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Janette y était

Janette y était

Sexperte Sophie Pilcer, sexologue

MÉNOPAUSE, QUEL IMPACT SUR LA SEXUALITÉ?

Grande, belle, la chevelure rebelle, l’oil charbonneux, la cuisse gainée dans une botte en Skaï qu’elle a payé deux francs six sous et qui fait le job l’air de rien… Quel job fait la botte, me direz-vous? Le job de nous donner à voir une femme sexy et qui ose, qui ose se montrer dominante, sûre d’elle. Vous savez, celle si bien chantée, la femme des années 80, femme jusqu’au bout des seins, sachant allier l’autorité et le charme…

Pas certain qu’elle allie tout ça cette quinqua aux airs de quadra. Et, de grâce, aucun jugement s’il vous plaît, parce que sérieusement quelle femme a vraiment envie qu’on lui donne son âge? Oui, ok, exception faite de la militante aux cheveux gris assumés voire revendiqués, chevauchant un vélo croulant de paniers bio et bocaux recyclés. La nôtre - qui, elle, n’est pas très bocaux ni vélo - est chaque mois aux aguets de l’apparition de la poussée de la fameuse racine blanche à camoufler d’urgence.

Et pourtant, ces derniers temps, elle se sent prise au piège hormonal du temps qui passe et qui l’oblige à grands coups d’éventail à chasser ces bouffées inopinées et ce petit rebond abdominal dont aucune culotte gainante ne vient à bout. Elle entre en ménopause comme d’autres entrent dans les ordres. L’ordre des choses pour elle, la fin de sa vie de femme pense-t-elle. Alors elle lutte, elle entre en guerre, en guerre contre l’irrévérencieux temps qui passe.

C’est une entrée en guerre éclair et fracassante qui s’accompagne d’un bouleversement physique et psychique. La nostalgie des menstruations la prend à la gorge. Les nuits de suées, le cheveu collant, l’impression du déclassement de sa féminité. Elle a l’impression de ne plus en être, de ne plus faire partie du club des femmes sur lesquelles le mâle alpha se retourne dans la rue. Eh oui, pour elle plus de sifflet, c’est le coup de sifflet qui marque l’arrêt du jeu et du je.

Alors ces bottes en forme d’hallali, c’est sa résistance, sa résistance au temps hormonal. Et pourtant, rien ne l’oblige à considérer que c’est la fin de sa vie de femme. Parce que, oui, qu’on se le dise une bonne fois pour toute: ménopause ne rime pas avec «sexopause». Alors bottée, sexy, l’œil charbonneux, allez-y chère Janette, ne lâchez rien de votre séduction. Bien au contraire, libérée des affres contraceptifs, c’est pour vous le moment de la libération de tous les diktats et de toutes les injonctions. Regardez-vous avec délice, osez vous laisser regarder. Oui, elles sont belles vos fesses. Oui, vos seins, votre peau appellent la sensualité si vous le voulez, vous n’avez rien à cacher, rien à camoufler. Laissez-vous désirer par votre Jano, ne lui mettez pas un clap de fin.

La ménopause ne marque ni l’arrêt du désir, ni l’arrêt du plaisir, les bouffées de chaleur ne riment pas avec dysfonctionnement sexuel. Vous le croyez et vous en convainquez. Je vous rappelle que la clef de votre excitation n’a pas pris une ride. Oui, votre clitoris, cette gâchette de la jouissance ne demande qu’à vibrer! Il t’attend et si vous ne me croyez pas, tentez la caresse. La caresse érotique et le fantasme peuvent encore vous donner rendez-vous entre deux bouffées de chaleur. L’excitation, elle, peut vraiment faire monter la température en sensualité et en sensation. Replongez dans vos vieux fantasmes, vous savez ceux qui marchaient au doigt et à l’œil… Un peu d’imagination érotique, un petit visuel sexy et la possibilité orgasmique à portée de main. Rien n’a changé, si ce n’est votre manque de disponibilité à vous donner du plaisir. Il n’y a pas d’âge pour cela.

Remettez vos bottes, votre string rouge, votre nuisette, transformezvous en l’objet de vos fantasmes! Et parole de sexperte, la ménopause n’a qu’à bien se tenir! Le tsunami érotique, si vous le voulez a encore de beaux jours en vous!

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