Memoire d'architecture_TEMPLE DE HUITIÈME ART, UNE MÉMOIRE REVISITÉE _La synagogue de Matmata

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ÉLABORE PAR:

Azza JANI

DIRECTRICE DE MEMOIRE: Mme. Najoua TOBJI Session Février 2020


Dédicace

Je dédie ce travail À la mémoire de mon père À ma mère qui m'a soutenue et encouragée durant ces années d'études qu'elle trouve ici le témoignage de ma profonde reconnaissance. À Mes chers, frère et sœur qui ont partagé avec moi tous les moments d'émotions lors de la réalisation de ce travail. À ma famille, mes proches et à ceux qui me donnent de l'amour et de la vivacité. À tous mes amis qui m'ont chaleureusement supportée et encouragée tout au long de mon parcours, et à qui je souhaite plus de succès. À tous ceux que j'aime

Merci!

Remerciements

Je voudrais exprimer toute ma reconnaissance et toute ma gratitude aux personnes et aux intervenants qui m'ont aidée à élaborer mon mémoire d'architecture. Un merci bien particulier adressé à ma directrice de mémoire Mme. Najoua Tobji pour ses efforts précieux, ses conseils et son encouragement durant l'encadrement de ce travail. Ma profonde gratitude va à Mme. Raoudha Ben Ayed Najjar qui m’a guidée par ses recommandations et conseils. J’adresse mes sincères remerciements, également à Mme. Houda Driss pour ses conseils, ses critiques et ses remarques judicieuses qui m’ont aidée à élaborer ce travail. Je profite de cette occasion pour adresser ma sincère gratitude à Mme. Maogan Chaigneau-Normand, directrice de mémoire en M1 à l'université Rennes2, pour son encouragement, sa compréhension et ses conseils . J'adresse mes sincères remerciements à M. Abderrahmen Lachheb, président de l'association de sauvegarde de Matmata, pour son aide. Je remercie également M. Madghis Buzakhar, directeur de l’organisation Tira en libye, pour la documentation et les illustrations fournis. Je remercie les habitants du village de « Matmata EL Quadima » qui m’ont accueillie et accompagnée. Je remercie toute personne qui a contribué de près ou de loin à l’accomplissement de ce travail.


Sommaire

Dédicace Remerciements Sommaire Motivation Introduction générale Introduction Problématique Méthodologie

2 3 4 7 8 8 11 12

Partie 1: La genèse d’une rencontre entre un site et un culte 17 Introduction de la partie 1 17 Chapitre 1: Matmata: le cœur de Sahara 19 Introduction 19 1- Emplacement stratégique: 20 2- Histoire mouvementée: 24 3-Architecture authentique: 31 Conclusion 39 Chapitre 2: Judéo-berbères: Un peuple disparu: 40 Introduction 40 1-Histoire mystérieuse: à la recherche de stabilité 41 2- La Synagogue: une rencontre entre un site et un culte 46 Conclusion 52 Synthèse 53 Partie 2: Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié 55 Introduction de la partie 2

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Chapitre 1: Synagogue de Matmata : La rencontre : Introduction 1- Mémoire de lieu 2-Essence du lieu Conclusion Chapitre 2: Architecture dans l'oubli : Introduction : 1-Etat actuel de la synagogue: 2-L'architecture: une mémoire entre l'oubli et le souvenir Conclusion Synthèse Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire Introduction de la partie 3 Chapitre 1: Logique d'intervention : Introduction 1- La renaissance: la réinscription à la mémoire collective: 2-La transmission : un processus créateur : Conclusion Chapitre 2 : Temple de huitième art : une mémoire revisitée : Introduction 1- Positionnements et stratégie opérationnelle (Rappel) : 2- Émergence du projet: Conclusion générale Les Annexes Bibliographie Table des figures Table des matières

56 56 57 67 73 74 74 75 90 93 95 97 97 98 98 99 108 124 125 125 126 134 144 146 153 156 162


Introduction générale

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Motivation Lors de mes visites à Matmata, j’étais toujours fascinée par le paysage exceptionnel de ce village millénaire et le savoir-faire constructif local de ses habitants. Toutefois, émouvante était ma première rencontre avec un édifice étrange. Abandonnée, une construction ayant une allure rectiligne dans ce tissu organique spécifique de ce village berbère m’a interpellé, j’étais impressionnée par le charme de cette construction atypique «de quoi s’agit-il? » Cette curiosité était oubliée pour quelque temps jusqu’à une deuxième rencontre. Lors de l’exploration du livre Synagogues de Tunisie, monuments d’une histoire et d’une identité1 qui s’intéresse aux synagogues en milieu berbères. C’était le moment où j’ai réalisé qu’il s’agit d’une «Synagogue». J’avais alors envie de revenir sur les lieux. Toutefois ma réaction était mitigée. L’état actuel de cet édifice délaissé était désolant. Une telle architecture passe petit à petit dans l’oubli. Beaucoup de questionnements s’imposaient et m’ont poussée à les développer dans ce mémoire d’architecture. 1 C. Bismuth-Jarrassé et D.Jarrassé. (2010). Synagogues de tunisie monuments d'une histoire et d'une identité. Paris: Esthétiques du divers

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Introduction générale

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« L'architecture n'est pas là pour se faire oublier, mais pour faire preuve d'héroïsme »2

Introduction Le temps est une notion énigmatique. Il désigne au même temps la continuité et le suspens ce qui constitue la distinction entre les trois temporalités passé, présent, futur. Pour l’homme, cette distinction n’est qu’une simple distinction linguistique puisqu’il ne se limite pas existentiellement dans une de ces trois et néglige les autres. Par conséquent, il vit le présent avec une mémoire qui le renvoie au passé, et un esprit qui trace le futur. L’Homme a désiré toujours éterniser son existence comme une réaction contre le rythme rapide surgi et la phobie de la mort. Dès les premières inscriptions sur les pierres et les murs des cavernes, l’Homme de préhistoire a essayé de raconter ses souvenirs afin de transmettre sa mémoire et marquer son existence qui risque d’être oubliée. Contre la mort et l’oubli, l’Homme a créé son histoire. Créateur de son existence, l’Homme fait de son mieux pour laisser ses traces sur terre. L’architecture est considérée, par ce fait, un témoin important de génie humain et sa résistance contre la notion du temps.

L’Homme bâtisseur commence premièrement par marquer son territoire en construisant son abri qui le protège pour survivre. La relation Homme/espace commence par la transmission d’esprit humain à l’organisation Spatiale. Par ce fait, l’architecture n’est que la concrétisation de la mémoire de l’Homme sur terre. Elle n’est pas seulement un moyen de protection corporelle contre l’effet de la nature, mais encore un moyen de protection mémorielle contre l’oubli, et contre l’effet du temps. À ce moment-là, l’Homme a fait de ses ouvrages, non seulement un abri matériel, mais encore un reflet de ses idées, son regard au monde, ses croyances, sa façon de concevoir le monde et alors son esprit. Pour cela, sa relation avec son architecture se transforme en une relation émotionnelle sensible. Afin de maintenir cette relation, l’homme a besoin de se souvenir et d’entretenir son héritage d’où la naissance de la notion du patrimoine. Mais au-delà de cette relation et de ses essais, on se trouve confronté à plusieurs questions qui se posent : Est-ce que l’architecture a pu réellement éterniser l’existence du créateur contre la notion du temps et de changement ? Et si ces notions étaient toujours des forces inéligibles et évidentes sur le matériel et l’immatériel de l’architecture, est ce qu’on peut malgré tout revivre la mémoire de celle-ci ? et comment peut-on réussir par l’architecture à faire du mortel, l’immortel ? Ces questions sont des réflexions posées lors de notre rencontre de la synagogue semi troglodytique de Matmata, un bâtiment délaissé et ruiné dans l’un des villages berbères du sud tunisien. 2 Frédéric BOREL (source enligne: https://www.sarl-architectes.eu/ARCHITECTE(S)_ Laboratoire_Citations.html)

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Problématique « L’architecture est le témoin incorruptible de l’histoire » Octavio PAZ3 Abandonné dans les tertres de Matmata, un édifice étrange présentant un style mystérieux entre l'apparent et le caché nous invite à le comprendre en vue de restituer sa mémoire. En effet, faute de sources historiques et de documents d'archives on ne trouve ni la date précise de sa construction ni des informations sur les usagers qui l'ont occupé. Un « témoin rare » passe dans l’oubli, après la vie qu'il a vécu, cet édifice souffre d’une mort clinique. Dans l’oubli, il perd ses battements et reste suspendu dans le temps. Ni son passé est reconnu ni son futur est connu, la synagogue de Matmata se trouve aujourd’hui anachronique. Une telle architecture dépasse les dimensions matérielles pour transcender et atteindre les dimensions immatérielles, ce qui légitime sa considération comme un patrimoine socio-culturel. En passant devant cette ruine délaissée et même marginalisée et déniée à cause de ses origines juives, ce malheur senti profondément n’est né ni de ses liens religieux, ni de la sympathie ethnique mais d’une perception plus large de notre histoire, de notre patrimoine et de ce que construit cette histoire et cette identité spécifiques à notre société diversifiée et riche. Cette grande déception s’aggrave encore plus lors de notre recherche dans les archives. Dans chaque essai pour dévoiler l’histoire de cette construction, les obstacles confrontés se transforment en un défi, et nous incitent à lancer une piste de recherche profonde dans la mémoire visant la pratique architecturale. Comment peut-on, à travers l’architecture, revisiter cet édifice, l’actualiser et l’adapter aux besoins de la vie sociale et culturelle actuelle ?

« L’architecture est le témoin incorruptible de l’histoire » Octavio PAZ

Alors comment réalise-t-on de l’intervention architecturale sur la synagogue, à la fois, la restitution et la transmission de sa mémoire ? 3 Citation du poète mexicain Octavio PAZ (consulter en ligne http://evene.lefigaro.fr/citation/ )

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Méthodologie Partie 1: La genèse d’une rencontre entre un site et un culte : Ce travail est au premier lieu un essai de restitution d’une mémoire oubliée. Il fallait tout d’abord découvrir l’histoire de l’édifice, puis reconnaitre sa valeur architecturale afin de trouver un processus de transmission de cette mémoire et intervenir sur le patrimoine existant. L’architecture et son usage évoluent au cours du temps. Elle ne s’attache pas seulement à la continuité ou discontinuité spatiale mais aussi à la continuité temporelle. Pour commencer, il convient de parler et d’insister sur le fait matériel de l’architecture, Elle s’inscrit dans les trois dimensions spéciales. Mais ce qui est plus intéressant, est de révéler les dimensions cachées de cet espace conçu. Condamnée, l'architecture occupe un lieu, et par ses dimensions cachées, elle essaye de s’échapper et survivre souvent pour longtemps. Notre prospection se base ainsi sur les trois temporalités continues de l’architecture.

Comme on se trouve face à un édifice sans histoire écrite, on a commencé par une collecte des informations concernant la genèse de la synagogue de Matmata basée sur une recherche bibliographique profonde, une enquête sur site et une analyse architecturale « in-situ » et ceci dans le but de connaitre, faire reconnaitre et transmettre la mémoire de l’édifice. « L’histoire sociale de nos territoires trouve une prolongation dans l’usage contemporain »4, par conséquent, notre deuxième objectif sera l'intervention sur cette synagogue afin de réanimer l’édifice et sensibiliser la communauté locale à sa valeur. Afin d’accomplir ces objectifs on opte à un processus de recherche progressif. Ce travail s'articule autour de trois grandes parties.

4 DRAY (J.) « Avant-propos », in DAMM (P.) (dir.), Rénover, réutiliser, reconvertir le patrimoine : actes du colloque régional, Paris, Somogy éditions d'art, 2015 (ESSAI SOMOGY), p.9

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Ce mémoire a commencé après la découverte de la synagogue dans l'ouvrage de Colette Bismuth-Jarrassé et Dominique Jarrassé 5 qui ont crée un archive d’héritage architectural juif en Tunisie. On s’est basé sur une recherche bibliographique profonde. Cette investigation a pris beaucoup de temps afin de rassembler le maximum d'informations autour de l’édifice. Au début, On opte pour une méthode de retour à l’origine des termes. Une synagogue semitroglodytique de Matmata est une rencontre entre le site de Matmata et les juifs berbères matmatis disparus aujourd’hui. Encore une fois, le manque des témoignages et des archives, la connaissance de cette civilisation n’était pas aussi facile à découvrir jusqu’à la trouvaille des études de l’archéologue et l’historien Nahum Slouschz qui a réalisé deux œuvres majeurs6. Cette étude nous a beaucoup aidé beaucoup à dévoiler l’histoire mystérieuse de ce peuple juif réfugié dans les grottes de Matmata. A la fin de cette partie, on va clôturer par une étude théorique des relations intégrales entre lieu, culte et comment cette cohésion participe à la genèse architecturale des lieux de culte au niveau international et national. Cette étude illustre l’importance de la connaissance de l’histoire de lieu et de civilisation afin de reconnaitre la valeur architecturale de la synagogue qui ne présente pas seulement un édifice mais aussi qui exprime toute une mémoire, une mémoire de lieu.

Partie 2: Synagogue architectural oublié

troglodytique:

Témoin

Aujourd’hui, la synagogue reste debout pour témoigner son histoire oubliée d’où le besoin d’une étude architecturale actualisée. Dans cette partie, on essaye de sonder l'essence de lieu malgré l’état actuel délabré de la synagogue. Afin de réactualiser l’étude architecturale, on opte à la dualité intérieur/extérieur, caché/apparent qui rappelle l’architecture semitroglodytique de cette synagogue.

5 Bismuth-Jarrassé (C.) Et Jarrassé (D.), (2010) 6 Slouschz, N. (1872). UN VOYAGE D'ÉTUDES JUIVES EN AFRIQUE. Paris: IMPRIMERIE NATIONALE ; Slouschz, N. (1927). Travels in North Africa. Philadelphia: the Jewish publication Society of America Mémoire d'architecture

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Introduction générale

Introduction générale

On commence par faire apparaître la valeur immatérielle de cet édifice à partir de sa mémoire de lieu. On ne peut montrer cette valeur que par la réalisation d’une enquête sur site, et une analyse architecturale. Par la suite, on se trouve devant ce patrimoine riche de valeurs qui sont malheureusement oubliées dans les dunes de Matmata, on choisit alors de continuer l’analyse architecturale de la construction afin de décrire son état actuel d’une façon plus technique. Un diagnostic « in-situ » se réalise sur 3 axes : architectural, architectonique et structurel. L’essence du lieu est cachée derrière chaque détail de la synagogue. Dans l’oubli, l’architecture entre dans un état de repos en attendant le moment de renaissance. On essaye de restaurer l’oubli dans le but de transmettre sa mémoire. s

Partie 3: Restaurer l'oubli... Respirer la mémoire On commence cette partie par insister sur le besoin de se souvenir. Il ne peut se faire que par la réinscription à la mémoire collective de Matmata. Dans le but de réussir nos objectifs, on doit choisir tout d’abord la forme d’intervention sur ce patrimoine,et finalement, on optera à la reconversion comme une « véritable démarche de préservation du patrimoine et l’évolution naturelle de tout édifice »7. De ce fait, on cherche à manifester la mémoire par l’activité qui se déroulera au sein de cet édifice. Donc, on réfléchit aux méthodes de se souvenir aujourd’hui. C’est l’ère numérique par excellence. On choisit alors la photographie ou le huitième art comme une nouvelle occupation pour la synagogue. On essaye de définir la photographie et d'analyser des références similaires de reconversion architecturale. En conclusion, On arrive finalement à la genèse du projet architectural qui clôture ce mémoire. La synthèse s’effectue de la démarche de réflexion et la recherche référentielle. C’est la mise en place de plusieurs choix par la projection de notre intervention architecturale sur la construction dans son environnement immédiat. Le couronnement de ce travail n’est qu’un essai de sauvetage d’une architecture oubliée dans le but de transmettre un héritage pour les générations futures.

7 Emmanuelle Real, « Reconversions. L’architecture industrielle réinventée », In Situ [En ligne], 26 | 2015, mis en ligne le 06 juillet 2015, consultée novembre 2019. URL : http://journals.openedition. org/insitu/11745 ; DOI : 10.4000/insitu.11745

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La genèse d’une rencontre entre un site et un culte

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Partie 1: La genèse d’une rencontre entre un site et un culte

Introduction de la partie 1 « L’architecture est l’art de raconter des histoires. »8 L’architecture n’était jamais aussi simple qu’on l’aperçoit. Elle cache derrière sa façade son histoire, sa genèse et son avenir. La genèse du projet architectural est résultante de l’interaction entre plusieurs éléments qui se combinent dans un espace. Ces éléments englobent le constructeur, le site et le besoin pour lequel on construit. En conséquence, La synagogue semi-troglodytique est le produit d’une fusion de l'origine ethnique des berbères judaïsés, des spécificités du site de Matmata et des préceptes de la religion juive. Cette fusion donne la genèse d’une architecture vernaculaire qui constitue «un témoin rare» de ces civilisations en coexistence. On essaye de révéler à travers cette partie la richesse historique perdue. On part de l'introduction de site de Matmata vers l'histoire des juifs matmatis. Une conception téléologique de l'histoire des religions pour démotrer la genése d'un lieu de culte par la roncontre d'un site et d'un culte

« L’architecture est la forme physique qui enveloppe la vie des hommes dans toute la complexité de leurs relations avec leur milieu » Jean Renaudie (source en ligne http:// www.frac-centre.fr/collection-art-architecture/ )

8 Renzo Piano (2018), Le génie caché derrière certains des bâtiments les plus connus au monde, conférence officielle de TED (Ideas worth spreading)

Figure n°01: L'enfance enterrée (photo d'archive; source: en ligne https://picclick.fr/ )

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Chapitre 1: Matmata: le cœur de Sahara

Introduction

A travers le temps Matmata, ces champs vastes de dunes et de montagnes, était un point d’attraction pour plusieurs civilisations. Cette histoire en mouvement était résultante de l’emplacement stratégique de ce village. La nature montagnarde de la zone exige à ses habitants un mode de vie spécifique. L’architecture vernaculaire est la résultante de l’adaptation de l’homme à son environnement et son mode de vie. Elle se manifeste de sa part d’une manière authentique dans ce milieu berbère.

Figure n°01: Surface de la lune (cliché Yann Arthus-bertrand en ligne http://www. yannarthusbertrand2.org/collection/tunisia/ )

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1- Emplacement stratégique:

1-2- Climat: La Tunisie se caractérise par une diversité climatique riche. Elle se devise en sept zones bioclimatiques. Ces zone manifestent la situation géographique tunisienne dans le monde comme un passage entre le milieu désertique et le milieu aquatique méditerranéenne :

1-1- Situation:

Zones:

Zones:

Climat méditerranéen

Climat désertique

Zones:

Figure n°01: Situation géographique de La Tunisie (source: https://gag.wikipedia.org/wiki/ Dosye:Tunisia-map.1.PNG; modifiée par l'auteur)

Climat semi-aride chaud

Figure n°02: Situation géographique de Gabès (source: https://www.fotosearch.fr/CSP465/ k41549603/ ; modifiée par l'auteur)

Dans le Sud-Est de la république tunisienne, se situe la délégation de Matmata. Elle appartient au territoire de gouvernorat du Gabès et est connue également sous le nom de l’ancienne Matmata9 ou «Matmata El Qadima ». C’est un village intérieur localisé à géographique quarante kilomètres au sud-ouest de Figure n°03: Situation de Matmata (source: http://www. la ville Gabès. Il compte presque 2000 tunisieindustrie.nat.tn/fr/doc.asp?docid=592 habitants10 . ; modifiée par l'auteur) 9 Le nom de la municipalité de l’ancien village de Matmata 10 INS. (2014). Résultats du recensements 2014 par gouvernorats et délégations. tunis: Institut national de la statistique. (p23). Retrieved from http://census.ins.tn/sites/default/files/vol%201%20 rgph%202014%20site%20%281%29.pdf

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Figure n°04: Vue panoramique de Matmata (cliché auteur) École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

MATMATA

Figure n°06: Rose des Vents de Matmata (source: enligne https://www.meteoblue.com/)

De sa part, Matmata se situe selon la figure "" dans la zone aride à hiver frais. Des températures élevées réchauffent la région de matmata pendant toute l'année. LEGENDE: Ce climat n'a pour résultat que ETAGE ARIDE Aride à hiver doux l'adaptation des êtres vivants. Aride à hiver frais ETAGE SAHARIEN L'homme s'harmonise de sa part à Saharien Figure n°05: Carte Bioclimatique de la Tunisie l'environnement immédiat afin de (source: H You et al., Journal of Asia-Pacific créer son propre espace intégré dans ce milieu naturel. Biodiversity 9, 2016, p. 56 et 62) Mémoire d'architecture

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1-3- Géomorphologie: Dans les contreforts de Daher1 , les Matmatis ont fondé leur cité. Connus par leur mode de construction, ils ont adopté leur savoir-faire berbère à la nature géologique des monts de Matmata. La chaine de Daher présente un patrimoine géologique important pour la Tunisie. Grâce aux phénomènes naturels dûs à l’aridité depuis longtemps, la géomorphologie de ces monts a changé. La sédimentation des accumulations des « Lœss »2 dans le bassin de Matmata a été avantageuse pour le creusement des habitats troglodytiques adoptés par les berbères Matmatis.

Parlant du génie humain à Matmata qui se manifeste principalement par l'architecture vernaculaire. Dans ce sens , on cite l’héritage berbère allant du savoir-faire _c'est à dire l’habileté et l’expérience dans l'exercice_ jusqu'au technique de construction parlant des matériaux locaux, des détails d'ancrage et la manière avec laquelle on prend en considération les variations climatiques. On peut la qualifier de la réponse architecturale la plus adéquate et la plus propice à cette époque face à une nature désertifiée et hostile.²

Figure n°07: Situation de Chaine Dahar ( source: Carte du relief de la Tunisie https:// www.cartograf.fr/img /tunisie/carte_ Tunisie_relief_altitude_profondeur.jpg ; modifiée par l'auteur)

1 Dahar est une chaîne de montagnes basses orientée sur un axe nord-sud. Elle présente la limite entre le sud-est et sud-ouest de la Tunisie. L’altitude de son sommet est 713 mètres. 2 Lœss : Terre limoneuse meuble, généralement riche en calcaire, fertile, composée d'éléments fins, jaunâtres, qui a le plus souvent été transportée par le vent (source :centre national de ressources textuelles et lexicales http://www.cnrtl.fr/definition/loess)

Matmata Lœss

Légende Le bassin de Matmata

Figure n°09: Profil du sol à matmata(source : Sghari A. (2012). Paris, pp. 302-317)

Les Lœss

Les contreforts

Les Reliefs La plage

Figure n°10: Typologie d'habitat troglodyte selon la nature du sol (source : Sghari A. (2012). Paris, pp. 302-317)

La mer

Chaîne de montagnes Dhaher

Figure n°08: Accumulation des lœss à Matmata (schéma réinterprété par l'auteur, source : Sghari A. (2012). Paris, pp. 302-317)

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2- Histoire mouvementée: Depuis longtemps , Matmata était le lieu de refuge pour plusieurs peuples. Ceci est accentué par son emplacement particulier situé sur les contreforts nord de la chaine Dahar. Ces monts continuent dans le territoire libyen sous le nom du Djebel Nefousa1. Cette chaine montagnarde trace le contour de la plaine de Djeffara2 de Gabès aux ruines de Leptis Magna. Grâce à cette continuité géographique , on a obtenu une fluidité de la circulation des civilisations à travers le temps. Le village berbère de Nefousa berbère est renommé pour ses habitations troglodytiques . 1 Nefousa est nommée en berbère « nafusi » « Adrar n Infusen » est une chaine montagnarde du nord-ouest en Libye. Elle présente la continuité du Dahar en Tunisie. Le peuplement de ces monts est les « Infusen ». Ils sont une minorité berbérophone de confession Ibadite actuellement. 2 Djeffara est une plaine à cheval entre le sud-est tunisien et le nord-ouest libyen. Elle est côtière et s’étale sur 400 Km au bord du mer Méditerranée. Sur l’axe nordouest – sud-est, elle commence à Gabes et s’étendu jusqu’à Tripoli.

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Figure n°11: Le cœur d'une maison à Matmata (photo d'archive, cliché Paul Collart,1930, modifié par l'auteur source: en ligne https://archnet.org/collections/1367media_contents/128783) Mémoire d'architecture

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2-1-L’invasion hilalienne et son influence sur les tribus berbères: Les Hilaliens ou Beni-Hilal sont des tribus de bédouins d’Arabie originaires de la région de Hijaz et Najd. Pendant le Xème siècle, un mouvement révolutionnaire de la part de ce peuple bédouin les oppose au califat Fatimide . Le résultat de cette bataille était le triomphe des Fatimides3 contre ces derniers. Par la suite, ces bédouins étaient sanctionnés, En effet, le califat fatimide les a isolés dans l'exil du désert au sud égyptien. Parallèlement à Ifriqiya, le gouvernorat fatimide de la région du Maghreb était délégué à la dynastie Ziride4 d'émirs berbères. En 1049, Les zirides ont rompu leurs relations avec les Fatimides en reconnaissant le Califat du Baghdâd5 .Ultérieurement, Les Fatimides ont déclenché la guerre contre les berbères de Ifriqiya par l’envoi des Hilaliens qui vont saccager la région et ruiner les villes jadis prospères de l’Ifriqiya. En effet, l’invasion hilalienne a était amorcée en 1052 par un ordre du Calife fatimide. Elle n’était pas seulement une invasion mais aussi l’animateur géographique de la région de l’Afrique du Nord habitée essentiellement par les berbères. La région de Matmata a été clairement influencée par cette invasion. En effet, plusieurs sources historiques ont rapporté ces évènements et évoqué leurs retombées sur le paysage de la région de Matmata6 . 3 Les fatimides: 4 Les Zirides qui ont régné sur Ifriqiya au nom des fatimides 5 Pellegrin, A. (1948). Histoire de la Tunisie : depuis les origines jusqu'à nos jours. Tunis: Librairie Louis Namura 6 Khaldoun, I. (1852 (1375-1379)). Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale (Vol. 1). (M. L. Slane, Trans.) Alger: Impr. du Gouvernement.

Confinement des Hilaliens dans l'exil du désert au sud égyptien

Situation de la tribus Hilalienne

Figure n°12: Les mouvements des Tribus Hilaliennes avant l'invasion de l'Ifriqiya (source : https:// commons.wikimedia.org/wiki/File:Mouvement_des_Tribus_Souliem_et_hilal.png?uselang=fr )

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Figure n°13: Carte explicative des mouvements importants des tribus berbère à Matmata (source: enligne https://www.larousse.fr/archives/assets/img/grande-encyclopedie/full/ Tunisie_009.jpg ; réinterprété par l’auteur) Mémoire d'architecture

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La genèse d’une rencontre entre un site et un culte

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2-2- Genèse du village troglodytique de Matmata : Ibn Khaldoun indique dans son livre Histoire des berbères7 « Les Matmata, les Matghara et Louaïa formaient, avec d'autres agglomération la tribu Beni-Faten8 , qui faisait partie elle-même de la grande confédération des Louata 9 , une des plus grandes tribus berbères (…) Selon le généalogiste Sabec el Latlati, originaire lui-même des Matmata, le père des Matmata se nommait Maskab, et avait pour surnom Matmat (…) Toutes les branches de cette tribu Sont issues de Loua, fils de Matmat C'est des fils de Loua que toutes les branches de la tribu des Matmata tirent leur origine (…) les Matmata vivent maintenant dispersés; on en trouve dans les environs de Fez et aussi dans environs de Gabès, à l'occident de la ville qui porte le nom de Hamma-Matmata » Le village de Matmata tire son nom de celui de ses premiers habitants ayant pour ancetre « Matmat ». Ils ont formé la tribu des « Matmata » issue de la grande tribu « Louata ». Les Matmata ont connu la prospérité à la fin de la dynastie Sanhadjide10 au XIème siècle et après l’invasion hilalienne de l'Ifriqiya qui s’est passée pendant le même siècle 7 Khaldoun, I. (1852 (1375-1379)). Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale (Vol. 1). (M. L. Slane, Trans.) Alger: Impr. du Gouvernement. 8 Beni-Faten sont un ensemble des tribus berbères dispersé entre tripoli, le centre Tunisien et l’Algérie. Ils ont été connu par la fondation des deux grandes villes en Alger qui sont Nedroma et de Honaine. Cette tribu présente une partie de la grande tribu des Louata. 9 Louata est le nom d’une tribu berbère qui fait partie de Laguatan. Ce dernier résidait pendant la période romaine en Cyrénaïque. Au moyen âge islamique, cette tribu nomade propage du désert occidental l’Egypte vers le sud tripolitain, le centre tunisien et l’est algérien sous le nom de Louata. 10 Sanhadjide est une appelation des Zirides

Après le bouleversement issu de l’invasion Hilalienne, les chaines montagnardes ont connu un changement démographique. Cette civilisation a résisté dès le onzième siècle jusqu’au nos jours. Cette période ne peut pas être aussi facile à survivre. Pendant les dix siècles la Tunisie a connu plusieurs guerres et batailles. En refuge, les émigrants ont demandé l’hospitalité des Matmatis. La conservation du territoire et la survie d’une petite population ont exigé la protection des autres grandes tribus11 . Malgré l’essai de l’indépendance des tutelles, les Matmatis n’ont pas pu défendre leur territoire des incursions et des pillages. On peut résumer l’histoire mouvementée de Matmata dès l’invasion jusqu’à la protection française dans le temps et par le de l'intérieur degrés d’intensité des évènements par Figure n°15: L'extérieur (photo d'archive source: https:// le schéma suivant :

picclick.fr/Cpa-Tunisie-Tunisia-MatmataCour-173204561125.html)

Figure n°16: Chronologie de l'histoire de Matmata (d’après H. Menouillard ; schéma personnel)

Figure n°14: La genèse (cliché Tarek Labidi, modifié par l'auteur)

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11 Menouillard, H. (JAN 1912). Contribution à l'étude de l'origine de la population des montagnes de Matmata. In L. d. Carthage, Revue tunisienne (pp. 21-34). Tunis: société anonyme de l'imprimerie rapide. *Ouled Yagoub est une tribu berbère qui domine les plaines du Jeffara *Ouled Soltane une fraction de Enfida située dans le plaine du Sahel tunisien. Mémoire d'architecture

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La genèse d’une rencontre entre un site et un culte

La genèse d’une rencontre entre un site et un culte

3-Architecture authentique: Matmata est un des anciens Villages berbères en Tunisie. Ce village est résultante d'une stratification architecturale. Le premier noyau était édifié même avant l’arrivée des Matmatis12. Il se compose essentiellement de trois types des constructions : forteresse, habitations creusées et lieux de culte. Cette catégorisation est gérée par la fonction primitive des constructions. La formation de Matmata était progressive dans le temps. « El Galaâ » était la première construction érigée par les « Zenatia » comme un édifice défensif. Ensuite, Le nombre des habitants a augmenté d’où le besoin de création d’un village pour l’habitat. Les Matmatis sont issus d’une tribu berbère de rite ibadite 13. L’une des spécificités de Matmata est la présence intensive des lieux de culte dans son paysage naturel. Ce paysage «a l’allure de plateforme à petites endossures en limons ressemblant à des grandes dunes de sable»14. En effet, Matmata est un site classé patrimoine national à l’institut national du patrimoine.

Forteresse «El Galaâ »*

Habitations**

Lieux de culte

Figure n°18: Situation des différents éléments constitutifs de l'ancienne Matmata (source: PAU ancienne Matmata ;modifiée par l'auteur)

Figure n°17: L'Intégration de maison dans le paysage: Une architecture authentique ( photo d'archive source: https://picclick.fr/ )

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12 C’était un village habité par « Zenatia » (Khaldoun, 1852 (1375-1379)) 13 Ibadhisme : une des branches du kharijisme (agabi 2000) mais particulièrement modérée, égalitariste et quiétiste (source de la définition J.Taieb ; J.-L. Ballais. (2010). Maaziz – Matmata. In S. Chaker, Encyclopédie berbère (p. 4689). Herent: Peeters) 14 Description est donnée par l’INP dans la fiche de site archéologique du Matmata ancienne http://www.inp.tn/cnsa/site.php?idSite=76 * La forteresse de Matmata est désignée par INP sous le nom « El Galaâ ». Elle est inscrite site archéologique national de nature Défensif sous l’identifiant « 168.068 » pendant la prospection de 2009 (source : http://www.inp.rnrt.tn/Carte_archeo/html/168_fr.htm ) ** C’est la zone de protection soumise à l'avis de l'INP (selon le PAU de l’ancienne Matmata) Mémoire d'architecture

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3-1- Les Habitations troglodytiques :

La conception de l'espace se fait en négatif. Ici à Matmata, on construit le vide. Au bout de la colline, on réalise un test de "carottage" qui se fait afin de déterminer le bon sol et dessiner la forme principale de "Houch". Les travaux d'excavation verticale commencent par le vide centrale "Mehres". Étage par étage, l'évacuation du trou se passe pour obtenir la hauteur désirée. On reprend le creusage mais cette fois en profondeur pour établir la tunnel de l'entrée et les différentes pièces de la maison Matmatienne .

Les berbères sont connus par le savoir-faire constructif. Un certain nombre de tribus ont des maisons sous forme d'excavation dans la terre. Cette architecture vernaculaire exprime le besoin de refuge chez les habitants. Le système de construction se diffère d’une région à une autre en s’adaptant à la géomorphologie locale. Aussi les matériaux varient selon la disponibilité des ressources naturelles locales. Les accumulations de « Lœss » dans le bassin de Matmata ont l’aspect de dunes de Sable. L’échelle réduite de ses masses a permis aux matmatis de creuser verticalement en profondeur des maisons troglodytiques . Par conséquent, on obtient une typologie d'habitat spécifique au village appelée troglodytisme verticale15. Ces habitations souterraines sont creusées en profondeur du haut en bas. Grâce à la prédominance du Lœss, les Matmatis ont réussi l'excavation des grottes stables. Ces espaces s'organisent autour de patio à ciel ouvert circulaire ou carré. Il s'agit d'un puits et la première partie creusée verticalement qui structure la maison. Un tunnel d' accès relie le patio à l’extérieur de la maison et s’appelle "Skifa". "Mihras"(Patio) On sculpte les collines pour y créer des gites. Au pieds de cette masse, on se trouve devant une petite porte d’entrée à l’échelle humaine. En pénétrant par ce tunnel, la « Squifa » ou « Sgîfa » est le premier espace constitutif de la maison matmatienne. Elle présente un milieu transmissif extérieurintérieur. Elle est généralement étirée et peut atteindre plus que 10 m de profondeur. Ce tunnel dessine un trajet organique, parfois en chicane.

Chambre (grotte)

Dans l’aboutissement, on arrive au patio à ciel ouvert appelé « Houch » ou « Mihras ». La cour constitue "Sgîfa"(Tunnel) un puit creusé verticalement de profondeur qui peut dépasser les 10 m. Autour de ce vide circulaire s’organise le reste des pièces. On trouve en partie supérieure les greniers avec une trémie pour le Figure n°19: Etapes de construction de passage des grains à partir de la troglodytisme verticale (schéma réinterprété par l'auteur, source : Atoui (L.) (2019)) surface de ladune. 15 Atoui (L.) (2019), "réécriture d'une tradition: Habitat toglodytique à Matmata adapté à l'actualité", ENAU Tunis.

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Figure n°20: Vers la lumière: L'architecture en négatif (cliché auteur) Mémoire d'architecture

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Vers Gabés

Les vestiges de Galâa sont classés site archéologique classé patrimoine national et inscrit sur la carte nationale des sites archéologiques et des monuments historiques par l'Institut National du patrimoine en 189916. Le site renferme également trois monuments non classés dont un village montagneux et deux mausolées .

3-2-El Galaâ :

Vers Tozeur

Vers Medenine Figure n°21: Situation de El Galaâ dans les Monts de Matmata (source: DigitalGlobe ; modifiée par l'auteur)

« El Galaâ » est une forteresse située sur un sommet des monts de Matmata. Du côté oriental de village, le site de cet édifice défensif donne sur la route qui mène à Médenine. L’emplacement stratégique de cette forteresse se manifeste par l’altitude importante, et l’exposition de site sur tous les chemins qui mènent vers le village.

Figure n°23: La composition de site de "Galaâ" (schéma personnel d’après l'institut national du patrimoine) 16 Institut national du patrimoine , Monuments historiques et archéologiques classés et protégés de la Tunisie, http://www.inp.rnrt.tn/Monuments_classees/monuments_classes.pdf consulté le 15/05/2012. * Source: Feuille (168.068), La carte nationale des sites archéologiques et des monuments historiques en terre et en mer, enligne http://www.inp.tn/cnsa/index.php

Figure n°22: Vue panoramique à partir de la Galâa (source: l'association de sauvegarde de la médina de Matmata)

Figure n°24: Ruines de l Galâa (source: l'association de sauvegarde de la médina de Matmata)

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3-3- Lieux de culte : La région du matmata a accueilli pendant des milliers d'années plusieurs civilisations et tribus d'origines et de croyances différentes. Les ibâḍites sont les plus présents dans cette région autrefois. Toutefois, l’ibâḍisme se diffusait dans les régions sahariennes1. L'invasion Hilalienne a engendré des phénomènes migratoires et des tensions inter-tribales qui atteignent la chaine montagnarde Dhaher/Nefousa d'où l'arrivée des matmatis à Matmata. Dans cette histoire mouvementée, cette tribus trouve refuge à Matmata. Le site de Matmata se caractérise de sa part d'une Figure n°25: Coup d’œil sur l’intérieur forte concentration des mausolées aux saint Ibadites. du mausolée (source: enligne http:// Ils atteignent 400 Zaouia's2. Le plus renommé est hamdanereligiontn.blogspot.com/) celui de "Sidi Moussa el Jemni". Ce tombeau est classé monument national par l'INP3. Il s'agit d'un complexe religieux. "De plan rectangulaire, il est composé d’une cour, d’une salle funéraire, d’un masjed ainsi que de chambres vouées à l’enseignement du Coran"4. 1 Lewicki Tadeusz, 1975, article « Ibâḍiyya », Encyclopédie de l’Islam, 2e éd., Paris-Leyde, Brill-Maisonneuve et Larose, vol. 3, p. 669-82. 2 Source: Document fournit par l'association de sauvegarde de Matmata (en annexe) 3 Source: Feuille (168.072) de la Carte Nationale des Sites Archéologiques et des Monuments Historiques, enligne http://www. Figure n°26: Patio de " Sidi Moussa el inp.tn/cnsa/index.php Jemni" (Cliché auteur) 4 Ibid.

Le site de Matmata comporte ainsi plusieurs mosquées dont l'une des plus importantes est la grande mosquée de Matmata. Située au cœur du village, cette mosquée est considérée comme la plus ancienne. L’édifice était restauré, mais par manque des ressources, on n'arrive pas a connaitre les dates exactes ni de la construction ni de la restauration. Dans l’intention de faire revivre cet édifice, la restauration n'a même pas restitué l’état originel mais au contraire cette construction perd totalement son aspect et son identité.

Figure n°28: La grande mosquée de Matmata: état actuel (cliché auteur)

Figure n°29: La grande mosquée de Matmata: état Figure n°30: La grande mosquée de originel (photo d'archive, carte postale, enligne Matmata: état originel (photo d'archive, https://www.delcampe.net/fr/ ) enligne https://www.delcampe.net/fr/ )

Figure n°27: Zaouia "Sidi Moussa el Jemni" (photo d'archive, cliché Paul Collart,1930, modifié par l'auteur source: en ligne https://archnet.org/collections/

Figure n°31: Au sommet: Lieu de Saint (cliché auteur)

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Conclusion Dans ce chapitre, on a présenté le site de « Matmata » : grâce à son emplacement, Matmata a vécu une histoire mouvementée qui a donner une richesse et une diversité architecturale authentique. Un cœur est situé dans la cavité des Monts de Matmata, il présente le noyau central de la région. Les villages voisins orbitent autour de ce centre. L'emplacement stratégique de ce village se manifeste fortement par le choix militaire du protectorat français d’où la présence du Bordj. Un cœur battant, elle ne constitue pas seulement "un village des cavernes" mais aussi un nœud de rencontre de plusieurs civilisations d’où l’introduction de la civilisation judéo-berbère de Matmata.

Figure n°32: Cadrage de vue: Paysage d'autre fois ( photo d'archive source: https://picclick.fr/ )

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Chapitre 2: Judéo-berbères: Un peuple disparu: 1-Histoire mystérieuse: à la recherche de stabilité 1-1 Nefoussa : le Calme avant la tempête :

« L'architecture exprime la sensibilité d'une époque. »18 L’architecture a manifesté toujours le temps, l’époque et l’origine. Alors pour la comprendre, on a toujours besoin du retour vers l’origine. Un hasard de voyage m’a révélé l’existence de la synagogue semitroglodytique de Matmata qui témoigne de l'existence de tout un peuple judaïque dont l’origine est berbère. Vu que rien que n 'a été archivé, l’histoire de cet édifice reste floue. Notre investigation était basée sur l’hypothèse annoncée par Jerrassé19 qui suppose que la synagogue de Matmata est « un témoin rare » d’une civilisation qui a existé jadis à Djebel Nefoussa en Lybie. Cette hypothèse évoque l’origine probable des judéo-berbères Matmatis. Ainsi, le début de la prospection de l’histoire de ce peuple va être dans la continuité des chaines montagnardes de Dhaher qui dépassent les frontières tunisiennes vers le territoire Libyen comme était mentionné dans le chapitre 1 de cette partie. En s'appuyant sur les faits que les Matamatis sont d'origine tripolitaine , il est fort probable qu'ils ont cohabité harmonieusement avec les juifs. Le semi-troglodytique et le troglodytique sont un savoir-faire local berbère utilisé à Nefoussa, Plusieurs tribus juives habitaient cette zone depuis l’antiquité dont les régions "Djado", "Iffren" et "Gharian". Les sources historiques confirment l’existence de plusieurs synagogues troglodytiques dans la région20.

Introduction

Les « Judeo-berberes »17 un terme utilisé pour décrire la population berbère judaïsée de l'Afrique du Nord. Les berbères, comme groupe ethnique autochtone sont dans nos jours de majorité musulmane sunnite mais cela ne nie pas la réalité de l’existence jadis des berbères de plusieurs cultes antérieurs. À travers le temps, le judaïsme, étant un des cultes antiques, a gravé ses traces dans plusieurs régions du monde notamment les villages berbères de l'Afrique du Nord. La synagogue demi enterrée de Matmata constitue une de ces traces. L’originalité majeure de cette construction est le mystère qui entoure sa mémoire oubliée face à la disparition des bâtisseurs qui ont donné plus qu’une forme mais aussi un esprit. C’est dans ce travail qu’on cherche à révéler le disparu de l’ombre de l’oubli à travers la lumière des souvenirs. 17 Slouschz, N. (1927). Travels in North Africa. Philadelphia: the Jewish publication Society of America

18 Adaptation de la citation de Voltaire : « La cuisine exprime la sensibilité de l'époque. » Romain VIAULT

Figure n°33: Coup d’œil (source: northafricanjews-ww2.org.il/fr/2903)

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19 C. Bismuth-Jarrassé et D.Jarrassé. (2010). Synagogues de tunisie monuments d'une histoire et d'une identité. Paris: Esthétiques du divers 20 Slouschz, N. (1872), UN VOYAGE D'ÉTUDES JUIVES EN AFRIQUE. Paris: IMPRIMERIE NATIONALE.

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« La Ghriba du Djebel Iffren est une synagogue souterraine, qui nous transporte à des temps où le service religieux se faisait dans les caveaux. »21

La ghriba de Iffren est connue aussi sous le nom de "El Kiblia"22 . Cette synagogue rassemble beaucoup à celle de Matmata. Cette ressemblance traduit la transmission d’une mémoire à travers une architecture. L’architecture n’exprime pas seulement l’époque en elle-même mais aussi la mémoire humaine, cette mémoire qui n’a pas pu être transmise dans nos jours que par la ruine.

Figure n°34: Vue aerienne sur La Griba de Iffren (cliché: Madghis Buzakhar)

Les berbères judaïsés s’installaient dans les oasis et les montagnes de Nefoussa depuis le IIe siècle 23 . Pendant l’invasion arabe, le Djebel Nefoussa est devenu un champ de massacre entre les races. Les judéo-berbères comme les berbères musulmans étaient déclarés des hostiles aux yeux des Hilaliens qui furent des musulmans orthodoxes24 . Ils les ont traités comme des «infidèles» ou des «hérétiques»25 puisqu’ils ont gardé plusieurs pratiques descendues de leurs anciennes croyances païennes ou juives. Il était inscrit qu’ils, musulmans et juifs, n’étaient pas seulement monothéistes mais ils ont partagé les mêmes «superstitions» et les mêmes «pratiques», de même pour leur comportement respectueux et conservateur envers la femme et aussi les habitudes alimentaires. « Les Haras qui, en moyen âge, s’étendaient de Nalout jusqu’à Mesllata, commençaient à disparaitre. Une partie de leurs habitants tombés dans l’ignorance finit par s’islamiser, les autres émigrent vers la coté » 26

Les juifs de leur part, ont résisté contre les batailles pendant des centaines d'années pour finir par la défaite et le silence de l’oubli. L’émigration était le rayon d’espoir. Vers l’inconnu, ils ont quitté leurs terres à la recherche d’un pays accueillant et un refuge protégeant. C’était le départ du chemin vers un inconnu et aussi à la quête de la stabilité.

21 Slouschz, N. (1872), ibid. p20 22 Slouschz, N. (1927). Travels in North Africa. Philadelphia: the Jewish publication Society of America « Another, a subterranean synagogue, is known as El Kiblia, that is to say, the synagogue of the south, in contradistinction to the first, which is situated to the north. » 23 Sebag, P. (1991). Histoire des Juifs de Tunisie : des origines à nos jours. L'Hamarttan 24 Orthodoxe : Qui est conforme, qui obéit à la doctrine considérée comme vraie et enseignée officiellement par chacune des religions ( source : centre national de ressources textuelles et lexicales, 25 Slouschz, N. (1872), ibid. p68 26 Ibid.

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Figure n°35: Vue sur Tebba: La ghriba de Iffren (cliché Madghis Buzakhar*) Mémoire d'architecture

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1-2 Matmata : le pays de caverne: Le voyage des juifs a commencé pendant le XIVe siècle, l’historien Slouschz date la dernière inscription juive lors de son voyage d’étude du « 1392 »27. Le récit se termine par cette fin qui semble tragique. Cependant chaque voyage a une destination, chaque histoire a une fin mais chaque fin est le début des nouvelles choses. On atteste la présence d’un peuple émigrant qui trouve refuge dans les monts du Matmata depuis le XIVe siècle. Ils se sont installés à Matmata mais aussi à Tamezred, Toujane et Beni Zelten. Connus par leur savoir-faire artisanal et agricole, leurs connaissances ont contribué au renforcement des relations avec les matmatis. Ainsi, la langue berbère était acquise par ce peuple mais ils n’employaient que l’arabe 28. Ce pays de caverne porte plusieurs ressemblances avec les villages de la région de Gharian. « La région du Djebel Gharian, pays classique des troglodytes, compte deux groupes juifs, qui continuent à habiter des cavernes dont voici la description : Dans ce pays accidenté, au sol rouge, rien n'indique la présence des êtres humains. De temps en temps, l'œil expert dé- couvre au milieu des oliviers et des figuiers, ou à côté d'une mosquée, d'un fort berbère ruiné, des trous ouverts sur la pente d'une colline et très souvent rappelant du dehors la porte d'une cave. »29 27 Slouschz, N. (1872), ibid. 28 A. Khelifa / J. Taïeb et J.-L. Ballais (2010), Encyclopédie berbère. 30 : MAAZIZ-MATMATA. Paris : Peeters 29 UN VOYAGE D'ÉTUDES JUIVES EN AFRIQUE, ibid.

Malgré la distance qui sépare les régions, l’hostilité naturelle a unifié leur mode de vie: Une ressemblance qui n’est pas dû au hasard mais à l’origine commune découverte lors de cette recherche. Les Matmatis ne se déférent pas des musulmans de Nefoussa étant eux-même des émigrants de cette région : des musulmans Ibadites réfugiés du même pays originel où ils ont été traités comme étant des "infidèles" par les tribus arabes. Matmata était un pays de refuge qui a accepté plusieurs asiles à travers le temps. L’absence d’une Hara là-bas montre la cohabitation de ce mélange des cultes dans un même territoire géographique. Les cavernes du Matmata se sont transformées de grottes abandonnées en des espaces de vie pleins d'émotions. La spiritualité domine la région : enterrer la vie et exposer le culte. Le paysage apparait calme avec l’ondulation des collines surmontées par des mausolées chaulés. Derrière ce silence se cache tout un mouvement soussols. Il y avait presque toujours une discrimination envers les minorités juives qui se manifeste dans le payement des impôts pour l’état musulman "Jezya" aussi au niveau spatial et architectural, les lieux de culte doivent toujours s’abaisser par rapport aux mosquées. Cette situation se maintenait jusqu’à la fin de XIXe siècle ou la population juive s’agrandit grâce à l’arrivée des juives de Gabès et de Djerba principalement. La communauté devient donc plus organisée et alors la synagogue s’établit partiellement de l’invisible au visible. La genèse de cette architecture combine les spécificités berbères et judaïques. C’était le moment de la rencontre : site et culte.

Figure n°36: Le pays de caverne (cliché Yann Arthus-bertrand en ligne http://www. yannarthusbertrand2.org/collection/tunisia/ )

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2- La Synagogue: une rencontre entre un site et un culte:

2-1 Génie de lieu: "Le site", "le lieu", "l’environnement" ou tout milieu qui peut embrasser une architecture ne peut que lui conférer son esprit. Comme la naissance, c’est le moment où la mère donne vie à son nouveau-né, elle lui offre de son âme, de son esprit et de son corps. Le génie de lieu est alors tout ce qu’un site peut donner à une architecture afin de faire "vivre" l’espace. Pour le définir, on s’est référé au positionnement du Conseil international des monuments et des sites : « Rappelons que l’esprit du lieu peut être défini comme l’ensemble des éléments matériels (sites, paysages, bâtiments, objets) et immatériels (mémoires, récits oraux, documents écrits, rituels, festivals, métiers, savoir-faire, valeurs, odeurs), physiques et spirituels, qui donne du sens, de la valeur, de l’émotion et du mystère au lieu. » 31

Figure n°37: L'architecture cultuelle: une interaction entre un culte et un lieu (schéma personnel)

Produits de l'action de l'Homme

« L'identité de l’homme dépend de l’appartenance aux lieux »30 La synagogue de Matmata n’était pas seulement une simple architecture cultuelle. Elle dépasse cette dimension vers la dimension intangible de l’espace. Une alchimie se produit entre l'esprit du site de Matmata et la sacralité d’un édifice cultuel. On cherche à déchiffrer le mystère derrière ce mélange complexe des relations intégrales entre lieu, culte et architecture.

30 CH. Narberg-Schulz (1997), Genius Loci :paysage, ambiance,architecture , traduction Odile Seyler, Edition Mardaga, p6

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Figure n°38: Le Génie de lieu (schéma personnel)

Architecture et lieu est une interaction interminable. Le site produit de sa part l’architecture, cette dernière investit et structure ce site. Le génie de lieu se manifeste alors dans l’architecture. Cette émanation architecturale héritée du site se présente par les substances matérielles et immatérielles. L’immatérialité est ressentie après l’usage du lieu. Un ensemble construit le caractère d’ambiance « qui est l’essence de lieu »32 31 Conseil international des monuments et des sites (2008), Déclaration de Québec sur la sauvegarde de l’esprit du lieu, canada 32 CH. Narberg-Schulz (1997), Genius Loci : paysage, ambiance, architecture , traduction Odile Seyler, Edition Mardaga, p6 Mémoire d'architecture

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Le temps est une substance indispensable, il affecte directement le site et l’architecture. Grâce à cette substance, le lieu gagne un caractère patrimonial qu’on appelle "esprit de lieu". Avec l’usage de l’espace, les actions humaines deviennent un ensemble d' évènements passés. Alors, l’évolution avec le temps constitue une mémoire personnelle à l’édifice qui s’inscrit dans la mémoire collective de la société. À ce momentlà, on peut définir l’esprit de lieu par Figure n°39: La synagogue chorale de Saint-Pétersbourg (cliché « L’esprit du lieu est le caractère et le sens Dennis Jarvis, source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_

A chaque lieu un esprit qui le distingue des autres. C’est une identité spécifique de lieu qui caractérise l’architecture des synagogues. En s’appuyant sur l’étude de Colette Bismuth-Jarrassé et Dominique Jarrassé sur les synagogues de la Tunisie34 , on peut dégager un classement de ces lieux de culte Juifs. Ce classement était réalisé par rapport au temps et la succession des évènements à travers l’histoire judaïque en Tunisie, ainsi que par rapport aux emplacements et aux similitudes. 34 C. Bismuth-Jarrassé et D.Jarrassé. (2010). Synagogues de Tunisie monuments d'une histoire et d'une identité. Paris: Esthétiques du divers

qu’un lieu de patrimoine s’est approprié avec synagogue_chorale_de_Saint-P%C3%A9tersbourg ) le temps et qui, avant même d’être saisi et compris intellectuellement, est d’abord ressenti au plan émotif. On peut le présenter comme la synthèse des différents éléments, matériels et immatériels, qui contribuent à l’identité d’un site. En ce sens, il est unique.»33

Dépassant les dimensions géométriques de l’architecture, le génie de lieu se transmet grâce à la présence de l’homme dans un espace à travers le temps. L’usage favorise la création de la mémoire de lieu qui valorise la dimension patrimoniale de l’édifice et par la même occasion Figure n°40: La grande synagogue de Budapest (1854-1859) la manifestation du son génie. Une Budapest, Hongrie (cliché Bódis Krisztián, source: https:// identité se construit et s’inscrit avec welovebudapest.com/en/venue/dohany-street-synagogue-2/ ) le temps dans l’identité culturelle de la société. Un coup d’œil sur l’histoire des juifs nous donne une idée sur la richesse architecturale et la variété des formes des synagogues dans le monde. On trouve des synagogues qui se ressemblent et d’autres qui se distinguent. Malgré les ressemblances, d’un emplacement à un autre l’architecture change et le génie de lieu se manifeste. 33 St. Gélinas (2015), L’esprit du lieu : Figure n°41: Synagogue Hourva 1856 (reconstruite en 2010) Consultation publique sur le plan de conservation Jérusalem, Palestine (source: https://fr.wikipedia.org/wiki/ du site patrimonial de l’Île d’Orléans, conseil du Synagogue_Hourva ) patrimoine culturel Québec, p1

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Figure n°42: Carte de répartition des synagogues en Tunisie et un essai de leur catégorisation (selon Colette Bismuth-Jarrassé et Dominique Jarrassé, Modifié par l'auteur) Mémoire d'architecture

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2-2 Sacralité d’espace : Afin de déterminer l’interaction entre le culte et l’architecture et son aspect sacral sur l’espace, on doit tout d’abord définir le "Culte", le"Sacré" et le "Saint". Malgré l’utilisation de ces termes en association, on trouve une certaine opposition dans leurs significations et qui se reflète sur l'espace architectural: Le Culte : est un terme à plusieurs définitions dont « Hommage religieux rendu à Dieu, à quelque divinité, à un saint » ou encore « Ensemble des cérémonies et des rites établis par une religion »35. Par conséquent, le lieu de culte est considéré comme un édifice accueillant les pratiquants pour prier, célébrer un culte et organiser des cérémonies. Le Sacré : est " Qui appartient au domaine séparé, intangible et inviolable du religieux et qui doit inspirer crainte et respect (par opposition à profane).36" Alors on peut affirmer que " Le sacré fige ; il instaure des pratiques définies par un rituel dont le propre de l’alliance sera de ne pas les changer"37. Par se fait, le lieu de culte, comme l’espace des pratiques rituelles d'une religion, peut admettre le caractère sacrale spatial. Le Saint : "Qui est essentiellement pur, souverainement parfait. Il ne se dit en ce sens que de Dieu."38 Dans le judaïsme, seul Dieu est saint. A ce moment, on admet aussi que le lieu de culte est saint puisque c'est l'espace de rencontre entre Homme et Dieu « Le lieu saint serait donc le lieu où le divin se territorialise en se manifestant aux hommes »39 . Saint de saint

Rituels

Les lieux de culte sont alors un lieu fonctionnaire qui admet lui-même les caractères sacré et saint de point de vue des fidèles. La différence entre le sacré et le saint est distinguée par le professeur Marc Levatois40 dans une approche spatiale de la religion, en lieu saint (lieu où s'incarne le divin) et lieu sacré (lieu où se déroule la prière et la vie consacrée). " Le judaïsme est une religion de l’acte, non de la foi. C’est l’action qui relie l’homme à Dieu, et chaque action, si insignifiante soit-elle, est orientée vers le divin... On voit parfaitement comment la religion juive est une religion du sacré. "41. La synagogue, étant le lieu de culte juif, était mise en question. On définit par ailleurs la synagogue par « un lieu d’étude et de prière non sacralisé »42 . Alors comment arrache-t-on à un lieu de culte son caractère sacral ? Au cours de cette recherche, on a étudié le discours présenté par Dominique Jerassé43. Il déclare à propos de ce sujet « un espace dans lequel est déposé un rouleau qui lui est saint »44. Alors la présence permanente des rouleaux de Torah, qui porte la parole divine, au sein de l’arche sainte de la synagogue ou Hekhal, a le caractère sacré alors qu’on parle encore de la non sacralité de cet édifice. On admet que la synagogue n’est qu’une fonction sans forme c’est alors la maison de prière, d’enseignement et d’assemblée. On affirme ultérieurement aussi les principes architecturaux qui sont : l’orientation vers Jérusalem si c’est possible, la séparation hommes et femmes (mouvements orthodoxes) et les deux pôles fonctionnels avec des mobiliers adéquats (arche saint :Hekhal, estrade de lecture: Tebah). Ensuite on commence à parler de la dimension symbolique du temple dans la synagogue. Mais comment peuton nier la sacralité spatiale en présence d’une manifestation divine (la Torah) dans la synagogue ? Arche sainte Lecture de Torah

Hekhal

Lieu de culte

Saint (Dieu)

Sacré

Rencontre

Instauration

Dieu/Homme

des pratiques

Saint (Dieu)

Relation immatérielle

Relation matérielle

(âme, esprit, sensation)

(Action, pratique, rite)

Présence de texte

L'invisible

Le visible

divin la Torah

Figure n°43: Le lieu de culte entre l'invisible et le visible: sacré ou saint ? (schéma personnel) 35 Definit par le centre national de ressources textuelles et lexicales (source : en ligne https://www. cnrtl.fr/definition/culte ) 36 Définition du dictionnaire Larousse (source: en ligne https://www.larousse.fr/dictionnaires/ francais/sacr%C3%A9/70445 ) 37 Danielle Nizieux (2011), " Le saint et le sacré" in Réflexions en chemin (source en ligne http:// www.garriguesetsentiers.org/article-le-saint-et-le-sacre-72967509.html ) 38 Definit par le centre national de ressources textuelles et lexicales (source : en ligne https://www. cnrtl.fr/definition/academie8/saint ) 39  Jean-Marc PINET (2002), QU'EST-CE QU'UN LIEU SAINT ?, Les Actes du FIG 2002 : Religion et Géographie, enligne http://archives-fig-st-die.cndp.fr/actes/actes_2002/pinet/article.htm

50

Tebah

École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

Synagogue Rencontre Dieu/Homme

Sacré

Instauration des pratiques Application de texte divin la Torah

Figure n°44: La synagogue entre l'invisible et le visible: sacré ou saint ? (schéma personnel) 40 Marc Levatois, L'espace du sacré : géographie intérieure du culte catholique, Édition de l'Homme nouveau, 2012, p. 7 41 Danielle Nizieux (2011), Ibid. 42 Dominique Iogna-Prat et Gilles Veinstein (2005) Lieux de culte, lieux saints dans le judaïsme, le christianisme et l’islam : Présentation », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 4 | 2005, mis en ligne le 13 janvier 2010, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/rhr/4220 43 D.Jerassé (2018), "Redéfinitions de la synagogue et mutations de l’identité juive au XXème siècle", cours publics d'histoire et actualité de l'architecture et de la ville, école de Chaillot, enligne https://www.youtube.com/watch?v=L6hWwdCcbnI&t=5214s 44 Ibid. Mémoire d'architecture

51


Introduction générale

La genèse d’une rencontre entre un site et un culte

Conclusion

La récente genèse de la synagogue par rapport à l’antiquité de judaïsme peut être justifiée par la discrétion voulue par les juifs eux même pour des raisons de sécurité. Avec la volonté de réinscrire le judaïsme dans la cité, la construction des synagogues était requise. Un établissement pour la communauté et l’idée de maison communautaire étaient plus présents alors que le culte s’affaiblit dans ce bâtiment. Les pratiques judaïques peuvent se dérouler parfaitement dans les maisons individuelles. La synagogue était un désir d’appartenance et de marquage toute en reconnaissant le culte juif. La genèse d'un lieu de culte n'est qu'une rencontre entre un site et une religion pour donner une architecture qui présente un interface rencontre entre divin et Homme, entre profane et saint. C'est un lieu d'alternité par excellence.

Synthèse L'immaturité architecturale de la synagogue, met en question le caractère sacral de ce lieu d’où la difficulté de patrimonialisation des synagogues. Alors face à ce problème et au danger de l’état actuel des édifices de culte, on fait retour à l'origine, vers l'esprit de lieu et son immatérialité spirituelle ainsi son histoire et la charge mémorielle de l'espace qui valorise l’édifice architecturalement et patrimonialement "Se trouve ainsi expliqué le phénomène de recharge sacrale, par la culture sociale, des édifices religieux, alors même que les fidèles qui en sont utilisateurs en acceptent la sécularisation. La patrimonialisation des édifices signe leur charge mémorielle symbolique : lieux de mémoire et de culture..."45 On éprouve à travers cette recherche la richesse historique de site de Matmata. Ainsi, on dévoile le mystère derrière la disparition des judéo-berbère matmatis. à l'aide de cette trouvaille, on essaye de montre la valeur historique et spirituelle de la synagogue de matmata. On arrive à légitimer la patrimonialisation de cet édifice au niveau local aussi bien qu'au niveau national étant un témoin unique de ce peuple émigré et de l'architecture à la fois troglodytique et juive.

45 Nicolas de Bremond d’Ars (2007), « Magalie Flores-Lonjou, Francis Messner, Les lieux de culte en France et en Europe. Statuts, pratiques, fonctions », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 140 | octobre - décembre 2007, document 140-34, mis en ligne le 02 juillet 2008, consulté le 30 avril 2019. URL : http:// journals.openedition.org/assr/10703

Figure n°45: Le regard des ancêtres (source: en ligne https://picclick.fr/ )

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Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Partie 2: Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Introduction de la partie 2 Un lieu de culte même s'il est privé de ses fidèles reste une des composantes de la mémoire collective d'une société. Par ailleurs, ce patrimoine cultuel risque de devenir un vestige oublié et de disparaitre définitivement. L'absence d'une histoire devient une façon de déni de l'histoire. On se trouve parfois face à de traces archéologiques de civilisations sans archives ni documents pour les comprendre. En l'occurrence, la synagogue support de notre étude fait partie du patrimoine architectural de Matmata, du Sud Tunisien voire du patrimoine universel. Sa reconnaissance, sa compréhension et sa mise en valeur dépassent normalement sa valeur idéologique pour l’appréhender en tant que composante essentielle et fondamentale de la mémoire collective locale et nationale.

"Pour atteindre une certaine grandeur, doit être oubliée où proposer simplement une image de référence qui se confonde avec le souvenir?" Aldo Rossi Figure n°46: À travers l'oubli ( cliché auteur)

54

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Chapitre 1: Synagogue de Matmata : La rencontre : Introduction

1- Mémoire de lieu

En passant dans les ruelles tortueuses qui racontent l’histoire d’une civilisation rattachée à sa terre, telles les nerfs dans leurs corps, on se trouve face à une sculpture qui sort des montagnes de Matmata. Un bâtiment qui se démarque du paysage du village troglodytique. Il s'agit d'une synagogue semi-troglodytique qui se distingue du reste des synagogues tunisiennes. Figure n°47: L'orthogonalité (cliché auteur)

Abandonnée dans les monticules de Matmata, la synagogue reste encore présente pour nous transmettre une mémoire dissimulée sous ses rides profondes, une mémoire qu’on cherche à restituer aujourd’hui. « Il n’est point de mémoire collective qui ne se déroule dans un cadre spatial. »46 Le cadre spatial que Maurice nous définit, ne se limite pas à la dimension matérielle apparente de l’espace mais englobe toutes les autres dimensions cachées dont la dimension sociale et la dimension abstraite.

Figure n°48: Les dimensions d'un espace entre l'apparent et le caché (schéma personnel)

Ces dimensions s’accumulent à travers le temps pour constituer une mémoire propre à l’espace donc une mémoire de lieu. On ne peut identifier cette mémoire que par l’exploration dans le monde caché de lieu. La mémoire le lieu, les souvenirs passent souvent par la communication pour être inscrits dans la mémoire de la société ce qu’on appelle la mémoire collective. Dans notre étude, l’histoire de ce lieu reste non identifiable par les documents d’archive. C’est pour cela, la réalisation d’une enquête était requise avec l’avis d’un sociologue47. 46 M. Halbwachs (1997) La memoire collective, édition critique etablie par G.Namer, Paris, chap. 5, "La memoire collective et l'espace", p. 214 47 Enquête menée sous la direction de Madame Raoudha Ben Ayed Najjar, sociologue et enseignante à l'ENAU

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Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

b- Interprétation des données qualitatives par la méthode de l’Analyse du contenu:49

1-1 Enquête:

Code

Signifiant

Signifié

01-01

Cette ruine

J’ai … mon enfance

(-)

Vécu

01-02

Un bâtiment

Ils … coloniale

( )

02-01

02-03

Matmata

02-04

L’intérieur

03-01

03-03

Synagogue « dar Slat » Maison de dieu « bit rabbi » Ils (les juifs)

Je … loin de toi « h’achek ». Ils … suis souvenu plus Années 60, ils sont partis Tu ne sais pas ... trouver à l’intérieur On…

(-)

02-02

Synagogue « Dar Slat » L'intérieur

Mémoire collectif Culture

03-04

Ils

03-05

Cet édifice

Malheureusement … ruiné et abandonné

(+)

04-01

Il s’agit… culte juif

(

04-02

Synagogue « dar Slat » Cet édifice

XIXe siècle

(+)

- Est-ce que je peux vous demander quelque chose

04-03

Il (cet édifice)

Brulé et offensé

(-)

- Oui bien sûr avec plaisir

04-04

Espace enterré

Plus ancien… creusé

(+)

04-05

Les juifs de Matmata

Ont quitté… années 60

(-)

Mémoire collectif

- Chère fille, j’ai connu cette ruine depuis mon enfance, Ils disent que c’est un bâtiment colonial, ça ce que je sais.

04-06

La synagogue

Nous… restaurer… patrimoine local

(+)

Vécu

Espace propre

- D’accord, merci madame, je te souhaite une bonne journée

04-07

Les habitants

Vécu

Espace de culte indésirable

Etant donné l’insuffisance des archives parlant de la synagogue de Matmata, on opte pour une enquête sur terrain de manière à rassembler les informations autour de cet édifice. On désigne par une enquête « Toute recherche, menée dans des secteurs variés en recueillant les réponses et témoignages des personnes ou en rassemblant des documents, donnant lieu à un rapport écrit. C'est en faite une analyse technique de « recueil d'informations opéré sur le terrain » dans l'intention de « connaître l'opinion, le comportement de cette population ou de cette partie de population à l'égard d'un problème particulier qui est l'objet de l'enquête ». L’enquête est basée sur deux méthodes principales complémentaires qui peuvent se distinguer ou s’associer dans l’étude des sondages réalisés sur terrain. Ces deux méthodes sont l’étude quantitative et l’étude qualitative. On choisit de travailler l’enquête par la méthode qualitative. Par ailleurs notre échantillon est non représentatif statistiquement. On opte pour la technique de l’entretien non directif car elle permet de rassembler le maximum d’informations caverneux et qui peut être non appropriés mais qui reflètent la réalité de cet édifice faute d’informations et des repères historiques. Dans ce sens, on adopte l’étude qualitative et l’entretien non directif dans la réalisation de l’enquête. On parle toujours avec les interviewés en utilisant une seule question « parlez-nous de ce lieu ? ». On a réalisé 15 entretiens dont 5 refus de répondre à nos questions..

03-02

a- Enquête48 (transcription de la discussion traduite par l'auteur)

Exemple: Entretien n°1

Date: 12-01-2019

Emplacement: Devant la synagogue

- Bonjour - Bonjour, chère fille !

- Je suis une étudiante en architecture à Tunis, et je suis venu à Matmata pour faire des études, j’ai trouvé cet édifice et je veux bien savoir de quoi il s’agit.

- Bonne journée 48 On prend un échantillon pour marquer l’Étape de l'entretient. La totalité de l’enquête est organisé dans les annexes.

58

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C’est … mais pour les juifs Années 60 et puis ils sont partis Nettoyer l’espace

Connotation Élément (- ou + ou générateur Neutre)

( )

(-)

Mémoire collectif Mémoire collectif Émotion

( )

Vécu

(-)

Vécu

( )

Récit

(+)

Mémoire collectif Émotion

( )

)

On … reconvertir… (-) s’opposaient… idéologique Figure n°49: Tableau d'analyse du contenu des entretiens (source: Auteur)

Vécu Mémoire collectif Mémoire collectif Vécu

Image de l’espace Espace inconnu Espace colonial Espace de culte Espace inconnu Espace abandonné Espace dangereux Espace de culte Espace de culte juif Espace abandonné Espace propre Espace abandonné Espace de culte juif Espace patrimoniale Espace agressé Espace troglodytique Espace abandonné

49 On prend des échantillons pour montrer les images d'espaces obtenues. La totalité de l’étude est organisé dans les annexes Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

c- Analyse Thématique:

d- Analyse de l’évaluation :

Image de l’espace I1 : Espace inconnu I2 : Espace colonial I3 : Espace abandonné I4 : Espace de culte indésirable I5 : Espace dangereux I6 : Espace agressé I7 : Espace de culte I8 : Espace propre I9 : Espace troglodytique I10 : Espace patrimonial Figure n°50: Tableau des images de l'espace conçues par les habitants (source: Auteur)

I1 : Espace inconnu I2 : Espace colonial

1

2

I1 : Espace inconnu

x

x

I2 : Espace colonial

x

T1

T2

Le déni

I6 : Espace agressé

x

I4 : Espace de culte indésirable I5 : Espace dangereux I6 : Espace agressé

x

5

6

7

8

9

10

Somme 2

x

x

x

x

x

x

x

x

3

x

9 Thème dominant 3

x

x

1 x

1 Thème rare

I7 : Espace de culte

I9 : Espace troglodytique I10 : Espace patrimonial T3: L'essence du lieu

x

x

x

x

x

x

x

x

x

9

x

x

2

x

1

x

1 Thème Moy évoqués

Figure n°52: Tableau de calcul de fréquence de thèmes (source: Auteur)

Images d'espace I1 I2 I3 I4 I5 I6 I7 I8

I7 : Espace de culte T3

L essence du lieu

I9 : Espace troglodytique

Élément générateur Vécu Mémoire collective Émotion Culture Thèmes

I9 : Espace patrimonial Figure n°51: Arbre thématique de l’enquête (source: Auteur)

60

4

x

I3 : Espace abandonné T1: L'ignorance

I8 : Espace propre

I4 : Espace de culte indésirable

I8 : Espace propre

3

T2: Le déni

L’ignorance: État actuel

I3 : Espace abandonné

I5 : Espace dangereux

Personne →

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1 1

1 3

8

8

1

1

1 1

1

1 1

I9 I10 Somme

1 1

12 15 2 2

Figure n°53: Tableau de calcul de fréquence des éléments générateurs(source: Auteur)

Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Culture 5%: élément rare

Émotion

Vécu

5%: élément rare

32%: élément dominant Thème Moyennement évoqués: L'essence du lieu

Mémoire collective 58%: élément dominant Thème dominant: L’ignorance, état actuel

Figure n°54: Charte de fréquence des éléments générateurs (source: Auteur)

Pour plusieurs raisons, un ensemble des matmatis refuse l'existence de la synagogue et la rejette de leur mémoire collective. Par conséquent, on a déjà parlé de cinq personnes qui ont refusé de nous répondre.

L’ignorance: Etat actuel

La mémoire de lieu est perdue au fil du temps les matmatis ignorent et méconnaissent aujourd'hui l’existence de la synagogue. Ce thème est généré principalement par la mémoire collective des matmatis ce que montre l’importance de cette mémoire à la valorisation du patrimoine.

Témoin architectural oublié

L'essence du lieu

Le déni

Malgré l'oubli subi par l'abandon de la synagogue, cet édifice reste debout pour témoigner son histoire. L'essence de lieu est un thème important dans l’enquête réalisée. Il est généré par le vécu des personnes. Ça montre l'importance de l’existence de la synagogue dans le paysage urbain.

Ce qu'on a retenu de l'analyse de l’enquête: Les matmatis vivent aujourd'hui une confusion à l’égard de cet édifice. D'une part, leur propre vision démontre la valeur et l'essence du lieu. Mais, d'autre part, leur mémoire collective transmet le dénie et les invite à ignorer son existence. Par conséquent, La synagogue devient aujourd'hui un témoin architectural oublié. On décide alors après cette enquête, de montrer la valeur de l’édifice autant qu'un patrimoine local qui appartient à la mémoire collective.

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Figure n°55: Lumière de l'espoir (cliché auteur) Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

1-2- La genèse architecturale de la synagogue : La synagogue se définit comme un lieu de prière mais également un lieu d’étude et d’enseignement50 . Pour cette raison la synagogue est placée proche des juifs pour des raisons de sécurité et de proximité de la communauté. On peut deviner que la grotte « Dar Hafr » proche de la synagogue appartenait probablement à une famille juive. Privé de la vérité historique, on reste toujours dans des probabilités puisque les données sont réduites. On a appris qu’il n’existait pas un quartier juif à Matmata. Selon les témoignages51 des Matmatis, les juifs ont cohabité avec les musulmans sans créer un territoire géographique délimité comme le cas des Haras dans les autres régions de la Tunisie. En effet, cette synagogue est construite presque au centre de Matmata. C’est un espace émotionnel et spirituel qui rassemble la communauté. Intergénérationnel, de plus petit au plus grand, il transmet en même temps un culte et une culture52. "Toutes les activités sociales et culturelles tournaient autour de la synagogue” 53 Celle de Matmata est restée active jusqu’aux années cinquante. Apres l’indépendance, les vagues d’immigration des juifs tunisiens vers la France et l’état juif s'est intensifiée. La synagogue était entretenue périodiquement après l'immigration des juifs matmatis. Pendant la période coloniale, la synagogue de Matmata a connu une extension vers la fin du 19 ͤ siècle54 . Non mentionnée dans « Historique du Bureau des affaires indigènes de Matmata »55 ce qui veut dire que sa construction n’était pas commandée par le protectorat français comme les autres synagogues qui remontent à cette période. Il ne s’agit pas donc d’un bâtiment officiel, c’était un édifice fondé par la communauté juive. Des années plus tard56 , cet édifice devient complètement abandonné. Au début de 21ème siècle, un incendie s’est déclenché à l’intérieur de l’édifice causant beaucoup de dégâts. Jusqu’à nos jours, on n’a pas pu identifier les raisons de cette agression. Récemment, l'association de sauvegarde de la médina de Matmata s'est occupée de sa restauration dans l’intention de la réaffecter. Architecture purement vernaculaire, la couleur de la terre remonte dans ses pierres. C’est l’expression de la capacité humaine du façonnage de son environnement. Cette architecture exprime l’enracinement de ce groupe de personnes dans leur environnement. Elle est alors l’immersion de l’Homme dans l’espace. 50 Lavenstein (C.) & Mercier(L.-L.) (Dir.),(2018), Des monuments et des hommes – Tunisie – la synagogue de la Ghriba 51 Enquête 52 Lavenstein (C.) & Mercier(L.-L.) (Dir.),(2018) 53 S.Spector; G. Wigoder. (2001). The encyclopedia of Jewish life before and during the Holocaust. Volume II, K-Sered. Jerusalem,New York: Yad Vashem, NYU PRESS. “All social and cultural activity revolved around the synagogue” (traduite par l’auteur) 54 Ibid. 55 Service des affaires indigènes Tunisie. (1931). Historique du Bureau des affaires indigènes de Matmata. Bourg: Imprimerie V. Berthod. Retrieved from https://octaviana.fr/document/FJDNM028 56 Une date qui précède 2010 puisque les photos d’archive (C. Bismuth-Jarrassé et D.Jarrassé, 2010) marquent la synagogue burulée.

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Ve Ma rs le tma cen ta tre

de

Centre de Matmata

Figure n°56: Implantation de la synagogue par rapport au village de Matmata (schéma personnel, carte modifiée par l'auteur, source https:// www.google.com/maps/ )

La synagogue de Matmata

Mémoire d'architecture

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Phase 1: La salle troglodytique: Le premier temple juif

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

2-Essence du lieu

Phase 2: La salle principale: La synagogue du XXe siècle Phase 3: Les annexes: Chambres d’hébergement -0.28 -0.18 -0.08

+0.15

+0.15 -0.08 +0.10 +0.20

+0.20

+0.15

La rue Niveau 0

"La notion de monument historique comprend la création architecturale isolée aussi bien que le site urbain ou rural qui porte témoignage d'une civilisation particulière, d'une évolution significative ou d'un événement historique. Elle s'étend non seulement aux grandes créations mais aussi aux œuvres modestes qui ont acquis avec le temps une signification culturelle."57 La synagogue de Matmata ne présente pas uniquement un lieu de culte pour les juifs mais elle constitue aussi un « témoin rare » de la civilisation Judeo-berbère en Tunisie. La synagogue de Matmata est un édifice construit sur deux étapes. La première est la partie souterraine creusée probablement avant la fin du XIIIe siècle. La deuxième partie apparente est une extension réalisée plus tard. Aussi on trouve des chambres d’annexe dans la deuxième cour de cette synagogue. On a relevé également la présence d’une maison troglodytique abandonnée et en ruine à proximité de la synagogue qui est vraisemblablement la maison du « Rabbin »58 . 57 CHARTE DE VENISE (1964), article1 58 Chef religieux d'une communauté juive; titulaire du diplôme délivré par une école ou un séminaire rabbinique

Figure n°57: PLAN RDC: Phases de construction de la synagogue Ech 1/100 (schéma personnel)

Figure n°58: La beauté des détails (cliché d'auteur)

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

2-1-La salle troglodytique:

a

b

Arche sainte "Hekhal"

La salle troglodytique présente la première étape de construction a/2 de la synagogue. Il s'agit d'une grotte creusé dans une dune à Matmata. On estime la date de construction de la grotte vers la fin du XIIIe siècle avec l'arrivée des juifs berbère à Matmata. En connaissance de fait que les berbère sont connus par leurs rituels mystérieuses, Il s'agit alors plus tôt d'un temple au premier lieu. Cette salle est une stratification des couches historique. On définit cette juxtaposition par la multitude des interventions marqués par les matériaux. On essaye déterminer la logique constructive de cette salle à partir d'une analyse formelle. On trouve deux proportions presque égaux (la différence est du à la Perspective linéaire forme irrégulière de la salle) qui Figure n°59: Plan de la salle troglodytique: Analyse compose l'espace architectural. formelle Ech 1/100 (schéma personnel)

Figure n°61: L’intérieur de troglodytique (cliché auteur)

la

salle Figure n°62: La stratification de couche d'enduit: des inscriptions se manifestent (cliché auteur)

La lumière pénètre également par les ouvertures de la façade principale de la synagogue sans pour autant altérer l’ambiance de la grande salle, mais au contraire cette multidirectionnalité se manifeste principalement à l’intérieur de la salle enterrée. La lumière pénètre à l’espace uniquement par la porte de la chambre souterraine, en ajoutant les deux sources lumineuses, l’ombre devient le produit qui va animer le parcours vers le fond de l’espace où on trouve le "Hekhal" 1. C’est au niveau du mur sacré que l’ombre de la personne s’unifie. Le parcours qu’on expérimente, n’est qu’une série de photos successives, l’abstraction est alors un processus qui démontre la perception réelle de l’espace à travers la filtration de lumière de l’œil humain. Dans un espace ou le jeu de l’ombre et la lumière est omniprésent, le champ de vision se concentre plus sur cette dualité. Par la suite ce processus facilite la distinction rapide des composantes dans l’espace.

A=2xa

3/2A

Figure n°63: Parcours de l'ombre: abstraction (cliché auteur) Figure n°60: Essai de détermination de logique constructive de la première grotte (schéma personnel)

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1 Nommé « Hekhal » pour les juifs séfarades ou “Arche” pour les ashkénazes. C’est un élément principal pour la synagogue. Il abrite les rouleaux de texte sacré la Torah. Le « Hekhal » est placé sur le mur sacré orienté vers Jerusalem Mémoire d'architecture

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a Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

-0.08

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

2-2-La salle principale : La salle principale est le premier espace qu'on découvre dans la synagogue. Il s'agit d'une surface presque carré de 6m10 sur 7m et 4m50 de hauteur sous plafond (sommet de voûte). cet espace est surmonté d'un lanterneau au centre supporté par quatre piliers en béton. La salle est conçue sur une trame presque régulière, le manque des outils de mesure cause l'inégalité des intervalle ainsi la nature de site et les reliefs qui réduit l'espace. Sous la lumière de lanterneau, on trouve le estrade de lecture de Torah "Tebah"59. Il s'agit d'un aménagement généralement en bois pour les synagogue en Tunisie. L'aménagement de la synagogue est manquant aujourd'hui à cause des incendie, on ne trouve aucune trace qui témoigne sa forme et ses caractéristiques. 59 Ou “Tebah” pour les juifs séfarades ou “Bimah” pour les ashkénazes est une plateforme plus élevée du sol où se lit le texte sacré « Torah » aussi elle serve à la célébration de la liturgie juives.

La salle principale est une prolongation de la salle troglodytique. Cette continuité créer une perspective linéaire vers le fond de la synagogue où demeure l'arche saint "Hekhal".

b

En entrant dans cette espace, on peut sentir le cœur battant de la synagogue. La lumière filtrante qui caractérise l'ambiance intérieure de l’espace pénètre à travers quatre grandes ouvertures percées au sommet du lanterneau pour se concentrer enfin à l’intérieur de la grande salle où se place la "Tebah" . La concentration de la lumière au centre faciliterait aux fidèles la lecture du texte sacré "la Tebah". Alors à l'aide de la configuration spatiale, le système éducatif est réglé. Ainsi, les relations communautaires se renforcent à l'aide de champ spirituel concentrique60.

Emplacement de Tebah

-0.08 +0.10

Le secret des lieux de culte est toujours la lumière ambiante. Le jeu d’ombre et lumière est résultant d’une réflexion architecturale. La conception architecturale elle-même produit une ambiance à l’usage spécifique. Pour l’adaptation de la typologie de la synagogue avec l’échelle urbaine de la zone, la synagogue semble discrète par rapport à son environnement. Elle s’affirme ici par son noyau surélevé mais toujours elle suit la courbe de la montagne.

+0.20

+0.15

Figure n°65: Plan de la salle principale : Analyse formelle Ech 1/100 (schéma personnel)

60 Lavenstein, C., & Mercier, L. L. (Directors). (2018). Des monuments et des hommes – Tunisie – la synagogue de la ghriba

Figure n°69: Coupe longitudinale sur la synagogue Ech 1/100 (schéma personnel) Cadrage de vue

Figure n°66: Vue extérieure de principale (schéma personnel)

la

salle

Cadrage de vue

Figure n°64: Exemple de Tebah à l'interieur de la synagogue des cohanim à Djerba (source: C. Bismuth-Jarrassé et D.Jarrassé. (2010),ibid. Figure n°67: Vue intérieure de p151) principale (schéma personnel)

70

la

salle

École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme Perspective linéaire

Figure n°68: Illuminé (cliché auteur) Mémoire d'architecture

71


Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

a

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

2-3-Les annexes : La synagogue est dotée d’une deuxième cour qui donne sur deux chambres d’annexes creusées dans le dune. Selon les matmatis61, il s’agit de chambres d’habitation utilisés par les familles juives qui s’occupaient probablement de l’entretien de la synagogue. Par la suite, elle était utilisée par les «Arabes»62 chargés de la conservation de la synagogue pendant l’absence des juifs . Les mêmes matériaux de construction sont utilisés dans l’annexe que dans la synagogue. Ces deux chambres sont rectangulaires de profondeur de 5m et 1,5m de largeur. Elles présentent deux voûtes parallèle à la salle principale de la synagogue. 61 Selon l’enquête en annexe 62  Appellation donnée à toute personne étrange de Matmata et qui n’est pas d'origine Berbère

b

Conclusion +0.15

+0.15

La richesse de la synagogue semi-troglodyte de Matmata ne se limite pas seulement à sa dimension identitaire et historique. Sa valeur architecturale dépasse les dimensions matérielles vers l’immatérielle. Son cœur battant est ressenti par l’ambiance intérieure. La synagogue de matmata nous invite à la découvrir, entrer à l’intérieur de ses espaces, s'approfondir dans ses détails et ressentir son âme qui existe encore.

+0.20

+0.15

Figure n°70: : Plan des annexes: Analyse formelle (Ech 1/200)

Figure n°71: : Vue sur la deuxième cours de synagogue (cliché auteur)

72

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Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Chapitre 2: Architecture dans l'oubli : 1-Etat actuel de la synagogue: Introduction : Malgré sa valeur architecturale , La synagogue de matmata se trouve délaissée et risque aujourd'hui de tomber en ruine . Son état actuel reste dégradé malgré les restaurations réalisées qui n'arrivent pas à cacher les blessures dessinée sur ses murs ,et n'arrivent pas à supprimer la succession des cicatrices néfastes qui attaquaient ce lieu de culte. Restant massacrée et négligée,cette âme se trouve encore condamnée dans un corps brûlé: Un corps offensé et détruit qui cherche à se libérer à trouver son essence de vie à nouveau. Il résiste encore en attendant une éventuelle reconnaissance de sa valeur.

La synagogue de matmata se trouve jusqu'au nos jours dans un état délabré et brûlé à l’intérieur. On note plusieurs pathologies dans l'espace de la synagogue. On s'est référé à un ingénieur de structure63 pour réaliser un diagnostic technique et pour chercher par ailleurs des solutions. En fait , le diagnostic explique encore plus le besoin de restauration de la synagogue. Des pathologies structurelles qui se sont clairement manifestées dans plusieurs espaces de ce lieu de culte et le risque d'effondrement s'aggrave encore plus d'un jour à un autre. Ainsi, on admet les efforts de restauration réalisés par l'association de sauvegarde de Matmata. On peut distinguer aujourd'hui ces interventions établies au sein de cet édifice par l'utilisation , principalement , des matériaux contrastés à l'existant. On va établir le diagnostic par espace pour mieux organiser les informations collectés et dans la continuité de chapitre 1 de cette partie. 63 Diagnostic mené sous la direction de M. Hamza Bsila, un ingénieur de structure de ULT

La salle troglodytique Figure n°72: L'âme libre (cliché auteur)

Patio "dar elhafr"

La salle principale Les annexes

Rue

Figure n°73: Plan actuel de la synagogue: Les differents espaces (schéma personnel Ech: 1/200)

74

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Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Figure n°74: Plan de la troglodytique Ech 1/50 (schéma personnel)

Arche sainte "Hekhal"

1-1-La salle troglodytique: La grotte de la synagogue est un espace creusé dans une dune à Matmata. Les juifs matmatis ont utilisé une technique constructive héritée de leurs ancêtre berbère. Un savoir-faire local connu à matmata. Il s'agit de sculpter la masse avec un outil dans la couche géologique adéquate. On arrive par ce technique d'avoir un vide habitable et auto-stable. Cette méthode traditionnel produit un espace réduit et Figure n°75: Schéma explicatif de technique d'une forme organique qui s'adapte au constructive (schéma personnel) sol. La salle troglodytique présente presque un rectangle de proportion (A,3/2A). L'espace se devise sur deux partie. La première est un couloir voûté de 2,4m (largeur), on trouve deux niches de deux cotés (1m profondeur) . Ainsi, des petits niches servent à poser des bougies pour illuminer l'espace. On remarque un incendie parvenu à l’intérieur de cet espace. Heureusement l'état actuel de cette construction n'est pas alarment. On n'a pas enregistré des pathologie structurelle. Les dégâts des feux se manifestent dans les couches des fumées et dans le décollement de l'enduit sur les murs de la salle. On essaye par ce diagnostic de savoir la gravité de ces dégâts. On étudie la production de fumée au cours d'un incendie afin de restituer le scénario Figure n°76: Les niches-chandeliers (cliché qui se passe dans la grotte. auteur)

Figure n°77: Décollement de l'enduit (cliché auteur)

76

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Perspective linéaire

Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Décollement de l'enduit sur un mur: Cause(s) probable(s): -Le déclenchement du feu à l’intérieur de l'espace

Malgré la gravité des incendies et leurs menace à la stabilité des construction, la synagogue de matmata reste debout et survie cette catastrophe. En s'attachant à la vie, les chutes d'enduit de toitures dévoilent la couche primitive ou se trouve des décorations et des motifs sculptés. Figure n°80: Une vie sous la cendre (cliché auteur)

Figure n°78: Schéma de production de fumée au cours d'un incendie ( source: en ligne http:// www.ilocis.org/fr/documents/ilo041.htm)

Ouvertures de la grotte Sortie des fumées

Obstacle: limite la sortie des feux et l'aération de l'espace

Couche des fumées

Appel d'air

L'arc qui sépare l'espace de la synagogue est aussi décoré par des motifs berbères, la main de Fatma, l'étoile juive et des inscriptions. Cet arc démarque l'emplacement de "Hekhal" et cadre la vision grâce la perspective linéaire. On n'arrive pas à déchiffrer ses signes. Le métier de patrimoine exige l'intervention de plusieurs disciplines.

Figure n°79: Dégâts des feux à l’intérieur de la salle troglodytique: coupe transversale 1/100 (source: en ligne http://www.ilocis.org/fr/documents/ilo041.htm)

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Figure n°81: Tatouage berbère architectural (cliché auteur) Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

1-2-La salle principale La salle principale est construite suivant une structure traditionnelle. Cette structure caractérise l'architecture des synagogues en Tunisie. Le lanterneau est la plus haute partie soulevée par une série d'arcs en plein cintre soutenus par six piliers. Autour de ce noyau, des voûtes en berceau disposées en succession pour structurer l'édifice. La structure externe de cet édifice est composée des murs épais en pierres locales renforcé par deux contreforts en pierre et la forme de pente Malgré la présence de centralité dans le plan de cette salle, les éléments structurels tracent la circulation dans l'espace intérieur. En fait, l'alternance arc/ pilier crée une linéarité visuelle et un cadrage de vue vers l'entrée de la salle troglodytique. La structure de la synagogue s'allonge alors en hauteur, par la superposition des éléments constitutifs, et en profondeur par la perspective spatiale.

Perspective linéaire

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Figure n°82: Plan de la salle principale Ech 1/50 (schéma personnel)

Lanterneau

Remplissage de terre

Voûtes en berceau

Arcs en plein cintre Piliers en béton

Contreforts en pierre

Le génie de cette structure est de transformer les efforts horizontaux en des efforts verticaux, et elle travaille seulement à la principe de la compression simple. Parmi les causes de la dégradation de ces structures est le tassement et les mouvements de terrain. Par manque d'entretien, le Forme de Pente décollement de l'enduit a Murs porteurs engendré l'affaiblissement de en pierre mortier de pause ce qui explique le déchaussement des pierres. Figure n°83: Axonométrie de la composition de la salle principale (schéma personnel) Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Décollement de l'enduit sur un mur: Cause(s) probable(s): -Étanchéité, Exposition aux pluies (Absence des fenêtres) et manque d'entretien.

-Exposition aux pluies et manque d'entretien.

Enduit décollé

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Fenêtre décroché École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

-Exposition aux eaux de ruissellement des eaux pluviales et manque d'entretien.

Figure n°84: Décollement de l'enduit sur un mur et ses causes (schéma personnel, cliché auteur) Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Figure n°85: Circuit de stockage des eaux pluviales (schémas personnels, cliché auteur)

Figure n°86: Déchaussement localisé des pierres en façade (clichés auteur) Cause(s) probable(s): Exposition aux pluies et manque d'entretien.

Figure n°87: Déformation des poutres (schémas personnels, cliché auteur) Cause(s) probable(s): Mauvais dimensionnement des poutres, surcharge importante Pierres de construction (aléatoire) Poutres en bois Pierres plat pour la pose des poutres Pierres d'arc

Circuit intérieur

Pierre de construction (triés) Planches en bois (toiture) Mélange mortier et débris (pierre/bois)

Poid de toiture

Flexion des poutres Circuit extérieur

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Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Fissure dans la voûte

Cause(s) probable(s): Tassement différentiel des fondations

Fissure d'angle

Fissure dans la voûte

Décollement

Dégradation de la forme de talus Affaissement du mur

Fissures Verticales

Figure n°88: Les conséquences du tassement différentiel (schémas personnels, cliché auteur)

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

1-3-Les annexes Les annexes se composent de deux chambres rectangulaires. Cet espace est construit par une technique mixte: -1ere étape: déblais/remblais: les toitures sont des voûtes en béton, ainsi on remarque le rajout de terre à l'extérieur des chambres. la structure est renforcé par des pierres superposés (soutènement). -2eme étape: creusement des niches dans les murs. Ces dispositifs sont des percement dans la masse remblais qui n'est pas compacte: le décollement de l'enduit va engendrer une déstabilisation de terre où on remarque les dégâts au niveau des niches.

Figure n°90: Schéma explicatifs de logique constructive des annexes (schéma personnel)

Décollement de l'enduit sur un mur et humidité:

Humidité

Figure n°89: Plan des annexes Ech 1/50 (schéma personnel)

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-Absence d'étanchéité, disparition des portes de cet espace et manque d'entretien.

Figure n°91: Décollement de l'enduit sur un mur des annexes et ses causes (cliché auteur) École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

2-1-Vivre la mémoire:

2-L'architecture: une mémoire entre l'oubli et le souvenir Une architecture s’exprime à la fois matériellement et immatériellement. L’édifice se montre à l’œil matériellement, mais en tant que lieu de mémoire, on sent son énergie interne. La dimension du temps dans l’architecture s’expose dans chaque détail du lieu. Cet espace expose son histoire et parfois il la cache derrière ses portes fermées. La permanence de l’architecture ne dépend pas alors seulement de sa valeur interne mais aussi de ce souvenir par l’humanité de cet espace comme le mentionne Romain VIAULT 64« La pérennité d'une architecture dépend de son rapport à la société, selon qu'elle la perçoit, s'en saisit, la néglige, l'oublie ou la détruit. L’homme défie le temps qui fuit, en tentant de ralentir son action destructrice sur les bâtiments qu’il estime. » La psychologie humaine influence l’état du lieu à travers le temps. L’être humain et sa perception de l’espace peut l’affecter directement. L'abandon de la synagogue a causé alors son oubli. Malgré cet état, l'édifice reste un témoin unique des souvenirs de l’héritage berbère juif de Matmata. 64  Architecte & gérant de la Sarl ARCHITECTE(S) (http://www. sarlarchitectes.eu/ARCHITECTE(S)_Laboratoire_Citations.html)

Figure n°92: Sur le chemin de mémoire (cliché auteur)

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Le cycle de vie de l'homme n’avait jamais été constant de même pour l’architecture. Le parcours vécu par un édifice passe par des moments de force et parfois de faiblesse. La réalité exige le parcours sinusoïdal entre le bien et le mal. Cette complémentarité éternelle rend l’architecture en alternance entre l’oubli et le souvenir. L’oubli devient vital à travers le temps. Grace à cette phase de l’oubli, on obtient la ruine. Dans ce cadre, Auguste PERRET 65 affirme que « L'architecture, c'est ce qui fait les belles ruines. ». En complémentarité, le souvenir traduit la permanence. En effet, selon Marc Augé66 , on oublie notre présent, notre réalité et notre futur afin de se souvenir d’une vie dans le passé lointain. Augé exprime ces souvenirs par le « retour ». De sa part, Rossi définit cette temporalité architecturalement par la « permanence ». La présence de patrimoine architectural devient parfois une pathologie urbaine. La permanence stable et inchangeable néglige toute forme d’innovation. La contrainte de l’architecture est le temps qui ne s’arrête pas. L’architecture qui exprime la stabilité et la masse contre la dimension du temps qui passe rapidement. Alors on trouve un édifice ancien vivant dans une époque lointaine. C’est l’anachronisme, c’est une autre façon d’exprimer la vie dans la mémoire. La mise en scène suggérée de l’histoire se manifeste dans l’architecture comme une image de ville.

2-2-Le temps suspendu : L’étape de l’oubli se définit en trois formes selon la théorie d’ Augé 67 . Ces trois temporalités sont le « retour », le « suspens » et le « recommencement ». C’est une description autrement de la relation entre l’oubli et le temps, entre le passé, le présent et le futur. A chaque fois, la mise en valeur d’un temps donne une forme d’oubli des autres temps. Dans le même contexte, Aldo Rossi dans son livre « Autobiographie Scientifique » 68 décrit la permanence et le présence anachronique de ruines par « temps suspendu d’un espace architectural » 69. C’est le temps où le passé est oublié, le futur est encore indéterminé et un présent est étiré. Ce temps n’est autrement qu’un moment de repos pour l’architecture où elle est abandonnée en attendant la renaissance et le recommencement. RECOMMENCEMENT Oubli de présent et de passé proche -Reprise de passé lointain

Oubli du passé et du futur -Vivre un present étiré

Oubli du passé -Essai à commencer de nouveau

Figure n°93: Succession des formes de l'oubli (schéma personnel) 65  Auguste PERRET architecte français 66  Augé, M. (1998). Les formes de l'oubli. Payot & Rivages 67 Onaner, C. (12 | 2014). Aldo Rossi et les images architecturales de l’oubli. Images Re-vues, [En ligne]. Retrieved from http://imagesrevues.revues.org/3858 68  Rossi, A. (1981). Autobiographie scientifique. Milan: Parenthèses. 69  (Onaner, 12 | 2014) Mémoire d'architecture

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

2-3-L’aventure du recommencement : Le moment de souvenir ne peut arriver qu’après l’oubli 70 . Cette dialectique traduit dans d’autre sens l’effet de découverte et l’anticipation du patrimoine architectural. Tout recommencement nécessite un moment suspendu du présent sans futur indéterminé. Cette forme d’oubli ne peut être repassée que par faire un saut sur le présent. C’est comme une étincelle qu’on allume lors d’un rencontre âme à âme avec l’édifice. La réunion crée un moment à la fois de connaissance de passé et une envie de revivre cette ruine. La découverte devient une reconnaissance de l’essence de lieu afin de la mise en valeur alors du recommencement.

Conclusion L'architecture comme construction matérielle présente une constance à travers le temps. En fait , cette permanence arrive à devenir une réelle pathologie urbaine tout en prenant en considération toute forme de rénovation et de changement. Si on pousse encore les hypothèses qui privent la synagogue de toute modification ou changement on peut parler principalement de la conservation c'est à dire la cristallisation architecturale de peur de perdre la mémoire de ce lieu et de cette manière, ça peut être la raison la plus proche de son oubli.

Figure n°94: Processus de l'oubli (d’après Aldo Rossi, schéma personnel)

Pour Rossi, les trois temporalités de l’oubli fonctionnent ensemble pour donner « un processus rituel englobant passé, présent et futur ; rétroaction, atemporalité et prospection."71 L’architecture se transforme alors d’un objet permanant vers un objet dynamique et plein de mouvement. Le va-etvient entre le souvenir et l’oubli produit la réanimation du mémoire de lieu. Simultanément, des souvenir sont refoulés pour que des autres oubliés soient restaurés. Parfois des moments de suspens se présente afin de sédimenter ce mélange et réactiver la chaine de ce processus mental. 70  "pour se souvenir il faut l'oubli" Mariana Karol (KAROL, M. (2004/2 n° 26). LA TRANSMISSION : ENTRE L'OUBLI ET LE SOUVENIR, LE PASSÉ. Presses universitaires de Caen | « Le Télémaque », pages 103 à 110.) 71 Onaner, C. (12|2014), ibid.

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Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Synthèse « Ce n’est pas la beauté d’un bâtiment que vous devriez regarder. Ce sont les fondations de la construction qui résisteront à l’épreuve du temps. » David Allan COE Malgré l’état dégradé de la synagogue, elle persiste encore contre l’inconstance spatiotemporelle. Cet édifice a résisté à plusieurs peines pour garder les traces de ses ancêtres. Cette permanence est néfaste à la construction mais pas à sa valeur. L’essence du lieu est cachée derrière chaque détail de la synagogue. Dans l’oubli, l’architecture entre dans un état de repos en attendant le moment de renaissance. On essaye de restaurer l’oubli dans le but de transmettre sa mémoire Figure n°95: La splendeur de l'architecture (cliché d'auteur)

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Introduction de la partie 3 « L'architecture n'est pas là pour se faire oublier, mais pour faire preuve d'héroïsme, chaque projet est une histoire d'amour. Peut-on en avoir plusieurs à la fois ? » Frédéric BOREL72 Afin de restaurer l’oubli subi par la synagogue de Matmata, on a pour objectif primaire la réconciliation du lieu avec son environnement social. L’oubli n’est qu’un fait humain qui influence le contexte y compris l’architecture. De la mémoire d’un lieu vers une mémoire collective de société, on a besoin d’un retour à l’origine, l’esprit et la mémoire de lieu. Afin de respirer et revivre cette mémoire, on trace un chemin méthodologique qui commence par la reconnaissance de la valeur patrimoniale du bâtiment jusqu’à assurer la transmission. Dans l'intention de mettre en valeur l’originalité matérielle et immatérielle de l’édifice, tout en considérant les circonstances et les besoins actuels, on doit chercher la nouvelle vocation adéquate pour cet espace et les limites d’intervention sur ce patrimoine.

« Le patrimoine doit trouver sa place entre son devoir de mémoire et son droit à l'évolution. » Romain VIAULT Figure n°96: La chaleur (cliché auteur)

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72 Source en ligne https://www.sarl-architectes.eu/ ARCHITECTE(S)_Laboratoire_Citations.html   École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Chapitre 1: Logique d'intervention : Introduction « Peut-être l’architecture a-t-elle toujours voulu être un théâtre de mémoire ? » Umberto Eco 73 L’architecture avait toujours une question fondamentale dans sa relation avec la mémoire. Elle devient avec le temps la manifestation de mémoire : Une concrétisation matérielle de l’immatériel. Le temps est le facteur fondamental de l’historicité de l’édifice dans la mesure où il lui donne une valeur en composant sa propre mémoire de lieu. L’architecture devient par la suite un lieu de mémoire d’où le besoin de se souvenir et alors la préservation de l’architecture autant qu’un témoin tangible. Plusieurs réflexions ont été fondées autour de l’étude du phénomène de patrimoine et les actions nécessaires à la sauvegarde de cet héritage bâti. En vue de faire revivre la mémoire, on part de la connaissance de la mémoire de lieu,de son passé et de son histoire. De même,il convient de reconnaître la valeur patrimoine de l'édifice aujourd'hui et introduire par la suite les processus de transmission afin d’éterniser cette mémoire. Cette procédure est la synthèse de l’étude théorique des temporalités de la mémoire de Augé74 qu’on peut l’assimiler dans ce schéma :

Figure n°97: Procédure de respiration de la mémoire (schéma personnel adapté à la théorie de Augé)

Malgré les dégâts causés par l’abandon de l’architecture, on ne peut pas nier, d’après Nietzsche, l’impossibilité de vivre sans oublier. « L’oubli n’est pas toujours un manque »75 Alors, l’oubli n’est jamais le négatif de souvenir, mais au contraire, ils sont complémentaires pour constituer enfin une mémoire76. Le mécanisme humain a toujours tendance à organiser les évènements par l’importance et la priorité. C’est un réservoir qui ne peut pas tout contenir. L’optimisation des éléments est alors la solution ce qui donne la dualité de souvenir et de l’oubli. Par la suite on ne retient que l’élément transmis et qui a laissé sa trace, et par conséquent, d’autres souvenirs nécessitent obligatoirement d'être refoulés."Mais l’historien est aussi le gardien de notre oubli, de notre responsabilité et de notre liberté. Pour vivre nous devons oublier"77. L’oubli, qui n’est qu’une partie de mémoire ne peut être restauré que par le biais de la reconnaissance.

1- La renaissance: la réinscription à la mémoire collective: Face à l’oubli que connait la synagogue aujourd’hui, on découvre le déni social de cet édifice. Le départ des juifs dès les années 60 a engendré l’expulsion de leur histoire de la mémoire collective de la région jusqu’à l’oubli de leur existence dans ce lieu. De ce fait, l’état actuel de lieu abandonné exige une intervention. Dans l'intention de la réinsérer, on cherche à retrouver son propre esprit afin de faire renaître son espace et lui donner une place dans la mémoire collective . 75 KAROL, M. (2004/2 n° 26). LA TRANSMISSION : ENTRE L'OUBLI ET LE SOUVENIR, LE PASSÉ. Presses universitaires de Caen | « Le Télémaque », pages 103 à 110. 76 Ibid. 77 Marc Tamisier, « La mémoire et la photographie », Marges [En ligne], 01 | 2003, mis en ligne le 15 mars 2004, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/marges/826 ; DOI : 10.4000/marges.826

73 Eco U. (1986), « Architecture and Memory », Via, n° 8, p. 88-95 74 Marc Augé (1998), Les formes de l'oubli, édition de poche, petite Bibliothèque, Paris, 2001.

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Mémoire d'architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

1-1- Renaissance de la synagogue : À la suite de la reconnaissance de la valeur historique et architecturale de la synagogue de Matmata, on se lance dans le processus de renaissance. Restaurer l'oubli et respirer la mémoire est le titre qu'on a choisi pour cette partie du mémoire afin de stimuler cette étape. Comme dernière étape, la mission de transmettre la mémoire de ce lieu exige des choix pratiques et opérationnels afin de faire renaître ce patrimoine. Dans ce contexte, on va se référer au code de protection du patrimoine archéologique, historique et des arts traditionnels de la république tunisienne dans le but de dégager le point de vue national du témoin rare et la façon d'agir pour sa mise en valeur. Ce code commence dans son article premier par la définition de patrimoine qui comprend " tout vestige légué par les civilisations ou les générations antérieures, découvert ou recherché, en terre ou en mer qu'ils soient meubles, immeubles, documents ou manuscrits en rapport avec les arts, les sciences, les croyances, les traditions, la vie quotidienne les évènements public ou autres datant des époques préhistoriques et dont la valeur nationale ou universelle et prouvée"78. Donc pour commencer déjà, on a réussi à prouver la tangibilité de ce témoin rare à travers la connaissance de son histoire et la reconnaissance de sa valeur architecturale. Antérieurement, on a mentionné la définition de monument historique selon la charte de Venise de 1964 qui était signée par la Tunisie. Cette charte considérait toute création architecturale portant un témoignage, un monument historique qui fait partie de la notion du patrimoine. Ces définitions légitiment finalement à la fois la patrimonialisation du cette synagogue et la conservation. Par conséquent, la sauvegarde, la protection et la conservation des monuments historiques peuvent prendre différentes formes et façons dépendant "du point de vue de l'histoire, de l'esthétique, de l'art ou de la tradition, une valeur nationale ou universelle"79 qui peut s’étendre aux abords de ce monument80. En effet, si la protection au titre des monuments historiques représente une étape fondamentale dans le processus de reconnaissance, elle ne constitue pas une garantie de pérennité et la transmission, faute de projet viable de réutilisation. Nombreux sont les bâtiments protégés qui tombent en ruines malgré les efforts de sauvegarde ou faute de financement des coûts d'entretien et de restauration . À l'égard de ce danger, on opte à identifier les différentes façons de sauvegarde afin de trouver le choix adéquat pour la renaissance de la synagogue. On adapte dans ce travail de recherche la pensée de Emmanuelle Real81, elle veut par cette étude éviter la confusion dans l'utilisation des termes qui " ont des sens bien distincts et décrivent des démarches différentes". Dans son article, l'auteur définit plusieurs interventions sur le patrimoine bâti à l’échelle architecturale mais aussi à l’échelle urbaine. On résume ses propos dans le tableau suivant: 78 Code de protection du patrimoine archéologique, historique et des arts traditionnels de la république tunisienne (2016) , édition revue et corrigée le 6 janvier 2016, Article premier. 79 Ibid, Article 4 80 Ibid, Article 26 81 Emmanuelle Real, « Reconversions. L’architecture industrielle réinventée », In Situ [En ligne], 26 | 2015, mis en ligne le 06 juillet 2015, consultée novembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/ insitu/11745 ; DOI : 10.4000/insitu.11745

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École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

Restauration

Réhabilitation

Réutilisation

Reconversion

Etat

(-) Dénaturer par le temps et l’usage

(-) Bâtiment dégradé ou simplement ancien

(+)Réutilisation d’un bâtiment, pour peu qu’il soit en bon état

Aspect

(+) Rendre son aspect d’origine

(+)Mise en conformité du lieu selon les normes en vigueur

Travaux de (+) Réparation scientifique conservation et de et nature

(+)Améliorer l’état d’un bâtiment dégradé ou simplement ancien

(-)Démarche d’opportunité et la valeur patrimoniale du site n’a pas un caractère déterminant dans ce processus (+)Demande que peu de travaux d’adaptation

(+)Un édifice dont la valeur patrimoniale est reconnue tout en lui redonnant une valeur d’usage qu’il a perdue (+)Une véritable démarche de préservation du patrimoine et l’évolution naturelle de tout édifice

reconstitution historique (-)Conservation à l’identique : Viollet Le Duc.

Usage

(-) Au risque de le priver de toute réutilisation possible

Domaine

Architecture

Mémoire d'architecture

(+)Exercice combiné qui associe la restauration des parties protégées et la réinvention de celles qui ne le sont pas. (-) Travaux intenses qui demandent une mise en œuvre

(+)Conserver sa (+) Fonction à (+) Adaptation vocation initiale laquelle il n’était du bâti à ce pas destiné nouvel usage initialement (+)Respect de (-)Intérêt l’esprit du lieu et économique en conservant de réinvestir la mémoire des édifices de la fonction existants pour originelle. leur situation et leurs droits acquis Architecture et urbanisme

Architecture

Architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Ce travail est un essai de restitution d’une mémoire oubliée et noyée dans la synagogue. Le questionnement s’est posé en réaction au besoin de sauver une architecture ruinée qui ne s’arrête pas seulement à la restauration de l’édifice mais aussi à connaitre son histoire, reconnaitre sa valeur et transmettre sa mémoire. Il nous faut alors un processus d’intervention pour régir et préserver ce patrimoine bâti. L’essence du lieu reste latente dans ses détails. Les efforts de restauration de la synagogue n’arrivent pas à faire reconnaitre cette valeur d’où le besoin d'autre façon d'intervention. On arrive à dégager à partir de l'analyse du tableau précédent, ce processus d'intervention adéquat à cet édifice. On choisit par la suite la reconversion architecturale comme « une intervention qui redonne une seconde vie à des bâtiments délaissés, ayant perdu leurs vocations initiales, en leurs affectant une nouvelle et récente fonction qui tient compte des enjeux de la vie moderne »82

Le théâtre se compose de deux parties extérieur et intérieur. La première partie est un jardin utilisé pour les spectacles en plein air en été. La deuxième partie s’étale sur deux niveaux juxtaposés. Le RDC renferme un espace d’accueil et une salle d’exposition des meubles rustiques et des instruments de musique. Le premier étage se compose d’une salle polyvalente d’une capacité d’accueil de plus de 150 personnes, avec une scène frontale, des loges pour les artistes et un théâtre de poche pouvant accueillir une trentaine de personnes pour des répétions. Avant la reconversion

Après la reconversion

Afin d'intervenir sur un patrimoine tunisien, on choisit un projet architectural en Tunisie pour l'analyser. Dans ce même contexte, on s'est référé au travail de recherche de madame Sakji Ons83. On cite comme exemple la reconversion de " Makhzen Dar Ben Abdallah" en un théâtre d'art. Ce projet n’est qu’une collaboration entre le propriétaire privé du lieu et le ministère de la culture. Un espace culturel polyvalent est intégré aux anciennes écuries de la somptueuse Dar Ben Abdallah. Situé au cœur de la médina de Tunis, cet édifice était un lieu désaffecté et délabré. L’intervention ne se base pas seulement sur l’état originel de la construction mais aussi s’adapte aux traces juxtaposées des interventions précédentes. Un esprit progressiste se constitue dans l’étude de cette intervention.

Figure n°98: Plan de situation (source: Patrimoine et reconversion",2013)

" Figure n°99: Plan RDC (source: " Patrimoine et reconversion",2013)

82 Sakji (O.), (2013), " Patrimoine et reconversion", Unité de recherche : Patrimoine Architectural et Environnemental : connaissance, compréhension,conservation, p1, consulter enligne le 29/12/2019 Cet article fait partie d’un travail de thèse de doctorat intitulée « La reconversion comme garantie de la survie de l’ancien. Évaluation de la fiabilité de la reconversion architecturale : Bâtiments reconvertis dans la ville de Tunis » 83 Ibid.

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Figure n°100: Les transformations réalisées lors du chantier de reconversion de Makhzen (source: consulter enligne le 30/12/2019 https://www.facebook.com/Th%C3%A9%C3%A2treDart-Ben-Abdallah-335897346559943/ )

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

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Elle utilise ainsi une analyse comparative de la perception spatiale entre les experts et les usagers de l'espace. Elle ne s’arrête pas seulement au niveau professionnel de la reconversion, mais manifeste l'importance du facteur sociale à la reconversion de lieu. Dans ce propos, on arrive à identifier les critères de cette évaluation qui est adaptée à l’outil d’évaluation de la qualité architecturale MATEA (Modèles pour l’Analyse, la Théorie et l’Expérimentation Architecturale): 1- Le respect de l’environnement immédiat. 2- Le respect de la substance ancienne. 3- Le respect de la logique constructive. 4- Le respect du décor existant 5- La mise en valeur de la construction.

6- La réversibilité de l’intervention. 7- La distinction entre le nouveau et l’ancien. 8- La compatibilité de la fonction avec la forme existante de la construction. 9- La durabilité et évolutivité. 10- L'innovation et créativité.

L’évaluation pour ce projet a donné des résultats en écart l'une par rapport à l'autre. Cette divergence insiste sur la perception spéciale des usagers et la valorisation de l’architecture dans la mémoire collective de la société. Les usagers utilisent leur sens et leur sensibilité pour décrire l’espace dans lequel il pénètre, marche et vit. De ce fait, leurs sentiments suivent leurs besoins actuels et leur confort. Plus intéressés par l’apparent de bâtiment, les utilisateurs de l’espace tendent vers une architecture plaisante ou ils se sentent chez eux. Une vision subjective se lance pour montrer l’importance de la valeur de l’édifice dans la mémoire collective de la société.

« Reconvertir son patrimoine, c’est lui donner une nouvelle vie »84 Jean-Paul HUCHON définit la reconversion patrimoniale en touchant à l’esprit de lieu et la dimension sensorielle de l’architecture et du patrimoine. L’auteur déclenche l’urgence à penser la reconversion du patrimoine dans la région afin de procurer une vie de qualité meilleure pour les habitants. Dans ce propos il ajoute « [ils] veulent vivre leur territoire avec un sentiment de continuité. Une continuité dans l’espace, mais aussi une continuité dans l’histoire »85 . Par cette définition la reconversion ne reflète pas seulement le changement d’activité d’un édifice patrimonial mais aussi lui donner une vie un esprit en évoquant l’impact de survie architecturale sur l’appartenance des habitants à leurs territoires et la constitution de leur mémoire collective et sa transmission. 84 Jean-Paul HUCHON Le Président du conseil régional d'Île-deFrance (source : Huchon(J.-P.), « Préface », in DAMM (P.) (dir.), Rénover, réutiliser, reconvertir le patrimoine : actes du colloque régional, Paris, Somogy éditions d'art, 2015 (ESSAI SOMOGY), p.7 85 Ibid.

Figure n°102: À l'intérieur de Théâtre de Ben Abdallah (source: consulter enligne le 30/12/2019 https://www.facebook.com/ Th%C3%A9%C3%A2tre-Dart-Ben-Abdallah-335897346559943/ )

Figure n°101: Comparaison des évaluations des experts et des usagers: Intervention Théâtre de Ben Abdallah (source: Sakji (O.), (2013) )

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

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1-2- Mémoire collective : entre la mémoire et l’histoire :

Le passage d’une architecture de sa propre mémoire de lieu vers la mémoire collective nécessite une compréhension initiale du terme. On peut définir la mémoire collective par un « Savoir mystérieux d'un fond commun qu'on suppose inhérent au groupe »1. Cependant, la mémoire devient fondamentale à la création d’une société humaine. Cet héritage permet aux membres du groupe social de survivre grâce à la transmission de leurs connaissances d’une génération à l’autre. Le passage de ces savoirs faire est réalisé en deux modes successifs dans le temps qui sont l’oralité et l’écriture2. Jadis, la méthode traditionnelle des sociétés est la tradition orale. C’est un moyen de conservation des acquis du passé dans les sociétés sans écriture. L’oralité se présente en plusieurs formes à travers le temps dont les mythes, les récits historiques, les poèmes, les contes, l’invocation (…) Sans écriture, le support linguistique a permis de réactualiser les savoirs. Ainsi, la méthode orale se manifeste dans les rituels religieux. Elle se devise entre les croyances, qui sont des activités religieuses sacrées) et les faits du passé (évènements liés à la fondation d’un village, alliance entre divers groupes, partage d’un repas) qui deviennent par le fait du temps des activités sacrées pour ce groupe. Cette méthode servait à la création subjectivement d’une mémoire collective. Ultérieurement, le génie humain s’est développé pour faire apparaître l’écriture. C’était un basculement de civilisation. « L'origine de l'écriture réside sans doute dans le dessin ou sa forme simplifiée, le pictogramme. Peu à peu, elle a ensuite évolué vers l'alphabet, ce qui a permis à l'écriture de se démocratiser »3. En effet, on désigne par l’écriture la forme rationnelle d'ancien pictogramme. Avec cette création, se sont fondées les grandes civilisations et l’échelle des villes s’agrandissait. Selon les anthropologues l’invention même de la logique, la science et la philosophie est associée à l’écriture. Par conséquent, l’écriture devient un moyen de conservation d’une façon précise des traces de l’apprentissage à l’extérieur de cerveau humain, d’où la création de la notion de l’histoire. 1 J.-C. Filloux, La-Mémoire, Paris, P.U.F., 1967, p.51 ; source : en ligne https://www.cnrtl. fr/definition/memoire 2 Source : en ligne https://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_07/d_07_s/d_07_s_tra/ d_07_s_tra.html 3 Ibid.

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La séparation du concept d’histoire de l’idée de mémoire apparait durant les siècles des lumières. La liberté de l’Homme a touché tous les domaines. « Les hommes font leur propre histoire »4 plusieurs pensées se développent d’où l’introduction de l’histoire comme une science et une discipline et la sépare de la mémoire. Ce qui constitue une mémoire nationale s’est basé sur l’histoire d’où la création des archives nationales. Cette archive est une institution spécialisée qui sert à rassembler, stocker et conserver tous les documents et les informations liés à l’histoire d’une nation. C’est un processus objectif qui se base sur la théorie de l’histoire. Une mémoire « La mémoire est l’histoire racontée subjectivement par des témoins lors de témoignages par exemple, dans des autobiographies ou encore des récits historiques. C’est une faculté psychologique collective et cela peutêtre un groupe qui « se souvient » simplement. »5 Un processus psychologique qui se développe individuellement ou en groupe sociale. L’être humain par la suite se souvient de son passé par une manière sélective pour l’envie de satisfaction.

Une histoire « L’histoire est l’étude de faits qui se sont passés, c’est la science du passé. Elle n’existe pas seule et est essentiellement construite par les historiens. »6 L’histoire est déliée de ce qui fait l’histoire, sans produire un jugement. C’est plus générale et une sorte d’archive pour l’intérêt de progrès d’une nation.

A travers ce travail, on arrive à réécrire l'histoire de cette synagogue mais pas sa mémoire. Cette mémoire est un processus psychologique spécifique à un groupe social. Ici c'est les cas d'un bâtiment délaissé ruiné. La réinscription à la mémoire collective de Matmata est nécessaire à la mise en valeur de la synagogue. Il ne peut se faire que par la participation de la communauté locale et sa sensibilité à la valeur patrimoniale de cet édifice. Le patrimoine ne peut survivre que par le sentiment d’appartenance à son environnement. On essaye alors d'intégrer cette ruine dans la vie actuelle des matmatis en le considérant comme un patrimoine local. Cette réinscription garantit son survie et la transmission de sa mémoire d'une génération à une autre.

4 Karl Marx (1851), Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte. Paris: Les Éditions sociales, 1969, 162 pp. Collection: Classiques du marxisme. Traduction française à partir de la 3e édition allemande. 5 T. NOTHISEN, M. WOEHREL, A. KORMANN (2010), « Histoire et mémoire: définitions », enligne https://lewebpedagogique.com/memoires/2011/05/28/histoire-et-memoiredefinitions/ 6 Ibid.

Figure n°103: Derrière ses rides : Mariem une femme troglodyte ( cliché Zohra Bensemra (Reuters,2018), source enligne https://www.reuters.com/ ) Mémoire d'architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

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2-La transmission : un processus créateur : 2-1- La photographie : L'art de mémoire :

« La photographie, une authentique réalité qui nous transporte sans bouger, qui nous fait vivre sans penser » Noé Wodecki1 L’art de la photographie a basculé les notions d’archive classique. Une seule prise de vue est imprimée sur un bout de papier. Elle peut marquer un moment bien précis dans le temps. C’est la méthode la plus adéquate aujourd’hui pour exprimer l’histoire, une reproduction à l’identique d’un évènement, d’une scène, une présentation de réalité historique d’une société. Il convient de définir la photographie et son évolution dans le temps et la genèse de huitième art. On désigne par la photographie la « description, représentation exacte et fidèle d'une personne, d'une chose ou d'une situation »2 . Dans un autre sens plus scientifique, c’est l’« ensemble des techniques permettant d'obtenir des images permanentes grâce à un dispositif optique produisant une image réelle sur une surface photosensible »3. La création de la photographie était la conséquence d’une interdisciplinarité technologiques et techniques, la naissance de terme « photographie » est issue du grec. Le terme "photographe a été inventé en 1898 par l’astronome John Herschel4 . Le mot provient de deux racines d’origine grec le préfixe photo– (φωτoς, photos : lumière, clarté) et le suffixe –graphie (γραφειν, graphein : peindre, dessiner, écrire) par conséquent La photographie est la création des images par l’action de la lumière. 1 Consulter en ligne https://citations.ouest-france.fr/?motcle=photographie&page=2&o=relevance 2 Définit par le centre national de ressources textuelles et lexicales consulter en ligne https://www. cnrtl.fr/definition/photographie 3 Ibid. 4 John F. W. Herschel, “Note on the Art of Photography…”, The Athenæum, 23 mars 1839

Suite à plusieurs recherches et tentatives, le « procédé héliographique » en 1826-1827 apparait avec la première fixation d'image grâce à l'action de la lumière " Point de vue du Gras " prise par l’ingénieur et physicien français Nicéphore Niépce. Le photographe a consacré sa maison pour les recherches scientifiques autour de sa découverte "l'héliographie". Dans cette maison, il a installé son atelier, à Saint-Loup-de-Varennes, d’où la naissance de plus vieil atelier-laboratoire photographique du monde. C'est en fait, une "chambre photographique" et avec quelques accessoires en bois servant à la réalisation des images. Alors cette chambre est plus tôt un "studio de prises de vue et ne peuvent être assimilées au labo, c’est-à-dire la chambre noire "5. Ce studio se caractérise par les angles de vue différents grâce à la multitude des fenêtres. On peut le designer comme un "tour" de prise de vue avec des percés du cadrage visuel. Dans la partie la plus haute de la maison réside le studio, cet emplacement se caractérise par l'ouverture du champs visuel et la grande quantité de lumière pénétrante dans l'espace contribuant à la clarté de l'image obtenue. Même si ce studio est considéré le premier atelier-laboratoire de photographie, on ne peut pas à proprement parler de laboratoire dans le cas des pionniers de la photographie tels que Niépce, Daguerre, Talbot ou Bayard, qui ont été, pour la plupart, des studios de prise de vues plus qu'un laboratoire. Après 152 ans, la découverte de trésor caché en 20076 est considère aujourd'hui "Le plus vieil atelier photo du monde parvenu jusqu’à nous"7. On parle ici réellement d'un laboratoire de photographie. Il est équipé de tous les produits chimiques. Dans la chambre noire, ils permettaient de préparer les plaques photosensibles puis de révéler l’image après la prise de vue. Dans l'obscurité de l'espace, toute une histoire se dissimule. Moins éclairé, l'espace du laboratoire de Fortuné Joseph Petiot-Groffier se distingue des précédents ateliers. Avec une seule fenêtre, on cesse de conserver les substances chimiques stockées dans les étagères poudreux. L'ambiance est blême, terne et décolorée. 5 Description faite par le site officiel de la Maison de Nicéphore Niépce labellisée maisons des Illustres qui est reconvertie aujourd'hui en musée historique de la photographie (source en ligne: https://photo-museum.org/fr/) 6 C. Saulnier, Le Journal de Saône et Loire, 29/05/2007 7 La Maison de Nicéphore Niépce , Ibid.

Figure n°104: Grenier de la Maison, demeure de studio des prises de vue de Nicéphore Niépce (source le site officiel de la Maison de Nicéphore Niépce enligne https://photo-museum.org/fr/

Figure n°105: "Le plus vieil atelier photo du monde parvenu jusqu’à nous" (cliché Pierre-Yves Mahé source en ligne le site officiel de la Maison de Nicéphore Niépce https://photo-museum.org/fr/ )

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

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En somme, la photographie n’était pas seulement une doctrine ancienne ou une tendance actuelle mais aussi une façon de vivre l'espace architectural. Le photographe s'approprie l'espace par ses sens. Sombre ou lumineux, large ou étroit, les espaces dédiés au huitième art se différent selon la nature de ses activités. Pour ce faire, on choisit d'analyser un projet architectural contemporain consacré à cet art afin de connaitre comment s'organisent ces espaces actuellement. Le projet choisi est un centre d'art appartenant à l'université de Lesley à Cambridge, c'est le centre d'art Lunder8. Ce projet est une reconversion d’une église inscrite au registre national des lieux historiques. L'extérieur de l'église a été restauré pour retrouver son aspect d'origine. L’intérieur a été réaménagé et reconverti pour accueillir la bibliothèque d’art et les studios de design de l'école. Ainsi que la nouvelle architecture se fonde sur la volumétrie, la taille et les détails de l'église. Elle respecte l'architecture emblématique de l'église et reflète l'héritage industriel de la ville. Le programme reflète ce lien et rayonne autour de cet «Arts Commons». Il crée des opportunités de connexion interdisciplinaire entre les moyens artistiques, combinant des studios d'art tels que la peinture, le dessin, la céramique, le graphisme, l’illustration, la gravure et la sculpture avec les nouveaux médias, l'animation, arts numériques et photographie. Les architectes consacrent le sous-sol pour les nouveaux médias dont la photographie, où il est question de moins de lumière et plus de précision. Cette surface comporte plusieurs espaces qui s'organisent dans un enchaînement d'apprentissage de huitième art. On arrive à déduire trois phases d'apprentissage (étudier, pratiquer et exposer). Le processus d'apprentissage ne se limite pas dans ce département mais s'étale sur les espaces d'art commun qui structurent toute la logique de conception.

Figure n°106: Les espaces dédiés au huitième art dans l’enchaînement d'apprentissage (schéma personnel) 8 Toute les informations collecter sur ce projet sont consultés enligne sur le site https://www. archdaily.com/ ainsi que sa description est fournie des architectes

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Juxtaposition Nouveau bâtiment

Bâtiment ancien Dialogue Lien Interaction Espace commun

Une œuvre combinée juxtaposant des bâtiments des XIXe et XXIe siècles pour former un lien contemporain entre les arts.

Dualité

"Art commun"

Le centre d'art Lunder est un espace interdisciplinaire de rencontre de plusieurs arts. La dualité entre ancien nouveau et leur juxtaposition se manifeste aussi par la programmation des studios et leur répartition sur l'espace architectural. Dans l'esprit de passé et présent, ancien et nouveau, les espaces sont divisés en deux parties entre activités d'art classique et activités des nouveaux arts

Créer des opportunités de connexion interdisciplinaire entre les moyens artistiques

Studio de photographie Cet espace est dédié à la photographie comme discipline éducatif et artistique qui se compose des laboratoires et des studios de photographie ainsi que des espaces d'exposition.

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Interaction

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

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La photographie: partie de la mémoire collective

Les atelier éducatifs

Les visites sur site

L'apprentissage de la photographie exige un espace accueillant. Malheureusement, n'est pas le cas pour tout le monde. Des fois faute de moyens , d'autres fois par ignorance de sa valeur , le nombre des projets dédiés au huitième art est réduit. Malgré ses limites , il constitue toujours des solutions dans le monde et contribue à la manifestation de mémoire collective. Grâce aux relations qu'on a construites pendant cette recherche , je cite un exemple récent en Libye. Il s'agit d'une organisation locale nommée "Tira"9 qui s'intéresse au développement dans les domaines de la recherche et des études spécialisées de l'héritage berbère en Libye . Cette organisation s'occupe de la diffusion et de la sensibilisation la de communauté à la culture des droits de l'homme tout en mettant en valeur le patrimoine linguistique et culturel berbère . Dans ce contexte, pendant le mois d'août 2019, cet établissement a organisé un événement particulier intitulé "Conservation du patrimoine historique par la photographie". Le projet vise à sensibiliser et à diffuser les valeurs de protection et de préserver l'identité historique humaine dans la région montagneuse libyenne, à travers les créations d'enfants âgés entre 12 et 16 ans et leur représentation de ces monuments et sites historiques. L’événement se déroule pendant plusieurs journées dans des villages différents. Les activités s’étendent sur trois étapes:

Un atelier pour développer les compétences photographiques à l'aide de téléphones portables

Des sorties sur terrain pour visiter les monuments et les sites historiques locaux afin de faire le shooting

Un concours pour photographier les monuments historiques et la préparation d'une exposition de photos gagnantes

Figure n°107: Le déroulement des activité du projet (schéma personnel, interprété par l'auteur)

9 "Tira" ou " TIRA Research & Studies" est une organisation enregistrée sous le numéro (2044) au ministère de la culture-Tripolitaine. Toutes les informations et les figures sont fournis par le directeur de cette organisation Mr Madghis Buzakhar qu'on les trouve aussi sur les sites officielles https://www. facebook.com/tira.org/ ; www.tira.ngo ( photos cliché Madghis Buzakhar)

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Figure n°108: Témoignage de deux premiers étapes du projet (cliché Madghis Buzakhar 2019) Mémoire d'architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

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Les organisateurs ont fait de leur mieux pour que ce projet se déroule dans les meilleures conditions. Mais, on ne peut pas nier les obstacles rencontrées à cause du manque des ressources et aussi l’absence des espaces dédiés aux activités culturelles vue les conditions de sécurité en Libye. La première étape de l’événement s'est déroulée dans les établissements étatiques comme le centre des femmes et des organisations de la société civile, dans le village de At-Maan et dans des écoles primaires pour les autres villages plus loin. Malheureusement, les organisateurs ont décidé de rapporter la troisième phase à cause de la guerre à l’intérieur de territoire. La réussite de cet événement reste relative. En effet, l'espace et son aménagement restent clairement important dans le déroulement des activités d’apprentissage . Le manque de ces espaces devient négligeable grâce à l'effort de la communauté locale à conserver, respecter et transmettre sa mémoire collective dont le patrimoine bâti.

2-2- Création d’une nouvelle mémoire : De nos jours, l’image domine notre quotidien, la mémoire et l’histoire deviennent accessibles à tout le monde. L’archive ne concerne pas seulement les professionnels mais aussi chaque personne passionnée qui souhaite apprendre cet art. La société d’aujourd’hui ne fonctionne plus sans les médias et la photographie plus spécifiquement. On choisit alors la photographie ou le huitième art comme une nouvelle affectation de l’espace. On se réfère à la charte de Venise une autre fois qui encourage à habiter les monuments historiques de façon que la fonction soit « utile à la société »1, cette affectation favorise la conservation et la durabilité de l’édifice mais est limite par « l’aménagement exigés par l'évolution des usages et des coutumes »2. Le progrès scientifique et les techniques modernes3 sont acceptés dans l’intervention de la conservation et la consolidation d’un monument. Harmonieux, tout rajout ou remplacement4 est autorisé avec une distinction aux parties originales. Ainsi, cette charte tolère les adjonctions qui «respectent toutes les parties intéressantes de l'édifice, son cadre traditionnel, l'équilibre de sa composition et ses relations avec le milieu environnant »5 .

une adjonction ou une extension Figure n°109: Les formes d’intervention pour conservation des monument historique (schéma personnel, une réinterprétation de la charte de Venise (1964) 1 CHARTE DE VENISE (1964), article 5. 2 Ibid. 3 Ibid. Article 10. 4 Ibid. Article 12. 5 Ibid. Article 13.

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Ainsi, l’intérieur des espaces réduits de la synagogue ne peut pas contenir le programme fonctionnel souhaité d’où le besoin d’extension du projet. La proximité de la maison troglodytique du rabbin favorise le choix d’extension. L’état actuel de la maison n’exige pas sa restauration. On effectue un essai de restitution du plan originel de cette ruine afin de l’exploiter dans la nouvelle conception de cet espace. On ne souhaite pas reconstruire la maison par la restitution de son état originel mais on essaye à travers cette hypothèse de comprendre la logique constructive, les paramètres environnementaux et sa relation avec la synagogue Figure n°111: Vue vers l'est : Les vestiges de la maison troglodytique (cliché auteur)

Vue vers l'ouest

Vue vers l'est Figure n°112: Vue globale: situation de la maison troglodytique (cliché auteur)

Figure n°110: Essai de restitution du plan de la maison troglodytique du rabbin : Ech 1/500 (schéma personnel)

Figure n°113: Situation de la maison troglodytique par rapport à la synagogue (cliché auteur)

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

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Le Temple Bouddhiste Projet: Le Temple Bouddhiste Architectes: Archstudio (Han Wenqiang, Jiang Zhao et Li Xiaoming)

Emplacement: Tangshan, Hebei, China Statut: construit Année: 2015 - 2017 Surface: 500m² (Terrain) 169m² (Construit) Catégorie: Lieu de culte

Réalisé par Han Wen-Qiang et Archstudio1, le nouveau temple bouddhiste découpe le terrain sur les rives du fleuve à Tangshan dans le nord de la Chine. Cette œuvre architecturale se distingue par le symbolisme. Émotionnels et sensibles, les architectes conçoivent le temple souterrain en veillant à éviter tout dommage aux vies préexistantes, ce qui a généré des parcours non linéaires.

La reconversion est une méthode d’intervention qui se distingue par l'association de la restauration du bâtiment protégé, l'adaptation de nouveau usage et la possibilité de création architecturale en extension. Pour ce faire, on choisit d’analyser un projet troglodytique contemporain qui fera la réactualisation de l’architecture locale aux nouvelles exigences modernes. On choisit le projet du Temple Bouddhiste sur les rives du fleuve à Tangshan en Chine.

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Implantation

1 Toute les informations sont fourni par les architectes, les photos sont des clichés des photographes Wang Ning, Jin Weiqi (source: enligne https:// www.floornature.eu/ ) Mémoire d'architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Discrètement, la nature pénétré à l’intérieur grâce aux cours ouvertes et des puits tout en favorisant la méditation.

Lumière

Cadrage de vue Programme Le couloir extérieur tout d’abord, creusé dans le sol et servant d’entrée : long et étroit parcours dont les hauts murs en béton découpent avec précision le terrain tout en cachant l’extérieur de manière à favoriser la concentration des personnes qui l’empruntent. Son espace central accueillant une salle pour le thé d’où partent quatre autres espaces

Symbolique

1- Entrée 2- Demeure de médiation 3- Coin du thé 4- Sanitaire 5- Chambre 6- Cour 7- Rivière 8- chemin

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Fluidité

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L'empreint de symboles commence par ses formes. Les formes s’articulent autour d’éléments chers au bouddhisme comme la terre, les arbres, la lumière et l’eau: aucun arbre ne devait être touché. Il s'agit d'un lieu de contemplation.

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Chapitre 2 : Temple de huitième art : une mémoire revisitée :

Conclusion On essaye dans ce chapitre de développer une logique d'intervention sur la synagogue de Matmata. La valeur de cet édifice et son unicité cause une difficulté à trouver une référence englobant toute la réflexion. On choisit de consulter plusieurs références afin de repérer la meilleure la façon d'agir face à un patrimoine architectural, un site et une pensée. Patrimoine architectural

Architecte

Site

Ce chapitre est divisé en deux parties qui décrivent notre logique d'intervention sur un édifice patrimonial désaffecté. On part de la renaissance de la synagogue par la réactualisation et la reconversion. Ensuit, une réflexion fonctionnelle se développe par rapport à la transmission de cette mémoire. L'actualité mondiale et le progrès technologique exigent l'actualisation du patrimoine à une occupation qui harmonise une architecture avec son usager, d'où l'idée de concevoir un espace dédié à la photographie comme l'art de mémoire de l’ère moderne. Enfin, on choisit de penser une adjonction ou une extension et son adaptation à la nature de site.

Introduction À la suite des deux parties précédentes, on arrive finalement à la reconnaissance de la valeur de la synagogue comme témoin qui risque de tomber en ruine. Après les diagnostics, l’intervention est requise afin de restaurer cette architecture oubliée ainsi que respirer sa mémoire. Notre intervention est basée sur une réflexion et la méthodologie du mémoire . Dans ce chapitre, on va partir d'un rappel de cette recherche afin de faire un recul finale. Ce rappel serve à se positionner autant qu'un architecte par rapport à sa recherche afin de concrétiser nos pensées et nos intentions architecturale.

"Avant d’être des attestations ou des illustrations, ces photographies sont d’abord des gardiennes de mémoire."1 Actuellement, c’est l’ère numérique, l’image et la représentation graphique sont plus adéquates pour la mission de stockage des données personnelles ou de groupes. La photographie d’actualité devient rapidement le « témoin fidèle » de tous les faits importants. C’est l’ère de prospérité du huitième art. La photographie d'aujourd'hui ne présente pas seulement un art esthétique ou figuratif mais aussi l'art de reproduire la réalité et de mémoriser les moments, c'est l'art de la mémoire. 1 La mémoire et la photographie, Ibid.

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

1- Positionnements et stratégie opérationnelle (Rappel) :

* Le Climat Bonne Orientation: Grande quantité des rayons solaires: réchauffage des espaces

Mauvaise orientation: Vents dominants

1-1- Par rapport à l'emplacement: * Géomorphologie

MATMATA Dunes des lœss

Techniques d'excavation

Mauvaise orientation: Vitesse de vents importante Technique traditionnelle qui montre le génie humain et son adaptation à la nature environnante locale. Un héritage du savoir-faire à transmettre d'une génération à autre qui risque de disparaitre.

Bonne Orientation: Grande quantité d'éclairage et moins des rayons solaire

Troglodytisme vertical Création des contre vents (Vent dominant)

On cherche à créer une mémoire adaptée avec son environnement et réconciliée à la mémoire collective locale. On choisit de continuer² la technique d'excavation afin de conserver l'architecture authentique "troglodytisme vertical" de Matmata mais avec l'adaptation aux techniques actuelles de construction

126 126

École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

-Espaces qui ont besoin de réchauffement ou/et de grande luminosité -Création des brises solaires pour assurer le confort thermique Création des contre (mauvaise orientation)

vents

-Espaces qui ont besoin d'obscurité -Espace où on peut créer des grandes ouvertures sans réchauffage de l’intérieur

Mémoire d'architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

1-2- Par rapport à la charge mémorielle:

Histoire riche

Dans l'oubli

* Le Site de Matmata

Besoin de transmission

MATMATA

Synagogue : témoin de cette histoire Faire reconnaitre

Charge mémorielle: Histoire mouvementée

Espace d'exposition permanente La mémoire respire dans le lieu où elle demeure

La synagogue fait partie du paysage et du site de Matmata. La reconnaissance de cet édifice ne peut se réaliser que par la réinscription à la mémoire collective locale. L'intervention doit respecter cette charge et invite à connaitre cette histoire: Renaissance par la transmission et l'innovation.

Salle troglodytique: Cette salle est le premier espace construit de cette synagogue. Cet espace témoigne la richesse historique vécue.

Espace dans l'ombre ==> Expression de l'oubli

* Le Peuple Judéo-berbère disparu

Espace adéquat pour l'exposition permanente de la mémoire de lieu

Judéo-berbère Parcours de l'ombre: un parcours de mémoire Une histoire riche

Un peuple disparu

Synagogue est un témoin : des traces historiques architecturales

Absence de communauté juive

Esprit de lieu de culte: Espace spirituel

Transformation d'un lieu de culte à un lieu de mémoire

L'intervention qui respecte à la fois l'esprit de lieu et la mémoire de lieu: - La mémoire se transmet par la réactivation de l’espace - L'esprit et la charge spirituelle se respectent par l'activité qui va réactiver l'espace

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École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

Mémoire d'architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

1-3- Par rapport à l'architecture: En Quoi?

Temple de Huitième Art

Synagogue

Essence de lieu

Témoin architectural dans l'oubli

Etat actuel

Référence 2:

Référence 3:

Lunder Art center:

Evénement associatif:

Département de photographie

Conservation du patrimoine historique par la photographie

Apprentissage académique

Mise en valeur Mémoire de lieu

Éduquer la société

Restauration

Besoin de transmission Solutions techniques

des diagnostics

Fermé

Comment?

Reconversion

Réflexion fonctionnelle

Ouvert

-Interaction extérieur/intérieur -Éducation participative Découverte

Référence 1:

Sakji (O.), (2013), " Patrimoine et reconversion", Unité de recherche : Patrimoine Architectural et Environnemental : connaissance, compréhension,conservation Étude de cas: la reconversion de " Makhzen Dar Ben Abdallah" en un théâtre d'art 1- Le respect de l’environnement immédiat 10- L'innovation et créativité 9- La durabilité et évolutivité 8- La compatibilité de la fonction avec la forme existante de la construction 7- La distinction entre le nouveau et l’ancien

2- Le respect de la substance ancienne

Critères d'évaluation

Ambition Aventure

3- Le respect de la logique constructive

Centre culturel dédié à la photographie

4- Le respect du décor existant 5- La mise en valeur de la construction

Processus d'apprentissage:

6- La réversibilité de l’intervention

- On considère les critères d'évaluation proposés par cette recherche comme les lignes directives de l'intervention sur la synagogue et la conception de l'extension.

130

Tentation

École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

Apprendre

Mémoire d'architecture

Pratiquer

Exposer 131


Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Où? Dialogue Lien Interaction Espace commun

Maison troglodytique Ruine Nouveau bâtiment

Synagogue Ancien bâtiment (Reconversion)

Extension

10-L'innovation

Actualisation

et créativité (apport contemporain)

Ruine

Référence 4: Temple Bouddhiste de Tangshan

Réflexion formelle

Figure n°114: Innovation et créativité: logique d'intervention sur la ruine de maison du rabbin (schéma personnel)

Fluidité Implantation

Liaiso

n Ancien bâtiment

Pénétration

Cadrage de vue Figure n°115: Concepts clé et logique d'intervention sur la ruine de maison du rabbin (schéma personnel)

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École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

Mémoire d'architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

2- Émergence du projet: 2-1- Le programme fonctionnel: Notre intervention sera une proposition de reconversion de cet édifice en une nouvelle occupation. La reconversion de la synagogue est soumise aux codes du patrimoine et aux critères d'évaluation (reference1). On a cherché une fonction qui participe à la transmission de la mémoire de lieu et qui s'adapte à l'actualité sociale. Par conséquent, on décide de dédier ce projet au huitième art, la photographie, l'art de mémoire. Il s'agit alors d'un programme qui serve à la fois à transmettre et continuer la mémoire de lieu. Le programme injecté est établi à l’échelle de l'existant et à l’échelle du site. Il s'agit d'établir une continuité d'esprit de lieu en développant un nouveau vocabulaire. L'intervention se prolonge entre la synagogue et la maison avoisinante. Ce programme suit le processus d'apprentissage (référence 2) qui vise la société locale (référence 3) afin d’inscrire dans la ce projet à la mémoire collective. Ces espaces vont accueillir un centre culturel dédié à la photographie: Unité 1 "Apprendre": Cette partie du projet représente la première étape d'apprentissage. Il s'agit de point de départ du parcours. On propose alors un premier moment d'accueil ainsi un espace de lecture interactif et des laboratoires de photographie. Unité 2 "Appliquer": Ce centre met à la disposition des apprenants des studios de photographie et des observatoires1 photographique basé sur des cadrages de vue des paysages. Unité 3 "Exposer": Il s'agit des espaces d'exposition permanente de la mémoire de ce lieu (hommage à sa valeur historique) et des espaces d'exposition temporaire des travaux réalisés au sein de centre pour motiver les apprenants. Espace de société (polyvalent): La société joue un rôle principale au fonctionnement des centres culturels. On propose un espace qui va accueillir les événements du centre. Il s'agit d'un espace de rassemblement accessible de l’extérieur. 1 "Un observatoire photographique des paysages permet de mieux appréhender un territoire, dans ses évolutions passées et à venir... C’est également un outil de médiation pour la prise de conscience des habitants, par rapport à l’évolution de leur environnement." (Source: Cyril Gautreau(2018), " Observatoire photographique des paysages", Agence, UX, consulter enligne https://www.naturalsolutions.eu/blog/observatoire-photographique-des-paysages )

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École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

Figure n°116: Organigramme fonctionnel (source: schéma personnel) Mémoire d'architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

2-2- Les intentions :

Dans le but de respecter logique d'implantation des maisons troglodytiques à Matmata et l'authenticité architecturale de site, on décide d'établir une conception en continuité avec cette logique: l'ensemble des espaces est organisés autour de patio central. De ce fait, on opte à l'actualisation de la technique constructive traditionnelle locale pour transmettre ce savoir-faire. Par conséquent, on décide d'utiliser des matériaux modernes qui s'adaptent aux caractéristiques du sol et qui ne gênent pas à l’environnement immédiat (critére1).

Afin de ne pas toucher au patrimoine et de respecter le décor existant (critère 3), on choisit d'établir un espace de transmission entre la synagogue et son extension à partir des annexes. Le minimum d'intervention plus de préservation, les travaux à l'intérieur seront des restaurations ainsi des aménagements démontables dans l’intention de réussir "La réversibilité de l’intervention" (critère 6).

Grâce à l'analyse formelle du plan de la synagogue, on arrive à trouver une logique constructive de cet édifice basé sur une trame régulière. Selon les critères d'évaluation de la reconversion architecturale ("2- Le respect de la substance ancienne" et "3-Le respect de la logique constructive"), on décide alors de continuer dans le même logique dans l'aménagement et la conception de reste du projet. 136

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Mémoire d'architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Centralité Figure n°117: Coupe schématique sur le patio: jeu de niveaux (schéma personnel)

Cadrage de vue

Pénétration Ascension

Figure n°118: Coupe schématique sur un espace troglodytique: jeu de niveaux (schéma personnel)

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Mémoire d'architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Les esquisses du projet seront une prolongation de la logique constructive de la synagogue tout en respectant l'authenticité et le savoir-faire de l'architecture à Matmata. On tire la réflexion formelle du projet a partir de l'abstraction des plans des maisons troglodytique à Matmata1.

Esquisse 1 Dans les premiers esquisse on cherche à projeter l'ensemble des réflexions et les articulets afin de produire une architecture actualisée de Matmata.

Unité 2

Unité 1

Unité 3

Espace polyvalent

Figure n°120: Esquisse du projet 1 (schéma personnel)

Cadrage de vue

Pénétration

Les Relevés de l'existant

Les Abstractions

Jeux de niveaux

Figure n°119: Abstraction de plan des chambres d'une maison à Matmata (source des relevé

Atoui (L.) (2019) 1 Les plans sont des relevés de Mme. Lamia Atoui tirés de son mémoire d'architecture ( Atoui (L.) (2019) )

Figure n°121: Coupe d'esquisse du projet 1(schéma personnel)

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Mémoire d'architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Esquisse 2

Actualisation

Authenticité

Figure n°122: Plan esquisse du projet 2(schéma personnel)

Incrustation Troglodytisme Figure n°124: Premier croquis d'intention: image du projet de l’intérieur de patio (schéma personnel)

Figure n°123: Plan Masse esquisse du projet 2 (schéma personnel)

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Mémoire d'architecture

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Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire

Conclusion générale

A travers ce mémoire on a essayé de manifester la dimension invisible d'un édifice fragilisé par sa propre histoire. Les souvenirs divergents entre la fascination et la tristesse met en question l’état actuel de l’édifice étant un patrimoine architectural qui risque de disparaitre. On cherche alors à établir un dialogue architectural entre ce bâtiment et son contexte. Le premier défi était de montrer la valeur historique d’un édifice perdu et oublié. Face aux problèmes idéologiques, cette synagogue était rejeté par les matmatis. Étant un témoin unique de l'ancienne présence d'une communauté et de l'architecture à la fois troglodytique et juive, sa mise en valeur légitime notre intervention. Malgré l’état dégradé de la synagogue, elle persiste encore contre l’inconstance spatiotemporelle. L’oubli, qu'il soit conscient ou inconscient, a fait entrer cette architecture dans un état de repos en attendant le moment de renaissance. Notre réflexion sur ce lieu s’inspire à la fois de l’authenticité d’une architecture en ruine et de sa fragilité perceptible. Il s’agit donc d'un moment de renaissance et de réinsertion dans le fil du temps. On essaye par ce projet architectural de transmettre la mémoire du lieu par sa réécriture. On opte à revisiter cette mémoire à travers la reconversion architecturale de la synagogue semi-troglodytique de Matmata en un centre culturel dédié à la photographie. L'intervention qu'on propose ne se limite pas uniquement à une réflexion autour des valeurs et potentialités de cette synagogue mais aussi elle s'intéresse à tout patrimoine architectural délaissé et méconnu en Tunisie.

144

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Mémoire d'architecture

145


Les Annexes

Les Annexes

2-Enquête:

Les Annexes

Etant donné l’insuffisance des archives parlant de la synagogue de Matmata, on opte pour une enquête sur terrain de manière à rassembler les informations nécessaires pour la compréhension de cet édifice. Le choix d’enquête à réaliser exige sa définition. On désigne par une enquête « Toute recherche, menée dans des secteurs variés en recueillant les réponses et témoignages des personnes ou en rassemblant des documents, donnant lieu à un rapport écrit. » C'est en fait une analyse technique de « recueil d'information opéré sur le terrain » dans l'intention de « connaître l'opinion, le comportement de cette population ou de cette partie de population à l'égard d'un problème particulier qui est l'objet de l'enquête ». L’enquête est basée sur deux méthodes principales complémentaires qui peuvent se distinguer ou s’associer dans l’étude des sondages réalisés sur terrain. C’est deux méthodes sont l’étude quantitative et l’étude qualitative.

1-Le relevé sur site :

« Une étude quantitative sert à collecter des données brutes et concrètes, principalement sous forme numérique. Structurées et statistiques, ces données vous aident à tirer les conclusions générales de votre étude. »

« Une étude qualitative s'appuie sur des impressions, opinions et avis pour recueillir des informations destinées à décrire un sujet plutôt qu'à le mesurer. Un sondage qualitatif est moins structuré : il a pour but d'approfondir un sujet pour obtenir des informations sur les motivations, les raisonnements et les attitudes des personnes sondées. Vous gagnez en profondeur, mais les résultats sont plus difficiles à analyser. »

L’enquête quantitative est plus tôt utilisée pour des études concrètes qui se basent sur des statistiques bien étudiées. Autrement, l’étude qualitative est moins structurée, elle sert à se plonger dans le témoin des personnes autour de l’objet de l’enquête. On choisit de travailler l’enquête par la méthode qualitative vu que l’échantillon n’est pas représenté statistiquement. La technique de l’entretien se détermine en fonction des objectifs poursuivis et du type de recherche dans lequel elle s’inscrit. Afin du décider le mode d’entretien à appliquer, on commence par définir les diffèrent modes. Entretien directif Discours non continu qui suit l’ordre des questions posées

Questions préparées à l’avance et posées dans l’ordre bien précis

146

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Mémoire d'architecture

Entretien semidirectif Discours par thèmes dont l’ordre peut être plus ou moins bien déterminé selon la réactivité de l’interviewé Quelques points de repère (passages obligés) pour l’interviewer

Entretien non directif Discours continu

Aucune question préparé à l’avance

147


Les Annexes

Les Annexes

Information partielle et réduite

Information recueillie rapidement ou très rapidement Inférence assez faible

Information de bonne qualité, orientée vers le but poursuivi Information recueillie dans un laps de temps raisonnable Inférence modérée

Information de très bonne qualité, mais pas nécessairement pertinente. Durée de recueil d’informations non prévisible Inférence exclusivement fonction du mode de recueil.

Geneviève Imbert (2010), " L'entretien semi-directif : à la frontière de la santé publique et de l'anthropologie" Recherche en soins infirmiers 2010/3 (N° 102), pages 23 à 34, en ligne https://www.cairn.info/revue-recherche-ensoins-infirmiers-2010-3-page-23.htm Dans notre étude sur la synagogue de Matmata, l’entretien non directif est le plus adéquat comme technique d’enquête. Vu le manque d’information et des repères historique, l’entretien libre est employé pour rassembler le maximum des informations qui peut être non appropriés mais qui reflètent la réalité de cet édifice. Dans ce sens, on adopte l’étude qualitative et l’entretien non directive dans la réalisation de l’enquête. On parle toujours avec les interviewés en utilisant des questions ouvertes et non préparé qu’on peut les identifier par un seul questionnement « parlez-nous de ce lieu ? ». On a réalisé 15 entretiens dont 5 refus de répondre à nos questions.

*** A-Entretien: Jour 1 (12 janvier 2019)

Entretien n°3

Date: 12-01-2019

Emplacement: Devant la synagogue

- J'ai trouvé cette maison et je n’arrive pas à comprendre de quoi elle s’agit, est-ce que vous pouvez m’aider ? - On appelle une synagogue « dar slat », c’est une maison de dieu « bit rabbi » mais pour les juifs, ce que je connais qu’ils ont habité à Matmata jusqu’aux années 60 et puis ils sont partis, cependant, je me souviens qu’ils ont fréquenté pendant mon enfance pour nettoyer l’espace, mais malheureusement, cet édifice est ruiné et abandonné depuis longtemps. Entretien n°4

Date: 12-01-2019

Emplacement: Devant la synagogue

Interview avec M. Lachheb Abderrahmen, le directeur de l’association de sauvegarde de la médina de Matmata: Cette interview comporte plusieurs parties dont une partie sur la synagogue de matmata où on lui demande de nous parler de ce lieu: -Alors, Monsieur Abderrahmane, comme vous connaissez, on est en train d’étudier la synagogue de Matmata. Donc, pouvez-vous nous parler de cet édifice ? -Il s’agit d’une synagogue « Dar slat » tous d’abord de culte juif. Cet édifice est bâti à la fin de XIXe siècle. Au début de 21e siècle, il était brûle et offensé. Ainsi, il comporte un espace enterré plus ancien que la synagogue actuelle creusé par les premiers juifs de Matmata. Les juifs de matmata ont quitté le village dans les années 60 pour laisser ce bâtiment abandonné. Nous, membre de l’association de sauvegarde de Matmata, avons essayé de restaurer la synagogue puisqu’elle fait partie de patrimoine local. On a proposé de reconvertir cet édifice au siège de l’association mais les habitants locaux s’opposaient à ce projet pour des problèmes idéologiques. On a lâché se projet et notre intervention était superficielle.

7 Entretiens dont 3 refus de répondre à notre question.

*** Jour 2 (25 mars 2019)

Entretien n°1

Date: 12-01-2019

Emplacement: Devant la synagogue

- J'ai trouvé cet édifice et je veux bien savoir de quoi il s’agit. - Chère fille, j’ai connu cette ruine depuis mon enfance, Ils disent que c’est un bâtiment colonial, ça ce que je sais. Entretien n°2

Date: 12-01-2019

Emplacement: Devant la synagogue

- J'ai trouvé ce bâtiment que je n’arrive pas à l’identifier, pouvez-vous m’aider ? - Ma Petite fille, Ce que je savais que c’est synagogue « Dar slat » des juifs loin de toi « h’achek ». Ils disent que les juifs faisaient leur prière à l’intérieur, j’étais trop jeune je ne me suis souvenu plus, mais depuis presque les années 60, ils sont partis de Matmata, ça ce que je sais et chère fille, lâche ce travail ! tu ne sais pas ce que tu vas trouver à l’intérieur.

148

École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

3 Entretiens. Entretien n°5

Date: 25-03-2019

Emplacement: Au marché

-Pas loin d'hôtel Les Berbères, on le trouve cet édifice ancien en pierre avezvous des informations sures lui -Oui je le connais, cet édifice est une synagogue « dar slat » des juifs, comme on a la mosquée chez nous. On a connu les juifs au marché « soug » ils ont des boutiques ici Quand j’étais très jeune, les juifs ont immigré et personne n’a rester. Ça ce que je connais. Entretien n°6

Date: 25-03-2019

Emplacement: Au marché

- J’ai trouvé un édifice en pierre ils m’ont dit que c’est une synagogue « dar slat ». Est-ce que vous avez des autres informations. Mémoire d'architecture

149


Les Annexes

Les Annexes

-Oui, il s’agit d’une synagogue « dar slat » des juifs loin de toi « hachek ». Ces juifs étaient des commerçants au marché « soug ». Nos ancêtres disent qu’ils ont habité à Matmata et ont immigré au année 60 vers Israël, Lâche ce bâtiment, ce n’est rien à savoir. Entretien n°7

Date: 25-03-2019

Date: 13-06-2019

Emplacement: Au environ de la synagogue

- J’ai trouvé un bâtiment en pierre vers cette direction près de l’hôtel les Berbères. Parlez-nous de ce lieu ? - Je pense que vous êtes en train de parler de la synagogue « dar slat ». Ce que je connais que c’est un lieu de prière juif et que les juifs quittaient Matmata dès les années 60. Entretien n°9

Date: 13-06-2019x Emplacement: Au environ de la synagogue

-Qu’est-ce que vous savez sur ce bâtiment (on a réalisé l’entretien d’un emplacement exposé à l’édifice) - Il s’agit d’un lieu de prière pour les juifs. Ce que je sais que les juifs ont quitté la région dans les années 60. Entretien n°10

Date: 13-06-2019

Emplacement: Au environ de la synagogue

-Pouvez-vous nous parler cet édifice en pierre -C’est une synagogue « dar slat ». En fait les juifs habitaient à matmata depuis longtemps mais ils ont quitté le pays dès les année 60. Ils étaient des juifs commerçants au marché. Je pense que cet édifice est aussi colonial.

150

Code

Signifiant

Signifié

01-01

Cette ruine

J’ai … mon enfance

(-)

Vécu

01-02

Un bâtiment

Ils … coloniale

( )

02-01

02-03

Matmata

02-04

L’intérieur

03-01

03-03

Synagogue «dar Slat» Maison de dieu « bit rabbi » Ils (les juifs)

Je … loin de toi «h’achek». Ils … suis souvenu plus Années 60, ils sont partis Tu ne sais pas ... trouver à l’intérieur On…

(-)

02-02

Synagogue «Dar Slat» L'intérieur

Histoire collective Culture

03-04

Ils

C’est … mais pour les juifs Années 60 et puis ils sont partis Nettoyer l’espace

03-05

Cet édifice

Malheureusement … ruiné et abandonné

(+)

04-01

Il s’agit… culte juif

(

04-02

Synagogue «dar Slat» Cet édifice

XIXe siècle

(+)

04-03

Il (cet édifice)

Brûle et offensé

(-)

04-04

Espace enterré

Plus ancien… creusé

(+)

04-05

Les juifs de Matmata

Ont quitté… années 60

(-)

Histoire collective

04-06

La synagogue

Nous… restaurer… patrimoine local

(+)

Vécu

Espace propre

04-07

Les habitants

(-)

Vécu

05-01

Cet édifice

On … reconvertir… s’opposaient… idéologique Synagogue «dar slat» des juif

( )

Vécu

Espace de culte indésirable Espace de culte juif 151

Emplacement: Au marché

- J'ai trouvé un édifice en pierre près d’Hôtel les berbères connaissez-vous cet édifice ? -Aaa vous parlez de « Slat » des juifs, il s’agit d’une synagogue « kniss » des juifs qui ont habité Matmata. Ils disent que ces juifs ont parti dans les années 60, aussi que la synagogue est un édifice colonial, je ne sais pas trop sur ce bâtiment j’habite loin de ce quartier. *** Jour 3 (13 juin 2019) 5 Entretiens dont 2 refus de répondre à notre question. Entretien n°8

B- Interprétation des données qualitatives par la méthode de l’Analyse du contenu:

École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

03-02

Mémoire d'architecture

Connotation Élément (- ou + ou générateurs Neutre)

( )

(-)

Histoire collective Histoire collective Émotion

( )

Vécu

(-)

Vécu

( )

Histoire collective Histoire collective Émotion

( )

(+)

)

Vécu Histoire collective Histoire collective Vécu

Image de l’espace Espace inconnu Espace colonial Espace de culte Espace inconnu Espace abandonné Espace dangereux Espace de culte Espace de culte juif Espace abandonné Espace propre Espace abandonné Espace de culte juif Espace patrimoniale Espace agressé Espace troglodytique Espace abandonné


Bibliographie Bibliographie

Les Annexes

05-02

Les juifs

Connu… au marché

( )

Histoire collective

05-03

Ils (les juifs)

( )

Histoire collective

05-04

Les juifs

(-)

06-01

Synagogue «dar slat»

.. Des boutiques ici Quand j’étais très jeune … Immigré … n’a rester Il s’agit… des juifs loin de toi «hachek»

Histoire collective Culture

(-)

06-02

Ces juifs

Commerçants au marché

( )

Histoire collective

06-03

Ils (les juifs)

( )

Histoire collective

06-04

Ce bâtiment

Nos ancêtres … habité à Matmata … immigré Lâche … n’est rien à savoir

(-)

Vécu

07-01

07-03

Synagogue «slat lihoud» Synagogue « kniss » Les juifs

07-04

La synagogue

07-02

08-01 08-02

La synagogue « dar slat » Les juifs

09-01

L’édifice

09-02

Les juifs

10-01 10-02

Synagogue « dar slat » Les juifs

10-03

Ils (les juifs)

10-04

Ils (les juifs)

10-05

Édifice

152

Espace de culte juif commerçant Espace de culte juif commerçant Espace abandonné Espace de culte indésirable Espace de culte juif commerçant Espace abandonné

Espace de culte indésirable Vous… des juifs ( ) Vécu Espace de culte juif Il s’agit… des juifs ( ) Histoire Espace de collective culte juif Ils disent … parti… (-) Histoire Espace 60 collective abandonné Édifice colonial ( ) Histoire Espace collective colonial Lieu de prière juif ( ) Vécu Espace de culte juif … Quittaient… 60 (-) Histoire Espace collective abandonné Lien de prière juif ( ) Vécu Espace de culte juif Ont quitté… 60 (-) Histoire Espace de collective culte juif C’est… ( ) Vécu Espace de culte juif Habitaient… (+) Histoire Espace longtemps collective patrimoniale Mais… ont quitté… (-) Histoire Espace 60 collective abandonné … Commerçants au ( ) Histoire Espace de marché (souk) collective culte juif commerçant Il … colonial ( ) Histoire Espace École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme collective colonial

Bibliographie

A. Khelifa / J. Taïeb et J.-L. Ballais (2010), Encyclopédie berbère. 30 : MAAZIZMATMATA. Paris : Peeters Atoui (L.) (2019), "réécriture d'une tradition: Habitat toglodytique à Matmata adapté à l'actualité", ENAU Tunis. Augé, M. (1998). Les formes de l'oubli. Payot & Rivages C. Bismuth-Jarrassé et D.Jarrassé. (2010). Synagogues de tunisie monuments d'une histoire et d'une identité. Paris: Esthétiques du divers CHARTE DE VENISE (1964), article1 CH. Narberg-Schulz (1997), Genius Loci : paysage, ambiance, architecture traduction Odile Seyler, Edition Mardaga, p6

,

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153


Bibliographie

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Table des figures Table des figures

Table des figures

Table des figures

Figure n°20: L'Intégration de maison dans le paysage: Une architecture authentique ( photo d'archive source: https://picclick.fr/ )

Figure n°1: L'enfance enterrée (photo d'archive; source: en ligne https://picclick.fr/ ) Figure n°2: Surface de la lune (cliché Yann Arthus-bertrand en ligne http://www. yannarthusbertrand2.org/collection/tunisia/ ) Figure n°3: Matmata: vue à vol d'oiseau (cliché Yann Arthus Bertrand, modifié par l'auteur) Figure n°4: Situation géographique de La Tunisie (source: https://gag.wikipedia.org/ wiki/Dosye:Tunisia-map.1.PNG; modifiée par l'auteur) Figure n°5: Situation géographique de Gabès (source: https://www.fotosearch.fr/ CSP465/k41549603/ ; modifiée par l'auteur) Figure n°6: Situation géographique de Matmata (source: http://www.tunisieindustrie. nat.tn/fr/doc.asp?docid=592 ; modifiée par l'auteur) Figure n°7: Vue panoramique de Matmata (cliché auteur) Figure n°8: Carte Bioclimatique de la Tunisie (source: H You et al., Journal of AsiaPacific Biodiversity 9, 2016, p. 56 et 62) Figure n°9: Rose des Vents de Matmata (source: enligne https://www.meteoblue. com/) Figure n°10: Situation de Chaine Dahar ( source: Carte du relief de la Tunisie https:// www.cartograf.fr/img/tunisie/carte_Tunisie_relief_altitude_profondeur.jpg ; modifiée par l'auteur) Figure n°11: Accumulation des lœss à Matmata (schéma réinterprété par l'auteur, source : Sghari A. (2012). Paris, pp. 302-317) Figure n°12: Profil du sol à matmata(source : Sghari A. (2012). Paris, pp. 302-317) Figure n°13: Typologie d'habitat troglodyte selon la nature du sol (source : Sghari A. (2012). Paris, pp. 302-317) Figure n°14: Le cœur d'une maison à Matmata (photo d'archive, cliché Paul Collart,1930, modifié par l'auteur source: en ligne https://archnet.org/ collections/1367media_contents/128783) Figure n°15: Les mouvements des Tribus Hilaliennes avant l'invasion de l'Ifriqiya (source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Mouvement_des_Tribus_Souliem_ et_hilal.png?uselang=fr ) Figure n°16: Carte explicative des mouvements importants des tribus berbère à Matmata (source: enligne https://www.larousse.fr/archives/assets/img/grandeencyclopedie/full/Tunisie_009.jpg ; réinterprété par l’auteur) Figure n°17: La genèse (cliché Tarek Labidi, modifié par l'auteur) Figure n°18: L'extérieur de l'intérieur (photo d'archive source: https://picclick.fr/CpaTunisie-Tunisia-Matmata-Cour-173204561125.html)

Figure n°21: Situation des différents éléments constitutifs de l'ancienne Matmata (source: PAU ancienne Matmata ;modifiée par l'auteur) Figure n°22: Etapes de construction de troglodytisme verticale (schéma réinterprété par l'auteur, source : Atoui (L.) (2019)) Figure n°23: Vers la lumière: L'architecture en négatif (cliché auteur) Figure n°24: Situation de El Galaâ dans les Monts de Matmata (source: DigitalGlobe ; modifiée par l'auteur) Figure n°25: Vue panoramique à partir de la Galâa sauvegarde de la médina de Matmata)

(source: l'association de

Figure n°26: La composition de site de "Galaâ" (schéma personnel d’après l'institut national du patrimoine) Figure n°27: Ruines de l Galâa (source: l'association de sauvegarde de la médina de Matmata) Figure n°28: Coup d’œil sur l’intérieur du mausolée (source: enligne http:// hamdanereligiontn.blogspot.com/) Figure n°29: Patio de " Sidi Moussa el Jemni" (Cliché auteur) Figure n°30: Zaouia "Sidi Moussa el Jemni" (photo d'archive, cliché Paul Collart,1930, modifié par l'auteur source: en ligne https://archnet.org/collections/ Figure n°31: La grande mosquée de Matmata: état actuel (cliché auteur) Figure n°32: La grande mosquée de Matmata: état originel (photo d'archive, carte postale, enligne https://www.delcampe.net/fr/ ) Figure n°33: La grande mosquée de Matmata: état originel (photo d'archive, enligne https://www.delcampe.net/fr/ ) Figure n°34: Au sommet: Lieu de Saint (cliché auteur) Figure n°35: Cadrage de vue: Paysage d'autre fois ( photo d'archive source: https://picclick.fr/ ) Figure n°36: Coup d’œil (source: https://northafricanjews-ww2.org.il/fr/2903) Figure n°37: Vue aerienne sur La Griba de Iffren (cliché: Madghis Buzakhar) Figure n°38: Vue sur Tebba: La ghriba de Iffren (cliché Madghis Buzakhar*) Figure n°39: Le pays de caverne (cliché Yann Arthus-bertrand en ligne http://www. yannarthusbertrand2.org/collection/tunisia/ ) Figure n°40: L'architecture cultuelle: une interaction entre un culte et un lieu (schéma personnel) Figure n°41: Le Génie de lieu (schéma personnel)

Figure n°19: Chronologie de l'histoire de Matmata (d’après H. Menouillard ; schéma personnel)

Figure n°42: La synagogue chorale de Saint-Pétersbourg (cliché Dennis Jarvis, source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_synagogue_chorale_de_Saint-

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Table des figures

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P%C3%A9tersbourg ) Figure n°43: La grande synagogue de Budapest (1854-1859) Budapest, Hongrie (cliché Bódis Krisztián, source: https://welovebudapest.com/en/venue/dohany-streetsynagogue-2/ ) Figure n°44: Synagogue Hourva 1856 (reconstruite en 2010) Jérusalem, Palestine (source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Synagogue_Hourva ) Figure n°45: Carte de répartition des synagogues en Tunisie et un essai de leur catégorisation (selon Colette Bismuth-Jarrassé et Dominique Jarrassé, Modifié par l'auteur) Figure n°46: Le lieu de culte entre l'invisible et le visible: sacré ou saint ? (schéma personnel) Figure n°47: La synagogue entre l'invisible et le visible: sacré ou saint ? (schéma personnel)

Figure n°65: La stratification de couche d'enduit: des inscriptions se manifestent (cliché auteur) Figure n°66: Parcours de l'ombre: abstraction (cliché auteur) Figure n°67: Exemple de Tebah à l'interieur de la synagogue des cohanim à Djerba (source: C. Bismuth-Jarrassé et D.Jarrassé. (2010),ibid. p151) Figure n°68: Plan de la salle principale : Analyse formelle Ech 1/100 (schéma personnel) Figure n°69: Vue extérieure de la salle principale (schéma personnel) Figure n°70: Vue intérieure de la salle principale (schéma personnel) Figure n°71: Illuminé (cliché auteur) Figure n°72: Coupe longitudinale sur la synagogue Ech 1/100 (schéma personnel) Figure n°73: : Plan des annexes: Analyse formelle (Ech 1/200)

Figure n°48: Le regard des ancêtres (source: en ligne https://picclick.fr/ )

Figure n°74: : Vue sur la deuxième cours de synagogue (cliché auteur)

Figure n°49: À travers l'oubli ( cliché auteur)

Figure n°75: L'âme libre (cliché auteur)

Figure n°50: L'orthogonalité (cliché auteur) Figure n°51: Les dimensions d'un espace entre l'apparent et le caché (schéma personnel) Figure n°52: Tableau d'analyse du contenu des entretiens (source: Auteur) Figure n°53: Tableau des images de l'espace conçues par les habitants (source: Auteur) Figure n°54: Arbre thématique de l’enquête (source: Auteur) Figure n°55: Tableau de calcul de fréquence de thèmes (source: Auteur) Figure n°56: Tableau de calcul de fréquence des éléments générateurs(source: Auteur)

Figure n°76: Plan actuel de la synagogue: Les differents espaces (schéma personnel Ech: 1/200) Figure n°77: Plan de la troglodytique Ech 1/50 (schéma personnel) Figure n°78: Schéma explicatif de technique constructive (schéma personnel) Figure n°79: Les niches-chandeliers (cliché auteur) Figure n°80: Décollement de l'enduit (cliché auteur) Figure n°81: Schéma de production de fumée au cours d'un incendie ( source: en ligne http://www.ilocis.org/fr/documents/ilo041.htm) Figure n°82: Dégâts des feux à l’intérieur de la salle troglodytique: coupe transversale 1/100 (source: en ligne http://www.ilocis.org/fr/documents/ilo041.htm)

Figure n°57: Charte de fréquence des éléments générateurs (source: Auteur)

Figure n°83: Une vie sous la cendre (cliché auteur)

Figure n°58: Lumière de l'espoir (cliché auteur)

Figure n°84: Tatouage berbère architectural (cliché auteur)

Figure n°59: Implantation de la synagogue par rapport au village de Matmata (schéma personnel, carte modifiée par l'auteur, source https://www.google.com/ maps/ ) Figure n°60: PLAN RDC: Phases de construction de la synagogue Ech 1/100 (schéma personnel) Figure n°61: La beauté des détails (cliché d'auteur) Figure n°62: Plan de la salle troglodytique: Analyse formelle Ech 1/100 (schéma personnel) Figure n°63: Essai de détermination de logique constructive de la première grotte (schéma personnel) Figure n°64: L’intérieur de la salle troglodytique (cliché auteur)

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Figure n°85: Plan de la salle principale Ech 1/50 (schéma personnel) Figure n°86: Axonométrie de la composition de la salle principale (schéma personnel) Figure n°87: Décollement de l'enduit sur un mur et ses causes (schéma personnel, cliché auteur) Figure n°88: Circuit de stockage des eaux pluviales (schémas personnels, cliché auteur) Figure n°89: Déchaussement localisé des pierres en façade (clichés auteur) Figure n°90: Déformation des poutres (schémas personnels, cliché auteur) Figure n°91: Les conséquences du tassement différentiel (schémas personnels, cliché auteur) Mémoire d'architecture

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Table des figures

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Ech 1/500 (schéma personnel)

Figure n°92: Plan des annexes Ech 1/50 (schéma personnel) Figure n°93: Schéma explicatifs de logique constructive des annexes (schéma personnel) Figure n°94: Décollement de l'enduit sur un mur des annexes et ses causes (cliché auteur) Figure n°95: Sur le chemin de mémoire (cliché auteur) Figure n°96: Succession des formes de l'oubli (schéma personnel) Figure n°97: Processus de l'oubli (d’après Aldo Rossi, schéma personnel)

Figure n°114: Vue vers l'est : Les vestiges de la maison troglodytique (cliché auteur) Figure n°115: Vue globale: situation de la maison troglodytique (cliché auteur) Figure n°116: Situation de la maison troglodytique par rapport à la synagogue (cliché auteur) Figure n°117: Innovation et créativité: logique d'intervention sur la ruine de maison du rabbin (schéma personnel) Figure n°118: Concepts clé et logique d'intervention sur la ruine de maison du rabbin (schéma personnel)

Figure n°98: La splendeur de l'architecture (cliché d'auteur) Figure n°99: La chaleur (cliché auteur)

Figure n°119: Organigramme fonctionnel (source: schéma personnel)

Figure n°100: Procédure de respiration de la mémoire (schéma personnel adapté à la théorie de Augé) Figure n°101: Plan de situation (source: " Patrimoine et reconversion",2013) Figure n°102: Plan RDC (source: " Patrimoine et reconversion",2013) Figure n°103: Les transformations réalisées lors du chantier de reconversion de Makhzen (source: consulter enligne le 30/12/2019 https://www.facebook.com/ Th%C3%A9%C3%A2tre-Dart-Ben-Abdallah-335897346559943/ )

Figure n°120: Coupe schématique sur le patio: jeu de niveaux (schéma personnel) Figure n°121: Coupe schématique sur un espace troglodytique: jeu de niveaux (schéma personnel) Figure n°122: Abstraction de plan des chambres d'une maison à Matmata (source des relevé Atoui (L.) (2019) Figure n°123: Esquisse du projet 1 (schéma personnel)

Figure n°104: Comparaison des évaluations des experts et des usagers: Intervention Théâtre de Ben Abdallah (source: Sakji (O.), (2013) )

Figure n°124: Coupe d'esquisse du projet 1(schéma personnel)

Figure n°105: À l'intérieur de Théâtre de Ben Abdallah (source: consulter enligne le 30/12/2019 https://www.facebook.com/Th%C3%A9%C3%A2tre-Dart-BenAbdallah-335897346559943/ )

Figure n°126: Plan Masse esquisse du projet 2 (schéma personnel)

Figure n°125: Plan esquisse du projet 2(schéma personnel)

Figure n°127: Premier croquis d'intention: image du projet de l’intérieur de patio (schéma personnel)

Figure n°106: Derrière ses rides : Mariem une femme troglodyte ( cliché Zohra Bensemra (Reuters,2018), source enligne https://www.reuters.com/ ) Figure n°107: Grenier de la Maison, demeure de studio des prises de vue de Nicéphore Niépce (source le site officiel de la Maison de Nicéphore Niépce enligne https://photo-museum.org/fr/ Figure n°108: "Le plus vieil atelier photo du monde parvenu jusqu’à nous" (cliché Pierre-Yves Mahé source en ligne le site officiel de la Maison de Nicéphore Niépce https://photo-museum.org/fr/ ) Figure n°109: Les espaces dédiés au huitième art dans l’enchaînement d'apprentissage (schéma personnel) Figure n°110: Le déroulement des activité du projet (schéma personnel, interprété par l'auteur) Figure n°111: Témoignage de deux premiers étapes du projet Buzakhar 2019)

(cliché Madghis

Figure n°112: Les formes d’intervention pour conservation des monument historique (schéma personnel, une réinterprétation de la charte de Venise (1964) Figure n°113: Essai de restitution du plan de la maison troglodytique du rabbin :

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École Nationale d'Architecture et d'Urbanisme

Mémoire d'architecture

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Table des matières Table des matières

Table des matières

Partie 2: Synagogue troglodytique: Témoin architectural oublié

Table des matières Dédicace

2

Remerciements

3

Sommaire

4

Motivation

7

Introduction générale

8

Introduction Problématique Méthodologie

8 11 12

Partie 1: La genèse d’une rencontre entre un site et un culte Introduction de la partie 1 Chapitre 1: Matmata: le cœur de Sahara Introduction 1- Emplacement stratégique: 1-1- Situation: 1-2- Climat: 1-3- Géomorphologie: 2- Histoire mouvementée: 2-1-L’invasion hilalienne et son influence sur les tribus berbères: 2-2- Genèse du village troglodytique de Matmata : 3-Architecture authentique: 3-1- Les Habitations troglodytiques : 3-2-El Galaâ : 3-3- Lieux de culte : Conclusion

Chapitre 2: Judéo-berbères: Un peuple disparu: Introduction 1-Histoire mystérieuse: à la recherche de stabilité 1-1 Nefoussa : le Calme avant la tempête : 1-2 Matmata : le pays de caverne: 2- La Synagogue: une rencontre entre un site et un culte: 2-1 Génie de lieu: 2-2 Sacralité d’espace : Conclusion

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17

17 19 19 20 20 21 22 24 26 28 31 32 34 36 39 40 40 41 41 44 46 47 50 52 53

55

Introduction de la partie 2

55

Chapitre 1: Synagogue de Matmata : La rencontre :

56 56 57 58 64 67 68 70 72 73

Introduction 1- Mémoire de lieu 1-1 Enquête: 1-2- La genèse architecturale de la synagogue : 2-Essence du lieu 2-1-La salle troglodytique: 2-2-La salle principale : 2-3-Les annexes : Conclusion

Chapitre 2: Architecture dans l'oubli : Introduction : 1-Etat actuel de la synagogue: 1-1-La salle troglodytique: 1-2-La salle principale 1-3-Les annexes 2-L'architecture: une mémoire entre l'oubli et le souvenir 2-1-Vivre la mémoire: 2-2-Le temps suspendu : 2-3-L’aventure du recommencement : Conclusion

Synthèse

Partie 3: Restaurer l'oubli, Respirer la mémoire Introduction de la partie 3 Chapitre 1: Logique d'intervention : Introduction 1- La renaissance: la réinscription à la mémoire collective: 1-1- Renaissance de la synagogue : 1-2- Mémoire collective : entre la mémoire et l’histoire : 2-La transmission : un processus créateur : 2-1- La photographie : L'art de mémoire : 2-2- Création d’une nouvelle mémoire : Conclusion Mémoire d'architecture

74 74 75 77 81 89 90 91 91 92 93 95

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97 98 98 99 100 106 108 108 117 124

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Table des matières

Chapitre 2 : Temple de huitième art : une mémoire revisitée : Introduction 1- Positionnements et stratégie opérationnelle (Rappel) : 1-1- Par rapport à l'emplacement: 1-2- Par rapport à la charge mémorielle: 1-3- Par rapport à l'architecture: 2- Émergence du projet: 2-1- Le programme fonctionnel: 2-2- Les intentions :

125 125 126 126 128 130 134 134 136

Conclusion générale

144

Les Annexes

146

Bibliographie

153

Table des figures

156

Table des matières

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