Poètes du monde pour le français et la Francophonie : volume 2

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Poètes du monde pour le français et la Francophonie Volume 2 3


Préface

En préparation du Sommet de Dakar qui a réuni les Chefs d’Etat des pays de la Francophonie les 29 et 30 Novembre 2014, l’Assemblée des Francophones Fonctionnaires des Organisations Internationales (AFFOImonde) avait organisé un concours de poésie. Le peintre Cobra Christian Wind avait réalisé une toile (elle apparaît en couverture du présent ouvrage) dont devaient s’inspirer les participants pour écrire leur(s) texte(s). Le thème du concours était le suivant : « La forme d’un pays, les couleurs d’un drapeau, le symbole d’une nation ... mille images francophones se cachent dans cette œuvre de Christian Wind. Découvrez-la, ressentez-la, décrypter-la et mettez en vers ce que ses tons et courbes semblent vouloir vous dire ! ». Patronné par Abdou Diouf, alors Secrétaire général de la Francophonie, et soutenu par Michaëlle Jean, qui lui succéda à ce poste en janvier 2015, ce concours fut un incontestable succès. En six semaines des centaines de poètes, amateurs et professionnels, originaires de plus de 50 pays différents, envoyèrent 539 poèmes qui comptabilisèrent au total 3,5 millions de lectures. Le thème ne fut pas toujours respecté ; l’écriture fut parfois hésitante ; vocabulaire et grammaire furent de temps à autre bousculés. Mais tous les participants se livrèrent à l’exercice avec le même enthousiasme, la même passion du français, faisant ainsi de ce concours une véritable apologie de notre langue et une démonstration incontestable de l’immense richesse culturelle que représente la diversité des pays de la Francophonie. Le présent ouvrage rassemble ces textes. Ils sont publiés sans jugement, sans correction, dans le magnifique naturel qui a bercé leur rédaction. Et c’est avec fierté que l’AFFOImonde vous les offre en lecture.

Dominique Hoppe

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Courrier d’encouragement et d’appréciation de la très honorable Michaëlle Jean, 27ème gouverneur général et commandant en chef du Canada (2005-2010) ; Envoyée spéciale de l'UNESCO pour Haïti ; Grand témoin de la Francophonie aux jeux olympiques et paralympiques de Londres 2012 ; Chancelière de l'université d'Ottawa et actuelle Secrétaire générale de la Francophonie :

« Cher Dominique, Quel magnifique projet. Faire une place au pouvoir des mots, de l'art et de la poésie, à la force de la créativité et des idées de la jeunesse est une excellente initiative. Votre invitation lancée aussi à l'autre génération, d'un autre âge, mais toujours jeune de cœur et d'esprit, me réjouit également. Je serai très prise cette semaine, à Paris, mais si votre date de tombée est flexible, je reviendrai vers vous avec un texte, pour le plaisir d'une écriture solidaire. Encore bravo! Amitiés. Michaëlle Jean »

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UN RÊVE FRANCOPHONE Image universelle du droit Posée sur le front des nations Sans discussion et sans émoi La liberté écrit son nom Dans une quête d’harmonie Où tous les hommes sont sans tutelle Les vents de la démocratie Sur les mers ne manquent pas de sel Une panoplie de couleurs Que la francophonie dessine Pour donner toute sa splendeur A la fraternité divine Bernard COURAUD (FRANCE)

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FRANÇAIS EN COULEUR Couleurs vives et variées. Nos diversités Sont en communion agissante dans le timbre. Des trajectoires confondues de qualité Secouant les préjugés exotiques de marbre Dans les sphères noires et blanches d'un espoir unique, Chantant le renouveau de l'expression gothique. Le français, le mien, le vôtre, celui de tous Survole les pays, en mine alerte de mousse. Les vastes étendues des mers et des océans Fluidifient l'échange de ses propos séants Majestueusement implanté et bien à l'aise Qui irriguent la jaune Asie de privilèges. La joie d'être compris, de lire des virtuoses Par la langue française déteint sur la rose Trônant sur les accolades dans les sommets Où le génie de l'homme sert ses exquis mets. Abdou Rahmane Diène (SÉNÉGAL)

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FRANCOPHONES, UNISSEZ-VOUS ! Quels que soient leurs pays Quel que soit le continent Ils se retrouvent unis Par le même engagement. Perpétuer leur langage Ciment de leurs origines Il a dû franchir les âges Contre celle qui domine. Il naquit dans l'hexagone Avant de prendre la mer Pour envahir bien des zones Jusqu'aux confins de la terre. Parlé dans les continents De l'Asie et de l'Afrique Le français est maintenant Retrouvé en Amérique. Les francophones sont liés Sur ce tableau en couleurs Ils sont tous ensemble alliés D'un monde aujourd'hui en pleurs. Philippe CORREC (FRANCE)

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POÈME POUR UN AMI Plume détachée Mots illuminés, J’ai écrit pour un ami Le mets parfait pour une vie. Que ton cœur soit sans frayeur Car par mes mots rassembleurs, Les siens se rassasieront de tes délices Tu m’as fait quitter ma concession Au profit de ta plantation. Ton âme est un trésor Qui n’attend qu’une simple étincelle Pour prendre son essor. Francophonie. Ton but sublime A donné force à ma plume Jadis balayée par les vagues De l’amertume. Ce jour, pour toi Mon cœur bat la chamade. Hommes d’ici et d’ailleurs Acceptez l’offrande qui vient à vous. Mélopée, bercée de ces gais récits enfantins Et dressez-en une guirlande pour la journée du français. Kouamé Koffi Jean Alfred (CÔTE D'IVOIRE)

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LA FRANCOPHONIE C'est un monde parlant même vocable Réunissant aussi diverses nations, Qui partage les mêmes émotions, Tel le soldat qui pleure son semblable. C'est aussi un arbre au tronc in-coupable Aux racines faisant sa fondation Aux branches partageant sa libation Aux feuilles fuyant tout regard blâmable. C'est l'heure de relever les défis Agir avec passion comme un confit Fournir beaucoup d'efforts utilitaires. Souvent œuvrer pour la prospérité Prévoir le sort de la postérité Ce sont là des solutions salutaires. Mamadou Saliou BALDE (GUINÉE)

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FRANCOPHONIE AIMÉE Apparu autrefois dans la plume d'Onésime Redis sans véhémence par l'humanité si preux Réécrit par ma plume amoureuse de la langue Francophonie Creuset de cultures aux couleurs fécondes Bleu qui jette en pluie les valeurs ardentes Jaune qui donne l'oiseau de la liberté Vert des feuillages qui soufflent la démocratie Violet qui vivifie le dialogue des cultures Rouge qui exclut le racisme Rouge de l'unité tel le sang du nègre et du blanc Francophonie Foyer des peuples fraternels Foyer des peuples qui répondront présents À la fiesta vespérale de la démocratie Où se chantera la solidarité Où brillera la diversité culturelle Où seront sentinelles les droits de l'homme Francophonie Colombe au vol paisible Ses plumes des nations qui s'aiment Son regard tel mon espoir Est l'avenir triomphal de ce monde inquiet Mouhamadou Bassirou Ndiaye (SÉNÉGAL)

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ODE A LA FRANCOPHONIE Oh Toi, Francophonie Du fin fond de la France à la Mauritanie Tu voyages à travers le temps Passes et passeras, malgré les tourments. Tes accents de sagesse Se mêlent aux sons des tambourins Quand, par-delà, les prairies, Les hommes chantent tes doux refrains Les enfants crapahutent au milieu du chemin Leurs mamans, de tendresse, les prennent par la main Et toutes ces voix à l'unisson, Partout dans le monde, Chanteront la même chanson Oh toi, Francophonie Tu as su ouvrir aux hommes ton cœur harmonie Oh Toi, Francophonie, Des terres sacrées aux îles boréales Tu auras su tracer la route de l'amitié. C'est à Toi, Francophonie Que je dédie ce poème Teinté de joie, sans mélancolie Afin que chacun puisse y puiser son rêve. Oh Toi, Francophonie Tu as offert au Monde, le sens du partage Oh Toi Francophonie, Tu nous auras laissé ce beau message Telle l'hirondelle qui fait le printemps, Toi, Francophonie, tu as fait de nous tous Tes enfants.

Isabelle Krief (FRANCE)

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L’HUMANITÉ RÉUNIE Que l’année soit douce et tendre Loin de la folie des hommes Qu’elle soit source de paix Pour tous les peuples du monde Rien ne peut effacer ma joie Ni la violence, ni le déni Ni la haine déversée sans nulle honte Comme un torrent de glaise, infamie Rien ne peut ébranler ma ferveur Ni l’horreur ni la barbarie Nul ne peut éteindre ma lueur Sous le mensonge ou le déni Que vos vies soient belles et bonnes Que seule la joie affecte les cœurs Que vos couleurs enfin sonnent L’humanité réunie Sarah Mostrel (FRANCE)

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LA PAIX DU MONDE Si le monde était paix Et la ronde célébrée Nous irions tous ensemble Consacrer l’évidence Nous ferions de ce monde Une illumination Et son rayonnement Ranimerait la raison Et le soleil fleurirait les saisons Et le ciel et la terre ensemble à l’unisson Nous porteraient au loin, dans l’absolue image L’horizon révélé célèbre la création. Sarah Mostrel (FRANCE)

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PARTIR AUTOUR DE LA TERRE Partir autour de la Terre Te rencontrer et célébrer l’amour Cette lumière qui dans nos cœurs en fête Trace le sillon des reflets de toujours Etoile de nos désirs Tant de périples et de routes franchis Combien de fois as-tu dû reconstruire Puis embarquer pour un autre pays ? Allume la flamme Que la joie soit à jamais dans nos cœurs Ne laisse pas les larmes Gagner ta foi en la vie, au bonheur Ton baluchon fin posé Le désert a refleuri sous tes pieds Les enfants se sont remis à chanter Des airs d’espoir, de bonheur et de paix Que d’aventures De souvenirs et traditions ancrées Traces du futur En nos mémoires gravées Allume la flamme Que la joie soit à jamais dans nos cœurs Ne laisse pas les larmes Gagner ta foi en la vie, au bonheur Toi ma promise Ma bien-aimée enfin je t’ai trouvée Laissons la brise Caresser l’humanité Sarah Mostrel (FRANCE)

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VOYANCE Le chemin est de toutes les nations, Pas de séparation, ni de solitude ! Une union des cœurs et des mains ! Tout est paix ! Loin des maudites guerres. Je vois des terres si compactes; Des fils qui partagent le même hymne. On s'entend au-delà des savanes, Murmurer des refrains charmants. Le chemin est de toutes les marches. Vers les prés, vers les pâturages, Vers les cœurs, vers les retrouvailles. Tout est glamour, suave et chaud ! L’on danse du soupir de l'autre. Je vois la belle des terres dans le vent S'offrir au bonheur des brises d'été. Dame-Mère ! Loi des siècles ! Combattante et Protectrice ! Je te revois plus forte Comme une partenaire. Comme les quatre roues, Comme la cinquième roue De toute mon existence. Le chemin est de toutes les rencontres. Il mène au pied du chêne. Il mène aux palabres, Il invite à la VIE. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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LE PETIT SILEX La vie ne s'arrête pas à une vue. Elle s'élargit dans l'entrevue. La nature personne ne la justifie. La divinité avec elle, est alchimie. Là, le savoir est là. Peu après fuyante, voilà ! Sans identité ni rien. Et à présent, l'esprit est païen. Plonge ta main dans l'esprit. Calque la pensée qui y vit. Ouvre-lui porte de la déraison. Devant l'ombre négatif, soit le rayon. Le ce que je suis est. Le deviendra très ouvert. Le plus lourd et dur fer. Peut se refaire avec le petit silex. Amadou Seck Ndiaye (SENEGAL)

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MA LANGUE D’AMOUR Telle une Juliette en conquête de son Roméo Dansante sous sa robe aux multiples couleurs Elle retentit du haut de sa hardiesse Me trouvant au plus haut de ma chasteté La discrétion digne du risible sans-cœur Abdiquant sous l’éclat de mon patois Il me tente de la résister N’y parvenant guère séduit Elle m’enjoint à cette symbiose Déclinant ma solitude dans son tréfonds Elle chante comme un oiseau roucoulant Mon cœur s’écroulant sous le charme de sa mélodie Elle est majestueuse sous ses nombreuses couleurs S’avérant ma langue d’amour Babacar Diaw (SÉNÉGAL)

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Avant de lire ce poème : C’est un poème qui, par le nombre de ses vers et de ses strophes, symbolise les cinq continents. - Chaque strophe est un quintil dans lequel les trois premiers et les deux derniers vers ont leurs propres rimes suivies. - Les trois premiers vers de chaque quintil commencent par des lettres majuscules en gras dont l’ensemble renforce l’idée de l’AFFOI. - Dans chaque quintil, il y a une couleur emblématique qui représente l’une des couleurs du drapeau de la francophonie dans le sens horaire. - Chaque strophe désigne notamment un thème particulier : La francophonie, les objectifs de l’AFFOI, la langue française et l’œuvre de Christian Wind. - Chaque strophe termine également sur un mot en gras. L’ensemble de ses mots renvoie à l’idée de la troisième journée du français : « Le monde fête la troisième journée du français ».

HARMONIE EN COULEURS A Drubec, au Québec A Cotonou, au Congo A Laval, à l’Unesco Par sa nature féconde Francophonie verdit le monde Face à ses engagements Fière de ses actions Fidèle à ses missions C’est l’unité violette Que l’AFFOI défend et fête Faisons un pays sans limites Frontières se rencontrent Flemmes de paix y habitent Dans les couleurs de son poème Le rouge sera la troisième Ouvert ce pays à tous les gens Oasis et continents Offre à l’unisson, sa langue Bleue comme la méditerranée On vit cette langue, célèbre sa journée Identité d’une personne Image d’une nation Il montre le français, sa joie jaune, sa gaieté Tel est le message de Christian Wind Qui dessine l’universalité du français H. B. (IRAN) 14


LUEURS Le jour va se lever et ma peine va finir. Ils seront bientôt las de me punir, Fatigués de me battre, de me haïr, Ils arrêteront de ricaner et de sévir. Ma souffrance n'a que trop duré! Est venue l'heure de la Liberté! L'instant fatidique, la seconde souhaitée. Pour renaitre en soldat de la vérité, Crier au-dessus des palaces et des cités Rassembler les restes de cœurs meurtris Sauvagement saccagés et flétris Barricadés, empêtrés dans ces débris Jadis châteaux fleuris Qu'éclairait la lune, solennelle. Bientôt, plus de sentinelle Ni de peine correctionnelle. Ces regards me seront fraternels, Et debout, mes pairs sortiront. Ensemble, d'un pas ferme, nous bâtirons. Et lèverons la main sans juron. Cet instant est proche des environs. Le jour va se lever. Ils tarderont de se coucher.

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Au tour des DIOUNDIOUG de résonner Au tour des verrous de sauter. Les chambres froides et noires De s'ouvrir au soleil chaque soir, Des meubles inertes de se mouvoir, De voler d'une seule aile vers le parloir. Ils ont besoin de crier. Ils ont envie de vibrer. Ils se doivent de démériter Du sacrifice injuste qu'ils ont enduré. Tous les hommes sont égaux. Devant la glace. Devant le barreau. Sur la terre et dans les eaux, Dans le paillasson et dans le château. L'instant fatidique? La minute attendue. Ils ne réclament pas de dû. Ils n'espèrent que respect et vertu, Et ne marcheront pas aux côtés du superflu. Telles, lueurs, Aux voyeurs. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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OASIS Ma rivière est à sec depuis la dernière lune, Je traîne ma soif dans le désert de ma vue. Reflets ivres aux pas lourds dans les dunes, Noire, la chaleur ardente dans le feu de mon avenue, Ce témoin au-dessus de mon calvaire, Encore silencieux de son orage suspendu, Me dévisage, mêlant son dur mistral à l'air, Aux brûlures de ma peau déjà corrompue. Je suai de grosses gouttes sous le soleil. Des vertiges me liaient les jambes. Seuls mes yeux somnolents gardaient leur éveil Dans ce désespoir, vivier de mes crampes. Ma rivière est à sec depuis la dernière lune, Je prie à genoux devant l'oasis, eau salvatrice, Litanie de tous les hommes d'infortune, Blanches gorgées, fraîches dans tout le calice. Oasis! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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LA CHAMBRE D'UN ÉTUDIANT ALBANAIS À PARIS J'ai marché sur un tas de vêtements Jetés en vrac Au milieu d'une carpette. J'ai levé le pied droit Pour avancer, Il m'est resté en l'air: Je ne savais pas où le poser. J'ai pris peur D’un manche de poêle noircie À force de faire cuire des omelettes. Je me suis appuyée sur le lavabo cassé Et un bout de savon sec A rompu le silence. Mon regard a fait le tour de la chambre Pour aller se poser Sur une bibliothèque improvisé: Ses étagères en vrai bois Supportaient de vieux livre: Une mémoire bien remplie Au fil des générations. Là dormaient plusieurs grands écrivains De ce monde Sous la même couverture que Kadaré. Sofia NAKO SUSAC (ALBANIE)

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PAROLES ET COULEURS Regarde l'horizon Où le soleil se couche... Regarde ce qui l'entoure ! Un rêve immense Qui couvre le ciel ! Voyage dans le temps... Parcours le savoir... Remonte la rivière... Et si un jour, tu vois Une rose rouge fleurir sur la branche. Si un jour, tu suis Un oiseau qui chante l'azur infini du ciel. Si au mois de mai, sur la plaine, La neige est toujours blanche ! Dis-toi tout bas, Que c'est bien des couleurs à Molière... Et par un geste de la main, Cueilles les étoiles pour en faire Des bijoux superstitieux ! Offre ta couleur et ton cœur en offrande Pour que demain, Ce rêve nous unisse. Mansour Larbi (ALGERIE)

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MA ROSE ! Bâtir une maison et laisser une grande cour Laisser les enfants y courir sous leurs habitudes, Fleurir les recoins et chasser la solitude, Ouvrir une volière aux vols de la basse-cour. Sur les murs peints en blanc de neige, Des couleurs du ciel bleu habiteront. On y entendra le chant et des refrains Crépiter sous les rebonds des mains, Fidèles extrémités des extases au chaudron. Bâtir une maison, ouverte sans porte, L'entrée, aux parfums des jardins d'été, Est dans les marches des halls lustrés. Les allées, au zénith, vous transportent. Dans les cuisines aux gratuits gourmets, Le menu est de toutes les saisons, Les liqueurs fortes et les douces potions Sont de tous les goûts et de chaque mets. Bâtir une maison et dormir sur le sol. Le corps enduit de peintures diverses. Comme une source, fondre le souterrain, Danser en indien, chasser le gnou africain. Rouler dans la poussière sans controverse. Sous les fromagers et les hauts filaos, Des lustres aux ailes des lucioles, Éclairent chaque nuit les pôles Qui s'illuminent aux contes de Yaye Daaro. Bâtir une maison dans la brousse Dompter le lion et sa crinière rouge, Monter chaque matin un étalon rouge, Voler aux cotés des oiseaux de Cabrousse. Dans le jardin des roses Aux douze coups de minuit, Retrouver l'étoile de toutes les nuits Qui m'attend, les bras pleins de roses. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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VIENS! Je m'afflige de voir Tes larmes couler Pareilles à des cascades Pour arroser tes pommettes. Je m'afflige de voir Leurs traces salées. Je promène doucement mes lèvres Sur tes joues, Car tes larmes attisent ma soif. Je voudrais tant te jeter un sort Pour pouvoir garder les perles de tes larmes En souvenir De ton hospitalité. Sofia NAKO SUSAC (ALBANIE)

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LA NUIT EST NOIRE La nuit est noire. Elle ne finit pas. Elle est silencieuse. Froide et close. Je veux sortir. Céder ma cruelle dose Mélancolique et revancharde, au trépas. Ohé ! Ohé ! Du bateau ! M'entendez-vous ? Attendez que je sorte. Il ne fait pas jour. Aucun rai dans mes yeux immobiles. Je croise mes membres juvéniles Sur le tronc de mes rêves de toujours. On m'attend. Je suis déjà le béni du village. Celui qui partage le bonheur. Qui garde notre espoir hors du malheur. Qui nous racontera la vie sans carnage. On me lève la main de l'adieu Dans un sourire dramatique. Les cinq doigts revendiquent L'ailleurs : le salut des dieux. La nuit est noire. Elle s'étire. J'entends des pleurs. Des chants désespérés. Sur mes flancs, des corps froids, surgelés. Collés à ma peau, lourds de détresse inespérée. Parfois dans les airs, la vue trouble. Plus besoin de voir mon bateau. Dans ces vagues, je veux un radeau. Ramer devant moi. Ne penser qu'à mon village. Je suis le nouvel envoyé. Vers mon ami, je brasse la mer. J'apporte les comptines de ma mère Aux sirènes des eaux qui m'ont noyé. Laissez-moi sortir. Ouvrez-moi la porte. Je vois des lumières. Je vois chuter des barrières Je vois des hommes entrer par la porte. Des Hommes ! Des Hommes ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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BRODERIE BRILLANTE Les gouttes de pluie Caressent les vitres de ma fenêtre. Dans ma chambre Cela sent bon la rose. Les pétales de l'arc-en-ciel S’entrechoquent, humides. Je vois une broderie brillante Sur le lit de ma peau blanche Hydratée de Miracle de Lancôme. La mélodie des mouvements délicats Du corps Enferme l'affliction dans un tiroir. Je l'en sors Quand je veux y goûter longuement... Sofia NAKO SUSAC (ALBANIE)

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AFRIQUE Afrique, ma belle Afrique ! Je vois dans tes nuits longues Le soleil des jours futurs. Je respire l'odeur de ta peine Diffuse, qui me devint aubaine. Toi, ma seule Afrique ! Je te vois bien droite Malgré ce pas atteint, qui boite, Qui, de belle allure, passe, Et repasse encore, dans l'impasse. Je ne veux perdre de ma vue Tes palmiers et tes gros zébus, Tes rizières et tes champs Quand ne s'entend ton chant. Afrique, ma belle Afrique. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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RETROUVAILLES Ne faites pas la guerre. Ne croisez pas le fer. Faites. Célébrez la paix. Dans le fourreau, rangez l'épée. Ne vous haïssez pas. Vous êtes du même Etat. Des terres jaunes et noires, Au ciel enneigé du blanc soir. Parcourez les sentiers, La main à la pâte du chantier, Vous ferez d'une petite vie La naissance de grandes envies : De partager, de se découvrir, Dans le sourire de l'autre, Cesser d’être nul, neutre. Ne faites pas la guerre. Il y a encore à faire. Ici, des larmes à sécher. Là, des épines à arracher. Nous. Vous. Eux. Elles. L'exception est ailleurs. Le Nobel ! Dans le silence des oppressés, Dans l'exil des réfugiés. Dans le partage des mots, Dans l'extinction des maux; Dans le gout de l'hygiène, Dans le gratuit de l'oxygène. Ne faites pas la guerre. Vous ne gagnerez que misère, Ne vous haïssez pas. Vous êtes du même Etat. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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LE MIROIR Face au miroir je vois mon reflet, Face à mon reflet je vois mon visage Mais qui est donc ce miroir qui diffuse mon image ? Est-ce un miroir qui me connaît ? Il est l’intermédiaire entre moi et mon reflet Est-ce un reflet ou une image imaginaire ? Je n’y comprends plus rien Cet homme face de moi est-il comme moi ? A-t-il la même pensée que moi ? Mes yeux me montre l’image d’un corps innocent pourtant je suis indécent Cet homme face de moi n’est qu’une image que mes yeux veulent que je sois. André Coulibaly (CÔTE D’IVOIRE)

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SEUL DANS MON SILENCE Seul dans mon silence, Je t'écris. Je revois ma vie défilant De mes premiers pas d'enfance Aux lueurs du jour naissant. Ces vents souffleurs! Que j'entends au dehors bruire, Veulent emporter ma demeure, Et, ma famille bien-aimée, détruire. Seul entre ces murs sentenciers, Je t'écris. Je voudrais sortir. Retrouver mes pas premiers Et ton sourire à l'éclat du saphir. Ces bras sur mes épaules nues, Ce regard si tendre sur ma face, Et mes yeux transpirent, éternuent, Arrachent au cœur une larme sans trace. Seul, dans ce brouillard, J'ai peur de te confondre. Au loin, hurle un noir corbillard. Un frisson long est venu se fondre Dans le quintal brut du mélancolique soir. Je ferme les yeux à double tour. Je vis des couleurs sortir du cauchemar: Elles ne sont pas du jour. Elles sont de partout et du Var. Seul dans mon requiem, je les entends. Chanter. Bercer. Panser l'au revoir, Regretté compagnon du temps. Ces terres sous mes pieds crispés, Avides de rythmes et de sols secs ! Je veux des mains et des bras habillés Qui m'applaudissent sans hypothèque. Seul dans mon silence, Je revois mes frères autour de moi,

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Me tendre la main de l'innocence, La main protectrice des aléas. Je veux toucher au pardon. Je veux plus me haïr. Je veux porter un autre nom Que je ne saurai trahir. Je veux les danses princières ! Du Nord gracieux, Au sud frénétique, svelte, sans ornière, Sur mon corps dédaigneux. Que je meurs ! Que je renaisse ! Des lointains et nobles cieux ! Des royaumes de délicatesses. Seul dans mon silence, Je voudrais ne voir que tes yeux. Coupable, j'expie ces offenses Pour une nouvelle vie à deux : toi et moi. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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L'AMITIÉ Rien de plus sacré Que d'avoir un ami Que d'avoir un confident Mais quel est cet ami qui Dans ma solitude est présent Son absence est un vide Le bourrasque tourbillonnant Il est mon abri Mon cœur déserté Il est ma fontaine d'eau Perdu dans le noir Il est ma lanterne Sans lui je suis perdu Main dans la main nous avancerons André Coulibaly (CÔTE D’IVOIRE)

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JAMAIS SANS DIMENSIONS SECRETES Demandez-lui s’il a toujours été comme ça, S’il n’a vraiment jamais changé. Cet orange est-il bel et bien peint ! Sont-ce vos jouent qui vous en ont donné la nuance ? Est-ce là le sang des cœurs amoureux qui nous feint ? Eurêka ! Est-ce le soleil qui vous a offert son cher crépuscule ? Expliquera qui pourra d’où elle nous sort cette blancheur ! De deux choses l’une, Mais je préfère les garder inconnues. Je préfère parler de ce noir. De ce noir comme ma chance, comme mon destin Presque comme la France ! Un tableau dissimule toujours un secret, Celui-ci en a deux. Tâchez ou de les trouvez, ou de trouver une excuse. Car on ne lui tient pas tête une fois devant sa tribune. Des excuses ! La mienne sera mon aveu de n’en avoir aucune ! ZANOUNE Ismail (ALGÉRIE)

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PLUS QU’UNE LANGUE….. Ton vent souffle depuis hier Sillonnant tous les horizons Conquérant de multiples générations Aujourd’hui encore, on en est fier Plus qu’une langue, une vie... La beauté de tes mots me fascine Ils ont une consonance, une clarté divine Je suis amoureuse de ton corps Comme jadis, l’était Senghor Né du bon vieux latin Depuis lors tu as fait ton chemin Même les intellectuels t’ont adopté avec foi Séduit, comme l’est AFFOI Plus qu’une langue, une vie... Brassage entre les cultures Symbole d’union, symbiose des cœurs Nous te chérissons en chœurs Francophonie tu es notre cure Plus qu’une langue, une vie... THÉRÈSE KANE (SÉNÉGAL)

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LE FRANÇAIS, QUELLE BELLE EXPERIENCE NOUS AVONS FAITE Dans le désespoir de notre analphabétisme nous l’avons rencontré Il nous a appris l’alphabet français Et nous sommes devenus libre Et nous avons découvert nos droits Et notre égalité s’est affirmée Il nous a fait découvrir La poésie Le théâtre Le roman L’art ET là nous avons rencontré nos amis Aimé CESAIRE de Martinique Léopold SENGHOR du Sénégal Molière et Christian WIND de France Avec qui nous avons chanté notre belle francophonie au rythme des tam-tam et balafons Le Français Quelle belle rencontre Quelle belle expérience nous fîmes

André NGUINI AYISSI (CAMEROUN)

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LE ROI ET LE MENDIANT Et si tu ne veux pas me partager Je ne t'obligerai jamais Je resterai pour des centaines et des milliers d'années M’installant sur les pavés En attendant l'amant bien-aimé. LE MENDIANT D'AMOUR SACRÉ J'étais un vendeur dans un des marchés Un jour, une matinée Où une cordiale cliente m'a dit JE T'AIME CHER AMI J'étais au sommet de la joie et "l'heurosité" Comme un roi dans son palais Mais, Maintenant MENDIANT D'AMOUR SACRÉ

Nader Nokrachi(ÉGYPTE)

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LANGUE DE COUSINS Oh langue adopte les cavités de ma bouche Car ma soif de deviser est inextinguible Tes rayons transperçant les variétés de couches Furent vivifiés par la pléiade crédible. De la période médiévale de Ronsard Au commun destin actuel des drapeaux cousins Le français, dans une souplesse de renard A su harmoniser les tons de ses muezzins. Paisibles couleurs versant dans le pacifique Message déterminé doublé de hauts charmes La rencontre couvée en méditerranée Irise nos tolérances au front des années. Abdou rahmane Diène (SÉNÉGAL)

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REVOLUTION Lorsqu'un jour, le peuple veut la dignité, la vie, Force est pour le destin de se rompre Et la nuit de s'évanouir... Ah! Nous voilà là... à la fondation à l'avenue Bourguiba, là... à la fondation, à la Kasbah, là, Au Bardo devant l'assemblée constituante Promulguer des synthèses. La vertu, la dignité, la sympathie, la beauté, L’audace ou le culot se rassemblent, Se réunissent, se conjuguent, se confondent ce soir, honorer une victoire. Certes, la victoire est à moi, La victoire est à vous, la victoire est à nous. Croyez-moi. Et nul ne peut nuire et maudire notre train Qui fonce à toute allure... Homme libre, femme libre, jeune libre, Pays indépendant. C'est aujourd'hui qu'on arrose et Pourquoi pas? C'est bien le moment.

Fattouma BEN FADHEL (TUNISIE)

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BONJOUR ! Baobab, as-tu vu mes frères ? Ils sont de toutes les lunes. Pareils au zénith au sommet des dunes. Ils ne connaissent ni faim, ni misère. Baobab, as-tu vu mon soleil? Froid au nord, couvant sa chaleur. Sur les terres jaunes, il éveille. Il brule le pied des danseurs. Baobab, ont-ils peur de la joie? Recroquevillés, engloutis à mourir De solitude et de désarroi. Venez! La paix ne peut souffrir. Baobab, as-tu vu ma sœur ? Elle est grenier. La porteuse d'eau. Elle fait la Vie et le Bonheur : En tout instant, en tout lieu. Baobab, as-tu le nouveau bouclier ? Il est d'arc-en-ciel. Il est Universel. Il est d'Amour et d'Amitié. MAMADOU NGOM (SÉNÉGAL)

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DEMOCRATIQUES Capturer le beau, l'offrir en partage. Nature qui m'entourez de murmures, Votre tambour résonne dans mon armure. Il parle. Il rit. Il est sans outrage. Peuples solidaires, Peuples sans face. Plus de chaos, plus de tristesse. Plus de séparation, plus de maladresse. Mettez le bonheur en surface! Plus de mains ! Unissez les bras ! Semons les sourires Dans les tristes souvenirs Défrichons de nouvelles voies. La femme au sud, esseulée, Surchargée. La porteuse. Est-elle heureuse? Elle qui charrie toute beauté. Aux emblèmes soudés, La nation nouvelle conquérante ! De ses branches renaissantes, Brillera de mille éclats, l'Amitié. Rester ensemble. Sauvegarder les vies. S'entendre au-delà des mers et des forêts. Vivre d'atmosphère. Nul étranger. Partager. Tenir les défis. Le Monde est là. Devant. Proche de mes habitudes. Il parle. Il invite à la sollicitude. Suivons ses pas.

MAMADOU NGOM (SÉNÉGAL)

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Moi, parent! Me voilà à la veille D'un bel événement, Bel et grand, Bel et heureux, Celui d'envoyer Mon enfant Pour apprendre Me voilà à la veille De ce bel événement, Cette opportunité Que j'ai toujours choyée Me voilà donc à la veille De la rentrée des classes Un si beau jour, Un si agréable matin, Qui verra mon enfant Sortir de chez moi Pour emprunter Le meilleur chemin Celui du Savoir, De l'éducation, De l'apprentissage, De la culture, Me voilà enfin A la veille d'un événement Au cours duquel J'ai fait serment De dire la même chanson! A mon enfant: Demain, c'est l'école! L'école, c'est le savoir, L'école, c'est le respect, L'école, c'est le vivre-ensemble! Tache, trésor De ne point Me décevoir! Je tacherai De faire de même! Nous serons les plus heureux Mon enfant! Achour Boufetta (ALGÉRIE) 38


HALTE!!! Le beau drapeau tricolore que je vois Sur un artimon, dressé sur chaque toit Il y en a partout, là-bas tout comme ici Chez les nababs ou chez les démunis Le rouge symbolise le sang en énorme quantité Que les militants d'autrefois ont bien pu verser Lors des affrontements méconnus mais sanglants Afin de léger un meilleurs avenir à leurs enfants Le vert qui désigne la grande persévérance Déployées avec une bonne dose d'espérance A cause de l'amour de leurs progénitures Ils ont poursuivi même si c'était très dure Le blanc qui représente le bol de loyauté Qu'ils ont eu en guise de petit déjeuner Mise en exergue avec l'amour de la patrie C'est pourquoi ils ont ainsi lutté sans répit Halte! Stop! Voudriez-vous bien vous arrêté Rangez ces beaux drapeaux s'il vous plait Laissez ces emblèmes étatique je vous prie Parce que vous vous y prenez par hypocrisie Où avez-vous mis votre amour de la patrie Peut-être, à cause des maux dans la vie Vous avez décidé d'enterrer cette valeur Oh! Que c'est triste! Quel grand malheur! Où est passé l'espoir que veut signifier le vert Car à ce que je vois, c'est devenu précaire Je remarque que le vert s'est muté en noire "Noire" qui prône un pire chaos de désespoir Mais au cas où vous voulez encore continuer Je tiens à dire que vous avez besoin de changer Veuillez réveiller le silencieux vacarme en vous Et aussi cette ténacité qui vous rend prêt à tout Il faut rappeler les devoirs qui vous incombent Où pensez-vous qu'ils ne sont plus de ce monde Il va falloir vitement revivifier votre amour de la nation C'est même plus qu'une nécessité, oui vraiment Il me semble qu'elle revêt une importance primordiale L'action de secouer votre persistance assez triviale A mon avis, c'est le moment, sinon sera trop tard, De sauvegarder la vertu de notre chère Madagascar Le tic-tac du montre nous vaut tellement cher Alors décidez-vous, croyez-moi, je suis sincère 39


Je jure que ce que j'avance n'est que la vérité Je veux tout seulement que vous soyez régulier Régulier envers notre bien aimée Grande île Qui naguère si beau est devenu si péril Hélas, elle se dégrade au fil des mois Il ne faut plus railler, oui vraiment pas J'ai la tête tournant à mille tours à l'heure C'est pourquoi, je cris, murmure et pleure La température de mon sang atteint 100°c D'où mon incurable crainte de l'infarctus Je sens les plaies d'Egypte me cotir D'où l'aurore de mes infinis délire Un déluge de larme va se passer Car je pleure comme un petit bébé Si tout cela ne va pas vite changer Je ne sais pas ce qui va bientôt arriver Ce serais terriblement infernal ici Ce serait comme à l'enfer maudit Mais pour ne pas en arriver là Je vous prie, ne m'ignorez pas Afin de fuir ces choses immondes Il est nécessaire que l'on change Je vous le demande de tout mon cœur, Veuillez m'écouter montrez votre candeur Mes affaires flottent sur le liquide de mes yeux A force d'implorer ce message précieux

Tanjona Andriamamonjy (MADAGASCAR)

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F comme FRANCOPHONE Femme francophone, Fredonne du xylophone Fierté de notre interphone F comme fidèle francophone Fille francophone, Fête avec du saxophone Folie de notre allophone F comme fan francophone Frère francophone, Fédère avec ton aérophone Fil de notre mégaphone F comme fruit du francophone Fils francophone, Frime avec ton cordophone Foire de notre publiphone F comme fait du francophone Frangin francophone, Flotte avec ton vibraphone Flot de notre téléphone F comme faciès du francophone Famille francophone, Frise avec ton électrophone Flan de notre dictaphone F comme filiation du francophone Jean Jacques MUKENDI (RDC)

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REFUGIÉ FRANCOPHONE Réel demeure ou résident lointain ? Récital de pleurs, mais refrains bénins, Reflet de la francophonie, regard humain ! Réfugié francophone, rejeté de son lopin. Reste d'espoir, c'est rencontrer vos soutiens ! Relâcher, c'est lui refuser du pain, Réalisez la réalité de ses besoins, Réfugié francophone, remettez-lui vos câlins ! Retour sans résilience, n'est rien, Régénéré, car ses réflexes sont dans ce coin, Retourner et rebâtir sa terre avec soin, Réfugié francophone, c'est votre frangin. Regarder les couleurs de loin, Réanimer et prendre soin, c'est bien, Relater sa vie au quotidien, Réfugié francophone, c'est être son témoin Jean Jacques MUKENDI (RDC)

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L’ANATHEME Ne jette pas l’anathème sur la langue de Madame de Staël Sous prétexte que les langues du bantou du wolof du swahili Sont les vecteurs de l’ascension et du soubassement culturel ! Ne jette pas l’anathème sur cette langue devenue nôtre Car féconde elle a donné naissance à d’innombrables enfants ! Nous ne l’avons pas adoptée par félonie C’est l’aliénation de l’histoire qui nous l’a imposée ! Ne jette pas l’anathème sur le champ lexical d’Hugo et de Balzac Même si la langue de Kocc (1) et la langue de Chaka Zoulou Sont les ferments d’autres mœurs et de coutumes ! Nous sommes à l’ère des cultures plurielles Le repli identitaire engendre xénophobie et Racisme Mais soyons prudents dans notre ouverture Car tout ce qui provient d’ailleurs N’est pas forcément le meilleur ! Utilise ta langue d’origine si tu veux Et laisse à l’autre le choix de créer par les Lettres Du Cardinal de Richelieu et des Mousquetaires de son roi ! Et puis ne confonds pas les bégaiements de l’écriture Susurrés dans ton dialecte Pour te croire à l’abri des exigences de la Grammaire ! Ecris en wolof écris en Bambara écris même en Massaï Mais de grâce respecte la sémantique et la syntaxe ! Ne te cache pas derrière les remparts de ton dialecte Pour infester la littérature et la poésie De fioritures et de galimatias !

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Acte de création et de liberté L’Ecriture n’a que faire des élans réfractaires Des nihilistes ! Il faut en finir une fois pour toutes Avec tous ces nullards qui s’abritent Derrière leurs dialectes Et jettent l’anathème sur la langue française ! Mamadou Lamine Sanokho (SÉNÉGAL) 1. Kocc, célèbre philosophe sénégalais du XVIIème siècle

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MON APOCALYPSE Tout passe, tout s’efface par liasse, Tout se lasse devant cette vie fugace, Rien ne bouge, hypnose ou symbiose, Un monde prêt à éclater sous un ciel cryptobiose, Tout court de partout en catastrophe, Rien ne pourra arrêter cette strophe ! C’est mon cœur qui parle, mon cœur qui pleure, C’est le cœur amer en guerre qui parle, qui tonne chaotique, Trop tard, c’est la démesure, C’est le monde qui montre sa colère, Un monde hystérique en fissures, Fécondes de tristesses sincères, Au terme de cette fertilité du cœur, avide de points de suture, J’ai vu le monde sous toutes fissures et coutures, Rien à faire hélas ! Pour recoller les morceaux et les éclats de cœurs, Rien à faire la blessure trop grave et le trou trop grand, Soudain, on se perd tranquillement sous la beauté apocalyptique des éclats, Doucement glacial à la fois réchauffé par les larves d’un volcan en éclat, Et la froideur des regards las, sous un coucher du soleil, sous le glas, Ni de chauffage, ni de chaleur, pas d’espoir pour ces âmes en errance, Rien ne bouge au fond, cœur meurtri, plein d’amertume, Un monde amaigri, détruit au passage par un volcan réveillé, Sans pitié, prêt à infecter, à affecter tout sur son passage laissant une grande strume, Tout ce qui reste, c’est un triste désert remplaçant ce jardin exotique d’agrumes, Ce jardin qui autrefois, était mon refuge discret, mon amour secret, Ce jardin de ma vie, de mon enfance et de mon adolescence, sacrée, Ma vie est devenue tel un château en ruines sous un ciel d’hiver couvert de brume, Mais demain fera jour sous le ciel et les oiseaux vont chanter, L’Hiver va donner place à l’Eté et l’Eté au Printemps et les roses vont prospérer, Et moi telle une déesse, telle une sirène, ma renaissance sera telle celle d’un enfant, posthume. Edwige .G.SANE (SÉNÉGAL)

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PAIX J’espère te retrouver un jour Sur la Terre, Sans me taire Sans crainte, sur la Terre Où il ne fait jamais jour De peur de se réveiller De vivre ce perpétuel malheur Préférant sombrer dans un long sommeil Un sommeil coloré de merveilles Et de cauchemars en douleur Cauchemars mélangés d’espoir D’espoir de paix, paix en apostrophe Monde en Catastrophe Sans le vouloir Ces trafiquants d’espoir, assoiffés de pouvoir, aveuglés de gloire, Insouciants de ces complaintes De tout un peuple en désespoir Qui porte plainte Tous, ensemble, sur les trottoirs Guidés par les étoiles et les Saints du soir Pour chanter tous ensembles à tout prix Et tous compris, applaudis entrepris, De loin, surprise, éprise par ce peuple candide La PAIX cède tel un enfant prodigue A cette belle musique parodique D’un refrain acoustique De l’autre côté, les coupables, absurdes Vêtus en blanc sur le banc des accusés Pourquoi cette décadence, ces tumultes, ces luttes ? Accusés levez-vous ! Désabusés C’est la PAIX qui parle, qui s’interroge, rebute Toutes les voix se sont tues à jamais et tout se tend à l’infini La PAIX est là, à jamais définie Condamnant à vie, toutes les brutes. Edwige .G.SANE (SÉNÉGAL)

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UN ENFANT EST BONHEUR Toi qui porte Un être dans tes entrailles N’oublie pas Un enfant est bonheur Toi qui le détiens Sous ta demeure Tiens-le et aimes-le De tout ton cœur Il est la manne Que tu cherches Un trésor pour ceux Qui s’aiment Il est l’assurance D’un lendemain meilleur Et une vie Loin du malheur Il sera pour toi Ce donc tu as tant souhaité Un espoir pour ta vie Un bonheur dans tes envies Mamadou Diakho (SENEGAL)

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LE REGRET J'étais un homme inconscient et joyeux J'étais un homme comblé Oui j'étais cet homme beau et courageux Maintenant je suis cet homme gonflé O souvenir, habite-moi La vie est belle, dirais-je La vie me maudit, n'est-ce pas? O douleur, épargne-moi Je regrette d'aimer quelqu'un soudainement Je regrette d'être précoce d'une belle femme Oui, je regrette d'être précoce et humble Et alors j'ai peur de vieillir rapidement Regret, ce sentiment qui me domine et me pèse Pourrai-je avoir une vie harmonieuse? M'est-il permis d'espérer un avenir glorieux? O mon Dieu, que le destin m'apaise Dominique Gomis (SÉNÉGAL)

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CAUCHEMAR Je souffre de voir la barbarie entre frères africains, L’Africain décimant l’Africain Je souffre de l’harmonieuse présence des coups d’Etats De voir l’Africain chef d’Etat Au banc des accusés pour crimes contre l’humanité Sur cette terre, berceau de l’humanité Je souffre de la mort désespérée de l’Africain A la quête de richesses occidentales Et si l’on se mettait à exploiter nos ressources continentales ? Je souffre encore de l’assassinat hypocrite de Sankara Un cauchemar où tout va bien D’après nos leaders bâtés au silence égoïste complice Je souffre de réaliser que ceux là Constituent un frein à notre développement Le développement de notre Afrique Mère Manipulée, souillée, blessée dans sa chair A quand la fin ? Africain, dans ta turpitude d’être africain Il t’appartient de faire de cette terre, tienne, ta fierté. Assiétou Kane Top (SÉNÉGAL)

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MON REGARD A TRAVERS LE MONDE...LE COIN DES MALHEUREUX... Je passe des heures à contempler le monde. Sur des scènes, incompris, Je vois des actes immondes. Sur le coup je reste surpris À voir des cœurs tranchés Des visages défigurés Des yeux penchés Sur la vie figurée. Je vois des personnes pleurer Pour libérer l'âme l'obscurité. Elles cherchent l'espérance et ne savent pas qu'elles ont été leurrées. Par la vie qu'on nommerait cavité. Toutes ces personnes ont le même destin. Qui les poussent à être presque fatalistes. Pourtant je vois que ces personnes s'aiment et suivent Un même chemin. Celui qui mène au bonheur malgré les différences de Couleurs car dans leurs esprits il n'y a plus de Pensées racistes Demba Ndour (SÉNÉGAL)

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MES MOTS, TOUTE MA PASSION "Mes mots, souvent, m'émeuvent ! Morne fumée, misérable effluve Trop souvent, ils s'estampillent Sur ma lune, luisant tel un soleil En ses flétrissures et laideurs, Suant de mon esprit, saugrenu rêveur ! Souvent, ils me disent rhéteur, Ceux qui m'entendent écrire, Pour une mélodie baroque – Logique ou burlesque ? – Dans l'insouciance de ce que ma passion N'est que pour mes perceptions ! Et mes mots, en cela, m'émeuvent ! Ils ne décrivent que ce qui se rive En mon cœur, mon être, mon âme ! Et même si une ardente flamme Consume ceux qui ne cessent de me médire, Ils survolent dans l'eau acerbe de ces persifleurs ! Et instinctivement, ils me viennent Dans la voracité de ce dont je rêve qu'il advienne, Se déchaînant mais titubant en mes ennuis, Rayonnant mes jours et toutes mes nuits, Ne cessant de dire advienne que pourra Car espérant qu'un jour, on entendra « hourra ! »" Cheikh Sadibou SEYE (SÉNÉGAL)

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LA NOUVELLE ANNÉE Elle vient à nous, la nouvelle année; La neige lui fait un tapis d'argent; Elle vient à nous pensive... et songeant A l’obscur secret de la destinée, Dont elle a reçu le livre changeant. Salut ! Bonne année, année inconnue ! Nous saurons _ plus tard _ de quoi sont remplis Les mois que la robe enferme en ses plis; Mais la robe blanche est la bienvenue, Mère des souhaits, fille des oublis ! Donne, o nouvel an ! Donne à la patrie Une âme plus chaude, un sang plus vermeil. Nous avons besoin de ton clair soleil; La vigne qui meurt veut être guérie, La France qui dort attend son réveil. O nouvelle année, aux yeux de mystère, Vois, nous te fêtons, des fleurs dans la main; Accomplis ton œuvre et suis ton chemin, Dis-nous:" Gloire au ciel et paix sur la terre !" Et prends en pitié le vieux genre humain. Fara Fall (SÉNÉGAL)

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TESTAMENT À MA FRANCOPHONIE Testament à ma francophonie, Ö ! Ma francophonie ton sang coule dans mes veines, Tes vibrations s’harmonisent avec mes mots et mes maux, Ö ! Ma belle francophonie j’aimerais tant que tu sois tolérante. Ö ! Ma lumineuse francophonie j’aimerais tant que tu sois fructueuse. Ö ! Ma langue française j’aimerais tant que tu sois enrichissante. Ö ! Ma francophonie on te présente par un beau tableau qui valse Où les peuples francophones se plaisent en couleurs en berceau Chantant une palette de beaux gens en compagnie d’un drapeau, Les francophones dansent en ronde où le globe contient le monde Je contemple cette belle toile faite par un peintre talentueux, Les couleurs chaudes et pastelles se marient entre elles Une lumière vient embrasser mon cœur depuis cette toile humaine, Je vois des êtres humains qui se donnent les mains pour une vie sereine, pour une communication enrichissante et constructive Le peintre a opté pour une solidarité où la francophonie est reine, Les FOI, organise une symphonie pour une belle francophonie Je suis heureuse d’être un membre qui griffonne son sincère amour Mon testament à ma francophonie, Ö ! Ma radieuse francophonie j’aimerais tant que tu sois dans tous les temps dessinant l’amour, la paix, le savoir, la tolérance. Ö ! Ma francophonie je te vois comme une reine lumineuse Qui éclaire les sentiers battus et les âmes perdues. Les pays francophones t’adoptent et te confirment. Ö ! Ma francophonie tu nous unies sous le drapeau du savoir et de l’art, Tu es la belle colombe de l’amour et de paix, tu es l’oiseau de, La sagesse qui vole tous les continents afin de semer le savoir aux gens Amoureux de la liberté, d’ouverture et d’échange, les peuples te votent Les politiciens francophones militent pour la promotion des peuples Ö ! Ma francophonie, le temps est venu pour qu’on valorise tes missions nobles et humaines dans un savoir communicatif. Fattoum Abidi (TUNISIE)

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ET SI ON PARLAIT LA MÊME LANGUE? Langue, cœur de mot. Langue, trait-d ‘union entre les hommes. Langue, point commun de culture. Langue, mère de sourire du rire. Les hommes se disputent C'est peut-être parce qu'ils ne se comprennent pas. Les hommes s'entretuent C'est peut-être parce qu'ils ne se parlent pas. Les hommes se divisent C'est peut-être parce qu'ils ne s'entendent pas. Les hommes se haïssent C'est peut-être parce qu'ils ne disent pas comment ils s'aiment. Les hommes ne se comprennent pas C'est peut-être parce qu’ils ne parlent pas la même langue. Et si on parlait la même langue? Une langue faite de sourire, Une langue qui se serre de câlins, Une langue qui se parle sans maux. Langue des yeux, langue du cœur. Et si on ne parlait pas que pour dire? Et si on parlait une langue sans langue? Et si..... et si on parlait la même langue? BARTHELUS Mardochée (HAITI)

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LE FRANÇAIS Mélange de couleurs ou de formes moulées Depuis l'ébène, tu finis immaculé Mille courbes, mille émotions, mille pensées Voilà ce que veut dire parler le français Langue universelle, symbiose des couleurs Langue universelle, à jamais dans les cœurs Langue universelle, qui pour nous est un tout Langue universelle, pour toujours et partout Issus de différents horizons mais réunis Pour parler cette belle langue qui nourrit Francophones malgré nous, mais heureux surtout Privés de toi, nous ne saurions que faire là Que dire de plus, si ce n'est, rester baba A te contempler et penser : merci pour tout ! Waly Ndiaye (SÉNÉGAL)

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SANS TITRE Ma voix, tu sais, ce n’est pas moi. Il manque toujours deux tiers. Deux tiers de moi Que tu ne perçois pas Bien que je semble entière. Je suis fille de l’exil Et des nombreuses cultures Qui ont nourri mes phrases Et construit mes blessures. Et lorsque je parle, Si je n’use qu’une langue, Il y a toutes les autres Qui frappent à la porte. Ils disent qu'il faut choisir. Ils veulent ne garder Qu’une partie de moi-même. J’ai grandi comme ça, Avec ces multiples voix Qui me répétaient sans cesse Tu n’es pas Française, Tu n’es pas Argentine, Tu n’es pas Italienne, Tu n’es pas d’ici ou Tu n'es pas d’ailleurs, Tu n’as pas de racines, de patrie, de maison. J’ai grandi partout, mais aussi nulle part, Sans définition, sans étiquette. J’ai grandi comme j’ai pu, Fragile, tordue, indéfinie, floue. Je suis maintenant une femme, Fragile, tordue, indéfinie, floue. Et ce n’est pas facile tous les jours. Samantha Barendson (ARGENTINE/FRANCE) 56


PLAIDOYER D'UN ENFANT TUÉ Parti, je ne sais où, Depuis la nuit des temps, Exilé de mon pays, De mon corps et de mon cœur d'enfant. Tout ce qui restait de moi, Je l'ai vécu en un an. Seule mon âme est sauvée, Fidèle à moi et à mes sentiments. Depuis, elle ne cesse de roder Pour réveiller les inconscients. Mes amis, la mort est éternelle Mais la vie n'est qu'un moment. Mourir pour renaître Dans un monde plus vivant. Ne perdez pas votre âme, Ne la vendez pas à Satan. Vos enfants et vos femmes, Par vos mains en mourront. Vous quitterez tous cette vie, A chaque heure et à chaque instant. Vous serez tous maudits Par toutes les femmes et par tous les enfants. Je resterai à me chercher Dans vos cœurs, dans vos corps Sur la terre et dans les ans. Je hanterai vos jours et vos nuits, Vous vivrez l'enfer dans vos camps. Je suis une âme sensible, Je suis la vie, je suis la mort. Mais n'oubliez surtout pas Que je ne suis qu'un enfant. Younes ZEMNI (TUNISIE)

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UNE SEMAINE D'AMOUR Chaque jours l'arbre de tristesse devient beau et s'agrandit Chaque instant de vide j'accumule mes propres amers soucis J’ai pitié toujours d'écrire une simple drôle poésie D’un amour semble à un mystère dans un texte de philosophie Je t'aime et je sais que la route à l'impossible n'est que de la folie Et je sais très bien que tu es la reine des femmes et j'ai bien dis Pousses donc ton cœur à m'aimer si le temps des tendresses est depuis longtemps fini Exprimes- toi si les belles paroles depuis sa naissance sont mal nourries Aujourd’hui j'ai pitié de prendre un gifle même si d'un bon amie Pour que le cœur puisse se réveiller et s'évader de la rêverie Je t’attends la, avec un cœur immense plein de nostalgies Si tu n'arriveras pas aujourd'hui le cœur se taire et s'enfuit Comme si j'ai t'aimé depuis longtemps depuis de jours et des nuits Et j'ai pour toi un suprême amour du dimanche jusqu'au mercredi Et une âme sœur de demain jusqu'au vendredi Tu es la mienne toute la semaine et même si le samedi J’ai consacré toute ma vie à construire un royaume de bonheur et d'harmonie Et je me souviens des bons moments dans les belles places avec les bons amis Et de déguster le vrai gout de la vie, ni vices, ni mal et ni jalousie Et adieu tristesse, bonjour les amis, adieu les ennemis Mais j'ai découvert enfin, que de ce monde je ne fais pas partie Et que tout le monde m'a préparé l'enfer dans cette odieuse vie Je vais donc enfin vivre seul, et je suis partie Et bonjours tristesse, au revoir les amies, bonjour l'oublie Ridha Azri (FRANCE)

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MA PRIME JEUNESSE Dans les songes d’amour, j’ai enterré ma jeunesse Et j’ai perdu les hommes, les femmes et leurs tendresses. Nous étions tous deux, et l’amour était le troisième Et j’ai toujours l'envie de dire, j’ai t'aimé et je t’aime. Comme si une brève ferveur peureuse brise le cœur Comme si la plus belle rose du jardin a perdue l’odeur. Comme si je suis venu trop tard Comme si, je suis devenue vieillard. Mon amour semble à un cri d’une plage menacée Qui va l’y tendre l’oreille si les rivières sont gercées. Voulez-vous voir mes sentiments en poudre Voulez-vous savoir comment on fait tomber le foudre. Refusez donc un homme sacré, pieux et pauvre Avec sa bonté toutes les portes fermées s’ouvrent. Ridha Azri (FRANCE)

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LA MORT J’ai perdu mon cœur, J’ai perdu mon amour, Il était mon père, Mon âme et mon frère ; Ceux que le monde ne m’a jamais offerts. J’ai appris un jour qu’il venait de mourir, Qu’il venait nous quitter, pour aller s’enfuir, Là-haut dans le ciel, pour ne plus revenir. C’était trop dur ; j’ai beaucoup souffrir, Son absence a failli me détruire. Ma lampe s’éteignit au cœur des ténèbres : J’avais plus rien ; que ma vie à maudire : Une vie de merde, une vie à haire ; Une vie de larme, une vie de soupir Une tombe sur terre, et quelque souvenir, Pour apaiser la douleur, Et déplorer la tristesse du maudis éphémère. Ö Dieu ! Dieu libérateur ; Préserve-moi de cette peine mortelle. Et imprègne dans mon cœur une envie de vivre. Amen. Taam Ayat (MAROC)

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LA PAROLE On se méfie d’elle, d’elle je me méfie Comme une arme chargée Prête à commettre une tragédie. Elle trahit souvent ma pensée. Si elle affirme ma vraie autonomie, Elle ne s’empêche pas de m’ôter la joie. Malgré ses nombreux scandales ; Perdre son usage, nous sera fatal. Tiroir du mensonge, de la vérité ; Nous y perdons ou gagnons notre dignité. Outil du dialogue, instrument de la paix Je t’honore de tes œuvres sacrées : Tu es le soin de nombreuses plaies. J’en témoigne du bien que tu crées : Du dialogue tu fais jaillir l’harmonie. Arnaud Jules Maxime YAMMA (BURKINA FASO)

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MADRIGAL Les morts se réveillent de leur sommeil, Pour voir ta beauté clairement merveille, Ici, j’entends les bravos des personnes, Te contemplèrent de ta beauté sonne, Dans nos oreilles touchées par ta voix, De ton naturel modelé par la soie, Je meurs mais j’ignorais jusqu’à ma naissance, Je renais du nez de la vie et croyance, Madrigal, nul grigri ne changera mes yeux, Sur toi, te regarder remplie mes creux, Ce vide dans mon cœur cibler la souffrance, Je suis là, attend la sérempidité annonce. Yoockhna Moon (COMORES)

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LA VIE Chois le changement de l’homme, L’homme rêve de richesse dôme, La vie fait tout pour la sérempidité, Ainsi née les découvert inattendus thés, Thés qu’on boit chaque jour grigri, Des souris qui rient dans le riz, Le monde cible la vie induite, La vie mystère demeure enquête. Le risque de la mort fait un bravo, Des hommes pleurent de défunt qui vaut, Une mémoire selon eux une richesse, Pleur pour ce défunt sans cesse. Yoockhna Moon (COMORES)

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AU DELA DES MOTS L'esprit est là, furtif dans mes songes, je lève l'ancre du bateau de mes neurones, Je navigue dans la tempête et je plonge, Libre, derrière le courant des eaux d'automne. Fantastique mon cœur du jour ! Battements et souffles qui me poussent. J'entends des sens. Les fous tambours Battre les pas valsés des vents en secousse. C'est fort. C'est très fort. De résister de mon silence au vacarme qui m'habite. Qui me ronge. Qui se débat et me séduit encore. Je ferme le regard et me décapite ! Naître de ce gros calvaire au corps. Simultanées couleurs en tourbillon Aux portes de mes rêves naissants. Belle mer qui m'emporte sans sillon Au large des brumes du temps. L'esprit est là, furtif dans mes larmes, Aux défuntes épaules, froides sans bras, Je pleure ma solitude dans la rame, Je m’essouffle derrière la lumière qui va. C'est fort. C'est très fort. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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RAISON Pauvre Chameau, sentant ses bosses vidées, Alla chez son ami le chamelier Lui demandant une solution pour la graisse fondue Monsieur le chamelier lui affirma qu'il crut Écouter son aïeul parler d'un tel phénomène Et que la solution n'était que l'ablation L'ablation! répondit le Chameau en peine Eh! Oui, mon ami, l'ablation Deux bosses ou une, où est la perdition ? Et au bout de quelques moments, on fit l'opération Le résultat n'était pas ce que le Chameau souhaitait Il finit dans la sauce du chamelier Telle est la solution lorsqu'on manque de raison Jamel BEN JBARA (TUNISIE)

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PENDANT QU'ILS DANSENT Les anges sont au-dessus de nous Chantant et dansant pour Sa Gloire Attendant qu'on se soucie des choses du dessus Trop occupés par ce qui sort du noir On dirait de la joie, de la paix On dirait de l'amour, de l'égalité Pendant qu'ils dansent Nous on se meurt d'ignorance Le jugement est au-dessus de nous Attendant notre fin, qu'il n'y ait pas d'échappatoire Un pays devrait se soucier vraiment de tout Du bien-être du peuple, avant et après l'Histoire On dirait de la tempérance, on dirait de l'humilité On dirait de belles couleurs, juste ce qu'il nous faut pour être prêts Pendant qu'ils dansent Nous on se complait d'insouciance... Rosia KWALUH (FRANCE)

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TOI Toi qui a su rendre à mon cœur le courage de réapprendre à aimer. Toi qui m’as offert ta chaleur quand dans ma vie tout chavirait. Comment aurais-je pu ne pas t'aimer ? Les années passent a contre cœur mais notre amour lui reste entier... Moi dans tes bras, toi dans mon cœur. Et nous resterons toujours liés, Avec des années de bonheur et de joie. Tout le jour je te le redirai Je t'aime de tout mon cœur. Et ne cesserai jamais de t'aimer! Omar Tito (DJIBOUTI)

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LA FLAMME DE MES DIRES Laissez-moi aller vers la déesse de l'amitié Pour la donner à son fronton un baiser Un baiser de reconnaissance en toute liberté Un baiser de conscience en toute moralité Car après tant de moquerie et d'ironie Il est bien temps de s'armer et faire ce cri Il faut que quelques choses changent dans ce pays Sans vouloir emprunter la voix du Pape ou Master J C'est un cri d'alarme, de peur et de douleur A tous nos politiciens, terroristes ou malfaiteurs À tous nos fonctionnaires, paresseux ou voleurs À tous nos directeurs sans cœur ou déstabilisateurs Cri pour exiger pour nos enfants, le pain de l'instruction Pour le bonheur de toute notre nation et la civilisation Pour sauvegarder nos forêts, nos plantations Pour favoriser entre nous l'harmonie, la force dans l'union Cessez le feu, cette guerre, ces bla-bla-bla ! La cloche a sonné, au moins pour une fois Mettons-nous debout et emboîtons le pas Pour notre drapeau, notre patrie, on n'a pas d'autre choix. Jhon Evenst Douyon (HAITI)

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UNE MAIN Une main dans le miroir Qui cherche la raison. Cinq doigts, cinq saisons. Quatre rosées. Une noire, Ma douce continentale. Sans lumière. Sans atmosphère. Ma belle verticale ! La saison du doigt Sur le silence de la loi, Sur la pierre tombale. Une main fugitive. Qui libère ses doigts, Ses fils, ses princes, proies De la meute expéditive. Une main dans l'aube ! Elle ferme ses doigts En un poing sans abois, Dur, qui ferme l'aube. Une main ouverte Fraiche des rosées, Libres doigts déliés, Levés, d'une paume verte. Quatre saisons, Cinq étés sous les étoiles, Cinq filantes sous la toile, Cinq saisons de tout horizon. Une blanche, Une jaune, Une rouge, Une noire, Une main de tous les bras. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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UN INSTRUMENT MAGIQUE Chaque toujours Presque Toujours. Il y a un monstre Caché derrière mon rideau. Derrière moi....Derrière toi. Issu de moi-même. Ici, dans mon crâne qui plane. Un fantôme...Un esprit. T’as compris ? Je parle à toi Et, je parle à Moi-même en même temps. Tu piges ? Monstre Caché dissimulé derrière moi. Au fond de moi Le monstre. Enfermé dans l'ombre...dans moi. Caché dans mon ombre. Apparence... Pénombre.. Au fond de moi Invisible et visible à la fois... Ma foi... Parfois, toutes les fois... Il intervient...sous forme de vie Une vie qui surprit Me surpris toujours Vie Étonnée. Émerveillée par le noir L'obscurité. C'est la vérité... Quelle peur. L'inquiétude et la solitude. La lassitude. Peur de l'altitude. Quelle habitude. Peur de moi, de toi et de l'autre L’autre qui n’est, que moi. Parfois, un revenant. Une vision. Un projet réagit. Apparaît. Disparaît. Réapparaît. Disparaît de nouveau. Comme c'est beau... Puis, Il réapparaît...Surgit Comme un écho L'écho d'un cœur. L'écho d'un tambour. 70


L’écho qui bat. Cœur qui bat Corps qui bat. Combat...Débat la mort. Sa mort... Ta mort. Ma mort La mort tout simplement Cadence du cœur, Naturellement. Et, C'est par une nuit d'insomnie, Que je l'ai rencontré... Brusquement, il s’est manifesté... Petite et grande. Ma pompe de cœur. Mon moteur... Ma cage thoracique! Mon Corps certifie. Justifie ma peur. Intensifie mes angoisses. Une crise cardiaque ? De quoi rougir. Je vais mourir. J'ai dit à moi-même en chuchotant. Tremblotant à haute voix tremblante. Tremblotante. Ambulante. Transmettant l'angoisse de la mort à mon esprit... Mon pauvre cœur s'est mis à trembler Tout entier. Mon cœur S'est mis à danser sans rythme. Trembler très fort. Sans cadence Il dance très fort... Fort. Mort. J'ai eu peur. Très peur. Rien ne semblait vraiment l'effrayer. Mon cœur... Il continue sa révolte... Il exige, Se détacher de ma cage thoracique. Il s'évade de sa cage thoracique. Il secoue les parois de Sa cage Il s’est révolté... Mon cœur. Ma pompe de cœur bat...Combat. Accentue ces battements Ma viande de cœur ; crache des coups. Comme les larves d'un volcan inconnu Mes larmes. Je pleure.de peur Vomissement....Évanouissement Cœur rebondit. 71


Rien ne lui faisait peur Pas même ; les grimaces de ma peur. Je racontais des histoires à moi-même Pour dissimuler ma peur. Mes angoisses...Quelles rigolades... Toutes mes inquiétudes se rassemblent. S'assemblent. Se ramassent...S’entassent Avec lui, Tas d'ombre dans l'armoire de ma mémoire, Rien Plus de traces de mes pas Rien Ma joie est morte vivante. Le mauvais sort est tenace... Je ramasse Mes larmes, Mes armes. Et mes angoisses. Sans appétit...je mange du riz Et ; Je ris. JE pleure et je m'en dors. Mélange de sensations...De sentiments J'essaye de m'endormir. Sous les battements intérieurs. Extérieur. De mon cœur D'ailleurs... je ne dors pas. Je fais semblant...de dormir M évanouir Je dors habillé. Rhabillé dans moi-même. Dans mon extrême. Dans mon corps, Je dors dedans. Je dors Dehors... Pendant mon réveil Et ; durant mon sommeil. Mon repos, c'est la fatigue qui fatigue... J'ai failli partir...Oui. J'ai failli mourir, Disparaître... disparaître à jamais. Ma pompe de cœur. C'est incroyable. Elle bat encore Quel routine de boumer toute une vie. De boumer ; le jour et la nuit, De boumer ; depuis la naissance De boumer ; jusqu' à la vieillesse Boumer, Toute une existence. Le pauvre, quel travail. Boum... quel routine... 72


Boum...Mais, Il peut Il peut s'arrêter À n'importe quel moment Il peut arrêter Son boum à n'importe quel moment de la journée À n'importe quel moment de la nuit... c’est clair...Il peut s'arrêter À n'importe quelle saison Disons l’été Disons l’hiver À n'importe quel temps Même en printemps... Il peut arrêter son Boum... A n’importe quel moment Il peut arrêter Son boum à n'importe quel moment de la vie, À n'importe...N importe quel moment. Un avis à vie...Un avis de mort. Avis d'arrêt de cœur. Je l'ai appris par cœur. J'en ai gardé l'odeur. La douleur de la disparition... La couleur de la mort, Le monstre de la mort. Alors, toujours, Presque chaque toujours, Il y a un monstre, caché derrière mon rideau... Le monstre c'est l'arrêt de cœur. L'arrêt du bus. Terminus. Terminus, tout le monde descend. Avance C'est la fin du trajet, La fin du voyage Bande annonce Né tel jour. Telle heure... Décédé tel jour, telle heure. Le générique de la fin, L'adieu... DIEU, comme c'est courte la vie. DIEU, Comme c'est longue la vie... Belle, adorable, magnifique la vie. Comme c'est horrible... Terrible la vie... Épouvantable, dégoûtante la vie 73


Très très mauvaise la vie Très très charmante...Extraordinaire Magnifique, bénéfique la vie Selon les moments d'amours... D'humeurs... D'humours... Je mourrais... Tu mourras Il mourra Elle mourra Nous mourrons Vous mourrez Ils mourront Elles mourront Mou rond Najah Hamid (MAROC) PS: Je me suis amusé à faire un calcul.... Je me suis dit...Si le cœur produit 80 battements à la seconde...Donc ,80 fois 60 le résultat fois 60 puis le résultat fois 24 heures Pour savoir combien de battements il produit le pauvre par jour... puis par 30 jours... pour savoir le nombre de battement par le mois puis ... le résultat par 12 pour aboutir à une année de battements...puis, j’ai Multiplié le résultat obtenu par mon âge actuel. Vraiment j’étais très étonné du résultat .le chiffre m a étonné vraiment...Chapeau ....sans compter Les matchs de foot que j’ai joué, ou les moments où je jouais au planches des théâtres... Car le cœur en ses moments… Fournis plus d’efforts ...plus de coup...tout le respect à tous les cœurs...il ne faut pas les manger les cœurs...cœur de bœuf...de mouton. de cochon.. de chameau...il faut respecter tous les cœurs...Cœur d’un chat.. d’un éléphant...d’un crocodile… d’un canaris...d’un lion...d’une femme...d’un homme...

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MAINS Mains calleuses, creuses et nombreuses Sur la terre terrassée, tressée de tracés, Mains aubaines, mains fontaines Sur les sillons des pilons et des millions. Mains ! Mains trouées, secouées et fouettées Qui charmez les chariots et les sots sabots Sur les routes qui déroutent la croute D'azurs et d'usure qui durent. Mains ! Des mains, chemins de lendemains, De porter mon corps, encore, aux accords des cors Qui suent la chaleur des labeurs et des saveurs Tel soleil en sommeil, vieil astre en mon éveil. Mains ! Mains vides, perfides et ivres de sollicitudes, De grains au gré de festins et de destin, De servir l'avenir de mille souvenirs Aux détours des détresses, déesses de sécheresse. Mains ! Mains fendues, tendues au du suspendu, Au roi, aux voix, à la foi qui soit voie, A mon départ vers ces ares sans rempart, Sans abri, sans repli, sans ami, sans avis. Mains ! Mains sales des salles et des vandales Qui m'entourent de tours sans pourtours, De regards tout hasards sur mes retards, Crieurs, mineurs d'un malheur qui demeure. Mains ! Mains porteuses, pelleteuses, prieuses Sur mon silence, semence d'autres sens. Je porte au macadam, les âmes d'Adam, Je laisse en laisse l'allégresse à la sagesse. Mains ! Mains qui s'ouvrent, Mains qui œuvrent. Mains des mains. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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JE N'Y CROIS PAS ! Je ne crois pas à ce silence Qui n'est toujours qu'une défense. Je le préfère au mot Qui cicatrise les maux. Je voudrais croire au regard Pour ne plus le confondre au hasard. Je veux toujours le dominer Pour rassurer les abandonnés. Je ne crois pas à cette noblesse Qui n'a de compagne qu'en la richesse. Qu'elle se suicide Et perde sa nature hybride. Je veux tout faire changer Et ne plus déranger. Me rendre indifférent à autrui Pour que la paix soit avec lui. Tout massacrer Le rendre à la vie sacrée. Je ne crois pas à cette voie Fermée aux coupables d'autrefois. Je suis l'attente Qui nourrit la vérité galopante. Je voudrai tout aimer Ne point souffrir d'être mal-aimé. Je ne crois pas à cette ressemblance Qui nourrit une terre de différences. Les hommes davantage s'en vont Ne voient pas la main que nous leur levons. Je voudrai honorer toute chose Lui ouvrir une marche grandiose. La vie serait une mort Si on lui lâchait le mors. Je la préfère néanmoins Pour des péchés de moins en moins; Je crois à la bonne minute Qui sonne la fin des disputes. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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LE PEUPLE DU SAHARA Oh peuple de brave et imposant guerriers! Peuple endormi par le temps sur ses lauriers Peuple que les temps et le monde efface! Peuple que j'aime, que je pleure mais hélas! Oh peuple à la culture tant raffinée; Ton histoire est de tragédies parsemée, Tu as tant servi les temps les plus reculés, Dans ton beau désert tous les siècles écoulés. Lève-toi plus haut et relève le défi ! Vaillant peuple descendant de braves aïeux, Dis haut et fort à l'oppression que ça suffit! Tu es, certes grand, brave, fier et courageux! L'humanité est jalouse du lithame, Ou du khol que mettent ces belles dames; Ou cette fierté qui reste dans les âmes, Malgré sécheresse, le fer et la flamme ! Tant attisés hélas par les temps modernes ! A travers ceux qui décident et gouvernent, Et les voies de la liberté ,ils les cernent! Tuent ta dignité et ceci te concerne ! Oumar Ag Idouwal (MAURITANIE)

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DÉTOUR Tu es parti en un jour triste Sans laisser d’adresse Sans faire d’adieux à l’artiste Laissant ton mouchoir encore humide dans le noir Des traces de larmes parsemaient le parterre J’ai contenu ma rage avec sagesse Comme un enfant en faiblesse ne clamant mot Hagard mon regard fixa sur le miroir en haut Ou est et écrit en rouge à lèvre tendresse Ému et en guise de réponse Je te dis source que tu sois aussi lointaine Je noierai mon chagrin dans ton eau RABAHI abdelmalek (ALGERIE)

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MA TITANIC J'ai quitté l'ombre des fromagers, J'ai retrouvé le soleil des bitumes, Les hommes et les femmes, de coutume, S'y côtoient, pareils, les pas étrangers. J'ai quitté cette rosée incolore, J'ai emménagé mon soupir Dans la tour de l'avenir. La brume y valse, libre et multicolore. J'ai quitté mon champ et ma daba, Mes bras s'allègent. Mes mains se libèrent. L'horizon au loin allume des réverbères. Il chuchotait : "viens vite chez moi". J'ai poussé mon regard vers le vide, J'ai vu le sosie de mes rêves Sonner, de mes peurs, la trêve. Le fléau de ma vie hybride. J'ai quitté les remords et les doutes. Je sors des prières protectrices De ma mère bienfaitrice. Le présent est ma seule route. J'ai quitté le sol pour les vagues, Dans la mer qui bouge, qui emporte. Les nuages sont là. Dans mon cœur qu'ils déportent. Maintenant, plus jamais je ne reverrai ma pirogue ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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LA SIRÈNE DES CIEUX Une sirène, dans le calme noir, passait Entre mon silence et mon soupir excités De grâce et d'amour qu'offrait sa nature, Si douce, si pleine de mon passé inquiet. Un million de fois, je l'ai regardée de loin, Senti son cœur battre ma vie, Dansé au rythme de ses pas chantants. Un million de fois, je l'ai ouïe partir. Son regard me serre. M'extasie de bonheur. Sa silhouette fleurie me libère D'escapades vers des douceurs secrètes Et nulle envie ne surprenne mon écoute. J'étais là. En elle. Perdu dans ses rires. Sirène ! Aube de mes nuits, de mon âme? Diurne, ton visage dans mes nuits! Ta beauté, aimant de foi et d'oublis ! Je vais couvrir ton être de toute forme, De tout silence pour ouïr mon souffle Ériger tes cheveux en doux manteau, Le soir, dans mon berceau. Un million de fois, je l'ai suivie De mon espoir qui pompe son cœur De toujours être pour ma vie L'artère et la veine de tout mon désir. Cette sirène dans le calme noir..... Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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DEMAIN Je suis déjà né. Libre de mon sein. Dans le sourire rassurant de Mère, J'ai posé un pas vers mon destin, Un autre pas vers ton univers. Je grandis avec toi, sous ton soleil. Je suai de labeurs et de fouets Si, avec ma guitare, je ne pleurais Ma douce forêt et mon doux sommeil. Dans le chant de Mère, toute ma paix ! Je ris ! Je danse ! Sur ma terre ! Mes pas se délient, se déterrent ! Pour moi, les mains de la Liberté ! Claquent, claqueront.................... Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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JE T'ATTENDS Je t'attends depuis lors Hier et aujourd'hui encore Rien n'a changé, c'est le même décor C'est la magie, la même anthologie La même énergie, la même rage La rage de vaincre La rage de convaincre Te convaincre à partir Te convaincre à te déshabiller Te convaincre à coucher Coucher, oui coucher avec les pieds levés Coucher avec la tête basculée Basculée en arrière, le nez dans l'air Les yeux fermés, l'air détendu Aussi détendu que les seins nus Seins nus seins sans soutiens Non, t'es pas sans soutien Je te soutiens par le ventre Le haut et le bas ventre Je ne toucherai pas au piercing de ton nombril Je l'enlèverai doucement Si doucement et sans que tu le saches Saches que c'est ma tache Ma tâche de docteur, soulager la douleur Douleur à la tête, douleur au cœur Regardez les, Qu'est-ce qu'ils pensent ? C'est le Trendelenburg Car elle est tombée en choc Choc d'être tombée amoureuse Choc de ne pas pouvoir partir Choc d'avoir su que c'était un rêve Même sous le choc je l'attends encore Encore et encore... DOUYON Jhon Evenst (HAITI)

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UNE FLEUR Pour mon amour, mon peuple Ce peuple qui cherche l'abreuvoir Comme un aveugle qui veut Mais ne peut pas voir Une fleur qui par son odeur Rentre dans son esprit Change la haine et tabous Par la quiétude et le progrès Une fleur qui par sa chaleur Réchauffe son petit cœur En le transmettant amour et tendresse Hospitalité et générosité Une fleur qui par sa couleur Colorie son présent et future par les couleurs de bleu et rouge Mon drapeau de victoire et d'histoire Une fleur que par ses vaisseaux inhibiteurs Alimente sa patience et espoir La misère est fille de la division Notre devise est notre remède Une fleur dis-je l'admirateur Cache de sérieux petits secrets Pas besoin d'yeux poétiques car dans ses pétales tout est clair Douyon Jhon Evenst ( HAITI)

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DE LA RAISON DE L'ÂNE Monsieur l'âne décida un jour de renverser Le régime de cette forêt qui est depuis longtemps gouvernée Par monsieur le lion, l'héritier. Il appela les animaux Qui lui avaient soufflé quelques mots: - C'est un suicide! dit le corbeau, Je quitterai le lieu plutôt que de risquer la vengeance du lion et de Ses lionceaux. - Quelle idée de génie! Affirma le renard, mettons-nous au boulot, Mon ami le nouveau roi des animaux! J'irai dès maintenant préparer l’assaut - Que cherches-tu, pauvre ami! s'exclama la Chouette étonnée. Âne, as-tu bien réfléchi? As-tu bien pensé au sort de la forêt? Monsieur l'âne n'écouta point les paroles de la Chouette Il prit quelques sots et se dirigea vers le palais avec l'alouette Chantonnant et réclamant Le pouvoir tant accordé à un hautain répugnant Mais, voilà que tout lui tourna au pire Le renard, parti tôt, avoua tout au lion Avant que l'âne ne soit présent Pauvre âne dut aborder seul le vampire mécontent Tel est le sort de celui qui ne suit pas la raison Jamel BEN JBARA (TUNISIE)

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UN SEUL PEUPLE J'ai trempé ma plume dans ton art Pour dessiner une poésie Et du silence d'or qu'impose ton art J'ai tiré la voix de cette poésie Pour supplier le ciel De guider la terre Et l'aider à imiter l'arc-en-ciel Différentes couleurs Différentes personnes Mais Un seul peuple Un seul peuple dans un seul monde Main dans la main pour commencer la ronde Nous sommes des milliers Nous sommes un Différentes villes Différents pays Un seul monde Un seul peuple Samuel BEAUCHAMPS (HAITI)

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PAR TES COULEURS DIVERSIFIÉES Par tes couleurs diversifiées Tu m'as rappelé Que nous pouvons être un En restant pluriel Par tes couleurs diversifiées Tu m'as rappelé Que c'est parce qu'on est différend Qu'on est meilleur ensemble Par ta peinture Wind Tu nous rappelle tous La beauté d'une langue Qui unit plusieurs nations Samuel BEAUCHAMPS (HAITI)

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LA VOIX DU PASSÉ Regarde dans le passé Qu´as-tu fait de nos souvenirs ? Qu'as-tu fait de nos rires? Vois-tu encore mes ires ? Regarde dans le passé Nos délires puérils Tes envies plurielles Engloutis par ce monde cruel Observe notre passé Sonde la profondeur Invoque nos douleurs Où est passé ce bonheur? Regarde le passé Vois-tu nos escapades? Et tous ces rancards Dictant nos incartades Regarde dans le passé Ces serments débités Ces vœux échangés Ne les as-tu pas oubliés? Ecoute le passé Ecoute ces cris Ces voix mûris Féconds comme le lys Regarde le passé Ces larmes que tu vois Ces chagrins qu´ils noient Cimentent notre foi Montre au passé Les expériences acquises Ces générations qui grandissent Édifiant la bâtisse Réndodjo Em-A Moundona (TCHAD)

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UN POÈME S'EN VA SEMER LE BONHEUR Un mot Une image Une idée Une phrase Un rêve Un mot à écrire Une idée à dire Un poème surgit Des profondeurs de mon être Il refuse les frontières Il revendique sa liberté de dire et de faire Torse bombé et pieds nus Il s’en va semer le bonheur Dans les cœurs de tout le monde Là où les fleurs changent de main pour fleurir ailleurs Là où on conjugue la vie en commun Loin des spécificités et des différences Là où le vivre en commun est libre Sans muraille et sans barrage Sans interdit et sans étroitesse Il s’en va les cheveux dans le vent Défendre la liberté Partout dans le monde Heureux d’être libre Un poème s’en va semer le bonheur Mohamed Ouafi (ALGÉRIE)

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LA PLUIE La mousson souffle sa vapeur sur le sahel Qui en est ravi et toujours de plus belle! Depuis ce petit luisant lever du soleil, Au campement un peu après son long réveil. Des nuages de coton paraissent vers l'Ouest Montent, viennent, s’entassent et d'autres restent. Et l'eau douce des outres n'est plus fraîche, Malgré que leurs poils roux humides s'assèchent. La savane aime le silence offert, Une pesante chaleur s'abat sur terre, Une humidité suffocante dans l'air Envahit tout et prépare le cratère. Quelques petits tourbillons roulent çà et là A l'Est un gigantesque brouillard là-bas Jaunâtre, rouge et noirâtre se dresse Et le temps s’arrête en toute paresse. Une énorme poussière engloutit l'espace. Elle arrive faible, forte et passe. Et des gouttes grasses tombent sur nos tentes. Une chaleur jaillit du sol et ses fentes. Poussiéreuse et humide, elle nous étouffe. Un instant tout est eau, la vie et le bonheur La nature donnera ses belles touffes Hommes et animaux regagnent plus d'ardeur Dans l'espoir d'une herbe qui naîtra demain! Un jardinier optimiste enterre des pépins! Oumar Ag Idouwal (MAURITANIE)

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FLÂNERIES Ma tête, souvent, trottine Sur divers univers Où mille lunes Éclaire de toute leur lumière ! Qu'elle aime voler Au-dessus de la rivière Des mots auréolés Du rythme d'un vers ! Qu'elle aime nager En cette rivière Où de belles sonorités Se bâtissent sur divers airs ! Qu'elle aime marcher Sur cette céleste terre, Violon et balafon joués, Savourant la douceur de l'air ! Et tel le vent fuyant, Elle court et voyage partout, D'envies et d'espoir, s'armant Dans ce monde aux moult remous ! Et telle une lumière, L'on ne le voit courir ! Mais en cet univers, Elle rame à toute allure ! Cette tête, telle la terre, Si vaste qu'elle accepte tout, Marche et ne s'altère Dans ce tout aigre-doux ! Car ma tête aime trottiner Sur divers univers ; Qu'elle aime flâner Dans le lyrisme de ce qui la rend fière ! Cheikh Sadibou Seye (SÉNÉGAL)

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ÉCLOSION L’œuf éclos, La vie est; Plutôt le sens serait: L’ultime illusion du faux. Le monde nait du désert chaud, Et j’étais son passager au repos. Présume-je être mon propre dieu, Ou encore le maitre de ces lieux? Alors ma patience n’était que l’essence, Me donnant la force de marcher vers ma misère. Obnubiler d’un rêve de m’accrocher à l’ignorance, Et une telle insolence suit toujours l’enfer. Et s’il n’est plus beau, S’il n’est plus sensible; C’est que son amour est faux. Oh! Frivole désirs de ce temps pénible! J’ai cru voir la corpulence de cette paix. Son sexe de conquérir la peur des nations. L’envie de ne plus plier sous le faix; Mais le corps ligoté aux fers et la pensée à la dérivation. L’esprit en péril et ma chair brisée, De subir les conséquences de la futilité. Je peigne l’ombre du subconscient, Et je caresse le désir de dessiner l’océan. L’éclosion de mystères du bleu de la profondeur. Le goût salé de la mer, La lumière transperçant l’épiderme des frayeurs, Et j’ai vu les nageoires aquatiques du revers. La vire volte d’un enfant étrange. La naissance de l’imperfection d’un songe, Ou les pleurs fleurissent le temps d’un regard; Sur l’avenir des fruits amers d’un éternel cauchemar.

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Je conjugue l’imparfait du temps, Le conditionnel des émotions futures. Jadis la vie incomprise n’était qu’un élément, Le squelette de ces âmes sans structure. Alors je tourne mes yeux loin de cette folie. La gloire d’intensifier l’inutile, Simple mais toujours ennuyeux pour un cœur stérile. Ah! Le rire le calme des temps incompris! Une liberté virtuelle des faits naissants, La métamorphose des plans méthodiques. Tout vient du vent, Où la paille voyage pour poser sa semence a la terre. Et que naisse la nature humaine! Angélique et en même temps diabolique. Vantez-vous de cette science si vaine? Faites-vous donc jamais l’idée qu’elle ne sera plus? Eclosion… John Dorvilier (HAITI)

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EGOS Par ci, par-là, l'on danse, Les corps fébriles en transe Font vivre le culte du bonheur sans joie: Des moments de rêve d'un monde sans foi. Par ci, par-là, l'on court, Pour céder à nos folies un libre cours; Les mesures sur les fausses grandeurs Amputent la coupe de nos valeurs. Par ci, par-là, l'on parle, Les mots au-devant des paroles Accusent l'innocent, le lient au barreau: Malhonnête, cette amitié qui vire au tombeau. Par ci, par-là, l'on se dispute, Croyant au signal pour la fuite, Courir vers son obstacle. Crier à tort, moisir dans son cercle. Par ci, par-là, l'on rit, L'on montre ses dents couleur de riz, L'on se sauve d'une loi, Les hommes meurent sur leur croix. Par ci, par-là, l'on pleure, D’être dans des leurres. L'on se montre dans une tristesse Qu'une larme démaquille de justesse. Par ci, par-là, l'on jubile D'avoir gagné un jouet futile, Garnir son armorie horrible De la peine des autres. Diable ! Par ci, par-là, l'on se bat, Pour redonner aux autres d'ici-bas, Le respect de soi pour le culte du moi, Le sens du gratuit pour reprendre la foi. Par ci, par-là, l'on se tue, Le refuge au bout d'un abri qui tue: Un égarement certain De ceux se croient sereins. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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SAINT LOUIS Fées du jour dans les draps étoilés, Fées d'été au pas des fanals, Cortèges des couleurs du rêve final Une île bleutée dans le ciel arboré, Saint Louis dort sur le fleuve. Le pont sur les flots des conversations rieuses, Et, les bruits des rames neuves, A l'écoute de l'Atlantique entraîneuse, Fées du jour dans les hauts foulards, Trônes des dames éternelles Revenues des royaumes fraternels: Belles Dames qui m’ôtez le regard ! Saint Louis d'hier encore ! Tes ruelles charmantes....et qui poussent, Et la samba des calèches en manège, Fait tourner les cortèges Dans les quartiers en secousse. Fées des brises du soir, Au pleur des bateaux en partance, Mon cœur chavire de romance A l'apocalypse de l’au-revoir. Saint Louis me quitte Ville de paix, ville des cœurs ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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NOTRE VERBE Tenter de fuir Eviter de courir Effrayer de mourir Dire et redire Parler sans le vouloir Prévaloir ce territoire Unique son histoire On est tous dans son entonnoir Dans l’espace corps mélangés d’eau et de sang Le fil brûlant de résignations et d’encens. Parfumé de galères et longtemps, Attachés à cette terre comme une femme à son amant. Toucher l’air nauséabond Flairer le rire d’un pauvre-bon Risquer de croire la méchanceté d’un riche Vivre du ton: on s’en fiche! Naturaliser ton identité Tourner autour de tes racines Peindre l’immortalité de cette terre rayée Souffle d’un naufrage dans ses pensées-ravines. Osé de vivre l’impossible Désireux, miséreux et croire le possible. Profaner l’avenir cœurs chimériques Regarder le vide d’un horizon colérique. Aimer et embrasser l’illusion Connaitre l’amour sans passion Dégoûter la frivolité de cette chaire féminine Fuir de mon hème cette fugace globine

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Déçu d’avoir été l’élu Content maintenant d’être un rebut Enfant sans condition de respirer Esclave asservi de fouets sans être un jour épargné On est ici martyrs de plusieurs verbes: Souffrir, espérer, s’unir Prier de ne plus trouver l’envie de jouir Espérer plutôt de comprendre la force du verbe Se suicider sans perdre la vie Se tomber, se lever, encore se tomber sans ennui Prétendre de voyager au-delà des limites du trépas Et se retourner pour faire face à l’ombre là-bas. John DORVILIER (HAITI)

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TYRANS ! La terre est belle. Je la vois devant moi Souriante, sans émoi, Sur un léger décibel. Oui ! vive la vie ! Partons faire la fête ! J'ai bien toute ma tète Pour taire tout avis. La terre est à moi. Des ares ouverts M'offrent toute promenade. Ni misère, ni tornade N'atteignent mon aire. Ces petites vies, Figées et molles Sous mes envies folles Ne sont que viles débris. Silence ! Je passe. Le sabre est, à tout regard, Ma joie. Mon seul rempart. Mon bunker. Mon espace. Oui ! Vive la vie ! Au nom des miens Souffrez et mourrez ! Sous vos dépouilles séchées, Je terrai mes biens. Je vous aime. Ors de ma couronne ! Souffles qui tonnent ! Éclats de tout mon diadème ! La terre est belle. En mon nom; Vivez ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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AMOUR ! J'appelle au pardon ! Disciple en pénitence je suis. Le droit chemin, toujours je suis. Je vis de la paix : mon seul don. Chaque matin de chaque jour; Je pleure de mes rires d'hier, Devant les lointains pleurs, De mes pairs, de mes sœurs, De mes frères, de moi fiers. Ma confidence est mon testament. Je laisse en héritage Mon souci et mon courage Face aux maux des continents. J'appelle à la tolérance ! Amoureux de l'autre, je suis. Aux jardins du pair, je conduis Les pas de l'espérance. Je vis de vos tristes silences Devant le mal et l'impunité, L'injustice et la vanité, La misère et les offenses. Disciple du verbe, Je demeure. Jeu des mœurs ! Sur la providence en herbe. Je ne vois que poussières ! Chaque matin de chaque jour; Le long de chaque cour, De l'Australopithèque à notre ère. J'appelle à la paix ! Disciple des messies je suis. Le chemin de la foi luit Du pardon et de la piété. Devant la vengeance; Aveugle, féroce et animale, Restez dans la foi totale En Dieu ! la seule référence. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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L'AS ! Habillé du blanc mature, Libre, propre et souriant, Les escaliers de mon aventure M'ouvrent les portes du temps. Aux pages blanches du cœur, L'encre noire de la raison. Le pouce est en hauteur Sur le nouvel horizon. Je suis l'As ! Sans impasse. Je mène la troupe homogène Au cosmos, au-delà de l'espace A l'embouchure de l'oxygène Et de l'hydrogène. Habillé du noir culturel, Libre, sale et heureux, Je libère le soupir universel Des souterrains malheureux. Aux desseins avortés, L'espoir du futur, Le poing bien levé Au- delà de mon aventure. Je suis l'As ! Sans race ! Sans face ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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AGIR Il faut agir Contre le Mal, Contre le banal Qui font périr. Il faut agir Pour la Vie, La bonne envie Qui font sourire. Il faut agir Contre la faim, Convier au festin L'Avenir. Il faut agir Dans le choix De toute loi Pour bâtir. Il faut agir Contre le vol Des terres du sol Du Souvenir. Il faut agir Dans les brousses Sans trousses, Ni soupir. Il faut agir Pour l'ENFANT, Pour sa MAMAN, Mon musc, Mon élixir ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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LIBRE ! Ma joie est dans le cri de mon chant ! Dans le bruit de mes pieds qui dansent ! Je libère de mon âme toute ma peine, Et, du sol je m'élève au plus haut sommet Des cases de mon père. Je monte les baobabs qui me tendent les bras, Je scrute mon royaume qui court, Qui blanchit du soleil couché sur mes terres. Je ne vois plus ma peine ? Elle s'en va hors du monde. Loin des cases de mon Père, Loin des puits de ma Mère ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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MY LADY Il y a trois jours Mon cœur se reposait De la solitude Et de mes amères habitudes. Je me sentais revivre Comme un poisson Dans la mer. Ivre, De tes mots sans hameçon. My Lady ! Le jour s'étale, se retire. Sur l'écran des cieux, Ton sourire apparut A l'horizon du soir lumineux Qui illumine toute ma vue. Tu resteras encore Trois cents ans Dans les jardins de mon corps Où frémissent mes souvenirs. My Lady ! Il y a trois jours déjà Mon cœur battait fort Sous mes doigts, à la joie, De t'écrire ce vers d'or. Il y a trois heures Que les cieux se ferment Au retrait de ta lueur, Cette orée de ton germe. Désespérément, My Lady ..............D !

Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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LIBERTÉ Elle est une aile de l'ange blanc, Battant l'azur de la nuit attentive, L'émissaire des effluves de la rive Sur les sables asséchés du temps. Court dans ma vue, sa volupté, L'insondable délice de la liberté. Elle est une ronde des étoiles Dans la nuit des terres qui s'étalent. Elle confie au vent des mers Les grands soupirs des petites rivières. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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MADEMOISELLE ! Veux-tu m'épouser ? Chérie ! Un bouquet de jolies roses, Avec des feuilles de lilas blanches, Mademoiselle je vous apporte ce dimanche, Tenu de mes mains toutes moroses. Je n'ose ouvrir la bouche ! Je ne le pourrais maintenant De ma langue fort en fourche Devant ton charme captivant. Mademoiselle ! Je le dois cependant De lâcher de ma haute falaise Le cri qui ouvre mon serment De faire toute ma vie ton aise. Pieds et poings, liés et soudés, Genoux figés, plantés dans la glu, Sous ton soleil, tendu, d'espoir enivré, je te vois de mes yeux de vertus. Mademoiselle ! Ces roses ! jamais ne se fanent ! Elles viennent du pré de mon cœur, Entre les belles hauteurs des montagnes Et les vallées continues de mon Honneur. Je suis en laisse derrière ta sentence, Et mon cœur se dresse Aux portes de ton allégeance, Douce de ta délicatesse. Dans mon sourire divin, ton verbe, Pour ma vie ! Oui ! Je le veux. Chéri ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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TÉMOIN DU TEMPS Je ne fais que d’être là Petite fille, devenue adulte Témoin du temps et ses saisons Ses fleurs et ses moissons Et Je ne fais que regarder, les maisons de pierre Ma voix est faible sous les lampadaires Un marathon qu’est le temps Mène la course à tous les temps Je suis debout Âme passagère, chantant mes rêves Qui deviennent poussière Et les êtres, qui ne reviennent point Je suis témoin, de ma présence Je sème mes odes saisonnières ici et là Sans savoir qui est le cœur Qu’elles vont éblouir par leur éclat Je suis présente Dans mes prières, je médite, avec ferveur Mes rêves, que les autres ne comprennent pas Cri et joie, dans mes odes Dans mes vaisseaux, chantent en émoi Ils sont du cœur, reflète l’amour qui est en moi Je suis témoin Et je ne fais, que hisser mon emblème vanter ma bleue et ma belle terre et mon patelin Que je porte dans mon cœur L’éclat de mon rire et mon petit pas Que je ne retrouve point Témoin du temps Je berce mes joies et mes peines Qui sont gloire, dans mes rimes Pour consoler le cœur De l’enfant, qui pleure en moi Maissa Boutiche, (ALGÉRIE)

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EN MAILLÉE Je t`ai rêvé l`orgueil coule de moi Tu me blesses Supplice Tu résides en moi Je suis écartelée Illumine ma chambre Tu rayonnes Le monde est en nous Je sens la nuit Les rêves m'écartèlent Je reste muette Nous mesurons le temps Par les battements de cœur minute par minute Gordana Culibrk (SERBIE)

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MON PEUPLE Je veux sortir de l'ombre Je veux briser la honte Je veux crier au monde Que le bonheur est proche Bientôt arrivera le jour de la liberté Bientôt sonnera le jour de la fraternité Je veux chanter pour vous Je veux chanter pour nous Je veux pleurer pour mon peuple noir Une goutte d'or plane au-dessus de votre tête Car bientôt viendra le jour où vous serez en fête Vous êtes un peuple qui souffre et qui a toujours souffert Vous êtes un peuple qui subit mais qui n'est pas maudit Vos enfants pleurent et je pleure moi aussi J'ai souffert et j'ai appris à souffrir J'éprouve la même souffrance que vous Cette souffrance noire qui donne l'espoir Fini l'esclavage Fini le mirage Levez la tête et regardez-moi Vous êtes beaux vous êtes chauds Vous êtes plein d'espoir Vous êtes mon peuple noir Je veux te protéger Te délivrer

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Te prendre dans mes ailes Et te donner ma chaleur humaine Mais j'y arrive pas Alors je reste là, seule et ruisselante Je pleure de honte et de désespoir Je souffre je meurs dans le noir L'heure viendra où je crierai L'heure approche ou je pleurerai sur vous Car bientôt viendra le jour où vous serez en tête Bientôt je serai libre Bientôt je briserai le mur Et le soleil vous illuminera Pour approcher du nirvana Pleurez mon peuple Pleurez Car je suis noire mon Peuple noir Salima Sedira (FRANCE)

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LA FILLE DE LA PLACE Assise à la terrasse d'un café Le soleil très haut la fixait Je l'aperçue dans un coin de la place Prête à ne pas céder son espace La comédie était prête Les spectateurs étaient en place Il faisait beau et chaud Le parvis grouillait de monde Une cigarette à la main Mon regard fixait ses reins Elle ne tenait plus debout Lasse de tout Le monde entier à sa portée Seule face à sa destinée Elle se mit à chanter Devant une foule déchaînée Elle chantait seule au milieu de la place Elle se déhanchait sur son air de musique La mélodie dans ses oreilles Sur un morceau de Ravel Abandonnée par sa musique Sa peau bronzée je l'admirais Pénétrée par un son magique L'observant j'aimais ses mimiques Toute vêtue de noir Elle sentait le désespoir Cette couleur noire qui donne l'espoir Elle se mit à chanter La foule était en liesse Les gens lançaient des pièces Elle entra en transe Sous un soleil éclatant

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Fin du déhanchement Fin du fredonnement Les applaudissements pleuvent Sous un tonnerre fracassant Elle s'en allait les poches trouées Les pièces emportées par une cohue agitée Emportée par la foule, elle se mis à marcher D'un pas empressé Je l'aperçue dans un supermarché Tout près de moi, je l'ai approchée Son corps se balançait, les yeux fermés Toujours délaissée prête à s'en aller Elle ne tenait plus debout Esseulée avec ses quelques sous Sa monnaie comptée Elle chantonnait Elle s'en allait Ravie, prête à recommencer Pour satisfaire une foule allégresse Et reconquérir quelques pièces Salima Sedira (FRANCE)

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FEMME AFRICAINE Femme africaine comme tu es belle Femme du désert comme tu es sensuelle Je veux te montrer mon amour Te prendre cette souffrance Je n'attends rien en retour Juste toi femme de l'espérance Tu es si belle dame du sable chaud Tu ne peux être comparée à personne Car tu es si seule si jeune Tu es si forte si généreuse Lève les yeux car je t'aime Lève les yeux femme sans haine Tu es majestueuse et je sens ta puissance Tu sens si bon tu sens l'Afrique Je t'ai vu un jour Makeda Défiler comme un déesse Près de toi ton peuple en liesse En te déhanchant pas à pas Accompagnée par deux tigresses Partir pour un pays lointain... Libère toi femme africaine Délivre toi reine mère Je veux t'aimer au nom de l'humanité Et t'emmener là où je suis née Je te compare à une fleur du désert Abandonnée par toutes les fleurs du monde Délaissée par toutes les roses des sables Je t'aime pour ta solitude et ta beauté Tu es noire et j'aime ta couleur Car ta couleur te laisse dans l'ombre

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Mais le soleil est là Il est là et il t'illumine Il est là pour te faire briller Et tu rayonnes d'amour et de paix Car tu es le berceau vivant de l'humanité Enlève le voile qui entoure ton si beau visage Fini le mirage fini l'esclavage Ne te courbe pas à quiconque Ne te soumets pas à la honte Tu es la fleur noire de l'humanité Tu es la lumière de l'immortalité Tu dégages de la chaleur Tu brilles d'un immense éclat Comme l' Afrique brille de sa souffrance Dans un champs de baobab Je t'ai vu trimer Sur un air de blues Je me suis mise à chanter Danse beauté noire Danse Je t'aime car tu es mon désert Personne ne te fréquente Personne ne te tente Tu es ma grande solitude Salima Sedira (FRANCE)

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AFRICA Africa Tu as donné ton lait Tu as nourrit le monde entier Et ils ont tout tété Africa tu as allaité l'humanité Car tu es le berceau vivant de mon Afrique Mamelle de l'Afrique On a abusé de ta beauté Ils l'ont brisée Ils ont bu ton lait Africa, ta mamelle est sèche On a volé ta couleur On a chipé tes diamants Ils l'ont laissé crever On m'a laissé peiner Ta fille pleure mais on n'en tient pas compte Alors je crie Je crie au nom de l'innocence Africa tu as perdu tout tes sens Au fond d'une mine des diamants t'attendent Ils sont à toi mon à fric ahhhhhhhhhhhh Prends-les Montre leur que tu les as Afrique à fric Dis leur crie leur que tu es la vie Et que tu n’es plus prête A les nourrir de ta mamelle Car ta mamelle c'est ton diamant Africa dis leur que tu que tu ne donneras plus Au monde entier Tout ce qu'elle t’a volée Car tu es le berceau vivant de mon Afric ah !! Salima Sedira (FRANCE)

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GRISETTE Grisette je t'ai accueillie il y a un an et demi Tu étais flagada et raplapla Grisette tu ressembles à une tigresse Grise, les yeux jaunes Ton regard m'impressionne Tu as toujours faim Grisette Tu ne vas pas chasser la petite bête Et gambader dans la forêt Grisette est une mémé Tu ronronnes et tu me suis partout Tu fais la guerre à Bibou et à Grisouille Mais Faouzi lui tu le crains Tu cours toujours après Bibou Le petit chat de chou Mon choucoucou Qui choucoucoute la bibine toute la journée Toujours cloîtrer près de la cheminée Grisette tu me plais bien Un jour couchée sur mon lit Je t'ai vu faire ta toilette Et là grisette j'ai aperçu ta quéquette La dame a laissé place au garçon Grisette a une quéquette Salima Sedira (FRANCE)

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NOSTALGIE J'en ai marre de l'actualité qui nous rend tous déprimés J'en ai marre de voir des africains Prendre le bateau et couler pour l'eldorado On vit des temps difficiles Ayez l'espoir d'un monde facile Sans cris sans haine sans busherie J'en ai marre de voir des gens qui souffrent Arrêtez ces sales guerres de ouf Foutez la paix aux pauvres immigrés Qui perdent leurs enfants dans les hôtels meublés Foutez la paix à la racaille et à l'islam Et arrêtez de flirter avec le cheitane Rendez à la Palestine ce que vous lui avez volé Et vivez tous en paix et équité Ne semez pas le désordre Alors que l'ordre y a été établi Ne marche pas sur terre avec importance Un peu d'humilité dans vos propos Et tu auras l'éloquence de tes propres mots Arrêtez la violence Et respectez ma France Juifs arabes nous sommes frères Isaac Ismaël Ibrahim notre père Eloignez-vous de ceux Qui font de leurs religions une boucherie Les manipulateurs de cerveaux Complètement fous et qui vous rendent tous agités Sectes sales insectes Inspirez-vous de la nature Des fleurs de toutes les couleurs Des animaux de toutes les douceurs Et des hommes... A tous ceux qui pleurent et qui crient I have a dream... Salima Sedira (FRANCE)

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AUX ENFANTS En une belle soirée Douce et satinée Je suis allé en bord de mer Cracher mes illusions amères Me soulager de la malvie En contrebas des rocs et sapins J’Admirai le coucher de soleil en déclin je voyais sautiller d’énergiques petits lapins C’est tellement magique et incertain C’était comme dans un conte de nains C’était tellement enchanteur et beau Que l’étonnement a submerge mes maux Je me suis mis à écouter le chant des flots A Essayer de les traduire en mots Car leurs écumes aux couleurs des cieux S'épuisent en un bref instant Emportant à tout jamais Secret et magie au fond de l’océan RABAHI Abdelmalek (ALGERIE)

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MECHANTS , DITES VOUS ! Inspiré du LOUP ET L’AGNEAU Un peuple démuni vit et boit du courant de la liberté Fait ses prières avec abnégation et affinités Adore Dieu Allah ou d’autres divinités Cela semble durer à l’éternité Jusqu’au jour où se dressa juste à coté Un OVNI étrangement immaculé Une créature immonde interpella lui disant : « Nuisible peuple qui t a autorisé de boire cette eau sacrée ? Ne vois-tu pas que c’est à nous qu’appartient ce robinet ? Récidiviste tu vas payer !» « Oh pardon ! » s’exclama le peuple effrayé Qui devint tout à coup brebis. « Oh seigneur j’avais soif et je n’ai bu que ce que ton robinet perdait Et en plus regarde bien je ne l’ai pas polluée » L’Effroyable créature devint un méchant loup et dit : « Alors si ce n’est pas toi c’est ton cousin GAZA » Et comme les membres de l’OVNI n’ont rien vu L’agneau fut égorgé RABAHI Abdelmalek (ALGERIE)

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LA VOIX DU PASSÉ Regarde dans le passé Qu´as-tu fait de nos souvenirs ? Qu'as-tu fait de nos rires? Vois-tu encore mes ires ? Regarde dans le passé Nos délires puérils Tes envies plurielles Engloutis par ce monde cruel Observe notre passé Sonde la profondeur Invoque nos douleurs Où est passé ce bonheur? Regarde le passé Vois-tu nos escapades? Et tous ces rancards Dictant nos incartades Regarde dans le passé Ces serments débités Ces vœux échangés Ne les as-tu pas oubliés? Ecoute le passé Ecoute ces cris Ces voix mûris Féconds comme le lys Regarde le passé Ces larmes que tu vois Ces chagrins qu´ils noient Cimentent notre foi Montre au passé Les expériences acquises Ces générations qui grandissent Édifiant la bâtisse Réndodjo Em-A Moundona (TCHAD)

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SYMPHONIE DE LA FRANCOPHONIE Je voudrais peindre un tableau Sur un fond blanc, avec le bleu Je le remplirai des images Et des portraits et même paysages Je voudrais dessiner les gens Soit en noir, soit en blanc Sur une terre entourée des mers Qui est en paix, sans aucune guerre Je voudrais mettre des langues en vers Sur un tableau qui sera très beau Je voudrais trouver les couleurs D’une seule langue que j’ai dans le cœur Je voudrais choisir un drapeau Vert, violet, rouge, jaune avec le bleu Je ferai de tous, une symphonie D’une joyeuse francophonie H. B. (IRAN)

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JUSTE UN RÊVE Sous son masque se cache infiniment capon L’homme si singulier et tellement étrange Qu’on le craindrait fripon Dès lors qu’il se fait ange ! A peine a-t-il quitté l’enfance et sa candeur Qu’acteur il se dévoile au théâtre du monde Se voulant pourfendeur Au moindre vent de fronde ! Il est toujours en scène avec un verbe haut Pour le fort compliment comme pour l’invective Et se rue à l’assaut De la voix lénitive ! Alors « I have a dream ! » ne serait-il qu’un vœu Tel le signe premier d’une folle espérance ? Le terrifiant aveu D’un temps d’irrévérence ? Chacun n’aurait-il donc pas ce besoin d’amour Qui n’est en vérité que la raison de vivre Grandement chaque jour Juste entre braise et givre ? Enfin qu’espère-t-on à l’envers du miroir Si ce n’est un visage aussi beau qu’authentique ? Qu’il soit blanc, jaune ou noir Mais qu’il soit pathétique ! Guy LE HULUDUT (FRANCE)

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SIMPLEMENT LA VIE Il est cet homme aimable et qui va solitaire D’un pas tranquille et sûr par toute cette terre Donner à qui le veut juste un brin de bonheur Ainsi que le ferait le dernier moissonneur D’une houle de blé sous un soleil d’aurore Ayant désir d’offrir et encore et encore Dans l’aujourd’hui le peu d’un instant de plaisir Qui viendrait satisfaire un soupçon de désir. Mais en est-il un seul ayant la vigilance Dont on pourrait penser qu’elle est cette insolence De qui se veut rebelle autant qu’un indigné A jamais refusant d’être ainsi résigné A subir de quelque autre une lente détresse Alors qu’il n’est rêveur que de simple tendresse ? Si quelqu’un toutefois veut bien prendre la main Tendue en cet instant sans attendre à demain Qu’il sache que la route à venir sera belle Avec mille bienfaits offerts en ribambelle Par qui va solitaire et tellement aimant Qu’il fait vivre la vie enfin tout simplement. En confiant au grand jour plus que sa Poésie… Guy LE HULUDUT (FRANCE)

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LE CHÉRISSEUR Il a tôt ressenti qu’on lui perçait le cœur En glissant dans ces trous du bel amour en graines Loin du picorement des merles et des draines Dans cette glèbe-là qu’on dit terre à bonheur. Puis le temps a passé le laissant bien grandir Jusqu’à ce qu’il ait su qu’il ne savait rien d’autre Que ces mots dont on dit qu’ils sont des mots d’apôtre Tant il n’en est aucun que l’on puisse affadir. Alors il va son pas au seul bon gré du jour Vivant au quotidien sa plus que belle histoire N’ayant souci vraiment de quelque infime gloire Tant il lui est plaisir d’être donneur d’amour. Lui sont in-importants ces insidieux propos Qu’il perçoit quelquefois au détour de paroles Qu’on lui lance parfois comme piètres oboles A ces miséreux-là qu’on croit être bien sots. Il sait bien qu’il se doit de chérir comme il veut Ceux qui n’attendent rien sinon quelque tendresse Qu’il offre à qui mieux mieux car telle est sa richesse Dont d’aucuns ont besoin dans leur sauve-qui-peut. Guy LE HULUDUT (FRANCE)

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MON LIVRE Ouf ! Me voilà enfin seul avec mon amour Mais avant que tu n'ouvres la bouche mure, Laisse-moi adopter une meilleure posture Et je te prendrai voluptueusement dans ma cour Merci à toi, Nuit sombre, ma dévouée entremetteuse Par ta ruse, la voix de l'homme s'est éteinte Les organes prisonniers le jour aux dures empreintes Se sont libérés et s'entremêlent, la mine fougueuse. Les étoiles seront comme toujours, témoins d'une scène, Une scène où la parole n'a pas sa place saine. Que toute ta chaleur, Amour, me pénètre sans limite Jusqu'au salon balsamique de mes pépites. dieu de la volupté, ordonnez le dilatement ! Je veux dévorer ces pages sans gêne. Je veux sentir les mots traverser ma rétine Pour nourrir mon esprit, le temps d'une lecture, calmement. Abdou Rahmane Diène (SÉNÉGAL)

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UNE DANSE Sous le soleil transparent Sous les nuages Sous les étoiles Je danse, je tourne Des images tournent Autour de moi Enfants sans toit Chantent avec moi Vieux et vieilles Aux oreilles usées Par les bombardements Chantent avec moi Pères et mères Sans abri ni terre Chantent avec moi Mon chant est fort Ma danse est rapide Je tourne, je tourne La terre tourne Une autre face apparaît Liberté. Mejda Trabelsi

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PORTRAIT D'UN ENFANT SOLDAT Alors qu’il n’est toujours qu’un pauvre gamin, Il tient déjà une arme à feu entre ses mains. Petite silhouette noyée dans les rangs, Il écoute un supérieur exubérant Lui expliquer qu’il est un homme, un militaire Et que son devoir est de défendre sa terre. Alors qu’il n’est toujours qu’un pauvre gamin, Il tient déjà une arme à feu entre ses mains. La mitraillette dirigée vers une cible, Son officier lui hurle qu’il est invincible. Il lui vocifère que c’est une infamie De ne pas ôter la vie de son ennemi. Alors qu’il n’est toujours qu’un pauvre gamin, Il tient déjà une arme à feu entre ses mains. Persuadé de servir un noble idéal, Il progresse sur des champs où règne le mal. Il bataille au milieu des cités en ruines Là où la détresse et la douleur prédominent. Alors qu’il n’est toujours qu’un pauvre gamin, Il tient déjà une arme à feu entre ses mains. Son corps frêle et miséreux git sur les débris. Il n’aura connu que la guerre et le mépris Au lieu d’avoir pu goûter à la joie de l’enfance Et aux délices apportés par l’innocence. Alors qu’il n’est toujours qu’un pauvre gamin, Un autre tient déjà son fusil dans ses mains. Szymon Jagiello (BELGIQUE)

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HOMMAGE AUX HÉROS ANONYMES DU « PRINTEMPS ARABE » Portés par un vaste rêve de liberté, Entraînés par un solide flot d’espérance, Ces hommes se sont dressés contre la violence Pour dénoncer les abus de l’autorité. Réunis sous l’étendard de l’égalité, Ces héros anonymes ont brisé le silence Portés par un vaste rêve de liberté, Entraînés par un solide flot d’espérance. Ils ont clamé à l’oreille de l’humanité Leur colère, leur lassitude et leur souffrance Risquant, pour certains, de perdre leur existence. Ils ont écrit un récit sur la dignité Portés par un vaste rêve de liberté. Szymon Jagiello (BELGIQUE)

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HARMONIE Francophonie ! Mes amis ! Je vous entends ici, ailleurs Mains dans mains on fait la vie Pleine de bonheur de belles couleurs Quel drapeau à votre pays Quel symbole ou quelle forme, tant pis ! Rouge, jaune, bleu... créent un tableau Moi, toi... nous rendons Terre meilleure ! Francophonie ! Mes amis ! Les enfants de tous les pays Nous chantons en harmonie « Tout le monde dans un même cœur » Thúy Vi Võ (VIETNAM)

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L'AMITIÉ Je cherche dans la nuit noire Une étoile pour ma mémoire, Un ciel bien égal à ma terre, Leur ouvrir tout ce bel univers. Ce vent dans mon dos, Sinistre comme un caveau ! Son air malsain me contraint. Et le supplice amer me vainc. Crier ! Qui m'entendra ? Qui dans ces mornes allées Voudrait céder un petit doigt A mon regard qui meurt sans joie ? Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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SANS TITRE Je cherche une voix qui tonne, Qui pète fort dans le silence, Une raison qui n'en rit pas, Qui s'en réjouit pour de bon. Je veux sur ma tendre joue Cette gifle qui rebondit, Chaleureuse, qui se tait, Qui rit, s'exile aux îles du pardon. Je cherche une voie qui va, Un chemin qui s'ouvre au pas, Marcher sous l'orage paresseux. Je veux des justes mains, Des bras suants et noirs, Des chœurs achetés, Je veux un champ ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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PROMESSE A l'ombre des jeunes filles en pleurs Chantant les vivants et les morts J'irai chercher une perle de douleur Pour arroser mes fleurs J'irai cueillir un brin De laurier et de thym Pour les accrocher en guirlande Sur la tombe oubliée Cachée sous les figuiers J'irai ramasser la braise D'une pensée évaporée De neige immaculée Pour la raviver En rivière vagabonde J'irai rechercher Le caillou noir Perdu a l'aube d'un soir Par la hase enchantée Qui sacrifia la perdrix Jeunes filles au henné Aux mèches rebelles flamboyantes Demain je vous rendrai Votre perle que j'ai volée. Amina AMHARECH (MAROC)

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MA RIVIÈRE Une rivière qui coule dans ma tête Longée par des platanes Des images figées dans un coin Qui reviennent S'enchaînent En toute saison mon cœur m'y ramène Pour courir après les frêles libellules Et les myriades de souvenirs qui pullulent Printemps vert et cresson Été lumière et coassements Automne ocre de feuilles mortes tapissé Et hiver givré et blanc de neige immaculée Lorsque l'appel de ma rivière Traverse l'espace et les temps Balayant sur son passage Toutes les années de mon âge Je retombe en enfance Comme en tombe amoureuse. Amina AMHARECH (MAROC)

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PALETTE Lorsque la palette prend vie Que disparaît blanc, noir, gris Lorsque toutes les couleurs se réveillent En tons flamboyants Annonçant le grand éveil Quand les reflets légers subliment L'espace blanc de la toile qui s'illumine Que l'artiste affranchit son arbitraire Et que toutes ses muses enfin se libèrent C'est l'instant magique ou le rêve va se figer Pour que le génie renaisse Des cendres de la banalité. Amina AMHARECH (MAROC)

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EVEIL Un chant de cigale En plein hiver Vient réveiller les fleurs Et chatouiller les oiseaux Amenant un printemps précoce Parsemé d'étoiles et de jonquilles Je lève les yeux vers toi mon firmament Et mon cœur revit Sous les cristaux de pluie Qui promettent des moissons abondantes Qui soulageront l'épi Alors je ferme les yeux et fais un songe Où le bleu du ciel est plus intense Ou l'herbe grasse est plus lisse Et ou deux branches s'entremêlent Pour fleurir en semant les papillons. Amina AMHARECH (MAROC)

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PENSÉE CONTRE CEUX QUI DÉNIGRENT LES IMMIGRÉS De quoi rêvasserais-tu si dans l’endroit Où tu demeurais tes songes paraissaient étroits? Qu’évoquerais-tu si ton sol semblait aride Et que tous les jours ton estomac était vide ? À quoi réfléchirais-tu si la violence Et la pauvreté entourait ton existence ? Que prévoirais-tu si ce que tu pouvais voir Se présentait comme un lendemain sans espoir ? Ne tacherais-tu pas de trouver le courage De t’embarquer vers un nouveau rivage ? Ne trouverais-tu pas la foi et la volonté De risquer ta vie pour trouver la félicité ? Ne chercherais-tu pas à tout abandonner Et essayer de transformer ta destinée ? Ton cœur ne te pousserait-il pas à partir, T’en aller en vue de changer ton avenir ? Qu’aurais-tu fais à la place de l’immigré? Toi qui parfois le dénigre tel un être immonde; Toi qui as eu la fortune de venir au monde Dans une contrée où tu peux tant espérer. Szymon Jagiello (BELGIQUE)

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LE BONHEUR Pourrais-tu me dire en quoi le bonheur réside? Est-ce comme on le sous-entend maintenant ? Changer son corps pour qu’il soit toujours rayonnant? S’offrir des palaces, des voitures splendides ? Amasser indéfiniment plus de richesses? Acquérir les derniers objets technologiques ? Se promener en dévalisant les boutiques ? Ou une chose différente, peut-être est-ce… Des marguerites cueillies, un bouquet de rose? Ensorceler un cœur par de douces paroles ? Se laisser entraîner dans une pensée folle ? Embrasser un idéal, une noble cause? Vivre comme un gamin toutes ses années ? Se reposer devant une vue fabuleuse? Pouvoir se consoler dans des mains chaleureuses? Vieillir aux cotés de sa tendre dulcinée ? Pourrais-tu me révéler comment être heureux? Toi qui profites en ce moment de la vie Et qui sais que demain le temps aura ravi Ta vigueur et t’aura rendu poussiéreux. Szymon Jagiello (BELGIQUE)

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AU NOM DE TOUS LES MIENS Mon ami Demba ne parle que de ces pays, Ces terres drapées de blanc, à l'herbe verte, Où le soleil descend sa tiédeur découverte Sur le matin de la rosée, au pays du midi. Sa joie et sa fierté datent du temps froid, De cet hiver quand tonnaient les canons, Dans ces tranchées creuses et sans voie, De cette amitié qui bannissait l'abandon. Mon ami Doudou parlait de sa patrie. Cette terre aujourd'hui devenue marraine De toutes les luttes pour la vie, De toute amitié, pure et sans peine. Il ne manquait jamais de citer Dupont Un autre de ses amis de la Guerre: "Cet Africain, disait-il, seul allié au front !" Avec qui j'ai triomphé du terrible Hitler. Mon ami Demba exhibe sa médaille Comme le sésame suprême, le visa, L'incontournable éloge de la Muraille Au sommet de laquelle flotte encore la saga Des illustres Tirailleurs, Sénégalais ! RESPECT! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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NOTRE LANGUE, NOTRE LIEN Mélange de couleurs au nom de l'unité Des hommes réunis rêvent d'un avenir Ils forment une chaîne au nom des libertés Dans ce monde qui meurt sans réels souvenirs. Ils pillent la nature au nom de leur survie Régnant en maîtres sur de nombreux continents L'Homme ne comprend pas qu'il attente à sa vie En détruisant la Terre il va vers le néant. Unis par une langue aux différents accents Francophones prenez la parole et dictez Aux autres peuples fous qui font couler le sang. Gardez confiance en lui pour prendre enfin conscience Des méfaits de la guerre et progrès de la science Pour gagner le combat vers la sérénité. Philippe CORREC (FRANCE)

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LÉGENDE !!! Légende, Chante-moi les plus belles mélodies des rivières Qui coulent dans l’Afrique ! Chante-moi les plus belles mythologies des géants Fromagers étoiles sur le toit de l’Afrique !! Chante-moi les plus légendaires symphonies faites de blues, De jazz, de vin de palm, de negro spiritual En partance vers les terres douloureuses d’Amérique !!! Chante-moi légende ta mémoire, Aussi l’Afrique mon miroir, ma noire peau Sous le carcan de la pierre tombale !!!! Chante-moi l’inconsolable cœur Des prisonniers des gros battants de l’enfer de Lucifer Qui attriste le cœur du chœur des combattants De la liberté !!! Légende, je t’invoque, je t’implore, je te pleure…… Légende, je cherche l’avenir de l’Afrique……. Dans la silhouette de ton ombre…….. Le poète court entre masques- flûtes- grelots- dansesChants et kora pour que l’Afrique institue son Aura Sur le toit du monde. Leur sang lueur ou Il ne fait pas encore jour. N’guessan Etchien Evrard (CÔTE D'IVOIRE)

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VISION HÉTÉROCLITE Les montagnes n’altéreront point l’harmonie des plantes, Et les hommes se tiennent par les mains; Cherchant un amour si proche et si sain, Les cœurs chantent à l’unisson Le cantique de la joie écarlate. De la France en côte d’ivoire On fredonne l’aubade de la gloire. De la Jamaïque au Togo Subtilement, l’amour est bu. Du Bénin au Gabon Nos mots jaillissent du bout de la langue. Du Libéria à la Guinée, Nos cœurs chantent hosanna. Un seul peuple, une seule âme… Qui séparera l’être de la joie ? Qui séparera le lion de sa crinière ? Qui séparera la vie de la mort ? Qui séparera l’homme de l’effroi ? Qui séparera un peuple de sa langue ? Lucky ETCHRI (TOGO)

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LA FLEUR De l'onde pure est née une fleur C'est ma fleur pleine de fraîcheur Venue seule d'une lointaine planète Brave et frêle dans mon jardin elle s’arrête Dès l'aurore brillait sa limpide beauté Du noble charme ruisselait sa volupté La rosée qui descend était son réveil Le regard des hommes fut son soleil On ne saurait ailleurs trouver parfaite ampleur Et l'on venait de bien loin admirer ma fleur Les poètes y trouvèrent écho à leur âme La nature resplendissait de nouvelles flammes Mon jardin s'embauma de ses divines senteurs C'est le pays des mille et une nuits dirait le conteur... Le soir telle une amante par un vertige prise Elle frémissait sous la douce brise Cambrant lentement alors ses pétales Languissante elle contemplait les étoiles... Émerveillé j'arrosais ma fleur matin et soir Qui devenait mon poème d'espoir Mais O ! Malheur ! ce matin étant allé la voir Elle était piétinée et je ne pouvais y croire... Est-ce donc vrai que les fleurs se fanent Et qu'elles s'abandonnent à une mort profane ? Est-il juste que le temps ravisse leur âme Et désole tant de candeur et de charme !

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O ! Destin cruel ! Qu’avons-nous fait ma fleur et moi Pour être si impitoyablement séparés ? Qu'elle est donc ta si triste loi ! Qui nous éloigne de ceux qu'on adorait ?! Mais... Mais qu'invoquer du temps si ce n'est le faux En vain y chercherai-je ce qu'il me faut La vérité illumination de la franchise Ici-bas souvent devient de l'injustice Aussi garder sa langue en pareils moments A cela l'on a recours incessamment Quant au destin insouciant il accomplit son devoir Le faible l'accuse par désespoir... Ma fleur à moi m'a donc été prise Par ce que l'on appelle un vice Celui de la méchanceté destructrice Dont l'homme mauvais est une flamme créatrice... Quant à moi j'aimais tantôt une innocente fleur Qui me procurait son naïf bonheur D'elle je conserverai malgré les vautours L'image douce de toujours... Mostafa DHRIF (MAROC)

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SUR LA PLACE Il y avait une fontaine Et juste sous l’arbre Il y avait un banc. Je me souviens Du rire des enfants, De la grand-mère Qui se promenait Sous la brise du vent. … Sur la place Les feuilles s’envolent, Les souvenirs me frôlent. Sur le banc Un bout de journal, En guise de point final. Sandrine Davin (FRANCE)

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LES FLEURS DE L'AMOUR La nuit sourit à la lune Les étoiles scintillent J’implore l’étoile du soir Puisse-elle décrire mon langui… Et ce qu’en moi est enflammé La passion et l’amour ; Se sont emparés Je supplie les étoiles de l’univers… Ainsi dessiner mes peines Moi qui suivais mes pas, près Tout près de la maison hantée Sans nul souci… L’oracle a renversé ma destinée Comme les vagues hautaines Tu m’as pris la main Je marche près de toi… Nous nous tûmes ; Seuls nos cœurs parlèrent Cherchèrent la route du jardin Où nos âmes se baignent Tu as cueilli un regard De mon âme fatiguée… Je te supplie au nom d’ALLAH !! Ne me quitte point Ne me délaisse toute seule Dans ce triste monde ; Que fut la passion si on ne s’y baigne ! Dans son océan rose de nos larmes… Ainsi nous marchions au bord de cette falaise Portant le nom du belliqueux sultan Dans tes bras je trouve mon salut Je trouve ma colombe… Nos lèvres rêvaient de l’union magique Sans hypocrisie aucune La nuit oh !prunelles de mes yeux Lors de ton absence devient un puits profond !

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Là où réside l’araignée de mon mal La nuit je prie Allah tout Puissant Te rencontrer, avec toi achever ma vie Guérir de ma flamme qui brûle mon pauvre cœur… Cette braise qui, à chaque instant, M’arrache le bonheur Elle le traîne de mes entrailles Oh ! Nuit des passions, du chagrin… Tu nous as couverts avec le satin noir cristallin Tu as dit : « votre passion est le paradis ! » Mon amour, l’éclaire de l’amour Dans un brin d’œil ! Nous a emportés vers le temple du bonheur Nous fûmes fondus dans un lac de miel Juste quand ta main a pris ma main Quand l’œil embrassa l’œil Quand tes lèvres enlacèrent mes lèvres… Jusqu’à l’évanouissement Frissons après frissons Mots après mots Oh ! bien aimé tu sa tracé mes jours Par l’astre du bonheur Tel des rêves, des contes sans narration… Autrefois, la douleur a coloré ma vie Fade, froide, sans parfum A l’instant même tu me l’as dit : « Approches de moi… » Ma vision est envahie Mon esprit est stupéfait J’ai oublié mes proches et mes amis, Oublier mes blessures moisies, Oublier l’heure et le temps, Le jour est-il ! Où la nuit Quand ton cœur s’est révolté Tous mes états se sont révélés Près de toi la nuit est douce La mer et ses vagues plus cléments…

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Cette nuit Mon âme fade et ma passion glacée Ont créé des ailes et m’envolèrent au ciel Je te porte dans mon cœur, dans ton cœur Mon espérance et ma paix Ta flamme nourrit ma passion et notre amour Dans le temple de l’amour Dans l’œil de la passion Ton tout m’enlace me protège et m’enivre On a bu du fleuve de l’amour Des coupes dorées Garnies mielleuses… Le feu de ton amour a guéri mon mal Et me brûlent les entrailles Les fleurs de l’amour sont Mielleuses tant épineuses … La poétesse et traductrice Arwa Charif (ALGÉRIE)

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LAMPEDUSA!!! Lampedusa! ce crime épousa l’aube du temps marin !! L’éperon se posa sur cette île Garni de ses beaux tableaux macabres de beaux-arts. Il y avait des hommes qui avaient tempéré leurs enthousiasmes Au gré de la tempête sur cet île qui les isola Des hommes surgelés par le gout amer de l’aventure. Lampedusa !! O prière !! Ma rime au son ma lyre épousa l’ode des morts-vivants !! Le jet d’eau entremêle du chant du geai d’un temps frais Sur le fret du navire qui résonna la moue de sa proue. La nature perd de braves yeux pers d’une paire nègre sans repère De braves noirs comme le jais qui part dans la cheminée avec fracas Ce n’est guère une guerre des conquêtes de l’Arizona Lampedusa !!! Je pleure parce que j’ai mal à ma lyre !!! Quelle attente d’une traversée périlleuse et ténébreuse ? Dans la nuit, au tréfonds de la marée, des vies sans saveurs, o saint sauveur !!! Chemin, le destin est noir, noir de monde noir Qui nous noient dans la douleur Le noir dans le noir n’a plus de miroir Lampedusa !!!! Que passa ombre ! De ces bateaux qui fusa sur le chemin du destin !!!! Que l’ombre des ténèbres de la nuit devisa À la lueur de l’aube, ma lyre dévisagea La nécropole de la berge Sur les fleurs fanées de la vie. Lampedusa !!!!! Rideaux !!!!!.......... N’guessan Etchien Evrard (CÔTE D'IVOIRE)

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MYSTIQUE Derrière les remparts de ta beauté, Tu te caches Et tes blancs cils, comme des flèches, Déchirent et arrachent le cœur meurtri, Du mendiant que je suis, Sur ton arche, Au-delà de ton regard de prêtresse Et les archers de ton charme, Secret et ravageur, Par-dessus le fort de ta noblesse, Par ta grâce de déesse, Blessent et froissent, Somptueusement, Mon orgueil, Chavirant de détresse, Sur la galère, De la solitude et la tristesse Et ton sourire, « Tsunamique » et angélique, Par sa magie rédemptrice, Câline et caresse, Tendrement, Mon âme lacérée d’angoisses, Par les vents, Des tentations destructrices, Sur le chemin, De la vanité et des caprices. Ramla Jerjer (ALGÉRIE)

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CES ENFANTS QUI MEURENT Les plus grands de ce monde Galopent dans leur grandeur En jouissant de leur fortune féconde Et en comptant l’argent de leur beurre. Non loin de leurs résidences de rêve, Dans les gouffres de la honte, La vie d’un enfant s’achève Sans avoir vécu son conte. Les plus forts de ce monde, Se construisent de nouveaux royaumes, Au moment où des bambins, jouant à la ronde, Périssent, sans avoir pu devenir des hommes. Les plus robustes de ce monde, Défiant les maux de leurs actes, Pulvérisent, par leurs bombes immondes, L’innocence, sans qu’ils se rétractent. Les plus grands bavards de ce monde, Dans leurs discours de sourds, Se rassemblent sur la même longueur d’onde Pour bâtir une infâme basse-cour. Non loin, de leurs épaules colossales Et leurs bedaines répugnantes, On entend surgir le bruit infernal De leurs bombes résonnantes.

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On entend sonner le glas Et rugir les supplices Qui tels des chiens aux abois Bavent en savourant l’effroi de l’injustice ! Pauvre monde écroué Sous des balles assassines Qui se jouit de tuer Sous une rancœur qu’il rumine ! Et moi, qui ne suis que moi, Par mes mains liées et ma voix enrouée, J'accuse ces créatures sans foi , Qui tuent dans leur bestialité qualifiée ! Et moi, qui fume ma colère Et mon amertume envers ces enfants qui meurent, Je maudis tous ces génocides et toutes ces guerres Qui surgissent, frappent et signent leur laideur! Ouarda Baziz Cherifi (ALGÉRIE)

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SIDI BOUSAID Sur un fond d’émeraudes De saphirs et de diamants Elle brille depuis l’aube Et scintille jusqu’au firmament Ces facettes multiples Aux aspects changeants Que la brise favorise Pour en donner l’élan Ou le soleil s’infiltre En dardant ses rayons Pour la réchauffer Et attirer les estivants Ils viennent de toutes parts Admirer sidi Bou Ce petit coin tranquille Joli comme un bijou L’écrin de la mer Et le blanc des maisons Font de ce lieu limpide Un paradis sans précèdent Juché sur la colline Sidi Bou domine Le ciel et la terre Jusqu’au souffle d’air qui caresse et qui courbe L’échine des fleurs Pour en dégager Les troublantes senteurs De la rose, ou du jasmin Qui bercent nos nuits Et nous réveille le matin Au crépuscule, le soleil descend Des reflets flamboyants Éclairent l’horizon de tous leurs feux C’est un spectacle de couleurs Qui enveloppe Sidi Bou Dans toute sa splendeur Cette féerie ne dure pas longtemps La nuit arrive doucement 150


Calme et mystérieuse Éteint ce foyer de braise Et laisse apparaître au loin La lune mystérieuse Qui rôde à travers Les arbres et les maisons Fait surgir les ombres Dans les coins sombres Des rues et des bosquets. Souriante, elle accomplit sa tâche Tout en jouant à cache-cache Mène sa petite ronde autour de nous Puis disparaît, pour laisser Les premières leurs de l’aube Entourées Sidi Bou D’un jour nouveau Et l’on entend monter vers le ciel Rappelant les croyants à la prière Une voix douce et mélodieuse Amenant dans le cœur de chacun L’amour de son prochain Hachemi Frida (TUNISIE)

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NOSTALGIE Abandonner sa patrie C’est laisser une partie de sa vie Cette vie à laquelle ou y tient De toutes ses forces de tous ses liens On quitte, on s’en va sous un regard en arrière Ce qui compte, c’est franchir la barrière S’installer sur une terre étrangère Parmi tout d’autres, changer d’atmosphère. Cet exil parfois forcé Laisse un goût de cendres abandonnées D’un feu qu’on ne peut plus rallumer On se rappelle la mère patrie Les parents, les enfants, les amis Pour oublier cette mélancolie Qui s’empare de notre cœur Ou se remet au travail avec ardeur. Revoir le pays devient une obsession La nuit on en rêve, le jour parait long Il faut partir, c’est une idée fixe Même, s’il faut courir des risques Ou prend de suite son billet d’avion Et par le hublot, on scrute l’horizon Afin d’apercevoir, la terre et ses ondulations Cette terre que l’on a laissée Nous sommes contents de la retrouver Aussi belle qu’elle n’était À bras ouverts elle nous accueille Sans rancune, elle nous sourit Nous jurons en nous même De ne plus la quitter pour la vie Nostalgie, mélancolie Souvenirs ensevelis Comme le son d’une cloche lointaine, Qui éparpille ses notes au gré du vent Que l’écho égrène et ramène dans son flanc Hachemi Frida (TUNISIE)

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LA PAIX Si toutes les femmes du monde Voulaient se donner la main Qu’elles soient noires, brunes au blondes Elles formeraient une ronde Autour d’une terre féconde Vers un avenir certain. C’est à nous de décider Qu’il est temps d’arrêter Cet immonde carnage Ne plus mettre au monde des enfants Qui servent de chair à canon À la satisfaction des uns et des autres Qui décident et qui signent L’appel à la mort de ces innocents. Morts pour le pays, morts pour la partie Morts pour la gloire éternelle Que nous reste-il de ces êtres si chers, Que nous avons aimés, choyés, dorlotés, Préservés de la moindre poussière Et du petit courant d’air Il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer Invoquer dieu tout puissant pour prier Et leur souvenir dans nos cœur gravés.

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Je m’adresse à toutes ces mères Qui souffrent et prient pour la paix Pour la paix sur toute la terre Et pour les enfants du monde entier Il faut apaiser les misères La faim qui tenaille les enfants Ramener sur les visages tristes Le sourire de l’adolescent. Femme d’aujourd’hui ! Femmes de demain La bataille est grande Il faut combattre la main dans la main Nous unir pour un même destin Faire régner la paix dans le monde Un monde meilleur, une vie nouvelle Farte d’amour, de joie et de respect Unissons nos efforts vers un but commun Et nous aurons ensemble atteint Ce que les autres n’ont pu réaliser, Qu’il faut avant tout s’aimer et s’entraider Pour faire régner la paix sur la terre Hachemi Frida (TUNISIE)

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AMITIÉ Dans ce lycée qui nous réunit Au sein de cette ville si connue Comme nous bordée par la méditerranée Au climat doux et tempéré Éclore les fleurs au parfum de lilas S’en mêlent la rose, la violette ou le dahlia Symbole de la liberté, égalité, fraternité La France rappelle la Tunisie Et nous accueille en amis. Sur ce sol au l’histoire a laissé son empreinte D’un passé glorieux qu’on ne peut effacer Ses grandes villes restent marquées Par le passage furtif des années Où le temps continue à glaner Ces souvenirs que l’on veut garder Cet accueil spontané, nous ne pourrons l’oublier Ce jumelage nous a rapprochés Malgré la distance nous pouvons espérer Que ces échanges entre lycées Seront un exemple à encourager À mieux connaître les enfants Des différentes nations D’enrichir leur personnalité De connaissances et d’idées De visiter les pays en amis Aux quatre coins du monde Comme la France et la Tunisie.

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Une fois ce jumelage accompli Entre Massena et Montfleury Nous voilà tous réunis Au cœur de la Tunisie Ce pays hospitalier Baigné par la méditerranée Aux vestiges de grandes valeurs Chatoyant de couleurs Nous rappelle nos goûts communs Vers un avenir certain Ces liens d’amitié Seront pour l’éternité Une marque de fraternité Entre nos deux pays amis La France et la Tunisie Hachemi Frida (TUNISIE) Jumelage entre deux lycées : Massena à Nice et Montfleurys à Tunis

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LÀ POUR TOUJOURS Au bout du chemin, Quand tu crois que tout s'arrête, Je serai là à t'attendre. Ma main ne peut exister sans la tienne, Mes mots ne sont que l'ombre Des paroles qui dessinent tes rêves. Dans le silence du soir, A l'heure où les souvenirs s'étirent Pour venir te frôler de leurs bras, Je serai ta lumière. Là pour toujours, Telle est ma place... je serai là, Toujours là pour toi. Quand tu croiras que tout est perdu, Que l'espoir n'est qu'un mot, Je serai là, Pour éloigner l'orage Et dessiner l'arc en ciel. Au bout du chemin, Je t'attends depuis le premier jour Jusqu'au dernier jour de nos vies. C’est ainsi. Je suis née pour toi! Dominique MONTAULARD (FRANCE)

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MON FEUILLAGE D'AUTOMNE J’ai toujours voulu être disponible Et te servir de toute mon âme. T’arroser de tendresse infaillible Et t’apprendre à être femme. La vie de femme n’est guère facile Et procure tant de larmes. Ni un long fleuve tranquille Car elle est quelques fois infâme. Être femme n’est pas toujours subtile Et secoue par ses drames et ses rafales. Ni une pléiade d’idylles Qui nous épargnent du mal. Être femme n’est pas souvent docile et ne garantit pas toujours le calme. On y voit des images hostiles Et des choses qui nous désarment. Ma vie de femme a été mouvementée Hiver comme été. Mais, j’ai su rebondir de justesse Pour toi, ma douce princesse. T’habiller de mes câlins et caresses Printemps comme automne. T’éviter les jougs de la tristesse Et t’apprendre à vivre , sans aumône. Te protéger de toute ma puissance, Matin et jour. Te mettre à l’abri de la souffrance Et te nourrir de mon amour. J’ai toujours voulu être ta maman, Redoublant chaque instant d’effort, Pour t’éloigner des tourments Et de l’amertume des remords. Tu es mon bébé d’amour et déjà tu es devenue femme Apprends à être toujours au service de la lumière. Dans ton âme, garde toujours cette flamme Pour illuminer ta part de l’univers.

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Le temps avance et se fait incertain, Par ses sursauts et ses outrances. Ne remets jamais ta chance au lendemain : Saisis la dès qu’elle s’annonce. Si je devais partir demain Pour mon voyage vers l’au-delà, Sache que même loin, Je vieillirais encore sur toi. Si ce jour-là venait à sonner, Promets-moi de rebondir dans la foi. Promets-moi de ne jamais abandonner Et de ne jamais céder aux tracas. Promets-moi de vaincre ta peur Et de panser tes maux. Promets-moi d’essuyer tes pleurs Et dis-moi « je t’aime » en dernier mot. Toi, ma colombe d’amour, ma rose du printemps, L’iris de ma vue, mon feuillage d’automne, Ma fraîcheur, ma chaleur, mes quatre saisons, L’amour est mon seul trésor : à toi je le donne ! Ouarda Baziz Cherifi (ALGÉRIE)

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ARC EN CIEL Nous sommes les couleurs .. Qui réjouissent les cœurs. Nous sommes les couleurs .. qui unissent frères et sœurs. Chantons en chœur .. Nous sommes la magie Des couleurs. Arc en ciel Symbole de l’union et de L’amour. Arc en ciel Symbole de la force et du Bonheur. Omar LOUZERI (ALGÉRIE) Poème pour enfants.

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FEMME ! Je te vois si belle, Debout sous ton pagne indigo. Tu portes encore un canari rouge A la tête. A ta main, un enfant bouge,. Ses pas épars suivaient le tango Si mélodieux de ton décibel. Je te vois si Reine, Sur mes terres soumises, libres, Et ma seconde au cœur, encore vibre A chaque minute de tes pas: Ce chemin d'éloges qui ne finit pas, Qui luit de ta peau d'ébène. Je te vois si douce, Penchée sur le destin; Tu portes le sein à mes pleurs, Des tristes heures au réel bonheur, Je vis, épanoui de ton festin. Femme ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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ENFANTS DE LA TERRE Par une nuit humide des nuits de l’hiver Et dans deux coins distincts de la terre On entendait pousser deux cris d’enfants Dessinant la joie sur les lèvres de leurs parents Et annonçant au monde entier... L’arrivée de deux nouveau Nés. L’un s’appelait François … l’autre Patrick L’un avait la chance de vivre en Europe, l’autre en Afrique L’un a ouvert les yeux sur les bras de ses parents L’autre est né dans un monde différent L’un était si joyeux de voir ceux qui l’ont mis au monde à ses cotés L’autre a su que dans son monde à lui, Quelque chose manquait La naissance du premier était une grande cérémonie Celle du deuxième était une pure mélancolie L’un visitait sa chambre pour la première fois L’autre vivait dans une cabane en bois L’un a fait son premier pas sur terre L’autre, pendant l’accouchement, a perdu sa mère La maman du premier donnerait tout pour que son fils sourie Celle du deuxième c’est sacrifié pour lui donner la vie Le premier ne connaissais toujours pas le sens du verbe souffrir Le deuxième fouillait dans les poubelles pour se nourrir L’un se plaint quand il ne trouvait pas son plat préféré L’autre parcourait les rues à pas désespérés L’un avait déjà appris à insulter sa mère quand elle l’énervait … L’autre rêvait de pouvoir, un jour, la serrer L’un évitait d’avoir des étrangers parmi ses connaissances … Le deuxième souffrait de l’humilité & de la délinquance Deux enfants dans ce monde … l’un fêtait son douzième anniversaire L’autre s’est suicidé espérant pouvoir mettre fin à sa misère … Pourquoi faut-il toujours juger les gens pour leurs races & leurs couleurs ? Ne sommes-nous donc pas tous des citoyens de la terre ? Pourquoi doit-on priver les incapables du droit d’exister ? Et les jeter sous les pieds de la pauvreté ? Pour quoi donc se plaindre quand on sait qu’il y’a toujours pire que ça ?

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Ferme tes yeux pour 1 minute & imagine-toi … Je ne t’invite pas à intervenir mais imagine toi … Imagine-toi dans ces pays Ou les hommes politiques son trahis Ou la différence & la liberté d’expression Se transforme de droit en conspiration Ou tu peux mourir d’une simple fièvre Quand tu ne trouveras même pas de l’eau pour mouiller tes lèvres Ou des centaines de personnes crèvent sans raison Ou le verbe « aimer » n’a pas de conjugaison Crois-tu pouvoir survivre dans ces circonstances ? Et affronter cette peur & cette souffrance ? Nombreuses sont les questions et rares les réponses … C’est normal on est des êtres privés de notre conscience Envahis par des idées de notre enfance Des idées trompeuses & mâchés d’avance L’Afrique n’est pas le continent noir ton prof de géographie t’a menti … On ne distingue pas un être humain par sa couleur la science nous a trahit … On vit dans un monde où règne l’injustice … Ou ta différence n’est rien d’autre qu’un vice Regarde au fond de toi & non à l’extérieur Ta vrai valeur existe au plus profond de ton cœur Vis tes rêves mais ne rêve pas ta vie Ton existence exige le respect d’autrui Quel que soit ta race ou ta couleur On est tous en os & en cher Quel que soit tes idées et ton caractère On a tous le même sang qui coule dans nos artères Quel que soit ton niveau social ou ton salaire On respire tous le même oxygène dans l’air Quel que soit ce que ta religion, tes croyances ou le nombre de tes prières On sera tout un jour enterré sous la même terre … Abdallah (TUNISIE)

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DE TOI A MOI Je me veux sans cordes, nu et à moi, Libre du verbe qui siffle et qui sonne. Qui déchire le voile du hors-la-loi, Debout, menteur qui sermonne. Je me veux ton remède, Le Senghor plus-que-frère, Natal esprit, libre sans frontières. Au dialogue, mon esprit cède ! Je suis nanti de mon sang ! Je suis aux confins des sources, Je survole les tours sans bourse, Je suis le futur des enfants. Je me veux cri de l'oiseau ! Sur une branche, devant ta fenêtre. Je t'apporte mon dessein, le spectre De mon ère, de mon berceau. Un nid douillet pour mon duvet, Des branches à mon arbre. Cette brise nouvelle à nos palabres, Et mon chant éternel à ton chevet. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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LE MARDI INATTENDU C'était un Mardi ordinaire, Sans vent ni tempête, Sans défi ou misère, Juste une soirée calme et muette. C'était un Mardi banal, Sans bruit ni klaxons, Sans pluie hivernale, Juste un soir sans façons. C'était un Mardi tranquille, Sans embûche ni tracas, Sans roman ou idylle, Juste un soir, comme on en voit. C'était un Mardi vingt un, D'un Janvier de routine, Où m'attendait mon destin, avec ses surprises mesquines. C'était un Mardi de soubresaut, Sous le grognement d'un tonnerre, Je m'étais fait pourtant beau, Avant de sortir prendre l'air. C'était un Mardi d'horreur, Qui me surprenait par le dos, Je n'avais même pas eu le temps d'avoir peur, Avant de choir en me brisant les os. C'était un Mardi de cauchemar, Qui me torturait sans pitié Je n'avais même pas eu le temps de voir, L'ambulance et les pompiers. C'était un Mardi de drame, Qui surgissait dans le noir. Qu'ai-je donc fait d’infâme Pour sombrer dans un tel désespoir? C'était un Mardi fatal, 165


Qui me retirait mes rires et mes plaisirs, Je sortais, sans me méfier de ce mal Qui me guettait pour me plonger dans son martyre. C'était un Mardi d'impuissance inouïe Où j'entendais pleurer mon âme apeurée, Je portais mes dix-huit ans , sans souci, En refusant de les perdre et de me laisser chavirer. C'était un Mardi sans garantie de secours, Où j'étais loin de savoir, en sortant ce soir, Que je ne retrouverais plus le chemin de retour, Car , j'étais déjà, dans ce gouffre dérisoire. C'était un Mardi Comme je les déteste, Un pauvre Mardi Qui de mon sourire, me déleste. Je suis loin, déjà loin de ce Mardi meurtrier, Qui m'a coupé les ailes et étouffé mes pas, Je souffre tant mais dans ma main, mon dernier billet Me demande de prier et de garder ma foi. Ouarda Baziz Cherifi (ALGÉRIE)

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LA COLOMBE J'ai rencontré une colombe Elle portait l’amour et la paix Je l'ai sculptée sur les murs Pour en faire une statuette Héritage pour notre postérité La nuit, je l’entendais: Elle me parlait des tortures Des viols, tueries... Et les regards meurtris La terre sacrée est piétinée Des larmes pures versées La colombe est blessée L'amour étranglé, la paix souillée La colombe ne bat plus les ailes Ses vols deviennent souvenirs Le sang a teinté son sourire Mes dessins n’ont plus de vie Leurs couleurs ont disparu Le rouge sang a immaculé la terre J’ai cherché l'olivier Pour abriter la colombe Le feu a tout brûlé L'écho de nos voix résonne: -"Colombe, Colombe reviens! Nos mots guériront tes maux.. Nos vers peut-être Apaiseront ta douleur " Ismahane Ismahane (ALGÉRIE)

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RENAISSANCE Je voudrais habiter le désert, Le parcourir à l'aube du jour. Arpenter ses dunes de sable, Sillonner ses vastes avenus, Ecouter les mots de son silence Dans la foi de mon existence. Près de la solitude pleine, Loin de la mort stupide, Je me rappelle cet instant Quand je me faisais vieux, Blanchissant de remords, Titubant d'abandon Et de lassitude, J'y vois couché l'horizon, Silencieux tel un lion blessé. Sa crinière s'offre au vent Dans un tourbillon vif Qui s'en va dans le ciel. Le ballet aérien des oiseaux Tournait mes sens rajeunis Aux confins de la plénitude, Vers ces iles de l'éternité. Je voudrais habiter le désert, Loin des boutiques éclairées, Loin de tout marchandage. Aux limites de la soif, Mon regard sur la goutte! Ces bulles d'azur céleste Dans ma résurrection, Me donnent le gratuit Et l'énergie vitale Du soupir. Je survis déjà ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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FEMME, MA MÈRE ! Je pense à ma mère ! Toi femme qui m' a porté Sous neuf belles lunes Éblouies de ta fortune, Je ne saurai assez te remercier. Revoir ton sourire de mon iris, Tirer vers mes flancs mous L'onde blanche sans remous De ton sein sans avarice, Je pense à ma mère ! Toi femme, oasis des hommes! Sous douze canicules attelées, Me voici, sous tes loupes éclairées. De grâce ! Conte-moi une somme. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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UNIVERS COMMUN J’ai longtemps rêvé d’un tel espace Jamais je ne l’ai vu en face. Un environnement pour tous Où nous serons animés de sentiments si doux. Un monde plein de couleur, Un monde de bonheur, Une terre d’harmonie, Lucarne pour entonner de belles mélodies. J’ai rêvé de ce monde sans dissension De cet univers de passion Où règne la gaieté L’amour et la solidarité. Un univers commun dans lequel Félins et oiseaux s’amusent, Où nous sommes tous essentiel Et constituons l’un pour l’autre une muse. Un environnement sans hommes ni animaux, Sans terribles maux, Où les blancs et les noirs sont amis Et vivent ensemble dans l’harmonie. Mon univers commun, C’est cet univers où nous sommes tous un. Peu importe la circonscription L’unité prime dans la nation. Wind a peint ce monde. Il faut plus qu’un tableau pour qu’on le fonde. Suivons son pas et celui de la francophonie Pour construire une meilleure vie. Marie Ella KOUAKOU (CÔTE D'IVOIRE)

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SÉNÉGAL, SÉNÉGAL Sénégal, Sénégal Pays de l’hémisphère nord Pays de l'Afrique occidentale Pays de la Francophonie Pays de la Téranga Toi qui ma donné le souffle de la vie Toi qui ma vu naître dans les steppes Sénégal, Sénégal Ta forme étoilée m’amène vers les côtes d'azur Quand le jour tire à sa fin Je m'inonde dans la splendeur de la nuit Ta belle forme ne peut être du hasard Mais le fruit d'une belle imagination Sénégal, Sénégal Pays de la Francophonie Voisin des pays Francophones Et limité par l’Océan atlantique à l'ouest Sénégal, Sénégal, pays de la Téranga Cheikh Abba Kebe (SÉNÉGAL)

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PETIT POISSON DEVIENDRA GRAND Vole! Vole! Petit oiseau ! Va au-delà des mers, J'attendrai sous mon hameau Ton gai retour, sur mon silence amer. Vole! Vole! Petit moineau ! Ne cède pas ton aile Au sombre tourbillon. Ce vent de mauvais zèle, Semeur des mornes saisons. Va! Va! Petit agneau! Dans le vert du pré, A l'abri de la puanteur tachetée, Aux reflets de ses crocs acérés Qui te chasse, affamé. Va! Va! Petit berceau Sur le fleuve tranquille, Sous cette étoile de Moussa, Dompteur du Grand Nil, De ses rois confondus, béats. Roule! Roule! Mon traineau! Fonce dans le chemin infini, Soulève la poussière derrière moi. Ouvre-moi la route de la vie, Le délice qui ne finit pas.

Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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UN NOUVEAU PLUMAGE Je suis à sec comme un oiseau sous la pluie. L'averse m'a trouvé. Elle m'a bien surpris. Dans ce nid clos, sous mon bec plein de fruits, Je croule sous mes plumes, funestes abris ! Le lointain, aux portes de mes ailes, Blanchit de mon désarroi. Ah ! Mon Ciel ! Cet azur ensoleillé, à l'étoile qui me hèle, Que je ne vois dans le flou démentiel. Le tonnerre est dans mon cœur meurtri Comme les arrières du soldat perdu Qui entend encore le cri de la patrie Réveiller son courage et sa vertu. Je suis à sec sous mon digne passé. Dans ce nid en ruines, tout mon héritage. L'harmattan me vint dans un flux sensé, Et nul doute en ce nouveau plumage: FRANCOPHONIE ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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MESDAMES ET MESSIEURS Messieurs du monde ! Regardez de votre cœur endormi Ces couleurs tombées à pic. Ecoutez ces pieds alourdis Battre le passé des terres épiques. Ces pas qui cherchent le rythme, Qui secouent le réveil de son sommeil, Qui tracent dans la poussière, la rime, L'ultime soupir du rêve -vermeille. Messieurs du monde ! Ouvrez vos portes béantes Aux salamalecs du nouvel espoir, Au doute respectueux qui encore patiente Cet envol dans le ciel de vos terroirs. Ils viennent de mes nuits. Ils sont de jour et de chaque bruit. Ils sont de tout ennui Ils hibernent, sans cordes, dans le puits. Messieurs du monde ! Vos pairs vous tendent les bras. Ces bras de Wind prêcheur, Réconciliant sans embarras Les peuples à leur bonheur. Mesdames du monde ! Qu'en pensez-vous ? Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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INDIGNÉE Indignée, De voir un monde au regard noir Indignée, De vivre avec des HOMMES sans foi Indignée, De toujours vivre de mal Indignée, De voir le bien se faire bousculer Indignée, De supporter la terreur Indignée, De toujours pardonner Indignée, Je suis d'une vie blêmit Indignée, De voir ma vie frémit Indignée, Je serai si je reste les bras croisés Indignée, Si mes yeux ne verraient que l’ennui Indignée, Je serai si je ne bouillonnerai Indignée, Si par malheur, je perdrai ce courage guerrier A voir cet univers partir en fumée Indignée, Jamais je ne le serai Indignée, Je serai si je ne me battrai Samira Ali Larbi (ALGÉRIE)

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MAMAN Voilà, tout est fini. Je me lève. J’ouvre les bras à la vie. Je ris comme au temps de mon enfance. Je te dis maman je t’aime ! J’enfouis ma tête dans ta robe à pois rouges. Tu me souris. Je hume a longs traits ton parfum, Bon marché certes, mais o combien enivrant. Je lève la tête. Ton visage est si beau sous le soleil ardent. Tu me dis : « viens ! » Je m’accroche à toi, telle la liane à l’arbre. Je n’oublierai jamais cet instant ou enfant tu me pris par la main. Depuis j’ai fait du chemin Avec en moi le souvenir de ton sourire Et de ton parfum bon marché Rachida Errahmane (ALGÉRIE)

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ET SI ON POUVAIT Et si on pouvait ! Si on avait juste envie de refaire le monde. Si juste on pouvait un matin ouvrir toutes grandes les fenêtres Et laisser entrer le monde fascinant de lumières. Éteindre à jamais nos écrans distillant le venin. Et si on pouvait à pleines mains Offrir des jasmins les roses de Saadi Et dire voilà le monde tel que nous le voulons Paisible tel une mer étalée. Et si on pouvait unir les hommes, Leurs croyances, leur rêves, leurs couleurs Et en faire nos frères de sang, de larmes de joie. Et dire celui-là est moi ! Celle-là est moi ! Renouveler l’amour pur cristal, Renouveler le mystère des aubes, les prairies d’antan. Et si on pouvait tout simplement vivre ensemble, Se parler, se tutoyer, se regarder juste un instant, Se rencontrer. Prendre le temps de se raconter. Rachida Errahmane (ALGÉRIE)

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QUI SUIS JE Je suis un pays comme il y en a beaucoup Pourtant je ne ressemble à aucun Je vais vous décrire le rêve le plus fou Que je fais bien souvent de la nuit au matin. Je suis de toutes couleurs Et je porte en mon sein Des enfants ravageurs Que pourtant j'aime bien. J’ai une terre brune, riche de mille graines Et des rivières bleues qui abreuvent mes plaines Un drapeau nous rassemble et fait mon élégance, En trois couleurs il semble redéfinir la France, Du bleu, au blanc, au rouge, Il flotte dans le vent, Il avance et il bouge au fil des ans. Mon enthousiasme est grand Mon ardeur est profonde Et mes millions d'habitants Voyagent de par le monde. Je suis un beau pays, vous le savez je crois, Car à peine partis, vous revenez déjà ! Et vous me rapportez, en cadeau souvenir La joie de vous retrouver Dans votre beau sourire. Monique Rousselle (FRANCE)

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LA ROUTE DU RÊVE Les frontières abondent, Dans les noms divers. Entre les fissures dans la terre, Un arbre s'est levé. Son ombre donne un havre, Où reste la clé de l'autre monde. Sur les ailes de l'oiseau de la langue, On survole au-dessus des montagnes colorées, À travers la route du temps, De l'origine à l'éternité. Que ce soit le jour, que ce soit la nuit, Une marche ensemble pour une Utopie libre. C'est un rêve Un rêve de l'âme. Bindu Padmavathy Murali (INDE)

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HYMNE Mon ange éternel Tu rends les âmes ivres Avec la belle mélodie de vers libres Mon ange, ma chère immortelle Quand tu ris tu gouvernes les cœurs Tu sèmes la fierté, la joie Lumière éternel de ma voix Cordon ombilical des cœurs Quand tu passes tu rends jalouse la sirène Car elle ne peut résister dans l’arène Mon très cher repère indéniable Comment puis- je me reconnaître? Comment puis-je sortir dans les ténèbres? Sans tes bruits invisibles Cheikh Abba Kebe (SÉNÉGAL)

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ERRANCE J’ai erré dans ton monde Cherchant la tendresse Tu m'en as donnée Puis tu t’es retenu J’ai erré dans ton monde Fuyant le malheur Tu m'as dessiné tel un peintre Un ciel plein étoiles de toutes couleurs Puis tu as éteint les lumières J’ai erré dans ton monde Là où j'ai vu tant de sourires naître Cherchant la joie j’ai vécu une euphorie Qui s'est transformée en mélancolie J’ai erré dans ton monde Prisonnière, je suis Je ne te reconnais plus Je cherche issue J’ai perdu la voie Et la foi en toi ! Ismahane Ismahane (ALGÉRIE)

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MÈRE ! je t'offrirais plein de gerbes Mille fleurs et tulipes Pour te dire Combien je t'aime Je t’offrirais plein de sourires Mille caresses Pour te dire Combien je t'aime Je t'offrirais mon cœur ma vie Pour revoir ton sourire Et te dire des mots Que j'ai omis de te dire je t’offrirais mille baisers Des larmes limpides Pour te dire Combien tu me manques Hélas désormais Je ne peux Que prier pour toi Ô mère ! Que dieu t accueille dans son paradis! Ismahane Ismahane (ALGÉRIE)

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J'AIME J'aime. Je vous aime mes amis De loin et de près, Mes amis inconnus De maintenant et demain. Je vous aime mes amis Du désert et de la mer, Du passé, du présent Et de tout l’univers. Je vous aime. Que m'importe Les couleurs de la peau, Les miroirs Du sauvage et la rage Des sanglots. Je vous aime mes amis Noirs, blancs et fidèles, Se lier - c'est trouvé La patrie sans frontières. Je vous aime mes amis Et j'ose vous parler. Les paroles sont des arcs Du futur et de blé. Elles unissent, Brisent les caves Et portent de l’espérance. Les paroles sont des voix Qui guérissent la souffrance. Elles libéreront les âmes Par leurs verbes déchaînés, Elles nous portent le bonheur Et bénissent la clarté. Alors Soyez bénis Les enfants et les jeunes 183


Avec des yeux d'affamés, Des hommes braves Et des femmes de cœur Gravé d'honnêteté. Soyez bénis Des vents et des nuages Sans mystère, Des jours tendres et frais Des saisons de couleurs. Les paroles sont nos routes Et les mots – nos pieds. Le français est la langue Des oiseaux libérés. Ils s'envolent et retournent Survivant le partage, Les poètes sont les maîtres De leur saint héritage. Nous parlons, Nous savons Nous crions parfois, Les Poètes de français Les enfants du combat… Et voilà, moi, Encore je vous aime Mes amis de partout, Mes amies éternelles…. SYLVIE STEFANOVA (BULGARIE)

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LIBERTÉ Vers l'infini vers le sacré Vers un monde plein de paix Où je serai ravie et gaie.. Emmène-toi liberté. Là-bas les hommes, là-bas les femmes Vivent tous en respect, Là-bas ils vivent et rendent l'âme Emmène-toi liberté. Dans tes bras je suis la folle et je cris Dans tes bras les rêves sont achevés, Dans tes bras je mort et je vis.. Emmène-toi LIBERTÉ. Sbih Hayfa (TUNISIE)

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LE VOULOIR Sous le feu qui brûle les mains Entre les tournesols qui veulent enfin Atteindre le soleil et donnent des grains, Un JASMIN encore sain. Malgré les mains qui veulent l'arracher, Les mains qu'ils ont tué, qu'ils ont caché, Caché les perles, mais les perles sont attachées, Un JASMIN encore accroché. Entre les griffes et sous les dents, Les dents d'un loup mouillés du sang, Un cadavre cache au dedans Un JASMIN encore vivant. Sbih Hayfa (TUNISIE)

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MON EAU, MA FLAMME Qui peut encore, à mon chevet, Me pincer le cœur, tout doucement? M'ouvrir les yeux au firmament, Sous un doux chant à mille sonnets? Qui ose toujours sous ma peine Céder son épaule affaissée Au pleur de mon pas délaissé, Le soir d'une pluie soudaine? Qui seule, contre toute tempête, Plus souple qu'un jeune roseau, Dans le feu et dans les eaux, Peut me relever de ma défaite? Qui est réel secours Dans ma sombre cour Si ce n'est toi, Femme Mon Eau, Ma Flamme? Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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LE 38 PARALLÈLE

Je viens d'un pays qui se ressemble au lapin. Un pays tout petit coincé entre tigres.. Le rouge comme le sang versé entre frères du Nord et du Sud.. Le bleu comme les larmes de mères qui les enterrent.. On ne m'a jamais dit autrement. . J'ai fui, moi, à l'âge de dix ans.. Sans jamais y retourner, jamais plus la gare où l'on m'attendais.. Ce n'était point la guerre qui nous a séparé à plus jamais.. Je sais bien le pourquoi sans vouloir l'expliquer.. « Me voilà, maman». Une vieille dame bossue souriante m'ouvre la porte, le parfum de riz cuit et de pot au feu en l'air. . Deux petits garçons, mes frères jumeaux courent envers moi, leurs bras de sapin bien enraciné..

Jaë Lim (CANADA/CORÉE)

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LE SOLEIL DE MA TERRE A l'aube des temps Le soleil frappe à ma porte Pour me livrer un bonjour Envoyé par la nature Me réveillant du néant Où le sommeil me copulait Je lui servie du "kabich" Tartiné de l'odeur du café A peine que le silence bouge Il doit partir sur les pats du guépard Car il a l'horizontale du ciel à parcourir Pour Enfin s'amaigrir sur la mer. Lenz Rathon (HAITI)

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D'OÙ VIENS-TU ? Ébloui, il lui dit : « D’où viens-tu ? » Elle lui répondit : « Je viens de la lune T’imprégner de ma lumière argentée Je viens du soleil De mes rayons te réchauffer Je viens des étoiles Pour te guider dans ta nuit Je viens des astres Te prédire une nouvelle vie Je viens du vent Balayer tes maux de ma brise Je viens de l’arc-en-ciel Égayer tes matinées grises Je viens du feu Pour faire fondre ta glace Je viens de la neige Incruster tes habits de strass Je viens des nuages T’abreuver de ma rosée Je viens des ruches d’abeilles Et de mon miel t’arroser Je viens des champs Te faire humer le parfum de mes roses Je viens du printemps Embellir tes journées moroses

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Je viens des oasis Te faire déguster mes dattes Je viens des prairies T’offrir des coquelicots rouges écarlates Je viens de la forêt Te faire respirer mon air Je viens de la terre des marabouts T’apporter une paix salutaire Je viens de l’Atlas Te faire escalader mes monts Je viens des rivières T’entraîner dans mes tourbillons Je viens des sources Pour te rafraîchir Je viens des cascades Où l’amour coule à loisir Je viens de l’océan T’emporter dans mon tsunami Je viens de l’aurore Éveiller tes sens de poésie. » Subjugué, il lui dit : « Es-tu Jénni ou Houri ? » ++ Elle lui répondit :

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« Je suis l’air Qui est venu sur ton désert Dessiner sur ses dunes Le soleil et la lune Je suis la brise du matin Qui est venu te bercer tel un refrain Pour abreuver ta terre aride Et de tendresse remplir ton cœur vide Je suis la tempête Qui fera frémir ton cœur las Et comme une raclette Raclera son verglas Je suis le sel de ta vie Et l’encens de tes nuits Je suis le baume à ton cœur Et l’exutoire de tes peurs Je suis la flamme Qui est venue attiser ton désir Je suis la femme Qui est venue t’entraîner dans ses délires ! » Mme Awatef EL IDRISSI BOUKHRIS (MAROC) ++ Jénni: femelle du démon / Hourri: très belle femme du paradis

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FILS DE PERSONNE D’un sursaut, de bras de Morphée je m’arrache En automate, je me hisse au sommet sans panache Jusqu’à l’orgasme d’un étirement presque bestial Les craquements des articulations font l’inventaire de mes fatigues proverbiales. Je me sens déjà re-naître de l’utérus d’un autre monde Le perchoir du soleil est vacant, à la seconde Le ciel n’est plus qu’un vieux plafond croulant Et le globe terrestre, un petit tas de merde Mon Paradis noir éclot doucement de la cendre mortuaire Des excès infernaux d’une journée interminable Où l’hyperbole méprisante est cavalièrement rivée à chaque mot A chaque expression, à chaque regard, à chaque geste… Nuit noire d’Afrique, On dit qu’elle est la nuit qui nuit Peuplée de sorciers, mangeuse d’étoiles Bâillonne la presse chantée d’agaçants gibiers à plumes C’est bien elle ma forteresse, mon Eden Là, j’enfourche un cheval de feu, brave tous les interdits Et cavale hors du temps Car même mon propre corps n’est plus ma demeure C’est là que j’essaie de bâtir mon avenir Avec l’argile de mes rêves C’est là que je vis à temps plein me nourrissant de prières et de rêves Privé de rêves que suis-je d’autre ? Cordon ombilical raccordé à la rue, ainsi je suis né Fils de personne La sorcellerie, je la porte comme une médaille olympique Voilà pourquoi le jour m’intimide, me blâme. Idriss - Ghislain OKENGE KONGA (République Démocratique du CONGO)

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LE FRANÇAIS ET MOI Je l’ai connu sur les bancs de l’école Le français, langue de mes idoles. Je les ai connus, poètes, romanciers, ou politiques Tous ces érudits à l’âme romantique. Le temps passant, j’ai grandi, Tout comme cet amour insensé Immortalisé par des écrits Que d’autres ne liront jamais. Pourtant, il m’est tout simplement impensable De ne pas te rendre hommage A toi instigateur de mes premiers amours En ces quelques phrases. Muriella MINOARISOA (MADAGASCAR)

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VISION COMMUNE, VISION D’AVENIR Voyez ces femmes et ces hommes Dans cette joyeuse farandole, Se tenant gaiement par la main Dans cette ronde sans fin. Voyez ces lointaines terres Aux caractéristiques si différentes Que la rupture de la mer A maintenu vivantes. Voyez ces êtres Aux couleurs chamarrées Que des guêtres La tenue semblent compléter. Voyez ces enfants, ces jeunes, ces vieux, Bâtisseurs du passé et forgeurs de demain, Faisant pour la Francophonie le vœu D’un futur pérenne et certain. Voyez toutes ces aspérités, Ces formes géométriques raides et douces à la fois, Que WIND d’un coup de pinceau assuré Nous fait découvrir avec joie. Voyez ces différents tons, Allant des plus clairs aux plus foncés, Former un tout cohérent Bien qu’ils soient imbriqués. Voyez cette vision unique et disparate D’un monde uni mais dynamique, Qui évolue et s’adapte Aux divers défis linguistiques. Voyez enfin ce que le monde pourrait devenir Si on apprenait à se comprendre et se découvrir ; Une culture commune, une histoire et des rêves unis Sous la bannière de la Francophonie Muriella MINOARISOA (MADAGASCAR)

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LE MONDE EST FEMININ Un vent m'a poussé dans un trou. Les yeux dans un noir dilemme, Je tendis les bras vers mes doigts, Seuls bouts de mes sens éteints. Le vide s'étendit à mes doutes. Il est à mon pied qui tressaillit, Il est à mon cri qui s'annonce: "Il y a quelqu'un ?" Un écho souverain s'enfuit Libéré de mes entrailles Qui resserrent le désespoir Autour de toute ma solitude. Je me vis. Je m'entendis hors du trou, Hors du noir. Dans la lumière du soleil. Sur ma peau que je ressens, Doucement et longuement, S'emplit un long nerf De cette sève nourricière Venue de mon lointain village, Aux frontières des sons des pilons Sur les battements des mains Des filles nubiles et insouciantes, Les soirs des retours de chasse, Victorieuse. Et comme une érection ultime, Dressé dans un éloge clairvoyant, Je fendit le noir de mon œil ! Je vis ma mère Au milieu du combat. Je ne suis pas né seul. Je suis venu avec une femme : Ma MÈRE ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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SANS DÉTOURS Sur une rue ouverte aux pas, Passent agités et fort pressés Des pas, des chemins bien alignés, Des destinations qui ne finissent pas. Devant mon attente apeurée, Ils disparaissent de mon visage. Ils ne ralentissent pas au virage, Ces pas sont condamnés. Sur une rue ouverte aux mains, Tendre le bras au bout d'une guitare, Pleurer de chœur sous la joie du rire avare, Comblé, qui bénit la pitance du lendemain. Infortuné monde ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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UN CRI DÉSESPÉRÉ J'ouvre les yeux Une lumière m'éblouit J’entends des chants D’un passé oubli Pourquoi est-ce j'ai ce sentiment Déjà-vu, Mon corps flotte comme un intrus Dans cette vie Où est-ce que je suis la mort ou la vie! La vérité je m'en moque, Mais d'où vient-elle Cette voie lointaine et pleine de mélancolie. La dernière fois que je l'ai entendu C’était dans une maison, un loge, un quartier Une place où les rêves sont pris Maltraité et jeté dans un sentier Noir et plein de pitié Quand je me suis assis, Un frisson me parcouru Je sentis l'odeur des fleurs fanées Je suis dans un champ alors Je suppose que je devrais m'en allé Mais non je ne suis guère Dans un champ de fleurs; Je suis dans un champ de bataille Plein de l'odeur de la mort tordu Plein de l'odeur du sang.

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Je me tourne, émus, pétrifié Où est la voie que j'entendais? Ici, il n'y a que les chants de l'oubli Le silence partout, où je regarde à jamais... Je me souviens maintenant On s'est donné rendez-vous ici Moi et mes frères éparpillés Dans le monde entier. Ne serait-ce pas dans cet endroit Que l'humanité a été détruite Ne serait-ce pas dans cet endroit Que nous avons cherché fuite Ne serait-ce pas dans cet endroit Oubli et abandonné par les autres Que nos rêves se sont réunis Pour répandre l'espoir à autrui Puisque notre ennemi pensait Qu’il nous avait englouti dans le noir pour l'éternité... Amal chaâbouni (TUNISIE)

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SONGE Passer les heures chaudes du jour, à l’ombre de douces présences, Emporté par le rêve d’une harmonie des variétés, Se laisser bercer par la farandole des cultures Qui verra la disgrâce des frontières Et défiera, en beauté, la splendeur de l’Océan. Le jeu si délicieux des liens qui se nouent Dans l’extase d’une langue aux allures de câlins, Qui étanchera notre désir d’universalité, Et nous fera oublier ces frissons anciens Sortis des profondeurs de nos songes. Ensemble, on inventera la solidarité En succombant à la tentation de l’amitié dans nos bras de velours. On profitera de la marche hésitante de l’horloge Pour régler nos pas heureux Sur les battements de nos cœurs unis. Ivres d’un désir ardent, ô Liberté, Sur cette terre souvent trouble qui garde encore le charme de la vie, Nous oublierons l’éclair et la foudre En consacrant le dialogue, roi, dans les cœurs. J’ignore l’histoire de la prochaine aurore, Mais je sais que nul hiver, Nul éclat de soleil tropical, Ne pourra contrarier le printemps de notre communion. Molière, Senghor et Miron naviguant dans la même barque, Au milieu d’un monde où les oiseaux se font frères des fleuves ; Et nous resplendirons ensemble, malgré le fracas des temps maussades. Et nos pères et nos mères Verront l’étreinte de l’espérance sur nos faces ravies. Et nous ferons le serment de continuer, par-dessus nos accents, à nourrir la torche qui ne faiblira pas dans nos nuits, la torche de la Francophonie… Médard K. Bouazi (QUÉBEC, CANADA)

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