Réflexions sur l'habitat participatif

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Réflexions sur l’habitat participatif Qui décide aujourd’hui de construire ou réhabiliter des logements ? Pour l’essentiel, ce sont : D’un côté des promoteurs immobiliers qui produisent des logements qu’ils n’habiteront jamais, majoritairement achetés par des investisseurs qui ne les habiteront jamais, mais se constituent un patrimoine sur le dos du contribuable (lois Méhaignerie, Scellier, Duflot, etc.) et de leurs locataires. La qualité ne s’en trouve pas tirée vers le haut. De l’autre, des lotisseurs qui offrent à ceux qui ont les moyens de s’endetter pour 25 ans la possibilité de réaliser leur rêve de maison individuelle. Et enfin, les bailleurs sociaux qui réalisent les quotas d’HLM imposés par la loi. Ceci dans un contexte de spéculation immobilière qui permet aux propriétaires de réaliser des plus-values beaucoup plus élevées que l’inflation* et tend à faire du marché de l’immobilier une pyramide de Ponzi (du nom d’un escroc italien qui payait les dividendes de ses premiers actionnaires avec l’argent des investisseurs suivants.) Quand un bien immobilier acheté 100 000 € « vaut » au moins 250 000 € au bout d’une quinzaine d’années, ce sont les nouveaux candidats à la propriété qui doivent financer la plus-value et s’ils ne le peuvent pas, qui doivent s’éloigner des zones attractives et des centres-villes pour trouver des terrains et des logements moins chers. Tant que la spéculation ne sera pas empêchée, les ménages à revenus modestes resteront condamnés à la location (et finiront malgré tout par payer plusieurs fois le prix de leur logement au cours de leur vie), alors que ceux qui auront la chance d'accéder à la propriété pourront espérer s’enrichir sur le dos de la génération suivante. *En France, entre 1998 et 2012, l’augmentation moyenne du coût de la vie a été de 24 %, alors que sur la même période, l’immobilier a progressé de 140 %.

L’habitat participatif, facteur de transitions. Transition immobilière. Quand un groupe de personnes décide de construire des logements pour les habiter et y vivre en bonne intelligence, ça change un peu les habitudes. Si le même groupe décide de renoncer à la propriété individuelle au profit de la propriété collective, c’est la spéculation immobilière qui est enrayée. Les coopératives d'habitants, avec leur clause anti-spéculative, offrent à tous les ménages, y compris modestes, la possibilité de se loger tout en leur permettant de se constituer une épargne à travers les parts sociales émises en échange du remboursement progressif du bien immobilier. A terme, ils peuvent donc récupérer leurs apports initiaux ainsi qu'une part de la valeur du bien collectif – mais limités à leur valeur réelle, non pas à celle dictée par la spéculation immobilière Extrait de : Le potentiel révolutionnaire des coopératives d’habitants 11 FÉVRIER 2014 | PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART

Transition sociale. L’habitat participatif qui prône la mixité d’usage du terrain, la mixité sociale et la mixité générationnelle permet de rétablir des liens forts entre les personnes et de lutter contre la solitude. Les mutualisations et les économies d’échelle permettent de réduire les coûts et de rendre le logement plus accessible. Transition écologique. Par la mutualisation de locaux, d’espaces, d’équipements et de services qu’il implique, l’habitat participatif permet à chacun de satisfaire ses besoins primaires de manière enviable, tout en réduisant son empreinte écologique.


Transition alimentaire. Quand un groupe de personnes vit en bonne intelligence avec un projet commun de production alimentaire, chacun peut faire bien plus que ce qu’il ferait seul ou dans un réseau diffus : utilisation d’une serre pour rallonger les saisons de production, mutualisation de matériels, travaux collectifs, anticipation mutualisée, groupement d’achats, partage des tâches et des responsabilités, … Transition énergétique. Quand un groupe de personnes vit en bonne intelligence avec un projet commun de sobriété énergétique, chacun peut faire bien plus que ce qu’il ferait seul ou dans un réseau diffus et mettre en œuvre des solutions efficaces dans le domaine des énergies renouvelables : biomasse (méthanisation des déchets, production de boisénergie), éolien, cogénération (production de chaleur et d’électricité), solaire thermique et photovoltaïque, …

La maîtrise d’ouvrage Beaucoup de projets d’habitat participatif reposent sur une maîtrise d’ouvrage souveraine et une démarche d’autopromotion. De ce fait : - ils sont réservés à des militants motivés et aguerris, - ne concernent qu’un petit nombre de logements, - n’aboutissent que très rarement, - ont des durées de gestation qui entrainent un grand nombre d’abandons. Ne serait-il pas plus efficace de s’en remettre à des professionnels ayant pignon sur rue et possédant tous les savoir-faire requis ? Ne serait-il pas plus pertinent de négocier avec les professionnels de l’immobilier pour leur passer une commande inédite parce que, pour une fois, elle serait fondée sur un projet de vie réfléchi ? Ne serait-il pas plus alternatif d’amener les professionnels de l’immobilier à construire ou rénover des logements voulus et décidés par leurs futurs habitants ? Ne serait-il pas plus utile d’inciter des professionnels de l’immobilier à construire du logement réellement écologique, mettant en œuvre des techniques constructives à forte intensité sociale*, même s’ils ne l’ont encore jamais fait ? N’est-il pas absolument urgent de réussir des projets de grande envergure, ambitieux et ouverts au plus grand nombre, y compris à des personnes qui n’ont ni le temps ni la motivation nécessaires pour porter longtemps un projet qui ne verra peut-être pas le jour ? Le projet d’habitat participatif que je soutiens s’appuie sur la simplicité volontaire, la propriété collective, la transition alimentaire, la transition énergétique, la gestion responsable de l’eau, la construction de logements écologiques et bioclimatiques, la mixité fonctionnelle du terrain, la mixité générationnelle, la mixité sociale, la mutualisation de locaux, d’espaces, de services et d’équipements, la gestion solidaire de l’ensemble. *Estime de soi, dignité, expérience professionnelle, plaisir de faire avec son corps, d’apprendre et de transmettre, relation aux autres et coopération, tradition vivante, savoir être et savoir devenir, sont quelques-uns des traits caractéristiques du travail quand il redevient humain. Citation prélevée sur : http://www.ecocc.eu/IMG/pdf/journal_lpst_4_fevrier_2013.pdf

Jean-Louis LECAMUS A Plovan, le 27 mars 2014


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