Les habitants « Finalement il y a peu de familles de pêcheurs, la majorité travaille aux industries Swift, Paladini, … » « Maintenant il n’y a pas de nouveaux habitants car personne ne s’en va ! » « Moi je vis très bien ici, j’ai mes chiens, mes oiseaux, mon patio avec mes plantes… Le Mangrullo est un autre monde en comparaison au centre de Rosario. Ici les gens s’assoient devant leur maison, c’est très tranquille. » La YOLI
ill 27 Appropriation de l’espace de la rue, villa du Mangrullo. collection personnelle
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Composition des villas, les services « Les villas de emergencia à Rosario ne sont pas comme la favela de Rio de Janeiro qui a des commerces, une église… Elles sont bien plus pauvres, plus déprimantes, les infrastructures de services, eau, gaz, électricité, sont un désastre ! (…) Donc dans la villa argentine il est très difficile de cohabiter. En général les autos ne peuvent pas entrer, il y a beaucoup de ruelles piétonnes de mauvaise qualité, des couloirs étroits, l’entassement, la promiscuité… » Marcelo BARRALE Composition des villas, la construction « Il est certain que les gens de la villa construisent leur propre maison (…) Il arrive aussi qu’ils se regroupent pour construire un espace communautaire. Mais parfois, ou bien ils ne le pensent pas, ne le projettent pas, ou bien ils n’ont pas l’argent, ou les ressources pour le faire. » Ana VALDERRAMA Les habitants « Il y a des gens du barrio, il y a peu de temps, ils ont déménagé à Ibarlucea parce qu’ils ont obtenu leur propre maison avec la municipalité. (…) Ils sont allés très loin de la ville…» Carolina ROLDAN
67 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
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ill 28 Pêcheurs débarquant le poisson sur les rives abruptes. Villa du Mangrullo. collection personnelle
68 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
**** d’autres entités : la pampa et le barrio privado Certains intervenants ont étoffé la sous-division de Rosario que je leur proposais. C’est à dire celle des îles, de la villa miseria et de la ville formelle, en y ajoutant les barrios privados et la plaine. Je ne les avais pas intégrés à mon étude car ce sont des territoires situés à l’extérieur de Rosario. Un décret interdit d’ailleurs la construction de barrios cerrados dans le centre ville, mais par extension avec l’étude de la fragmentation de la ville, nous verrons que l’analyse de leur fonctionnement est enrichissante pour le reste de la recherche. De même, comprendre que Rosario est aussi une ville de plaine permet de mieux saisir ses enjeux d’extension bâtie et de densité habitée. Les constructeurs de barrios cerrados proposent et mettent en place des constructions techniques afin de palier aux problèmes et à l’irrégularité des inondations dans la plaine. Ils sont capables d’exercer un certain pouvoir et une pression sur le territoire, ses politiques et les autres habitants. Ils participent également de la fragmentation de la ville en entités privées fermées. Le Barrio cerrado et la pampa sont donc des facettes de Rosario non négligeables et qui interviendront dans la partie sur la fabrication de la ville, pour ces raisons je les présente ici.
« Le territoire, pas seulement social, de la ville de Rosario peut se définir en trois : la pampa, le ravin et l’aquifère. » Marcelo BARRALE
ill 29 La pampa depuis la route entre Funes et Rosario. collection personnelle
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alors parfois il ne pleut plus, le jour est ensoleillé et la lagune artificielle reste, immense, où on pourrait développer des activités nautiques aussi, comme une scène ! » Martin CABEZUDO
69 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
Le « rôle » des barrios cerrados « La majorité des œuvres que font les personnes des barrios privados ou les entreprises qui les construisent, sont les canaux. (…) Comme stratégie en rapport à l’abondance d’eau, j’ai entendu dire qu’il est plus utile de retenir l’eau et de la faire couler petit à petit, plutôt que de la faire circuler et tenter qu’elle soit évacuée le plus vite possible. Parce que cela permet aussi que les terres ne soient pas lavées si rapidement, on pourrait d’ailleurs profiter de l’énergie peut être… Au sujet du barrage qu’a fait la province près de Funes, quand j’était à la faculté d’architecture, j’y ai fait un projet et j’ai été très impacté parce que quand je l’ai visité, le barrage était une grande aire de champ mais à un moment j’ai vu des photos de cette superficie complètement recouverte d’eau et il m’est apparu très intéressant comment change le paysage simplement avec la pluie. En plus, l’eau reste ici durant plusieurs jours,
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«SAN SEBASTIAN»
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ill 30 plan d’urbanisation du barrio privado «Haras de Funes». RETENUE D’EAU
ill 31 photographie aérienne montrant les barrios privados «Funes kentucky» et «San Sebastian» au sud de Funes, ainsi que le barrage d’eau ayant permis de construire sur des terres inondables. élaboration personnelle sur image aérienne GoogleEarth
70 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
c des relations contrastées et contestées * l’insécurité et la violence, croissantes et lisibles dans l’usage et les formes de la ville
La réputation de Rosario n’est plus à faire. Elle est dangereuse, remporte le titre de ville la plus meurtrière d’Argentine et est rapidement comparée à une jeune Mexico ou Medellin. Les médias relaient une quantité d’assassinats en augmentation constante. Cependant il faut remarquer que les meurtres se concentrent dans la périphérie et touchent presque uniquement les jeunes de ces quartiers. Bien que l’information relate les faits de façon à concerner toute la population, une partie seulement est directement impliquée. L’insécurité liée au vol est quant à elle omniprésente, du microcentre aux barrios cerrados qui parfois se font assaillir, rendant le délit encore plus sensationnel. Les forces policières et militaires sont très présentes dans la ville et patrouillent en permanence. On les observe par groupes de trois, à pied, postés à un coin de rue ou en déplacement, ou bien circulant en voiture selon les zones de la ville. Mais l’augmentation de l’insécurité et de la violence est fortement liée à celle du narcotrafic et de la corruption politique et policière. La presse déborde également d’informations et d’images sur des affaires meurtrières toujours plus troubles, impliquant police, jeunes des banlieues, chefs de bandes de narcotrafique et politiques jusqu’à mélanger les rôles… Les habitants ne savent plus à qui se fier, l’absence d’une force référente protectrice aggrave le sentiment d’insécurité.
ill 32 Le panorama contrasté de la côte de Rosario, entre ville de tours et de maisons basses, passé portuaire, parcs publics et voies de ferrocaril privées.
Le manque, voire l’absence d’espaces publics dans les secteurs les plus populaires de Rosario augmente le sentiment d’injustice et partage la responsabilité face à l’augmentation de la violence. L’insécurité se fait ressentir dans l’usage de la ville et, comme dans un cercle vicieux, plus la violence augmente, plus les espaces publics sont désertés. Les marques de violences sont toujours plus dures. Le meurtre est devenu singulier. Les stigmatisations, les amputations et les cicatrices sur le corps de jeunes de quartiers difficiles sont portées comme trophées ou au contraire, font régner la terreur comme preuve de ce dont sont capables certaines bandes adverses. Le corps aussi est support d’expression des tensions et de territorialisation….
« Avant, il y a quelques années, il n’y avait pas la peur et les gens utilisaient la rue. La peur est exagérée mais a des bases réelles. Il y a clairement eu une augmentation de la délinquance, par dessus tout à partir de l’entrée du narcotrafic en Argentine. Si on ne freine pas maintenant cette entrée du narcotrafic, nous allons parvenir à ce qu’est Medellin… » Roberto KAWANO
« Il y a un souhait de répression qui nait à partir de la crainte que sèment les médias. Mais en même temps, on ne peut pas nier qu’à Rosario les assassinats se sont dupliqués en moins de cinq ans et qu’a brutalement augmenté le délit dans ses multiples échelles, la même chose pour la répression policière. C’est indéniable. Il est essentiel de souligner qu’à Rosario on ne tue pas n’importe où, n’importe qui. Les assassinats, sauf exceptions, ont lieu dans les quartiers de la périphérie. On tue les pauvres. Pas dans le centre ni dans les quartiers où vit l’élite. Dans le cas des vols, oui il y a eu une grande expansion qui inclut le microcentre et les quartiers riches, barrios cerrados ou privés inclus. Par cela je veux dire qu’actuellement ont lieux deux processus simultanés : les discours sécuritaires des moyens de communication augmentent mais le délit et les assassinats augmentent aussi. » Juan Pablo HUDSON
71 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
« La violence dans le centre est intrinsèque au système économique et social dans lequel nous vivons. Tous les secteurs pauvres de la ville n’ont pas de lieu de récréation pour l’été par exemple. Sur toutes les places et les parcs de la ville il y avait des terrains de foot, ce qu’on appelle le potrero, là où les pauvres jouent au football. Comme ils ont réformé toutes les places et les parcs, il a été fait de jolis dessins d’espace pour les secteurs de classe moyenne, les terrains de football ont été enlevés et le pauvre n’a plus d’endroit pour jouer au foot. La violence ne vient pas seulement des pauvres… Les politiques urbaines sont violentes. » Marcelo BARRALE
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ill 33 Police dans la rue piétonne Córdoba à Rosario. image: journal La Capital
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ill 34 La Casa Cisura de l’architecte Manuel Cucurell est l’expression de la volonté d’une famille, d’avoir une maison sécuritaire, où l’entrée est difficile. ph: Gustavo Frittegotto
72 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
** privatisation, fragmentation et territorialisation de la ville. le contre exemple de l’accès au fleuve regagné Rosario suit une croissance fragmentée, propre à la majorité des grandes villes d’Amérique latine. La ville des riches et la ville des pauvres sont voisines et se côtoient mais échangent peu. Leurs territoires sont clairement déterminés par une limite franche et visible comme un mur, ou simplement distingués par la sensation que l’on ressent à les parcourir. L’insécurité et la peur sont à la base de la fragmentation de la ville pour ce qui concerne les parties riches de la population. Le ghetto des pauvres consiste également en une enclave dans la ville, mais de façon plus ou moins volontaire. L’accès y est difficile pour une personne étrangère car elle n’est pas toujours acceptée par les habitants. Mais lorsqu’une relation de confiance mutuelle s’établit, l’entrée d’une personne extérieure est possible. Le partage de la périphérie entre la villa des pauvres et le barrio cerrado est liée à des phénomènes historiques et économiques. Leur proximité ne fait que renforcer les signes de leurs différences lisibles dans les formes construites. Mais la ville des riches n’existerait pas sans la ville des pauvres et inversement. Cette fragmentation se lit également dans les modes de vie et se poursuit jusque dans les espaces de détente et de loisirs. Les « clubs » sont très fréquentés par les rosarinos et permettent à des personnes de même classe sociale de partager des infrastructures et des activités. Les rives de Rosario où il est possible de se baigner sont majoritairement occupées par ces clubs, rendant l’accès aux plages privé et payant. Le narcotrafic est un commerce fructueux qui depuis quelques années, tente de territorialiser des secteurs pauvres de Rosario, en enrolant les jeunes délaissés de la périphérie dans la prolifération de son commerce et sa consommation.
Fragmentation « Et la forme dont les gens occupent la ville aussi est une expression de cet affrontement, de ce conflit social.» Marcelo BARRALE
ill 35 et 35bis Puerto Norte, un quartier sécurisé donnant sur le fleuve où l’usage de l’espace public est contrôlé mais ouvert à tous. source: puerto nortereport.tglt.com
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73 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
« (parlant de Borsdorf) La ville actuelle, il l’a décrit basiquement comme un système d’insularités. « Insula » vient d’« île », enclave. Et la logique de croissance des grandes villes d’Amérique latine est liée avec le fait de créer des petites îles. Ça peut être des îles de pauvreté et de marginalité comme les asentamientos marginaux, ou riches comme les barrios cerrados, les shoppings centers… Des enclaves qui n’ont pas de relation les unes avec les autres ou alors qui ont une relation mais pas avec l’espace public, il faut y aller en auto, on n’y entre pas si facilement et on n’en sort pas non plus facilement… A Rosario, c’est ce qui se passe mais il faut l’observer à échelle métropolitaine, pas à l’échelle de la ville parce que la majorité des barrios privados sont dans des localités de l’Aire Métropolitaine. Dans la ville, il y a peu de barrios cerrados, en fait ce n’est pas possible, c’est interdit par un décret dans la limite de la municipalité. (…) Cependant, oui bien sûr il y a un barrio cerrado à l’ouest, là où se trouve le stade de hockey où ont été joués les mondiaux, et il n’a pas été permis par négociation, ni par corruption mais il y a eu un accord. Et après, il y a des processus qui ne sont pas exactement ceux d’un barrio privado mais qui fonctionnent comme tel. Puerto Norte si on y va et que l’on se retrouve face à ce qui s’appelle les condominios del Alto, en face du shopping, ça doit faire six hectares fermés, ce sont six cuadras. (…) Et la villa a une autre logique. C’est là où se révèle le problème structurel de la ville. Problème structurel qui a à voir avec la pauvreté. (…) Et quand on parle de structure, on parle de ce qui reste dans le temps et qui ne peut pas se modifier facilement. Maintenant oui, je crois qu’il y a un problème dont l’origine, en réalité, n’est pas urbanistique. » Roberto KAWANO
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« Ce système de ville requiert ce système où des gens ont peu d’argent et vivent avec un faible revenu et des conditions urbaines pauvres… Le ghetto des riches, il me semble, a nécessairement besoin qu’existe le ghetto des pauvres. Le contraire aussi. » Martin CABEZUDO « - Il te semble que les villas sont comme des barrios privados à l’intérieur de la ville ? - Oui, c’est ce qu’on appelle ghetto! Il y a de nombreuses manières d’isoler des barrios. Il existe aussi des quartiers ouverts de très haute consommation, comme Puerto Norte, qui n’a pas de limite mais il s’agit quand même d’un ghetto car tu ne peux même pas t’acheter une eau (…) ou directement, on ne te reçoit pas si tu es un pauvre. Et sinon, toute la ville est fragmentée. » Marcelo BARRALE
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« Dans la fragmentation, j’inclurais aussi le barrio cerrado. (…) Du coup il y a disons, les ghettos pour les pauvres qui sont les villas miserias où l’on n’ose pas entrer parce que, je ne sais pas, on a peur qu’on nous vol, qu’on nous séquestre, et ensuite il y a les ghettos pour riches qui sont tous ces barrios cerrados. (…) Ce qui produit fracture est la crainte et l’enfermement, c’est un bout de ville complètement renfermé sur luimême. » Martin CABEZUDO
ill 36 ill 36 Publicité pour un barrio cerrado, montrant l’entrée unique et hautement sécurisée. traduction «Bienvenue à San Sebastian, ton endroit dans le monde.» source: sansebastianbarrio.com. ar ill 37 Espace communautaire «Club House» du barrio privado Kentucky Club de Campo. traduction «Bienvenue dans un autre monde» source: kcc.com.ar
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Territorialisation « La violence est dans tous les barrios. Dans les barrios cerrados, il y a comme une exclusion sociale. Un quartier est abandonné, les narcotrafiquants l’occupent et on ne peut plus y entrer ni en sortir. C’est la territorialisation négative de la ville. Cela passe beaucoup à Rosario. Las Flores, la Tablada… ces barrios sont pratiquement inaccessibles. » Marcelo BARRALE
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« L’expansion du narcotrafic signifie non seulement une affaire économique hyper rentable, mais aussi la tentative de figer une nouvelle autorité territoriale. Ce dernier aspect est le point d’inflexion par rapport à d’autres périodes pendant lesquelles, évidemment, il y avait aussi la commercialisation de drogues. Mais aujourd’hui, les différents maillons de la chaîne narco deviennent acteurs – mais pas les uniques – régulateurs des quartiers populaires. Il y aurait ici une différence en rapport avec la spéculation immobilière : le marché narco a en permanence besoin des habitants de la périphérie, c’est à dire, plus uniquement comme main d’œuvre transitoire, comme ça à lieu avec la spéculation immobilière, mais comme un secteur de consommation. Les narcos dans les barrios essaient de réguler chaque zone dans laquelle ils commercialisent. Que veut dire réguler ? Avoir des informations sur les voisins, contrôler les jeunes, éviter les vols qui peuvent rendre difficiles les ventes, régler leur coup avec la police, etc. Maintenant, l’important à détacher est qu’à Rosario il n’existe aucun groupe de narco qui soit parvenu à contrôler complètement un territoire. Cela n’a pas eu lieu. Ils n’ont pas suffisamment de pouvoir pour contrôler ou affronter l’Etat. » Juan Pablo HUDSON
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« La spéculation immobilière a impliqué l’acquisition bon marché de terres dans les marges de Rosario, pour la construction exclusive de barrios privados, fondamentalement dans la zone nord et nord est et dans des localités comme Funes et Roldán. Même si les premiers cas surgissent à la fin des années 1990, ce processus est un fait de la dévaluation de la monnaie en 2002, le boom de l’exportation de commodities (matière première) et l’alliance entre l’Etat et les spéculateurs immobiliers qui a dérivé en déréglementations et œuvres d’infrastructures en faveur des privés. Ces nouvelles urbanisations occultent les secteurs populaires qui historiquement ont dû s’établir sur les bords de Rosario, sauf comme main d’œuvre intensive durant leur construction. Ainsi en témoignent les grands murs, les grillages et les gardiens de sécurité qui assurent la surveillance des classes moyennes à qui bénéficie la croissance économique post-dévaluation et les propriétés inhabitées, devenues réserves de valeurs des principaux acteurs de l’agrobusiness. Ce que nous sommes venus souligner comme processus historique, c’est la (néo)valorisation marchande de géographies urbaines qui avant étaient uniquement réservées pour les secteurs les plus appauvris de Rosario. Ça c’est un changement historique. Maintenant dans la périphérie coexistent pauvres et riches, alors qu’avant il y avait seulement des pauvres. Cette coexistence n’est pas pacifique. Il y a conflits, répressions, exclusion, résistances. » Juan Pablo HUDSON
« Les villas sont des enclaves à l’intérieur de la ville. » Roberto KAWANO
ill 38 Entrée de l’asentamiento de Villa Gobernador Galvez, l’étranger au quartier n’y est pas facilement le bienvenue. collection personnelle
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ill 39 Privatisation de plages par le Club Rosario Central. ill 40 Plages privées de La Florida.
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« La relation de Rosario avec le fleuve commence à changer à mesure que l’on commence à gagner des espaces publics. Et cette idée croît, que le fleuve est entrain d’être récupéré, plutôt visuellement parce que le contact est très difficile à cause de la topographie. A la Florida, les clubs privés sont en infraction avec la constitution nationale, ce qui arrive souvent en Argentine… car il y a une loi qui s’appelle « chemin d’hallage », du 19ème siècle, qui établit qu’à partir de la marge du fleuve, je crois qu’il s’agit de 100mètres qui devaient être libérés, toujours en accès public et on ne pouvait rien y faire. Pourquoi? Parce qu’au 19ème siècle, pour des raisons technologiques, il était souvent nécessaire de remorquer les grands bateaux avec des cordes depuis la côte, pour cette raison tout cela devait être libre de constructions et d’accès libre. Actuellement, même si cette loi existe encore, ici à Rosario comme dans beaucoup d’autres villes, il a été donné des concessions à des clubs pour qu’ils exploitent la côte. Ainsi, ils ont fermé une portion de plage. L’an dernier ou celui d’avant, il y a eu une réforme de la loi d’hallage, la distance s’est réduite à 30 mètres, et en plus il a été permis au propriétaire de construire quelque chose qui puisse être enlevé. Et ça ne doit plus être obligatoirement en accès libre, ça doit seulement ne pas arrêter d’être un lieu technique au cas où il y aurait un souci avec les bateaux et qu’ils devraient s’approcher de la côte. » Roberto KAWANO
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Privatisation des espaces en relation au fleuve : « En réalité le chemin côtier a beaucoup avancé sur la côte mais il y a des lieux qui ont des droits acquis auprès d’institutions : clubs privés ou industries. Il n’y a pas de lieux où les secteurs populaires peuvent utiliser la côte et traverser vers les îles est très cher. L’usage du fleuve est franchement restreint pour les pauvres. La côte du fleuve Paraná est occupée par des fabriques, des clubs privés ou des entreprenariats immobiliers privés. » Marcelo BARRALE Accès au fleuve « Avant, on ne pouvait même pas voir le fleuve, du fait qu’il y avait tout ce qui est en relation avec l’ancien port, le chemin de fer… Dans la mesure où on l’a retiré, même des ports privés ont été fermés… Au moins les gens voient le fleuve en passant par les quais, par les promenades qui sont devenues publiques ; cela augmente leur envie d’aller de l’autre côté. Ils se penchent au-dessus du ravin de la côte et regardent en face. Et beaucoup de gens, à partir de cette vision, ont commencé à s’acheter un kayak, un canoë, à profiter de ça… » Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA
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« A Rosario, il n’y a aucun lieu où les pauvres peuvent aller se baigner dans le fleuve… Ils se noient parce qu’ils se jettent depuis des endroits interdits… » Marcelo BARRALE « Je ne saurais pas dire si Rosario est entrain de se privatiser. (…) Le fleuve et ce qui se passe sur la côte en est un exemple clair, il y a des processus d’urbanisation qui se gèrent par la logique d’enclave, il peut s’agir d’un asentamiento marginal ou de Puerto Norte. (…) Mais il est aussi vrai que la ville a gagné beaucoup d’espaces publics ces dernières années. Avant, tout ce qui est la côte centrale de Rosario, près du monumento, là où est la station La Fluviale, on pouvait y aller jusqu’au fleuve parce qu’il y a la station fluviale. Mais après il y avait un grillage où l’on pouvait traverser mais ce n’était pas un lieu qui fonctionnait comme un espace public. Un peu plus au nord, à hauteur de la rue España, Presidente Roca,… il y avait un grand mur blanc! C’est pour cela que je dis qu’il y a un processus de privatisation mais aussi que la ville a beaucoup gagné.» Roberto KAWANO
« Avant, Rosario avait toute une aire niée à l’usage d’espace public car c’était une aire de production, de port et d’industrie. Et puis, le déplacement de ces activités vers le nord et le sud a permis que tout cela disparaisse. Face au monumento a la bandera, il y avait un mur et des hangars et des grues et des bateaux qui stationnaient et transportaient du grain… Ce qui aujourd’hui est Puerto Norte, était inaccessible. Ce qui a été réussi malgré que cet espace fonctionne aussi comme ghetto pour classe moyenne haute, est que la superficie au sol est accessible, on peut y marcher, et a été récupérée d’une certaine façon pour l’usage public. Ce n’est pas un barrio cerrado, mais la sensation que l’on a en y marchant est d’être fortement contrôlé. On remarque bien qu’il n’y a pas une clôture qui sépare les riches du reste de la ville, on sait que l’on marche dans un quartier de riches et qu’il y a vigilance… La sécurité n’est pas dans une limite précise qui te sépare mais on ne peut pas éviter de penser qu’ici on est surveillé… » Martin CABEZUDO
ill 41 Jeunes sautant dans le Paraná depuis le parc España. image: Julieta Rodriguez Aye
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ill 42 Avant la création du monumento a la bandera. Les quais sont occupés par les voies de train. ill 42 bis L’ouverture de la ville vers le fleuve est accompagnée de la construction du monument au drapeau et de l’aménagement en parc public des quais. ill 42 ter La même vue aujourd’hui, le parc du monument au drapeau pendant les fête des Colectividades. photo: Daniel Fabri
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79 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
CARTE DES ENCLAVES DANS ROSARIO :
ZONE D’HABITAT SECTEURS AISÉS
ZONES PORTUAIRES OU CLUBS PRIVÉS
ZONES DE VILLAS
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ill 43 Au croisement de l’avenue Wheelwright et de la rue Julio A. Roca. Fin XIXème siècle. Un mur de briques ferme la vue sur le fleuve, derrière se déroule une intense activité ferroviaire... photo: Facebook «Rosario antes y ahora» ill 43 bis Les trains circulaient encore sur l’actuelle avenue Wheelwright, aux environ des années 70. Les lignes de voies ferrées marquaient la délimitation entre ville et industrie. source: CDV fapyd ill 43 ter La même vue aujourd’hui, l’avenue est réservée aux voitures et le piéton doit emprunter les trottoirs, mais ce qui était fermé au public est désormais le parc Espana, s’ouvrant sur le fleuve et les îles. Le bâtiment à gauche était la station de trains «Rosario Central», aujourd’hui il s’agit du «distrito municipal centro». (siège municipal de la partie centre) photo: Alejandro Eiguren
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ill 44 Entre l’alignement des voitures et celui des wagons de train, le mur séparant la ville du fleuve. photo : CDV fapyd
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ill 45 Quand le port fermait la ville au fleuve. On distingue les sillos de l’actuel MACRO, et les voies ferrées aujourd’hui remplacées par les étendues d’herbe du Parc España. source: PUR 2007-2017
82 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
*** le fleuve : un intermédiaire fédérateur de mixité, un point d’entente ?
Bien qu’une partie du fleuve soit en accès contrôlé par la privatisation, le Paraná est considéré par extension comme un des espaces publics de Rosario. En plus d’être un protagoniste de majeure influence dans l’aménagement de la ville, il est la scène d’une intense activité de commerces et de loisir. Tous types d’embarcations s’y croisent, du cargo au kayak, en passant par le voilier, l’hobie cat et le canoë de pêcheur. Il est lieu de baignade et de nage pour certains, source d’inspiration artistique ou littéraire pour d’autres… On le regarde aussi depuis la ville, comme au spectacle depuis les balustrades des parcs. Les îles sont devenues un moyen de s’échapper du quotidien et de l’insécurité de la ville. Mais sous cette effusion d’activités qui l’anime, le fleuve Paraná, associé à l’écosystème des îles, est avant tout le poumon de Rosario. « En réalité, en ce moment (le fleuve) est comme un espace d’extension pour que les gens utilisent un lieu tranquille, la nature. Ils ont des activités sur ces espaces, comme des sports nautiques par exemple… Il y a beaucoup de bars où l’on reçoit les gens de Rosario, qui viennent d’en face. Ils se voient depuis la ville. » Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA
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Manque de contact direct avec le fleuve depuis la ville : « Il y a que le seul lieu pour aller se baigner est au nord ou en allant aux îles en bateau. Mais nous n’avons pas de plages si proches de la ville…» Martin CABEZUDO
« (les îles) sont ici, elles ont un paysage sensationnel, beaucoup de gens de Rosario n’en profitent pas ou ne les vivent pas comme elles le méritent, il me semble. » Martin CABEZUDO
ill 46 Sortie en kayak vers les îles pour des jeunes de quartiers marginaux. source: pagina12 ill 47 Le fleuve comme espace public de la ville et voie commerciale. Entre l’horizontalité des îles et la densité urbaine de Rosario.
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« J’ai du mal à penser à la relation avec les îles. Je ne ressens pas un flux massif de personnes visitant les îles ou y faisant des activités. Ces dernières années, les classes moyennes urbaines ont commencé à pratiquer des sports comme le kayakisme, comme une façon de rompre avec la lassitude quotidienne du travail et l’enfermement sécuritaire ou médiatique. Les secteurs populaires n’ont pas –il me semble- de liens avec les îles. Ils vont pêcher sur la promenade mais pas plus. » Juan Pablo HUDSON
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« Il y a une connexion environnementale avec la ville, mais c’est une connexion que nous ne décidons pas. Elle est naturelle, avec les humedales qui agissent comme filtre de pollution, améliorant énormément la qualité environnementale de la ville de Rosario. Seulement maintenant et après beaucoup de lutte de la part des associations écologistes, le site des îles a été déclaré site RAMSAR au niveau national. Ensemble, la municipalité et les association écologistes se sont rendues compte du potentiel des îles. Et qu’il est nécessaire d’éviter leur surexploitation commerciale, avec des cultures qui assèchent une grande partie des marais pour les rendre plus productifs. C’est un danger pour l’intégrité du système naturel. » Ana VALDERRAMA
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« La relation entre les villes et les îles est basiquement récréative. Sauf quelques petits groupes écologistes, il n’y a pas une politisation de ce lien avec les îles de la part des habitants de Rosario. » Juan Pablo HUDSON « Si je veux faire valoir que nous, rosarinos, devons nous lier davantage avec les îles et que nous devons les considérer à l’intérieur de nos aires de travail en tant qu’urbanistes, et que je me justifie par les activités qui y sont actuellement, il est possible que mon argumentation soit un peu faible. Car quantitativement elles ne sont pas si significatives. Maintenant, si à cela j’ajoute l’analyse de la topographie, du climat, de l’hydrographie, j’ai alors un argument très fort. Regarder les activités mais aussi regarder les questions qui vont au-delà : celles de l’écosystème. » Roberto KAWANO
ill 48 Unités écologiques de l’humedal sur la base des caractéristiques écologiques, du régime hydraulique et de l’origine des géoformes présentes, qui déterminent en grande partie la physionomie du paysage. Ces unités représentent aussi différentes offres ambientales de biens et services écosystémiques et d’usages productifs. source: Taller Ecologista ill 49, 50 et 51 Kayaks et voiliers pour le loisir, cargos pour le commerces et navettes pour le tourisme. Un large éventail de bateaux pour une pluralité d’activités sur le fleuve Paraná. Collection personnelle
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**** l’usage des espaces publiques : une mixité mitigée Les espaces publics de Rosario ne sont pas perçus comme des lieux de mixité. Bien que l’on puisse y croiser des personnes provenant de différentes classes sociales, l’usage qui en est fait varie selon les nécessités… En effet, on remarque une fréquentation massive des espaces en front de fleuve, comme le parc España, par des personnes de classes moyenne et haute pour y faire du footing, prendre le mate, … Les plus pauvres profitent de cette effusion et du pouvoir de consommation de cette classe de la population pour vendre des sucreries et de la « malbouffe ». Le parc du monument au drapeau et le parc de l’Independencia semblent plus populaires et on y retrouve davantage de personnes de condition modeste. Les caractéristiques géographiques permettant un rapport plus proche avec le fleuve à partir des hangars et jusqu’au début du parc Urquiza, concentrent les pêcheurs amateurs dans ces zones. Lors de manifestations commémoratives, sportives ou politiques, les espaces publics de Rosario semblent devenir un terrain d’entente, mais la proximité n’est pas synonyme d’intégration…
« Il n’y a pas un mélange pauvre/ riche, les gens de classe moyenne vont faire leur sport dans les parcs de la côte, les gens pauvres dans les parcs de la périphérie, et il n’y a pas d’égalité d’opportunités. (…) Une personne qui vit dans le centre ne va pas aller au parc des pauvres à s’amuser même si tu lui mets une roue magique !» Ana VALDERRAMA
ill 52 Femmes et enfants au parc du monument au drapeau. collection personnelle
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« Parc ouest, c’est un endroit où se rencontrent les gens de classe moyenne basse, avec ceux de classe moyenne basse basse basse. » Ana VALDERRAMA
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« Eux aussi, ils (les habitants du Mangrullo) aimeraient bien avoir des belles aires vertes, et des parcs pour aller prendre le mate ou se promener. (Yoli compare ici le Mangrullo et le centre de Rosario) » YOLI « Les gens manifestent surtout sur les places les plus symboliques. Celle en face de la direction, du monumento a la bandera, face à la municipalité, … ces lieux sont des places en face desquelles est le gouvernement donc elles sont pour protester contre. » Ana VALDERRAMA
« Ces enfants utilisent la ville, s’ils veulent aller au parc ils y vont et les parents ne les y amènent pas, bien qu’ils soient très petits. Le parc Urquiza est très proche de la Siberia ! Les plus grands ont 11ans, ils ne sont pas si grands… » Carolina ROLDAN « Beaucoup de ceux qui vivent au Mangrullo vont au centre ville, au monumento de la bandera… Avant j’y allais moi aussi, plus maintenant, c’est loin pour y aller et je suis fatiguée, je préfère rester tranquille.» YOLI
ill 53 Pêcheurs à la ligne depuis le parc du monument au drapeau. L’horloge de la station fluviale est visible au fond. collection personnelle
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ill 54 «Dia nacional de la memoria por la verdad y la justicia.» (jour national de la mémoire pour la vérité et la justice) Hommage aux 30 000 disparus de la dictature, le 24 mars 2015. collection personnelle
86 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
***** des flux concrets entre les trois entités : économie parallèle, loisirs, besoins administratifs et solidarité Des dynamiques tissent des relations d’échanges et de déplacements entre les îles, la ville formelle et la villa miseria. Le loisir est certainement la première raison pour l’habitant de la ville formelle de se déplacer sur les îles. Pour ce qui est de la villa, il n’ira que dans un cadre bien défini, souvent accompagné et pour un temps court de quelques heures. En général ce déplacement ont pour but d’aller aider les habitants de la villa par des constructions, des ateliers, des cours, … De nombreuses personnes vivant dans les villas ont un travail formel, déclaré. Ils sont une main d’œuvre facile et souvent sollicitée dans le milieu du bâtiment. Cependant, l’économie parallèle, le travail « plan B » est un des grands acteurs des échanges entre villa et ville formelle. La plupart des habitants de la villa se déplacent dans le centre de la ville, pour en ramener des ressources. Les cartoneros récoltent les cartons et matières recyclables dans les conteneurs à ordures, les trapitos surveillent et gèrent le stationnement des automobiles, certains vendent des DVD piratés, d’autres profitent de manifestations comme le football pour confectionner maillots et drapeaux aux couleurs des équipes, des femmes et des enfants font la manche à la sortie des supermarchés, d’autres vendent des tortas fritas et churros dans des paniers, à pieds, à vélo ou dans de petits véhicules motorisés,… La liste et les techniques pour se faire de l’argent sont infinies. Mais les flux des villas à la ville formelle sont aussi liés à la localisation des lieux de l’administration et du pouvoir. Pour toutes demande d’aide ou autres papiers, les habitants de la villa doivent se rendre en centre ville. L’habitant des îles n’ira quant à lui dans la ville de Rosario que pour vendre son poisson, se réapprovisionner en denrées alimentaires ou autres, et effectuer des démarches administratives. Dans les trois cas, on remarque que les manifestations qu’organisent les habitants de Rosario pour faire valoir leurs droits et faire entendre leur voix, se font dans la ville formelle.
ill 55 Stands de vendeurs ambulants et informels lors de la victoire des derniers matchs par l’Argentine à la coupe du monde de football 2014 (Brésil). Monument au drapeau. collection personnelle
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87 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
« Ce n’est pas la même chose ce qui se passe dans la ville de Rosario et ce qui se passe dans la ville de Victoria. (…) À Victoria, le territoire est plus bas, autrement dit, les îles s’inondent beaucoup plus et en général le pêcheur vit sur la côte. Il fait une incursion dans l’île et revient. Sauf quand il se fait un campement, une tente ou quelque chose du style et reste quelques jours puis revient. A l’inverse, dans la zone de nos îles (face à Rosario), il se passe à peu près cela mais il y a aussi des gens qui restent de façon permanente dans les îles. Il y a des pêcheurs qui y vivent. Par exemple face à Rosario, il y a des familles qui se sont créées une petite communauté de pêcheurs, de familles de pêcheurs, à l’entrée de l’embouchure de los Marinos, près de Charigüé. Après il y a une autre petite communauté à l’embouchure del Saco et à différents endroits. Mais ce qui est le plus fréquent, c’est le pêcheur qui vit sur la côte rosarina, dans la zone de la villa ou de la côte en générale, et qui fait une excursion à l’île, comme ça se fait au Mangrullo ou sous le pont Rosario-Victoria… Et ces gens vont dans l’île avec leur canoës, pêchent non seulement là, mais vont au nord jusqu’à Diamante plus haut. Dans ces voyages, ils restent quelques jours à camper dans l’île puis reviennent à leur maison. Il y a aussi des gens qui sont dédiés à l’apiculture, pas beaucoup mais il y en a. » Mario DOMINGUEZ « Ainsi que pour les habitants des îles, la ville de Rosario sert uniquement à vendre, à acheter. » Mario DOMINGUEZ « Ceux qui vivent sur l’île (…) traversent pour acheter des choses et reviennent. » Ana VALDERRAMA « Il y a des gens de la villa qui vont chercher du travail dans la ville formelle, mais il n’y a pas intégration.» Ana VALDERRAMA
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ill 56 Trapitos sur l’avenue Belgrano, face au monument au drapeau. collection personnelle
88 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
« Les quartiers informels ou villas sont la ville. Basiquement les habitants de ces quartiers sont ceux qui travaillent sur le marché de la construction bénéficiée par la spéculation immobiliaire, ils travaillent dans le secteur des services, services domestiques inclus, et autres emplois. Je ne parlerai pas en termes « positif ou négatif». Durant ces dernières années, quand il y a eu une croissance économique soutenue, les secteurs populaires ont commencé à circuler dans les zones du centre ville dont ils étaient majoritairement chassés avant. Par exemple les shoppings ou la rue piétonne Cordoba, là où se concentre la consommation, étaient remplis de types avec leur casquette ou de familles de la périphérie. Je parle au passé parce qu’avec le changement de gouvernement national, cela commence à se finir. Mais ce fut quelque chose de très important que la consommation elle même rompit avec les formes de circulation hégémoniques. Cette situation a causé beaucoup de rejets dans les secteurs les plus autoritaires de la société. Ce n’est pas un hasard, dans ce sens, qu’ait gagné la droite macriste (l’actuel président argentin est Mauricio Macri, élu le 10 décembre 2015). De nombreux secteurs de la population ont demandé un réordonnement. C’est-à-dire, que les pauvres retournent à leur barrios et ne circulent plus dans des zones « qui ne leur correspondent pas». Dans les villes, il y a de petits circuits préétablis pour chaque classe sociale. Personnellement, ça m’intéresse beaucoup quand certains mouvements ou processus rompent avec ces cartographies sociales et économiques élitistes. » Juan Pablo HUDSON
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ill 57 et 58 Vendeurs ambulants dans le microcentre et le parc España. collection personnelle ill 59 Cartoneros et sa remorque tractée par un cheval, villa du Mangrullo. collection personnelle
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89 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
« Concernant pratiquement toute la récolte de résidus municipaux, les employés sont surtout des gens qui vivent dans la villa. Ou par exemple, ceux qui travaillent dans les magasins de légumes ou qui ont des postes non qualifiés, le travail le plus bas de la ville, illégalement ou légalement, inscrits avec la loi de protection sociale... Beaucoup de gens sont dans cette situation mais vivent dans la villa. Beaucoup de personnes qui travaillent dans la construction vivent dans la villa. Au mieux, un officiel, un travailleur qui dirige d’autres personnes, a sa propre maison, mais les autres vivent dans un rancho. Ensuite, il y a les employées domestiques, ce sont des femmes qui travaillent dans les maisons. Elles font le ménage, s’occupent des enfants… Beaucoup de femmes nettoient les cliniques, les grands bâtiments, … Une femme qui reste à la maison à dormir, avec une petite salle de bain, à côté de la cuisine ou de la buanderie, est une employée domestique cama adentro. (…) ça se fait surtout dans le centre ville et dans les barrios cerrados. C’est une forme d’intégration, de cohabitation, mais parfois ça renforce les inégalités quand la personne rentre dans son quartier pauvre. » Marcelo BARRALE
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ill 60 Trapitos lavant et surveillant les voitures en stationnement sur l’espace public. source: La Capital ill 61 et 62 Scènes de rue quotidiennes de villeros fouillant le contenu des poubelles dans la ville formelle. source 61: arcoirisdelcambio wordpress source 62: Facebook
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ill 63 Kiosque ambulant vendant des sucreries au parc du monument au drapeau. Sa présence crée un espace public temporaire avec l’installation de chaises pliantes. collection personnelle
90 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
****** mobilité et transport : vélo et transports en commun pour tous. Concernant les transports de proximité, la ville de Rosario bénéficie d’un bon réseau de lignes de bus desservant le centre, sa périphérie et l’ensemble de l’Aire Métropolitaine du Grand Rosario. Au sol, dans certaines rues, les rails sont restés, vestiges du temps où un tramway fonctionnait. Les voitures particulières et taxis restent très utilisés et la ville essaie d’adopter des méthodes pour décongestionner le centre et diminuer la pollution. En février 2016, la municipalité a mis à l’essai 280 vélos publics « Mi bici Tu bici» avec des stations en différents points de la ville, pour le moment concentrées dans le microcentre. En mai 2016, la mairie compte 10 000 utilisations et une fréquence de 1000 voyages journaliers (d’après le site internet de la municipalité de Rosario au 12 mai 2016). Le vélo est de façon générale très employé, et un réseau de pistes cyclables suit les grandes artères du plan quadrillé de Rosario.
« Les nouvelles bicyclettes publiques de la municipalité sont inutiles parce que chaque fois que l’on passe devant les stations, elles sont vides, il n’y en a pas assez. Et pour le moment elles sont gratuites, mais après il faudra payer! En plus elles sont toutes dans le centre... » la YOLI « Il y a quelques pistes cyclables que les gens utilisent beaucoup. Sur boulevard Oroño, vers le sud, il y a un terre-plein central important car la bicyclette était très utilisée par les ouvriers pour aller travailler. Mais quand on y va, on remarque que la chaussée est très utilisée, et non la piste cyclable. « Mais pourquoi on te construit une piste cyclable si tu continues d’utiliser la chaussée ? » » Roberto KAWANO
ill 64 «Mi Bici Tu Bici» (Mon Vélo, Ton vélo), programme de vélos publics mis en place par la Municipalité de Rosario. Février 2016. source image: municipalité Rosario (MR)
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« Les gens utilisent beaucoup les vélos publics, ils sont encore en période d’essai. Je crois que c’était nécessaire, quelque chose pour revitaliser l’espace public est fondamental, une politique de mobilité qui essouffle l’usage de la voiture particulière. Je crois qu’à partir de là peuvent commencer à se générer des choses pour travailler sérieusement le problème de l’insécurité. » Roberto KAWANO
91 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
MICROCENTRE
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ill 65 Le réseau des transports en commun dessert le microcentre et y rattache les quartiers périphériques. Elaboration personnelle à partir des plans de 13 lignes de bus, plan de base: municipalité de Rosario
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ill 66 le réseau de bus couvre la ville de Rosario avec une fréquence régulière toute la journée, la nuit le trafic reste très limité. collection personnelle
92 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
******* la culture, le football et l’école : des lieux et temps de rencontre ?
ill 67 Rassemblement lors des victoires de l’Argentine au mondial de football 2014, s’y croisent toutes générations et classes sociales, Monument au drapeau. photo: Laure Gadret
Les avis semblent converger sur l’école en tant que lieu où se rencontrent toutes les catégories sociales. En effet il s’agit peut-être d’un espace d’échange entre différents degrés de la classe moyenne, ou entre classe moyenne/classes aisée ou classe moyenne/classe populaire, mais jamais ne se rencontrent les deux extrêmes de la pyramide sociale dans les lieux de l’enseignement. L’université est bien vite abandonnée par les plus pauvres, devant travailler assez jeune pour recourir aux besoins de toute leur famille. Les universités privées sont davantage choisies par les personnes les plus aisées malgré le bon niveau de la faculté publique. Le football en tant que sport pratiqué se révèle être un brasseur des classes sociales. En effet la majorité des joueurs des grandes équipes sont issus de quartiers populaires. Les tournois permettent à des joueurs de tous horizons de se rencontrer et de s’affronter le temps d’un match. Cependant le football comme passion rassemble les gens sous les couleurs d’une équipe mais reproduit le schéma de division sociale à l’intérieur même du stade où les emplacements ont leur prix… Le profil cosmopolite de Rosario en fait aussi sa richesse. La ville attire de nombreuses personnes venant du reste de l’Amérique latine et quelques européens. Elle reste très marquée par les migrations espagnoles, italiennes et françaises au début du siècle. Cultiver la différence, l’identité et la culture Latino Américaine sont des éléments rassembleurs.
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« Le football réunit mais ce n’est pas suffisant pour dire que la ville est intégrée. Le football est très populaire de fait que les joueurs de foot sont des personnes nées et qui ont grandi dans des lieux très pauvres, en majorité. » Ana VALDERRAMA « Le football est un espace de mélange, de même que l’Eglise, les équipements religieux, les hôpitaux, … Ce sont des lieux où les gens échangent entre eux, mais il n’y a pas de conditions d’égalité. » Ana VALDERRAMA
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« La situation de vivre ensemble dans la ville est devenu un sérieux problème. Le football n’est plus un lieu de socialisation car il est très violent, la drogue est très impliquée dedans et les clubs ne laissent plus entrer que les membres dans le stade. Ce qui avant s’appelait la «popular » (populaire) permettait de se payer l’entrée, maintenant il faut que tu sois membre, c’est devenu très fermé. » Marcelo BARRALE
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« En relation au football, mon frère joue à Fishertown tous les fins de semaines, et je crois que dans le tournois il y a des clubs de différentes provenances sociales, des équipes de différentes classes sociales… En ce point le football rassemble les gens. Aller au stade de foot c’est possible aussi, le riche et le pauvre sont supporters du même club… Mais bon, dans le même stade, il y a la même sous-division, la « platea » est beaucoup plus chère et y vont les gens qui ont de l’argent et la « popular » est justement plus populaire et y vont les gens plus pauvres… Le stade en lui-même est un lieu où il y a des divisions de classes… » Martin CABEZUDO
ill 68 Rassemblement lors des victoires de l’Argentine au mondial de football 2014, s’y croisent toutes générations et classes sociales. Monument au drapeau. collection personnelle ill 69 Le fanatisme pour une des deux équipes de Rosario s’affiche lors des matchs de football. Ici, le stade de NOB. traduction banderoles: «MESSI: être les meilleurs est ce qui nous différencie des autres.», «les supporters les plus populaires.» source : 90min.com
94 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
« En Argentine, un des espaces de plus grande cohabitation de classes sociales est l’école publique selon moi. (…) Et à l’université publique, l’individu connaît une diversité de secteurs sociaux, culturels, d’origine, de nationalités très diverses… » Marcelo BARRALE « Il y a des endroits où les gens se rassemblent mais c’est parce qu’il y a un intérêt politique, parce qu’il y a l’intérêt de défendre une chose en particulier, parce qu’il y a un intérêt religieux… Je vois encore beaucoup de fragmentation sociale, à l’école aussi. Un des enfants du barrio où nous avons fait la Copa de Leche a voulu aller à une école publique de classe moyenne mais qui est des plus prestigieuses à Rosario, il s’agit du Politecnico. Il a rendu les examens, il a fait tous les cours de mise à niveau et il est entré mais finalement il n’y est pas allé. Il n’y est pas allé parce qu’il s’est senti marginalisé par les autres compagnons de classe moyenne haute. Il n’y a pas d’intégration, il n’y a pas de vraie articulation entre les classes sociales.» Ana VALDERRAMA « Ceux qui traversent beaucoup aux îles sont les écoles. » Marcelo BARRALE
ill 70 le «Politecnico», Institut Polytechnique Supérieur est le «lycée» public le plus réputé de la ville. Un concours est nécessaire pour y entrer. Il se trouve au croisement de l’avenue Pellegrini et de la rue Ayacucho. source : skyscrapercity
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« - Les enfants qui vivent dans les îles viennent à la ville de Rosario ? - Non, les gens qui vivent dans l’île ont une école en général. Par exemple dans la zone proche de Charigüé, il y a l’école Leandro Alem où vont 15 écoliers actuellement. Ces quinze enfants sont fils et filles de pêcheurs ou de personnes qui vivent à Charigüé, et qui se dédient non seulement à la pêche, mais aussi à la surveillance de troupeaux et à l’élevage. A l’école, l’enfant des îles va apprendre ce qu’apprend un enfant de n’importe quelle ville. Il a un maître qui vient d’Entre Rios parce que ça correspond à cette province, et ce qui leur est enseigné est ce qui s’enseigne habituellement à un enfant de la province d’Entre Rios. C’est un plan d’études presque identique au notre. En réalité, ils ne vont pas apprendre les choses liées au territoire, ça ils l’apprennent avec la famille. » Mario DOMINGUEZ « Dans l’Education il n’y a pas non plus d’égalités (…) Même si on a une éducation publique gratuite, il y a un secteur de la société qui ne peut pas accéder à l’université pour différentes questions : il nait dans des contextes sociaux très dégradés: les enfants doivent travailler depuis petits pour soutenir la famille donc ils ne trouvent pas d’intérêt dans les études. » Ana VALDERRAMA
« La musique de cumbia, la danse, les fêtes locales sont des éléments qui pourraient être partagés malgré les différences marquées. (…) En décembre se fait la fête des collectivités, dans le parc de la bandera, là converge tout le monde, que ce soit les gens du centre, des barrios, de la villa… C’est un des peu nombreux moments de l’année où se regroupent toutes les classes sociales de la ville dans un unique lieu et vivent une fête en commun. » Martin CABEZUDO
« Rosario est cosmopolite. Ça aussi c’est son bon côté, ce qui enrichit la ville c’est qu’elle est composée de Tucumanos, Salteños, Chaquenios, Paraguayens, Boliviens, que chacun a ses coutumes, sa façon de parler, son lexique, sa cuisine, ses vêtements, ses traditions et qu’ils se mélangent ici dans la ville. Il vient des gens de tous les endroits… (…) » Martin CABEZUDO
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« Oui, je crois que le football pourrait être une des manifestations qui rassemble les gens, quelque chose qui intègre. On peut aussi parler de la musique qui s’écoute, qui aujourd’hui est tout ce qui est lié à la musique latinoméricaine, il y a plusieurs années on n’écoutait pas autant de cumbia, les jeunes ne dansaient pas la cumbia dans la ville et maintenant si, il y a comme une sorte d’acceptation de la musique n’importe où… Le Fernet con CocaCola, le mate également sont des choses communes, que partagent les trois. » Mario DOMINGUEZ
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ill 71 scène improvisée devant les escaliers du parc España qui servent de gradins à l’occasion. collection personnelle
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ill 72 Fogata de San Juan San Pablo, parc sud du Saladillo. Classe moyenne et classe populaire se retrouvent autour d’une fête catholique. 28 juin 2015 collection personnelle
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******** les imaginaires et mythes de la ville. entretiennent-ils la distance spatiale et sociale ? Depuis la ville, les îles dégagent une certaine notion d’exotisme. L’idée d’un retour à la nature, à l’essence primitive de l’homme, loin de la ville et ses commodités. Une certaine curiosité anime réciproquement l’habitant de la ville et l’habitant des îles, même si les contacts entre eux sont de plus en plus fréquents. Il arrive que les habitants des îles soient regardés avec compassion face à leurs modes de vie rudes, et que les habitants de la ville se mobilisent pour leur apporter une « aide» dont ils n’ont pas forcément la nécessité. Entre l’habitant de la villa et celui des îles, il y a peu de différence. L’un comme l’autre est très attaché à la nature, à la terre par la pêche, la chasse, la récolte. Les conditions de vie et la construction de leur habitat les lient particulièrement au territoire et à ses variations physiques comme thermiques… Il n’existe pas particulièrement d’imaginaire entre l’un et l’autre. Les îles inspirent poésie, œuvres littéraires et artistiques. Leur ambiance, l’atmosphère floue et secrète que dégagent leurs broussailles et chemins cachés en font une source continuelle d’imagination. On aime les rêver habitées d’un peuple magique, d’animaux inconnus et d’une flore ensorcelante. Le mur qui a barré l’accès au le fleuve pendant de longues années, a éveillé dans les esprits l’imagination des choses cachées. On percevait le port et son activité, ses sons, ses odeurs, le haut de ses grues paraissait de l’autre côté de la frontière… Aujourd’hui le mur a été détruit mais l’imaginaire du port est resté, et les cargos l’entretiennent au fil de leurs allers-venues sur la Paraná, reliant les continents et Rosario au reste du monde… Cependant une vision plus négative porte à les regarder comme la manifestation de l’agrobusiness dont la résonance dans la ville se ressent sur le plan sanitaire, économique, social et écologique. Comme une réduction des phénomènes de la ville à l’échelle de l’image du cargo.
ill 73 et 74 Peintures «Creciente « (crue) et «caaporá» (créature fantastique de la mythologie guaraní) de Mario Domínguez Teixeira, inspirées des îles du delta et particulièrement de Charigüé où il a grandi. source: centro cultural isla charigue ill 75 Peinture murale de Raoúl Domínguez à la station maritime La Fluvial.
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« Quand j’étudiais à la faculté, je vivais près du port et je voyais le grand mur et je voyais quelques grues qui étaient de l’autre côté... Et même ! J’ai de la nostalgie pour ce paysage, parce qu’il était laid mais c’était beau cette idée de m’imaginer ce qu’il y avait de l’autre côté, je ne le vois pas mais je l’intuis, ça avait son charme et c’était plutôt différent.» Roberto KAWANO
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« Toute ville vit de changements permanents. Il n’y a pas de ville statique. Mais en des périodes déterminées de leur histoire elles traversent des seuils qui les déposent ailleurs, en étant autre, en ayant changé de forme structurelle. Rosario s’est transformée mais n’a toujours pas terminé de traverser ce seuil traumatique. Ma sensation est que le changement a été si profond qu’il y a une tension forte entre certains imaginaires qui perdurent encore entre les personnes et ce qui se passe réellement. Il y a encore des gens qui considèrent Rosario comme une ville tranquille, alors qu’elle ne l’est plus depuis des années. » Juan Pablo HUDSON
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« Moi quand j’étais petit, je me souviens de familles des îles dont les membres n’étaient pas enrôlés (n’avaient pas fait de service militaire), ils n’avaient pas de documents, ne savaient pas utiliser l’argent et ne connaissaient presque pas la ville. (…) Ils n’avaient pas beaucoup de contact avec les gens… Ensuite, les personnes de Rosario qui ne connaissent pas l’île se demandent comment est la population, comment est-ce qu’ils vivent. Ils se préoccupent sans cesse de leur faire parvenir des affaires parce qu’ « ils sont nécessiteux», mais ce n’est pas vraiment comme ça, parce que les gens ont des ressources, ils ont beaucoup d’animaux et ils peuvent vivre sans ce type de soucis. Ils vivent à leur façon mais sans difficultés. Il n’y a personne qui soit démuni, qui n’ait rien à manger, sauf quelques cas ponctuels, mais sinon la majorité des gens vit bien en tant qu’insulaire. Il y a le cas de personnes âgées, que les enfants sortent des îles parce qu’ils sont vieux. Ils les amènent à Rosario et là ce n’est pas facile parce qu’ils ne sont pas habitués et ils terminent soit par revenir sur l’île, soit par avoir une mauvaise vieillesse parce qu’on les a enlevés de leur environnement. » Mario DOMINGUEZ
« D’un côté, effectivement, les moyens de communication construisent une réalité dans laquelle il existe uniquement les problèmes d’« insécurité ». La répétition de cas de vols ou d’assassinats intensifie la crainte, la méfiance et la haine sociale. » Juan Pablo HUDSON
« Avec des amis, on avait l’habitude de dire, avec un certain sarcasme, que les gens s’assoient dans les parcs de la côte à contempler et prendre en photo les navires de charge qui transportent du soja en Chine et en Europe comme s’il s’agissait d’un divertissement touristique et non de la conséquence d’agrobusiness qui se traduisent en de graves problèmes de contamination et en l’enrichissement de quelques uns. Dans ce sens, les propres habitants d’une ville peuvent regarder ou avoir une attitude de touriste. On pourrait appeler cela le devenir-touriste du voisin. » Juan Pablo HUDSON ill 76 Le passage des cargos face à la ville participe de l’imaginaire lié au voyage et au port. La présence visuelle premanente des îles stimule également la rêverie et les mythes. collection personnelle
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ill 77 Illustrations de Pablo Boffelli, artiste rosarino. source: site web de l’artiste
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A Rosario, l’utilisation de la brique pour le remplissage et du béton pour la structure, est largement lisible dans la plupart des constructions. La brique creuse ou pleine est un matériau fréquemment utilisé dans les cabinets d’architecture, comme j’ai pu en faire l’expérience lors de mon stage chez Manuel Cucurell. Son visuel est plus ou moins accepté, notamment chez les classe moyennes élevées pour qui la brique creuse est davantage cachée car considérée comme un matériau pauvre. La petite brique pleine fait l’objet de variations rythmant les murs, leur donnant une texture, et permettant de créer des sortes de moucharabieh. La villa est faite des matériaux de récupération, elle est un patchwork de tôles, de morceaux de bois et de toiles tendues. Dans le meilleur des cas la construction est consolidée par des briques creuses laissées nues. Sur les îles, les matériaux utilisés sont ceux trouvés sur place ou y faisant référence. Le bois est largement privilégié pour les constructions traditionnelles comme pour les récentes, mais on remarque l’arrivée de constructions bétonnées. Le coût est néanmoins plus élevé du fait de l’acheminement des matériaux et leur réalisation, en désharmonie avec le territoire sensible des îles est critiquée. « Il faut toujours essayer d’intervenir à partir de ce qu’il y a sur le lieu. Au centre culturel Charigüé, il y a une série de constructions qui est faite à peu près des mêmes matériaux que ceux qu’utilisent les habitants des îles. Il faut essayer de ne pas transformer ce lieu en un territoire qu’il n’est pas disons… (…) Rien n’empêche les gens de construire ces maisons là, de béton, les gens sur l’île peuvent faire exactement n’importe quoi... Le bois sur l’île ne sert pratiquement pas à construire, sauf pour faire comme nous avons fait au centre culturel. Il a un rez de chaussée fait de pieux de postes téléphoniques qui résistent plutôt bien à l’eau, il y a quelques pieux de bois dur et une partie de maçonnerie qui correspond à la partie qui doit le plus résister à l’eau, mais le niveau supérieur est fait avec des barres de saule recouvertes de boue. Ces barres s’apposent l’une au dessus de l’autre et ensuite on les recouvre de boue et d’herbe sèche de chaque côté, après on en peint l’extérieur. Cela serait le rancho typique de l’habitant de l’île. Une partie des matériaux provient directement du site et l’autre partie peut s’y trouver mais vient d’ailleurs.» Mario DOMINGUEZ
99 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE
********* les matériaux de construction : similarités entre villa miseria, îles et ville formelle
« Sur cette île (en face de Rosario) il n’y a pas de forêts, il n’y a pas beaucoup de matière pour construire. Les constructions traditionnelles de l’île se faisaient avec des tiges de roseaux, de la boue et de la paille mélangées. Ensuite ça s’est sophistiqué. Il n’y a plus de roseau, beaucoup de matériaux sont amenés depuis le continent (la rive de la ville). Et nous (au centre Charigüé) construisons beaucoup avec du bois parce que c’est facile à transporter, peu cher… On le voit comme moins nuisant pour la nature. » Mario DOMINGUEZ
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ill 78 Maison sur les îles à Charigüé, faite de bois et tôles récupérées. La partie autour de la fenêtre est un isolant laissé apparant. collection personnelle
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« Concernant les matériaux pour construire dans la villa, les gens n’utilisent pas de bois parce qu’il y a une question en relation avec le symbolique. En Argentine on nous éduque avec le conte des trois petits cochons. Les gens pensent donc que la maison de brique est une maison plus importante. Aussi bien les personnes pauvres que les riches, te disent j’ai une maison DE MATERIAUX (de material) quand ils ont une maison de brique. La maison de bois n’est pas une maison
ill 79 L’auberge en construction au centre Culturel Charigüé, pendant des inondations. Les constructions sont presque uniquement en bois. photo: Julián Barrale ill 80 Maisons de l’asentamiento du Mangrullo, faites de l’accumulation de tôle ondulée, bois et briques... collection personnelle
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de matériaux. (…) Ici à Rosario, dans cette zone, nous n’avons pas non plus de bois, la logique veut que l’on construise en brique. Nous (Matéricos Periféricos, taller Valderrama) travaillons en bois parce que c’est plus facile, plus rapide, les étudiants peuvent le faire, c’est beaucoup plus didactique parce que la structure et l’architecture c’est la même chose, donc on voit ce qui serait la manifestation physique de la décharge des forces… » Ana VALDERRAMA
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« Ces derniers temps, nous travaillons de plus en plus avec la brique. Parce qu’il y en a beaucoup dans la zone. Nous avons d’ailleurs fait un workshop avec des briques, qui a été publié sur Internet. On avait envie d’organiser quelque chose, de laisser quelque chose de construit et de faire quelques expériences qui seraient utiles aussi bien pour les élèves que pour nous, faire quelques essais… Ça s’est fait avec de jeunes architectes déjà diplômés et des étudiants de tous âges. » Martin CABEZUDO « Il existe un mot chinois pour la crise. C’est un symbole qui s’utilise pour représenter aussi bien les problèmes que les solutions. Et c’est intéressant car la crise est comme un point qui te pousse à chercher de nouvelles solutions au problème. Il me semble que dans les conditions d’extrême pauvreté, qui sont des conditions critiques, il existe des opportunités pour faire avec la plus petite somme d’argent possible. Ou avec la plus petite quantité de ressources faire le maximum possible. C’est un peu ce que sont les villas, avec très peu, quelques tôles, les mecs arrivent à avoir une couverture… J’aime essayer de ramener cela à ma profession… » Martin CABEZUDO
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ill 81 et 84 La brique pleine est laissée visible dans les constructions de maisons particulières de l’agence Arzubialde et permet des jeux de texture et de lumière. source image: Arzubialde ill 82 Immeuble dans le microcentre de Rosario où la medianera est laissée en briques apparentes. collection personnelle
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ill 83 Avec le temps, les constructions de tôle et de bois sont consolidées avec la brique, villa du Mangrullo. collection personnelle
102 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE × SYNTHÈSE
103 × ROSARIO PENSÉE ET ANALYSÉE × SYNTHÈSE
Le regard des spécialistes précise les phénomènes et mécanismes urbains à la base de la fragmentation et de la cohérence de Rosario. Mais quel est le ressenti des habitants ? Quelle place occupent-ils à l’intérieur de ce découpage de la ville ? Quelles images en ont-ils ?
.3 ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ? .a diversité des acteurs liés à l’expérience photographique / .b au cœur de la villa miseria avec ses habitants / .c regards croisés sur la villa miseria
.3 ROSARIO VILLE D’IMAGES
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MENTALES OU RÉELLES ?
Cette partie consiste en l’analyse de la ville par les habitants de Rosario. Ses bases sont celles du travail photographique réalisé avec les personnes vivant dans les zones d’habitat informel du barrio República de la Sexta (Siberia), Mangrullo (Saladillo) et barrio Bella Vista. Cette fois-ci, la matière utilisée est celle des images données par les habitants des villas. Elle me permet d’observer la villa miseria directement à travers le regard de ceux qui y vivent, complétant le point de vue du spécialiste et le mien qui, indépendamment de nos implications réciproques dans le travail de terrain, restent critiques et peu objectifs. Un travail d’analyse par la légende des images et l’étude de leur réception vient rattacher les photos aux hypothèses générales de ce mémoire.
Finalement, comment est l’intérieur de la villa miseria ? Qui sont vraiment ceux qui y vivent ? Quelles sont leurs habitudes et leur quotidien ? Les habitants de villas livrent ici une interprétation personnelle du contexte dans lequel ils évoluent, à l’échelle de leur maison, leur quartier, leur ville. Un second temps met les habitants de Rosario, de façon générale, face à ce travail, à ces photographies des villas, afin d’analyser leurs ressentis et leur regard sur ces parties de la ville, quasiment inaccessibles à celui qui y est étranger… Quelles images avaient-ils de la villa miseria ? Sont-elles toujours les mêmes ?
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a diversité des acteurs liés à l’expérience photographique Le contact avec les habitants de villas miserias se fait quotidiennement dans la ville formelle où ils travaillent ou cherchent de quoi subvenir à leurs besoins. Ils se démarquent souvent par leur aspect physique et vestimentaire, leur façon de parler et de se déplacer à plusieurs sur des scooters, en calèche tractée par des chevaux ou encore par les « postes » qu’ils occupent dans la ville en faisant la manche ou en surveillant les voitures en stationnement… A plusieurs reprises pendant mes voyages à Rosario j’ai également pu accéder à des villas miseria, dans le cadre de la faculté ou de projets personnels. Cependant, l’échange est toujours limité avec les villeros. Quelque soit le lieu, il s’agit davantage d’observations et de proximité spatiale, que d’une véritable communication. En effet, le danger réel comme les préjugés font que chacun garde ses distances, et le traditionnel « accueil chaleureux » argentin est mis en concurrence dans la relation entre les villeros et les autres habitants de la ville. Il me fallait donc trouver une façon d’estomper l’écart culturel et bien ancré dans les mentalités, pour communiquer davantage avec les habitants de la villa que je n’avais pu le faire auparavant. L’utilisation d’appareils photos jetables est donc apparue comme une technique appropriée, permettant d’analyser des images des asentamientos et de rencontrer les habitants dans l’objectif d’un projet commun. Je suis ainsi allée dans la villa en apparaissant non plus comme «touriste» visitant les zones marginales de la ville de Rosario, mais comme intervenant dans un intérêt à la fois personnel (celui du mémoire) et participatif avec l’intervention des habitants. Après de longues recherches d’aides, le photographe bordelais Panajou s’est lié à l’expérience en m’offrant 10 appareils photos jetables. J’ai ensuite rédigé des questionnaires à donner avec, afin d’en savoir plus sur la personne qui allait prendre les photos.
Franco, autoportrait au cours d’une ballade à vélo. Siberia . Franco.
Les villas miserias sont nombreuses et réparties de façon irrégulière sur l’ensemble de Rosario, le choix de lieux d’intervention était donc vaste… Lors de mon premier voyage à Rosario, j’ai pu intervenir dans plusieurs villas avec la FAPyD, notamment celles de barrios d’indigènes Qom (ou Toba) comme Los Pumitas à l’ouest de Rosario, ou villa Itati au sud pour la participation à la construction d’espaces communautaires ; Villa Gobernador Galvez et la villa du Mangrullo au Saladillo pour des projets en ateliers d’architecture et d’urbanisme ; le Tambo de la Resistancia dans Nuevo Alberdi et villa de la Tablada au sud de
Pour des raisons pratiques et géographiques j’ai sélectionné trois sites où rencontrer les habitants et donner les appareils photos. La villa du Mangrullo au Saladillo, pour sa proximité avec le fleuve Paraná et pour l’avoir étudiée à plusieurs reprises à la FAPyD. Il s’agit d’un lieu que je connais bien, l’expérience a pris tout son intérêt dans la confrontation de ma perception avec celle de ses habitants. Par le biais d’Ana Valderrama, enseignante et vicedoyenne de la FAPyD, j’ai pu entrer en contact avec la Yoli qui m’a guidée à travers la villa de maison en maison, d’habitant en habitant. Quatre appareils photos y ont été distribués. La villa du Barrio República de la Sexta est située à proximité du campus universitaire de la Siberia. Il s’agit d’un espace de la ville dont je m’approchais chaque semaine pour aller en cours. La présence de cet asentamiento marque fortement la façon de se comporter, surtout des étudiants, dans les espaces publics du quartier. J’en entendais donc souvent parler, sans jamais y être vraiment entrée. Sa grande proximité avec le microcentre par le parc Urquiza renforçait l’intérêt de son étude. De plus, une amie étudiante à la FAPyD fait parti de l’ONG Orillas présente dans ce quartier depuis 5 ans. Elle a donc été l’intermédiaire parfait pour rencontrer les habitants. J’ai laissé quatre appareils photos à des familles rencontrées sur place. Le même contact, m’a permis de donner les deux appareils photos restants à des habitants du barrio Bella Vista à l’ouest de Rosario, travaillant à la cooperative de Travail San Jorge et oeuvrant sous forme d’un partenariat avec la municipalité de Rosario, à la réhabilitation des trottoirs. A chaque personne et famille, j’expliquais le projet, mon intérêt pour les photographies de leur quotidien, de leurs habitudes, et ma volonté de diffuser ensuite ce travail. Tous ont eu un peu plus d’une semaine pour prendre les photos. Les dix appareils photos m’ont été retournés et cinq des dix questionnaires.
Dans l’asentamiento du Mangrullo, j’ai laissé un appareil photo à : - Laura Rodriguez, 30ans, vivant avec sa famille. Son travail consiste en l’extraction de vers de terre pour la pêche. - la Yoli, âgée d’environ 70 ans, habite seule sa maison avec ses chiens et ses oiseaux. Elle a passé toute sa vie au Mangrullo et en est un des principaux référants, elle gère également la Copa de Leche du Mangrullo. - Valerio Rodriguez, 39 ans, vit dans l’impasse du Mangrullo avec ses fils et son épouse. Il est pêcheur. -Cena Rebecca Melgarejo, 30 ans, vit au 4944 du Mangrullo avec son mari et ses trois enfants, elle est femme au foyer, son mari est apiculteur sur les îles. Dans l’asentamiento du Barrio Republica de la Sexta : - Franco, environ 12 ans - Sara, environ 30 ans, travaille à la municipalité de Rosario en servant les cafés dans les bureaux. - Sonia, environ 35 ans, présidente et entraineuse du club de foot de la Siberia. - Melina, environ 12 ans Dans le quartier Bella Vista : - Laura Marieta Silva, 31 ans, vivant à Rosario, riobamba 4517 avec ses deux filles et son mari Ariel. Elle est la présidente de la Coopérative de travail San Jorge. - Alanis Marianela Caro, 13 ans vivant au barrio Bella Vista avec sa famille.
109 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
Rosario avec des militants de Ciudad Futura ; ou encore l’Empalme Graneros près de l’arroyo Ludueña et la villa de la Siberia près de la FAPyD.
110 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
b au cœur de la villa miseria avec ses habitants
Pour l’analyse des photographies, je me suis appuyée sur mes lectures à propos de sociologie visuelle. Pourquoi ont-ils photographié ça ? Comment l’ontils photographié ? Quelles sont les scènes d’intérieur et celles d’extérieur ? Où se prennent-ils en photo ? … Autant de questionnement mêlés à ma perception et au filtre de mes connaissances sur les villas miseria. L’objectif de cette analyse est de repérer les caractéristiques de la villa, mais aussi de voir quels échanges se tissent avec les îles et la ville formelle, quelles ressemblances les unissent.
Visite au cœur d’une villa miseria. Mangrullo . Valerio. rue de l’asentamiento du Mangrullo . Laura.
la villa miseria, un territoire naturel fort. Le contexte dans lequel s’insèrent les villas est remarquables par la présence de la nature et des caractéristiques physiques fortes. L’installation légère et à faible coût implique la préservation d’arbres remarquables qui auraient pu être enlevés dans le cas de projet à moyens plus élevés
111 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
* urbanisme et architecture de la villa miseria
Le Brazo Seco dans son écrin de verdure. Le Mangrullo est remarquables pour ses eucalyptus centenaires. Mangrullo . Laura.
Les camalotes (sorte de nénuphares) tapissent le marron des cours d’eau. Mangrullo . Laura.
112 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
La circunvalacion (rocade), depuis le barrio Bella Vista. La plupart des quartiers marginaux se trouvent près des grands axes de circulation. Dans leur constante extension et la recherche de terres où s’installer, ils s’en approchent parfois dangereusement. Bella Vista . Alanis Marianela. La plupart des villas s’organise autour d’un axe principal dont l’implantation du bâti peut poursuivre le tracé des cuadras de la ville formelle. Il est suffisamment large pour que deux voitures se croisent. Cette rue relie souvent les points essentiels de la villa, comme le stade de foot, le centre communautaire ou de santé et se ponctue de petits commerces. Mangrullo . Laura.
SÉQUENCES, une progression hiérarchisée De façon quasi systématique, les zones marginalisées de Rosario se développent sur des terrains non occupés, soit parce qu’ils ont été abandonnés, soit parce qu’ils sont dangereux, inconstructibles ou dans la zone limite de proximité avec les voies rapides. Malgré l’urbanisme peu dessiné, on observe une hiérarchisation des voies et de leur aménagement dans la progression vers l’intérieur des villas miserias.
Le long des voies secondaires se déploie un bâti plus bas et désorganisé. Les perspectives droites sont cassées. Il s’agit généralement de maisons construites en briques mais non finies. Les trottoirs s’effacent même si la chaussée reste marquée par un léger revêtement. Le croisement de véhicules commence à se faire difficile. Mangrullo . Laura.
Les ruelles sont de moins en moins compréhensibles pour celui qui vient de l’extérieur et sa lecture se complexifie. Il n’y a pas de continuité dans les matériaux ni les volumes, bâtis et clôtures se confondent. Le sol en terre est jonché d’objets, il est impraticable par des voitures, difficile pour les piétons. Mangrullo . Valerio.
Dans les impasses ne s’aventurent que ceux qui y habitent ou ont une raison d’y aller. Ce sont d’étroits labyrinthes et il est impossible de prévoir sur quel type d’espace ils débouchent. Souvent glauques, leur petite taille permet cependant d’en revêtir le sol d’un matériau solide. Siberia . Melina.
114 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
L’axe principal est un espace public au même titre qu’une place dans la ville formelle. Mangrullo. Laura.
Des bordures définissent plus ou moins des trottoirs, mais ne sont pas utilisés par les piétons qui préfèrent la chaussée. L’axe principal est lieu de promenade comme de circulation. Mangrullo . Laura.
ESPACE PUBLIC, la rue et le terrain de foot La rue est l’espace public principal. Elle n’a pas de sens de circulation défini, ni de fonction vraiment claire. Elle sert de voie de circulation aux voitures aussi bien qu’aux vélos, piétons, animaux, … Elle est aussi aire de jeux et de discussion. Les trottoirs sont souvent utilisés comme espace pour prendre le mate, passer l’après-midi à discuter en famille ou entre amis, en y mettant des chaises pliantes, en sortant la radio, les enceintes HI-FI… Tout mobilier urbain public (bancs, poubelles…) est absent.
La rue principale est généralement dotée d’éclairage et d’un revêtement de chaussée en « dur ». Bella Vista. Alanis Marianela.
Un dispensaire, un centre culturel... Un espace communautaire est presque tout le temps présent. Ici le salon de l’ONG Orillas. Siberia . Sonia
116 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
Le terrain de football ou el potrero est un espace clé de l’espace public des villa. Siberia . Sonia.
Il est point de référence et lieu de rencontre. Généralement ses habitants en prennent soin et l’aménagent. Siberia . Sonia.
Les murs sont des supports d’expression très utilisés. Les couleurs noir et rouge sont celles de l’équipe de foot rosarina Newell’s Old Boys. Elles sont récurrentes dans le quartier de la Siberia où il est de «bon ton» d’être pour cette équipe... Siberia . Sonia.
Les jaune et bleu de Rosario Central, l’autre club de la ville et grand adversaire, y sont bannis... Et le slogan NOB est répété sur chaque pan de mur. On peut ici observer que la chaussée est préférée aux trottoirs d’herbe... Siberia . Sonia.
La rue de la villa est l’école de la vie pour les enfants. Ils s’y déplacent seuls quelque soit leur âge. Sur le mur «Justicia es Incluir a los pibes» (La justice c’est d’inclure les jeunes), témoigne du sentiment d’exclusion des habitants de la villa envers le reste de la ville. Siberia . Sonia.
Dans l’espace public, les habitants vont trouver ce qu’il manque à l’intérieur de leur maison. Ici sèche le linge d’un bébé sur un grillage public... Siberia . Sonia.
118 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
Le changement de matériau et la rupture brutale dans l’alignement de la rue, montrent clairement l’ajout d’une pièce à la maison, amputé à l’espace de la rue. Mangrullo . Valerio.
Les maisons de pêcheurs bordant les cours d’eau sont en général sans transition entre l’espace public qu’est la rivière et le privé de la maison. Mais cette limite peut devenir un espace intermédiaire selon les variations de hauteur du fleuve. Mangrullo . Laura.
PUBLIC et PRIVÉ, une limite ambiguë Il n’est pas rare que l’espace de la rue soit empiété par des constructions annexes des maisons, s’appropriant le domaine public. Des grilles sont souvent installées par les habitants pour préserver un espace devant leur maison, entre la rue et la façade, comme une privatisation des trottoirs. L’usage qui est fait des rues, entre prolongation du salon ou place publique, participe de l’effacement de la frontière entre public et privé. La fonction des bâtiments n’est pas clairement lisible. Maison et kiosko se confondent facilement rapprochant la frontière public/privé. D’ailleurs les commerces sont aussi la plupart du temps les lieux de vie des personnes.
Passé cet espace d’entre-deux, des barreaux aux fenêtres indiquent clairement la limite vers l’intérieur privé. Mangrullo . Laura.
L’appropriation sur l’espace public peut se faire de façon plus floue, par la construction d’une structure légère et végétalisée sur le trottoir, mais sans abolir la fonction de passage pour tous. Seule la pancarte annonçant les produits à la vente laisse entendre la présence d’un kiosko. Mangrullo . Laura.
Les enfants viennent chercher le lait à la porte de la maison de la Yoli. A l’extérieur, aucun indicateur, pas le moindre indice n’indique cette activité, il faut connaître le lieu et l’heure pour avoir le lait quotidien. Mangrullo . Yoli.
120 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
Les volets s’ouvrant vers l’espace où la photo a été prise montrent que cette pièce a été ajoutée après le reste de la maison. Le patio a été couvert par une simple construction en bois et tôle ondulée. Siberia . Melina.
Une photo en contre-jour, depuis l’intérieur de la maison. Une fenêtre protégée d’une grille donne sur un mur de briques. Si l’ouverture est sécurisée, l’écart avec la paroi doit être suffisamment grand pour qu’une personne y passe. Mangrullo . Yoli.
INTÉRIEUR et EXTÉRIEUR, des transitions confuses Sur les photos, il est souvent difficile de distinguer intérieur et extérieur. En plus des espaces d’entredeux ajoutés sur la rue, nombreuses sont les extensions par l’ajout d’une pièce à la maison en couvrant les patios. On remarque ce mélange entre espace intérieur et extérieur en observant les fenêtres et leur sens de pose, les volets, les meubles mis dans les pièces, les revêtements de sol...
Un autre contre-jour dessine la silhouette d’un scooter dans le salon d’une maison. La fonction des espaces de la maison est remise en question par cette insertion d’un élément de l’«extérieur », à l’intérieur d’une pièce à vivre. Mangrullo . Cena Rebeca et son mari.
Dans le patio d’une maison de la Siberia, des fenêtres et portes laissent passer la lumière venant d’une ruelle piétonne extérieure. Siberia . Sara.
L’aménagement de cet espace de la maison et sa couverture laissent à penser qu’il s’agit d’un intérieur, cependant le chat dormant dans le filet indique que le patio a été couvert. Siberia . Melina.
122 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
La construction et son environnement végétal fusionnent. Mangrullo . Laura.
Il est clairement visible que les matériaux utilisés ne sont pas neufs mais récupérés. Il en résulte une sensation de fragilité des constructions. Mangrullo . Laura.
CONSTRUCTION ET AMÉNAGEMENT DE LA MAISON, le contraste entre intérieur et extérieur Les constructions visibles sont de pauvre qualité mais principalement construites en matériaux durs. En effet, les quartiers étudiés sont installés depuis une centaine d’années, ce qui leur a permis de se « cristalliser ». Les matériaux majoritairement utilisés sont la brique, la tôle ondulée et le bois. Malgré cette forme d’harmonie dans les matériaux, un déséquilibre est notable entre les maisons en termes de construction, de matériaux, de nombre de pièces… La plupart des maisons possède un patio ou un espace extérieur (qui peut être approprié sur l’espace public). L’importance d’avoir une maison est soulignée par le fait que presque tous les habitants ont pris en photo leur lieu de résidence.
La brique est très utilisée pour solidifier la construction dans le temps. Bella Vista . Alanis Marianela.
Les murs sont souvent laissés nus et bruts faute de moyens pour les revêtir. Mangrullo . Valerio.
Des détails sont parfois remarquables jusque dans les finitions du carrelage. Bella Vista . Alanis Marianela.
Chambre ou salon ? A l’intérieure de la maison se poursuit l’absence de fonctions définies des espaces. Les différents degrés vers l’intimité de l’individu sont confondus dans les pièces. Siberia . Melina.
La plupart du temps les patios sont couverts d’une toile sombre de plastique tissé. Mangrullo . Valerio.
Le patio est vécu comme une autre pièce de la maison, parfois même la pièce de vie principale. Mangrullo . Valerio.
125 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
Au Mangrullo et à la Siberia, les espaces semiextérieurs profitent d’un traitement très soigné… Mangrullo . Yoli.
… une végétation luxuriante et odorante y est suspendue et plantée… Mangrullo . Yoli.
… et s’y mêlent de nombreuses cages à oiseaux colorés… Siberia . Melina.
126 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
Dans l’eau du Brazo Seco stagnent les détritus et se développent les moustiques. Mangrullo . Laura.
Les problèmes d’isolations et de ventilation liés à la mal construction, entraînent des infiltrations d’eau. Un problème de conscience d’hygiène est aussi souvent responsable de l’insalubrité des maisons et des rues. Mangrullo . Laura.
** des modes de vies et une culture bien argentins
Il est aisé de remarquer les conditions de vie difficiles et l’insalubrité des villas et quartiers marginalisés. Cependant, peu nombreuses sont les images qui semblent faites dans l’objectif de montrer cet aspect négatif de leur lieu de vie. Les ambiances captées témoignent d’une certaine douceur de vivre, de bonheurs partagés et d’une bonne entente entre voisins. L’appropriation de l’intérieur des maisons et leur décoration illustrent ce ressenti général.
127 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
Mais les enfants jouent sans se préoccuper des soucis de confort… Siberia . Sara
...et cohabitent avec les animaux de la famille. Siberia . Sara.
Le fils du pêcheur Valerio joue dans une petite voiture. Son père n’en possède pas. Mangrullo . Valerio.
128 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
Sourires et saluts bienveillants entre voisins. Bella Vista . Laura Marieta et son mari
Le brazo seco du Saladillo et son pont comme espace de représentation. Mangrullo . Laura
En général, le danger que représentent les cours d’eau, les constructions non terminées, les fers en attente... ne semblent pas être une entrave aux espaces de jeux et de promenade. Mangrullo . Laura
Presque toutes les maisons sont meublées d’une grande table pour recevoir des convives à l’asado. Mangrullo . Valerio.
Le traditionnel barbecue argentin s’improvise n’importe où. Bella Vista . Laura Marieta et son mari
L’asado regroupe tous les membres de la famille… Mangrullo . Laura
De façon générale, le moment de préparation du repas semble de grande importance, souvent dirigé par le chef de famille. Mangrullo . Cena Rebeca et son mari.
Beaucoup des instants immortalisés dans les photos sont des moments de repas… Mangrullo . Yoli.
…de partage entre famille et amis. Mangrullo . Yoli.
Les enfants viennent chercher le riz au lait préparé par la Yoli et d’autres femmes de la Copa de Leche du Mangrullo. Mangrullo . Yoli.
Ils iront le boire avec leurs frères et sœurs à la maison. Mangrullo . Yoli.
Siberia . Melina.
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Siberia . Melina.
Les enfants jouent et s’amusent à prendre la pose traditionnelle des villeros… Siberia . Franco.
133 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
Même ici les jardins sont peuplés de nains… Mangrullo . Laura.
La décoration des maisons témoigne d’un sentiment de propriété fort. Elle est faite d’accumulation d’objets, de photos, de souvenirs de famille ou de symboles d’appartenance à un groupe religieux ou une équipe de football. Siberia . Melina.
La maison est photographiée pour elle même comme pour ses meubles, son matériel technologique (tv, radio…)… Siberia . Melina.
Mate traditionnel, bouilloire électrique et smartphone dernière génération… Mangrullo . Yoli.
Le sport et les soirées bien habillées semblent poursuivre la culture rosarina jusque dans la villa. Cependant, le niveau de vie de ces personnes est plutôt bon compte tenu des détails de finitions de la pose du carrelage… Bella Vista . Alanis Marianela.
La maman. Siberia . Melina. 135 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
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Au Mangrullo, la relation avec les îles est entretenue par les apiculteurs… Mangrullo . Cena Rebeca et son mari.
*** des échanges quotidiens vers la ville formelle et les îles Toutes les villas n’ont pas de relation directe au fleuve, mais elles sont souvent traversées par des rivières étant donné que leur installation se fait sur des territoires délaissés car souvent inondables. Les villas miserias ont un lien plus ou moins direct avec la ville formelle d’où proviennent les matériaux de construction. Les habitants s’y déplacent pour travailler de façon formelle ou informelle. Les espaces publics de la ville formelle sont utilisés pour le loisir, tout comme certaines infrastructures de clubs sportifs. Malgré quelques routes revêtues de bitume, rien ne semble montrer la présence ou l’intervention de la « ville formelle » dans l’aménagement et la construction de la villa, tout semble fait par les habitants.
… des ruches y sont installées afin de profiter des fruits de l’écosystème du Paraná. Mangrullo . Cena Rebeca et son mari.
Les pêcheurs du Mangrullo se rendent quotidiennement dans les îles ou sur le fleuve en bateau ... Mangrullo . Valerio.
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... afin d’y poser leurs filets. Mangrullo . Valerio.
Dans la villa du Mangrullo, le contact visuel est permanent avec les îles et le fleuve Paraná. Mangrullo . Valerio.
Un lien fort unit la villa de la Siberia avec la ville formelle, ses habitants sont chaque jour en contact avec ses infrastructures et services de transports. Siberia . Franco
Un petit groupe d’enfants de la villa de la Siberia joue au basket dans le club de 27 de febrero. Siberia . Franco
Club de basket sur 27 de febrero. Siberia . Franco
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Paysage du quartier du club de basket au croisement de 27 de febrero et Alem. Siberia. Franco.
Fontaine à eau, poubelle, bureau... Autant de mobilier rarement observables dans la villa mais dont les habitants sont au contact dans les lieux plus institutionnels comme l’école ou les clubs de sport. Siberia . Franco
Les activités des enfants font déplacer leurs parents et frères et sœurs pour les accompagner lorsqu’ils n’y vont pas seuls. Siberia . Franco
Les habitants de quartiers étudiés travaillent dans la ville formelle. Sara se déplace pour travailler à la municipalité de Rosario située dans le microcentre. Siberia . Sara
D’autres possèdent des coopératives de travail ou en font partie et ils réalisent des travaux dans les espaces publics de la ville formelle. Bella Vista . Laura Marieta Silva et Ariel son mari.
Chantier de réhabilitation d’un trottoir dans la ville formelle, mené par la coopérative de travail San Jorge. Bella Vista . Laura Marieta Silva et Ariel son mari.
12 km 2 km
parc urquiza
m
4k
7 km
BARRIO BELLA VISTA
BARRIO REPUBLICA DE LA SEXTA
VILLA MANGRULLO
Carte indiquant les déplacements vers les lieux de Rosario appréciés des habitants de la villa miseria, à l’extérieur de leur quartier. Elle a été réalisée sur la base des questionnaires distribués avec les appareils photos jetables.
traduction des textes manuscrits: 1. J’aime beaucoup «Costas Altas»/ C’est un bel endroit, tranquille et pour penser. 2. le fleuve / Belles Tranquilles Beaucoup de vert / On m’a raconté que c’était très beau et très pacifique / tout inondé / c’est beau. 3. le monument au drapeau / le symbole de la ville / le monument / Parce que c’est argentin. 4. le parc de l’Indépendence / Pour les arbres L’endroit tranquille.
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La Florida (costa alta)
le fleuve et les îles Paraná
MACRO parc España monument au drapeau
parc de la Independencia
parc Urquiza
Carte indiquant les «repères» de Rosario. Ce sont les lieux appréciés des habitants de la ville pour les loisirs et les promenades. Elle a été réalisée sur la base d’observations personnelles, de ma pratique de la ville et des entretiens avec les habitants.
La mise en parallèle des deux cartes renforce l’hypothèse selon laquelle des lieux de la ville formelle sont partagés par les habitants de la villa miseria et le reste des habitants de Rosario. Ces espaces ne sont donc pas seulement utilisés pour le travail mais aussi pour le loisir par les villeros, parfois plusieurs fois par semaine...
144 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
c regards croisés sur la villa miseria * confronter images mentales et images de la réalité Grâce au soutien du laboratoire photo rosarino Triángulo Color, les 10 appareils photos jetables ont pu être développés et numérisés gratuitement. J’ai ensuite choisi d’exposer la sélection d’une soixantaine de photographies dans un espace public de la ville formelle. Mon choix s’est porté sur le parc España dont la fréquentation est spectaculaire les fins de semaines. Sa position stratégique, couture entre le microcentre et le fleuve, balcon de la ville sur les îles, en fait un lieu symbolique de Rosario. De plus il est considéré comme un espace neutre, où se côtoient différentes classes sociales, toutes générations et diverses activités. De grands bancs de béton le structurent en dessinant des lignes guides parallèlement au fleuve Paraná qui le borde. J’ai aimé l’idée que les gens aillent s’asseoir à côté des images prises par les habitants de la villa. La sélection se voulait éloquente quant à leurs conditions et modes de vies. Se sont alors croisés des images et l’instantané autour d’un mate sur le parc España…
Habitant de la ville formelle s’arrêtant regarder les photos au parc España, au dernier plan sont visibles les îles et le fleuve Paraná. collection personnelle
Je n’attendais rien d’autre que de pouvoir observer la réaction des gens face aux images. Un texte expliquant rapidement le projet était réparti avec les images ponctuant le parc España, donnant quelques explications au passant. Mais je préférais laisser parler les images, privilégiant le contact direct entre ces «deux mondes ». Evidemment certains se sont assis sur les images, dans tous les cas elles étaient collées sur le banc… Certaines ont été emportées par le vent et d’autres par des habitants, qui d’ailleurs n’ont pas hésité à me faire part de leur « vol » en me l’écrivant à l’adresse mail laissée dans la description du projet… Très bien. Alors l’habitant de la ville formelle n’aurait-il donc pas tant peur que ça de cet inconnu vivant dans les zones marginalisées de Rosario ? En m’approchant des habitants regardant les images ou par les discussions générées par mail a posteriori, je m’aperçois que la plupart n’est pas surprise. Ils ont conscience de la présence des villas miseria et connaissent les conditions de vie de leurs habitants. Ils en ont donc déjà vu des images… Mais bien souvent ils s’étonnent du « bon niveau de vie » parfois visible dans les images d’intérieur. Ces capharnaüms de tôle récupérée et de brique nue renferment donc les mêmes équipements technologiques que chacun à ici aussi dans son salon ? Car les
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images que côtoient les « autres », ceux qui ne sont pas de la villa, sont celles que divulguent la presse et les médias, plus assassines encore que la réalité. Une image peu objective, reléguant la villa miseria aux seuls mots « d’insécurité », «criminelle», « danger », « grande pauvreté », « tristesse », « insalubrité ». Ces mots-images négatifs qui tapissent l’imaginaire des habitants de Rosario ne sont pas déphasés, mais ils ne sont pas les seules caractéristiques de la villa. Les passants constatent et comparent leurs modes de vies à celui des personnes présentes sur les photos, leurs habitudes, leurs sourires… Et tout n’est pas si différent finalement. De la confrontation de l’imaginaire des personnes regardant les photos et du message transmis par ces dernières, naît une certaine curiosité. Les gens récupèrent les photos pour les ramener chez eux et l’expérience est appréciée car elle permet de « voir comment c’est » au plus intime de la villa miseria. Un imaginaire existait donc dans la ville formelle, fondé sur les quelques relais existants avec les villas, manquant cruellement de la pratique du lieu et du fondamental contact avec ses habitants. Il a été perturbé, un peu je pense, à l’échelle de l’intervention en tous cas. La publication du projet sur les réseaux sociaux par la création d’une page Facebook: « Rosario Argentina . cuento de vidas . conte de vies » a permis sa diffusion à Rosario, mais aussi par delà les frontières. La villa s’est ouverte aux monde, ici comme là-bas, ses espaces les plus inaccessibles ont pu être connus.
Les allées bondées du parc España un fin de semaine ensoleillé. collection personnelle
Installation des images entre ville formelle et îles. collection personnelle
146 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
Photos de l’installation sur un banc du parc, le texte est l’explication du projet (cf. ci-contre) collection personnelle
Famille regardant les photos. Ils m’ont fait part de leur avis positif devant le projet, saluant ce «type de travail avec les villas ». collection personnelle
12.3.2016
Si loin et pourtant si proche. Qu’est-ce qui nous unis?
Tan lejos y sin embargo tan cercano. Que nos une?
Un maté improvisé un asado n’importe où l’enfant qui joue le regard du chien un match de basket une équipe de football. une paire de talons brillants le rayon de soleil dans le patio de la maison.
Un mate improvisado un asado en cualquier lugar el niño que juega la mirada del perro un partido de básquet un equipo de fútbol un par de tacones brillantes el rayo de sol en el patio de la casa.
Sur ce même banc, sur cette même pelouse, regardant le même fleuve, les mêmes îles, partageant le rythme de la ville.
En este mismo banco, en este mismo pasto, mirando el mismo río, las mismas islas, compartiendo el pulso de la ciudad.
intervention urbaine . parc españa
intervención urbana . parque españa
147 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
Rosario Argentina •
Texte collé conjointement aux photos sur les bancs.
Impression écran de la page Facebook « Rosario Argentine . Conte de vies . Cuento de vidas. » au 25 mai 2016
148 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
** Synthèse et retour critique Chaque villa miseria est différente même s’il y a des ressemblances permettant de les identifier comme telles. Elles diffèrent dans leur organisation, leur état d’avancement en terme de consolidation des maisons avec des matériaux « en dur », leurs relations entre habitants, le niveau d’indépendance ou d’intervention d’acteur extérieur, … Les zones d’habitat informel qui ont été liées au jeu des appareils photographiques ne sont pas sous l’influence de narcotrafic et sont des plus tranquilles sur Rosario en terme d’insécurité et de violence. Les conclusions de cette expérience peuvent donc être modérées par le choix de ces sites. Par mon expérience de Rosario, je sais que davantage de personnes que ce dont témoignent les résultats recueillis au parc, sont déjà allées dans les villas. Des liens existent aussi par des projets sociaux organisant des ateliers et des classes de soutien scolaire pour enfants comme adultes, ou encore des projets d’architecture de construction et d’amélioration de espaces de vie. L’objectif de l’intervention était davantage de mettre en avant les raisons du contraste entre la réalité et les images portées par ceux qui ne connaissaient pas la villa, plus qu’une estimation d’ordre quantitative.
Les rosarinos profitent des rayons de la fin d’après-midi en prenant le mate.
Malgré l’autonomie et l’indépendance que j’ai pu constater dans le fonctionnement de l’asentamiento du Mangrullo, des barrios República de la Sexta et Bella Vista, il est bien connu que de nombreuses zones marginalisées de Rosario sont sous l’influence ou l’aide -selon les intérêts…- de la politique, de l’Eglise, d’associations diverses ou du narcotrafic. Au Mangrullo comme à la Siberia, une forte cohésion entre les habitants a permis d’expulser les personnes qui commençaient à vendre de la drogue. La problématique du trafic de drogue malgré les facilités qu’il peut offrir en d’autres points, ses répercussions néfastes sur la tranquillité et la sécurité de habitants, son circuit vicieux dont il est quasiment impossible de sortir, sont donc connus entre villas. La tranquillité des quartiers étudiés reste relative car on se protège, les maisons ont des grillages comme dans pratiquement tout le reste de la ville. Mais les habitants du Mangrullo et des villas dans lesquelles j’ai pu aller semblent être heureux d’y vivre et ne souhaitent en aucun cas en partir. Tous se connaissent, peu s’en vont, le sentiment d’appartenance au lieu est fort. Cependant l’absence d’intervention de la municipalité est visible et soulignée dans les dialogues avec les habitants. Dessiner des lots, attribuer le titre de propriété de leur terrain et maison, fumiger
Pour certains enfants le centre ville peut sembler tellement grand et chargé d’informations qu’ils s’y perdent. D’autres enfants le connaissent de façon fragmentée pour y « travailler » en faisant la manche, vendant des objets ou distribuant des petites cartes de demande d’aide dans des zones et points précis, choisis pour leur fréquentation. De façon générale, une certaine méfiance se fait ressentir vis à vis de l’extérieur et de la police. Le petit Franco a qui j’ai donné un appareil photo en est un exemple clair. Peu de temps avant que je ne le rencontre pour lui remette l’appareil photo, il s’est enfui de sa maison dans la villa de la Siberia, par jalousie envers sa sœur dont tout le monde s’occupe en vue de la fête de ses 15 ans. Parti avec dans son sac à dos ses affaires de classe, il s‘est perdu dans le microcentre qu’il n’a pas l’habitude de pratiquer seul et à pied. Il a été récupéré par la police à qui il mentait en donnant de fausses informations sur ses noms et adresse. Ses parents et l’association Orillas ont fini par le retrouver, en partie grâce aux publications faites sur les réseaux sociaux.
149 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ?
les plans d’eau, canaliser le Brazo Seco, créer des espaces publics… autant de demandes et de projets qui ne sont que trop peu pris en compte par les autorités compétentes. Ce n’est donc pas directement des conditions de vies dans leurs maisons que se plaignent les habitants des villas, sinon du manque d’intervention gouvernementale pour régulariser la situation dans laquelle des milliers de villeros se trouvent depuis parfois plusieurs générations et leur impliquant de vivre avec la crainte constante de l’expulsion… Si les habitants de villas se débrouillent seuls dans la construction de leur maison et l’organisation de leur « village » autour d’un habitant référent, cette forme d’indépendance ne semble pas toujours les déranger. Cependant le non respect des espaces communs du quartier par certains voisins et le manque d’éducation en terme d’évacuation des déchets directement dans l’espace de la rue, sont soulignés dans les réponses aux questionnaires.
150 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ? × SYNTHÈSE
151 × ROSARIO VILLE D’IMAGES MENTALES OU RÉELLES ? × SYNTHÈSE
Par leur comparaison et leur mise en relation, les ressentis, les analyses et les images collectives peuvent être nuancés et dérangés. Un décalage existe donc à l’intérieur de la société, basé sur des réalités ou des façons de percevoir différentes. Quelles relations lient donc les habitants de la ville de Rosario à ceux qui ont dans leurs mains le pouvoir de décision et d’exécution? Qui fabrique réellement la ville, si toutes les zones d’habitat informel sont construites à la main de leurs habitants ?
.4 ROSARIO CONSTRUITE .a le désengagement des Institutions / .b des acteurs intermédiaires volontaires et militants / .c de la contestation à l’autonomie des habitants
.4 ROSARIO CONSTRUITE
155 ×
DÉCISION concepteurs
Les entretiens, en plus des nouveaux regards qu’ils m’offraient sur Rosario, m’ont permis d’observer le rôle et l’opinion de l’intervenantspécialiste sur la fabrication de la ville. Ce quatrième point du mémoire est appuyé par un travail de croisements du discours de théoriciens, concepteurs et acteurs de la ville d’horizons distincts, avec le concret des réalisations, des planifications, des documents administratifs, des réglementations, … Il s’alimente notamment de la lecture d’articles en français et en espagnol sur les mouvements sociaux, et du livre Villes contestées de Matthieu Giroud.
habitants
ill 2
DÉCISION
act
termédia ire rs in eu
itants hab
concepteu rs
Les thématiques qui se sont dessinées dans les portraits précédents de Rosario se lisent sur son territoire, son urbanisation, son architecture, ses habitants. Ces conséquences sur la ville ne sont pas seulement le résultat d’actions effectuées dans le traditionnel schéma vertical de décision -> application. En effet, des opérations indépendantes, intermédiaires ou horizontales sont observables. Par «indépendantes», je veux dire que certaines actions sont réalisées sans l’intervention de ce qui serait normalement le haut de la pyramide de décision. Par «intermédiaires» et «horizontales», j’entends qu’entre décideurs et habitants, d’autres acteurs viennent interagir. Ils dessinent le territoire de Rosario de façon plus équitable, parvenant parfois à donner autant d’importance aux deux extrêmes de la «traditionnelle pyramide sociale». (ill2 et 3)
EXÉCUTION
s
De ces regards croisés sur Rosario, que retenir de ses îles, de ses villas miseria et de sa partie formelle ? Quels mécanismes entrent en jeu dans les forces qui tour à tour les séparent et les unissent ? Cette dernière partie résulte des trois précédentes. Elles m’ont permis de remarquer la diversité des acteurs générant les tensions et liens entre les îles, la villa miseria et la ville formelle, et renforçant ou estompant la barrière sociale à l’intérieur même de Rosario. Ce dernier chapitre dévoile l’identité de ceux qui font la ville et la portée de leurs actions.
ill 3
EXÉCUTION
ill 1 Fogata de San Pedro et San Pablo, évènement de quartier, Parc Régional Sud du Saladillo, 28 juin 2015. collection personnelle ill 2 Schéma «traditionnel» de l’application d’une décision venant du concepteur par les habitants. ill 3 Schéma du fonctionnement vers lequel tend Rosario où les décisions sont prises par les habitants, des acteurs intermédiaires et les concepteurs, rétroactivité des décisions/exécution. 1 cf note en annexe
156 × ROSARIO CONSTRUITE
a le désengagement des Institutions * l’État, la Province et la Municipalité, des acteurs en déconnexion avec la réalité ?
ill 4 « Qui sont ceux qui habitent la ville que nous ne projetons pas ? » image de diffusion pour la présentation du livre « Habiter en Contextes d’Inégalité », du groupe Proyecto Habitar à la faculté d’architecture de Buenos Aires. 2 source : président de la Bourse du Commerce de Rosario (BCR) sur http:// www.americaeconomia. com/negocios-industrias/ rosario-el-poloexportador-de-soja-queune-argentina-con-china , le 13 mai 2016 3 source : en 2015 selon le site : http://www. rosarioplus.com/noticias/ Hay-mas-casas-singente-que-gente-sincasa--20150406-0039. html, consulté le 13 mai 2016
Dans la fabrication de la ville de Rosario, la Municipalité, la Province et l’État occupent un rôle central. Cependant ils ne répartissent pas toujours leurs actions de façon équitable et favorisent une partie de la population. Juan Pablo Hudson explique la place occupée par le gouvernement dans le processus qui a renforcé l’écart déjà présent entre les catégories sociales les plus riches et les plus pauvres: « La municipalité a été un acteur clé dans la spéculation immobilière. Après la terrible crise de 2001, Rosario était une des villes les plus pauvres d’Argentine avec 24% de chômage et un niveau extrêmement haut de pauvres et de sans-domicile. Quand la monnaie a dévalué en 2002 et que la valeur des commodities, comme le soja, a augmenté de façon explosive, l’Argentine a commencé à exporter de plus en plus de tonnes vers le monde. Dans ce contexte, la municipalité de Rosario s’est disposée à capitaliser les fabuleux bénéfices qui ont surgit de l’agrobusiness. (…) Elle a généré toutes les conditions nécessaires pour faciliter les investissements immobiliers : elle a donné aux développeurs urbains des terres de grande valeur à des prix ridicules, elle a rendu flexibles les contrôles et mis en marche tous types d’actions ayant pour but de motoriser le marché de la construction. » Rappelons que les conditions géographiques de la province de Santa Fe en font la plus grande aire de culture de soja, et que la position stratégique de Rosario sur le territoire argentin permet d’y concentrer entre 68% et 75% de l’exportation des produits issus de l’agriculture du pays, et entre 93% et 95% des produits agroindustriels d’Argentine2. Ce processus a renforcé la privatisation de la ville de Rosario et il a également généré un contre balancement, en augmentant brutalement et de façon paradoxale le nombre de constructions d’habitats et les problèmes de logement. Contre un déficit résidentiel de 50 000 habitats, Rosario compte environ 80 000 logements vides3, car les propriétaires ne les occupent pas et n’ont pas besoin de les louer: «ce sont des réserves de valeur de secteurs qui ont bénéficié de l’agrobusiness ou des commerces illégaux comme le narcotrafic. La municipalité n’a rien fait pour réguler la situation qui occasionne de graves restrictions pour les secteurs moyens et bien plus pour les secteurs populaires. » Juan Pablo HUDSON Mais cette inactivité des politiques devant l’augmentation des illogismes et des
LA VILLA MISERIA Aujourd’hui, les administrations publiques de l’aménagement de Rosario sont très critiquées pour leur manque d’investissement auprès des secteurs de classe moyenne et basse. Les habitants se plaignent des inégalités dans la répartition des interventions publiques : « La seule chose que je n’aime pas dans Rosario, ce sont les gens qui gèrent le pouvoir et l’argent parce qu’ils le mettent là où ils veulent. Ils le répartissent de façon inégale dans la ville. Et plus particulièrement en ce qui concerne les espaces et les services publics. » la YOLI. Certains acteurs lamentent l’abandon de la ville par le pouvoir politique ces dernières années, pour deux raisons possibles : « Il y a une définition pour le gouvernement de Rosario que nous avons en ce moment, de penser que les pauvres sont un problème national et qu’il s’agit d’un problème économique et transitoire, alors il n’a pas de raisons de devoir le résoudre… Et il y a un autre problème, qui est que lorsque le gouvernement de Rosario, qui est du parti socialiste, a gagné, il n’était pas tout à fait prêt à gouverner une province aussi grande et compliquée.» Marcelo BARRALE En effet, les migrations historiques internes à l’Argentine et particulièrement vers Rosario dans l’objectif d’y trouver du travail lors de son déploiement industriel, sont à l’origine de ses villas. Cela fait donc, dans certains cas comme celui du Mangrullo, trois voir quatre générations que des gens vivent dans des conditions précaires à Rosario. Les asentamientos irréguliers sont donc laissés pour compte et niés par les politiques de la ville qui en déchargent la responsabilité sur l’Etat. Le problème des asentamientos est bien d’échelle nationale, car il est lié à des dynamiques territoriales de migrations sur toute l’Argentine, mais sa prise en charge doit être partagée avec une politique venant des gouvernements centraux. La municipalité et la province ne peuvent pas non plus résoudre seules ce phénomène général à l’Amérique latine. En effet, plus des améliorations sont apportées dans les secteurs des villas d’une ville, plus les habitants d’autres villes ou d’autres provinces sont attirés vers cette ville, dans l’objectif de bénéficier des mêmes aides. C’est ce qu’explique Roberto KAWANO : « La province et la municipalité ont leur part de responsabilité bien sûr et elles ne sont pas entrain de bien travailler. Mais je veux dire qu’elles ne pourraient pas non plus solutionner le problème définitivement, parce que c’est un problème d’échelle nationale ou d’échelle à la hauteur de la région d’Amérique latine. Alors s’il n’y a pas une politique venant des gouvernements centraux, la municipalité et la province peuvent améliorer mais ne peuvent pas non plus faire des miracles. ». Martin CABEZUDO, travaillant dans les services de l’Aire Métropolitaine de Rosario, propose un autre processus dans le même objectif. Celui d’intensifier l’action de politiques provinciales pour améliorer les conditions à l’intérieur de chacune afin que les gens ne se déplacent pas vers les grandes villes. Il souligne d’ailleurs la nécessité de : « Commencer à penser plus qu’à un projet de ville ou un projet d’aire métropolitaine, penser à un projet de pays, de territoire (…). » Cependant, les différentes échelles du pouvoir politique ont déjà lancé des opérations variées afin de résoudre ces problèmes. Le Service Public de l’Habitat (Servicio Publico de la Vivienda, SPV) est l’organisme de la municipalité en charge des problèmes des villas. Il a réalisé la construction de nombreux quartiers neufs sur Rosario, visant à éradiquer les asentamientos irréguliers. Les Fonavi (Fondo nacional de vivienda, Fond national d’habitat), mis en place par l‘Etat dans ces mêmes objectifs, ont marqué le territoire de la périphérie par leurs modules d’habitat. Dans les années 2000, le Programme Rosario Habitat du gouvernement local a poursuivi ces opérations par des réalisations similaires.
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fractures dans la ville de Rosario, est-elle le fruit d’une impossibilité d’action devant les répercutions liées aux crises, ou au contraire est-elle à l’origine d’une volonté aux bénéfices sous-jacents… ?
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Le Plan PRO.CRE.AR4 mis en place à l’échelle nationale aide de nombreuses personnes de classe moyenne basse à avoir accès à la propriété d’un terrain ou la construction d’une maison. Par cette aide, la Nation permet indirectement aux architectes d’avoir des projets, en ouvrant le marché du travail par la facilitation au financement de maisons. «Ces dernières années, nous avons beaucoup travaillé dans la région de Roldán… Avec un crédit qu’octroie la nation, qui s’appelle Plan PRO.CRE.AR. » Martin CABEZUDO
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ill 5 Fonavi du barrio Rucci (rénovés), créés par le gouvernement national. ill 6 Projet Molino Blanco mis en place par le gouvernement local. 800 familles soient environ 3500 personnes ont bénéficié de ce projet dans le cadre du Programme Rosario Habitat porté par le SPV. source : site gobiernolocal.gob.ar ill 7 Impression d’écran de la page du site PRO. CRE.AR où il est possible de faire des simulations d’aides de financements à l’achat de terrains, à la construction et à l’extension, selon ses conditions et revenus personnels. 4 http://www.procrear. anses.gob.ar
Les aides de l’Etat pour palier aux problèmes de logements ne sont donc pas nulles, mais elles ne sont peut-être pas adaptées. Dans le cas du Plan PRO. CRE.AR, elles requièrent un niveau financier permettant de gagner un minimum d’argent pour en épargner ou en investir dans un emprunt, niveau que ne pourra jamais atteindre la majorité des gens vivant dans les villas de Rosario où il est déjà difficile de réunir de quoi nourrir une famille. Aussi, comme le dit Roberto Kawano lors de l’entretien : « La pauvreté n’est pas non plus un problème spatial, c’est un problème économique et social. Donc les problèmes les plus importants dans les villes ne sont pas urbanistiques. Ce que l’on peut faire (en tant qu’architecte ou urbaniste) c’est palier. Nous pouvons améliorer la qualité de vie. » Or, la plupart des personnes en poste au gouvernement et dans l’administration, n’a jamais travaillé dans les milieux difficiles de Rosario. Comment améliorer des conditions de vie quand on ne connaît pas les personnes concernées ? Les problématiques leur sont connues mais ils ne peuvent pas réellement en percevoir l’ampleur, ni y apporter de solutions concrètes. Le manque de travail sur terrain, de confrontation avec la réalité du contexte social et spatial de la part des personnes placées aux plus hauts postes de décision et de conception, peut se faire ressentir dans les difficultés de fonctionnement des projets mis en place et dans la permanence des problématiques. Marcelo BARRALE évoque un travail de terrain fait à l’échelle de la province, mais cette technique ne semble pas être utilisée par la municipalité de Rosario: « J’ai beaucoup travaillé pour la province, nous avons fait beaucoup de réordonnancements de villas, beaucoup de travail terrain en tant qu’architecte, (…) Ouvrant des rues, travaillant famille par famille. Et ça, c’est ce que je propose qui se fasse aujourd’hui à Rosario. »
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On remarque donc que la plupart des ensembles de logements réalisés par des Plans du gouvernement restent des lieux marginalisés et de précarité. La construction massive de nouvelles maisons implique de déloger les gens de la villa, bien qu’ils y soient depuis des années et qu’ils y aient établi leur propre organisation. Souvent cette délocalisation est vécue comme un déracinement, elle ne fonctionne pas et les gens retournent dans leur villa d’origine. Un rythme de vie, des habitudes, une identité font que, dans certaines villas, les seules demandes des habitants auprès de la municipalité sont d’accéder à la propriété du terrain sur lequel ils ont édifié leur maison, et de régler les problèmes d’infrastructure entrainant l’insalubrité et le danger du lieu. Par exemple, cela fait des années que la construction d’un ponton pour les pêcheurs au Mangrullo est demandée, au lieu de devoir débarquer quotidiennement le poisson sur des rives abruptes et boueuses. Le souhait de rester sur place, dans un milieu connu et correspondant aux critères sociaux des personnes, est donc très clair. « Il est très important de comprendre que la villa n’est pas une transition. Aujourd’hui encore moins. Maintenant les gens choisissent un lieu et veulent y rester… Bien que ce soit un rancho… » Marcelo BARRALE Pour cela, « Durant les années 1990, le modèle de favela barrio au Brésil, fut impulsé à un niveau global. Étant donné que les programmes du Servicio Publico de la Vivienda fonctionnent sur la base de crédits internationaux, les conditions que mettaient les organismes qui octroient ces crédits étaient que les modalités soient celles de favela barrio. «Ce n’est pas pour que vous construisiez un nouveau quartier, c’est pour travailler dans la villa». (…) Alors dans les années 90, (en Argentine) on a beaucoup travaillé à régulariser des villas, en donnant des titres de propriétés, en améliorant, en ouvrant des rues et il y a eu différents asentamientos dans lesquels on a travaillé comme ça. À Rosario, je crois que le plus important s’appelle villa la Lata, qui est plus ou moins entre les rues Corrientes et Rueda. Ici ils ont ouvert des rues, ça a été urbanisé, ils ont fait des améliorations… Mais ce n’est pas pour autant un endroit facile, la ville est compliquée. » Roberto KAWANO
LES ÎLES Les gouvernements municipal et provincial n’ont que peu de pouvoir sur les îles du delta du Paraná car elles appartiennent à la province voisine, Entre Rios. Cependant le gouvernement national ne s’occupe pas de façon assidue, de réguler l’usage qui en est fait. Les cycles d’inondations sont donc le seul moyen de limiter l’exploitation intense qui assèche les terres. Depuis le 26 janvier 2016, 240 000 hectares du site sont déclarés Ramsar, ce qui représente une avancée pour leur préservation. « La Convention sur les zones humides d’importance internationale, appelée Convention de Ramsar, est le traité intergouvernemental qui sert de cadre à la conservation et à l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources.»5 Cette convention vise à protéger les réservoirs d’eau douce que sont les régions humides de la planète et dont fait partie le delta du Paraná. Mais dans un système déjà bien en place, comment changer les choses ? Il faudrait réglementer la construction de maisons et de lieux de loisirs, tout en axant la sensibilisation des habitants sur la qualité de « poumon » écologique que représentent les îles pour la métropole en face. D’autant plus que le classement Ramsar ne définit pas une réglementation bien précise et vise plus simplement à une certaine reconnaissance et conscientisation. « A plus forte raison quand déjà beaucoup de propriétés sont privées, il est très difficile d’imposer des règlements. Maintenant il faut commencer à mettre des conditions, mais qui veut courir ce risque politique ? » Ana VALDERRAMA.
5 Sitio web Ramsar : http://www.ramsar.org/ es/nuevas/delta-delparaná-en-argentina-hasido-designado-comositio-ramsar
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LA VILLE FORMELLE Si la municipalité n’est pas très active en ce qui concerne les îles, elle l’a été et continue de l’être dans la relation du centre ville avec le fleuve Paraná. La décentralisation des activités portuaires et ferroviaires a entraîné la récupération par la ville de terres privées ou appartenant au gouvernement national, permettant ainsi l’ouverture d’espaces publics devenus emblématiques, tels que le parc España. « Cela fait 40 ans que Rosario gagne des terrains sur le fleuve. Ceux qui ont été gagnés étaient des territoires de chemins de fer du gouvernement national. Ensuite, il a été fait tout un plan de récupération de la côte et maintenant nous avons presque 13km de côte publique. Mais des endroits restés en concession à des clubs récréatifs plus au nord, devraient laisser passer les gens et ne le font pas. Ensuite, il y a ces lieux comme Puerto Norte, qui ont ce que l’on appelle une servitude administrative qui les oblige à laisser passer les gens, mais ça ne se passe pas ainsi. » Ana VALDERRAMA L’avancement remarquable de la municipalité de Rosario, afin de rendre publique une partie stratégique de la ville, est néanmoins nuancé par une forme de privatisation de certains espaces côtiers. Il existe une norme nationale de chemin d’hallage, datant de 1948 et impliquant la considération d’une distance de 35 mètres ou 15 mètres selon les zones de la ville, entre la construction et la marge du fleuve. Le 21 avril 2014, face au constat du non respect de cette loi, le Consejo Municipal de Rosario (Conseil Municipal de Rosario) prend l’initiative d’une proposition de bornage, afin de régulariser l’existant et de prévenir la relation au fleuve des futures constructions. Elle est clarifiée en ces termes : «la matérialisation sur le terrain devra être réalisée avec des bornes en matériel perdurable et selon les étapes suivantes : une première qui va de l’extrême nord de la municipalité à l’avenue Pucci, une seconde depuis cet endroit jusqu’au boulevard Oroño, la troisième allant de boulevard Oroño jusqu’au boulevard 27 de Febrero et la quatrième et dernière, allant de ce point jusqu’à la limite sud de la commune »6 Si Rosario est parfois qualifiée de « laide », la pluralité et la mixité de ses bâtis dentellent à la verticale ses cuadras trop sérieuses. On lui reproche d’avoir cédé à la spéculation immobilière sans regrets pour l’architecture traditionnelle qui en faisait son charme. Cependant, la municipalité fait part d’une volonté de préserver l’image de l’ancien port en réutilisant les infrastructures liées à l’industrie dans de récents projets. C’est le cas des galpones sur le parc España et des infrastructures de Puerto Norte. Ce dernier projet est une opération privée mais régularisée par un service de la municipalité. Martin Cabezudo : « Puerto Norte s’est fait dans le bureau (de la municipalité) où je travaillais. Un concours a été fait et il a été normalisé, finalisé en partie dans ce qui s’appelle Programa Equilibrio Centro-Periferia (Programme Equilibre Centre-Périphérie). Puerto Norte est donc une opération privée mais régularisée par la municipalité, par l’Etat. (…) Il y avait une raffinerie de sucre, elle a été convertie en une partie du bâtiment du projet de Caballero, Ciudad Rivera. (…) La volonté de garder le patrimoine dans le projet venait de la municipalité mais ils (les architectes) l’auraient quand même fait car ainsi une partie de la construction était déjà là. » Depuis 2008, la municipalité a mis en place l’Inventario y Catalogación de Bienes del Patrimonio Histórico Arquitectónico y Urbanísticos de la Ciudad de Rosario (Inventaire et Catalogage des Biens du Patrimoine Historique Architectural et Urbain de la Ville de Rosario). Cet inventaire implique aux propriétaires de réaliser une demande spéciale avant toute intervention sur ces œuvres et sites à valeur patrimoniale. 6 source site du municipio de rosario: http://www. c o n c e j o r o s a r i o . g o v. ar/noticiaCompleta. do?noticia=00015805
Les actions de la Municipalité, de la Province et de l’Etat sont irrémédiablement liées aux stratégies politiques. De façon générale, dans la fabrication de la ville, Juan Pablo HUDSON dénonce l’inaction des politiques à cause de la pression des citoyens et donc, des réélections : « Les changements dans un moment si délicat comme celui qu’est entrain de vivre Rosario requièrent des temps longs que la gestion politique n’a pas. L’opinion publique exige des changements immédiats, ou la répression immédiate. ». En effet, la course aux électeurs se révèle complexe dans une ville où il faut réussir à séduire l’extrême pauvreté et l’extrême richesse. Derrière des images de changement ou de révolution, les groupes politiques usent toutes les techniques pour récolter des voix. Il est déjà arrivé qu’un parti politique aille chercher les enfants, dans le barrio República de la Sexta, avec un bus à étage, pour les amener à son congrès politique. Revenus enchantés après tant d’attentions et de divertissement, ils continuent de diffuser les signes et slogans du parti politique autour d’eux… « Alors nous (ORILLAS) avons fait une petite campagne contre l’utilisation des enfants dans la politique. Un tas de gens l’a mal interprétée. Car nous ne sommes pas entrain de dire qu’il ne faut pas qu’un enfant aille à un acte politique, ce que nous disons c’est qu’il y aille à condition qu’il sache où il est entrain d’aller. » Carolina ROLDAN. Aussi, les politiques semblent figées dans leurs actions post-élection et les promesses peu respectées… : « Ici (à la Siberia) apparaissent un tas de groupes politiques, mais ils viennent pour l’époque des élections, rien de plus. » Carolina ROLDAN
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** la politique, plusieurs acteurs sur le « ring », la victoire à tous prix ?
Mais en dépit de la guerre animée par les intérêts propres aux partis politiques, il semble possible de les voir s’associer par le biais d’une institution, afin de trouver ensemble des solutions à des problématiques territoriales communes. Dans son travail au bureau Metropolitana, Martin CABEZUDO parle de cette relation entre les communes à l’échelle de l’Aire Métropolitaine de Rosario : « (Metropolitana) est un organisme auquel les différentes villes et communes s’associent volontairement, et j’aime ça parce qu’il y a des localités qui sont gouvernées par le socialisme, par le radicalisme ou par le pro ou par le kirchnerisme, mais toutes sont à la recherche d’un bien partagé et d’une coordination sur quelques questions pour solutionner des problèmes qu’ils ont en commun. Alors ça m’intéresse que la solution qui est apportée ici soit une solution technique qui laisse un peu de côté les différences politiques ou de couleurs… Différentes idées en pouvoir d’un bien amélioré commun. » Ces ententes ont déjà permis de répondre à des problèmes d’infrastructures urbaines, comme par exemple, la création d’une route pour désengorger les voies traversant les communes, des grands trafics de camions vers les ports lors de la saison des cueillettes. Cette « inaction » des politiques ne serait-elle donc pas davantage le fruit d’une autre pression ? Celle de la corruption ? Elle est d’ailleurs à la base de la course aux votes et des financements illégaux de campagnes électorales, en l’échange d’accords ouvrants la voie au narcotrafic…7 Alors la politique n’a pas le temps, la politique ne voit pas, la politique a peur de s’engager et court après les électeurs… La politique est surtout corrompue depuis les plus hautes sphères du gouvernement. Ce phénomène, global à l’Amérique latine, ne semble cependant pas être systématique selon les partis politiques de Rosario. Pour Marcelo BARRALE « L’occupation du territoire de façon délictuelle, irrégulière, n’est pas seulement la propriété des narcos. Il y a aussi des secteurs politiques qui organisent des occupations illégales ayant des fins spéculatives ou politiques. » La politique peut être corrompue sans être obligatoirement liée au narcotrafic.
7 cf partie II /c / insécurité et violence
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L’occupation des barrios et villas par les groupes politiques passe par les représentants de quartiers « naturels » comme la Yoli au Mangrullo, mais aussi par des référents politiques « infligés » au quartier : « Dans la villa de Rosario, il y a des référents politiques naturels, ce sont des gens qui font partie de la villa. Il s’agit de la voisine la plus âgée, de celui qui a la boutique ou le bar, de celui qui a le grand patio où les gens peuvent se rassembler et manger l’asado, … Après, le gouvernement de la ville de Rosario a créé des représentants politiques dans les barrios (…) il les met à travailler politiquement à l’intérieur du barrio, pour le projet politique. C’est un employé. Ce n’est pas très bien reçu. (…) C’est ce qu’on appelle les punteros políticos fabricado (pointeurs politiques fabriqués), ce n’est pas naturel, ils sont constitués. Et cela fait 20 ans que le gouvernement le fait. » Marcelo BARRALE Moins violemment, de jeunes militants politiques représentent leur parti par le biais d’actions sociales, culturelles ou de la construction dans les zones marginalisées de Rosario. « Il y a beaucoup de jeunes militants des partis politiques qui vont travailler à la villa, donner un coup de main. Là ils se mélangent, mais ils ne se mélangent pas dans la vie réelle. » Ana VALDERRAMA Ce travail de terrain de la part des groupes politiques devient de plus en plus difficile avec l’augmentation de la violence : « Les organisations politiques rencontrent des limites importantes pour le déploiement de leur travail. (…) Les barrios sont entrain d’arrêter d’être l’environnement « naturel » pour les organisations, pour se transformer en milieux hostiles. » Juan Pablo HUDSON La force d’organisation des groupes politiques réside également dans leur action sur le terrain par le biais de leur déploiement dans les facultés, comme le souligne Juan Pablo HUDSON : « Dans les villas et les quartiers populaires, il existe une participation active politique de voisinage ou des secteurs universitaires ou des partis politiques. »
Le rôle de l’enseignement dans la formation des futurs acteurs et penseurs de la ville Le rôle de l’Université dans la fabrication de la ville se déploie sur plusieurs plans. Premièrement, il est certain que cette institution à une influence directe sur les acteurs, penseurs et concepteurs de demain. L’enseignement qui y est prodigué, les expériences qui y sont faites donnent le ton marquant les générations futures de fabricants de la ville. Ana Valderrama, vice-doyenne de la faculté d’architecture de Rosario, a tout d’abord choisi de poursuivre son parcours d’étudiante par celui d’enseignantchercheur, tout en travaillant au service de la municipalité : « Je me suis toujours intéressée à l’architecture publique, parce que c’est en faisant des œuvres publiques que les architectes ont plus de potentiel de transformation de la ville et ça permet de toucher la vie de plus de monde. Et à l’éducation, car à l’intérieur du projet du pays, c’est aussi une des choses qui peuvent le plus transformer la réalité, dans le sens où s’y forment les futurs exécutants et transformateurs de la réalité. Enseigner est une responsabilité très grande. » Aussi, pour Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA « Le centre culturel Charigüé a pour objectif de promouvoir et diffuser la culture du lieu, la préservation, … Alors j’ai trouvé dans la faculté un autre mécanisme pour cela, car il s’y forme beaucoup de professionnels… Et les professionnels qui se forment ici et qui connaissent cela, il est très probable que demain quand ils devront intervenir dans la ville de Rosario, ils le fassent avec une vision totalement distincte. Parce que celui qui ne connaît pas réellement les îles, fait une intervention en regardant de la moitié du fleuve vers la ville. Alors que celui qui connaît ce territoire fait une intervention en regardant bien plus loin que la moitié du fleuve, là où il y a la culture, il y a des personnes avec leurs besoins, qui sont d’une autre ville mais qui sont liées à la notre. ».
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*** l’enseignement et l’Université, entre fabrique des concepteurs de demain et actions sur le territoire
La recherche, une action sur le terrain au croisement des institutions Le CONICET (Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas) est le conseil national de recherches scientifiques et techniques, dédié à la promotion de la science et la technologie en Argentine. Il répartit ses recherches dans quatre domaines, dont celui des sciences sociales et humaines. Et 29% de ses unités exécutives sont investies dans la recherche en lien avec les principaux intérêts de la société.8 Dans le cadre des investigations effectuées par Juan Pablo HUDSON, la précision du travail de terrain est primordiale : « Nous ne nous intéressons pas aux problèmes globaux sinon aux situationnels, c’est à dire, les problèmes qui affectent des populations spécifiques, des quartiers spécifiques. Tout ce qui se réfère au global nous paraît abstrait. ». Et ce travail spécifique doit être réalisé sur un long terme. La recherche ne répond donc pas en la simple observation des dynamiques actuelles de Rosario. Elle est militante et collective, permettant d’intervenir concrètement sur les problèmes complexes que traverse la ville, depuis le début du XXIème siècle. L’action est politique par son caractère ancré dans le territoire de recherche. Ainsi : « Pour moi la recherche ou la notion d’études est intimement liée à celle d’intervention politique. (…) Evidemment, j’agis sur des scénarios urbains auxquels je m’unie par un sentiment d’appartenance construit à partir d’une histoire vraie. » Juan Pablo HUDSON
8 source : http://www. conicet.gov.ar/conicetdescripcion/, consulté le 14 mai 2016
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Comment effacer les dualités entre le monde des idées et celui de la réalité? Il faut rompre avec la dualité habituelle de l’université, entre les intellectuels et la réalité des habitants, -comme une retranscription, à l’échelle de l’université, de ce qui se passe traditionnellement dans la société, entre les penseurs et les habitants - : « Au sein de l’université, à l’habitude d’exister une séparation binaire entre ceux qui pensent -les intellectuels, les maîtres, etc.- et ceux qui parlent seulement et donnent leur témoignage -ouvriers, voisins des villas, des îles,etc.-. Rompre avec ces lieux préétablis est un acte politique radical. » Juan Pablo HUDSON Pour cela, de nombreux enseignants de l’université publique de Rosario, ont un poste en parallèle. Il peut s’agir d’un travail dans la municipalité, dans une agence d’architecture, en donnant des ateliers, comme les tallers pinxeles organisés indépendamment de la faculté par l’architecte et enseignant de la FAPyD Manuel Cucurell ou encore les ateliers donnés au travers d’actions d’investissement social dans les villas … A un moment de sa carrière, Juan Pablo HUDSON a quant à lui choisi de lier son rôle de professeur à l’université publique de communication sociale, avec celui d’enseignant, en donnant des classes du soir dans l‘école du quartier populaire de Ludueña. Aussi, il est important de considérer l’échange à double sens qui anime l’université. Car sur le terrain, l’enseignant apprend aussi. Et il s’agit d’une attitude politique que de se demander ce que l’on peut faire et apprendre à partir du contexte dans lequel on agit, qu’il soit celui des classes universitaires ou celui des rues de la villa miseria. « Pour moi, l’enseignement est la possibilité, d’une part, de partager des images politiques que l’on construit dans les collectifs de recherche (dont je fais parti) ; mais fondamentalement, c’est la possibilité de générer des espaces de réflexion, dans lesquels l’enseignant n’est pas le porteur de vérité, mais où tous peuvent participer, peuvent apporter leur part dans la gestation d’une voix collective. Il y a un principe fondamental de la recherche militante qui peut se transférer à l’enseignement : « Dans une situation de réflexion collective, on ne sait pas qui est le plus apte pour penser ». » Juan Pablo HUDSON Les workshops et travaux en atelier comme forme de participation à la réflexion et aux actions sur la ville, ancrée à la réalité du contexte Pour profiter de cet enrichissement mutuel et le générer, Ana VALDERRAMA appuie sur l’importance des workshops. Ils constituent en effet des sources d’informations, pour comprendre et résoudre les problématiques de la ville. «Nous avons fait une série de workshops dans différents lieux de l’arroyo Saladillo et ensuite nous avons fait le Plan dans le gouvernement. Ça a aussi aidé parce que beaucoup de ceux qui travaillons dans le gouvernement, nous travaillons aussi dans la faculté. » Ana VALDERRAMA Ana VALDERRAMA donne un autre aspect de la dualité faculté/réalité, qu’abordait Juan Pablo HUDSON au travers le manque de relations entre les penseurs et les habitants. Elle a conscience de l’écart qui existe souvent entre le monde des études en architecture et en urbanisme, et la réalité : « Il ne me semble pas que le rôle de l’université publique argentine doive être de former seulement des professionnels qui espèrent que vienne un roi, à leur demander qu’ils lui construisent un palais. L’architecture a un rôle de construction d’un pays plus équitable. Et ça c’est l’espace dans lequel je travaille. » Pour cela, elle oriente l’enseignement de sa cátedra -présente sur les trois premières années d’étude en architecture-, sur des expériences de construction à échelle 1. Elle guide une approche de projet très concrète vis à vis des problématiques et dynamiques des contextes étudiés. Quand l’exercice ne s’agit pas de construire directement sur site, alors les formes de la nature, les métabolismes sont étudiés
Des attitudes similaires envers la pratique du territoire sont observables dans la cátedra de projet architectural de Marcelo BARRALE -sur les trois dernières années d’études-, et de dessin structurel avec Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA. « Nous avons une cátedra qui se déplace beaucoup, qui travaille sur le lieu (…) nous amenons les étudiants sur les sites les plus difficiles du point de vue social, pour qu’ils connaissent. Il y a des élèves à la faculté qui ne sont jamais entrés dans une villa emergencia, et ne sont jamais allés sur l’île… Nous voulons qu’une personne qui reçoive le titre d’architecte, connaisse cela. » Marcelo BARRALE Dans le cas de la cátedra d’ingénierie de Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA, une sorte d’accord entre son espace culturel de Charigüé, la Casa del arborigen, et l’université a été mis en place, il y a plusieurs années. Il permet de travailler sur les îles en construisant avec les élèves. Un amphithéâtre de bois, des réservoirs d’eau, une série de plateformes, un observatoire sont déjà en place tandis qu’une auberge mirador est entrain d’être construite. Son rôle d’enseignant dans les facultés d’architecture et d’ingénierie de Rosario permettent donc à Mario DOMINGUEZ de générer un lien entre l’université et son ONG de Charigüé, et de sensibiliser des étudiants au territoire des îles. « Si je veux essayer de sensibiliser les gens à la protection du territoire, pour montrer que ce territoire est en face de nous, que sur ce site il y a une culture, il y a des choses intéressantes à voir et protéger, la meilleure façon est que les gens le connaissent. Alors le meilleur moyen est de traverser en face, de marcher sur ce territoire, de commencer à le regarder. La faculté m’a aussi rendu possible cet objectif. » Cet intérêt pour les visites de sites instables et spécifiques de Rosario que sont la villa et les îles, se poursuit aussi dans l’étude de la ville formelle, comme dans la cátedra d’urbanisme ou enseigne Roberto KAWANO. Ce domaine organise des visites aussi bien à la villa que dans le micro centre. « Alors nous donnons une aire d’étude qui puisse au moins être parcourue par les élèves et qu’ils puissent y aller, entrer sur le site… Sinon le travail termine par être une abstraction. » Cependant, l’intervention sur site par la construction, n’est pas possible dans le cas d’une cátedra d’urbanisme, traitant d’échelles trop grandes de la ville. Mais les actions menées au sein de certains tallers de la faculté sur le territoire sont souvent perçues comme des manifestations politiques, une forme de militance en faveur d’une organisation politique locale ou nationale. Les frontières restent floues entre les institutions et leurs objectifs.
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afin d’en imaginer des artefacts, des systèmes autorégulés et résilients, à l’image des territoires sociaux et formels de la villa miseria ou des îles.
ill 8 Réunion lors du workshop « Aquifero Guarani » autour d’une structure réalisée par des étudiants de la FAPyD au centre culturel Charigüé. avril 2014
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L’intérêt porté au site par la poétique émanant du lieu. Au sein de la faculté d’architecture, les tallers Valderrama et Barrale entretiennent une relation forte avec d’autres ateliers d’universités d’Amérique latine, comme la católica à Valparaiso au Chili. Les voyages sont un point majeur de leur enseignement, tout comme les actes artistiques et poétiques qui sont réalisés sur les sites de projets, comme approche du lieu. Par exemple, pour la visite du site de projet des élèves de 4ème année à Puerto Gaboto en 2015, un acte poétique a été fait lors d’un campement de deux jours avec environ 70 étudiants. De ces actes naissent des poésies collectives, assemblages des mots inspirés à chacun des élèves par le lieu et un pratique sensible du site. L’Université génère des connexions à l’échelle du territoire. Elle s’implique, par l’enseignement et la recherche, en la mise en place d’interventions précises et contextualisées. Cependant, à la faculté d’architecture, les domaines travaillant ainsi sont peu nombreux et restent critiqués à l’intérieur même du secteur universitaire. Peu d’appuis leurs sont fournis, pour encourager leurs démarches et ils doivent souvent se débrouiller seuls.
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ill 9 Réalisation de coffrages dans les ateliers de la FAPyD pour la construction du marché de pêcheurs de Pueblo Esther, taller Valderrama. photo : facebook taller Valderrama
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ill 10 Construction sur site par les étudiants du taller Valderrama, Bajada Colacho, Pueblo Esther, avril 2016 photo : facebook taller Valderrama ill 11 Campement sur le site de projet architectural Puerto Gaboto avec le taller Barrale 4ème année d’études, mai 2015 photo : étudiant du taller
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Bien que l’église comme monument ne semble pas être un véritable référent spatial dans Rosario, comme elle l’est en France, l’Eglise comme institution joue un rôle dans la gestion de certaines zones de la ville. Elle est présente dans quelques barrios où elle se substitue plus ou moins au rôle de l’Etat par l’accompagnement et la prise en charge de jeunes en difficultés. Les institutions religieuses agissent également en travaillant parfois avec la faculté, en tant que référent de quartier, présent sur place dans les villas. C’est le cas de l’espace communautaire Villa Itati, réalisé par la cátedra Barrale. Cette branche de la faculté d’architecture, a été recommandée auprès des Sœurs de la Compagnie des Sœurs Dominicaines, par des personnes connaissant leur travail. Le contact s’est fait par l’intermédiaire d’une enseignante du Colegio Santísimo Rosario (Collège Saint de Rosario) et l’infrastructure a été construite par les étudiants et enseignants de la FAPyD. L’inauguration de l’espace communautaire a eu lieu le 7 mai 2015, ponctuée d’une célébration avec les enfants du barrio et les Sœurs. Par la suite, cette institution allait veiller à la bonne utilisation du lieu, afin qu’il ne soit pas livré directement aux habitants et sans un minimum de réglementation, ce qui pourrait conduire à sa détérioration. Aujourd’hui, l’activité des Sœurs s’est amplifiée et elles travaillent avec des femmes et adolescentes sur des problématiques sociales, humaines, sanitaires et d’alphabétisation. Elles sont détachées de toute volonté d’évangélisation dans le barrio. Cependant, comme dans le reste de l’Argentine, la religion catholique est très présente et lisible par des images ou messages religieux inscrits dans l’espace public. On remarque d’ailleurs que plus les quartiers sont pauvres, plus les signes religieux sont nombreux.
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**** l’Eglise, acteur social et territorial
ill 12 Messages à Dieu, Villa Gobernador Galvez, mars 2014 « le sang de Jésus Christ couvre ce foyer » et « Dieu est amour » collection personnelle ill 13 Inauguration du centre communautaire Itati réalisé par des enseignants et élèves du taller Barrale avec la Compagnie des Sœurs Dominicaines, mai 2015. photo: Rolando Supersaxco
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9 source : http://www. ciudadfragmentada.com. ar/?p=277
Mais dans cette volonté d’aide aux secteurs défavorisés, il arrive que des conflits soient produits sur la base de l’appartenance de terres. De nombreux acteurs s’arrachent la propriété de la périphérie de Rosario. C’est notamment le cas de territoires d’Empalme Graneros, au nord ouest de Rosario. En 2009, la démolition violente d’un centre communautaire et de production, que construisait le mouvement social Giros avec des habitants, en est un exemple. L’explication à cet acte fut donné par l’Église évangélique Santuario de Fe, ayant acheté 9hectares des terrains dont celui sur lequel l’association implantait le centre de quartier. Afin de donner suite à un projet urbanistique sur ce site, ils avaient décidé d‘en commencer le « nettoyage » à coups de pelleteuses. Cette initiative avait surtout inquiété sur leur sort, les 300 habitants en conditions irrégulières vivant aux alentours.9 Des accords ont été mis en place, après plusieurs conflits et délibérations entre Giros et les représentants de l’Église Santuario de Fe, afin d’assurer au voisinage son intégration au projet. A l’heure actuelle, aucune trace de construction n’est visible.
Ainsi, à l’intérieur même de l’Institution politique se détache le groupe de Ciudad Futura. Il semble ouvrir un nouvel espace politique, plus en lien avec le territoire. Au sein de l’Université, des groupements et associations indépendantes constituées d’étudiants et d’enseignants sont actifs sur différents aspects du territoire. Ils entretiennent un lien social par la construction sur des sites plus ou moins marginaux de Rosario. Ces groupes sont des acteurs intermédiaires, à la frontière entre institution politique ou universitaire, car même s’ils ne sont pas considérés comme Institutions, ils trouvent leur origine ou un appui dans le cadre de la politique ou de l’enseignement.
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Les institutions en place sur Rosario ont donc des impacts plus ou moins déterminants sur le fonctionnement de la ville, accentuant ou tentant d’effacer les fractures. Mais ces institutions ne sont pas les seuls acteurs du territoire. Dans l’espace qu’elles laissent par leur manque ou leur impossibilité d’implication, elles sont secondées ou remplacées par des structures annexes. Ces nouvelles organisations proviennent d’une institution ou naissent d’un mouvement indépendant. Aussi, il n’est pas rare qu’elles fassent pression sur les Institutions, afin d’influencer leurs actions.
ill 14 Enfants du quartier regardant les réalisations du workshop organisé par l’agence d’architectes Arzubialde et l’architecte chilienne Verónica Arcos. photo: archdaily
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b des acteurs intermédiaires volontaires et militants * Ciudad Futura, une organisation politique à la croisée entre mouvement social et institution.
ill 15 Tambo de la Resistancia, début du chantier de réhabilitation des contenairs, février 2016 collection personnelle 10 source : interview de Caren Tepp, présidente de Ciudad Futura : http://clicdenoticias. com/ciudad-futura-unnuevo-espacio-politicoque-crece-en-rosario/ et http://ciudadfutura. com.ar/category/ actualizaciones/ , consultés le 10 mai 2016.
Face aux difficultés croissantes d’intervenir dans les quartiers marginaux pour les organisations politiques, Juan Pablo HUDSON lance un nouveau gageur: « Là est le grand défi politique contemporain : réinventer une politique de quartier.» Réinventer un politique de quartier… Et c’est peut-être ce à quoi est entrain de parvenir Ciudad Futura (CF), dont la fulgurante progression et l’intense activité sont très impactantes sur l’ensemble de Rosario. Sur sa page Internet, Ciudad Futura se présente sous le slogan « gente común haciendo cosas fuera de lo común – eso es Ciudad Futura » (personnes commune faisant des choses hors du commun – c’est ça Ciudad Futura). Ce groupe politique récent est constitué de jeunes au dynamisme révolutionnaire. Ses militants vont dans les villas de Rosario donner des ateliers artistiques et culturels aux enfants, des cours de mise à niveau aux adultes et construire. Ciudad Futura est ancrée sur l’ensemble du territoire de Rosario par l’Ecole de Gestion Sociale, le Distrito 7 -qui est un centre culturel en plein centre ville-, le Tambo de la Resistencia -dans la périphérie-, ou encore par divers dispositifs qui travaillent pour la santé. A travers ses actions sociales et ses acteurs « du quotidien », Ciudad Futura est un parti politique établi dans la réalité de la ville. Il est défini comme « un parti surgissant de l’expérience de différents mouvements sociaux de la ville de Rosario, assumant le défi d’être une alternative politique. » Une nouvelle étape dans la politique traditionnelle, basée sur l’idée du « pouvoir populaire ».10 Ciudad Futura a ses architectes, qui sont parfois enseignants à la faculté, et déjà des répercussions internationales. Lors du second voyage, mi février 2016, j’ai rencontré une équipe d’étudiants venant de l’université d’architecture de Manchester pour réaliser, avec Ciudad Futura, leur projet de fin d’études. Ils mettaient à profit l’argent gagné pour leur thèse, dans l’aménagement de deux contenairs sur le Tambo de la Resistancia. Dans le projet, un des contenairs serait un centre de CF, l’autre un centre à destination des habitants et travailleurs du site.
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« Tambo » signifie laiterie. Celle située dans Nueva Alberdi est le lieu d’élevage de vaches depuis des années. C’est un espace de production de produits laitiers (dulce de leche et fromages) mis en place par Ciudad Futura, sans aucun accord avec le gouvernement. Justement dans le but de démontrer qu’il est possible de faire sans l’institution autoritaire, et dans l’objectif de protéger les terres de la privatisation. En effet, le Tambo de la Resistancia est le dernier restant dans la ville de Rosario, les autres espaces de ce type ayant petit à petit été remplacés par des ouvrages d’entreprenariats. Des violences récentes au Tambo témoignent de ces tensions de territorialisation avec les entrepreneurs privés. Dans la nuit du 8 au 9 avril 2016, des militants vivant sur place ont subi une attaque armée par trois hommes et reçu des menaces de mort s’ils ne quittaient pas le lieu.
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ill 16 Tambo de la Resistancia. collection personnelle ill 17 Explications du conflit avec les spéculateurs privés pour la propriété du Tambo de Nuevo Alberdi par Ciudad Futura, avril 2016
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TRADUCTION des explications de CIUDAD FUTURA : (De droite à gauche, de haut en bas)
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CONFLIT POUR LE TAMBO DE LA RESISTANCE
CHAPITRE 1 POURQUOI LA VIOLENCE À NUEVO ALBERDI ? Cela fait des années que nous soutenons qu’il ne s’agit pas d’un conflit entre particuliers. Mais que c’est un conflit social et politique de tout Rosario. Parce que l’expulsion du Tambo implique aussi l’éviction des 200 familles de Nuevo Alberdi et la privatisation des 250 derniers hectares libres qu’il reste à la ville. 14 avril <- EXPULSION Face à la relance de la sentence d’expulsion du Tambo, EXPROPRIATION -> 7avril Nous présentons au Conseil un projet pour protéger ces terres. Et afin qu’une fois pour toute soit abordé le problème depuis le domaine politique pour trouver une solution définitive au Tambo et défendre les personnes et le territoire. En conséquence de notre projet, nous parvenons à ce que la Justice, le Législatif et l’Exécutif se mettent d’accord pour protéger Nuevo Alberdi en vue d’une solution juste et globale… …pour la première fois en 10 ans !!! Mais le vendredi 8/4 durant la nuit… LES SPÉCULATEURS ÉNERVÉS ONT EU RECOURS À LA VIOLENCE !!! Qui commande à Rosario ? C’est toi qui choisis : Les spéculateurs immobiliers ou les citoyens qui l’habitent CHAPITRE 2 POURQUOI NOUS NE SOMMES PAS DES USURPATEURS ? Pour que ce soit clair : Oscar Licera, le laitier, travaille depuis plus de 20 ans la terre de Nuevo Alberdi, ce qui juridiquement le converti en « possesseur à moral de propriétaire » et il n’y a pas de délit d’usurpation. LA JUSTICE PENALE A REJETÉ LA DEMANDE POUR USURPATION, RÉSOLVANT LE CONFLIT EN FAVEUR DU TAMBO DE LA RESISTANCE (année 2012) Pour que ce soit clair : Mario JAÚREGUI, le spéculateur, arnaque Oscar en lui faisant signer un faux contrat pour rompre la possession de la terre d’Oscar. Avec ce seul papier commence le procès d’expulsion. LE PROCÈS D’EXPULSION (QUI A ÉTÉ RÉACTIVÉ CES DERNIERS JOURS) EST DU DOMAINE DE LA JUSTICE CIVILE, C’EST À DIRE QU’IL N’A RIEN À VOIR AVEC L’USURPATION. USURPATION ET EXPULSION SONT DEUX CHOSES COMPLÈTEMENT DIFFÉRENTES Qui commande à Rosario ? C’est toi qui choisis : Les spéculateurs immobiliers ou les citoyens qui l’habitent
CHAPITRE 3 QUELS SONT LES INTÉRÊTS EN DISPUTE ? Les 250 hectares de Nuevo Alberdi qui entourent le Tambo ont historiquement été habitées par des travailleurs ruraux (laitiers, fabricants de briques)… (dessin représentant la province de Santa Fe, en forme de botte) « C’est moi qui paie » … et parce qu’elles étaient en grande partie inondables, des œuvres d’assainissement ont dû être réalisées, financées avec l’argent public, c’est à dire de tous les habitants de Santa Fe. (dessin d’une vache pointant du « doigt » le Capitalisme) « C’est lui qui gagne » Les spéculateurs, sachant que ces améliorations augmenteraient le prix des terres, ont trompé la population en leur enlevant leurs terres…. (dessin d’une belle maison avec l’inscription « Quartier Exclusif ») … Qu’ils vendent ensuite à des prix exorbitants auxquels peu peuvent accéder. Et là, à la place des anciens habitants, vivront seulement quelques privilégiés. VOILÀ QUELLE EST LA DISPUTE : NOUS ENTRONS TOUS OU SEULEMENT QUELQUES UNS !!! Qui commande à Rosario ? C’est toi qui choisis : Les spéculateurs immobiliers ou les citoyens qui l’habitent
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Mais le 27 avril, après délibération au tribunal de Rosario, le Tambo sort vainqueur dans sa lutte pour rester à Nuevo Alberdi. Pas seulement. Sont aussi mis en place avec CF « des accords et délais pour travailler à un plan intégral afin d’urbaniser ces dernières terres de Rosario, prenant en compte non seulement les intérêts du Tambo et des familles qui habitent la zone depuis longtemps, mais prenant aussi en compte toute la ville. Avec cela, on a réussi à éviter l’éviction du Tambo et à assurer sa continuité dans le temps. Mais aussi, nous sommes parvenus à ce que soit généré un espace où travailler, avec tous les acteurs impliqués présents, sur le dessin et la forme que prendraient ces 250 hectares, les derniers qu’il reste à Rosario, pour se développer de façon résidentielle. »11 En plus de freiner l’extension de la privatisation des terres, CF réalise des actions pour le domaine public et pour les habitants par le biais de concertations publiques et de la participation : « Maintenant tout est donné pour pouvoir commencer à penser Nuevo Alberdi vers le futur. Sans spéculation immobilière, sans violence ni coups de pied. Avec la tranquilité d’avoir désactivé la voracité privée sur ces terres, maintenant c’est l’heure de ce qui est public, que l’Etat définisse comment va être développé ce secteur, à qui bénéficiera ce développement et par dessus tout, quel type de ville est-ce qu’il préfigure. » Le 25 mai 2016, jour de la Patrie en Argentine, CF réunit 1500 personnes au Tambo de la Resistancia, autour d’un repas et d’activités publiques de concertation, dans le but de dessiner les premières lignes de ce projet avec les habitants de Rosario.
ill 18 ill 18 « Dialogues urgents- POUVOIR PUBLIC vs POUVOIR PRIVÉ- La logique du bien être contre la logique du gain », diffusion de Ciudad Futura suite à l’attaque du Tambo.
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ill 19 Organisation d’une audience publique par Ciudad Futura le 10 mai (événement Facebook), « Que faisons-nous avec les dernières terres de la ville ? » ill 20 Concertation publique organisée au Tambo de Nuevo Alberdi, ayant réuni environ 1500 personnes (selon Ciudad Futura) « Planifie le futur de la ville » « Que rêvet-on pour Rosario ? », 25 mai 2016. 11 source site Internet de Ciudad Futura, le 14 mai 2016.
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** les associations étudiantes indépendantes et les ONG, différents degrés vers la participation.
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TECHO Techo ou Un Techo Para Mi Pais (Un toit pour mon pays) est une ONG présente sur tout le territoire d’Amérique latine et travaillant sur la base de jeunes volontaires. Elle vise à réguler des situations d’urgence dans les villas miseria, et à pour objectif de « surmonter la pauvreté, à travers la formation et l’action conjointe avec les habitants. ». Elle compte à ce jour près de 11 000 logements réalisés dans des asentamientos informels en Argentine.12 Techo se lie parfois à d’autres organisations pour la construction de logement d’urgence. Par exemple, un accord de donation de 150 000 US$ lie TECHO à GDF Suez Energy Latin America. Cette union s’exprime financièrement mais également par l’aide d’intervenants du groupe lors des temps de construction. Des aides, par le biais d’alliances stratégiques internationales et régionales, permettent à Techo son rayonnement et ses actions sur le territoire de l’Amérique latine. En Argentine, Techo mène une politique active de construction et d’intégration sociale et formelle, dans les asentamientos. Elle intervient particulièrement dans la reconstruction après des dégâts causés par les tempêtes ou des inondations. Le temps de construction, marqué par l’urgence de la situation, est court. La rapidité d’intervention de Techo en fait son efficacité dans la lutte contre le mal logement, améliorant les conditions de vies de nombreuses personnes. Cependant, bien que la participation des habitants soit une de ses valeurs principales, il arrive que lui soit reproché son manque d’ancrage dans le temps, pour tisser des liens à l’intérieur du territoire… « Les Sin Techo ou Techo para mi pais n’apportent pas grand chose selon moi car ce sont des expériences très ponctuelles faites avec peu de conviction politique ou avec le discours politique d’une personne qui offre quelque chose, fait une expérience et s’en va. Il n’y a pas de maintien de la relation… Après, les logements, en général, sont pour une urgence énorme car ce sont de petites maisons sans qualité architecturale. » Marcelo BARRALE
ill 21 Livraison d’une maison par Techo dans un asentamiento.
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12 site de Techo, le 28mai 2016 : http://www.techo. org/techo/mision-visionvalores/
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ill 22 Affiches de diffusion de l’ONG Orillas, « Encourageons les envies d’apprendre» et « Transmettons les connaissances », « tu peux nous aider en donnant des livres, des outils scolaires, des jeux d’esprit ».
ORILLAS L’objectif qui anime les actions de l’ONG Orillas est d’apprendre à apprendre, apprendre à penser, apprendre à se forger une opinion et une réflexion personnelle, pour ne pas être l’instrument de groupes politiques. « Nous avons fait comme un laboratoire scientifique et nous réalisions des expériences dans la rue et dans les écoles avec des matériaux du quotidien. Et tout le monde disait que c’était de la magie. Non, non… c’est de la science… Et on a appris quelque chose aux enfants, parce que ce que l’on visait c’est qu’ils travaillent la logique de réflexion critique, pour que de cette manière chacun puisse former sa propre idée. Alors ils vont pouvoir choisir qui voter, choisir avec qui ils veulent se retrouver, où est-ce qu’ils veulent aller… Que chacun forme son idéal en regardant et expérimentant beaucoup de choses.» Carolina ROLDAN. Orillas est présente depuis cinq ans dans le barrio República de la Sexta, qu’elle anime par ses ateliers, sa présence et ses activités en extérieur. Malgré l’ampleur que prend l’ONG, par les prix gagnés et les publications, elle reste relativement ponctuelle à l’échelle des villas de Rosario. Et son action, se limitant au quartier de la Siberia, ne pourrait pas être plus ample. Elle nécessite, en effet, une régularité et une assiduité de présence des personnes volontaires, afin de tisser un lien fort de confiance avec la population. L’action d’Orillas est avant tout sociale et culturelle, mais plusieurs des personnes engagées sont des étudiants à la faculté d’architecture, voisine de l’asentamiento. L’espace d’Orillas dans le barrio de la Siberia a été dessiné et réalisé main dans la main avec ses jeunes diplômés et des habitants. « Nous avons remodelé toute la salle, nous avons fait le revêtement, la peinture murale… Ça n’a pas été facile de le faire et de réussir à tout avoir gratuitement, nous avons payés quelques choses mais bon… En plus, j’ai obtenu qu’une des coopératives qui travaille avec moi à la municipalité, à la réalisation des trottoirs, nous fasse toute la construction gratis. Ils ont tout fait, ils ont déconstruit les murs, mis le profil… Ils sont même allés jusqu’à m’amener un peu de matériel. D’autant plus qu’ils viennent d’un milieu très modeste, bien qu’ils aient beaucoup amélioré leur situation économique avec la coopérative. Dans une coopérative travaillent au moins quatre personnes et la plupart vit dans des villas miseria ou des quartiers modestes. » Carolina ROLDAN. Orillas tisse donc du lien sur le territoire et d’une façon indirecte, elle crée de l’entre-aide entre différentes villas de Rosario.
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DOMINO et MATERICOS PERIFERICOS
Matéricos Periféricos (Matière Périphérique) est un mouvement culturel indépendant créé en 1994 par des étudiants et professeurs de la FAPyD de Rosario. Il a principalement pour but de travailler sur diverses questions, par la construction d’œuvres en contexte d’urgence sociale, par un travail éditorial avec la revue homonyme et par un travail de recherche et d’extension universitaire. A l’origine de ce mouvement est une forme de résistance et d’affirmation d’une approche singulière du territoire, au sein de la faculté : « Matéricos Periféricos nait d’une revue, comme une sorte d’espace de résistance face au statuquo de l’architecture dans la faculté. Nous venions d’une cátedra qui était très combattue par le reste de l’environnement de la faculté, ils ne nous publiaient pas, ne sélectionnaient pas nos travaux, alors nous avons décidé d’avoir notre propre revue en 1984. C’est un espace pour nous exprimer disons. » Ana VALDERRAMA Contrairement à d’autres associations étudiantes, Domino ne dépend pas financièrement d’un parti politique présent dans la faculté, en ce titre elle est indépendante. Mais son objectif est politique et son origine est liée au besoin d’obtenir une place au conseil directif de la FAPyD, afin d’en défendre l’orientation et de s’afficher à l’intérieur de la faculté : « En réalité, le groupement étudiant nait (…) pour le même besoin de défendre un projet académique à l’intérieur de la faculté d’architecture. Il a été décidé dans la cátedra qui était dirigée par Carlos Galli, de monter un groupe d’étudiants et d’avoir une représentation dans le conseil directif de faculté pour pouvoir défendre le projet culturel politique et académique de ce taller. » D’ailleurs bien qu’il se dise indépendant, Domino reste fortement marqué par le kirchnerisme. C’est aussi le cas des cátedras Barrale et Valderrama, seules de la FAPyD à intervenir par la construction en milieux populaires. Les intentions politiques sont claires et forment parfois une entrave pour les étudiants ne partageant pas ces idées politiques nationales : « Il est très important de comprendre que la discussion idéologique n’est pas facile à maintenir. Il arrive souvent que les élèves eux-mêmes rejettent la politique à l’intérieur des classes.» Marcelo BARRALE Les actions concrètes de Matéricos Periféricos et Domino L’objectif de Matéricos Periféricos (MP) dans la construction est d’essayer de résoudre de façon ponctuelle et locale des problématiques générales. « Nous savons que nous n’allons pas changer la condition d’un quartier de 200 à 1000 personnes en situation de pauvreté parce que nous n’avons pas l’argent, ni la capacité de réalisation et de gestion pour faire ça. Ca c’est que devrait faire l’Etat. Mais l’Etat ne le fait pas. Comme les années passent et qu’il n’y a pas d’œuvres construites dans ces lieux, il s’y génèrent certaines distorsions, nécessités et un de ces besoins est celui de compter sur des espaces de cohésion sociale, de partage… Il peut parfois s’agir d’un marché, d’un espace religieux, d’un club de quartier pour que les enfants fassent du sport, … Des espaces collectifs qui sont absent des villas miserias ! Parce que ou bien ils ne pensent pas le projet, ou bien ils n’ont pas l’argent, ou n’ont pas les recours pour le faire. Alors nous (MP) y allons, nous relevons quels sont les besoins et nous faisons un projet, nous trouvons l’argent, le construisons et le laissons à disposition d’une institution qui travaille dans le barrio. En général nous travaillons avec les institutions, parce que si on laisse l’œuvre ainsi à tout le monde, au final elle n’est à personne… » Ana VALDERRAMA Matéricos Periféricos et Domino tissent ainsi un lien avec des institutions scolaires et en place comme peut l’être l’Eglise. Leur indépendance et la taille réduite de
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Les groupements étudiants, entre actions indépendantes et politiques
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leur structure font qu’il leur est relativement difficile de trouver les financements et les volontaires à la construction. Mais en contre partie, ces caractéristiques leur permettent d’être bien plus ancrés dans le territoire, agissant avec les moyens sur place. La présence de Matéricos Periféricos dans les villas s’inscrit dans un temps plus long que ne le ferait une organisation aux moyens plus élevés. Ses actions se réalisent dans un objectif pédagogique pour les élèves en architecture, d’appréhension d’un contexte social, par le contact avec les habitants, et physique, par la construction. Matéricos Periféricos est ainsi une entrée, un lien entre l’Université et l’inclusion des habitants dans le projet architectural. Ce dernier point représente d’ailleurs une des raisons pour lesquelles la participation doit être davantage prise en compte dans les projets réalisés avec l’université. Ana Valderrama souligne la pluralité de l’échange lors de projets participatifs : « A la Copa de Leche dans le barrio industriel Baigorria, les voisins ont beaucoup aidé à la construction de l’équipement, ils enseignaient même aux étudiants de la faculté comment construire. » De plus la participation permet d’accentuer le sentiment d’appartenance « On a vu quelques projets à moitié abandonnés, les gens les ont pillés… La Copa de Leche est impeccable, ils en prennent soin, les enfants continuent de l’utiliser… La réussite de ces choses là est que les gens participent et sentent qu’elles sont à eux. Sinon, il se peut aussi que l’on veuille aller installer quelque chose dont ils n’ont même pas besoin… » Ana VALDERRAMA
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ill 23 Construction de la Copa de Leche dans le Barrio Industrial. Granadero Baigorria, avec les habitants du quartier. photo: Matéricos Periféricos ill 24 Jour de l’inauguration de la Copa de Leche de Baigorria, le 22 décembre 2014. photo: Matéricos Periféricos
La Municipalité a déjà tenté de lancer un programme appelé « Niños proyectistas» (enfants concepteurs) réalisé sur la base de la participation d’enfants. Ana VALDERRAMA y a travaillé : « Il s’agit d’un programme pour que les enfants supervisent tous les projets d’espaces publics de la ville. Il n’a pas beaucoup prospéré parce que l’idée n’a pas beaucoup plu aux architectes et ingénieurs. Mais à moi ça m’a semblé être quelque chose très important, parce que les enfants ont une capacité poétique et une capacité d’intégration avec des enfants d’autres classes sociales, que les grands ont déjà perdu. Je parlais avec les grands et je leur demandais « De quoi a besoin cette place ? » et les grands me répondaient « un policier ». En retour, les enfants, pour les mêmes questions me disaient « Alors moi je mettrais un arbre rempli d’interpellateurs d’anges pour qu’ils nous surveillent sur la place. ». » Le projet intégrant les enfants à la conception architecturale peut paraître utopique, mais il s’agit d’une bonne façon pour attacher une génération au respect d’un lieu qui est sien, et dont elle fait partie pour avoir participé à sa création. Avec son agence d’architecture Arzubialde, Martin CABEZUDO illustre le lien que génèrent quelques studios sur Rosario pour amener à participer le client ou les habitants du site sur lequel ils interviennent. Il évoque aussi les leçons qui peuvent être tirées de l’observation du fonctionnement de la construction dans les villas. « Au studio, on travaille davantage avec des projets de maisons, d’immeubles… On ne travaille pas avec des clients riches mais des personnes comme nous. Ainsi nos projets sont pensés et orientés pour qu’ils puissent matériellement être construits avec la meilleur quantité d’argent possible. Sans matériaux luxueux… On demande aussi parfois à nos clients, « Voyons, toi que sais-tu faire ? » « Je m’y connais un peu en électricité, je pourrais faire les installations… » Alors on a déjà là un problème résolu. Tout du moins pour la partie économique, on sait déjà qu’on n’a pas à payer un électricien parce qu’on sait que le propriétaire le fera. Ou encore, que l’on ne va pas avoir à gaspiller de l’argent en revêtements, parce qu’on ne va pas en utiliser et les briques vont rester visibles… Alors il me semble que de conditions critiques et de carences, il y a toujours une leçon à apprendre et à transférer à l’agence… » Le workshop, réalisé avec des jeunes architectes, reste comme une bonne expérience pour juger l’importance de la participation quand on laisse une œuvre publique. « Ils y sont toujours (les murets, bancs, éléments d’espace public faits en brique), quelques voisins les ont un peu abîmés. D’ailleurs ils se le sont appropriés comme on le pensait. Mais la première nuit, un groupe de jeunes y est allé et ont vandalisé… La prochaine fois on fera en sorte d’impliquer davantage le barrio afin que le résultat soit un peu plus surveillé et apprécié par le public qui vit ici. »
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LA CONSTRUCTION PARTICIPATIVE à Rosario L’importance de la participation est donc nécessaire dans la fabrication de la ville et plus précisément dans les quartiers marginaux. Un mauvais système de concertation peut mener à la construction d’un ouvrage inutile, abandonné voir pillé par ses habitants. À l’inverse, un projet résultant d’un bon travail d’implication des voisins est entretenu et y naissent de nouveaux projets et activités. Ses répercutions dépassent les limites du bâti et génèrent une cohésion sociale au sein du quartier, ainsi que des relations avec les personnes extérieures ayant participé à l’ouvrage. La participation est aussi la façon la plus intelligente de s’unir face à l’absence de l’Etat. Roberto KAWANO insiste en tant qu’analyste et concepteur de la ville, sur l’intérêt d’observer ces mécanismes d’autonomie. « La participation et l’auto construction sont des questions importantes et sont une façon de se défendre face aux déficiences qu’a notre gouvernement ou la société d’Amérique latine en général, en relation à la pauvreté. Les gens doivent s’unir pour affronter certains problèmes. Nous (les urbanistes, architectes) devons regarder ces processus et d’ailleurs nous le faisons. Le modèle favela-barrio est basé sur cette question de regarder comment vivent les gens, la relation qu’ils ont avec leur environnement, s’ils sont enracinés, et essayer de respecter des choses déterminées. »
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*** le narcotrafic, là où légal et illégal finissent par se confondre Bien que nous ayons déjà, à plusieurs reprises, abordé le thème du narcotrafic, il me semble nécessaire d’en parler au sein des acteurs intermédiaires de la fabrication de la ville de Rosario. En effet, il ne s’agit pas d’une institution, mais son lien avec la politique et la police est tellement fort, qu’ils finissent parfois par se confondre. Le rôle et l’impact du narcotrafic sur l’ensemble des secteurs de la ville, et son ancrage pointilleux dans certaines villas miserias, témoignent de l’action de terrain réalisée par ses membres. « Le narcotrafic a un impact sur les deux extrêmes de la ville. Après, c’est une logique qui commence à se retroalimenter, car cette logique de l’enclavement fermé a aussi à voir avec la logique des villas… Les villas qui sont le plus prises par le narcotrafic, doivent se faire plus fermées car elles sont plus dangereuses. Pourquoi est-ce que les gens veulent vivre dans des barrios cerrados ? Parce que la ville commence à être plus dangereuse, et aussi pour une question culturelle, pour mille raisons... Pour des raisons de classes presque raciales parfois, mais il est très complexe de voir quel est le principal motif. Et pour cela, je crois que, plus subtilement, il y a un impact de l’insécurité en général, dans lequel il se peut que le narcotrafic ait beaucoup à voir dans l’utilisation de la rue. J’avais 8 ans et je prenais seul le bus, comme tous les enfants de mon âge. Et la plus grande crainte de mes parents était : «si un inconnu te demande quelque chose, toi tu ne lui réponds pas. Tu regardes des deux côtés avant de traverser la rue, tu ne traverses pas si le feu est au vert », point. » Roberto KAWANO. « Les narcotrafiquants ont une influence sur la ville et la construction. Mais leur influence se remarque de différentes façons. Je ne peux pas le prouver, c’est une supposition, mais je crois que oui, il existe une participation du narcotrafic dans la construction des grands ensembles comme Puerto Norte à Rosario, Puerto Madero à Buenos Aires… Car il y a beaucoup de blanchiment d’argent dans la construction de shoppings, de marinas, de guarderias, de barrières sur le fleuve pour les secteurs de majeurs revenus économiques… C’est une supposition mais elle me semble plutôt crédible et plausible. Donc ça, c’est déjà une incidence qui se voit dans les secteurs aux plus hauts revenus. Il ne faut pas non plus dire que tout est argent blanchi du narcotrafic, mais il est certain qu’il y en a une partie. Et dans les quartiers modestes, je crois que cela se remarque aussi dans les asentamientos ou barrios de classe moyenne basse, qui ne sont pas informels. Ça se remarque dans l’usage de l’espace public, on voit que le quartier est davantage dangereux. Car dans les villas, il existe cette solidarité entre voisins, mais il y a aussi la mafia des types qui contrôlent le territoire à l’intérieur des asentamientos et qui enrôlent des gamins pour voler… C’est terrible. Alors bien sûr, il y a une forte influence qui se voit dans l’usage des espaces publics. Il me semble qu’il y a des villas où les voisins se sont, de façon évidente, mieux organisés et ont assumé le rôle qu’en réalité devrait assumer l’Etat : se protéger eux-mêmes!» Roberto KAWANO Le narcotrafic se cache derrière les grandes tours qu’a vu naître Rosario ces dernières années. Il est acteur de la spéculation immobilière et fait pencher la balance du gouvernement vers les secteurs les plus aisés de la ville. Mais il est aussi dans les villas, dont des quartiers peuvent être soumis à son influence. En échange ou pour acheter la main d’œuvre participant à son expansion, le narcotrafic construit dans les villas et remplace le rôle de l’Etat auprès des populations marginalisées. « La logique d’insertion du narcotrafic dans le barrio, est la suivante. Le type a de l’argent. Il se cache dans un barrio marginal, mais il va mettre de l’argent pour construire un terrain de football… Bien sûr que le narcotrafic fait quelques œuvres et quelques choses… Devant l’absence de l’État, les gens reconnaissent quelqu’un d’autre comme leur gouverneur. Il arrive que le narcotrafic les aide… Ce qui se passe, c’est qu’au long terme cela finit par être destructif dans le tissu social. C’est pour ça que c’est complexe, car si les
Le narcotrafic développe à l’échelle du territoire une architecture et une urbanisation codées, au service de son fonctionnement dissimulé. Dans sa stratégie d’implantation, il occupe des points à proximité des grands axes de circulation. Les espaces près des infrastructures portuaires ou d’accès rapide vers les points d’exportation de la ville, sont privilégiés dans l’implantation des groupes. Par exemple, les asentamiento du barrio Las Flores et Granada, sont les zones de prédilection des bandes de narcotrafic « los Canteros » et « los Monos ». Elles se trouvent à l’entrée de l’autoroute vers Buenos Aires et près de la circunvalacion desservant tout Rosario. Une architecture nait dans ces asentamientos, propre à la vente de drogue. Environ 400 búnkers ponctuent la ville de Rosario. Ce sont les points de vente surveillés par des enfants armés, les « soldaditos». Véritable fortification, le búnker est fait de murs de briques doubles, entre lesquels est mise une plaque de métal. Il n’a qu’une ouverture infime, celle pour faire passer la drogue et récupérer l’argent. Les búnkers sont des «modules» appartenant de façon générale au système du trafic de drogue. La plupart du temps, ils sont des points en constant mouvement sur le territoire, afin de ne pas être repérés. Cependant à Rosario, la corruption est si forte qu’un búnker peut rester construit, rendant sa présence largement visible et connue, sans trop de risques de démantèlement. La présence d’un búnker dans une villa, a donc des répercutions au long terme sur l’ensemble de l’organisation physique et sociale qui l’entoure. Les postes de surveillance appelés « mangrullo» (mirador), font aussi parti du paysage que dessinent les narcotrafiquants. Plus cachées que le búnker, ces constructions précaires se fondent dans l’ensemble «patchwork » des villas. Elles servent de point de vue en hauteur, afin de prévenir toute approche étrangère d’un lieu d’importance dans le fonctionnement du trafic de drogue. Les « tunnels » semblent montrer les capacités de construction des narcotrafiquants. Au-delà de leur fonction d’échappatoire en cas d’arrivée de la police ou autre « danger », ils servent à stoker drogue, argent et armes. Ils pourraient constituer de véritables pièces des maisons, construites avec des parois de briques, parfois renforcées avec une plaque métallique, et dotées de membranes isolantes, de revêtements, d’extracteurs d’air pour éviter l’humidité… Remplissant ainsi des critères de salubrité que n’atteignent pratiquement aucunes des maisons des villas alentours. Mais la prolifération de la territorialisation par les narcotrafiquants, est à observer à l’intérieur d’un mécanisme où tout est est lié et où d’autres acteurs interviennent, plus ou moins directement : « A ces processus de militarisation et de régulation par les narcotrafiquants, il ne faut pas les penser de façon isolée mais à partir de la notion d’assemblages. Donc, pour un groupe politique, il est réellement complexe de travailler avec des jeunes sur une place ou un coin de rue parce que maintenant apparaissent les « búnkers » de drogue, la répression policière qui ne veut pas des jeunes dans les rues, mais aussi les voisins qui ne veulent pas non plus de ces jeunes dans les rues et les dénoncent ou les attaquent directement. » Juan Pablo HUDSON Alors si les mobilisations d’habitants peuvent influer sur les différents processus de territorialisation de la ville, qu’en est-il de leur rôle dans sa fabrication?
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types étaient à 100% malveillants et s’ils ne faisaient absolument rien, ni même construire un petit stade de foot, ou paver une rue, ou quelque chose comme ça, alors bien sûr que les personnes du quartier les expulseraient, mais ce sont des barrios abandonnés par l’Etat. Alors c’est comme une négociation. Cependant, je crois qu’il ne faut pas non plus avoir une vision trop romantique sur ces choses là. Je veux dire, pourquoi est-ce qu’ils aident les gens de ces quartiers? Parce que ça leur convient… Maintenant, s’il leur convenait de tous les tuer, ils n’auraient pas de problèmes pour le faire, c’est pareil… » Roberto KAWANO. C’est notamment le cas de Villa Banana, où plusieurs assassinats ont eu lieu en réponse au démantèlement d’un « búnker » de vente par les habitants.
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c de la contestation à l’autonomie des habitants * l’auto construction, volonté ou contrainte ? De la forme spontanée de la villa miseria rosarina aux édifications sur les îles, l’auto-construction se manifeste dans différents contextes sur le territoire de Rosario et des îles qui lui font face. Elle est lisible dans les matériaux utilisés, dans la forme physique des structures ou encore dans la rapidité à laquelle les constructions apparaissent dans le paysage de la ville. Parfois tentatives expérimentales, parfois nécessité vitale, qu’est-ce qui pousse les rosarinos et les argentins en général, à construire eux-mêmes ? « Il est fréquent que les gens, entre voisins s’aident à construire leur maison… La plupart des constructions des îles est le résultat de l’auto-construction. Les gens de la zone du Paraná Viejo demandent à des architectes de construire leur maison. » Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA. En effet, une promenade sur le Paraná Viejo jusqu’à Charigüé déroule un panorama contrasté de maisons, témoignant de la variété de façons de construire. Les moyens techniques et économiques nécessaires à l’acheminement de matériaux et à la construction sur l’île, laissent place à « la débrouille » dans les parties les plus modestes. Dans la zone de Paraná Viejo, sur la partie Nord de l’embouchure du cours du même nom, s’érigent des maisons de classe moyenne et haute, commanditées auprès d’architectes. Dans ce cas, la solution apportée pour construire dans un contexte complexe, est celle de faire appel à un spécialiste. Pour cette partie des îles, l’auto-construction au sens où nous l’entendons n’existe donc pas. Cependant, il ne s’agit pas non plus de grandes constructions, œuvres d’entreprises privées de lotissement calquant le fonctionnement des barrios cerrados… L’auto-construction permet donc de recouvrir aux besoins de chacun, de façon individuelle et adaptée aux modes de vies, à la culture et aux moyens de chacun. Elle semble donc être un bon moyen de compenser les inégalités et le manque d’aides dans les parties les plus défavorisées.
ill 25 Saladillo, matériel accumulé au fond d’un terrain pour l’autoconstruction d’une maison. collection personnelle
Mais l’auto-construction a ses limites, car à Rosario, elle est surtout le fruit de la pauvreté, bien avant d’être celui d’une volonté de mode de vie. Dans d’autres régions d’Argentine, l’auto-construction a bien plus de force formelle, correspondant à une éthique et non à une contrainte matérielle et économique. Dans ces cas là, elle est bien plus réfléchie et assistée par un enseignement ou des recherches, autodidactes ou non, sur la construction et les matériaux. «L’auto-
Pour appuyer l’auto-construction, des dispositions ont déjà été mises en place avec des modules préfabriqués par des étudiants de la faculté d’ingénierie, créant un lien plus ou moins direct entre habitants, État et Université. Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA a fait parti de cette expérience : « Il y a eu par exemple à l’Université, un projet intéressant qui a été fait à travers la faculté d’ingénierie, d’architecture et de technologie, qui était de construire des « unités sanitaires préfabriquées ». Maintenant ça s’est un peu arrêté, mais ça a commencé il y a 10 -15 ans. Ce groupe de personnes a commencé à étudier un prototype de coffrage pour construire une salle de bain. Il te donne la possibilité que ce soit un cube de béton avec le WC terminé à l’intérieur, à côté quelque chose pour connecter une cuisine et, sur le côté opposé, de quoi mettre un lavoir. Ça s’est construit durant beaucoup de temps, ici à l’université avec des capitaux de la Nation, de l’État, et ces WC ont profité à de nombreux quartiers. (…) C’est bien car finalement, sur un terrain totalement fauché, la personne, en faisant la plateforme et les installations pour ce module, reçoit déjà le WC et en plus, ce WC se transforme en une sorte de lieu pour commencer à développer une maison que chacun fait comme il veut à partir du module sanitaire. Mais cela ne s’utilise par sur l’île car c’est difficile à transporter. Sinon, ce système fonctionne jusque dans un rayon de 80 km de la ville de Rosario, dans des endroits où ils peuvent être transportés, mais ils sont très lourds… » La proposition d’un module permettrait aux parties les plus défavorisées de la population de construire leur maison à moindre frais et correctement. « Les logements aujourd’hui sont très chers pour les habitants, parce que la politique favorise les entreprises constructrices. Je crois que cela passe dans le monde entier pour ne pas avoir une politique plus directe d’aide aux personnes, d’essayer qu’ils auto-construisent leur propre maison, de générer certains prototypes. Par exemple, pour faire une couverture, il faudrait qu’il existe un coffreur modèle-type pour un quartier et que tous le fassent et puissent l’utiliser pour construire leur maison, sans un prix tant élevé comme celui que l’on peut voir aujourd’hui … » Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA
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construction dans les barrios n’existe pas comme la rêvent les ONG ou ces institutions internationales qui n’entendent pas grand chose à ce qui se passe en Amérique latine. Je veux être très concret et peut être dur dans ma réponse. L’auto-construction de logement, la mènent les secteurs les plus pauvres de la ville et est faite de cartons, tôles et plastiques. » Juan Pablo HUDSON. Aussi, il n’est pas donné à tout le monde de savoir construire comme il faut. Mis à part quelques habitants qui travaillent dans des coopératives ou comme maçons, nombreux sont ceux qui n’ont aucune connaissance dans le monde du bâtiment. Pour solutionner ce problème, Marcelo BARRALE propose que l’auto-construction soit assistée par des architectes-conseil, sur place : « Les gens construisent leur maison et leur quartier. En réalité, que l’État le planifie ou ne le planifie pas, les gens le font quand même. Le gouvernement devrait mettre une orientation, un cadre urbanistique… qui aide les personnes à faire du ciment… Parfois les gens ne savent pas faire l’égout d’un WC. Alors si de toute façon ils le feront, pourquoi ne pas leur mettre à disposition un architecte, une assistance technique qui les aide à faire un plan, un égout… (…) Il me semble que toutes ces expériences isolées qui sont faites, devraient être systématisées. Le gouvernement de la ville devrait installer dans chaque quartier un bureau avec des architectes ou étudiants en architecture, travailleurs sociaux, géomètres, médecins… Ce seraient des unités d’amélioration de l’habitat qui seraient permanentes. » Mais attention, il insiste sur le fait que ces « cabinets techniques » devraient être adaptés à l’échelle du quartier, prenant en compte les intérêts de chacun. « Et artisanalement, maison par maison, aider les gens à améliorer leur habitat, construire un nouveau toilette… Cela pourrait également aider à faire diminuer le narcotrafic. »
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** contestation libertaire par les mouvements sociaux, les associations d’habitants et de travailleurs En réponse au manque d’implication des gouvernements, dans la fracture qui s’intensifie entre l’urbanisation privée et l’abandon des secteurs les plus modestes, et en résultat de l’union de volontés isolées pour « faire bouger les choses», naissent les mouvements sociaux. Ce sont des mouvements de solidarité, ralliant autour d’une même cause des habitants engagés et, la plupart du temps, voisins. La société prend conscience des inégalités et injustices croissantes et décide de prendre en main la situation. Les crises économiques qu’a subi l’Argentine sont également à la base de ce réveil populaire : « En Argentine, il y a eu un passage important dans la décennie des années 90 : la conflictualité politique a arrêté de se centrer uniquement sur les usines et s’est transférée aux quartiers populaires. La croissance de la désindustrialisation et la désoccupation a nécessairement forcé ce déplacement. Il y avait peu d’usines et énormément d’employés au chômage. Ainsi est né le mouvement des Chômeurs, par exemple.» Juan Pablo HUDSON. En général, des habitants forment des associations et se concertent pour lutter contre l’absence de l’Etat ou manifester devant ses injustices. Plus précisément, les associations d’habitants et mouvements sociaux s’accordent pour construire et organiser ensemble, dans un objectif commun ou d’entre-aide. « L’organisation peut être pour construire quelque chose, pas nécessairement comme les piqueteros pour couper une route. Ou pour aider un voisin, pour gérer des améliorations dans le barrio, pour faire en sorte que passe le camion poubelle, … Toute la propreté que devrait faire la municipalité, c’est une gestion que fait le quartier en s’organisant. » Marcelo BARRALE. La Yoli au Mangrullo est une personne importante du quartier, autour de qui s’est formée une image de représentante. « Je travaille dans la Copa de Leche du Mangrullo. Quand il y a un problème de lumière ou autre, c’est à moi qu’ils (les habitants du Mangrullo) viennent demander. Et moi, je résous le souci. Je connais tout le monde ici ! Et tous me connaissent. Plus ou moins 100 enfants par jour viennent chercher le lait ! » Mais au-delà de l’échelle du quartier et de son bon fonctionnement au quotidien, les mouvements sociaux défendent des intérêts généraux et des problématiques globales, à l’échelle de la ville de Rosario. « Il me semble que les mouvements sociaux les plus importants de la dernière décennie ont été liés aux principaux problèmes dont souffre Rosario : la lutte pour la terre et l’augmentation de la violence. La lutte pour éviter les expulsions dans la zone nord-ouest ou dans la Villa La Sexta, qui est à côté de la cité universitaire, a été très puissante. Aussi, dans les dernières années, il y a eu des processus de lutte très intenses et créatifs impulsés par des organisations sociales devant des cas d’assassinats ou de disparitions de jeunes. Les deux exemples paradigmatiques ont été ceux à partir du Triple Crime de la Villa Moreno et la disparition et l’assassinat de Franco Casco. » Juan Pablo HUDSON. Le rôle des mouvements sociaux ne se limite donc pas à l’organisation d’un quartier. Il concerne également la manifestation d’un mécontentement ou la réclamation de droits auprès des gouvernements. L’autonomie des mouvements sociaux est surtout lisible dans la ville, à travers le phénomène piqueteros et par les fábricas recuperadas (fabriques récupérées). Les piqueteros se manifestent par des évènements aux répercutions spatiales. Ils occupent l’espace de la rue, ferment des voies d’accès principales de la ville et empêchent l’entrée à des quartiers par des barricades et barrages artisanaux, souvent constitués de pneus de voitures et autres amas de déchets lourds, en feu. Les fábricas recuperadas sont des entreprises récupérées et gérées par leurs ex-employés. La Toma, placée en plein microcentre de Rosario, en est un exemple. Fonctionnant désormais comme centre culturel, cet ancien supermarché est aussi lieu de rencontres et de
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réunions des assemblées du Front de Chômeurs de Rosario.13 Mais l’organisation des habitants peut aussi permettre d’avoir plus de poids afin de proposer une entente avec la municipalité, sous forme d’accords et d’échanges, dans le but d’intérêts privés : « Il y a un barrio cerrado à l’ouest, là où est le stade de hockey où ont été joués les mondiaux, et ce barrio cerrado a été permis non par corruption mais par un accord. La municipalité avait un intérêt dans le fait que cette aire se développe et elle n’avait bien sûr pas d’argent pour le faire. Elle avait aussi un intérêt dans la construction du stade puisqu’allaient s’y jouer les mondiaux. Alors, il y a eu une négociation avec des entrepreneurs privés qui ont dit que s’ils pouvaient construire un barrio cerrado ici, alors ils se chargeaient de construire le stade, les rues publiques, les parcs,… Ainsi la négociation leur a permis de faire quelque chose hors de la norme, en échange de quoi ils ont fait d’autres choses. Je ne sais pas si la négociation est bonne ou non mais c’est ce qui s’est passé. » Roberto KAWANO. Il est ici important de rappeler que le mouvement social Giros a réussi à faire passer en décembre 2010, la loi des terres. Elle interdit la création de barrios cerrados dans Rosario et permet de préserver les dernières terres de la ville, de la privatisation et de l’enclavement.14 Concernant les îles, le caractère de loisir, d’habitat de weekend ou encore le fonctionnement plutôt individualiste des habitants font que les mouvements sociaux y sont quasi absents. « Ce qu’il y a ce sont des coopératives de pêcheurs. Ils travaillent toujours pour la défense, sortent protester, en général ils coupent le pont Rosario-Victoria pour que soient écoutées leurs réclamations. Les piquetes (coupures de routes) des pêcheurs sont très fréquents ici, sur le pont. Généralement, les pêcheurs qui sont dans ces groupes sont ceux qui vivent à Rosario. Ceux qui sont sur les îles ont une autre mentalité, plus individualiste, ils ne travaillent pas plus qu’en communautés, avec la famille. Ils résolvent leurs problèmes en se battant ou en défendant leurs lieux de pêche. Tout le monde ne peut pas aller pêcher n’importe où. Il y a des endroits définis et plus ou moins stables pour chacun. » Mario DOMINGUEZ TEIXEIRA Mais il existe un obstacle majeur au développement des mouvements sociaux et à la solidarité entre les habitants. Il s’agit du « pouvoir criminel », animé par le trafic de drogues et le contrôle de l’espace urbain. « Ces dernières années les barrios ont changé. Sont apparues de nouvelles autorités, comme les groupes liés au narcotrafic, qui essaient de réguler les flux de quartier. A cela s’ajoutent les processus de « militarisation » de ces quartiers, avec l’arrivée massive de forces de sécurité, qui essaient également de se constituer comme une autorité. Mais apparaissent aussi des voisins plus autoritaires qui s’organisent contre « l’insécurité» et la surveillance des rues. » Juan Pablo HUDSON. Les liens de solidarité entre habitants sont affaiblis par le narcotrafic et la violence. « Quand les bandes de narcotrafic voient que, dans le barrio, les habitants essaient d’organiser quelque chose, de sauver les enfants de la drogue, de les mettre à travailler… ils tuent. Ils tuent les gens qui travaillent pour aider. » Marcelo BARRALE
ill 26 Piqueteros. Travailleurs de l’entreprise Services Portuaires bloquant l’accès à deux terminaux du port et protestant contre le licenciement de 40 employés. Source image : infocampo.com
ill 26
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14 source : http://www. ciudadfragmentada. com.ar
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ill 27 Peinture murale réalisée par les enfants d’un centre culturel d’Empalme Graneros, «Pourquoi, l’imagination qui se donne au rêve possible et nécessaire de la liberté, doit-elle faire face aux forces réactionnaires qui pensent que la liberté leur appartient comme de droit ? P. Freire », février 2016 collection personnelle
A l’heure actuelle et dans un contexte mondial, Marcelo Lopes de Souza15 insiste sur l’urgente nécessité à ce que les penseurs européens et nord-américains observent les formes d’émancipation. Et plus précisemment, celles issues des mouvements sociaux depuis plusieurs années dans les pays « semi-périphériques et latino américains ». Il critique la gauche comme la droite, le capitalisme comme le socialisme, au profit de l’autonomie et l’indépendance des mouvements sociaux dans l’aménagement des villes. Cependant, il se montre opposé aux structures officielles de participation qui selon lui, sont des entraves à la construction autonome et à la gestion urbaine, par les mouvements sociaux. Elles posent en effet un cadre neutralisant leurs actions. Il souligne le fait que, plus les mouvements sociaux s’appuient sur leurs connaissances locales, traditionnelles en les mettant en relation avec le contexte de « savoirs techniques produits par l’Etat et les Universités», plus leur façon de penser et d’agir sont stratégiques. Deux politiques d’action sont possibles pour les mouvements sociaux et ont déjà fait leurs preuves internationalement. La première est la plus autonome, elle consiste en des actions souvent illégales mais qui finissent par être acceptées par le gouvernement et la population. La seconde est basée sur une alliance avec les institutions, permettant la participation à des projets main dans la main avec l’Etat et tout en préservant le caractère spécifique de leur autonomie et leurs traditions. Ces types de coopérations permettent d’éviter la participation fondée sur une méconnaissance des cultures et des savoirs vivre locaux, qui ont parfois mené à l’échec certains projets de logement ou volontés d’amélioration à Rosario. Ciudad Futura, dans son statut d’entre-deux partagé entre institution politique et mouvement social, est aujourd’hui l’exemple concret que la participation à grande échelle est possible. Elle passe par la mise en place de concertations publiques et s’appuie sur les volontés et besoins populaires. Le caractère de résistance des mouvements sociaux, présente un intérêt dans la fabrication de la ville. Il faut aussi tacher de préserver leur capacité à critiquer et bousculer les limites institutionnelles, débordant parfois sur l’illégal et le nonformel. Les actions menées par des associations d’habitants ou par certaines branches universitaires prenant leur indépendance, tels qu’étudiés précédemment, montrent que des possibilités sont en place à Rosario en base à «l’urbanisme par le bas, alternatif et non hiérarchique ».
ill 28 L’auto-construction, richesse et variété du panorama. Pointe dite «Banquito » d’une île face à Rosario. collection personnelle
ill 27
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15 Dans Villes contestées. Pour une géographie critique de l’urbain, de Cécile Gintrac et Matthieu Giroud, article «Ensemble avec l’État, malgré l’État, contre l’État. Les mouvements sociaux, agents d’un urbanisme critique », 2014.
ill 28
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VILLA
LLE
V
Eglise
l’habitant des îles ou de la villa (comme acteur individuel)
Etat argentin
Province de Santa Fe
Municipalité de Rosario
Narcotrafic
politiques
mouvements et associations d’habitants et travailleurs
l’Université
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RME
FO ILLE
la Recherche
associations étudiantes et cátedras «populaires» de la FAPyD
Ciudad Futura
l’habitant (acteur individuel) ONG
ÎLE
S
UNE VILLE AU MÉCANISME D’ENGRENAGES Relations entre les acteurs de la fabrication de Rosario et leur impact sur les territoires des îles, de la villa miseria et de la ville formelle. acteurs Institutionnels acteurs intermédiaires habitants (acteurs individuels) implication personnelle: directe
indirecte
implication sur le territoire des îles implication sur le territoire des villas miseria implication sur le territoire de la ville formelle
SYNTHÈSE 188 × ROSARIO CONSTRUITE ×
“Mucha gente pequeña, en lugares pequeños, haciendo cosas pequeñas, pueden cambiar el mundo”
Eduardo Galeano
SYNTHÈSE
A une autre échelle, les habitants se mobilisent et prennent en charge leur quartier, dans sa construction et sa gestion. Mais la qualité de cette organisation est mitigée et généralement, la force de l’organisation de quartier reste faible face aux pressions des politiques, du narcotrafic et des entrepreneurs privés dans l’immobilier ou l’agriculture. Devant l’augmentation de la fracture entre institutions et habitants, se créent des liens par le biais d’acteurs intermédiaires, connectés au territoire. ONG, associations étudiantes, militants politiques de Ciudad Futura ou encore certaines branches du domaine de l’enseignement et de la recherche, concourent à la substitution du rôle des gouvernements, dans une course avec les acteurs néfastes pour une ville équitable. Mais ces acteurs sont tous plus ou moins directement liés et cohabitent sur les mêmes territoires, dessinant au quotidien le visage de Rosario.
“Plein de petites personnes, dans de petits endroits, faisant de petites choses, peuvent changer le monde.”
Eduardo Galeano
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La Municipalité, la Province et l’Etat agissent de façon inéquitable sur le territoire de la ville de Rosario, renforçant les fractures présentes.
190 ×
CONCLUSION
Par la convergence des regards sur une ville, par leur expression révélée dans une approche de terrain, s’est construite une nouvelle mosaïque de Rosario. Des points de vues, des sensations d’horizons distincts, comme autant de couleurs révélant son dessin. Une ville d’îles, de villas miseria et de formel, dont les matières et les temps se fondent et se confondent. Une ville d’images portées par ses habitants, fondées sur les rumeurs, les chimères et les croyances diffuses. Une ville aussi où des réalités sonnent, parfois brutales et primitives. Rosario continue de grandir sur des bases brisées par les inégalités sociales. Une partie de ses acteurs caressent son luxe et sa richesse, et dans leur constante recherche de pouvoir, rêvent d’en faire une ville de tourisme et d’influence ; tandis que d’autres s’étouffent à la quête de la survie, derrière les tôles et la boue, camouflés du regard étranger. Voilà qui est Rosario. Une ville à la destinée incertaine, aujourd’hui plurielle mais au futur tranché. A présent elle hésite au carrefour de son avenir, entre fatalité et liberté. Elle se trouve devant la possibilité de céder aux pressions du narcotrafic, de la corruption et des inégalités qui l’entraineront dans le destin tragique et sombre des villes d’Amérique latine les plus dangereuses, comme Mexico ou Medellin. Mais elle a aussi les qualités pour devenir une métropole dynamique et équitable, dont l’échelle abordable la rend agréable à vivre et à visiter. Une ville dont la pluralité des territoires et l’équilibre des contrastes, font sa particularité. Car de la géographie de Rosario jaillit, comme d’une corne d’abondance, la richesse infinie d’une nature en mouvement. De ses paysages deltaïques à sa position stratégique, elle possède de quoi s’exprimer aux différentes échelles du territoire. Et même si ses fondations sont instables, filent dans son mécanisme une multitude de petites chances à faire grandir. L’informalité ne se fait pas oublier, elle saisit les moindres possibilités, réinvente des fonctionnements de quartiers et nourrit, par les déchets de la ville formelle, son dynamisme contraint. Elle crée et improvise astucieuse, son monde de l’économie réduite. Formel et informel ne sont pas tant séparés et se construisent dans une relation d’échanges directs ou non. Car leur existence est forgée dans une dépendance mutuelle et irréductible. De l’absence de l’équitable, naissent des volontés, des mains tendues par lesquelles se transmettent la solidarité et l’entre-aide. Alors, Rosario ne montre au premier abord, que sa fracture sociale et son morcellement de territoires aux caractères bien distincts. Il n’est cependant pas impossible, en tant qu’acteur, de relier ces divisions et d’expérimenter une sensation de continuité à la pratique de la ville.
La méthodologie de terrain adoptée pour les recherches de ce mémoire ainsi que les rôles que j’ai occupés à Rosario pendant un an et demi, témoignent de cette possibilité de passer au-delà ses frontières internes. Ce sont autant de façons de tisser la ville, au même titre que les expériences participatives réalisées par les acteurs intermédiaires. Faire partie de ce courant entre les classes sociales, être de cette traduction entre les extrêmes, a pour but de les rapprocher tout en préservant les caractéristiques et les forces de chacune. Créer du lien donc, pour faire pencher la balance du bon côté entre les deux opposés qui tiraillent le futur de Rosario. Le travail photographique, réalisé par les habitants de villas miseria, et les interventions intégrant le reste des habitants de Rosario, en sont des amorces. Ils ont permis d’amplifier les relations existantes pour révéler les correspondances entre le visible et l’invisible, le vécu et le pensé, la réalité et les images. Et c’est dans cette invention de nouvelles tensions positives, fondées sur le « déjà-là », que doit s’exprimer le rôle des concepteurs aujourd’hui. La place des urbanistes et des architectes, doit être comprise à l’intérieur du mécanisme d’engrenages qui constitue actuellement la ville, afin d’en améliorer le fonctionnement. Les villes d’Amériques latines ont tendance à prendre appui sur les modèles nordaméricains ou européens pour grandir. Mais elles développent dans leur croissance rapide, des problématiques auxquelles ces méthodes ne sont plus adaptées. Il faut donc entendre que l’informel en place, caractéristique des pays latinoaméricains, fait partie de la ville et participe de son organisation. L’expression de sa spontanéité révolutionnaire et adaptable, de son autonomie parfois rebelle et de sa liberté souvent insolente, forment le tremplin pour concevoir la ville de demain.
191 × CONCLUSION
Mais cet apprivoisement prend du temps, nécessite de vivre Rosario et de s’y impliquer pleinement, sur un long terme.
Ouvrages
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BIBLIOGRAPHIE
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Films TARETTO Gustavo, Medianeras, Argentine, 2011 CÉSPEDES Martín, Ciudad del boom, ciudad del bang, Argentine, 2013
Workshops WORKSHOP internacional, habitar el aquifero guarani « aislados », 25.04 al 03.05.2014, Rosario (Argentina). Universités invités : Pontificia Universidad Católica de Valparaiso (Chili), Univesidad Federal de Río Grande do Sul (Brésil), Universidad Politecnica de Catalunya (España), Universidad Roma Tre (Italie). Université d’accueil : Universidad Nacional de Rosario (Argentine)
Sites Web Municipalité de Rosario : www.rosario.gov.ar Matericos Perifericos : www.matericosweb.com FAPyD-UNR : www.fapyd.unr.edu.ar Ciudad Futura : ciudadfutura.com.ar Orillas : orillasong.com et www.facebook.com/orillas Médias : Página 12 : www.pagina12.com.ar/diario/principal/index.html La Capital : www.lacapital.com.ar
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ANNEXES NOTE AU PRESIDENT DU SERVICE PUBLIC DE LA VIVIENDA ET DE L’HABITAT, 9.3.16 : Déposée au service à Rosario, signée par un enseignant de la faculté et par moi-même. Réponse toujours en attente. Rosario, le 09 mars 2016 Monsieur le Président du Service Public du Logement et de l’Habitat, Ing. Raúl D. Álvarez Dans le cadre de mon travail de mémoire de Master en Architecture, j’étudie la ville de Rosario. Je m’intéresse en comment est-ce que les îles, la villa miseria et la ville formelle composent Rosario. Plus généralement, comment l’étude de ces trois systèmes, dans leurs organisations et leurs dynamiques, peut permettre de fabriquer la ville. Je contact votre Service du Logement et de l’Habitat pour affiner mes recherches en relation à deux asentamientos de la ville : - celui du Barrio de la Sexta (Siberia) - celui du Mangrullo (Saladillo) A qui appartiennent les terrains sur lesquels se trouvent ces deux asentamientos ? Quelle institution réglemente leur construction et leur organisation ? Quel rôle joue le SPVH en relation à ces deux quartiers ? Ont-ils des égoûts et l’électricité ? Depuis quand ? Existe-t-il un service pour récolter la poubelle ? En rapport à la mobilité, quels services les habitants de ces quartiers ont-ils àleur disposition dans l’asentamiento ? Quel type d’aide ou d’appui existe-il pour améliorer les conditions de vie dans les logements ? Comment le dialogue est-il fait entre ces quartiers et les institutions ? (Par le biais d’un habitant représentant de quartier ?) Existe-t-il des réunions durant lesquelles les habitants peuvent débattre et participer des projets urbanistiques ou d’habitat que le service de logement a avec le quartier ? Comment qualifierez vous la relation et le dialogue entre le SPVH et ces quartiers ? De façon générale, quels projets y a-t-il ou quelles sont les dispositions prises pour résoudre la problématique de l’habitat informel à Rosario, en termes urbains et de logement ? S’il vous plait, contactez-moi par mail : ines.martinel@hotmail.fr
FICHES DONNÉES AVEC CHAQUE APPAREIL PHOTO JETABLE, AVEC LES RÉPONSES DES HABITANTS:
RETRANSCRIPTION EN ESPAGNOL DES ENTRETIENS :
Les citations sont exactes et laissées «brutes» mais on été réordonnées selon des questions thématiques, permettant de comparer chaque point de vue sur un même sujet. Chaque entretien était précédé de la présentation suivante: «Estoy estudiante en la escuela de arquitectura de Bordeaux en France. En el marco de mi trabajo de tesis de Maestría, estudio la ciudad de Rosario. Me intereso en como las islas, la villa y la ciudad formal componen Rosario. Mas ampliamente, como el estudio de estos tres sistemas, en sus organizaciones y sus dinámicas, puede permitir fabricar la ciudad. Mis búsquedas toman sus bases sobre observaciones personales dado que viví un ano y medio en Rosario. Para afinarlas, realizo entrevistas des especialistas y actores de la ciudad, de las islas y de la villa.»
Marcelo Barrale
Arquitecto, vicedecano de la Facultad de arquitectura, planeamiento y diseño de la Universidad Nacional de Rosario (FAPyD-UNR) de 2004 a 2010 ; coordinador de la Secretaria de Extensión ; coordinador de workshops con el arquitecto Jorge Jáuregui, especialista de las favelas de Rio de Janeiro ; titular de cátedra de Proyecto Arquitectónico en la FAPyD ; estudios superiores en Políticas Publicas y Desarrollo Local ; director del proyecto de Investigación UNR : « Arquitectura de la periferia y los bordes. El caso de Rosario ». coordinador del área de Hábitat Popular y Vivienda Social en la Secretaria de Integración y Desarrollo Socio-comunitario de Rectorado UNR desde 2011 ,…
ROSARIO ////////////////////////////////////////////////////////// Como calificarías Rosario en algunas palabras ?
Rosario es una ciudad fea... Porque primero, Rosario es una posta, el puerto viene después. Es una ciudad joven que creció sin destino muy muy especifico. Es dominantemente un conjunto de casas, muy distinto de otra ciudad, por ejemplo la ciudad de Córdoba tiene una tradición religiosa muy grande. (...) Entonces la ciudad de Rosario es una ciudad que tiene edificios generalmente muy feos y mucho mas en lo de la época de desarrollo económico como este, de la ultima época y los anos sesenta paso algo parecido, se demuelen muchas casas antiguas de mucha calidad, casa de estilo francés, italiana… No solo lo que se llama la villa o el Petit Hotel como había en Oroño, sino las casa de una sola planta, de dos plantas entre medianeras que fueron demolidas salvajemente para construir edificios sin ningun valor… Eso se llama substitución de edificio. La substitución edilicia de Rosario ha sido salvaje.
RELACION ISLAS/VILLAS/CIUDAD FORMAL ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Que piensas de la relación entre ciudad formal/islas/villa ? De sus puntos comunes y sus diferencias en términos de habitar, de practicar, en su morfologías,… Rosario es una ciudad sobre la otra. A mi me parece que eso habla , lleva que la ciudad es una ciudad en algunas partes, se puede decir que tiene cierto orden o … por ejemplo hay avenidas, la avenida Pellegrini, ese alineamiento de edificios, la misma altura, las veredas anchas, los bares en la vereda… El tamaño, digamos el ancho de la avenida, le hace una avenida agradable, amena… con mucha vida,… ventilada… Agradable, ambientalmente agradable… Pero la ciudad en si mismo carece de una belleza… porque los edificios incluso que se van haciendo a veces son nada mas que para renta.
Obviamente la ciudad tiene desde los últimos treinta anos un vinculo de espacio publico al borde del rio Paraná que la mejora notablemente. Se sabe que las ciudades costeras tienen mucho mas futuro que la ciudad mediterránea. Porque vos podes armar una estructura de transporte lineal, en peine. Es decir vos circulas por la costa y vas entrando, así que la ciudad se desarrolla mas armoniosamente y no como en un centro que se colapse.
El viento circula por la costa y limpia la ciudad, la pone ambientalmente mas agradable. Pero no hay espacio público poli-clasista. La gente pobre no puede cruzar a la isla. El uso de la isla esta restringido, porque los que van en kayak son chicos de clase media. Estamos hablando del rio como lugar de recreación, no de los pescadores. El pescador artesanal tiene una canoa con un motor y unas redes. Se usan para trabajar únicamente. Los pescadores artesanales habitan la isla y la costa de Rosario en lugares pobres. Hay una población isleña reducida. Pero también hay que tener en cuenta que la isla frente a Rosario tiene 60km de ancho. Una distancia enorme. Entonces la población que hay en relación al tamaño es nada. Entonces sitios donde los pobres puedan ir a mojar su cola en el agua, no hay, en el rio. Se ahogan porque se tiran en lugares prohibidos… Las villas de emergencia en Rosario no son como la favela que tiene negocio, iglesia… Son mucho mas pobres, deprimente en el ambiente, la infraestructuras de servicio: agua, gas, electricidad, un desastre!, el ambiente d ellas casas es de muy mala calidad. Entonces la villa argentina, el ranchero es muy difícil de convivir. En general no pueden entrar los autos, muchas callejuelas peatonales de muy mala calidad, pasillos muy angostos, hacinamiento (8personas en la misma habitación), promiscuidad,… Pero el ambiente general es muy agresivo y no esta organizado para que la gente mejore su barrio. Al contrario esta organizado para que la gente no haga nada. La gente que ayuda y trabaja son casos aislados, con mucha fuerza, pero a la larga la gente se cansa. Una pregunta interesante desde el urbanismo es: si la ciudad, por ejemplo lo que vos llamas de la villa, también puede ser la favela, el canterito, la moradia,… los lugares pobres donde la gente vive… que es? En general es una ciudad de la transición. La ciudad donde la gente se radica supuestamente transitoriamente cuando llega a la ciudad se hace un rancho de chapa en un lugar inundable o en mal terreno se construye mas o menos organizado, donde hay lugar, terreno abandonado, desocupado o encauso (?) de un arroyo …La gente se ubica transitoriamente pensando en que después va a poder comprarse un terreno, comprar ladrillo, un inodoro, la pileta, tanque de agua, … y construir su propia casita de a poco durante 20 anos. El problema es que desde la cultura, desde la teoría del urbanismo, hay mucha gente que no quiere aceptar de que esta situación transitoria es permanente. Hay tres generaciones de chicos, de familia, que viven en la favela… Incluso hay chicos que van a la universidad (en el caso de rio de janeiro mas que de rosario)! En este momento en particular, en la villa de Rosario habían referentes políticos naturales, es que sale de la misma gente porque es la vecina la mas antigua, porque tiene el almacén o el bar entonces es un referente, porque tiene el patio grande donde la gente se junta a comer asado, o porque tiene… Después están las personas que trabajan directamente en un partido político. El gobierno de la ciudad de Rosario ha ido creando en los barrios referentes políticos. No es el referente natural, sino es una persona que el gobierno local elige, le da un trabajo y lo pone a trabajar políticamente a dentro del barrio para el proyecto político. Un empleado. No esta bien recibido. Pero si el barrio consigue mejorar a través de esa persona que el gobierno pone a ese trabajo, el otro pierde. Eso se llama los punteros políticos fabricado, no es natural, están construidos. Y eso hace 20 anos que lo viene haciendo el gobierno. Y el origen de la ciudad de Rosario esta en discusión, hay dos teorías. Una la llevaba adelante un agrimensor muy importante que fue un urbanista que se llamaba el agrimensor Montes, el dice que no hay ciudad si no hay loteo. Si no hay subdivisión de la tierra. Y hay otra teoría que habla de que no hay ciudad si no hay Iglesia.
Que te parece de los intercambios y dinámicas que existen entre la ciudad formal/islas/villa ? Bajo cuales manifestaciones, situaciones los habitantes de la villa/islas/CF se encuentran todos al mismo nivel ?
En la Argentina, uno de los espacios de mayor convivencia de clases sociales es la escuela publica. para mi, me parece que la escuela publica es por excelencia el lugar donde se encuentran las diferentes clases sociales. (...) En esa época los hijos de los inmigrantes se juntaban con los hijos locales en la escuela y ahí se producían lazos de convivencia ahora por ejemplo ha cambiado un poco pero es frecuente que en la universidad publica de argentina haya chicos bolivianos, peruanos… Y en la universidad publica conoce una diversidad de sectores sociales, culturales de origen, de nacionalidades muy diverso… Los que están cruzando mucho en las islas son las escuelas. En Rosario, la violencia esta intrínseca al sistema económico y social en el que estamos viviendo. Entonces todos los sectores pobres de la ciudad no tienen lugares de recreación por ejemplo en el verano. Gran parte de la ciudad al reformarse en todas las plazas o parques de la ciudad habían canchas de futbol, que se llaman potrero, lugares donde los pobres juegan al futbol. Entonces como reformaron todas las plazas
y los parques, se hicieron bonitos diseños para sectores medios, se radicaron las canchas de futbol y el pobre no tiene donde jugar al futbol… Además, la violencia no es solo de los pobres… Las políticas urbanísticas son violentas. En Rosario no hay ningún lugar donde los pobres se pueden bañar en el rio… La situación de convivencia en la ciudad se ha vuelto un problema muy serio. El futbol no es mas lugar de socialización porque es muy violento, la droga esta muy metida dentro del futbol y aparte los clubes están dejando entrar nada mas que a los socios de los clubes… a la cancha. Lo que antes se llamaba la popular se pagaba la entrada.. ahora tienes que ser socio… se ha hecho mucho mas cerrado. En la ciudad, la forma donde la gente ocupa la ciudad también es una expresa esa de este enfrentamiento, conflicto social. En realidad a avanzado mucho el camino ribereño de la costa pero hay lugares que se encuentran con derechos adquiridos de algunas instituciones: clubes o privados o industrias. No hay lugares donde los sectores populares pueden utilizar la costa, y cruzar a la isla es muy caro. No tienen barco. Francamente esta restringido el uso del rio para los pobres. La costa del rio parada esta ocupada por fabricas, clubes privados o emprendimiento inmobiliarios privados. -(ines) Las villas funcionan como barrios privados a dentro de la ciudad, los dos son peligrosos para la ciudad y su porosidad, no te parece? -(marcelo) Si, es lo que se llama ghetto! Hay muchas modalidades de aislar barrios. También hay barrios abiertos creo que son de muy alto consumo, como Puerto Norte, que no tiene limite pero es un ghetto igual porque vos no puedes comprarte ni una agua. No te podes sentar en un lugar a tomar un café porque sale 50 mango o directamente no te atienden si sos un pobre. Y sino toda la ciudad esta fragmentada . La violencia esta en todos los barrios. Los barrios cerrados hay como una exclusión social. Un barrio se abandona, los narcos ocupan los barrios y no se puede entrar después, ni salir. Es la territorializacion negativa de la ciudad. Pasa mucho en Rosario. En todo barrio de las Flores, la Tabalda,… todos estos barrios son prácticamente inaccesibles. - y de los intercambios entre islas/villa/ciudad formal? Casi toda la recolección de residuos municipales de la ciudad en general los empleados dominantemente son gente que viven en la villa. Pero no solo los que trabajan informalmente viven en las villas. Por ejemplo, la gente que trabaja en la verdulería o en trabajos no calificados, los mas bajos de la ciudad, o legal o ilegal, anotado con la ley social, la protección,.. Hay mucha gente que esta en estas condiciones pero vive en la villa. Mucha gente que trabaja en construcción, obras vive en la villa. A lo mejor un oficial, un trabajador que manda tiene su propia casa humilde, pero los otros viven en la villa, en un rancho. Y después empleada domestica, mujeres que trabajan en las casas. A limpiar casa, cuidar niños,… muchas mujeres limpian los sanatorios, los grandes edificios,… Y es horrible porque la gente va, trabaja y conoce y después va a su casa, es un rancho, no tiene ayuda… A lo mejor la gente trabaja y junta plata, y no tienen un pedazo de tierra para construir. -Pero se genera un cierto lazo de confianza porque dejas entrar alguien de la villa en el lugar mas intimo, de tu casa, y cuidar los hijos… Cuando una mujer se queda a dormir dentro de la casa, con un bañito, al lado de la cocina o de un lavadero, se llama empleado domestico cama adentro. Hasta los anos 70, los departamentos en Rosario traigan un dormitorio que se llama dormitorio de servicio que es un dormitorio mas muy chiquitito, a veces sin ventana, con un bañito, donde las mujeres que trabajaban dormían. Y salía los fines de semana. están en el centro de la ciudad. En los barrios cerrados también. Eso es una forma de integración, de convivencia.
FABRICACION DE LA CIUDAD ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Teniendo en cuenta tus distintas funciones en la educación en la facultad y la fabricación de la ciudad, puedes hablarme de lo que te llevó a buscar esta pluralidad en tu practica de arquitecto ? De qué forma ejerces tu profesión de arquitecto ahora ?
Yo me gradué en Argentina, acá en la ciudad de Rosario en la dictadura militar. Entonces había un deseo, una necesidad importante de articular o orientar lo que yo estudiaba que era arquitectura y urbanismo con la practica democrática que tanto se luchaba para que regresa en el país. La dictadura estaba terminando, le faltaban dos anos, menos. Y nosotros en realidad mezclamos los contenidos, digamos de la carrera de arquitectura con la lucha política. Entonces, el deseo era tan grande, la lucha continua, nos movilizamos para volver a las elecciones, todavía había problema de censura, de persecuciones,… Entonces, nosotros rápidamente mezclamos el
contenido que estudiábamos y enseñábamos, inmediatamente a pena terminaba la dictadura yo empecé a dar clase, pero previamente durante dos o tres anos yo me preparé, me formé, en una visión de lo que podríamos llamar en esa época en los libros mas clásicos del derecho a la ciudad o… Lefebvre, la izquierda francesa, incluso la izquierda italiana, los movimientos latinoamericanos que ya existían en esa época, estoy hablando de los anos ochenta… Después… nosotros ingresamos a la facultad. La facultad renueva totalmente su plan de estudio, el de la dictadura. Fueron poco facultad en la Argentina que dentro de la dictadura y el nuevo gobierno democrático cambia el plan de estudio. Nos parecía bien. No mantener el antiguo plan que se había usado antes de ocho anos, con unos contenidos realmente muy cuestionables… muy antidemocráticos. Yo estudié mucho política, estudié al mismo momento … A pena me recibí, empecé a trabajar como arquitecto, urbanista, hacer estudios urbanísticos y como docente, yo consolidé mi visión en ese momento. Y ahora ya pasaron treinta anos ! Yo no estoy construyendo. Ahora yo tengo una ubicación exclusiva en la universidad, para el tema de hábitat y vivienda social, sea que en este momento estamos haciendo un proyecto en mi estudio particular de vivienda, pero no tengo digamos hace uno cuatro cinco anos tengo la continuidad de obras en el estudio que tenia antes. Yo he concentrado toda la actividad en la parte de la universidad, por ahora. Yo trabajé para la provincia. Hicimos mucho reordenamiento de villa. Mucho trabajo de terreno, como arquitecto y digiriendo grupos de arquitectos, reordenando villas, abriendo las calles, familia por familia trabajamos nosotros. Y eso es lo que estoy proponiendo que se haga ahora en Rosario. Entonces es muy importante entender de que la villa no es una transición. Ahora mucho menos. Ahora la gente elige un lugar y se quiere quedar ahí… Aunque sea un rancho, le conviene como acá, la villa emergencia, de acá que se llama la Siberia es una villa que tiene 100 familias. Y no la podemos resolver.
Abordamos el tema de los actores de la fabricación de la ciudad de Rosario… El estado, la provincia, la municipalidad:
Nosotros hemos hecho siempre un critica muy fuerte a las administraciones publica del planeamiento de Rosario porque toda la politica publica, urbanística de la ciudad de Rosario han sido en nada para los sectores de clase media. Y en particular por ejemplo la enorme población estudiantil que tiene la universidad nacional de Rosario… 80 000 alumnos, que genera una demanda de espacio publico con cierta calidad… Y los alumnos de clase media exigen, no compartir con los sectores mas pobres de la ciudad, que molesta… Entonces el espacio publico de la ciudad de Rosario esta todo orientado a los sectores medios o altos de la ciudad, salvo algunas excepciones. En realidad si el estado lo planifica o no lo planifica, la gente lo hace igual. Yo creo que la ciudad de Rosario en estos últimos anos ha sido prácticamente abandonada por el poder político por mucho motivo. Primero por un problema de idiosincrasia. (...) Entonces hay una definición de este gobierno que tenemos en Rosario de pensar que los pobres son un problema del gobierno nacional… Y que es un problema económico y transitorio entonces no tiene porque resolverlo… Y después otra problema que el gobierno de Rosario que es un partido socialista, cuando gana la provincia, no esta totalmente preparado para gobernar una provincia tan grande y complicada. Eso lo produjo un debilitamiento a las políticas publicas en Rosario. No hay prácticamente intervención de la políticas publicas en los asentamientos irregulares. Los alumnos que representan a las agrupaciones estudiantiles forman parte del gobierno de la universidad.
Los políticos:
Incluso hay chicos de las favelas que van a la universidad (rio de janeiro)! Acá en Rosario, no tanto, pero hay una tendencia a que la gente se quede viviendo en ese lugares. Entonces, la política publica tiene que saber que hay que mejorar la calidad de estos barrios. No de abandonarlos y reprimirlos con la policía.. O de abandonarlos al narcotráfico… Radicación (sacar alguien de su lugar para otro) prácticamente no hay mas porque no se construye vivienda, entonces para radicar hay que construir vivienda. Depende de cuanto la trasladan. Porque si la trasladan 10 cuadras, de un rancherío, de una villa a un conjunto nuevo de vivienda, 10 cuadras vos te podes trasladar! Porque la escuela te queda igual cerca, porque tu papa o tu mama, tu amiga… 10 cuadras podes! Va en bicicleta y la visitas todos los días… Es mas si te trasladas en 70 cuadras… porque es otro barrio otra parte de la ciudad. Ahora un traslado a un lugar cercano, planificado, charlado con los vecinos, se les pregunta… después hay vecinos que son gruñones, cabrón, que no generan lazos de amistad… No toda la gente genera lazos. Entonces este tipo a lo mejor te ayuda porque vos lo decís « usted aceptaría una casa en Funes o en Baigorria? » et pibe dice « si, si me da lo mismo »… Hay que trabajar socialmente, casa por casa, familia por familia. En las villas hay referentes políticos naturales y punteros políticos fabricados, eso hace 20 anos que lo viene haciendo el gobierno. Pero si vos tienes un tipo que vive en el barrio y que es empleado del poder
político, que va a hacer? Va a decir: « Dejen, yo hablo, yo me ocupo… No se organizan… si yo consigo que vengan y limpien… » Diluye la organización de la gente. La anula. La gente no se organiza y el barrio queda como dormido, no participan… Porque tiene un tipo a dentro, que labora para el poder político par diluir… La ocupación del territorio en forma delictual, irregular, no es solo propiedad de los narcos. También hay sectores políticos que organizan ocupaciones ilegales con fines especulativo o político.
Lo académico:
La educación publica en Argentina es muy buena y muy extendida. El plan de estudio de nuestra facultad definía lo que se llama el « objeto de estudio », es las cosas sobre las cuales vamos a trabajar a la ciudad. Porque en ese momento cuando nosotros escribimos el nuevo plan de estudio, en este momento en que se venia de la dictadura y se pasaba a la democracia. Prácticamente todo nuestro entusiasmo estaba ligado hacia la construcción de la ciudad. 1985. Decía el objeto de estudio es LA CIUDAD. Y de ahí, la arquitectura. dentro de un fenómeno social, cultural y político que es la ciudad. La arquitectura a dentro de eso. No era el objeto de estudio LA ARQUITECTURA sino la ciudad. Nosotros trabajamos mucho así hasta hace unos 15 anos cuando empezamos a viajar a otros países, mucho a Chile… incluso a Estados Unidos.. Y empezamos a ver que la arquitectura también tiene como ámbito de desarrollo la naturaleza, no solo la ciudad. Entonces empezamos a trabajar en un lineamiento a nuestro cargo, de mi taller, la materia que yo doy, pero francamente, no incluido en el plan de estudio… Fuimos muy criticados. Nosotros empezamos a trabajar en la isla y se decía que la isla no es tema de interés para la arquitectura... Fuimos muy criticados, porque decían que eso cabeza de interés, que el plan de estudio no hablaba de eso... no había que hacer ejemplo de proyecto en territorio… Entonces nosotros empezamos a trabajar en lo que se llama en territorios inestables en tema de las inundaciones como variable de ocupación del territorio, investigar que podía la arquitectura hacer en estos territorios porque de hecho la gente vive en lugar indudable... tanto los pobres como los ricos. Entonces, finalmente logramos, hace 6, 7 anos que la facultad tuvo que rehacer su plan de estudio. Yo personalmente, con Ana Valderrama y otras personas logramos que se acepte poner en el objeto de estudio de la arquitectura la ciudad y el territorio. Las dos cosas. Eso es un cambio enorme, muy grande por el cual nosotros consolidamos nuestra vocación y nuestro interés en estudiar arquitectura que no estén dentro del tejido urbano. En general tendemos a que sean construcciones que estén en vinculo con la ciudad. En la periferia de la ciudad, en los bordes,… Pero también nos parece que es posible desarrollar investigaciones en arquitectura en lugares aislados, francamente aislados. De todo modo la única posibilidad es de trabajar en forma interdisciplinaria. (estudiando islas, villa... pero también antropología, sociología,...) Trato de que el alumno no vea nada mas que la forma sino que entienda el espacio, la relación del espacio con la gente, con el uso, el lugar,… Por eso tenemos una catedra que se mueve mucho, que trabaja sobre el lugar que habitualmente otros cátedras no trabajo, que llevamos los alumnos a los sitios mas difíciles del punto de vista social para que conocen. Hay alumnos que nunca entraron en una villa de emergencia, y nunca fueron en la isla… Nosotros queremos que una persona que se recibe de arquitecto tiene que conocer eso. La ciudad de Rosario te muestra todo de las variables de aplicación disponibles. Pero muy importante entender la discusión ideológica o política adentro de un curso de arquitectura no es fácil de sostenerla. Muchas veces pasa que los alumnos mismo rechazan la política a dentro de los cursos. Hay gente que esconde su orientación política y se queda trabajando igual con nosotros porque le gusta la forma de trabajar, la relación que nosotros planteamos con los alumnos, el respecto con los alumnos. Hay gente que no cuestiona el enfoque político porque le gusta el ambiente de trabajo. Porque no recibe ayuda, los barrios van empeorando, lo narcotráfico va avanzando,… Entonces la situación es muy delicada. Por eso nosotros estamos decididos a trabajar en los barrios. Porque nos parece muy necesario que la universidad haga visible eso, lo difunda. Que entre los docentes y los alumnos se difunda una sensibilidad a hacer respecto a los mas pobres en la ciudad. Porque sino después, cual es la solución? Reprimirlos, mandarles la policía, mandarles presos,… o balearlos?
Matericos Perifericos y Domino:
Domino es nada mas que una agrupación política como hay muchas. Es independiente, pero Domino es una agrupación estudiantil política que tiene mucha tradición en la Argentina. MP es una asociación que respalda todo el trabajo que nosotros hacemos desde nuestra cátedra de social, urbanístico y difusión de nuestra ideas como arquitecto y docente. Todo empezó con un trabajo de investigación que fue presentado en el consejo de la UNR y aprobado, se llamaba « arquitectura de la periferia », cuando nadie hablaba de la periferia en la ciudad con este objetivo de encontrar en la periferia los materiales de la periferia. Las demandas la expresión estética de la periferia, como construye la gente… en este lugar mezcla de ciudad y campo, que es transición de ciudad a campo, que se llama rururbano. Cuando teníamos mucho trabajo realizado sobre eso, decidimos publicar es material en una revista: Matericos Periféricos. De ahí viene el nombre.
No nos interesaba las villas que esta metidas a dentro de la ciudad, nos interesaba este territorio de la periferia con las villas, los pedazos de ciudad que están acá, los bosques,… Trabajamos mucho en lo que es el arroyo Saladillo también.
Las agrupaciones y asociaciones:
Hay varias agrupaciones que están trabajando en el territorio, con distintas formas,… Los sin techo, o techo para mi país,… a mi juicio no aportan nada porque son experiencias muy puntuales hechas con poca convicción política o con un discurso político de una persona que regala algo, hace una experiencia y se va, no hay sostenimiento de la relación… Después la vivienda por lo general son para una emergencia enorme porque son unas casitas de madera sin mucha capacidad arquitectónica.. (...) Yo he visto construir una casa en dos noches, en dos fin de semana por un conjunto grande. O de parientes! o de vecinos, la gente se ayuda. Esos lazos de solidaridad han ido debilitándose por el narcotráfico y la violencia.
El narcotráfico:
El negocio del narcotráfico se maneja dominantemente desde Estados Unidos, que son los principales consumidores de estupefaciente del mundo. Estados Unidos fomenta que en América Latina se produzca las plantas que se utilizan para fabricar las drogas. Y a su vez generan la dependencia. Esto es muy antiguo. En la Iglesia lo hacían con el Opio. Cuando Inglaterra dominaba todo el Oriente, las colonias inglesas, los jefes, las autoridades, los dueños de las grandes empresas, la autoridad política y militar inglesa que traficaban opio… a su vez producían opio a muy bajo precio para formar a toda la población pobre de China dependiente del opio. Entonces debilitan la población, les dan los peores productos de la fabricación de droga, los mejores productos los llevan a países centrales. Los ricos consumen la droga menos dañina y los pobres revientan. Esos lazos que se tejen entre los habitantes de un barrio para organizarse, lazos de solidaridad han ido debilitándose por el narcotráfico y la violencia. La gente esta muy deteriorada en su vinculo vecinal por eso. Cuando las bandas de narcotraficantes ven que en el barrio intentan organizar algo, sacar los chicos de la droga, ponerlos a trabajar… matan. Matan a la gente que trabaja para ayudar. Todos lo tienen miedo al narcotraficante, la policial, la gente del mismo barrio, la gente no quiere que el narcotraficante esta en el barrio… - En Rosario aumenta el narcotráfico? - Si francamentemente. En los sectores pobres y mas ricos. Todos las agencias de auto importado están ligados al narcotráfico BMW, Mini Cooper, Mercedes,… Los grandes compradores de autos importados son los empresarios en narcotráfico. Todos saben. Y no hacen nada, porque no se pueden meter porque los jueces están comprados, la policía esta involucrada.. Los políticos no se quieren meter… Prefieren pedirle plata para campanas.
Y el papel de los habitantes, con la auto-construcción y la participación, y los movimientos sociales…? :
La organización puede ser para construir algo, no necesariamente como los piqueteros para cortar una ruta. O para ayudar un vecino, para gestionar unas mejoras al barrio que pase el camión de la basura, que le hagan bien el desagüe, .. Toda la limpieza del barrio que tiene que hacer el municipio.. eso es una gestión que hace el barrio organizadamente. La gente construye su casa y su barrio. Porque en realidad si el estado lo planifica o no lo planifica, la gente lo hace igual. El gobierno tendría que poner una orientación, un marco urbanístico… que ayuda a la gente hacer cimiento… La gente a veces no sabe hacer un desagüe de un baño. Entonces si la gente lo va a hacer igual, porque no le ponemos un arquitecto, una asistencia técnica que le ayuda a hacer un plano, un desagüe,… Pero acá hemos llegados a situaciones realmente dolorosísimas. Por ejemplo, en barrio Toba, la gente le ponen canos de sección muy chica de agua para que el cano va a dentro de la zanja donde esta el dengue, la mugre, la suciedad… Entonces los chicos se enferman con agua contaminada… Hay que trabajar socialmente, casa por casa, familia por familia, para trasaltar a la gente y mejorar las villas. Me parece que todas estas experiencias sueltas que se hacen deberían ser sistematizadas. El gobierno de la ciudad deberían instalar en cada barrio una oficina con arquitectos o estudiantes en arquitectura, trabajadores sociales, agrimensores (que marca y divide la tierra), algún medico,… deberían ser unidades de mejora del hábitat que estén permanentes. Se llamaría como consultorio de arquitectura, o accesorio técnico… y artesanalmente casa por casa ayudar la gente a mejorar su casa, construir un baño nuevo… Eso puede ayudar a que el narcotraficante disminuya.
Hay gente que trabaja en zona sur, o en los frigorĂficos, con pescadores artesanales, muchos son albaĂąiles,.. Entonces la gente cuida el lugar y tiene cierta habilidades. Los que son albaĂąiles construyen.. Pero el ambiente general es muy agresivo y no esta organizado para que la gente mejore su barrio. Al contrario esta organizado para que la gente no haga nada. La gente que ayuda y trabaja son casos aislados, con mucha fuerza, pero a la larga la gente se cansa.
Ana Valderrama
Arquitecta, docente investigadora y titular de catedra en análisis proyectual en la FAPyD-UNR, master en Arquitectura del paisaje en la University of Illinois at Urbana Champaign, vice-decana de la FAPyD-UNR, tesis sobre la importancia de la arquitectura a construirse como manifestación física del paisaje, trabajaste como jefa del sector de planificación de la municipalidad de Rosario, directora de matericos perifericos.
ROSARIO ////////////////////////////////////////////////////////// Como calificarías Rosario en algunas palabras ?
Rosario es una ciudad PARTIDA en dos: -el centro: inversión que se ha hecho desde el gobierno de la ciudad apuntado a la especulación inmobiliaria y a los sectores de mas altos recursos, -y por el otro lado 35% de personas viven en situación de pobreza y que han sido abandonadas prácticamente en los últimos 10 años con problemas de hábitat importantes.
RELACION ISLAS/VILLAS/CIUDAD FORMAL ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Que piensas de la relación entre ciudad formal/islas/villa ? De sus puntos comunes y sus diferencias en términos de habitar, de practicar, en su morfologías,…
El tema de que la villa se va densificando, es porque .. digamos el problema más grave que tiene la ciudad en este momento es el acceso a la tierra. Porque crece la familia, la nena se casa con el novio, tiene un hijito, a donde van a vivir si no pueden comprar un terreno? Entonces van arriba de los padres, o al costado... entonces el problema es que no hay un sistema de acceso a la tierra para gente de bajos recursos... No es que a los pobres le gusta vivir así. Existen lotes para la gente que vive en las islas pero es medio ridículo porque en frente de Rosario está el terreno más dinámico del Delta, del Paraná Medio. Siempre aparecen y desaparecen tierras. Las bases del puente Rosario/Victoria, los pilotes cambian la velocidad de los corrientes, forman amas de sedimentos, de la misma manera, un barco hundido frente de la casa de Mario Dominguez, genera una nueva isla. Yo trabajo desde muchos años en como sería la arquitectura en territorios inestables o dinámicos. Que son territorios que están cambiando todo el tiempo, muy dinámicos por cuestiones naturales o por cuestiones humanas. La villa esta todo el tiempo moviéndose. (...) La ciudad informal va todo el tiempo cambiando por razones de relaciones individuales, no hay un plan general desde el que se puede decir vamos a cuadricular todo. De hecho que muchas villas en que se ha intentado hacer esto como se hizo en las ciudades de Europa medievales, después la gente la vuelve a ocupar y se desarma todo otro vez. a los 20anos tienes una villa de nuevo.
Los materiales
los materiales para construir en la villa: no utilizan madera porque hay una cuestión que tiene que ver con lo simbólico. En Argentina nos educan con el cuento de los tres chanchitos. Entonces la gente piensa que la casa de ladrillo es una casa mas importante. Tanto la gente pobre como la rica te dice tengo una casa DE MATERIAL cuando tiene una casa de ladrillo. La casa de madera no es una casa de material. Hay un prejuicio que dice que la arquitectura buena tiene que ser de ladrillo. Todo el mundo incluso el pobre quiere una casa de ladrillo. Acá en rosario, en esta zona nosotros no tenemos madera tampoco, lo lógico es construir con ladrillo acá. Nosotros trabajamos con madera porque es más fácil, más rápido, lo pueden hacer los estudiantes, es mucho más didáctico porque la estructura y la arquitectura es lo mismo, entonces se ve como si fuera la manifestación física de la descarga de las fuerzas... los materiales para construir en la isla: Esta isla no tiene bosques, mucha materia no hay para construir. Las construcciones tradicionales de la isla han sido con canas, barro y paja mezclada. Después se fue sofisticando. No hay más cana. Muchos materiales se traen desde el continente. Y nosotros construimos muchos de madera porque es fácil de transportar, barato... lo vemos como menos dañeros para la naturaleza.
Que te parece de los intercambios y dinámicas que existen entre la ciudad formal/islas/villa ?
Bajo cuales manifestaciones los habitantes de la villa/islas/CF se encuentran todos al mismo nivel ? Existe un evento o algo que hace desaparecer las fronteras entre los tres ? No hay una mezcla de los pobres y de los ricos, y no hay igualdad de oportunidades. Hay gente de la villa que va a buscar trabajo en la ciudad formal pero no hay integracion.
Hay muchos chicos militantes de partidos políticos que van a la villa a trabajar, a dar una mano. Ahí se mezclan, pero no se mezclan en la vida real. Las condiciones de vida en las islas no borran las desigualdades sociales que existen entre ricos y pobres en este territorio. Se ayudan entre ellos pero no genera igualdad. El futbol reúne pero no es suficiente para decir que la ciudad es integrada. El futbol es muy popular de hecho que en general los jugadores de futbol son personas que han nacido y crecido en lugares muy pobres, la mayoría. Es un lugar de melo lo mismo que la iglesia, los equipamientos religiosos, los hospitales,... Son lugares a donde la gente se intercambia pero no hay condiciones de igualdades. En la educacion tampoco: facu de arq. No hay chicos pobres estudiando arq. Si bien que tenemos una educación pública gratuita, hay n sector de la sociedad que no puede acceder a la universidad por diferentes cuestiones: nace en contextos sociales muy desgrasados(?): Tienen que trabajar desde chicos para sostener la familia así que no encentran interés en estudiar. Hay lugares en los cuales la gente se mezcla mas: en la Iglesia, en la cancha,... Hay lugares en los cuales la gente se junta pero es circunstancial, es porque hay un interés político, porque hay un interés de defender una cosa en particular, porque hay un interés religioso, porque hay un interés... Yo todavía veo mucha fragmentación social... En la escuela también. Uno de los chicos del barrio donde hicimos la copa de leche quiso ir a una escuela publica de clase media pero que es una de las mas prestigiosas de acá en Rosario que es el Politécnico. Rindió los exámenes, hizo todo el cursillo a nivelación, rindió los exámenes y entro pero finalmente no fue. No fue porque se siente marginado por los compañeros de clase media que son de clase media alta. No hay una integración, no hay una real articulación entre las clases sociales. Hay racismo, pero no tan fuerte que en EEUU o Chile... Lo de las islas es un tema aparte: esta bastante integrada en los últimos 20 anos, pero la gente cruza más que todo, charigüé no llega a ser un pueblito. Hay una conexion ambiental con la ciudad, pero es una conexión que no decidimos, es natural: con los humedales que actúan como filtro de polución, mejora mucho la calidad ambiental de la ciudad de rosario. Recién ahora y después de mucha lucha de las asociaciones ecologistas, el sitio de las islas se ha declarado sitio «ramsar» (nivel nacional), municipalidad estuvo bastante en eso también. Juntas, la municipalidad y asociaciones ecologistas = se dan cuenta del potencial de islas. Y que es necesario evitar la sobrexplotación comercial de las islas con los granaderos que secan una grande parte de los humedales para volverlos más productivos. Eso es un peligro para la integridad del sistema natural. Los que viven en la isla (...) Cruzan a la ciudad para comprar cosas y vuelven. En los espacios públicos y las manifestaciones, la gente manifiesta sobre todo en las plazas que son más simbólicas, la en frente de la jefatura, del monumento a la bandera, en frente de la cosa del gobierno, eso lugares son plazas que como en frente esta el gobierno son para protestar en contra el gobierno. Si, la usan.
FABRICACION DE LA CIUDAD ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Teniendo en cuenta tus distintas funciones en la educación en la facultad y la fabricación de la ciudad, puedes hablarme de lo que te llevó a buscar esta pluralidad en tu practica de arquitecta ? De qué forma ejerces tu profesión de arquitecta ahora ?
Siempre me interese en la arquitectura publica, porque es haciendo obras públicas que los arquitectos tiene más potencial de transformación de la ciudad y permite tocar la vida de más gente. Y en la educación: A dentro del proyecto del país es también una de las cosas que pueden el más transformar la realidad. En el sentido que se forman los futuros ejecutores y transformadores de la realidad. Ensenar es una responsabilidad muy grande. En el estudio he hizo algunas obras privadas y concursos también. En este momento no tengo estudio, porque desde que volví des EEUU me agarraron para estar vicedecana y no he podido rearmarlo. Pero
siempre estuve mi estudio profesional de forma independiente y he hizo algunas obras. En general fueron obras para matrimonios o chicos pobres que recién empiezan, que no tenían plata para pagarle a un arquitecto y que se prestaban también para un tipo de experimentación diferente porque iban a ser autoconstruidas. Después, como nosotros tenemos una actividad importante de ejecución de obra a dentro del propio taller, Matericos Perifericos que se ocupa de hacer obras, equipamientos públicos en las villas. Entonces eso también a demandado mucho tiempo de la vida profesional los últimos dos años. Digamos que ese es el estudio. Los últimos años para mi el estudio es eso. No me parece que el rol de la universidad pública argentina tenga que ser formar únicamente profesionales esperando que venga un rey a pedirlos que les construye un palacio. La arquitectura tiene un rol de construcción de un país más equitativo. Y eso es el lugar a donde yo trabajo. A dentro del taller, tenemos una actividad importante de ejecución + Matericos Perifericos: hacen obras públicas en las villas . En los últimos anos digamos que para mi el estudio es eso.
Abordamos el tema de los actores de la fabricación de la ciudad de Rosario… El estado, la provincia, la municipalidad: Villas :
Muy poca gente del gobierno y de las facultades han estado realmente trabajando en la villa. Entonces no saben de qué se trata. Entonces te hacen estos discursos que hay que eliminar la pobreza.(...) Son todas teorías ridículas de gente que nunca fue y estuvo al menos un mes trabajando en el lugar, entendiendo la dinámica y la problemática del barrio y construyendo ahí con la complejidad que eso significa. En los últimos 10 anos se han construido muy pocas viviendas (alejanas para remplazar villas), como 1500/2000. Más vale mejorar lo existente. Pero lo que pasa es que a veces viven demasiado densificado todo... Se hacen eso trabajos que nosotros llamamos «esponjamiento». Se hace cuando una villa es demasiado dense al punto de estar insalubre y que uno no quiere trasladar el barrio a otro lugar sino que conserven este lugar, lo que se hace es sacar algunos entremedios estratégicos que permiten abrir una calle, poner un equipamiento, darle un poco de aire a los otros,... Entonces hay un grupito que se va y el otro se queda.
Islas :
La inundación, lo que hace de bueno es que arruina todo lo monocultivo, la soja y la granadera de las personas que tienen plata entonces por un par de años la isla se vuelve a recuperar, encuentro un nuevo equilibrio, porque nunca vuelve a cero, hasta que la gente otra vez tiene ganas de ponerse a plantar. Entonces por un tiempo la inundación es el único regulador del sistema natural. Como no lo hace el gobierno, lo hace la naturaleza. Lo que pasa es que desde que nació la ciudad hasta ahora recién ahora pudimos tener una declaración de sitio Ramsa cuando además ya muchas propiedad son privadas, es muy difícil imponer condiciones. Ahora hay que empezar a poner condiciones. Pero quien quiere correr este riesgo político?
Ciudad formal y rio :
Hace 40 anos que Rosario esta ganado terrenos al rio. Los que se ganaron eran territorios del ferrocarril, del gobierno nacional. Después se hizo todo un plan de recuperación de la costa publica y ahora tenemos prácticamente 13km de costa publica, pero quedaron algunos lugares que están concesionados por clubes recreativos mas al norte que debían dejar pasar a la gente pero no la dejan pasar. Después estés lugares como puerto norte que tiene lo que se llama una servidumbre administrativa que se les obliga a los dueños a dejar pasar a la gente pero no pasa así..
Ciudad formal :
La municipalidad tiene muchos convenios para trabajar con la facultad (por ejemplo el Plan del arroyo saladillo). Lo que pasa es que después a la hora de decir a donde se pone la plata para hacer una obra eso es una decisión política (ex proyecto Sueños de plazas). El Estado gasta la plata de la gente para hacer una represión que permite que terrenos que antes no eran construibles se pueden urbanizar. Este producto de la obra publica tendría que volver al estado y el estado repartir la plata a los sectores de bajos recursos. En este caso no fue así... No se si es corrupción pero un favorecimiento del estado a un sector determinado.
Los políticos:
No es que la ciudad esta bloqueada cuando digo que esta partida. Lo que digo es que no se le han dado
condiciones de igualdad. Y que hay familias que hace muchos anos que están viviendo en condiciones de pobreza y no se han aplicado políticas para mejorar eso. Hay pbolsillos vegetales al exterior de la ciudad, alrededor de los arroyos y de la costa, para resiliencia de la ciudad, pluvalor de los terrenos –la presa permitio que sean constructibles terenos que antes no lo estaban-, se quedaron con la renta de la tierra producto de una obra publica y se quedaron con la renta de la tierra de un cambio normativo porque en una tierradonde antes no se permitia construir ahora se permite ... y todo eso el estado no hizo nada. Se intento hacer un trabajo de recuperacion del pluvalor pero no es suficiente en relacion a la ganancia...
Lo académico:
El otro día discutía con los profesores de proyecto que decían que no hay que ocuparse del problema de la casa de los pobres sino que hay que ocuparse de eliminar la pobreza. Yo decía esta bien, pero con este discurso, nunca los hacen obras a los pobres. Porque hasta que no vengan no sé cuanta plata para solucionar el problema de la pobreza entonces no hacemos nada. Muy poca gente del gobierno y de las facultades han estado realmente trabajando en la villa. Entonces no saben de que se trata. Como seria la arquitectura en territorios inestables o dinámicos, ya no puedes pensar mas en términos formales, la forma ya no tiene ningún sentido. Porque vos quieres hacer una vivienda y en unos 10 anos la vivienda es otro porque le pusieron una cosa arriba, lo que vos piensas que era un balcón lo ocuparon, vino un vecino y se monto arriba de la chimenea no sé... no tiene ningún sentido pensar en la forma. entonces tendrían que ser proyectos a lo mejor mas abiertos, mas infraestructurales. Lo veo parecido a los experimentos en los anos 70 de los metabolistas japoneses, este tipo de cosa me imagino que tendría que ser. En análisis proyectual: les hacemos hacer a los chicos unos artefactos que lo que intentamos hacer es entender como matemáticas, se llaman sistemas autorregulados, que a un momento se llamaba sistemas auto-organizados... Creo que para poder dar un salto hay que pensar en otros modelos matemáticos y otros modos de organización, en la resiliencia... Tiene mucho que ver con eso, lo que dice mi tesis es: nosotros hasta ahora hemos entendidos a la naturaleza desde paradigmas que nos servían hasta donde terminaron en un momento, bueno después no nos sirvieron mas hace ya 150 anos que se esta hablando que la naturaleza se organiza con sistemas mucho mas complejos que de lo que se pensaba. (...) La matemática es de alguna manera como el ser humano trata de entender el mundo o como se mueve el mundo, es cierto. De encontrar una explicación que te sirva para entender algunos fenómenos entonces la teoría de los fractales, la teoría de los sistemas autorregulados, la teoría de las siete catástrofes, son todos modelos matemáticos que ya hace no sé, 200, 150 anos están dando vueltas en el mundo y sin embargo los arquitectos siguen pensando que las ciudades tienen que ser cuadradita, que la forma de la arquitectura es lo mas importante... El mundo europeo y el mundo argentino que le ha copiado a Europa durante mucho tiempo piensa que la composición arquitectónica con este modo de entender el mundo y la naturaleza como una cosa que no cambia y las ciudades como un roca que no cambia nunca no va permitir entender sobre todo la realidad latino americana que es mucho mas cambiante que la europea. He hecho algunos experimentos en la naturaleza, de arquitecturas que intentan en vez de poner una forma tratar de provocar una relación con la naturaleza. Se muevan con el agua, que la intervención que uno hace provoca como las plantas crecen en este lugar... una intervención mas directa, como usar materiales que se integran a la naturaleza,... Al final el contexto crea la forma. La naturaleza termina de completar la arquitectura. En el caso de la villa hemos hecho experimentos intentando mas ir en la línea de los metabolistas japoneses, pero tratando que no sean tan abstractos, que sean lo mas apropiable por la gente y con tecnologías adecuada para nuestro contexto. La manera de hacer, nuestra es de ir al lugar, no pensar el plan de lo general a lo particular sino al revés, ir a los lugares, a ver quien vive, como vive, que se necesita, como es... Fuimos haciendo una serie de workshops en distintos lugares del arroyo saladillo y después hicimos el Plan en el gobierno. También ha ayudado porque muchos de los que trabajamos en el gobierno también trabajamos en la facultad.
Matericos Perifericos y Domino: « historia » :
MP (Matéricos Périfericos) es un gran movimiento cultural. Domino es como una parte de MP, es la agrupación estudiantil de MP. MP tiene docentes y estudiantes trabajando en distintas cuestiones, todo lo que tiene que ver con las obras en contexto de emergencia social, un trabajo importante editorial con la revista, tiene todo el trabajo de investigación y de extensión universitaria que hacemos. MP nace de una revista como un especie de espacio de resistencia frente al statu quo de la arquitectura en la facultad. Nosotros veníamos de una catedra que era muy combatida por el resto del ambiente de la
facultad entonces no nos publicaban, no nos seleccionaban nuestros trabajos, entonces decidimos tener nuestra propia revista en 1984. Es un lugar para expresarnos digamos. En realidad la agrupación estudiantil nace antes, por la misma necesidad de defender un proyecto académico a dentro de la facu de arq se decidió en la catedra que estaba dirigida por Carlos Galli armar una agrupación estudiantil y tener una representación en el consejo directivo de la facultad para poder defender el proyecto cultural, político y académico de este taller. En 1996 empieza el proyecto de la revista y en 2004 empezamos con el tema del trabajo en el territorio. La facultad de hoy esta mucho mas abierta que la de esta época...
“papel”:
Lo que hace Matericos Perifericos es intentar. Nosotros sabemos que no vamos a cambiar la condición de un barrio de 200 a 1000 personas en situación de pobreza porque no tenemos la plata ni la capacidad digamos de ejecución y de gestión para hacer eso, eso lo tendría que hacer el estado. Pero el Estado no lo hace. Como no lo hace y pasan los anos, anos, anos... y no se hacen obras en esos lugares se generan ciertas distorsiones, necesidades y además una de esas necesidades es la de contar con espacios de cohesión social, de compartir,... que a veces puede ser un mercado, a veces puede ser un lugar religioso, un club de barrio para que los chicos practiquen deportes, ... lugares colectivos. que en las villas no hay. Pero a veces o no lo imaginan o no tienen plata, o no tienen los recursos para hacerlo (construir espacio comunitario en la villa). Entonces nosotros (MP) vamos, relevamos cual es la necesidad y hacemos un proyecto, conseguimos la plata y lo construimos y se lo dejamos a disposición de algunas instituciones que trabajan en el barrio. En general trabajamos con las instituciones. Porque si eso vos los dejas así que sea de cualquiera después no es de nadie.
Los habitantes, la participación,…:
Con la municipalidad, hice el proyecto sueños de plazas, que es participativo. Programa «niños proyectistas»: para que los niños supervisen todos los proyectos de los espacios públicos de la ciudad, que no prospero mucho porque al los arq y ing no les gusto la idea. Pero a mi me pareció algo muy importante porque los niños tiene una capacidad poética y una capacidad de integración con chicos de otras clases sociales que los grandes ya no tienen. Yo hablaba con los grandes y les decía «bueno que necesita esta plaza?» y los grandes me decían «un policía».. en cambio los niños para lo mismo te decían «Bueno yo pondría un árbol lleno de llamadores de ángeles para que nos cuiden en la plaza». Copa de leche barrio industrial en granadero Baigorria: los vecinos ayudaron mucho en la construcción del equipamiento, incluso les ensenaban a los estudiantes de la facultad como construir. Cuando la gente participa en la construcción hay mucho mas sentido de la apropiación del lugar en el sentido. Por ahí vemos algunos proyectos que quedaron medio abandonados, se lo robaron... La copa de leche esta impecable, lo cuidan, los chicos lo sigan usando... Entonces el éxito de estas cosas es que la gente participé y lo sienta propia. porque si uno quiere ir a instalar una cosa que a lo mejor ni siquiera la necesitan...
PARA TERMINAR ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Cuales son tu maestros en pensar en tu enseñanza de la arquitectura ? Hay algo que te parece esencial y que no abordamos en esta entrevista ?
En la catedra hacemos arquitectura situada. Intentamos hacer una arquitectura que surja de las manifestaciones populares del lugar, de las condiciones físicas del lugar.. No es una arquitectura que se hace en un laboratorio y después se coloca en el lugar. Enrique MIRALLES es una persona que para mi ha hecho avances enormes en algunos aspectos. El trabajaba con arquitectura muy vinculada al hecho geográfico. Hay momentos en los que no se distingue lo que es arquitectura o lo que es el lugar. Y después tiene otras experiencias. No es que el lugar en si mismo te da la arquitectura. No es que decís «a ver lugar, dame el proyecto!», no existe eso. Hay un deseo que le pone el que hace el proyecto, que tiene que ver con cuestiones personales, con infancia, con artificiad de la persona que lo hace. El resorbía este vinculo digamos entre la artificiad y los fenómenos del lugar de una manera muy particular porque habían proyectos que nacían prácticamente de ir completando lo que la naturaleza ya iba insinuando, hay otros proyectos donde el se iba llevando pedazos de proyecto hacia otros lugares y los iba colocando en un lugar distinto. Eso es fascinante porque trabaja sobre las dos cuestiones del lugar hacia el proyecto y del proyecto hacia el lugar, y este trabajo a nosotros nos interesa mucho. Y otra cosa que hizo Miralles es trabajar sobre una innovación en los temas más duros de la arquitectura como por ejemplo la planta de arquitectura. El trabajaba con una arq. de borde. Donde intentaba que no haya una línea que divide el interior del exterior, es cierto. Son como una reverberaciones de muros que se van desplegando y armando espacio...
A contra de la arquitectura de volúmenes issue de softwares. FRUTO VIVAS por la cuestión política más que todo. Los JAPONESES como kengo kuma: madera y bambú; ... Algunos chilenos tambien, no necesitadamente Aravena, sino Ciudad abierta, grupo Talca... Los VIAJES para conocer ciudad directamente, aprender mucho más rápidamente, y tener una experiencia del sitio que no se conoce con planos, fotos...
Mario Domínguez Teixeira
Ingeniero; Titular de catedra de Estructuras y Físicas ; Artista Plástico ; fundador y dirigente del Centro Cultural Isla Charigüé situado en los humedales del rio Paraná, organizador de paseos de turismo educativo.
ROSARIO ////////////////////////////////////////////////////////// Como calificarías Rosario ?
La ciudad de Rosario tiene mucho que ver con las personas que habitan la ciudad. Que realmente son todos italianos... Uno dice siempre que los rosarinos son un poco arraigados, un poco amarrete se dice acá. Amarrete quiere decir que una persona no quiere gastar, siempre está controlando el dinero, y eso se ve un poco en la construcción de Rosario. A menudo es sin mucho valor arquitectónico. Últimamente se está despertando en este aspecto, no? Se ve algo más. Pero siempre, como en todos lados, se busca el aprovechamiento máximo del terreno, de hacer inversiones que tienen que ver más con cuestiones de dinero, económicas que otra cosa. Eso pasa mucho más en el centro. En el barrio y en la isla ya la cuestión cambia, por supuesto. Obviamente hay un déficit de habitaciones importantísimo en Rosario como en todas la ciudades, como Buenos Aires, Posadas, en Misiones también pasa. Mucha gente se viene a vivir a las ciudades y trata de construir cualquier terrenito que realmente son terrenos usurpados que se venden... En la villa hay como un especie de negocio inmobiliario medio extraño. Que por la cuestión que los terrenos se venden a precios no muy caros, la gente construye de cualquier manera y eso es lo que tenemos en la periferia en muchos casos. Obviamente que para mi es alguna política rara porque en realidad las políticas acá tienen que ver con definitivas a favorecer a empresas constructores. Entonces a las personas les llegan las viviendas a un costo muy elevado, salen muy caras. Hoy en día yo creo que nosotros hasta hace bastante anos, podíamos estar orgullosos de decir que Rosario es una ciudad tranquila, donde se puede andar de noche, donde hay seguridad. Y creo que es una de las cosas que justamente más nos alegraba y son las cosas que hoy en día no se ven. Lo bueno es un poco lo de la recuperación de todo lo que tiene que ver con el rio. Hace muchos años, el rio estaba escondido de la ciudad con una barrera, la del puerto, del ferrocarril,.. Y bueno hoy en día es que se está buscando o se está tratando de tener una mirada un poquito más a cerca del territorio que tenemos en frente.
LAS ISLAS ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Hablamos de las islas, que conoces muy bien, cuales son las dinámicas y relaciones al interior de las islas? Entre parana viejo y charigüé:
En las islas se encuentran distintas clases sociales, pero eso no genera mezcla. Frente a Rosario, hay dos zonas de islas. La zona de Charigüé y la zona del Paraná Viejo. Paraná Viejo es una zona cheta, con gente con cierto poder adquisitivo, que están compitiendo para hacer una casa más linda que la otra. Están en definitiva en una isla ficticia, una isla de ellos. En cambio en Charigüé, los habitantes que vienen de fin de semana de Rosario están como más en contacto con los primitivos habitantes, la gente de la isla y se mantienen un poquito más las costumbres de construir... Hay casos puntuales que son todo lo contrario pero se nota un respeto más grande por la isla por este contacto con los isleños del lugar.
Evolucion del “comportamiento” de las islas:
Desde que yo conozco la isla y que voy de chico, han cambiado algunas cosas notables. Por ejemplo jamás vi una lutria nadando en el arroyo... Hoy en día sí, porque la gente ha tomado mas conciencia con respeto al tema de la cacería. Ya no se casan animales para fabricar tapados de piel, porque la gente no los usa. En este sentido, los animales autóctonos se ven un poco más y se protegen un poco mas. Aunque no haya una regulación tan fuerte, sí hay una regulación en cuanto a la cacería. Porque si encuentran una persona con pieles de animales que no corresponden con lo que se puede cazar, puede tener serios problemas. Entonces en este sentido hubo un avance podríamos decir. Por otro lado se ve un impacto, en toda la isla se escucha mas sonidos, músicas... que de ultima perjudican el acercamiento de animales que antiguamente venían a la costa. Después hay muchos residuos que antes no se veían tanto como botellas y bolsas de plástico. Tampoco la gente de la isla tiene una conciencia muy clara del cuidado de su territorio. Para empezar,
los isleños son como aliados de los que quieren conquistar la isla. Por ejemplo, si en la isla cada isleño tiene 40 o 50 cabezas de animales, no hay problemas. El problema es que están tentados a que cuiden 3000 o 4000 cabezas de animales, y lo aceptan por necesidad económica y sin preocupación para la isla. Entonces el isleño es un poco cómplice de lo que puede pasar en la isla. Si alguien les paga para un trabajo que no es bueno para la isla, lo van a hacer por una cuestión económica. O si tiene que pescar en abundancia sin mirar el tamaño del pescado, lo va a hacer... No tiene una conciencia ecológica pero tienen necesidades básicas económicas. Incluso no son discretos, es frecuente ver a la gente juntar sus residuos en una bolsa negra de plástico y tirarla al arroyo como si fuera un contenedor de basura. Es un disparate pero, de la gente que va los fines de semana, no toda tiene una conciencia ecológica... En el centro cultural recibimos gente de la facultad, 100 chicos un fin de semana te imaginas los restos que se producen... Pero lo seleccionamos, el plástico por un lado, eso por el otro, lo orgánico lo diseminamos en algún lugar para que los animales o la tierra misma se ocupen de resolver el problema y ya esta! Pero no todo el mundo lo hace. - Y ahora que se clasificaron 240 000 hectareas de humedales de protección internacional, que va a cambiar al vivir en las islas? - No creo que pasa nada porque yo por ejemplo soy propietario del terreno donde esta el centro cultural y el problema es que no hay reglamentaciones de ningún tipo para los dueños. Cualquiera puede hacer lo que se le ocurra… Están haciendo un muelle muy grande en un lugar en que no lo deberían hacer, nadie dice nada porque es territorio de nadie... Pero si todo el mundo hiciera este tipo de muelle, cuando uno incursiona o se mete por los arroyos, lo único que ve son muelles en vez de la isla... Eso debería regularse y no lo esta.
“Espacios publicos” en la isla:
Los habitantes de Charigüé, cuando compramos los terrenos, somos dueños hasta la mitad del arroyo. El espacio publico es la calle que uno cede para que la gente pase, circula de un lugar al otro. Y los lugares en realidad públicos públicos no hay.. Puede ser la escuela un lugar de encuentro publico. No solamente los chicos van sino de pronto se hace una fiesta de cumpleaños de quince. Los lugares públicos también podrían ser las carreras cuadreras, lugares donde se hacen carreras de caballos. Estas carreras nuclean muchísima gente que le gusta el tema de los caballos y vienen de distintos lugares como puerto Gaboto, villa constitución. Se encuentran en un lugar determinado en el cual se organizan estos eventos. No son tan frecuentes, se hace una vez al ano... Otro momento que se puede transformar como un especie de espacio publico es cuando se marcan los animales, con marcas de fuego. El hombre tradicionalmente gaucho, criollo mantiene esta cultura gauchesca y aprovecha esas marcaciones o cuando les colocan las vacunas a los animales, para mostrar la destreza de los gauchos de la isla. Se visten todos de gaucho, comen un asado, se reúnen... Son momentos digamos públicos porque puede venir cualquiera, incluso alguna persona curiosa puede ir y mirar lo que esta pasando sin ningún problema. Pero no se hace cerca de la costa, mas adentro de la isla...
Los ninos de la isla:
Los niños que viven en la isla no van a la escuela en la ciudad de Rosario, generalmente tienen una escuela. Por ejemplo en la zona cerca de Charigüé, esta la escuela Leandro Alem y actualmente van quince alumnos. Estos quince chicos son hijos de pescadores o gente que vive en Charigüé y que se dedican no solamente a la pesca sino también al cuidado y a la cría de ganado. En la escuela los chicos van a aprender lo que aprende un chico de cualquier ciudad. Tienen un maestro que es de Entre Ríos porque corresponde a esta provincia, y lo que se les ensena es lo que se ensena habitualmente a un chico de la provincia de Entre Ríos. Tiene un plan casi igual que el nuestro. En realidad no van a aprender cosas vinculadas al territorio. Lo del territorio lo aprenden con la familia.
RELACION ISLAS y CIUDAD FORMAL ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Como te parece que se relacionan las islas con la ciudad de Rosario? Cuando los rosarinos decubrieron las islas:
La zona del Paraná Viejo empezó a proliferar lentamente a partir de los años 1970-80, cada vez mas, de a poquito con el tiempo. A partir de que se empezó a restructurar todo lo que tiene que ver con el puerto, la gente de Rosario volcó un poco mas a ver el rio y a ver lo que había enfrente. La gente empezó a tomar mas interés por cruzar, comprar, edificar... Y esto fue un proceso lento. -Muchas de las partes de la ciudad donde el contacto con el rio es directo, son playas privadas y pertenecen a clubes... - Si, pero antes ni siquiera podía verse el rio, por el hecho que estaba todo lo que tiene que ver con el puerto viejo, el ferrocarril... En la medida que se fue sacando, incluso se clausuraron puertos privados, la gente por lo menos ve el rio pasando por la costanera, por los paseos que se hicieron públicos. Eso
aumenta la ganas de la gente de ir del otro lado. Porque se vuelca a la barranca y mira enfrente. Mucha gente a partir de esta visión de las islas empezó a comprarse un kayak, una piragua, a aprovechar esto... En realidad en este momento, la isla es como un lugar de extensión de la ciudad para que la gente usa un lugar tranquilo, de naturaleza, para que ocupa actividades como deportes náuticos... Hay muchos bares donde se recibe a la gente de Rosario que viene de enfrente. Se ven desde la ciudad, la gente va a tomar algo...
Entre rosario y victoria:
El tema del habitante de la isla en este momento es como que están aislados, en el sentido de que son habitantes que están en frente de Rosario, que es una ciudad muy importante, pero no pertenecen ni a la ciudad de Rosario, ni a su provincia, porque son de la provincia de Entre Ríos. Entonces todas sus reivindicaciones no están en Rosario, están hechas en la ciudad de Victoria. Y por ahí no tienen voz. Incluso yo por ejemplo, trabajo en la ciudad de Rosario, estoy haciendo algo para el turismo de la gente que viene a Rosario, pero estoy entre los dos. No puedo pedir ayuda económica a Rosario para presentar algún proyecto porque me dicen que pertenezco a otro territorio. Eso es un caso bien concreto. Así que la ciudad de Rosario sirve casi únicamente a ir a vender o a comprar, para los habitantes de las islas. Algunos isleños, para tener la posibilidad de actuar con mas comodidad, es decir por ejemplo no tener que ir hasta Victoria cada vez que tienen que ir a votar y gastar plata, asientan a sus hijos en la ciudad de Rosario. Entonces es como que son chicos de Rosario que viven en Victoria... Además, se sienten mas de Rosario por la cercanía!
Pescadores:
- Puedes hablarme de las dinámicas que generan los pescadores, a donde van a trabajar, donde viven…? - Hay dos casos. Por ejemplo, no es lo mismo lo que pasa acá en la ciudad de Rosario y lo que pasa en la ciudad de Victoria. En Rosario tenemos una zona de islas mucho mas alta que en la zona de Victoria. En Victoria el territorio es mas bajo o sea las islas se inundan mucho mas. Así que por ejemplo en Victoria Entre Ríos, generalmente el pescador vive en la costa, incursiona en la isla y vuelve. Excepto que se haga un campamento, se arma una carpa, algo por el estilo, y se queda unos días pero vuelve a la costa después. En cambio en la zona de nuestras islas, pasa eso pero también hay gente radicada de forma permanente. Hay pescadores que viven en la isla. Por ejemplo, frente a Rosario hay unas familias que se han hecho una pequeña comunidad de pescadores en la entrada de la boca de los marinos, cerca de Charigüé. Después hay una otra pequeña comunidad en la boca del saco y en diversos lugares. Pero lo que mas se ve es el pescador que vive en la costa rosarina, en la zona de villa o sea en la zona costera como en el Mangrullo o como abajo del Puente. Y esta gente incursiona con su canoa en las islas y pesca no solamente acá sino se va a pescar al norte, hasta Diamante mas arriba. En estos viajes que hacen se quedan varios días campando en la isla y después vuelven a su casa. Hay también gente que se ha dedicado a la apicultura, no mucho pero hay.
Imágenes de las islas:
La imagen que la gente de Rosario tiene de las islas, antes era peor porque no era fácil llegar y porque la gente que vivía en la isla no tenia tanto contacto con la ciudad. Yo cuando era chico me acuerdo de familias de la isla en que las personas no estaban enroladas, no tenían documentos, no sabían manejar el dinero y prácticamente no conocían a la ciudad. Uno llegaba a visitar una familia de este tipo y a lo mejor estaban desconfiando y recibían con un palo atrás.. como para decir quien viene ahí, quien viene a ver? No tenían mucho contacto con la gente... Después, la gente de Rosario que no conoce la isla se pregunta como es la gente de la isla, como vive, siempre están preocupados para llevarles cosas porque les parece que tienen necesidad… Pero a lo mejor no es tan así porque la gente de la isla tiene recursos, tiene muchos animales, entonces pueden vivir sin realmente problemas. Viven a su modo pero sin dificultades. No hay gente que sea carenciada que no tenga para comer, excepto algún caso puntual, pero sino la mayoría de la gente vive bien como isleño. Incluso, muchos de los grandes, los hijos los sacan porque son viejos, y se vienen a Rosario. Ahí la pasan remal porque no están acostumbrados y terminan volviendo o teniendo una vejez mala porque le sacaron de su lugar.
Mitos de la isla:
Hay algunos mitos en la isla. Por ejemplo yo encontraba algunos entre la gente de la isla y hay uno que habla de la mula plateada. Es una mula plateada que aparece en la zona de la isla. Este relato mítico lo escuchan enfrente de Rosario. También lo escuché en la isla frente a la ciudad Esquina, en corrientes. No me saben bien explicar lo que significa. Pero lo relaciono con una leyenda mitológica de Galicia que dice que aparece un burro a los pescadores, y es sinónimo que va a haber buena pesca. A lo mejor tiene que ver con eso. Acá los mitos que circulan en nuestra zona son mitos que vienen de Europa o mitos de los pueblos originarios. Por ejemplo el lobizón, es el hijo varón que se transforma de noche en lobo, se escucha en la isla. El mito del carpincho blanco también se escucha, creo que ya tiene que ver mas con un mito de origen
indígena. Realmente los indígenas piensan que el monte tiene como un espíritu, una deidad que cuida ese monte. El carpincho blanco es como un carpincho especial porque justamente es de color blanco, y protege a la manada, al grupo de carpinchos. El carpincho blanco es un especie de ser mitológico que aparece, y que por ahí el cazador lo ve y se siente atraído o atrapado para seguirlo. Al final el carpincho blanco termina matándolo a él porque proteja a su grupo.
RELACION ISLAS/VILLAS/CIUDAD FORMAL ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Que te parece de los intercambios y puntos en común entre la ciudad formal, las islas y la villa ?
Creo que el futbol podría ser una de la manifestaciones que junta la gente, algo que integra. También se puede decir por el tipo de música que se escucha. Hoy en día todo lo que esta vinculado a la música latinoamericana, hace ya muchos anos no se escuchaba tanta cumbia, los chicos no bailaban cumbia en la ciudad y ahora si. Hay como un especie de aceptación de la música en cualquier lugar... El Fernet con Coca, el mate también son cosas comunes y que comparten los tres.
FABRICACION DE LA CIUDAD ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Puedes hablarme de lo que te llevó a tomar la dirección de ingeniería? Cuales facetas de Rosario son materia a proyectar en tu catedra ?
Desde que nací, mi papa me llevaba a la isla casi todos los fines de semana, a las vacaciones de verano... Por el hecho que el es un pintor y que pinta la realidad de la isla. Y desde el año 50 que yo nací, él hizo un rancho en la isla, una casita y la utilizo justamente para poder ir a este lugar. Compro un lote y hizo la casita que actualmente esta. Así que yo me crie prácticamente en la isla, a jugar con los chicos de ahí, a aprender a andar a caballo, andar en canoa, a salir de cacería… bueno a todo lo que hace un isleño. Y nunca deje este vinculo por el hecho que me marco mucho. Tal vez así que desde el año 1983 al año 1988, me fui a trabajar a Misiones y lo que mas me extrañaba era eso, ir a la isla. Así que deje todo y me vine para acá. Por supuesto en ese lugar empecé a incursionar en el arte sin darme cuenta, en el trabajo artesanal, haciendo mi propios juguetes y arcos, flechas, hacha, machete, lanza, gomeras para casar pajaritos... Empecé a trabajar en barro, a modelar juegos y empecé a incursionar también en las cuestiones que están vinculadas a los pueblos originarios de la región. Mi papa en su biblioteca tenia mucha bibliografía entonces empecé a mirar, a tratar de copiar este que yo veía en los libros, con barro, con dibujos. Después crecí y cuando tuve que elegir una carrera para empezar la universidad, la tendencia mía era hacia lo artístico, es decir estudiar Bellas artes, arquitectura o algo por el estilo. Pero en esa época de los militares, estas dos carreras tendían a desaparecer. Entonces me centré mas en seguir ingeniera y me recibí ingeniero. Después elegí empezar a trabajar en la universidad de arquitectura porque me sentía muy identificado con la problemática, con lo que es en base al pensamiento de lo que es la arquitectura. Y sobre todo, encontraba el mío que era diseño estructural pero con una mirada mas arquitectónica que otra cosa. Me adapté muy bien, me gusta mucho, siempre estuve muy cómodo y todo lo que hice fue vinculado a la facultad de arquitectura. Cuando me presenté para la titularidad, hacia unos anos, dentro de la planificación mía, había un ítem que decía que llevaría a los alumnos a hacer experiencias con cuestiones estructurales en la isla, en el lugar mío. Me parecía un lugar interesante porque uno puede contar en este lugar con la madera barata de la zona, que se consigue muy fácilmente, y con esos materiales los alumnos podían hacer algunas experiencias estructurales. De todos modos estas experiencias se podían hacer no como para dejar, el objetivo es mas que todo hacerla. Son experiencias para hacer modelos para servir la problemática estructural, prototipos, experimentarlos y después desarmarlos. En la facultad a veces es mas complicado, no tiene un taller o un laboratorio grande para hacer algunas cosas que son muy fáciles de verlas en situ, en el lugar, tocando el material, mirando como funciona... Bueno eso quedo un poco en los escritos después empecé a hablar con Marcelo Barrale sobre algunas cuestiones, coincidimos y arrancamos con todo eso de empezar a funcionar en la isla haciendo un acuerdo entre el lugar mío, que funciona como una ONG y que se llama casa del aborigen, y la universidad. Este convenio todavía esta vigente. Y a partir de eso, empezó esta cuestión de trabajar en la isla, pero no solamente experimentando como modelo sino ya construyendo con los chicos de la facultad, cosa que me pareció muy interesante. Empezamos con el anfiteatro de madera, después hicimos los tanques de agua, pues una serie de plataformas y el observatorio también y ahora estamos trabajando en los que se llama la hospedería mirador.
Que reglamenta la construcción en las islas ? Como se construye en este territorio
inestable :
Los terrenos en la isla tienen limites. En lo que es Charigüé se hizo un loteo cerca de 1945 por ahí. El terreno que compro mi papa en esta época, esta escriturado, tiene medidas y no te podes salir de estas medidas. Después hay terrenos fiscales, lotes grandes de campo,... están todos mesurados con dueño... No es que no hay dueño... Los puntos fijos que sirven a definir las medidas en estés territorios, son marcados por mojones, postes, que pone el que hace las mesuras y que se dejan en la isla. En la isla lo primero que tienes que aprender y que yo trato de educar a la gente que va al centro cultural, es decir que la creciente no es un problema. Es algo que tiene que ver con el ciclo natural, que es necesario porque es el único regulador de este ecosistema. Por mas que hayan algunas islas que estén declaradas patrimonio, lo que fuera... si vos te fijas, lo que significa los humedales, el territorio es insignificante. Entonces, a no haber leyes, al no estar regulado en nada, lo único que pone orden es la misma creciente, porque si no fuera por la creciente del rio Paraná, nosotros enfrente tendríamos ya una ciudad parecida a Rosario, tendríamos plantaciones de soja por todos lados y ganados por todos lados. No habrían mas animales autóctonos, el territorio estaría totalmente destruido y no tendríamos lo que tenemos ahora, que es este reservorio tan importante que deberíamos proteger mas. Entonces lo primero que hay que aprender es eso. Y secundo, al entender eso, ya viene casi por añadidura, que si tengo que hacer un muelle para desembarcar, no voy a hacer un muelle gigantesco o que no tenga que ver con el entorno y el lugar. Siempre hay que tratar de intervenir incluso desde lo que hay en el lugar. El centro cultural es una serie de construcciones que esta hechas con materiales como mas o menos los usan los isleños, maderas... Pero hay que tratar de no transformar este territorio en un territorio que no es... Lo que es es eso y lo que debería seguir siendo es eso, un territorio natural. Nada impide a la gente construir estas casas de hormigón, la gente en la isla puede hacer exactamente cualquier cosa... La madera de la isla prácticamente no sirve para construir, excepto para hacer como hicimos nosotros en el centro cultural. Tiene una planta baja hecha con palos de postes de teléfono que aguantan bastante el agua, hay algunos palos de madera dura y la parte de la planta baja hay una parte de mampostería que es la parte que mas tiene que resistir al agua, pero la planta alta esta hecha con barras de sauces embarradas. Estas barras se colocan una abajo de la otra y después se embarran con barro y pasto seco de cada lados, después se pinta por fuera. Eso seria el rancho típico de los isleños. Así que una parte de los materiales vienen directamente del lugar y otra parte se puede encontrar pero viene de otro lugar.
Abordamos el tema de los actores de la fabricación de la ciudad de Rosario… El estado, la provincia, la municipalidad:
En nuestro país, las villas son una cuestión ya medio como asumida, cultural y bastante compleja por el hecho que tenemos fluidos de gente del interior permanentemente a la ciudad. Se radican en terrenos de zona de villa y de pronto vos ves como van acercándose a la zona de paso de los vehículos de la circunvalación por ejemplo, y de ves en cuando la municipalidad tiene que intervenir para evitar eso. Pero es en muchos casos inevitable y siguen ocupando espacios que son difíciles. Acá lo importante seria generar una buena política en distintos lugares del interior de las provincias para que la gente no se vaya a las grandes ciudades. Porque sino es bastante problemático... Creo que la política tiene que intervenir en la construcción de la ciudad, sino es una política mas pensando en cuestiones económicas y de aprovechamiento del espacio de un punto de vista inmobiliario. En vez de pensar en que la ciudad sea un espacio agradable, utilizable por todos con espacios públicos adecuados, zonas parquizadas donde se pueda vivir cómodo... Hay muchos ejemplos de eso acá en Rosario. Uno fue todo lo del aprovechamiento costero. Son espacios públicos interesantes, no solamente porque fueron inversiones que hicieron varios gobiernos, sino que fueron espacios que se recuperaron y que son muy interesantes para la gente desde el punto de vista de estar en un lugar agradable, pasar un momento interesante, desconectarse un poco de lo cotidiano yendo a este lugar. Y eso no se hubiera hecho con una política si no era del Estado. Si el Estado no interviene en estos casos, en eso terrenos hubieran sido edificios de todo tipo, proyectos inmobiliarios que no hubieran dado esta posibilidad. Es fundamental el Estado en eso.
Lo académico:
Me marco mucho la influencia de las islas, por estar vinculado a las islas desde chico, en todo lo que hago, y en la parte artística es fundamental. Por otro lado, tuve la suerte de poder vincular esta cuestión que yo traigo de chico, del arte y la cultura del territorio y toda su historia, con la facultad. Para mi fue una cosa buenísima. No solamente la facultad de arquitectura sino también la facultad de ingeniera. Porque en ingeniera estoy también trabajando en una catedra vinculada en el diseño arquitectónico, y llevamos a los chicos de ingeniera a la isla a que conozcan el lugar y incluso que hagan algún tipo de proyecto teórico en este territorio. Entonces yo siempre digo, uno puede tomar conciencia del territorio o querer este territorio pero si no lo conoce es difícil. Tengo el ejemplo de un amigo que a la medida que mas lo conozco, mas lo quiero. Entonces si quiero tratar de mentalizar a la gente para proteger el territorio, para verlo, para mostrar que ese territorio esta enfrente de nosotros, que en este lugar hay cultura, que hay cosas interesantes para ver y preservar, la mejor manera es que la gente lo conozca. Entonces hay que cruzar en frente y conocer este territorio, pisarlo, empezar a verlo. También la facultad me ha posibilitado ese objetivo.
El centro cultural tiene como objetivo promover y difundir la cultura del lugar, la preservación, etcétera. Entonces otra vez en la facultad encontré otro mecanismo porque se forma mucho profesionales... Y los profesionales que se forman acá y que conocen eso es muy probable que el día de mañana cuando tengan que intervenir en la ciudad de Rosario, lo hagan con una visión totalmente distinta. Porque realmente el que no conoce las islas, hace una intervención mirando de la mitad del rio para acá. En cambio, el que conoce este territorio, hace una intervención mirando mas allá del medio del rio, donde hay cultura, hay gente con necesidades, que son de otra ciudad pero que son vinculadas a la nuestra.
El narcotráfico y la inseguridad:
- Rosario es conocida a lo menos al nivel del país por la corrupción y el peligro... - Eso sucedió en estos últimos anos, porque antes frente a situaciones económicas bastante malas uno podía decir que nuestra ciudad es tranquila. Era algo que podíamos decir con orgullo, en nuestra ciudad podes andar de noche, sin problema,... cosa que ahora no pasa. En las islas no se siente este peligro. En la zona que estamos nosotros es tranquilo, a pesar que por ahí hay robos. En la época que hubo una situación económica realmente mala en Rosario, la isla siempre fue un lugar que la gente aprovecho para tener una canoa y matar animales para llevárselo, de manera un poco clandestina... Pero se puede dejar las cosas sin preocuparse por los robos, no hay los problemas que existen en la ciudad de Rosario.
Los habitantes, la participación…:
teritorializacion por los pescadores: En la isla el problema lo mas notable es que hay terrenos que son erosionados eternamente, hay lugares que van desapareciendo de a poquito y otros donde la isla se forma de a poquito y en 20 ano existe una isla nueva! Entonces, hay el ejemplo de una familia que estaba en un territorio determinado que se les conformo una isla, en seguido se la apropiaron. Pero de pronto esa isla puede tener conexión con otro territorio, con otro lugar, otra persona y entonces empiezan los litigios entre personas. Generalmente estés lugares son bastantes conflictivos y a veces el Estado pone la solución diciendo esto es fiscal y punto, es para nadie. Y en general hay gente que pide este territorio, hace los tramites, va a Victoria, y hacen una pequeña construcción. Y ahí empiezan los problemas con la gente de la isla. Enseguida los isleños les sacan del lugar porque les molestan mientras que tienen un derecho que les otorgo el Estado por un año, no se les dio, es un alquiler de terreno. Cuando los terrenos fiscales son mas grandes como en el medio de la isla, ahí vos pagas por este lugar y te dedicas al negocio de ganadería. Eso no hay que hacerlo si el gobierno de Entre Ríos no toma conciencia del lugar. Porque es recibir algo de dinero pero deteriorando el territorio... Para empezar, en este momento, como esta el rio, nadie va a pensar a arrendar un lugar porque es todo agua. Pero si el rio empieza a bajar y por ahí conviene a algunas personas que tienen dinero, arrendan territorios fiscales para colocar ganado en la zona de la isla.
La autoconstrucción:
Como ya dijimos, hoy las viviendas les salen muy caras a la gente porque la política favorece a las empresas constructivas. Creo que en todo el mundo pasa eso, por no tener una política mas directa de ayuda a las personas, de tratar que autoconstruyan, de que construyan su propia casa, de generar algún prototipo. Por ejemplo para hacer una cubierta que haya un encofrado tipo-modelo para un barrio que todos lo hagan y lo puedan manejar y lo puedan utilizar y construyan su propia casa no con un precio tan elevado como el que hoy en día se puede ver... - En Rosario, resulta la autonomía en la construcción de una voluntad del Estado ? O de un derecho que toman los habitantes sobre la legislación existente ? - Yo creo que son dos cosas. Creo que habrá grupo de vecinos que se conforman, que hacen su cooperativa, que gestionan o se auto-convocan o hacen algo. O por ahí, el estado apoya. Por ejemplo en la universidad hubo un proyecto interesante que se hizo a través de la facultad de ingeniera, la de arquitectura y la tecnológica, que es de construir «unidades sanitarias prefabricada». Ahora esta un poco cortado pero surgió hace unos 10-15 años. Este grupo de personas empezó a estudiar un prototipo de encofrado para construir un baño. Y esta unidad es un cubo de hormigón con interiormente el baño terminado, que te da posibilidades porque al costado hay para conectar una cocina y al lado atrás para colocar un lavadero. Eso se construye durante mucho tiempo acá en la universidad con capitales de la Nación, del Estado, y se provecho de estos baños a muchos barrios, y que o eran hechos a través de la municipalidad o de estos grupos que yo te digo que se organizan para solicitar estos tipos de baño y llevarlo al lugar. Esta bueno porque en definitiva en un terreno totalmente pelado, la persona, con hacer la plataforma y las instalaciones para el baño, ya recibe el baño y este baño se transforma en un especie de lugar para empezar a desarrollar una casa que cada uno hace como quiere, a partir de este modulo sanitario. Pero no se utilizo en la isla, porque es difícil trasladarlo. Este sistema funciona hasta 80km en el radio de la ciudad de Rosario, en lugares donde se puede trasladar pero son muy pesados. Sin embargo, es frecuente que la gente, entre vecinos se ayuda a construir su casa... La mayor parte de las construcciones de las islas son resultadas de la autoconstrucción. La gente de la zona Paraná Viejo pide a arquitectos de construir su casa. Hasta que hay una casa hecha hace muy poco que tiene un estilo
parecido a una de Mies Van der Rohe... Mucha gente ha hecho cabañas pero ha pagado para que se la haga una empresa... Hay un ingeniero que trabaja en mi catedra, que construyo una cabaña con troncos de madera traídos especialmente del sur para hacerla en el Paraná Viejo. Pero con la dificultad que tiene de traer algo de afuera a la zona de la isla… porque la madera esta toda apolillada, la están atacando los bichos de la zona de la isla que no hay en Bariloche. Ahora tienen que estar protegiendo las maderas con veneno permanentemente. Fue un fracaso traer a la isla algo desde otro lugar y pensar que iba a funcionar. Cambia de contexto, de temperatura, de porcentaje de humedad etcétera... En su lugar este tipo de madera funciona perfectamente, pero acá no.
Los movimientos sociales, las cooperativas…:
Existen cooperativas de pescadores, que siempre trabajan en defensa, salen a protestar y en general cortan el puente Rosario-Victoria para que escuchan sus reclamas. Los piquetes de pescadores son muy frecuentes acá, en el puente. Generalmente los pescadores que están en estos grupos son los que viven en Rosario. Los que están en la isla tienen otra mentalidad, mas individualista, trabajan no mas que en comunidades, con la familia, resolviendo sus problemas peleando o defiendo sus lugares de pesca. Cada uno no puede ir a pescar en cualquier lado. Hay lugares definidos y mas o menos estables por cada pescador o por un grupo de pescadores. En muchos casos se van para agua arriba, rio arriba pero también, tienen que respectar lugares de otros pescadores.
PARA TERMINAR ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Cuales son tu maestros a pensar en tu enseñanza de la arquitectura ?
Dos arquitectos que me interesan mucho son Simón Vélez que trabaja con canas, y Peter Rich y también Eladio Diest que es ingeniero-arquitecto. Porque yo creo que en la arquitectura tanto como la ingeniera, hace muchos años casi nadie se preocupaban de tratar de trabajar con el contorno, el contexto, todas estas cosas. Algunos si, lo hacían pero no mas allá de un poquitito por el hecho de que nadie pensaba en su proyecto de tener en cuenta el medio ambiente, las cuestiones socio-culturales, políticas, económicas, la gente,... Me encontré una vez con una clase de ingeniero en una universidad española que hablaba de lo que esta pasando con la humanidad hoy. Los desequilibrios que hay en cuanto a la riqueza, los desechos del mundo, que los países que mas tienen son los que mas desechan y al contrario, la problemática de la distribución de la riqueza, es decir lo que se esta hoy en día hablando en los países mas importantes del mundo. Y otra cosa, los desastres que estamos haciendo a los niveles ecológicos. Entonces esto antes no pasaba, esto no era un problema de la arquitectura. Y hoy en día yo creo que es fundamental tener en cuenta eso en los problemas de la arquitectura y de la ingeniería. Estos arquitectos que te nombre están trabajando en eso. Peter Rich esta haciendo arquitectura en un país donde no hay plata, en Sud África. Trabaja con la cultura de los pueblos originarios de ese lugar mas con técnicas constructivas catalanes,... Pero hace proyectos que tienen mucho impacto con la sociedad. Porque? Vos para hacer arquitectura los puedes hacer para la gente rica, pero también puedes hacer arquitectura para los otros y ganando plata. Porque Peter Rich, cobra sus honorarios! El plantea proyectos que lo subvencionan fundaciones o instituciones y lo pagan a él como profesional, el proyecto se hace, beneficia a la gente del lugar porque incluso hacen lugares de interpretación como centro cultural y la gente que trabaja con él aprende a trabajar y queda en este lugar explicándole a los turistas que vienen... Es una arquitectura social muy interesante. Los proyectos de Peter Rich les benefician a él y a las personas que trabajan con él, que son personas con poco recurso, y beneficia al lugar porque le otorga un valor turístico mucho mas interesante y la gente viene a este lugar en búsqueda de su interés cultural. Simón Vélez hace algo un poco parecido. El trabaja en Colombia pero hace proyectos por todos lados. Trabaja en la selva pero no utilizando los materiales que hay que mas proteger que son las maderas duras. Utiliza la cana guadua -bambú- que es originaria de este lugar. Al comprar esta cana esta beneficiando a la gente dl lugar. No deteriora al monte, porque no utiliza la madera dura y construye. Y al hacer eso el hace dos cosas. Esta explicando a la gente que puede hacer su casa con cana guadua, no hace falta que utiliza otra material y pueden vivir dignamente, con construcciones de buen nivel, utilizando esta material. Es lo mismo que si en Rosario, alguno se dedicara a trabajar con adobe o barro... La villa podría cambiar de estética! No seria mas de lata o madera, como hace su casa la gente en las villas! Podrían ser lugares mucho mas interesantes de un punto de vista arquitectónico pero se hace falta arquitectos que se comprometan con eso... Eladio Diest fue un ingeniero que mejoro también la economía de su lugar. Trabajo del punto de vista cultural, socio-político del lugar y social, beneficiando a todos los del lugar haciendo estructuras resistente por la forma. Pero en vez de trabajarlas con hormigón, las trabajo con ladrillo armado. Y con estos ladrillos con hierro logro estructuras resistentes por la forma que en otros lugares se hacían de hormigón armado.
Las hacia con la gente del lugar, con muy buena calidad, haciendo obras hermosas y con una técnica muy moderna. Pero tratando de utilizar la economía regional que es la fabricación de ladrillos. Entonces con su obra beneficio un montón de gente del lugar y les enseno a trabajar en ladrillo armado. Estos tres están a dentro de lo que se llama el paradigma critico interpretativo, interpretan el lugar.
Roberto Kawano
Profesor en urbanismo en la FAPyD-UNR; docente investigador en la UNR; Doctor en urbanismo por la universidad de Valladolid (España).
ROSARIO ////////////////////////////////////////////////////////// Como calificarías Rosario en algunas palabras ?
Te daré tres palabras claves. Una muy disciplinar, que seria CIUDAD INTERMEDIA. Otra, a otra escala, seria CIUDAD PUERTO y CIUDAD DE LLANURA. Y si daré una cuarta mas seria CIUDAD RECIENTE, de reciente formación. Rosario no es una ciudad colonial, mientras que casi todas las grandes ciudades en América Latina fueron fondadas en la secunda mitad del siglo 16. Esta es de mitad de siglo 19... Ya Argentina se había independizado, y no tiene fecha de fundación. Por eso yo digo que siempre existió Rosario. Porque llegaron los españoles y ya estaba. Lo que se considera fecha de fundación es como un decreto del gobierno nacional quien reconoce a la villa de Rosario como ciudad. Pero se fue juntando gente por el puerto natural y porque era un cruce de caminos de escala territorial. No hay una fundación formal.
RELACION ISLAS/VILLAS/CIUDAD FORMAL ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Que piensas de la relación entre ciudad formal/islas/villa ? Que te parece de sus puntos comunes y sus diferencias en términos de habitar, de practicar, en sus morfologías,… Rosario y el rio:
Yo creo que lo mas importante seria hablar también de la relación de toda la ciudad. De la ciudad consolidada y también de los asentamientos marginales. Pero de toda la ciudad y la relación que tiene con la isla, con el rio. Las relaciones no son todo lo estrecha que deberían o que podrían ser, creo. No están tan formalizadas. Sea para explotación recreativa o como para explotación productiva, hay mucha informalidad en las relaciones de los rosarinos con la isla. En eso hay un aspecto común con los asentamientos marginales que no son legales. -Una falta de reglamentación en como la gente va a usar la isla...? -Claro! Al no ser parte de la ciudad, realmente las islas son parte de la provincia de Entre Ríos, tampoco han estado tan contempladas en la actividad urbanística, en los planes que se han hecho desde la municipalidad. Es entendible también porque Rosario no tiene jurisdicción como para tomar demasiado decisiones. Después creo que la relación de Rosario con el rio y las islas ha ido mutando con el tiempo. No se puede entender Rosario sin su relación con el rio, pero hasta la década de los 80, la relación que tenia la ciudad con el rio era como infraestructura productiva. En el Norte de la ciudad estaba la Florida que era un balneario y había clubes que tenían su playa. Por supuesto había gente que era fanática del rio, que era socia de los clubes del rio y que cruzaba a las islas, pero la relación era mas bien utilitaria.
Puerto:
En todo el mundo hay cambios tecnológicos y cambios en la manera de organizar la actividad productiva en las ciudades portuarias. En Rosario, lo que ocurrió es que se concentro la actividad portuaria en el sur, cuando el puerto original estaba en el centro. Uno cruzaba el monumento a la bandera y estaba el puerto ahí. Pero la actividad tenia que hacerse mas especializada, mas cerrada, no puede entrar cualquiera, tiene otros requerimientos técnicos, era cada vez mas complicado entrar al centro con camiones,... Así lo pusieron en el sur. Quedo un montón de tierras libres con infraestructuras que no se utilizaban mas pero que no eran de la ciudad, eran del estado nacional. Entonces a medida que se fueron liberando áreas portuarias y ferroviarias, la municipalidad de Rosario, con mucha inteligencia -hablo de la década de los ochenta y noventa- lo que hizo fue declarar todas estas áreas de interés urbanístico, aunque no era el propietario pero estaban en la ciudad de Rosario. Con eso lo que logro es que si el gobierno nacional quería hacer algo ahí tenia que coordinar con la municipalidad. El gobierno nacional cedió algunas tierras lo que permitió toda la creación de espacios públicos en el centro y que va creciendo hacia el norte. Eso se libero y la municipalidad negocio. El puerto es del estado y esta concesionado y cerrado.
Rosario y las islas:
Las principales vinculaciones de Rosario con la isla son bastante informales. Y obviamente, la vinculación que se mantiene con las islas y con el rio por parte de los habitantes de los asentamientos marginales, está adentro de esta desinformalidad. No todas las villas tienen contacto con las islas. La mayoría esta alejada del rio. Incluso en una villa como el Mangrullo, la mayoría de la gente que vive ahí no vive de la pesca. Trabaja en la industria alrededor, algunos están albañiles, están en la construcción y algunos son pescadores pero no son la mayoría. Por otro lado, hay una relación directa con el rio porque tienen siempre inundaciones, y ya el paisaje no mas, el contacto con el paisaje es una relación con el rio. También creo que el habitante de un asentamiento marginal -puede ser polémico lo que voy a decir-, independiente de si va a la orilla del rio o si esta en el interior de la ciudad pero cerca del rio se potencia esto, tiene una relación con la tierra mucho mas estrecha que la que tenemos los habitantes de la ciudad legal. Por una cuestión cultural, de formación personal y de modo de vida estamos mas desarraigados. De alguna manera tenemos mas posibilidades de irnos a vivir a ciudades totalmente distintas y adaptarnos, que la que puede tener una persona que vive en la villa. Porque esta persona esta en contacto con la tierra, tiene una gallina, unos chanchos y vive cerca del rio y vive el riesgo de inundaciones de manera permanente, y el riesgo de frio, y de calor, entonces obviamente tienen una ligación con la tierra, con el sitio mucho mas fuerte que la que tenemos nosotros. Entonces creo que ellos desarrollan un vinculo con su entorno y si es el rio se potencia mas porque que impone condiciones mucho mas fuerte que a los que viven en la llanura en medio de Funes. La incidencia que tiene la llanura es importante pero es mas sutil. Hay que mirarla de otra manera que obviamente eso marca una diferencia importante.
Privatisacion o no y fragmentacion de la ciudad:
Tampoco, no sé si decir que Rosario se esta privatizando, creo que están ocurriendo dos cosas. Hablamos en un sentido amplio de la palabra privatización, no simplemente decir el dueño es un privado... El rio y lo que ocurre con la costa es un claro ejemplo. Hay procesos de urbanización que se manejan con la lógica de un enclave, ya puede ser un asentamiento marginal o Puerto Norte. En muchos sectores de Puerto Norte uno no puede acceder. Pero también es verdad que la ciudad gano mucho espacio publico estos últimos anos. En todo lo que es la costa central de Rosario, cerca del monumento donde esta la estación La Fluvial, antes uno podía llegar hasta el rio porque llegaba a la estación fluvial. Después había un alambrado donde uno podía cruzar pero era un lugar que no funcionaba como espacio publico. Pero un poco mas al norte, a la altura de calle España, de Presidente Roca... este era un paredón blanco! Cuando estudiaba a la facultad, vivía ahí y veía el paredón y veía algunas grúas que estaban del otro lado… Es mas! Tengo hasta nostalgia de este paisaje, porque era feo pero era lindo. Esa idea de “me imagino lo que esta del otro lado, no lo veo pero lo intuyo” tenia su encanto. Y era bastante distinto, no había una avenida, había una calle angosta Wilrey, que era una calle común... Por eso digo que hay un proceso de privatización pero también digo que la ciudad ha ganado mucho. Si buscas bibliografía sobre modelos urbanísticos y modelizaciones, vas a encontrar que hay bastante geografía. Borsdorf y Janoschka son geógrafos alemanes que trabajan mucho sobre las ciudades latinoamericanas y proponen una modelización de estas. En unas modelizaciones analizan casos de las ciudades americalatinas y dicen este es la estructura teórica de una ciudad latinoamericana grande. De grandes ciudades, no de pequeñas ciudades. Y dicen, esto sirve como un patrón para explicar cuales son las lógicas de construcción de la estructura urbana de las grandes ciudades de Americalatina. Y hay textos de Borsdorf en los que él va modelizando distintos periodos. Dice que hay una esquemita de como era la ciudad colonial, la ciudad industrializada o pre industrializada,… hasta llegar a la ciudad actual. La ciudad actual, básicamente la describe como un sistema de insularidades. Ínsula viene de islas, enclaves. Y la lógica de crecimiento de la ciudad tiene que ver con crear pequeñas islas. Puede ser islas de pobreza y de marginalidad como los asentamientos marginales, o barrios cerrados, shoppings centers... Digamos que ese es la lógica de construcción de las grandes ciudades. Son enclaves que no tienen relación uno con el otro, o tienen relación pero no con el espacio publico, hay que llegar en auto, uno no entra tan fácilmente y tampoco sale tan fácilmente... En Rosario eso suceda, pero hay que verlo en escala metropolitana, no en la escala de la ciudad porque la mayoría de los barrios privados están en las localidades de la área metropolitana. En la ciudad hay pocos barrios privados, de hecho acá no se puede, esta prohibido por un decreto en el limite de la municipalidad. La circunvalación esta adentro de la ciudad, la ciudad sigue después. Ahora, por supuesto que hay un barrio cerrado que esta en el oeste, donde esta el estadio de hockey donde se hicieron los mundiales. Se permitió no por una negociación, no por corrupción sino que hubo un convenio Y después hay procesos que no son exactamente lo de un barrio privado pero que funcionan como tal. Puerto Norte, si uno va y encuentra lo que se llama los condominios del alto enfrente del shopping, deben ser 6 hectáreas cerradas. Para mi es una locura! También tiene mucha menos extensión de lo que tiene un barrio privado en Funes, pero no importa, son 6 manzanas en las que uno no puede entrar! Y las villas tienen otra lógica, también son enclaves a dentro de la ciudad. Ahí es donde se revela el problema estructural de la ciudad, problema estructural que tiene que ver con la pobreza. La realidad es que el problema de todos los países americano latinos, que es la pobreza, ahora en este momento ha llegado a un problema estructural. Y no es un problema conjetural que podría tener una solución en el corto plazo.
Es estructural en el sentido que permanece en el tiempo y ya cuando una habla de estructura habla de lo que queda en el tiempo y no se puede modificar con tanta facilidad. Ahora si creo que hay un problema que en realidad su origen no es urbanístico.
Identidad de rosario:
(O Rosario comparada a las otras ciudades de Argentina.) Rosario es una ciudad particular pero creo que hay ciudades, latinoamericanas o argentinas que son mas particulares que Rosario. Cuando los periodistas del lugar le preguntaban al humorista rosarino Fontanarossa como describía Rosario, el decía «Es una Buenos Aires chiquitita». La ciudad de Córdoba además culturalmente, es muy distinta a BA. Rosario obviamente que es distinta a BA porque BA es un monstro y pasan cosas mucho mas interesantes, pero las personalidades y la forma de ser de la gente es muy parecida. Lo dicen también los porteños, hablamos muy parecido, nos comemos las «s»... Lo que tiene Rosario es una cuestión de escala y todavía se puede manejar en transportes públicos, mas allá de las deficiencias que tienen, mientras que en Buenos Aires se hace muy engorroso, es muy grande, hay mucho mas gente... Rosario tiene una escala manejable. Es muy difícil tener una visión integral de BA. Rosario es mas fácil en este aspecto. Yo soy rosarino y no creo que sea una ciudad que tenga una identidad muy marcada... Primero yo no me doy mucha cuenta porque soy de acá y tampoco es algo que me preocupe, yo creo que hay que hacer. Hay que hacer y no preocuparse mucho por la identidad y por lo que uno es. Uno tiene que hacer y es lo que hace. Hagamos cosas y no nos preocupemos si estamos adentro de la tradición rosarina o si la estamos cambiando. Que problema? Hagamos, listo! No hay que preocuparse demasiado por eso. No soy un preservasionista en este aspecto. Siempre estaré preservasioniste en lo que se refiera a preservar el medio ambiente. Hay que preguntarse cuando uno se preocupa tanto por las identidades... Vamos a respectar la identidad de este grupo socio-cultural, este grupo étnico, este grupo religioso... Al principio esta muy bien pero hay que preguntarse siempre cuando uno va a hacer eso. Es decir, cuando yo me preocupo por respetarle ciertas tradiciones y ciertas costumbres a un grupo social, estoy favoreciendo a los miembros mas débiles de esas comunidad ? O estoy favoreciendo a los que son los lideres des esas comunidades? O sea, si yo digo que voy a respectar totalmente lo que es la tradición islámica con respecto a lo trato de la mujer, voy a respectárselo porque es una tradición de ellos. Ahí voy a preguntar: cuando yo se la respecto, estoy favoreciendo a las mujeres de esta comunidad o estoy favoreciendo a los tres Emires que la dictan? Entonces, el tema de la identidad es difícil porque es un tema importante, pero yo creo que es como una arma de doble filo. Es como manejar nitroglicerina. Puede servir para hacer explotar un sector de la ciudad pero también sirve para hacer medicación para el corazón. Es necesario manejarla pero si la saco mucho también es peligrosa. Entonces la preocupación por la preservación y el cuidado de la identidad en una sociedad, una ciudad o un grupo social es algo necesario pero se puede usar para el bien y también para el mal. Es arma peligrosa, es materia inflamable. Por eso prefiero decir hagamos cosas! Acá si vos hablas con gente muy metida en política vas a encontrar que hay un discurso muy fuerte de la idea de resistir, de la resistencia como algo bueno. No sé si esta bien o malo. Argentina es un país arrastrado. De los trenes por ejemplo, lo que tenemos es lo que quedo en muy mal estado de cuando argentina tenia una estructura ferroviaria fuerte que hicieron franceses e ingleses. Pero cuando pasaron la mano al gobierno argentino, no invirtió nada, lo que hizo fue manejar lo que quedo. Por eso son viejas, obsoletas y en mal estado. También, el sistema educativo que nosotros tenemos, de escuela publica, en su momento fue ejemplar al nivel mundial, no al nivel latinoamericano sino mundial! Es la escuela que se curso al final del siglo XIX, que era el modelo Sarmientino, que decía que la enseñanza tiene que ser publica, gratuita, obligatoria y laica. Y así lo hicieron. Y eso marco una diferencia terrible con respecto a lo que era el resto de los países americalatinos donde la escuela estaba a mano de la Iglesia. Ahora lo que tenemos de este sistema es lo que nos quedo. Lo destruimos a este sistema, estamos trabajando en las ruinas. Así que esta bien preocuparse por la resistencia, pero tenemos que construir, que hacer cosas. Lo que tenemos es la herencia de lo que hicieron otros tipos. No nos preocupamos tanto por preservar lo que tenemos si es lo que hicieron nuestros tatarabuelos y nosotros ni lo hicimos crecer.
Ciudad de dia y ciudad de noche / inseguridad:
El centro de la ciudad a la noche se muere porque es principalmente comercial. Si bien en el centro de Rosario hay mucha vivienda, el núcleo comercial: las calles Santa Fe, Córdoba,... a la noche está muerto. También tiene que ver con que Rosario no es Buenos Aires tampoco, hay mucho mas gente, es mas turística,... vive de día y de noche. En Rosario hay vida nocturna pero esta mas escondida y reducida. En la villa, la gente usa la calle a la noche. Tiene que ver con la extensión de la ciudad. En la ciudad medieval, como una villa, las cosas están mas cercas. El centro de Rosario no es grande pero tampoco puedo ir de un bar al otro a la noche caminando, como del monumento hasta Pellegrini. Puedo pero no es muy practico. Además, el poco uso de espacios públicos tiene que ver con eso que son ciudades muy extendidas y de muy baja densidad, no hay gente amontonada... En un hectárea Rosario tiene mas o menos 42 viviendas... es muy baja. La ciudad tiene que extenderse, la geografía lo permite al infinito. La ciudad de llanura suele ser así en americalatina... Entonces son ciudades donde es difícil desarrollar una vida, una vitalidad intensa en el espacio publico, salvo en los horarios comerciales...
- y densificar la ciudad? - Pasa que ya es un poco tarde. Porque por ejemplo el centro de Rosario ya esta consolidado. Hay movidades de terreno pero habría que demoler, demoler, demoler... Y tampoco podes hyperdensificar porque si bien la densidad baja es mala, la densidad muy alta también! Hay que buscar un equilibrio. Además, densificar el centro implicaría mayores problemas de movilidad… Rosario no tiene un plan malo de movilidad, lo que pasa es que lo ha implementado en un 5%, nada mas... Creo que la solución para que se use mas el espacio publico en Rosario pasa por fijarse en las densidades, por fijarse cuales son las actividades que han tejido en las plantas bajas... De estimular que en las plantas bajas no hallan tanta viviendas sino mas bien centros comerciales... Y pasa también por un buen plan de movilidad, que empiece a reducir mas el uso de los automóviles y permite que el peatón y el ciclista usan mas la calle y de manera mas segura. La gente usa mucho algunas bicisendas. Boulevard Oroño hacia el sur tiene un cantere central importante porque se usaba mucho la bicicleta por los obreros para ir a trabajar. Pero cuando uno lo recorría, se usaba mucho la calzada y no la bicisenda! Pero para que te construimos una bicisenda si vos seguís usando la calzada? Yo creo que esta bien lo que hicieron con las bicis publicas. Ahora las están usando mucho, todavía están en un periodo de prueba. Yo creo que se necesitaba eso, algo para revitalizar el espacio publico, es fundamental. Una política de movilidad que desaliente el uso del automóvil particular. Creo que ahí se pueden empezar a generar cosas para trabajar en serio el problema de la inseguridad. El tejido urbano de Rosario es muy heterogéneo, no es el tejido de Paris... Porque tenemos un edificio en altura, tenemos un terreno baldío con un estacionamiento, tenemos una vivienda... es un caos a la vertical. Eso tiene una explicación en la capacidad de inversión que tiene la ciudad de Rosario. Hay que imaginárselo de esta manera. En la primera mitad del siglo 20, el centro plano ya estaba consolidado pero la mayoría de los edificios de grande altura no existía. Había una normativa que permitía construir a 10 o 12 pisos de altura digamos. Cuando yo permite construir asi, estoy aumentando mucho el valor del suelo, y hay un muy bueno negocio porque en un terrenito de 8 metros de frente por 30 de fondo te puedes construir un edificio de planta baja y 10 pisos. Es un gran negocio, y aun así no se hacia. Porque no se hacia ? Porque no hay capacidad de inversión. Entonces el resultado es ese: tienes un tipo que construye un edificio, otro un terreno que tiene baldío pero no pasa nada, el otro tiene un estacionamiento, otro una vivienda vieja que esta en estado de ruina y que nadie quiere demolerla para construir un edificio, otro una vivienda en buen estado ... Si Rosario estaba una ciudad que tiene una grande capacidad de inversión seria invivible, seria inhabitable. Porque todos hubieron tenido dinero para invertir, por suerte no hubo tanto dinero porque seria un desastre. El barrio de Rosario es de casas bajas, unifamiliares... Pero eso cambio mucho. Cuando yo era chico, vivía en un barrio cerca del centro, y los fines de semana a la tarde, tranquilamente los chicos podíamos salir a jugar a la pelota en la calzada, tampoco habían autos que pasaban. Jugábamos mas en la calle, cada vez son menos los chicos que juegan en la vereda.
Que te parece de los intercambios y dinámicas que existen entre la ciudad formal/islas/villa ?
Yo digo que la relación de Rosario con el rio se empieza a cambiar a medida que se empieza a ganar espacio publico. Y se crece esta idea que estamos recuperando el rio. Mas bien visualmente porque el contacto esta muy difícil por la topografía. En la Florida los clubes privados están en infracción con la constitución nacional, lo que ocurre mucho en Argentina... porque hay una ley que se llama “ley de camino de sirga” del siglo 19, que establecía que desde el margen del rio creo que eran 100 metros, no me acuerdo, que tenían que ser liberados, siempre en acceso publico y no se podía construir nada. Porque en el siglo 19 era por cuestión tecnológica, muchas veces era necesario remolcar los grandes barcos con sogas desde la costa. (34min19) Ahora, aun estando esta ley acá en rosario como en muchas otras ciudades, se dieron concesiones a clubes para que pueden explotar la costa, así cerraron una porción de playa. El año pasado o el ante pasado, con el gobierno anterior, hubo una reforma de la ley de sirga. Se redujo la distancia a 30 metros y además se le permite al propietario de construir, si la tierra es privada, pero tiene que ser algo que se puede sacar. Y ya no dice mas que tiene que ser de acceso libre, pero no tiene que dejar de ser técnico por si hay un problema con los barcos y tienen que acercarse de la costa. En su tesis, Cecilia Inés Galimberti (La reinvención del rio. Procesos de transformación en la ribera de la Region Metropolitana de Rosario, Argentina. 2015) habla del uso que se hace de la isla por parte de los habitantes de Rosario. Ella plantea el tema de la necesidad de incluir las islas como una de las hipótesis de su tesis. Había otras cuestiones pero para mi era la mas fuerte y la mas interesante. Ella justifica esta necesidad de integrar las islas a los lineamientos de desarrollos territoriales de Rosario, a partir de las actividades puntuales y de que hay gente que trabaja ahí. Lo que les criticaban algunos de los otros miembros del jurado, y creo que tenían razón, era que ellos veían que esas actividades que se dan desde Rosario hacia la isla, no son todavía cuantitativamente tan significativas como para justificar la inclusión de las islas adentro de lo que es el desarrollo de la Área Metropolitana de Rosario. De hecho, la conexión Rosario-Victoria ha impactado a Victoria en los primeros anos de construcción, pero ahora no, mientras que algunos especulaban que
Victoria iba a ser casi a un barrio de Rosario... No paso nada de eso. No hay tanta vinculación. Entonces, si yo quiero decir que los rosarinos tenemos que relacionarnos mas con la isla y tenemos que considerarla adentro de nuestra área de trabajo como urbanista, y me justifico por las actividades que ya son en la isla, puedo tener un argumento un poco débil. Porque cuantitativamente no son tan significativas. Ahora si yo a eso le agrego el análisis de la topografía, del clima, de la hidrografía, ya tengo un argumento muy fuerte. Mirar las actividades pero también mirar cuestiones que van mas allá: el ecosistema. Por eso a mi me parece importante incluir una mirada también de biólogos, de geógrafos para poder realmente justificar esa necesidad de incluir todo lo que es el frente fluvial de manera mas fuerte. Tenemos que trabajar en equipos mas pluridisciplinarios.
FABRICACION DE LA CIUDAD ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Teniendo en cuenta tus distintas funciones en la educación en la facultad y la fabricación de la ciudad, puedes hablarme de lo que te llevó a tomar la dirección del urbanismo ? De qué forma ejerces tu profesión ahora ?
En 1987 ingreso a la FAPyD y en 1994 me recibo de urbanista. Casi nadie entra a la facultad para dedicarse al urbanismo. No había un interés especifico en la arquitectura que me interesaba sino mas bien cuestiones artísticas. Yo era y sigo siendo músico entonces dije: Que carrera, mas o menos, puede conciliar el arte, la creatividad... porque dibujaba, ahora ya casi no dibujo mas pero bueno... Y una carrera que puede dar lugar para la creatividad puede ser la arquitectura... Por supuesto esa es la teoría, la practica como arte...no. Hay espacio pero son muy pocos porque uno trabaja por un cliente y hay un presupuesto, dinero, programa… No es como un pintor que al fin y al cabo puede pintar un cuadro y si no lo vende, no lo vende... Yo no puedo levantar un edificio por la duda porque tengo ganas. Necesito dinero. Las posibilidades para la creatividad siempre son restringidas en arquitectura. Pero igual, me gustaba la carrera y entré en urbanismo simplemente porque establecí una relación muy estrecha con el titular de urbanismo que era Adrián Caballero. El formaba parte de un estudio muy importante de Rosario, antes que yo entraba en la facultad, se llamaba «H». En los 80 fue un estudio que trabajo mucho en la vivienda y era muy prestigioso. Todos los integrantes eran profesores de acá: Caballero, Aníbal Moliné, Daniel Vidal, Armando Tolli... Cuando yo entré a la facultad, casi nadie podía vivir de la enseñanza en arquitectura. La mayoría de los arquitectos tiene su estudio o trabaja en una relación de dependencia con una empresa. La mayoría de los docentes o casi todos, eran gente mas o menos destacada en la ciudad como arquitectos que tenían su trabajo y acá venían a hacer lo que le gustaba. Pero en realidad no eran docentes enfocados en la enseñanza, era casi un hobby. Y hay una tendencia, como pasa en todo el mundo, que se vaya profesionalizando la enseñanza, la docencia. Antes para casi todos los docentes, su eje era la profesión y una de las ramas era venir acá. Ahora no. Yo no tengo estudio. Los trabajos profesionales que yo he hecho son generalmente a través de contratos de urbanismo con la municipalidad de Rosario u otros municipio.
Abordamos el tema de los actores de la fabricación de la ciudad de Rosario… Cual es el papel del urbanista?:
Acá en Rosario, lo mas parecido a un estudio de urbanismo es el de Monteverde (el padre de Juan de Ciudad Futura). No hay estudios de urbanismo como a Europa. Hay un autor, ya hace muchos anos, Melvin Webber hablaba de la era post-ciudad, en la década 70. El decía, igual que Françoise Choay, que los asentamientos ya no pueden llamarse ciudad. El concepto de ciudad tiene que ver con la ciudad pre-industrial y son otras cosas. El lo llamaba la post-ciudad y decía que los problemas que se viven en las ciudades al nivel global, al fin ya no son problemas urbanísticos. Ya no hay un correlato directo entre los problemas y el espacio. Y que nosotros urbanistas corremos atrás estos problemas. Estos problemas cuales son? La inseguridad, no es un problema urbanístico en realidad, nosotros podemos aportar a que la ciudad sea mas segura pero es un problema policial, social, económico, cultural, la raíz del problema no es de diseño del espacio. Después tiene un impacto espacial pero la inseguridad no es un problema espacial en su origen. La pobreza tampoco es un problema espacial, es un problema económico y social. Entonces Webber dice que los problemas mas importantes en las ciudades no son urbanísticos. Al nivel cultural, arquitectura y urbanismo no pueden resolver estos problemas. Lo que podemos hacer es paliar, podemos mejorar la calidad de vida y esta bien. Pero si no hay una política al nivel nacional, económica y social es difícil. Porque crecen los asentamientos marginales en Rosario? Hay crecimientos vegetativos, que la gente tiene hijos.. pero principalmente crecen por migraciones internas, de otras ciudades, otras provincias a Rosario. Entonces vamos a suponer que acá la municipalidad de Rosario, desde el servicio publico de la vivienda que es el organismo de la municipalidad que se encarga de problemas de los asentamientos marginales, tuvo una política muy buena. Fuera muy efectivo y lo solucionaron todo pero en dos meses vino mas gente. Lo que hizo históricamente el Servicio Publico de la Vivienda fue construir viviendas en la ciudad. Hubo distintos modos de intervención: hasta la década de los 80 mas o menos, la lógica en Rosario era construir un barrio nuevo y
traer a la gente, algunos de estos barrios son conjuntos habitacionales de vivienda colectiva, y también hay barrios de viviendas individuales, unifamiliares con su jardincito. Algunos funcionan bien, otros mas o menos... Hay muchos barrios, pero el Servicio Publico de la Vivienda viene trabajando desde la década de los 30, no sé. Ahora en la decana de los 90, lo que se impulso al nivel global es el modelo de favela barrio en Brasil. Como los programas del Servicio Publico de la vivienda funcionan en base a créditos internacionales, las condiciones que ponían los organismos que otorgan créditos era que la modalidad tenia que ser la de favela barrio. No es para que construyen un barrio nuevo, es para trabajar en la villa. Eso es que nosotros apoyamos. O sea, el Banco Interamericano les decía al SPV que tiene que trabajar de esta manera, sino no les daba el dinero. Entonces en la decana 90, se trabajo mucho regularizando villas, dándole la propiedad, mejorando, abriendo calles y hubo varios asentamientos que se trabajo así. En Rosario creo que el mas importante se llama villa la lata, que esta mas o menos en calle Corrientes y Rueda, ahí abrieron calles, se urbanizo, hicieron mejoras... Pero tampoco es un lugar fácil, la ciudad esta complicada. Se trabajo mucho así pero obviamente no se daba gasto para solucionar el problema de manera definitiva. Pero vamos a suponer que hubiera hubido dinero y energía suficiente, voluntad política para regularizar todas las villas y trabajar bien así. Bueno en dos meses tienes gente que llega del Chaco y que viene acá de nuevo porque dicen que en Rosario el municipio se ocupa de la gente, entonces venimos. Entonces si vos no tienes una política nacional, es muy difícil, es como estar siempre corriendo atrás de la zanahoria, resolver un problema pero cuando lo resuelves, los que están afuera y que tiene este problema dicen: ah bueno vamos a rosario que te dan la casa! A parte porque la gente busca lo que mas necesita para vivir mejor... que me parece mal! Acá no se les da mucha importancia pero si están en una ciudad donde se les da menos importancia todavía, se van a venir acá, y esta bien! La provincia y la municipalidad tienen su responsabilidad obviamente y no están trabajando bien. Pero quiero decir que tampoco podrían solucionar el problema definitivamente porque es un problema de escala nacional o de escala ya regional de Americalatina. Entonces si no hay una política que viene de los gobiernos centrales, los municipios y la provincia pueden mejorar pero no pueden hacer milagros tampoco. Salvo decir bueno es una ciudad medieval ponemos una muralla y un foso con cocodrilo y el de afuera no entra... Pero obviamente que eso no se puede hacer y tampoco seria deseable. Entonces hay un problema que nos excede, nosotros corremos atrás y vamos arreglando desajustes, los urbanistas. Nosotros como urbanistas, nuestro trabajo es modelar el espacio para contener la vida social. La «urbis» es la ciudad construida, la «civita» es la ciudad social y política. No son dos ciudades que están ligadas. O a un momento a lo mejor están así pero después empiezan a desarrollarse de manera despareja. Sobre todo lo que es «civita» evoluciona y cambia de manera mas rápido que la ciudad construida, «urbis». Entonces cuando esto va cambiando, nuestro trabajo como urbanistas es decir trabajemos sobre esto para adaptarlo a esto.
El estado, la provincia, la municipalidad:
Al no ser parte de la ciudad, realmente son parte de la provincia de Entre Ríos, las islas no han estado tan contempladas en la actividad urbanística, en los planes que se han hecho desde la municipalidad. Al nivel de planificación, recién ahora empezamos a hablar de la necesidad de incorporar las islas a los lineamientos urbanísticos que se están trazando para la Area Metropolitana de Rosario. Yo trabajé en eso, y cuando establecíamos estos lineamientos, nos estábamos enfocando sobre los problemas del rio como puerto o lugar recreativo para la costa. Y cuando llegábamos a la isla decíamos “bueno acá se podría hacer actividades recreativas”, pero era el ultimo que mirábamos porque había urgencia en la ciudad. Y las discusiones eran, “en el plano vamos a pintar el rio de color marrón o de color azul?” Ese eran las discusiones... Pero que importancia puede tener el color del rio? Porque es marrón! Bueno si yo lo pinto de color marrón, los arquitectos lo entendemos pero si se lo muestro a una persona que no es arquitecto dice “y acá que hay?” Lo pinto de azul, que no era el color del rio y lo mira cualquier persona y sabe que eso es el rio... Pero no importa, de es nivel eran las discusiones... El rio era lo menos importante salvo que estábamos hablando de puertos, ahí ya era importante.
Lo académico:
Hay una tendencia general en todo el mundo, hace ya varios anos, de que arquitectura y urbanismo se van separando. Hay que entender dos cuestiones. Primer lugar, el urbanismo es una disciplina joven. Surge a mediado del siglo XIX como disciplina que pretende ser independiente. Todavía somos unos niños al lado de un arquitecto que tiene una tradición que viene de la antigüedad. En la antigüedad también había gente que diseña ciudades, pero no era considerado como una disciplina especifica. En muchos lugares, la disciplina urbanismo dependa de otra carrera y la arquitectura es la mas lógica. También hay urbanistas que son arquitectos pero otros que no, hay biólogos, hay periodistas... - (Inès) Como Koolhaas, que es periodista también? -Si pero Koolhaas, es un arquitecto que ha trabajado en problema urbano.. Mentalmente yo diría que es un arquitecto. Escribe textos que son mas ensayos que artículos científicos sobre los problemas urbanos, y que son muy interesantes. El no se preocupa mucho por demostrar lo que dice. El interpreta una idea que puede ser muy estimulante y que nosotros usamos porque es un tipo muy inteligente. Pero también esta muy condicionado por su actividad como arquitecto y como empresario. Si uno analiza el trabajo de un urbanista hoy en día bastante prestigio como Salvador Rueda, que es biólogo, el habla desde otro lugar, no desde el
lugar de un ensayista. Son textos donde hay mas análisis atrás de la complejidad de la ciudad. Tambien hay una toma de posición, porque es un de los referentes en la sostenibilidad ambiental, pero esta mas basada en estudios y análisis de casos concretos, mas metódicos y rigorosos que Koolhaas. Koolhaas es mas bien un tipo muy inteligente que observa, es casi un artista. El intuye, logra conectar cosas y las presenta muy bien. Pero no hay un estudio riguroso de decir vamos a analizar la ciudad, vamos a ir parte por parte, es otra cosa. Cuando entré en la facultad de arquitectura de Rosario, las asignaturas de urbanismo eran iguales, tenían media hora mas pero era lo mismo que hoy. Pero lo que nos impartían en las clases estaba mucho mas ligado a la arquitectura. Era ver el urbanismo desde la arquitectura. Y ahora cada vez nos vamos alejando mas. Una de las diferencias mayor entre arquitectura y urbanismo es el proyecto. El proyecto es el principal gran instrumento que maneja al arquitecto. Es claro que en escala edilicia, para la complejidad que tiene un edificio, el proyecto es un instrumento que funciona muy bien. En la escala urbana es muy difícil. Es muy complejo porque si hago un proyecto, después hay un montón de dinámicas y de procesos que se escapan de lo que puede controlar el proyecto. La villa es una parte de la ciudad que se hizo sin proyectar. La villa seria un claro ejemplo que hay cosas que no se pueden controlar desde el proyecto. En todo caso, hoy en día cuando se habla de proyecto y concepto de proyecto en la academia, es mas amplio. Hay gente que habla de proyecto social y uno podría decir que en el fondo la villa es un proyecto social porque son un grupo de personas que se ponen de acuerdo. Pero ya no es la idea de proyecto como instrumento técnico que aprendemos a manera bien los arquitectos. Hay otro tipo de proyecto, incluso podría tener otro nombre. Y el urbanismo tiene que ligar con este tipo de complejidad y esto lo hace distinto a la arquitectura. Y después hay otra cuestión que diferencia arquitectura y urbanismo. Como se define que este edificio tiene calidad arquitectónica? Por proyecto. Al nivel global, hay un conciencio de que la Falling Water de Franck Llyod Wright es una obra maestra. Para mi lo es y me encanta. Pero es una casa que es inhabitable por el ruido de la cascada. Sin embargo, la mayor de los arquitectos pensamos que es una obra mayor. O también hay obras que ni siquiera se construyeron, como la casa fifty por fifty de Mies Van der Rohe y que todos consideramos como obras maestra. La mayoría de los arquitectos, para decir que una casa es obra maestra, nos fijamos en el proyecto. En cambio, en urbanismo la calidad urbanística de un espacio urbano, de una plaza no esta en el proyecto, esta en lo que puede generar este proyecto. Es decir que construyo el proyecto como un arquitecto, acá hay una placita, acá bancos, acá arboles, acá juegos para chicos... la construimos tal cual. Pero todavía tengo que esperar que pasa el tiempo y ver si la gente la usa, que se genera alrededor de la ciudad y recién ahí puedo hablar de calidad urbanística. Un arquitecto hace una obra. Nosotros no, hacemos un disparador de situaciones. Si las situaciones que provoca lo que nosotros hacemos son positivas entonces podemos hablar de que es un buen proyecto urbano. Por eso uno se basa en analizas de casos. Es decir, mirar que paso en un lugar que es parecido al lugar en el cual yo estoy trabajando, que lugar tiene una problemática parecida… Veo distintos casos, veo los que funcionaron bien y digo, bueno tengo que ir por este lado. Pero es bastante imprecisa la cuestión. Los urbanistas, trabajamos con mucho mas incertidumbres... Quizás podríamos invitar a gente de afuera en la catedra de urbanismo, personas de otros campos, científicos, especialistas,... Pero el problema es que, yo siempre digo lo mismo en reuniones con los otros docentes por lo menos de urbanismo, nuestro trabajo es tratar de darnos cuentas como meter dos litros de agua en una botella. Decimos cuales son los contenidos que tenemos que dar a los alumnos, que tema tenemos que hablar. Decimos bueno son dos litros, como los metemos acá? Siempre hay algo que se queda afuera Entonces al final uno termina yendo a lo mínimum indispensable. Después hay un postgrado, hay la carrera de especialización en planificación urbano territorial de acá en Rosario,... Pero a los alumnos de grado, lamentablemente no tenemos mucho mas posibilidad que darle una introducción general, sabiendo que tantos temas quedan afuera. Tienen que entender el concepto de estructura urbana y lo otro lo mencionamos al pasar cuando hablamos de sostenibilidad o cosas así, pero no lo podemos desarrollar. Y pasa también con los trabajos prácticos! Porque nos encantaría hacer un trabajo practico sobre todo el área metropolitano de Rosario e incluir a la isla. Pero va a terminar siendo un trabajo basado en planos y en mirar imágenes satelitales porque los alumnos no tienen tiempo para recorrer... Entonces demos una área cotada y que la puedan recorrer, por lo menos que pueden ir y entrar al lugar... Sino termina siendo una abstracción. Entonces de estos contenidos como el área metropolitana, se dan teóricos que pasan mas o menos rápido pero no hay tiempo para profundizar. Hay un problema de cargas horarias, y bueno estas cuestiones quedan un poco afuera pero eso no solamente pasa con la problemática de la isla, pasa con un montón de problemas... El urbanismo acá tiene que competir con proyecto arquitectónico que son 8 horas por semana, y a cual el alumno le da mas importancia porque tiene que rendir proyecto sino tiene que volver a cruzar... Faltan horas.
Los políticos y el narcotráfico:
Los narcotraficantes tienen una influencia sobre la ciudad y la construcción. Pero la influencia se ve de distintas maneras. Eso yo no lo puedo demonstrar, es una suposición, pero creo que si hay participación de desde el narcotráfico en las construcciones de los grandes conjuntos como puerto norte, puerto madero en Buenos Aires... Porque hay mucho lavado de dinero en construcciones de shoppings, construcciones de marina, de guarderías para los sectores de mayor ingreso económico... No hay que decir que todo eso sea dinero lavado del narcotráfico pero es seguro que hay una parte. Es una suposición pero me parece bastante creíble y verosímil. Entonces ahí ya tienes una incidencia que se ve en los sectores de mayores recursos. Y en barrios humildes, en los asentamientos y barrios de clase media baja pero que no son informales, creo que se ve en el uso del espacio publico. El barrio se ve mas peligroso porque en las villas esta una solidaridad de vecinos pero también esta la mafia de los tipos que controlan el territorio a dentro de las villas y que alistan chicos para robar... Obviamente hay una incidencia fuerte que se ve en el uso del espacio publico. Antes en Rosario, hace unos anos, no había miedo y la gente usaba mucho la calle. Hoy el miedo esta exagerado pero tiene bases reales. Ha habido claramente un aumento de la delincuencia y de la violencia sobre todo a partir del ingreso del narcotráfico en Argentina. Pero la cosa es menor, nosotros todavía no somos Colombia en su momento o lo que es México hoy. Pero si no frenamos ahora este ingreso de narcotráfico, vamos a llegar a lo que es Medellín... Creo que hay villas en las cuales evidentemente los vecinos se han organizado mejor y han asumido el rol que en realidad tiene que asumir el estado. Protegerse ellos mismos! Pero si te vas en lo peor de Rosario, en las zonas mas criticas, hacia el oeste, lo que se llama villa Banana, acá no paso eso. Asi el narcotráfico tiene un impacto en los dos extremos de la ciudad. Después es una lógica que se empieza a retro-alimentar porque esta idea del enclave cerrado tiene que ver también con las lógicas de la villa. Las villas que están el mas tomadas por el narcotráfico tienen que hacerse mas cerradas porque son mas peligrosas. Porque la gente quiere vivir en barrios cerrados? Porque la ciudad se empieza a hacer mas peligrosa y también por la cuestión cultural, por miles de motivos... por razones a lo mejor mas clasistas, casi racistas a veces pero es muy complejo ver cual es el principal motivo, hay muchas razones. Y por eso creo que mas sutilmente hay un impacto de la inseguridad en general, en la cual el narcotráfico puede tener mucho que ver, en el uso de la calle. Yo tenia 8 anos y me tomaba el cole solo, como todos los chicos de mi edad. Y el mayor temor de parte de mis padres era: si un desconocido te pide algo, vos no le contestes, mira a los dos lados antes de cruzar la calle, no cruce si el semáforo esta en verde, punto. - (Inès) A mi me marco mucho en la ciudad, ver a los chicos de clase media ir a la escuela acompañados por sus padres, mientras que los chicos que viven en la villa, andan solo por la calles o entre ellos pero sin un adulto, porque los padres les mandan a pedir, a trabajar de cierta manera... Me parece que ellos tienen mas conciencia de como funciona la ciudad formal que los chicos que viven ahí mismo... - El que vive en un escenario de pobreza, inevitablemente conoce mas las leyes de la calle. Hablo de lo que llamamos metafóricamente la calle, no la calle para circular. Conoce como tiene que estar. Obviamente que también esta mas en riesgo porque vive mucho tiempo en la calle. Si yo analizo la cuantidad de gente que muere por violencia callejera va a ser mucho mas la gente de los barrios, la gente pobre que la gente rica. En la calle están mas expuestos. Pero también conocen mas como mantenerse seguros en la calle porque conocen las leyes... Imagina, te agarramos a vos y te ponemos en el medio de la jungla y si en otra jungla lo ponemos a Tarzan, el va a tener mas posibilidades de sobre vivir porque conoce las leyes, se crio en la jungla, en cambio probablemente vos o yo si en tres días no nos rescatan, estamos fritos! En la jungla o en la isla... La gente que tiene cultura de la calle y que vive ahí lo dice: la calle es bárbara, vivir en los espacios públicos... pero también sabemos que la calle tiene fuerzas que pueden ser muy peligrosas. Entonces también esta la mirada inocente progresista de decir todo es lindo, todo es bárbaro en la calle... no, no, no. Esta bien, tenemos que tratar de que la calle sea lo mas lindo posible. Y para que sea linda tenemos que usarla, sino nos escondemos en barrios cerrados. Pero tenemos que saber que si te metes en un colectivo y que hay mucha gente, vos decís: que lindo la gente que usa los transportes públicos! Pero también existe la posibilidad que alguien te meta la mano y te saque la billetera. Entonces, tampoco hay que ser inocente, uno tiene que saber donde esta trabajando... Obviamente la gente de las partes marginales o la gente que trabaja en la calle conoce la calle. Conocen el buen y el malo, conocen la solidaridad que puede generarse entre los tipos que cuidan coches, los trapitos, pero también conocen todas las maldades que hacen los mismos trapitos... Porque la hacen, son como una mafia también entre ellos. Porque al final te están cobrando para estacionar el auto en un lugar que es publico... Antes en Rosario, hace unos anos, no había miedo y la gente usaba mucho la calle. Hoy el miedo esta exagerado pero tiene bases reales. Ha habido claramente un aumento de la delincuencia y de la violencia sobre todo a partir del ingreso del narcotráfico en Argentina. Pero la cosa es menor, todavía no somos Colombia en su momento o lo que es México hoy. Pero si no frenamos ahora este ingreso de narcotráfico, vamos a llegar a lo que es Medellín... El narco tiene un impacto en la ciudad, todavía no se ve de todo pero no hemos llegado a los niveles a los cuales podemos llegar...
- (Inès) Te parece que va creciendo? - Creo que tiene su propia dinámica. Hay que ver que grado de compromiso tiene con el gobierno nacional actual, con respecto al narcotráfico. Hay una cuestión que es innegable. En los 90, los gobiernos la tenían claro con el narcotráfico. Fueron los gobiernos que abrieron la puerta al narcotráfico, porque financiaban actividades políticas con el narcotráfico... Y eso hay demasiado datos como para poder negarlo... El gobierno actual todavía no sabemos. A ver si también tiene relaciones con el narcotráfico o no las tiene. O que voluntad va a tener para combatir este tema o que capacidad va a tener para hacerlo. Es un problema muy complejo porque ya esta muy instalado el narcotráfico... Por eso no lo sé. No tendría dudas de que si hubiese ganado Scioli, te diría en 7 anos somos Medellín. Estaría convencido, porque sé que se financia con este dinero. Este gobierno no sé... A lo mejor si, a lo mejor son peores, todavía no lo sé... Obviamente que el narcotráfico hace obras y algunas cosas “buenas”, porque es su lógica de inserción. El tipo esta escondido en un barrio marginal, tiene dinero y construye algo para el barrio. Antes la ausencia del Estado, la gente reconoce a otro como su gobernante y a veces que el narcotráfico les ayuda mas... Lo que pasa es que a la larga termina siendo destructivo en el tejido social. Por eso es complicado… Porque si los tipos fueran 100% maldadoso y no harían absolutamente nada, ni siquiera construir una canchita de futbol o pavimentar una calle o algo así, entonces obviamente la propia gente del barrio lo expulsaría. Pero son barrios que están abandonados por el estado. Es como una negociación. Ahora yo creo que tampoco hay que tener una visión demasiado romántica sobre estas cosas. Quiero decir, porque ayudan a la gente de estos barrios? Porque les conviene... Ahora si les conviniese matarlos a todos, no tendrían problemas en hacerlo, es lo mismo... Y los políticos están involucrados... Las dos cosas están relacionadas. Creo que es menos traumático proponer cambios serios dentro del sistema político que sacarse de encima el narcotráfico cuando esta instalado. Este cambio político se puede hacer hasta pacíficamente en algunos casos. Por ejemplo si tienes una justicia que funciona, cosa que acá no ocurre, si esta independiente, si investiga va a limpiar al narcotráfico. Pero para sacarlo al narcotráfico cuando lo tienes al lado, instalado y fuerte, no alcanza solo justicia, necesita ejercito, violencia desde el Estado, poder policial... Y es mucho mas traumático. Entonces, prefiero pelearme con los políticos corruptos antes que pelearme con los narco, porque también cuando hay narcotraficantes hay políticos corruptos... Antes tuvimos gobiernos con políticos corruptos pero no había narcotráfico porque no transaban con el narcotráfico. Hasta que un día negociaron con el narcotráfico y ahí si se empezó a poner peor la cosa... Es pensable que haya políticos corruptos sin narcotráfico. Pero el narcotráfico sin políticos corruptos es impensable. Hay que tener políticas a largo plazo y a corto plazo... Sea la política a largo plazo tiene que ver con un combate desde la justicia contra el narcotráfico, en investigaciones serias, también con trabajos sociales en las áreas marginales para evitar que el narcotráfico se instala ahí y para que la gente este bien, trabajar sobre el tema de la pobreza, integrar a la gente a la sociedad... Y a corto plazo necesitamos una política policial seria, no lo que tenemos acá. Hay que estar dispuesta a perseguir lo narcotráfico por la justicia y también a luchar, a combatir. Tiene que haber políticos que estén dispuesto a pagar el precio político por lo menos monetario, sin temer para la elecciones... La policía es algo especial también porque o hace nada o empieza a disparar tiros, es como que no tiene de termino medio. No puede agarrar a alguien así y llevarlos preso... Es una ciudad de contrastes... O los dejamos hacer lo que quieren o directamente empezamos a dispárales... Es una locura.
Los habitantes, la participación,…: Acuerdo habitante/municipalidad
La construcción de este barrio cerrado, en el oeste cerca del estadio de hockey, se permitió por un convenio. Porque la municipalidad tenia un interés en que esta área se desarrolle y no tenia dinero obviamente para desarrollarla. Además tenia interés en construir el estadio porque se hicieron los mundiales. Entonces hubo una negociación entre empresarios privados que dijeron: si podemos construir un barrio cerrado acá, nos encargamos de construir el estadio, construimos calles publicas, parquizamos… Así se les permitió hacer algo que estaba fuera de la norma a cambio de que dieron otras cosas. No sé si es buena o no la negociación pero eso fue lo que ocurrió. Esa acá también que hicieron la represa publica.
Autoconstruccion y participacion:
La participación y la autoconstrucción son cuestiones importantes y que son una forma de armarse frente a las deficiencias que tiene nuestro gobierno o la sociedad de Latinoamérica en general. Con respecto a la pobreza, la gente se tiene que unir para enfrentar determines problemas. Y nosotros tenemos que mirar estos procesos y de hecho lo hacemos. El modelo favela-barrio se base en estas cuestiones de observar como vive la gente, la relación que tiene con su entorno, si las personas están arraigadas o no, y tratar de respectar determinas cosas. Pero también hay que asumir que sea dolorosa esta idea dejar la villa donde esta, de mejorarla en vez de dar viviendas realmente adecuadas en términos de construcción, de materiales... Tiene ciertos grados de renuncio. Porque en una sociedad en que el problema de la pobreza urbana no es estructural como en Argentina, hablo de una sociedad muy desarrollada, a lo mejor si de golpe llega un contingente de inmigrantes ilegales y que arman una pequeña villa, no voy a
dejarlos ahí… Lo voy a solucionar haciendo vivienda nueva y ya esta! En cambio acá, sabemos que hacer vivienda nueva no sirve porque es un fenómeno estructural que se va reproduciendo. Entonces al final terminamos diciendo bueno, dejemos las cosas como están mejorémosla pero no tiene sentido seguir haciendo vivienda nueva, no es la solución, es claro. Creo que el modelo de dejar la gente donde esta tiene algo positivo. Porque mucha gente esta arraigada en el lugar, ya esta acostumbrada en algunos modos de vida... Pero también tiene mucho de renuncio porque en el fondo, por mas que esta arraigado, no es lo mismo vivir en una casa construida con ladrillos, con techo decente, con un baño, una cocina, que en una casilla que te construiste vos con una chapa en que se infiltra la lluvia. Yo digo no, yo te abrí la calle, te hizo una plaza, es muy bueno eso pero vos vas a seguir teniendo infiltraciones, va a hacer frio en tu casa... Tiene algo bueno pero también tiene algo triste en el fondo. Hoy en día creo que la mejor estrategia que hay, salvo para situaciones extremas, es de mantener los asentamientos donde están, de construir espacios públicos a dentro de los asentamientos, de abrir calles y construir viviendas nuevas cuando es necesario. Hacer un barrio nuevo no va a tener sentido porque lo vamos a sacar de acá y otro va a venir a ocupar el lugar en seguido. A lo mejor en el futuro, si eso se mejora tenemos hasta barrios pintoresco que son atractivos...
Yoli
Habitante del Mangrullo. Te ocupas de la Copa de leche y sos el representante principal, de cierta manera, del barrio del Mangrullo. Con la Yoli fuimos repartiendo las cámeras de foto descartables en el Mangrullo. Conoce a cada uno de los habitantes.
ROSARIO ////////////////////////////////////////////////////////// Como calificarías Rosario en algunas palabras ?
Rosario es LINDA! Me gusta Rosario, hay lindos parques, el rio,...
RELACION ISLAS/VILLAS/CIUDAD FORMAL ////////////////////////////////////////////////////////// Cuéntame del Mangrullo, de su historia, sus habitantes,… Como se vive acá?
El Mangrullo se formo por el SWIFT. Antes esta zona era de casas de ricos que se fueron por el norte cuando se vinieron las industrias. Los trabajadores de Swift iban a almorzar en frente, del otro lado del puente donde esta el Mangrullo ahora. Y de puestitos se fueron construyendo casas. Con el tiempo se consolidaron las casas y ahora casi todas están de ladrillos. El Mangrullo se formo cuando un pastor hizo la Iglesia, la escuela,... Muchas promesas pero nada de proyecto de la municipalidad: ni muelle, ni lotes... No pagamos nada de impuesto, ni la electricidad. Ahora no hay nuevos habitantes porque nadie se va! Tengo una perra, muy buena. Esta en el pequeño patio pero la libero a noche en la casa porque vivo sola. Yo vivo muy bien acá, tengo mis perros, los aves, mi patio con todas las plantas... El mangrullo es otro mundo en comparación al centro de Rosario. Acá la gente se sienta frente de su casa, en la calle a tomar mate. Es muy tranquilo.
Que te parece de los intercambios y dinámicas que existen entre la ciudad formal/islas/villa ?
Finalmente hay pocas familias de pescadores, la mayoría trabaja en las industrias, Swift, Paladini,... Muchos de los que viven en el Mangrullo van en el centro de la ciudad, al monumento de la bandera,... A «ellos» (Yoli emplea el «nosotros», habla un poco al nombre de todos los habitantes) también le gustaría tener lindas áreas verdes, y parques para ir a tomar mates o a pasear. (compara el centro de Rosario al mangrullo)
FABRICACION DE LA CIUDAD //////////////////////////////////////////////////// Cuales es tu papel actual en el Mangrullo?
Me ocupo en la copa de Leche del Mangrullo. Y es un personaje importante del barrio como un portavoz, un corresponsal con instituciones. Cuando hay un problema de luz u otro, a mi me vienen a pedir. Y yo arreglo. Conozco a todos acá! Y todos me conocen. Más o menos 100 niños vienen a tomar la leche por día. Vienen a buscarla acá y la llevan a su casa porque quiero que la toman con su familia, sus hermanos… Ayer hicimos arroz con leche, y queda. Los chicos iban a su casa y volvían para buscar más. Antes trabajaban 6 mujeres, ahora solamente tres. Yo y dos más. Estaba demasiado.
Abordamos el tema de los actores de la fabricación de la ciudad de Rosario… El estado, la provincia, la municipalidad y los políticos:
Hace más de 100 anos que existe el asentamiento en este terreno que pertenece al ENAPRO. Pero hace mucho que pedimos a la municipalidad que lo lotean y nos da títulos de propiedad… Que canalizan el brazo seco… Casi no intervienen cuando hay inundaciones o para fumigar el lugar… eso es insalubre. Me gusta Rosario, lo único es que no me gusta la gente que maneja el poder y el dinero porque lo ponen a donde quieren. Lo reparten de manera desigual en la ciudad, y más particularmente en los espacios públicos y servicios públicos. Como ya lo dijimos…
Su nieto, presente al momento del encuentro, agrega : las nuevas bicis públicas de la municipalidad son inútiles porque cada vez que pasa adelante las estaciones son vacías, no hay suficiente. Y ahora están gratuitas pero después habrá que pagar! Además todas están en el centro... Hace demasiado tiempo que el partido del gobernador esta socialista.
Los habitantes, la participación,…:
La gente acá hace su propia casa, construye todo. Yo hice con mi marido toda mi casa. La electricidad, el suelo, las baldosas,...
Hay narcotraficantes?:
Hay chicos que toman drogas, se reúnen en las cortadas del Mangrullos. Pero no hay negocio de droga, los vendedores se tuvieron que ir.
Y ONG o asociaciones…? :
Adidas nos regaló una cancha en sintético hace unos 10 anos. Y todavía los chicos la cuidan, cuando algo se rompe se ocupan de arreglarlo. Antes lo hacía yo pero ahora lo arreglan ellos.
Martin Cabezudo
Arquitecto; docente a la FAPyD; trabaja desde 5 años en la municipalidad de Rosario, actualmente en en la oficina Metropolitana.
ROSARIO ////////////////////////////////////////////////////////// Como calificarías Rosario ?
A mi me gusta Rosario, me encanta mucho y lo digo con mucho orgullo. Es una ciudad hermosa, muy atractiva pero también muy malvada... Hermosa pero malvada. En relación a los contrastes muy duros para tener siempre presentes... Y también no deja de ser una ciudad chica, todos se conocen. Conozco casi todos los arquitectos, me conocen, en este aspecto es un pueblo. Pero también, así como te da oportunidades te quita oportunidades porque hay miseria propia de cada pueblo, me parece a mi. Por suerte hay muchos arquitectos y muy buenos, en general hay buena gente, yo me siento bien! Rosario es cosmopolita. Eso también es la parte linda, la parte que enriquece a la ciudad es que este compuesta por Tucumanos, Salteños, Chaqueños, Paraguayos, Bolivianos, que cada uno tenga sus costumbres, su modo de hablar, su léxico, su cocina, sus ropas, sus tradiciones y digamos se mezclen acá en la ciudad. Viene gente de todos lados... En otra época supongo que era mucho mas evidente, llegaron italianos, ingleses, españoles, alemanes, franceses, cada uno hablaba con su idioma, cada uno tenia sus costumbres mucho mas fuerte... De italianos hay muchos en Argentina, en Rosario también. Acá hay muchos chinos o coreanos, tienen todos supermercados.
RELACION ISLAS/VILLAS/CIUDAD FORMAL ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Que piensas de la relación entre ciudad formal/islas/villa ? De sus puntos comunes y sus diferencias en términos de habitar, de practicar, en sus morfologías,…
Las relaciones entre villa, ciudad formal y islas no las conozco bien, a lo mejor porque no soy muy frecuentador ni de la villa, ni de la isla, no son cosas que las tengo muy muy muy presentes pero que tampoco ignoro. Se que son problemas enormes o oportunidades no del todo aprovechado como lo es la isla. Están ahí, tienen un paisaje sensacional, mucha gente de Rosario no la usufructúa o no la vive como me parece que se merece. Es muy salvaje la isla. Y no hay mucho tampoco que podemos hacer al respecto de las inundaciones... Me parece que las grandes lluvias y las grandes inundaciones son consecuencias de como se trabaja en todo este territorio y todo lo que pasa mas al norte, toda el agua que pasa por acá viene de Brasil. Hay muchas zonas potencialmente inundables en el territorio de la área metropolitana de Rosario. No se debe construir y en mucha se construye. Eso es otro problema... No hay una normativa, un estudio bien intenso a cerca de cuales son las áreas de inundabilidad de estos arroyos, cuales son las áreas bajas de nuestra llanura. Entonces, también pasa que los accidentes geográficos son muy muy imperceptibles... Una área baja no es como una de montana que esta el área alta y un valle que vos sabes que si vas a construir no lo vas a hacer en el valle porque cuando llueva o se deshace el hielo se va a inundar... Acá es mucho mas difícil de precisar donde están los lugares altos y bajos. Entonces hoy en día esta perfecto, y esta perfecto durante tres anos y un día una lluvia fuerte y una crecida hacen que tu casa esta en el agua... La mayor de las obras que hacen las personas de los barrios cerrados o las empresas que construyen los barrios, son canales para que el agua descorre y que se vaya mas rápidamente. De lo que aprendí desde que trabajo en esta oficina y conversando con algunos ingenieros hidráulicos, es que como sistema de retención de agua, es mucho mas interesante, mucho mas efectivo y mucho mas barato también, de construir canales o canalizaciones... O sea, como estrategia con repuesto a la abundancia de agua tengo entendido como que es mas útil retenerla e ir largándola de a poco que discurrirla y rápidamente intentar que se vaya. Porque también, lo que permite eso es que no se laven las tierras tan rápidamente, se podría disfrutar de la energía quizás... En respecto a la represa que hizo la provincia cerca de Funes, cuando estaba en la facultad de arquitectura, hice un proyecto y estuve muy impactado. Porque cuando visitaba la represa era una área de campo pero en un momento vi fotos de esta superficie completamente tapada de agua y me apareció muy interesante como cambia el paisaje simplemente con la lluvia. Incluso como que el agua permanece ahí durante días, entonces a lo mejor no esta lloviendo mas, el día esta soleado y sigo siendo una laguna artificial, gigante donde se podría también desarrollar actividades náuticas, como un escenario! Pero bueno esta
como ligado un poco a la inclemencia del tiempo también. Uno no puede prever cuando va a llover ahí... Pero hay otro proyecto de represa sobre todo lo que es Ibarlucea. Había una propuesta para poner dos terraplenes par contención de agua, esta en proyecto, no sé... Bueno, también con el tema de las islas que pasa? Lo que limite la provincia de Rosario con la provincia de Entre Ríos es el momento mas profundo del Paraná, el canal. Con respecto a eso, algunas islas son de Rosario, al sur cerca de Pueblo Esther porque el lado mas profundo del canal pasa del otro lado de lo que se llama la isla del sol. Pero casi todas las islas mas importantes están en Entre Ríos. Así que las islas nos incumben pero no de modo «legal», es decir que no hay mucho que podemos hacer de este lado. De manera indirecta si, porque están mas cercanas de nosotros que de la ciudad de Victoria, pero no les damos mucha importancia a las islas... - (Inès) Y también pasa que no hay muchos lugares de contacto directo con el rio... - Si, digamos que el único lugar para poder ir a bañarse es en el norte, la Florida o yendo a las islas en barco. Pero no tenemos playas tan cercanas de la ciudad... - Adentro de esta composición islas, ciudad formal, villas, la fractura social es muy legible. Por ejemplo, las informaciones que relegan los diarios en cuanto a la inseguridad no hacen mas que aumentar el miedo del otro y el encierro de cada uno. Las fracturas que pueden existir entre islas, villa, ciudad formal, no te parecen solamente debidas a un fuerte anclaje en el imaginario colectivo de la ciudad ? - Si, por supuesto… y en esta fragmentación, yo tomaría también el barrio cerrado. Saskia Sassen, una socióloga holandesa, dice que hay partes de la ciudad en las cuales uno no se atreve a ingresar o a meterse por miedo sino que hay otras partes de la ciudad en las cuales uno no puede acceder justamente porque están los ricos con mas miedo que uno todavía. Entonces tienes digamos los ghettos para pobres, que son las villas miserias donde uno no se atreve a entrar porque tiene miedo que los roben o los secuestren, y después están los ghettos de ricos que son todos estos barrios privados. Es como la exacerbación máxima de lo que vos me estas diciendo, lo que produce fractura es el miedo y el encierro es un pedazo de ciudad completamente encerrado en su mismo... Es especifico a América latina eso del espacio privado/publico, de la privatización... pero este problema de fragmentación existe al nivel mundial. Antes Rosario tenia toda una área negada al uso de espacio publico porque era una área de producción de puerto y de industria. Entonces, el traslado del puerto esto hacia el norte y el sur permitió que todas estas infraestructuras desaparecieron. Frente al monumento a la bandera había toda una pared, y galpones y grúas y barcos que estacionaban y llevaban granos... Lo que es Puerto Norte hoy era un poco inaccesible. A pesar de que todo eso funciona también como ghetto para clase media alta, lo que se ha logrado es que la superficie sobre el suelo se puede acceder, caminar y se ha recuperado de alguna manera para el uso publico. No es un barrio cerrado, pero la sensación que tiene uno a caminar por ahí es de estar fuerte controlado. Se nota a pesar que no hay un cerco que separé los ricos del resto de la ciudad, uno sabe que esta caminando por un barrio de rico y hay seguridad... Acá la seguridad no esta en un limite preciso que te separa pero uno no puede evitar pensar que ahí esta controlado... Es muy similar a Puerto Madero en Buenos Aires... - Bajo cuales manifestaciones los habitantes de la villa/islas/CF se encuentran todos al mismo nivel ? Existe un evento o algo que hace desaparecer las fronteras entre los tres ? - La música de cumbia, el baile, las fiesta locales son elementos que podrían ser comunes a pesar de las diferencias marcadas. Porque no pasa mas en seguido que las clases sociales se mezclen un poco. Y donde y sobre que territorio ocurren esas cosas?... Bueno en diciembre se hace la fiesta de las colectividades, en el parque de la bandera, ahí concurre todo el mundo que sea gente del centro, de los barrios, de la villa... Es como un de los pocos momentos del ano de la ciudad que se confluyen todas las clases sociales en un único lugar y viven una fiesta en común. Relativo al futbol, mi hermano juega en Fishertown. Todos los fines de semana se van a jugar y creo que en el torneo hay clubes de diferentes procedencias sociales, equipos de diferentes clases sociales... En eso el futbol junta la gente. Ir a la cancha de futbol puede ser, el pobre y el rico son hincha del mismo club... Pero bueno en la misma cancha, en el mismo estadio, tienes la misma subdivisión, la platea es mucho mas cara y va gente de plata y la popular es justamente mas popular y va gente mas pobre... La cancha misma es un lugar donde hay divisiones de clases...
Que te parece de los intercambios y dinámicas que existen entre la ciudad formal/islas/villa ?
El sistema de ciudad de Rosario requiere este sistema de que hay gente que tiene muy poco de dinero y que viva con muy poco sueldo y condiciones urbanas pobres... Para el ghetto de los ricos, me parece a mi que necesariamente necesita que exista el ghetto de los pobres. El contrario también. En Buenos Aires, porque se formo la villa 31? Porque la ciudad necesita todo esta gente viviendo ahí, nadie lo dice pero el sistema en el cual estamos acostumbrado a vivir requiere que las cosas sean mas o menos así...
No se me ocurren soluciones a eso, son problemas tan grandes que no se me ocurren formas practicas para encontrar soluciones inmediatas. Sino ya lo hubiéramos encontrado digamos, son problemas muy comunes de América Latina. Muchas veces, la gran pobreza que existe en estas ciudades como Buenos Aires, Rosario o Córdoba, que son tres ciudades ricas dentro de provincias ricas de un país que tiene muchísimas riquezas, digamos que es debida a que viene mucha gente de provincias mucho mas pobres del norte o de países limítrofes mas pobres como Paraguay, Perú, Bolivia... Pero a mi lo que me parecería que seria lo optimo, es que uno nazca en un lugar y no se sienta expulsado de este lugar. No se tenga que ir... Que si lo hace es porque puede, porque quiere y no porque el proprio medio en el cual vos estas, en cierto te esta diciendo: “en este lugar no hay posibilidades para vos”... Lo que me parece es que el problema principal no esta en solucionar el problema particular de Rosario, sino en ver que se hace con una cosa con toda la Argentina y con unas cuestiones regionales. Que no hagan que por ejemplo, toda la producción de todo el país termina saliendo por Rosario y por Buenos Aires, sino ver como podrían trazarse otros sistemas en los cuales la producción del país a lo mejor no sale por Buenos Aires o por un territorio argentino, pero que a lo mejor sale por un territorio chileno que esta mucho mas cerca o por un territorio brasileño que también queda mas cerca que capital... Hay cuestiones geográficas que han hecho que estos caminos existen... no solamente de geografía política como las fronteras mismas, pero sino de geografía física como la misma barrera que significa la de la cordillera de los andes y el poder atravesarla. - (Inès) El rio es también una ruta ya hecha... como ir a contra de este rio Paraná que permite llevar cosas entre Brasil y el océano Atlántico hasta Europa... - Yo no sé hasta el norte, cuanto es navegable el rio Paraná... No sé si con barcos de carga tan grandes sé puede pasar ya en adelante... - (Inès) En el plan cuadriculado de Rosario, cuales son los elementos que permiten orientarse ? Cuales son los puntos que permiten entender la forma de la ciudad ? - Aldo Rossi es un referente para los urbanistas de esta ciudad. El habla de lo que es el tejido normal, lo que es el monumento... El monumento no necesariamente como una construcción o como una estatua sino como un lugar reconocido públicamente como un lugar de encuentro, como una plaza, como un parque... y un lugar de referencia para esta ciudad, sin duda es el rio. Porque cuando todo este sistema, esta cuadrilla que parece ser siempre igual se encuentra deformado y chocado contra un sistema de forma mucho menos geométrica o con una geometría de forma mucho menos rígida y pensada por el hombre, ahí, casi en la costa, es donde se produce que esta manzana empieza a estar triangular y empiezan a ocurrir cosas... Este sistema tan rígido que es el plano se rompe por la presencia de este elemento rio. El rio me parece que es como un distintivo de la ciudad, un referente permanente mas que un punto! «A donde vas?» «Nos encontramos en Sarmiento y el rio». Después los parques, las plazas, ... y los otros monumentos que son naturales o artificiales, son los puntos en los cuales uno se referencia.
FABRICACION DE LA CIUDAD ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Puedes explicarme a que te dedicas en estos últimos años ? Cuales facetas de Rosario son materia a proyectar en tu trabajo en la Metropolitana, en la facultad, en el estudio…?
Tengo 34 anos, nací en Rosario, estudié en la FAPyD. Tengo un estudio particular con dos socios, se llama estudio Arzubialde. Trabajo desde 5 años en la municipalidad de Rosario a la mañana. En la municipalidad trabaje siempre hasta mitad de 2013 en una oficina que se llama Secretaria de Planeamiento, y particularmente en una oficina que hacia normativas para la ciudad y proyectos de gran escala, y se llama Programa Centro Periferia. Por ejemplo Puerto Norte se hizo en la oficina donde trabajaba. Se hizo un concurso y se normalizo, así se llevo al cabo por partes en este oficina. Puerto Norte es una operación privada pero normalizada por la municipalidad, por el Estado. O Sea eran grandes lotes en relación al rio, de propietarios privados y que tenían una función antigua de exportador. Habían grandes parillas ferroviarias, y áreas portuarias… varias vías una al lado de la otra, como una estación terminal de tren y trenes de carga que llevaban al puerto. Entonces había una refinería de azúcar que después se convirtió en parte del edificio del proyecto de Caballero, Ciudad Rivera. La voluntad de guardar el patrimonio en el proyecto era de la municipalidad pero en el proyecto lo iban a hacer igual porque así una parte de la construcción ya estaba... Ahora trabajo en otra oficina que también depende de la municipalidad. Acepté esta invitación porque quería aprender a trabajar a otra escala, mas territorial, menos relacionada con el diseño de edificios, con el pensamiento de construcciones edilicias puntuales sino que tiene mas que ver con problemas de la gran ciudad, de la metrópolis. La oficina se llama Metropolitana. Bueno, a Rosario están pegadas un montón de otras localidades, Granadero Baigorria, Capitán Bermúdez, Fray Luis Beltrán, San Lorenzo, Puerto General San Martin y todo esto va atravesado por ríos y arroyos, el arroyo Ludueña al norte, el Saladillo al sur que nos separa de Villa Gobernador Gálvez, al lado de Gálvez esta Alvear, Pueblo Esther, General Lagos,
Arroyo Seco, hasta Ibarlucea, Funes, Roldan, Pérez, ... El espacio donde yo trabajo es esto, menos Rosario pero a lo larga termina incluyendo y sirviendo a Rosario. Lo que también me intereso de esta oficina es que trabaja con un ente que se llama ECOM (Ente de Coordinación Metropolitana). (6min30) Es un ente al cual las diferentes ciudades y comunas se asocian voluntariamente, y me gusta porque hay localidades que están gobernadas por el socialismo, por radicalismo, o por el pro o por el kirchnerismo, por todas están buscando un bien común y coordinar unas cuestiones para solucionar problemas que tienen en común. Entonces a mi me interesa que la solución que se brinda acá es una solución técnica que deja un poco de lado diferencias políticas o de colores... Diferentes ideas en poder de un bien mejorado común. - (Inès) Y cuales son los «instrumentos» de acción de la oficina Metropolitana? - Sobre todo hacemos reuniones en las cuales todos estos intendentes o jefes comunales confluyen, se hacen dos o tres veces al año porque coordinar todos juntos es muy difícil. A partir de esas reuniones se lleva a acuerdos. Porque a lo mejor hay dos o tres localidades que son vecinas y tienen una ruta común que las atraviesa y que las va uniendo todas, y tienen problema con la circulación de camiones, porque pasan y son tránsitos muy pesados que llevan cereales a diferentes terminales portuarios y pasan por el interior de la ciudad y destruyen los pavimentos, las calles... La movilidad es un problema fundamental con el transporte y las áreas logísticas que son por ejemplo las áreas de espera en la época de cosecha y de exportación. El tema es: donde esperan los camiones? Porque por ejemplo si acá hay una área portuaria (dibuja una área cerca del puerto) y esta sobresaturada de actividad, hay un momento en el que la ruta esta completamente llena de camiones y están las familias viviendo al lado... Entonces es un problema logística, hay que coordinar y poner grandes áreas, que en verdad tienen que estar un poco pagadas y financiadas por este privado que es el puerto. El tendría que alquilar un campo donde estacionan los camiones durante la época de exportación o de cosecha. El instrumento son las leyes también. Es un Ente que tiene muy poco poder de momento porque no hay una ley que instaure cierto poder sobre las áreas metropolitanas. Esta legislado y de alguna manera normativizado, como funciona una comuna y como funciona la provincia y como funciona la nación, pero una escala intermedia que fuese una región o una área metropolitana no esta normativizada. No hay como un jefe de área metropolitana, un intendente metropolitano que este al tanto de todos estos problemas. Entonces es algo que tiene muy poco poder, como conseguir dinero... Ahora Metropolitana trabaja para el partido socialista o es inventado un poco en los últimos anos por el ultimo intendente de Rosario que fue Lifschitz, que ahora es gobernador. El invento un poco el ECOM y el sistema en el cual se relacionan todos los “vecinos”... La presidente del ECOM es la intendenta de Rosario, porque siempre el intendente de la ciudad capital o principal de la área metropolitana es el jefe del ECOM. Por ejemplo, otro problemas a la escala territorial, es las áreas de resguardo fitosanitario. Tienes un pueblo muy chiquito, rodeado por áreas de producción rural, básicamente es la soja en nuestra región, para que crezca la soja, que no se contamina o sea infectada por plagas, se fumigan con unos venenos fuertísimos que afectan a la vegetación, a la fauna, a los humanos, al agua que esta bajo tierra... En muchos estos pueblos el tema del cáncer es groso... No es solamente un problema del área de Rosario sino de la provincia de Santa Fe y de la Argentina en general. Hay muchos canceres o chicos que nacen con mal formaciones por estar en entorno así. Así que desde la oficina donde trabajo, se esta elaborando poner una norma para poner un anillo perimetral verde, de producción no extensiva, en que podrían funcionar huertas u otros tipos de producciones industriales, agropecuarias,… Y de hecho todo esto también debería estar protegido por una corona des arboleda, que impida también que el viento cuando se fumiga al lado traiga las pesticidas y que uno lo respire... que funcione como filtro, como muro. Todavía no hay proyectos concretos pero hay mucha gente que esta trabajando sobre el tema y lo que estamos tratando de hacer acá es redactar una ley que especifique de cuanto es esta distancia... Eso todavía nadie lo tiene definido porque no tiene que ver específicamente con un numero pero también con los vientos que predominan en la región... Hoy se fumiga hasta el limite con el pueblo, hasta la ultima manzana y la ultima casa! También me parece interesante de concientizar el productor y no decirle al tipo que va a perder estos metros que van a servir de corona. Sino decirle “a ver, no significa que vos tienes que resignar y perder todo lo que pasa acá, sino que vos tienes que empezar a pensar otra producción que te sea igual o mas rentable para que todos ganemos”... la ciudad y el propietario de los terrenos. La producción puede ser de madera o de arboles frutales... Es difícil pero interesante. Son entremedios estas áreas periurbanas, porque no son ni perímetros rurales, ni urbanos. Difícil porque somos casi solo arquitectos y no conocemos un montón de cosas que tienen que ver con producción,... Trabajamos con un ingeniero hidráulico y también somos un ente de coordinación lo que significa que el ente o el ECOM o Metropolitan, no tenemos que resolver todo sino que a lo mejor tenemos que coordinar diferentes actores. Hacemos que los productores de la región tengan reuniones con el Instituto Nacional de Tecnología Agropecuaria que es el INTA, donde son todos agrimensores o ingenieros agrónomos,... y saben mucho mas sobre lo que es la producción este... Tratamos mas de ver como relacionar todos los actores. Nosotros no manejamos plata para obras, la gestionamos, la buscamos. Todas las zonas de la periferia crecieron muchísimo los últimos anos en cuanto a urbanización y en cuanto a construcción de viviendas, al sur en Pueblo Esther, al oeste en Roldan y Funes,... Online (webmetropolitanaros.com ) están las tres publicaciones del ECOM. ECOM es una oficina nueva, reciente, empezó al fin 2012 y estas publicaciones resumen un poco el trabajo que se vino haciendo. La idea es seguir actualizándolas. El primero numero trata de contar el lugar, caracteriza la región y describe cada una de las ciudades de
el área. En el secundo se estudian áreas metropolitanas que se han conformado institucionalmente en Europa y américa, y describe un poco históricamente el territorio de Rosario. El ultimo numero describe directrices importantes a trabajar, describe propuestas. De lo que pasa del otro lado del rio no se ve mucho... Últimamente, trabajamos cada vez mas con ladrillos porque hay muchos en la zona. Hicimos un workshop con ladrillos justamente, trabajo que salió publicado. Teníamos ganas de organizar algo, de dejar algo construido y de hacer algunas experimentaciones que sirvieran tanto para los alumnos, como para nosotros, hacer algunas pruebas... Fue con arquitectos jóvenes ya graduados y alumnos de toda edad. Fue una propuesta mas bien de Verónica, que es una arquitecta chilena que la conocimos en 2014 en Buenos Aires en un evento de arquitectos. Ella ya había trabajado con grupos de alumnos y haciendo algunas de estas pruebas, nos propuso organizar algo parecido acá en Rosario, ya que nuestro estudio tenia que ver con el uso de ladrillo... Y nos pareció una idea muy buena. Entonces en Roldan, donde vive uno de nuestros socios Franco, hay al lado una plaza donde no hay nada o habían pocas cosas, y hablamos con el intendente, le dijimos que queríamos hacer algunos experimentos, que a lo mejor podría resultar algunos bancos, algunos asentamientos, algunos equipos para la plaza, y nos permitió usar este espacio. Fue una experiencia muy intensa de 10 días. O sea, 3 días para trabajar en grupos y proyectar lo que cada uno iba a proponer y construir, y los 6dias mas fuimos a construir... Se trabajo con dibujos y maquetas de uno en cinco... Todavía están! Están un poco deteriorados por algunos vecinos. De hecho se lo apropiaron como pensábamos. Pero la primera noche fue un grupo de chicos y vandalisaron algunas cosas... La próxima veremos para involucrar un poco mas al barrio para que el resultado sea un poco mas cuidado y querido por el publico que vive ahí. Pero para nosotros y los alumnos, el workshop fue muy bueno. Vinieron muchos chicos, nosotros era la primera vez que intentemos trabajar algo por fuera de cualquier institución, no queríamos trabajar ni con el colegio de arquitecto, ni con la municipalidad, ni con la facultad... Tratemos de salir de cualquier sistema y organizarlo por nuestra cuenta. No es fácil salir de las instituciones...
Abordamos el tema de los actores de la fabricación de la ciudad de Rosario… El estado, la provincia, la municipalidad:
La nación otorgo algunos créditos para la construcción, lo que se llama Plan Procrear y con el que los últimos dos años trabajamos mucho en toda esta región de Roldan. Yo sé que la municipalidad de Rosario hace grandes esfuerzos para que lo que hay funcione lo mejor posible. Los gobiernos locales, los gobiernos en general, creo que en Argentina los últimos años han destinado mucho recurso a intentar de alguna manera repartir un poco mejor la riqueza, no necesariamente de modo exitoso... Tengo amigos arquitectos, colegas que trabajan también en el ENTE Movilidad de Rosario que están permanentemente haciendo estudios, viendo cuales son las mejores rutas, los mejores perfiles de una calle, estudiando bien cuales son las vías por donde pasan los colectivos, donde están las paradas... Un boleto de colectivo sale 6 pesos, debería salir mas de 10 pesos, que significa que el resto del precio esta subvencionado por la nación y por la municipalidad de Rosario. Es caro, pero debería estar mucho mas... En Buenos Aires sale 3 pesos un pasaje pero esta subvencionado con toda la plata de la nación. Todo lo que tiene Buenos Aires lo tiene porque otras ciudades no lo están teniendo, básicamente es mas o menos así... Y tiene el problema mas grande de este que venimos mencionando, con mucha villa, mucha pobreza que se instala alrededor porque intenta vivir un poco de eso, de toda esa riqueza que esta concentrada ahí a partir de que no esta distribuida en el resto del país. Entonces para mi, primero el problema seria intentar tener una estrategia que se salga un poco de esta estructura de mano o de árbol que tiene la Argentina, es decir que el primer contacto con el mar lo tiene Buenos aires y sale todo por ahí, es la barrera, la frontera y la aduana de lo que entra o sale de la Argentina. Entonces, me parece que muchas de estas cosas se distribuirán mucho mejor en su lugar si estuviésemos pensando en una forma en que la salida y la entrada de los productos tengan una salida mucho mas cercana que Buenos Aires. Desarrollar las otras ciudades, empezar a pensar, mas que en un proyecto de ciudad o un proyecto de área metropolitana, pensar en un proyecto de país, de territorio que habla de este tipo de cosa.
Los habitantes, la participación y autoconstrucción…:
En otras regiones de Argentina es mucho mas fuerte el hecho de la autoconstrucción, de la ayuda entre vecinos, que en Rosario. - (Inès) Te parece que cosas se pueden aprender del funcionamiento de la villa, de las islas para la construcción de la ciudad? - Hay una palabra china para crisis. Es un símbolo que se utiliza para representar tanto problema como solución en China. Y esta bueno o sea la cris es como un punto que te lleva a buscar nuevas soluciones al problema. Y a mi me parece que en las condiciones de máxima pobreza, que son condiciones criticas, hay oportunidades para hacer con la menor cuantidad de dinero posible, o con la menor cuantidad de
recursos, hacer lo mas que se puede. Un poco eso son también las villas, con muy poco, algunas chapas los tipos consiguen tener una cubierta... A mi me gusta tratar de llevar esto a mi profesión, o algo intento... En el estudio trabajamos mas con proyectos de casas, edificios... No trabajamos con clientes ricos sino que son como nosotros. Así que nuestros proyectos están pensado y orientado para que materialmente se pueden construir con la menor cuantidad de dinero posible. Sin materiales lujosos... También, le preguntamos a veces a nuestros clientes, «A ver, vos que sabes hacer?» « Y… yo sé un poco de electricidad, yo podría hacer instalaciones...» Entonces ahí ya tenemos un problema resulto, por lo menos de lo económico, que no tenemos que pagar un electricista porque sabemos que el dueño lo va a hacer. O que no vamos a tener que gastar dinero en revoques porque no vamos a usar y van a quedar los ladrillos vistos... Entonces me parece que de condiciones criticas y de carencia, siempre hay una lección para aprender y para trasladar al oficio de uno...
PARA TERMINAR ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Cuales son tu maestros a pensar en tu enseñanza de la arquitectura ?
Tengo referencias de Rosario, porque hay muchos arquitectos muy buenos y lo que tiene un poco la ciudad esta es que es chica y te permite acceder a ellos, podes ir a conversar con ellos. Eso me gusta de Rosario, que la comunicación dentro de una disciplina se pueda plantear, transgeneralmente también digamos. Las personas que yo te puedo hablar son mas grandes que yo, no cruzamos juntos a la facultad, pero sin embargo hemos accedido a su trabajo... Hay tres grandes que pueden ser Villafañe, Caballero y Rafael Iglesia. Diego Arraigada... Me gustan mucho Miralles y Siza también, Zumthor...
Carolina Roldan
Estudiante en la facultad de arquitectura, planeamiento y diseño de Rosario; ayudante en un taller de proyecto arquitectónico (nivel proyecto 2) ; presidente y cofundadora de la ONG Orillas desde 5 anos; trabaja en la municipalidad de Rosario.
RELACION ISLAS/VILLAS/CIUDAD FORMAL ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Que piensas de la relación entre ciudad formal/islas/villa ? De sus puntos comunes y sus diferencias en términos de habitar, de practicar, en su morfologías,… Que te parece de los intercambios y dinámicas que existen entre la ciudad formal/islas/villa ?
Los chicos del barrio de la SIberia usan la ciudad, si quieren ir al parque van y no les llevan los padres aunque son rechicos. El parque Urquiza queda muy cerco de la Siberia! Los mas grandes tienen 11 anos, ne es que son tan grandes... Hay una familia de siete hijos, ahora nos invitaron al cumple de 15 de la mayor. Es en junio pero me lo dio con anticipio porque les cuesta un monton. Aun los que viven en la villa tienen esta costumbre de festejar los 15 de las chicas. Pero lo hacen distinto. Es con vestido grande, blanco, asi de princesa... Habia gente en el barrio, ahora se mudaron, hace poquito a Ibarlucea porque consiguieron una casa proprio con la municipalidad. Y ellos siempre nos ayudaron a hacer todo, desde que venimos. Se fueron muy lejos de la ciudad... El ano pasado hubo como un concurso masivo para anotarse a la municipalidad, por Internet, depues rendia unos examenes, y la madre de los siete hermanos quedo! Porque tiene otro interes y ve la vida de una manera diferente... Ella fue la unica que se anoto mientras que lo dije a un monton.. Pero bueno. Ella estudio, rindio, y obtuvo un bueno porcentaje. Esta haciendo cafés, que sé yo. Encima ella termino una escuela y es técnica química, o sea que habla y escribe muy bien. En realidad muchos saben mas o menos escribir...
FABRICACION DE LA CIUDAD ////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Cuales es tu papel actual en la ONG Orillas ? En que consiste el trabajo de Orillas?
Siempre lo que apuntamos es darle lo mejor a los chicos. No pensar que como voy en un barrio me voy a vestir de hippie para ir, ni tampoco voy a tratar de llevar las obras, nosotros siempre tenemos discusiones con personas porque te dicen: «Pero si no tienen nada, le sirve la media rota!» Pero para que les voy a dar una media rota si sé que en realidad no se están muriendo, si veo alguno que está en un caso extremo ahí voy y le doy las cosas. Pero si que viven mal y todo eso, pero más o menos sobreviven. No es que no tienen una media... Entonces queremos darle siempre lo mejor e integrarlos a la sociedad de una manera que no quedan siempre relegados en el medio de la villa. Porque también tienen un programa, (9min48) que con becas que conseguimos, les llevamos a hacer actividades afuera. Unos chicos juegan al básquet en un club hace dos años. Y el año pasado ganaron un premio, uno el mejor jugador de la categoría y el otro el mayor progreso. Así que a nosotros nos pone recontentos porque cuando están con otros chicos, ven como es entonces no voy a darles unas zapatillas rotas... Queremos conseguirlos las mejores cosas, ahora para el salón estoy tratando conseguir tablets, cosas así para incluir la tecnología en el proceso de aprendizaje. En realidad fue un poco de casualidad… La gente del club Unión y fuerza nos ayudó mucho para encontrarnos con los chicos de la villa. Porque siguen viviendo ahí y con ellos nos llevamos muy bien. Ya un montón de organizaciones quisieron ir pero ninguno se quedó. Van el día de los niños, llevan juguetes y se van... Nosotros lo que queremos es que los chicos no quieran venir con nosotros porque yo les puedo llevar a dar comida o juguetes... lo que queremos es que les interese lo que hacemos como los talleres. Por eso les consultamos a ellos que le gustaría aprender...
Hace poco Ashoka nos incluyó, como en un folleto de Ashoka, como los emprendimientos destacados y ella siempre dice que lo que nosotros tenemos que aprender es contar bien lo que hacemos porque en realidad nadie más lo hace como lo hacemos nosotros. Porque ponele, las otras asociaciones te van a dar un taller, pero lo hacen con un pensamiento diferente. Ponele TECHO sigue haciendo asistencialismo, la fundación Sí está bien que la gente necesite frazadas una vez pero ellos siguen haciendo asistencialismo. Lo que nosotros queremos es darle las herramientas para que ellos mismos puedan después conseguir las frazadas, puedan conseguir las zapatillas, las medias o lo que sea. Porque si yo voy y les doy las medias, van a venirse a preguntarme y no les va a interesar hacer otra cosa. A lo menos eso fue lo que intentamos y ahora los chicos no vienen a pedirnos cosas, vienen a hacer los talleres. Por eso dicen siempre: “señora cuando empezamos?”, “señora yo quiero hacer esto...” Por eso también habíamos hecho los sueños de cada uno: sueno con el campo, ir al mar, con tener un auto... Así sabemos lo que los podemos hacer hacer. El nombre de chicos que viene al taller es como muy intermitente. Ahora estamos haciendo un taller de nutricion y cocina con los adultos. Y con ellos estamos por hacer un emprendimiento de dulce de leche vegano para vender. La idea era que habrán un emprendimiento para que puedan hacer un trabajo. En el momento preguntemos: Y que producto vamos a hacer que nadie lo vendiera, que sea original... Y uno de los chicos es vegano y dijo dulce de leche solo existe uno que es horrible que lo hacen en Buenos Aires y encima es caro. Y conseguimos un montón de dietéticas y bares que lo comprarían... Así que estamos con el proceso de hacer eso, ya encontraron un lugar al lado de una capilla donde nos pueden prestar la cocina, porque ya tienen todo armado... Sino nosotros íbamos a buscar un cocina... Orillas hace 5 años y un poco que existe. Empecé a trabajar en la municipalidad, en junio un ano después del momento en que empecemos a pensar Orillas. Yo me hice amiga con uno de los chicos que venía a ayudar a mi tío que fue concejal de la ciudad, y siempre decíamos que la gente se queja de los problemas que hay y nunca intenta buscar una solución a esos problemas. Y cual sería la solución más original o que sirva más para solucionar eso? Y ahí planteamos que para solucionar todos los problemas de inseguridad y todas las cosas que pasan acá, que hay mucha gente en la villa, cosas así... era importante que la gente estudie o trabaje o las dos, entonces salen de esta situación en que viven. Entonces planteamos primero los talleres, y el lugar fue porque uno de los chicos conocía, venia ahí porque era de Cilsa, es una ONG que se ocupaba de dar la leche a los chicos. Entonces los de Cilsa nos presentaron a los del club, nosotros con los del club rebien. Nos dijeron que un montón de gente van un mes y después se van, entonces los del club nos decían: “Pero ustedes van a seguir viniendo?” Porque lo único que ellos querían es que no sea algo que una dia hacemos algo y el dia siguiente nos vayamos... Además los niños se atan a nosotros. Somos quince y todos voluntarios, algunas veces faltamos, pero de los 15 somos 8 siempre presentes. La idea es que después se pueda ir a hacer en otros lugares, otros barrios. Porque nuestra idea es como transmitir los valores a través los talleres o de las distintas actividades que hagamos. El taller de foto que hicimos ya, fue porque nosotros a veces íbamos con cámaras y los chico piden que les prestamos, lo que significa que le gustaría aprender fotografía entonces hacemos taller de foto. Antes de hacer siempre hacemos como una investigación y vemos que les gusta o no y lo hacemos. Nosotros a pena lleguemos al barrio, hicimos como una encuesta, que ahora lo vamos a hacer de nuevo porque hay un montón de gente nueva. Y estuvimos viendo que necesitaban las personas, como vivían y todo eso, ver si los chicos van a la escuela, si se quedan de lado... Vemos que los chicos que vienen con nosotros, desde que vienen no se quedaron nunca más de lado porque les ayudamos, les damos las clases... Eso nos sirve de parámetro para medir que lo que hacemos tiene resultado positivo, sirve en algo. Los planes no tienen que ser por vida, o sino - yo lo veo en el barrio- hay un montón de gente que no hace nada porque total vive con el plan y prefieren vivir así. Pero es un pensamiento que viene derivado de un montón de generaciones... Reciben dinero por no hacer nada. Yo no podría vivir sin trabajar pero ellos si, los ves o ves cómo viven y les pregunto si no tienen ganas de progresar y algunos me dicen que si! Por eso, tratamos de detectar a través de las encuestas o lo que sea, o estando con los chicos, para saber lo que necesitan realmente. Porque lo que yo puedo creer que ellos necesitan algo pero ellos no van a necesitar lo que yo creo que necesitan. Surgió Orillas por nuestra propia necesidad de aportarle algo a la sociedad y tratar de solucionar un problema. Para mi la mayor parte de las otras asociaciones no tienen la buena manera de actuar, porque un amigo periodista me decía que a ellos los periodistas, se les daba un poco de culpa porque un montón de veces muestran trabajos de organizaciones pero como de un impacto en un día, un momento, una colecta de tal cosa o se inundó la gente y buscan frazadas,... un montón de cosas así. Y porque no mostraban el trabajo que hacia gente como nosotros que es un resultado mucho más lente que el de las otras asociaciones. Pero el me decía, en realidad ustedes trabajan el triple de lo que trabajan los otros organizaciones. Para lo que hacen mal hay un montón de organizaciones, de ONG, que tienen un montón de plata como Techo, o la fundación Si, que son mucho más conocidos y vos ves que no integran a la gente, a los niños. Hay organizaciones que van una vez por mes solamente... En Orillas queremos que todos tengan la misma participación pero que los que se encargan de un taller van una vez por semana a este taller. Además que nosotros tenemos una manera de funcionar que es que
lo que no queremos que haya una persona que diga lo que tiene que hacer. porque realmente yo soy la presidente pero todos somos iguales, cada uno puede aportar su idea y sea libre en el taller que quiere dar... Lo único es que no apuntamos este tipo de taller de ir para darles la merienda a los chicos, porque no es como trabajamos. Nosotros hacemos festejos o cosas así, ahí llevamos la merienda, al día de los Niños,... pero que también ellos sepan que se lo ganaron por todo un esfuerzo que hicieron durante un tiempo. Y nuestra manera de trabajar es tener un concepto de horizontalidad. (1h7min) Nos reencarinamos de los chicos pero no tendría que ser así...! Por eso cuando hacemos lo del padrinazgo lo que al menos intentamos es que los padres los llevan a hacer actividades, porque el primer año de básquet estuvimos nosotros a llevarlos todos los días a practicar, a los partidos... Medio que deje de lado mi taller porque no podía llevarlos al básquet. Pero el año pasado, logramos a que los padres los lleven, una vez que conocían el lugar, el club... Así ellos mismos piden a los padres que les llevan, responsabiliza los niños que tienen que saber a que hora juegan el partido y eso.
Como se relaciona Orillas con la política? :
Hicimos como un laboratorio científico y hacíamos experimentos en la calle y en las escuelas con materiales cotidianos. Y toda la gente decía que era magia, no, no, es ciencia. Y les aprendimos a los chicos, porque lo que apuntamos es que trabajen la logica del pensamiento critico porque de esta manera, cada uno puede formar su propria idea. Entonces van a poder elegir a quien pueden votar, van a poder elegir con quien se quieren juntar, a donde quieren ir... Que cada uno forma su ideal mirando y experimentando muchas cosas. Porque también lo que pasa es eso, y nos pasó a nosotros estando ahí. Vino un día un colectivo de Rossi, el candidato para estar gobernador, se llevó todos los chicos sin decir nada, se los llevo a un acto político mientras que tienen entre 6 y 16 anos... Obvio que los nenes se sube porque nunca se subieron en un colectivo de dos pisos... Y nosotros nos quedemos ahí mirando como que está pasando? No puede estar pasando eso!! Porque después les dan los choripanes, pero ni siquiera avisaron a los padres que se llevaban a los chicos. Así que después están todos los niños sacándose las fotos en el acto... Yo no quiero que pasa eso, quiero que ellos vayan si en realidad quieren ir, no porque venga un colectivo con alguien que les dice les voy a dar comida, les voy a dar... Esto fue hace tres años atrás, en la campaña anterior. Y nosotros teníamos plata de un premio que uno de mis amigos gano porque quedo seleccionado para ir a Londres a un encuentro y les dieron 300 livras, que no era nada casi, pero era para hacer un proyecto sobre los derechos humanos y específicamente los derechos de los niños. Entonces hicimos todo una campania en contra del uso de los chicos en la política. Un montón de gente lo mal interpreto porque, lo que no estoy diciendo es que un chico no vaya a un acto político, lo que estoy diciendo es que vaya si sabe a dónde está yendo. Aca aparecen un montón de grupos políticos pero vienen para la época de las elecciones nada mas. Los medios influyen un montón. Hablando con los de la Siberia, me preguntaron a quien había votado. Y yo les pregunte que opiniones tenían, y ponele que conocían únicamente a Macri y Scioli que son los únicos que para la prensa podrían llegar a ganar, y los tres otros candidatos ni los conocían. Para mi es cómo influyen y la cantidad de plata que ponen... Es plata en realidad, ni siquiera es el trabajo de las personas, es la plata de la propaganda que pueden hacer. Eso es lo mas choto.
Como encuentran fondos y materiales para realizar los talleres de Orillas? :
Orillas sali en revistas, fuimos publicados en la Nación también, el la Capital, en un par de cosas de aca, en el programa de la mañana de la télé,... - (Inès) Y después de estas publicaciones, recibieron ayudas de la ciudad o de otro medio? - Yo pensaba que iba a tener, mas que todo después de salir en La Cosmopolitan porque un montón de pibas compran, pero una sola me escribió a la pagina Facebook... Yo quiero que nos pongan «me gusta» en la pagina porque es muy difícil difundir. Hay gente a veces que nos ayudan porque dan cosas o ponen plata… Después con los premios que ganamos juntamos dinero, y del Estado no, porque no queremos pedir plata. Porque aunque te dicen que es solidaridad o lo que sea para ayudar a la ONG, porque vos estás haciendo algo que el Estado deberia haber hecho..., termina siendo que vos quedas enganchado en cosas que a lo mejor no queres hacer con politica. Entonces preferimos mantenernos solo. O sea aca con la municipalidad todo rebien, un montón de veces vamos a lugares y nos dan entradas gratis, nos prestan un colectivo, la otra vez necesitábamos un escenario para el club de futbol en la Siberia, al lado de nuestro salon. Ahora se ve nuestro salon, antes no se veía. Ahora lo ampliamos, vos venís por calle Cerito y ves el dibujo que le hicimos con los de Collage Lab, que nos hacen los diseños. La chica es de Buenos Aires pero el marido es de Amsterdam. A mí me causa gracia, no sé porque me respondieron porque la mayoría de las personas les mando un mail y no me responden, y además ellos en Instagram tienen de los shoppings,
de Lacoste, de Swatch, trabajan para un montón de marcas reimportantes, ... y estamos nosotros ahi en el medio. Nos hacen todos los diseños gratis... Y bueno el chico es grafitero, dibujan rebien. Ahora lo que queremos hacer es pintar una pared cerca de la Terminal, habíamos pedido el permiso, y ibamos a hacerlo todo junto. Con ellos y con los chicos pintamos todo lo del salon, vinieron y les dieron un taller de graffiti a los nenes. Estuvo rebueno! Uno de los premios que ganamos era de Ashoka que es una organización mundial que ayuda emprendedores sociales. Lo ganamos apenas estabamos empezando con Orillas, y quedamos como en una red donde hacen encuentros, dan charlas, presentan otros emprendedores, y esta bueno porque te conoces con un monton de gente del mundo.
Con lo académico:
Los chicos de la villa van a escuelas en los barrios, va cualquiera. Hay tres escuelas. En una de estas empecemos a hacer el taller científico parque había un laboratorio medio abandonado. Pero después, no sé quién del ministerio, no sé quién de la escuela, dijo que no estábamos profesores, que porque estábamos dando clases... Enonces no lo pudimos dar mas. Por eso que después creamos el laboratorio móvil. Era mejor al final porque se acercaba la gente a mirar los experimentos... También genera un lazo entre los adultos. Yo siempre estoy pensando en lo que podría ser innovador. En el barrio les damos calases de inglés, apoyo escolar, matemáticas y ciencias. Porque también lo que apuntamos es trabajar la lógica, el pensamiento crítico. No queremos hacer como en la escuela. Porque los chicos van pero faltan, o no hacen lo que tienen que hacer... Van completo el mes que tienen que ir para tener el Plan ponele... ! Algunos padres dicen a sus hijos de ir a la escuela. No queremos que ser como una escuela porque también nos dimos cuenta, dando los talleres, que un montón de veces los nenes y el conocimiento de cada uno no tiene que ver con los años que tengan. Tiene un montón que ver con los intereses de cada uno. Como que algunos se desarrollan mucho mejor en un tema y a lo mejor capaz que lo hacen mejor que yo, pero porque les interesa mucho algo. Nos dimos cuenta que a lo mejor un nene de 6 anos puede ayudar a uno de 14 a hacer una cosa. El hermano se ocupa del otro... El pequeño Franco, que es de la familia de los siete hermanos, el ano asado se preparó para entrar al politécnico, pero rindió y le fue mal. Para mí fue toda la situación de estar ahí rindiendo, en este lugar todo en silencio, con otra gente, es redistinto de todo lo que hace el en la escuela... Porque es reinteligente, hace todo de matemáticas... Con nosotros, los niños son libres, entran y salen del salón porque justamente tener que quedarse en un salón es lo que hace que no van a la escuela... También lo que queremos es que los chicos hagan cosas que nunca hicieron, como ir a desayunar en un bar. Fuimos al VIP un día que estábamos al monumento y que hubo mucha lluvia. Era el lugar más cercano. Entonces pedimos un desayunos para cada uno y llevaron los cafés y las medialunas. Entonces un niño me dijo: «Señora, gracias por traerme acá, gracias, es que nunca tomé un café con leche en un bar.»
Los habitantes, la participación,…:
Hace poco hable con Esther Duflot, es socióloga y economista francesa. Ella di un par de charlas TED, ahora esta profesora en una universidad de Boston. A un momento en que yo me preguntaba en como explicar algunas cosas de la educación, me interese en lo que escribe ella porque hace muchas investigaciones y te habla de eso. Por ejemplo una que hizo en Africa por el tema de la malaria. Ella hace como experimentos sociales ponele hay un tema: en Africa, combatir la malaria. Entonces, cuales la mejor manera de combatirla. Bueno necesitamos mosquiteros. Entonces analizan distintas comunidades pobres, porque los ricos no van a necesitar mosquiteros o como explicar la necesidad de un mosquitero. Entonces a una comunidad se lo regalaron, a otra comuidad lo dejaron al precio que salía y a otra se lo dieron al precio minimo. El resultado de todos esos experimentos salió que a los que se lo regalaba, lo usaban para cualquier cosa como para pescar, pero muy poco lo usaban como mosquitero o a los tres días lo rompían ponele. A los que salía como cuento salía, no lo podían pagar. Y a los que le compraron un precio mínimo resulto que eran los que más lo usaban, lo tenían por todos lados y lo cuidaban, porque claro, tienes que hacer un esfuerzo para tenerlo. Todas las cosas que vos haces con participación que sea con dinero o tiempo, lo cuidas más, prestas más atención. Así que habla del esfuerzo de la gente, y era también lo que quería decir para Rosario, que si la gente aporta en la construcción de las veredas, cuida muchísimo mas, las borran, las limpian, no ponen autos, porque pagan un par y la municipalidad se ocupa de la obra. Ahora tenemos que pintar todo el salon adentro porque nos quedó chiquitito lo agrandemos. Remodelamos todo el salon, lo hicimos el revoque, el mural,... No fue fácil hacer el nuevo salon y conseguir todo gratis. Pagamos algunas cosas pero.. Además conseguí que una de las cooperativas que trabaja conmigo en la
municipalidad haciendo veredas, nos haga toda la construcción gratis. Porque me llevo bien con ellos, les saludo... Hicieron todo, desconstruyeron las paredes, pusieron el perfil,... Hasta me llevaron un poco de material. En realidad yo quisiera pagarles un poco, lo que se puede. Entonces a mi me pone recontenta que me ayuden... Ellos son rehumildes encima, aunque mejoraron un montón su situación económica con la cooperativa. En una cooperativa trabajan a lo menos cuatro personas y la mayor parte vive en villas o barrios humildes.
Cuál es el tema de las drogas en el barrio de la Siberia?
Acá no es que no hay drogas. Venden y hacen negocios turbios. La mama de uno nene que iba a básquet ahora no lo deje ir mas, desde el año pasado, no sé porque, para nosotros vende droga. El año pasado le tiraron un tiro a cada pierna o sea obvio que vende droga... Como debe tener miedo que lo hagan algo al pibe, no lo deja ir al basquet... Así que el año pasado nosotros logramos pedirle un remis, para que no anda solo al basquet, y que vaya con los otros nenes pero tampoco lo deja ira...
Juan Pablo HUDSON
Doctor en Ciencias Sociales ; trabajas en investigación social y política ; autor de libros y artículos sobre Rosario.
1) Puedes hablarme de lo que te llevo a hacer estudios sociales y políticos? Y si hay una relación con el hecho que sos rosarino?
Empiezo por aclarar que para mí la investigación o la noción de estudio está intimamente ligada a la de intervención política. No soy un observador de las dinámicas actuales de Rosario sino un investigador militante que, en forma colectiva, me propongo intervenir sobre problemas complejos que atraviesa esta ciudad en este inicio del siglo XXI. Por supuesto que actúo en escenarios urbanos a los que me une un sentido de pertenencia construido a partir una historia de vida. Eso me pasa con Rosario pero también con los compañeros con los que comparto las experiencias de investigación.
2) De qué formas ejerces tu profesión ahora ?
Algo contaba en la pregunta anterior. Por un lado, trabajo como Investigador del Conicet (Consejo Nacional del Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas); pero mi punto más fuerte de trabajo en investigación lo llevó adelante en un colectivo llamado Club de Investigaciones Urbanas, en el que participan otros investigadores de Conicet, artistas y profesionales. El Club trabaja junto a organizaciones sociales en los barrios populares. Nos proponemos crear espacios de pensamiento para elaborar problemas, abrir nuevos interrogantes y, por supuesto, pensar estrategias políticas para enfrentar los conflictos sociales que van padeciendo las organizaciones. No nos interesan mucho los problemas globales sino los situacionales, es decir, problemas que afectan a poblaciones específicas, a barrios específicos. Todo lo que refiere a global nos parece abstracto.
3) Como calificarías la ciudad de Rosario en algunas palabras ?
La ciudad de Rosario se encuentra desde hace años en medio de una transformación profunda, dolorosa, incluso traumática, que la aleja de ciertos modos de vida hegemógicos del pasado. Toda ciudad vive cambios permanentes. No hay ciudades estáticas. Pero en determinados períodos de su historia atraviesan umbrales que las depositan en otro lado, ya siendo otras, habiendo cambiando en forma estructural. Rosario se ha transformado pero todavía no terminó de atravesar ese umbral traumático. Mi sensación es que el cambio ha sido tan profundo que todavía hay una tensión fuerte entre ciertos imaginarios que aún perdura entre las personas y lo que realmente pasa. Todavía hay gente que considera a Rosario una ciudad tranquila, cuando ha dejado de serlo hace años.
Rápidamente, cuales son los aspectos positivos de la ciudad ? Y los negativos ?
Los aspectos positivos son los movimientos de lucha que se han puesto en marcha en los últimos años en torno a casos de violencia como fue el Triple Crimen de Villa Moreno, cuando un grupo ligado a la venta de drogas mató por error a tres jóvenes en la zona sur, o la desaparición y asesinato del joven Franco Casco por parte de la polícia. Nombro dos casos emblemáticos pero hay más. Me parece que estos procesos muestran que el avance de los negocios y de la violencia no aplaca la vitalidad social. Eso no habría que perderlo de vista, aún cuando parezca que la derrota social y política es evidente. Los aspectos negativos están centrados en el crecimiento impresionante de la violencia y de los homicidios. En cinco años se duplicaron las cifras de homicidios dolosos que afectan básicamente a jóvenes pobres. Lo mismo se podría decir de la privatización general del suelo en Rosario y la extensión del consumo como estrategia de seducción urbana hacia turistas pero también para los propios habitantes de la ciudad.
4) Que piensas de la relación entre la ciudad formal/islas/villa en Rosario ?
La relación entre la ciudad y las islas es básicamente recreativa. Salvo pequeños grupos ecologistas, no hay una politización de ese vínculo con las islas de parte de los habitantes de Rosario. Con unos amigos solíamos decir, con cierto sarcasmo, que la gente se sienta en los parques de la costanera a contemplar y sacarle fotos a los buques cargueros que transportan soja a China o a Europa como si fuese un divertimento turístico y no la consecuencia de agronegocios que redundan en graves problemas de contaminación y en el enriquecimiento de algunos pocos. En este sentido, los propios habitantes de una ciudad pueden mirar o tener una actitud de turista. A eso lo podríamos llamar el devenir-turista del vecino. Que llevan los barrios informales, las villas a la ciudad de Rosario? Existen aspectos en los cuales pueden ser positivos para la ciudad formal y las islas? Los barrios informales o villas son la ciudad. Básicamente los habitantes de esos barrios son los que trabajan en el mercado de la construcción que se beneficia de la especulación inmobiliaria, trabajan
en el área de servicios, incluidos los servicios domésticos, y otros empleos. Yo no hablaría en términos de “positivo o negativo”. Durante los últimos años, cuando hubo un crecimiento económico sostenido, los sectores populares empezaron a circular por sectores del centro de la ciudad que antes estaban mayormente vedados para ellos. Por ejemplo, los shoppings o la peatonal, que es donde se concentra el consumo, estaban llenos de pibes con gorrita o familias de las periferias. Hablo en pasado porque con el cambio de gobierno nacional esto empieza a terminarse. Pero fue muy importante que el propio consumo rompiera con formas de circulación hegemónicas. Esta situación causó mucho rechazo en los sectores más autoritarios de la sociedad. No es casualidad, en este sentido, que haya ganado la derecha macrista. Vastos sectores de la población pidieron un reordenamiento. Es decir, que los pobres vuelvan a sus barrios y no circulen por zonas que no “les corresponde”. En las ciudades hay circuitos preestablecidos para cada clase social. A mí me interesa mucho cuando ciertos movimientos o procesos rompen con esas cartografías sociales y económicas elitistas.
5) Que dinámicas existen entre islas/ciudad formal/villa?
Me cuesta pensar la relación con las islas. No siento que hay un flujo masivo de personas visitando las islas o haciendo actividades ahí. En los últimos años, las clases medias urbanas han empezado a practicar deportes como el kayakismo como un modo de romper con el tedio laboral cotidiano y el encierro securitista o mediático. Los sectores populares no tienen -creo- vínculos con las ilas. Van a pescar a la costanera pero no mucho más.
6) Las informaciones que relegan los diarios en cuanto a la inseguridad no hacen mas que aumentar el miedo del otro y el encierro de cada uno. Las fracturas que pueden existir entre isla/villa/ciudad formal no te parecen solamente debidas a un fuerte anclaje en el imaginario colectivo de la ciudad ?
Habría que separar un poco determinados niveles de análisis. Por un lado, efectivamente los medios de comunicación construyen una realidad en la que únicamente existen problemas de “inseguridad”. La repetición de casos de robo o asesinatos intenfica el miedo, la desconfianza y el odio social. Hay un deseo de represión que nace a partir del miedo que inoculan los medios. Pero, a la vez, no podemos negar que en Rosario los asesinatos se duplicaron en menos de cinco años y que aumentó de manera brutal el delito en sus múltiples escalas, lo mismo que la represión policial. Esto es innegable. Lo importante a destacar es que en Rosario no se mata en cualquier lado ni a cualquier persona. Los asesinatos, salvo excepciones, ocurren en los barrios periféricos. Se matan pobres. No en el centro ni en los barrios en donde viven las elite. En el caso de los robos sí ha ocurrido una expansión grande que incluye al microcentro y a los barrios más ricos, incluidos los barrios privados o cerrados. Con esto quiero decir que actualmente ocurren dos procesos simultáneos: crecen los discursos securistas de los medios de comunicación pero también crece el delito y los asesinatos.
7) Puedes decirme mas a propósito de tu practica como docente? Donde ensenas? Cuales son tus objectivos, lo aprendes y lo que das,…?
En estos momentos no estoy dando clases. Pero fui docente en la carrera de comunicación social de la universidad de Rosario y en una escuela nocturna en un barrio popular. Para mí la enseñanza es la posibilidad, por un lado, de compartir imágenes políticas que vamos construyendo en los colectivos de investigación que integro; pero, fundamentalmente, es la posibilidad de generar espacios de pensamiento en los que el docente no sea el portador de la verdad sino que todos los que participen puedan aportar en la gestación de una voz colectiva. Hay un principio fundamental de la investigación militante que puede transferirse a la enseñanza: “En una situación de pensamiento colectivo no se sabe quién está más apto para pensar”. En la universidad suele existir una separación binaria entre los que piensan (los intelectuales, los maestros, etc.) y los que solo hablan y dan su testimonio (obreros, vecinos de las villas, las islas, etc.). Romper esos lugares preestablecidos es un acto político radical.
8) Como describirías la política en las villas y los barrios humildes ?
En las villas y barrios populares existe una activa participación política de los vecinos o de sectores universitarios o los partidos políticos. De todas maneras, creo que en los últimos años, con el crecimiento de una violencia de nuevo tipo, las organizaciones políticas encuentran límites importantes para el despliegue de sus trabajos. En la Argentina hubo un pasaje importante en la década del noventa: la conflictividad política ya no se centró únicamente en las fábricas sino que se trasladó a los barrios populares. El crecimiento de la desindustrialización y la desocupación forzó necesariamente ese desplazamiento. Había pocas fábricas y muchísimos desempleados. Así nació el movimiento de desempleados, por ejemplo. Los barrios populares fue los escenarios de la política. Esto permitió politizar la vida cotidiano y no sólo el trabajo. Pero en los últimos años los barrios mutaron. Aparecieron nuevas autoridades, como los grupos ligados al narcotráfico, que intentan regular los flujos barriales. Se suman los procesos de “militarización”
de esos barrios, con la llegada masiva de las fuerzas de seguridad, que también intentan constituirse como una autoridad. Pero aparecen también los vecinos más autoritarios que se organizan contra “la inseguridad” y vigilan las calles. A estos procesos no hay que pensarlos por separado sino a partir de la noción de ensamblaje. De hecho, la policía y el narcotráfico suelen ser socios en los negocios. Entonces, para un grupo político es realmente complejo trabajar con los jóvenes en una plaza o en una esquina porque ahora aparece el búnker de drogas, la represión policial que no quiere jóvenes en las calles, pero también los vecinos que tampoco quieren a esos jóvenes en las esquinas y los denuncian o directamente los atacan. Los barrios están dejando de ser ese medioambiente “natural” para las organizaciones para transformarse en un medio hostil. Ahí está el gran desafío político contemporáneo: reinventar una política barrial.
9) Que función ocupa el Estado, la Provincia y la municipalidad en la fabricación de la ciudad ?
Ocupan un lugar central. En Rosario la municipalidad ha sido un actor clave en la promoción de la especulación inmobiliaria. Después de la terrible crisis del año 2001, Rosario era una de las ciudades más pobres de la Argentina, con un 24% de desempleados y un altísimo nivel de pobres e indigentes. Cuando se devaluó la moneda en el 2002 y aumentó de manera explosiva el valor de los commodities como la soja, Argentina empezó a exportar cada vez más toneladas al mundo. En este contexto, el municipio de Rosario se dispuso a capitalizar las fabulosas ganancias que surgían del agronegocio. Vale recordar que la provincia de Santa Fe es una de las principales áreas de cultivos de soja. Y también concentra la mayor parte de los puertos con salida al río Paraná. En este contexto, el municipio generó todas las condiciones necesarias para facilitar inversiones inmobiliarias: entregó a los desarrolladores urbanos tierras valiosísimas por precios ridículos, flexibilizó controles, y puso en marcha todo tipo de acciones tendientes a motorizar el mercado de la construcción. Efectivamente este proceso generó puestos de trabajo, mayormente precarios, pero también fue privatizando la ciudad y generando una paradoja: creció de manera brutal la construcción de viviendas pero también crecieron los problemas habitacionales. Ya sea porque hubo violentos desplazamientos de personas, aumentos de alquileres y valores de venta. En Rosario pasa algo terrible: existen 80 mil viviendas vacías. Sus dueños no las ocupan y no necesitan alquilarlas. Son reservas de valor de sectores que se beneficiaron con el agronegocio o con los negocios ilegales como el narcotráfico. Nada ha hecho el municipio por regular esa situación que ocasiona graves restricciones para los sectores medios y, mucho más, para los sectores populares.
Interviene (la municipalidad) directamente en la villa ? bajo cual forma ? De manera general, cuales acciones hace la municipalidad para los habitantes de las villas ?
La municipalidad interviene a través de programas sociales y culturales. Pero también pidiendo fuerzas represivas a la provincia de Santa Fe. Habría que separar en dos niveles la acción de los programas sociales y culturales: por un lado, están los trabajadores de base, que actúan en la secretaría de salud o de promoción social o de cultura. Son mayormente jóvenes que caminan los barrios y realmente tienen un alto compromiso con los pibes y con los vecinos en general. Yo tengo un gran respeto por ese trabajo territorial que realizan.. Pero después, a nivel de los funcionarios, que son quienes toman las decisiones, creo que reina un desconocimiento de las problemáticas que afectan a los barrios populares. Este funcionariado está más atentos a las fotografías publicitarias que al real funcionamiento de los planes sociales o culturales que ponen en marcha. Los cambios en un momento tan delicado como el que vive Rosario requieren tiempos largos que la gestión política no tiene. Existe una opinión pública que exige cambios inmediatos o directamente represión. Suele ocurrir, entonces, que muchas veces se presentan los proyectos (talleres de arte, formación laboral, etc.) y rápidamente los funcionarios se sacan fotos durante las inauguraciones; pero después resulta que no hay plata para comprar los instrumentos musicales, los trabajadores están precarizados, o no llega la plata para pagar sus salarios.
10) En tu experiencia de los barrios y con los habitantes de la periferia, que te parece de la autoconstrucción?
La autocronstrucción en los barrios no existe tal como lo sueñan las ONG o esas instituciones internacionales que poco entiende de lo que pasa en latinoamerica. Quiero ser muy concreto y quizás duro con la respuesta. La autoconstrucción de viviendas la lleva adelante los sectores más pobres de las ciudades y están hecha con cartones, chapas y plásticos.
11) Los barrios cerrados son una privatización del espacio. Son la manifestación de una necesidad de seguridad, pero son peligrosos para la ciudad y sus
porosidades. Acentúan la fractura del espacio y impiden la diferencia, la mixtura, tan importantes en una ciudad. Aunque las fronteras están de otra materialidad, no esta la villa una otra forma de privatización de partes de ciudad ?
La especulación inmobiliaria implicó la adquisición barata de tierras en los márgenes de Rosario para la construcción de exclusivos barrios privados, fundamentalmente en la zona norte y noroeste y en localidades como Funes o Roldán. Si bien los primeros casos surgen a finales de la década de 1990, este proceso, como decía antes, es un efecto de la devaluación de la moneda del 2002, el boom de la exportación de commodities y la alianza entre el Estado y los especuladores inmobiliarios que derivó en desregulaciones y obras de infraestructuras en favor de los privados. Estas nuevas urbanizaciones prescinden de los sectores populares que históricamente debieron asentarse en los bordes de Rosario, excepto como mano de obra intensiva durante su construcción. Así lo atestiguan los paredones, alambrados y guardias de seguridad que custodian la vida de clases medias beneficiadas por el crecimiento económico post-devaluación y las propiedades vacías devenidas en reserva de valor de los principales actores del agronegocio. Lo que nosotros venimos destacando como proceso histórico es la (neo)valorización mercantil de geografías urbanas antes únicamente reservadas para los sectores más empobrecidos de Rosario. Esto es un cambio histórico. Ahora en las periferias coexisten pobres y ricos, cuando antes solamente había pobres. Esa coexistencia no es pacífica. Hay conflictos, represión, exclusión, resistencias.
12) Cuales son los movimientos sociales mas importantes de Rosario? Como se traducen sus acciones en el espacio de la ciudad?
Me parece que los movimientos sociales más importantes en la última década han estado vinculados a los principales problemas que padece Rosario: la lucha por la tierra y el crecimiento de la violencia. La lucha para evitar desalojos en la zona noroeste o en la Villa La Sexta, que está junto a la ciudad universitaria, fue muy potentes. Y también en los últimos años hubo procesos de lucha muy intensos y creativos impulsados por organizaciones sociales ante casos de asesinatos o desapariciones de jóvenes. Los dos ejemplos paradigmáticos fueron a partir del Triple Crimen de Villa Moreno y la desaparición y asesinato de Franco Casco.
13) Rosario es conocida por la corrupción, cuales son las repercusiones las mas legibles espacialmente ? Tiene impactos en la manera de producir la ciudad ? Cual es el papel de las autoridades paralelas, tal como las presiones realizadas por los traficantes de droga, sobre la ocupación del espacio ?
La expansión del narcotráfico significa no sólo un hiper-rentable negocio económico sino el intento por fijar una nueva autoridad territorial. Este último aspecto es el punto de inflexión respecto a otros períodos en los que, evidentemente, también había comercialización de drogas. Pero ahora los diferentes eslabones de la cadena narco devienen en protagónicos -aunque no únicos- reguladores de los barrios populares. Habría acá una diferencia con respecto a la especulación inmobiliaria: el mercado narco requiere permanentemente a los pobladores de las periferias, es decir, ya no sólo como mano de obra transitoria como ocurre con la especulación inmobiliria, sino como un segmento de consumo. Los narcos en los barrios tratan de regular cada zona en la que comercializan. ¿Qué significa regular? Tener información sobre los vecinos, controlar a los jóvenes, evitar robos que puedan dificultar las ventas, arreglar con la policía, etc. Ahora bien, lo importante a destacar es que en Rosario no existe ningún grupo narco que haya logrado controlar por completo un territorio. Eso no ha pasado. No tienen poder suficiente para controlar o enfrentar al Estado.
14) Puedes hablarme de tu ultimo libro? Del proceso de investigación, tu experiencia con los jóvenes…
El libro surge de una larga experiencia de investigación en un barrio del noroeste de Rosario. Durante 4 años coordiné un taller de pensamiento en una escuela ubicada en una villa de ese barrio. Participaban docentes, directores y administrativos. Fue muy rico para mí porque ingresé en el 2009 y salí en el 2013, cuando la ciudad ya era otra, con un nivel de violencia muy grande. Yo viví todo de ese proceso de transformación en ese barrio, mirando y pensando desde la escuela lo que pasaba en el barrio. En ese taller conocí muchísimas historias de jóvenes, de maestros, de vecinos, de grupos políticos. En algún momento empezamos a padecer las transformaciones, a darnos cuenta de que algo estaba pasando, que la violencia crecía, que el diálogo con los jóvenes se torna cada vez más difícil. Para mí es imprescindible pensar e investigar desde el territorio y a partir de problemas cotidianos. Eso lo logré en la escuela. También el 2012 di clases con mi actual mujer a adolescentes de esa misma institución. Fue un taller sobre cooperativismo. Pero rápidamente lo convertimos en un espacio de investigación colectiva sobre la vida de estos pibes (entre 13 y 24 años). Casi imitando lo que hacía con los maestros y directivos.
Esa experiencia fue muy importante para mí. La otra parte de la investigación transcurrió en las calles, ya cuando dejé la escuela. Con varios alumnos seguí trabajando pero a cielo abierto, como suelo decir. Con uno de ellos, amante del hip-hop, nos pusimos a editar un libro con sus canciones para participar de un concurso de cuentos. Con otro, amante de la cocina, empezamos a participar de talleres de cocina. También el libro narra historias muy duras, con pibes asesinados o heridos. El libro cuenta la historia de Aaron, un chico de 13 años que estuvo 1 año internado porque grupos narcos lo hirieron gravemente en el estómago. Junto a unos compañeros solíamos visitarlo en el hospital y tratamos de pensar con él y su familia estrategias posibles para cuando saliera de la internación. Ese mismo año asesinaron a dos de sus principales amigos. En varios capítulos reconstruyo esa secuencia. Aclaro algo: no es un libro sobre jóvenes. Es un libro sobre vínculos entre adultos y jóvenes. Es una diferencia importante. Se narra alianzas intermitentes, desencuentros provisorios, dilemas y preguntas surgidos en espacios compartidos junto a ellos. Yo traté de eludir dos tentaciones habituales: por un lado, exaltar a los jóvenes como figuras que detentan las respuestas para enfrentar a las fuerzas sociales contemporáneas. Es decir: no quise idealizarlos. Pero por el otro, tampoco quise mostrarlos como puras víctimas pasivas de un sistema que los apabulla. En el libro abro preguntas fuertes sobre la adultez. ¿Qué significa ser un adulto hoy y trabajar con pibes en los barrios? En algún momento de la investigación entendí dos cosas: una, que hay una fractura intergeneracional severa. No es posible transmitir experiencias, que era la operación constitutiva de la adultez. Si no es posible esa transmisión es porque en esta sociedad de la información, tan fluida y vertiginosa, es muy difícil que haya experiencia, todo parece desvanecerse, a la vez que todo parece mediatizarse a través de pantallas; entonces no hay nada para compartir o transmitir. En ese punto, la investigación se hizo fuerte cuando el objetivo fue construir una experiencia junto a ellos. Es decir: para ellos pero para mí también.