8 Intelligences (6 FRA) - Intelligence Interpersonnelle

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L’intelligence interpersonnelle

Contenue: Définir l’intelligence L’intelligence interpersonnelle Le cerveau triunique La protection de l’innocence chez le nourrisson et chez le bébé La Maison des Enfants – Apprendre que les autres aussi ont des besoins Le concept du Bien et du Mal dans le primaire Devenir un membre productif de la société Garder en tête la « Tragédie du droit à la satisfaction » Autheur: Annie R. Hoekstra - de Roos

Layout: Tuuli Sauren, Inspirit International Communications


Définir l’intelligence Chaque forme d’intelligence est importante ! Quand une personne s’avère en mesure d’utiliser le type d’intelligence en accord avec la situation, il/elle démontre sa flexibilité intellectuelle et son aptitude de s’adapter sans peine et avec succès aux circonstances changeantes.

cela le « Profil de l’Apprenant ». Ce programme vise que les apprenants deviennent des gens :

Dans son livre « De l’enfant à l’adolescent », en 1952, Maria Montessori constate déjà que : « la société s’est développée jusqu’au point de complexité maximale et d’extrême contraste, ….il est indispensable que la personnalité humaine devrait être préparée à tout, et non seulement aux situations pouvant être anticipées grâce à la prudence ou à la prévoyance. Elle ne devrait pas non plus être conditionnée par une spécialisation, mais plutôt développer le pouvoir de s’adapter partout rapidement et aisément ».

• Communicateurs

Nous préparons les jeunes gens de fonctionner dans le monde de 2030. Compte tenu de la rapidité du progrès, parents et éducateurs fournissent une éducation ample, exhaustive, qui stimule le développement sous toutes ses facettes. L’Organisation du Baccalauréat International définie

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• Tournés vers l’investigation • Informés et instruits • Tournés vers la pensée, le raisonnement • Intègres • Ouverts d’esprit • Altruistes • Audacieux • Equilibrés • Réfléchis Pour atteindre ce but, il importe de développer l’ensemble de la personnalité de l’enfant et non seulement une partie. A tout âge, des opportunités de développement des huit intelligences doivent être offertes, ce dans le cadre de libertés et de limites adaptées à l’âge en question. Par l’approche intégrée, les qualités évoquées ci-dessus, ne peuvent que fructifier.

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L’intelligence interpersonnelle Comparant celle-ci à un iceberg, il estime que 10% seulement de notre intelligence correspond aux résultats de testes traditionnels que les institutions éducatives et les psychologues examinent, quand ils veulent connaître l’QI. Le reste de l’intellect, ne peut être examiné par des situations abstraites couchées sur du papier, il échappe au teste car il devient visible dans des situations réelles de la vie. 90% de l’intellect se charge de: • La conscience de soi: se connaître soi-même, ce que je défends, ce qui me guide, quelles sont mes passions, quelles sont mes émotions et comment affectent-elles les autres? • L’autorégulation: être conscient de l’humeur dans laquelle je me trouve, être capable de diriger mes sentiments selon les circonstances et l’entourage, être en mesure d’évaluer comment je fonctionne et que ce comportement est adapté à la situation dans laquelle je me trouve. • La motivation: la passion pour ce que je fais, une motivation intrinsèque allant bien audelà de facteurs extérieurs tels que le salaire, l’appréciation d’autrui ou le prestige. • L’empathie: compatir et ressentir, être capable de mettre de côté mes objectifs et mon mode de fonctionnement pendant que j’entre en syntonie avec les autres. Pouvoir d’adaptation à leur situation et la réaction par l’intelligence appropriée qui contribuera positivement à cette situation. Le thème central de cette publication est l’intelligence interpersonnelle, en d’autres termes la façon d’obtenir les outils et compétences afin de communiquer de manière constructive, d’interagir, de connecter des relations positives, d’éprouver une empathie authentique envers les autres et leurs émotions, de se connaître soi-même. Dans ses livres sur l’intelligence émotionnelle et sur le quotient émotionnel (EQ en anglais), Daniel Goleman a accentué la définition de l’intelligence.

• Les habiletés sociales: aptitudes à travailler en groupe, à construire des relations constructives, à savoir quel rôle les autres attendent de moi et à échanger des réseaux. Quand des employeurs cherchent à recruter des managers, voire des employés, ils préfèrent des gens dont 90% des capacités intellectuelles sont opérationnelles, et non pas 10% uniquement. Il en résulte, en effet, de meilleures performances dans tous les domaines. L’intelligence interpersonnelle est une partie primordiale de l’intellect émotionnel.

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Les points forts: Les personnes dotées d’une intelligence interpersonnelle forte, comprennent bien les autres, apprécient bien leurs émotions, leurs motivations et leurs intentions. Cela les rend très flexibles dans leur approche, de sorte qu’elles interagissent avec facilité et flexibilité. Le fait de savoir écouter et utiliser l’information pour qu’elle bénéficie aux deux parties, et pas uniquement à elles-mêmes, leur vaut par ailleurs, un respect rassuré et immanquable. Leurs caractéristiques principales sont : • Bonne communication verbale • Facilité pour le langage corporel; ces personnes sont conscientes des messages non verbaux qu’elles transmettent • Bonne réception des messages verbaux et non verbaux; elles savent apercevoir et écouter • Capacité de comprendre les intentions, les motivations et les désirs d’autrui • Capacité d’empathie élevée • Réagissent de manière appropriée aux besoins d’autrui • Confiantes en elles-mêmes • Extraverties • Apprécient les événements sociaux • Aiment enseigner et aider les autres • Apprennent mieux en travaillant au sein d’un groupe • Savent se comprendre soi-même (méta compréhension) • Savent apercevoir les sentiments, les craintes et les motivations d’autrui • Excellent dans les discussions et dans les débats • Créent des relations positives • Observent les situations sous plusieurs angles • Sont douées pour résoudre des conflits d’un groupe Ces caractéristiques ont des effets importants sur les relations, tant au plan social que professionnel: • L’intellect interpersonnel fortifié possède une bonne image de soi, la connaissance de ces talents et se sent rassuré, ce qui lui procure une grande paix d’esprit. • Il établit des rapports avec les autres rapidement et facilement.

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• Il a l’habileté de lire les réactions des autres et d’éprouver de l’empathie. L’autre se sent compris, se détend et l’échange devient constructif. • Cette faculté permet de travailler efficacement avec les autres. • Etant donné sa forte sensibilité sociale, la personne dotée de ce type d’intellect est aimée par les autres et bénéficie d’un entourage social bénéfique. • Elle influence socialement et elle est dotée d’une grande force de persuasion. • Elle choisira généralement des professions où les habiletés sociales sont essentielles. Daniel Goleman parle du Quotient Emotionnel (EQ en anglais) comme étant capable d’ «apercevoir, contrôler et évaluer les émotions». De son côté, Howard Gardner estime que le développement de toutes les formes d’intelligence signifie la maîtrise de « notre propre mode de fonctionnement et la capacité d’utiliser cette information pour réguler et organiser nos vies ». En étudiant, en tant que telle, chaque forme d’intelligence, on se réalise l’éventail des caractéristiques et des qualités que réclame l’existence moderne, ainsi que la masse d’interrelations, de solutions à trouver et de prises de décision qu’elle implique.

Choix potentiels de carrière L’intelligence interpersonnelle est requise pratiquement dans tous les parcours professionnels, mais on peut en citer quelques uns en particulier: Medecins Conseiller Travailleur social Coach Diplomate Politicien Manager

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Clergé Réceptionniste Commerçant Représentant commercial Professionnel de l’éducation Avocats


Le cerveau triunique

Les personnes dotées d’un intellect interpersonnel fortifié se connaissent bien soimême et savent ajuster leur comportement et leur stratégie de communication pour influencer leur environnement. Pour eux, c’est une qualité naturelle. S’accommoder ne leur coûte aucun effort, vu qu’ils vivent au diapason des autres, écoutent bien, ressentent les émotions et les motivations avec justesse.

1) Le cerveau reptilien incluant le ganglion basal, le mésencéphale et le tronc cérébral. Il s’agit là de la première strate, qui s’est développée pendant l’ère du carbonifère, l’ère des reptiles, bien avant les dinosaures. Cette partie du cerveau abrite nos instincts de base et traite des questions liées à la survie comme: a. Survie basique: alimentation, la fuite pour la douleur, répétition de ce qui fonctionne

Mais que se passe-t-il dans leur cerveau à ce moment précis ? Le neuroscientifique Paul D. MacLean (19132007) a développé un modèle de fonctionnement du cerveau intéressant. Selon lui, notre cerveau d’homme moderne possède trois strates. Outre le néocortex, composé des hémisphères droit et gauche, MacLean souligne l’importance de deux autres strates, aussi importantes. Les trois strates, et le motif, la manière et le moment pour lesquels nous les utilisons et passons de l’une à l’autre influencent notre fonctionnement global. L’intérêt de cette théorie, est qu’elle nous aide à comprendre pourquoi et comment nous réagissons à certaines situations, quel est le moyen de nous en rendre compte et par quel biais nous pouvons influencer notre propre esprit Le cerveau est composé de trois strates, formées au cours des âges:

b. Exploration: connaître et protéger son territoire, « la lutte et la fuite » c. Agression : colère, agression verbale ou physique d. Domination: suppression par la force, pouvoir, répartition des rôles mâle/femelle, discrimination, idées préconçues, rôles stricts mâle/femelle, droit, orgueil e. Sexualité: rôle mâle/femelle, reproduction

Le cerveau reptilien contrôle également les muscles et les fonctions involontaires, telles que la respiration ou le rythme cardiaque, fortement entrelacés aux instincts de base. (Le système nerveux viscéral)

2) Le cerveau paléo mammalien/Système limbique inclut la partie médiane du cerveau, qui contient l’amygdale, l’hippocampe, l’hypothalamus et d’autres structures du système limbique. Cette seconde strate a évolué avec les mammifères. C’est à partir de là, que les

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animaux ont commencé à protéger leurs petits, développant des sentiments maternels, protecteurs et nutritifs. L’attention, l’affection, l’amour, l’amitié, les souvenirs de nature émotionnelle, les désirs sont tous situés dans cette partie du cerveau.

Ce cerveau paléo mammalien n’est pas isolé. Il est fortement connecté à la troisième strate, le néocortex, qui évalue la « qualité » de nos idées de notre cerveau supérieur (sont-elles valides ou non?), indépendamment, si elles paraissent logiques ou justes. Il communique également avec nos instincts de base, le cerveau reptilien.

3) Le néocortex comprend les hémisphères droit et gauche. Très développé dans l’espèce humaine, c’est le résultat de la troisième phase d’évolution de notre cerveau. Il est impliqué dans les fonctions cognitives dites supérieures et le traitement d’informations découlant de nos perceptions sensorielles, la vue, le son et le toucher, par exemple. Il permet le raisonnement abstrait, la communication par le langage, l’esprit créatif et beaucoup plus. L’hémisphère gauche contrôle la partie droite du corps et vice versa. L’hémisphère droit est orienté aux dimensions spatiales, musicales et artistiques, tandis que l’hémisphère gauche est plus abstrait, linéaire, analytique, rationnel et verbal.

Les personnes dotées d’une intelligence interpersonnelle forte reconnaissent l’utilisation précise de la strate du cerveau particulière et peuvent changer de niveau selon les exigences de la situation. Quand quelqu’un est fâché ou irrité, il fonctionne par son cerveau reptilien. Dans ce cas, le mode de

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« protection du territoire » au travers le combat (par exemple, outrage verbal, comportement colérique, fuite) ou au travers l’esquive (haussement d’épaules, désintérêt, passivité, ruse) est prédominant. Par conséquent, aucune solution ne peut être trouvée. Dans ce cas, il est indiqué, qu’une personne consiste à garder son calme, à établir un contact visuel et à savoir tendre l’oreille. L’empathie se développe grâce à l’état de syntonie. L’autre se sent respecté, écouté, un état d’esprit qui facilite le passage à la troisième strate. A partir du moment où les deux parties présents, utilisent leur néocortex, le langage devient plus avenant, la façon de penser change, chacun se met à observer la situation du point de vue de l’autre, une condition sine qua non pour retrouver des solutions créatives ou élaborer des stratégies. Le néocortex est la seule strate qui prend les deux autres strates en considération, les incorporant dans le processus de la prise de décision, d’une manière pondérée et équilibrée.

Un example reconnaissable Un adulte doué sous le plan de l’inter personnalité (A) reçoit un client insatisfait (B) : la colère et l’irritation (cerveau reptilien) apparaissent des deux côtés. (A) reconnaît cette émotion et sait que s’il réagit de la sorte, il n’en résultera rien de bien. Par conséquent, (A) permute au niveau de la strate paléo mammalienne, essayant de comprendre et prononçant des mots d’empathie qui apaisent le client. (B) sait maintenant que quelqu’un l’écoute avec attention. Alors (A), se concentre sur des solutions à remettre, et simultanément propulse (B) à utiliser son néocortex. « Que puis-je faire pour régler ce problème ? ». (B) « migre » alors, vers le néocortex et une communication constructive est établie, enfin.

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Bien que cet exemple soit reprise d’une situation professionnelle à laquelle beaucoup d’entre nous sommes habitués ; Essayez de le transposer vers une situation domestique où nous interagissons avec des enfants en évolution continuelle. Savoir reconnaître quelle strate du cerveau l’enfant utilise à un moment précis, est un atout immense. En cas de conflit, il convient d’aider l’enfant ou l’adolescent (voire nous-mêmes) de se raccorder au néocortex. Les querelles, les débats sont l’apanage du cerveau reptilien. En écoutant activement, les parents peuvent se faire une idée générale de la situation et démontrer l’empathie. « Je suis désolé que tu te sentes comme ça, que puis-je faire à ce sujet ? » En somme, il circule du cerveau paléo mammalien au néocortex. Il est vrai que, dans certaines situations, cela est plus facile à dire qu’à faire. Mais, vu sa capacité de raisonnement abstraite et de connaissances reliées à la situation, seul le néocortex peut procurer une réponse. Retomber au niveau du cerveau reptilien et fonctionner de manière prédominante avec son cerveau paléo mammalien (sentiments seulement) conduit inéluctablement à l’absence d’une solution constructive globale, bénéfique pour le grand nombre. Etre conscient de ses idées et de leur origine est un processus, qui prend du temps. Cependant, pratiquer ces changements de strates stimule l’intelligence interpersonnelle. Donc, il ne faut surtout pas éviter les conflits en cherchant, chaque fois que l’un d’entre eux est sur le point d’apparaître, à distraire le jeune enfant, pour éviter le conflit. Comme on dit, « petit enfant - petit

problème ». Celui-ci doit apprendre, pratiquer, ce qui est une tâche de longue haleine où les adultes sont ses guides. En effet, personne ne souhaite parvenir à la phase « grand enfant - grand problème » ! De plus, se responsabiliser pour ses actions, dépend beaucoup de cette aptitude à reconnaître ses idées/pensées: seules celles qui sont capables de se raccorder au néocortex peuvent voir les choses selon différents points de vue, y compris celui des autres. De ce fait, il est important que les parents disent « Qu’est-ce que nous pouvons faire à ce sujet ? », « nous » inclut l’enfant.

Développer l’intelligence interpersonnelle Les enfants traversent des séries d’étapes de développement. A chacune, il convient de leur procurer des opportunités de pratiquer cette prise de conscience et cette aptitude à se mouvoir entre les strates du cerveau. Cela vaut également, pour les enfants naturellement extravertis. Dans leurs cas, par des limites appropriées fixées, le risque qu’ils deviennent trop confiants, voire arrogants, est diminué. Cet excès de confiance peut les ramener au cerveau reptilien qui est accompagné de comportements despotiques, le sentiment d’être toujours dans son droit et le manque d’empathie, que cela implique. Dans la section suivante, nous analyserons comment aider les enfants à ce sujet à chaque étape de leur évolution.

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La protection de “l’innocence” chez les bébés et les tous-petits

L’être humain grandit lentement. Le cerveau ayant la capacité de devenir un organe très complexe, pouvant assumer des fonctions abstraites, la personnalité se déploie lentement comme une fleur. Le développement de l’être humain paraît stimuler l’évolution. L’enfant traverse de nombreuses étapes et le cerveau n’atteint sa pleine capacité qu’à l’âge de 24 ans. Si l’on applique ce raisonnement au cerveau triunique, on s’aperçoit que le nourrisson et le bébé utilisent, de façon prédominante, leur cerveau reptilien. Compte tenu, du faible laps de temps qui les séparent de la naissance, elle-même un processus de survie, cette dernière constatation est logique. Les instincts de base comme le sommeil, la nourriture et l’amour sont d’une importance primordiale. Les tous petits grandissent, commencent lentement à ramper sur le sol, puis marchent à quatre pattes et essaient de se dresser

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sur leurs jambes avant de faire leurs premiers pas. Entièrement centrés sur leur auto développement, ils sont égocentriques par nécessité. Ils crieront quand quelqu’un leur ôte leurs jouets et ne peuvent encore s’engager dans une relation sociale, quand leurs besoins primaires sont en jeu. Tout se passe par leur mandat! Mais n’est-ce pas normal ? Malheureusement, dans notre culture, dès qu’ils commencent à verbaliser on parle des « terribles deux ans ». Néanmoins, cette connotation négative n’est pas juste et cette période doit être protégée. En effet, la CONFIANCE ne se développe qu’à condition que le bébé ne soit pas bridé ou entravé; confiance en les autres et en lui-même, les deux étant à la base de toute forme d’intelligence, particulièrement l’interpersonnelle. De quel genre de protection parle-t-on ? L’enfant devrait avoir la possibilité de se mouvoir librement, selon ses capacités du moment. Par exemple, dès

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qu’il rampe, il a besoin d’un tapis d’éveil sur le plancher. Dès qu’il marche, il lui faut tout le salon, le jardin et une aire de jeu. Les boîtes, de taille ou de forme différente, les matelas, les chaises hautes, les sièges auto pour bébés (Maxicosi) et les balançoires peuvent être utilisées, mais de façon limitée. La confiance en soi et dans le monde découle de la capacité de se mouvoir, d’explorer, de toucher, d’interagir avec l’environnement et avec autrui. Un environnement actif avec des adultes qui s’engagent de façon stimulante facilite le développement de la personnalité toute entière. Peu à peu, la notion de limite logique est indiquée: • « Non, bébé ne peut pas mordre Maman quand elle l’allaite ». • Bébé est assis dans une chaise haute et jette les jouets que Papa ramasse tant qu’il s’agit d’un jeu, pour les deux. Mais dès que le jeu devient une manipulation, Papa indiquera qu’il en a assez et arrêtera de ramasser les jouets. • Un bébé qui mange seul et étale de la nourriture sur la table, doit être interrompu. • Les objets dans l’environnement immédiat peuvent être manipulés, sauf quelques uns qui ont une valeur spéciale pour Maman ou pour Papa.

Les messages logiques développent la pensée rationnelle Peu à peu, le bébé se réalise que lui et Maman n’est pas la même personne, que Maman est en fait une personne distincte. Une période où les parents

font forcément tout mal, se manifeste, car le bébé passe d’une phase de symbiose (« Maman me tient dans ses bras et fait tout pour moi ») à une phase de séparation (« qu’on ne me porte pas ! Je veux gambader dans les allées du supermarché »). Mais pas d’inquiétude, il s’agit d’une phase passagère qui s’achèvera dès que Maman et Papa réagiront en accord avec la situation ! Le très beau livre de Louise Kaplan, Symbiose et Séparation, est une référence indispensable. Dans un environnement physiquement et psychologiquement idoine, la personnalité du bébé s’intègre entre langage et mouvement, au point qu’il commence à dire « je » et à prendre conscience qu’il est un être humain séparé. C’est sur ce socle que la connaissance et le développement peuvent s’édifier. A l’école, notre Groupe Parent Bébé montre quel environnement et quels meubles et jouets sont les mieux adaptés pour stimuler le nouveau né et l’aider à gagner cette confiance en soi. A un âge si précoce, tous ces détails sont d’une importance vitale. Des habiletés futures, telles que la faculté de concentration, la motivation ou le désir de savoir, trouvent leur origine dans cette confiance en soi et dans le monde. De l’âge de marcher jusqu’à trois ans, la Communauté des Tous Petits offre aux enfants un environnement rêvé. Les activités de Maman et Papa, comme préparer le repas, dresser la table, faire la vaisselle, jardiner sont très importantes car les parents sont importants! Le fait d’accomplir les mêmes tâches avec un mobilier adapté, stimule la confiance en soi. L’interaction avec des adultes attentifs, des mouvements lents, un discours adapté aux facultés de compréhension, quelques règles basiques, il n’en faut pas plus pour aider un jeune enfant à gagner sa confiance en soi.

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Dans la Maison des Enfants: Apprendre que les autres aussi ont des

A partir de deux ans et demi ou trois ans, l’enfant s’intéresse davantage à la présence des autres autour de lui. Maintenant que l’esprit, le corps et la volonté sont plus ou moins intégrés et que la période intense d’auto construction est révolue, l’enfant peut entamer son développement social. S’il est doté d’une intelligence interpersonnelle forte, il participera spontanément aux chansons, à la musique et aux jeux. Ces enfants aiment parler et expérimenter. S’ils apprennent un nouveau mot, par exemple, ils l’utiliseront sans hésitation dans leur langue maternelle et dans la seconde langue à laquelle ils sont exposés. Bien entendu, à cet âge, ils sortent - à peine - d’une période où prédominait leur cerveau reptilien, d’où la tentation pour eux d’y revenir et la nécessité pour les parents ou les éducateurs de fixer des limites. Cependant, il faut prendre soin de

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ne pas utiliser le mot « non » trop souvent. Mieux vaut que le « non » soit dissimulé dans la façon de faire les choses, voire dans l’activité elle-même. Pour que cela soit plus clair, voici la façon dont nous procédons dans une classe Montessori: • Dans la plupart des cas, il n’existe qu’un exemplaire du matériel éducatif dans chaque classe. Ce matériel « appartient » temporairement au premier enfant qui le prend de l’étagère. Dans le cas où un autre enfant voudrait s’en saisir à son tour (cerveau reptilien), il devra d’abord demander : « puis-je jouer ou faire cette activité avec toi ? » (néocortex). • Imaginons qu’un enfant qui souhaite jouer par terre déroule un petit tapis sur le sol pour délimiter son aire de jeu ou de travail. Il s’agit d’une indication « territoriale » qui n’est donc pas reliée au comportement issu du cerveau reptilien.

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• Un autre enfant peut arriver et dire: « j’aime ce que tu fais ! ». Voilà une attitude liée au cerveau paléo mammalien (limbique) qui montre que cet enfant pratique l’empathie. Les enfants effectuent de nombreuses activités bénéfiques au groupe. Cela, les aident à respecter les autres et à dire « merci » à ceux ayant accompli quelque chose pour la communauté. Voici quelques exemples: • Les enfants sont encouragés à mettre leur fruit ou leur morceau de fruit dans un panier commun. Cela signifie qu’ils ne mangent pas leur propre fruit, mais le coupent et le mettent dans ce panier à la disposition des autres. • Les enfants coupent les légumes pour la soupe.

néocortex se développe en utilisant les mains et les cinq sens. Par ailleurs, sans expériences logiques, l’esprit logique de l’enfant reste en friche. Au fur et à mesure qu’ils vieillissent, ils enrichissent ce stock d’expériences vécues et développent leurs habiletés verbales, apprenant peu à peu à utiliser la totalité du néocortex. On comprend maintenant pourquoi ce dernier est nécessaire au développement social: des relations humaines efficaces, le raisonnement logique, la résolution de problèmes sont étroitement liées et seulement possibles quand l’individu se meut rapidement entre les strates du cerveau et puisse se connecter à chacune d’elles, principalement au travers du néocortex.

• Ils dressent la table. • Ils nettoient le chevalet après l’avoir utilisé. Une fois intégrées, ces limites font que l’instituteur ou institutrice n’a pas à intervenir à chaque moment. C’est, d’une certaine façon, l’environnement qui éduque l’enfant par des messages logiques et appropriés. L’aspect logique est important, car il participe au développement du néocortex. Si dans les exemples précités, l’institutrice avait dit « non, ne fais pas ça », l’enfant aurait continué à recourir à son cerveau reptilien au lieu de solliciter le néocortex. Bien entendu, l’interaction est importante également. L’adulte observe et intervient quand nécessaire en prenant en considération que l’enfant reprend quelque chose de positif de chaque interaction. Il est évident qu’un environnement réel est plus propice au développement du potentiel cérébral qu’un environnement virtuel. Aujourd’hui, il existe une pression forte d’offrir, y compris aux jeunes enfants, des i Pads, des ordinateurs, etc. Mais, ce dont ils ont vraiment besoin, ce sont des expériences. Comme mentionné plus haut, le

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Le concept du Bien et du Mal dans le primaire

Le cerveau reptilien fonctionne en deux modes, uniquement : défense ou attaque. Par lui, tout est noir ou blanc, ce qui est loin d’être l’idéal pour résoudre un conflit. L’empathie est la qualité nécessaire pour s’aider soi-même et guider autrui à traverser le cerveau reptilien jusqu’au néocortex. Le système d’empathie de la strate moyenne se développe de façon intensifiée à l’âge du primaire. Cette aptitude à l’empathie dépend, par ailleurs, de l’idée que chacun se fait du bien et du mal, une étape de développement moral qui est prédominante entre 6 et 12 ans. Faute d’un bagage d’expériences vécues insuffisant, jusque là, l’enfant n’a pu réfléchir à ceci. A cause de la phase d’auto construction, son exposition aux autres en dehors du cercle familial a été extrêmement limitée. Désormais, en primaire, il dispose d’un niveau de confiance en soi suffisant pour s’intéresser au concept de groupe hors la famille. Dans l’âge préadolescent, après le primaire, il apprendra à devenir un membre de la société pour la société.

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Verbalement, plus à l’aise, les enfants du primaire n’ont pas besoin de conflits majeurs pour mettre en pratique leur sens moral et leur empathie pour autrui. Au travers l’expérience, puis la parole, ensuite la discussion et l’éclaircissement des différents points de vue, ils s’adaptent et apprennent. Le grand avantage, de cette base d’expérience est son élargissement. Ainsi, il est bien qu’un enfant puisse rendre visite à une autre famille, dormir chez un ami et voir comment d’autres personnes interagissent. Les questions morales deviennent un centre d’intérêt. Il n’est pas rare d’entendre un garçon de six ans dire: « il m’a fait ça ou ça, ce n’est pas juste » (aussi je lui ai donné un coup de pied = comportement reptilien). Ou une fille raconter: « elle a dit ça et, par conséquent, elle ne peut pas venir à ma fête d’anniversaire » (autre exemple de comportement reptilien). Le rôle de l’adulte consiste alors à discuter de la question à fond sans blâmer personne. Une prise de parti de l’adulte est contre-productive et contre-indiquée, car elle

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ramène le cerveau reptilien dans un mécanisme de défense. Nous parlons ici de petits enfants avec de petits problèmes. Mais ces problèmes ont un objectif: l’enfant peut pratiquer, traverser le cerveau reptilien au paléo mammalien jusqu’au néocortex. Les adultes guident la discussion : « Que t’est-il arrivé ? Pourquoi, comment, quand, qu’aurais-tu pu faire à ce sujet ? » Ils aident à formuler la pensée, voir le raisonnement. Percevoir les choses de différents points de vue nécessite beaucoup de pratique de la part des enfants. A peine sortis de la phase d’auto construction, ils ont tendance à voir tout sous un seul angle: le leur. Ce comportement était nécessaire pour intégrer la personnalité dans les premières années, mais l’environnement psychologique doit désormais évoluer. Les limites appropriées, le vocabulaire, l’équilibre balancé entre protection et lâcher prise ; tout doit être examiné et ajusté en fonction des besoins de cette nouvelle étape. Ce qui valait pour l’enfant en âge préscolaire, n’est forcément plus approprié. En plus de toutes les interactions, l’enfant du primaire, à l’école, développe son intelligence interpersonnelle par toute une série de petites expériences. Voici quelques exemples : • Le matériel didactique encourage les enfants à travailler ensemble. Par exemple, ils doivent réaliser une addition sur un boulier, mais doivent être au moins trois pour additionner les boules jusqu’à atteindre la quantité présupposée. • En groupe, ils écoutent des histoires et peuvent poser la question qui leur vient en tête, à condition d’attendre leur tour de parler. • Ils travaillent avec des enfants d’âges différents et, par conséquent, avec des habiletés variées. Ils apprennent à se « mettre dans la peau de

l’autre ». Ils développent leur capacité d’aider, d’expliquer, de démontrer leur empathie et de varier leurs interactions. • Ils prennent part à une variété d’activités de groupe et contribuent au résultat final : ce qui développe leur sens de la responsabilité commune. • On demande aux enfants de devenir des acteurs, en non des récepteurs, uniquement. Ils ne sont pas assis en rangées, mais peuvent se déplacer et cherchent les outils requis pour chaque activité, les rassembler, les utiliser puis les ranger à nouveau afin que d’autres puissent les utiliser. • L’autoréflexion est requise dans beaucoup d’activités. L’intérêt, la motivation, ont leur espace propre dans la classe. Au lieu de faire tous la même chose, les enfants différents font des travaux différents. Cette diversité de pensée stimule leur néocortex qui gagne encore en efficacité ! Dans un programme d’éducation individualisé et multi âge, le quotient émotionnel (EQ en anglais) repère un maximum d’attention. Il est impossible pour les enfants de développer leur EQ, quand ils sont assis en rangée et font tous la même chose. Comparer les élèves les uns aux autres, par l’idée qu’ils doivent tous se livrer à la même activité au même moment, c’est faire le lit des préjugés et des idées préconçues, des traits du cerveau reptilien. Montessori a mené la réflexion beaucoup plus loin en stipulant : « la paix est beaucoup plus que l’absence de guerre ». La paix ne peut être atteinte que moyennant l’épanouissement total des êtres humains. Cela signifie prendre conscience de ses sentiments et de ses idées, savoir d’où ils proviennent et ce qu’on peut en faire. A cette fin, il est vital de se mouvoir entre les strates du cerveau avec rapidité et justesse

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Devenir un membre productif de la société Les adolescents entrent dans une troisième phase de développement, qui s’étale à peu près jusqu’à l’âge de 18 ans. Pendant le primaire, ils ont augmenté leur bagage d’expériences vécues et ont été exposés à d’autres groupes, hors de la structure familiale; ils se sont aussi familiarisés avec les notions du bien et du mal et avec l’empathie qui en résulte. Chaque étape de développement s’édifiant sur la précédente, ils sont maintenant prêts pour franchir un nouveau stade de séparation. La grande question, désormais, est : « comment vais-je trouver ma place dans cette société ? » Les adolescents ont besoin d’indépendance à un niveau différent: prendre les transports en commun pour arriver à l’école, pratiquer un sport avec des compétitions dans différents endroits, avoir un job le samedi, passer leurs vacances avec un groupe d’amis plutôt qu’en famille, etc. Le moment est venu pour les parents de fixer des limites différentes et de concéder l’indépendance requise pour s’autogérer dans un groupe plus large.

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Vers la fin du primaire, on observe généralement moins d’attitudes reptiliennes ; pourtant, elles réapparaissent dans la phase préadolescente. Nous nous y attendons tous, mais pourquoi ? Il se produit à cet âge une renaissance physique qui est combinée par un nombre de doutes et d’hésitations. Veuillez, revenir à la page 5 où sont décrites les caractéristiques du cerveau reptilien, car les cinq points cités là, sont applicables à cette nouvelle phase, bien que les choses ne se situent plus exactement au même niveau : a) La survie est désormais reliée à la recherche d’une place dans la société. b) L’exploration consiste à comprendre comment fonctionne le monde tout en protégeant son territoire, vu qu’un sentiment d’insécurité est normal à cet âge. c) Ce dernier point peut conduire aux agressions, aux abus verbaux, aux gros mots, aux actions de vandalisme comme nuire à la propriété publique.

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d) Des relations de domination entre pairs se manifestent, que l’autre soit du même sexe ou du sexe opposé, par conséquence, quand elles ne sont pas contrôlées, des comportements discriminatoires et des jugements préconçus feront leur apparition. e) La sexualité se développe normalement moyennant la bonne transmission des bonnes informations au bon moment, la définition adéquate des modèles et la fixation de limites qui se transforment en une image de soi améliorée et des relations saines. A cette lecture, on comprend pourquoi l’adolescence rime, en de nombreux cas, avec le cerveau reptilien. Par conséquent, l’adolescent a besoin d’un environnement émotionnellement sécurisé qui n’équivaut pas à une liberté totale, mais la présence de mentors près de lui qui attendent une responsabilisation d’eux. Il lui faut également un environnement d’apprentissage protecteur. A cet âge d’intense chamboulement, où les expectations et les espoirs son innombrables, l’éducation traditionnelle, où l’individu se retrouve perdu dans l’anonymat d’un grand groupe, n’aboutit qu’à entretenir le cerveau reptilien, encore rampant.

Mieux vaut entourer les adolescents d’adultes attentifs qui suivent leur évolution en élargissant peu à peu les limites. En effet, les limites ne peuvent pas être rigides et uniformes, sous peine de créer du ressentiment de la part de ceux qui n’en ont pas besoin. Ce qui importe vraiment, ce sont des limites adaptées pour que l’adolescent apprenne à se saisir du problème et à se responsabiliser pour les conséquences. IDans le livre de Jim Fay, « Tickets to Success », il est écrit: « les solutions à trouver ne doivent pas entraîner de répercussions négatives pour les autres ». Moyennant le respect de ce principe intangible, la pensée du néocortex évoluera ! Pour l’adolescent, le meilleur environnement éducatif est celui où les attentes augmentent progressivement et où les parents aident à créer, à la maison, un cadre de travail attractif qui stimule la concentration et l’intérêt. Cela réclame, bien évidemment, un nouveau niveau de séparation. Mais, quand les adolescents se voient concéder ce niveau d’indépendance, par des mécanismes de résolution de conflits adaptés et entièrement opérationnels, ils se responsabilisent de leurs actions. Bien entendu, cela n’est possible que quand les parents autorisent ce qui est approprié et pratiquent un style d’éducation en concordance avec l’âge et la personnalité de l’apprenant.

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Dans le but de permettre à chacun de se développer selon ses caractéristiques propres, la section du secondaire de Montessori ne repose pas sur des classes séparées physiquement ou par thème. En effet, comment développer de l’empathie envers quelqu’un que l’on voit rarement ? Où apprendre à résoudre les conflits quand tous regardent le même tableau noir ? Où, encore, observer les choses de différents points de vue quand elles sont divisées par matières et par sujets ? Un environnement éducatif ouvert favorise l’épanouissement de toutes les formes d’intelligence, spécialement l’interpersonnelle puisqu’il permet de prendre conscience de notre fonctionnement dans une circonstance particulière, de naviguer entre les strates du cerveau selon la situation, d’observer les choses de différents points de vue et de faire un usage toujours amélioré de notre néocortex. L’environnement ouvert ou plutôt l’espace ouvert, que nous proposons (open space), favorise l’intelligence interpersonnelle des étudiants de multiples façons : • Des situations de la vie réelle sont entrelacées au curriculum académique : – Cuisiner pour la classe – Préparer la table pour le repas – Prendre le repas ensemble – Héberger des étudiants d’autres écoles – Guider de nouveaux étudiants

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– Organiser des événements pour les personnes retraitées. – Louer des arbres de Noël, organiser les transports, les paiements, élaborer des cahiers de coloriage pour les plus petits – Nettoyer des voitures – Expositions – Se charger de la restauration pendant les concerts, nettoyer les fenêtres de la classe, organiser des dîners pour les parents – Procurer la restauration pendant les marchés de Noël – Produire de petites pièces de théâtre – Divertir les autres au travers de performances musicales – Collaborer aux activités de théâtre – se charger de la conception, des accessoires, des costumes, travailler en groupe pour organiser la musique, l’éclairage ou la chorégraphie – Faire des présentations – Discuter en groupe – Expérimenter – Résoudre des conflits – Débattre – Toute autre opportunité Dans son livre, « Intelligence is not Enough », Edward de Bono compare le QI à un ordinateur super performant. Mais il remet les choses à leur place simplement : « si vous n’avez pas le logiciel adéquat, la vitesse pour le traitement de données,

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ne vous mènera nulle part. Les outils et les cadres de la raison sont les logiciels, dont dépend la performance. Le QI ne suffit pas ». Le monde dans lequel ces étudiants évoluent est complexe. Nous voulons que l’éducation les prépare à leur vie, après l’école. Avoir un

intellect interpersonnel bien développé est un atout immense. Cela permet aussi d’instiguer la collaboration à un groupe, de voir les choses sous différents angles, de devenir accommodable, et, par conséquent, d’atteindre le succès dans la conception de produits ou des processus.

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Soyez conscients de la “tragédie du droit subjectif” Le cerveau humain est merveilleux; il possède un potentiel étendu! C’est l’organe le plus complexe dont nous disposons et, pour atteindre sa pleine performance, il doit être nourri dès la naissance et tout au long de la vie. Nous sommes tous des « enfants de notre temps » et les temps changent, constamment. Dans les livres d’histoire futurs, parlera-t-on des temps actuels comme « l’Ere de l’Electronique » ou de « l’Ere Virtuelle ? » Ne parlera-t-on pas plutôt de « l’Ere du Droit à la Satisfaction ? » Cela n’est pas impossible, car la société occidentale met tant de choses à portée de main des enfants qu’ils pensent « avoir besoin » de ces biens et de ces services. Le modèle économique rassure de façon péremptoire que la croissance est essentielle, que la stagnation est négative et que la production, guidée par la consommation, est ce qui compte réellement. Au cours des quarante dernières années, la vie familiale des enfants a énormément changé. Nous avons traversés l’époque des relations de Dr. Spock avec un père autocratique aux couples multifonctionnels qui répondent à tous les besoins de leurs enfants. La punition est devenue encouragement, les ordres sont devenus des options et les règles des propositions. Nous concédons aux enfants beaucoup de libertés dans l’espoir qu’ils ne seront pas bridés et seront en mesure de faire les bons choix dans le futur. Parallèlement, l’économie a prospéré et les enfants peuvent obtenir pratiquement tout ce qu’ils désirent, sans rencontrer contrariété, déception ou obstacle. Pas besoin d’économiser patiemment pour se procurer ce jouet fabuleux ni de travailler le samedi pour acheter cet équipement électronique dernier cri. Est-ce là la recette du succès ? Le livre, « From Innocence to Entitlement », de Jim Fay et Dawn Billings vaut la peine d’être lu à ce sujet. Il met en question les résultats d’une éducation consistante à donner aux enfants tout ce qu’ils veulent en évitant les conflits et en poursuivant une félicité constante. En effet, les individus qui reçoivent ce genre d’éducation sont

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insatiables. Alors que les autres apprennent à se contenter de moins. Il faut donc être très attentif au fait de ne pas tout donner, y compris quand sa situation économique le permet. Ce comportement est à la source du droit à la satisfaction. Il modèle les enfants qui estiment avoir droit à tout et que rien ne saurait satisfaire, voire, ayant tout mais en étant malheureux. Pourquoi ? La connaissance du cerveau triunique nous procure une explication. Quand un enfant reçoit tout de façon automatique, sans effort, seuls ses besoins basiques, situés dans le cerveau reptilien seront satisfaits. Il ne lui reste plus qu’à

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défendre son territoire et à clamer que tout lui appartient ! Quand l’enfant n’a pas à bouger le petit doigt, pas même à remercier, il lui est impossible de traverser au niveau paléo mammalien. Pas besoin non plus de chercher, de planifier, de travailler et de se livrer à un choix avant d’acheter, ce qui le raccorderait à son néocortex. Quand un claquement de doigt suffit pour obtenir ce qu’il souhaite, la stagnation au niveau reptilien est rassurée, avec les conflits ou la fuite dans la passivité qui en dérive. L’ingratitude comme résultat ! Le bonheur ne dépend pas de ce que nous avons, mais de ce que nous faisons. N’oublions pas que ce sont les mains qui dessinent les contours du cerveau et que ce sont elles qu’il faut maintenir en mouvement, le meilleur remède au droit à la satisfaction. Nous, les adultes, devons demander aux enfants de participer, en fonction de leurs aptitudes du moment. L’effort est source de satisfaction. L’action responsabilise. Le résultat de l’action est source de joie : • Un tout petit peut dresser la table, manger avec une fourchette. • Un enfant en âge préscolaire peut s’habiller et mettre le linge sale dans la machine, il peut débarrasser la table et balayer l’allée du jardin. • Un enfant de primaire peut résoudre les conflits où il est entraîné, apprendre à cuisiner, à tondre la pelouse et répéter seul ses leçons de musique. • Un étudiant de secondaire peut aider au déneigement, préparer le dîner, nettoyer sa chambre, faire seul ses devoirs, gagner un peu d’argent.

Une maison familiale n’est pas un hôtel. Comme le dit Jim Fay, « les parents ne sont pas des prestataires de services ». Une maison est une communauté vivante ou chacun a une raison d’être, un objectif. Détenteurs de l’expérience et de la sagesse, les parents sont chargés de l’organisation. Mais les enfants peuvent devenir « sages », à condition de savoir choisir, de se responsabiliser et de décider. En fin de compte, la sagesse, dans le contexte du cerveau triunique, revient à prendre conscience de l’origine de ses idées, à éprouver de l’empathie envers autrui et à fonctionner surtout avec le néocortex, le gage de décisions et d’interactions sensées et réussies.

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Lien Google: • infed.org/thinkers/gardner.htm

Livres intéressant à la bibliothèque de l’école :

• mybrainnotes.com/evolution-brain-maclean.html

• De l’enfant à l’adolescent – par Maria Montessori

• psychology.about.com/od/ educationalpsychology

• Emotional Intelligence – why it can matter more than IQ – By Howard Goleman

• inspiring-breakthrough.co.uk/learning-styles/ interpersonal-learning.htm

• L’intelligence émotionnelle– Par Daniel Goleman • Your Child’s Growing Mind – Par Jane M. Healy • From Innocence to Entitlement – Par Jim Fay and Dawn Billings • Helicopters, Drill sergeants and Consultants – Parenting styles and the messages they send – Par Jim Fay • Tickets to Success – Par Jim Fay • Intelligence is not enough – Par Edward De Bono • Symbiose et séparation – By Louise Kaplan

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