N°1

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Tendanses

Cathy GROUET Histoire de jazz En noir et blanc

Jazz attitude

Didier LOCKWOOD

DOSSIER

être ou ne pas être

jazz en 2007

Numéro 1 / Octobre 2007 • Le magazine des danses Jazz • 7 euros

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Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 EN BREF compagnies . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 TENDANSES Cathy Grouet : L’esprit jazz en question . . . . . . 8 de Christine Barbedet EN BREF conférences & spectacles . . . . . . . . 12 COURRIER DES LECTEURS . . . . . . . . . . . . . . 14 EN BREF écoles de danse & stages . . . . . . . . 16

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DOSSIER

Être ou ne pas être jazz en 2007

POSTER Plaine des sables d’Anne-Marie Porras . . . . . . 26 Photo : Richard Volante JAZZ RESO La Fédération Française de Danse . . . . . . . . . 32 HISTOIRE DE JAZZ Saga en noir et blanc . . . . . . . . . . . . . . . . 33 de Éliane Seguin

John Doe

Ex etum zzriusto odo-

PAROLES DE PASSEUR Jacques Alberca évoque Gene Robinson . . . . . 37

zzriurercip et adigna

EN COULISSES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

dolestrud tem zzril et il

WORLD JAZZ France-Italie : un binôme artistique à développer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 de Valentina Tosi

lore magnit prat at am alit nos eugiam, cortis

dolumsan ex eugait eu feugait autpat

WORLD JAZZ brèves . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 JAZZ ATTITUDE Didier Lockwood : « Un VTT, violon tout terrain… » . . . . . . . . . . 45 de Christine Barbedet A FOND LA FORME L’ostéopathie et l’enfant danseur . . . . . . . . . 48 de Céline Richonnet Équilibre, point commun entre danse et alimentation . . . . . . . . . . . . 49 de Sophie Rouxel A LIRE, VOIR ET ENTENDRE . . . . . . . . . . . . . 50

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Jazzpulsions,

Éd itorial

le magazine

des danses Jazz Wayne Barbaste, directeur de publication

« Rêver c’est informer l’avenir », écrivait le poète marseillais Gérald Neveu. Et j’ai rêvé avec cette force de conviction et à la force du poignet. N° 1 - trimestriel Octobre/novembre/décembre 2007 Edité par éditions Aroundmidnight La Touche - 35530 Servon-sur-Vilaine www.jazzpulsions.com Directeur de publication Wayne Barbaste - waba@jazzpulsions.com Rédactrice en chef Christine Barbedet - redaction@jazzpulsions.com Suivi photographique Richard Volante Secrétariat Agnès Dornel - info@jazzpulsions.com 02 99 37 78 67 Comité de lecture Caroline Houdaille-Landry, Sylvie Kermarrec, Frédérique Jehannin, Bernard Lélu Régie publicitaire regiepub@jazzpulsions.com - 02 99 37 78 67 Maquette Studio Yves Bigot 35136 Saint-Jacques-de-la-Lande Imprimerie Chat Noir Impressions 35136 Saint-Jacques-de-la-Lande Abonnement annuel  4 numéros, 28 euros Dépôt légal à parution Commission paritaire : en cours ISSN : en cours Ont collaboré à ce numéro  James Carlès ; FFD ; Patricia Greenwood Karagozian ; Cathy Grouet ; Alain Gruttadauria ; Emmanuel Guillard ; Anne-Marie Porras ; Céline Richonnet ; Sophie Rouxel ; Valentina Tosi ; Éliane Seguin ; Bruce Taylor ; Dominique Thomas ; Patrice Valero. Photo de couverture et poster  Richard Volante La rédaction de Jazzpulsions est ouverte à tous. Si vous avez des propositions d’article, n’hésitez pas à nous contacter : 02 99 37 78 67 redaction@jazzpulsions.com La rédaction n’est pas responsable des textes et des photos qui lui sont communiqués. Tous droits de reproduction réservés pour tous les pays.

Convaincu de la nécessité vitale d’enraciner la danse jazz dans le terreau de la connaissance pour lui donner un avenir lisible, visible et donc transmissible, j’ai rêvé… J’ai rêvé à la création d’un magazine comme une pépinière où pouvaient prendre racine commune les développements de la danse et de la culture jazz, dans le respect de la différence. Mon utopie : imaginer un espace d’expression libre, en France, avec pour filiation le mouvement d’un corps social noir américain asservi qui, par la musique et la danse, a eu le génie d’exprimer ses souffrances et aspirations. Je souhaite que ce magazine soulève les pavés des habitudes institutionnelles, des réflexes pavloviens, des présupposés, des défiances, des préjugés… de toutes ces camisoles qui étouffent l’expression de l’être jazz. Sous les pavés, je pense que l’esprit jazz est encore suffisamment brûlant pour réveiller les envies d’aller de l’avant. Le magazine porte le nom de Jazzpulsions, il a pour but la reconnaissance et le développement de la danse jazz. Les mots à retenir : PARTAGE, ÉCHANGE et SOLIDARITÉ. Il existe des « encyclopédies vivantes » de la danse jazz en France et dans d’autres pays francophones, des experts dans le domaine. Faites-vous connaître ! Professionnels et amateurs de longue date, nous vous attendons. Faites-nous partager vos connaissances de la danse et de la culture jazz. Vous pouvez partager avec nos lecteurs toutes vos passions. N’hésitez pas à nous communiquer toutes vos initiatives, vos spectacles, vos stages, commentaires, témoignages ou lancer un débat. N’hésitez pas à promouvoir le magazine autour de vous : une seule parole peut faire boule de neige… C’est le début d’une belle aventure culturelle et humaine pour que la danse jazz prenne sa place dans le paysage chorégraphique en France. Je n’ai pas vocation à soulever des montagnes ni à me battre contre des moulins à vent, reconquérir des déserts, convaincre les incrédules, je souhaite que Jazzpulsions soit le porte-parole de toutes les danses jazz. Que se passe-t-il sur la « planète » jazz ?

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En bref compagNies

de la danse jazz. Le même solo sera présenté au Théâtre Darius Milhaud (Paris), les 8 et 22 octobre.

▲ Groupe 2 répertoire et recherche chorégraphique

Auditorium Saint-Germain à Paris le 20 novembre ; MJC-Théâtre de Colombes (92) le 29 mars 2008.

▲ Cie Patricia Alzetta : une création à l’automne

La MJC et Théâtre de Colombes est partenaire de la chorégraphe Patricia Alzetta pour sa nouvelle création avec les danseurs Cathy Grouet, Patrice Valéro et Julien Mercier.

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Cie Patrice Valero

▲ Cie Wayne Barbaste : Dans la foule

Le chorégraphe Wayne Barbaste, implanté en région Bretagne, débute cet automne un projet chorégraphique qui se déroulera sur trois ans et sur des aires géographiques différentes. Il impliquera des acteurs institutionnels, culturels ou associatifs différents selon

les lieux. Un partenariat mené avec l’ADDM des Côtes d’Armor, l’ADDA du Tarn et la Ville de Seynod près d’Annecy. Au cœur de sa proposition, un questionnement artistique sur l’immersion « Dans la foule ». Un thème qu’il se propose d’aborder en ateliers afin de construire de petites formes de danse, de musique, d’écritures et de vidéos différentes dans chacune des villes partenaires. Il s’agit à travers ces rencontres et échanges artistiques de mener un travail de sensibilisation à la culture jazz avec des publics différents,

Cie Wayne Barbaste

danseurs ou non danseurs, et en particulier les élèves des écoles de danse mais aussi de créer une forme artistique aux couleurs du paysage local. > 1ère étape de la création Dans la Foule ; 23 et 24 novembre à Cesson-Sévigné (35).

> Mister Ex ; 20 et 21 octobre à Neuchâtel (Suisse) - Sens ; 28 octobre à Bagnoles-de-L’Orne (61) En partenariat avec l’addm 49, un parcours de sensibilisation sur l’histoire et l’évolution de la danse jazz : ateliers de pratique et création ; 1er décembre dans le département de Maine-et-Loire. www.ciewaynebarbaste.com

▲ Cie Alain Gruttadauria : Waiting Land… le futur effacé

« La Cie Alain Gruttadauria ne revendique pas une « étiquette » mais propose un travail métissé, original, riche ». Issu d’une culture jazz, comédien de théâtre, peintre et élève à l’école de cinéma, le chorégraphe élabore avec ses danseurs une dynamique physique particulière. « L’être ensemble » se construit sur scène dans l’esprit d’un « jazz nouveau concept » et d’une « danse libre ». En 2005/2006, il créait Les Secrets… , pièce pour sept danseurs (lumières de Denis Rateau et musique de Jean-Christophe Scottis). « Les secrets possèdent un langage propre : la volonté de travailler sur

▲ Cie James Carlès : Reprise du répertoire

La compagnie poursuit la diffusion de ses pièces de répertoire Opus 05, Opus 07 et A love Suprême. Cette dernière inspirée de la musique de John Coltrane est reprise en novembre, à Toulouse, avec un quatuor de musiciens de la formation du batteur et compositeur Christian Ton Ton Salut. > Opus 05 : 20 et 21 octobre à Neuchâtel (Suisse) > A love suprême : 27 octobre au Festival de la danse jazz et de la comédie musicale de Mortagne-enPerche (61) ; 27 novembre au Theâtre des Mazades Toulouse (33) La compagnie lance un cycle sur le patrimoine des  « danses noires » comme le souligne James Carlès : « Nous travaillons sur la reprise des pièces de répertoire des pionniers de la danse « moderne » afro-américaine, afro-européenne et africaine ». Citons Katherine Dunham, Pearl Primus, Walter Nicks, Asadata Dafora, Feral Bengua… « À partir de ces reprises en soli, duos ou en groupe, seront

Yannick Derennes

Les activités du G2RC démarrent en octobre. Ce groupe est constitué de danseurs issus de la formation professionnelle et travaille sur l’expérimentation et la mise en pratique des théories chorégraphiques de James Carlès qui explique : « Pour la saison prochaine nous travaillons avec la formation de musiciens de jazz contemporain français, Pulcinella. Nous poursuivons le travail expérimental sur le grand répertoire musical européen du 20ème siècle, plus particulièrement lié aux compositeurs Igor Stravinsky et Maurice Ravel. Nous avons noté dans leurs compositions des passerelles très fortes avec les musiques d’ Afrique noire et le jazz afro-américain. ». > Le Sacre du printemps et Le Boléro : 1ère étape de travail, 30 novembre à la MJC Roguet de Toulouse (33) ; création, du 19 au 21 décembre à Toulouse (33).

CIe Patrice Valero

Création cet automne d’un nouveau duo Fugit Amor avec Julie Sicard, partenaire dans Sueños de Verano. Thème abordé : la sculpture et la relation entre Auguste Rodin et Camille Claudel. Interprètation d’une création de la compagnie Patricia Alzetta le 20 novembre à Paris.  Création d’un solo improvisé, accompagné par le musicien Matthieu Eymart, au Centre National de la Danse, à Pantin, mardi 23 Octobre dans le cadre du colloque sur l’enseignement

Yannick Derennes

▲ Cie Patrice Valero : duo Fugit Amor

A Love suprême de James Carlès

proposées au public amateur et professionnels, des actions de sensibilisation, de formation. Un collectage de données sur la danse afro-française sera entrepris pour constituer réalisation un fond documentaire. Ce travail permettra d’apporter un éclairage particulier sur la danse jazz et la création contemporaine ». www.jamescarles.com


En bref compagNies

Les Secrets… Cie Alain Gruttadauria

l’instabilité, le déséquilibre prolongé, le clair obscur… ». > Prochaine création courant 2008 : Waiting Land…Le futur effacé. Le chorégraphe interroge ici la question du vieillissement. www.compagnie-gruttadauria.com

▲ Vega : une nouvelle compagnie en Alsace

VEGA a vu le jour en janvier 2007 et est actuellement la seule compagnie professionnelle de danse jazz en Alsace. Alors que cette discipline est très développée dans les écoles, elle est bizarrement peu représentée au niveau des compagnies. A l’origine de sa création, Cynthia Jouffre souhaite ainsi donner plus de lisibilité à cette danse qui « swingue sur le ressenti et le viscéral. Je voudrais que les gens se réapproprient le spectacle de danse comme un moment de bonheur partagé, aussi accessible qu’une séance de cinéma », poursuit Cynthia qui signe la première création de VEGA De l’aube au crépuscule, en mars au Relais Culturel de Thann. www.scooldance.com > Dominique Thomas

▲ Cie ChoréOnyx : résidence à Cagny (95)

La compagnie ChoréOnyx de Bruce Taylor sera en résidence à Cagny (95) pour la saison 2007/2008. Elle

Richard Volante

« La démarche artistique de la compagnie vise une approche objective et pacifiste des rapports humains dans un Brésil d’avant-garde, matérialisant nos forces, nos bonheurs, nos souffrances, nos injustices, nos peurs, nos arrogances, nos rapports à la vie et à la mort… Notre ambition est de présenter du documentaire chorégraphique source de réalisme et d’esthétique puisant sa force dans la culture brésilienne. », commente Katto Ribeiro, danseur et chorégraphe de jazz contemporain, fondateur en 2001 à Paris, de la compagnie Rhadiofolio. > Il faut sauver l’Amazonie (spectacle jeune public) les 23 et 24 octobre à L’Onde, espace ulturel de Vélizy-Villacoublay (78).

Cie ChoréOnyx

Cie Alain Gruttadauria

▲ Cie Rhadio Folio : couleur Brésil

Plaine des Sables d’Anne-Marie Porras

▲ Cie Anne-Marie Porras : Ici

Présentation en tournées du répertoire de la compagnie. Plaine des Sables offre « une danse organique tremblante où six danseurs masculins, mi-hommes, mi-chevaux semblent venir de lointaines steppes qui seraient celles de nos pulsions et tourments intimes ». > 9 et 10 novembre au Centre Béranger de Fredol, Villeneuve-les-Maguelones (près de Montpellier) Anne-Marie Porras travaille actuellement à la création de Ici, pièce pour cinq danseurs, sur une musique Rock : « Ici et maintenant, dans un environnement urbain où la peau côtoie, frôle, cogne ou épouse le béton, le verre et le métal, les liens vitaux avec la nature, le ciel, la terre, l’air ou l’eau sont abordés par les danseurs, dans le processus de recherche du mouvement. Une femme et quatre hommes ouvrent ici l’espace du Désir. » > Avant-première, 29 février 2008, à Ajaccio (Corse) www.cie-porras.com

▲ Cie Sylvie Kay : tape danse

Cie ChoréOnyx

mène des actions de formation et d’accompagnement artistique sur des projets de spectacle dans le cadre du Conservatoire de Gagny. Elle proposera : Play Bach, duo sur le concerto italien en Fa majeur, avec la participation de Virginie Martineau pianiste, le 18 décembre ; Chaplin in the Mouv’ , spectacle visuel fondé sur le personnage de Charlie Chaplin, le 16 février. Par ailleurs, Spook sera présenté à Roissy, le 30 novembre.

Danse jazz, tape dance et musique « live » sont au cœur du projet artistique de la compagnie lyonnaise Sylvie Kay, créée en 1991. Douze créations plus tard, la compagnie présentait Urban Taps à la Biennale de la danse de Lyon en septembre 2006. Tél. : 04 72 40 24 62  http://alicekaystudio.free.fr

Cie Sylvie Kay

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tendanses

Cathy Grouet

L’esprit Jazz Reney Deshauteurs, Rick Odums et Matt Mattox…

autant de pères de la danse jazz en France qui ont nourri le parcours de la danseuse Cathy Grouet. Forte de cette transmission, elle fait partie de cette jeune génération de chorégraphes qui questionne cette matière de la danse

Christophe C

jazz, au sein de la compagnie Synopsie.

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tendanses

en question

1+2=3, une pièce chorégraphique à l’esprit ludique des trios déclinés dans les comédies musicales des années 1950

travaillant de façon très concentrée, celui-ci émergeait. De ce fait, plus je danse cette pièce, plus j’essaie d’épurer. Ces états de corps et cette musicalité du corps offrent suffisamment de matière pour rendre le propos lisible et puissant sans qu’il soit nécessaire d’en rajouter ». Si ce type de travail la conduit à la recherche d’une abstraction épurée, dans le même temps, elle se dit encline à une autre forme chorégraphiée à l’expression plus outrée. Elle est tiraillée entre des propos artistiques qui sont, au premier regard, de nature différente. « Avec la pièce chorégraphique 1+2=3, je revisite l’esprit ludique des trios abondamment déclinés dans les

Vous avez dit Jazz ?

Christophe C

Du mouvement naît l’émotion « Naturellement expressive, je suis portée par l’émotion. Ici, ma recherche me permet, non pas de m’en détacher, mais d’expérimenter comment le mouvement peut être encore plus fort quand il vient d’une abstraction et comment, par sa qualité et sa musicalité, il fait surgir l’émotion ». Une démarche artistique qui la rapproche de la question de l’interprétation au théâtre. « Comment peut-on investir une proposition écrite par quelqu’un d’autre ? Il y a deux écoles de pensée au théâtre. Pour certains, c’est en travaillant à partir de son propre vécu qu’on convoque l’émotion; pour les autres, c’est une technique. » C’est alors par la construction d’un geste, d’un regard, d’un timing… que l’émotion prend corps. L’articulation précise des mouvements, même exécutés une centaine de fois, fait jaillir l’émotion. « Pour Gnoss, je ne souhaitais pas partir d’un personnage, mais au final, en

Yannick Derennes

«L

a danse jazz renvoyée à la musique jazz est trop souvent considérée comme une danse illustrative et redondante », une lecture trop hâtive pour la chorégraphe Cathy Grouet. « La musique n’est pas une béquille ; on peut danser sans, justement parce que le mouvement du corps du danseur porte sa propre musicalité et ne s’inscrit plus en résonance mais bien en dialogue avec l’écriture instrumentale. Il est possible de donner à entendre, à travers le corps, ce qu’on n’entend pas musicalement mais que le corps révèle. » Dans ce contexte, pour Cathy Grouet, la musique jazz ne fait pas forcément la danse jazz, « c’est une corporéité particulière en relation avec le sens d’une musique donnée, mais qui ne repose pas sur elle seule ». Forte de ce constat, la chorégraphe choisit de travailler un solo sur trois courtes pièces pour piano, composées par Erik Satie à la fin du 19ème siècle et début du 20ème siècle : la Gnossienne n°6, la Gymnopédie n°1 et la Passacaille. « Un choix qui reflète le caractère de cette musique tour à tour méditative et humoristique. Dans les œuvres de Satie, rythmiquement il y a de la matière, mais j’aurais aussi pu choisir une musique sans pulsation ; dans ce cas, le corps du danseur aurait pu, par exemple, amener le rythme. » Gnoss est un triptyque où chaque volet repose sur des partis pris spécifiques de composition. « Me confronter à d’autres formes musicales que le jazz permet de questionner ce qui est inscrit dans mon corps de danseuse de jazz. Mon propos ici n’était pas de raconter mais de développer une conscience de travail dans un espace contraint ». Dans le premier volet, elle interroge la marche ; pour le deuxième volet, dans un espace confiné elle aborde « une danse sur place » ; dans la dernière partie, elle approche les notions d’attraction et répulsion. Avec cette pièce, l’une des quatre créations de la jeune compagnie Synopsie, Cathy Grouet ouvre un vaste chantier de réflexion.

« Pour moi, la danse jazz repose sur une relation très particulière à la musique. C’est un corps instrument qui n’illustre pas la musique mais la révèle et donne à entendre ce qu’on n’entend pas. C’est un instrument supplémentaire qui entre en dialogue avec les autres instruments de musique. Le danseur jazz a un corps habité par la pulsation. Un sens intérieur qui permet de créer une musicalité à travers le mouvement, avec toute une palette d’états de corps contrastants. Nous pouvons jouer ainsi avec la polyrythmie corporelle, c’est à dire la production simultanée de rythmes différents, avec par exemple une partie du corps extrêmement détendue et dans le même temps, un travail extrêmement précis au niveau des pieds ou encore un mouvement vibratoire dans une partie du corps et un autre type de mouvement dans une autre partie. Danser jazz réclame de développer cette palette d’états de corps et de pouvoir en jouer successivement ou simultanément, mais toujours dans une conscience rythmique de ce que le corps produit musicalement à travers ces états. » Octobre 2007 > 9


Yannick Derennes

tendanses

comédies musicales des années 1950. Souvent provisoire et sans but, la rencontre à trois fournit une occasion de s’amuser ». C’est ici la légèreté du jeu proche de la pantomime qui domine. La pièce apparaît très construite et l’écriture chorégraphique est l’émanation d’un travail de recherche mené en atelier avec les trois jeunes interprètes. « Dans cette pièce, il y a des temps plus flexibles avec des points de chute et entre ces points de chute, j’essaie d’amener les danseuses à prendre leur liberté. » Un processus qui diffère de ce qu’elle a connu en tant qu’interprète. Une approche qui découle directement du travail qu’elle mène sur l’improvisation, une pratique encore peu usuelle en danse jazz. Une démarche qu’elle amorçait en 2001, et qu’elle poursuit avec le musicien Didier Lockwood, pour la création d’Itinérances. « Il n’avait jusque là jamais travaillé avec des danseurs jazz. C’était intéressant pour nous et pour lui de découvrir le dialogue qu’il pouvait développer avec des corps jazz ». Une proposition signée Rick Odums. « Pour être tout à fait honnête, le fait que l’épreuve d’improvisation soit réapparue dans le Diplôme d’État, a un peu obligé tout le monde à se confronter à la question ». Une contrainte devenue moteur… De l’impro surgit l’énergie jazz « L’improvisation est une pratique que je cherche à développer. C’est de l’ordre du surgissement ; c’est la disponibilité à l’instant, la capacité à lâcher prise sur ce qu’on sait et qui conduit vers d’autres états. C’est une façon de revenir à l’esprit du jazz. » Sur le plan de la création, l’improvisation

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▲ Gnoss de et par Cathy Grouet sur des œuvres de Erik Satie : « Me confronter à d’autres formes musicales que le jazz permet de questionner ce qui est inscrit dans mon corps de danseuse de jazz. »

▼ 1+2=3, une pièce chorégraphique proche de la pantomime

est pour la chorégraphe un outil qui permet de dépasser les codes devenus rigides de la danse jazz. « À ce sujet, la loi sur le DE, diplôme d’État, n’a pas été profitable en obligeant les professionnels à poser des règles, une terminologie. Cette sorte de manuel de la danse jazz l’a réduite à un seul vocabulaire et contribue à la désincarner. Si on ajoute à cela, l’inexistence des compagnies de jazz, le problème de la diffusion, le peu de visibilité de cette danse  et le fait qu’on forme des profs qui forment des profs qui forment des profs… au final, quels repères restent-ils pour pouvoir évaluer la danse jazz sur un plan artistique et professionnel ? » Cathy Grouet évoque le point de vue de Matt Mattox quant à l’appellation jazz. «  Il préfère dire free style, parce qu’il veut être


▲ 1+2=3 : « J’essaie d’amener les danseurs à prendre leur liberté».

« J’ai toujours été habitée par la danse. Je n’ai jamais voulu faire autre chose ! » En 1974, à six ans, Cathy Grouet débute la danse classique au Centre d’études chorégraphiques de Brunoy. Adolescente, elle y découvre la danse jazz et la barre de Reney Deshauteurs. « Je pratiquais jusqu’à 25 h de danse par semaine…». En 1986, elle arrête de danser. « Mes parents ne souhaitaient pas que je devienne danseuse professionnelle. C’était terrible, mais en même temps je ne croyais pas à mes capacités personnelles pour faire carrière. »  Pendant trois ans, elle poursuit des études littéraires en Hypokhâgne, Khâgne et à la Sorbonne. « Celles-ci m’ont ouvert le regard sur d’autres centres d’intérêt et je ne serais sans doute ni l’artiste ni le professeur que je suis si je n’avais pas eu cette structuration de la pensée. » L’année de sa licence, Cathy reprend la danse et se lance dans une carrière professionnelle auprès de Reney Deshauteurs. En 1991, elle devient danseuse soliste des Ballets Jazz Rick Odums. Professeur titulaire du Certificat d’Aptitude, elle enseigne depuis 1996 à l’Institut de Formation Professionnelle Rick Odums. « Dans cet environnement, j’ai découvert la culture jazz de l’intérieur. Rick a toujours été dans la démarche de nous faire travailler avec d’autres chorégraphes : Bruce Taylor, Patrice Valero, Géraldine Armstrong, Jaime Rogers et Matt Mattox… » En 1999, ce dernier crée pour elle Trois en une, solo qu’elle danse

> Christine Barbedet

Compagnie Synopsie ; Cathy Grouet  16, rue Jacques Louvel Tessier ; 75010 Paris www.compagnie-synopsie.fr

▲ 1+2=3 est l’émanation d’un trvail de recherche mené en atelier.

Yannick Derennes

Yannick Derennes

Yannick Derennes

libre de prendre tous les mouvements qu’il veut et partout. Il veut garder la même liberté qu’avait Jack Cole d’emprunter par exemple des mouvements de danses indiennes ou espagnoles. » Le traitement qui en est fait, donne ensuite la coloration jazz. « Le jazz est par essence de l’ordre de l’instinct, de la sensibilité et de l’immédiateté. Il y a quelque chose qui est de l’ordre de la transe dans cette manière de rentrer dans les rythmes; cela vient de ses racines. C’est d’ailleurs cette apparente facilité et légèreté qui brouille la lecture de cette danse au regard des programmateurs et des diffuseurs. » Une spontanéité que le modern jazz, en particulier, aurait pour la chorégraphe canalisé et formaté. « Emprisonnés dans des codes, nous avons perdu l’esprit du jazz. Je pense que l’improvisation devrait nous permettre d’y revenir; bien évidemment de façon différente car chacun le vit en fonction de son langage. Nous n’avons pas les mêmes formations, le même vécu, le même corps, le même inconscient… ». Pour Cathy Grouet, l’impro jazz est une voie possible : « C’est un outil formidable pour l’évolution de cette danse et pour trouver une écriture nouvelle ». Seul handicap de taille, la compagnie Synopsie est, comme nombre de jeunes formations, une compagnie SDF qui jongle avec les plannings des salles et les budgets inexistants. Une précarité qui n’est pas sans fragiliser les jeunes pousses de la création contemporaine jazz.

Danseuse, professeur et chorégraphe

Gnoss de et par Cathy Grouet

notamment au Jazz Dance World Festival de Chicago et au Jacob’s Pillow. Cathy crée ensuite ses premiers ballets pour le Jeune Ballet Jazz Rick Odums. En 2003, elle cochorégraphie avec ce dernier Petites Suites Urbaines. En 2004, elle fonde la compagnie Synopsie.

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en bref conférences & spectacles conférence ▲ Enseigner le jazz, CND de Pantin

> Centre National de la Danse ; 23 octobre à partir de 10 h 30 ;  entrée libre, sous réservation :   01 41 83 98 98 Présentation de l’ouvrage Enseigner la danse Jazz avec Odile Cougoule, Daniel Housset et Patricia Greenwood Karagozian ; solo de Patrice Valero ; atelier animé par Patricia Greenwood Karagozian  accompagné par Jean Luc Pacaud ; conférence-vidéo animée par Daniel Housset suivie d’un duo de Patricia Alzetta.

Les élèves du CNSM de Paris en préparation du déambulatoire du Louvre

▲ Le jazz flirte avec le Louvre

> Aux rythmes du Louvre : 5 et 6 octobre, 18 h et 21 h 30 ; Musée du Louvre (Paris) Le Louvre sera jazz, les 5 et 6 octobre prochains. Un déambulatoire danse et musique jazz, Aux rythmes du Louvre, est proposé dans le cadre de la soirée d’ouverture des Nocturnes du vendredi du musée du Louvre et les Nuits blanches de Paris ; un partenariat avec le Conservatoire national Supérieur de Musique et de danse de Paris. Une chorégraphie signée Jean Alavi et Cathy Bisson pour une vingtaine d’élèves et anciens élèves du département danse dirigé par Daniel Agesilas et une vingtaine de musiciens en dernière année du département jazz et musiques improvisées, dirigé par Riccardo del Fra. Un projet de bonne augure pour le développement de l’enseignement de la danse jazz au CNSMDP.

▲ 5e Festival de salsa cubaine à Pont-Péan (35)

> Festival Aqui Cuba ; 10 et 11 novembre à Pont-Péan (35) Des concerts avec Rumbayazz,

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Grupo Danson et le talentueux trompettiste Alexander Abreu, des spectacles de danses cubaines, des initiations aux danses cubaines et afrocubaines, des conférences, des films, un village cubain dédié au marché… Pont-Péan, près de Rennes en Bretagne, se met à l’heure cubaine avec le festival Aqui Cuba. http://aquicuba.free.fr

▲ Festival Danse Jazz de Mortagneau-Perche

> Festival Danse jazz & comédie musicale ; Carré du Perche, Halle aux Grains et cinéma L’Étoile à Mortagne-au-Perche (61) ; du 24 au 27 octobre ; renseignements :

office du tourisme, 02 33 85 11 18. A deux heures de Paris, en BasseNormandie, se déroulera du 24 au 27 octobre à Mortagne-au-Perche, la seconde édition du Festival Danse jazz & comédie musicale. Soutenu par la Scène nationale 61, Arthur Plasschaert qui fut chorégraphe à l’Olympia et pour les émissions de Maritie et Gilbert Carpentier, défend « avec fanatisme » la place de la danse jazz en France. Il propose aux créateurs une vitrine. Au programme : des comédies musicales cinématographiques ; des ateliers de danse décentralisés et des auditions proposées par les écoles de danse ; des rencontres avec les scolaires ; une programmation de cinq spectacles de danse jazz. Mapa du chorégraphe Rodrigo Pederneiras avec les Ballets jazz de Montréal explore « une réinterprétation des mouvements d’une danse brésilienne d’arts et de traditions populaires ». Les Chambres de Jacques de Aszure Barton aborde une évocation « des mondes intérieurs des danseurs ». Face à Face, sur une chorégraphie de Cathy Bisson et sous la direction musicale de Riccardo del Fra, impose « un jeu de miroirs subtil et alerte ». Roxane Butterfly avec Djelleba Groove signe « une collaboration entre artistes issus de doubles cultures ». Avec A Love Suprême, le chorégraphe James Carlès rend hommage à la musique « incantatoire et percussive » de John Coltrane.

▲ Festival Danse à Toulouse (31)

Du 27 novembre au 1er décembre L’édition 2007 du Festival international Danse à Toulouse se dérou-

lera dans différents lieux culturels de l’agglomération avec une programmation éclectique. Citons Carolyn Carlson et son nouveau

Cie Salia Nÿ Seidou

solo Double vision, créé en collaboration avec Electronic Shadow.  La compagnie James Carlès présentera A love suprême, autour du répertoire de John Coltrane, avec en live la nouvelle formation de Christian Ton Ton Salut. Clin d’oeil également aux artistes émergents avec les élèves de formation professionnelle de grandes écoles européennes. Enfin, la conférencière et critique de danse britannique, Funmi Adewole, mènera une réflexion autour de « La Danse Noire sur un Territoire Blanc », illustrée par une pièce de la compagnie de danse contemporaine Salia Nÿ Seidou, originaire du Burkina Faso. www.jamescarles.com


En bref spectacles & conférences ▲ Alvin Ailey American Dance Theater de retour à Lyon, en octobre

> Alvin Ailey Dance Theater ; du 16 au 21 octobre à la Maison de la danse ; 69008 Lyon ; 04 72 78 18 00

Amos J. Machanic © Andrew Eccles

> Programme 1 : Love stories (2004) ; The Golden Section (1983) ; Solo (2005); Revelations (1960). > Programme 2 : The River (1970) ; The Road of the Phoebe Snow (création 1959, entrée au répertoire 1964) ; Love Stories (2004). l’Alvin Ailey Dance Theater, sous la direction de Judith Jamison, est de passage à Lyon du 16 au 21 octobre, à la Maison de la danse. Fusion unique de classique, moderne, ethnique, jazz et hip hop... cinq œuvres inédites et la reprise du ballet signature Revelations seront présentées lors de ces deux programmes de moderne danse américaine. www.maisondeladanse.com

> Du 20 novembre au 1er janvier 2007 ; Théâtre du Châtelet ; Paris (75) ; 01 40 28 28 40  Le rideau se lèvera le 20 novembre, au Théâtre du Châtelet à Paris, pour 50 représentations, une pour chacune des années de cette œuvre légendaire, créée au Winter Garden de New York, le 26 septembre 1957. Sur une musique de Léonard Bernstein, des chansons de Stephen Sondheim et une chorégraphie de Jerome Robbins, West Side Story transpose l’histoire de Roméo et Juliette dans le contexte des guerres de gangs qui sévissaient à New York dans les années 50. La version cinématographique réalisée en 1961, a obtenu dix Oscars dont celui du Meilleur film. La version qui sera donnée au Théâtre du Châtelet, autorisée par les ayants droit des créateurs, est le fruit du travail conjoint de 36 comédienschanteurs et 25 musiciens d’après une mise en scène et chorégraphie remontées par Joey McKneely. Une coproduction de Michaël Brenner pour BB Promotion, en collaboration avec Paul Szilard et Sundance Productions N.Y. www.chatelet-theatre.com

Alexander Wulz

▲ ÉVÈNEMENT 50 bougies, 50 représentations pour West Side Story

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Courrier des lecteurs Vous recherchez une information ; vous souhaitez diffuser la vôtre, poser une question, partager votre expérience… cette rubrique est la vôtre. Merci de nous faire parvenir vos questions avec votre nom et prénom ainsi que le nom de la ville ou de la région où vous vivez. redaction@jazzpulsions.com

> Votre avis m’intéresse

> Qui peut enseigner la danse jazz ?

Pourrait-on imaginer une enquête, voir un état des lieux de la danse jazz en France et en Europe ? Cristelle (Rhône Alpes) Pour la parution de ce premier numéro, nous avions envisagé de consacrer le dossier thématique à un état des lieux de la danse jazz, en France. Nous avons renoncé devant le déficit d’information dans ce domaine. En 2002, le ministère de la Culture et de la Communication confiait à Odile Cougoule, journaliste et chorégraphe, une « mission jazz » qu’elle menait durant trois ans, avant de rédiger un rapport. A ce jour, cette étude n’a toujours pas été rendue publique. Nous avons sollicité les représentants du ministère souhaitant obtenir des informations. Notre requête est restée sans suite. Nous avons pris contact avec les directions régionales des

Je fais de la danse jazz depuis de nombreuses années, est-ce que je peux l’enseigner dans une association en étant rémunérée ? Nicole (Limousin) La réponse se trouve dans le Code de l’Education. Loi du 10 juillet 1989 relative à l’enseignement de la danse. Article L362-1. Cet article s’applique aux danses classique, contemporaine et jazz : « Nul ne peut enseigner la danse contre rétribution ou faire usage du titre de professeur de danse ou d’un titre équivalent s’il n’est muni :  1- Soit du diplôme de professeur de danse délivré par l’Etat, ou du certificat d’aptitude aux fonctions de professeur de danse ;  2- Soit d’un diplôme français ou étranger reconnu équivalent ;  3- Soit d’une dispense accordée en raison de la renommée particulière ou de l’expérience confirmée

affaires culturelles, représentants de l’Etat en Région, et avec les associations régionales voire départementales de la musique, de la danse et des arts vivants. Peu ont été en mesure de nous fournir des informations sur la danse jazz. En ce qui concerne la danse jazz en Europe, la rubrique Worldjazz lui est consacrée. L’équipe de Jazzpulsions

en matière d’enseignement de la danse, dont il peut se prévaloir. La reconnaissance ou la dispense visée aux deux alinéas précédents résulte d’un arrêté du ministre chargé de la culture pris après avis d’une commission nationale composée pour moitié de représentants de l’Etat et des collectivités territoriales, et pour moitié de professionnels désignés par leurs organisations représentatives, de personnalités qualifiées et de représentants des usagers (…) »­­­ L’équipe de Jazzpulsions

G. Carel

Je serais heureuse si vous pouviez informer nos amis de la danse jazz de la création de mon site Internet. Merci à eux de me donner leurs impressions. Nicole Guitton. www.nicoleguitton.fr 40 ans de carrière évidemment cela se fête et pourquoi pas avec un site Internet. Bonne continuation. L’équipe de Jazzpulsions

sur scène. Nous ne pouvons nous permettre de nous rémunérer ; les contrats sont trop peu nombreux, les subventions quasi-inexistantes. Nous devons jongler, entre nos métiers, nos occupations... Nous répétons certains soirs de la semaine et nous créons le dimanche. Notre situation reflète bien, je pense, la dure situation des compagnies de jazz et du jazz , en France, tout simplement. N’hésitez pas à nous contacter, je suis

> Un état des lieux de la danse jazz ?

La compagnie In6dans

> « Nous sommes une compagnie préprofessionnelle… »

In6dans est une compagnie « préprofessionnelle », installée à l’Islesur-Sorgue (84), issue d’une école de danse et uniquement composée de bénévoles : danseurs, chorégraphes, administrateurs… Nous naviguons donc au gré des engagements entre deux mondes : professionnel et amateur. Les danseurs se produisent, les créations sont vues et pour l’instant chacun apprécie le bonheur d’être

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contente de partager, nos joies et déboires ..... Géraldine Carel, chorégraphe (PACA) Vous avez vous aussi une compagnie composée de bénévoles, quels sont vos astuces pour pouvoir montrer votre travail ? Quels conseils pouvez-vous donner à ceux qui se lancent ? N’hésitez- pas à nous faire part de vos expériences. L’équipe de Jazzpulsions


Richard Volante

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En bref écoles de danse & stages

> Ecole municipale agréée de musique et de danse ; 56600 Lanester ; 02 97 76 03 28 ; musique-et-danse-lanester@ville-lanester.fr L’école municipale agréée de musique et de danse de Lanester, près de Lorient en Bretagne, organise différents temps et actions concentrés sur la thématique de « l’histoire de la danse jazz ». Au programme : des conférences et des démonstrations dansées et des spectacles. Citons une conférence sur l’histoire de la musique jazz animée par Didier Ropers et Alain Bernard, le 26 janvier ; à suivre un apéro cabaret jazz proposé par les ateliers musique jazz de l’école avec en soirée un concert du trio du pianiste de jazz Eric Lenini. Citons un cycle de trois conférences chronologiques animées par Virginie Garandeau sur l’histoire de la danse jazz  (samedi 24 novembre : « Des sources africaines à la danse africaine américaine »; samedi 9 février : « Les danses percussives et les claquettes » ; samedi 29 mars : « La danse jazz aujourd’hui »). Des démonstrations dansées seront proposées à l’issue de chaque conférence : une démonstration commentée de danse africaine après la 1ère conférence par Anne Pohon et ses musiciens ; une démonstration commentée de claquettes après la 2ème conférence par Katy Varichon ; une démonstration commentée de Wayne Barbaste sur sa démarche de danseur jazz actuel à l’issue de la 3ème conférence.

▲ Pédagogie et humanité au CIRA de Strasbourg

> Centre International de Rencontres Artistiques de Strasbourg ; 03 88 36 70 73. Par Dominique Thomas

Lieu de formation original, le Centre International de Rencontres Artistiques de Strasbourg n’invite que des intervenants dont la compétence et la pédagogie s’accompagnent d’une belle et rassurante humanité. Depuis 25 ans, il s’efforce de programmer des danseurs et chorégraphes qui intègrent dans leur enseignement des clefs de compréhension de soi-même et des autres. « Danser, c’est aller chercher au plus profond de soi ce qui nous appartient si intimement, ces choses issues de nos cultures, de nos histoires, de notre histoire », souligne Robert Gadbled, son président. Ce pôle régional de formation accueillant la fine fleur des professeurs permet aux débutants et aux danseurs confirmés de progresser dans leur discipline. Des pratiques transversales comme le shiatsu ou l’eutonie, pratique corporelle fondée sur l’observation de

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nos sensations pour l’obtention d’une tonicité idéale, favorisant la prise de conscience du mouvement, sont également proposées. Au programme : > Bruno Agati ; jazz contemporain ; les 27 et 28 octobre Bruno Agati a su donner au jazz une nouvelle dimension, associant son énergie à la qualité gestuelle du contemporain. Il est le fondateur de la Cie Why Not, professeur, danseur, chorégraphe et metteur en scène de nombreux spectacles (Ben-Hur, Carmen, Sylvie Joly…) > Bruce Taylor ; jazz ; les 8 et 9 décembre Danseur, chorégraphe et pédagogue, Bruce Taylor propose une danse qui évolue sans frontières. Il conserve les rythmes et l’énergie propres au jazz en incorporant les techniques du moderne et du swing. Formé auprès de l’Alvin Ailey American Center, il est le fondateur de la Cie ChoréOnyx.

▲ CESMD de PoitouCharentes : 4 petites formes en spectacle

> CESMD de Poitou-Charentes ; 5, rue Franklin ; 86000 Poitiers ;

05 49 39 00 38 ; cesmd-danse@ wanadoo.fr Le Centre d’Études Supérieures Musique et Danse de Poitou-Charentes, CESMD, est un établissement d’enseignement supérieur

de formation du Cycle d’enseignement supérieur en danse jazz, formation professionnelle d’artiste interprète, travailleront sur la création du spectacle See Seeds, ou regarde les graines. Il est composé

Bruce Taylor/CIRA © cie ChoréOnyx

▲ Ça jazz pas mal à Lanester !

Bruce Taylor invité du CIRA de Strasbourg

sous tutelle de l’État. Il est centre de formation au métier de la danse, centre de formation continue, lieu de recherche, pôle ressources et de documentation. A la rentrée, les jeunes danseurs en 2ème année

de quatre petites formes chorégraphiées par Stéfania Pavan, James Carlès, Christophe Nadol et Claire Servant. La première représentation aura lieu le 2 février 2008.


Richard Volante

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Photo Cats © Chantal Dubois

▲ Mary Poppins pour les élèves du conservatoire de Troyes

> Conservatoire Marcel Landowski ; 10000 Troyes ; 03 25 43 32 50 Après Cats, en 2007, présenté pendant le festival Les Pas de Troyes, les élèves du département jazz (danse et musique) du conservatoire Marcel Landowski, travailleront sur le thème de Mary Poppins, en 2008, sous la direction de Chantal Dubois.

▲ Stages à Rixheim (68)

> Centre de Danse Cynthia Jouffre ; Rixheim (68) ; 03 89 44 22 73 ; www.scooldance.com De notre correspondante de l’Est, Dominique Thomas

> Pascal Couillaud ; jazz contemporain ; 20 et 21 octobre Danseur de la Compagnie Peter Goss et Rheda, professeur et chorégraphe, il dirige de nombreux stages internationaux. > James Carlès  ; jazz Nouveau Concept ; 24 et 25 novembre Il développe un travail gestuel confrontant les techniques de danse occidentale à celles de ses racines africaines.

au 29 octobre à l’École de danse Annie Blanchais, à Bagnoles-del’Orne (61) ; du 30 octobre au 2 novembre au Centre James Carlès, à Toulouse (33) ; du 2 novembre au 7 novembre, au Centre international de danse jazz Rick Odums, à Paris.

▲ Fédération française de danse : stage national toutes danses

> FFD ; 01 40 16 53 38 ; ffdanse@wanadoo.fr Du 2 au 6 novembre, à Paris ;

▲ Mouvement dansé avec James Carlès

Cours techniques et ateliers musique et mouvement dansé : Du 19 au 22 Octobre avec jc équilibre à Neuchatel (Suisse) ; du 27

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Concours de danse Jazz 2007

En 2007, Cats avec les élèves en jazz du conservatoire de Troyes.

studios du Centre International de Danse Jazz et du Conservatoire National Supérieur de Paris. Ce stage est ouvert à toutes les disciplines de danse : classique, jazz, contemporain, danse de société, sportive, rock et danse country and line. Il s’adresse aux professeurs et danseurs de haut niveau, entraîneurs de danses par couple, élèves en formation DE. Il est gratuit pour les professeurs, animateurs et entraîneurs licenciés FFD. Le matin, des temps de rencontres commun sur les nouvelles techniques d’approche corporelle ; des cours d’analyse du mouvement dansé avec Yvonne Paire et Méthode Feldenkrais avec Anne Candarjis. L’après-midi, des cours de technique, de pédagogie, de répertoire ou de composition chorégraphique spécifiques à chaque discipline ( jazz et répertoire : Rick Odums ; jazz et technique : Géraldine Armstrong ; jazz et pédagogie : Jacques Alberca ; classique et technique, pédagogie, répertoire : Fabienne Ozanne-Paré ; contemporain : Claire Chancé ; danse par couple de société  et chorégraphie : Rick Odums et Charly Moser ; danse country and line : Dave Getty).

▲ Les invités d’un week-end, Atelier 9 à Lyon

> Atelier 9 ; 9 av, du Château ; 69003 Lyon/Montchat ; ­­04 72 33 75 36 www.atelier9danse.com Elisabeth Venot de Texier et Audrey de Texier invitent des chorégraphes, le temps d’un week-end à l’Atelier 9, à Lyon : Bruce Taylor, 13 et 14 octobre ; Corinne Lanselle, 24 et 25 novembre ; Wayne Barbaste, 2 et 3 février 2008.


être ou ne pas être Jazz en 2007 ? DOSSIER

Telle est la question que nous avons posée aux danseurs et chorégraphes qui affichent cette filiation dans

Richard Volante

leur processus de création.

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DOSSIER

Danser tout simplement !

À

Christine Barbedet

l’occasion du Festival Les Pas de Troyes organisé, en avril 2007, par l’association Ballets Libre cours, sa présidente, Chantal Dubois, nous avait proposé de rencontrer un ancien élève du Conservatoire Marcel Landowski de Troyes, formé en modern jazz. Jérémy Kouyoumdjian était alors en 3ème année au Conservatoire national supérieur Musique Danse de Lyon. Il pratique la danse contemporaine et continue de prendre des cours de danse jazz hors les murs. Il explique très simplement : « Le jazz m’a apporté une énergie, une dynamique, l’impulsion. Le classique est pour moi une barre et ce sont les mathématiques de la danse, sur le travail de placement par exemple. Aujourd’hui, on fait aussi de l’acrobatie. » Il demandait au chorégraphe jazz Razza Hamadi de lui écrire un solo sur une pièce romantique de Schubert qu’il présentait en fin d’année de son cursus de danse contemporaine. La jeune génération affi-

Jérémy Kouyoumdjian, étudiant au CNSMD de Lyon, devant le Conservatoire Marcel Landowski de Troyes.

che sans complexe sa richesse pluriculturelle et affirme : « Je danse tout simplement ! » Danza en italien, dance en anglais ou tanz en allemand… relèvent tous de la racine tan qui en sanscrit exprime la notion de « tension », comme l’explique Céline Roux, chercheur en art chorégraphique dans son ouvrage consacré aux danses performatives (lire article p.). « Cette tension circule dans le corps entre contraction et relâchement », explique-t-elle. « Si l’on s’attache à cette notion de tension, il semble que, dans le corps du danseur, tout est jeu de tensions et d’oppositions. L’équilibre est un perpétuel ajustement entre deux forces opposées : enracinement du bassin dans le sol et expansion du diaphragme vers le haut, ce que Catherine Diverrès [chorégraphe de danse contemporaine] nomme « être entre deux mondes ». Un corps dansant « modelé par des savoirs et des savoir-faire », rappelle-t-elle qui « varient selon les contextes socio-historiques, culturels, philosophiques, scientifiques et pédagogiques ». Le jazz a cette histoire, l’enracinement d’un corps social autant que d’un état d’être en danse. Il est intimement lié à l’identité des Noirs américains mais il est aussi un phénomène esthétique et artistique qui est de « race » indéterminée, teinté des couleurs d’un melting-pot de migrants volontaires et involontaires de l’Amérique, comme le souligne l’historienne de la danse jazz, Éliane Seguin. Jazz… étymologie énigmatique. Il est dans l’origine du mot histoire de métissage, rappelle l’historienne. Il pourrait s’apparenter au verbe français « jaser » ou encore au mot anglais « chass ou chase » qui signifierait chasser, pourchasser. En parler créole et en dialectes africains, « ja et jasi » signifierait accélérer le rythme, se dépêcher, s’exciter. « Provient-il de l’argot sénégalais fortement entaché de connotation sexuelle à l’instar du langage populaire où to jazz désigne l’acte sexuel ? » note Éliane Seguin. La liste des définitions ou indéfinitions est longue et donne à la danse jazz ses couleurs caméléon. Et aujourd’hui, à l’heure où, sur la scène française, l’hégémonie de la danse contemporaine est prégnante, comment danseurs et chorégraphes se saisissent-ils de la danse jazz et quelle carnation prend-elle ? Que signifie aujourd’hui créer et danser jazz ? Christine Barbedet

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DOSSIER Anne-Marie Porras

« La poésie du ressenti » « Si le jazz m’évoque la liberté du mouvement, et peu importe le support musical ; si les recherches dans le silence des corps, particularité de mon travail, me permettent d’associer les musiques qui correspondent à cette énergie ; si au delà de la forme, il y a une certaine projection dans l’espace, une attaque particulière, un plié beaucoup plus près de la terre, une intériorité « projetée »… alors oui, je suis résolument « Jazz » en 2007 ! Fon-

Anne-Marie Porras

la partie française de son film Les Uns et les Autres. En 1985, elle crée sa compagnie. Elle dirige depuis vingtcinq ans le centre de formation supérieure EPSEDANSE, à Montpellier. Quelques œuvres Sarah (2005/2006) ; Plaine des Sables (2004/2005) ; Paroles d’Anges (2001/2002) ; Paroles d’Anges : duo (2000) ; Femmes derrière le Soleil (1999) ; Nomade Israël (1998) ; Danse Nomade (1997) ; Fils du Vent (1995) ; Histoire de Rien (1994) ; Quadragénèse (1993) ; Sensation de chaud après la Pluie (1991) ; Mouvance sur Terre de Ciel (1987) ; Antepost (1986) ; Transit (1985). Patricia Greenwood Karagozian

Ray Demski

« Un impact émotionnel et immédiat » Plaine des Sables, création 2004 de Anne-Marie Porras

Si le chorégraphe écrit le geste, cela vient de sa culture de danse (et des danses) accumulée dans son corps. En revanche, nombre de chorégraphes actuels ne cherchent pas à imposer leur gestuelle, mais à composer à partir des propositions de leurs interprètes. Alors pourquoi choisir le jazz comme langage chorégraphique ? J’aurais envie de répondre : « Pourquoi pas ? » Malheureusement, la danse jazz a souffert d’un regard teinté de préjugés. Une danse trop « formelle », trop dans la séduction, trop collée à la musique, trop frontale, etc. À tel point que certains artistes ont tourné le dos à Cie FaCécies

dée sur des accents doux et présents, une énergie dense émergeant d’un chemin intérieur trace une danse de contrastes et raconte à l’unisson la continuité, l’écho du mouvement dans la courbe. L’équilibre atteint dans l’arc de la spirale, dessine dans l’espace avec une liberté d’expression la poésie du ressenti. » > Anne-Marie Porras s’inscrit dans l’univers de la danse jazz contemporaine. Formée dans les écoles d’Alvin Ailey, de Martha Graham et Merce Cunningham, son travail s’est enrichi auprès de l’Américain Walter Nicks et des Allemands Ingeborg Liptay et Jörg Lanner. En 1979, elle signe sa première création Turn on to Mangione avec Richard Jones pour le conservatoire de Maurice Béjart. En 1980, Claude Lelouch lui confie la chorégraphie de

« Aujourd’hui, les démarches possibles pour un chorégraphe sont multiples. On peut volontairement choisir de composer à partir d’un langage, de créer en utilisant un vocabulaire existant, sans forcément que cela soit narratif. Cela peut aussi ne pas être une question d’un choix conscient, mais plutôt la mémoire corporelle du chorégraphe qui produit une écriture reconnaissable comme de la danse jazz.

Patricia Greenwood Karagozian et la compagnie FaCéCies

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Sonia Guillaume

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DOSSIER

> Patricia Greenwood Karagozian est d’origine américaine. C’est au Pittsburgh Ballet Théâtre et au Civic Light Opera de Pittsburgh qu’elle débute sa carrière. Elle y a dansé et joué dans dix huit comédies musicales dont West Side Story , Kiss me Kate, My Fair Lady, Applause… Aujourd’hui, elle intervient pour les préparations au Diplôme d’État et au Certificat d’aptitude, au sein par exemple du Centre national de la danse et au CNSMD de Lyon. Actuellement danseuse de la compagnie FaCéCies, elle participe à une recherche collective d’improvisation et de composition avec un quartet de jazz.

qualités professionnelles liées à une certaine poésie d’écriture chorégraphique. Je ne souhaite pas m’enfermer dans une écriture formelle et spécifiquement jazz, sans pour cela renier l’apport de cette technique dans mes créations. Plus simplement, je ne me pose pas la question « être ou de ne pas être jazz » lors de ce processus, laissant au public le soin de trancher ! ».

Patrice Valero

Page de gauche : Blue Vanda de Patrice Valero

James Carlès

Patrice Valero

« Je fais confiance à mon intuition » « Si on parle de processus de création, je ne me pose pas la question de savoir si je défends ou pas la danse jazz ! Je défends un propos, ayant recours pour cela à une écriture de mouvements qui puise dans des techniques de danse explorées au cours de ma carrière d’interprète auprès de divers chorégraphes de danse classique, jazz ou contemporaine. Je fais confiance à mon intuition plus qu’à mon intellect, ce qui ne m’empêche pas d’avoir une réflexion aiguë sur le fondement et la finalité de mes créations. Je suis professeur de danse jazz, certes, mais faut-il pour cela être identifié uniquement en technique jazz lors d’un processus chorégraphique créatif ? Je ne le pense pas. Comme je l’ai dit, je suis nécessairement sous influence. Mon corps « danse jazz », si l’on sous-entend les fondamentaux de cette technique. J’aborde une relation à la musique, à la mobilité corporelle et à l’énergie reconnues par les « gens » du jazz. Pour autant, nombre de personnalités de la danse contemporaine ou autres sont positivement sensibles à mon travail, reconnaissant des

> Patrice Valero fut danseur à l’Opéra de Marseille et à l’Alcazar de Paris ; danseur soliste des compagnies Friends, Peter Goss, Charles Créange, Hanuman Danse Théâtre, Off Jazz Dance Compagny et de la Cie José Cazeneuve. En 1984, il recevait le Premier prix du concours de danse jazz Dance Fever, à Los Angeles. Il participait à plusieurs comédies musicales et au film Terril, en 1990. Il intervient en tant que formateur dans plusieurs centres habilités à la préparation du Diplôme d’Etat en danse. Il est membre de jury du Diplôme d’Etat et du Certificat d’Aptitude. Quelques œuvres Fugit Amor (2006) ; Sueños de Verano (2003) ; Chorégraphies Fun Radio DJ Tour (2001/2003).

Yannick Derennes

l’essence même du jazz pour ne pas être jugés « ringards » ou « superficiels ». Et pourtant, lorsqu’elle est habitée et tissée dans une belle composition, cette danse provoque un impact émotionnel et immédiat chez le spectateur, une réaction physique inexplicable. Comme la musique jazz, le vocabulaire de cette danse est chargé de références historiques et culturelles. Sans artifices, cette danse crée un décor par le voyage qu’elle déclenche dans l’imaginaire. Riche en couleurs et textures, elle symbolise autant la sensibilité que la force de l’être. La danse jazz possède une valeur expressive spécifique et profonde et elle mérite une place plus importante et visible dans le paysage chorégraphique français. Que faire ? Créer ! »

James Carlès

« Un territoire et des domaines… » « Pour moi, je rattache plus facilement le jazz à une culture, une conscience, qu’à une ou des esthétique(s). Celles-ci ne sont que différentes formes, différentes « expressions » matérialisées de cette conscience. Celleci peut être comparée à un territoire, avec à l’intérieur des domaines. Et ce territoire c’est quoi ? Je le rattache d’abord et sans en limiter définitivement les frontières à la culture afro-américaine qui est la base de cette culture. Par la suite, je le rattache à l’appropriation et l’adaptation de ce que chaque individu et chaque groupe d’individus, dans sa propre culture, ont pu et peuvent en faire. En ce qui me concerne, à partir du moment où la référence d’une manière ou d’une autre à la culture « jazz » afroaméricaine est à la base de l’expression proposée, elle est valable, possible et acceptable. Certains regardent cette culture, n’en retiennent que les principes ou quelques principes et à partir de là fabriquent leur danse. D’autres restent très attachés aux formes originelles, d’autres encore à la philosophie ou à l’esprit... » > Après une formation initiale en danse et percussions africaines (Afrique centrale), modern jazz et classique, James Carlès se forme à New York et à Londres, chez Alvin Ailey, au Limon Institute, auprès de Lynn Simonson et Katiti King. Parallèlement il

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DOSSIER

expérimente des projets chorégraphiques et de vidéodanse avec Christian Canciani. De retour en France, il suit les cours d’Ingeborg Liptay. En 1998, il fonde, à Toulouse, le Centre James Carlès, pôle de formation initiale et professionnelle, de création et de diffusion chorégraphique. Il crée le festival international Danse et la compagnie James Carlès où il « concilie les danses, rythmes et philosophie africaine avec les techniques et les cadres de pensée occidentaux ».

Girls sit w.legs de Bruce Taylor

Quelques œuvres  A Love Suprême (2006) ; Opus 05 (2005) ; Contrepoint 01 (2004) ; Winter was hard 01 (2003) ; Sing Sing (2003) ; Opus 01, 02, 03, 04, 06 : soli et duos (2001/2004) ; Beast of Nonation (2001) ; Minuit : jeune public (2001) ; Cahier de retour : solo (1999) ; L’Odeur du Père (1998) ; Happy Birthday : solo (1998) ; Bubinga : jeune public (1997); Le Signe du mauvais sang : solo (1997); Jeux d’adultes (1997) ; Le second visage de Maâlah (1996) ; Itinéraire d’un marchand de sable (1995) ; Toubela – Confessions …(1994) ; Itinéraires (1992) ; Megi – Le chemin (1992).

que les Anglo-saxons appellent concert-danse. En quelque sorte, distinguer la fin et les moyens. Il y a souvent une confusion entre la danse jazz en tant que pratique (cours) et la danse jazz comme objet de création. Lors d’un processus de création, l’identité  jazz (être reconnu en tant que tel ou revendiquer cette identité à travers la création) n’est pas pour moi un moteur de création. En aucun cas je ne pense à faire « un exercice de style » avec un cahier des charges c’est-à-dire utiliser un certain vocabulaire ou des « fondamentaux »  qui me donneraient le label « jazz », même si le jazz en tant que partie intégrante de mon parcours, de mon vécu a nourri ma danse et influence toujours ma façon de bouger. En effet, s’agit-il de faire une vraie création ou une reconstitution ?  Pourquoi tenter de revenir à un prétendu Age d’Or de la danse jazz qui n’est rien de plus qu’un mythe nostalgique ? La Danse, plus que tout autre art est au cœur de l’instant, au plus près de notre temps et, à une époque où toutes les formes d’arts se rencontrent, se mêlent et

Cie ChoréOnyx

Yannick Derennes

A Love Suprême de James Carlès

Bruce Taylor

« Ni motif ni moteur de création  » « À la question « être ou ne pas être jazz en tant que créateur en 2007 », le mot qui m’interpelle le plus est « créateur ». Dans un premier temps, il me semble important de distinguer la danse en tant que pratique et ce

Bruce Taylor

s’entrechoquent, le jazz, danse de la mixité par excellence devrait trouver sa place. Les questions d’identité sont toujours complexes et dangereuses puisqu’elles induisent les notions d’appartenances, et donc d’exclusions, et de normes. En aucun cas, la danse ne doit devenir fascisante. Enfin, et ceci dépasse la thématique de l’identité jazz, il Suite p. 29 >

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Plaine des Sables , de Anne-Marie Porras , pièce créée en 2004 - Photo : Richard Volante

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One two spirits

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DOSSIER

Alain Gruttadauria

« Traduire un état charnel et viscéral » « Dès le départ, j’ai cherché dans la danse jazz cette manière de s’exprimer très corporelle, très rythmique, très sauvage, très animale… mais je savais que n’être que danseur jazz ne me conviendrait pas. J’adore cette danse mais le vocabulaire ne me suffisait pas. Je voulais me permettre le luxe de travailler avec la force théâtrale, la peinture et tout ce que j’avais pu assimiler aux Beaux-Arts, sur la composition, la lumière dans un tableau et, à l’École de cinéma, sur la mise en scène. J’ai besoin de tout cela. La danse jazz me permet de traduire un état charnel, quelque chose de viscéral. Le vocabulaire, je l’ai modifié dans toutes ses structures, au niveau du temps, du rythme… mais mes danseurs ont presque tous, entre autre, une formation jazz. Elle nous donne cet état de corps particulier, mais pour autant le corps évolue avec la société. Le danseur jazz n’a plus la même musculature avec ce côté massif, raccourci musculaire qu’il pouvait parfois avoir. Le corps grandit et ne bouge plus de la même façon. Je suis sensible aux évolutions de la société et pour moi, le jazz représente un espace de liberté. Invité en tant que « chorégraphe », on me dit : « Nous ne savons pas si tu es contemporain ou jazz, mais tu suis une voie qui nous rend curieux ». J’ai du mal à donner un nom à ce que je fais ; je dirais « moderne jazz » ou inversement, « jazz moderne ». En France, il existe des mouvements très différents. Il y a une génération qui apporte une touche originale à ce que les Américains nous ont donné, avec une manière de faire évoluer cette danse qui est très positive, je pense. Je suis admiratif de toutes ces directions prises aujourd’hui. Cette richesse ne doit pas nous diviser, bien

au contraire. »

Les Secrets… de Alain Gruttadauria

Christine Barbedet

> Chorégraphe, danseur, chanteur et acteur, Bruce Taylor est originaire de New-York. Après des études supérieures de théâtre, il suit les formations de la Dance Theater of Harlem, la Martha Graham School et l’Alvin Ailey American Dance Center. Aux Etats-Unis, il danse pour les compagnies d’Agnès De Mille, Bella Lewitzky, Elisa Monte, Walter Nicks et George Faison. En France pour les compagnies de Peter Goss et de Reda. Il crée sa propre compagnie ChoréOnyx, en 1996. Il enseigne le modern jazz à l’Ecole de l’Opéra de Paris. Quelques œuvres  Crying at the Aquarium (2007) ; A Traver(t) (2006) ; TCB… foudroyé (2006) ; Les Mots/Maux d’amour  (2004) ; Spook (2004) ; Karsi (2003) ; Not in my Footsteps (2000).

Cie Alain Gruttadauria

est capital, vital pour les créateurs, les chorégraphes de suivre leurs­­­vrais désirs, d’utiliser et détourner sans cesse les codes et de donner à voir leur vision du monde. »

> Beaux-Arts et Conservatoire d’Art dramatique de Nîmes, puis Avignon, l’École du cinéma de Nice et l’atelier Michel Fugain, Alain Gruttadauria, curieux de tout, se forme en danse jazz et en danse moderne ; il étudie différentes techniques : Graham, Limon, Cunningham. Il s’initie au yoga, au tai chi chuan . En 1996, il crée sa compagnie aujourd’hui Cie Alain Gruttadauria et développe «  un style très personnel qui allie technique, vitesse d’exécution, précision mais aussi sensualité et poésie… ». Enseignant et pédagogue, depuis 1998, il est membre du jury du Diplôme d’Etat. Quelques œuvres Les Secrets… (2006) ; Virus (2005) ; 180 secondes (2004) ; Délices (2001/2002) ; Petites Pièces (2000) ; Vladimir (1997) ; HADAS…Le Royaume du Milieu (1996).

Alain Gruttadauria

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DOSSIER Wayne Barbaste

« Jazz oui… mais la manière de le mettre en bouche, de le mastiquer, de le digérer est pour moi aujourd’hui différente. Si le goût reste le même, la saveur, les couleurs ont changé. Si la mémoire du corps jazz reste intacte, la danse jazz est une danse moderne, d’aujourd’hui, inscrite dans le présent de la vie. A mon arrivée en Bretagne, en 1989, je souhaitais pouvoir aborder le spectacle de façon différente de ce que j’avais connu à New-York et à Paris, en cabaret, au cinéma où dans des shows télévisuels. Je souhaitais réfléchir à ce qu’était une œuvre chorégraphique, en gardant l’essence même de la danse jazz, mais en retirant ses paillettes. La danse jazz était pour moi étouffée par l’habillage, par un espace scénique rempli et saturé. Je voulais ne garder que l’essentiel, en épurant ce qui était « trop », trop de style, trop d’habillage, trop de remplissage. Pour autant, prendre appui sur les fondamentaux transmis par Lester Horton, José Limon, Martha Graham… restait et reste essentiel. J’ai aussi travaillé sur le rapport de la danse et de la musique avec des musiciens, en expérimentant.

Richard Volante

Jazz nouveau concept : « Une philosophie de la danse »

Pour moi, ce n’est pas la musique qui est le moteur de la danse mais c’est celle-ci qui impulse une façon de voyager dans un espace sonore. La musicalité du corps induit la manière d’aborder le temps et l’espace. La musique devient ainsi un compagnon.

> Originaire de Trinidad et Tobago, Wayne Barbaste débute sa carrière en 1977, en Afrique, avec la Cie Astor Johnson et aux Caraïbes, avec les Cies La Chapelle et Douglas. Aux Etats-Unis, il rejoint la Cie Alvin Ailey Repertory. Chorégraphe depuis 1978, il s’installe en France en 1985. Il travaille avec la Cie Rick Odum puis Anne-Marie Reynaud. Il crée la Cie Wayne Barbaste et débute un travail de recherche sur la danse jazz dans le souci de ne pas rompre avec ses origines chorégraphiques tout en affirmant son appartenance à la création

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Mister Ex de Wayne Barbaste (2004)

actuelle. Depuis 1992, il dirige l’école municipale de danse de Cesson-Sévigné (35). En 2000, il fonde l’association Calabash, pour l’enseignement et la diffusion de l’art chorégraphique. Quelques oeuvres Jeux de hasard (2006) ; Mister Ex (2004) ; No Body’s Games (2003) ; No Limit/Hors Zone (2002) ; Extrait d’un parcours ici et là-bas (2002) ; No Solo (2001) ; Exquises esquisses (2000) ; Clair-Obscur (1995) ; Conversations Intimes (1994) ; Désert (1992).

Richard Volante

C’est de cette façon qu’est née l’idée de Jazz nouveau concept. C’est une philosophie d’approche de la danse jazz qui ne traite pas seulement d’un sujet mais questionne d’une part le contexte historique et social et d’autre part la relation avec les autres formes artistiques, la musique, la vidéo par exemple. Le Jazz nouveau concept est une approche chorégraphique épurée menée dans une démarche contemporaine pour réfléchir à la création. La première pièce de Jazz nouveau concept que j’ai créée, c’est Equinoxe, en 2000. »

Wayne Barbaste


w w w . j a z z p u l s i o n s . c o m

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Tendanses

Cathy GROUET Histoire de jazz En noir et blanc

Jazzpulsions est un outil commun d’échanges pour que les danses jazz reconquièrent un espace partagé, rassemblé et solidaire dans le respect de la différence.

Jazz attitude

Didier LOCKWOOD

Jazzpulsions souhaite œuvrer à une meilleure reconnaissance et un développement plus juste de la danse jazz dans le paysage chorégraphique français.

DOSSIER

être ou ne pas être

jazz en 2007

Jazzpulsions a la volonté de faire circuler la libre parole des artistes, des chercheurs… qui ne demandent qu’à partager leur passion de la danse jazz et leur richesse humaine. Numéro 1 / Octobre 2007 • Le magazine des danses Jazz • 7 euros

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Parution : octobre/ janvier/ avril/ juillet Format : largeur 23 cm maxi. et hauteur 31 cm maxi. Diffusion : par abonnement Prix : 7 euros

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jazz reso La Fédération Française de Danse

Une institution au service d’une passion Créée depuis bientôt quarante ans, la Fédération Française de Danse est agréée et subventionnée par le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative et subventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication. Elle a une mission de service public que lui confère la délégation de pouvoir du Ministère des Sports et est membre du Comité Olympique et Sportif Français.

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L

a Fédération Française de Danse contres chorégraphiques départemenregroupe un millier de structures tales, régionales, nationales. En effet, la dispensant les enseignements de FFD se déploie sur le plan national à tratoutes formes de danses, qu’elles soient vers dix comités régionaux et vingt-deux artistiques, sportives, de société, rock comités départementaux. Ces instances acrobatique ou country and line. Auprès décentralisées la représentent et mettent des pouvoirs publics et des organismes en œuvre sur le terrain des actions en diofficiels tant en France qu’à l’étranger, rection des enseignants et des danseurs elle représente les organismes affiliés et dans le respect du projet fédéral notamdéfend les intérêts de la danse. ment en matière de formation continue Elle entreprend de plus toute action des professeurs. Les dirigeants des comisusceptible de leur apporter une aide ef- tés sont là pour répondre aux questions fective dans leur fonctionnement sur le et aux attentes des structures dépendant plan de l’enseignement, de la création, de de leurs périmètres géographiques. la diffusion, de la documentation et de Le magazine d’information Danse, la formation. Danse, Danse se fait ainsi l’écho de ce Par ailleurs, appartenir à la FFD permet dynamisme, à raison de cinq parutions à une association, un club ou une école par an. de danse, de bénéficier certes d’une assurance responsabilité civile pour la struc- > FFD/CB ture et les licenciés mais aussi d’avan- Fédération Française de Danse  tages auprès de la SACEM. À savoir : 20, rue Saint-Lazare ; 75009 Paris l’exonération des frais sur l’utilisation de 01 40 16 53 38  ; ffdanse@wanadoo.fr la musique dans les cours et une réduction sur les spectacles de fin d’année. C’est aussi la possibilité d’obtenir l’agrément « sports » ; une clef pour les subventions loSur les 56000 licenciés que compte la fédération, 50 % pracales et départementales. tiquent la danse jazz, 20 % la danse classique, 14 % la danse

56000 licenciés, 50 % jazz

La FFD s’est donnée pour but  de développer le goût et la qualité de la pratique de la danse. Elle propose ainsi des ateliers de relecture et de composition chorégraphique pour tous les styles de danse ; un colloque des dirigeants ; le concours national de danse classique ; le festival national Danse et l’Enfant ; des compétitions en danses sportives, de société, rock acrobatique et country and line ; la soirée des champions L’Or en scène. Sans oublier les actions menées par ses comités nationaux, régionaux et départementaux qui organisent par exemple les ren-

contemporaine, 6 % le hip-hop, et les 10 % restant se partagent les autres formes de danse. La pratique amateur de la danse est essentiellement féminine, ainsi pour le jazz, sur l’ensemble des licenciés de moins de 18 ans, nous comptons 75 % de filles.

80 % des structures affiliées à la FFD proposent l’enseignement de la danse jazz avec une lisibilité des courants parfois peu évidente : free-jazz, street-jazz, hip-jazz… Dans le domaine de la danse jazz, la FFD propose une action phare : le Concours national de danse jazz qui aura lieu les 2 et 3 février prochains (inscriptions avant le 30 novembre). Il a pour but de favoriser les échanges entre élèves-danseurs et professeurs-chorégraphes afin de promouvoir la danse jazz et découvrir de jeunes talents. Un comité artistique composé de personnalités éminentes de la danse jazz est chargé d’évaluer les prestations et d’attribuer les prix. Par ailleurs, le Stage national de Toussaints donne la part belle à la danse jazz (voir p. )


histoire de jazz

Saga en  lanc b t e r noi

Du charleston au lindy hop, des Nicholas Brothers à Fred Astaire, en passant par Gene Kelly, Jack Cole, Bob Fosse, Matt Mattox, Talley Beatty, Alvin Ailey, Fred Benjamin… la danse jazz s’impose, dans le champ artistique du 20ème siècle, comme une

danse de rencontre et de curiosité mutuelle. Elle est l’expression de la vie qui, jaillissant à gros bouillons, nous a donné un fleuve dont les « sources grondantes »* coulent au cœur de ces territoires africains touchés par l’esclavage et dont les ports d’attache américains sont autant de racines régénératrices. * Lucien Malson, Histoire du Jazz et de la musique afro-américaine ; Paris ; Éd. du Seuil ; 1994 ; p. 25

William Henry Lane dit Juba, fondateur des premières techniques de claquettes. Col. Archives Larbor

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Histoire de Jazz

L

a danse jazz est un enfant de l’Amérique. Nous l’avons adoptée certes, mais sa genèse, son évolution, son identité sont les produits d’une interaction culturelle complexe, de plus de trois cents ans, entre Américains blancs et noirs. De ces siècles traversés de souffrance, de misères et d’infamies, est né le jazz, fruit de la synthèse créatrice entre des traditions venues d’Afrique et des formes importées d’Europe par les émigrants. Comprendre la danse jazz nécessite de se pencher sur cette préhistoire, entamée au 17ème siècle dans le sud des EtatsUnis, lorsque les esclaves trouvent dans la musique et la danse un moyen d’entretenir la mémoire de l’Afrique. Mais, c’est de la rencontre avec les Blancs et des emprunts aux différentes traditions européennes auxquelles les esclaves sont exposés, que germent, dans la communauté noire, des musiques et des danses métissées, « impures » par essence. La préhistoire du jazz est le reflet des ces échanges intenses entre cultures. Citons les premières techniques de claquettes, appropriation de la gigue irlandaise par les esclaves et le remodelage des danses noires des plantations par les artistes blancs des minstrel shows*. Citons encore le fameux cakewalk*, danse subversive des esclaves qui raille les façons de danser des maîtres et les danses du ragtime*, inspirées des danses animalières noires, mais filtrées et aseptisées par le Dancing for eels Lithographie de E . & J. Brown (1848,Library of Congress)

couple Irene et Vernon Castle. Ces emprunts réciproques se télescopent pour accoucher au 20ème siècle d’une musique et de danses inédites, officiellement appelées jazz, dès 1917.

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Cette interaction culturelle, déniée par une Amérique blanche qui ne voit longtemps dans le jazz qu’une danse folklorique noire, est d’une importance capitale dans la survie et l’évolution des musiques et des danses africaines américaines, leur conférant une double identité. A partir des années 1920, le jazz poursuit son métissage, souvent par Blancs interposés, sur les scènes de Broadway, symbole d’une exploitation organisée de la danse noire américaine. Le théâtre musical en évacue toute violence ou subversion pour la rendre psychologiquement confortable. Il la réduit à une danse distractive, à l’image du hip hop français récupéré puis phagocyté par les émissions de variétés télévisuelles. Dans une Amérique ségréguée, seul passe la rampe ce qui est idéologiquement recevable. L’histoire, la fonction sociale de cette danse sont gommées. Appréhender la danse jazz par l’intermédiaire du seul divertissement s’avère donc réducteur même si elle y est très présente. Des chorégraphes novateurs y sont à l’origine d’un style particulier, parfaitement adapté aux exigences du théâtre musical et baptisé « Modern jazz » au début des années 1960. Il reste néanmoins fort éloigné des luttes et des motivations qui agitent alors la communauté noire. Porteur de conflits Pour comprendre l’identité profonde du jazz comme du hip hop, il est nécessaire de se pencher sur ses créateurs et les conditions sociologiques particulières qui ont pesé sur sa naissance, son devenir, son identité et son esthétique. En effet, pour exister en tant qu’êtres humains dans les plantations et au-delà en tant que communauté dans un Sud profondément raciste, la lutte est continuelle. Pour monter sur scène sous les seuls masques tolérés du « comique » ou de « l’entertainer », puis revendiquer le statut d’artiste dans le champ d’une danse moderne érigée en forteresse inexpugnable, l’intégration est difficile. Autant de combats qui lient l’évolution des musiques et des danses noires au conflit entre résistance à l’asservissement et désir/besoin d’intégration. Comprendre le jazz, collision puis jonction de deux identités musicales et dan-

sées, c’est réaliser qu’il est ambivalent et porteur de conflits. Conflits entre l’Europe et l’Afrique, entre Noirs et Blancs, entre désir et rejet de l’Autre, entre résistance et intégration, entre présent et devenir. Ambivalent dans cette nécessité qu’il a, des années 1920 à 1940, de puiser sa force dans la tradition (le collectif ) pour la transmettre par une valeur fondamentalement occidentale (l’individualisme). Ambivalent encore, dans la nécessité où il se trouve de synthétiser un passé africain et un futur américain, tiraillé entre une Afrique paradisiaque mythique et la fascination pour la société qui l’a vu naître. Ambivalent dans le désir de retrouver des racines et le besoin de participer de plain pied à la modernité de la danse américaine. Une position conflictuelle reflétée par les luttes politiques des Noirs américains, lorsque lassés de revendiquer sans cesse le droit d’être citoyens à part entière, ils regardent alors vers l’Afrique. Années 1940, la rupture Les années 1940 marquent une rupture esthétique importante pour la musique et la danse jazz. En effet, les pionniers de la danse moderne noire américaine, dont Katherine Dunham, se tournent vers cet héritage africain. A contrario de la musique, la danse jazz ne connaîtra pas les prises de position radicales des musi-

Les aventures de l’Oncle Tom Lithographie de Courier.litho.co (19ème siècle, Library of Congress)


Sud Reportage

ciens de Bop et, plus tard, de Free jazz qui s’engageront violemment dans la bataille politique des années 1960. La raison est peut-être celle de la croyance en une politique intégrationniste qui sous-tendait l’œuvre de grands chorégraphes noirs de l’époque. Alvin Ailey prône en effet l’assimilation et résiste aux demandes séparatistes du nationalisme noir, proposant en guise de message idéologique une compagnie et une expression métissée. Ce sont le rap et le hip hop, descendants directs du jazz mais plus incontrôlables et donc plus « dangereux », qui prendront le relais en descendant dans la rue, lors des émeutes de 1992. Aujourd’hui encore, même dans sa forme contemporaine apparue dès la fin des années 1950, à grand renfort d’accommodements, de compromis, de filtrages dans un champ du divertissement qui le revendique officiellement comme « danse typiquement américaine », le « Modern jazz », devenu danse de création, est resté une danse inquiète. Une danse en équilibre instable entre noir et blanc, entre danse populaire et danse savante, entre pratiques commerciales et sensibilité esthétique. Un entre-deux inconfortable mais essentiel à son identité où il compose entre tension et détente, entre forme et rythme, entre écriture et spontanéité. La danse jazz est une production esthétisée de conflits, en recherche constante d’équilibre. Lorsqu’elle parvient à maîtriser les tensions de ses composantes contradictoires, elle ouvre son éventail esthétique et devient alors expérience universelle. Elle brouille les grands couples conceptuels qui structurent notre pensée : art/divertissement, populaire/élitiste, tradition/innovation, passé/présent, individu/communauté, identité/altérité, plaisir/douleur, inspiration/technique, sophistiqué/primitif, sérieux/ludique.

Andrew Eccles

histoire de jazz

À gauche : Gamin dansant de John Vachon (1914, Library of Congress) À droite : Jack Cole par Carl Van Vechten (1937, Library of Congress)

Jazz, mot valise Depuis ses origines, le jazz se nourrit ainsi de tous les temps, de toutes les formes. Il n’est pas surprenant qu’il soit de-

À gauche : Matt Mattox - À droite : La danseuse Adiaha Smallwood de la Cie Alvin Ailey American Dance Theater, en octobre à Lyon.

venu une sorte de mot valise, synonyme d’expression libre, symbole d’énergie, de jeunesse, de sensualité et de liberté. Le jazz est libre d’allure, libre d’esprit. Totalement libre ? Force est pour l’historien de constater que dans sa patrie d’origine, la liberté du danseur de jazz tient davantage de la liberté conditionnelle. Et ce, au-delà même du fait que chaque danseur ou chorégraphe respecte un certain nombre de qualités que l’on peut relier à la tradition africaine américaine, à savoir un traitement particulier de la matière corporelle et du mouvement vers « l’expressionnisme » et une mise en valeur spécifique du temps. Chacun prend grand soin, consciemment ou inconsciemment, de respecter le périlleux équilibre de ses composantes, évitant de mettre en exergue l’une au détriment de l’autre, au risque « de voir s’écrouler l’évolution hybride de cette danse et de faire alors autre chose que de la danse jazz » (cf. entretien de l’auteur en 2002 avec les chorégraphes américains : G. Giordano, B. Siegenfeld, F. Hatchett, L. Imperio). Dans ce contexte, établir la fiche signalétique d’une expression affichée comme danse de société, danse de divertissement, danse de création, mais aussi définir clairement ce qu’est la danse jazz actuelle, trouver un juste équilibre entre intégrisme et laxisme, est un exercice difficile digne de l’ambivalence du jazz. Néanmoins il paraît plus fécond de courir le risque de se tromper en tentant de la définir et de cerner ses enjeux, plutôt que de castrer le débat, en faisant semblant de croire que chercher à comprendre serait en limiter l’expression ou en freiner l’évolution. Devant la diversité des opinions émises et l’utilisation souvent imprécise du mot, il s’agit pour l’historien de donner des clés nécessaires à sa compréhension, d’aider à proposer des définitions et des qualités propres à son existence. C’est ce que nous tenterons de faire dans ce magazine.

À savoir

Minstrel shows

Première forme de théâtre musical populaire américain née au 19ème siècle et disparue au début du 20ème siècle. Interprétés par des troupes masculines d’artistes blancs au visage noirci, ces spectacles insolites se caractérisent par une thématique constante basée sur le Noir américain et sa culture. Puisant librement aux sources du folklore noir, les minstrel shows mettent en scène chansons, danses, gags, scènes comiques sans manquer de caricaturer le Noir de façon plus ou moins sympathique et de véhiculer certains clichés tel le personnage de Jim Crow qui deviendra par la suite le symbole du racisme et de la ségrégation.

Cakewalk

Danse en vogue aux Etats-Unis à la fin du 19ème siècle. Apparue dans les plantations, les esclaves s’y moquaient ouvertement de la façon de danser des Blancs. Devenue danse de concours, le prix en était offert par les propriétaires sous forme d’un gâteau. Adopté par les minstrel shows, puis diffusé par les vaudevilles, il devient la coqueluche de la société blanche qui en fait sa première danse de bal.

Ragtime

Style pianistique syncopé, apparu à la fin du 19ème siècle, qui mêle les folklores noirs et blancs et est une des sources du jazz.

Eliane Seguin

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Patrick Andriot

histoire de jazz paroles de passeur

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histoire de jazz paroles de passeur

Jacques Alberca évoque Gene Robinson

D

ès la fin des années 1950, Eugene Robinson alias Gene Robinson, élève et danseur de Katherine Dunham, est l’un des premiers à former professeurs et danseurs français. Jacques Alberca évoque cette rencontre. Durant trente ans, ce dernier fut danseur, chorégraphe et professeur. Depuis dix-sept ans, il est pédagogue et formateur.

Dans ses cours, où Gene s’accompagnait lui-même avec un instrument à percussion, les niveaux techniques étaient mélangés. Les classes étaient remplies d’une grande diversité d’élèves venus d’horizons multiples. Chanteurs, comédiens, danseurs professionnels et débutants se côtoyaient dans ses cours.

Une danse organique Gene Robinson, plus enseignant que En 1962, venu d’Algérie je « débarque » chorégraphe, proposait une danse orà Paris pour faire de la danse. Mis à ganique, une danse où le danseur  était part les structures officielles où la danse musique. Son rapport musical sans être classique est prépondérante, à cette épo- anecdotique, se basait sur la pulsation, il que la danse est une activité obscure, jouait avec les contre temps, les durées et secrète, sans grand mode de commu- les rythmes. Il faisait ressortir corporelnication ; elle n’est pas encore démo- lement la structure et la qualité culturelle cratisée et son existence ne fonctionne de la musique sur laquelle il s’appuyait. que par le bouche à oreille. Très vite, et Nous étions dans l’apprentissage d’un grâce à l’information d’amies étudiantes style plus que d’un savoir faire technique. aux Beaux-arts, j’ouvre un soir la porte Ce qui m’a obligé à prendre en parallèle, du studio Constant. C’est des cours de danse clasdans ces studios à Pigalle, « Plus enseignant sique, des séances d’acroaujourd’hui disparus, batie, afin de parfaire ma que chorégraphe, souplesse et ma capacité que je rencontre pour la il proposait une première fois Eugène Roà devenir techniquement binson, appelé Gene Ro- danse organique, performant. binson. Âgé alors d’une Ses cours se compoune danse où quarantaine d’année, il le danseur  était saient d’exercices au milieu officiait dans ces lieux deet à la barre ; de déplacemusique. » puis déjà quelques temps, ment utilisant la maîtrise amenant l’apprentissage de chaque partie du corps ; d’un style de danse  « modern’jazz »  d’une diversité de traversées mettant en connu en France par l’intermédiaire du jeu un grand travail de polyrythmie ; cinéma. Gene Robinson, élève et dan- d’une variation où la chorégraphie donseur de Katherine Dunham, possédait nait à voir des corps dansants sur une et transmettait dans la lignée de son musique dansante. Maître, une danse nourrie des caractères Pédagogiquement, Gene Robinson rythmiques et culturels afro-américains. fonctionnait sur le concept du « faire C’est après une tournée européenne de comme », pour aboutir, par un travail la Cie Katherine Dunham que Gene d’imprégnation, à une danse que chaque Robinson s’installe à Paris. Je crois, qu’il élève pouvait s’approprier. Il mettait insa été le premier professeur de danse tinctivement en jeu, « un corps global » modern jazz   invité à faire travailler les qui relie le corps et l’esprit, la terre et le danseurs de l’Opéra de Paris. Quelques ciel, et qui inscrit l’être, dans un ensemannées auparavant Gene Kelly venait de ble universel. A cette époque, par absencréer Pas de dieu. ce de discours de sa part, nous n’avions

pas conscience de toute la signification symbolique induite dans la transmission de ces cours, à savoir le fort ancrage qui installe la verticalité ; la perception corporelle du centre gravitaire d’où partent et arrivent toutes les intentions générant les mouvements centrifuges et centripètes ; le travail de dissociation et d’isolation de chaque partie du corps sans être segmenté, mais toujours pris dans l’ensemble du mouvement : tout est dans un, et un est dans tout ; le sens du déplacement très prononcé, donnant à percevoir une danse nomade où était pris en compte l’espace intérieur, proche et lointain. Un corps anti-institutionnel Les mouvements étaient à la fois subtiles et violents, rapides et langoureux, animals et sensuels voire sexuels. Cette danse, basée musculairement sur la tension/détente, proche du sol, mue par une savante organisation de la pulsation, était une danse qui donnait à voir un corps incarné, un corps anti-institutionnel qui mettait en danger les valeurs sociales de l’époque. C’était avant mai 1968, une danse libératrice, elle l’est toujours. Quinze ans plus tard, quand se posera à moi la question de l’enseignement, c’est avec conscience que je mets en place un apprentissage de la technique de danse modern jazz, qui conjuguera, construction du danseur et stylistique. Je suis resté fasciné par Gene Robinson qui était à la fois un danseur apollinien, par sa prestance et son allure altière, et dionysiaque par l’organicité de ses mouvements qui occultait la densité du travail et rendait sa danse au premier abord facile et accessible. Henri Matisse disait de son livre JAZZ : on ne doit pas se fier à « l’apparente facilité » de l’œuvre. Jacques Alberca

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À LIRE, VOIR ET ENTENDRE Éliane Seguin

Un manifeste historique

Histoire de la danse jazz de Éliane Seguin ; éd. Chiron ; 2005 « Introduction ou guide à l’attention de ceux qui ne connaissent la danse jazz que de façon fragmentaire » ou « moyen d’approfondir la connaissance qu’ils en ont, pour ceux qui la fréquentent déjà », l’ouvrage Histoire de la danse jazz est la bible de ceux qui s’intéressent à cette épopée humaine. Éliane Seguin, danseuse, professeur de danse et d’histoire de la danse, co-dirige la compagnie de ballets jazz Rick Odums et le Centre international de danse jazz. Si ce livre est « le fruit d’un long désir », c’est aussi un acte militant, un manifeste historique visant à élargir le regard sur la danse jazz , souvent considérée comme « un divertissement vulgaire ». Un placard où, en France, un certain racisme culturel l’a reléguée. Vulgaire ? Oui bien sûr mais dans le sens latin de vulgus, commun de la masse. En un mot : danse du peuple. Et quel peuple, celui qui enracine son

histoire dans l’Afrique de la traite, celle des esclaves noirs américains. En adaptant leurs chants, musiques et danses « au système de référence blanc », ils fondaient le jazz. « Une créolisation » culturelle qui fait dire à Eliane Seguin : « Le jazz n’est ni noir ni blanc, il est métis ! C’est une synthèse de toutes les danses ». L’historienne pose ici les bases de compréhension de ce phénomène artistique dans son contexte culturel et sociétal. Un voyage initiatique depuis la minstrelsy du 19ème siècle jusqu’au modern jazz actuel, en passant par le swing et la comédie musicale, avec les grandes figures de cette épopée. Ce sont elles qui ont inoculé cette passion auprès des pionniers de la danse jazz en France. Pour ceux qui la transmettent aujourd’hui et la transmettront demain, cet ouvrage contribue à faire œuvre de mémoire : savoir d’où l’on vient quand on ne sait pas toujours où on va…

Christine Barbedet

Céline Roux

Attitude performative et chorégraphie

Danse(s) performative(s) de Céline Roux ; Collection Le corps en question ; Éd. L’Harmattan ; 2007 Céline Roux, docteur en Histoire de l’art et chercheur spécialisé en art chorégraphique, aborde dans cet ouvrage les notions de performance dans le champ chorégraphique, avec une focalisation sur la décennie 1993-2003. Elle met ainsi en lumière les enjeux de ce qui pour les uns est « dégénérescence » et pour les autres, une « nouvelle alternative créatrice », une attitude et « un état d’être ». Avec au cœur du processus, la notion « d’alternance et de création entre le conceptuel et l’expérimental » et la « mise en danger » mais aussi la prise en compte du spectateur dans la « consom’action », l’acte performatif dansé ou non dansé est une prise de posture sociétale. Dans cette étude, les acteurs des danses jazz trouveront matière à re-questionner leur propre pratique, avec pour « en commun » une liberté revendiquée mais souvent prisonnière de manière paradoxale des codes qui lui ont permis de s’affranchir. « La danse performative veut rester libre… Libre de tout, pouvant renier demain ce qu’elle avance aujourd’hui. » conclut Céline Roux. A lire passionnément ! Christine Barbedet

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Une œuvre, un chorégraphe

À LIRE, VOIR ET ENTENDRE > Les incontournables

Boris Vian

Éternelle jeunesse de l’œuvre

Jazzpulsions a proposé à Cathy Grouet, danseuse et chorégraphe de nous faire découvrir un livre, une œuvre littéraire en lien avec la danse jazz. Elle rend hommage à Boris Vian. Vous que la bêtise humaine désarme, que la férocité désespérante du monde laisse sans voix, vous qui vibrez encore malgré tout d’une jeunesse passionnée, généreuse et insolente, vous qui aimez la vie telle que la célèbre la musique jazz, la vie malgré tout, l’humour plutôt que les larmes, vous qui êtes sensibles au pouvoir des mots, à la magie de l’écriture, vous devez découvrir Boris Vian. Vous trouverez dans son univers étrange et poétique une voix qui ne ressemble à aucune autre et qui vous sera pourtant immédiatement familière. Ingénieur diplômé de Centrale, Boris Vian a 20 ans sous l’Occupation allemande. Passionné par la culture américaine et en particulier par la musique jazz, alors interdite et symbole de résistance pour toute une jeunesse avide d’indépendance morale, il est aussi trompettiste. C’est à cette époque qu’il tente ses premiers écrits. Le roman Trouble dans les Andains reflète son goût pour la bande dessinée et le délire narratif. Mais, comme la plupart de ses concitoyens, ce n’est qu’à la libération qu’il prend conscience des hor-

reurs de la guerre : la nouvelle Les fourmis  s’en fait l’écho dans une écriture tour à tour distante, cynique, humoristique et burlesque. C’est après la guerre que s’affirme sa vocation littéraire, fécondée par un environnement bouillonnant de liberté et d’idées. Il est l’animateur infatigable des nuits de Saint-Germain des Prés où se croisent les artistes et les intellectuels de cette époque foisonnante. Il accueille à Paris Sidney Bechet, Lionel Hampton, Lester Young, Kenny Clarke, Miles Davis et bien d’autres grands jazzmen pour lesquels son admiration va de pair avec sa fougue anti-raciste. Il écrit ses premiers grands romans L’écume des jours, L’automne à Pékin mais aussi J’irai cracher sur vos tombes, thriller pseudo-américain sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, œuvre qui fait l’objet d’un scandale et d’un procès. Poèmes, pièces de théâtre, traductions, chroniques de jazz … Au cours des années 50, il se tourne vers des champs nouveaux : presse, radio, cinéma, direction artistique de maisons de disques et surtout chanson dont la plus célèbre, Le déserteur, rappelle que Boris est un artiste engagé. Son cœur, malade depuis l’enfance, interrompt cet insatiable goût de vivre et de créer le 23 juin 1959. Cathy Grouet

Truly de Jim Beard

Audio CD (April 22, 1997)/Label Escapade / ASIN : B000001ZZA Voici un album un peu ancien (1997), mais indispensable. Jim Beard, musicien poly-instrumentiste surdoué, ayant collaboré avec de grands noms du jazz (parmi lesquels Wayne Shorter, Mike Stern, Pat Metheny, Michael Brecker, John McLaughlin et le Mahavishnu Orchestra…), intervenant au Berklee College of Music de Boston, livre ici un album haut en couleurs. À la pointe de son époque, il mélange sans compter les techniques d’écriture musicale classique les plus pointues aux machines électroniques en tout genre. En résulte une série de plages éclectiques et chantantes à souhait, aux accents tantôt latin, tantôt blues, tantôt contemporain, mais toujours teintées d’une pointe d’humour ou de dérision. Sur des tempi toujours facilement identifiables, Jim Beard réussit avec cet album un tour de force magistral, tant la sophistication extrême des arrangements reste sous-jacente à une musicalité exemplaire. De loin son meilleur album, encore une fois un peu ancien dans le son, mais qui vous évitera une barre « boom-boom » sans originalité. Et avec le sourire. Classe ! (En import sur amazon.com) Emmanuel Guillard

http://www.myspace.com/egmanstud

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Un binôme artistique à développer

Richard Volante

Rasheed, chorégraphe et danseur, invité du stage francoitalien Danser ensemble, à Borgo Cardigliano

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Rasheed

France/Italie


world Jazz Bien que les deux pays soient limitrophes et que les propositions de formation et les festivals de danse y soient également nombreux, il reste difficile d’identifier de véritables projets communs, conçus et organisés en binôme entre les institutions, les écoles ou les associations italiennes et françaises. C’est encore plus vrai si l’on fait référence à l’univers des danses jazz.

Direction franco-italienne à l’Opus Ballet Très active et désormais connue pour les projets de formation menés avec des professionnels français de renom, l’école Opus Ballet, à Florence, maintient un lien privilé-

Danser ensemble, stage franco-italien, se déroulait cet été à Borgo Cardigliano

Valentina Tosi

E

sthétique en bonne place dans le cadre des formations et concours nationaux ou internationaux qui sont ouverts aux écoles et promus sur le territoire italien, la danse jazz reste en marge de la diffusion artistique comparée à l’essor de festivals dédiés aux danses plus conceptuelles, proches de l’esthétique de la danse-théâtre. Ces derniers bénéficient d’un réseau concret et articulé, sur le plan national mais aussi outre frontière. Citons le Festival Inteatro, à Polverigi, l’été, qui collabore avec le DBM, Danse Bassin Méditerranée et avec l’Iris, association sud européenne pour la création contemporaine ou encore le Festival Interplay, à Turin, en mai, partenaire italien de Les Repérages/Danse à Lille. Faute de liens aussi structurés dans les domaines des danses jazz, les projets de diffusion des œuvres d’un pays à l’autre sont de l’ordre de l’initiative individuelle. « Créer des échanges aptes à favoriser la diffusion des créations des compagnies est une nécessité. Il est très dur de partir à l’étranger sans aucun point d’appui ». Andrea Ruoli de l’école MaxBalletAcademy de Florence qui soutient la Cie ControVersoDanza, regrette le manque d’aide à la diffusion. À l’initiative de l’ambassade de France, la fondation Nouveaux Mécènes prend en charge un certain nombre de projets artistiques, tout domaine confondu, pour aider les lieux de diffusion italiens qui souhaitent promouvoir la création française. Pour autant, les ressources budgétaires du mécénat ne sont pas illimitées. Les échanges entre les deux pays, en danse jazz, concernent pour la plupart la formation et se développent dans le sillon des parcours personnels propres à leurs initiateurs.

gié avec la France, grâce à une direction artistique « en duo », assurée par l’Italienne Rosanna Brocanello et le Français Daniel Tinazzi. Au fil des années, le centre est devenu promoteur de différentes initiatives aujourd’hui confirmées dans le milieu artistique italien. Il développe des stages, des festivals dont Crossroads, organisé dans le cadre de FirenzeEstate, un événement estival de la Ville de Florence ou encore des concours dont le célèbre international DanzaFirenze, en juillet, qui fait la part belle au modern jazz. Pour ce dernier, le jury 2006 était composé dans sa totalité de professionnels français et italiens. Autant de projets conçus par Opus Ballet afin d’affirmer une volonté d’internationalisation grandissante qui a longtemps mis la France à l’honneur. En permettant un échange artistique constant, une telle initiative contribue à développer la notoriété des professionnels français en Italie. Parmi les rares projets de jumelage, citons à Borgo Cardigliano, la première édition du stage international Danser Ensemble, en juillet 2007, promu par Sofia Capestro, directrice artistique de l’association Les Baladines d’Asnières-sur-Seine, et Vera Giannetto, directrice artistique du Balletto del Salento. Un nouveau projet qui s’appuie sur une amitié de longue date et les parcours respectifs des artistes qui menaient Sofia à Paris lorsque Vera poursuivait sa carrière en Italie. « L’idée d’un jumelage est née de nos expériences professionnelles préalables », explique Sofia, « ainsi que de l’envie de proposer un projet inédit qui permettrait aux élèves italiens de découvrir des professionnels français de renom, avec un excellent curriculum mais ne figurant pas régulièrement dans les plannings des stages organisés en Italie, et vice-versa ». Au rendez-vous : Rasheed, directeur de la Cie Perf ’One, chorégraphe et danseur à l’international pour différents artistes tels Prince, Justin Timberlake ou Maurice Béjart et plusieurs émissions télévisées. Autres chorégraphes invités : Kledi Kadiu,

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Les Baladines

connu de la scène médiatique italienne par l’émission Amici, ou encore Mauro Mosconi, chorégraphe pour les chaînes du groupe Mediaset. Pour ce dernier, ce projet de formation réunit de façon constructive deux approches culturelles très différentes : « La France est un pays qui investit sur ses talents, lorsque l’Italie est un pays très xénophile : les noms étrangers y suscitent beaucoup d’intérêt. A chaque occasion d’échange correspond une opportunité de développement personnel et cette initiative ne peut qu’être favorablement accueillie. Je souhaite que cela encourage la multiplication des possibilités de rencontre ». Ces propositions encore peu nombreuses sont pour Rasheed une chance, mais demandent l’engagement important des porteurs de projet. « Ces échanges artistiques ne peuvent prendre forme qu’avec une organisation rigoureuse, une équipe performante, une communication efficace auprès du public et des médias. Au-delà, c’est une question d’énergie, d’investissement personnel et collectif. Pour réussir ce pari, l’esprit d’équipe est nécessaire ». À défaut d’obtenir des subventions de la part des organismes attachés à la promotion artistique, les initiatives susceptibles de s’insérer dans un projet global de mise en valeur du territoire et de développement touristi-

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Compagnie Les Baladines d’Asnières-sur-Seine, co-organisatrice du stage Danser Ensemble, en partenariat avec le Balletto del Salento

que arrivent néanmoins à obtenir un soutien financier ou des facilitations logistiques de la part des institutions ou de partenaires privés opérant dans ce domaine. À l’échelle européenne, favoriser le développement des partenariats artistiques impulse de nouvelles occasions d’enrichissement culturel. Partenariats spontanés, partage de compétences, de lieux, de réseaux… sont sans doute des clefs pour ouvrir de nouvelles portes, là où faire avancer « l’autre » c’est avancer ensemble. Valentina Tosi

Liens utiles

> Festival Inteatro  www.inteatro.it

> Mauro Mosconi www.mauromosconi.net

> Les Baladines www.lesbaladines.fr

> MaxBalletAcademy www.maxballet.it

> Festival Interplay www.mosaicodanza.it

> Rasheed www.rasheed-dance.com

> Opus Ballet www.opusballet.it


Cristiano Castaldi

Cristiano Castaldi

world Jazz Brèves

Renato Greco

De notre correspondante italienne, Valentina Tosi.

▲ James Carlès et Wayne Barbaste à Neuchâtel (Suisse)

> Avec James Carlès : stage du 19 au 22 Octobre, avec jc équilibre à Neuchâtel. Opus 05 : 20 et 21 octobre à Neuchâtel (Suisse) Mister Ex de la compagnie Wayne Barbaste, les 20 et 21 octobre à Neuchâtel.

> Tango Jazz par Renato Greco et Maria Teresa Dal Medico de la Teatro Greco Dance Company En tournée à Malte, les 24 et 25 novembre. Rencontre avec un trio de musiciens qui fait du métissage des genres son signe distinctif. En live, le Tango de Piazzolla croise son chemin avec un morceau des Beatles, une chanson napolitaine, une composition classique, pour une performance de danse aux couleurs rebelles. www.teatrogreco.it De notre correspondante italienne, Valentina Tosi.

▲ Tribal Jazz conquiert la scène (Italie)

> Funi, 2 ma non 2, les 6 et 7 octobre et Uzumé che danza, les 19 et 20 octobre. Teatro del Loto à Ferrazzano (Campobasso). Né de la rencontre de danses

traditionnelles de différents peuples, réinterprétées à travers l’esthétique de la danse jazz, le Tribal Jazz rencontre un public de plus en plus nombreux, grâce aux créations de la chorégraphe Maria Grazia Sarandrea. www.tribaljazz.it De notre correspondante italienne, Valentina Tosi.

▲ Concours international à Pinerolo (Italie)

> Week End in Palcoscenico; Ville de Pinerolo, le 5 décembre. 13ème édition de Week End in Palcoscenico, concours international

Association culturelle Body Show

> Rugantino Dance Opera par Renato Greco et Maria Teresa Dal Medico de la Teatro Greco Dance Company. Teatro Greco, à Rome, du 8 novembre au 8 janvier . Sous la direction de Gino Landi, 26 danseurs et 4 chanteurs transposent sur scène l’histoire de Rugantino, personnage traditionnel du théâtre populaire italien, créé en 1848 par Odoardo Zuccari, dans la filiation de la Commedia dell’Arte du 16ème siècle. Sous forme de « Dance Opera », les chorégraphes Renato Greco et Maria Teresa Dal Medico réinterprètent cette comédie musicale, enracinée dans le panorama culturel italien, à travers la force expressive de la danse jazz nuancée d’influences folkloriques. www.teatrogreco.it

▲ Fusion de danses rebelles avec Tango Jazz (Italie)

Claudio Martinez

▲ Une comédie musicale avec Rugantino (Italie)

Tango Jazz per Renato Greco

de danse modern jazz, classique, funky et hip hop, organisé par l’Association Culturelle Body Show. Suite à cette manifestation, nombreuses seront les initiatives « satellites » promues tout au long de l’année (Aspettando Week End, DanzaFirenze...). A noter : des stages sont proposés à l’occasion de la compétition. www.weekendinpalcoscenico.it

De notre correspondante italienne, Valentina Tosi.

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jazz attitude

un

Didier Lockwood n’en finit pas de bousculer ceux qui collent à vue des étiquettes sur tout ce qui bouge. Avec au cœur le violon amesprduction

en bandoulière, ils donnent aux rencontres tout leur vibrato.

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Jazz attitude

Didier Lockwood

violon tout terrain… A

vec le groupe Magma, on croyait Didier Lockwood rock progressif, il se découvre jazz avec Stéphane Grappelli. On le dit jazz fusion lorsqu’il rencontre la métrique de la musique indienne avec Omkara, il compose des mélodies symphoniques pour la chanteuse soprano lyrique, Caroline Casadesus. Finalement à bout d’arguments, certains vous diront : « Didier Lockwood ? C’est de la variété ! ». Variété ? Oui, une musique variée avec autant de variations jouées pour le Grand public et le vibrato du plaisir de la rencontre. Didier Lockwood aime jouer ; curieux de tout, il joue, compose, improvise se jouant des difficultés. En héraut du violon, il le rend électrique, enchaînant de nouveaux doigtés pour délier les mouvements et les démanchés. S’il courtise les sons amplifiés pour les faire vibrer dans leurs moindres retranchements, il connaît le violon acoustique sur le bout des doigts et dans toute sa dynamique : « L’amplification aggrave les défauts. C’est seulement une extension du violon qui va me permettre d’agrandir ma palette d’expressions comme celle d’un peintre ». L’oreille aux aguets, le violon hédoniste, il explore. « Je suis sur un axe artistique qui puise ses inspirations dans une multitude de sensibilités différentes. C’est important qu’il y ait des musiciens qui s’inscrivent dans l’excellence de la recherche et la réappropriation d’un style, mais ce n’est pas mon rôle. Je suis un VTT, un violon tout terrain qui aime voyager à travers des parfums musicaux. J’ai plaisir à prendre des itinéraires bigarrés ! ». Faire corps avec la musique Faire corps avec la musique est une évidente posture pour le jazzman. Son archet grince lorsqu’il constate que les enfants font encore l’apprentissage du rythme de façon cérébrale, par les yeux, et non par « l’intégration corporelle ». « La formation de ce que nous, les musiciens de jazz, appelons le groove pour la musique binaire et le swing pour la musique ternaire est rarement enseigné dans les

Itinérances du Ballet Jazz Rick Odums

écoles de musique. Ce rythme ne peut être vécu que s’il est intégré par le corps. Nous appelons cela l’horloge intérieure. » Dans la pratique, c’est un travail de sensation que le musicien, compositeur et pédagogue propose d’installer. « Avec les tous petits, je leur fais faire la montre. Dans une montre vous avez plusieurs rouages, des gros et des petits et de la même manière, en musique, vous avez les blanches, les noires, les rondes. » Et de mimer cette montre qui fait non pas « tic-tac » mais bien « tic e tac e tic e tac e tic e tac ». Avec le corps qui ingère le rythme, l’enfant développe une conscience psychomotrice. « La rythmique est aujourd’hui le plus gros handicap pour le musicien. Je mets un point d’honneur à l’enseigner aux musiciens de mon école. » En 2001, il créait le CMDL, Centre des musiques Didier Lockwood , à Dammarie-Lès-Lys en Seine-et-Marne. Sa devise : « S’il est nécessaire de posséder une solide et saine base technique, il est aussi important de parvenir à dégager chez l’élève, la personnalité qui fera de lui un artiste accompli. Pour cela, il faut proposer un enseignement qui permettra à chacun d’acquérir la culture et la connaissance des styles, à travers la consolidation des

Quelques dates de tournée www.amesproduction.com www.didierlockwood.com

> Le Jazz et la Diva (Lockwood/Casadesus/Naïditch) : 28 septembre, Cernay (78) ; 12 octobre, Adge (34) ; 19 octobre, Dammarie-lesLys (77) ; 20 octobre, Noisiel (94) ; 27 octobre, Delle (91) ; 1er décembre, La Baule (44) ; 15 décembre, Ris-Orangis (94) ; 20 décembre, Blois (41).  > Sting Quartet (Lockwood/Cobham/ Bailey/Luc) : 14 septembre, Damnarie-Lès Lys (77) ; 15 septembre, Montlouis-sur-Loire (37). > New Quartet (Lockwood/Sourisse/ Charlier/Guillaume) : 20 septembre, Verviers (Belgique). > Lockwood/Trotignon, Le Bevillon, Ceccarelli : Hommage à Petrucciani/Grappelli, 21 septembre, Mézières (Suisse) ; 3 novembre, Marrakech (Maroc) ; 16 novembre, Fès (Maroc). > Passeport pour un violon (Lockwood/ Ecay/Viret) : 13 octobre, Suresnes (92). > 25 ans du Sunset : 31 octobre , Théâtre du Chatelet (Paris).

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jazz attitude

concepts rythmiques, harmoniques et d’improvisations. » Il ajoute : « Il est essentiel de mettre en interaction ces diverses spécialités instrumentales, qui font les musiques d’aujourd’hui, pour permettre ce jeu en groupe, où la relation humaine tient autant de place que la réalisation technique. » Un jazz ouvert à toutes les cultures Sa curiosité le conduit tout naturellement à croiser son violon avec d’autres disciplines artistiques. Il travaille volontiers avec les danseurs et chorégraphes. Citons Marie-Claude Pietragalla. « Tant que le jazz était une musique de

Pour la création d’Itinérances de Rick Odums, le compositeur improvise avec Cathy Grouet

danse, c’était une musique populaire. Elle a été peu à peu remplacée par le rock, le rythm’n blues et les autres musiques actuelles que l’on connaît. Le jazz est devenu une musique plus cérébrale qui produit de très belles plages musicales, plus appropriées à la danse contemporaine.  » En 2004, le compositeur menait une première expérience avec les danseurs jazz du Ballets Jazz Rick Odums et le chorégraphe Rick Odums pour la création de Itinérances. « Il souhaitait créer un ballet sur l’album Globe-trotters, dans l’esprit du jazz ouvert à toutes les cultures qui corres-

Itinérances

> Le chorégraphe Rick Odums raconte : « Une amie commune, danseuse, nous a présenté l’un à l’autre. Travailler avec des musiciens, en life, est pour moi un parti pris. Didier n’avait encore jamais travaillé avec des danseurs de jazz. Il souhaitait pour cette création le faire comme avec ses musiciens, en improvisant. Pour lui, l’interprétation n’est jamais définitive, elle évolue sans cesse. Pour moi, c’était un défi car dans le modern jazz actuel l’interprète est souvent un médiateur entre le public et la création plutôt qu’un créateur qui s’inscrit dans la prise du risque d’un « ici et maintenant ». Un musicien disait un jour que « le jazz commence là où l’écriture s’arrête. » Le chorégraphe Rick Odums questionne l’improvisation depuis plusieurs années : « Pour cette création, nous avons travaillé un an, en mettant l’accent sur la disponibilité, l’écoute des danseurs. Dans

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ce rapport à l’improvisation, nous sommes au bord du précipice, c’est d’ailleurs le nom que j’aurais donné en anglais à cette pièce. Aujourd’hui, cette prise de risque n’existe plus en danse jazz. Le modern jazz a abandonné l’improvisation et de son côté la musique jazz a arrêté de se confronter avec la danse ». Itinérances s’impose tel un défi, une rencontre entre danse et musique, dans la pure filiation du jazz et de ses codes, entre le sens du développement rigoureux et celui du « surgissement ». « Avec Didier, nous avons la même approche. Nous avions établi une grille

pondait bien à mon évolution musicale. » Le compositeur propose une colonne vertébrale avec des plages modulables. « Les danseurs ont travaillé à partir du CD. Sur scène, lorsque je jouais mon solo, je reproduisais l’ordre des séquences musicales, indienne, folk ou africaine…les danseurs modulaient les mouvements qu’ils avaient traités en fonction des modulations que je faisais et l’avertissement sonore que je leur proposais. Parfois, c’était l’inverse ; en fonction de l’avertissement visuel qu’ils me proposaient, je variais mes propositions ». Pour ce ballet, il mène un travail d’improvisation avec Cathy Grouet, en soliste. « Ensemble, nous avons interprété l’introduction d’une durée d’une quinzaine de minutes. Nous avons vécu de vrais moments de plaisir ; c’est une grande danseuse dotée d’une belle imagination, de sensualité et de sensibilité. J’ai retrouvé le même rapport que j’ai, lorsque je peins ou je sculpte. Cette inspiration mutuelle entre la toile et le sujet et ce que l’artiste en fait, se traduisait ici entre le danseur, son évolution dans l’espace et ce que cela m’évoquait. La fragilité de cette recherche permanente dans cette instabilité émouvante se traduisait par l’extrême sensibilité de notre proposition artistique. » Christine Barbedet

commune, une écriture partielle avec des repères communs dans la sonorité de la musique, parfois dans le tempo. Les sept danseurs étaient sur scène avec des temps de deux, des solos, des moments d’ensemble. J’exécutais moi-même une improvisation avec Cathy Grouet et Didier Lockwood. Au début de la pièce, Cathy et Didier improvisaient seuls. Elle possède une telle maîtrise dans la connaissance de la musique jazz et dans la danse, que l’interaction entre eux deux était évidente. Dans les ensembles, l’idée était de permettre à chaque danseur de personnaliser le mouvement, de surfer sur la chorégraphie, à l’image du jeu des musiciens dans une formation de jazz. » Une expérience qui se poursuit. « A la Toussaints, nous mettons en place des ateliers Lockwood/Odums, avec danseurs et musiciens. Fin 2008-2009, nous proposons une nouvelle création. »


Jazz attitude

Histoire de rencontres > Didier Lockwood, né à Calais en 1956 d’un père instituteur et professeur de violon et d’une mère peintre amateur, entre au Conservatoire à 6 ans et intègre l’Orchestre lyrique du Théâtre municipal de Calais, à 13 ans. Trois ans plus tard, il remporte le Premier Prix du Conservatoire National de Calais et le Premier Prix national de musique contemporaine de la SACEM pour une composition pour violon préparé. En 1973, il rejoint le groupe Magma avec lequel il joue jusqu’en 1977. Avec Jean-Luc Ponty, il découvre le violon électrifié et avec Stéphane Grappelli, il entre dans la famille des musiciens jazz. Il partage alors scènes et festivals avec Dave Brubeck, Michel Petrucciani, Aldo Romano, André Ceccarelli, Jean Paul Céléa... Il enregistre ses albums avec Christian Escoudé, Philippe Catherine, Martial Solal, Gordon Beck, NHOP, Billy Hart, Cecil Mc Bee. La liste est loin d’être exhaustive… son parcours est histoire de rencontres. Il collabore avec Barbara, Nougaro, Richard Bohringer, Jacques Higelin... et compose pour le cinéma. Citons en 2003, la musique du long-métrage d’animation Les enfants de la pluie de Philippe Leclerc. En 1996, le jazzman signe un premier concerto, Les Mouettes, pour violon électro-acoustique et orchestre symphonique, avec l’Orchestre National de Lille, placé sous la direction de Jean-Claude Casadesus. N’ayant de cesse d’explorer de nouveaux champs de création, il travaille avec le danseur indien Raghunath Manet et les chorégraphes Marie-Claude Pietragalla ou Rick Odums. A 47 ans, après « trente années de carrière, 3000 concerts, 3 tours du monde et 30 albums… » Didier Lockwood célèbre cet anniversaire avec la sortie de l’album Globe-Trotter, « carnet de bord musical de ses voyages ». En 2005, avec Le Jazz et la Diva , Molière 2006, dans une mise en scène d’Alain Sachs, aux côtés de la chanteuse lyrique Caroline Casadesus, son épouse, et le pianiste Dimitri Naïditch, il raconte avec humour « la cohabitation improbable de deux univers musicaux ».

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a fond la forme

L’ostéopathie et l’enfant danseur débute souvent très tôt, dès 4 ou 5 ans. Un âge où l’enfant présente de grandes capacités d’adaptabilité, une grande soif d’apprendre mais aussi un âge où la croissance crée des zones de fragilité.

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ne séance d’ostéopathie pour un enfant débutant la danse a deux objectifs. Il s’agit d’une part de détecter et corriger les déséquilibres présents au niveau de la structure posturale de l’enfant mais aussi de prévenir les dysfonctions et amener un début de conscience des liens mécaniques existants entre tous les paramètres du corps humain. Si la danse ne contrarie pas la bonne croissance naturelle, notamment grâce aux bienfaits conjugués de la prise de possession de son corps et la construction de son identité dans l’espace, elle peut créer de mini traumatismes. Passés inaperçus dans le tumulte quotidien, ceux-ci peuvent avoir un effet boule de neige. La danse sollicite le corps dans sa globalité, articulations, musculature, souplesse et dynamisme. Quand un enfant débute, il peut, durant les premières années de son apprentissage, présenter des limitations de mobilité sur son axe vertébral ou ses membres supérieurs et inférieurs. Ces restrictions provenant souvent de traumatismes directs ou indirects, souvent anodins, entraînent des raideurs articulaires lombaires, cer-

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vicales, dorsales, pieds, hanches… Comme les adultes, le corps des enfants a naturellement la capacité de compenser ces déséquilibres. Mais souvent, les enfants ne possèdent pas la conscience de leur corps nécessaire pour détecter ces « petits  bobos ». Raideurs et déséquilibres à corriger Si l’enfant présente ce genre de raideurs ou de déséquilibres parfois détectés par le professeur de danse, l’ostéopathe peut intervenir trois à quatre fois dans le premier trimestre puis deux fois pour un suivi dans le courant de l’année.Une séance commence par un entretien afin de faire connaissance, d’être informé de l’éventuel passif médical de l’enfant. Toujours en présence des parents, l’ostéopathe effectue des tests manuels actifs et passifs. Ces tests nous renseignent sur la cause à l’origine de la douleur. Le dysfonctionnement peut être osseux, tendineux, musculaire, viscéral, vasculaire, neurologique ou émotionnel. La correction permet de redonner la fonction à la structure. Les techniques d’ajustement sont douces et indolores. In fine, elles permettent au corps de maintenir l’état d’équilibre, de conserver intactes et constantes les conditions nécessaires à la vie et ce en dépit des contraintes extérieures et intérieures. Plus que toutes les autres approches médicales, elle est globale et s’intéresse à tous les âges de la vie. Ne serait-ce que

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La carrière d’un danseur

pour cette raison, elle a toute sa place dans le suivi de la vie d’un danseur. Évoluer dans un corps libre, avec une parfaite spontanéité et dans un réel ressenti du corps, est le but premier du danseur… et de l’ostéopathe. Sophie Rouxel (Bayonne)

Depuis la fin du 19ème siècle L’ostéopathie est une approche médicale manuelle holistique. À l’image de la fluidité du corps d’un danseur, l’ostéopathe traite le corps dans son ensemble, en tenant compte des interactions existantes entre chaque partie du corps, jusqu’à trouver sa fluidité. Presque à contre courant de la médecine traditionnelle, un ostéopathe intervient de façon curative et aussi préventive. Cette discipline fut créée par un médecin pasteur de la fin du 19ème siècle aux USA, Andrew Taylor Still.


A fond la forme

Équilibre, point commun entre danse et alimentation performance et de silhouette imposent aux danseurs de jazz de prendre réellement en considération les besoins de leur organisme. La diététique fait donc partie intégrante de l’entraînement. En respectant les principes simples de l’équilibre alimentaire, il est en effet facile et agréable d’optimiser sa forme et sa santé.

L

a pratique du jazz multiplie par trois les dépenses énergétiques. Il est donc essentiel d’avoir une alimentation suffisamment calorique pour apporter à l’organisme des substrats pendant l’effort et éviter les carences. Faire chaque jour trois ou quatre repas, s’ils sont équilibrés, ne fera pas prendre de poids mais permettra au contraire de le réguler. Un petit déjeuner complet avec boisson, aliment céréalier, produit laitier et fruit, est donc indispensable au quotidien. Avant un cours, un concours ou une représentation, une collation avec un fruit ou un produit céréalier comme des barres céréalières, des biscottes, du pain ou des gâteaux secs et un produit laitier permettent de se recharger en énergie. Attention néanmoins aux produits sucrés juste avant l’effort qui auront l’effet inverse avec un risque d’hypoglycémie et une baisse d’énergie. Glucides, protéines et lipides à chaque repas Les glucides complexes sont les carburants du muscle et permettent de s’entraîner plusieurs heures. Ils doivent donc être présents à chaque repas, surtout les veilles de représentation, sous forme de pain, biscottes, pâtes, riz, blé, semoule, pommes de terre ou légumes secs. A compléter par une crudité et/ou une assiette de légumes et/ou un fruit entier, en compote ou en jus de fruits

sans sucres ajoutés pour les vitamines et les fibres. Les protéines doivent également être présentes à chaque repas pour construire et réparer les muscles. On les trouve dans toutes les viandes, les poissons, les œufs, le jambon et les produits laitiers. Le lait, fromage, yaourt, fromage blanc… apportent en plus du calcium essentiel à la solidité des os. Evitez simplement les viandes grasses et en sauce, les charcuteries, et limitez à 30 g par jour votre portion de fromage. Enfin les lipides, essentiels pour la peau et le fonctionnement du cerveau, sont apportés par les huiles végétales, olive ou colza, les poissons gras tels les saumon, thon, sardines… et une noix de beurre cru sur les légumes ou en tartine.

Bien s’hydrater L’hydratation est essentielle, surtout sous les projecteurs ou dans les ambiances surchauffées des studios. L’eau, acalorique et source de nombreux microéléments perdus dans la sueur, est la seule boisson à consommer à volonté qu’elle soit plate, gazeuse, de source ou du robinet. A l’inverse, limitez les boissons sucrées qui apportent des calories inutiles et ne permettront pas de réguler la faim comme le fait une collation. Céline Richonnet,

Diététicienne de la Fédération Française de Danse ; diplômée en troubles du compor-

tement alimentaire de l’université Paris V ; Sport et Nutrition, université Paris 13

Malo Tocquer / www.ici-la.com

La régularité de l’entraînement, les exigences de

Menu type d’une journée équilibrée

> Petit déjeuner : Thé sucré au miel ; pain complet beurré ; fromage blanc à la vanille. > Déjeuner : Salade d’endives au roquefort ; steak de thon ; poêlée de légumes et blé ; yaourt aux fruits. > Collation : Tranche de pain d’épices et clémentines. > Dîner : Salade de lentilles ; jambon de dinde ; gratin de choux-fleur ; poire.

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en coulisses

O

NE TWO spirits® est une collection de vêtements de danse et de sport créée par des passionnés, les danseurs et chorégraphes Wayne Barbaste et James Carlès rejoints par la directrice artistique Beate Steil qui a la danse chevillée au corps. « En danse jazz, notre travail est d’articuler le corps qui est notre sujet de recherche. En

ONE TWO spirits®

Be free, be jazz !

même temps, en jazz, cette culture de mettre le corps en avant n’existe plus vraiment. Chez mes élèves, j’observe cette volonté de le cacher sous le vêtement avec beaucoup de réticences pour le montrer. Dans le même temps, ils me disent ne pas se reconnaître dans les vêtements existants. » Les formes proposées sur le marché sont souvent plus adaptées à la danse classique et au hip-hop. « Nous avons souhaité proposer une ligne de vêtements qui corresponde à cette approche particulière du corps en danse jazz ». James Carlès, chorégraphe, inscrit ce projet dans une dynamique plus large : « Si je sens que ma danse a bougé et mon regard sur la danse a bougé, ce qui va avec devrait aussi avoir bougé. En France, l’écriture de la danse jazz a beaucoup évolué mais saisir ce mouvement est difficile

Dans l’aube

Le textile s’adapte aux danseur­­­­s

«L

es textiles techniques sont un réservoir de potentiels dans lequel tous les secteurs d’activité peuvent puiser en fonction de leurs besoins et leurs cahiers des charges. En tant que chorégraphe, vous avez une demande, nous regardons quelle entreprise textile peut y répondre ». Mise en relation, promotion, conseil commercial, veille technologique… Catherine Schmit, directeur du Club textile intégral, accompagne le développement économique des 130 entreprises de la région Champagne-Ardenne, un bassin de 7000 emplois. Historiquement spécialisée dans la maille, la filière mise sur la haute valeur ajoutée pour faire face à l’importation en masse de produits bas de gamme et bon marché. Adaptabilité, confort et esthétique, la filière conjugue l’excellence de son savoir-faire, de l’étude au produit fini. Un secteur qui bénéficie

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du soutien de la recherche et de la formation, avec l’IFTH, institut français du textile habillement et les partenariats de l’Université de technologie, le pôle de compétitivité Industries AgroRessources ou l’institut médico-sportif. « Dans le sport, on s’intéresse à ce qui est utile dans le handicap et réciproquement. Par exemple, rester longtemps assis sur un fauteuil s’apparente à rester longtemps perché sur un vélo ». Toutes les solutions textiles techniques sont ainsi transposables. « Ainsi, pour un danseur, nous regarderons quel liage de maille et quel fil sont les mieux adaptés. Le « Seamless », tricotage sans couture, épouse les formes du corps, avec un point et un fil fins. » Autre exemple, si l’absorbant naturel est le coton ou la soie, les mouvements d’un danseur nécessitent une extensibilité audelà de ce que la maille permet : « Nous ajouterons du Lycra, un produit de syn-

par manque de formalisation verbale. Proposer une ligne de vêtements est aussi une manière de matérialiser ce changement. » Aucune démarche commerciale pour le trio de ONE TWO spirits® mais une envie d’inscrire leur projet dans la mouvance actuelle de la jazzosphère. « One, two, c’est une vision du rythme, le démarrage d’un élan… spirits apporte la dimension humaine avec une source spirituelle que nous situons en Afrique. » Modèles basiques, matériaux fluides, couleurs de la vie en jaune, rouge, blanc et ciel… petit à petit, le papillon qui signe la marque sort de sa chrysalide. Christine Barbedet

> www.onetwo.fr

Cie Libre Cours

Yannick Dernnes

Un papillon signe la ligne des vêtements portés ici par l’un de ses créateurs, James Carlès .

Combinaisons en « Seamless », tricotage sans couture, réalisées par la société auboise CPN pour le festival Les Pas de Troyes, en avril 2007.

thèse. » Vient ensuite l’ennoblissement avec apprêts chimiques ou mécaniques. « Nous pourrons proposer de l’antimicrobien, anti-bactérien… pourquoi ne pas imaginer de la micro-encapsulation diffuseur de fraîcheur pendant un spectacle. Ce n’est visible pour personne, c’est une sensation. Des minis-bulles contiennent une substance active libérée sous la pression. » Transpiration, contact avec la matière, résistance, chaleur, aspect… à chaque problème, sa combinaison ! Christine Barbedet

> www.textiles-champagneardenne.com


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Institut de formation professionnelle Rick Odums saison 2007 / 2008

Stage Toussaint

Du 2 au 6 novembre 2007 avec la participation de la FFD > Géraldine Armstrong > Wayne Barbaste > James Carlès > Matt Mattox > Rick Odums

Stage d’hiver et préparation à l’EAT du 25 au 29 février 2008 > Rick Odums > Chet Walker

Stage de Pâques du 21 au 25 avril 2008

> Géraldine Armstronfg > Patrice Valéro

> renseignementS INSTITUT DE FORMATION PROFESSIONNELLE RICK ODUMS 54A, rue de Clichy 75009 Paris Tél. 01 53 32 75 00 Fax 01 53 32 77 01 contact@centre-rick-odums.com

www.centre-rick-odums.com


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