FR - Myeloma Today - Volume 24 Numéro 3 - Été 2024

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Une publication de l’International Myeloma Foundation

Groupe de travail international sur le myélome (International Myeloma Working Group)

Le sommet 2024 de l’IMWG réunit les plus grands experts du myélome pour faire progresser le diagnostic et le traitement

ÉGALEMENT DANS CE NUMÉRO :

Principaux résumés consacrés au myélome de l’ASCO et l’EHA 2024

Des données passionnantes issues d’essais cliniques de médicaments contre le myélome, de traitements combinés et bien plus encore !

Ce numéro de Myeloma Today a été cofinancé par Bristol Myers Squibb

Les congrès 2024 de l’ASCO et de l’EHA présentent quatre essais cliniques de phase III et plus encore !

Par le Dr Joseph Mikhael

Directeur médical au sein de l’IMF

Deux grands congrès médicaux annuels sont organisés successivement chaque printemps par la Société américaine d’oncologie clinique (American Society of Clinical Oncology, ASCO) et l’Association européenne d’hématologie (European Hematology Association, EHA). Les congrès annuels qui se sont déroulés en 2024 ont été particulièrement riches ! En plus de 20 ans de carrière dans le domaine du myélome, je ne me souviens pas avoir déjà vu QUATRE grands essais cliniques de phase III présenter leurs premières données à l’ASCO et à l’EHA. Cela témoigne des progrès incroyables réalisés dans le domaine du myélome au cours de l’année écoulée. J’ai le plaisir de synthétiser pour vous ces quatre études ainsi que plusieurs autres résumés présentés à l’ASCO et/ ou à l’EHA dans cinq domaines majeurs.

Myélome multiple nouvellement diagnostiqué

(MMND)

Deux des essais cliniques de phase III présentés ont été conçus pour évaluer les avantages d’une quadrithérapie (4 médicaments) chez les patients atteints de MMND qui n’avaient pas l’intention de procéder à une autogreffe de cellules souches (AGCS).

Dans l’essai clinique IMROZ (Facon), résumé de l’ASCO n° 7500,, Sarclisa® (isatuximab) combiné à l’association Velcade® (bortézomib) + Revlimid® (lénalidomide) + dexaméthasone [IsaVRd] a été comparé à la trithérapie (3 médicaments) par VRd. Une amélioration impressionnante de la survie sans progression (SSP) a été démontrée dans le bras Isa-VRd, avec 63 % des patients de l’étude toujours en rémission à 4 ans contre 45 % des patients dans le bras VRd. Après un suivi médian de 5 ans (59,7 mois), Isa-VRd suivi d’Isa-Rd a conduit à une réduction statistiquement significative de 40,4 % du risque de progression ou de décès.

L’essai clinique BENEFIT (Leleu), résumé de l’ASCO n° 7501, a comparé Isa-VRd à Sarclisa + Revlimid + dexaméthasone [Isa-Rd]. Il est intéressant de noter que le critère d’évaluation principal de cette étude n’était pas la SSP, mais la profondeur de la réponse (DpR) mesurée par la maladie résiduelle minime (MRD). La quadrithérapie Isa-VRd a démontré un taux impressionnant de négativité de la MRD à 18 mois. Dans cet essai, le Velcade a été administré chaque semaine pendant un an, puis toutes les deux semaines pendant six mois supplémentaires.

Lors du congrès de décembre 2023 de la Société américaine d’hématologie (American Society of Hematology, ASH), l’essai clinique PERSEUS portant sur la quadrithérapie avec Darzalex® (daratumumab) en association avec VRd [D-VRd] a démontré une efficacité supérieure à la trithérapie avec VRd chez les patients atteints de myélome qui avaient l’intention de procéder à une AGCS.

À retenir : les études IMROZ et BENEFIT démontrent que chez les patients (âgés de moins de 80 ans) qui n’ont pas l’intention de subir une greffe, Isa-VRd est à la fois faisable et efficace, avec des réponses profondes et durables qui nous inciteront clairement à utiliser davantage les combinaisons de quatre médicaments dans cette population de patients. Nous devons encore définir la stratégie de dosage optimale pour le VRd, car nous avons tendance à utiliser une approche « VRd léger » chez ces patients, avec une administration moins fréquente de Velcade, des doses plus faibles de Revlimid et une réduction plus rapide de la dose sde dexaméthasone.

Myélome en rechute précoce

De nombreux essais cliniques importants ont guidé notre utilisation des traitements en cas de rechute du myélome. Nous constatons qu’il est particulièrement important de choisir le traitement optimal pour chaque patient à un stade précoce du myélome, dans la mesure où le traitement est accessible, plutôt que de le « garder pour plus tard ».

En avril 2024, la FDA a étendu l’approbation de Carvykti® (ciltacabtagène autoleucel ou « cilta-cel » en abrégé) pour le traitement par cellules CAR-T des patients atteints de myélome multiple en rechute et réfractaire (MMRR) qui ont reçu au moins une ligne de traitement antérieure ; cette décision était basée sur les données de l’essai clinique CARTITUDE-4. Un jour plus tôt, la FDA avait étendu son approbation d’Abecma® (idécabtagène vicleucel ou « ide-cel » en abrégé) pour le traitement du MMRR après au moins deux lignes de traitement antérieures, sur la base des données de l’essai clinique KarMMa-3.

Pour l’ASCO et l’EHA, il était particulièrement encourageant de voir des données provenant d’études sur des patients atteints de myélome multiple à haut risque (MMHR) « fonctionnel » - ceux qui ont rechuté dans les 18 mois suivant leur réponse initiale - et de voir comment le traitement par cellules CAR-T peut leur être bénéfique. Pour plus d’informations, lisez le résumé de l’ASCO n° 7504 CARTITUDE-4 (Costa) et le résumé de l’EHA n° S208 KarMMa-2 (Leleu).

En outre, deux importants essais cliniques de phase III portaient sur le conjugué anticorps-médicament (ADC) Blenrep® (belantamab mafodotin), qui a été approuvé par la FDA pour le myélome en 2020, mais retiré du marché aux États-Unis lorsque l’essai clinique de phase III de confirmation n’a pas été positif. Cependant, nous disposons à présent de deux essais cliniques qui montrent clairement les avantages de Blenrep en cas de rechute précoce.

L’essai clinique DREAMM-7 (Mateos), résumé de l’ASCO n° 7503, portant sur Blenrep en association avec Velcade + dexaméthasone [BVd] comparé à Darzalex en association avec Velcade + dexaméthasone [DVd] a démontré un bénéfice cliniquement

significatif en ce qui concerne la SSP. La SSP médiane (SSPm) était 23 mois plus longue dans le bras BVd que dans le bras DVd (36,6 mois contre 13,4 mois).

L’essai clinique DREAMM-8 (Trudel), résumé de l’ASCO n° LBA103, portant sur Blenrep ajouté à Pomalyst® (pomalidomide) + dexaméthasone [BPd] comparé à Velcade + Pomalyst + dexaméthasone [VPd] a démontré une SSP médiane significativement plus longue dans le bras Blenrep, qui n’avait pas été atteinte au moment de la présentation contre une SSP de 13 mois dans le bras VPd. Blenrep a été ajouté à Pomalyst® (pomalidomide) + dexaméthasone [Pd] comparé à Velcade + Pomalyst + dexaméthasone [VPd]. La SSP médiane était significativement plus longue dans le bras Blenrep et n’avait pas encore été atteinte au moment de la présentation, contre une SSP de 13 mois dans le groupe Velcade. À un an, 71 % des patients du bras Blenrep étaient toujours en rémission contre 51 % dans le bras Velcade. Un nombre considérable de patients présentaient encore des symptômes oculaires tels qu’une vision floue, bien qu’ils aient pu être inversés en réduisant la fréquence des doses. À retenir : le traitement par cellules CAR-T sera probablement davantage utilisé en cas de rechute précoce, en particulier chez les patients dont le myélome rechute rapidement après le traitement initial. Nous espérons également que Blenrep sera de nouveau utilisé en clinique au cours de l’année prochaine, car il s’agit d’un traitement facile à administrer et très efficace. Cependant, nous devons encore travailler sur le dosage optimal de Blenrep afin de minimiser les effets indésirables.

Traitement par cellules CAR-T

La conception de toute une série de nouveaux traitements par cellules CAR-T constitue une avancée passionnante. Bien qu’ils ne soient pas encore prêts à être utilisés en clinique, ces traitements présentent de nombreuses caractéristiques qui les rendent très attrayants. Les CAR « rapides » se caractérisent par un temps de fabrication réduit, de sorte que les patients attendent moins longtemps la réinjection de leurs lymphocytes T. D’autres caractéristiques incluent un risque plus faible de syndrome de libération de cytokines (SLC) et d’autres effets indésirables neurologiques.

À retenir : une nouvelle génération de traitements par cellules CAR-T pourrait permettre d’obtenir des résultats encore plus efficaces avec moins d’effets indésirables.

Anticorps bispécifiques

Les anticorps bispécifiques sont devenus un élément important du traitement en cas de rechute tardive du myélome. Nous avons trois agents approuvés par la FDA : Tecvayli® (teclistamab-cqyv), Talvey® (talquetamab-tgvs) et Elrexfio® (elranatamab-bcmm). Des mises à jour des essais cliniques initiaux ont été présentées à la fois à l’ASCO et à l’EHA, avec des résultats encourageants de réponse continue, même avec des dosages moins fréquents. Il est de plus en plus courant d’augmenter l’intervalle entre les doses pour les trois anticorps bispécifiques, d’une fois par semaine à une fois toutes les deux semaines ou une fois par mois. Plusieurs essais cliniques évaluent les moyens d’administrer les anticorps bispécifiques plus facilement et en toute sécurité.

Le résumé de l’ASCO n° 7517 (van de Donk) a montré une chute spectaculaire du SLC de 72 % à 25 % avec l’utilisation du tocilizumab prophylactique chez les patients traités par Tecvayli. De nombreux autres nouveaux anticorps bispécifiques sont en cours d’élaboration, promettant une réduction des effets indésirables (linvoseltamab), l’exploitation d’une nouvelle cible de FcRH5 (cevostamab) ou un intervalle de traitement toutes les 4 semaines sans dosage progressif (ABBV-383).

À retenir : les nouveaux traitements contre le myélome évoluent pour devenir plus efficaces avec moins d’effets indésirables. En outre, nous verrons probablement une plus grande importance accordée à la gestion ambulatoire, à la réduction de l’intensité des doses, voire à l’arrêt du traitement à une période définie.

Séquençage des immunothérapies

Les nouveaux traitements du myélome tels que les traitements par cellules CAR-T et les anticorps bispécifiques soulèvent la question de l’ordre dans lequel ils doivent être administrés. Plusieurs résumés de l’ASCO et de l’EHA ont présenté des ensembles de données du monde réel permettant de séquencer les traitements du myélome en rechute. À l’heure actuelle, il n’existe pas de séquence « parfaite », mais certains thèmes sont apparus. La cible BCMA à la surface de la cellule myélomateuse que nous utilisons pour le traitement par cellules CAR-T et pour deux des anticorps bispécifiques (Tecvayli et Elrexfio) n’est pas facilement perdue lorsque le traitement est administré. La cible peut probablement être exploitée plus d’une fois, en passant d’un traitement à l’autre, mais l’ordre est important. Il peut être préférable de passer d’un CAR-T à un anticorps bispécifique, ce qui permet aux lymphocytes T de faire une « pause » entre les traitements. Enfin, une réponse de courte durée à une modalité peut encourager l’utilisation d’une cible ou d’une approche différente, comme le passage à la cible GPRC5D avec Talvey.

À retenir : les chercheurs continuant d’étudier le séquençage optimal des traitements du myélome, ce sujet devrait faire partie de la discussion sur la prise de décision partagée que les patients ont avec leur équipe de soins.

Nous vivons une période remarquable dans le domaine du myélome, car nous acquérons des connaissances sur l’utilisation optimale de la gamme croissante d’outils efficaces pour lutter contre cette maladie. Je vous encourage à consulter le site myeloma.org/webcasts/ASCO-EHA pour visionner les vidéos de l’IMF avec les principaux leaders d’opinion de l’ASCO et de l’EHA dans le domaine du myélome. MT

Restez informé des avancées clés dans le domaine du myélome ! Inscrivez-vous sur subscribe.myeloma.org pour recevoir notre revue trimestrielle Myeloma Today et notre newsletter hebdomadaire Myeloma Minute. Vous pouvez également contacter l’InfoLine de l’IMF en cas de questions et de préoccupations liées au myélome. Nous vous répondons de 9h à 16h (18h à 2h, heure de Paris) du lundi au jeudi, et de 9h à 14h (18h à minuit, heure de Paris) le vendredi, au 1 800 452.CURE aux États-Unis et au Canada, ou au +1 818.487.7455 dans le reste du monde. Vous pouvez également soumettre vos questions par courriel à l’adresse InfoLine@myeloma.org

Scientifique et clinique

Le 15e sommet annuel de l’IMWG réunit

Des chercheurs du monde entier font progresser

Président du conseil d’administration de l’IMF

Co-président du sommet de l’IMWG

Le groupe de travail international sur le myélome (International Myeloma Working Group, IMWG) est composé de plus de 300 experts internationaux de la recherche sur le myélome et des soins cliniques apportés contre cette maladie. Les membres de l’IMWG mènent conjointement des recherches fondamentales, cliniques et translationnelles visant à améliorer les résultats pour les patients atteints de myélome, tout en publiant des recommandations consensuelles scientifiquement validées et évaluées de manière critique, suivies dans le monde entier. Le travail de l’IMWG a largement contribué à mieux comprendre le myélome et ses traitements, ce qui a permis de faire progresser les soins et les résultats pour les patients.

La mission de l’IMWG est d’identifier et de mettre en œuvre les recherches les plus prometteuses destinées à prévenir l’apparition de la maladie active, améliorer le traitement et trouver un remède. L’IMWG découle du Comité consultatif scientifique (Scientific Advisory Board, SAB) de l’IMF, créé en 1995. Il a été constitué par l’IMF en 2002 et a publié ses premières recommandations consensuelles en 2003. L’IMF a organisé le premier sommet annuel de l’IMWG en 2010 à Barcelone, en Espagne.

Apporter du soutien aux travaux importants de l’IMWG et à ses membres constitue un élément essentiel de la mission de l’IMF pour développer la recherche collaborative sur le myélome et éduquer les patients atteints d’un myélome au niveau mondial. Le sommet de l’IMWG est une rencontre annuelle majeure pour

un grand nombre des meilleurs experts mondiaux du myélome qui travaillent sur des projets fondamentaux tout au long de l’année. L’IMWG est devenu l’organisation la plus prestigieuse pour les chercheurs spécialistes du myélome du monde entier, et le sommet de l’IMWG est un rendez-vous incontournable, l’occasion d’œuvrer main dans la main en faveur des patients.

Depuis 2010, le sommet de l’IMWG est chaque année un moment unique en son genre et extraordinaire, qui se distingue des autres congrès médicaux en général, et des congrès consacrés au myélome en particulier. Notre groupe a pour principal objectif de faire avancer le domaine du myélome pour le bien des patients. À ce jour, l’IMWG a publié plus de 60 recommandations consensuelles et rapports de recherche. Ceux-ci sont très appréciés dans le domaine et comprennent des documents fondamentaux tels que les critères de diagnostic, les critères de réponse et les systèmes de classification.

Le sommet 2024 de l’IMWG s’est tenu les 11 et 12 juin à Madrid, en Espagne. Plus de 100 membres éminents de la recherche sur le myélome se sont réunis pour des séances intensives de brainstorming et de planification. J’ai coprésidé les réunions avec le comité de pilotage de l’IMWG : les docteurs Brian Durie, Philippe Moreau, Nikhil Munshi et Jesús San Miguel.

Le sommet de l’IMWG a proposé à la fois une variété de présentations sur une multitude de sujets et de nombreux brainstormings. Chaque présentation était suivie d’un débat d’experts et de conversations approfondies avec d’autres experts présents dans l’auditoire. Les principales présentations scientifiques sont résumées ci-après.

Dr. S. Vincent Rajkumar
Dr. Shaji Kumar
Drs. Martin Kaiser and María-Victoria Mateos
Yelak Biru and Dr. S. Vincent Rajkumar
Drs. Joseph Mikhael and Bruno Paiva
Drs. Kwee Yong and Suzanne Lentzsch

réunit les plus grands experts du myélome progresser

diagnostic et le traitement du myélome

Plus de 200 participants ont assisté au sommet 2024 de l’IMWG à Madrid, en Espagne

GMSI et MMI

La première session a porté sur la gammapathie monoclonale de signification indéterminée (GMSI) et le myélome multiple indolent (MMI). Le Dr Thorvardur Jon Love (Université d’Islande) a résumé les principaux résultats obtenus jusqu’à présent dans le cadre de l’étude islandaise pour le dépistage, le traitement ou la prévention du myélome multiple (Iceland Screens Treats or Prevents Multiple Myeloma, iStopMM), financée en partie par la Black Swan Research Initiative® (BSRI®) de l’IMF. Le projet iStopMM a permis de dépister la présence de GMSI chez environ 75 000 personnes âgées de plus de 40 ans en Islande. L’étude

iStopMM cherche à comprendre si le dépistage de la GMSI, suivi d’une intervention précoce, peut être bénéfique pour la population générale.

Le Dr Love a présenté des données sur la prévalence de la GMSI et du MMI. Il a montré qu’il n’y avait pas d’augmentation significative du risque de GMSI chez les personnes présentant des maladies auto-immunes. Les premiers résultats montrent que le dépistage permet effectivement de détecter le myélome à un stade précoce, mais un suivi plus poussé est nécessaire pour déterminer si cela se traduit par une amélioration des résultats.

Dr. Daryl Tan
Drs. Yi Lin and Thomas Martin
Drs. Brian Durie and Nikhil Munshi

Scientifique et clinique

SOMMET DE L’IMWG – SUITE DE LA PAGE 5

Le Dr Shaji Kumar a fait le point sur le MMI. Il a souligné les différents paramètres qui peuvent être utilisés pour identifier les patients présentant un MMI à haut risque (MMI HR). Les patients présentant un risque de 50 % de progression vers un myélome à deux ans sont des candidats à une intervention précoce et à des essais cliniques. Il a également présenté les résultats actualisés des essais cliniques CESAR et ASCENT, qui sont des projets pilotes visant à déterminer si un traitement agressif précoce chez les patients atteints de MMI HR peut être potentiellement curatif. Consultez le site myelomarisk.com pour accéder aux calculateurs de stratification du risque.

Défis actuels

Le Dr Daryl Tan (Raffles Hospital, Singapour) a passé en revue les défis auxquels sont confrontés les patients du monde entier en ce qui concerne l’accès aux nouveaux traitements du myélome. Pour des raisons réglementaires et financières, de nombreux nouveaux médicaments contre le myélome sont inaccessibles aux patients dans la plupart des régions du monde. Le Dr Tan a discuté des stratégies visant à élargir l’accès aux traitements et à les rendre plus abordables.

Le Dr Thomas Martin (Université de Californie, San Francisco) a parlé du rôle que les études en situation réelle peuvent jouer pour accélérer les progrès. Les essais cliniques contrôlés et randomisés constituent la norme pour l’élaboration de nouveaux médicaments, mais ils sont longs à réaliser et ne permettent pas de répondre à de nombreuses questions urgentes. Les études de bases de données en situation réelle peuvent apporter des réponses à bon nombre de questions cruciales. Le Dr Martin dirige l’initiative en faveur des bases de données du monde réel pour l’immunothérapie de l’IMF.

Traitement initial

Le Dr Luciano Costa (Université de l’Alabama) a passé en revue les avancées actuelles dans le traitement initial du myélome. De nombreuses études indiquent aujourd’hui que l’ajout d’anticorps monoclonaux au traitement initial améliore les résultats du myélome. Pour de nombreux patients nouvellement diagnostiqués, l’utilisation d’une quadrithérapie (4 médicaments) est de plus en plus souvent la norme de soins. Les études montrent des taux plus élevés de négativité de la maladie résiduelle minimale (négativité de la MRM) lorsque des anticorps monoclonaux anti-CD38 sont ajoutés au traitement d’induction du patient.

Le Dr Francesca Gay (Université de Turin, Italie) a évoqué les stratégies futures en matière de traitement initial, notamment les essais cliniques qui testent les immunothérapies avec des anticorps bispécifiques et le traitement par cellules CAR-T (récepteur antigénique chimérique). Elle a également abordé les approches du myélome adaptées au risque et l’intégration de la MRM dans la prise de décision thérapeutique. L’autogreffe de cellules souches (AGCS) doit toujours être envisagée chez les patients éligibles.

Immunothérapies

Le Dr Paula Rodríguez Otero (Université de Navarre, Espagne) et le Dr Ajai Chari (Université de Californie, San Francisco) ont présenté les résultats actualisés d’essais cliniques portant sur des anticorps bispécifiques et des traitements par cellules CAR-T. Les traitements par cellules CAR-T et les anticorps bispécifiques sont déjà approuvés dans de nombreux pays pour le traitement du myélome multiple en rechute et réfractaire (MMRR) avancé. Ces traitements pourraient être utilisés à un stade plus précoce de

Drs. Jesús San Miguel and Philippe Moreau
Dr. Ajai Chari
Dr. Pieter Sonneveld
Dr. Wee Joo Chng with Yelak Biru and Daniel Navid
Drs. Hartmut Goldschmidt and Heinz Ludwig
Drs. Surbhi Sidana and Sonja Zweegman

la thérapie dans les années à venir. Ils ont également discuté de la sélection des patients et de la gestion des effets indésirables, notamment le syndrome de libération des cytokines (SLC), la neurotoxicité et les infections. L’IMWG a récemment publié des recommandations sur l’utilisation d’anticorps bispécifiques et de CAR-T dans le traitement du myélome.

Nouveaux médicaments et nouveaux critères d’évaluation

Le Dr Paul Richardson (Dana-Farber Cancer Institute, Boston, Massachusetts) a passé en revue les nouveaux médicaments qui seront probablement bientôt disponibles pour le traitement du myélome. Il s’agit notamment de l’iberdomide et du mezigdomide, les nouveaux modulateurs de la cereblon E3 ligase (CELMoD), plus puissants, qui sont en cours de développement clinique.

Le Dr Nikhil Munshi (Dana-Farber Cancer Institute, Boston, Massachusetts) a fait le point sur les discussions qui ont eu lieu lors d’une récente réunion de la Food and Drug Administration (FDA) organisée par l’International Myeloma Society (IMS). Il a mentionné notre collaboration visant à déterminer si la MRM et de nouvelles conceptions d’essais cliniques peuvent être utilisées pour accélérer la mise sur le marché de nouveaux médicaments contre le myélome.

Le Dr Brian Durie (ancien conseiller scientifique en chef de l’IMF) a évoqué les excellents résultats d’une récente réunion du comité consultatif des médicaments oncologiques (Oncologic Drugs Advisory Committee, ODAC) de la FDA, qui

a recommandé à l’unanimité de considérer la MRM comme un critère d’évaluation de substitution pour une approbation accélérée dans le cas du myélome. Pour en savoir plus, veuillez consulter l’article sur la réunion de l’ODAC dans ce numéro de Myeloma Today

Comités et groupes de travail

La dernière session du sommet de l’IMWG a présenté les rapports de tous les comités de l’IMWG. Des mises à jour et des plans d’action ont été présentés par les présidents des comités : le comité sur le MMI (Dr Shaji Kumar et Dr María-Victoria Mateos), le comité sur les maladies osseuses (Dr Evangelos Terpos et Dr Jens Hillengass), le comité sur l’immunothérapie (Dr Thomas Martin et Dr Yi Lin), le comité sur la qualité de vie (Dr Surbhi Sidana et Dr Sonja Zweegman), le comité sur la spectrométrie de masse (Dr David Murray et Dr Brian Durie), et le comité sur la MRM (Dr Nikhil Munshi et Dr Bruno Paiva).

Le 15e sommet annuel de l’IMWG fut une véritable démonstration de collaboration exemplaire, unique et très productive dans le domaine de la recherche sur le myélome. Nous n’en attendions pas moins de la part de ses membres exceptionnels. L’IMF est fière de réunir des experts du monde entier dans le cadre de l’IMWG. MT

L’IMF fait ses adieux au Dr Brian G.M. Durie

L’International Myeloma Foundation (IMF) exprime sa profonde gratitude au Dr Brian G.M. Durie pour ses 35 années de service exceptionnel. Son leadership visionnaire et son expertise scientifique ont contribué à faire de l’IMF l’organisation qu’elle est aujourd’hui. Bien que le Dr Durie ait quitté son rôle officiel de conseiller scientifique en chef, l’héritage qu’il nous a légué, à savoir une attention inébranlable portée aux patients et l’excellence scientifique, continue de nous inspirer. Nous avons la chance de pouvoir continuer à compter sur lui au sein du conseil d’administration de l’IMF.

« Nous sommes profondément reconnaissants au Dr Durie pour ses contributions inestimables, qui ont fait de l’IMF et de la communauté du myélome ce qu’elles sont aujourd’hui », a déclaré Yelak Biru (président-directeur général de l’IMF et patient atteint du myélome depuis 28 ans). « La réputation du Dr Durie en matière d’innovation dans le domaine du myélome à l’échelle mondiale a permis à l’IMF de se développer dans des proportions que personne n’aurait pu imaginer. L’IMF a joué un rôle de pionnier dans de nombreux domaines. Cet état d’esprit novateur a contribué à une révolution dans la recherche et à des services d’aide aux patients inestimables, offrant un avenir meilleur aux personnes présentant un myélome multiple. »

« Il s’agit d’une transition majeure pour l’IMF. Nous travaillerons dur, en équipe, pour nous assurer que l’organisation continue à se développer et à élargir sa portée afin de poursuivre notre

quête visant à améliorer la vie des patients atteints de myélome dans le monde entier grâce à la recherche, à l’éducation, à l’assistance et à la défense de leurs intérêts. À cet égard, je me réjouis de la présence de quelques-uns des meilleurs chercheurs dans le domaine du myélome au sein du comité consultatif scientifique nouvellement reconstitué », a déclaré le Dr S. Vincent Rajkumar (président du conseil d’administration de l’IMF).

Dirigé par le Dr Rajkumar et M. Biru, le nouveau comité consultatif scientifique de l’IMF comprend un groupe d’experts réputés du myélome qui guideront les initiatives de recherche de l’IMF et identifieront les domaines d’investissement et d’expansion : Wee Joo Chng, MD (Singapour), Vania Hungria, MD, PhD (Brésil), Sigurður Yngvi Kristinsson, MD, PhD (Islande), Shaji Kumar, MD (États-Unis), Sagar Lonial, MD, FACP (États-Unis), Thomas Martin, MD (États-Unis), María-Victoria Mateos, MD, PhD (Espagne), Joseph Mikhael, MD (États-Unis), Philippe Moreau, MD (France), Nikhil Munshi, MD (États-Unis), Jesús San Miguel, MD, PhD (Espagne), et Saad Usmani, MD, MBA, FACP, FASCO (États-Unis).

L’IMF continuera à s’inspirer de l’héritage remarquable de ses fondateurs, le Dr Durie, Susie Novis Durie et Brian D. Novis, pour réaliser sa mission d’amélioration de la qualité de vie des patients atteints de myélome, tout en travaillant à la prévention et à la guérison. MT

Un tournant historique dans le domaine du myélome

L’ODAC vote à l’unanimité en faveur de la détection de la MRM

Le 12 avril 2024, la Food and Drug Administration (FDA) des ÉtatsUnis a organisé la réunion du comité consultatif des médicaments oncologiques (Oncologic Drugs Advisory Committee, ODAC) afin d’évaluer les données disponibles pour soutenir l’utilisation du statut de maladie résiduelle minime (MRM) comme critère d’évaluation précoce dans les essais cliniques sur le myélome, y compris les considérations concernant le moment de l’évaluation, les populations de patients et la conception des études qui ont l’intention d’utiliser le statut de MRM pour soutenir l’approbation accélérée d’un nouveau produit ou d’une nouvelle indication.

Les panélistes de l’ODAC ont répondu à la question suivante : « Les données probantes soutiennent-elles l’utilisation du statut de MRM comme critère d’homologation accélérée dans les essais cliniques sur le MM ? » par un OUI unanime : 12 à 0. La FDA suit généralement les recommandations de l’ODAC, mais n’est pas légalement tenue de le faire. Les stratégies de mise en œuvre pour l’intégration de la détection de la MRM dans les essais cliniques actuels et à venir sont en cours d’élaboration.

La MRM est une mesure de la charge tumorale évaluée dans l’échantillon de moelle osseuse. En tant que biomarqueur, la MRM a de multiples utilisations réglementaires, notamment pour l’évaluation de la réponse et en tant que marqueur pronostique, tant dans le cadre du traitement de première intention que dans celui de la rechute. La détection de la MRM a confirmé les résultats de survie sans progression (SSP) qui sont utilisés comme base pour plusieurs approbations de la FDA dans les essais cliniques de phase III.

Le document d’information de la FDA indique que si le taux de réponse global (TRG) a généralement soutenu l’approbation accélérée des traitements du myélome, la meilleure compréhension de l’impact de la MRM sur les résultats à long terme a favorisé son exploitation en tant que critère d’évaluation. Les technologies qui détectent la présence de cellules malignes à des ordres de grandeur inférieurs à la limite du TRG conventionnel ont permis d’évaluer la MRM dans le myélome.

Le groupe de travail international sur le myélome (International Myeloma Working Group, IMWG) de l’IMF a établi des critères de réponse uniformes pour la MRM dans le myélome et elle a été incluse comme critère exploratoire et critère secondaire pour évaluer la réponse aux traitements dans les essais cliniques. La négativité durable de la MRM est une catégorie importante, que la réunion de l’ODAC a confirmée.

Plusieurs études et méta-analyses ont fait état de la valeur pronostique de la MRM, et l’obtention de la négativité de la MRM a été associée à la profondeur de la réponse clinique et à la prolongation de la SSP et de la survie globale (SG).

Les deux principaux candidats qui sont intervenus face à la délibération de l’ODAC étaient l’IMF avec l’International Independent Team for Endpoint Approval of Myeloma MRD (i2TEAMM) ainsi qu’une équipe dirigée par le Dr Carl Ola Landgren (Sylvester Comprehensive Cancer Center de l’Université de Miami – Miami, Floride). Les deux candidats ont présenté des exposés complets.

Les représentants de l’i2TEAMM présents étaient Brian G.M. Durie, MD (ancien conseiller scientifique en chef de l’IMF), Bruno Paiva, PhD (CIMA Laboratory Diagnostics, Université de Navarre –Pampelune, Espagne), Qian Shi, PhD (Mayo Clinic – Rochester, Minnesota), et Kenneth C. Anderson, MD (Dana-Farber Cancer Institute et Harvard Medical School – Boston, Massachusetts). Le professeur Jesús San Miguel, MD, PhD (Clinica Universidad de Navarra – Pampelune, Espagne) et Nikhil Munshi, MD (Jerome Lipper Myeloma Center, Dana-Farber Cancer Institute – Boston, Massachusetts), membres de l’i2TEAMM, n’ont malheureusement pas pu participer à cette réunion.

S’appuyant sur des données probantes, l’i2TEAMM a affirmé que la négativité de la MRM peut être appliquée immédiatement. Les membres de l’ODAC ont indiqué qu’une conception attentive des études et un suivi des nouveaux traitements peuvent être évalués pour rendre l’application de la réponse complète (RC) MRMnégative valide et utilisable. Les critères d’évaluation précoces acceptés ont été fixés à 9 et 12 mois après le début du traitement, ce qui signifie que la MRM peut être utilisée pour estimer les effets des nouveaux médicaments à un stade précoce. L’évaluation précoce de la MRM permet de gagner des mois, voire des années, avant qu’un essai clinique randomisé ne démontre le bénéfice en matière de SSP. Ce résultat est le fruit de près de 10 ans de recherche et de dévouement de la part de l’i2TEAMM. L’IMF souhaite également remercier Saad Z. Usmani, MD, MBA, FACP (Memorial Sloan Kettering Cancer Center – New York, NY) et Linda Huguelet, patiente atteinte d’un myélome et porte-parole de sa cause, pour leur participation aux témoignages oraux.

Le vote de l’ODAC est historique. La détection de la MRM va considérablement accélérer l’élaboration de médicaments et de traitements contre le myélome approuvés par la FDA et les mettre à la disposition des patients dans les meilleurs délais. Cette avancée marque un tournant dans les essais cliniques sur le myélome ; elle nous amène progressivement vers de bien meilleurs résultats. Les attentes à l’égard des nouveaux traitements et des nouvelles combinaisons thérapeutiques portent sur des bénéfices durables à long terme et sur une excellente qualité de vie. MT

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Dr Nikhil Munshi, Dr Brian Durie, Lisa Paik, Dr Bruno Pavia, Dr Qian Shi, Dr Kenneth Anderson, Mimi Choon-Quinones et Diane Moran

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