Etat de l'art sur le bioterrorisme

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ÉTAT DE L’ART SUR LES RISQUES LIÉS AU BIOTERRORISME MÉMOIRE Réalisé le 23 octobre 2004

par

Solveig Vidal


TABLE DES MATIERES Introduction _______________________________________________________________ 3 Historique _________________________________________________________________ 3 Avant le 20° siècle.______________________________________________________________ 3 Le 20° siècle : la naissance des programmes de développement d’armes biologiques._______ 4

Typologie des armes biologiques ______________________________________________ 10 Anthrax _____________________________________________________________________ 13 Botulisme ____________________________________________________________________ 13 Brucellose____________________________________________________________________ 14 Choléra______________________________________________________________________ 14 Toxines Clostridium Perfringens_________________________________________________ 14 Fièvres Hémorragiques_________________________________________________________ 15 Melioïdose ou pseudomorve _____________________________________________________ 15 La peste _____________________________________________________________________ 16 Fièvre Q _____________________________________________________________________ 17 Intoxication à la ricine _________________________________________________________ 17 Fièvre par virus Rift Valley Fever ._______________________________________________ 18 Saxitoxine____________________________________________________________________ 18 Variole ______________________________________________________________________ 19 Entérotoxine B staphylococcique (SEB).___________________________________________ 20 Mycotoxines trichothecene (mycotoxicose)_________________________________________ 21 Tularémie____________________________________________________________________ 22 Encéphalite équine vénézuélienne (VEE) __________________________________________ 24

Moyens de dissémination ____________________________________________________ 24 La militarisation des agents. _________________________________________________ 25 Prévention________________________________________________________________ 26 L’insuffisance des traités de désarmements. _______________________________________ 26 Les plans d’action nationaux, européens et internationaux face à une menace. ___________ 28

Conclusion _______________________________________________________________ 32 BIBLIOGRAPHIE _________________________________________________________ 35 WEBOGRAPHIE __________________________________________________________ 36 ANNEXES _______________________________________________________________ 38


Introduction Le terme de bioterrorisme peut être décomposé en deux : biologique d’une part et terrorisme d’autre part. Il s’agit d’un terrorisme à caractère biologique. Le terrorisme comprend l’ensemble des actes de violence qu’une organisation politique ou religieuse exécute dans le but de désorganiser la société existante et de créer un climat d’insécurité tel que la prise du pouvoir soit possible. Historiquement, c’était une politique de terreur pratiquée pendant la Révolution française, pendant le régime de la Terreur, lorsque le gouvernement exécutait ou emprisonnait toutes les personnes qui étaient considérées comme anti-révolutionnaires.

Le bioterrorisme se définit par « l’utilisation intentionnelle ou la menace d’emploi d’organismes vivants, quelles que soient leurs natures ou les substances dérivées de ces organismes, utilisés à des fins hostiles, dont l’objectif est d’induire une maladie ou la mort chez les hommes, les animaux ou les plantes » [1]. Il se caractérise par son aspect sournois, lié à une période de latence entre la dissémination de l’agent pathogène et les premières manifestations cliniques.

Historique Avant le 20° siècle.

Historiquement, l’arme biologique a été utilisée à maintes reprises bien que les connaissances en microbiologie aient été inexistantes. L’observation, lors des diverses épidémies, et l’empirisme ont conduit les belligérants à affaiblir, voire à tenter d’anéantir, l’ennemi au moyen de vecteurs ou d’objets biologiquement contaminés. Bien que ne comprenant pas le mécanisme biologique causant la maladie, le stratège en saisissait, par observation et déduction, ses moyens de propagation.

Ainsi, en matière de guerre biologique, certains précédents connus sont les suivants : -

Dès 700 av. J.C., les Assyriens contaminèrent les réserves d’eau de leurs ennemis avec de l’ergot de seigle.


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Vers 400 av. J.C., les Scythes trempaient des flèches dans de la viande putréfiée ou dans du sang mélangé à de l’engrais avant de tirer sur leurs ennemis.

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Au 12° siècle ap. J.C. l’empereur germanique Frédéric Ier Barberousse (1122 – 1190), empereur de 1155 à 1190, en menant la troisième croisade fit contaminer les puits au moyen de cadavres en décomposition, à partir de soldats morts, lors de la bataille de Tortona. Il est intéressant de noter que la littérature romaine, grecque et perse datant de 300 av. J.C. illustrait déjà des contaminations de puits et autres sources d’eau par les mêmes moyens.

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Les Tartares eurent l’idée de catapulter des cadavres infectés par la peste bubonique audessus des murailles de villes fortifiées lors du siège de Kaffa en 1346. Certains historiens attribuent même à cette attaque l’origine de la grande pandémie européenne de la Peste Noire qui aurait fait plus de 25 millions de victimes au Moyen Age.

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Au cours de la révolte menée par le chef amérindien Pontiac (1763), lors de la guerre Franco-indienne (1754-1763) dans la région des Grands Lacs, le commandant anglais Sir Jeffrey Amherst fit distribuer des couvertures de varioleux aux tribus indiennes (Voir dans les annexes : la correspondance entre Sir Jeffrey Amherst et le Colonel Bouquet p.87-88) (Webographie W-II).

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Durant le siège de Mantua (Italie), Napoléon a utilisé la fièvre des marais pour accélérer la reddition des assiégés.

Le 20° siècle : la naissance des programmes de développement d’armes biologiques. La Première Guerre Mondiale a également été le théâtre d’attaques au moyen d’armes biologiques. Un Germano-américain, le Dr Anton Dilger, fit pousser des cultures de Bacillus anthracis et de Pseudomonas mallei (agent de la morve), souches fournies par le gouvernement allemand de l’époque, dans son domicile à Washington D.C. Les agents biologiques ainsi que les systèmes d’inoculation furent fournis aux dockers, sympathisants de la cause allemande, au port de Baltimore afin d’infecter plus de 3000 chevaux, mules et bœufs des troupes alliées.

L’épidémie de Grippe Espagnole, à la fin de la guerre, et les progrès de la microbiologie ont favorisé le lancement de programmes de développement d’armes biologiques. Ainsi, plusieurs


pays ont commencé à étudier sérieusement les possibilités de guerre biologique aussi bien du côté défensif qu’offensif.

L’utilisation massive d’armes chimiques lors de ce conflit et la prise de conscience internationale de l’éventuelle utilisation d’armes biologiques a également conduit à rédiger dans le protocole de Genève de 1925 l’interdiction d’emploi de telles armes en cas de conflit armé. Il est à noter que malgré sa ratification par 140 pays, la plupart des signataires (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Japon et Etats-Unis) se sont quand même lancés dans des programmes d’armement biologique.

Malgré les efforts entrepris dans ce domaine, aucun pays ne réussit à mettre au point une arme biologique réellement efficace avant la seconde guerre mondiale. A l’exception du Japon qui, entre 1932 et 1945 lors de l’occupation de la Mandchourie, réussit à acquérir suffisamment de connaissances sur les divers moyens de contamination et de dissémination. Ces dernières furent l’aboutissement d’expérimentations très poussées sur plus de 3000 prisonniers chinois et civils dans l’unité 731 mise en place sous la direction du général Ishii Shiro.

Si la Première Guerre Mondiale a été l’évènement déclencheur dans la course à la prolifération de l’armement biologique, la seconde Guerre Mondiale en constitue l’élément catalyseur. Suite aux multiples expérimentations effectuées dans l’unité 731, le Japon mis ses connaissances en application. Ainsi, la ville de Chuhsien en Chine fut attaquée le 4 octobre 1940 par introduction de la bactérie Yersina pestis responsable de la peste. Cette attaque fit 21 victimes. Après ce succès, les Japonais réitérèrent le 29 octobre de la même année en utilisant des avions qui lâchèrent des bombes biologiques (l’agent biologique étant encore la peste) sur Ninpo où le nombre de victimes s’éleva cette fois à 99. En 1941, les Japonais réussirent à introduire la peste dans les provinces chinoises de Suiyuan et Ninghsia, il en résulta une sérieuse épidémie. Lors de cette attaque, 1700 soldats japonais furent tués, preuve de la difficulté à contrôler les effets des armes biologiques. Au total, entre 1932 et 1945, il y aura 11 villes chinoises attaquées par l’anthrax, le choléra, la peste et autres agents. En 1945, les Japonais détruisirent les bâtiments de l’unité 731 et les prisonniers survivants furent exécutés.


Parallèlement aux actions japonaises, les Etats-Unis mirent sur pied le War Research Service en 1942, service chargé de réduire la vulnérabilité des Etats-Unis en cas de guerre biologique, à Fort Detrick (Maryland). En 1945, les Américains récupèrent les responsables japonais de l’unité 731 (dont le général Ishii Shiro) et, en échange d’absence de poursuite pour crime de guerre, ces derniers collaborèrent au programme d’armement biologique américain.

De même, le Royaume-Uni testa différentes armes biologiques dont l’anthrax sur l’île de Gruinard en Ecosse à partir de 1940. Les expérimentations consistaient à faire exploser des bombes contenant de l’anthrax à côté de moutons déposés sur cette île. Les essais furent stoppés en 1943 après avoir observé des cas cliniques constatés sur les côtes écossaises, alors que l’on pensait l’île suffisamment éloignée et donc peu susceptible de représenter un risque de contamination pour la population avoisinante. Il aura fallu huit ans pour décontaminer cette île (de 1979 à 1987) des spores de l’anthrax au moyen de 280 tonnes de formaldéhyde dilués dans 2000 tonnes d’eau de mer.

Programme américain d’après guerre (Webographie W-I)

Le programme américain continua et s’intensifia après la Seconde Guerre Mondiale notamment durant la Guerre de Corée (1950-53). En 1950, une usine de production d’armes biologiques à Pine Bluff (Arkansas) fut construite et la production (comprenant les moyens techniques utiles au stockage, à la fermentation, à la concentration et à la militarisation) commença en 1954.

Parallèlement à ce programme offensif, un programme défensif se développa à partir de 1953 (vaccins, sérum, antibiotiques, équipement de protection) pour protéger les troupes armées en cas d’attaques biologiques.

A Fort Detrick, des tests sur des volontaires furent effectués. Ces volontaires étaient placés dans une sphère d’un volume total d’un million de litres, nommé le « eight-ball », et on testait les systèmes de dissémination de Francisella tularensis, Coxiella burnetti et d’autres pathogènes. Des tests sur animaux ont également été conduits à Fort Detrick, ainsi que dans le désert et les sites du Pacifique comme l’Atoll Johnson.


Outre ces tests, des essais en conditions réelles furent effectués, notamment pour tester les méthodes de dispersion et d’aérosolisation, sur des villes américaines. Les organismes utilisés furent Aspergillus fumigatus, Bacillus subtilis var. globigii, et Serratia marcescens ; ils furent disséminés sur New York, San Francisco et d’autres villes. Ainsi le premier épandage a été effectué sur San Francisco en 1950 avec l’agent bactérien Serratia marcescens qui provoqua une petite épidémie nosocomiale touchant les voies urinaires à l’hôpital Stanford University Hospital. En 1966, l’U.S Army répand une bactérie non pathogène (Bacillus subtilis), comme simulant de l’anthrax, mais pouvant être facilement traçable dans le métro new yorkais. Les analyses montrèrent que le micro-organisme se répandit dans tout le système en moins de 20 minutes.

A la fin des années 60, les Etats-Unis ont développé un arsenal biologique incluant de nombreux pathogènes de type bactérien, de type toxines et également des moisissures pathogènes des plantes céréalières. En 1969, le président américain Nixon annonça l’abandon unilatéral des recherches en matière offensive. En 1972, une convention, signée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’URSS, interdit le stockage, la fabrication et l’acquisition d’agents biologiques à des fins militaires et impose la destruction des stocks existants. Cette convention ne prit effet qu’à partir de 1975.

Les incidents liés au développement américain :

En 1952, à Calhoun, une épidémie de pneumonie se déclencha suite aux tests de dispersion d’une bactérie habituellement non pathogène. En 1970, à Dugway, la dispersion d’agents pathogènes entraîna la mort de 6000 moutons. Il y eut également 456 cas d’infections accidentelles du personnel de Fort Detrick durant la période du développement du programme offensif, ce qui donne un taux d’infection de moins de 10 par million d’heures de travail. On dénombre cependant trois cas fatals : deux à l’anthrax en 1951 et 1958, et un cas d’encéphalite virale en 1964.

Programme soviétique (webographie W-III)

Le programme soviétique en armement biologique nommé Biopreparat employait au début des années 80, période correspondant au plus fort taux d’activité, jusqu’à 60000 personnes et


se répartissait sur plusieurs secteurs et instituts à travers le pays. Les moyens mis en œuvre étaient considérables. L’ironie veut que ce programme soit intensifié en 1973, un an après la ratification par l’URSS à la convention des armes biologiques et toxines de 1972. Il y avait plus de 40 centres de recherche et de production, incluant une douzaine de centres importants.

Les diverses activités étaient les suivantes : sélection de bactéries résistantes aux antibiotiques, développement d’agents infectieux échappant à la vaccination, et aussi développement d’agents hybrides, recherche sur les moyens de neutraliser le système immunitaire humain, production massive d’agents infectieux, développement des moyens de défense (vaccination).

L’origine du programme de l’armement biologique soviétique remonte à la fin des années 1920, où les recherches se faisaient sur une grande variété d’agents biologiques. Au début de la Seconde Guerre Mondiale, les Soviétiques pouvaient produire les agents de la tularémie, du typhus et de la fièvre Q, et étaient en train de mettre au point les techniques de militarisation des agents tels que la variole, la peste et l’anthrax.

Pendant la guerre, selon Kenneth Alibek, un haut responsable de Biopreparat jusqu’en 1992, les troupes allemandes auraient été victimes en 1942 d’attaques biologiques dans le sud de la Russie. Il semblerait que la tularémie ait été utilisée juste avant la bataille de Stalingrad où des milliers de soldats allemands et soviétiques développèrent la forme pulmonaire de cette pathologie. Selon le même expert, l’épidémie de 1943 de fièvre Q en Crimée parmi les troupes allemandes au repos est également suspecte.

La seconde guerre mondiale permit au programme soviétique de faire de grandes avancées. Primo, les Russes récupérèrent en Allemagne les techniques industrielles et équipements nécessaires à la production de masse de telles armes. Secondo, les Soviétiques obtinrent également de précieuses informations concernant le programme japonais de l’armement biologique.

Après la guerre, le programme continua de se développer. D’une liste d’agents pré-guerre se limitant à la tularémie, fièvre Q et typhus, on passa à une liste d’agents post-guerre qui inclut : la variole, la peste, l’anthrax, l’Encéphalite Equine Vénézuélienne (VEE), la morve, la brucellose, le virus Marburg (fièvre hémorragique virale), mais également le virus ebola, le


virus junin (fièvre hémorragique argentine), le machupo virus (fièvre hémorragique bolivienne), la fièvre jaune, la fièvre lassa, l’encéphalite japonaise, l’encéphalite russe (qui a lieu naturellement en période d’été).

De plus, un certain nombre d’agents affectant les cultures et le bétail ont été développé : la psittacose, l’ornithose touchant la volaille, le virus Rinderpest (bœufs), l’African Swine fever virus (porcs), les spores infectant le blé et le riz les rendant impropre à la consommation.

La typologie soviétique des armes biologiques était la suivante : on distingue les armes dites « stratégiques » à utiliser dans des territoires éloignés (USA par exemple), les armes dites « opérationnelles » utilisables pour des cibles à portée moyenne (plus proche que les stratégiques) et les armes « tactiques » sur les champs de bataille. Les armes stratégiques étaient la variole, l’anthrax et la peste. Les armes opérationnelles comprenaient les agents plutôt incapacitants tels la tularémie, la VEE et la morve.

Des centaines de tonnes d’anthrax militarisés ont été stockées, ainsi qu’une douzaine de tonnes de variole et peste. La production totale s’élevait à des centaines de tonnes d’agents divers.

Les incidents liés au développement soviétique :

En 1979, à Sverdlovsk, un accident dans une usine de production provoque des cas de charbon chez les employés d’une entreprise de céramique de la région. Boris Eltsine reconnaît les faits en 1992 lors de l’arrêt du programme Biopreparat.

Programme irakien (webographie W-IV)

Ce programme d’armement biologique, ayant un début chaotique vers la fin des années 1970 (il est en effet interrompu en 1978), connaît une reprise en 1985 via un programme pilote avec une équipe de 10 personnes à Muthanna (travail sur anthrax, toxine botulinique, étude des conditions de croissance et sporulation et également sur les paramètres de stockage). Cette équipe, et le matériel, est transférée à Al Salman en 1987.


C’est à ce moment que le programme prend son essor. Des équipements, incluant des cuves de fermentation, et de nouveaux matériels, sont fournis à Al Salman, et du nouveau personnel est recruté ce qui porte le nombre à 18 personnes. Des tests sur animaux (moutons, singes, mules, chiens) sont également entrepris en laboratoire, dans des chambres d’inhalation, et dans des champs. Grâce à un fermenteur de 450 litres, la production de toxine botulinique débute en début 1988. Au début de l’année 1989, le personnel est capable de produire de l’anthrax.

En mars 1988, un nouveau site de production est mis en place à Al Hakam. Ce projet est dénommé « 324 ». La production de toxine botulinique et d’anthrax débute à Al Hakam en avril 1989. En avril 1988, l’intérêt se porte sur d’autres agents tels que le Clostridium perfringens, mais également à l’aflatoxine, puis plus tard sur les trichothecene mycotoxines comme le T-2 et le DAS. A Fudaliyat, le site de production de l’aflatoxine est déplacé où 1850 litres de toxines en solution auraient été produits.

La militarisation des agents commence en 1988 et des tests de dissémination sont entrepris avec des bombes pour une dispersion aérienne. L’invasion du Koweït en 1990 intensifie encore le programme au point que la production totale en décembre 1990 s’éleve à 19000 litres de toxines botuliniques (10000 litres dans munitions), 8500 litres d’anthrax (6500 remplissant déjà des munitions) et 2500 litres d’aflatoxines (1580 litres dans munitions).

Typologie des armes biologiques Avant de développer les diverses armes biologiques, nous nous attarderons sur les diverses listes de ces agents, française d’abord puis celle de l’organisme américain CDC (Center for Diseases Control mis en place en 1945 parallèlement au programme américain de prolifération d’armement biologique).

En France, l’arrêté du 22 septembre 2001 (webographie W-VI) expose la liste officielle des agents biologiques pouvant être utilisés dans le cadre du bioterrorisme. La liste est la suivante : -

La tularémie

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La peste

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L’anthrax


-

Les fièvres hémorragiques (virus Lassa, Marburg, Ebola…)

-

Le typhus

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La variole.

Cet arrêté stipule l’interdiction stricte de production, de stockage et de transports de tels agents biologiques.

Le CDC propose une classification et une hiérarchisation des agents biologiques selon la teneur du risque biologique (Webographie W-VII). Cette classification comporte trois niveaux A, B et C. -

La catégorie A qui représente la plus haute priorité comprend les microorganismes qui posent des problèmes majeurs du fait qu’ils peuvent être disséminés facilement ou transmis entre patients. Par ailleurs, ils déterminent une mortalité élevée ou un potentiel en terme de santé publique important. Enfin, ils sont susceptibles de causer des réactions de panique et nécessitent une attention ou une préparation particulière pour pouvoir faire face au problème. Ceci comprend la variole, l’anthrax, la peste, la toxine botulinique, l’agent de la tularémie et des filovirus et arenovirus (Ebola, Lassa, Machupo, Crimée-Congo).

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La catégorie B inclue des microorganismes plus difficiles à disséminer qui déterminent des maladies moins graves avec une mortalité plus faible ou des conditions de culture plus complexes mais qui nécessitent une surveillance et une capacité diagnostique spécifiques. Ceci inclut la fièvre Q, les rickettsioses, la brucellose, la mélioidose, les toxines du ricin, de Clostridium perfringens et du staphylocoque (enterotoxine B), plus un certain nombre de pathogènes alimentaires et les virus d’encéphalite.

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La catégorie C inclue les agents biologiques émergents ou ré-émergents comme le virus West Nile, le virus nipah et les agents génétiquement modifiés.

Avant de développer les caractéristiques des armes biologiques, il a semblé à propos d’exposer les critères de qualité qui font qu’un agent biologique puisse être utilisé dans un contexte de malveillance plutôt qu’un autre agent biologique. Un microbiologiste, nommé Roserby également impliqué dans le programme d’armement biologique américain, fit une liste vers la fin des années 1940 de tels critères, appelés aujourd’hui « critères de Roserby ».

Ces critères, au nombre de huit, sont les suivants :


1. Procédé de fabrication (facile, difficile). 2. Transport de l’agent biologique et stockage. 3. Dissémination (aérosol, contamination des eaux, épandages agricoles, contamination alimentaires, bombes humaines). 4. Transmissibilité (inter-humaine, très contagieux ou non, inter-espèce). 5. Cibles (humaines, animales, agricoles). 6. Morbidité et mortalité (élevée, modérée, faible). 7. Prophylaxie et traitement (vaccins, antibiotiques, recherche en cours, rien). 8. Impact sociétale (économique, panique, désordre de grande/moyenne/petite ampleur, perturbation des transports).

Il existe 5 espèces d’agents biologiques : -

Les bactéries 1 (anthrax, tularémie, brucellose, peste).

-

Les rickettsies 2 (typhus, fièvre fluviale du Japon, fièvre Q).

-

Les virus 3 (fièvres hémorragiques (ebola, lassa), variole).

-

Les toxines 4 (toxines protéiques (toxine botulinique, ricine, toxine SEB), toxines non protéiques

(saxitoxine,

batratoxine,

tétrodotoxine,

cignatoxine,

mycotoxines

trichotécènes). -

Les champignons (Aspergillus Flavus qui produit une toxine l'aflatoxine (présent généralement dans le lait). Cette toxine peut engendrer des cancers du foie. L’Aspergillus Fumigullus, quand il est inhalé, se loge dans les poumons et provoque des troubles respiratoires.

1 Micro-organisme uni-cellulaire le plus souvent dépourvu de chlorophylle, résistant selon son espèce à une chaleur inférieure à 100 ou à 120o C, visible seulement au microscope, se reproduisant par scissiparité et dont les deux principales formes sont les microcoques et les bacilles. 2 Genre de microorganismes situés entre les bactéries et les virus, parasites obligatoires vivant à l'intérieur des cellules chez l'homme et les animaux et agents spécifiques de diverses maladies généralement fébriles et accompagnées d'éruptions cutanées. Souvent transmis par des arthropodes vecteurs tels le poux, la tique et la mite. 3

Microorganisme infectieux, invisible au microscope optique, traversant les filtres qui arrêtent habituellement les bactéries dont il se distingue essentiellement par le fait qu'il ne possède qu'un seul type d'acide nucléique ARN ou ADN, lequel modifie le patrimoine génétique de la cellule infectée.

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Substance toxique et antigénique élaborée par certaines bactéries. Toxine botulinique, érythrogène; toxine bactérienne; toxine tétanique.


Anthrax Zoonose 5 causée par la bactérie Bacillus anthracis, et qui peut présenter deux formes selon la voie de contamination. La forme cutanée et la forme pulmonaire. La forme cutanée se caractérise par une lésion cutanée et un œdème du ganglion lymphatique 6 le plus proche, après une période d’incubation 7 de 1 à 7 jours. Le taux de mortalité de cette forme va de 10 à 20 %. La forme pulmonaire de l’anthrax est plus mortelle (90 à 100 %), et présente les symptômes suivants : fièvre, fatigue et rapidement de graves dysfonctions respiratoires. Sans traitement, la mort survient dans les 24 à 36 heures. De plus, il est à noter qu’un traitement tardif c’est-àdire avec la maladie déjà déclarée ne change en rien le mauvais pronostic.

Bacillus anthracis est caractérisée par son extrême facilité de contamination, et surtout sa grande résistance aux conditions extérieures qui font que des territoires restent contaminés des décennies après ; c’est ce qu’on appelle communément les « champs maudits ». Une possible voie d’attaque serait la dissémination par aérosolisation.

Botulisme Sept neurotoxines responsables de l’intoxication sont produites par la bactérie Clostridium botulinum. Ce sont des toxines protéiques qui bloquent la neuro-transmission notamment au niveau des jonctions neuromusculaires. Leur rapidité d’action ainsi que leur dose de létalité en font des armes extrêmement puissantes.

Les symptômes sont la fatigue et le manque de tonicité musculaire qui vont en s’aggravant jusqu’à la paralysie. La mort survient par asphyxie due à un défaut de fonctionnement des muscles respiratoires. Les voies de contamination possibles dans un acte de malveillance sont l’aérosol mais également la contamination alimentaire ou des approvisionnements d’eau. 5

Maladie touchant les animaux, notamment le bétail, mais pouvant se transmettre à l’Homme.

6 Le rôle des ganglions lymphatiques est d'assurer continuellement la filtration naturelle de la lymphe. Ce rôle d'épuration s'accompagne de celui de la fabrication des lymphocytes (variété de globules blancs) et de contact des cellules de défense de l'organisme avec les antigènes (corps étrangers, microbes) afin de faciliter les défenses spécifiques en cas d'infection. 7

période séparant le contact avec les germes de la survenue des premiers symptômes.


Brucellose Les agents responsables sont les suivants : Brucella melitensis, B. abortus, B. suis et B. canis. La virulence diminue dans l’ordre de cette liste. Ces bactéries sont difficiles à éradiquer malgré une antibiothérapie. Il n’existe pas de transmission interhumaine, les réservoirs naturels sont les animaux domestiques (chèvres, chameaux, moutons, chats (B. abortus), chiens (B. canis) et cochons (B. suis)).

Ces bactéries peuvent être lyophilisées et elles résistent à des conditions environnementales difficiles (jusqu’à deux ans de persistance). L’incubation peut aller jusqu’à 3 à 4 semaines en moyenne.

Bien que rarement mortelle, cette pathologie est très incapacitante. Elle se caractérise par une fièvre élevée, des maux de tête, de la fatigue, de l’asthénie et quelques fois il y a des complications. Les symptômes étant très peu spécifiques, ils peuvent être confondus avec la plupart des infections bactériennes ou virales. La meilleure voie de transmission de cet agent est l’aérosol.

Choléra C’est une pathologie due à l’agent bactérien Vibrio cholera, qui se caractérise par une forme courte et incurvée. L’homme se contamine naturellement par des eaux ou de la nourriture souillée. L’organisme se multiplie dans le petit intestin et sécrète une toxine qui provoque une grave diarrhée. En cas d’attaque, le meilleur moyen de transmettre cet agent biologique serait de contaminer les réserves d’eau. Sans traitement, la mort survient par déshydratation sévère.

Toxines Clostridium Perfringens Clostridium perfringens est une bactérie associée à trois syndromes 8 : intoxication alimentaire sans gravité, gangrène gazeuse, entérite nécrosante. 8

Ensemble de symptômes ou signes cliniques.


Il y a 12 toxines protéiques associées à cet agent bactérien. La gangrène gazeuse se caractérise par une toxémie9 fulminante et bien souvent le diagnostic n’est que post-mortem. La bactérie produit des toxines provoquant une nécrose (destruction) tissulaire (appelée entérite nécrosante) mais également des gaz de putréfaction (gangrène gazeuse).

Fièvres Hémorragiques Ces fièvres sont associées à des virus provoquant des hémorragies dues à de fortes déstructurations tissulaires suite à la destruction massive des cellules. Selon la gravité, les organes se détruisent et se désagrègent plus ou moins rapidement. Le taux de mortalité de ces fièvres est en général élevé. La transmission interhumaine est également très forte. Le mode de contamination s’effectue par contact avec le sang, les sécrétions et les divers fluides contaminés. Les virus responsables sont répertoriés sur le site du CDC, sur le plan Biotox et aussi sur la liste des agents biologiques réglementés à l’exportation par le groupe d’Australie (ces organismes et le plan biotox seront développés ultérieurement). Quelques noms de virus à retenir : le virus CCHF (Congo-Crimean Hemorrhagic Fever) avec 15 à 30 % de mortalité, virus Ebola avec 50 à 90 % de mortalité, virus Lassa, virus Machupo etc.

Melioïdose ou pseudomorve La maladie infectieuse est causée par l’agent bactérien Pseudomonas pseudomallei ou bacille de Whitmore prévalant en Asie du sud-est. Le bacille de Whitmore contamine de nombreux mammifères domestiques (chevaux, moutons, porcs) et sauvages. La contamination de l’homme se fait par voie transcutanée sur la peau préalablement lésée, à partir des eaux, des boues, des sols infestés. La contamination aérienne par inhalation est le deuxième mode de contamination.

Une méthode d’attaque serait la voie aérosol. Trois formes cliniques peuvent être décrites :

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La forme septicémique de début brutal, ou succédant à une atteinte de l’état général déjà installée. Elle réalise un état de choc septique avec défaillance multiviscérale. La mortalité

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Présence de toxines dans le sang.


spontanée est de 100%, mais tombe à 40% avec le traitement antibiotique actuel. La fréquence des rechutes dépend de la nature du traitement initial.

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Les formes viscérales localisées. Elles sont dues à des lésions suppurées, uniques ou multiples. Dans un contexte d’atteinte de l’état général avec fièvre, différentes localisations sont rapportées : atteinte pneumopathique avec insuffisance respiratoire, atteintes viscérales abdominales, atteinte urogénitale, atteinte ostéo-articulaire, atteinte musculaire, atteinte cutanée (pustules, abcès), atteinte neurologique (abcès cérébraux, méningite, encéphalite).

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Les formes latentes (portage asymptomatique du bacille de Whitmore). Ce sont des formes dépistées par la sérologie. Il y a un risque d’extériorisations cliniques très éloignées de la contagion, jusqu’à 30 ans. C’est la «bombe à retardement» du Vietnam: 3,5% des soldats Américains blessés au Vietnam ont, en effet, une sérologie positive.

La peste Zoonose impliquant la bactérie Yersinia pestis et qui, dans des conditions naturelles, se transmet à l’Homme par contact avec les rongeurs et leurs puces, plus particulièrement par morsure de puce. Cette pathologie se caractérise par trois syndromes bien spécifiques et reconnaissables : la forme bubonique (30 % de guérison spontanée), la forme septicémique et la forme pneumonique (mortelle en trois jours, se présentant comme une grippe suivie d'une atteinte pulmonaire) soit primaire soit secondaire à la forme bubonique (par complication). Lors d’une attaque, il serait possible d’utiliser les vecteurs naturels tels les puces pour propager la forme bubonique ou l’aérosolisation pour déclencher la forme pulmonaire.

La peste bubonique, après une période d’incubation de 2 à 10 jours, se caractérise par une forte fièvre et la présence de bubons qui sont des ganglions remplis d’un grand nombre de germes. Il s'agit en fait d'une adénopathie 10 (ganglions pathologiques) entourée d'un anneau œdémateux (gonflement de la peau contenant du liquide). L'étape suivante se caractérise par la survenue d'une nécrose (destruction de tissu). La guérison est généralement obtenue en une 10 Maladie caractérisée par l'augmentation de volume des ganglions lymphatiques (adénomégalie). Elle est due à une inflammation, à une tumeur ou à une infection.


semaine voire dix jours. Une autre éventualité, dans environ 50 à 70 % des cas, est la dissémination du bacille à partir du ganglion à travers le sang et les circuits lymphatiques (vaisseaux contenant la lymphe de l'organisme) en passant par le foie et la rate. À cet instant survient une septicémie (la forme septicémique) qui est mortelle en 36 heures.

La forme pulmonaire, quant à elle, est due à une exposition à des gouttelettes d'origine respiratoire contenant le germe provenant d'une personne ou d'un animal (chat, chien) atteint de peste respiratoire. Les germes peuvent également provenir d'individus atteints d'une peste septicémique bubonique. La peste pulmonaire est moins fréquente mais mortelle à 100 % en l'absence de traitement. Le décès survient en moins de 3 jours voire en quelques heures.

Fièvre Q Zoonose causée par la rickettsie Coxiella burnetti qui dans l’environnement est très résistante à la dessiccation, à la chaleur et à un grand nombre de désinfectants. Les réservoirs naturels sont les animaux domestiques tels le mouton, le chat et la chèvre. La maladie s’acquiert par inhalation de particules contaminées avec ces organismes. L’incubation est de 10 à 20 jours et la maladie peut durer de 2 jours à 2 semaines. La pathologie présente un syndrome grippal aigu associant forte fièvre, frissons, céphalées, nausées et courbatures.

Intoxication à la ricine C’est une toxine glycoprotéique provenant de la graine de ricin. Le caractère hydrosoluble de la ricine en fait un agent potentiellement utilisable dans un but de malveillance. Elle pourrait être dissoute dans l’eau de distribution sans en modifier le goût, introduite dans un aliment ou dispersée par aérosolisation. La ricine est dénaturée par chauffage pendant 10 minutes à 80°C ou 1 heure à 50°C. Cette toxine bloque la synthèse protéique et de ce fait tue la cellule. Le tableau clinique varie en fonction des voies d’entrée de la toxine.

L’intoxication orale est souvent fatale et se caractérise par des nausées, diarrhées et vomissements. La mort survient dans les trois jours.


La ricine dispersée sous forme de poudre ou d’aérosol peut entraîner dans un délai variant de quelques minutes à plusieurs heures des signes d’irritation oculaire (sensation de brûlure, larmoiement, conjonctivite plus ou moins sévère) et pharyngée ainsi qu’une irritation respiratoire plus ou moins marqués : toux, dyspnée, œdème pulmonaire pouvant conduire à un syndrome de détresse respiratoire aiguë.

Fièvre par virus Rift Valley Fever . Synonyme : hépatite enzootique. Maladie infectieuse, due à un virus, touchant le bétail et certains rongeurs spécifiquement dans une région du Kenya et en Égypte. Sa transmission à l'homme se fait par la piqûre d'un moustique, par contact direct avec les carcasses d'animaux infectés, par voie aérienne ou d'individu à individu. Après une incubation de 3 jours, la personne présente une hyperthermie (fièvre violente) durant 3 jours à 1 semaine avec maux de tête, nausées, courbatures intenses, myalgies (douleurs musculaires) et congestion du visage.

Généralement, la pathologie est bénigne mais des décès par encéphalite ou hépatite (inflammation du foie) sont possibles. Certains patients présentent des douleurs derrière les yeux ou une encéphalite (inflammation de l'encéphale) par dissémination du virus dans le système nerveux central. Des hémorragies (à la fin de la première semaine de l'infection) chez quelques patients se traduisent par un saignement de nez, accompagné de vomissements de sang et de sang dans les selles. Il peut exister une atteinte du tissu hépatique à type de nécrose et des séquelles de rétinite (inflammation de la rétine) peuvent persister. La meilleure attaque possible dans un contexte de bioterrorisme avec cet agent est l’utilisation d’aérosol.

Saxitoxine C’est une toxine de la famille des neurotoxines qui est naturellement produite par des phytoplanctons marins. Les intoxications sont principalement dues à l’ingestion de mollusques contaminés. En cas d’attaque avec cet agent, la contamination des aliments, de l’eau du robinet ou l’utilisation en projectile peuvent être envisagées.


Après contamination par voie orale, les symptômes sont rapides et commencent 10 à 60 minutes après ingestion : paresthésies 11 péribuccales s’étendant progressivement à la face et au cou, ainsi qu’aux extrémités, suivies d’une sensation de " flottement ", de vertiges, de céphalées, ainsi qu’une faiblesse musculaire progressive avec impossibilité de se tenir debout avec démarche irrégulière. Dans les cas sévères, une paralysie respiratoire peut s’installer dans les 3 à 8 heures provoquant le décès si le sujet n’est pas traité.

Variole La variole est une maladie éruptive contagieuse grave. Le virus de la variole appartient au groupe des orthopox virus, famille des Poxviridae, qui inclue également, parmi les espèces transmissibles à l'homme, le virus de la vaccine, du cowpox et du monkeypox (variole du singe). La variole menaçait toute la population avant l'ère de la vaccination. Le virus était ubiquitaire et sa contagiosité était suffisante pour en faire une maladie quasi obligatoire. Le dernier cas diagnostiqué en France remonte à 1955. Le dernier cas endémique mondial est survenu en 1977 en Somalie, et l’éradication du virus de la surface du monde a été prononcée par l’Organisation Mondiale de la Santé en 1980.

Le virus est maintenant stocké dans deux laboratoires aux U.S.A et en Russie. La possibilité de détournement de l'expertise et du matériel viral, en particulier à partir de la Fédération de Russie, et l'éventualité de l'utilisation du virus varioleux en tant qu'arme biologique a conduit à ne pas détruire ces stocks.

En conditions naturelles, le virus se transmet par contact direct de personne à personne, à partir de gouttelettes émises depuis le rhinopharynx de personnes infectées. La contamination à partir des lésions cutanées joue un rôle accessoire. La maladie est essentiellement contagieuse pendant les 7 à 10 premiers jours suivant l'éruption.

Quand se forment les croûtes, l'infectiosité diminue rapidement. Après une incubation de 12 à 14 jours (extrêmes 7-17 jours), le malade présente fièvre élevée, malaise, prostration avec céphalées et douleurs dorsales. L'éruption débute en moyenne 3 jours après le début des 11

Anomalie des sensations tactiles, douloureuses, thermiques ou vibratoires (p.ex. retard, persistance, erreur de localisation). Sensations pénibles et variées survenant sans cause apparente, telles que fourmillement, picotement, engourdissement, chaleur ou froid.


signes généraux. L'éruption apparaît sur la muqueuse de la bouche et du pharynx, le visage et les bras puis atteint le tronc et les membres inférieurs.

La variole existait sous deux formes cliniques, la variole majeure et une forme beaucoup moins grave, la variole mineure ou alastrim. Ces deux formes ne pouvaient être différenciées que sur leurs aspects cliniques au cours d'épidémies, mais leur différenciation virologique est maintenant possible. La variole majeure tuait jusqu'à 30% ou plus des malades non vaccinés, alors que le taux de létalité de la variole mineure ne dépassait pas 1%.

En l'absence de circulation du virus, tout cas de variole ne pourrait être que le fait d'une malveillance à partir des souches conservées dans les deux laboratoires de référence de l'OMS. Une contamination accidentelle à partir de ces stocks de virus paraît une hypothèse extrêmement peu probable.

Dans le cadre d'une action terroriste, la contamination se ferait vraisemblablement par aérosolisation pouvant affecter, en fonction des circonstances du largage, un nombre important de personnes : d'une part le virus, une fois dispersé par aérosolisation, peut survivre en restant infectieux, selon les conditions de température et d'humidité, de quelques heures à 2 jours, d'autre part, la dose infectante est extrêmement faible, quelques virus pouvant suffire à provoquer une infection.

Entérotoxine B staphylococcique (SEB). C’est une toxine produite par la bactérie Staphylococcus aureus et est une cause fréquente d’intoxication alimentaire. Le réservoir des S. aureus producteurs d’entérotoxines est habituellement humain et le plus souvent la contamination des aliments se fait lors de leur préparation par un porteur sain (rhino-pharyngé) ou présentant une plaie infectée. L’entérotoxine peut aussi être d’origine bovine et responsable d’intoxication alimentaire après consommation de produits laitiers crus (fromages, lait).

L’intoxication causée par SEB n’est en général pas fatal, mais peut induire une morbidité aiguë passagère très intense et invalidante. Dans le cadre d’actions de malveillance, la SEB pourrait être disséminée par aérosolisation avec pénétration de la toxine par inhalation mais


également par contamination d’aliments ou de réservoirs d’eau de distribution, de faible volume.

La SEB est considérée comme une arme biologique potentielle du fait de son potentiel à incapaciter un très grand nombre de personnes simultanément. Elle a été largement étudiée comme incapacitant aux Etats-Unis dans les années 1960. Les symptômes de l’intoxication par SEB sont différents selon que la toxine a été ingérée ou inhalée.

L’intoxication par voie alimentaire se manifeste après une durée d’incubation généralement courte de 2 à 4 heures par l’apparition brutale de symptômes digestifs (nausées, vomissements importants et douleurs abdominales), souvent accompagnés de diarrhée et plus rarement d’hypotension. Les décès sont rares ; la durée de la maladie est courte, rarement plus d’un jour ou deux mais l’intensité des symptômes peut entraîner une hospitalisation.

Les effets de l’intoxication par inhalation ont été étudiés expérimentalement chez le singe et à l’occasion d’une épidémie chez 9 employés d’un laboratoire à la suite d’une inhalation accidentelle. L’intoxication se manifeste après une incubation de 3 à 12 heures par l’apparition brutale d’un syndrome pseudo-grippal (fièvre, frissons, céphalées et myalgies) et de toux sèche. Des symptômes respiratoires (douleurs thoraciques et dyspnée) sont observés dans les formes plus sévères. Des formes respiratoires graves sont possibles avec œdème aigu du poumon. Des symptômes digestifs (nausées ou vomissements) sont observés fréquemment. La fièvre peut persister jusqu’à 5 jours et la toux pendant 4 semaines, les malades étant incapables de reprendre leur activité avant 2 semaines.

Les symptômes cliniques d’intoxication par inhalation de SEB sont similaires à ceux induits par de nombreux pathogènes qui touchent le système respiratoire (adénovirus, Influenza virus, mycoplasma, etc) ce qui en fait un agent biologique intéressant du fait que le diagnostic ne soit pas aisé.

Mycotoxines trichothecene (mycotoxicose)


Ces mycotoxines (plus de 40 composés) sont produites par des champignons et sont des inhibiteurs de synthèse protéique ou de réparation de l’ADN. Ils peuvent également altérer la structure et la fonction de la membrane cellulaire, et interrompre la chaîne de respiration mitochondriale (chaîne impliquée dans la respiration cellulaire).

Ces mycotoxines sont des métabolites secondaires des champignons comme la toxine T-2 produite par la moisissure Fusarium sporotrichioides qui induit une mycotoxicose (intoxication) après inhalation ou consommation d’aliments contaminés. L’intoxication via ces mycotoxines entraîne une perte de poids, vomissements, inflammation cutanée, diarrhée hémorragique et quelque fois la mort.

L’utilisation de telles toxines dont le T-2 à caractère malveillant pourrait prendre les formes suivantes : aérosolisation, voie cutanée, contamination de la nourriture ou de l’eau du robinet.

Tularémie La tularémie est une zoonose due à l’infection par Francisella tularensis. Il existe deux formes prédominantes : le type A (biovar tularensis, en Amérique du Nord) très virulent et le type B (biovar palaeartica, en Europe) moins virulent. La bactérie survit pendant des semaines dans le milieu extérieur (eau, sol, cadavres) surtout à basse température, voire des années dans certaines conditions de conservation (viande contaminée congelée).

Le réservoir est principalement les rongeurs sauvages (campagnols, mulots, écureuils, ragondins, lièvres) et les tiques. Les animaux domestiques comme les moutons, les chats et les chiens, sont des hôtes accidentels mais peuvent être source d’infection humaine.

Il existe divers modes de transmission : -

Le premier par contact direct de la peau (pénétration du germe à travers la peau saine possible mais favorisée par des égratignures ou des coupures) avec des animaux infectés, le sol, le matériel contaminé (clous, lame, etc.) ou par des éclaboussures projetées dans l’œil.

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Le second mode concerne les morsures d’arthropodes (tiques) ou piqûre d’insectes (moustiques, mouches).


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Le troisième mode s’effectue par ingestion d’aliments ou d’eau contaminée.

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Et enfin l’Homme peut se contaminer par inhalation d’aérosols contaminés dans les laboratoires, inhalation de poussières (fourrages, litières) ou de laines contaminées par des animaux infectés. Il n’y a pas de transmission inter – humaine documentée.

Après une durée d’incubation de 3-5 jours, la maladie débute de manière soudaine, quelque soit la porte d’entrée, avec fièvre, frissons, fatigue, douleurs articulaires et musculaires, maux de gorge, céphalées et parfois des nausées et vomissements.

Les formes cliniques dépendent essentiellement de la porte d’entrée : -

La forme ulcéro–ganglionnaire (après contact cutané direct) se caractérise par une lésion locale au point de pénétration de la bactérie, se transformant en ulcération nécrotique associée à une adénopathie régionale qui peut suppurer et nécroser.

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La forme ganglionnaire est sous la forme d’adénopathies régionales sans ulcère.

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La forme occulo-ganglionnaire (après contact oculaire ou projection) présente une conjonctivite avec des adénopathies régionales.

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La forme oropharyngée (après ingestion d’aliment ou d’eau contaminée ou après inhalation d’aérosols) se caractérise par une stomatite, pharyngite, angine, adénopathies cervicales et rétropharyngées.

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La forme pleuro-pulmonaire (primaire après inhalation d’un aérosol contaminé ou secondaire après dissémination) se présente sous forme de toux sèche, bronchiolite, pleuro-pneumonie, adénopathies hilaires, détresse respiratoire.

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Et enfin la forme typhoïdique ou forme septicémique qui se caractérise par de la fièvre, des céphalées avec malaise, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales et choc septique (coma).

La létalité de l’infection à biovar tularensis (type A peut atteindre 30% en l’absence de traitement, mais chute à 7% en cas de traitement tardif voire à moins de 1% en cas de traitement précoce. La létalité de l’infection au biovar palaeartica (type B) est inférieure à 1 %.

L’agent de la tularémie est passé du niveau de priorité modéré au niveau de plus haute priorité dite catégorie A du CDC (forte morbidité, forte mortalité, transmissibilité élevée) du fait de sa possibilité d’être propagé par aérosolisation lors d’un acte malveillant entraînant la forme


pleuro-pulmonaire (pouvant facilement être confondue avec des infections grippales bénignes) et la forme septicémique.

Encéphalite équine vénézuélienne (VEE) Il existe 8 virus sérologiquement distincts associées à la VEE. Les plus importants sont désignés par les sous-types 1, variants A, B et C. Ces virus sont également responsables de maladies sévères chez les chevaux, mules et ânes. Les infections dans un contexte naturel sont dues aux piqûres de moustiques, les chevaux servant de réservoirs.

Lors d’endémies naturelles, des cas fatals d’encéphalite chez les chevaux précèdent les signes cliniques chez l’Homme. Secondairement, la maladie se propage par contact entre personnes. Dans le cas d’une attaque biologique, l’utilisation de vecteurs tels les moustiques pourraient être envisagée dans une région peuplée d’équidés et ainsi amorcer une épizootie doublée d’une épidémie.

Après une période d’incubation de 1 à 5 jours, les signes cliniques apparaissent brutalement et se présentent sous la forme de malaise, fièvre, maux de tête, photophobie, douleurs musculaires dans les jambes, et peuvent être suivies de nausées, vomissements et toux. Cette phase aiguë dure 24 à 72 heures puis est suivie d’une à deux semaines de léthargie. Il est à noter que 4% des patients atteints peuvent développer les signes d’une infection du système nerveux central avec méningite, convulsion et paralysie entraînant le mort dans moins de 1% des cas mais allant jusqu’à 20% chez les enfants présentant ce type de complication. Une épidémie de VEE est difficile à distinguer d’une épidémie banale de grippe, seule une légère augmentation de cas cliniques neurologiques et de cas de maladie chez les chevaux peut mettre sur la voie.

Moyens de dissémination 1. Les aérosols (par aérosolisation) : consiste à disséminer l’agent biologique par diffusion à travers des climatiseurs ou par épandage via des avions ou hélicoptères ou encore par dispersion après l’explosion d’une bombe. L’intérêt est de contaminer les victimes par


voie respiratoire : les formes respiratoires étant souvent plus graves. Le charbon (anthrax), la tularémie, la fièvre Q, le typhus, la variole, la peste, la toxine botulinique sont susceptibles d’être utilisés par cette même voie.

2. La contamination des sources d’eau et des aliments : c’est une des disséminations les plus aisées et elle concerne notamment les toxines, comme la toxine du ricin et la toxine botulinique, qui peuvent être mélangées à de grands containers de boissons consommables. On peut également prendre en compte les bactéries alimentaires type Escherichia coli et entérotoxines SEB.

3. La voie cutanée : les agents biologiques concernés sont l’anthrax, la fièvre Q, la tularémie et la variole. En terme de contagion inter-humaine, le seul agent dont on soit certain qu’il puisse réellement se diffuser est la variole, avec les fièvres hémorragiques virales.

4. Utilisation d’agents, de vecteurs tels les moustiques ou puces (attaques villes chinoises par le Japon avec des puces infestées par le typhus).

La militarisation des agents. Il s’agit d’un processus technique utile pour : -

Augmenter la résistance de l’agent biologique dans l’environnement ;

-

Faciliter sa dissémination ;

-

Concentrer l’agent biologique afin de faciliter la contamination ;

-

Augmenter la résistance de l’agent biologique face à l’arsenal thérapeutique ou préventif (vaccins) ou encore pour augmenter sa virulence.

La militarisation d’un agent biologique permet de pallier à certaines contraintes qui pourraient amoindrir son effet lors d’une attaque. Ainsi, la production d’armes biologiques, bien qu’aisée et très peu coûteuse, ne garantit pas à elle seule le succès d’un acte de bioterrorisme puisque beaucoup de paramètres peuvent perturber l’objectif de cette attaque.

Les paramètres sont les suivants : conditions climatiques, orientation et force du vent, moyens de dispersion, absence ou présence de chloration des voies d’eau (prévenant leurs


contaminations éventuelles), milieu confiné ou pas, mouvement de la foule, viabilité de l’agent dans l’air/eau après dissémination, dose infectante, virulence de la souche, résistance de cette souche face à une thérapie etc.

La secte japonaise Aum, en 1995, a tenté l’utilisation de la toxine botulinique mais s’est retrouvée confrontée à ces paramètres qu’elle ne maîtrisait pas (bien qu’ayant réussi très facilement à produire cette toxine). Ce résultat fut un échec, la poussant à remplacer son arsenal biologique par un arsenal chimique tel que le sarin, bien plus facile à contrôler.

Ainsi, l’arme biologique communément dénommée par les médias l’ « arme de destruction massive du pauvre » nécessite en vérité beaucoup de moyens techniques et financiers pour être efficace.

Les attaques par voie postale à l’anthrax à Washington et en Floride, lors de la fin de l’année 2001, n’ont été efficaces (efficacité toute relative, si on compte le nombre de morts qui s’élève à 5) que parce que, d’une part, la souche de Bacillus anthracis utilisée (souche Ames) est l’une des plus virulentes et que, d’autre part, la poudre contenant les spores avait été traitée de manière à être la plus fine possible donc plus facilement inhalable (permettant une meilleure entrée du bacille en profondeur dans les poumons). En fait, les spores ont été recouvertes par une substance empêchant l’électricité statique de les agglomérer. La propreté de la préparation et la nature de la souche font d’ailleurs pencher un membre du FAS (Federation of American Scientists Webographie W-VIII) vers une attaque d’origine interne (personnel du programme biologique US) et non externe [2].

Prévention L’insuffisance des traités de désarmements. Le protocole de Genève, prohibant dès 1925 l’emploi des armes biologiques en cas de conflit armé, a été complété par la convention du 10 avril 1972 sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes biologiques ou à toxines et sur leur destruction. Cependant, contrairement à la convention d’interdiction des armes chimiques signée en 1993, aucune procédure de vérification sur les biotechnologies à caractère duales n’est établie. C’est ainsi que plusieurs Etats profitèrent de cette lacune pour continuer voire relancer leur programme d’armement biologique (voir précédemment l’historique avec l’Iraq et l’URSS).


Les Etats ayant ratifié cette convention, et conscients des limites de cette convention, ont tenté en novembre 2001 de mettre au point un protocole de vérification additionnel à la convention de 1972. Mais cela fut un échec essentiellement dû à la pression américaine qui redoutait de mettre à mal l’industrie biotechnologique déjà soumise à une concurrence très dure.

Les contrôles des exportations et réglementations des biens à double usage. Cette lacune de la convention est cependant secondée par des règles de contrôle des exportations de produits biologiques et chimiques militarisables.

Æ Le régime international de fournisseurs et la réglementation européenne. Le régime de contrôle international, représenté par le groupe d’Australie, a été créé sous l’impulsion volontaire de plusieurs pays. Les pays membres (au nombre de 33, plus la commission européenne) s’engagent à respecter 6 listes de contrôle. Le groupe d’Australie tient son origine d’une enquête dépêchée par le secrétaire de l’ONU et fut créée en 1984 pour réglementer l’exportation de produits chimiques pouvant potentiellement être utilisés à des fins malveillantes. En 1990, les pays membres ont pris des mesures pour limiter l’exportation d’agents biologiques et les matières à double usage pouvant aisément être détournés vers des programmes d’armement biologique.

Les objectifs de ce groupe sont de veiller, par l’imposition de régimes de contrôle, à ce que l’exportation de produits chimiques, d’agents biologiques ainsi que d’usines et d’équipements servant à la fabrication de produits chimiques et biologiques à double usage ne contribuent pas à la prolifération d’armes biologiques et chimiques.

Plusieurs listes ont été établies et elles sont très volumineuses. On peut distinguer les listes suivantes : -

Précurseurs d’armes chimiques.

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Liste d’équipements et d’installations de fabrication de produits chimiques à double usage et de technologie connexe.

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Liste de matériels biologiques à double usage réglementés à l’exportation.

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Liste des agents biologiques réglementés à l’exportation (Webographie W-IX).

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Liste des agents pathogènes des végétaux.

-

Liste des agents pathogènes animaux réglementés à l’exportation.


Au niveau européen, le règlement L1591334 du 30 juin 2000 établit la liste d’un certain nombre de biens pour lesquels toute exportation en dehors de la communauté européenne doit faire l’objet d’une demande de licence d’exportation.

Æ La réglementation nationale sur la détention et les transferts internes de souches. L’arrêté du 22 septembre 2001 (J.O. du 26 septembre 2001 – page 15201) instaure une traçabilité dans le domaine biologique, en réglementant la mise en œuvre, l’importation, l’exportation, la détention, la cession à titre gratuit ou onéreux, l’acquisition et le transport de certains agents pathogènes et toxines. Une part de cette réglementation prend la forme d’un système d’autorisations délivrées par l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS).

Les plans d’action nationaux, européens et internationaux face à une menace. Æ Plan biotox (Webographie W-X). Ce plan définit les responsabilités de chaque ministère concerné en cas d’acte bioterroriste. Il est adopté le 26 septembre 2001 et appartient aux trois plans gouvernementaux « Pirate » décrivant les conduites à tenir en cas d’actes de terrorisme. Avant l’automne 2001, le plan Piratox, qui concernait essentiellement le risque chimique, traitait de manière peu précise les risques biologiques.

Ce plan Biotox prévoit divers types de scénarios (des cas cliniques suspects à la revendication claire d’acte de bioterrorisme) et il peut être déclenché indépendamment du plan Vigipirate. Les cas cliniques suspects seront gérés par le ministère de la santé comme une épidémie, mais il est possible de faire intervenir le ministère de l’intérieur si des mesures renforcées d’ordre public s’avéraient être nécessaires.

Le dispositif d’intervention prévoit une organisation géographique avec des hôpitaux de référence et laboratoires désignés pour chaque zone de défense. Concernant les échantillons humains, les laboratoires hospitaliers de référence peuvent les prendre en charge. Il en est tout autre concernant les produits suspects, qui devraient être pris en charge par plusieurs laboratoires : le centre d’étude du Bouchet de la délégation générale


de l’armement et le centre de recherche du service de santé des armées et les laboratoires vétérinaires de l’agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFFSA).

Les protocoles thérapeutiques dans le cadre de ce plan biotox ont été élaborés par l’AFFSAPS et le service de santé des armées. Il a été notamment dressé un bilan de la disponibilité des médicaments et vaccins nécessaires. Æ Plan variole. C’est un plan national défini dans le décret n°2003-313 du 3 avril 2003 et qui détermine les mesures mises en œuvre en prévision d’une réapparition du virus. La stratégie de vaccination française est graduée sur 5 niveaux d’alerte :

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Aucun cas de variole dans le monde : vaccination d’une équipe nationale d’intervention pluridisciplinaire capable de mener diverses actions en cas d’attaque bioterroriste (enquête épidémiologique, prise en charge médicale, investigations judiciaires, vaccination de sujets contacts, mis en place de mesure de confinement) ;

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Menace avérée en l’absence de cas dans le monde. Ce niveau d’alerte est obtenu en fonction de la teneur des informations des services de renseignements ou lors d’arrestation en France ou à l’étranger d’une personne en possession d’échantillons du virus. Les équipes dites zonales seront alors vaccinées ;

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Un cas de variole dans le monde entraînerait la vaccination de toutes les équipes de première ligne (sapeur-pompiers, police, gendarmerie, SAMU, personnels hospitaliers) ce qui constitue une population de plus de 4 millions de personnes ;

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Un cas sur le territoire français : les « sujets contacts » du cas ainsi que les personnes ayant été exposées seraient également vaccinées ;

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Survenue sur le sol français de nombreux cas de variole simultanés ; des vaccinations dites en anneaux seraient alors entamées, avec le confinement des cas de variole ; puis en cas d’impossibilité de contrôle de l’épidémie, l’ensemble de la population serait vacciné sur un délai de 14 jours dans des endroits réquisitionnés.


Il est à noter que depuis le mois de mai 2003, la France dispose de 72 millions de doses vaccinales et de 60 millions d’aiguilles spéciales bifurquées qui servent à injecter le vaccin. Ces stocks sont entreposés dans deux établissements du service de santé des armées tenus secrets. Æ Plan américain en cas de variole. Le plan américain dévoilé le 13 décembre 2002 propose également plusieurs phases. 500000 militaires devraient bénéficier en priorité de la vaccination puis progressivement 500000 volontaires parmi les professionnels de la santé et susceptibles d'intervenir en première ligne. Dans un second temps, l’ensemble des professionnels de la santé et des intervenants en secours d’urgence devraient être vaccinés, ce qui représente une population de 10 millions de personnes. Il serait également prévu une vaccination de masse en urgence si un cas de variole était avéré dans le monde. Les Etats-Unis dispose de 380 millions de doses vaccinales.

Les moyens techniques de détection

En raison de la capacité d’auto-réplication des agents biologiques et de la complexité du vivant, leur détection doit obéir à une très grande sensibilité (puisqu’il faut pouvoir détecter à des doses létales ou incapacitantes très faibles). Les méthodes actuelles, ou à l’étude, de détection peuvent actuellement être regroupées sous deux ensembles.

Le premier ensemble concerne les méthodes physiques de détection qui permettent de signaler sur un bruit de fond biologique une anomalie ou une perturbation. Ce système de détection nécessite une connaissance de la flore microbienne aérienne endogène, qui peut varier d’un endroit à un autre, mais aussi selon les divers moments de la journée. Ces méthodes physiques relèvent d’un fort défi technologique du fait du nombre élevé de particules dans l’air, des différents paramètres à prendre en compte (variation spatiale et temporelle, extrême diversité bactérienne) et même si leur principale avantage est d’obtenir des résultats en temps réel, il n’en reste pas moins qu’ils sont très peu sélectifs : tout au plus permettront-ils de détecter un phénomène biologique mais sans pouvoir identifier le pathogène mis en cause (s’il s’agit d’un pathogène et non d’un micro-organisme non virulent).


Il existe également des méthodes biologiques avec des systèmes fondés sur des réactions immunologiques de type ELISA (Enzyme Linked ImmunoSorbent Assay) faisant intervenir des anticorps liés à des réactifs. Une autre stratégie consiste à utiliser des capteurs dotés de bio-puces à ADN ou ARN pouvant détecter des gènes de virulence. Cette dernière technique de détection nécessite le séquençage des gènes pour chaque souche choisie et la sélection de gènes cibles étant responsables de la pathogénicité ou permettant une identification rapide de l’espèce. Le principal avantage de ces puces à ADN/ARN réside dans la rapidité de détection et l’extrême sensibilité.

Le réseau de surveillance épidémiologique.

En cas d’attaque biologique, les premiers moyens de détection restent le diagnostic clinique. Il est essentiel de pouvoir reconnaître les cas suspects afin de lancer les actions adéquates le plus vite possible.

Aux Etats-Unis, le CDC d’Atlanta sert de première ligne de détection en cas d’attaque. En France, la surveillance épidémiologique s’est mise en route beaucoup plus tardivement : vers les années 1990. L’Institut national de veille sanitaire (INVS Webographie W-XI) est chargé de détecter la menace en coordonnant l’ensemble des données sur les maladies infectieuses, de donner l’alerte, de procéder aux enquêtes nécessaires et de donner des recommandations adéquates à la direction générale de la santé.

Cette surveillance impose une déclaration obligatoire et immédiate de toute maladie pouvant nécessiter une intervention sanitaire à l’échelon local ou national. Ainsi, la liste des pathologies à déclaration obligatoire (décret n° 99-363 du 6 mai 1999) a été complétée par le botulisme, les fièvres hémorragiques, la peste, la brucellose et le charbon.

L’INVS a développé également ses équipes locales à travers les cellules interrégionales d’épidémiologie (CIRE). Cette vigilance existe également à l’échelle européenne avec le journal en ligne EuroSurveillance, et au niveau international avec l’OMS.


Conclusion Le bioterrorisme, terrorisme s’appuyant sur les armes biologiques, a pour but d’induire un état de panique généralisé afin de désorganiser une société ce qui place les terroristes en position de force par rapport au gouvernement de l’Etat ciblé. Mes diverses lectures [3-5] (Webographie W-XII, W-XIII, W-XIV) sur le sujet m’ont fait prendre conscience des risques sanitaires mais surtout sociétales et économiques que représente cette forme de terrorisme principalement à cause du manque d’information du grand public, qui ne pourrait réagir, face à une menace de bioterrorisme, que dans le sens des attaquants, c’est-à-dire en développant une réaction de panique caractérisée.

Les attaques par voie postale à l’anthrax en 2001 ont également fait prendre conscience aux dirigeants gouvernementaux de la précarité de leur contrôle face aux réactions diverses du grand public (panique, canulars) mais également au niveau de leur défense. En effet, les EtatsUnis ont finalement fait preuve, face à cette crise, d’une désorganisation importante bien que des moyens financiers importants aient été rapidement mis à disposition. Quant à la France, les multiples canulars ayant été gérés comme de vraies attaques, une saturation des laboratoires de sécurité s’est très rapidement installée, ce qui a démontré une forte lacune opérationnelle due à un manque de laboratoires de sécurité.

L’essor actuel de la biotechnologie fait craindre également, par son caractère dual, l’arrivée en force de nouveaux agents biologiques génétiquement modifiés qui peuvent, par exemple, détourner le système immunitaire de sa fonction primaire c’est-à-dire à caractère prophylactique 12 au profit d’une destruction de l’organisme. Ces nouvelles armes biologiques pourraient également induire un mauvais diagnostic ou le rendre impossible, mais également échapper aux divers systèmes de détection biologique.

Il est à noter que la création de nouveaux agents biologiques pouvant être une réelle menace peut se faire naturellement comme l’atteste cette publication scientifique datant de juin 2004 qui mentionne l’existence d’un bacille contenant le gène de la virulence de l’anthrax, mais qui n’est pourtant pas le Bacillus anthracis. Il s’agit en fait d’une nouvelle souche de Bacillus cereus normalement impliquée dans l’intoxication alimentaire [6]. 12

protection contre un pathogène.


Un autre aspect du bioterrorisme, bien moins connu des médias, réside dans les attaques ciblées des cultures agricoles qui pourraient faire beaucoup plus de dégâts économiques entraînant une forte désorganisation sociale qu’une attaque touchant l’Homme. C’est ce qu’on appelle l’agroterrorisme [7]. Les divers programmes à l’armement biologique (américain, russe, irakien) intégraient d’ailleurs des projets en agroterrorisme dans le but d’affamer une population.

Enfin, suite aux événements de 2001 et à la menace bioterroriste, les autorités françaises ont crée, en début d’année 2004, un réseau de centres de recherches sur les facteurs de virulence appelé Groupement De Recherche (GDR) « Recherche sur les facteurs de virulence et en biodéfense ».

Aux Etats-Unis, les critiques liées à l’absence de coordination dans la gestion des lettres piégées à l’anthrax ont conduit à la création du Department of Homeland Security (Webographie W-XVI) , ministère qui regroupe tous les services de défense civile, des douanes et de l’immigration. Le projet « Bioshield » américain est également une réponse aux précédentes attaques. Ce programme soutient des projets en matière de diagnostic, traitements et vaccins concernant les agents du bioterrorisme, et les moyens financiers mis en œuvre sont de 6 milliards de dollars sur 10 ans.

La plupart des connaissances que j’ai pu acquérir sur ce domaine proviennent essentiellement de la littérature blanche 13 (monographies, bibliographies et sites Internet), facilement accessible donc également peu stratégique dans le cadre de l’intelligence économique. Il est cependant essentiel de maîtriser les divers aspects caractérisant le bioterrorisme afin de mieux appréhender des informations plus sensibles.

Il est à noter que malgré mes efforts pour ne prendre en considération que les informations de nature formelle (ou informelle (sites Web personnels, rumeurs)), je reste prudente sur la

13 Information librement accessible et couvrant la majeure partie des sources formalisées comme les rapports annuels, les articles de presse, les plaquettes, les documents commerciaux, les publications scientifiques. Ces informations se caractérisent par aucune sécurisation particulière.


validité relative de ces connaissances due aux opérations de désinformation 14 et de contreinformation 15 parfaitement envisageables dans ce contexte.

Cette première étape dans le cadre de mon étude m’a permit d’acquérir une connaissance environnementale importante du sujet (principaux acteurs scientifiques, organismes, politiques budgétaires de biodéfense…) et de mettre en place un système de surveillance. J’ai pu ainsi faire un suivi de presse via des sites d’actualités, un weblog sur le bioterrorisme (Webographie W-XV), des portails et surtout identifier des sources bibliographiques régulièrement mises à jour.

14 Action indirecte ou subversive de propager des informations fausses afin d’affaiblir l’adversaire et d’influencer l’opinion publique. 15 Manipulation directe par l’envoi d’autre information qui dément une information vraie dans l’objectif d’orienter l’opinion publique dans le sens voulu.


BIBLIOGRAPHIE 1.

Bossi, F.B.e.P., Bioterrorisme. Elsevier, Paris ed. Médecine des risques. 2003.

2.

Rosenberg, B.H., Analysis of anthrax attacks. 2002.

3.

Kohler, P., L'ennemi invisible: notre prochain cauchemar: le bioterrorisme. 2002, Paris: Paris, éd. Balland. 251 p.

4.

Lang, P., rapport d'information déposé en application de l'article 145 du Règlement par la commission de la défense nationale et des forces armées sur le bioterrorisme, L.D.d.i.-A.n.T.i.-.-. 1240-831X, Editor. 2003, Paris, Assemblée nationale: Paris.

5.

Leglu, D., La menace. Bioterrorisme: la guerre à venir. 2002: Robert Laffont. 306 p.

6.

Hoffmastr AR, R.J., Rasko DA, et al., Identification of anthrax toxin genes in a Bacillus cereus associated with illness resembling inhalation anthrax. Proc Natl Acad Sci, 2004. 22(101): p. 8449-54.

7.

Shields, M., Agro-Terrorism, Biotechnology, and BIOSIS. Journal of Agricultural & Food Information, 2003. 5(1): p. 19-23.


WEBOGRAPHIE Historique du bioterrorisme : W-I. Programme d’armement biologique américain : http://www.fas.org/nuke/guide/usa/cbw/bw.htm (dernière consultation le 4/10/04) W-II. Site de l’organisation NativeWeb dédiée aux télécommunications et à l’Internet faisant circuler l’informations pour les communautés amérindiennes : http://www.nativeweb.org/pages/legal/amherst/lord_jeff.html (dernière consultation 17/09/2004) W-III Programme d’armement biologique soviétique : http://www.fas.org/nuke/guide/russia/cbw/bw.htm (dernière consultation le 4/10/04) W-IV Programme d’armement biologique irakien : http://www.fas.org/nuke/guide/iraq/bw/program.htm (dernière consultation le 4/10/04) W-IX Liste des agents biologiques surveillés par le groupe d’Australie : http://www.australiagroup.net/fr/control_list/bio_agents.htm (dernière consultation 17/09/2004) Les informations sur les armes biologiques : W-XII http://lyon-sud.univ-lyon1.fr/bacterioviro/DESLYON/chapitre3/Guerre_micro_Expose.pdf (dernière consultation le 5/10/04) W-XIII http://www.fas.org/nuke/intro/bw/agent.htm (dernière consultation le 5/10/04) Les organismes : Rubrique sur le bioterrorisme du site du Center for Diseases Control : http://www.bt.cdc.gov/ (dernière consultation le 3/10/04) Portail de l’association des scientifiques américains : W-VIII http://www.fas.org (dernière consultation le 3/10/04) Site du Department of Homeland Security : W-XVI http://www.dhs.gov/dhspublic/ (dernière consultation le 5/10/04) Les revues électroniques : Accès à la revue Mortality Morbidity Weekly Report : http://www.cdc.gov/mmwr/ (dernière consultation le 3/10/04) Accès à la revue Emerging Infectious Diseases : http://www.cdc.gov/ncidod/EID/index.htm (dernière consultation le 3/10/04) Interrogation de la base de donnée MEDLINE : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi (dernière consultation le 3/10/04)


Accès à la revue européenne EuroSurveillance : http://www.eurosurveillance.org/index-02.asp (dernière consultation le 3/10/04) Portail de l’Institut de Veille Sanitaire : W-XI http://www.invs.sante.fr/ (dernière consultation le 3/10/04) Les dossiers et rapports sur le bioterrorisme : Arrêté du 22 septembre 2001 : W-VI http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=SANP0123410A (dernière consultation le 5/10/04) Rapport présenté par Pierre Lang déposé à l’Assemblée Nationale : W-XIV http://www.assemblee-nationale.fr/12/rap-info/i1097.asp (dernière consultation le 5/10/04) Dossier Biotox : W-X http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/biotox/ (dernière consultation le 3/10/04) Site d’actualité sur la biodéfense : W-XV http://www.biodefenseeducation.org/ (dernière consultation le 3/10/04)


ANNEXES

Correspondance entre le general Amherst et le colonel Bouquet Légende : Lettre du Colonel Henry Bouquet to General Amherst, dated 13 July 1763; “I will try to inocculate the Indians by means of Blankets that may fall in their hands, taking care however not to get the disease myself. As it is pity to oppose good men against them, I wish we could make use of the Spaniard's Method, and hunt them with English Dogs.” Retour au texte p.10


Légende : Amherst to Bouquet, dated 16 July 1763 “You will Do well to try to Innoculate the Indians by means of Blankets, as well as to try Every other method that can serve to Extirpate this Execrable Race. I should be very glad your Scheme for Hunting them Down by Dogs could take Effect, but England is at too great a Distance to think of that at present..” Retour au texte p.10



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