REMERCIEMENTS En préambule à ce mémoire, je souhaite adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m’ont apporté leur aide dans l’élaboration de ce mémoire. Je tiens à remercier Benoît Romeyer, mon directeur de mémoire, pour sa disponibilité et ses conseils. Je remercie l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Marseillaise (AGAM) et l’ensemble de son personnel pour m’avoir chaleureusement accueilli, de m’avoir transmis leurs connaissances et pour m’avoir permis d’accéder à leur incroyable documentation. Je tiens à remercier tout particulièrement Romain Delaunay, chargé d’études de l’AGAM, mon tuteur de stage, pour sa disponibilité et pour son attention particulière dans l’organisation des charges de travail. Cela m’a permis de réaliser ce mémoire durant ma période de stage. Je remercie Catherine Nevoret, documentaliste de l’AGAM pour m’avoir facilité le travail bibliographique. Je remercie Hélène Balu, chef du pôle Territoire Durable Solidarité et Société de l’AGAM pour m’avoir accordé un entretien. Enfin, je tiens à remercier l’Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional (IUAR) d’Aix-Marseille Université et l’ensemble de son équipe pédagogique pour son investissement qui fait la qualité de cette formation.
3
SOMMAIRE 1
UNE INFRASTRUCTURE METROPOLITAINE Un projet d’envergure métropolitaine Un ouvrage qui a transformé le territoire Une infrastructure toujours fonctionnelle mais inadaptée
2
16 18
UN reve d’urbanistes inexhause Une logique de gestionnaire qui exclue le Canal Des urbanistes qui fantasment des projets Des projets frustrants
3
10
22 24 26
face aux enjeux de la metropole Le projet institutionnel : vers une nouvelle gestion de l’eau? Le projet de territoire : vers une prise en compte du Canal? Des enjeux métropolitains pour le Canal de Marseille
34 36 38
Introduction LE CANAL DE MARSEILLE : QUELLE PLACE POUR UNE INFRASTRUCTURE METROPOLITAINE DANS LE PROJET METROPOLITAIN ?
“Voilà bientôt 150 ans, le Canal de Marseille apportait aux phocéens son précieux liquide et les libérait d’une angoisse quotidienne : celle de la pénurie d’eau” écrivait Marcel Roncayolo en 19961. En 2015, on peut dire que cette angoisse n’est plus jamais réapparu. Le Canal de Marseille est toujours là, et près de 800 000 m3 d’eau provenant de la Durance sont ainsi distribués quotidiennement aux habitants du territoire qu’il traverse. Ce canal, constuit entre 1834 et 1849 à travers campagnes et collines pour acheminer l’eau à Marseille, sillone aujourd’hui un territoire transformé par l’urbanisation du siècle dernier. Le Canal de Marseille est toujours là, et désormais au cœur de la métropole d’Aix-Marseille-Provence. Représentant plus de 160 kilomètres de linéaire, le Canal constitue donc une richesse indispensable et une emprise exceptionnelle. A la veille de la naissance institutionnelle de la métropole d’Aix-Marseille-Provence2, alors que des projets de territoire commencent à être pensés, imaginés, et parfois rêvés, on peut s’interroger sur la place que peut prendre cette infrastructure au sein du projet métropolitain. On peut penser qu’au delà de sa fonction initiale de canal gravitaire d’adduction d’eau, les potentiels de cette infrastructure et de son emprise pourraient jouer un rôle face aux enjeux de la métropole. C’est ce que nous tenteront de vérifier au cours de ce travail.
1 RONCAYOLO Marcel. 1996. Marseille, les territoires du temps. éd. locales de France, 135 p. 2 Au 1er janvier 2016, la Métropole Aix-Marseille-Provence se substituera aux EPCI existantes et exercera la compétence “urbanisme” et “eau”
6
Une première phase d’analyse a ainsi été effectuée à partir de lectures présentant le Canal de Marseille et son territoire mais également à travers un travail de terrain. L’observation in situ a ainsi permi de donner une réalité spatiale aux lectures et de vérifier leur validité actuelle. Cela a conduit à observer l’évolution du statut et des fonction du Canal de Marseille, et donc de sa place au sein du territoire métropolitain (Partie 1). Ensuite, une deuxième étape de la méthode a consisté à analyser 36 études ou projets d’urbanistes ayant pour objet le Canal de Marseille. Cela a permi de réaliser une synthèse d’éléments jusque-là désordonnés voir déconnectés. Il s’agit ainsi de comprendre la place qu’a pu occuper le Canal jusqu’à aujourd’hui dans les projets de ce territoire (Partie 2). Enfin, la dernière étape de ce travail a consisté à analyser les objectifs de la métropole Aix-MarseilleProvence. Cela ainsi permi de cibler des enjeux que cette infrastructure pourrait porter dans ce contexte de construction du projet métropolitain (Partie 3). Cela pourra être l’occasion d’envisager, à notre tour et dans ce contexte particulier, un devenir pour ce Canal.
FIGURE 1. LE CANAL DE MARSEILLE DANS LA Metropole AIx-marseille-provence
PERTUIS
SALON-DE-PROVENCE
AIX-EN-PROVENCE
Réalisation : J.B BRUNET -Août 2015
ISTRES
FOS-SUR-MER MARIGNANE
Métropole Aix-Marseille-Provence
MARSEILLE
Sources : Occupation du sol 2006 / CRIG PACA
MARTIGUES
AUBAGNE
Urbanisation Canal de Marseille La Durance
LA CIOTAT
10 km
7
8
1 LE
CANAL DE MARSEILLE
UNE INFRASTRUCTURE METROPOLITAINE Pour analyser la place que peut prendre le Canal de Marseille dans le projet métropolitain, il paraît inévitable d’observer au préalable l’importance que celui-ci occupe dans l’histoire du territoire qu’il sillone. Au-delà de l’alimentation en eau actuelle de près d’un million de métropolitains, le Canal de Marseille a joué un rôle immense dans la constuction de ce territoire, et son l’impact est toujours perceptible. Mais le Canal de Marseille représente également une prouesse technique exceptionnelle pour l’époque, la plus importante e réalisation du XIX siècle à Marseille. Vieille de plus de 166 ans, cette infrastructure pose toutefois des problèmes d’adaptation dans un territoire qui a profondément évolué.
9
1 LA CONSTRUCTION DU CANAL : UN PROJeT D’ENVERGURE METROPOLITAINE Imaginé depuis le XVIe siècle mais décidé qu’en 1834, le projet d’acheminement des eaux de la Durance à Marseille aura marqué l’histoire d’un territoire. Tant par le contexte de pénurie dans lequel il s’inscrit que par le chantier pharaonique qu’il représente, le Canal a constitué un projet d’envergure métropolitaine.
Jusqu’au XVI siècle, le territoire marseillais est contenu dans l’enceinte de ses remparts moyenâgeux, et la vie économique de la ville est tournée vers la mer. La superficie de la ville ne représente que 65 hectares et la population oscille autour de 15 000 habitants1. Les puits couvrent ainsi aisément la demande en eau des marseillais. En effet, le réseau de nappes aquifères est tellement dense “qu’on a pu dire de Marseille qu’elle était construite sur une seconde mer”2. Cette eau reste suffisante, d’autant plus que l’agriculture et les manufactures, qui nécessitent une forte
consommation d’eau n’occupent qu’une faible place dans l’économie marseillaise estessentiellement liée à la mer. e A partir du XVI siècle, la croissance démographique de la ville s’accélère. Elle passe de 15 000 habitants en 1524, à 50 000 habitants au début du siècle suivant. La superficie de la ville s’étend, elle, à 195 hectares3. Les eaux des nappes aquifères ne parviennent plus à subvenir aux besoins des marseillais de façon satisfaisante. Les nouveaux raccords à l’Huveaune et au Jarret qui s’effectuent ne suffisent pas à répondre aux besoins de la population. Déjà, en 1558, un ingénieur natif de Salon-de-Provence, Adam de Craponne, imagine un projet de canal qui permettrait, à partir des eaux de la Durance, d’alimenter les principales villes de la région4. L’ampleur des travaux et leur coût financier seront dissuasifs. e Il faudra attendre le XIX siècle, jalonné de disettes, d’épidémies et de maigres récoltes pour que le projet de
création du Canal de Marseille voit le jour. L’épidémie de choléra qui se répand en 1834 joue un rôle capital dans la prise de décision effective de créer le Canal. Il devient urgent d’apporter à la ville une eau pure pour mettre fin à cette période maudite. Le 18 juillet 1834, le Conseil municipal de Marseille décide la construction du Canal de Marseille. “L’exécution du Canal est une décision irrévocable. Quoiqu’il en coûte, quoiqu’il en advienne, le Canal s’exécutera !” prononcera Maximin Consolat alors Maire de Marseille5. Le projet est confié à un jeune ingénieur des Ponts et Chaussées, Frantz-Mayor de Montricher. Et le 6 août 1838, une décision ministérielle autorise la Ville à détourner une partie des eaux de la Durance. Les travaux débutent en 1837 et s’achèvent en 1849. L’arrivée des eaux dans la ville est un événement de taille, qui sera célébré autour du Palais Longchamp “sous les applaudissements d’une foule en liesse”6.
1 BERTRAND Regis. 2012. Marseille, histoire d’une ville. Ville de Marseille, 239 p.
3 BERTRAND Regis. 2012. Marseille, histoire d’une ville. Ville de Marseille, 239 p.
5 BALDINI Denis, CHIAPERO Jean-Albert. 2002. Le Canal de Marseille. Au fil de l’eau. Groupe Eaux de Marseille, 95 p.
2 VIDAL-NAQUET Pierre. 1993. Les ruisseaux, le canal et la mer - les eaux de Marseille. L’Harmattan, 168 p.
4 VIDAL-NAQUET Pierre. 1993. Les ruisseaux, le canal et la mer - les eaux de Marseille. L’Harmattan, 168 p.
6 VIDAL-NAQUET Pierre. 1993. Les ruisseaux, le canal et la mer - les eaux de Marseille. L’Harmattan, 168 p.
CONTEXTE HISTORIQUE e
FIGURE 2. Le TRACE DU CANAL DE MARSEILLE (coupe schematique)
Réalisation : J.B BRUNET -Août 2015
10
mediterranee
les calanques
MASSIF de Saint-cyr
l’huveaune
chaine de l’etoile
vallon des giraudets
Bassin du realtor
plateau de l’arbois
l’arc
MASSIF DES QUATRE TERMES
la touloubre
plaine de lambesc
chaine des cotes
0m Bassin saint-christophe
La Durance
190 m
FIGURE 3. Le TRACE DU CANAL DE MARSEILLE
CHARLEVAL
LA ROQUE D’ANTHERON
Chaîne des Côtes St-Christophe VERNEGUES ROGNES LAMBESC LA BARBEN
Massif des Quatre Termes
LANCON-DE -PROVENCE
La Touloubre
COUDOUX LA FARE-LES -OLIVIERS
AIX-EN-PROVENCE
VENTABREN
L’Arc
Réalisation : J.B BRUNET -Août 2015
Plateau de l’Arbois Réaltor CABRIES
SEPTEMES -LES-VALLONS
Chaîne de l’Etoile PLAN-DE -CUQUES
Massif de la Nerthe
Grands massifs métropolitains Urbanisation Canal de Marseille (à l’air libre) Canal de Marseille (sous-terrain) Cours d’eau La Durance 10 km
e
n veau
L’Hu
Le Jarret ALLAUCH
MARSEILLE LA PENNE -SUR -HUVEAUNE
Massif de St-Cyr Les Calanques
Sources : Occupation du sol 2006 / CRIG PACA, AGAM
La Cadière LES PENNES -MIRABEAU
GEMENOS
AUBAGNE
CARNOUX -EN-PROVENCE
CASSIS LA CIOTAT
11
Le trace De la Durance a Marseille Depuis la prise en Durance jusqu’à l’entrée de Marseille, le Canal parcourt 84 kilomètres, dont 17 kilomètres en souterrain. On trouve sur cette partie 45 tunels et près de 250 ouvrages d’art. La pente moyenne du Canal est de 30 centimètres par kilomètre. Le Canal traverse 23 communes. Sa prise d’eau est en Durance, à 190 mètres environ au-dessus du niveau de la mer1. Le Canal se développe d’abord dans la plaine de Durance, passe tout proche du Puy Sainte-Réparade et de Saint-Estève-Janson, de là, il aborde les coteaux nord de la chaîne des Côtes où dans le vallon de Ponserot, F.M de Montricher avait établi un système de décantation des eaux limoneuses de la Durance, mais dont les installations furent abandonnées plus tard et remplacées par les installations plus vastes du bassin voisin de Saint-Christophe, dans le même but de clarification des eaux. Le Canal passe ensuite au-dessus de la Roque d’Anthéron et de Charleval. Durant tout ce parcours, son tracé est sensiblement parallèle à la Durance. Arrivé aux Taillades il s’infléchit vers le Sud et traverse la chaîne des Côtes par un souterrain de près de 3700 mètres de longueur pour aboutir dans la plaine de Lambesc et, de ce lieu, dans la vallée de la Touloubre, qu’il traverse sur le pont aqueduc de Valmousse de 200 mètres de longueur et de 40 mètres de hauteur.
1 AGAM, Etude préalable à une réutilisation de l’emprise du Canal de Marseille. 1981. AGAM, 200 p.
12
Poursuivant sa course il franchit, par de nombreux aqueducs et galeries, divers contreforts de collines et aboutit au vallon de Vautubière, puis passe au dessus de Coudoux, contourne Ventabren et arrive dans la plaine de l’Arc à Roquefavour. Après le franchissement de l’Arc, F.M de Montricher avait établi dans les vallons de la Garenne et de Valloubier des bassins complémentaires à celui de Ponserot, en vue de la clarification des eaux, mais ils furent assez rapidement envasés. On les remplaça plus tard, en 1869, par le grand bassin de décantation de Réaltor, qui, malgré ses quatre millions et demi de mètres cubes de capacité, s’envasa intégralement à son tour. Mais un problème difficile se posait alors à l’Ingénieur : c’est celui de la traversée de la chaîne de la Nerthe, qui devait nécessiter un souterrain de près de 8 kilomètres de longueur. Il le résolut en coupant ce souterrain en deux tronçons, aux axes obliqués, qu’il relia par une partie à ciel ouvert dans le vallon des Giraudets, près des Pennes-Mirabeau ; ces deux tronçons forment les souterrains de l’Assassin et de Notre-Dame, de longueur à peu près semblable, d’environ 3500 mètres chacun ; ils sont complétés par diverses galeries en amont et en aval.2 Après cette traversée le Canal aborde le territoire de Marseille à la Gavotte et à Saint-Antoine, à l’altitude de 150 mètres au-dessus du niveau de la mer.
2 AGAM, Canal de Marseille : branche-mère. 1981. AGAM, 7 p.
Le Tracé marseillais Sur la commune de Marseille, la branche mère ceinture une grande partie du territoire. Elle traverse ou borde une dizaine de quartiers : Notre-Dame Limite, Saint-Antoine, Borel, les Aygalades, Saint-Joseph, le Merlan, Saint-Mître, Château-Gombert, la CroixRouge, les Olives, les Trois-Lucs et la Valentine. Elle traverse également les communes de Plan-de-Cuques et d’Allauch. Des dérivations assurent la répartition des eaux et l’alimentation des usines de traitement. Il s’agit principalement de la dérivation de Longchamp, la dérivation de Saint-Barnabé, et la dérivation de Montredon. Sans décrire précisément les caractéristiques du tracé de ces différents éléments, ceux-ci représentent un parcours d’environ 60 kilomètres.
De Marseille à La Ciotat Le Canal de Marseille alimente ensuite des communes à l’Est de Marseille. Il longe la vallée de l’Huveaune jusqu’à Aubagne puis relie les communes du littoral jusqu’à La Ciotat, en empruntant le souterrain du Mussuguet (3400 mètres entre Aubagne et Cassis). Sur ce tracé, le Canal n’apparaît quasiment pas à l’air libre.
BASSIN SAINT-CHRISTOPHE (ROGNES)
VALLEE DE LA DURANCE (CHARLEVAL)
PLAINE DE LAMBESC (LAMBESC)
MASSIF DES QUATRES TERMES (LA BARBEN)
VALLEE DE L’ARC (COUDOUX)
PLATEAU DE L’ARBOIS (AIX-EN-PROVENCE)
AQUEDUC DE ROQUEFAVOUR (VENTABREN)
BASSIN DU REALTOR (CABRIES)
BASSIN MARSEILLAIS (MARSEILLE)
Photos : J.B BRUNET - Août 2015, G. MATHIEU - Avril 2012
FIGURE 4. Le TRACE DU CANAL DE MARSEILLE (ALBUM PHOTO)
13
Un chantier colossal pour le XIXe siècle La construction du Canal de Marseille est une entreprise collossale pour le XIXe siècle. Il faudra ainsi deux années entières pour les travaux préparatoires (sondages, ouvertures de carrières de pierres, organisation de chantier,…). La réalisation des ouvrages d’art, elle aussi, ne sera possible qu’après de nombreuses expérimentations. Au fur et à mesure des difficultés rencontrées, l’outillage et les techniques s’optimisent. Plus de 5 000 ouvriers participeront à la construction du Canal1. La construction du Canal aura nécessité la réalisation de 84 souterrains. “Leur percement se fait à bras d’homme et les déblais sont enlevés grâce à des treuils actionnés par des chevaux. La dureté du calcaire ne permet d’avancer certains mois seulement d’un mètre, tandis que l’argile provoque des éboulements dans les galeries, qu’il faut alors conforter par des revêtements de maçonnerie et de boisage”2. A mi-parcours, l’aqueduc de Roquefavour enjambe la vallée de l’Arc. Il constitue l’ouvrage d’art le plus remarquable du Canal, haut de 83 mètres et long de 400 mètres, avec trois rangs d’arcades en pierres taillées. Les pierres dont certaines pèsent plus de 15 tonnes, sont amenées par une voie de chemin de fer de 9 kilomètres de long construite tout spécialement.
1 BALDINI Denis, CHIAPERO Jean-Albert. 2002. Le Canal de Marseille. Au fil de l’eau. Groupe Eaux de Marseille, 95 p. 2 Ibid.
14
Les caractéristiques de l’ouvrage Dans sa majeure partie, le Canal de Marseille est un ouvrage à ciel ouvert. Il est constitué d’une cuvette en ciment armé aménagée dans le sol, dont les dimensions correspondent au débit nécessaire et dont le profil s’adapte à la nature des terrains rencontrés. - Le débit du Canal : La quantité d’eau transportée par le Canal diminue au fur et à mesure du parcours, en proportion de l’eau distribuée. (15 m3/s au départ…). Les proportions de l’ouvrage varient également de ce fait.
FIGURE 6. PROFILs DU CANAL (COUPES SCHEMATIQUES)
D’après étude AGAM. Réalisation : J.B BRUNET -Août 2015
FIGURE 5. ENTREE DE SOUTERRAIN SUR LES HAUTEURS DE COUDOUX
Photo : J.B BRUNET -Août 2015
L’INFRASTRUCTURE
Ainsi, il existe sur la branche-mère des sections allant jusqu’à 10 mètres de large, et sur la fin de la dérivation de Montredon, une largeur inférieure au mètre. - Le profil du Canal : Des variations de profil et de dimensions (figure 6) peuvent être constatées, aussi bien au niveau du fond du Canal (bombé, en creux, plat,…), des pans latéraux (droits, inclinés,…), que des rebords. Celles-ci permettent une adaptation à des situations topographiques diverses (figure 7), afin de maintenir une pente régulière (environ 30 centimètres de dénivelé par kilomètre)1. Enfin, un certain nombre d’ouvrages tels que déversoirs, vannes, buses, siphons, écluses, aqueducs, ponts et passerelles diversifient encore les cas de figures rencontrées. - L’emprise du Canal : L’emprise, c’est-à-dire la bande de terrain acquise par la Ville, dans laquelle s’inscrit le Canal, varie également. Cette emprise a pour fonction première de permettre la gestion du Canal. Elle constitue ainsi, dans les parties à ciel ouvert, un passage piétonnier de part et d’autre de l’ouvrage. - Les ouvrages d’art et ouvrages techniques : De très nombreux ouvrages d’art ont été érigés lors de la construction du Canal de Marseille. Nécessaires pour enjamber les vallées, traverser les collines et franchir les ravins, ils témoignent, comme l’ensemble du Canal, d’une résistance spectaculaire.
FIGURE 7. LES SITUATIONS TOPOGRAPHIQUES RENCONTREES (COUPES SCHEMATIQUES)
PASSAGE D’UN VALLON EN TALUS
PARTIE ENCAISSEE, EN TRANCHEE
ZONE DE PENTE
ZONE DE PLAINE D’après étude AGAM. Réalisation : J.B BRUNET -Août 2015
1 AGAM, Etude préalable à une réutilisation de l’emprise du Canal de Marseille. 1981. AGAM, 200 p.
15
2 Un ouvrage Qui a transforme le territoire Si l’objectif premier du Canal était de satisfaire les besoins d’une ville en pleine extension démographique, les conséquences de la construction de cet ouvrage seront beaucoup plus importantes. On va peu à peu assister à une véritable mutation de l’économie de Marseille, et à une transformation physique de la cité. Marseille, ville portuaire, va développer une nouvelle identité en se tournant vers son terroir.
MUTATIONS ECONOMIQUES Avant la construction du Canal, les marseillais ont toujours hiérarchisé leurs usages de l’eau, en accordant la priorité aux besoins alimentaires, puis à l’industrie et enfin à l’agriculture1. Il existait ainsi une prépondérance de la culture sèche, avec la vigne et l’olivier, dont on exportait les produits. Avec le Canal de Marseille, on assiste à une transformation de l’agriculture locale. 5 500 hectares sont rendus fertiles2. Ainsi, dans pratiquement toutes les zones irrigables, la culture sèche cède la place à la culture maraîchère et à la prairie. Marseille abandonne alors pratiquement toutes ses activités d’exportation agricole pour se recentrer sur un marché strictement local. “Comme si la fertilisation du terroir par le Canal avait conduit Marseille à se délier de son port et de la mer pour subvenir à ses besoins alimentaires et à se replier vers son arrière pays.”3 L’engraissement des chèvres et moutons devenant peu coûteux, on assiste ainsi à un net progrès en matière
1 VIDAL-NAQUET Pierre. 1993. Les ruisseaux, le canal et la mer - les eaux de Marseille. L’Harmattan, 168 p. 2 Ibid. 3 Ibid.
16
d’élevage. Cela permet la fabrication de fromage de qualité mais également aux marseillais modestes de consommer de la viande. L’industrie profite aussi largement de la construction du Canal. Aussi bien en force motrice qu’en refroidissement, l’eau de la Durance devient un apport économique non négligeable. Ainsi, de nombreux moulins sont construits et le terroir encore campagnard entre dans l’âge industriel.
Revolution paysagere Le Canal a fortement contribué à une véritable révolution paysagère de Marseille. D’abord en confortant le système bastidaire. En effet, de nouvelles bastides ont désormais pu être construites à l’écart des bords de ruisseaux pour satisfaire à la demande d’une bourgeoisie nombreuse, qui s’est enrichie grâce au commerce maritime. Mais plus généralement en irrigant un paysage arride qui sera désormais composé de jardins, de prairies et de maraîchage. Marseille devient une “authentique Huerta”1.
STRUCTURATION URBAINE Dans la forme urbaine de la ville, le rôle du Canal de Marseille n’est pas négligeable, car dans bien des cas, le parcellaire et l’agencement du bâti se sont calés sur cette construction, qui a alors servi de cadre ou
1 terme par lequel les géographes désignent une zone de culture sèche irriguée par l’eau qui descend des montagnes AGAM, Quelques réflexions sommaires sur l’éventuelle suppression de la distribution gravitaire d’eau brute sur la commune de Marseille et première approche pour une estimation des besoins liés aux espaces plantés. 1983. AGAM, 7 p.
de frontière à certains quartiers et aménagements (frontière entre les communes d’Allauch et Plan-deCuques). Le Canal a été pendant longtemps une limite nette à la ville. En effet, le Canal constitue un obstacle difficile à franchir pour les réseaux d’infrastructure. Il a donc, de ce fait, contribué à contenir le développement urbain à l’intérieur de la cuvette marseillaise. De plus, le Canal marque nettement la frontière entre la colline sèche et la campagne irriguée, entre l’espace naturel et la ville.
Revolution SOCIALE ET IDENTITAIRE A ce moment de l’histoire de Marseille, on assiste à une remise en question de l’identité initiale de la ville. Petit à petit, Marseille se détourne de la mer et de son port pour porter tout son intérêt sur son terroir. En raison de son essor industriel et commercial, la ville exerce à partir du XIXe siècle une attraction de plus en plus forte sur la périphérie. D’une ville portuaire, Marseille devient peu à peu une ville industrielle. La demande en main d’œuvre augmente considérablement, et une croissance démographique s’opère alors. La population passe de 155 000 habitants en 1851 à plus de 800 000 en 19311. C’est vers la périphérie que se porte la ville populaire. Le terroir des bastides devient banlieue, sous l’influence de deux aménagements structurels : le rée seau de transports publics (dès le début du XX siècle, la banlieue marseillaise est desservie par un réseau de tramways très ramifié), et le Canal de Marseille. 1 BERTRAND Regis. 2012. Marseille, histoire d’une ville. Ville de Marseille, 239 p.
Photo : G. MATHIEU - Marseille ville sauvage. Avril 2012
FIGURE 8. LE CANAL A TRANSFORME LE TERROIR MARSEILLAIS (le merlan)
17
3 UNE INFRASTRUCTURE TOUJOURS FONCTIONNELLE MAIS INADAPTEE ?
90 millions de m3 d’eau potable 3 Millions de M3 d’eau brute en reserve 70 000 M3 d’eau potable en reserve 2200 km de reseau 1 million de personnes desservies 40 communes desservies
Le Canal de Marseille joue toujours pleinement son rôle en restant la principale source d’approvisionnement de la ville de Marseille, et d’une quarantaine de communes en amont et en aval (figure 9). Pourtant, face aux évolutions techniques et à l’évolution du territoire et de ses besoins en eau, le Canal ne parait plus toujours très adapté.
Une evolution des techniques d’adduction d’eau Si la desserte du centre-ville de Marseille est assurée à la fin du XIXe siècle, de gros aménagements seront par la suite nécessaires. La dérivation de Longchamp n’étant pas couverte, l’eau est en outre polluée par la population et les industries. Il se révèle urgent de réaliser une double canalisation : l’une, pour la desserte en eau domestique ; l’autre, pour la desserte en eau brute. Dans le cadre du chantier de cette double canalisation, un pavillon de partage des eaux est construit (boulevard des Chutes-Lavie). Ainsi, les différents quartiers du centre-ville peuvent être régulièrement alimentés par 5 conduites maîtresses. Au milieu du XXe siècle, un dispositif sous pression remplace le système à air libre. D’importants travaux sont engagés dans toute la ville. Un nouveau réseau de feeders1 est créé, sécurisant l’alimentation. Depuis, les améliorations se sont poursuie. En 1975, une station de filtration est construite au Vallon Dol, alimentée par le Verdon, via le Canal de Provence2. Une partie du territoire communal de Marseille est desservi depuis cette usine. Depuis sa création, le Canal de Marseille a simultané-
1 . Conduites principales 2 . Jusqu’en 1976, le Canal était la seule alimentation en eau de Marseille.
18
Une evolution du territoire et des besoins ment rempli plusieurs rôles : - Conduire l’eau de la Durance jusqu’à des bassins-réservoirs et usines de traitement. - Permettre l’irrigation de tout le territoire qu’il traverse, par le moyen d’un système de rigoles d’arrosage. - Alimenter également par des prises directes ou des conduites les activités industrielles consommatrices d’eau. Ainsi, le territoire a pu être alimenté en eau de deux natures : l’eau brute (prise directement dans le Canal) pour une utilisation agricole, industrielle, de voirie, et d’arrosage, et l’eau filtrée pour la consommation domestique. Depuis les années 1960, la consommation d’eau brute pour l’agriculture l’arrosage et l’industrie a quasiment disparue3. Cette régression de l’irrigation est directement liée à l’urbanisation fulgurante qu’a connu la périphérie marseillaise à partir des années 1950, et qui s’est effectuée au détriment des espaces agricoles. De plus, la quasi totalité des usines branchées directement sur le Canal ont disparu. Si la branche mère du Canal, qui achemine l’eau de la Durance jusqu’aux usines de traitement, remplit toujours sa fonction, les dizaines de kilomètres de dérivation acheminant l’eau brute à travers le territoire ont eux perdu de leur importance.
3 AGAM, Canal de Marseille - Dérivation Valentine - Montredon : (re) Prendre conscience du territoire. 2010. AGAM, 89 p.
FIGURE 9. Le CANAL DE MARSEILLE ET L’ALIMENTATION EN EAU
CHARLEVAL St-Christophe
CORNILLON -CONFOUX
LANCON-DE -PROVENCE COUDOUX
LA FARE-LES -OLIVIERS
Bimont
VENTABREN
VELAUX BERRE l’ETANG
ROGNAC Réaltor VITROLLES
LES PENNES -MIRABEAU
Réalisation : J.B BRUNET -Août 2015
MARIGNANE
CABRIES
SEPTEMES -LES-VALLONS Vallon Dol
PLAN-DE -CUQUES ALLAUCH
Communes alimentées principalement par le Canal de Marseille
LA PENNE -SUR -HUVEAUNE
Canal de Marseille
AUBAGNE
Sources : Société des Eaux de Marseille
MARSEILLE
CARNOUX -EN-PROVENCE
Canal de Provence Canal EDF
CASSIS LA CIOTAT
10 km
19
2 LE
CANAL DE MARSEILLE
UN reve d’urbanistes InEXHAUse Le Canal de Marseille, infrastructure métropolitaine par excellence, fait depuis la fin des années 1970 l’objet d’un dilemme. Une vision d’urbaniste, qui envisage une reconversion ambitieuse des emprises de l’infrastructure dans une logique d’intérêt général, se heurte à une démarche de gestionnaire qui répond à ses intérêts propres. Voici une llustration de plus de 35 ans de blocages...
21
1 UNE LOGIQUE DE GESTIONNAIRE QUI EXCLUE LE CANAL
La Société des Eaux de Marseille, malgré l’ancienneté de son action locale, reste une filiale de la Compagnie Générale des Eaux et de la Société Lyonnaise des Eaux et de l’Eclairage. Ces sociétés détiennent un quasi monopole en France et sont directement liées aux
La SEM est confrontée à différents problèmes de gestion.
Des problèmes de sécurité Un risque de noyade : on y dénombre plusieurs accidents mortels chaque année (4 en moyenne)1. Le Canal de Marseille est animé d’un fort courant (1 mètre par seconde, soit la vitesse d’un homme qui se déplace en marchant), il est profond de plus de 2 mètres et ses parois pentues et glissantes empêchent toute remontée. Un risque de pollution : le Canal se trouvant à l’air libre, il existe un rique de pollution de son eau destinée à l’alimentation des usines de traitement. Un risque de mouvement de terrrain : quelques tronçons sont sur des sols non stabilisés et de ce fait pourraient provoquer des inondations localisées sur les terrains situés en contrebas ainsi qu’une interruption dans l’alimentation en eau. Le thème de la sécurité est développé autour de ces trois principaux risques, comme argument majeur dans la justification des projets de transformation du Canal. On le retrouve présenté ainsi dans les propos de la SEM, comme dans ceux des services techniques concernés, de certains élus et dans des articles de la presse locale.
1 www.marsactu.fr, 30/08/2015 2 Ibid
22
Photo : SEM
La distribution de l’eau potable est gérée par la Société des Eaux de Marseille (SEM). Le 29 juin 1960, la Ville de Marseille et la SEM signent un contrat de concession pour l’exploitation du service dit “Canal de Marseille”. Il s’agit du premier contrat de ce type établi pour une ville de plus de 500 000 habitants1. Cette délégation de service public rend la SEM contractuellement responsable du bon fonctionnement et de l’entretien du Canal. Elle finance les travaux de renouvellement des canalisations et des réseaux de distribution. La Ville quant à elle, finance les travaux d’extension, de renforcement et d’amélioration du réseau. Depuis 2001, la SEM est désormais délégataire de la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole, qui s’est substituée à la Ville de Marseille pour la compétence “Eau”2.
Des problemes DE GESTION
1 AGAM, Marseille : Un nouveau règne pour le Canal? 1984. AGAM, 9 p.
Photo : SEM
La Societe des Eaux de Marseille
groupes bancaires (Banque de Suez) dont l’objectif est prioritairement de valoriser les capitaux investis.
Photo : J.B BRUNET - Août 2015
Dans son contexte actuel, la nature de cet ouvrage à ciel ouvert pose des problèmes à son gestionnaire : la Société des Eaux de Marseille (SEM), s’est ainsi lancée dans des projets de “modernisation” de l’infrastructure. L’objet de ces travaux conduit à une progressive démarquation du Canal avec son environnement.
FIGURE 10. Les problemes de gestion du canal
Photo : J.B BRUNET - Août 2015
Des coûts de gestion L’entretien normal du Canal s’effectue au cours des deux chômages annuels, dans des conditions relativement difficiles du fait du temps d’intervention très court. Certes on ne peut nier le caractère “pittoresque” de cette opération, mais des inconvénients pratiques et des coûts élevés existent du fait notamment de la nécessité d’une intervention très rapide. De plus, la baisse de la consommation d’eau brute liée essentiellement à l’urbanisation des terres agricoles, et à la disparitions des activités industrielles, ne permet plus la rentabilité de l’entretien de ce réseau gravitaire. Enfin, la surveillance quasi quotidienne du Canal est aussi une nécessité inhérente à son caractère d’ouvrage à ciel ouvert..
Photo : J.B BRUNET - Août 2015
Photo : SEM
Des SOLUTIONS CATEGORIQUEs
FIGURE 11. DES SOLUTIONS CATEGORIQUES
Pour garantir parfaitement l’alimentation en eau de Marseille et la sécurité des personnes ainsi que pour réaliser des économies de gestion, la SEM a entrepris différentes actions à sur le réseau d’alimentation en eau brute de la Ville à partir de la fin des années 19701. Une disparition de l’eau brute : La SEM, agit en tant que société privé, et répond donc à une logique de rentabilité. Or, la gestion des dérivations secondaires qui irriguent les différents quartiers de Marseille constitue une perte économique pour la SEM qui invoque 1 AGAM, Le point sur les réflexions et les études réalisées sur l’aménagement du Canal de Marseille et de son emprise. 1988. AGAM, 6 p.
“la vetusté du réseau d’eau brute, le coût d’entretien prohibitif, et le risque d’ingestion de cette eau non potable pouvant entrainer des maladies”2. La SEM a donc moins d’entretien, et moins d’investissements à réaliser si elle abandonne le réseau d’eau brute. Ainsi, depuis plusieurs années, les contrats d’abonnement en eau brute gravitaire « bon marché » sont progressivement résiliés. Les propriétaires des parcelles reliées à ce réseau d’eau brute sont désormais contraints d’utiliser l’eau filtrée qui représente un coût plus important3. Cette politique menée par la SEM s’inscrit dans une volonté de procéder à la fermeture définitive de dérivations afin de gérer un réseau unique d’eau traitée. Une fermeture du Canal : Sur la plus grande partie de son linéaire, là où il reste suffisament large et profond pour qu’il y ait un risque, le Canal est interdit d’accès. Il se retrouve donc réguli!èrement derrière des barrières, ou des grillages. Une disparition du Canal : La SEM a pour objectif de remplacer le Canal de Marseille, qui assure le transport de l’eau à ciel ouvert, par une canalisation enterrée. Cette mise en buse est réalisée soit dans le lit même du Canal, soit hors de son tracé lorsque l’économie du projet le justifie. L’emprise du Canal, propriété de la Ville de Marseille, redevient libre en surface au fur et à mesure de l’avancée des travaux et est ainsi rendue progressivement par la SEM à la Ville afin qu’elle assure la gestion du site et son aménagement éventuel. 2 AGAM, Etude préalable à une réutilisation de l’emprise du Canal de Marseille. 1981. AGAM, 200 p. 3 au compteur, l’eau potable est à 1,5 euros/m3 contre 1,45 euros/m3 pour l’eau brute
23
2 DES urbanistes qui fantasment des projets
Une VISION d’urbanistes qui s’oppose aux projets de la SEM En effet, à l’initiative d’un chargé d’études de l’AGAM (M. BERENGER, paysagiste) est apparue la nécessité d’inclure le Canal de Marseille dans les propositons visant à mettre en valeur le patrimoine naturel et vert de la Ville de Marseille. L’AGAM prend alors contact avec la SEM et lance en 1980 un projet d’étude pour une utilisation de l’emprise du Canal au-delà de sa fonction initiale d’adduction d’eau1. Cette première étude a pour objet de déterminer les potentialités d’utilisation de l’emprise du Canal à des fins de loisirs, de détente et d’activités sportives, et met ainsi en évidence l’intérêt de ce Canal au delà de sa fonction première: alimenter les marseillais en eau. Au vu de cette première étude, Gaston Defferre, le maire de l’époque, se prononce favorablement au principe de la poursuite d’études d’aménagements plus poussées. Depuis cette date l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Marseillaise, et la Direction de l’Ecologie et des Espaces Verts (DEEV) de la Ville de Marseille, réaliseront un travail incessant de sensibilisation aux enjeux urbanistiques du Canal, à travers de nombreuses études et projets. 1 AGAM, Etude préalable à une réutilisation de l’emprise du Canal de Marseille. 1981. AGAM, 200 p.
24
DES ATOUTS INDENIABLES POUR DE NOUVEAUX USAGES Les nombreuses études réalisées de 1980 à aujourd’hui ont pour objet de justifier l’intérêt du maintien de la continuité de l’emprise foncière du Canal, mais également de démontrer l’intérêt du maintien de sa mise en eau. Elles révèlent ainsi les atouts du Canal de Marseille, non plus comme simple infrastructure d’adduction d’eau, mais comme un potentiel élément structurant pour la ville. Patrimoine : Le patrimoine est soit directement lié au fonctionnement du Canal (portes, murs, vannes, cabanons, réservoirs, maisons élévatoires), soit associé au Canal en tant que patrimoine du XIXe siècle, qui pour sa réalisation a nécessité un effort collectif considérable en réponse à un besoin essentiel. De plus, des transformations majeures du terroir marseillais ont suivi la réalisation de l’ouvrage (partie 1). Bien plus qu’une infrastructure qui traverse la ville, le Canal est avant tout un véritable symbole pour Marseille. “Le Canal peut ainsi prendre la signification de mère nourricière de la ville. Car il est la source donnant l’eau qui engendre la vie… Quelle grande prudence ne faut-il pas alors pour aborder ces lieux en termes de réaménagement !”1 Intérêt environnemental : L’importance écologique du Canal de Marseille, “cours d’eau” artificiel reliant les 3 vallées de la cuvette marseillaise, est apparue dès les premières réflexions relatives à la “trame verte” pour Marseille. De par son contact avec le massif, le Ca-
1 AGAM, Réaménager les emprises du Canal de Marseille. Pourquoi et comment? 1982. AGAM, 16 p.
FIGURE 12. UN PATRIMOINE TOUJOURS PRESENT
Photo : www.canaldemarseille.fr
A la fin des années 1970, après avoir pris connaissance des projets de la SEM, les acteurs marseillais de l’urbanisme ont manifesté leur inquiétude de voir disparaitre le potentiel exceptionnel que représente le Canal de Marseille à leurs yeux.
nal abrite une biodiversité remarquable. Il ne s’agit pas d’arrosage obligatoirement, mais d’une humidité, une atmosphère particulière en climat méditerranéen, qui joue un rôle essentiel pour la faune et la flore. “Avec la diminution des quantités d’eau réintroduites dans le sol : c’est plusieurs centaines d’hectares verts qui risquent de retourner au stade de garrigue sèche.”, “Les effets bioclimatiques, sur la richesse écologique du milieu, ne peuvent être sacrifiés aux seuls impératifs de rentabilité.”2 Intérêt pour l’agrément, les loisirs : L’emprise offerte par le Canal est considérée comme un potentiel de promenade, de parc linéaire. Son parcours offre une qualité paysagère de grande qualité, avec des vues importantes sur la ville et la mer. La présence de l’eau assure une ambiance raffraichissante, mais également
2 AGAM, Quelques réflexions sommaires sur l’éventuelle suppression de la distribution gravitaire d’eau brute sur la commune de Marseille et première approche pour une estimation des besoins liés aux espaces plantés. 1983. AGAM, 7 p.
FIGURE 13. UNe vegetation importante s’est developpee grace au canal
un potentiel de baignade. “La cité se doit d’offrir des loisirs sur place aux Marseillais et cela hors des routes nationales et départementales réputées dangereuses pour leur circulation intense.”3 “Il ne s’agit rien moins que de 100 hectares d’espaces verts ou libres – soit 1 mètre carré supplémentaire par habitant, sans avoir à procéder à une seule acquisition foncière.”4 Des liaisons : Le Canal est présenté comme une linéarité à exploiter dans un tissu urbain de frange de plus en plus morcelé. Il pourrait constituer une opportunité pour relier des espaces résidentiels à des noyaux villageois ou à des équipements. Le Canal contourne Marseille à flanc de coteaux et, souvent, borde des espaces naturels. Il offre ainsi des
Photo : www.echoplanete.com
Photo : J.B BRUNET - Août 2015
FIGURE 14. Des berges propices a la promenade
accès aux massifs aux nombreux chemins de randonnées le long de son linéaire. Il relie également de nombreux espaces de loisirs de la cuvette marseillaise : plaine sportive des Olives, colline de la Salette, le parc des Bruyères, le parc de la colline Saint-Joseph, le parc Pastré,… Gestion de l’interface ville-nature : La zone de frange urbaine en bordure des massifs est fortement soumise à l’aléa incendie. L’eau brute et le Canal peuvent être un point d’appui à la maîtrise de ce risque : L’eau peut être utilisée en prévention et pour la lutte contre les feux. Il s’agit en effet d’un point d’eau facile d’accès. La valorisation des berges du Canal peut également être l’occasion de faciliter l’accès au massif pour les pompiers.5
“La valorisation de l’emprise du Canal pourrait representer l’equivalent de l’operation des plages du Prado mais a la peripherie de la ville.”
3 AGAM, Réaménager les emprises du Canal de Marseille. Pourquoi et comment? 1982. AGAM, 16 p. 4 AGAM, Proposition d’aménagement du Canal de Marseille. Vallon des Tuves - La Savine. 1985. AGAM, 35 p.
5 AGAM, Réaménager les emprises du Canal de Marseille. Pourquoi et comment? 1982. AGAM, 16 p.
25
3 DES Projets frustrants FIGURE 15. LOCALISATION DES PRINCIPALES ETUDES URBAINES
Au gré des projets de modernisation et de mise en sécurité du Canal de Marseille par la SEM, l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Marseillaise a produit des études d’impacts, des études préalables aux travaux de la SEM, voir des contre-projets. Ces documents ont toujours traduit les ambitions pour le devenir du Canal : valoriser les emprises, conserver autant que possible la présence de l’eau, maintenir la valeur patrimoniale et paysagère de l’infrastructure,... Face aux intérêts de la SEM ces projets n’ont jamais atteint leurs ambitions initiales. Si quelques tronçons du Canal de Marseille sont aujourd’hui devenues des itinéraires de promenade fréquentées au sein des quartiers marseillais, l’eau y a complétement disparue.
Tunnel NDame
Secteur 2 Nord Bd du Bosphore Four de Buze
1 3
Saint Barnabé
Derivation St BARNABE Trois-Lucs
Longchamp
D’autres tronçons, comme la branche Sud du Canal, entre la Valentine et Montredon, se maintiennent face à l’urbanisation et à la volonté de la SEM de les faire disparaître. Des projets sont ainsi toujours d’actualité. 4 tronçons du Canal, et 4 projets différents permettent d’illustrer l’évolution du Canal de Marseille depuis plus de 35 ans : - La dérivation Longchamp, entre Four de Buze et les Cinq-Avenues. - Le secteur Nord, entre le tunel Notre-Dame et le boulevard du Bosphore. - La dérivation Saint-Barnabé, entre les Trois-Lucs et Saint-Julien. - La Branche Sud, entre la Valentine et la Madrage Montredon, où le Canal se jette dans la mer.
26
La Valentine
MARSEILLE
Urbanisation
4
Canal de Marseille Secteurs d’études
5 km
La Madrague
Branche SUD
Sources : Occupation du sol 2006
derivation longchamp
Réalisation : J.B BRUNET -Août 2015
Saint Louis
FIGURE 16. DIACHRONIE DE LA DERIVATION LONGCHAMP
1982
1 AGAM, Canal de Marseille - Propositions d’aménagement de la dérivation de Longchamp. 1982. AGAM, 23 p.
2015
Photo : J.B BRUNET - Août 2015
Dans le programme de modernisation de la distribution d’eau dans Marseille, la branche de Longchamp a été la première à faire l’objet de travaux. En effet, l’emprise de la partie comprise entre Four de Buze et le bassin de Sainte Marthe a été abandonnée après que les eaux aient été mises en buse. L’importance stratégique de cette dérivation tient à sa possibilité d’être un élément structurant pour les quartiers qu’elle traverse. Longue de près de 6 kilomètres, elle traverse les quartiers : du Merlan, de Saint Barthélémy, de Malpassé, de Saint Just, des Chutes-Lavie et des Cinq-Avenues. La surface de l’emprise est d’environ 5 hectares. Les propositions de l’AGAM et de la DEEV sont de réaliser sur l’emprise du Canal : “des cheminements piétonniers et cyclabes après remblayage du Canal et traitement paysager des espaces aux abords”1 (Annexe I). Au final, l’emprise du Canal sera bien remblayée, mais le traitement paysager et l’aménagement de cheminements piétonniers et cyclables n’auront pas lieu. Aujourd’hui le Canal a entièrement disparu (figure 16).
Photo : AGAM, 1982
Projet DERIVATION DE LONGCHAMP (1982)
27
1 Ville de Marseille, Transformation du Canal de Marseille. Section tunnel ND - Bd du Bosphore. 1983. Ville de Marseille, 56 p.
28
1982
Photo : AGAM, 1982
Les travaux de la SEM commençant par la mise en buse du Canal entre le tunel de Notre-Dame et le chemin du Bosphore, des propositions ont été faites dans le secteur Nord en priorité. Sur une longueur de 3 kilomètres, l’AGAM propose là où du fait du busage le Canal va disparaître : “une esplanade linéaire traitée en jardin irrégulier, et une esplanade où l’on prend le parti de rappeler la présence de l’eau, un jardin aux formes plus régulières, plus à la française.”1 D’autres formes d’aménagement sont également envisagées : petites aires de sport, de jeux, promenades piétonnes, jardins familiaux. (Annexe II). Les propositions de l’AGAM ont fait l’objet d’une large concertation avec les élus et les populations des quartiers concernés par le réaménagement de l’emprise délaissée. Une exposition sur ce thème s’est ainsi tenue à Saint-Antoine en décembre 1982. Suite à ce débat, et à un avant-projet simplifié réalisé par la DEEV, un concours a été lancé auprès des bureaux d’études pour la conception et la mise en forme du projet. Un concepteur a été choisi sur un projet à la fois paysager et fonctionnel tendant à réintroduire l’eau sous forme de plans d’eau et de fontaines. En 1988, le projet est rentré dans phase opérationnelle. Malgré l’étude de l’AGAM de 1983, puis de la DEEV pour aménager ce secteur en bénéficiant de l’opportunité de pouvoir maintenir l’eau sous forme d’un “canalet” dans le lit du Canal est remblayé et non aménagé. L’emprise sera tout de même aménagée en “coulée verte” (figure 17).
FIGURE 17. DIACHRONIE Du troncon Notre-Dame-Limite - LA GAVOTTE
2015
Photo : J.B BRUNET - Août 2015
Projet NOTRE-DAME LIMITE - LA GAVOTTE (1982)
Malgré une étude préalable en juin 1983 et des propositions de programme plus détaillées en 1984 (AGAM-DEEV) soulignant l’importance d’une conservation de cette dérivation, la SEM a réalisé les travaux qu’elle avait projeté. Entre les Trois-Lucs et Saint-Julien 5 kilomètres de canal ont été busés et désaffectés (le lit a été remblayé). Une réservation technique a alors été acquise par la DEEV pour opérer une réintroduction d’eau brute sous forme d’un filet d’eau ou de jeux d’eau. Les propositions de l’AGAM consistait à aménager une promenade piétonnière qui permettrait de réaliser une liaison remarquable entre les Trois-Lucs, Saint-Barnabé et Montolivet et qui mettrait ainsi en valeur l’attrait touristique du Canal et des paysages traversés. Un maintien de la présence de l’eau était ainsi proposé à la travers la réalisation d’un “canalet” sur 1300 mètres de long (entre la traverse du Diable et la traverse des Caillols)1. (Annexe III). A ce jour cette possibilité n’a pas été mise en œuvre. Le reste du linéaire a été totalement asséché et remblayé sans qu’il soit possible de réintroduire l’eau courante dans l’ancien lit du Canal compte tenu de l’impact financier que cela représenterait dans l’aménagement de la promenade. Ce tronçon assechée reste toutefois une promenade fréquentée de l’Est marseillais.
1 AGAM, Pour une promenade le long du Canal : dérivation de Saint Barnabé. 1991. AGAM, 44 p.
FIGURE 19. LA DERIVATION DE SAINT-BARnABE AUJourd’hui
Photo : J.B BRUNET - Août 2015
Projet DErivation de Saint-Barnabe (1991)
FIGURE 18 Le projet de CANELET DANS LE LIT DU CANAL (coupe schematique)
D’après étude AGAM. Réalisation : J.B BRUNET - Août 2015
29
Etudes BRANCHE SUD Sur ce tronçon, la promenade du Canal peut être ici réalisée à court terme sans aménagement coûteux, le cadre naturel et la qualité des découverts paysagers suffisant amplement à attirer les promeneurs potentiels.
FIGURE 20 LE CANAL AU NIVEAU DE MONTREDON
Toutefois, depuis 2010, avec l’arrivée du Parc National des Calanques, de nouvelles études apparaissent. Une fois encore, l’AGAM insiste sur l’importance d’une préservation et d’une valorisation de la linéarité du Canal à travers un cheminement piéton et cycliste (Annexe IV). Le linéaire est ainsi perçu comme un fort potentiel de gestion des abords du Parc National. Le Canal pourrait en effet permettre d’organiser un réseau lisible de parcs urbains (parc Pastré, parc des Bruyères,...), mais également un réseau de portes d’entrées de massif. Certaines études, sont toujours en cours,
30
Photo : Lise DUPAS - 2009
En 1990, une première étude de l’AGAM interroge le potentiel de la branche Sud du Canal de Marseille, de la Valentine à Montredon. Des propositions d’aménagement sont évoquées. Ici, le busage ou le recouvrement se justifient moins car cette branche n’alimente pas d’usine de traitement des eaux (l’eau termine son parcours dans la mer, au niveau du port de la Madrague de Montredon). De plus, la largeur de l’ouvrage est plus réduite et l’eau y est moins profonde. Les risques de noyade sont donc beaucoup moins importants Des propositions d’aménagement de promendades sont évoquées. Mise à part l’intégration du Canal au sein du Parc de la Campagne Pastré, aucun aménagement n’a été effectué à ce jour.
LES ETUDES PREALABLES AU PLU DE MARSEILLE Entre 2005 et 2010, différentes études abordant les enjeux du Canal de Marseille ont été réalisées. Cellesci ont par la suite servi à l’élaboration du Plan Local d’Urbanisme de Marseille. - “Plan Vert de Marseille – programme d’actions et document guide”1 - 2010. Confié par la Ville de Marseille à l’AGAM, ce travail a été suivi et élaboré avec un groupe de travail composé de différents services de la Ville. Trois thèmes structurent le Plan Vert : aménagements et plantations sur voies, valorisation des cours d’eau, préservation et création de Parcs et boisements. “Le canal de Marseille, ouvrage hydraulique exceptionnel, alimentant en eau la ville, suscite un intérêt patrimonial grandissant. Sa valorisation nécessiterait de concilier deux vocations différentes : approvisionnement en eau et loisirs.” - “Franges urbaines, une interface ville-nature à maîtriser.“2 - 2010. Cette étude aborde les questions de préservation des paysages remarquables et agricoles, de mise en valeur du patrimoine paysager et urbain (bastides), et de valorisation de la trame bleue de Marseille, Le Canal de Marseille est alors considéré comme un élément majeur pour les zones de frange. - “Dérivations”3 - 2005. Commandé par la DEEV auprès d’un bureau d’étude, Ce travail établi un diagnostic des dérivations du Canal de Marseille qui abouti à un 1 AGAM, Révision PLU Marseille : Plan Vert de Marseille. Synthèse. 2010. AGAM, 8 p. 2 AGAM, Les franges urbaines, une interface ville-nature à maîtriser étude préparatoire à la révision du POS de Marseille. 2010. AGAM, 20 p. 3 Villle de Marseille, Canal de Marseille - Les dérivations - Schéma Directeur. 2005. Ville de Marseille, 61 p.
FIGURE 21. LA PRISE EN COMPTE DU CANAL DE MARSEILLE DANS LE PLU DE MARSEILLE (EXTRAIT PLANCHE DE ZONAGE)
schéma directeur. Celui-ci préconise de “replacer les dérivations dans leur contexte historique et urbain, réintégrer l’eau dans le paysage urbain, aménager un parcours continu : des liaisons douces fonctionnelles et de promenade, irriguer les lieux connexes.” Ces différentes études ont l’intérêt d’une prise en compte du Canal dans le PLU. Le Canal de Marseille et ses dérivations sont donc
reperés et préservés dans le document d’urbanisme au titre de l’article L.123-1-7 du code de l’Urbanisme. De plus, les annexes du document présentent des prescriptions et recommandations ayant pour objectifs principaux : “donner la priorité au maintien en l’état”, “préserver l’accessibilité”, “maintenir la présence de l’eau”, “maintenir les vues depuis les sites où le Canal a été aménagé”.
31
3 LE
CANAL DE MARSEILLE
FACE AUX ENJEUX DE LA METROPOLE Le Canal de Marseille traverse aujourd’hui un territoire faisant l’objet d’un boulversement institutionnel. En effet, au 1er janvier 2016, la Métropole d’Aix-Marseille-Provence se substituera aux EPCI existantes pour assurer de nombreuses compétences et notamment les compétences “Aménagement du territoire”, et “Gestion de l’eau”. La refonte institutionnelle de la métropole, les travaux de préfiguration du projet de territoire ou encore les enjeux auxquels est confronté le territoire métropolitain permettent d’estimer la place que pourrait prendre le Canal de Marseille dans la métropole de demain.
33
1 Le projet institutionnel : vers une nouvelle gestion de l’eau? La refonte institutionnelle de la métropole, et le changement d’échelle qu’il implique pourrait faire évoluer les modalités de gestion des eaux du territoire métropolitain. Une gestion globale et intégrée de l’ensemble des réseaux d’eau pourrait constituer un tournant pour le Canal de Marseille
UNE REFONTE INSTITUTIONNELLE En vertue de la loi MAPAM du 27 janvier 2014 portant modernisation de l’action publique territoriale et affirmation des métropoles, la métropole d’Aix-Marseilleer Provence sera créée au 1 janvier 2016. Cette loi est une nouvelle étape de la décentralisation. Elle clarifie, d’une part, les responsabilités et les compétences respectives des collectivités territoriales et de l’Etat. Elle favorise, d’autre part, le dynamisme des grands pôles urbains français en créant treize métropoles. Dix d’entre elle1 sont dites “de droit commun”, elles ont er été créées au 1 janvier 2015. Les métropole du Grand Paris, du Grand Lyon et d’Aix-Marseille-Provence ont elles un statut particulier en raison de leur importance. La métropole d’Aix-Marseille-Provence sera créée par la fusion des six groupes intercommunaux du territoire (figure 22) et comptera alors 93 communes pour 1,8 million d’habitants. Cette institution aura notamment pour mission de « mettre en œuvre un projet d’aménagement, de développement économique, écologique, culturel et social à l’échelle du territoire métropolitain. » 1 Lille, Strasbourg, Toulouse, Bordeaux, Nice, Nantes, Grenoble, Rennes, Rouen et à certaines conditions Montpellier
34
La création de la métropole peut être une opportunité pour mettre en place une gestion coordonnée des ressources en eau. L’approvisionnement en eau de MPM dépend aujourd’hui très fortement du canal de Marseille, celle de la CPA principalement du Canal de Provence, celle du Pays de Martigues du Canal de Martigues. La création de la métropole constitue une opportunité de renforcer les sécurisations mutuelles entre les différentes ressources en eau, de mutualiser et rationaliser les investissements publics.
dans le domaine de l’eau. L’échéance de cette délégation était fixée au 31 décembre 2013 mais a été renouvellée pour une durée de 15 ans.
UN REGROUPEMENT DE COMPETENCES POUR UNE gESTION GLOBALE DES ENJEUX DU CANAL?
Aujourd’hui ce mode de gestion est très critiqué. En 2010, un rapport du commissariat général au développement durable explique que le prix moyen de l’eau et de l’assainissement est 19% plus cher en délégation qu’en régie. Malgré cela, en France, dans le domaine de l’eau, la gestion déléguée continue de prévaloir. Elle couvre aujourd’hui 66% de la population. Notons, tout de même, que des grandes villes de France sont revenues à une gestion directe de l’eau (Paris, Brest, Bordeaux, Grenoble, Nice, Montélimar, Castre,...).
La métropole d’Aix-Marseille-Provence exercera des compétences qui étaient jusque là exercées par les EPCI ou les communes. Parmi ces compétences : Développement et aménagement économique, social et culture ; Aménagement de l’espace métropolitaiin ; Politique local de l’habitat ; Politique de la ville ; Gestion des services d’intérêt collectif ; Protection et mise en valeur de l’environnement et politique du cadre de vie. En 1941, la Ville de Marseille confie la gestion de l’eau à une société, la Société des Eaux de Marseille, qui se substitue à elle dans le cadre d’un contrat de régie intéressée le 1er mars 1943. En 1960, Gaston Defferre passe la gestion et la distribution de l’eau en délégaer tion de service pour une durée de 50 ans. Le 1 janvier 2001, lorsque la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole est créée, elle se substitue à la Ville de Marseille, qui lui transférera sa compétence
Depuis 1970, les communes se sont vues confier la gestion des services de l’eau et de l’assainissement. Elles ont donc le choix de l’assumer selon trois modes : - La régie directe : la collectivité assume directement la gestion. - La gestion déléguée : la collectivité délègue un service à une entreprise spécialisée pour une durée donnée. - La régie intéressée : la collectivité est propriétaire, des équipements, mais l’entreprise est rémunérée en fonction des résultats.
Dans un souci de gestion cohérente, mais également d’économie, la métropole pourrait donc reprendre la gestion des eaux du territoire en régie. Dans cette hypothèse, la réunion des compétences « eau » et « aménagement du territoire » au sein d’une unique institution, pourrait constituer une évolution forte pour le devenir du Canal de Marseille. En effet, cela permettrait d’envisager la gestion des eaux de la Durance, et la prise en compte de l’infrastructure dans son environnement de façon cohérente et complémentaire.
FIGURE 22. LE CANAL DANS LA Metropole Aix-marseille-provence
CA salon - etang de berre durance
SAn ouest provence
CA pays d’Aix-en-provence
CA pays de martigues
Réalisation : J.B BRUNET -Août 2015
CA pays d’Aubagne et de l’etoile Cu MARSEILLE PROVENCE METROPOLE
EPCI de la Métropole Aix-Marseille-Provence La Durance Canal de Marseille Canal de Provence 10 km
35
2 Le projet de territoire : vers une prise en compte du canal? Au-delà de conduire la mutation institutionnelle du territoire dans la perspective de la création de la métropole au 1er janvier 2016, la Mission interministérielle pour le projet métropolitain d’Aix-MarseilleProvence1 impulse depuis 2013 une démarche de préfiguration du projet territorial. Démarche dans laquelle le rôle du Canal de Marseille est abordée.
des chantiers Une méthode a ainsi été définit, et fait le choix délibéré de s’intéresser à un certain nombre de grandes questions stratégiques qui déterminent le devenir du territoire métropolitain et de ses habitants plutôt que de prétendre traiter l’exhaustivité des sujets. Elle les développe ensuite dans une large démarche de coproduction avec les acteurs du territoire. Quatre orientations générales pour le projet métropolitain ont ainsi été posées par la Mission et mises en débat avec les élus et acteurs locaux. Formulées dans le Document de convergence stratégique de juillet 2013, elles synthétisent une vision de “la métropole que nous voulons“ fondée sur les réalités territoriales d’aujourd’hui. Ces orientations ne prétendent pas résumer l’intégralité des dimensions du futur projet métropolitain. “Elles expriment des visions d’avenir capables de fédérer les énergies : - De la métropole de la diversité à la métropole des capacités : faire de la diversité sociale et territoriale un 1 Une Mission interministérielle pour le projet métropolitain a été créée à l’initiative de l’Etat en mai 2013. Elle est chargée d’impulser la démarche du projet en co-construction avec les acteurs du territoire, et d’accompagner la mutation institutionnelle dans la perspective de la création officielle de la métropole.
36
véritable atout grâce à des politiques de valorisation. - De la métropole portuaire à la métropole ouverte à 360° : ouvrir toutes les perspectives métropolitaines en diversifiant les fonctions de rayonnement et les horizons stratégiques régionaux, nationaux, européens et internationaux. - De la métropole généreuse à la métropole durable : s’appuyer sur les qualités environnementales du grand territoire pour commencer à opérer son indispensable bifurcation vers un mode plus durable d’aménagement et de développement urbains. - De la métropole de fait, à la métropole organisée et reliée : construire une métropole fonctionnelle et vivable, en la dotant de réseaux complets, intégrés, porteurs de services efficaces, en premier lieu des réseaux et services de transports et de mobilité. Le polycentrisme de fait doit être mis en cohérence.”2 Sur cette base, la Mission interministérielle a ouvert sept chantiers3 avec de nombreux partenaires pour nourrir le travail de préfiguration du projet métropolitain : - Chantier cohésion sociale et territoriale - Chantier mobilité et accessibilité - Chantier ville-nature - Chantier transition énergétique - Chantier système logistique et portuaire - Chantier cultures d’innovation - Chantier potentiels jeunesse
2 Mission Interministérielle pour le projet métropolitain Ai-MarseilleProvence, Vers une vision commune de la Métropole d’Aix-MarseilleProvence. 2013. 15 p. 3 Mission Interministérielle pour le projet métropolitain Aix-MarseilleProvence, La métropole en marche : les chantiers du projet d’Aix-Marseille-Provence. 2013. 75 p.
Dans le cadre de ces travaux, le Canal de Marseille a pu être l’objet de réflexions au sein du chantier “ville-nature”. “Ce chantier vise à faire émerger une représentation commune de la métropole et à jeter les bases d’une nouvelle conception du développement urbain, en accord avec ses ressources naturelles et ses enjeux de croissance. A partir de cette nouvelle géographie partagée, il s’agit de “s’entendre sur les grands principes des projets de développement et d’aménagement d’axes structurants, pour en valoriser au mieux les potentiels et les fonctions métropolitaines”1. Ce chantier consiste avant toute chose à faire émerger et à partager une image commune à l’échelle de la métropole. Il est une occasion pour repenser la place des espaces non bâtis (espaces naturels, agricoles, littoraux, marins) et leur contribution à la structuration de la métropole. Ce chantier “ville-nature” s’est ainsi organisé en 4 groupes de travail thématiques dont un dédié à la “ressource en eau terrestre et littoral”. Ce groupe de travail a introduit son travail ainsi : “Pour le territoire métropolitain littoral et lacustre, exposé aux caprices du climat méditerranéen, l’eau est une ressource précieuse. De très lourds investissements ont été réalisés précédemment pour l’alimentation en eau de la métropole (Canal de Provence, Canal de Marseille, irrigation,..). Il s’agit aujourd’hui de garantir leur intégrité voire de les renforcer.”2
1 Mission Interministérielle pour le projet métropolitain Aix-MarseilleProvence, Chantier ville-nature - programme de travail. 2014. 9 p. 2 Ibid
La Mission interministérielle pour le projet métropolitain a également initié une consultation urbaine et teritoriale qui s’inscrit dans la démarche globale de préfiguration du projet. Des équipes pluridisciplinaires ont ainsi été invitées à proposer leur vision stratégique du territoire “pour accompagner et amplifier les projets déjà engagés, ouvrir la voie à d’autres initiatives, tracer les perspectives de l’action territoriale dans un futur plus éloigné”1. Dans un second temps, trois équipes ont été retenues (Devillers & Associés, LIN, SEURA) pour se concentrer pendant 9 mois sur une dizaine de projets “représentatifs de l’évolution désirée du territoire et inscrits dans des contextes identifiés. De natures différentes – projets urbains, de mobilité, culturels, agricoles, matériels ou non – ils constitueront de puissants démonstrateurs de la plus-value métropolitaine.”2 De façon originale, la consultation n’est pas un processus de mise en concurrence des professionnels pour l’obtention ultérieure d’un marché de conception, mais une démarche collective qui mobilise conjointement les trois équipes pluridisciplinaires pendant neuf mois. Les équipes ne partent pas d’une page vierge. La vision territorialisée du projet qu’ils formuleront est nourrie collectivement. Concrètement, des visites de terrain, “les randonnées métropolitaines” ont été réalisées pour immerger les équipes dans le territoire. “Et si une consultation urbaine commençait par une
expérience, plutôt que par une expertise ? Si elle débutait par une pratique d’hospitalité et par des rencontres ? Si elle partait en voyage ?” 3 On peut penser que cette démarche poétique, cette expérience du paysage pourront conduire les équipes à imaginer des projets en lien étroit avec le paysage métropolitain, et dans lequel le Canal de Marseille pourrait avoir sa place. D’ailleurs, l’équipe LIN, Yes We Camp, en partenariat
avec le Bureau des guide, expérimentent (Paysage pour tous, du 4 aout au 30 septembre 2015) un projet de cartographie géante et participative de la métropole, “pour que chaque métropolitain puisse venir l’enrichir en indiquant, aux membres de l’équipe présents, ses lieux choyés du territoire : ceux remarquables pour leur paysage d’exception ou ceux accueillant les activités collectives de plein-air (pique-nique, cueillette, baignade, coucher de soleil…).”4
3 Bureau des guides GR2013 www.bureaudesguides-gr2013.fr
4 Mission interministérielle pour le projet de la métropole d’Aix-Marseille-Provence, www.mouvement-metropole.fr
FIGURE 23 LEs randonnees metropolitaines de la consultation pour le projet metropolitain
Photo : G. FURLANETTO - 2015
Une consultation
1 Mission interministérielle pour le projet de la métropole d’Aix-MarseilleProvence, www.mouvement-metropole.fr 2 Ibid.
37
3 Des enjeux metropolitains pour le canal de marseille Au-delà des travaux de préfiguration du projet métropolitain, le Canal de Marseille peut répondre à de nombreux enjeux pour la métropole de demain.
l’eau ressource precieuse Les cours d’eau et canaux doivent faire l’objet d’une attention particulière. Le 16 octobre 2014, à l’occasion de l’Université d’été du Conseil national de l’Ordre des architectes organisé à Marseille, les professionnels de l’aménagement ont appelé à une meilleure valorisation des cours d’eau et canaux de la métropole dont l’Huveaune, la Toulou-
rance en 2050), visant à analyser l'impact du changement climatique sur la ressource en eau dans le bassin de la Durance, sont les suivants1 : “Une augmentation d’au moins 1° C sur l’ensemble du bassin ; Une hausse de l’évapotranspiration potentielle sur l’ensemble du bassin de l’ordre de 50 mm ; Un stock de neige plus réduit, conséquence de l’augmentation des températures. Le maximum est observé plus précocement, et plus faible de 80 mm.“ Dans ce contexte, une attention particulière doit être porté au réseau d’eau dans sa globalité. Cela pourrait donc constituer un changement de gestion du Canal de Marseille.
1 Mission Interministérielle pour le projet métropolitain Aix-MarseilleProvence, Chantier ville-nature - note de synthèse. 2014. 51 p.
Photo : www.provence-pays-arles.com
FIGURE 24 L’EAU DE LA DURANCE, UN BIEN PRECIEUX DE LA METROPOLE
bre, la Durance ou encore l’Arc. Un appel qui fait écho e à celui déjà lancé lors du 6 forum mondial de l’eau à Marseille en 2012. En effet, l’augmentation démographique urbaine génère une augmentation significative de la demande en services d’eau, nourriture, énergie et espace. Face aux changements climatiques, des adaptations sont donc nécessaires. Des économies d’eau sont indispensables et une solidarité avec les territoires amont doit être organisée. Les premiers résultats des modélisations hydrologiques réalisées (dans le cadre du programme de recherche Risque, Ressource en eau et gestion Durable de la Du-
38
L’agriculture représente un véritable enjeu pour la métropole d’Aix-Marseille-Provence et pour les métropoles de façon générale. En effet, les filières agricoles doivent être compétitives face à une forte concurrence internationale. De plus, il existe des perspectives d’avenir et des opportunités que l’agriculture de ce territoire peut saisir. En effer, l’exigence grandissante de traçabilité, l’engouement pour des produits locaux, à forte valeur identitaire, et dont les coûts de transport sont réduits, sont des tendances sur lesquelles peut compter l’agriculture régionale. De même, l’agriculture biologique peut encore fortement se développer. Le potentiel des fruits et légumes bio est particulièrement important, mais l’irrigation leur est indispensable. L’offre régionale et nationale reste, en effet, bien insuffisante face à la demande, tant au niveau des particuliers, que de la restauration collective. Le maintien de l’agriculture est également un véritable enjeu en termes de gestion de l’espace et de dévelop- pement harmonieux de ce territoire : des paysages de grande qualité entretenus par l’activité agricole, des territoires ruraux vivants, des ceintures vertes autour des villes, moins de friches, de fermeture des paysages et moins de risques d’incendie... Les aides à l’installation, à la diversification, à la structuration des filières, et la préservation des espaces agricoles, restent le fondement d’une politique forte de soutien à l’agriculture. Mais dans les régions méditerranéennes, l’accès à l’eau est indispensable à la réus-
site de ces politiques. En effet, il est probable qu’avec le changement climatique, ce territoire connaisse des sécheresses estivales de plus en plus fréquentes. Dans de telles conditions, un accès sécurisé à la ressource en eau sera à l’avenir nécessaire, là où l’on veut maintenir l’agriculture. Dans ce contexte, la perrenisation, voir le développement du Canal de Marseille comme ouvrage d’adduction en eau brute sur le territoire métropolitain, constitue un enjeu majeur.
FIGURE 25 des terres redevenues agricoles au nord de marseille
Photo : Agathe Perrier - 2015
Agriculture
39
amenite urbaine
Aujourd’hui de nombreuses métropoles mondiales procèdent à des projets de revalorisation des espaces d’eau de leur territoire. Marseille en fait d’ailleurs partie, avec par exemple le projet Euromediterranée 2 et le ruisseau des Aygalades. En 1848, est construite, dans le lit du ruisseau, la gare de marchandise du Canet au milieu de campagnes à l’habitat dispersé. Le site d’industrialise progressivement, et l’eau est enfouie. Le projet de l’urbaniste François Leclercq vise à faire remonter le ruisseau à la surface afin d’aménager un parc de 1,4 kilomètre, installé dans le lit du ruisseau. Ce parc assurera des fonctions récréatives et un rôle de liaison avec les quartiers. En 1848, le ruisseau des Aygalades était donc enfouit alors que les eaux de la Durance arrivaient à Marseille grâce au Canal de Marseille. Aujourd’hui, le ruisseau des Aygalades va réapparaitre à l’air libre pour devenir une élément urbain structurant, alors que le Canal de Marseille, lui, risque progressivement de disparaître du fait des travaux de modernisation de la SEM. A quoi bon faire ressortir l’eau par endroit si on la recouvre ailleurs?
40
Au-delà de l’objectif environnementaliste de développement des espaces de nature en ville, valoriser les voies d’eau, telles que le Canal de Marseille, peut également permettre de recréer, autour de cet élément naturel, une forme de sociabilité. L’accès à l’eau a le pouvoir de rassembler les gens et de rendre un espace vivant Dans de nombreuses villes, les habitants pratiquent la baignade urbaine. On peut penser que les aspectis techniques (comme la surveillance des baigneurs) et environnementaux peuvent se régler très facilement à partir du moment où
la volonté politique existe. En ce sens, le Canal a un fort potentiel pour “réintroduire une certaine continuité physique et sociale dans l’espace urbain”.1
1 VIDAL-NAQUET Pierre. 1993. Les ruisseaux, le canal et la mer - les eaux de Marseille. L’Harmattan, 168 p.
FIGURE 26. LA BAIGNADE URBAINE dans le canal de l’ourcq (PAris)
Photo : Laboratoire des Baignades Urbaines Expérimentales - 2015
Les ouvrages d’alimentation en eau, canaux, aqueducs, sont porteurs d’une forte valeur patrimoniale sur le territoire de la métropole. Ils constituent, avec les fleuves naturels, des lieux de promenades et de fraîcheur privilégiés dans un environnement souvent aride. L’eau est devenue un critère d’habitabilité. Elle joue un rôle essentiel dans l’appropriation de l’espace public. On l’observe notamment à travers la réalisation de coulées vertes et bleues en milieu urbain, qui permettent l’émergence de microclimats à travers la ville.
Couture urbaine L’urbanisation actuelle fragmente les espaces en produisant, zone par zone, des limites infranchissables, des délaissés,... Or, la vie dans la métropole demande le contraire : que les lieux soient naturellement reliés, que l’espace ne soit pas haché. Dans cette optique, le renforcement du réseau de pôles urbains se conjugue avec l’organisation des continuités et des connexions. Il ne s’agit pas seulement de penser les connexions économiques et fonctionnelles, dessinées par les grands corridors, mais l’ensemble des continuités géographiques, écologiques et agricoles. C’est ce qui permettra de donner une forme lisible du polycentrisme d’Aix-Marseille-Provence, et, avec elle, sa véritable identité spatiale de nouveau modèle d’aménagement.
FIGURE 27. LE CANAL : UN LIEN ENTRE DE multiples espaces
Photos : Bing-map - 2015
Espace identitaire, le Canal constitue un élément de mémoire du lieu, un bien transmis, qui pourrait aujourd’hui être révélé, rendu accessible et utilisable pour le plus grand nombre. L’eau permet non seulement de répondre à une préoccupation croissante des citadins de voir maintenus des espaces de nature dans leur environnement proche et d’améliorer ainsi leur cadre de vie, mais aussi d’utiliser son fort potentiel imaginaire et identitaire pour construire l’identité d’un territoire par des aménagement adaptés, Reliées en réseau, le Canal pourrait ainsi permettre de faciliter l’appréhension d’un territoire plus large, en s’imposant comme fil conducteur ou comme un élément structurant de projets d’aménagement à une échelle plus vaste.
41
Conclusion Imaginé depuis le XVIe siècle mais décidé qu’en 1834, le projet d’acheminement des eaux de la Durance à Marseille aura marqué l’histoire d’un territoire. Tant par le contexte de pénurie dans lequel il s’inscrit que par le chantier pharaonique qu’il représente, le Canal a constitué un projet d’envergure métropolitaine. Il constitue en effet, une prouesse technique exceptionnelle pour l’époque, la plus importante réalisation du XIXe siècle à Marseille. De plus, au-delà de l’alimentation en eau actuelle de près d’un million de métropolitains, le Canal de Marseille a joué un rôle immense dans la constuction de ce territoire, et dont l’impact est toujours perceptible. Vieille de plus de 166 ans, cette infrastructure pose toutefois des problèmes d’adaptation dans un territoire qui a profondément évolué. Ainsi à partir de la fin des années 1970, la Société des Eaux de Marseille, gestionnaire de l’infrastructure a fait ressortir à la Ville de Marseille la nécessité de procéder à la mise en buse ou en souterrain de certains de ses tronçons. Ceci dans un soucis d’éviter les risques de pollution de l’eau, d’éviter les accidents et les noyades qui malgré l’interdiction d’accès des ses berges à la population, s’y sont parfois produits, moderniser ses conditions de gestions et amoindrir ses coûts en supprimant des frais tels que le gardiennage, le récurage annuel des ouvrages, etc. La nécessité de reprendre et moderniser cet ouvrage a conduit les urbanistes de l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Marseillaise (AGAM) et les techniciens de la Ville de Marseille à se demander si les qualités très particulières du Canal de Marseille (présence de l’eau, beauté des sites traversés, linéaire exceptionnel…) ne
42
pourraient pas être l’occasion d’aménager le parcours du Canal à d’autres fins que l’alimentation en eau du territoire. Ainsi, alors que les travaux de modernisation de la SEM se profilaient, l’AGAM avait de son côté commencé à répertorier les atouts exceptionnels d’aménagement apportés par la seule présence du Canal sur le trajet qu’il parcourait. Pendant plus de 35 ans, et aujourd’hui encore, l’AGAM a produit des études, des projets pour une valorisation de l’emprise du Canal de Marseille, et pour un maintien de l’eau. Toutefois, cette volonté d’urbaniste visant l’intérêt général s’est heurté aux intérêt privés d’un gestionnaire technique et à sa logique de rentabilité. C’est de cette double démarche que résultent un blocage récurent des projets urbains ambitieux proposés pour le Canal de Marseille. Ainsi, sur le territoire marseillais, la présence du Canal se fait de plus en plus discrète. Clôturée ou enfouis sous terre cette infrastructure est démarquée de son environnement, et entretien donc une relation complexe avec les espaces qu’elle traverse. Au-delà des seules frontières marseillaises, le Canal de Marseille, traverse un territoire faisant l’objet d’un boulversement institutionnel. En effet, au 1er janvier 2016, la Métropole d’Aix-Marseille-Provence se substituera aux EPCI existantes pour assurer de nombreuses compétences et notamment les compétences “Aménagement du territoire”, et “Gestion de l’eau”. La refonte institutionnelle de la métropole, et le changement d’échelle qu’il implique pourrait faire
évoluer les modalités de gestion des eaux du territoire métropolitain. Une gestion globale et intégrée de l’ensemble des réseaux du territoire métropolitain pourrait constituer un tournant pour le Canal de Marseille. Au-delà du changement institutionnel, c’est la place que pourrait prendre le Canal de Marseille au sein du projet de territoire métropolitain qui interroge. Depuis, décembre 2013, les travaux de préfiguration du projet métropolitain orchestrés par la Mission interministérielle pour le projet métropolitain d’Aix-MarseilleProvence laissent paraître une sensibilité pour l’intérêt que pourraît avoir une infrastructure telle que le Canal de Marseille face aux enjeux de la métropole de demain. Que ce soit pour répondre à des enjeux alimentaires, agricoles, de qualité urbaine de loisirs, ou encore de liens et d’identité, le Canal de Marseille représente un potentiel exceptionnel. Le Canal de Marseille, infrastructure métropolitaine par excellence, peut donc connaître un véritable tournant avec la métropole...
FIGURE 28. QUEL tournant POUR LE CANAL DE MARSEILLE ?
43
bibliographie DOCUMENTS d’urbanisme Plan Local d’Urbanisme de Marseille Schéma de Cohérence Territorial de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole Schéma de Cohérence Territorial de la Communauté d’agglomération du Pays d’Aix-en-Provence
OUVRAGES RONCAYOLO Marcel. 1996. Marseille, les territoires du temps. éd. locales de France, 135 p. LANGEVIN Philippe, CHOURAQUI Edith. 2000. Aire métropolitaine marseillaise, encore un effort. La Tour d’Aigues, les Editions de l’Aube, 219 p. LELONG Claude, DEUTSH Jean-Claude. 1995. L’eau dans la ville. Saint-Etienne, Presses de l’école nationale des Ponts et chaussées, 317 p. SENAULT Patrick. 1991. Pour le partage de l’eau. Paris, L’Harmattan, 187 p. VIDAL-NAQUET Pierre. 1993. Les ruisseaux, le canal et la mer. Les eaux de Marseille. Paris, L’Harmattan, 168 p. LANASPEZE Baptiste. 2012. Marseille ville sauvage. Actes sud, 207 p. BALDINI Denis, CHIAPERO Jean-Albert. 2002. Le Canal de Marseille. Au fil de l’eau. Groupe Eaux de Marseille, 95 p. BERTRAND Regis. 2012. Marseille, histoire d’une ville. Ville de Marseille, 239 p.
Sites internet AGAM, www.agam.org Canal de Marseille, www.lecanaldemarseille.fr SEM, www.eauxdemarseille.fr Mission interministérielle pour le projet de la métropole d’Aix-Marseille-Provence, www.mouvement-metropole.fr APUR, www.apur.org Marsactu, www.marsactu.fr/politique/contrats-de-leau-mpm-entre-connivence-et-amateurisme-34528.html consulté le 30/08/2015 Le Monde, http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/01/26/marseille-une-enquete-ouverte-sur-le-marche-de-l-eau-et-de-l-assainissement4563.html, consulté le 30/08/2015 Bureau des guides GR2013 www.bureaudesguides-gr2013.fr
Etudes et documents de travail AGAM, Canal de Marseille : branche-mère. 1981. AGAM, 7 p. AGAM, Canal de Marseille - Branche Sud. 1990. AGAM, 7 p. AGAM, Canal de Marseille - Dérivation Valentine - Montredon : (re)Prendre conscience du territoire. 2010. AGAM, 89 p. AGAM, Etude préalable à une réutilisation de l’emprise du Canal de Marseille. 1981. AGAM, 200 p. AGAM, Canal de Marseille - Propositions d’aménagement de la dérivation de Longchamp. 1982. AGAM, 23 p. AGAM, Réaménager les emprises du Canal de Marseille. Pourquoi et comment? 1982. AGAM, 16 p. AGAM, Quelques réflexions sommaires sur l’éventuelle suppression de la distribution gravitaire d’eau brute sur la commune de Marseille et première approche pour une estimation des besoins liés aux espaces plantés. 1983. AGAM, 7 p.
44
AGAM, Synthèse des études sur le Canal de Marseille. 1983. AGAM, 9 p. AGAM, Marseille : Un nouveau règne pour le Canal? 1984. AGAM, 9 p. AGAM, Eléments de réponse à la pétition des riverains du Canal (entre le pont de l’impasse des chênes et la RN8). 1984. AGAM, 3 p. AGAM, Marseille en projets : Le Canal de Marseille. 1985. AGAM, 4 p. AGAM, De l’eau de ville pour de nouvelles campagnes. 1986. AGAM, 4 p. AGAM, Le point sur les réflexions et les études réalisées sur l’aménagement du Canal de Marseille et de son emprise. 1988. AGAM, 6 p. AGAM, Analyse de l’urbanisation - Réflexions “Schéma d’aménagement des bassins pluviaux des ruissaux et du Canal de Marseille”. 1990. AGAM, 16 p. AGAM, Pour un aménagement du Canal de Marseille. Synthèse et premières réflexions. 2005. AGAM, 40 p. AGAM, Les franges urbaines, une interface ville-nature à maîtriser - étude préparatoire à la révision du POS de Marseille. 2010. AGAM, 20 p. AGAM, Elaboration du Projet Municipal pour la révision du POS de Marseille. 2010. AGAM, 32 p. AGAM, Etude Extensions Urbaines : Franges Sud. Contributions : synthèse des propositions d’accessibilité. 2010. AGAM, 2 p. AGAM, Etude préalable à la révision du POS de Marseille. Extensions Urbaines : Cahier n°5 Frange Sud. 2010. AGAM, 76 p. AGAM, Révision PLU Marseille : Plan Vert de Marseille. Synthèse. 2010. AGAM, 8 p. AGAM, Métropole n°27 : L’aménagement au fil de l’eau. 2010. AGAM, 4 p. AGAM, Parc National des Calanques : des propositions pour une stratégie durable d’accessibilité. 2010, 47 p. AGAM, Quel avenir pour la dérivation Valentine / Montredon?. Synthèse. 2010, 8 p. AGAM, Pour un itinéraire doux entre la ville et les calanques : Etude de faisabilité pour l’aménagement du Canal de Marseille Dérivation Sud. 2013. AGAM, 47 p. AGAM, Itinéraire doux entre la ville et les calanques. 2013. AGAM, 31 p. AGAM, Pour une promenade le long du Canal : dérivation de Saint Barnabé. 1991. AGAM, 44 p. AGAM, Proposition d’aménagement du Canal de Marseille. Vallon des Tuves - La Savine. 1985. AGAM, 35 p. Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR), Etude sur le devenir du réseau d’eau non potable - Analyse et diagnostic. 2010. APUR, 158 p. Mission Interministérielle pour le projet métropolitain Ai-Marseille-Provence, Vers une vision commune de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence. 2013. 15 p. Mission Interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence, La métropole en marche : les chantiers du projet d’Aix-Marseille-Provence. 2013. 75 p. Mission Interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence, La métropole en projets : intentions d’étape. 2014. 76 p. Mission Interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence, Carnets d’études - Ville nature. 2014. 23 p. Mission Interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence, Carnets d’études - Territoires à enjeux. 2014. 24 p. Mission Interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence, Carnets d’études - Représentation du territoire. 2014. 24 p. Mission Interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence, Chantier ville-nature - programme de travail. 2014. 9 p. Mission Interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence, Chantier ville-nature - note de synthèse. 2014. 51 p. Ville de Marseille, Role écologique du Canal de Marseille. Ville de Marseille, 123 p. Villle de Marseille, Canal de Marseille - Les dérivations - Diagnostic. 2005. Ville de Marseille, 165 p. Villle de Marseille, Canal de Marseille - Les dérivations - Schéma Directeur. 2005. Ville de Marseille, 61 p. Ville de Marseille, Le Canal de Marseille, un rôle structurant pour la ville - comité de pilotage PLU. 2009. Atelier de l’Ile, 31 p. Ville de Marseille, Etude pour la mise en relation des grands ensembles avec la campagne dans la banlieue de Marseille. 1989. Ville de Marseille, 32 p. Ville de Marseille, Transformation du Canal de Marseille. Section tunnel ND - Bd du Bosphore. 1983. Ville de Marseille, 56 p. Ministère de l’Equipement, Patrimoine, paysage et banlieue à Marseille. 1995. Ministère de l’Equipement, 200 p.
45
table des matieres introduction
6
Partie 1 : Le canal de marseille : une infrastructure metropolitaine
9
La construction du canal : un projet d’envergure metropolitaine
10
Contexte historique
10
Le tracé
12
L’infrastructure
14
Un ouvrage qui a transforme le territoire
16
Mutations économiques
16
Révolution paysagère
16
Structuration urbaine
16
Révolution sociale et identitaire
16
Une infrastructure toujours fonctionnelle mais inadaptee ?
18
Une évolution des techniques d’adduction d’eau
18
Une évolution du territoire et des besoins
18
Partie 2 : Le canal de marseille : Un reve d’urbanistes inexhause
21
une logique de gestionnaire qui exclue le Canal
22
La Société des Eaux de Marseille
22
Des problèmes de gestion
22
Des solutions catégoriques
23
46
Des urbanistes qui fantasment des projets
24
Une vision d’urbanistes qui s’oppose aux projets de la SEM
24
Des atouts indéniables pour de nouveaux usages
24
Des projets frustrants
26
Projet dérivation de Longchamp
27
Projet Notre-Dame Limite - la Gavotte
28
Projet dérivation de Saint-Barnabé
29
Etudes branche sud
30
Les études préalables au PLU de Marseille
31
Partie 3 : Le canal de marseille : Face aux enjeux de la metropole
33
Le projet institutionnel : vers une nouvelle gestion de l’eau ?
34
Une refonte institutionnelle
34
Un regroupement de compétences pour une gestion globale des enjeux du Canal ?
34
Le projet de territoire : vers une prise en compte du canal ?
36
Des chantiers
36
Une consultation
37
des enjeux metropolitains pour le canal de marseille
38
L’eau ressource précieuse
38
Agriculture
39
Aménité urbaine
40
Couture urbaine
41
Conclusion
42
47
table des illustrations FIGURE 1. LE CANAL DE MARSEILLE DANS LA Metropole AIx-marseille-provence Figure 2. LE TRACE DU CANAL DE MARSEILLE (coupe schematique) FIGURE 3. Le TRACE DU CANAL DE MARSEILLE FIGURE 4. Le TRACE DU CANAL DE MARSEILLE (ALBUM PHOTO) FIGURE 5. ENTREE DE SOUTERRAIN SUR LES HAUTEURS DE COUDOUX FIGURE 6. PROFILs DU CANAL (COUPES SCHEMATIQUES) FIGURE 7. LES SITUATIONS TOPOGRAPHIQUES RENCONTREES (COUPES SCHEMATIQUES) FIGURE 8. LE CANAL A TRANSFORME LE TERROIR MARSEILLAIS (le merlan) FIGURE 9. Le CANAL DE MARSEILLE ET L’ALIMENTATION EN EAU FIGURE 10. Les problemes de gestion du canal FIGURE 11. DES SOLUTIONS CATEGORIQUES FIGURE 12. UN PATRIMOINE TOUJOURS PRESENT FIGURE 13. UNe vegetation importante s’est developpee grace au canal FIGURE 14. Des berges propices a la promenade FIGURE 15. LOCALISATION DES PRINCIPALES ETUDES URBAINES FIGURE 16. DIACHRONIE DE LA DERIVATION LONGCHAMP FIGURE 17. DIACHRONIE Du troncon Notre-Dame-Limite - LA GAVOTTE FIGURE 18. Le projet de CANELET DANS LE LIT DU CANAL (coupe schematique) FIGURE 19. LA DERIVATION DE SAINT-BARnABE AUJourd’hui FIGURE 20. LE CANAL AU NIVEAU DE MONTREDON FIGURE 21. LA PRISE EN COMPTE DU CANAL DE MARSEILLE DANS LE PLU DE MARSEILLE (EXTRAIT PLANCHE DE ZONAGE) FIGURE 22. LE CANAL DANS LA Metropole Aix-marseille-provence FIGURE 23. LEs randonnees metropolitaines de la consultation pour le projet metropolitain FIGURE 24. L’EAU DE LA DURANCE, UN BIEN PRECIEUX DE LA METROPOLE FIGURE 25. des terres redevenues agricoles au nord de marseille FIGURE 26. LA BAIGNADE URBAINE dans le canal de l’ourcq (PAris) FIGURE 27. LE CANAL : UN LIEN ENTRE DE multiples espaces FIGURE 28. QUEL tournant POUR LE CANAL DE MARSEILLE ?
48
7 10 11 13 14 14 15 17 19 22 23 24 25 25 26 27 28 29 29 30 31 35 37 38 39 40 41 43
Annexes ANNExe I : Le PROJET DE LA DERIVATION LONGCHAMP (1982) ANNExe II : Le PROJET Du secteur Nord : ND LIMITE - LA GAVOTTE (1982) ANNExe III : Le PROJET DE LA DERIVATION SAINT-BARNABE ; TROIS-LUCS - SAINT-JULIEN (1991) ANNExe IV : Le PROJET DE LA BRANCHE SUD : VALENTINE - MONTREDON (2013)
ANNExe I : Le PROJET DE LA DERIVATION LONGCHAMP (1982)
AGAM, Canal de Marseille - Propositions d’aménagement de la dérivation de Longchamp. 1982. AGAM, 23 p.
I
ANNExe II : Le PROJET Du secteur Nord : ND LIMITE - LA GAVOTTE (1982)
Ville de Marseille, Transformation du Canal de Marseille. Section tunnel ND - Bd du Bosphore. 1983. Ville de Marseille, 56 p.
II
ANNExe III : Le PROJET DE LA DERIVATION SAINT-BARNABE ; TROIS-LUCS - SAINT-JULIEN (1991)
AGAM, Pour une promenade le long du Canal : dérivation de Saint Barnabé. 1991. AGAM, 44 p.
III
ANNExe IV : Le PROJET DE LA BRANCHE SUD : VALENTINE - MONTREDON (2013)
AGAM, Pour un itinéraire doux entre la ville et les calanques : Etude de faisabilité pour l’aménagement du Canal de Marseille Dérivation Sud. 2013. AGAM, 47 p.
IV
A la veille de la construction de la métropole d’AixMarseille-Provence, ce mémoire interroge la place que le Canal de Marseille pourrait occuper dans le projet métropolitain. Pour celà, ce travail procède en 3 étapes. Il définit d’abord la place qu’occupe cette infrastructure au sein du territoire de la métropole. Il effectue ensuite une rétrospective des différents projets dont a fait l’objet le Canal depuis plus de 30 ans. Enfin, il vérifie la compatibilité des enjeux métropolitains que soulèvent le Canal de Marseille avec le projet de territoire en cours de construction. Métropole - Infrastructure - Canal - Projet - Eau