Sprinting towards change: sex and pregnancy in emergencies

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Le choix ouvre sur un monde de possibilitĂŠs

SPRINTer vers le changement sexualitĂŠ et grossesse en situations de crise


SPRINTer vers le changement : sexualité et grossesse en situations de crise 3

Avant-propos

La Fédération internationale pour la planification familiale est un prestataire mondial de services de santé sexuelle et reproductive et l’un des premiers défenseurs de la santé et des droits en matière de sexualité et de reproduction pour tous, y compris les personnes affectées par les crises humanitaires. Nous sommes un mouvement mondial d’organisations nationales œuvrant avec et pour les communautés et les individus. Les crises, qu’elles soient créées par l’homme ou causées par des catastrophes naturelles, peuvent infliger des souffrances et des difficultés indicibles, en particulier aux femmes. À travers le monde, les problèmes liés à la santé sexuelle et reproductive sont les premières causes de mortalité et de mauvaise santé des femmes en âge de procréer. En temps de crise, cette vulnérabilité augmente tandis que l’accès aux services diminue. Selon les estimations, tous les ans dans le monde, des dizaines de milliers de femmes et de filles sont victimes d’agressions sexuelles dans les situations de conflit. L’Initiative SPRINT offre l’un des aspects les plus importants généralement oubliés lorsque les catastrophes et les conflits surviennent. SPRINT offre des solutions pratiques aux jeunes filles et aux femmes en formant des agents humanitaires en matière de grossesse, d’accouchement, de santé de la reproduction et de conséquences du viol et de la violence. L’Initiative enclenche également des processus politiques visant à sensibiliser, améliorer la coordination et renforcer les capacités en vue de fournir des services de santé sexuelle et reproductive en situation de crise. SPRINT est pratique, efficace et sauve des vies.

L’Australie finance l’Initiative SPRINT depuis 2007. Le Groupe parlementaire australien chargé des questions de Population et de Développement suit l’initiative de près depuis son démarrage. L’Australie est très fière de soutenir l’Initiative SPRINT et ses réalisations de soutien à la santé sexuelle et reproductive en situations de crise. Un exemple spécifique des réussites de SPRINT est la fourniture d’un ensemble de services de santé sexuelle et reproductive ayant bénéficié à plus de 250 000 victimes d’inondation au Pakistan en 2010 (y compris les nombreuses personnes qui ont également souffert du traumatisme lié aux violences sexuelles et basées sur le genre). Nous espérons que l’Initiative SPRINT continuera à l’avenir de s’améliorer et d’aider les personnes affectées par les situations de crise. La Sénatrice Claire Moore Sénatrice du Queensland, Australie

L’initiative SPRINT Cette publication fait partie d’une plus vaste initiative nommée SPRINT (Sexual and reproductive health PRogramme IN humaniTarian settings/Programme de santé sexuelle et reproductive en situations de crise). Cette initiative, menée par l’IPPF en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et d’autres partenaires nationaux et internationaux, vise à améliorer la santé des populations touchées par les crises, en réduisant les effets d’une mauvaise santé, les décès et les handicaps liés à la sexualité et la reproduction. SPRINT a été financé par le gouvernement australien à travers AusAID


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IPPF: SPRINTer vers le changement

Pour la Fédération Internationale pour la Planification Familiale, toute personne, en toutes circonstances, a le droit de jouir pleinement de ses droits en matière de sexualité et de reproduction – point final. Cette conviction sous-tend tout ce que nous faisons, toute information et tout service que nous nous efforçons d’offrir par le biais de nos Associations Membres à travers le monde.

Jusqu’à présent, il est évident que pour nombre de personnes, les services de qualité en santé sexuelle et reproductive (SSR) ne sont simplement pas une réalité. Les mères continuent de décéder en couches pour des causes totalement évitables et traitables ; les nouveaux nés courent encore des risques de maladies mortelles. Les violences sexuelles et basées sur le genre persistent à un niveau alarmant, ainsi que la transmission d’infections sexuellement transmissibles, dont le VIH. Durant une crise, la vulnérabilité aux maladies graves liées à la santé sexuelle et reproductive augmente. Dans le même temps, l’accès aux services qui préviennent la mortalité et les handicaps inutiles diminue. Dans un contexte d’urgence humanitaire, les défis liés à la SSR et auxquels sont confrontés les réfugiés et les personnes déplacées internes ne sont pas priorisés et encore moins résolus. En effet, de nombreux hommes, femmes et jeunes gens n’ont pas accès aux services de santé sexuelle et reproductive, essentiels pour leur santé. L’Initiative SPRINT a été mise sur pied pour résoudre ces problèmes. À travers le développement des capacités, l’appui à la mise en œuvre des services de santé reproductive et un plaidoyer ciblé, l’initiative Sprint vise à accroître la disponibilité des services de santé sexuelle et reproductive pour les personnes affectées par les crises. SPRINT représente l’engagement de l’IPPF à accroître l’accès des populations en situation de crise aux services de SSR, populations qui sont parmi les plus marginalisées dans le monde.

Depuis sa mise en place en Décembre 2007, SPRINT a soutenu la mise en œuvre des services de santé sexuelle et reproductive dans les zones de crise en Asie de l’est et du sud-est et dans la région du Pacifique, en Asie du sud, en Asie centrale, au Moyen Orient, en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne et dans les Caraïbes. SPRINT a formé des milliers de coordonnateurs de programme et de responsables de soins de santé de par le monde pour mettre en œuvre les services vitaux de SSR par le biais de son curriculum ; appuyé les efforts d’intervention d’urgence dès le début des catastrophes naturelles et des conflits dans quelques 32 situations de crise ; et appuyé les États dans 23 pays dans l’adaptation de politiques permettant la fourniture de services SSR en situation d’urgence. Notre travail continue d’évoluer et de s’étendre pour satisfaire les besoins des personnes touchées par les crises. IPPF et ses Associations membres n’ont pu réaliser cette œuvre seuls. SPRINT est le fruit des efforts de plusieurs agences. Nous travaillons en partenariat avec AusAid, le programme d’aide extérieure du gouvernement australien ; l’Université de New South Wales (UNSW) ; la Fédération Internationale des Sociétés Nationales de la Croix rouge et du Croissant Rouge (FICR); le Fonds des Nations-Unies pour la Population (UNFPA); la Commission des femmes pour les réfugiés (WRC), le Haut Commissariat des NationsUnies pour les réfugiés (HCR) ; les gouvernements et organisations non gouvernementales sur le terrain. Nous travaillons également en collaboration étroite avec le Groupe de travail inter-agences sur la santé de la reproduction en situations de crise (IAWG). Nous

sommes reconnaissants envers nos partenaires d’avoir rendu nos réalisations possibles. IPPF est fière que SPRINT ait pu satisfaire les besoins en matière de SSR dans les situations de crise avant, pendant et après une crise. SPRINT réduit efficacement le fossé de plus en plus étroit entre les activités de développement et les activités humanitaires en appuyant des services SSR constants et de qualité. IPPF continuera de renforcer les réalisations de SPRINT afin de s’assurer que les services de santé sexuelle et de la reproduction et les droits en la matière soient accessibles à tous. Tewodros Melesse Directeur général de l’IPPF

Depuis 2007, nous avons formé 95 équipes nationales de coordination, 4000 coordonateurs et agents nationaux qui sont intervenus dans 32 crises humanitaires.


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L’urgence : santé sexuelle et reproductive en situation de crise 65 millions

20 ans

80%

25%

Les femmes et les jeunes filles

Environ 500 000

17%

Les hommes et les jeunes garçons

de personnes réfugiées et déplacées à l’intérieur de leur propre pays dans le monde ont dû quitter leurs foyers en raison de conflits ou de catastrophes naturelles. Les femmes, les enfants et les jeunes en constituent la vaste majorité.1

est la durée moyenne dans le monde d’un exil pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Elle est de 17 ans pour les réfugiés. 2, 3

de ceux qui ont péri dans le tsunami de 2004 étaient des femmes et des filles.4

de toutes les femmes déplacées dans la tranche d’âge de 15 à 49 ans peuvent être enceintes à un moment donné.

sont exposées au viol et autres formes de violence sexuelle et basée sur le genre au cours d’une crise humanitaire.

femmes ont été victimes de viol au cours du génocide au Rwanda.8

des rwandaises sont séropositives.

sont de plus en plus pris pour cible de viol.

Problème mondial

La vie est totalement bouleversée pour les personnes touchées directement par des conflits ou des catastrophes naturelles. Lorsque des crises humanitaires surviennent, il faut des mois et des années pour reconstruire ce qui a été détruit, particulièrement dans les pays en développement. Non seulement le nombre de personnes déplacées par des crises humanitaires peut être important, mais aussi la période qu’elles sont forcées de passer dans le désarroi, dans des camps ou d’autres lieux, peut être longue et difficile à supporter. Lorsqu’un pays ou une région sont frappés par une catastrophe, les conséquences sur tous les aspects de la vie peuvent être désastreuses. Si elles réussissent à survivre à la crise, les personnes déplacées peinent à trouver les produits de première nécessité dans un contexte perturbé qui dure en général des années ou des décennies. Les besoins sont nombreux et énormes. Un besoin fondamental est souvent négligé suite à une catastrophe : le besoin urgent de services vitaux de santé sexuelle et reproductive. Bien que ces services soient parfois brièvement envisagés lorsqu’une catastrophe survient, leur nécessité n’est ni bien comprise ni priorisée. La santé reproductive est le plus souvent oubliée ou non prise en compte et l’accès à ces services n’est pas considéré comme crucial.

Pourtant, lorsque le droit à la santé sexuelle et reproductive n’est pas réalisé, les femmes et les jeunes filles déplacées sont exposées à un risque accru de décès et de handicap. Les problèmes liés à la santé sexuelle et reproductive touchent une grande partie de toute population, et il en est de même pour les personnes déplacées par les situations de crise ; en effet, leurs besoins sont souvent accentués. Environ 25% des femmes déplacées en âge de procréer seront enceintes,5 et 15% de tous les accouchements se feront avec des complications –5% des femmes nécessiteront une césarienne pour sauver leur vie et mettre leur enfant au monde.6 La vie des mères et des nouveaux nés sera en danger. Les conflits et les incertitudes remettent souvent en question l’accès aux services vitaux de santé en raison de la destruction des infrastructures et des systèmes de santé. Les crises exacerbent les cas de violence sexuelle et basée sur le genre, qui peuvent mener à la mort. L’absence d’accès aux méthodes modernes de planification familiale peut entrainer des grossesses non désirées et des complications liées à un avortement à risque. Des rapports sexuels pour la survie ont lieu en échange de nourriture, d’eau et d’abri. Ces facteurs et bien d’autres, augmentent la vulnérabilité des réfugiés et des personnes déplacées vis-à-vis des infections sexuellement transmissibles, dont le VIH. Et, ce qui est le plus frustrant dans cette grave situation à laquelle les populations affectées par les crises sont confrontées, c’est que nous savons ce qu’il faut faire.

Normes internationales de réponse

Le Groupe de travail inter-agences sur la santé reproductive en situation de crise (IAWG) a été formé en 1995 pour développer une politique internationale d’intervention en matière de santé sexuelle et reproductive à l’intention des réfugiés et personnes déplacées internes et des autres populations affectées par des crises humanitaires. L’IAWG comprenant au début plus de trente groupes y compris l’IPPF, des agences des Nations-Unies (ONU), des universités, des organisations gouvernementales et non gouvernementales, et dirigé par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA), a mis en place le Dispositif Minimum d’Urgence pour la Santé Reproductive en Situations de Crise (DMU) – un ensemble d’activités prioritaires à mettre en œuvre dès le début d’une crise humanitaire. Le but du DMU est de sauver des vies en mettant en œuvre des interventions prioritaires d’urgence en matière de santé sexuelle et de la reproduction. Le DMU est une norme internationale de prise en charge telle que décrite dans la Charte humanitaire et normes minimales pour les interventions lors des catastrophes du Projet Sphère (2004). Le DMU est également reconnu par le Cluster Santé mondial dirigé par l’OMS et comprenant plus de 30 organisations humanitaires internationales de santé.7

Lorsque mis en œuvre efficacement dès l’apparition de la crise humanitaire, les services de SSR décrits dans le DMU font la différence entre la vie et la mort ou le handicap pour ceux qui sont affectés par la catastrophe. En 2004, l’IAWG a publié « Reproductive Health Services: A Decade of Progress » – Services de santé de la reproduction: une décennie de progrès – (également connue comme l’Évaluation mondiale) qui a identifié les problèmes de base liés à la santé sexuelle et reproductive en situations de crise – le point de départ et la raison d’être de SPRINT.

NOUS SAVONS CE QUI FONCTIONNE

Le Dispositif Minimum d’Urgence Les urgences humanitaires sont complexes et particulières. Cependant, en ce qui concerne les besoins en santé sexuelle et reproductive des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, il existe un ensemble d’interventions vitales qui doivent être mises en place dès le début de toute crise. Le Dispositif minimum d’urgence pour la santé de la reproduction en situation de crise (DMU) est la norme acceptée au niveau international pour la coordination et les soins en matière de santé sexuelle et reproductive dans les situations d’urgence. Les activités prioritaires du DMU, si mises en œuvre dès le début de la crise, visent à : coordonner la réponse en matière de santé sexuelle et

reproductive (afin que les agences sachent qui fait quoi, et où) prévenir les violences sexuelles et prendre en charge les

survivant(e)s

La mise en œuvre du DMU n’est pas facultative : il s’agit d’une norme internationale de soins qui doit être appliquée dès le début de toute crise.

réduire la transmission du VIH prévenir les décès et les handicaps maternels et néonatals

traiter les infections sexuellement transmissibles, fournir

des produits contraceptifs pour satisfaire la demande et s’assurer que les antirétroviraux pour le traitement du VIH sont disponibles pour les utilisateurs déjà sous traitement prévoir davantage de services complets de santé sexuelle et reproductive dès que la situation le permet Il faut toujours fournir le DMU en même temps que d’autres priorités cruciales telles que la nourriture, l’eau, la sécurité, l’assainissement et l’abri ; tous ces services sauvent des vies et sont encore plus efficaces lorsque fournis de concert. Bien que le DMU soit la norme établie de soins de santé sexuelle et reproductive en situations d’urgence, il ne représente pas une priorité universelle et n’est pas mis en œuvre dans de nombreux pays et régions. En fait, de nombreux coordonnateurs de programme et agents de santé qui travaillent dans les situations humanitaires ne comprennent toujours pas le DMU et n’ont pas encore reçu de formation en matière de coordination et de mise en œuvre du DMU. Ceux qui travaillent dans les contextes post-crise ont également un rôle à jouer au niveau du renforcement du DMU pour s’assurer que des services complets soient mis en place dès que la situation le permet.


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Étude de cas sur les catastrophes naturelles : le Pakistan

Étude de cas d’un conflit : la Côte d’Ivoire

Survivre à une violence sexuelle après des inondations

« Ma fille est tombée et saigne », déclare la mère de Sakina en poussant sa fille de dix ans aux urgences de la clinique que l’Association pour le Planning Familial du Pakistan (FPAP) vient d’installer dans le district de Muzaffargarh, au Punjab Sud, touché par les inondations. Fin juillet 2010, le Pakistan était en proie à des inondations dues à des pluies de mousson sans précédent qui ont submergé un cinquième du territoire du pays. Les routes et les infrastructures ont été très endommagées, les cultures détruites et les terres cultivables gorgées d’eau et inutilisables – mais ce sont les populations pakistanaises qui ont le plus souffert. Environ 5000 personnes ont trouvé la mort ou ont été blessées. Les statistiques officielles indiquent que 20 millions de Pakistanais ont été gravement affectés par les inondations; 3,4 millions d’entre eux ont été déplacés et 1,9 millions de maisons ont été détruites ou endommagées. FPAP, également connu sous le nom de Rahnuma-FPAP (« Rahnuma » est un mot Urdu qui signifie guide pour le développement et la prospérité), est une association membre de l’IPPF qui sert le peuple pakistanais depuis 1953. Rahnuma-FPAP connaît bien les besoins de SSR des Pakistanais et était la mieux placée pour poursuivre la prestation des services si indispensables lorsque les inondations ont commencé. L’Initiative SPRINT s’est immédiatement rapprochée de Rahnuma-FPAP et de l’UNFPA pour s’assurer que le DMU soit mis en œuvre au plus vite, comblant ainsi les manques dans la fourniture des services SSR en dépit des déplacements massifs. Rahmuna-FPAP a développé des services mobiles aux endroits sévèrement touchés par les inondations et en faveur des communautés déplacées en utilisant des véhicules et des bateaux là où les infrastructures étaient gravement endommagées. L’une de ces équipes mobiles a soigné Sakina. L’examen physique effectué a révélé que du sang coulait

de ses parties génitales qui montraient également des signes de traumatisme. Elle n’était pas tombée, mais avait été victime de violence sexuelle, , la forme la plus dangereuse de violence sexuelle et basée sur le genre ayant été répertoriée comme étant en hausse dans le monde dans les situations de déplacement forcé et de faillite de la loi et de l’ordre. Sakina a immédiatement reçu un traitement de prévention d’infections sexuellement transmissibles, du VIH et de grossesse, ces soins faisant partie des services offerts dans le cadre du DMU. Les psychologues de Rahmuna-FPAP ayant reçu une formation sur le conseil relatif à la violence sexuelle et basée sur le genre ont pris Sakina en charge. Ce partenariat avec SPRINT a réussi à attirer d’autres agences internationales ainsi que des financements, à savoir CARE International, Pakistan Poverty Alleviation Fund, et AusAID. À ce jour, le DMU mis en œuvre avec succès a bénéficié à plus de 250 000 survivants des inondations au Pakistan, dont un grand nombre a connu le traumatisme aggravant de la violence sexuelle et basée sur le genre. Quelques 3 500 kits de SSR et plus de 5 600 kits d’hygiène ont été distribués dans les régions affectées par les inondations. Longtemps respectée en tant qu’organisation de santé de la reproduction, Rahmuna-FPAP est maintenant reconnue comme une organisation humanitaire capable de fournir des services SSR en situations de crise. Le Dr. Anjum Rizvi, directrice des programmes et ancienne participante à une formation SPRINT et M. Tauqeer Mustafa, gestionnaire des programmes, tous deux de Rahnuma-FPAP, conviennent que le partenariat SPRINT au Pakistan continue d’être un succès :

Donner naissance à la sagesse au cours d’un conflit

Le fait que six pays sur neuf de l’Asie du Sud soient considérés comme « extrêmement exposés au risque » des catastrophes naturelles ne diminue pas l’inquiétude quant à la réponse aux besoins de SSR des populations vulnérables lors d’une prochaine crise.

« Le plus important a été la focalisation de SPRINT sur le DMU et la mise à disposition de la formation pour les partenaires. La coordination et l’appui constant que SPRINT fournit est inestimable. Grâce à cet appui, d’autres partenaires comprennent comment appliquer ce modèle et regrettent de ne l’avoir pas connu plus tôt ». Par la suite, cette expérience a permis à Rahnuma-FPAP d’intervenir efficacement lors des inondations de la Province du Sindh en 2011. Le DMU a été mis en œuvre grâce à une équipe formée de prestataires de service et à des ressources supplémentaires mobilisées à travers les Clusters de la réponse humanitaire.

« Je suis si soulagée », a déclaré Pélagie à la sage femme qui venait de l’aider à accoucher à la Clinique de l’Association Ivoirienne pour le Bien-Être Familial (AIBEF). La petite fille bien portante de Pélagie est née le 28 mai 2011. Exactement deux mois auparavant, le 28 mars, cette Ivoirienne de 27 ans a trouvé refuge dans un abri de fortune dans un camp pour personnes déplacées à la mission catholique de la ville de Duékoué. Elle est arrivée épuisée, malade et apeurée – elle était enceinte. La République de Côte d’Ivoire en Afrique de l’ouest est en proie à des troubles civils depuis que la première guerre civile ivoirienne a éclaté en 2002. Un accord signé en 2007 entre le gouvernement et les rebelles a ramené la paix pendant quelques années jusqu’à l’élection présidentielle, reportée depuis 2005, et qui s’est finalement tenue en novembre 2010. Se préparant à des troubles possibles et s’appuyant sur les formations régionales précédemment menées, SPRINT a organisé en septembre 2010 des sessions de formation au niveau national en vue de préparer les acteurs nationaux, y compris l’association membre de l’IPPF, l’AIBEF, aux déplacements qui allaient probablement suivre les troubles à venir. Lorsque les violences post électorales ont gagné la ville de Pélagie et après la mort de son mari et d’autres hommes, elle et un groupe de femmes n’ont pas eu d’autre choix que de fuir. Elles sont arrivées au camp de Duékoué où l’initiative SPRINT, avec l’appui de Save the Children et du Fonds central pour les interventions d'urgence des Nations Unies (CERF), à soutenu l’AIBEF pour la mise en œuvre des services du DMU, y compris les soins obstétriques d’urgence et la prise en charge des nouveaux nés. Peu de temps après son arrivée au camp, Pélagie a reçu des soins continus pour sa grossesse et beaucoup de solidarité de la clinique de l’AIBEF, notamment car plusieurs membres du personnel de la clinique ont également

La petite Sophie attend sa consultation de quatre mois à la Clinique de l’AIBEF.

fui leurs foyers et trouvé refuge dans le camp. Grâce à leur prise en charge, Pélagie a recouvré des forces et finalement accouché de Sophie – un prénom signifiant « sagesse » et également le prénom de la membre de SPRINT qui a aidé à monter l’intervention d’urgence de l’AIBEF. Selon Florent Kéi, Directeur Exécutif de l’AIBEF et Michel Comossiehi, Coordonnateur en charge de la supervision, le partenariat avec SPRINT a permis la prestation de milliers de services SSR sur le terrain dès le début de la crise; il s’agit de soins prénatals et obstétricaux d’urgence pour les femmes et les nouveaux nés, de traitement et de prévention d’infections sexuellement transmissibles, et de la disponibilité de produits contraceptifs de base. Au fur et à mesure que la situation se stabilisait, un choix plus large de contraceptifs modernes étaient rendus disponibles dans le camp, notamment les stérilets et les implants. De février à septembre 2011, la petite clinique de l’AIBEF au camp de Duékoué a procédé à 341 accouchements, 1712 consultations prénatales, 1352 services de contraception y compris 110 implants et 46 dispositif intra-utérins, distribué plus de 4500 préservatifs, traité 174 cas de maladies sexuellement transmissibles et pris en charge neufs victimes de viols. La clinique de l’AIBEF participe également au redressement et au redéveloppement de la communauté en continuant de fournir des services de santé sexuelle, reproductive, maternelle et néonatale.

En outre, les compétences et les outils transférés pendant la collaboration avec SPRINT ont permis que le personnel de l’AIBEF soit mieux outillé pour affronter la prochaine situation de crise en Côte d’Ivoire. Le personnel réalise le plaidoyer pour un changement de politiques et œuvre à la mise en place de davantage de services complets de SSR dans l’intervalle.


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SPRINTer vers le changement : sexualité et grossesse en situations de crise 11

essement Redr

prépa ration

Evaluation d (vulnérabili es risques tés et aléa s)

Mesures de réduction des risques (atténuatio n)

4,000+ personnes formées dans 95 pays

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CHANGEMENT SYSTÉMIQUE

Développement à long terme des capacités et assistance technique

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n io ct tru ns co Re

Le long conflit au Sud-Soudan implique que le plus récent pays du monde abrite de nombreux réfugiés et déplacés internes. SPRINT a organisé une formation importante en DMU en octobre 2010 pour les premiers intervenants nationaux. La session de formation sur la coordination du DMU a réuni les partenaires de SPRINT, à savoir les agents du ministère de la santé de cinq états, le ministère de la santé national de Juba, des représentants d’organisations non gouvernementales, des agences des Nations Unies, et le Croissant Rouge Soudanais. Suite à cette formation, les participants ont élaboré un plan de contingence de santé de la reproduction en collaboration avec Women’s Refugee Commission et l’UNFPA. Le plan détaille ce qui pourrait et devrait être inclus dans la phase de préparation au référendum en vue de fournir des services et des informations de SSR ininterrompus aux populations déplacées. Enfin, ce plan a été intégré dans le plan de contingence du Cluster Santé pour le referendum de janvier 2011, une importante réalisation de SPRINT en terme de préparation aux situations d’urgence et un modèle mondial pour la préparation à une crise. L’équipe nationale de coordination nouvellement formée du Soudan du Sud travaille également à effectuer des changements au niveau des politiques et à placer la SSR en situation de crise parmi les priorités.

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Étude de cas sur la préparation : le Soudan du Sud

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Réponse

L’Initiative SPRINT se penche sur les besoins d’urgence en matière de santé sexuelle et reproductive avant, pendant et après les crises. L’approche holistique aborde toutes les étapes du cycle de gestion de l’urgence dans lequel les interventions durant les phases aiguës d’une crise sont précédées d’activités de préparation et suivies d’intervention de redressement/ redéveloppement :

Le Cycle de Gestion de l’Urgence

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œuvre du DMU en organisant des formations à l’intention des acteurs de l’humanitaire œuvrant aux niveaux national et régional appuyer la campagne de plaidoyer à l’endroit des gouvernements et des organisations afin d’intégrer la santé sexuelle et reproductive dans les plans nationaux de préparation aux urgences, les politiques et les interventions fournir des financements et un appui technique pour la mise en œuvre du DMU durant les situations de crise

l’atténuation des risques de réduction de l’accès aux services vitaux de SSR au début d’une crise. SPRINT réalise cela en donnant son appui pour la mise en place de plans et politiques de mise en œuvre du DMU avant la survenue d’une crise. SPRINT œuvre à la préparation d’acteurs nationaux en développant les capacités nationales dans les régions exposées aux risques de catastrophes naturelles et en formant les parties prenantes clés dans la coordination et la mise en œuvre du DMU. SPRINT fournit une assistance technique, des fonds et un renfort de temporaire de capacité afin d’aider les pays à mettre en œuvre le DMU et à satisfaire les besoins vitaux de SSR dès le début d’une urgence. SPRINT soutient la transition vers la fourniture de services de SSR plus complets en vue de sortir de la crise.

Intégration de la SR dans les plans de préparation aux urgences

CRISE

D

accroître la capacité nationale de coordination et de mise en

SPRINT s’investit pour la création d’un environnement propice à

Sensibilisation et plaidoyer

U H C T I OP O ND STR E S RISQUES DE C ATA

Reconnaissant les manques dans la mise en œuvre du DMU et que les catastrophes n’attirent pas toujours l’attention internationale, SPRINT a été créé pour renforcer la capacité nationale à intervenir au niveau des besoins des populations déplacées en matière de SSR. Le projet a démarré en 2007 comme un programme pilote dans la région de l’Asie de l’est, du sud-est et du Pacifique ; il s’est étendu par la suite à l’Asie du sud, l’Asie centrale, le Moyen Orient et l’Afrique du nord, l’Afrique subsaharienne et les Caraïbes. Le projet collabore avec les ministères de la santé et de gestion des catastrophes, les Associations membres de l’IPPF, les organisations humanitaires internationales et locales et les agences des Nations-Unies en vue de :

SR en situations de crise en cours ou intégrées dans 23 politiques nationales

d

Bien que le DMU ait été reconnu sur le plan international comme norme d’intervention vitale en matière de coordination et de prise en charge, la prestation de services de santé sexuelle et reproductive n’est pas systématiquement intégrée dans l’intervention humanitaire internationale. En outre, les intervenants internationaux n’interviennent pas à chaque crise qui frappe, surtout pour les crises de faible et moyenne ampleur.

Le modèle SPRINT du continuum urgence-développement

Résoudre les problèmes et combler le fossé entre le développement et l’humanitaire


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SPRINTer vers le changement : sexualité et grossesse en situations de crise 13

Succès de par le monde (2007–2011)

G R O E N L A N D

SUEDE

ISLANDE

FINLANDE

R U S S I E

NORVEGE ESTONIE

C A N A D A

DANEMARK

ROYAUME UNI

BELGIQUE

LICHTENSTEIN

MONACO

PORTUGAL

KOSOVO

ESPAGNE ALBANIE

Interventions humanitaires entreprises par les partenaires SPRINT : 32 Changements de politiques effectués ou en cours : 23

OUZBEKISTAN

GEORGIE

MACEDOINE

TURKMENISTAN

TURQUIE

MALTE

C H I N E

SYRIE

CHYPRE

MAROC

ISRAEL PALESTINE

ILES CANARIES

JORDANIE

IRAK

I R A N

NEPAL

EGYPTE

DUBAI QATAR

SAINT KITTS ET NEVIS

HONDURAS

MONTSERRAT GUADELOUPE

NICARAGUA

SALVADOR

ARUBA

ST VINCENT

CURAÇAO

TCHAD

SENEGAL

MARTINIQUE STE LUCIE BARBADE

GUINEE BISSAU

GRENADE

HONG KONG MACAO

TAIWAN

LAOS

GUINEE

THAILANDE

LIBERIA

VIETNAM

PHILIPPINES

MICRONÉSIE

DJIBOUTI BENIN

NIGERIA

CÔTE D'IVOIRE

SIERRA LEONE GUYANE FRANCAISE

GUYANE

YEMEN

CAMBODGE

BURKINA FASO GHANA

VENEZUELA

ERYTHREE

SOUDAN

GAMBIE

COSTA RICA

COLOMBIE

MYANMAR

NIGER

MALI

CAP-VERT

DOMINIQUE

TRINITE ET TOBAGO

PANAMA

BANGLADESH

ANGUILLA SAINT MARTIN ANTIGUA

HAITI

BELIZE

GUATEMALA

I N D E

OMAN

MAURITANIE

ILES VIERGES AMÉRICAINES ET BRITANNIQUES

PORTO RICO

EMIRATS ARABES UNIS

BHOUTAN

PAKISTAN

BAHREIN

Sahara Occidental

ARABIE SAOUDITE REPUBLIQUE DOMINICAINE

JAPON

AFGHANISTAN

KOWEIT

ALGERIE LIBYE

Caribbean Family Planning Affiliation

MEXIQUE CUBA

COREE DU NORD TADJIKISTAN

LIBAN

BERMUDES

JAMAIQUE

KIRGHIZISTAN

ARMENIE AZERBAIDJAN

GRECE

COREE DU SUD TUNISIE

LES BAHAMAS

M O N G O L I E

BULGARIE

MONTENEGRO

ACORES

Nombre de pays ayant reçu la formation SPRINT : 95

K A Z A K H S T A N

ROUMANIE

BOSNIE SERBIE HERZEGOVINE

ANDORRE

D ’ A M É R I Q U E

UKRAINE MOLDAVIE

HONGRIE

SLOVENIE CROATIE

ITALIE

BIELORUSSIE

REPUBLIQUE TCHEQUE SLOVAQUIE AUTRICHE

SUISSE

FRANCE

U N I S

LITUANIE

POLOGNE

ALLEMAGNE LUXEMBOURG

E T A T S

LETTONIE

RUSSIE

PAYS-BAS

IRLANDE

ETHIOPIE

SOUDAN DU SUD

REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE TOGO

SOMALIE SRI LANKA

CAMEROUN

MALAISIE

BRUNEI

SURINAME

GUINEE EQUATORIALE

MALAISIE

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

SAO TOME ET PRINCIPE

GABON

EQUATEUR

OUGANDA MALDIVES

KIRIBATI

SINGAPOUR

KENYA

RWANDA

CONGO

BURUNDI

TANZANIE

ANGOLA

SEYCHELLES

PAPOUASIE NOUVELLE GUINEE

I N D O N E S I E

ILES SALOMON

TUVALU

TOKELAU

TIMOR ORIENTAL

B R E S I L

PEROU

COMORES

ANGOLA

MALAWI

SAMOA

MOZAMBIQUE

ZAMBIE

ILES COOK

BOLIVIE

VANUATU

MADAGASCAR

ZIMBABWE NAMIBIE

L’IMPORTANCE DES FAITS

Collecter des données, documenter les pratiques prometteuses et les succès L’Initiative SPRINT s’engage à respecter les normes les plus élevées de programme de santé publique pour fournir des services et informations SSR de qualité en situation d’urgence. SPRINT se sert de l’expérience sur le terrain et des feedbacks reçus pour continuellement améliorer l’initiative et mieux appuyer les personnes formées et leurs organisations.

A cet effet, l’initiative SPRINT a mis en place un partenariat avec l’Université de New South Wales. Actuellement, quatre doctorants ont reçu une bourse pour évaluer en profondeur différents aspects de l’initiative. Les sujets de recherche incluent : l’efficacité de la formation comme partie de l’approche globale SPRINT ; SPRINT et l’institutionnalisation du changement au sein des organisations à but non lucratif ; obstacles et facteurs déterminant le succès dans la mise en œuvre du DMU ; SPRINT en situation de post crise et SPRINT en situation de crise : différences.

PARAGUAY

TONGA

MAURICE

NOUVELLE CALEDONIE

BOTSWANA

A U S T R A L I E

CHILI LESOTHO

SWAZILAND

AFRIQUE DU SUD ARGENTINE

URUGUAY

N O U V E L L E Z E L A N D E

NB. Cette carte et ces données sont correctes au moment de l’étude et de la rédaction du rapport (2011).

NIUE

FIDJI


14 SPRINTer vers le changement : sexualité et grossesse en situations de crise

SPRINTer vers le changement : sexualité et grossesse en situations de crise 15

Par et pour les pays : SPRINT aide les nationaux à prendre les commandes

Développer les capacités : le modèle de formation SPRINT

IPPF a conçu l’Initiative SPRINT avec pour vision stratégique de soutenir et renforcer les capacités des partenaires nationaux afin que, en travaillant ensemble, ils puissent mettre en œuvre les interventions humanitaires les plus efficaces.

L’Initiative SPRINT développe les capacités aux niveaux national et régional pour offrir des services à ceux qui en ont le plus besoin.

SPRINT a une place unique de catalyseur mondial pour accroitre l’accès aux informations et aux services en matière de SSR à travers les 150 Associations Membres de l’IPPF travaillant sur le terrain dans plus de 170 pays. Nombre de ces pays ont été et continuent d’être dévastés par des crises. Le personnel de l’IPPF étant hautement compétents et déjà sur le terrain, il est bien placé pour continuer de fournir des services vitaux de SSR lorsqu’une crise survient.

Collaborer en vue de combler les manques dans la mise en œuvre du DMU : SPRINT et l’approche inter-agences Le DMU ne peut être mis en œuvre par une seule agence. L’Initiative SPRINT travaille avec des représentants nationaux – ministères de la santé et de gestion des catastrophes, associations membres de l’IPPF, organisations locales non gouvernementales et agences des Nations-Unies – pour promouvoir un changement de politique, identifier les besoins de développement des capacités, appuyer les formations nationales et fournir un appui dans les interventions d’urgence. SPRINT réunit les équipes nationales de coordination et les soutient pendant tout le cycle de gestion de l’urgence. La fourniture efficace de services de SSR en situations de crises humanitaires dépend d’une bonne coordination des partenaires nationaux sur le terrain. Cela est d’autant plus crucial dans les crises de faible ampleur qui n’attirent pas l’attention internationale.

La formation d’une équipe de coordination SPRINT SPRINT organise des formations régionales en vue de développer les capacités des acteurs humanitaires pour s’assurer que le DMU est mis en œuvre et que les services vitaux de SSR sont fournis dans les situations de crise. Les participants se réunissent pour former des équipes nationales de coordination, composées habituellement de représentants des ministères de la santé, des autorités nationales de gestion des catastrophes naturelles, de l’UNFPA, de l’OMS, des associations membres de l’IPPF, des Sociétés de la Croix rouge ou du Croissant Rouge et autres acteurs pertinents dans la coordination et la réponse en santé reproductive. Chaque équipe nationale de coordination s’engage à mener des formations SPRINT dans son pays ; plaider pour l’intégration de la SSR dans les plans de préparation et de réponse aux urgences ; et travailler ensemble pour s’assurer que le DMU est entièrement mis en œuvre dès le début d’une crise dans le pays. Les personnes qui font partie de ces équipes ont des informations spécifiques importantes sur leur pays ainsi que des connaissances contextuelles et sont dans le pays avant, pendant et après la survenue d’une crise humanitaire. La mise sur pied et l’évolution des équipes nationales de coordination signifient que lorsqu’une catastrophe naturelle ou un conflit survient, les personnes en charge de la fourniture de services DMU peuvent intervenir rapidement.

La réaction internationale face aux crises humanitaires est souvent perçue comme dérangeante et paralysante par les communautés victimes de catastrophes. SPRINT œuvre au niveau local pour changer cette perception. Une aide efficace, habilitante et respectueuse En vue de respecter l’esprit de la Déclaration de Paris qui consiste à mettre l’accent sur l’appropriation du développement par le pays, l’initiative SPRINT renforce la capacité des acteurs nationaux pour coordonner leurs efforts en vue d’intégrer la SSR dans les plans nationaux de préparation et de réponse aux urgences. En conséquence, les stratégies de mise en œuvre et de renforcement des interventions vitales qui améliorent la santé des populations touchées par les crises, en particulier les femmes et les jeunes filles, sont la propriété des pays. Conformément au Programme d’Action d’Accra, l’initiative SPRINT favorise la formation de partenariats inclusifs à la base qui donnent des résultats et développent les capacités.9

Le renforcement des capacités est au cœur de l’initiative SPRINT. En 2004, le Groupe de travail inter-agences sur la santé de la reproduction en situation de crises (IAWG) a mené et publié une Évaluation mondiale, qui a identifié le manque à la fois de connaissance du DMU et de prestataires qualifiés pour le mettre en œuvre comme l’obstacle principal à la coordination et la fourniture de services de SSR. Le curriculum SPRINT élaboré par l’IPPF, l’UNFPA et l’Université de New South Wales est une compilation des meilleures réflexions autour de la formation et des interventions en matière de SSR en urgence, et utilise un modèle interactif de formation d’adulte . Toute la formation met l’accent sur la façon de coordonner la mise en œuvre du DMU mais également sur le plaidoyer et le travail de préparation aux urgences. Premièrement, l’équipe SPRINT identifie les participants potentiels représentants des organisations qui ont un rôle à jouer en matière de réponse en SSR. Ces participants formeront l’équipe nationale qui participera à l’atelier régional de formation de cinq jours animé par des formateurs SPRINT de haut niveau. Durant la formation, ils renforcent leurs liens pour former une équipe nationale de coordination aux rôles et responsabilités clairs afin de faire avancer le DMU au niveau national. Ensuite, SPRINT identifie les participants au niveau régional qui vont devenir, avec un soutien continu de SPRINT, des formateurs-maitres , désireux et capable de mener des formations SPRINT dans leur pays respectifs. De cette façon, les formateurs-maitres transfèrent des compétences et outils SSR importants aux acteurs locaux, et le cercle de connaissances s’agrandit.

Étendre la portée : du développement des capacités à l’impact

14

formations régionales 1 curriculum de formation SPRINT sur la coordination des services de santé sexuelle et reproductive en situations humanitaires

400+

95

formateurs principaux

formations nationales

4,000+

pays formés

Coordonnateurs nationaux et intervenants formés

32

réponses humanitaires

150+

23

changements politiques favorables (réalisés ou en cours)


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Plaidoyer en faveur d’un changement de politiques

Fournir des services de santé sexuelle et reproductive en situations d’urgence

Accroître l’accès à des services essentiels de santé sexuelle et reproductive nécessite davantage que la seule intervention d’urgence lorsqu’une crise survient.

De nombreuses études ont montré que les femmes et les jeunes filles sont les plus touchées par les catastrophes naturelles ou causées par l’homme. L’initiative SPRINT s’efforce de mettre en œuvre le DMU partout où il y a des personnes déplacées.

Aller au devant des personnes déplacées dans un camp de Côte d’Ivoire.

La prévoyance est fondamentale ainsi qu’un investissement dans la création d’un environnement favorable à l’atténuation d’un risque d’accès réduit aux services vitaux de santé sexuelle et reproductive dès le début d’une situation de crise. On peut y parvenir en mettant en place des politiques favorables à la mise en œuvre du DMU bien avant qu’une crise ne se déclenche. Le modèle intégré de SPRINT comprend un plaidoyer en faveur d’un changement de politique et de cadre de financement pour la santé sexuelle et reproductive en urgence. Des études ont montré que les fonds destinés à la santé de la reproduction dans les pays touchés par des conflits sont largement insuffisants. Elles indiquent également qu’en situation de crise, les politiques et les directives techniques relatives aux soins obstétriques d’urgence et à la planification familiale font gravement défaut.10, 11

Étude de cas sur la politique de santé : les Philippines

Intégrer le DMU dans la Magna carta (Grande charte) des femmes

Les Philippines, un pays d’îles tropicales abritant plus de 94 millions d’habitants, connaissent bien les catastrophes naturelles. Le 26 septembre 2009, le typhon Ketsana a provoqué des pluies continues et dévastatrices sur le pays et s’est révélé être le typhon le plus destructeur des 8 typhons de la saison des typhons du Pacifique en 2009. La région métropolitaine de Manille a été la plus durement touchée. Des centaines de Philippins ont perdu la vie et six millions ont été affectés par le typhon Ketsana. La catastrophe ne s’est pas arrêtée là ; les eaux ont inondé les terres de basse élévation et les typhons Parma et Marinae n’ont fait qu’aggraver la situation. Mi-novembre 2009, plus de 400 000

personnes vivaient encore dans des abris temporaires dans les zones inondées de 871 villages. La plupart n’avait pas accès aux soins de santé et la situation a duré pendant des mois. Dans cette situation de destruction et de déplacements, l’Initiative SPRINT a collaboré avec l’association membre de l’IPPF, FPOP (Family Planning Organization of the Philippines) pour appuyer la mise en œuvre du DMU et s’assurer que les personnes déplacées aient accès aux informations et services de SSR. Depuis le typhon Ketsana, les partenaires de SPRINT, dont l’UNFPA et FPOP, ont œuvré à intégrer le DMU dans la Magna Carta des femmes et dans un projet de loi historique sur la santé de la reproduction, deux étapes importantes pour s’assurer que les services de SSR soient disponibles pour les femmes et les jeunes filles dans les situations de crise. Forts de ces résultats, les partenaires SPRINT sur le terrain étaient mieux préparés à intervenir lorsque le grand typhon Megi est survenu en octobre 2010 et lorsque les typhons Nesat et Nalgae ont balayé le pays en septembre et octobre 2011.

En collaboration avec les partenaires nationaux de SPRINT, des progrès ont été réalisés à ce jour pour intégrer le DMU dans les politiques et plans nationaux de préparation aux crises dans plus de 23 pays.

Depuis sa création, l’initiative SPRINT a vu le succès de son modèle s’appliquer dans des situations d’urgence humanitaire dans le monde lorsque les personnes déplacées par des conflits ou des catastrophes naturelles ont reçu les services essentiels de SSR dont elles ont besoin. Une mise en œuvre du DMU au niveau national est la preuve ultime que SPRINT fonctionne et évolue pour satisfaire les besoins des collègues, des personnes formées, des réfugiés et des personnes déplacées internes qui ne pourraient survivre sans soins de santé sexuelle et reproductive vitaux. Depuis 2007, l’initiative SPRINT a appuyé la mise en œuvre du DMU dans 32 contextes humanitaires dans le monde.

Étude de cas sur les catastrophes naturelles : le Myanmar

De la formation à l’action immédiate

Le Cyclone Nargis a touché le Myanmar le 2 mai 2008, tuant plus de 138 000 personnes et faisant plus de 2,4 millions de victimes, nombre d’entre elles ayant été forcées de quitter leurs foyers – si ceux-ci n’avaient pas été détruits. Cette catastrophe naturelle n’a fait qu’aggraver la situation déjà préoccupante de la santé de la reproduction du Myanmar : les besoins dans ce pays ne sont pas satisfaits car l’allocation budgétaire pour les soins de santé représente un pourcentage minime du budget national. Lorsque le cyclone Nargis a touché le delta très peuplé de l’Irrawaddy au sud ouest du Myanmar, deux représentants de l’UNFPA et du HCR achevaient leur formation SPRINT en matière de coordination et de mise en œuvre du DMU en situations d’urgence.

SPRINT a appuyé le Dr. Thwe Thwe Win de l’UNFPA et ses collègues tout le long du processus. Malgré la résistance des agences qui ne comprenaient pas l’importance des services de SSR pour les personnes déplacées, Dr. Win et ses partenaires ont immédiatement mis en place des organes de coordination pour la santé et la protection – des groupes de travail techniques qui existent encore aujourd’hui, permettant au Myanmar d’être prêt pour sa prochaine urgence humanitaire. Au cours de la catastrophe créée par Nargis, l’UNFPA a entrepris de coordonner la mise en œuvre du DMU et la prestation de services SSR, et de nombreuses autres agences l’ont suivie. Au Myanmar, des milliers d’intervenants ont assisté à une formation SPRINT au niveau national ; des changements positifs de politiques sont en cours et lorsque le cyclone Giri a soufflé en octobre 2010, la mise en œuvre du DMU s’est enclenchée plus rapidement.

« Nous avons immédiatement mis nos connaissances et compétences en application pour la réponse au Cyclone Nargis. Avant la formation au DMU, nous avions peu conscience de la nécessité d’une intervention SSR ou n’avions que très peu de connaissances et compétences dans le domaine ». Dr. Thwe Thwe Win, Chargée de programme national SR de l’UNFPA et formée par SPRINT

Risques de tsunamis, inondations, typhons et tremblements de terre en Asie du sud est : le Vietnam, le Myanmar, l’Indonésie et les Philippines sont classés comme des pays à « haut risque » ou « risque extrême » sur l’indice de risque des catastrophes naturelles 2010.


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Le DMU ne peut être mis en œuvre par une seule agence ; l’approche inter agences de SPRINT est cruciale pour son succès.

Étude de cas sur les catastrophes naturelles : l’Indonésie

La résilience en action : de la réponse au désastre au redressement et au redéveloppement

Le 30 septembre 2009, un important tremblement de terre – de magnitude 7,6 – et une série de répliques ont secoué l’ouest de Sumatra (Indonésie) un pays qui repose à l’intersection de trois plaques très actives de la Ceinture de feu du Pacifique. Plus de 1 100 personnes y ont perdu la vie et des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées et ont eu besoin de services de base, dont des soins de SSR. Lorsque le séisme s’est produit, SPRINT a immédiatement réagi en mettant en contact l’association membre de l’IPPF (Indonesian Planned Parenthood Association) avec l’UNFPA Indonésie pour une coordination et une mise en œuvre du DMU sur le terrain, une tâche importante que les deux agences ont pris très au sérieux. Heureusement, grâce au travail effectué par SPRINT et ses partenaires avant le tremblement de terre, nombre de ceux chargés de la mise en place du DMU avaient reçu la formation SPRINT et étaient préparés à intervenir.

Au Sri Lanka, SPRINT et FPASL ont travaillé sans relâche pour mettre en œuvre le DMU et sauver des vies.

SPRINT a fourni une assistance technique et un financement à l’IPPA et ses partenaires locaux tout le long de l’intervention pour la fourniture de services SSR après la phase aiguë de l’urgence – ouvrant la voie pour les services plus complets. Après les dégâts du séisme, les participants à la formation SPRINT – par le biais de leur solide équipe nationale de coordination – ont travaillé pour changer l’environnement des politiques en Indonésie afin que, lorsqu’une autre urgence humanitaire survient, la réponse en SSR puisse être menée plus rapidement et sans accroc. Cela s’est avéré crucial lorsqu’en 2010, l’Indonésie a connu successivement une éruption volcanique, un tremblement de terre et un tsunami. Le Dr. Rosilawati Anggraini dirige le programme de préparation et de réponse aux urgences de l’UNFPA Indonésie. Elle est également une ancienne participante de la formation SPRINT et partage le succès de l’initiative en notant : « en Indonésie, la formation SPRINT a renforcé nos capacités dans le domaine de la SSR en situations de crise et nous a inspirés pour mettre en œuvre un programme complet de préparation et de réponse aux urgences en matière de santé sexuelle et reproductive. »

« [L’initiative] SPRINT offre l’un des plus importants aspects de l’assistance humanitaire souvent oublié lorsque les catastrophes ou les conflits surviennent … et forme également les travailleurs humanitaires qui savent déjà probablement tout sur l’approvisionnement en eau, la prise en charge de fractures et de maladies, mais n’ont aucune connaissance en matière de santé de la reproduction ou de prise en charge d’une grossesse, d’un accouchement, d’un viol ou autres formes de violence. SPRINT est un programme formidable. Il est pratique, il sauve des vies et il est efficace » Anne McEwen, Sénatrice australienne, représentant le Groupe des Parlementaires chargé des questions de Population et de Développement, après une visite d’étude aux Philippines pour observer le fonctionnement de SPRINT

Étude de cas sur une période post-conflit et post catastrophe naturelle : le Sri Lanka

Mise en œuvre du DMU dans une situation de crise complexe Les estimations varient sur le nombre exact de Sri Lankais qui ont été obligés de fuir leurs foyers à divers moments et par vagues depuis la longue guerre civile que connaît leur pays. À ce jour, il n’y a pas moins de 220 000 Sri Lankais qui restent déplacés. Bien que certains soient retournés dans leurs foyers, d’autres déplacements peuvent constituer un problème à plus long terme nécessitant une assistance humanitaire. En fait, de nombreux Sri Lankais ont dû se déplacer à plusieurs reprises pendant ce long conflit armé. FPASL, l’association membre de l’IPPF du Sri Lanka (Family Planning Association of Sri Lanka), a été créée en 1953 pour satisfaire les besoins de santé sexuelle et reproductive des Sri Lankais. FPASL, avec l’assistance de SPRINT, a été en mesure d’intervenir lorsque la côte est du Sri Lanka a connu d’importantes inondations en janvier 2011, éloignant encore plus les populations vulnérables. Le Directeur du programme médical de FPASL, le Dr. Sumithra Tissera avait suivi la formation SPRINT sur le DMU.

SPRINT et FPASL ont travaillé sans relâche pour mettre en œuvre le DMU en collaboration avec d’autres organisations nationales, renforçant ainsi l’accès aux services et informations de SSR sur le terrain pour les personnes déplacées internes. Suite au partenariat SPRINT, FPASL, l’UNFPA et le Ministère de la Santé, se sont groupés pour approcher les communautés marginalisées touchées aussi bien par les conflits que les inondations, afin de leur offrir les services SSR dont elles avaient désespérément besoin, à travers 1550 cliniques mobiles et 100 cliniques statiques. Des dizaines de milliers de personnes déplacées internes ont bénéficié directement de cette initiative. Selon le Dr. Tissera, « FPASL a pu prévenir un grand nombre de décès maternels et néonatals évitables grâce à son engagement pour la mise en œuvre du DMU avec l’appui d’autres agences gouvernementales et à but non lucratif. » M. Lasantha Gunaratna, directeur des activités de proximité de FPASL et formé au programme SPRINT au niveau national, est très fier de l’impact profond de la collaboration SPRINT au Sri Lanka. Il a déclaré : « Au début, FPASL était la seule organisation non gouvernementale formée et capable de mettre en œuvre le DMU. À présent nous travaillons avec les agences de l’ONU, les ONG et le gouvernement dont le Bureau pour la Santé de la Famille pour

changer cela. Les gens reconnaissent que les services de SSR en situation de crise sont importants ».

« FPASL a pu prévenir la majorité des décès maternels et néonatals évitables grâce à son engagement pour la mise en œuvre du DMU, avec l’appui d’autres agences gouvernementales et d’agences à but non lucratif. » Dr. Sumithra Tissera, Directrice Médicale à FPASL


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SPRINTer vers le changement : sexualité et grossesse en situations de crise 21

L’initiative SPRINT : aller de l’avant

Recommandations clés

L’initiative SPRINT a connu de nombreux succès depuis son lancement en 2007, et son travail continue de renforcer cette importante fondation en vue d’assurer un accès universel aux services et informations en matière de santé sexuelle et reproductive de tous ceux qui sont touchés par des crises dans le monde.

Pour obtenir des résultats maximaux et améliorer la santé des populations touchées par les crises, nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle considère et traduise en action les recommandations suivantes :

PROFIL DE SPRINT

Dr. Wame Baravilala Le Dr. Wame Baravilala est gynécologue obstétricien et médecin enseignant, et actuellement Conseiller en SR au bureau sousrégional pour le Pacifique de l’UNFPA à Fidji, en charge de 15 pays. Dr. Baravilala a été le témoin direct des conséquences dévastatrices de catastrophes naturelles : récemment il est intervenu lors des tsunamis de Samoa et Tonga en 2009 ; des inondations des Iles Salomon et Fidji également en 2009 et de l’ouragan à Fidji en 2010. Le Dr. Baravilala a été l’un des premiers participants de la formation régionale SPRINT au printemps 2008 ; il en est l’un des soutiens actifs depuis lors : « SPRINT a souligné l’importance d’intégrer la santé sexuelle et reproductive et surtout le DMU dans les interventions humanitaires aux niveaux national et régional. Il offre un cadre qui guide l’intervention du secteur de la santé sexuelle et reproductive. Si le Groupe de travail inter-agences sur la santé de la reproduction en situations de crise a élaboré les directives à utiliser dans ces situations, SPRINT fait le lien pour une application pratique. Ceci permet au personnel national de [coordonner et de mettre en œuvre le DMU] avec assurance ».

Lorsque les services SSR sont disponibles, les jeunes filles et les femmes peuvent mieux s’épanouir.

Pour la suite, SPRINT s’engage à renforcer ses partenariats et continuera : d’étudier les besoins des femmes et des jeunes filles qui sont les

plus affectées par l’absence ou la mauvaise qualité des services de SR dans les situations de crise de plaider en faveur d’un environnement propice avec des politiques robustes, une volonté politique et des fonds alloués à la coordination et la mise en œuvre du DMU pendant les crises humanitaires de réunir les acteurs nationaux qui ont une connaissance et une expertise locales, en vue d’une meilleure collaboration et de meilleurs résultats sur le terrain d’organiser des formations SPRINT au niveau pays en vue d’accroître et de développer la capacité des acteurs nationaux à répondre lorsque les catastrophes surviennent d’étendre la formation SPRINT à d’autres pays et d’autres régions en collaboration avec l’UNFPA et les autres partenaires d’œuvrer à couvrir toutes les étapes du Cycle de gestion de l’urgence, avec un accent particulier sur la préparation et la planification afin que, lorsque les catastrophes surviennent, les acteurs nationaux soient prêts à intervenir pour satisfaire les besoins cruciaux de santé sexuelle et reproductive Finalement, l’initiative SPRINT continuera de lier les acteurs humanitaires traditionnels et les acteurs du développement avant la survenue de catastrophes afin de s’assurer que le continuum des services de SSR demeure intact pour que partout, les droits des femmes, des hommes et des jeunes en matière de sexualité et de reproduction soient affirmés et que des vies soient sauvées.

Environnement politique et de financement Programmes et services

Créer des politiques favorables et affecter des fonds spécifiques pour appuyer la coordination et la mise en œuvre de la SSR avant, pendant et après les crises

Recherche

Intégrer les services de santé sexuelle et Investir dans une recherche en matière de reproductive dans les plans de préparation aux santé sexuelle et reproductive en situations de urgences et les programmes d’intervention crise qui soit pragmatique et participative humanitaire

Plaider pour la SSR et l’appuyer en situation d’urgence aux

Impliquer les communautés et plus spécifiquement les femmes,

Réunir un ensemble de faits à travers une recherche

niveaux des politiques, des systèmes et des services Les organisations gouvernementales et non gouvernementales doivent travailler ensemble pour s’assurer que la planification et la préparation en SSR se fassent à l’avance Promouvoir des politiques qui soutiennent la mise en œuvre intégrale du DMU Supprimer les politiques et les pratiques qui représentent des obstacles à la mise en œuvre du DMU Les sections développement et humanitaire au niveau des donateurs, des gouvernements et des organisations non gouvernementales doivent aligner et harmoniser leurs politiques, leur financement et leurs programmes en vue de maximiser l’impact sur le terrain

les jeunes filles et les groupes vulnérables du début de la préparation aux phases de réponse et de redressement Investir dans le développement des compétences et des connaissances des coordonnateurs et des prestataires de services sur la façon de mettre en œuvre le DMU en vue d’intervenir rapidement dès le tout début de la crise Appuyer des mécanismes qui permettraient de rendre les gouvernements et les agences responsables d’assurer l’accès aux services vitaux de santé sexuelle et reproductive en faveur des populations affectées par des crises Renforcer la coordination entre les partenaires de l’humanitaire et du développement en vue d’assurer une approche du Cycle de gestion de l’urgence holistique et efficace en matière de coût S’assurer que les programmes et les services touchent le plus grand nombre de personnes marginalisées et stigmatisées, y compris les personnes handicapées, les personnes âgées, les femmes et jeunes filles vulnérables

opérationnelle et un programme de suivi et d’évaluation efficace afin d’améliorer ce qui fonctionne et de renforcer l’impact Impliquer les populations affectées par les crises comme chercheurs et travailler avec elles pour faire intégrer la recherche dans les politiques et les pratiques Encourager les agences à mener de la recherche-action sur la responsabilité en matière de programmation de la SSR dans les contextes humanitaires Ajouter à l’ensemble des preuves sur les questions émergeantes, comme l’impact des crises sur la santé sexuelle et reproductive des hommes et des jeunes garçons


22 SPRINTer vers le changement : sexualité et grossesse en situations de crise

Notes de fin

Acronymes

Photographies

Définitions

1 Coghlan B, et al. Mortality in the Democratic Republic of Congo: a nationwide survey. The Lancet, 2006. 2 UNHCR et al. 56th Session of the Executive Committee: Report on the Annual Consultations with Non-Governmental Organizations. UNHCR, Geneva, Switzerland, 2005. 3 IDMC. Learning in displacement: Briefing paper on the right to education of internally displaced people. Internal Displacement Monitoring Center, Geneva, Switzerland, 2010. 4 International Union for Conservation of Nature. Climate Change and Disaster Mitigation: Gender Makes the Difference, 2004. 5 Macro International Inc., Demographic and Health Surveys, 1995–2006 6 IAWG. Manuel de terrain inter-organisations sur la santé reproductive en situations de crise humanitaire. 2010. 7 Le Cluster Santé Mondial, sous la direction de l’Organisation Mondiale de la Santé, est composé de plus de 30 organisations humanitaires internationales de santé qui collaborent pour former des partenariats et une compréhension mutuelle et pour développer des approches communes à l’action sanitaire humanitaire. 8 Des Forges A. Leave No One to Tell the Story: Genocide in Rwanda. Human Rights Watch, 1999. (Version française: Aucun témoin ne doit survivre). 9 Pour plus d’informations sur la Déclaration de Paris et le Programme d’Action d’Accra, consulter: www.oecd.org 10 Patel P, et al. Tracking official development assistance for reproductive health in conflict affected countries. PlosMedicine, 2009. 11 A Review of the Policy Environment for Reproductive Health. The RAISE Initiative, 2009.

AIBEF : Association Ivoirienne pour le Bien-Être Familial DMU : Dispositif Minimum d’Ugence FPAP : Family Planning Association of Pakistan FPASL : Family Planning Association of Sri Lanka FPOP : Family Planning Organization of the Philippines HCR : Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés IAWG : Inter-Agency Working Group on Reproductive Health in Crises – Groupe de travail inter-Agences sur la santé de la reproduction en situations de crise IFRC /FICR : Fédération internationale des sociétés de la croix rouge et du croissant rouge IPPA : Indonesian Planned Parenthood Association OMS : Organisation Mondiale de la Santé ONU : Organisation des Nations Unies SPRINT: Sexual and reproductive health PRogramme IN humaniTarian settings (Programme de santé sexuelle et reproductive en situations de crise humanitaire) SSR : Santé sexuelle et reproductive UNFPA : Fonds des Nations unies pour la population UNSW : Université de New South Wales VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine

F C: IPPF/Nguyen-Toan Tran – Côte d’Ivoire

Crise/urgence humanitaire (ou « catastrophe humanitaire »): un événement ou une série d’événements représentant une grave menace pour la santé, la sécurité ou le bien être d’une communauté ou d’un grand groupe de personnes, généralement sur une grande étendue de territoire. Les conflits armés, les épidémies, la famine, les catastrophes naturelles et autres urgences majeures peuvent toutes mener à une crise humanitaire. Cycle de gestion de l’urgence : fonction managériale destinée à créer un cadre dans lequel les nations/organisations/communautés réduisent la vulnérabilité aux dangers et réagissent devant les catastrophes. Il est constitué de quatre phases : atténuation, préparation, réponse et redressement. Dispositif minimum d’urgence (DMU) pour la santé reproductive en situations de crise : Ensemble d’actions prioritaires à mettre en œuvre dès le début d’une situation d’urgence (conflit ou catastrophe naturelle). Il s’agit de coordonner l’intervention, de prévenir les violences sexuelles et de prendre en charge les survivant(e)s ; de prévenir un excès de mortalité et de morbidité maternelle et néonatale ; de réduire la transmission des IST et du VIH ; et de planifier pour des services complets de santé de la reproduction. Personne déplacées à l’intérieur de son propre pays : une personne forcée de fuir son domicile en raison de catastrophes naturelles, de conflit ou de crainte de persécution, mais qui reste dans son pays de résidence. Réfugié : personne qui a dû fuir son pays en raison de catastrophes naturelles, conflits ou persécutions. Un réfugié a traversé une frontière internationalement reconnue et a cherché la sécurité dans un autre pays.

I FC: IPPF/Peter Caton – Bangladesh 0 8: IPPF/Nguyen-Toan Tran – Inde 0 9: IPPF/Jim Arbogast – Côte d’Ivoire 1 6: IPPF/Nguyen-Toan Tran – Côte d’Ivoire 17: IPPF/Nguyen-Toan Tran – Vietnam 1 8: IPPF/Chloe Hall – Indonésie 19: IPPF/Sri Lanka – Roseni Dearden 2 0: IPPF/Nguyen-Toan Tran – Haiti

Remerciements

Santé sexuelle et reproductive (SSR) : état de bien-être physique, mental et social, et non seulement l’absence de maladie ou d’infirmité, sur toutes les aspects relatifs au système reproductif et à ses fonctions. Cela suppose donc qu’une personne peut mener une vie sexuelle satisfaisante en toute sécurité, qu’elle est capable de procréer et a la liberté de décider si, quand et combien de fois elle le désire. Services de santé sexuelle et reproductive : ensemble de méthodes, techniques et services qui participent de la SSR et du bien-être à travers la prévention et la résolution des problèmes de SSR. Violence sexuelle et basée sur le genre (VSBG) : tout acte nuisible perpétré contre la volonté de la personne et qui résulte de rapports de force inégaux qui exploitent les différences entre les hommes et les femmes. Cette violence peut être d’ordre physique, sexuel, psychologique, économique ou socioculturel, perpétrée en privé ou en public. Les formes de VSBG qui peuvent être perpétrées en situation de crise ou par suite sont : les abus et l’exploitation sexuelle; la violence conjugale ; la traite d’êtres humains ; la grossesse ou la stérilisation forcées ; le mariage forcé ; la prostitution forcée ; le recrutement forcé ; et les pratiques traditionnelles néfastes telles que les mutilations génitales féminines ou le mariage précoce.

SPRINTer vers le changement : sexualité et grossesse en situation de crises a été produit par l’Équipe SPRINT, l’Equipe de plaidoyer et de communication et l’Équipe de mobilisation des ressources au Secrétariat de l’IPPF. Nous sommes profondément reconnaissants envers AusAID pour son soutien sans faille à SPRINT depuis le début de l’initiative. Notre reconnaissance va à l’endroit des partenaires de SPRINT, des collègues et amis d’organisations de la société civile nationales et internationales dont les associations membres de l’IPPF, les bureaux régionaux de l’IPPF, les agences des Nations-Unies, en particulier l’UNFPA et le HCR, les ministères, les institutions d’enseignement supérieur et le Groupe de travail inter-agences sur la santé de la reproduction en situations de crise pour leur contribution tout le long de ce processus. Nos remerciements vont à l’endroit des intervenants, défenseurs et chercheurs passionnés qui ont été interviewés dans le cadre de cette publication : Sarah Chynoweth, Lauren Szafran-Heller, Nguyen-Toan Tran, Keya Saha-Chaudhury, Jameel Zamir, Carina Hickling, Amy Mai Watts, Kristen Beek, Loise Ochanda, Sophie Pécourt, Tauqeer Mustafa, Anjum Rizvi, Kristen Beek, Sumithra Tissera, Lasantha Gunaratna, Courtney Blake, Rosilawati Anggraini, Wame Baravilala, Thwe Thwe Win, Michel Comossiehi, Florent Kéi et Wilma Doedens. Droit d’auteur – Fédération Internationale pour la Planification Familiale 2011 Pour citer ce document : Butler-McPhee J, Tran NT, Szafran-Heller L, Whelan A. SPRINTer vers le changement : sexualité et grossesse en situations de crise. Londres : Fédération Internationale pour la Planification Familiale 2011


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SPRINTer vers le changement

sexualité et grossesse en situations de crise Si vous désirez soutenir l’action de l’IPPF ou de ses membres nationaux en faisant un don, veuillez visiter son site ou son bureau central à Londres, Royaume-Uni

Publié en 2011 par la Fédération Internationale pour la Planification Familiale adresse

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Actuellement, à travers le monde, plus de 65 millions de personnes ont dû quitter leur domicile de force en raison de catastrophes naturelles ou créées par les hommes – et ce pendant une période moyenne de 17 ans. Les conséquences des déplacements forcés peuvent être dévastatrices ; les femmes et les jeunes filles sont affectées de façon disproportionnées par les crises. SPRINTer vers le changement : sexualité et grossesse en situations de crise explore les approches innovantes, les pratiques prometteuses et des interventions à fort impact pilotées par l’initiative SPRINT. Ces interventions offrent la possibilité de faire la différence à grande échelle. Elles adoptent une approche holistique pour doter à la fois les partenaires du développement et de l’humanitaire des moyens d’éviter la mauvaise santé, les handicaps et les décès au sein des populations affectées par les crises, et en particulier chez les jeunes filles et les femmes : traumatisme physique et psychologique, mariage précoce et forcé, éviction du système scolaire, violence sexuelle, grossesse non désirée, avortement à risques accouchement sans personnel qualifié, et maladies sexuellement transmissibles dont le VIH. Lorsque les partenaires nationaux et internationaux collaborent et impliquent les communautés, les femmes et les jeunes filles, ils peuvent prioriser les services cruciaux de SSR par le biais de politiques favorables, de plans de préparation et de réponse à l’urgence. Cela peut ensuite améliorer la résilience, la réponse, le redressement et le redéveloppement de communautés entières lorsque les crises surviennent. Il est temps que les décideurs, les gestionnaires, les prestataires de service et les leaders communautaires réfléchissent de nouveau sur les stratégies de protection des jeunes filles et des femmes avant, pendant et après une crise. Nous devons investir dans des politiques de réduction de risques de catastrophes, les protéger et les promouvoir, ainsi que dans les programmes de préparation, les services de soins de santé et la recherche qui intègrent la santé et les droits en matière de sexualité et de reproduction.


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