Slow Life - Special We Demain Initiative

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SLOW LIFE POURQUOI EST-CE ÉCONOMIQUEMENT POSITIF ?

Avril 2014 • Ce supplément ne peut être vendu séparément


CHANGEONS D’ÉPOQUE !

La revue et son supplément 12 € WWW.WEDEMAIN.FR


ICI, TOUT N’EST QUE LUXE, SLOW LIFE ET ENVIRONNEMENT L’univers des activistes environnementaux, de celles et ceux qui s’engagent pour protéger l’environnement et militer en faveur de l’émergence d’un nouveau modèle de société, est souvent considéré comme un monde de béni-oui-oui et hurluberlus. Les Cassandres qui brandissent les statistiques sous le nez de leurs opposants ont beau vociférer contre ces gentils des temps modernes, ils sont impuissants à stopper la multiplication des coups d’éclat des changemakers. Ici et là, en Europe, en Asie ou aux Amériques, les précurseurs d’un monde qui renoue positivement avec son capital humain et environnemental sont de plus en plus nombreux à tirer la sonnette d’alarme mais aussi à agir concrètement pour élaborer des solutions efficaces. Depuis qu’ils ont créé leur premier hôtel, le Soneva Fushi, aux Maldives, Eva et Sonu Shivdasani figurent parmi les pionniers de cette jet-set investie dans le business qui considère que l’on peut parfaitement bâtir un modèle entreprenarial tout en veillant à la protection de la nature et au respect des populations locales. Ils sont même convaincus qu’ils réussiront, dès 2015, à avoir un impact zéro carbone sur l’environnement. Pour réussir cet enga-

gement sur le long terme, depuis quatre sommets désormais, ils organisent le Slow Life Symposium, où ils invitent l’élite des changemakers, de Richard Branson à Fabien Cousteau, en passant par Jochen Zeitz (ex-PDG de Puma, aujourd’hui cofondateur de The B Team), Daryl Hannah et David de Rothschild, pour réfléchir à des actions concrètes. Pendant trois jours, nous étions une cinquantaine de personnes, ainsi réunies au Soneva Kiri, au nord-est du golfe de Thaïlande, à réfléchir entre cérébralités et célébrités au moyen d’unir nos forces pour impulser et renforcer la protection de la planète. Entre fun, glamour, projets industriels et innovations technologiques, les idées ont fusé avec un unique objectif commun : aller de l’avant, réellement. Exit le talk, talk, talk, en somme, place aux workshops et aux investissements. In fine, le travail en réseau entre les activistes amplifie l’action de chacun. Pour la première fois, Sonu Shivdasani est cette année l’invité d’honneur du salon du luxe durable 1.618. On ne peut que se réjouir d’une telle initiative. Car exception faite de Fabien Cousteau et Guillaume Gauthereau, les Français se sont jusqu’à présent peu intéressés à ce mouvement.

© COUV : SLOWLIFESYMPOSIUM

Isabelle Lefort

SOMMAIRE P.4

BRAINSTORMING À LA SLOW LIFE FOUNDATION

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QUAND LES GRANDS PATRONS VOIENT VERT

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CAPTAIN ROTHSCHILD

WE DEMAIN INITIATIVE ÉDITEURS : François Siegel, Jean-Dominique Siegel RÉDACTEUR EN CHEF : Isabelle Lefort DIRECTEUR ARTISTIQUE : Émilien Guillon SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Emmanuel Mangin MAQUETTE ET PRÉPRESSE : Victor Mourain CHEF DE FABRICATION : Diane Mourareau


BRAINSTORMING AU SLOW LIFE SYMPOSIUM © SLOWLIFESYMPOSIUM

Isabelle Lefort

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— EVA ET SONU SHIVDASANI, LES CRÉATEURS DES HÔTELS SONEVA, MODÈLE DE L’HÔTELLERIE DE LUXE RESPONSABLE POUR LA PLANÈTE ENTIÈRE, ORGANISENT DEPUIS QUATRE ANS UN SOMMET OÙ L’ÉLITE DES « CHANGEMAKERS » SE PRESSE POUR AGIR CONCRÈTEMENT. —


DE GAUCHE À DROITE ET DE HAUT EN BAS : SONU SHIVDASANI, AZAD SHIVDASANI, JAKOB VON UEXKULL, JENNIFER WILLIG, JONATHON PORRITT, DAVID DE ROTHSCHILD, KARENA ALBERS, PAVAN SUKHDEV, CHRIS GORELL BARNES, JOHAN ROCKSTRÖM, JON BOWERMASTER, EVA MALMSTRÖM SHIVDASANI, PEGGY LIU, ADAM SWEIDAN, DORINDA ELLIOTT, DARYL HANNAH, JOCHEN ZEITZ, LEO JOHNSON, JESSICA SEIDEN, LIDA PET-SOEDE.

WE DEMAIN INITIATIVE

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SLOW LIFE

À L’ARRIVÉE AU SONEVA KIRI, AUTOUR DE JONATHON PORRITT, COFONDATEUR DU FORUM FOR THE FUTURE, ANIMATEUR DU SYMPOSIUM, AZAD SHIVDASANI PRÉSIDENT DU GROUPE INLAKS, LIDA PET-SOEDE, RESPONSABLE DU WWF CORAL TRIANGLE GLOBAL INITIATIVE.

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Les sourires d’Eva Malmström et Sonu Shivdasani donnent le ton du séjour. Oubliés les tumultes des flots, le temps est venu pour la bienveillance, la douceur et la bonne humeur. Ici, la philosophie, c’est « no shoes, no news ». La tonalité du Slow Life Symposium ne variera pas d’un cil. Elle est décontractée, chaleureuse mais studieuse. À la nuit tombée, les changemakers se retrouvent pour une dégustation de vins organiques où chacun peut faire plus ample connaissance. Johan Rockström, le directeur du Stockholm Resilience Centre, est venu avec son fils adolescent. David de Rothschild,

DAVID DE ROTHSCHILD, FONDATEUR DE SCULPT THE FUTURE FOUNDATION ET JOCHEN ZEITZ, COFONDATEUR DE THE B TEAM, VISITENT LA FERME ÉCOLOGIQUE DU SONEVA KIRI, QUI RECYCLE LA TOTALITÉ DES DÉCHETS PRODUITS. L’OBJECTIF DE SONU : PARVENIR À UN IMPACT ZÉRO CARBONE EN 2015.

© SLOWLIFESYMPOSIUM

Pour parvenir au Slow Life Symposium, cap sur la Thaïlande. De Bangkok, direction Koh Kood, une île paradisiaque baignée dans une eau limpide, au nord-est du golfe de l’ancien Siam, à deux heures de sillage de la frontière cambodgienne. Les premiers contacts se nouent en transit, entre deux avions. Déjà, les échanges se nourrissent des expériences des uns et des autres participants. Jakob von Uexkull explique de quelle façon il milite en faveur des jeunes générations au travers du World Future Council et pourquoi il a décidé de remettre des Nobel alternatifs. Le très british Leo Johnson (frère de Boris, le maire de Londres) jubile : il anime sur la BBC une émission à succès sur les questions environnementales. Lida Pet-Soede atterrit d’Indonésie : elle supervise depuis Jakarta le programme du WWF Coral Triangle Global Initiative. L’ambiance est détendue, informelle. La mer, elle, est agitée et met à l’épreuve les estomacs enclins au mal de mer. Sous les embruns, dans la vedette qui nous conduit à notre dernière destination, le Soneva Kiri, Meenakshi Menon, l’une des plus grandes figures de la communication en Inde, accompagne Pavan Sukhdev, l’un des fondateurs du New Green Deal, ambassadeur des Nations unies pour l’environnement et auteur de Corporation 2020. Elle ne se départit pas de son sourire. Depuis qu’elle s’est adonnée, à l’âge de 40 ans, à sa passion, la plongée sous-marine, la mer est son élément. L’accostage au ponton appelle l’accalmie. Nous sommes à essorer. Peu importe.

le navigateur qui a traversé les océans à bord du Plastiki pour dénoncer la propagation des déchets plastiques, et Chris Gorell Barnes, le cofondateur de l’ONG Blue Marine Foundation, sont des habitués des hôtels Soneva, tout comme Daryl Hannah – l’actrice célèbre pour son coup d’œil et son adresse au sabre dans Kill Bill. Ils connaissent bien le principe de la manifestation, puisqu’ils ont déjà participé au Slow Life 2011 qui s’est tenu au Soneva Fushi, aux Maldives. Cette année-là, Richard Branson, le CEO superactif de Virgin, faisait partie de l’aventure. Le concept du Slow Life Symposium est toujours le même : il associe des personnalités du monde du business, des environnementalistes et des célébrités.


LISI VOLORIBUS IL IUREMPOREIUM LAM SOLUPTASINT. MAGNIS QUI NON REM EX LISI VOLORIBUS IL IUREMPOREIUM LAM SOLUPTASINT. MAGNIS QUI NON REM EX

BRAINSTORMING ENTRE JOHAN ROCKSTRÖM, DIRECTEUR DU STOCKHOLM RESILIENCE CENTRE, JENNIFER WILLIG, COFONDATRICE DE WHOLE WORLD WATER, JON BOWERMASTER, CINÉASTE, PAVAN SUKHDEV, AMBASSADEUR DES NATIONS UNIES, ET ADAM SWEIDAN, COFONDATEUR DE SYNCHRONICITY EARTH.

En ce mois de novembre 2013, c’est Jochen Zeitz, avec qui Richard Branson a fondé The B Team, qui figure parmi les invités stars. Mais ici, que l’on s’appelle Laura Seydel Turner – fille de Ted, le créateur de CNN, à la tête de la quatrième institution philantropique américaine –, Jessica et Adam Sweidan – les cofondateurs de l’ONG Synchronicity Earth –, Peggy Liu – créatrice de Juccce, qui milite pour une accélération de la prise de conscience environnementale en Chine –, ou Jennifer Willig et Karena Albers de Whole World Water ; ou bien encore Jon Bowermaster, l’écrivain et réalisateur six fois récompensé par National Geographic, peu importe. Que l’on soit célèbre ou non, pendant trois jours, l’objectif est de réfléchir ensemble. WE DEMAIN INITIATIVE

En tout, ce petit groupe se compose de 50 personnes qui toutes refusent d’admettre le caractère inéluctable de l’état aussi bien social qu’environnemental de notre planète. Oui, il est possible d’agir. Oui, il faut agir. Le Slow Life Symposium est l’occasion unique d’associer ses forces pour développer de nouveaux projets et accélérer concrètement le changement de modèle de société. Le cadre est idéal. Le Soneva Kiri est le refuge des Robinson Crusoé des temps modernes. Il mêle luxe et nature, glamour

LA PHILOSOPHIE DU SLOW LIFE SYMPOSIUM MÊLE FUN ET SÉRIEUX, ENGAGEMENT ET GLAMOUR DANS UNE AMBIANCE DÉCONTRACTÉE RÉSUMÉE PAR UNE PHRASE : « NO SHOES, NO NEWS. »

et détente, fun et sérénité. C’est le lieu parfait pour « brainstormer » entre femmes et hommes de bonne volonté, influents et bien dotés. Ne cherchez pas les signes extérieurs de richesse, seule la taille des diamants portés aux doigts et les cadrans des montres de précision révèlent que nous sommes bel et bien au cœur de l’élite internationale des changemakers. Certes, ni Al Gore, ni Leonardo DiCaprio, ni le prince Charles, ni Albert de Monaco ni Yann Arthus-Bertrand ne sont présents, mais ils pourraient l’être. Ils sont les amis des uns et des autres. Cela étant, ici, l’ambiance n’est pas à l’exclusion. Chacun s’exprime en confiance. Laura parle volontiers de papa (Ted Turner), Leo est aussi farceur que son frère (Boris Johnson). Quant à Daryl, elle se moque bien ici des codes du glamour : adieu make-up et poses de star, ce n’est pas son truc. Ce qui l’intéresse, c’est l’action. Elle en a assez de ces colloques où l’on parle pour parler. Désormais, elle veut être dans le concret, contribuer sincèrement aux solutions pour éviter que la planète n’aille à sa perte. Le pessimisme n’est pas 7


SLOW LIFE

de mise, les idées fusent, les projets émergent. Sauver la planète, oui, c’est possible. Le Soneva Kiri et le Soneva Fushi sont l’exemple même d’une entreprise bénéfique et responsable. Même si les chemins sont parfois semés d’embûches. OBJECTIF ZÉRO IMPACT De par le monde, ils sont considérés comme l’une des plus belles réussites de l’hôtellerie de luxe. Ils sont auréolés de tous les prix imaginables dans la profession. Pas un magazine, pas un opérateur qui ne soit dans l’admiration. Les raisons d’un tel succès ? Un esprit visionnaire et précurseur qui a permis à Eva et Sonu d’anticiper bien avant d’autres la fin du bling-bling et l’appétence de la clientèle fortunée et éduquée pour les robinsonnades, le luxe positif, durable et responsable. Cette élite des philanthropes les plus éclairés, aux États-Unis, en Europe et dans les pays asiatiques, est issue de la jeune génération, a été formée à Harvard et dans les meilleures universités, et est consciente que loisirs et plaisirs ne riment plus avec irrespect de la nature et indifférence à la souffrance des populations locales. 8

Ne cherchez pas dans les hôtels Soneva de bouteilles en plastique : elles sont bannies des lieux. Les architectes ont conçu les bâtiments pour optimiser la circulation naturelle de l’air ; les villas se fondent dans le paysage ; les matériaux privilégient le bambou et les bois issus des forêts avoisinantes ; les peintures et les vernis sont organiques ; on se déplace au cœur de la végétation luxuriante à vélo ou en buggy électrique ; les panneaux solaires fournissent l’essentiel des besoins en énergie. Tout ici est pensé dans le respect de l’environnement. L’engagement de Sonu et Eva Shivdasani, à travers la Slow Life Foundation, pour la reforestation, la préservation des océans, l’éducation, le soutien aux populations locales et les énergies renouvelables répond de la même exigence : parvenir à un impact zéro carbone. Eva et Sonu espèrent réaliser ce rêve pour les vingt ans du Soneva en 2015. Pour nombre d’observateurs, ils sont des utopistes. Eux se moquent des Cassandres. Au Slow Life Symposium, ils sont cinquante à réfuter comme eux les thèses pessimistes. Richard Branson est le

champion de l’optimisme : « Que pensezvous qu’il soit advenu si Martin Luther King avait déclaré “I had a nightmare”... » À L’ORIGINE DU SLOW LIFE L’histoire des hôtels Soneva possède tous les ingrédients d’une love story glamour. Eva et Sonu se sont rencontrés à la fin des années 1980, lors d’un Grand Prix de Formule 1 à Monaco, sur le yacht du comte Sella di Monteluce, l’époux de Bina, la sœur de Sonu. Lui est alors un jeune businessman bien né et formé dans les meilleures écoles (Eton, Oxford et Le Rosey en Suisse). Après la mort prématurée de son père, Indoo Shivdasani, un riche businessman indien installé à Londres, Sonu a rejoint son frère aîné, Azad, pour gérer à ses côtés les intérêts de l’entreprise familiale, Inlaks. Eva Malmström, elle, est l’une des top models phares ; ses traits scandinaves à l’équilibre parfait s’affichent sur les couvertures de Vogue, Elle et Marie-Claire. Elle a grandi dans une famille suédoise, à Karlstad, selon les préceptes protestants du respect de la nature. Entre Sonu et Eva, le coup de foudre est immédiat,

« QUE SERAIT-IL ADVENU SI MARTIN LUTHER KING AVAIT DÉCLARÉ “I HAD A NIGHTMARE” ? »

© SLOWLIFESYMPOSIUM

RICHARD BRANSON, PRÉSIDENT DE VIRGIN, ET SONU SHIVDASANI SUR LA PLAGE DE L’ÎLE DE KUNFUNADHOO, AUX MALDIVES, LORS DU DÎNER DE CLÔTURE DU SLOW LIFE SYMPOSIUM DE 2011.


la complicité, évidente. Trois ans après, ils officialisent leur union, vivent à Londres et rêvent de s’offrir une île déserte. Eva garde un souvenir chéri des Maldives. Mais la loi interdit alors à un particulier d’acheter une île. Seule possibilité : y bâtir un hôtel. Qu’à cela ne tienne. Le concept du Soneva Fushi naît au début des années 1990. La marque résulte d’une fusion de leurs deux prénoms, Sonu et Eva ; Fushi signifie « plage » en divehi, la langue des Maldives. Eva est la conscience écologique de l’hôtel. Elle veut initier un luxe en harmonie avec la nature. Où l’art de recevoir soit d’une telle bienveillance qu’il éveille la reconnaissance sincère et l’émotion chez les clients. Séjourner au Soneva, c’est rejoindre une famille, tout du moins une communauté d’esprits, de femmes et d’hommes de bonne volonté qui apprécient tout autant de lézarder sur une plage immaculée que de manger des carottes bio cueillies le matin même dans le potager attenant à l’hôtel, tout en dégustant dans l’après-midi un élixir au chocolat pour finalement, le soir, rire aux facéties d’une comédie musicale projetée au cinéma Paradiso, sous le ciel étoilé, les images se reflétant dans le bassin de réserve d’eau. Sonu, lui, maîtrise l’art de trouver les financements et de gérer une entreprise dans un domaine où pourtant ni l’un ni l’autre n’y connaissait rien au départ. Ils prennent exemple sur le modèle de management des hôtels de luxe du groupe Taj, présidé par Ratan Tata, qui privilégie les espaces, le service et la gentillesse. Le carnet d’adresses d’Eva et Sonu comporte les plus beaux esprits de la jet-set éclairée. Leur exigence fait merveille. Certains clients se plaisent tant qu’ils cumulent plus d’une année de séjour. Le succès est phénoménal. L’un et l’autre s’investissent à 200 % ; leurs hôtels sont leurs réalisations. Après l’ouverture du Soneva Fushi aux Maldives, suivent le groupe Evason et la chaîne Six Senses, en Asie et en Europe. SMALL IS BEAUTIFUL En 2011, Sonu et Eva sont à la tête d’un groupe qui réalise 175 millions de dollars de chiffre d’affaires, possède 26 hôtels et 41 spas dans le monde. L’un et l’autre courent d’un colloque à une soirée de prestige, de Londres à Bangkok, en passant par Bombay, Tokyo et Paris. Pratiquant le yoga, proche de la philosophie hindoue, refusant de posséder une voiture, Sonu voyage systématiquement avec un aimant WE DEMAIN INITIATIVE

PARMI LES INVITÉS DE L’ÉDITION 2011 D’EVA ET SONU SHIVDASANI AU SONEVA FUSHI, L’ACTEUR EDWARD NORTON APPARAISSAIT COMME L’UN DES « CHANGEMAKERS » LES PLUS INVESTIS.

et une boussole qui, dit-il, limitent les méfaits du décalage horaire. Difficile de tout contrôler et de donner du sens. Pour parvenir au zéro carbone aux Maldives, Sonu et Eva investissent près de 3 millions de dollars dans un équipement de cold water à l’exemple du SWAC installé par exemple au Brando Hotel à Tetiaroa, en Polynésie, qui doit alléger les besoins énergétiques de l’air conditionné. Il ne sera jamais efficient, la profondeur est insuffisante pour permettre de créer une pression optimale. Parallèlement, le tourisme mondial enregistre une contraction violente ; des clients fidèles bénéficient de nuits gratuites dans les hôtels Soneva contre une participation aux activités écologiques – incinération des ordures, concassage du verre, compression des boîtes de conserve. Certains opérateurs les prennent pour des hurluberlus.

POUR DURER, IL FAUT S’APPUYER SUR L’EXPÉRIENCE, IMPRIMER LES RÉTINES ET LES CŒURS, MAIS SURTOUT RENOUER AVEC LE TEMPS LONG POUR DONNER DU SENS À SON ACTION.

Sonu et Eva n’ent ont cure. Mais la réalité économique est têtue. En 2012, Sonu et Eva cèdent le groupe Six Senses à Pegasus Capital. Ils se recentrent pour mieux se redévelopper à partir de leurs signatures aux Maldives et en Thaïlande. Tous deux en sont convaincus : l’avenir de l’hôtellerie du luxe est dans la philosophie du Slow Life. Pour durer, il faut s’appuyer sur l’expérience, imprimer les rétines et les cœurs, mais surtout renouer avec le temps long pour donner du sens à son action. La Slow Life Foundation est née de cette volonté de s’inscrire sur le long terme. Concrètement, c’est à l’issue du premier Slow Life Symposium que Sonu et Eva ont décidé de stopper toutes les importations de bouteilles d’eau en plastique. Aujourd’hui, c’est contre la pêche intensive et pour la protection des océans qu’ils entendent mobiliser les touristes. Mais pas seulement. Leur projet est global, leurs ambitions plus larges. Sonu et Eva désirent amplifier l’action des changemakers. La Slow Life Foundation veut dessiner un beau modèle d’actions pour l’avenir. Elle y réussit déjà. ◆ 9


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© COURTESY DU SITE WWW.FASTCOMPANY.COM

À 35 ANS, NATE SILVER EST DEVENU UN PERSONNAGE DE PREMIER PLAN AUX ÉTATS-UNIS EN UTILISANT LE BIG DATA POUR PRÉDIRE AVEC UNE GRANDE JUSTESSE DES RÉSULTATS SPORTIFS ET ÉLECTORAUX.


L’EFFET PAPILLON DES SUPER-INFLUENCEURS Isabelle Lefort

— PAS BESOIN D’ÊTRE DES MILLIONS DE PERSONNES POUR STOPPER LA DESTRUCTION DE LA PLANÈTE ET ACCÉLERER LA TRANSFORMATION DU MONDE. L’ACTION DE DIX FEMMES ET/OU HOMMES PEUT AVOIR UN EFFET DÉMULTIPLICATEUR PHÉNOMÉNAL. C’EST LE DESSEIN DU SLOW LIFE SYMPOSIUM. —

© SLOW LIFE SYMPOSIUM

L’originalité du Slow Life Symposium, c’est son format. Et son objectif : parvenir à faire des propositions concrètes. Pour les mettre en action vite et bien, et ainsi avoir un impact réel sur l’accélération du changement. Pendant trois jours, respectant le dress code des shorts et des paréos, mais surtout du « no shoes », les uns et les autres suivent avec attention les workshops. Pas question d’être assis dans un amphithéâtre éclairé par des néons, ici, on travaille à l’air libre. Les uns sont assis autour des tables en teck, d’autres en tailleur, à même le sol. « Normalement quand on participe à un colloque, explique David de Rothschild, les sachants sont installés derrière des pupitres, prennent la parole, énoncent leurs propos, sans véritables échanges avec les auditeurs. Ici, c’est tout le contraire. Ce symposium a une coloration très différente. » Certes, certains esprits critiques se gausseront de l’éclectisme de la liste prestigieuse des invités et de l’empreinte carbone de tant de déplacements, mais tout d’abord, Sonu comme Eva Shivdasani l’affirment, la Slow Life Foundation compense l’impact carbone. Et surtout,

DE HAUT EN BAS : JOCHEN ZEITZ, SONU SHIVDASANI, PAVAN SUKHDEV, EDWARD NORTON, RICHARD BRANSON, CINQ LEADERS D’OPINION CONVAINCUS DU PRINCIPE DE L’EFFET PAPILLON.

WE DEMAIN INITIATIVE

c’est de par la qualité et l’élitisme des participants que la Slow Life Foundation est en mesure de mettre en œuvre les différentes propositions. Pour s’en convaincre, les organisateurs pointent les réalisations tangibles qui ont déjà été menées les années précédentes. Aux Maldives, c’est à l’issue du premier symposium, en 2010, avec le soutien de la Blue Marine Foundation de Chris Gorell Barnes, également invité, que le Président Mohamed Nasheed s’est engagé à placer les 1 192 îles de corail de son pays en une réserve marine dans les cinq ans. En 2011, l’implication des différents intervenants, dont Richard Branson, himself, a permis de créer Whole World Water. Aujourd’hui, l’ONG, dirigée par Karena Albers et Jenifer Willig, se déploie dans le monde entier pour réduire les déchets plastiques et favoriser l’accès à l’eau potable sur un principe astucieux. Un milliard d’êtres humains n’ont pas, ou l’ont de manière très insuffisante, accès à l’eau alors que 1 milliard de touristes voyagent dans le monde. WWW s’appuie donc sur la communauté des voyageurs pour, en association avec les grands hôtels et les chaînes de restaurant, lever l’équivalent de 1 milliard de dollars pour que ces derniers ne consomment plus d’eau en bouteilles plastiques et ainsi réduire au maximum les contenants plastiques tout en répondant au maximum au besoin en eau potable des populations.

À chaque fois, la philosophie est la même. À la fin du symposium, tous les participants deviennent les ambassadeurs des mesures engagées. L’animateur de la session 2013, Jonathon Porritt, qui dirige Forum for the Future, un organisme à but non lucratif qui travaille depuis Londres avec les entreprises et les gouvernements sur les stratégies de développement durable, n’a qu’un seul critère de réussite : l’action concrète. « Ici, au symposium, tous les sachants et apprenants sont des personnalités influentes et agissantes. Elles disposent de réseaux et de marges d’action importantes. » C’est un atoût majeur qui fait la différence en comparaison avec d’autres manifestations. La clef du succès du Slow Life Symposium, c’est ce mélange de luxe, d’élite mais aussi la puissance de frappe de ces influenceurs. Chacun joue sa carte du glamour. David de Rothschild refuse d’être catalogué par la presse comme un activiste écologiste. Pour lui, le discours passe par l’engagement économique, les outils de communication puissants qu’offrent Internet et les plateformes 3.0. Pas question d’être étiquetté. Johan Rockström, lui, pousse encore plus loin la dénonciation des activistes traditionnels. « Le magazine Science a parfaitement démontré que le pire ennemi de la cause environnementale, c’est les spécialistes de l’environnement. » Pourquoi ? Comment ? Parce qu’à force de véhiculer le catastrophisme, on annihile les potentiels 11


L’EFFET PAPILLON

de changements. À trop crier au loup, on démobilise ; la peur tétanise. Peggy Liu, qui milite pour une collaboration renforcée entre la Chine et les États-Unis en faveur d’une accélération des solutions environnementale, partage ce point de vue. « La Chine est un pays intimidant pour beaucoup. Face à l’ampleur du problème et la complexité de notre culture, nombre de personnes renoncent à intervenir. Or, la Chine a besoin d’aide. La Chine veut être verte. » L’enjeu n’est pas régional, il est planétaire. Les discours accusateurs, non porteurs de solutions, les refus de dialoguer, le renvoi dos à dos des industriels et des écologistes sont contreproductifs. Il importe aujourd’hui de lancer une autre vague de mobilisation. THE B TEAM Jochen Zeitz, l’influent responsable des orientations du développement durable du groupe Kering (ex CEO de Puma), est le cofondateur avec Richard Branson de The B Team. Depuis deux ans, ce groupe réunit une dizaine de présidents de multinationales (Ratan Tata en Inde, Paul Polman pour Unilever, François-Henri Pinault pour Kering, Arianna Huffington…) avec les leaders de ce que Jacques Attali englobe sous le concept d’économie positive, de Muhammad Yunus pour le microcrédit à Bill Drayton pour Ashoka, mais aussi Mary Robinson de The Elders. Leur idée forte : les entreprises sont en première ligne pour conduire le changement ; elles peuvent accélérer la prise de conscience sociale et environnementale. « Les gouvernements agissent pays par pays. Or, les problèmes sont mondiaux. Et le business est global. » La solution viendra des entreprises ; les patrons des multinationales ont désormais une responsabilité phénoménale. C’est eux qui peuvent actionner les leviers de transformation et agir au plan mondial. The B Team s’emploie donc à rencontrer les entrepreneurs de par le monde pour les convaincre de remettre en perspective leur business model. Pour que chacun fasse sienne l’idée que seules les entreprises bénéfiques pour tous et pour la planète ont une possibilité de résister au tsunami que constitue la modification de la société actuelle, et ce à l’échelle internationale. Pavan Sukhdev, l’un des fondateurs du Green New Deal, partage cette conviction. Après avoir fait carrière dans le monde de 12

la finance, à la Deutsche Bank notamment, ce professeur de Yale est aujourd’hui ambassadeur des Nations unies pour les questions environnementales aux côtés de Yann Arthus-Bertrand et de la top model brésilienne Gisele Bündchen. Au quotidien, il dialogue avec des acteurs de Wall Street, le CAC 40 et autres, pour leur faire prendre conscience du bien-fondé et de l’intérêt des investissements durables. Dans son livre Corporation 2020, il explique pourquoi et

gèrent des investissements de structures présentes dans le monde entier. On est loin du monde des « we, we ». Ici, l’argent a du sens. Ce qui importe c’est la valeur de l’action qu’il permet. Pourquoi investir pour un rendement X dans une activité qui sera destructrice alors que, pour une rentabilité égale, une entreprise peut avoir une action bénéfique ? Tout est affaire de paradigme, mais aussi de connaissance. De sensibilisation.

GÉNÉRER DES RÉSULTATS À COURT TERME SANS RÉFLÉCHIR SUR LE LONG TERME, C’EST SCIER LA BRANCHE SUR LAQUELLE NOUS SOMMES ASSIS. CELA PARAÎT ÉVIDENT, MAIS POUR NOMBRE DE PILOTES DES MULTINATIONALES, CE DISCOURS RELÈVE DE LA NAÏVETÉ.

comment les financiers doivent changer leur manière d’aborder l’économie. Idem pour les politiques. Son approche est pragmatique et visionnaire. De son avis, la France dispose ainsi d e tous les atoûts patrimoniaux, environnementaux et culturels pour prendre la tête d’un formidable élan en faveur du Green New Deal. Sa venue en France à l’automne prochain au LH Forum, au Havre, est attendue. Il entend à cette occasion pourvoir exposer plus amplement ses arguments et ainsi convaincre. Discuter, argumenter, démontrer, c’est son quotidien. Pour autant, la route est, comme il le répète, souvent solitaire. De conférence en rencontres, il redit à tous ses interlocuteurs le bien-fondé d’un business qui s’appuie sur le bien-être social et les bienfaits environnementaux. Générer des résultats à court terme sans réfléchir sur le long terme, c’est scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Cela paraît évident, mais pour nombre de pilotes des multinationales, ce discours relève de la naïveté. Au Symposium, au contraire, les points de vue convergent. Tous ici, sont des esprits formés parmi les plus grandes universités internationales, tous ont occupé des responsabilités de décideurs ou

Une première proposition est formulée. Chacun des participants s’accorde à user de ses réseaux, de ses jeux d’influence pour inviter les dix chefs d’entreprise les plus puissants de la planète à un prochain séminaire du Slow Life pour les convaincre de la pertinence et de la nécessité de changer de modèle. Les uns et les autres en sont convaincus : pour modifier les manières d’aborder les problèmes économiques et ouvrir les consciences, il importe de placer les dirigeants hors de leurs cadres habituels. L’EXPÉRIENCE MODÈLE Le Français Guillaume Gauthereau, jeune entrepreneur qui a fait fortune dans l’Internet à New York avant de parcourir pendant un an la planète, veut modéliser le projet. « Mon idée est de sensibiliser des patrons et de leur faire vivre une expérience sur le terrain. C’est en venant au plus près des populations en difficulté, ou en partageant le quotidien de telle ou telle ONG qui agit concrètement, que l’on fera bouger les mentalités de ces CEO. » Le patron de Monsanto est un homme comme les autres, il a une conscience, des enfants ; la sensibilisation passe par la confrontation au réel. L’émotion que l’on éprouve, les larmes et les rires que l’on partage.


© SLOW LIFE SYMPOSIUM

ENTRE DEUX WORKSHOPS, JOCHEN ZEITZ ET DAVID DE ROTHSCHILD METTENT À PROFIT LA PAUSE POUR UNE BAIGNADE UTILE ET COLLECTER LES PLASTIQUES QUI POLLUENT LES FLOTS DU GOLFE DU SIAM.

De l’avis de tous, l’idée peut se décliner à l’envi. Ainsi, Chris Gorell Barnes, pour lutter contre les effets dévastateurs de la surpêche, propose de réunir les dix plus grands responsables de la pêche dans le monde dans le cadre d’un Slow Life pour définir ensemble des solutions. Vus de l’extérieur, ces discours pourraient sembler naïfs. Sauf qu’au regard de l’entregent des participants du Symposium, réunir autour de la table Bill Gates et le président de Microsoft pour discuter avec Richard Branson et pourquoi pas Albert de Monaco, oui, c’est possible. L’élite est internationale, elle aime se retrouver entre soi. Ici, nous y sommes. De l’avis de Johan Rockström, « nous n’avons pas besoin que 7,2 milliards d’individus sur la planète regardent dans le même sens pour réaliser des changements efficaces et éviter que nous allions dans le mur. C’est l’effet boule de neige. Dix personnalités, dix chefs d’État ou WE DEMAIN INITIATIVE

dix leaders du monde du business peuvent amplifier et accélerer la transformation du monde. Je suis convaincu que les personnes ici peuvent réussir cette carthasis. » Meenakshi Menon, qui accompagne Pavan Sukhdev, illustre cette idée. Communicante influente en Inde, son pays, elle a, après des années consacrées à réaliser des campagnes traditionnelles pour le monde du business, décidé de donner du sens à son activité. Avec Lynn de Souza, son associée, elles ont fondé Social Access et ainsi sensibilisé politiciens, entrepreneurs et représentants de l’action publique aux bienfaits de la solidarité. En Inde, comme ailleurs, malgré des millions d’euros collectés, les actions caritatives échouent souvent du fait qu’elles agissent à un moment donné mais ne s’inscrivent pas dans le long terme. Leur initiative de proposer à des donateurs particuliers ou

entrepreneuriaux des assurances vie pour les agriculteurs pauvres répond à cette nécessité de mettre fin au cycle infernal de la pauvreté qui, malgré les efforts d’une génération, après le décès du chef de famille, se transmet à la génération suivante. En versant 100 euros, c’est une famille toute entière qui échappe à l’inéluctable. Le projet proposé en aparté lors du symposium autour d’une simple discussion autour d’un café a fait mouche. Adam Sweidan, banquier convaincu de l’intérêt du développement durable à Wall Street, a immédiatement été séduit. Et c’est l’ensemble de son fonds d’investissement qu’il a persuadé d’agir. The right person at the right place. L’entregent au service de tous. Ainsi va la vie et l’action au Slow Life Symposium. Entre deux bains de mer et un cocktail au Soneva Kiri. ◆

« NOUS N’AVONS PAS BESOIN QUE 7,2 MILLIARDS DE PERSONNES REGARDENT DANS LE MÊME SENS. DIX PERSONNALITÉS, DIX CHEFS D’ÉTAT OU DIX LEADERS DU MONDE DU BUSINESS PEUVENT AMPLIFIER LA TRANSFORMATION DU MONDE. » 13


CAPTAIN ROTHSCHILD, MONSIEUR PLASTIKI Isabelle Lefort

« Ce n’est pas le plastique en lui-même qui est en cause, c’est une très belle invention. Mais, c’est l’utilisation que nous en faisons et notre incapacité à le recycler qui posent un énorme problème. » David de Rothschild est un homme de combat. Il ne faut ni se fier à son physique de top model qui lui a permis de faire la couverture de nombre de magazines glamour dont GQ en Grande-Bretagne, ni à sa particule ; ce jeune homme barbu et tatoué mène depuis longtemps une guerre sans merci pour défendre notre planète et particulièrement les océans et les mers contre les détritus plastiques. Chaque année, 6,5 milliards de kilos de déchets 14

plastiques sont déversés dans les océans. 206 kilos par seconde de bouteilles d’eau ou soda, de tongues, de bouées, et autres polystyrène sont jetés à la mer. Ils finissent en micro-particules ingérées par la faune marine. Un albatros confond aisément un bouchon de plastique avec de la nourriture alléchante, un poisson du polystyrène avec du sable. En 2008, au Royaume-Uni, 5000 volontaires ont récupéré plus de 2195 détritus plastiques par kilomètre de plage. Des milliers d’animaux sont piégés par ces débris qui les asphixient ou qu’ils ne peuvent digérer. L’impact est massif. Que faire au delà du catastrophisme ?

UN HÉRITIER ENGAGÉ David Mayer de Rothschild est né le 25 août 1978. Il appartient à la branche britannique de la famille des banquiers. Il est le plus jeune des trois enfants de Victoria Schott et Sir Evelyn Rothschild. Il a étudié les sciences-politiques et les systèmes d’information à Oxford avant de débuter une carrière de businessman. L’engagement environnemental de cet héritier multimillionnaire est sincère et profond. «Nous sommes tous des êtres issus des mers, des océans. Ne pas respecter notre environnement nous conduit à notre perte. Le potentiel est extraordinaire, sachons le protéger.» C’est après la lecture

© SLOWLIFESYMPOSIUM

— DAVID DE ROTHSCHILD AVAIT TOUT POUR DEVENIR UN HÉRITIER NONCHALANT. MAIS VOILÀ, DEPUIS BIENTÔT DIX ANS, SON COMBAT CONTRE LE PLASTIQUE A FAIT DE LUI L’UN DES ENVIRONNEMENTALISTES PHARES DE LA PLANÈTE. —


30 PERSONNES ONT PARTICIPÉ À L’ÉLABORATION DU PLASTIKI. PARTI LE 20 MARS 2010, LE NAVIRE ENTIÈREMENT CONÇU EN PLASTIQUE RECYCLABLE A PARCOURU EN 128 JOURS LES 15 000 KILOMÈTRES DE MER QUI SÉPARENT SAN FRANCISCO DE SYDNEY, DANS L’OCÉAN PACIFIQUE.

«J’APPARTIENS À UNE FAMILLE AUX MULTIPLES OPINIONS J’AI TOUJOURS ÉTÉ PRÉOCCUPÉ PAR LES QUESTIONS ENVIRONNEMENTALES. MON SOUHAIT EST DE FAVORISER LES PRISES DE CONSCIENCE ET L’ACTION.»

d’un rapport des Nations Unies sur les écosystèmes océaniques qu’est née l’aventure Plastiki. Son nom fait référence à l’expédition du Kon-Tiki, ce radeau en balsa qui avait rallié le Pérou à la Polynésie en 1947 pour démontrer que les Polynésiens, ce peuple de la mer, savaient parfaitement utiliser les courants marins et parcourir des dizaines de milliers de miles nautiques. Le petit-fils, Olav, du Norvégien Thr Heyerdahl a souhaité faire partie de la nouvelle aventure imaginée par David de Rothschild. L’idée ? Construire un catamaran de 18 mètres de long avec des matériaux 100 % recyclables. 12 500 bouteilles en plastique recyclable (PET) de WE DEMAIN INITIATIVE

deux litres ont été collectées pour réaliser la double-coque. Les autres pièces du navire, imaginé par l’architecte Michael Pawlyn ont été fabriquées avec du plastique PET, assemblées avec une colle organique produite à partir de sucre de canne et de broux de noix de cajou. L’ensemble de la propulsion a reposé sur le vent et les énergies renouvelables grâce aux panneaux solaires, aux turbines marines et les générateurs alimentés par des vélos. Pour s’approvisionner en eau, l’urine de l’équipage a été recyclé en eau potable. 30 personnes ont travaillé au projet. Résultat : parti le 20 mars 2010, le Plastiki a parcouru en 128 jours les 15500 kilomètres de mer qui séparent San Francisco de Sydney dans l’océan Pacifique. L’intérêt de l’opération était tout autant médiatique que scientifique. David de Rotschild en est convaincu, pour faire bouger les mentalités, il est primordial de sensibiliser positivement. Soutenu par IWC et Kiehls, notamment, l’opération a bénéficié d’une couverture médiatique internationale impressionnante. D’un bout à l’autre de la planète, en mettant son nom au service des océans, David de Rothschild a réussi à se faire un nom en tant qu’aventurier. Son livre « The Live earth Global Warming Survival Handbook : 77 essential skills to stop climate change » a figuré en tête des ventes en Angleterre. Mais son ambition ne s’arrête pas là. SCULPT THE FUTURE Depuis 2006, avec sa fondation Sculpt the future, installée à Londres, il multiplie les projets et soutient tous azimuts les actions qu’elles soient entrepreneuriales ou associatives. Ses critères de sélection ? L’efficacité, la passion, l’innovation et la créativité. Une note positive en somme. Aux Philippines, My Shelter Foundation,

fondé par Illac Diaz a ainsi pu inaugurer en avril 2013 le premier pavillon solaire du Global Lighting Project. Le principe ? Transformer des bouteilles plastiques en lampes solaires et ainsi, par un procédé des plus simples que l’on peut apprendre sur le site de sculptthefuturefoundation.org, apporter la lumière dans les habitats les plus rustiques. 170 volontaires ont ainsi pu depuis septembre 2013 passer à l’action, et former les habitants. Bottle Schools - trash for education s’inscrit dans une démarche similaire de recyclage. Depuis octobre 2009, 28 écoles conçues en bouteilles de plastique recyclées ont pu voir le jour au Guatemala. L’ACTION 3.0 Désireux d’associer glamour, créativité et action concrète, l’équipe autour de David, recherche toujours à booster la démarche des personnes qui le consultent pour sortir du discours convenu, des propos négatifs et culpabilisants. Lui, en est persuadé, c’est en jouant la carte du fun et de l’interconnectivité que demain les changemakers feront la différence. Les initiatives fleurissent dans le monde entier. Il importe aujourd’hui de faire se connecter au travers d’une plate-forme 3.0 les femmes et les hommes de bonne volonté pour amplifier les actions. Spécialiste des systèmes d’information, il travaille actuellement à ce prochain chantier. Avec son frère Anthony, David Enthoven, David Glick et Katie Ardern, à la direction de Sculpt the forum, il désire démultiplier les projets et se servir de l’interface d’internet comme facilitateur entre les changemakers. Au Slow Life Symposium, tous les participants sont sensibles à son message. Se présentant tel un éternel optimiste, il ne se départit jamais de sa bonne humeur pour convaincre. Résultat : ca marche. ◆ 15


WE DEMAIN N°7 SORTIE LE 5 JUIN 2014 WWW.WEDEMAIN.FR

©JIM WILSON/The New York Times-REDUX-REA

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