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Itinéraire d’un maître-parfumeur d’aujourd’hui : Dominique Ropion

Quand je me promène, je relie les sensations olfactives et je dessine alors une image abstraite, c’est comme ça que je m’imagine l’esprit du lieu, la formule d’une cité, son essence.  Dominique Ropion

Dominique Ropion par Michael Avedon, 2019

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Le ton est donné. Dominique Ropion, maîtrise l’odeur de façon presque non humaine, il partage son intimité et, avec elle, il imagine, il crée. Considéré par l’ensemble de ses pairs comme un immense maître-parfumeur, si ce n’est le plus grand aujourd’hui, Dominique Ropion souligne pourtant qu’il a eu un parcours assez banal, qui ne faisait pas de vagues et qui finalement n’avait rien d’un appel ou d’une vocation. « J’ai su très tard que j’allais devenir parfumeur. Et ce n’est pas par ignorance, ma mère et mon grand-père travaillaient chez Roure1, je connaissais donc le métier de l’intérieur. Je le connaissais même personnellement car, lycéen, j’étais coursier chez Roure, et pendant les vacances je remplaçais les laborantines. J’ai même pesé pour Jacques Polge2… ». C’est au hasard du désistement d’un élève parfumeur que nous devons le maître-parfumeur Dominique Ropion. Avant d’accepter cette place d’élève parfumeur qu’on lui propose, il demande à rencontrer des gens du métier, il veut se faire une opinion ! Il discute donc avec Jean Amic, Jean-Louis Sieuzac et Pierre Bourdon. « Et moi, à qui il faut normalement des mois pour prendre une décision, je me suis dit “pourquoi pas ?”. Je ne connaissais pas la Côte d’Azur et je suis parti vivre trois ans à Grasse avant de revenir à Paris finir mon training. C’est drôle, je n’avais jamais envisagé avant ce moment-là de faire ce métier, le connaissant pourtant de l’intérieur et ayant toujours aimé les odeurs. ». L’odeur, c’est le cœur du réacteur de Dominique, sa passion, son centre, et également son axe de transmission. « J’ai toujours tout senti. Je n’avais en revanche jamais associé le plaisir des odeurs à la possibilité de les composer. Je vivais les choses de façon très séparée, d’un côté les odeurs et de l’autre le parfum ou la composition… mais j’ai toujours aimé l’art, alors pourquoi ne pas composer avec des odeurs au lieu de sons ou d’autre chose ? La peinture, la musique, le parfum… Fra Angelico, Hans Hartung, Rothko, Soulages, Van Gogh, Satie, L’Heure Bleue de Guerlain, Fracas de Piguet, Chanel Nº 5… ».

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