Les nouvelles garrigues - TPFE - 2016 - ENSP VERSAILLES

Page 1

LES NOUVELLES GARRIGUES QUAND LE MOUVEMENT DE LA VILLE REDÉCOUVRE CELUI DES EAUX

Laure Demellier ENCADRANT : Nicolas Gilsoul

A


TABLE DES MATIÈRES 3

AVANT-PROPOS DIALECTIQUE DU MONDE HABITÉ AU MONDE SAUVAGE AU DELÀ DU JARDIN LA GARRIGUE-DÉSERT

TERRAIN D’ÉTUDE TERRAIN DE PROSPECTION

INTRODUCTION TERRAIN DE PROJET

1- RECHERCHES, CARNET DE TERRAIN 2- MOUVEMENT DE L’EAU, MOUVEMENT DE VILLE TROP OU TROP PEU LE PAYSAGE DE L’EAU SANS L’EAU, LE CALME TROMPEUR LE CLIMAT DES EXCÈS L’EAU DISSIMULÉE DANS DE VASTES RÉSERVES CALCAIRES

LE MODÈLE RÉVOLU DE L’ACCOMMODATION

LA CIVILISATION MÉDITERRANÉENNE, LABEUR ET INVENTION LE PAYSAGE DE L’HABITANT JARDINIER LES OUTILS DE L’ACCOMMODATION DE L’ACCOMMODATION À LA LUTTE A L’EXTÉRIEUR DU PAVILLON, LE PAYSAGE DÉSERTIQUE DU LOTISSEMENT LES OUTILS DE LA LUTTE

3 5

3 5

7 9

3

7 9

11 11

11

13

49

13 15

51 19 55 19 57 21 59 61 63 65 69 71

23 23 25 27 32 35


3- AGIR AVANT LA CRISE PROSPECTIVE

PENSER L’AVENIR DU LOTISSEMENT PAVILLONNAIRE «ATOUTS RISQUES», LE CLIMAT MÉDITERRANÉEN COMME RESSOURCE LES PLUIES EN AMONT, LA CRUE EN AVAL

LE PROJET PAR L’AMONT

LIBÉRER LES MOUVEMENTS DE L’EAU EN AMONT POUR SOULAGER L’AVAL TROIS MANIÈRES D’OCCUPER LA GARRIGUE

4- À LA SOURCE, LE PROJET DES CRUES PAR DÉBORDEMENTS SUCCESSIFS LA RENCONTRE DE DEUX MONDES DÈS L’ARRIVÉE DES EAUX AU PIED DU KARST, DEUX PINCEMENTS

37 37 73 37 75

77 41 43 79 81 44 47 83 49 85

87

LE SEUIL DES GARRIGUES

89 52

TRAVERSÉE DU VILLAGE ET DE LA PLAINE CULTIVÉE

111 74

LE CŒUR DU VILLAGE DES MATELLES, LE PREMIER PINCEMENT ÉTRANGLEMENT DES EAUX DU CAUSSE VERS LE MONDE SAUVAGE DES GARRIGUES ABANDONNÉES ENTRE LE FEU ET L’EAU RÉCOLTER LES EAUX, ÉCRÊTER LES CRUES TERRAIN D’ENTENTE AVEC LES EAUX DU CAUSSE UN LIEN FONCTIONNEL ET SYMBOLIQUE RÉACTUALISÉ

ENTRE DEUX SERRES, LE PONT ROMAN, DEUXIÈME PINCEMENT L’ÉTALEMENT DES MATELLES SUR LES TERRES VITICOLES LA ROUTE POUR SEUL ESPACE «PUBLIC» TOURNER LE VILLAGE VERS SES HORIZONS À LA RENCONTRE ENTRE LE MONDE HABITÉ ET LE MONDE CULTIVÉ UNE NOUVELLE ARMATURE DESSINÉE PAR LES MOUVEMENTS DE L’EAU LA LISIÈRE, ESPACE DE TRANSITION RICHE RECOUDRE LE LOTISSEMENT PAR SES BORDS HABITER LES NOUVELLES GARRIGUES CONCLUSION :

91 93 95 59 60 97 62 99 64 101 72 109

113 115 117 85 121 87 123 125 127 129 135 149

REMERCIEMENTS

151

BIBLIOGRAPHIE

153



AVANT-PROPOS DIALECTIQUE DU MONDE HABITÉ AU MONDE SAUVAGE AU DELÀ DU JARDIN

L’EAU CONDUITE PAR LE CHEMIN DES PIERRES

Acrylique (A3), août 2009, Valflaunès (34)

A l’ombre de l’olivier, la chaleur assommante d’un après-midi d’été. Je suis sortie de la pénombre fraîche de la maison, et m’apprête à disparaitre dans l’étendue claire de la piscine. Le bruissement calme de la fontaine répond à l’ardeur des cigales. Cadré par les flèches des cyprès, l’horizon calcaire du causse de l’Hortus, coiffé par ses falaises. Avant, une garrigue rase et caillouteuse occupait la petite colline sur laquelle ma maison s’est installée. Vingt années de dur labeur ont fait naître un jardin. Pour planter les arbres, il a fallu éclater les roches affleurantes, dans lesquelles étaient emprisonnés des bancs de fossiles arrondis. Une fois ces pierres extraites, elles ont été utilisées pour bâtir des terrasses, afin de retenir le peu de terre qui, chaque automne, dévalait la colline avec les pluies. Petit à petit, ces roches ont esquissé les chemins, les rigoles, les murets, à mesure que les plantes les plus résistantes s’installaient. Aujourd’hui la garrigue aride a été reléguée au second plan et le jardin qui l’a remplacé a transformé les longs étés de canicule en interminables vacances au bord de la piscine et à l’ombre de l’olivier.

SUR LA TERRASSE,

photographie, juillet 2015, Valflaunès (34)

3



DIALECTIQUE DU MONDE HABITÉ AU MONDE SAUVAGE LA GARRIGUE-DÉSERT

LE LIROU AU PONT ROMAN, À L’HEURE DE LA BAIGNADE, croquis, août 2015, Les Matelles (34)

Désorientation, égratignures et soif font du promeneur un explorateur. Les chemins se referment vite, colonisés par les landes à romarins, les pins d’Alep, les genévriers et puis les chênes. Le paysage originel de la garrigue que j’apercevais depuis ma maison m’a toujours donné l’impression d’un bout du monde, ponctué de ruines de châteaux forts et de capitelles, et dans lesquels nous allions en prospection pour découvrir de nouveaux gouffres. Pour cela, il fallait inspecter les fractures du sol, les renfoncements des falaises et traverser les bartas, boisements épais et inextricables. Mais les découvertes les plus salutaires étaient celles de torrents surgissant de la roche, entrecoupant l ‘étendue aride et odorante d’un filet d’ombre et de fraicheur. Les habitants de la plaine viennent peupler ses abords et c’est à cet endroit que le désert prend fin.

LANDE À ROMARIN COLONISÉE PAR LES PINS SUR LES MARNES DU CAUSSE DE L’HORTUS photographie, août 2015, Lauret (34)

RIVIÈRE INTERMITTENTE DU BRESTALOU photographie, septembre 2015, Lauret (34)

5



TERRAIN D’ÉTUDE LA RICHESSE PARADOXALE, LE CANTON DE CLARET

LE PAYSAGE DES GARRIGUES COMME UN SYSTÈME

Extrait de carnets de terrain Eté 2013

Mais ce que je croyais être un désert environnant s’est révélé être un sujet d’étude inépuisable depuis mon entrée à l’école. La rudesse du climat et la pauvreté des sols ont fait la richesse des garrigues : pour s’installer dans de telles conditions, il a fallu inventer des formes originales de subsistance. La flore a développé des stratégies d’adaptation face au feu, à la sécheresse ou pour se développer à même la roche. L’homme, pour survivre dans l’arrière-pays a inventé des économies tirant parti de toutes les ressources de ces milieux : pâturage sur les hauteurs, récolte du bois des chênes et agriculture en plaine. L’agro-sylvopastoralisme a façonné le paysage pendant prés de deux mille ans. Mais en étudiant le canton de Claret, j’ai découvert simultanément cette richesse et ce qui pourrait en causer la perte : à vingt kilomètres du canton, Montpellier, une ville qui a vu sa population tripler au cours des cinquante dernières années et qui attire toujours plus d’habitants, qui s’installent dans les garrigues, jusqu’à la saturation.

DES GARRIGUES ET DES VIGNES, carte des paysages (C.Borzokowski, E.Caudron,C.Cazaente, L.Demellier) juillet 2013

GROTTE DU CAUSSE DE L’HORTUS, FACE AU PIC SAINT-LOUP photographie, août 2013, Valflaunès (34)

7



TERRAIN DE PROSPECTION LES SCÉNARIOS DES NOUVELLES GARRIGUES carnet de recherche, avril 2015

INVENTER LES NOUVELLES GARRIGUES , MÉMOIRE DE 3ÈME ANNÉE

Pour comprendre la mutation qui est en cours, il faut poser la question à grande échelle de temps et d’espace et comprendre les mécanismes qui la soustendent. C’est à ce sujet que j’ai consacré mon mémoire (les nouvelles garrigues, paysage et prospective). Il pose la question suivante : que peut-on faire face à la mutation qui est en cours dans les garrigues? S’il faut tourner la page du paysage de l’agro-sylvopastorale, qui ne correspond plus aux filières économiques actuelles, les nouvelles garrigues restent à inventer.

UN ARRIÈRE-PAYS ENTRE LES VILLES DU LITTORAL ET LES PNR DU MASSIF CENTRAL Carte des polarités urbaines sur les territoires alentours

L’ACCESSION À LA PROPRIÉTÉ COMME NOUVELLE RÉFÉRENCE SOCIALE Photographie, Novembre 2016 Saint-Mathieu-de-Tréviers (34)

9


Problématique

Levier de projet

Quels nouveaux rapports aux paysages de garrigue peut-on inventer ?

L’eau dans son absence ou dans sa présence :

dessine ces nouvelles conditions paysagères guide le mouvement de la ville réinscrit l’habitat pavillonnaire dans son

socle

Démarche

Identifier et réveiller de nouvelles conditions paysagères potentielles Comment ces propositions font système à grande échelle?

SUITE ET ARTICULATION DES TROIS TRAVAUX

carte hypsométrique du littoral Médierranéen au Massif-Central


INTRODUCTION TERRAIN DE PROJET L’EAU, À L’ÉMERGENCE

DES NOUVELLES GARRIGUES

LE RAPPORT INTIME ET PARADOXAL DE L’EAU ET DES GARRIGUES carnet de recherche et de terrain 2015/2016

s?

2 rrigue a es g d ir

1 Canton de Claret

3 Le bassin versant du Lez

en L’av

En se développant la ville de Montpellier et son aire urbaine se heurtent à ce qui fait l’essence des paysages de garrigue : le climat méditerranéen. Entre inondation et sécheresse, orages cévenols et incendies, les néorésidents subissent de plein fouet ces phénomènes extrêmes. Se livre alors une « lutte » contre l’eau et le feu qui aggrave le problème (augmentations des surfaces artificialisées, accélération du débit des cours d’eau), ou le repousse plus loin. Aujourd’hui, le Lez, le fleuve côtier traversant Montpellier est canalisé depuis l’entrée de la ville jusqu’à la mer. A ce rythme, si aucune vision à grande échelle n’est portée, l’artificialisation des sols se poursuivra, avec pour conséquence la perte de l’armature paysagère des garrigues, la canalisation des cours d’eau et l’augmentation des risques. De plus, le réchauffement climatique aura pour effet d’allonger les périodes de sécheresse ce qui aurait pour conséquence de renforcer les précipitations extrêmes. Les questions de climat et d’urbanisation doivent donc être posées conjointement. Il s’agit de faire avec le mouvement des eaux et non plus contre. 11


1


RECHERCHES EXTRAITS DU CARNET DE TERRAIN 13



En première partie de ce travail, les pages suivantes présentent un extrait du carnet qui m’a accompagné cette année de réflexion autour des inondations de la Loire (travail d’APR) et celles des garrigues. Il recense et met en relation des fragments de réflexions de tout ordres, que j’ai récolté au grès des lectures, promenades, et des longs trajets de train. La compilation de ces réflexions m’a permis d’explorer librement tous les champs qui m’ont semblé possible d’aborder par ce sujet de TPFE (art, géologie, écologie, hydrologie, agriculture, sociologie, politiques territoriales, philosophie, prospective...). Il m’était bien entendu impossible de maîtriser ces domaines dans le temps qui m’était imparti, mais cette prospection de tous les jours m’a permis de prendre la mesure d’une chose, qui me semble claire au bout de ces quatre années passée à l’école du paysage : sans être spécialiste de rien, le paysagiste se situe à la croisée d’autant de domaine qu’il lui semblent bon de convoquer. Par cette investigation quotidienne, le projet n’est pas une science mais plutôt, comme l’affirme Paola Vigano, «producteur des connaissances»1

1

(VIGANO ; 2013) 15



17



19



21



23



25



27



29



31



33



35



37



39



41



43



45



47


2

MOUVEMENT DE L’EAU


MOUVEMENT DE VILLE

49



TROP OU TROP PEU

LE PAYSAGE DE L’EAU SANS L’EAU LE CALME TROMPEUR Lorsqu’on cherche l’eau en garrigues on n’en trouve que les traces. Sur les causses, de larges couloirs sont creusés dans le calcaire, parsemés de galets et timidement recolonisés par les mousses, le genévrier et le buis. Si les sources semblent taries, les imposants rochers qui les bordent témoignent de la puissance de l’eau quand elles se mettent en charge. Un peu plus bas dans la vallée le sol argileux est incisé de ravines, érodé par un torrent formé pendant un orage inattendu. Mais après la longue sécheresse estivale, des pluies diluviennes s’abattent sur les reliefs, et les garrigues restituent avec force les eaux dissimulées pendant l’été aride. Les lits asséchés se transforment en torrents dévastateurs, et en quelques heures, viennent gonfler les eaux du Lez à Montpellier.

LE RIEU MASSEL, UN PAYSAGE D’OUED SUR LE CAUSSE CALCAIRE Aquarelle novembre 2015

DOUBLE PAGE SUIVANTE :

La source du Lirou à sec , 03/2016 La traversée des Matelles par le Lirou reconquis par la végétation, 06/2016 Filet d’eau du Verdanson canalisé , Montpellier, 03/2016 Les eaux du Lez gonflées de celles du Bas-Rhône devant l’hôtel de région, fonction symbolique, Montpellier 07/2015 Photographies des épisodes de crue en septembre 2014

51


Le Lirou aux Matelles

0m /sec

Le Verdanson Ă Montpellier

(Source du Lirou)

(affluent du Lez)

3

2,51m /sec 3

(Le Lez Ă Montpellier)


151m /sec 3

900 m /secondes soit 2 fois le dĂŠbit moyen 3

de la seine

53


nt

limite du

bas

sin

ver

Le Lez

0

10

20

30 km

La

Les g

itto

ral

e

es inn ée ne

arr igu

Les

cau sse se t le Les sm con on ts tr e f or ts

pla ine col l La pla ine l

0 à 50 m

50 à 100 m

300 à 600 m

600 à 1000 m

1000 à 1600 m

asses

O

S

d’air

préci pitat io

sa

N

E

aud

ns


LE LEZ LE CLIMAT DES EXCÈS

30 km 340 000

habitants alimentés en eau potable

7ème fleuve de France

Après la longue sécheresse estivale, le bassin versant du Lez accueille les masses d’air chaud venues d’Afrique, qui se heurtent à la barrière des Cévennes et retournent à la mer sous forme de violents orages : les épisodes Cévenols. Ils concentrent l’essentiel des précipitations de l’année et provoquent des crues éclair de rivières qui, le reste de l’année, sont asséchées. Le Lez alimente la quasi totalité des habitants de la métropole de Montpellier en eau potable, et ce n’est pas grâce au peu d’eau qu’on peut voir à sa surface.

LE BASSIN VERSANT DU LEZ, ENTRE LE MASSIF CENTRAL ET LA MER carte hypsométrique

LE LEZ À SA SOURCE, RESSEMBLE PLUS À UN RUISSEAU QU’À UN FLEUVE 03/2016

55


Le Terrieu

KARST DU PIC SAINT-LOUP

Le Lirou

La nde

Liro

Le L

ez

Le Ve

rdans on

La Mo

sson

(1)

KARST DU PIC SAINT-LOUP

(2)

N

0

2.5

5

7.5

10

O

Jurassique

Miocène

Crétacé

Pliocène

Eocène

Dépôts alluviaux du quaternaire

cours d’eau pérennes

Oligocène

Failles (surrection des

cours d’eau temporaires

calcaires

marnes et calcaires

sables et argiles

sables et argiles

E

km

S

sables et argiles

sables marnes et argiles

sables et alluvions

Pyrénées et du Massif Central)

(3)


Lapiaz (1) Rivière souterraine (2) Aven

Résurgence (3)

L’EAU DISSIMULÉE DANS DE VASTES RÉSERVES CALCAIRES

LE SOL FRACTURÉ D’UN LAPIAZ

Causse de l’Hortus, commune de Lauret 05/2016

SOUS TERRE, L’EAU CHEMINE

Rivière souterraine de la foux de Lauret 05/2016

A LA SORTIE, SOURCE PÉTRIFIANTE Résurgence de la foux de Lauret 05/2016

UN CHEVELU DE FLEUVES INTERMITTENTS EN AMONT DU LEZ Carte du réseau hydrographique du bassin versant

Si on ne voit l’eau que sous forme torrentielle dans les garrigues, c’est qu’elle est stockée dans un épais soussol calcaire. A l’automne, lors des premiers épisodes pluvieux, l’eau s’infiltre dans le sol par des fractures et fait gonfler les rivières souterraines. A la surface, les cours d’eau restent pour la plupart à sec. Mais lorsque d’autres épisodes cévenols surviennent, le karst atteint sa limite de stockage et déborde. Il rejette avec force l’eau grâce à un système de «trop-pleins» : les résurgences qui, en quelques heures, peuvent voir l’eau monter de plusieurs mètres. Le climat méditerranéen et le socle calcaire des garrigues participent au fortes amplitudes des cours d’eau du bassin versant, entre absence d’eau et inondations torrentielles. Dans ce régime d’oued, la rivière ne dessine pas de lit moyen : on passe directement d’un lit mineur étroit et incisé à un lit majeur étendu.

LES RÉSERVES CALCAIRES

Carte géologique du bassin versant

57


MOUVEMENT DE L’EAU

Avril

Juillet

Octobre

Janvier


L’OSCILLATION DE L’EAU, UN MOUVEMENT RÉCURRENT ET CYCLIQUE

LE MODÈLE RÉVOLU

DE L’ACCOMMODATION

LA CIVILISATION MÉDITERRANÉENNE, LABEUR ET INVENTION

L’INONDATION : UN ATOUT PLUS QU’UN RISQUE Aquarelle du débordement

Cette forte oscillation entre la sécheresse et l’inondation a toujours fait partie des caractéristiques du climat méditerranéen. Le sol sec, pauvre, et la récurrence d’événements violents rendent l’installation humaine difficile. Et pourtant, l’essor des civilisations méditerranéennes au fil des siècles montre comment une société peut tirer parti de ces contraintes grâce à une posture d’accommodation et par le perfectionnement de savoirs-faire millénaires. Jusqu’au siècle dernier, le risque d’inondation ne concernait pas directement les habitants des garrigues puisqu’ils se tenaient à l’écart des oscillations des cours d’eau dans leur lit majeur.

59



LE PAYSAGE DE L’HABITANT JARDINIER

« Nos anciens taillis, mis en communaux et nullement aménagés, abandonnés à la dent des troupeaux par l’usage destructeur du parcours et un émondage continuel, souvent même arrachés pour le chauffage du peuple et la consommation des fours à pain ne sont plus que de vastes friches que nous appelons garrigues » Mr Vincent et Baumes (1802) (JOYON;1989)

Dans le nord des garrigues, on peut encore voir ce paysage de l’accommodation. Dans ce modèle, l’habitant devient jardinier et utilise toutes les ressources disponibles : la plaine est cultivée, les reliefs étaient pâturés et les boisements exploités. L’agro-sylvo-pastoralisme permettait aux habitants de l’arrière-pays de subsister par le recours à un système de cultures mariées. Aujourd’hui les troupeaux ont déserté l’arrière-pays, et les reliefs se sont refermés. Dans la plaine, des grandes parcelles de vigne ont remplacé la mosaïque fine de petites cultures variées. Mais la barrière des reliefs qui cernait ces plaines a permis de conserver quelques uns de ces paysages de labeur et de l’accommodation. Quand on s’y promène on peut encore voir les vestiges des ouvrages vernaculaires pour utiliser la ressource de l’eau.

LE VILLAGE DE CLARET, LÉGÈREMENT PERCHÉ AU DESSUS DE SA PLAINE CULTIVÉE. 03/2013

61


Capter :

rare ou torrentielle, l’eau ne séjourne jamais longtemps à la surface du sol des garrigues. Dans un premier temps il s’agit de retenir le plus longtemps possible l’eau avant qu’elle ne disparaisse sous terre ou qu’elle ne fuit en aval.

Conduire :

Une fois retenue, l’eau est ensuite redirigée par un réseau de petits canaux jusqu’aux champs ou jusqu’à des citernes. Pour éviter son évaporation, le dessus de ces biels est coiffé de larges pierres plates.

Stocker puis réutiliser :

Pour tenir lors des grandes périodes de sécheresses, l’eau est conservée dans le sol grâce à des puits citerne.


LES OUTILS DE L’ACCOMMODATION Quand le savoir-faire dessine un paysage

DÉPLOIEMENT DE LA RESSOURCE EN EAU DANS UN FOND DE VALLÉE DU HAUT ATLAS MAROCAIN Vallée de l’imane, auteur : Patrice Vimmard *https://housseinehao.wordpress.com

LA LAVOGNE : PERMÉABILISATION D’UN ACCIDENT DU RELIEF` POUR CRÉER UN RÉSERVOIR D’EAU POUR LES BÊTES

Photographie scannée et offerte par Mr Salery, dernier éleveur ovin du causse du Pic Saint-Loup

63


MOUVEMENT DE VILLE

N+0

N+10

N+20

N+30

LE MOUVEMENT DE LA VILLLE (CROISSANCE HORIZONTALE OU VERTICALE) SE HEURTE À CELUI DE L’EAU (OSCILLATION ENTRE LA SÉCHERESSE ET L’INONDATION) Schéma du mouvement de la ville

LA CONQUÊTE DU LIT MAJEUR DES COURS D’EAU ET LA REMISE EN QUESTION DE LEUR ESPACE DE DIVAGATION


Saint-Mathieu de Tréviers

Les Matelles

Saint-Gélydu-Fesc Montferriersur-Lez

Montpellier Lattes

s

de ng Eta rnel l’A

Vic de ng Et a

G

e o lf

e Pérol Etang d

Palavas-les-Flots Palavas-les-Flots

n Lio du

DE L’ACCOMODATION À LA LUTTE LA CONQUÊTE RÉCENTE DU TERRITOIRE DU FLEUVE

Sources du Lez

urbanisation

Le Le

z

cours naturel

Et a n

de ng Eta rnel l’A ic eV gd

Go

0

Etang de

portion canalisée

Pérols

n Lio du e lf

N O

E S

2.5

5

7.5

10 km

L’AVANCÉE DE LA VILLE ET LE RÉTRÉCISSEMENT DE L’ESPACE DU FLEUVE Périmètre du bassin versant du Lez, étalement urbain et canalisation des cours d’eau

L’INONDATION PERÇUE COMME CATASTROPHE NATURELLE photographie de la crue de 2014 (source : midi libre) Montpellier, les rues inondées en quelques heures Grabels, débordement bref et violent d’un affluent de la Mosson Effondrement de l’A9 en aval de Montpellier, fragilisée par les crues Rue de Lattes sous les eaux du lez

Aujourd’hui, le mouvement de la ville, sous forme d’extension horizontale ou verticale, est entré en conflit avec le mouvement de l’eau, sous forme d’oscillation entre le trop et le trop peu. Ce rapport a changé au moment où l’urbanisation s’est implantée dans le lit majeur des fleuves et des torrents. Le régime particulier des oueds méditerranéens, la plupart du temps à sec a encouragé cette installation. Mais, lorsque le cours d’eau se réveille, il entraine des dégâts humains et matériels importants, et pour s’en protéger, on déploie des moyens techniques pour contraindre cette expansion soudaine et dévastatrice. Ainsi, pour permettre à la ville de s’étendre on a canalisé les cours d’eau. De l’entrée de Montpellier jusqu’à la mer, le Lez est corseté dans des berges artificielles. 65



LA CONQUÊTE DES GARRIGUES Ce changement de posture, de l’accommodation à la lutte témoigne d’une nouvelle manière de vivre et d’habiter ce territoire. Montpellier a vu sa population tripler en un demi siècle. Et cette explosion démographique s‘est faite bien au delà du périmètre de la ville. Même les communes situées aux bordures de l’aire

urbaine ont vu leurs populations se démultiplier. Les terrains peu onéreux et le paysage préservé des garrigues ont poussé les nouveaux arrivants à s’y installer et leur ont permis l’accession à la propriété. Le climat ensoleillé, l’idéal de vie rustique, les grands espaces vides d’hommes aux portes de la ville

et le confort du pavillon ont attiré les habitants de l’aire urbaine de Montpellier. Mais dans cette conquête paradoxale, les néo-résidants se heurtent aux inondations, aux sécheresses, aux incendies et voient vite leur cadre de vie saturé de pavillons.

LE PAYSAGE DE L’HABITANT RÉSIDANT De la garrigue agro-sylvopastorale on est passé à une garrigue résidentielle, dont les habitants travaillent pour la plupart à Montpellier.

LA CONQUÊTE PAVILLONAIRE

Bloc schématique de la l’installation des lotissements dans les garrigues nordmontpelliéraines

LE VILLAGE DE SAINT-GÉLY,-DU-FESC, À 5 KM DE MONTPELLIER CONQUIERT LA PLAINE ET LES RELIEFS Photographie Septembre 2015

piscines assins d’ rage fossés draînants urs d’eau

Le nouveau paysage de garrigues reflète le changement de mode de vie de ses habitants. Si l’agriculture subsiste encore en plaine (principalement sous forme de viticulture), les reliefs ne sont plus exploités ou patûrés. Une forêt dense de pins d’Alep puis de chênes verts s’y est installée, à même la roche. Les lotissements sont situés à proximité des routes qui connectent les communes résidentielles à la ville et aux pôles secondaires, dans lesquels se trouvent commerces et équipements principaux. Ils s’implantent également sur les reliefs pour disposer de la vue sur le paysage de la plaine. Pour pallier aux longues sécheresses estivales et aux pluies torrentielles de l’automne, la majorité des pavillons s’équipe de piscines et les lotissements de bassins de rétentions. Le paysage générique du lotissement gagne les garrigues, constitué de la répétition frénétique du même motif de pavillon/jardin/piscine distribué par des routes ponctuées de bassins de rétention. Apparaît alors une scission entre le monde habité, le monde cultivé et le monde sauvage des forêts de chênes. 67


A L’EXTÉRIEUR DU PAVILLON, LE PAYSAGE DÉSERTIQUE DU LOTISSEMENT


69


Le fossé : Il dissimule l’eau dans des tranchées creusées sans cesse plus profondément. Il banalise le tracé de petits affluents temporaires et lorsque ces ouvrages s’emplissent, leurs débordement sont perçus comme anormal.

Le bassin d’orage : Il permet de régler localement et au coup par coup le problème de l’imperméabilisation du sol lors de la construction de nouveaux lotissements. L’eau de pluie y est contenue, puis relâchée.

Le cours d’eau canalisé Les dégâts humains justifient des travaux coûteux de canalisation. La plupart du temps il sont vides, à cause du faible débit des cours d’eau. A Montpellier, le Lez est gonflé des eaux du bas-Rhône pour que suffisamment d’eau circule devant l’hôtel de région.


LES OUTILS DE LA LUTTE la perte de la mémoire du risque

Canaliser l’eau pour faire avancer la ville Lattes, le plus gros chantier français de lutte contre les inondations depuis 15 ans.

Ces trois familles d’ouvrages ont participé à réduire le potentiel de l’eau à sa seule dimension de risque. Produit d’une pure pensée techniciste et très coûteuse, elles sont construites en réaction à la vulnérabilité des biens et des populations. Ces dispositifs sont calibrés en fonction d’épisodes extrêmes. La plupart du temps, ils sont donc vides, et ne permettent pas d’usages complémentaires, Mais aussi profonds soient-ils, ils restent inefficaces. Pire, ils participent à accélérer le débit des cours d’eau lors des crues, et ils participent à l’oubli du risque (les populations installées sur le lit majeur du fleuve se sentant à l’abri.)

71


3


AGIR AVANT LA CRISE PROSPECTIVE PENSER L’AVENIR DU LOTISSEMENT PAVILLONNAIRE La ville empirique qui s’est développée en quelques décennies autour de Montpellier a montré ses limites. Si aujourd’hui, les politiques territoriales cherchent à construire différemment, il s’agit de penser à ce que deviennent de tels espaces qui, à première vue, semblent sacrifiés. Car si on ne fait rien, de nombreux propriétaires vont diviser leur grands terrains pour le vendre, et ainsi augmenter encore plus l’imperméabilisation des sols.

«ATOUT RISQUES» * LE CLIMAT MÉDITERRANÉEN COMME RESSOURCE Aujourd’hui, les villes du pourtour méditerranéen qui se sont fortement urbanisées ces dernières décennies et qui subissent chaque année de violents épisodes de crue tentent de changer de posture et de porter le regard à plus grande échelle. Les techniques locales de «lutte» contre les inondations n’ont fait que renforcer l’aléa en provoquant l’oubli du risque et en permettant l’imperméabilisation du lit des cours d’eau. Les habitants du bassin versant du Lez doivent réinventer des manières de vivre avec le climat méditerranéen, car, si la situation est déjà critique aujourd’hui (coût humain et matériel conséquent), les prévisions annoncent une exacerbation des contrastes entre le trop et le trop peu d’eau : Hausse des températures l’été (+2,6° à 5,3° d’ici 2100 selon les scénarios) Allongement de la période de sécheresse estivale (de 2 à 3 mois) Diminution globale de la ressource en eau Augmentation des incendies Augmentation des épisodes cévenols à l’automne Mais agir avant la crise, c’est aussi questionner le rôle du territoire de l’amont par rapport celui de l’aval.

* Livre de Frédéric Bonnet, Atout Risques, des territoires exposés se réinventent, 2016 Source : Milano, 2019 ; Barush Pouchard, 2009

73


Le Pic Saint-Loup

n ra i ns

Le ausse de ’ r us

Écoulement souter

ces rgen

Les Matelles

Résu

rain

L’ARRIÈRE-PAYS DES GARRIGUES,

de L’

r us

L’ARRIÈRE PAYS DES GARRIGUES,

usse Le a

t-Loup

Le Pic Sain

Le Lirou

Le L

LA PLAINE URBANISÉE

ez

n

Étang

de Pér

LE LITTORAL TOURISTIQUE

osso

La M

ols

de ng Ét a nel ’Ar

Ét a ng de V

ic

l

0

2.5

5

7.5

10 km

lf o G

ion L u ed

N O

E S

LE BASSIN VERSANT DU LEZ, TROIS ENTITÉS TERRITORIALES Carte du réseau hydrographique et de l’urbanisation


Montpellier

Inondations

Lattes Étangs

LA PLAINE URBANISÉE

Mer Méditerranée

A L’AMONT, UN SOCLE STOCKANT QUI DÉBORDE À L’AVAL LORSQUE LES RÉSERVES SONT PLEINES Coupe schématique du fonctionnement hydrographique du Nord au Sud

LE LITTORAL TOURISTIQUE

Précipitations annuelles

Habitants concernés par les inondations* L rs d’une rue en enna e

Crue du 29 Septembre 2014

a i an s ins a s en ne in nda e

Les Matelles 1000mm/an

63 habitants

+ 4,71m en 2h

Montpellier 800mm/an

+3, 5m

2940 habitants

LES PLUIES DILUVIENNES EN AMONT, LA CRUE TORRENTIELLE ET DÉVASTATRICE EN AVAL

Lattes +5m

600mm/an

8960 habitants

Sources :

Pluviométrie, DEBORDES ; MASSON, 1994 a i an s n ern s ar es nes in nda es Crue septembre 2014 : rapport PREDICT est hérault, 2014

n e ier r

in nda i ns ris ues na ure s

75


bo rde m

en

td uK ars t

AUJOURD’HUI, L’EAU COMME UN RISQUE DANS SON ABSENCE OU DANS SA PRÉSENCE

SAINT-MATHIEUDE-TRÉVIERS

LL PÉRIODIQUEMENT TRAVERSÉE PAR DES CRUES ÉCLAIRS

LES MATELLES

SAINTGÉLY -DU-FESC

SAINT-CLÉMENTDE-RIVIÉRE

PRADESLE-LEZ

MONTFERRIERSUR-LEZ CLAPIERS

L’ REFERME SUR LE LEZ

MONTPELLIER

TERRAIN DE LUTTE DE L LL L’

Sous bassin versant de la Mosson

LATTES

PALAVAS-LES-FLOTS

N O

E S

0

2.5

5 km


LE PROJET PAR L’AMONT

bo rde m

en

td uK ars t

LIBÉRER LES MOUVEMENTS DE L’EAU EN AMONT POUR SOULAGER L’AVAL

SAINT-MATHIEUDE-TRÉVIERS

RALLONGER LE TEMPS DE SÉJOUR L’

LES MATELLES

SAINTGÉLY -DU-FESC

SAINT-CLÉMENTDE-RIVIÉRE

Le déploiement de l’eau au service du territoire des garrigues au nord de Montpellier : un apport en eau plus long pour les plaines agricoles un potentiel d’espace de sociabilité et de nouvelles continuités une armature indispensable au développement de la ville

PRADESLE-LEZ

MONTFERRIERSUR-LEZ CLAPIERS

MONTPELLIER

DIMINUER LA VULNÉRABILITÉ EN AVAL :

Sous bassin versant de la Mosson

en ralentissant la vitesse de l’eau des crues dans le couloir du Lez urbain LATTES

PALAVAS-LES-FLOTS

77


L ou p Le P ic-S aint

Le Le z La Mo

Mon

tpel lier

sson

10

15

20 km

200 m

100 m

50 m

aus

se d

e’

r us

700 m

Le

a aun s

up

Le Pic-Saint Lo z rsant du Le bassin ve limite du

rs

t

Saint-Mathieu de Tréviers

1

a

5

K

0

Le Triadou Source du Lirou

Les Matelles Source du Lez

3 Saint-Clément-de-Rivière

Saint-Gély-du-Fesc

Prades le-Lez

2 Source de la Mosson

vers Mosson

n uen e

’ava de

n e ier

Montferrier-sur-Lez

Clapiers

La

Le Le z Mo

Castelneau-le-Lez

sso

n

Montpellier N O

E S


TROIS MANIÈRES D’OCCUPER LA GARRIGUE Comment réactiver ce rapport par la gestion de l’eau?

1 LA GARRIGUE ENVIRONNANTE Situés au pied du karst, ces villages installés dans la plaine sont périodiquement traversés par des crues éclairs et des pluies diluviennes. Le reste de l’année, les cours d’eaux sont à sec. Comment retarder l’arrivée de l’eau dans la vallée du Lez tout en la valorisant en amont ? C’est le projet qui va être développé.

LA COMMUNE DES MATELLES

village source veiné par le Lirou

2 LA GARRIGUE DIFFUSE Ces deux vallées du Plagnol et de la Lironde n’étaient pas urbanisées, mais depuis les années 80, les communes voisines y construisent des lotissements pour les revenus élevés sur les reliefs et sous les pins. Quel devenir pour ces espaces, quels modes d’intervention dans ces forêts urbaines privatisées?

L’ARRIÈRE DE TROIS COMMUNES,

tissu lâche hybridé par la garrigue

3 LA GARRIGUE FRAGMENT Sur les rebords de la vallée du Lez, le tissu périurbain a englobé les petits bourgs viticoles et s’est répandu sur toute la surface constructible. Des fragments plus ou moins grands ont été épargnés (zones inondables ou protégées) comment ces éclats préservés peuvent-ils redonner une qualité à la nappe périurbaine ?

LA COMMUNE DE CLAPIERS

nappe pavillonnaire interrompue par l’interstice de l’eau 0

2.5

5

7.5

10 km

79


4

À LA SOURCE, LE PROJET

À L’ENTRÉE DE LA RÉSURGENCE DU LIROU, Au pied du causse du Pic Saint-Loup, les Matelles, 12/2016

Pour déployer les mouvements de l’eau en amont de Montpellier, il faut chercher la vraie source de l’eau. Derrière la résurgence du Lez en suivant les rivières asséchées on trouve le point de départ insoupçonné des inondations. Sur la faille des Matelles, au rebord du dernier causse, un gouffre : la source asséchée du Lirou.


APPARITION DE L’EAU DANS LES PROFONDEURS Au pied du causse du Pic Saint-Loup, les Matelles, 12/2016

81


DES CRUES PAR DÉBORDEMENTS SUCCESSIFS :

de

s

M

at

el

le

s

SAINT-JEAN-DE-CUCULLES

fa

il

ll

e

LE TRIADOU

TEMPS 1 La résurgence du Lez est en eau. Elle se situe à un affleurement de la nappe. Le reste des affluents du lez sont à sec.

LES MATELLES

Sources du Lez

ez

Le L

L

de

s

M

at

el

le

s

SAINT-JEAN-DE-CUCULLES

fa

il

ll

e

LE TRIADOU

TEMPS 2

Sources du Lirou

Les précipitations font monter le niveau d’eau dans le karst. La source du Lirou et une série de petites résurgences basses se mettent en charge. Les affluents de la plaine se gonflent et rejoignent le Lez.

Le Lirou LES MATELLES

Sources du Lez

ez

Le L

L

SAINT-JEAN-DE-CUCULLES

at

el

le

s

Gorges de la Déridière

de

s

M

TEMPS 3

fa

il

ll

e

LE TRIADOU

Sources du Lirou

LES MATELLES

Sources du Lez

ez

Le L

Si les précipitations continuent, le karst se remplit jusqu’à la saturation et sur le causse, les gorges de la Déridière drainent tous ces débordements à la manière d’un «trop plein». Les trois niveaux de sources s’additionnent les uns aux autres et entraînent des crues éclairs et dévastatrices. N

L

0

0,5

1

1,5

2 km

O

E S


Source du Lez

TOUT OU RIEN Derrière la vallée du Lez , Le Lirou et ses affluents intermittents relient le karst à la vallée du Lez habitée. C’est un point clé du projet.

Gorges de la Déridière

Sources du Lirou

Source du Lirou

Sources du Lez

Le L

irou

Faille

Le

s Ver

er

elli

p ont

M

Lez

Projet : Gorges de la déridière

la commune des Matelles au pied de la source du Lirou et des gorges de la Déridière

Périmètre inondé Sources en charge ur es se

83


Le monde sauvage des garrigues abandonnĂŠes


LA RENCONTRE DE DEUX MONDES

Le monde habité et cultivé SUR LE CAUSSE, LE PAYSAGE BRUT D’UNE FORÊT DENSE ENTRECOUPÉE D’ÉBOULIS ET DE GORGES CALCAIRES Les gorges de la Déridière 11/2015

DANS LA PLAINE LE VILLAGE DES MATELLES ENTOURÉ DE SES VIGNES ET CERNÉ PAR LES RELIEFS BOISÉS Les Matelles depuis la plaine du Lirou 06/2016

Monde sauvage

PUEC

SER R

CAUSSE

E

Seuil

Monde habité

DES RELIEFS QUI COMPARTIMENTENT DES PLAINES ET DES COULOIRS coupe schématique du relief des Matelles

LES MATELLES, VILLAGE-SOURCE AU PIED DES CAUSSES Carte des figures de paysage structurantes

85



DÈS L’ARRIVÉE DES EAUX AU PIED DU KARST, DEUX PINCEMENTS

seu ins r de cri la te da zone ns le inon PP da RI ble

Le vieux village des Matelles est traversé par les eaux du Lirou doublées de celles de la Déridière.

rou

Ep

ais

i Le L

le una

mm

te co

limi

Sources du Lez

A la sortie du village les affluents rejoignent le Lirou et se frayent un passage étroit entre deux reliefs allongés avant de déboucher sur la plaine du Plagnol.

N

0

0,5

1

1,5

2 km

O

E S

LE VILLAGE TRAVERSÉ DES EAUX DE DÉBORDEMENT DU KARST Carte des enjeux d’habitat et d’inondation

87


1 A L’ARRIVÉE DES EAUX SOUTERRAINES, LE SEUIL DES GARRIGUES


89


Ruisseau des

Mo

ine

s

ière

rid La Dé

Gouffre de la Caucolière

Source du Lirou

irou

L Le

0

0,5

1 km

N O

E S


LE CŒUR DU VILLAGE DES MATELLES, LE PREMIER PINCEMENT

En première ligne des eaux venues du causse, le centre des Matelles enserre le Lirou, rejoint un peu plus tôt par une ramification développée d’affluents qui servent de trop plein aux réserves karstiques. La mairie et l’école maternelle font partie des bâtiments situés dans la zone inondable.

LES RUELLES FRAÎCHES ET ÉTROITES DU VILLAGE FORTIFIÉ (XIÈME SIÈCLE) Auteur, Naru Kenji

L’INSTALLATION DU VILLAGE AUTOUR DU PASSAGE DU LIROU 06/2016

CONFLUENCE DES SOURCES ET RESSERREMENT

REPÈRE DE CRUE DANS LA SALLE DU CONSEIL DE LA MAIRIE 06/2016

Carte des eaux de débordement du karst

91


Puech du li r ou Le Lirou

e ie en ri

O

5

10

20

30m

nis s ar es ins d’ e

Lotissements récents

extentions 19ème siècle

Bâti vulnérable

Lit mineur contraint

anière m o R s h de Puec

ieu vi age r i

Reliefs enfrichés

N

O S

E

ENJEUX HUMAINS

Lit Mineur Zone de danger Aléa modéré

Zone de danger

Construction très exposée

Zone de danger modéré

Construction exposée

Zone de précaution LES CONSÉQUENCES DIRECTES AU RÉTRÉCISSEMENT DE L’EAU carte du risque d’inondation, d’après le PPRI des Matelles

0

500 m

N O

E S


ÉTRANGLEMENT DES EAUX DU CAUSSE

SÉQUENCE CONTRAINTE DU LIROU AU PIED DU VILLAGE FORTIFIÉ

11/2016

L’automne 2014, cinq épisodes cévenols : (17/09 ,18/09, 29/09, 30/09, 07/10)

Dés l’entrée dans le village, le Lirou s’engouffre entre deux puech, aux pieds desquels le bourg fortifié des Matelles s’est installé. Ancien lieu de péage entre la plaine et les causses, il se situait sur la route qui servait à contourner Montpellier pendant les guerres. De nouvelles constructions se sont ensuite implantées autour de ce centre, directement dans le périmètre de la crue. Les derniers épisodes cévenols importants remontent au mois de septembre et d’octobre 2014. Plusieurs orages avaient déjà saturé le karst, les suivants ont provoqué des crues éclairs du Lirou. Ici la proximité des constructions ne permet aucune intervention. Nous nous dirigeons donc en amont de ce pincement.

La ièr r id dé

Sources du Lirou

S

M RO

AN

ES IÈR

e

PU EC

H

D E

04 septembre 2014 : +4,11m en 2h 19 septembre 2014 : +5,11m en 1h

Le Lirou

RO

PUECH DU LI

U 93


COMPRESSION DES REBORDS DES GORGES AVANT LA FAILLE DES MATELLES

TABLES CALCAIRES DES GORGES DE LA DÉRIDIÈRE

(2) LE SEUIL VERS LE MONDE SAUVAGE

CHEMIN AVEUGLE VERS LES GORGES DE LA DÉRIDIÈRE

L’HORIZON DES SOURCES

OLIVIER OUBLIÉ

Pour y parvenir, on emprunte une dernière petite plaine allongée, logée entre les contreforts du causse et les puechs ronds derrière lesquels se trouvent le village. Elle recueille les eaux des reliefs entre de petites parcelles en lanières et articule le monde sauvage et le monde habité. Mais la salsepareille, le laurier thym et le buis dévorent déjà les oliviers, et progressivement cet espace de cohabitation entre le sauvage et l’habité se referme.

N O

E S

0

100

200

300

400

500 m


LA SOURCE DU LIROU, ET LE SOUVENIR DES DÉBORDEMENTS

DEVANT LA SOURCE, PROJECTIONS DE ROCHES CHARRIÉES DES PROFONDEURS

(1) LES GARRIGUES ABANDONNÉES Au dessus de la plaine s’étend le plateau calcaire vallonné qui ondule dans le dos du Pic Saint-Loup, le sommet des garrigues. Autrefois étendue lumineuse et pâturée, traversée par des drailles menant aux estives en Lozère ou en Aubrac, elle s’est enfrichée pour devenir une forêt dense de chênes verts. Cette épaisse couverture est régulièrement ajourée par des éboulis calcaires et

des gouffres. Sièges de sources et de gorges, ces paysages secs et minéraux sont lors des fortes pluies traversés de torrents boueux et puissants. Les roches et la végétation situées dans le lit sont alors emportées avec la force du courant. Aujourd’hui, seuls de rares promeneurs, grimpeurs ou chasseurs s’aventurent sur ces reliefs.

1

2

95


ENTRE LE FEU ET L’EAU DES ENJEUX LIÉS AUX RISQUES

is ue d’in endie is ue d’in nda i n

Avec 700 ha de forêt sur sa commune et sa situation au pied des causses, le village des Matelles doit faire face à deux risques qui ont des conséquences sur l’habitat, l’agriculture et l’écologie. Mais les dynamiques actuelles exacerbent les incendies ou les inondations. Ces enjeux s’auto-alimentent et doivent être pensés dans leur ensemble. N

is ues

in s d’in endie e d’in nda i n

O

E S

0

100

200

300

400

500 m


LA DIMENSION DU RISQUE, ENTRE L’INCENDIE ET L’INONDATION

Carte du croisement du PPRI et du PPRIF

97


RÉCOLTER LES EAUX, ÉCRÊTER LES CRUES


N O

E S

0

100

200

300

400

500 m

99


TERRAIN D’ENTENTE AVEC LES EAUX DU CAUSSE

RÉACTIVER LA FERTILITÉ DU SOL

carte du système agricole dessiné par le nouveau mouvement des eaux

récolte et redistribution des eaux espace de divagation cultures irriguées milieux ouverts secs

130

125

0

12

115 110 105 0

11

0

10

N

0

100

200

300

400

500 m

UN SOCLE QUI ARTICULE LES EAUX carte de nivellement

O

E S


RÉ-APPRIVOISER LES TORRENTS plan d’intentions

0

100

200

300

400

500 m

101


LES PAS DU CAUSSE, FREINER LES CRUES, RÉCOLTER LES EAUX

RÉCOLTE DES EAUX CHARGÉES DE PIERRES SUR DE LARGES TERRASSES À CONTRE-PENTE

0

10 m

L’EAU EST ENSUITE ACHEMINÉE PAR DES PETITS CANAUX EN HAUTEUR JUSQU’AUX TERRASSES DE CULTURES

capter, stocker conduire 0

irriguer

DES GORGES JUSQU’AU SEUIL DES GARRIGUES HABITÉES, CAPTER LA FORCE DES TORRENTS, GARDER LA MÉMOIRE DE L’EAU coupe longitudinale (nord-ouest/sud-est)

5m


re

idiè

20

0

gorg

es de

Dér la

15 0

150

te de récol d’eau se ierre

terrasses culti

vées

ace esp

de

des tion a g a div

x eau 100

150 N O

E S

0

0

5

10

15

25

50

75

100m

20 m

UNE SUCCESSION DE TERRASSES REDONNE SA PLACE À L’EAU À L’ENTRÉE DU CAUSSE coupe transversale (nord-ouest/sud-est)

103


UN SYSTÈME DE TERRASSES QUI ARTICULE LES EAUX

Terrasses et subverses

ar urs de ’eau endan la crue

Redéploiement des eaux pendant ’ann e zoom

LA DÉRIDIÈRE

DÉBIT

crue décennale

53 m3 seconde

crue centennale

125 m3 se nde

DURÉE

POUR REMPLIR LES TERRASSES

Capacité de stockage des terrasses :

15 000 m3

min

2 min

si ur ur ’irriga i n des u ures lorsque les terrasses ont été saturées. L’ va ra i n n’a as

rise en

e

ÉTENDRE LA RESSOURCE EN EAU POUR REDONNER UN NOUVEAU SOUFFLE À L’AGRICULTURE Photographie d’une vallée irriguée par un système de terrasses dans le Haut-Atlas Marocain (Alexandre Vimmard)


110

108

106

107

103 104

108

105 100

N O

E S

0

10

20

30

40

50 m CROISER LES FONCTIONS

Détail de nivellement d’une terrasse

RÉVERSIBILITÉ DES TERRASSES

Écorché de l’évolution de l’eau et des circulations

Pendant la crue

La Déridière traverse les terrasses qui récupèrent une partie des eaux grâce à un système de pente inversée. Des cheminements restent hors d’eau, ils permettent de passer d’une terrasse à une autre par des rampes et des passerelles qui enjambent les subverses entre deux bassins.

Lorsque la crue est terminée

L’eau piégée dans le fond des terrasses est redistribuée le reste de l’année. Un réseau de canaux et d’écluses articulent les bassins aux cultures situées plus bas, sur le piémont du causse.

Lorsque les bassins sont vides

Entièrement accessibles, ils sont chargés de pierres chariées pendant les dernières crues, qui constituent la matière première de la construction des terrasses cultivées du piémont. Leur ouverture est maintenue par le pâturage de brebis (caussenardes des garrigues), et la largeur des rampes permet l’évacuation d’embâcles formés pendant les crues.

105


AU PIED DE LA SOURCE DU LIROU, UN ESPACE D’ÉTALEMENT ET DE DIVAGATION DES EAUX Actuellement le Lirou est contraint par les champs qui cernent sont lit mineur et qui, légèrement surélevés, ne profitent pas des crues. Les cultures sont déplacées sur le piémont du causse et le fond de la plaine est légèrement décaissé jusqu’à la côte 100 (qui correspond à celle de l’entrée du Lirou dans le village). A la sortie de la source, un système de canaux latéraux déploie une partie des eaux sur les côtés : à l’ouest vers le bas des terrasses cultivées et à l’est vers la bordure du lotissement pavillonnaire. Ils rencontrent une série de débords et les relâchent dans le fond de la plaine. Le reste de l’année, ce grand espace est pâturé, pour le maintenir ouvert sans contraindre les nouveaux parcours de l’eau.

LA SOURCE DU LIROU : DÉBIT DÉCENNAL : 56 M3 / SEC DÉBIT CENTENNAL : 121 M3 / SEC

Ci-dessous :` UN ESPACE OUVERT DE RECUL SUR L’HORIZON DES CAUSSES coupe longitudinale (Nord/ Sud)

SOURCE DU LIROU

TERRASSES EN BORDURE DU LOTISSEMENT PAVILLONNAIRE

RETENUE ET DÉPLOIEMENTS LATÉRAUX

0

5

10

15

20 m


source du Lirou

Déployer 150

r

Rel a

r loye

Dép

che r

Capte

vi age r i Relâcher

Relâcher

100

N O

150

E S

0

25

50

75

100m

VILLAGE FORTIFIÉ DES MATELLES ESPACE DE DIVAGATION DES EAUX

107


LE SEUIL DU CAUSSE : UN LIEN FONCTIONNEL ET SYMBOLIQUE RÉACTUALISÉ.

u ris ue

a ress ur e

Les eaux torrentielles qui traversaient l’arrière-pays, contraintes par un lit réduit, sont accueillies dans cette première plaine. Pendant le temps de leur séjour, elles dessinent de nouveaux paysages et rendent possibles des pratiques agricoles qui étaient jusqu’alors en passe de disparaître.

r iser es i res e es n i ns La réponse à l’enjeu de la vulnérabilité des territoires habités en aval est plurielle et transversale. Les eaux ralenties et étendues

appellent de nouvelles synergies à l’échelle locale : pour maintenir les milieux entretenus et ouverts, l’agriculture et l’élevage agissent de concert. Ils bénéficient du déploiement des eaux et participent à l’entretien de ce système. Ce nouvel élan permet d’expérimenter d’autres filières : le chêne truffier, les aromates, les cultures associées et l’exploitation des ligneux, qui est rendue possible par la création récente d’une filière bois énergie. La gestion du fond de la plaine dédiée à la divagation des eaux et l’entretien des terrasses et du flanc du puech peut être

assurée par le parcours d’ovins. En passe de péricliter, la filière pastorale retrouve ici une place dans les garrigues nordmontpelliéraines. Le dernier éleveur du causse situé dans une commune voisine pourrait être sollicité. Les gorges de la Déridère retrouvent alors leur statut de lien entre les deux villages, et les abords du cours d’eau éclaircis, on réduit la formation d’embâcles en aval. Tous ces usages permettent de ré-ouvrir ce seuil, entrecoupant alors le tissu forestier d’une épaisseur entretenue. Le risque d’incendie (au départ ou à destination du village des Matelles) s’en trouve amoindri.


n r e d’u i i plaine habitée

u i ue en arge de a

La nécessité d’apporter une réponse pérenne à la question des inondations qui touchent le territoire aval justifie la mise en œuvre de moyens importants en amont. La commune des Matelles est située entre deux pôles secondaires de l’arrièrepays : Saint-Gély-du Fesc et Saint-Mathieu-de-Tréviers, où se situent les principaux équipements qui assurent un relais entre l’arrière-pays et Montpellier. L’importance du projet dont il est question ici permet à la petite commune

de se donner les moyens de pérenniser l’activité agricole et de penser son devenir.

Articuler des paysages devenus hermétiques L’abandon des pratiques sur les reliefs a provoqué l’enfrichement des garrigues. Dans l’épais manteau de chênes verts qui s’y est développé, peu d’usages ont subsisté. L’ouverture de ce seuil vers le causse fait réapparaître les gorges et les sources, et permet à des nouveaux usages de s’installer, sans pour autant rompre le contraste de la confrontation de ces deux mondes.

renniser a

ire de ’eau

Ici l’eau prend forme, piégée dans les terrasses, saturant d’un vert plus vif les cultures du piémont ou imprimant son passage dans l’étendue pâturée du fond de vallée. Sa force et sa soudaineté est rendue sensible par les roches qu’elle charrie ou les arbres qui rencontrent le peigne à embâcles situé dans la plaine. L’arrivée d’une crue devient un événement et son ampleur est mesurée dans un paysage qui parle de l’eau même lorsqu’elle est absente.

109


2 TRAVERSÉE DU VILLAGE ET DE LA PLAINE CULTIVÉE


111


on

ta

le t

La

Dér idiè re

SAINT-JEAN-DE-CUCULLES

e

du

M

Source du Lirou

rr

Le Liro

Se

u

Pl

ag n

ol

LES MATELLES

de

rol

Se

rr

e

ucay Le Ro

s Fonts

des Trè Ruisseau

L

N

LE VILLAGE DES MATELLES ET SES PLAINES VEINÉES PAR LES EAUX DU CAUSSE carte des zones inondables (bleu foncé) et des constructions vulnérables (rouge)

O

E S

0

0,25

0,50

0,75

1km


ENTRE DEUX SERRES, LE PONT ROMAN, DEUXIÈME PINCEMENT Après avoir traversé le centre ancien, le lit asséché du Lirou qui sépare l’étendue des vignes du lotissement pavillonnaire nous conduit au travers de reliefs longs et allongés qui bordent le village. Dans ce resserrement topographique confluent plusieurs de ses affluents qui partagent le même régime. Débit

en m3 se nde

Actuel Décennal Centennal

Comme c’était le cas en amont du village, il s’agit ici d’augmenter le temps de séjour de l’eau pour ralentir son arrivée en aval. Mais ici la question portera surtout sur l’habitat et le développement futur du village qui devra se faire avec et non pas contre le mouvement de ces eaux.

PINS D’ALEP, SAULES ET PEUPLIERS DISSIMULENT LE PONT ROMAN , FRAGILE VESTIGE VERS LEQUEL CONVERGENT TOUS LES AFFLUENTS DU LIROU croquis 02/16 et photographie 06/16

113


1 La fraicheur des ruelles étroites du centre ancien et les petits commerces qui s’y sont installés attirent les promeneurs et les habitants. Les habitants partagent le même espace extérieur.

Du 11ème siècle au 20ème siècle

2 Les pavillons construits sur ces grands terrains ont une forme évolutive : ils se dotent d’extensions (garage, piscine, terrasses), et leurs habitants peuvent rediviser leur parcelle pour en vendre une partie.

Années 1900-1970

3 La parcelle est calibrée et le motif du pavillon répété, rendant impossible la personnalisation des constructions. De petites piscines se logent dans les parcelles et les voitures se garent à l’extérieur.

Années 1990

4 Des logements collectifs sont séparés de la route principale par un mur de gabions. Les habitants ont pour seul espace extérieur de vie un boulodrome sous un mail de platane.

Années 2010


6 hab/ha

96 hab/ha

AU GRÉ DES EXTENSIONS , L’ÉTALEMENT DES MATELLES SUR LES TERRES VITICOLES

1. Centre ancien et ses extensions : Maillage serré, bâtiments hauts (2 ou trois étages), accolés et en double mitoyenneté.

a i a individue empirique :

22 hab/ha

13 hab/ha

Grandes parcelles (<4000 m3)) de tailles différentes.

a i a e i ar ra i n d’a nage en

LE TISSU URBAIN DES MATELLES, DÉVELOPPÉ À PARTIR DU CENTRE ANCIEN PAR REDÉCOUPAGE DU PARCELLAIRE AGRICOLE

(division foncière d’une parcelle agricole)

Parcellaire orthogonal parallèle à la route.

BBAS*

a i a individue ar opération de lotissement : (division foncière d’une parcelle agricole)

Parcellaire orthogonal structuré et découpage proportionnel des parcelles (1000 m2 environ)

*Source : documents issus d’une étude urbaine réalisée par le cabinet d’urbanisme Selarl BBAS en janvier 2014 qui m’a été confiée par Vincent Calmette, élu des Matelles

115


LA PRIORITÉ À LA VOITURE MÈNE LA VIE DURE AU PIÉTON DANS LE CENTRE ANCIEN

L’ESPLANADE, UN PARKING EN ZONE INONDABLE QUI ACCUEILLE LES ÉVÈNEMENTS DU VILLAGE


LA ROUTE POUR SEUL ESPACE «PUBLIC»

LES COMMERCES DU CENTRE ANCIEN, LIEU DE RENCONTRE DES HABITANTS

ESPACES PUBLICS DES LES MATELLOIS ?

LE PAYSAGE GÉNÉRIQUE DU LOTISSEMENT : UN EXTÉRIEUR HOSTILE OÙ L’OMBRE EST UNE DENRÉE RARE

117


UNE ARMATURE DE ROUTES ET D’IMPASSES Carte du réseau viaire du village

in pied

in pied

Source : document issu d’une étude urbaine réalisée par le cabinet d’urbanisme Selarl BBAS en janvier 2014 qui m’a été confiée par Vincent Calmette, élu des Matelles

voie structurante voie secondaire (qui dessert les quartiers) impasse et déserte temps de déplacement pour le piéton


À LA FIN DE L’ARBORESCENCE, : LE LIEU D’UN NOUVEAU RAPPORT DES MATELLES À SON PAYSAGE

Le village s’est étendu en rayons à partir du centre ancien jusqu’à ses périphéries, le long de trois axes, devenus les seuils du village. La forme du parcellaire agricole, rayonnant autour de ce lieu de vie, sert d’armature à ces nouvelles extensions. Ce dessin rend difficile la traversée du lotissement du nord au sud, et amplifie l’isolement des constructions récentes situées au bout de cette arborescence. Elle butte contre deux types d’obstacles à son développement : le tracé des rivières asséchées qui veinent les pourtours du village et les reliefs boisés. De feu et d’eau, la limite du tissu bâti se fait par remise en question de ces frontières du risque, au gré des opportunités politiques et foncières. Aujourd’hui, ce point de contact du village avec son paysage environnant n’est visible qu’au bout de certaines impasses, rapidement occultées par de nouvelles constructions.

QUAND LE DÉPLOIEMENT DU VILLAGE SE HEURTE AU FEU ET À L’EAU

119


Notre-Dame des champs

Le Lirou

ucayr

Le Ro

ol


RETOURNER LE VILLAGE VERS SES HORIZONS

AU NORD, LA PLAINE DU LIROU DOMINÉE PAR LE PIC SAINTLOUP, ANIMÉE DU CLOCHER DE NOTRE DAME DES CHAMPS

AU SUD, DERRIÈRE LE ROUCAYROL, LES VIGNES ET LES PUECH COLONISÉS PAR LES PINS D’ALEP

À LA LISIÈRE DU VILLAGE, L’ÉTENDUE DES PLAINES PRÉSERVÉES DE L’URBANISATION PAR LA LIMITE DES COURS D’EAU. Carte du village des Matelles contenu par les reliefs et les zones inondables (bleu foncé)

0

0,25

0,50

0,75

1km

N O

E S

121


DU PONT DES MATELLES, ON VIENT VOIR LES MÉTAMORPHOSES SPECTACULAIRES DU LIT DU LIROU. C’EST LA SEULE SÉQUENCE OÙ UN COURS D’EAU EST INTÉGRÉ À L’ESPACE PUBLIC ET À UNE PLACE CENTRALE.

DÈS LA SORTIE DU VIEUX VILLAGE LE LIROU SE FAIT OUBLIER. IL FAUT S’APPROCHER DU BORD DU LIT POUR LE DEVINER.

À L’APPROCHE DU PINCEMENT ENTRE LES DEUX SERRES, ON NE DISTINGUE PLUS LA PRÉSENCE DE LA RIVIÈRE. POURTANT, SON RELIEF CRÉE UN OBSTACLE ENTRE LE LOTISSEMENT ET L’ÉTENDUE DES VIGNES.


LES COURS D’EAU, À LA RENCONTRE ENTRE LE MONDE HABITÉ ET LE MONDE CULTIVÉ

123



TISSU EXISTANT : NOUVELLE ARMATURE DESSINÉE PAR LES MOUVEMENTS DE L’EAU Située sur le contour du village, au lieu du contact avec le paysage des plaines, elle redonne un sens à l’arborescence d’impasses du lotissement. De nouvelles transversales débouchent sur les cours d’eau auxquels on a rendu leurs épaisseurs et qui donnent accès au plaines cultivées, par le chevelu d’affluents qui s’y insère. Cette armature est dessinée par le paysage de l’eau même lorsqu’elle est absente. Ripisylves, zones humides, sous bois frais, lit étendu, sillons, ravines contrastent avec les horizons secs et pierreux des vignes et des reliefs calcaires. Certains éléments de l’existant sont conservés (champs inondables), d’autres sont conduits d’un état à un autre (sous bois de pins d’Alep éclaircis), et enfin un réseau de nouveaux milieux est créés, par un travail de nivellement pour étendre le lit contraint des cours d’eau et jouer sur les contrastes de milieux. Lors des crues, le parcours du Lirou et de ses affluents est rallongé, leurs lits sont élargis et une série d’espaces capte l’eau pour la rediffuser plus tard et alimenter les nouveaux paysages de la lisière du village.

N

O

E

S

0

1

2

3

4

500 m

125


90

100

90

95

95

100

95

0

25

50

75

100m

A

’


ENTRE LE MONDE HABITÉ ET LE MONDE CULTIVÉ LE PAYSAGE MÉDIATEUR DE L’EAU Plan d’intention au 1/20000ème

LA LISIÈRE, ESPACE TRANSITION RICHE ENTRE LE VILLAGE ET LA PLAINE VITICOLE

RENDRE SA LARGEUR AU PAYSAGE DE L’EAU Détail de l’esquisse et du nivellement

La fin de l’arborescence du pavillonnaire sert d’espace de fraicheur et de promenade aux habitants du village. En écologie, la notion d’écotone désigne la zone de transition entre deux écosystème (par exemple, la lisière qui sépare un boisement d’un espace ouvert.) Ici, le travail sur les lieux de contact du village avec ses paysages environnants permet de redonner une épaisseur visible à la zone inondable, et de laisser s’exprimer des milieux humides devenus rares dans la région. Un système de lègères terrasses permettent de capturer et de ralentir une partie de l’eau du Roucayrol et du Lirou.

RÉVEILLER LES MILIEUX POTENTIELS Détail de l’esquisse

127


pinède enfrichée, risque d’incendie élevée

uen du Lir u Lit Majeur invisible

Serre du Montalet Lit Mineur

A ETAT EXISTANT : RISQUES ACCRUS ET PAYSAGES DE L’EAU IGNORÉS Coupe de l’existant du lotissement pavillonnaire cerné de ses zones inondables

Sous bois dégagé

Milieux ouverts spontanés

Chênaie éclaircie

Créer une rupture à la propagation du feu PROJET : RENDRE SA LARGEUR AU PAYSAGE DE L’EAU Coupe du projet

RECOUDRE LE LOTISSEMENT PAR SES BORDS Un léger travail de nivellement est réalisé de manière à constituer les petites terrasses qui piègeront l’eau et accueillerons des espèces de milieux humides (détaillées pages suivante). Une fois ces nouvelles conditions hygrométriques créées, le reste du

projet consiste en un jeu de gestion destiné à conduire les milieux en place. Certains de ces milieux devront accueillir des usages de promenade, et d’autres seront moins fréquentés pour permettre le développement des espèces.


Le Lirou Lit Majeur invisible Lit Mineur

Lotissement pavillonnaire des Matelles

Transversale structurante désimperméabilisée

Lisière boisée

Étagement de milieux ouverts spontanés

Ripisylve

Étendre le lit des cours d’eau

129


CRÉER LES CONDITIONS, LAISSER S’INSTALLER, CONDUIRE. Dans ce détail de la lisière pavillonnaire, on se situe au lieu de contact du tissu périurbain avec la pinède qui recouvre le serre du Montalet. Le travail de gestion va ici permettre d’exalter quatre types de milieux bien distincts.

Un travail de sélection des jeunes chênes verts qui remplaceront naturellement les pins d’Alep constituera progressivement un sous-bois frais, régulièrement pâturé par les brebis, et parcouru de sillons qui permettent de piéger l’eau sortie du lit du Roucayrol lors des

crues. Cette gestion permettra de constituer une lanière entretenue qui permettra de ralentir la propagation du feu, protégeant ainsi le boisement du lotissement pavillonnaire. Au contact de cette chênaie, un feuillage verts tendre contraste avec le feuillage plus sombre du chêne : on laisse l’installer un


POUSSER LES CONTRASTES, FAIRE COHABITER LES PAYSAGES Coupe du lit étendu du Roucayrol, 1/100ème

cordon de ripisylves, qui assure la transition entre le boisement et le cours d’eau. Ces essences caduques qui apparaissent spontanément en bordure de cours d’eau contrastent avec la végétation que l’on a coutume de voir dans les garrigues au nord de Montpellier. C’est souvent par les franges claires que l’on devine la présence de l’eau dans le fond des vallées. Mais pour ne pas

que la ripisylve ne dissimule ou n’entrave la circulation de l’eau, elle n’occupe qu’une rive.

par une fauche annuelle afin d’empêcher le développement de ligneux.

Le reste est occupé par un étagement de milieux ouverts spontanés qui accueillent des espèces en passe de disparaître dans les garrigues, à cause de la lente disparition des mares temporaires. Ces prairies hygrophiles sont entretenues

Enfin le niveau supérieur de la terrasse sert de lieu de promenade à la sortie du lotissement. Des espèces d’arbres d’agrément caractéristiques de cette région sont plantés afin de garantir un parcours frais et ombragé. 131



DU CÔTÉ DU LIROU, LA LISIÈRE PAVILLONNAIRE COMME RÉOUVERTURE VERS LES PAYSAGES DU PIC SAINT-LOUP Croquis

133


LE MODÈLE RÉPÉTITIF DU PAVILLON RACONTE LE DÉSACCORD RÉCENT DE L’HABITANT AVEC UN PAYSAGE ARIDE. EN METTANT EN COMMUN CES ASPIRATIONS INDIVIDUELLES, ON RECRÉE LES CONDITIONS D’HOSPITALITÉ DE LA GARRIGUE.


HABITER LES GARRIGUES

NOUVELLES

DEMAIN, RETOURNER LE PAVILLON

RÉIMPLANTER DES USAGES SUR LES RELIEFS EN DÉPRISE

vue de la dangereuse proximité des pavillons avec les bois de pins d’Alep, au pied d’un puech

D’ici 2025, la commune prévoit d’accueillir 350 habitants supplémentaires, soit une moyenne de 130 ménages (aujourd’hui elle compte 1943 matellois). La question des termes de cette arrivée se pose alors. Comme dans la plupart des villages de la Communauté de Commune du Grand-Pic-Saint-Loup, la population des Matelles est vieillissante*. Pour infléchir cette tendance, il s’agirait d’accueillir des catégories exclues de la typologie actuelle de l’habitat : célibataires, familles monoparentales, jeunes actifs de moins de 20 ans, et étudiants qui disposent de faibles revenus. Pour sortir du modèle ségrégatif du lotissement, il s’agit de penser le pavillon à l’envers. Comment les garrigues peuvent-elles offrir un mode de vie préférable à celui du lotissement résidentiel? Aujourd’hui, se rafraîchir dans une piscine, jardiner et avoir une vue sur le paysage sont devenus des privilèges coûteux. La suite de ce projet va consister à imaginer comment ces usages peuvent s’incarner dans le paysage des garrigues et non plus dans l’enceinte privée d’un pavillon.

PRÉSERVER LA PLAINE CULTIVÉE DE L’ÉTALEMENT URBAIN

vue dela plaine viticoles et des friches au sud du village

Ces nouvelles pratiques permettraient de réimplanter de nouveaux usages gestionnaires dans les garrigues, comme c’était le cas dans le modèle de l’habitant jardinier que nous avons abordé au début de ce mémoire.

* forte représentation des 30-44 ans et des 45-59ans en 2010, en 2025, 15 ans plus tard, ces deux tranches d’âges se seront décallées (45-59 ans, 60-74 ans) .

135


LES RETENUES COLLINAIRES SERVANT À L’IRRIGATION DES VIGNES SONT COLONISÉS L’ÉTÉ PAR LES HABITANTS DES COMMUNES VOISINES. Lac de Cécélès, Saint-Mathieu-de-Tréviers, photo V. Domergues


LE LAC, PISCINE PUBLIQUE DES GARRIGUES Pour retourner le pavillon, il s’agit de penser en commun la question de la baignade. Aujourd’hui de nombreuses communes des environs se dotent de retenues colinnaires, servant de réserve pour éteindre les incendies et de soutien à l’irrigation des cultures pour les sécheresses. L’été, ces lieux situés sur les hauteurs éloignées des villages sont découverts et pris d’assaut par les habitants des environs, ils sont alors transformés en lieux de vie, de fête et de baignade.

LE LAC DE CLARET LOGÉ DANS LES MARNES IMPERMÉABLES DE LA CRÊTE DE LA TAILLADE

LE LAC DE LA JASSE, AU PIED DE LA FACE NORD DU PIC SAINT-LOUP, SUR LA COMMUNE DE SAINT-MARTIN-DE-LONDRES

L’échelle de ces lacs ne correspond pas au territoire de la commune des Matelles, en revanches un réseau de retenues plus modestes permettrait de multilplier les points de rafraîchissement et de les intégrer au système de ralentissement des eaux pendant les crues.

LE LAC DE CÉCÉLÈS DANS LA COMMUNE VOISINE DE SAINT-MATHIEU DE TRÉVIERS

LE LAC DE CLARET À L’HEURE DE LA BAIGNADE

137


HABITER LES NOUVELLES GARRIGUES COMMENT LE VILLAGE PEUT-IL GRANDIR AVEC LE MOUVEMENT DES EAUX ?

0

re ier s nari

s’i

an er sur e i

n des ue s

Deuxième scénario : redessiner les bordures fragiles du vi age au n a ave des gures de paysages structurantes

Réseau de petites retenues, lieux de fraicheur et de baignade

1

2

3

4

500 m


Si on laisse l’étalement périphérique se poursuivre, on assistera à la longue dissolution des plaines agricoles et à l’escalade des reliefs. Il est essentiel que la commune des Matelles demeure un point stratégique de ralentissement des eaux en provenance du causse du Pic Saint-Loup. Aujourd’hui, les dents creuses ayant été comblées, il faut proposer un nouveau modèle de développement, qui participe d’un nouveau rapport de l’habitant au paysage.

LES DEUX BORDURES INSTABLES DU VILLAGE : LIEU D’UN NOUVEAU MODÈLE D’HABITAT Vue des boisements spontanés développées sur les marnes du puech du Lirou Vue de l’avancée perpétuelle des nouvelles constructions sur les vignes

`

Un premier scénario (en rouge) consistait à s’implanter au pied des puechs, à la limite de la plaine. Mais l’extension des réseaux (eau, électricité, route..) pourrait encourager la conquête des reliefs dans un deuxième temps. Le deuxième scénario se concentre sur les bordures fragiles de la périphérie du village dans sa partie sud : d’un côté, le contact avec le puech du Lirou, recouvert d’un boisement récent très inflammable de pins d’Alep et de formations végétales basses de genévriers et de buis, et de l’autre, l’avancée des pavillons sur les vignes. En repensant la forme de l’habitat et sa relation fonctionnelle avec le paysage de garrigue cultivées ou enfrichées, on redonne une qualité d’espace commun à ces lieux de contact. Ces implantations futures entrent en résonance avec le mouvement déployé et ralenti des eaux, qui redonne une nouvelle dimension à l’habitat en garrigue. Comment ces nouvelles constructions s’articulent-elles avec le tissu existant et avec les figures de paysage? Quels dialogues instaurer? Comment fonctionnent ces nouveaux rapports à la garrigue, pensés à l’inverse du modèle pavillonnaire?

139


SA

T

UP

ère

éridi

La D

PI C

IN

-

LO

DU

D

CAU S SE

ce rgen Résu Lirou du CH

H

S

DE

LIROU

PU EC

DU

LA C

DE

SP

UE

CH

S

E PU

ES

IÈR

AN

M RO

LES MATELLES

Le Roucayrol

CARRIÈRE DE MURLES Rui ss

eau

l

Le Roucayro

des

Tres

Fon

ts


SAINT-JEAN-DE-CUCULLES

REDESSINER LES BORDURES FRAGILES, DÉPLOYER LE VILLAGE VERS SES PAYSAGES

SE

RR

E

D

U

PL

AG

N O

L

DA L M AC EDE DE S- NO CH T AM REPS

Le scénario retenu consistera dans un premier temps à accueillir les nouveaux arrivants au lieu du contact entre les bordures du tissu et les reliefs enfrichés. Ces formations jeunes constituées de garrigues basses et de pins d’Alep représentent un danger permanent d’incendies. Ici on profite d’une nouvelle opération foncière pour proposer un plan de gestion du boisement qui permettra de valoriser ces situations de hauteurs et de vues aux bordures du village. Ces nouvelles habitations sont situées à proximité de points de fraicheur et de baignade. Pendant les périodes de sécheresse ces réserves d’eau permettront également d’étaler la ressource dans les espaces agricoles et naturels en aval. D’autres petites retenues agricoles permettent de retarder l’arrivée de l’eau des crues en aval et d’en capter une partie pour la rediffuser dans l’année. C’est l’objet de ce dernier zoom.

u

CO LLIN ED ES

AIN TS

AU V

EU

R

SE RR

E

D

U

M

O

N

TA L

ET

Le Liro

Résurgence du Lez

0

1

2

3

4

500 m

141



UNE NOUVELLE MANIÈRE D’HABITER LES GARRIGUES.

HABITER AU PIED DES PUECHS, RETROUVER DES USAGES DANS LA PINÈDE

Détail de l’implantation des nouveaux logements, plan masse au 1/2500ème

Au lieu de proposer des terrains destinés à l’implantation de maisons individuelles closes les unes sur les autres, un nouvel habitat de type semi-collectif s’implante à la limite du boisement, légèrement en hauteur par rapport au vieux village. On en profite pour penser les espaces d’agrément, de jardinage et de promenade comme un espace ouvert dont l’usage est partagé. Chaque habitant se voit attribuer des parcelles mais celles-ci font partie d’espaces de promenade et d’activités à la disposition des habitants de la commune. On profite de ces terrains en gestion partagée (jardins, prairies et sous-bois pâture) pour diminuer le risque de propagation du feu, et de se réinstaller des usages dans ces reliefs boisés. 143


SE PROMENER SOUS LES CHÊNES, JARDINER SUR LES PENTES croquis


CONDUIRE LES MILIEUX DES RELIEFS EN DÉPRISE Coupe au 1/2000ème 0

25

50

75

100m

UNE NOUVELLE MANIÈRE D’HABITER LES GARRIGUES. Les nouveaux bâtiments s’inscrivent dans la pente, récupérant ainsi les eaux de pluies pour l’usage des jardins qui se trouvent à l’arrière ou en contrebas des constructions. L’horizon des prémices des causses dominés par le Pic Saint-Loup se dresse devant ses nouveaux logements et s’invite dans au détour des promenades dans le boisement éclairci du puech du Lirou. Une frange de milieux ouverts se situe derrière la chênaie éclaircie et offre une seconde vue, par dessus le couvert des arbres sur le lointain. ce projet permet d’offrir de nouveaux logements à la commune tout en augmentant la qualité de vie de ses habitants, en permettant de réinstaller des usages dans les garrigues et de redonner sa dimension au site des Matelles, par un dialogue permanent avec les figures paysagères qui environnantes du village.

Les usages ordinairement pensés pour être pratiqués individuellement et à participer à l’espace du foyer, jardiner, se rafraichir, sont ici organisés de tel sorte qu’ils participent au paysage, et aux espaces de vie de la commune. La question de la piscine est ici primordiale. Si la commune des Matelles souhaite accueillir de nouvelles tranches d’âges pour contrebaleancer le phénomène de vieillissement de sa population, il devra accueillir en d’autres termes des populations plus jeunes qui n’ont pas les moyens d’accéder à la propriété dans le cadre pavillonnaire que l’on connait. Pour ne pas opérer de ségrégation sociale et spatiale il faut proposer aux nouveaux habitants une nouvelles manière d’habiter qui permette d’expérimenter de nouvelles manières d’exercer ces pratiques en prenant part au paysage des garrigues, comme une réécriture contemporaine du modèle de l’habitant jardinier que nous avons présenté en partie deux.

145



LE LAC DU SEUIL DES GARRIGUES, PISCINE PUBLIQUE DES HABITANTS, OU RÉSERVE D’EAU POUR L’IRRIGATION DES CHAMPS.

147


Récupération redistribution des eaux

source du Lirou

Déploiement dans la plaine

faille des Matelles

explorer le causses se baigner dans les lacs

habiter le pied des puechs Se promener dans les vignes ou dans sur les reliefs

résurgence du Lez


CONCLUSION : LES EAUX TORRENTIELLES RALENTIES EN AMONT DE MONTPELLIER... Après avoir été stockées dans les profondeurs du causse calcaire, les pluies diluviennes font déborder avec force les rivières souterraines qui surgissent par les sources et les fractures des roches. Un premier système frêne les eaux chargées d’embâcles au niveau de la faille des Matelles qui marque le rebord du relief. Après avoir dévalé de larges terrasses et divagué dans un lit étendu, une partie de l’eau a été captée, et le reste est redistribué entre les reliefs ronds qui marquent l’entrée dans les plaines habitées.

UN SYSTÈME DE RÉCUPÉRATION ET DE DÉPLOIEMENT DES EAUX... Bloc diagramme du village des matelles et de ses environs réalisé à partir d’une vue aérienne.

Les torrents sillonnent les champs ou bien s’immiscent au centre du vieux village avant de se déployer dans un lit élargi. Ils s’insèrent entre les rangées de vignes, serpentent sous le couvert des pins et des chênes, gonflent un réseau de petits lacs et gorgent des prairies basses. Les torrents qui ont parcouru les plaines des Matelles se rejoignent alors et s’engouffrent sous le petit pont de pierre qui relie deux longs reliefs allongés, puis filent rejoindre les eaux de Lez, après un détour vers le nord pour contourner les reliefs des rebords de la vallée.

... QUI DESSINENT LES NOUVELLES GARRIGUES

... QUI RECRÉE LES CONDITIONS DES USAGES CONTEMPORAINS DES GARRIGUES

L’itinéraire de l’eau retisse de nouveaux liens entre les différentes figures de paysage, devenues hermétiques. Les ouvrages destinés à ralentir l’arrivée des crues en aval sont polysémiques. Ils sont dessinés par le croisement de problématiques et d’enjeux, tels que l’étalement urbain, la faible qualité des espaces publics, la perte de la mémoire des risques, la baisse de la diversité spécifique des milieux et l’agriculture en déprise. La gestion de l’eau est transversale et fédératrice, et son potentiel de métamorphose permet d’inventer de nouveaux modes de vie, qui dessinent une version contemporaine du paysage méditerranéen de l’accommodation.

Maquette en béton cellulaire au 1/1000 ème et en argile du village des matelles et de ses environs

149



REMERCIEMENTS Je tiens à remercier particulièrement mon tuteur, Nicolas Gilsoul, pour m’avoir éclairée de ses conseils et pour m’avoir accompagné dans deux ateliers et pour ce diplôme. A l’ensemble de l’équipe pédagogique, qui, pendant les pré-jurys m’ont apporté leurs regards critiques et bienveillants. Aux membres de ma famille pour leur patience et leur investissement, leurs précieux savoirs et leur soutien. A Véronique Mûre, pour m’avoir fait partager la richesse de ses connaissances sur les garrigues. A Fabien David, pour son pragmatisme éclairé. A Thierry Maytraud, pour m’avoir transmis ses connaissances sur la gestion de l’eau dans l’aménagement. A Vincent Calmettes, pour m’avoir fait partager ses connaissances sur son village, son expérience d’élu des Matelles et d’avoir mis à ma disposition de nombreux documents de travail. Au Collectif des Garrigues, qui, par leurs interventions et leurs ouvrages, ont constitué des bases solides pour mes recherches. A toutes les personnes que j’ai rencontrées et qui m’ont fait partager leur regard et leur amour de ce territoire. A Adrien pour son soutien indéfectible, à l’équipe de la Loire, avec qui travailler fut un bonheur quotidien, Alice pour ses conseils avisés, à Andréa et Charlotte pour leur aide précieuse et à Marie-Laure pour son regard vif et averti. A tous les autres étudiants, pour leurs apports quotidiens.

151


BIBLIOGRAPHIE BACHELARD G. L’eau et les rêves, Essai sur l’imagination de la matière José Coti, Paris 222 p. BAUDIN G. BONNIN P. (dir.) 2009. Faire territoire. Paris : édition recherche, 318 p. MERLIN, Pierre 2009, L’exode rural. Paris : La Documentation française. Paris :170 p. BBAS, SELARL de géomètres Experts fonciers DPLG. 2014. Diagnostic urbain de la commune des Matelles, Etat des lieux du territoire. Montpellier, 122 p. BBAS, SELARL de géomètres Experts fonciers DPLG. 2014. Diagnostic urbain de la commune des Matelles, synthèse et enjeux. Montpellier, 27p. BBAS, SELARL de géomètres Experts fonciers DPLG. 2014. «Les Matelles, vues et vécues par ses habitants» résultats de l’enquête. Montpellier, 39 p. BONAIN-DULON, R., CLOAREC, J., DUBOST, F., 2011. Ruralités contemporaines. Paris : l’harmattan. 287 p. BONNET F. 2016. Atout risques, des territoires exposés se réinventent, Paris, Edition parenthèse 176 p. BOUQUET, J. VIGNARD G. 1997. Géologie du Languedoc Roussillon, Les nouvelles presses du Languedoc, Paris 192 p. CASANOVA, L. 2010. Les dynamiques du foncier à bâtir comme marqueurs du devenir des territoires de Provence intérieure, littorale et préalpine. Éléments de prospective spatiale pour l’action territoriale, Thèse de doctorat sous la direction de Grasland Loïc et Helle Cécile, Université d’Avignon, 441 p. CLEMENT, Martin 1996, La garrigue et ses hommes - une société traditionnelle. Barcelone : Espace Sud. 160 p. CHEYLAN JP. 2007 Gestion des ressources, dynamiques territoriales et innovations institutionnelles dans le Haut-Atlas Central. Cas de la vallée des Aït Bouguemez, Actes du colloque Agdal, IRCAM IRD COLLECTIF DES GARRIGUES, IBANEZ, M. (coord.) 2013. Atlas des garrigues - regards croisés : entre vallée de l’Hérault et vallée de la Cèze. Éditions Écologistes de l’Euzière. Paris 360 p. COURTOT R., 2006, « Morphologie et gestion de l’étalement urbain des aires métropolitaines méditerranéennes » (http://www.metropolisation-mediterranee.equipement.gouv.fr). DEBUSSCHE M., LE COZ J. et al., 1985. Etude écologique, sociologique et économique d’une zone méditerranéenne médiane. Les Garrigues du Montpelliérais. De la marginalisation à la périurbanisation, Groupe de recherche interdisciplinaire de Montpellier, C.N.R.S., Montpellier, 186 p. DION, R., 1990. Le paysage et la vigne - essais de géographie historique. Paris : Bibliothèque historique Payot. 296 p. DUGRAND, R., 1964. La Garrigue Montpellieraine - essai d’explication d’un paysage. Paris : P.U.F. 292 p. FABRE S., VILLEPONTOUX S., 2007. Futurs possibles, impacts sur les territoires, Actes du Séminaire Prospective Territoriale, recherches actuelles et perspectives, Montpellier, DRE LR-CNRS- Université Paul Valéry EL FAÏZ, M., 2005 - Les maîtres de l’eau. Histoire de l’hydraulique arabe, Arles: Actes Sud. 363 p. FRANK L., 1982, Une rivière nommée Lez, Montpellier, 239 p. REED C. 2015, Absorb and transform Topos Munich pp. 60-69 GARNIER C., 1995, L’eau et la valorisation du milieu urbain, L’eau dans la ville, bilan général, Plan Urbain, Presses de l’École Nationale des Ponts et Chaussées, p. 257-288.


GRENIER A., 1995, Le Lez : une contrainte ou un élément d’ambition ? mémoire de maîtrise de géographieécologie, Université Paul Valéry, Montpellier III, 155 p. GOURMELON F., HOUET T., VOIRON C., et al., 4 et 5 avril 2011. La géoprospective : apports de la dimension spatiale aux recherches prospectives? Séminaire organisé par l’UMR Espace, Université de Nice (cit) territoire du futur, Revue internationale de prospective territoriale n°12 HETIER J.P., 1996. Forêt méditerranéenne. Approche écologique et paysagère, Directions Régionales de l’Environnement, 69 p. IFEN, 2007. Occupation du sol (http://www.ifen.fr). IFEN, 2007. Données regionnales (http://eider.ifen.fr/Eider). INSEE, 2007. Estimations de population (http:// www.insee.fr). INSEE, 2007. Enquêtes annuelles de recensement – Les flux migratoires : le Languedoc-Roussillon toujours plus attractif, Repères chiffres pour l’économie du Languedoc-Roussillon, no 1. JOYON G., 1989. L’Appel de la Garrigue, Art graphique moderne, Nîmes. 128 p. JOURDE, H. DÖRFLIGER, N. BATIOT-GUILHE, C. BOUVIER, C. DESPRATS, JF. LADOUCHE, B. LEONARDI, V. MALATERRE, PO. MARÉCHAL, V. PRIÉ, V (2011). L’hydrosystème du Lez - Synthèse des connaissances récentes et passées. Rapport BRGM/RP-60041-FR. L’HOSTIS S., 1999, Le Pic Saint Loup, l’âme de ses garrigues, Editions Espace Sud, 319 p. LA 27ème REGION, 2010. Design des Politiques Publiques, Paris : la documentation française 163 p. MILANO M., 2012. Changements globaux en méditerranée : impacts sur le stress hydrique et la capacité à satisfaire les demandes en eau, Th. 3e cycle : Eaux Continentales et Sociétés, Université de Montpellier 2, UM2 Montpellier, 242p. PETER Alfred, schéma de cohérence territoriale de l’agglomération de Montpellier. PREDICT, Rapport d’est Hérault l’événement pluvio-orageux du 29/09/2014 au 30/09/2014 PREDICT, Rapport d’est hérault l’évènement pluvio-orageux du 16/10/2014 au 07/10/2014 PPRI des Matelles, DDTM, service Eau et Risques, approuvé le 28 février 2013 ROMAIN F., 2010, La construction contemporaine des paysages fluviaux urbains. Le cas des deux villes nord-montpelliéraines : Perpignan et Montpellier Sarrebruck, Marseille, 306 p. ROMAIN F., 2010, Le fleuve, porteur d’images urbaines : formes et enjeux, Géocarrefour, Vol. 85/3 | 2010, 253-260. MARTIN C., 1996, La garrigue et ses hommes. Une société traditionnelle, Espace-Sud MARTEL, E.A., 1921 - Nouveau traité des eaux souterraines, Paris: O. Doin. 838 p. MAJORET G, SALADO J., 1978, Le système kartsique de la source du Lez, TERRIN J.-J. (dir.), 2014, Villes inondables, Prévention, adaptation, résilience, Marseille, Parenthèses, 288 p. Revues : VIGANO, P., 2012. Le projet comme producteur de connaissance. Les territoires de l’urbanisme. Rome : MétisPresses. 293 p. 153




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.