Livret rétrospective Benoit Jacquot

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BENOIT JACQUOT Au fond des bois 2010 A tout de suite 2004 Adolphe 2002 Le Septième Ciel 1997 La Fille seule 1995 La Mort du jeune aviateur anglais 1993 Écrire 1993



AVANT PROPOS L’Institut français est heureux de rendre hommage à Benoit Jacquot, l’une des grandes figures du cinéma français contemporain, récompensé par le prix Louis-Delluc 2012 du meilleur film français pour Les Adieux à la reine, oeuvre primée par trois fois aux César 2013 (meilleure photo, meilleurs décors et meilleurs costumes). Hommage à une œuvre profonde et exigeante, mais aussi tout à la fois et tour à tour, légère et sensible ; une oeuvre dont la beauté s’adresse au public le plus large. Avec une curiosité cultivée et un élan créatif sans pareil - avec plus de 40 films à son actif dans les registres les plus variés (fictions, documentaires, productions pour la télévision, films en costumes et adaptations littéraires, opéra filmé…) – et une liberté d’exploration rare servie par une précision du cadrage et de la mise en scène, le cinéma de Benoit Jacquot donne corps, voix et mouvement comme nul autre aux profondeurs du désir et de la passion amoureuse. Désir qui anime, lie/délie les êtres, retourne les vies ou les réaccorde avec ellesmêmes, met en crise les conformismes et fait advenir le clair-obscur de la passion. Il n’est sans doute pas anodin à cet égard que son premier film en 1974 ait été consacré à Jacques Lacan dont il fut l’ami, comme il le sera également de Marguerite Duras à laquelle il consacrera deux documentaires, Écrire et La Mort du jeune aviateur anglais. La rétrospective de 7 films que l’Institut français a le plaisir de dédier à Benoit Jacquot est centrée sur les 20 dernières années de son œuvre. Elle manifeste non seulement la diversité et richesse des genres qu’il emprunte, mais aussi et surtout la puissance de son cinéma à concentrer et mettre en mouvement les profondeurs inconscientes de ses personnages et la présence / puissance magique des acteurs - et au premier chef des actrices- que sa direction porte à son incandescence. Des plus jeunes actrices aux plus grandes stars : Virginie Ledoyen dans La Fille seule, Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon dans Le Septième ciel, Isild Le Besco dans À tout de suite et Au fond des bois, ou Isabelle Adjani dans Adolphe.

© Abaca / DR

J’invite les spectateurs à (re)découvrir la beauté et la force des œuvres de ce grand « aventurier » du cinéma comme le caractérise l’historien et critique Jean-Michel Frodon. Xavier Darcos Président de l’Institut français


The Institut français is delighted to pay tribute to Benoit Jacquot, one of the great figures of contemporary French cinema, whose film, Farewell, My Queen, won the Louis-Delluc Prize for best French film in 2012, and was also awarded three times at the 2013 Cesars ceremony ( Best Photography, Best Set Designer, Best Costumes Designer) This is a tribute to a profound and demanding work, which is also, by turns, marked by levity and sensitivity; a body of films whose beauty speaks to a very broad public. With a cultivated curiosity and an unparalleled creative drive—more than 40 films to his credit in the most varied of styles and genres (fictions, documentaries, productions for television, costume films and literary adaptations, filmed opera…)—and a rare exploratory freedom abetted by meticulous framing and direction, Benoit Jacquot’s films give form, voice and movement, like no others, to the depths of desire and amorous passion. A desire which drives, connects and disconnects human beings, turns lives inside out, and re-harmonizes them with themselves, challenges conformity, and shows the chiaroscuro nature of passion. It is probably not for nothing, in this respect, that his first film, made in 1974, was devoted to Jacques Lacan, with whom he was a friend, as he also was with Marguerite Duras, about whom he would make two documentaries, Writing and The Death of the Young English Aviator. The seven-film retrospective which the Institut français is pleased to be devoting to Benoit Jacquot focuses on the last 20 years of his work. It reveals not only the diversity and wealth of the genres which he uses, but also, and above all, the power of his films to distill and set in motion the unconscious depths of his characters and the magical presence/power of the actors— and, first and foremost, the actresses—a presence which his direction stills brings to a glowing intensity. From the youngest of actors to the greatest of stars: Virginie Ledoyen in A Single Girl, Sandrine Kiberlain and Vincent Lindon in Seventh Heaven, Isild Le Besco in Right Now and Deep in the Woods, and Isabelle Adjani in Adolphe. I invite film viewers all over the world to (re)discover the beauty and strength of the works of this great film “adventurer”, as he has been described by the historian and critic Jean-Michel Frodon. Xavier Darcos President of the Institut français

©Tournage Corps et biens / Collection Dominique Sanda

PRÉFACE




BENOIT JACQUOT au risque du cinéma par Jean-Michel FRODON

© Carole Bethuel / Les Adieux a la reine

Cet homme-là est un aventurier. Oh, il est bien d’autres choses aussi, un artiste, un intellectuel, un séducteur, un réalisateur de films et metteur en scène d’opéra, un voyageur, un père de famille, un érudit, un Parisien, un ami sûr. Mais à regarder aujourd’hui, près de 40 ans après ses débuts comme cinéaste (L’Assassin musicien, 1975), son parcours et ses choix, c’est cette idée d’aventure qui s’impose et le distingue. L’aventure, cela aura été d’épouser d’emblée, sans hésiter, ce qui se faisait de plus audacieux dans le cinéma de son adolescence, et qu’on appelait la Nouvelle Vague. L’aventure, elle est née de manière presque trop évidente sous le signe de la rencontre, et – on peut le supposer – de l’identification à John Mohune, le jeune héro des Contrebandiers de Moonfleet de Fritz Lang, film découvert à 14 ans et vu illico quatre fois d’affilée. La référence vaut toujours : aujourd’hui, Benoit Jacquot ressemble de manière troublante à Jeremy Fox, le mentor étincelant et matois qui ouvrira au garçon les portes de la vie, qui lui enseignera une certaine manière d’être au monde. L’aventure, pour un adolescent à la fois lecteur boulimique et habitué des bagarres en bandes, cela aura été de se jeter sans retenue dans l’activité de faire du cinéma. Cela aura été d’être à 20 ans assistant de Robert Bresson tout en travaillant aussi avec des cinéastes beaucoup plus conformistes, et en toute connivence avec les jeunes réalisateurs venus des Cahiers du cinéma qui révolutionnaient le cinéma mondial. L’aventure, cela aura été, c’est toujours de réinventer sans cesse les façons de mettre en œuvre son idée du cinéma, parfois même sans caméra. Cela aura été aussi d’explorer des domaines dont le cinéma alors ne se souciait guère, et en particulier la psychanalyse, lui qui a filmé Lacan dès 1974. Benoit Jacquot débute comme réalisateur de cinéma en 1975 avec un film, L’Assassin musicien, qui s’inscrit explicitement dans ce que réalisent alors les autres membres de la deuxième génération de la Nouvelle Vague, celle


de Jean Eustache, de Philippe Garrel, d’André Téchiné, de Jacques Doillon. La présence d’Anna Karina y vaut signe explicite d’appartenance, tout comme le film suivant, Les Enfants du placard (1977) se placera clairement sous le parrainage d’une figure tutélaire de la Nouvelle Vague, Jean Cocteau – et en particulier de ses Enfants terribles. Il sait de quelle idée du cinéma il vient, à partir de là, il cherche. Un premier écart a lieu ensuite, avec le choix de s’emparer de textes littéraires signés Henri James (Les Ailes de la colombe, 1981) ou LouisRené des Forêts (Les Mendiants, 1988), films qui, comme Corps et biens (1986) cherchent à défier la matière romanesque avec une réalisation ascétique, aux limites de la dissonance. Déjà Benoit Jacquot est talentueux et audacieux, il n’est pas encore sur sa véritable trajectoire. Ces quinze premières années comme réalisateur sont également celles de nombreux autres tournages, au moins aussi décisifs pour l’avènement qui se prépare. Dès 1972 assistant de Marguerite Duras (avec qui il réalisera plus tard, en 1993, La Mort du jeune aviateur anglais et Écrire), il filme pour la télévision le contreténor Alfred Deller, le chorégraphe Merce Cunningham, l’écrivain Louis-René des Forêts, la photographe Dominique Isserman, le peintre Robert Motherwell. Et, surtout, explore caméra à la main les arcanes du travail théâtral, avec notamment Elvire Jouvet 40, décisive mise en scène de la pensée du jeu, mais aussi La Bête dans la jungle avec Delphine Seyrig et Sami Frey, et Le Voyage au bout de la nuit avec Fabrice Luchini. Ces expériences au contact des autres arts, et du travail en scène des acteurs, sont fondatrices du tournant évident que connaît la manière de filmer de Benoit Jacquot à partir de La Désenchantée, en 1990. Non pas qu’il trouve dès lors un « style », son travail se caractérisera toujours désormais par une très grande variation en la matière, on pourrait même dire qu’il échappe alors à l’idée de style et à ce qu’elle peut avoir de limitatif. Mais il trouve dans quel esprit il réalisera dès lors. Un « esprit » qui a essentiellement partie liée avec la chair, avec le corps, avec les visages et avec les voix, bref, avec ce miracle étrange qu’est la présence des acteurs à l’image et qu’on appelle d’un mot à juste titre teinté de religion, l’incarnation. Lui-même fait volontiers de son sixième long métrage un deuxième premier film. Avec la très jeune actrice Judith Godrèche, il invente cette mise en scène habitée d’une présence humaine, sensuelle, inquiète, en mouvement – mouvements intérieurs, et qui peuvent être violemment


contradictoires, aussi bien que mouvements physiques – qui sera dès lors, sous d’innombrables modalités, le carburant de son cinéma. Un des aspects principaux de l’aventure est là : dans la capacité à s’en remettre à ce qui vibre, à ce qui brule, à ce qui émane de la présence d’un être, d’une femme le plus souvent : Virginie Ledoyen, Sandrine Kiberlain, Isabelle Huppert, Isabelle Adjani, Isild Le Besco, Léa Seydoux, en seront les incarnations, toutes différentes, toutes intenses et riches. Mais aussi, à l’occasion, Fabrice Lucchini, Vincent Lindon ou Daniel Auteuil. Cela jaillit du pari que, avec des visées et dans des cadres très variés, non seulement il y aura toujours la matière et l’énergie d’un film, mais que le cinéma n’a au fond rien de plus riche, de plus profond, de plus complexe que de s’abreuver à cette source-là. Un tel choix, les films en témoigneront amplement, n’a rien d’un repli, d’un rétrécissement autour d’une seule personne. Au contraire, c’est une manière d’ouvrir vers le monde, vers les profondeurs du réel et de l’intime, par des voies sensibles, celles que permettent de construire cette présence humaine, cette séduction qui stimule et interroge. L’aventure, elle est aussi dans le choix des projets. Il est moins difficile en France que partout ailleurs de faire un film, l’environnement économique, administratif et symbolique est dans ce pays plus accueillant au désir de cinéma que nulle part au monde. La contrepartie de ce cadre favorable est qu’il convient en général pour en bénéficier de se situer clairement, d’occuper une place, de se doter ou de se laisser doter d’un « profil » le système est assez bienveillant, ou assez efficace pour offrir une assez grande variété de cases afin que chacun trouve ce qui lui convient. Mais il vaut mieux, beaucoup mieux s’en tenir à la case où on s’est situé. Ce n’est pas, pas du tout ce qu’aura fait Benoit Jacquot. Aucun cinéaste français n’aura comme lui passé son temps à changer de registre. Sans même parler de son récent passage (qui lui a valu un triomphe) à la mise en scène d’opéra avec Werther à Covent Garden et à l’Opéra Bastille, auquel devrait succéder La Traviata, depuis 1990 il n’a cessé de multiplier les propositions. En 21 ans, il aura ainsi enchainé 15 longs métrages pour le cinéma et 12 réalisations pour la télévision. L’une de celles-ci, La Vie de Marianne, est aussi un long métrage de cinéma qui s’est trouvé bloqué par des raisons bureaucratiques, mais d’autres, Princesse Marie avec Catherine Deneuve, Gaspard le bandit, Les Faux-monnayeurs sont de grandes œuvres de fiction voulues pour la télévision, au point que leur auteur refusera qu’elles soient aussi montrées en salle, une attitude dont


© Collection Benoit Jacquot / L’Assassin musicien © Carole Bethuel / Les adieux à la reine

on ne trouverait guère d’autres exemples chez les réalisateurs français. Il ne s’agit pas ici seulement de contraste ou de variété, il s’agit d’élan. Avoir travaillé au sein de l’industrie lourde du cinéma français en réalisant successivement trois productions en costumes, inspirées de grandes œuvres ou de grandes figures de la culture européenne – Sade avec Daniel Auteuil, la transposition cinématographique de Tosca de Puccini et Adolphe d’après Benjamin Constant avec Isabelle Adjani- pour se lancer ensuite dans les cavalcades ultra-légères, esthétiquement et matériellement, d’À tout de suite et de L’Intouchable, ne témoigne pas seulement d’une extrême souplesse d’esprit et de ton. Ce qui importe est la continuité souterraine de ces entreprises. L’aventure est là aussi, surtout même. Dans le mouvement, qui permet, avec les producteurs, les chaines de télévision, les vedettes, les techniciens les plus réputés, mais aussi dans l’énergie d’un tournage à l’arrache, sans financement et avec à peine de scénario, dans la pure dynamique de l’invention d’un film en train de naître du mouvement même de sa fabrication. Parce que pour qui sait regarder, cette énergie-là est aussi active, même si différemment, dans le contexte plus structuré des productions lourdes, tout comme la précision et l’exigence plastique retrouvent leur chemin, autrement, dans les films les plus légers. Cet esprit d’aventure est encore l’audace d’aller explorer des abîmes de l’esprit humain auxquels bien peu se confrontent. Le Septième ciel et plus encore l’admirable et sauvage Au fond des bois sont ainsi de troublants défis. Au-delà de la tonalité, qui peut être très sombre, de tel ou tel film, cet esprit d’aventure donne à l’œuvre de Benoit Jacquot dans son ensemble un côté singulièrement joyeux. Quelque chose comme le sens de la vie.




Š Carol Bethuel / Les Adieux a la reine



BENOIT JACQUOT THE CHALLENGE OF FILM MAKING by Jean-Michel FRODON

© Collection personnelle Benoit Jacquot

This particular man is an adventurer. Oh, he is plenty of other things too, an artist, an intellectual, a seducer, a film-maker and an opera director, a traveller, a father, a scholar, a Parisian, and a reliable friend. But if we take a look at his career and his choices today, almost 40 years since he started out as a film-maker (The Musician Killer, 1975), what comes across and singles him out is this idea of adventure. The adventure involved espousing, right away and unhesitatingly, the boldest things being done in the cinema of his teenage years, known as the Nouvelle Vague, or New Wave. His particular adventure came into being in almost too obvious a way under the aegis of his meeting and—it may be supposed—identification with John Mohune, the young hero of Fritz Lang’s Moonfleet (1955), a film that Benoit Jacquot discovered at the age of fourteen and then saw four times in a row. The reference is still valid: today, Benoit Jacquot bears a disturbing resemblance to Jeremy Fox, the sparkling and wily mentor who would open the doors of life to the young lad, and teach him a certain way of being in the world. The adventure, for a teenager who was both a voracious reader and someone accustomed to gang brawls, also involved throwing himself unreservedly into the activity of making films. It involved being Robert Bresson’s assistant at the age of twenty, while at the same time working with much more conformist film-makers, but also in cahoots with the young directors associated with Les Cahiers du cinéma, who were revolutionizing world cinema. The adventure also involved—and still involves—endlessly re-inventing ways of applying his ideas about film, sometimes even without a camera. It was also an exploration of areas which were of little or no concern to film, and in particular psychoanalysis—it was Benoit Jacquot who filmed Lacan in 1974. Benoit Jacquot started out as a film director in 1975 with a film, The Musician Killer, which was explicitly part of what was being done at that time by the other members of the second New Wave generation, which included Jean Eustache, Philippe Garrel, André Techiné and Jacques Doillon. The presence in it of Anna Karina was a very clear sign of belonging, just as his following film, Closet Children (1977) would be clearly placed under the patronage of a guardian New Wave figure, Jean Cocteau—and in particular his Les Enfants


© Jayne Chu / L’Intouchable

terribles. Jacquot knew what concept of film he was coming from and, from that moment on, he was searching. An early deviation then took place, with the choice to use literary texts by Henry James (The Wings of the Dove, 1981) and Louis-René des Forêts (The Beggars, 1987), films which, like With All Hands (1986) sought to challenge the novelistic material with an ascetic direction, bordering on dissonance. Benoit Jacquot was gifted and daring, but he had not yet found his real trajectory. Those first fifteen years as a director also saw many other works filmed which were just as decisive for what was in the offing. In 1972 he was Marguerite Duras’s assistant (with her, at a later date, in1993, he would make The Death of the Young English Aviator and Writing, and in those years, for television, he filmed the counter tenor Alfred Deller, the choreographer Merce Cunningham, the writer Louis-René des Forêts, the photographer Dominique Isserman, and the painter Robert Motherwell. Above all, camera in hand, he explored the mysteries of theatre work, making, in particular, Elvire Jouvet 40 (1986), a decisive presentation of the thinking behind acting, as well as The Beast of the Jungle with Delphine Seyrig and Sami Frey, and Le Voyage au bout de la nuit, with Fabrice Luchini. Those experiences bringing him in contact with other arts, and the stage work of actors, were instrumental in the obvious changes that Benoit Jacquot’s manner of filming underwent, starting with The Disenchanted, in 1990. Not that he found a “style” at that juncture, for his work, thenceforth, would always be hallmarked by a very great variation in terms of material and subject. It might even be said that he thus dodged the idea of style, and the limitations it can imply. But he did find the spirit in which he would direct from then on. A “spirit” which is essentially partly bound up with flesh, bodies, faces and voices—in a nutshell, with that strange miracle that is the presence of actors on the screen, which we call, using a word rightly tinged with religion, incarnation. He himself readily turned his sixth full-length film into a second first film. With the very young actress Judith Godrèche, he invented that style of directing informed by a human, sensual, anxious presence in motion— inner movements, which can be violently contradictory, as well as physical movements—which, from then on, in countless forms, would be the stuff of his cinema. One of the principal aspects of his adventure resides herein: in the capacity to rely on what vibrates, what burns in the presence of a human being, and what emanates from that presence, usually a woman: Virginie Ledoyen, Sandrine Kiberlain, Isabelle Huppert, Isabelle Adjani, Isild Le Besco, and Léa Seydoux would be its incarnations, all different, all intense and rich. But also, occasionally, Fabrice Luchini, Vincent Lindon and Daniel Auteuil. This springs from the wager that, with very varied aims and in very different settings, there will always be the matter and the energy of a film, but also that, fundamentally, film has nothing richer, more profound and more complex about it than to drink from that particular source. This kind of choice, as the films themselves will bear ample witness, has nothing to do with a withdrawal or a narrowing around a single character. On the contrary, it is a way of opening up towards the world, towards the depths of reality and intimacy, along perceptible paths, those making it possible to construct that human presence, that seduction which both stimulates and questions.



© Caroline Cabrol / Sade

The adventure also lies in the choice of projects. It is less difficult to make a film in France than anywhere else; the economic, administrative and symbolic environment in this country is more accommodating to the desire for cinema than anywhere else in the world. The flipside to this favourable setting is that, as a rule, in order to make the most of it, it is best to clearly situate yourself, occupy a place, endow yourself, or let yourself be endowed, with a “profile”—the system is sufficiently benevolent, or sufficiently efficient, to offer a fairly wide variety of pigeonholes, so that everyone can find what suits them. But it is better, far better, to stay in the pigeonhole where you have placed yourself. This is not what Benoit Jacquot has done, not by a long chalk. No other French film-maker has spent his time switching styles and genres the way he has. And without even getting into his recent transition (which has been a triumph) to opera direction with Werther at Covent Garden and the Opéra Bastille, which should be followed by La Traviata, since 1990 he has come up with an ever greater number of propositions. So in 21 years he has made 15 feature-length films for the cinema and 12 films for television. One of these latter, La Vie de Marianne, is also a feature film for the cinema which was blocked for bureaucratic reasons, but others, Princesse Marie, with Catherine Deneuve, Gaspard le bandit, and Les Faux-monnayeurs, are major works of fiction intended for television, to the point where their author would not let them be shown in cinemas—and there are very few examples of such an attitude among other French film directors. This is not just a matter here of contrast and variety, but of verve and passionate enthusiasm. Having worked in the bosom of the cumbersome French film industry, making three period productions in succession inspired by major works and figures of European culture—Sade, with Daniel Auteuil, the film adaptation of Tosca by Puccini, and Adolphe after Benjamin Constant with Isabelle Adjani—, and then launching into aesthetically and materially extremely light ventures like Right Now and The Intouchable, does not attest solely to a very great flexibility of spirit and tone. What matters is the hidden, subterranean continuity of these undertakings. That is where the adventure lies, even above all. In movement, with producers, television channels, stars, and the most renowned technicians, but also in the energy of a hasty film shoot, with no funding and barely any screenplay, in the pure dynamic of the invention of a film coming into being out of the very movement of its making. Because, for those with a keen eye, this particular energy is also active, even if in different ways, in the more structured context of cumbersome productions, just as precision and visual demands find their path, in other ways, in the lightest of films. This spirit of adventure also has to do with the audacity to go exploring the abysses of the human mind, which few people tackle. Seventh Heaven and, even more so, the admirable and savage Deep in the Woods, are thus disconcerting challenges. Over and above the tone, which may be very sombre, of such and such a film, this spirit of adventure gives Benoit Jacquot’s oeuvre as a whole a uniquely joyous aspect. Something akin to the meaning of life.




Š Photogramme / Les Adieux a la reine


© Jerôme Prébois / Rectangle Productions / Villa Amalia


Š Isabelle Weingarten / La Vie de Marianne


LA FILLE SEULE 1995 – 86 minutes – 35mm – couleur

Virginie Ledoyen, Benoit Magimel, Dominique Valadié, Véra Briole, Virginie Emane, Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, Michel boMpoil, Aladin Reibel...

Valérie a choisi de choisir avant de savoir ce qu’elle choisira, l’essentiel étant que ce soit son choix à elle. Rester ou pas avec le garçon qui est son ami, garder ou pas l’enfant dont elle vient d’apprendre la conception, travailler ou pas, en fixant elle-même les règles de ce qui est supportable. A la fois péremptoire et fuyante, exigeante et éperdue, cette jeune fille passerait aisément pour une emmerdeuse de première catégorie. Or, pas du tout. Miracle et dignité de la manière dont Benoit Jacquot la filme, miracle et qualité de la présence de Virginie Ledoyen, trop vivante et singulière pour que son personnage soit soumis à aucun jugement global. Pendant une heure exactement, en temps réel, le film l’accompagne pas à pas débutant dans son travail, qui consiste à servir le petit déjeuner dans les chambres d’un grand hôtel. Les règles et rituels des employés, les rapports de travail, l’examen d’embauche, les distances de couloir

qu’il faut parcourir, les incidents qui se produisent dans les chambres ou à l’office dessinent une carte précise du temps et de l’espace, et des rapports humains: pouvoir, désir, peur ou besoin de l’autre. Derrière chaque porte à laquelle frappe Valérie, tenant d’une main son plateau chargé, se cache une question, un mystère. On a vite compris qu’elle ne découvrira ni l’île au trésor, ni un crime extraordinaire, ni une assemblée d’espions. N’importe, dans la mise en scène de Benoit Jacquot, c’est la question qui compte, et ce client intimidé d’aller déjeuner avec son fils ou ce couple de mauvais coucheurs porte les étrangetés et les mystères de l’univers tout autant que de plus romanesques artifices. Valérie en sortira, de ce temps dramatique où tout se joue, de cet hôtel et de ce mouvement. On la retrouve, plus tard, différente. Peut-être moins seule, peutêtre pas, mais autrement.

© Roger Arpajou / Collection Patrimoine Pathé / patrimoine Pathé Renn

Où vas-tu, Valérie ? Elle ne sait pas, mais elle y va. Avec détermination, avec fougue, les yeux grands ouverts. Et le film y va avec elle, il n’existe que de ce même élan, pari très simple et très fécond d’une mise en scène entièrement branchée sur l’énergie du mouvement en avant de son héroïne : une héroïne qui est tout à la fois Valérie et Virginie, cette jeune actrice, Virginie Ledoyen, qui explose littéralement alors en trois films, L’Eau froide d’Olivier Assayas, La Cérémonie de Claude Chabrol et ce film-ci.

© Roger Arpajou / Collection Patrimoine Pathé / patrimoine Pathé Renn

Réalisation : Benoit Jacquot – Scénario : Benoit Jacquot et Jérôme Beaujour – Assistant réalisateur : Antoine Santana – Scripte : Virginie Barbay – Image : Caroline Champetier Son : Michel Vionnet – Décors : Daniel Baschieri – Montage : Pascale Chavance Production : Ciné@ / La Sept


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A SINGLE GIRL 1995 – 86 minutes – 35mm – colOur

Virginie Ledoyen, Benoit Magimel, Dominique Valadié, Véra Briole, Virginie Emane, Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, Michel boMpoil, Aladin Reibel... Director: Benoit Jacquot – Screenplay: Benoit Jacquot and Jérôme Beaujour Assistant Director: Antoine Santana – Script: Virginie Barbay – Director of Photography: Caroline Champetier - Sound: Michel Vionnet – Set Designer: Daniel Baschieri - Editor: Pascale Chavance Production: Ciné@ / La Sept

Valérie has chosen to choose before knowing what she will choose, the essential thing being that the choice is her very own choice. Should she stay or not stay with the guy who is her boyfriend, keep or not keep the child which she has just discovered she has conceived, and work or not work, with she herself drawing up the rules of what is tolerable. At once peremptory and fleeting, demanding and distraught, this girl might easily be taken for a first class pain in the ass. And yet, not at all. Here we find the miracle and dignity of the way Benoit Jacquot films her, and the miracle and dignity of Virginie Ledoyen’s presence, too alive and unusual for her character to be subject to any all-encompassing verdict. For precisely one hour, in real time, the film follows her, step by step, as she starts her job, which involves serving breakfast in the rooms of a large hotel. The rules and rituals of the staff, the work relationships, the hiring test, the distances she walks along

corridors, and the incidents which happen in the rooms and in the pantry all trace a precise map of time and space, and human relations: power, desire, fear of and need for the other. Behind each door that Valérie knocks on, holding her full tray with her other hand, lurks a question, and a mystery. We swiftly realize that she will discover neither a treasure island, nor an extraordinary crime, nor a bunch of spies. It does not matter. In Benoit Jacquot’s presentation, it is the question that counts, and this guest intimidated by having breakfast with his son, and this couple of awkward customers carry all the strange and mysterious aspects of the world, just as much as more novelistic devices. Valérie will come through this dramatic time where everything is played out, she will survive this hotel and this movement. Later on we find her again, different. Perhaps less alone, perhaps not, but different.

© Roger Arpajou / Collection patrimoine Pathé

Where are you going, Valérie? She does not know, but she is going there anyway. With determination, with high spirits, and with her eyes wide open. And the film goes along with her, it even only exists through this momentum, the very simple and very fertile wager of a direction totally hooked in to the energy of the forward movement of its heroine: a heroine who is at once Valérie and Virginie, the young actress Virginie Ledoyen, who at that time literally burst onto the scene in no less than three films, Olivier Assayas Cold Water, Claude Chabrol’s Adjugement in Stone, and this one.



LE SEPTIÈME CIEL 1997 – 91 minutes – 35mm - couleur

Sandrine Kiberlain, Vincent Lindon, François Berléand, Francine Bergé, Florence Loiret-Caille, PHILIPPE MAGNAN, Pierre Cassignard, Léo Le Bevillon, sylvie loeillet... Réalisation : Benoit Jacquot – Scénario : Benoit Jacquot et Jérôme Beaujour Assistant réalisateur : Antoine Santana – Scripte : Virginie Barbay – Image : Romain Winding – Son : Michel Vionnet – Costumes : Caroline de Vivaise - Décors : Arnaud de Moleron – Montage : Pascale Chavance Production : Ciné@ / Dacia Films / La Sept Cinéma / Studio Canal

Mais voilà que cet heureux retournement de situation, qui illumine et rééquilibre du même mouvement l’existence de la jeune femme, déstabilise au contraire son entourage, à commencer par son époux, très mal à l’aise avec le soudain épanouissement de sa femme. Brodant sur le vieil adage du bonheur des uns qui ferait le malheur des autres, Benoit Jacquot bricole un improbable mécanisme de farce fondé sur un théorème farfelu d’une sorte de capital fixe du bonheur, sur lequel tout tirage nouveau effectué par celle-ci viendrait appauvrir celui-là. Puis, avec une agilité droit venue de la comédie américaine de l’âge d’or, le cinéaste se lance dans un vertigineux

saute-mouton à travers les genres, au cours duquel l’histoire de Mathilde devient celle de Nico. En principe. En principe seulement : Benoit Jacquot aime trop filmer les jeunes femmes, et il le fait trop bien pour que l’héroïne cède véritablement le pas au personnage masculin. Voguant de la faiblesse à la sûreté d’elle-même, de la dépendance à la séduction conquérante, du sérieux au jeu (et retour), Sandrine Kiberlain rayonne de présence gracieuse et quotidienne dans ce film ludique aux allures de film fantastique, capable de prendre en charge les thèmes les plus sérieux, le plaisir, les rapports amoureux, les relations entre cinéma et inconscient, avec la plus joyeuse vivacité.

© Dorothée Lindon / Collection patrimoine Pathé

Le film devait être le premier d’un ensemble (jamais poursuivi) qui devait s’intituler «Toutes les femmes sont folles ». Folle, Mathilde semble bien l’être en effet, gagnée par un comportement de plus en plus bizarre malgré sa vie on ne peut plus « normale », au côté de Nico, son charmant époux dans leur bien agréable appartement parisien. Jusqu’à l’étrange rencontre d’un encore plus étrange médecin, qui par l’hypnose et le cinéma ouvre à Mathilde l’accès à son propre plaisir physique.



SEVENTH HEAVEN 1997 – 91 minutes – 35mm - colour

Sandrine Kiberlain, Vincent Lindon, François Berléand, Francine Bergé, Florence Loiret-Caille, PHILIPPE MAGNAN, Pierre Cassignard, Léo Le Bevillon, Sylvie Loeillet... Director: Benoit Jacquot – Screenplay: Benoit Jacquot and Jérôme Beaujour Assistant Director: Antoine Santana – Script: Virginie Barbay – Director of Photography: Romain Winding – Sound: Michel Vionnet – Costume Designer: Caroline de Vivaise Set Designer: Arnaud de Moleron – Editor : Pascale Chavance Production: Ciné@ / Dacia Films / La Sept Cinéma / Studio Canal

The film was to have been the first in a series (never completed) that was to be titled Toutes les femmes sont folles. Mathilde does actually seem to be mad, prey to and overcome by increasingly weird behaviour, despite the fact that her life could not be more “normal”, living as she does with Nico, her charming husband, in their pleasant Paris apartment. Until the strange encounter with an even stranger doctor who, through hypnosis and films, offers Mathilde access to her own physical pleasure. But conversely, this happy turnaround of her situation, which, in the same movement, lights up the young woman’s life and gives it a new equilibrium, destabilizes those around her, starting with her husband, who is very ill at ease with his wife’s sudden blossoming fulfilment. By embellishing the old saying that one man’s meat is another man’s poison, Benoit Jacquot cobbles together an unlikely farcical mechanism based on an oddball theorem involving a kind of fixed capital of happiness (for couples): if one of the members of the couple draws on the capital—taps it, as it were—this impoverishes the other member. Then, with a nimbleness coming straight from the golden age of American comedy,

the film-maker throws himself into a dizzy leapfrog through the genres, during which Mathilde’s story becomes Nico’s. In principle. And only in principle: Benoit Jacquot is too fond of filming young women, and he does it too well for the heroine to really give way to the male character. Tacking from weakness to self-assurance, from dependence to all-conquering seduction, and from the serious to the larksome (and back), Sandrine Kiberlain radiates an elegant and everyday presence in this playful film with its look of fantasy, capable of dealing with the most serious of themes—pleasure, love affairs, relations between film and the unconscious—with the most joyous vivacity.


© DR. Pyramide productions

© Dorothée Lindon / Collection patrimoine Pathé / Pathé Renn

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ADOLPHE 2002 – 102 minutes – 35mm - couleur

Isabelle Adjani, Stanislas Mehrar, Jean Yanne, Romain Duris, Jean-Louis Richard, Anne Suarez, Jean-Marc Stehlé, Maryline Even, Olween Heudig, Gabriel Kane, Bernard Ballet, Isild Le Besco, Pierre Charras, Jacqueline Jehanneuf... Réalisation : Benoit Jacquot – Scénario : Benoit Jacquot et Fabrice Roger-Lacan Assistants réalisateurs : Raphaël Chevènement, Mathilde Cukierman - Scripte : Geneviève Dufour - Image : Benoit Delhomme – Son : Jean-Claude Laureux – Décors : Katia Wyszkop - Costumes : Catherine Bouchard – Montage : Luc Barnier Production : ARP / France 3 Cinéma / Canal +

Ces réponses seront toutes du côté de la chair, de la présence humaine, de la vibration. Jacquot pratique depuis longtemps déjà l’exercice périlleux de l’adaptation littéraire – périlleux surtout par les fausses sécurités qu’il semble offrir, les pièges de l’illustration encore aggravés par l’importance du texte dans l’histoire des lettres et par la présence obligée des décors, costumes et accessoires d’époque. Prenant à bras le corps le récit à la première personne du singulier masculin d’une séduction tournant au drame, le cinéaste s’échappe des pesanteurs et des conformismes en déplaçant, ou plutôt en dédoublant le centre de gravité de la narration. Dans le livre, celle-ci est entièrement du côté du jeune homme riche et oisif qui lui donne son titre. C’est lui qui raconte sa conquête d’une femme de noble provincial, son amour et puis l’épuisement de son amour, qui tuera celle qui avait cru sans réserve à la passion partagée. Les mots demeurent, mais face à eux se dresse une présence, un pôle magnétique, une puissance irradiante. Isabelle Adjani filmée comme nul ne l’avait filmée, en tout cas depuis L’Histoire d’ Adèle H de François

Truffaut, d’une beauté irrésistible et vouée à la défaite. Le drame, dès lors, devient une véritable affaire du cinéma, amour et combat de l’image et du son, du corps et des mots. Cet affrontement ne peut advenir que grâce à la construction d’une arène qui s’appelle la beauté, élégance des cadres, des lumières et des mouvements de caméra autant et plus que des costumes et des objets. Beauté classique ? Il le semble d’abord, mais à mesure que les sentiments opaques et la faiblesse morale d’Adolphe se confirment, le film glisse vers une sécheresse plus abstraite, jusqu’à l’exil dans cette Pologne qui est plus une idée qu’un pays, espace sur fond blanc où la froideur de l’âme l’emporte sur celle du climat. Ainsi se construit la courbe esthétique accomplie par le film, glissade des Ingres, admirablement dessinés et galbés du début, aux Manet en aplats et frontalité sur arrière-plans neutres de la fin. Mais ces références ne seraient que signes cultivés, si ce qui s’instaure entre le cinéaste et la comédienne, entre le roman et le film, entre la voix de l’homme et la présence physique de la femme, tous ces

© DR. ARP Sélection

Le film nait de la rencontre, et même du choc entre deux monuments. Un monument littéraire, le roman Adolphe de Benjamin Constant, sommet de l’introspection romantique, et un monument du cinéma français, Isabelle Adjani. C’est elle qui a eu l’idée de cette rencontre, avec le texte et avec le réalisateur, c’est lui, Benoit Jacquot, qui invente les réponses de cinéma à ce défi.


écarts, délicatement mais radicalement entretenus, ne cessaient de creuser l’espace de ces plans-tableaux, pour y inventer des gouffres. Adolphe est un film magnifique, parce que c’est un film contre. Contre sa source littéraire, contre la fatalité du star-system qui enferme Isabelle Adjani dans son imagerie de beauté évanescente et lointaine, contre la lourdeur du cinéma

en costumes et grands textes. Et contre, aussi, le nouveau conformisme qui ne croit la modernité possible que par la gesticulation transgressive. Très loin de ces poses, Adolphe est un film violent, et assez dérangeant – qui grâce à cela se trouve d’ailleurs parfaitement fidèle au livre de Benjamin Constant.


ADOLPHE 2002 – 102 minutes – 35mm - colour

Isabelle Adjani, Stanislas Mehrar, Jean Yanne, Romain Duris, Jean-Louis Richard, Anne Suarez, Jean-Marc Stehlé, Maryline Even, Olween Heudig, Gabriel Kane, Bernard Ballet, Isild Le Besco, Pierre Charras, Jacqueline Jehanneuf. Director: Benoit Jacquot – Screenplay: Benoit Jacquot and Fabrice Roger-Lacan Assistant Director: Raphaël Chevènement, Mathilde Cukierman - Script: Geneviève Dufour – Director of Photography: Benoit Delhomme – Sound: Jean-Claude Laureux Set Designer: Katia Wyszkop - Costume Designer: Catherine Bouchard – Editor: Luc Barnier Production: ARP / France 3 Cinéma / Canal +

These responses would all be to do with flesh, human presence, and vibration. For many years Jacquot had already been involved in the dangerous endeavour of literary adaptation—dangerous, above all, because of the false security it seems to offer, with the pitfalls of illustration further aggravated by the significance of the text in the history of letters and by the obligatory presence of period costumes and props. Tackling head on the first-personsingular man’s narrative of a seduction that becomes a drama, the film-maker sidesteps ponderousness and conformity by shifting the narrative’s centre of gravity, or rather duplicating it. In the book, this centre is entirely on the side of a wealthy, idle young man, after whom the book is titled. It is he who recounts his conquest of a woman from the provincial nobility, his love, and then the exhaustion of his love, which will kill the woman who had believed unconditionally in their shared passion. The words linger on, but opposite them rises up a presence, a magnetic pole, a radiant power. Filmed in a way nobody had previously filmed her—not in any event since François Truffaut’s The Story of Adele H —Isabelle

Adjani is irresistibly beautiful and doomed to defeat. From that point on, the drama becomes nothing less than a matter of film, love and combat between image and sound, body and words. This clash can only happen because of the construction of an arena which is called beauty—the elegance of the settings, the lighting and the camera movements, just as much as, and even more than, the costumes and objects. Classic beauty? It seems so at first, but as Adolphe’s opaque feelings and moral weakness come to the fore, the film slides towards a more abstract aridity, until the exile in that Poland which is more an idea than a country, a space on a white backdrop where the chill of the soul holds sway over that of the climate. Thus is constructed the aesthetic arc achieved by the film, a shift from the admirably drawn and shapely Ingres works of the beginning to the Manets with their flat tints and frontality on neutral backgrounds of the end. But such references would just be cultivated signs, if what is introduced between the film-maker and the actress, between the novel and the film, between the man’s voice and the woman’s physical presence, if all

© DR. ARP Sélection

The film is the outcome of the meeting, not to say clash between two monuments. A literary monument, Benjamin Constant’s novel Adolphe, a pinnacle of romantic introspection, and a monument of French cinema, Isabelle Adjani. It was she who had the idea for this encounter, with the script and with the director, and it was Benoit Jacquot who came up with the film’s responses to this challenge.


these differences, delicately but radically maintained, were not forever widening the space of these tableaux-shots, and inventing abysses in them. Adolphe is a magnificent film, because it is a counter-film. A film against its literary source, against the fatality of the star system which confines Isabelle Adjani in its imagery of evanescent and

distant beauty, and against the heaviness of period film and great scripts. And also against the new conformity which only believes that modernity is possible through transgressive gesticulation. Well removed from these poses, Adolphe is a violent and somewhat disconcerting film which, because of this, is also thoroughly faithful to Benjamin Constant’s book.


Š Addressdesign / Les films du Losange /Au fond des bois


Š DR. Collection Bibliotheque du film / Adolphe


À TOUT DE SUITE 2004 – 95 minutes – 35mm - noir et blanc

Isild Le Besco, OuassiNi Embarek, Nicolas Duvauchelle, Laurence Cordier, Fotini Kodoukaki, Emmanuelle Bercot, Léonor Graser, Odile Vuillemin, Catherine DAvEnier, Nicolas Pignon, David aayala, Olivier Augrond, Sabri Lahmer... Réalisation et scénario : Benoit Jacquot – Assistant réalisateur : Antoine Santana Image : Caroline Champetier – Son : Michel Vionnet – Décors et costumes : Antoine Platteau – Montage : Luc Barnier Production : Natan Productions / Arte France Cinéma

Carburant du film d’action policière et énergie du voyage, de l’inconnu, de la grande vie volée au temps et aux règles de la société. Et puis rupture et rejet, et c’est encore et toujours un mouvement, une bascule, une dérive. Benoit Jacquot porte à son paroxysme cette idée de la mise en scène comme dynamique née de la présence d’un corps de jeune fille emportée par un tourbillon de passion. La beauté irradiante du noir et blanc invoque à la fois l’énergie fondatrice du cinéma des origines et les ressources encore à explorer d’un art inédit, nourri d’expériences plastiques que les nouvelles technologies laissent seulement entrevoir. La maniabilité de la caméra relaie et renforce la force avec laquelle la jeune fille dont on ne saura pas le nom se lance dans une aventure totale, aux frontières d’une extrême lucidité sur ce qui lui est essentiel et d’une sorte de somnambulisme qui rappelle les hypnoses d’autres films du réalisateur. La rupture, la trahison s’ouvriront comme

un gouffre, Benoit Jacquot aime et respecte beaucoup trop son personnage pour l’y enfermer ou l’y ensevelir. Au contraire, autrement, avec d’autres rythmes et d’autres manières de prendre appui sur le monde et ceux qui le peuplent (le très beau personnage de l’amie grecque), « elle » se remet en mouvement, bouge pour et par elle-même, pour sa vie, son présent et son futur. Le cinéaste retrouve Isild Le Besco, qui électrisait de sa présence sensuelle, tonique et insaisissable le Sade tourné quatre ans plus tôt. La jeune actrice est bien davantage que l’interprète principale d’À tout de suite, avec toute sa sauvagerie et tout son talent, avec une intelligence aigüe de ses propres ressources et de sa place à inventer avec et au-delà de son réalisateur, elle est l’élan lui-même aussi bien que celle qui l’emporte. Le réalisateur et la comédienne poursuivront d’ailleurs cette exceptionnelle aventure commune de cinéma avec L’Intouchable et Au fond des bois.

© Pyramide Productions

Si le cinéma est art du mouvement, difficile de trouver plus cinématographique que cette envolée qui d’emblée emporte un film tout entier placé sous le signe de la légèreté. Mouvement du cœur et du corps, commotion amoureuse de la toute jeune fille qui rencontre un garçon aussi séduisant que mystérieux. Embardée hors de la vie familiale et cossue, vers l’illégalité et le danger, départ précipité et traversée des pays et des mers après un hold-up.



RIGHT NOW 2004 – 95 minutes – 35mm - BLACK AND WHITE

Isild Le Besco, Ouassini Embarek, Nicolas Duvauchelle, Laurence Cordier, Fotini Kodoukaki, Emmanuelle Bercot, Léonor Graser, Odile Vuillemin, Catherine DAvEnier, Nicolas Pignon, David aayala, Olivier Augrond, Sabri Lahmer...

Fuel of the police action film and energy of the journey, the unknown, the great life purloined from time and the rules of society. And then rupture and rejection, and there is still and always a movement, a tipping point, a drift. Benoit Jacquot brings to its paroxysm this idea of the mise-en-scène as a dynamic resulting from the presence of a girl’s body swept away by a whirlwind of passion. The radiant beauty of the black and white invokes both the essential energy of original film and the still-to-be-explored resources of a new and novel art, informed by visual experiences which the new technologies only afford glimpses of. The way the camera is easily handled relays and bolsters the strength with which the young girl, whose name we never know, embarks on a total adventure, on the borderline of an extreme lucidity about what is essential to her and a kind of sleepwalking which calls to mind the hypnoses of other films made by this director. Rupture and betrayal open up like an abyss.

Benoit Jacquot likes his character and respects her far too much to confine or bury her in it. On the other hand, in different ways, with other rhythms and other ways of relying on the world and those who live in it (the very lovely character of the Greek girlfriend), “she” whirs back into motion, moves for and by herself, for her life, her present and her future. The filmmaker calls once more on Isild Le Besco, who electrified Sade, made four years earlier, with her sensual, invigorating and elusive presence. The young actress is far more than the leading player of Right Now, with all her wildness and all her talent, with a keen understanding of her own resources and of the place for her to invent for herself, with, and beyond, her director, she is the film’s momentum itself as well as the person who wins the day. The director and the actress would incidentally continue this outstanding shared film adventure with The Untouchable and Deep in the Woods.

© Pyramide Productions

If film is the art of movement, it is hard to find anything more cinematographic than that flight which instantly sweeps aloft a whole film placed under the sign of levity. Movement of heart and body, amorous upheaval of the very young girl who meets a boy, who is as seductive as he is mysterious. Swerving away from well-off family life, towards illegality and danger, a hasty departure and journey across lands and seas after a hold-up.

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Director and Screenplay: Benoit Jacquot – Assistant Director: Antoine Santana Director of Photography: Caroline Champetier – Sound: Michel Vionnet – Set and Costume Designer: Antoine Platteau – Editor: Luc Barnier Production : Natan Productions / Arte France Cinéma



AU FOND DES BOIS 2010 – 102 minutes – 35mm - couleur

Isild Le Besco, Nahuel Perez Biscayart, Jérôme Kircher, Bernard Rouquette, Mathieu Simonet, Jean-Pierre Gos, Luc Palun, Jean-Marc StehlÉ... Réalisation : Benoit Jacquot – Scénario et dialogues : Julien Boivent et Benoit Jacquot – Image : Julien Hirsch – Son : Henri Maïkoff, François Musy, Gabriel Hafner Montage : Luc Barnier – Décors : Sylvain Chauvelot – Costumes : Christian Gasc Musique originale : Bruno Coulais Production : Ciné@ / Albertine Productions / Egoli Tossell Film AG / Arte France Cinéma / Rhône Alpes Cinéma

Le désir, le sexe, la mort, le besoin d’espace, la mise en crise du langage, l’invention des gestes, l’implosion des règles morales et de bienséance. Benoit Jacquot filme ça : l’obscurité elle-même, sans aucune prétention à l’éclairer – ce serait évidemment la détruire – ni à la juger. Qui contrôle qui ? Qui manipule qui ? La force obscure est aussi un ressort politique, éventuellement terriblement dangereux, tout le monde sait ça, mais en elle-même elle n’a ni but ni sens. Elle est là. Comme les arbres, les montagnes, les météores. Elle nous fait vivants, humains, « sujets », au double sens du mot (sujet pensant, sujet du roi), assassin, ermite, mère de famille sans histoire. Où passe alors la limite entre ce qui permet de se constituer comme être vivant et autonome et ce qui assujettit à un pouvoir – celui de la libido, du père, du chef, du juge, du prêtre… ? 5000 ans qu’on cherche et, qu’on ne fait que trouver de mauvaises réponses. Sans doute parce qu’il n’y a pas de réponse.

Au fond des bois est un film comme un raz de marée. La mise en scène vole à la crête du maelström d’émotions qui emportent à travers champs et forêts le couple qui s’est ainsi formé, dans la violence et la douceur de ce qui les rapproche et de ce qui aussi bien les fait se rejeter ou s’agresser, dans les interrogations multiples que leur relation hors norme suscite chez ceux dont ils croisent le chemin, paysans et hommes de loi, familiers, bandits ou marginaux, affectueux, brutaux ou apeurés, dans le vertige d’un rapport au cosmos. Et c’est, aussi, le cinéma lui-même qui est ainsi remis en jeu, le cinéma comme intervention sur notre inconscient sous l’effet des sensations qu’il produit, la manière – obscure elle aussi – dont nous entrons en résonnances avec certains assemblages d’images et de sons, de mouvement et de lumière. L’histoire que raconte le film fera état d’un possible retour à l’ordre, au contrôle. Mais les commotions advenues, le trouble éprouvé – trouble érotique, trouble à l’ordre public, vue trouble – rien ne les efface.

© Addressdesign

Il y a ce garçon, sauvageon sorti de la forêt, comme l’époque des Lumières en connut beaucoup, trouvant chez ces enfants sauvages et ces hommes des bois le contrepoint exemplaire à l’idée d’une humanité raisonnable en train de se construire grâce à la démocratie et à la science. On est en Ardèche, vers 1860. Le garçon croise le chemin d’un médecin humaniste, qui l’accueille et le nourrit, et de sa fille. Entre elle et lui (Isild Le Besco et Nahuel Perez Biscayart), quelque chose se passe, quelque chose d’obscur.



DEEP IN THE WOODS 2010 – 102 minutes – 35mm - colour

Isild Le Besco, Nahuel Perez Biscayart, Jérôme Kircher, Bernard Rouquette, Mathieu Simonet, Jean-Pierre Gos, Luc Palun, Jean-Marc StehlÉ...

Desire, sex, death, the need for space, the crisis of language, the invention of gestures, the implosion of moral rules and the rules of propriety. Benoit Jacquot films all this: obscurity itself, in no way claiming to clarify it—which would obviously be tantamount to destroying it—or passing judgement on it. Who is controlling whom? Who is manipulating whom? The obscure force is also a political mainspring, possibly terribly dangerous, everyone knows that much, but in itself it has neither purpose nor meaning. It is there. Like trees, mountains, and meteors. It makes us living, human, “subjects” in both senses of the term (sentient subject, king’s subject), murderer, hermit, an ordinary wife and mother. So where is the boundary between what makes it possible to be a living, autonomous being and what is subordinate to a power—the power of the libido, the father, the chief, the judge, the priest...? We’ve been looking for the answer for 5,000 years, and all we’ve found is wrong answers. Probably because there is no answer. Deep in the Woods is a film like a tidal wave.

The style of direction soars on the crest of the maelstrom of emotions which sweep the couple thus formed through fields and forests, in the violence and gentleness of what brings them together and equally makes them reject and attack one another, in the many different questions which their extraordinary relationship stirs up among those they come across, peasants and men of law, friends, bandits and outsiders, affectionate, brutal or scared, in the dizziness of a relationship with the cosmos. And it is also film itself which is thus called into question, cinema as an intervention in our unconscious under the effect of the sensations that it produces, the way—also obscure—in which there is a resonance for us with certain assemblages of images and sounds, movement and light. The story told by this film describes a possible return to order, and control. But nothing does away with the upheaval occurring and the disturbance experienced—erotic disturbance, disturbance of public order, disturbed sight.

© Les films du Losange

There’s this boy, a wild child straight out of the forest, the kind there were plenty of during the Age of the Enlightenment, when people saw in such wild children and people of the woods the exemplary counterpoint to the idea of a sensible, rational humanity in the process of constructing itself thanks to democracy and science. The setting is the Ardèche, in southern France, in about 1860. The boy crosses paths with a humanist doctor who takes him in and feeds him and his daughter. Between the girl (Isild Le Besco) and the boy (Nahuel Perez Biscayart) something happens, something obscure.

© Les films du Losange

Director: Benoit Jacquot – Screenplay: Julien Boivent and Benoit Jacquot - Director of Photography: Julien Hirsch – Sound: Henri Maïkoff, François Musy, Gabriel Hafner Editor : Luc Barnier – Set Designer: Sylvain Chauvelot – Costume Designer: Christian Gasc – Original Music: Bruno Coulais Production: Ciné@ / Albertine Productions / Egoli Tossell Film AG / Arte France Cinéma / Rhône Alpes Cinéma.




Š Les films du Losange / Au fond des bois


LA MORT DU JEUNE AVIATEUR ANGLAIS 1993 – 36 minutes – couleur

ÉCRIRE

1993 – 43 minutes – couleur

Dans La Mort du jeune aviateur anglais, l’écrivain raconte une histoire. On ne saura jamais dans quelle mesure cette histoire est arrivée, dans quelle mesure elle l’a inventée. Mais, les images en attestent (faut-il croire les images ?), il y a bien une tombe isolée, près d’une église dans un village de Normandie. Et sur cette tombe le nom d’un jeune soldat anglais. De ce qui s’est passé, la mort du jeune homme abattu avec son avion aux dernières heures du débarquement de 1944, de l’attitude des villageois, de la venue d’un vieil homme sur cette tombe et puis de son absence, nous saurons tout. C’est à dire tout ce que raconte Marguerite Duras, toute petite, vieille mais plus enfant que vieille, lovée dans son pull orange et son grand fauteuil. Elle raconte du même élan ce qui s’est passé (mais faut-il croire les récits ?) et en quoi cela lui est essentiel. « Je ne sais pas pourquoi celui-ci, de mort, m’a complètement bouleversée. » Comment les échos de cette pierre au milieu de la pelouse résonnent avec la mort de son propre frère, et avec les morts, les fous, les miséreux de l’Indochine. Elle dit, elle essaie de dire de son mieux, pourquoi cela ne peut pas être un livre (et pourtant elle publiera le texte, plus tard), elle cherche quelque chose de précis, de précieux, d’obscur, à

partir d’événements passés, arrivés à des inconnus. La Mort du jeune aviateur anglais est un film de fiction, Duras n’en est pas l’actrice, elle en est le medium, jusque dans la pénibilité de son souffle elle lui donne chair et mystère. Et en même temps, elle espère du cinéaste, et du cinéma. Dirigeant parfois l’objectif de la caméra, elle leur demande : « Est-ce que tu aperçois quelque chose que je ne vois pas là-dedans ? » Ecrire, tourné peu après non plus en Normandie mais à Neauphle-le-château, dans sa maison près de Paris, est un film de Marguerite Duras réalisé par Benoit Jacquot. Assise de biais, avec ses genoux qui dépassent de sa jupe sage, c’est une femme qui parle. Duras réfléchit à haute voix à ce qui peut se dire de l’acte d’écrire. Elle hésite, s’approche, se reprend. Elle dialogue avec Benoit Jacquot, hors champ, qui l’aide dans ce travail patient qui cherche à partager ce qu’il y a d’unique, de violent, de tragique même dans l’acte d’écrire un livre. C’est comme un chant. Il faut écouter, entrer dans la parole de Duras, cette incantation qui cherche à atteindre quelque chose d’évanescent. Une sensation qui serait aussi un sens, très exactement : une raison d’être. Il y a des rires, l’importance de la maison qu’on découvre par fragments, la mémoire des amis, la présence des lieux

© Collection Benoit Jacquot avec Marguerite Duras en repétition du Navire Night

Ce sont deux films réalisés par Benoit Jacquot avec Marguerite Duras. Ils composent ensemble une des plus fécondes approches du geste littéraire dont ait été capable le cinéma. Ils ont l’air de se ressembler – pour l’essentiel, Benoit Jacquot filme Marguerite Duras – ils sont très différents.

© Photogramme

Réalisation : Benoit Jacquot en collaboration avec Yann Andrea – Image : Caroline Champetier Son : Michel Vionnet - Montage : Éric Vernier Production : INA


alentours, la nuit. Il y a des petites histoires, comme celle de la mouche, et des grandes phrases. Marguerite Duras ne craignait pas les grandes phrases, elle savait les laisser vibrer, résonner d’étranges harmoniques, bien au-delà du monumental de la formule. Elle est vieille et belle, avec d’étranges coulées de rides qui descendent sur son visage, de part et d’autre. Très présente,

elle tâtonne vers les stratégies qui permettent cet événement qu’elle nomme « un déplacement de la littérature ». Elle rappelle celui-ci, le Vice-Consul, cellelà, Anne-Marie Stretter, comme des compagnons de lutte. La maison de loin, éclairée dans la nuit, forcément fait passer l’ombre des mots, Navire Night.


THE DEATH OF A YOUNG ENGLISH AVIATOR 1993 – 36 minutes - colour

WRITING

1993 – 43 minutes - colour Director: Benoit Jacquot whith the collaboration of Yann Andrea – Director of Photography: Caroline Champetier - Sound: Michel Vionnet - Editor: Éric Vernier Production: INA

These two films were made by Benoit Jacquot with Marguerite Duras. Together, they form one of the most fertile approaches to the literary gesture that film has been capable of. They seem to resemble each other—Benoit Jacquot essentially just films Marguerite Duras—but they are quite different. In The Death of the Young English Aviator, she, the writer, tells a story. We will never know to what extent this story actually happened, and how much of it she invented. But—and the images attest to as much (should we believe the images?)— there is definitely an isolated grave, near a church in a village in Normandy. And on this grave is the name of a young English soldier. We will know everything that came to pass, the death of the young man shot down with his aircraft in the final hours of the Normandy Landings in 1944, the attitude of the villagers, the arrival of an old man at the grave, and then his absence. Which is to say that we know everything recounted by Marguerite Duras, very small, old, but more a child than an old woman, curled up in her orange pullover and her big armchair. With the same verve, she narrates what happened (but should we believe narratives?) and why it is essential to her. “I don’t know why this death completely overwhelmed me.” How the echoes of that gravestone in the middle of the lawn ring out with the death of her own brother, and with the dead, the mad, the destitute of Indochina. She explains, she tries to explain as best she can, why this cannot be a book (and yet she would publish the text, at a later date);

she is looking for something precise, precious, obscure, based on past events, which happened to unknown persons. The Death of the Young English Aviator is a fiction film. Duras is not its actress, she is its medium, down to the painfulness of her breathing, she lends it flesh and mystery. At the same time she invests hope in the film-maker, and film. Sometimes guiding the camera lens, she asks them: “Are you seeing something that I’m not seeing there?” Writing, filmed not long afterwards, though no longer in Normandy but at Neauphle-le-Château, in her house near Paris, is a film about Marguerite Duras made by Benoit Jacquot. Sitting at an angle, with her knees showing beyond her demure skirt, this is a woman talking. Duras reflects out loud about what there is to say about the act of writing. She hesitates, draws close, comes to her senses. She talks off screen with Benoit Jacquot, who helps her in this patient task of trying to share what is unique, violent and even tragic in the act of writing a book. It is like a song. You have to listen, and enter into Duras’s words, an incantation seeking to attain something evanescent. A sensation which is also a sense, very precisely: a reason for being. There is


© Photogramme © Photogramme © Photogramme © Photogramme

laughter, the importance of the house discovered in fragments, the memory of friends, the presence of places roundabout, night. There are little stories, like the one about the fly, and big sentences. Marguerite Duras was not afraid of big sentences, she knew how to make them vibrate, ring out with strange harmonics, well beyond the monumental nature of the formula. She is old and beautiful, with strange flows of wrinkles running down her face, on both sides. She is very present and gropes her way towards strategies which permit this event, which she calls “a displacement of literature”. She recalls this person, the Vice-Consul, and that person, Anne-Marie Stretter, like companions in the struggle. The house far off, lit up in the night, perforce transmits the shadow of the words Navire Night.


Š Marie Laure de Decker / Pampa productions / Princesse Marie



Benoit Jacquot est né à Paris en 1947. Elève turbulent, adolescent bagarreur, il se passionne très jeune pour le cinéma, est déjà un spectateur assidu, contemporain des débuts de la Nouvelle Vague, lorsqu’il découvre à 14 ans Les Contrebandiers de Moonfleet de Fritz Lang, qui le bouleverse. Assidu de la Cinémathèque française de Henri Langlois, abonné très jeune aux Cahiers du cinéma, il débute dans le métier comme stagiaire, à 17 ans, sur le tournage d’un film très éloigné de ses enthousiasmes cinéphiles, Angélique et le roy de Bernard Borderie avec Michèle Mercier (1965). Il travaille ensuite comme assistant de Marcel Carné (Les Jeunes loups, 1967) et surtout de Robert Bresson, pour la préparation et le tournage de Mouchette (1967) et de plusieurs autres films du cinéaste, qui aura une grande influence sur lui. Deux rencontres décisives marquent alors son parcours, avec Jacques Lacan (dont il réalisera en 1974 un portrait filmé) et avec Marguerite Duras, dont il devient le plus proche collaborateur en cinéma lorsque l’écrivain s’empare du cinéma après Mai 68. Assistant sur Nathalie Granger (1972), La Femme du Gange (1974) et India Song (1975), il filmera Duras 20 ans plus tard dans La Mort du jeune aviateur anglais et Écrire. Benoit Jacquot réalise son premier film, L’Assassin musicien en 1975. Proche de la rédaction des Cahiers du cinéma, et notamment de Serge Daney, il bénéficie du soutien de la revue, et de celui d’aînés prestigieux à commencer par François Truffaut. Jusqu’à la fin des années 80, il alterne les longs métrages placés sous le signe d’une radicalité formelle revendiquée et des documentaires pour la télévision, dont de nombreux portraits d’artistes et plusieurs enregistrements de pièces de théâtre. A partir de 1990, lui-même affirme avoir connu un nouveau départ comme cinéaste, départ marqué notamment par une nouvelle relation aux acteurs. Il devient un réalisateur extrêmement prolifique, réalisant pour le cinéma et la télévision – puis commençant en 2003 une nouvelle activité de metteur en scène d’opéra –, alternant production aux budgets importants et où apparaissent nombre des plus grandes stars du cinéma français (Isabelle Huppert, Isabelle Adjani, Catherine Deneuve, Vincent Lindon, Fabrice Luchini, Daniel Auteuil, Mathieu Amalric…) et productions très légères. Grand lecteur, il aura porté à l’écran plusieurs ouvrages littéraires, mais aussi transposé avec brio Tosca. Benoit Jacquot est également reconnu pour son talent à révéler ou à accompagner de jeunes actrices, Judith Godrèche, Virginie Ledoyen, Isild Le Besco, Léa Seydoux ont ainsi bénéficié de la précision et de la sensibilité de son regard.

© Caroline Cabrol / Sade

REPÈRES BIOGRAPHIQUES



© Isabelle Weingarten / La Vie de Marianne

Benoit Jacquot was born in Paris in 1947. He was an unruly pupil and a brawling teenager, but at a very young age he developed a passionate interest in film, and was already a keen cinema-goer, overlapping with the beginnings of the New Wave, when, at the age of 14, he discovered Fritz Lang’s Moonfleet, which had a profound effect on him. A regular at Henri Langlois’ Cinémathèque française, and a very young subscriber to Les Cahiers du cinéma, he started out in the profession as a trainee, aged 17, on the shoot of a film far removed from his film buff’s enthusiasm, Bernard Borderie’s Angélique and the king (1965), starring Michèle Mercier. He then worked as an assistant to Marcel Carné (Young Wolves, 1967) and, above all, Robert Bresson, for the preparation of the filming of Mouchette (1967) and several other films made by this director who would have a great influence on him. Two decisive encounters then marked his career, first with Jacques Lacan (of whom he would make a filmed portrait in 1974) and then with Marguerite Duras, whose close film associate he became when the writer became involved in film after May ’68. He worked as an assistant on Nathalie Granger (1972), Woman of the Ganges (1974) and India Song (1975), and would film Duras herself 20 years later in The Death of the Young English Aviator and Writing. Benoit Jacquot made his first film, The Musician Killer, in 1975. Close to the editors of Les Cahiers du cinema and to Serge Daney in particular, he enjoyed the backing of the magazine, as well as of certain prestigious elders, starting with François Truffaut. Up until the late 1980s, he alternated full-length films informed by a claimed formal radicalness, and documentaries for television, including many portraits of artists and several recordings of plays. In 1990, he himself declared that he had undergone a new departure as a filmmaker, one marked notably by a new relationship with actors. He became an extremely prolific director, working for film and television—then, starting in 2003, a new activity as an opera director,-alternating productions with sizeable budgets, in which many of the greatest stars of French cinema appeared (Isabelle Huppert, Isabelle Adjani, Catherine Deneuve, Vincent Lindon, Fabrice Luchini, Daniel Auteuil, Mathieu Amalric...) and very lightweight productions. As a voracious reader, he has brought many literary works to the screen, and also brilliantly transposed Tosca. Benoit Jacquot is also recognized for his talent when it comes to revealing and helping young actresses. Judith Godrèche, Virginie Ledoyen, Isild Le Besco and Léa Seydoux have thus all benefited from the precision and sensitivity of his eye.

© Jean-François Gaté / Les Enfants du placard

BIOGRAPHICAL NOTES



filmographie FILMOGRAPHY BENOIT JACQUOT LONGS MÉTRAGES L’ASSASSIN MUSICIEN 1975, FICTION, 120 MIN D’après Dostoïevski LES ENFANTS DU PLACARD 1977, FICTION, 105 MIN LES AILES DE LA COLOMBE 1981, FICTION, 96 MIN D’après le roman de Henry James

LA FAUSSE SUIVANTE 1999, FICTION, 90 MIN D’après la pièce de Marivaux SADE 2000, FICTION, 100 MIN D’après le roman de Serge Bramly TOSCA 2001, Fiction , 119 MIN D’après l’opéra de Giacomo Puccini

CORPS ET BIENS 1986, FICTION, 100 MIN D’après un roman de James Gunn

ADOLPHE 2002, FICTION, 102 MIN D’après le roman de Benjamin Constant

LES MENDIANTS 1988, FICTION, 90 MIN D’après le roman de Louis-René des Forêts

À TOUT DE SUITE 2004, FICTION, 95 MIN D’après J’avais dix-huit ans d’Elisabeth Fanger

LA DÉSENCHANTÉE 1990, FICTION, 78 MIN

L’INTOUCHABLE 2006, FICTION, 82 MIN

LA FILLE SEULE 1995, FICTION, 86 MIN

VILLA AMALIA 2009, FICTION, 91 MIN D’après le roman de Pascal Quignard

LE SEPTIÈME CIEL 1997, FICTION, 91 min L’ÉCOLE DE LA CHAIR 1998, FICTION, 103 MIN D’après le roman de Mishima

AU FOND DES BOIS 2010, FICTION, 102 MIN

PAR CŒUR 1998, FICTION, 75 MIN

LES ADIEUX À LA REINE 2012, FICTION, 92 MIN D’après le roman de Chantal Thomas

PAS DE SCANDALE 1999, FICTION, 103 MIN

TROIS COEURS 2014, FICTION


FILMS DE TÉLÉVISION Portraits documentaires et entretiens JACQUES LACAN : LA PSYCHANALYSE I ET II - 1974, 2 x 50 MIN ALFRED DELLER PORTRAIT D’UNE VOIX - 1976, 70 MIN CUNNINGHAM & CO – 1982, 39 MIN LA SCENE JOUVET - 1987, 46 min LOUIS-RENÉ DES FORETS - 1988, 49 MIN DOMINIQUE ISSERMANN - 1989, 30 MIN NOMBRES ET NEURONES - 1990, 45 MIN L’ATELIER DE ROBERT MOTHERWELL - 1990, 55 MIN LA MORT DU JEUNE AVIATEUR ANGLAIS (M. Duras) - 1993, 43 MIN ÉCRIRE (M. Duras) - 1993, 36 MIN JD SALINGER - 1996, 41 MIN

Films de théâtre / OPéRA LE BALADIN DU MONDE OCCIDENTAL - 1975, 54 MIN ELVIRE JOUVET 40 - 1986, 62 MIN LA BÊTE DANS LA JUNGLE – 1988, 95 MIN LE VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT - 1988, 45 MIN DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON – 1991, 85 MIN IL FAUT QUE LA PORTE SOIT OUVERTE OU FERMÉE - 1991, 35 MIN LA PLACE ROYALE – 1995, 100 MIN WERTHER - 2010, 180 MN

Fictions TV UNE VILLA AUX ENVIRONS DE NEW-YORK - 1983, 60 MIN EMMA ZUNZ - 1992, 55 MIN LA VIE DE MARIANNE - 1995, 160 MIN PRINCESSE MARIE - 2004, 180 MIN GASPARD LE BANDIT - 2006, 90 MIN LES FAUX MONNAYEURS - 2010, 120 MIN



BIBLIOGRAPHIE BiBLIOGRAPHY Livres Books

© Collection Dominique Sanda / Les Ailes de la colombe

Le Cinéma de Benoit Jacquot, de Xavier Lardoux (Editions PC, 180 pages, mars 2006 / réédition 2012 ) L’ART DE BENOIT JACQUOT de Gisèle Breteau Skira (Edition Seguier, 64 pages, mars 2011) DÉTOURS ET MÉTISSAGES : LE CINÉMA DE BENOIT JACQUOT de Benoit Jacquot, Jean Cléder et Timothée Picard (Editions Le Bord de l’Eau, 171 pages, mai 2008)

ENTRETIENS INTERVIEW

J’essaye d’emmener les actrices au bord d’un trou, d’un inconnu de Jacques Mandelbaum (Le Monde 20/03/2012) Les actrices sont la chair de ma vie de Pierre Murat (Télérama 22/03/2012) Raccourcir le trajet d’hier à aujourd’hui de Fabien Baumann et Yann Tobin (Positif, mars 2012) About Farewell my Queen, and beyond de M. Jones (Film Comment, juillet 2012)

© Collection Benoit Jacquot / Les Ailes de la colombe

Les 400 Coups de Benoit Jacquot de Laurent Rigoulet et Mathilde Blottière (Télérama, 13/10/2010) Benoit Jacquot : l’homme qui aimait les actrices de Jean-Marc Lalanne (Les Inrocks, 05/12/2006) Rester malades du cinéma Conversation entre André Téchiné et Benoit Jacquot (Les Cahiers du cinéma, décembre 2004)


diffusion Le Département cinéma de l’Institut français contribue à la diffusion non commerciale du cinéma français dans le monde Le cycle Benoit Jacquot est composé des films suivants : 5 films en 35mm français sous-titrés en anglais et espagnol (La Fille seule, Le Septième ciel, Adolphe, À tout de suite, Au fond des bois) 2 films en téléchargement sur ifcinema (Villa Amalia, Werther) 5 films en DVD multilingues français sous titrés en anglais, espagnol, portugais (Au fond des bois, À tout de suite, La Fille seule, Écrire, La Mort du jeune aviateur anglais) 1 film en Blu-ray, Villa Amalia. Le programme est accompagné de matériel promotionnel inédit, une affiche et un livret bilingue français-anglais, avec un avant-propos et des textes critiques de Jean-Michel Frodon. Les films du cycle sont destinés, sous réserve des droits en cours, à la projection publique non commerciale à l’étranger dans le cadre d’événements organisés par les centres culturels français (services culturels des ambassades, Instituts français et Alliances françaises) et leurs partenaires (Centres culturels, Cinémathèques nationales, et – selon les supports - Festivals du cinéma français et Festivals internationaux …). Les demandes de réservation du cycle Benoit Jacquot sont à adresser au Département cinéma de l’Institut français à Paris.

diSTRIBUTion The Benoit Jacquot cycle consists of the following films : 5 films in 35 mm, in French with subtitles in English and Spanish (Deep in the Wood, Right Now, A Single Girl, Seventh Heaven, Adolphe), 2 films to download on ifcinema (Villa Amalia, Werther), 5 films in multilingual DVDs with subtitles in English, Spanish and Portuguese (Deep in the Wood, Right Now, A Single Girl, Writing and The Death of the Young English Aviator) 1 film in Blu-ray, Villa Amalia. The programme is accompanied by original promotional materials, a poster and a booklet in French and English with a préface and critical texts from Jean-Michel Frodon (historian and film critic) . The films are subject to current acquired rights and only for non commercial public screening abroad, within the frame of the events organized by the French cultural network outside France (Alliance Française, Institut français, cultural departments of embassies of the Ministry of Foreign Affairs) and its partners (Cultural Centers, National Film Archives, and - according to the formats French Films Festivals and International Festivals…). Requests to reserve the Benoit Jacquot cycle are to be addressed to the Cinema Department of the Institut français in Paris.

© Jérome Prébois / Rectangle productions / Villa Amalia

The Cinema Department of the Institut Français distributes French films non-commercially throughout the world



Š Guy Seligman

/ Les Faux mannayeurs



Diffusion restreinte des films

L’autorisation du distributeur/vendeur à l’international est obligatoire pour toute projection dans les pays exclus des droits indiqués ci dessous. La liste des territoires exclus étant susceptible d’être modifiée, il est impératif, avant toute projection de vérifier la validité des droits sur votre territoire en consultant le catalogue en ligne de l’Institut français sur www.cinema.institutfrancais.com. Les droits des films acquis pour la plateforme sont visibles sur www.ifcinema. institutfrancais.com

Restricted distribution of the films The distributor’s autorisation is mandatory for any showing in the countries indicated below for each film. The list of territorial exclusiveness is subject to modifications and it is required to check the validity of rights on your territory by consulting the Institut Français’s online catalogue www.cinema.institutfrancais. com. The excluded territories regarding the films acquired for ifcinéma are available on www.ifcinema.institutfrancais.com

Territoires exclus

Exclusion of territories À tout de suite

Exclusions : Belgique, France, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Pays-Bas, République démocratique du Congo, Rwanda, Suisse Ventes internationales / International sales : Pyramide international Date d’échéance des droits / End of rights : 07/06/2020

Adolphe

Exclusion : France Ventes internationales / International sales : ARP Sélection Date d’échéance des droits / End of rights : 12/09/2020

Au fond des bois

Exclusions : Allemagne, Andorre, Autriche, Bahamas, Belgique, États-Unis, France, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Pays-Bas, Porto-Rico, Suisse Ventes internationales / International sales : Film distribution Date d’échéance des droits / End of rights : 08/06/2015

Écrire La Mort du jeune aviateur anglais

Exclusion : France Ventes internationales / International sales : INA Date d’échéance des droits : durée légale des droits d’auteur

La Fille seule

Le Septième Ciel

Exclusion : France Ventes internationales / International sales : Pathé Productions Date d’échéance des droits / End of rights : 19/03/2020

© Dominique Issermann

Exclusions : Canada, Etats Unis, France, Porto Rico, Samoa Ventes internationales / International sales : Pathé Productions Date d’échéance des droits / End of rights : 19/03/2020



INSTITUT français Président : Xavier Darcos Directrice générale déléguée : Sylviane Tarsot-Gillery Secrétaire général : Pierre Colliot

Département cinéma Directrice : Valérie Mouroux Responsable-adjoint : Pierre Triapkine Pôle cinéma français Responsable : Agnès Nordmann Suivi du projet : Anne Catherine louvet Fabrication : Anne-Sophie Chollot Diffusion : Anne Coutinot : Asie, Océanie, Proche et Moyen Orient Christine Houard : Europe, Afrique Anne-Catherine Louvet : Amérique du Nord et du Sud, Caraïbes

Cycle BENOIT JACQUOT - 7 films Un cycle de films proposé par l’Institut français pour une circulation non-commerciale à l’étranger Édition Avant-propos et Textes critiques : Jean-Michel Frodon Traduction : Simon Pleasance & Fronza Woods Photogravure : Transparence Impression : Imprimerie du Marais Iconographie : droits réservés : Isabelle Weingarten / Jérome Prébois Jayne Chu / Caroline Cabrol / Dorothée Lindon / Roger Arpajou / Bifi Dominique Issermann / Guy Seligman / Carole Bethuel / Paul Gransard Remerciements particuliers à Xavier Lardoux et à Philippe Chauveau (Le Cinéma de Benoit Jacquot, Éditions PC) DVD / BLU-RAY : CMC © Institut français - 2014 - Ouvrage réservé à un usage culturel, ne pouvant être vendu Institut français 8/14, rue du Capitaine Scott 75015 Paris Tél. + 33 (0)1 53 69 83 00 www.institutfrancais.com


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