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Janette y était

Janette y était

Élodie Lambion Nuances de Rose

Pixeline Photographie Rose a eu la gentillesse de se prêter à notre jeu de questionsréponses sur le vif, lors d’un entretien vidéo à distance. Retrouvez son "interview zapette" en flashant le QR code.

Nous avons toutes fredonné les paroles de sa chanson «C'est la liste des choses que je veux faire avec toi». Il y a un an et demi, la chanteuse Rose apprend qu’elle a un cancer du sein. Dès le diagnostic, elle décide d’écrire un journal, pour elle. C’était sans savoir que quelques mois plus tard, celui-ci allait être publié: «Les montagnes roses». Rencontre avec cette artiste au discours franc, honnête, qui nous montre le pouvoir de l’acceptation.

Ce journal déborde de franchise, d’honnêteté. Était-ce une volonté de votre part?

À la base, quand je l’ai écrit, je me parlais à moi-même. Je ne pensais pas le publier donc je n’ai pas réfléchi à ce que les gens pourraient dire ou penser. De ce fait, c’est très sincère. C’est un peu comme mes chansons.

Pensez-vous que la vie, c’est un peu comme des montagnes russes avec constamment des hauts et des bas? Comment fait-on quand on est en bas pour remonter?

La vie est faite de défis, de challenges. On n’arrive pas à gravir la montagne en une seule fois, il faut y aller pas après pas. Les hauts et les bas, ce sont aussi des surprises, heureuses ou malheureuses, qui nous dépassent. Ce qui me frappe, c’est l’impermanence de ces choses. Ce sont souvent des cycles. Il faut accepter d’être dans le creux de la vague, se laisser porter, ne pas s’épuiser, attendre le bon moment pour rebondir. Le chemin est long et ardu, mais grâce à chaque petit pas, on monte. De plus, en vivant au jour le jour, cela m’empêche de

me projeter dans les peurs, dans l’espoir. C’est le maintenant qui est créateur. Cela ne sert à rien d’espérer pour des choses qui se produiront ou pas dans le futur. Je suis dépendante et chez les AA (ndlr: alcooliques anonymes), nous utilisons la phrase «juste pour aujourd’hui». Cela aide vraiment.

Dans votre traitement, les médecines alternatives ont-elles été complémentaires aux médecines traditionnelles?

Tout à fait. C’est un tout. Après l’opération, c’est le soulagement parce qu’on a l’impression qu’on nous a enlevé ce mal. Mais ensuite, c’est très compliqué. Nous sommes livrées à nous-mêmes. C’est insidieux. Les traitements fatiguent le corps. On ne s’en rend pas compte parce que les rayons à l’hôpital, cela va très vite. L’hormonothérapie, c’est un minuscule cachet donc nous ne sommes pas conscientes de ses effets sur nous. Or, quand c’est moins concret, c’est plus pervers. J’ai vécu un moment d’abattement où j’acceptais mon mal-être, mais je l’acceptais tellement que j’ai voulu mourir. Accepter qu’on a envie de mourir, c’est tendre un bras à ses proches pour leur dire à quel point on ne se sent pas bien. On n’arrive pas devant son oncologue en lui disant qu’on a envie de mourir alors que dans son discours, il nous dit que tout va bien puisque le sein est bien. C’est là que les médecines alternatives sont indispensables.

«Je suis devenue étrangère à mon propre corps.» Comment les médecines complémentaires, notamment la sonothérapie, vous aident-elles à vous réapproprier ce corps qui vous est étranger?

Le sonothérapeute est devenu un ami. Tout est fait de vibrations dans notre monde. Il m’a appris que quand on a un taux vibratoire bas, comme moi, nous sommes déprimées et cela se vérifie dans mon quotidien. Passer son temps à se plaindre attire le mauvais. Il faut changer, il faut agir. Je suis convaincue que notre corps est psychique et physique. Si mon énergie est bonne, j’attire les bonnes personnes. Tout va bien se passer si je commence bien ma journée. Par contre, si je me lève du mauvais pied, je suis certaine que tout ira de travers. C’est clairement l’effet papillon.

Vous avez inséré la citation de François Droz «La maladie qui nous frappe n’est jamais celle de tout le monde». Croyez-vous que chaque femme vit différemment la maladie?

En fait, quand on estime avoir eu de la chance, comme moi, (je n’ai pas perdu mes cheveux, j’ai été opérée pour l’enlever, j’ai eu la possibilité de ne pas devoir faire de la chimiothérapie), on pense qu’on devrait se sentir bien, mais c’est faux. Je n’allais pas bien. J’ai une cousine qui l’a vécu, dès le début, en mode «warrior», car elle a une force mentale incroyable. Si on a des addictions comme moi, qu’on est triste, on a tendance à se tourner vers l’alcool, à déprimer. Il faut accepter que non, ce n’est pas pareil d’une femme à l’autre. J’avais lu des livres dans lesquels certaines disaient merci au cancer. Moi, je ne lui disais pas merci, au contraire. Cependant, un an et demi après, c’est fou, mais je parviens à le remercier pour tous les apprentissages qu’il m’a permis d’effectuer. L’acceptation, la résilience, la paix, le calme. On apprend beaucoup des épreuves.

Qu’est-ce que le cancer a changé en vous?

J’ai appris l’acceptation et j’ai trouvé le courage de changer celle que je suis. Actuellement, face à une situation, je me demande si je peux agir ou pas sur celle-ci. On se rend rapidement compte que nous n’avons aucun pouvoir sur certaines choses et de ce fait, on lâche prise. J’ai aussi pris conscience qu’on ne peut pas changer les autres et cela m’aide face à certaines situations, notamment sentimentales. Le lâcher-prise m’enlève la colère, l’énergie folle que je passais à penser que j’avais de l’emprise sur la vie. J’étais aussi très dure avec mon corps. Or, j’ai compris que je pouvais continuer à me maquiller, que j’avais le choix de le modifier en faisant de la chirurgie esthétique si je le souhaite, mais la génétique, je ne peux pas la changer. J’ai arrêté de me comparer et d’être dure avec moi-même. Je vais devoir vivre avec mon corps jusqu’à la fin de ma vie donc autant l’accepter dès maintenant. Accepter qui on est, c’est primordial. Je suis émotive, maintenant, je l’assume alors qu’avant, je réprimais mes émotions. Je m’accepte comme je suis.

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Les montagnes roses aux éditions Eyrolles

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