11 décembre 2014 —
N° 150
Stratégies & veille technologiques en environnement
Éditorial Les prix de l’innovation confirment des start-up déjà identifiées A défaut de nous faire toujours découvrir de nouvelles entreprises innovantes, les prix d’innovation décernés à l’occasion des salons et concours divers restent le reflet d’une dynamique d’innovation dans les secteurs de l’environnement et de l’énergie et finalement de l’avancée concrète des entreprises qui portent ces éco-innovations. De ce point de vue là, le salon Pollutec qui a fermé ses portes vendredi a une fois de plus joué son rôle avec une belle série de trophées (TIE – cf. GNT n°148, Prix de la jeune éco-entreprise innovante de Cleantech Republic et prix « Entreprises et Environnement » organisés par l’Ademe et le ministère de l’Ecologie), en phase avec une réelle dynamique observée sur le salon en matière de visibilité de TPE éco-innovantes. Côté découverte, on notera en particulier le prix Start-up remis dans la catégorie Economie circulaire. Celui-ci a été décerné à l’association Femer qui devrait se muer prochainement en entreprise. Femer a mis en place une peausserie spécialisée dans la production de cuir de poisson. Deux ans de travail ont permis la finalisation de ce projet écoresponsable, puisque mettant en œuvre des processus respectueux de l’environnement (notamment un processus naturel de tannage avec des tannins issus d’écorces de mimosa local) en plus de permettre la valorisation d’un déchet (nous y reviendrons prochainement). Autre exemple d’innovation peu connue, celle de la société AS Protek visant à simplifier les opérations de décontamination de surfaces amiantées ou contaminées par d’autres polluants à risque (type plomb) lors des travaux de déconstruction et rénovation. L’entreprise a investi 3 M€ en R&D sur trois ans pour la mise au point d’un procédé d’hydrocurage qui permet d’être moins émissif que les procédés du marché de ponçage/
aspiration (puisque en phase aqueuse) tout en réduisant la pénibilité du travail, en augmentant la productivité (en temps de travail et en qualité) et en diminuant la quantité de déchets produits. La solution d’AS Protek (diffusée en partenariat avec Karcher) évite notamment d’avoir à installer une zone de confinement, ce qui se traduit de fait par 5 à 10 % de déchets en moins (films polyane, scotch, colle spray etc.) et du temps de travail (30 à 40 % en moins). Tout cela a donc valu à AS Protek le Grand prix dans la catégorie « Innovation dans les technologies ». Les prix de cette année ont cependant avant tout été l’occasion de confirmer l’engagement stratégique de nombreuses PME et de suivre le déploiement de leurs offres. C’est le cas de la start-up Innobat (cf. GNT n°121), TPE de 8 personnes implantée dans l’Hérault qui a développé un matériau composite renforcé par des fibres de lin (60 % en masse) pour la production de profilés (par pultrusion). Elle a reçu la mention « Matériaux biosourcés » de la catégorie « Innovation dans les technologies ». Depuis 2013, l’entreprise propose au marché des huisseries un « éco-renfort », premier produit issu de sa technologie, qui peut remplacer un profil de renfort actuellement en acier. Ce renfort léger permet notamment de réduire les ponts thermiques, et donc d’augmenter la performance globale de la fenêtre. Deux ACV ont permis de valider les atouts environnementaux globaux (énergie, CO2, gain de poids..), avec un gain environnemental chiffré entre 10 et 15 %. Fort de ces résultats obtenus sur un produit aujourd’hui commercialisé avec succès, Innobat poursuit son projet d’industrialisation de masse. Le projet d’usine a été reporté au 2e semestre 2015 suite à quelques aléas économiques subis par son sous-traitant de pultrusion. (Suite page 2)
Sommaire : Acteurs
Développement industriel
Technologies Eaux
• Innoveox met un pied dans le nucléaire et au Canada
• Un écremeur intelligent pour les pollutions flottantes
À suivre...
Éco-produit
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p. 2/3
• Les Prix Cleantech Republic 2014 • La start-up Canibal • Aerospace Valley et Airbus
Start-up • Rupture technologique dans le captage et la valorisation du CO2 • Ween développe le thermostat qui reconnaît toutes les absences
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p. 5/6
• Du vinaigre blanc pour déneiger et désherber
Développements à suivre • Global Bioénergies • La start-up Enogia et l’IFP Energies nouvelles
Eaux et Air • Les cascades d’oxydations avancées se déclinent chez BMES
Recherche • Santé-Environnement : 33 nouveaux projets de R&D sélectionnés
Brevets Échos
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p. 7
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p. 8
• Développement industriel • Finances • Telex • Nominations
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11 décembre 2014
Acteurs
N°150 © Green News Techno
Les prix de l’innovation confirment des start-up déjà identifiées (suite p. 1) Mais un nouveau partenariat industriel est en construction pour porter le projet d’usine dans l’année à venir. Par ailleurs, Michel Maugenet, le fondateur de l’entreprise, cible une diversification de son activité dans le secteur des transports : un travail d’identification des pièces pultrudées en résine-fibres de verre ou en aluminium dans cette filière (en particulier tram ou train) est en cours, afin de caler les cahiers des charges de ces pièces et proposer des alternatives plus légères (et avec des qualités améliorées d’absorption des vibrations) à base de fibres de lin. Et bien sûr le déploiement de l’activité de production de profilés pour l’ensemble des pièces d’une huisserie reste d’actualité, la R&D ayant bien avancé sur cette application. Autre exemple marquant, celui d’Ennesys, start-up spécialisée dans les installations de micro-algues (notamment intégrées au bâtiment), habituée des trophées. Cette PME a obtenu la mention « Potentiel international » dans la catégorie « Innovation dans les technologies » pour son projet de « FreeWaterBox », une unité compacte de valorisation des effluents domestiques couplée à une valorisation par méthanisation des déchets organiques. Il s’agit d’une offre « clé en main », en conteneur de 40 pieds contenant sur son flanc deux panneaux de tubes de culture de microalgues offrant chacun 100 mètres de tubes de culture (400 litres), et intégrant en interne divers équipements techniques (pompes, air-
lift pour le mouvement des algues etc.) et surtout un méthaniseur. Objectif : épurer les eaux dans le photoréacteur pour les recycler (en irrigation par exemple) et produire des microalgues qui viendront doper une méthanisation d’autres déchets organiques locaux. Cette offre conteneurisée vise principalement le marché à l’export (un premier client enregistré aux Maldives). La Chine pourrait aussi être un marché très porteur, cette solution ne permettant pas en France d’être implantée à proximité des habitations (méthanisation interdite en habitation). Notons qu’en parallèle à cette stratégie d’intégration, Ennesys poursuit sa stratégie d’intégration des photobioréacteurs dans les immeubles, étant notamment lauréat d’un des appel à projets de la ville de Paris. Reconnaissance aussi enregistrée pour les sociétés Azimut Monitoring et Apilab qui ont été récompensées (coup de cœur PME dans la catégorie Biodiversité) pour leur offre conjointe intégrant dans la gamme d’outils de suivi de l’environnement ambiant communicants d’Azimut la station Apialerte (cf. GNT n°137), et également pour Bio-UV pour son procédé de traitement des eaux de ballast par filtration et traitement UV, Bio-Sea (cf. GNT n°135). Cette innovation sur le marché depuis début 2013 (suite à une obtention de certification internationale) répond à un enjeu majeur de biodiversité en luttant contre le transfert d’espèces (qui deviennent inva-
sives) d’un bout du monde à l’autre. 5 Md de m3 d’eaux changent ainsi d’océans chaque année : c’est comme si le port de Rotterdam changeait son eau tous les 15 jours. Le marché est donc énorme : 2 000 navires construits par an à équiper et 60 000 navires marchands en circulation. Pour Bio-UV, cette innovation permet donc de miser sur une multiplication rapide de son chiffre d’affaires par trois (25 M€/an contre 8 M€ aujourd’hui). Last but not least, on soulignera, toujours dans les prix Entreprises et Environnement, le Grand prix Eco-produit accordé à Felor, PME familiale bretonne qui produit des peintures sur-mesure ou spécifiques pour l’industrie et le bâtiment et qui propose (voir notre article dans GNT n°77) depuis fin 2012 la gamme de peinture Algo, à 98 % biosourcée, produite notamment en valorisant plusieurs algues (pour leurs propriétés d’opacité, d’épaississant ou de séchage rapide) et intégrant des résines et pigments biosourcés. Apportant des qualités opérationnelles et sanitaires supplémentaires (fort pouvoir couvrant et séchage plus rapide donc la productivité sur les chantiers, émissions de COV 30 fois inférieures aux éco-labels), la gamme Algo connaît un succès grandissant. Au point que la PME bretonne a décidé un lancement grand public de son produit -une première enseigne de bricolage la distribue déjà – et l’initiation d’une stratégie de développement à l’export (en particulier en Suisse depuis quelques mois).
Développement industriel Innoveox met un pied dans le nucléaire et au Canada La start-up Innoveox vient d’annoncer l’acquisition de la société Syneo, TPE experte en systèmes automatisés et robotiques en milieu hostile. Ce rachat s’avère stratégique pour le développement industriel d’Innoveox, spécialisée dans le traitement d’effluents complexes par une technologie d’oxydation avancée en eau supercritique (oxydation hydrothermale). Grâce aux accréditations et agréments spécifiques de Syneo, Innoveox accélère son déploiement dans la filière nucléaire, pouvant désormais ac-
céder aux différents marchés d’études, projets ou appels d’offre lancés sur ce marché, notamment dans le domaine du démantèlement. Innoveox va lancer des projets de recherche sur le traitement sécurisé des déchets nucléaires, et proposer ainsi à terme une offre intégrée allant de l’inspection des sites (compétence Synéo) au traitement propre des déchets. De plus, l’intégration de Synéo permet de disposer en interne de compétences techniques en micromécanique et automatisation qui seront précieuses
pour les installations d’Innoveox. A noter en parallèle qu’Innoveox a signé avec Air Liquide Canada (étant déjà partenaire d’Air Liquide en France) un accord pour la fourniture d’oxygène sur le marché nord-américain, les deux sociétés devant aussi collaborer commercialement pour déployer des unités Innoveox. En Amérique du Nord, Innoveox souhaite notamment se positionner sur le traitement des sables bitumineux, les liqueurs noires des papeteries et les rejets liquides toxiques issus des mines.
• La start-up Canibal qui a déjà installé une centaine de machines de collecte sélective des gobelets, canettes et bouteilles de boisson, travaillerait à une dernière levée de fonds (2 M€ supplémentaires après déjà 5 M€ levés) pour accompagner son accélération industrielle. L’entreprise vise les 200 machines installées en 2015 pour ensuite atteindre rapidement les 300 unités correspondant au point mort de l’entreprise. Il s’agit notamment de constituer une flotte en propre de machines.
• Aerospace Valley et Airbus ont lancé en Europe un appel à idées sur la performance environnementale. Objectif, favoriser l’émergence de projets ou démonstrateurs innovants pouvant répondre à divers enjeux environnementaux de la filière : réduction de l’impact sonore, économies de carburant, réduction des émissions, sources alternatives d’énergie, performance et efficacité des cabines. Candidatures attendues pour le 16 janvier. 2 > convers@aerospace-valley.com
À suivre... • Les Prix Cleantech Republic 2014 ont été attribués à Cornis (Grand prix) pour sa solution de suivi de vieillissement des pales d’éoliennes (voir article détaillé sur la technologie dans GNT n°76 – octobre 2012), Sorepol pour un système d’écrémage intelligent des pollutions d’hydrocarbures sur l’eau (voir nos pages technologies) et Comwatt, créée en novembre 2013 autour d’une solution de gestion optimisée de l’auto-consommation.