L'essence de leur tatouage

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L’essence de leur tatouage


ClĂŠment, graphiste


Son tatouage, Clément l’a pensé, inventé, conçu puis dessiné. Avant de se le faire graver sur son avant-bras gauche, il y a deux ans, pour marquer le coup de son départ en voyage pour l’Australie. Clément est graphiste. Et fier de porter son art dans sa peau.

La liberté et la force

C

’est une aile d’aigle. Et à l’intérieur, des motifs maoris et polynésiens. En fait, j’ai appliqué ces motifs à la forme que je désirais pour mon tatouage. Dans la tradition maorie, les tatouages étaient utilisés pour montrer la force du guerrier. Plus celui-ci était tatoué, plus il était valeureux. Je n’aime pas trop parler de la signification de mon tatouage. C’est assez intime. Mais cette aile d’aigle symbolise pour moi la liberté et la force. L’oeil de l’expert,

Sébastien Galliot

On est assez loin ici du tatouage traditionnel maori. Les maoris ne se tatouent jamais l’avant-bras, leurs tatouages ne sont jamais figuratifs. Et les motifs, curvilignes, sont toujours les mêmes en fonction des zones tatouées.


Felipe, cuisinier


S’il aborde le sujet facilement, en riant, Felipe a du mal à décrire et livrer le sens de son tatouage le plus visible : une tête de mort mexicaine. Tout en couleurs, elle trône à l’intérieur de son avant-bras droit. Là où le cuisinier brésilien peut l’admirer chaque fois qu’il manie la cuillère.

« Il s’appelle Michael, comme le chanteur »

I

l s’appelle Michael, comme le chanteur, Michael Jackon ! C’est ma copine, qui lui a donné ce nom, l’année dernière. Juste après que je décide de me faire tatouer cette tête de mort mexicaine. Ses yeux sont des oignons, des piments rouges sont dessinés sur ses tempes et une toque de cuisinier est placée sur sa tête : je voulais que ce tatouage symbolise mon travail. Pour le reste, j’ai laissé le tatoueur libre de créer. Il m’a proposé la couleur et j’ai accepté : cela le rend plus léger. Plus gai. L’oeil de l’expert,

Sébastien Galliot

On est typiquement plongé dans la logique moderne occidentale. Vouloir donner une signification au tatouage. Exprimer une émotion ou un souvenir.Ce qui n’existait pas dans les traditions ancestrales.


Camille, ĂŠtudiante en stylisme


Une flèche, pour toujours foncer, un coquelicot, petit clin d’œil à sa mère, et une plume, symbole de son envol. Voici les tatouages que Camille, étudiante dans le secteur de la mode, exhibe toujours joliment sur ses avant-bras. Pour se souvenir et ne jamais oublier.

Le besoin d’encrer en soi

J

’ai toujours eu une obsession pour les oiseaux. Mais cette plume, le premier tatouage que j’ai dessiné à mes 18 ans, est surtout le symbole de mon envol : je partais de chez mes parents pour suivre mes études de stylisme. J’avais besoin et j’ai encore besoin de toujours voir mes tatouages. Comme s’il était important pour moi de savoir que j’ai décidé, un jour, d’a(e)ncrer, dans les deux sens du terme, ces idées en moi. Par peur aussi peutêtre de les oublier. Le poignet est donc l’endroit idéal pour les fixer : impossible pour moi de me les cacher. L’oeil de l’expert,

Sébastien Galliot

Il est de plus en plus courant de se faire tatouer les avant-bras. Ce qui ne se faisait pas du tout il y a vingt ans. L’endroit était alors plutôt réservé aux prisonniers et gitans.


John, avocat


Jamais John ne dévoilera sous sa robe austère d’avocat une quelconque parcelle, si petite soit-elle, de sa mosaïque de tatouages parsemés sur son buste, tous inspirés d’iconographies religieuses, à l’image de ce Christ marchant sur les eaux entre l’enfer et le ciel.

Trouver l’amour impossible

J

e ne suis pas croyant. Mais j’aime beaucoup l’iconographie religieuse catholique : ma grand-mère était une Irlandaise catholique, elle allait à l’église. Et j’aime l’idée de tatouer ce que j’aime : comme ce Christ, marchant sur les eaux. Il me rappelle ces bagnards du Pacifique qui se faisaient tatouer un Christ dans leur dos pour échapper au fouet. Cela fonctionnait. Les roses qui entourent mon coeur font, elles, référence au conte où cette princesse demande au prince de lui rapporter une rose bleue, objet impossible. Derrière cette image il y a l’idée et l’envie de trouver l’amour impossible. Je pense... L’oeil de l’expert,

Sébastien Galliot

Ces tatouages sont originaux. Et mélangent différents styles, idées. Des démons asiatiques, peut-être chinois, côtoient des anges, des fleurs et Jésus-Christ. Aucune logique mais étonnant !


Claire, mère de famille


Le dessin est tellement réel qu’il en est trompeur. Non, le fin bracelet accroché au poignet gauche de Claire, n’est pas de fer, d’or ou d’argent mais bien d’encre noire, que Claire a décidé d’utiliser pour fixer à jamais sur elle et en elle le nom de ses trois enfants.

Clément, Florine et Charlotte

C

FC. Ce sont les initiales de mes trois enfants : Clément, Florine et Charlotte. Avoir leur initiales sur mon poignet c’est un peu comme les voir et les porter tous les jours. C’est vraiment ce que je voulais et ce que je veux encore. Que tout le monde puisse les voir, aussi. C’était important pour moi, contrairement à mon autre petit tatouage, une tête de hibou cachée sur l’épaule. Celui-ci, ça ne me dérange pas de ne pas le voir et qu’on ne le voie pas l’hiver. L’oeil de l’expert,

Sébastien Galliot

Impossible pour moi, en voyant ce tatouage, de ne pas penser aux numéros que l’on tatouait sur les poignets des détenus de camp de concentration. Je lis ici le numéro 268.


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