Entrainant n°18

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Janvier 2015

N° 18

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M A G A Z I N E

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“ La qualité numéro 1 d’un entraîneur, c’est d’être entraînant ”

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Michel HIDALGO

Une CAN “française”

DMVE prend de la hauteur

(pages 6-7)

(pages 8-9)

Marcelo Bielsa Champion ? L’Olympique de Marseille sera-t-il sacré Champion de France en fin de saison ? Et l’Argentin Marcelo Bielsa succèdera-t-il à l’Italien Carlo Ancelotti, dernier entraîneur étranger à avoir remporté le titre ? Enquête sur les coachs de Ligue 1 venus d’ailleurs. (Pages 2 à 4)

Union Nationale des Entraîneurs et CAdres TEchniques du Football


ZOOM

Sensations fortes et travail de fond Les stagiaires de “DMVE”, 11ème session, ont débuté leur formation par quelques sensations fortes, à l’occasion d'un stage en altitude à Autrans, avant de retourner sur le "plancher des vaches" pour participer à des cours et ateliers de formation. De quoi retrouver confiance pour repartir sur une nouvelle expérience professionnelle.


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ÉDITORIAL

La norme du buzz Le buzz. Un terme qui ne signifiait pas grandchose il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, c’est devenu une norme. Un passage obligatoire pour tout "bon communicant". En effet, l’accélération du phénomène des réseaux sociaux associée à la tendance des médias prêts à tout pour surfer sur la vague du politiquement incorrect, ont mis en place ce système de polémiques. Bien souvent stériles, tout juste bonnes à faire parler ou vendre du papier. La bonne information n’est plus la règle. L’écume des vagues l’est devenue, elle. Comme l’a dit si justement Thomas Sotto, journaliste et animateur de la Matinale d’Europe 1, « il ne s’agit pas de se contenter d’une seule information. Il faut tirer la pelote de laine, vérifier les faits. » Un postulat sensé et somme toute logique que l’on n’applique plus aujourd’hui.

SOMMAIRE

Au sortir d’un entretien ouvert avec des supporters en novembre dernier, les propos de Willy Sagnol ont été sortis de leur contexte. Inutile de revenir sur la teneur même de ce qui a été dit, les médias se sont engouffrés dans la brèche. Sans comprendre, sans détailler les faits.

Joël MULLER Président de l’UNECATEF

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L’ami de la famille Bernard Saules (UNAF)

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Garde à vue ............................................ p. 15 Philippe Piat (UNFP)

DMVE ............................................................. p. 8-9 Une session 11 de haut niveau

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Lu pour vous .................................. p. 16-17 Bibliothèque d’hiver par Philippe Leroux

UNECATEF ........................................... p. 10-11 Temps de travail et rémunération Vos correspondants locaux

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Interview ....................................................... p. 5 Alain Perrin (sélection de Chine)

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Mon exaspération liée à ce communautarisme grandissant favorisé par certains médias ne doit pas m’empêcher de vous adresser à toutes et tous les meilleurs vœux de l’UNECATEF pour 2015. En espérant que le football ne soit plus la cible d’attaques et de polémiques aussi stériles.

Balle au Pôle France Féminin ................................................. p. 12-13 A l’heure du changement

Dossier ........................................................ p. 2-4 Des coachs étrangers sur le banc

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Dans le football et en particulier pour les entraîneurs, la norme est la compétence et la vérité reste sur le terrain. Être entraîneur ne s’improvise pas, c’est une vocation. Être entraîneur, ce n’est pas être consultant. Ce n’est donc pas non plus s’ériger en donneur de leçons. C’est du travail, de la passion, un sacerdoce qui ne laisse peu ou pas de place à la polémique.

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La réponse cinglante de Diabaté, joueur de couleur, lors du match face à Lens le 8 novembre dernier, enlaçant son entraîneur, a permis de faire taire la meute. Non, Willy n’est pas raciste. Non, la couleur n’est pas un critère discriminant. En matière de talent et de qualification, la couleur importe peu.

CAN 2015 .................................................. p. 6-7 Six chances françaises en Guinée Equatoriale

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Paroles de... .................................... p. 19-23 Albert Cartier (entraîneur de Metz), Jamel Sandjak (président de la Ligue de Paris-IdF), Michel Troin (entraîneur adjoint de Rennes), Jean-Louis Saez (entraîneur de Montpellier Féminines), Lilian Gatounes (journaliste de Canal +), Gilbert Ceccarelli (entraîneur des gardiens du Paris FC)

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Une partie de cartes au Bar de la Marine Par Bruno Bini

p. 14

Coup du Coach .................................... p. 18 Farid Benstiti (Paris SG) et Christophe Galtier (Saint-Etienne) à l’honneur

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p. 24

Zoom ................................ 3ème de couverture Les sélectionneurs nationaux au crible


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DOSSIER

Marcelo Bielsa, l’héritier De nombreux entraîneurs étrangers ont officié en France, des pionniers des années 30 à Marcelo Bielsa et Leonardo Jardim aujourd’hui. Quelle est leur part en Ligue 1 et au palmarès du Championnat et des Coupes nationales ? Qui sont-ils et font-ils mieux que leurs homologues français ? Enquête sur les vingt clubs actuels de l’élite.

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l’heure du bouclage de ce numéro, un entraîneur étranger, l’Argentin Marcelo Bielsa, était en tête du Championnat de Ligue 1 aux commandes de Marseille. Avec un objectif précis pour 2015 : finir Champion de France dans quelques mois devant notamment le Paris SG de Laurent Blanc. Un technicien étranger couronné ? Un fait assez rare dans l’histoire du football français, même s’ils sont dix à avoir atteint leur but, le dernier en date étant l’Italien Carlo Ancelotti en 2013 avec le PSG. En nombre massif au début du professionnalisme dans les années 30-40, essentiellement en provenance du Royaume Uni, d’Espagne et de Hongrie, ils ont été moins présents dans les décennies suivantes, le niveau des coachs français s’étant progressivement élevé, en particulier sous l’impulsion de la Direction Technique Nationale, mise en place au début des années 70 par Georges Boulogne, qui a fait de la formation des entraîneurs l’un de ses axes prioritaires. Depuis, seulement trois éléments venus d’un autre pays, sur une période de plus de 40 ans, ont réussi à devancer un homologue français au palmarès : le Belge Raymond Goethals avec Marseille en 1991 et 1992 (après avoir pris le relais à deux reprises en cours de saison du Croate Tomislav Ivic et de l’Allemand Franz Beckenbauer), le Portugais Artur Jorge avec Paris en 1994 et donc Carlo Ancelotti. Onze étrangers ont par ailleurs remporté la Coupe de France, le dernier à avoir brandi le Trophée est le franco-bosniaque Vahid Halilhodzic (Paris SG 2004) et deux d’entre eux ont gagné la Coupe de la Ligue (Ricardo deux fois avec Paris et Bordeaux et l’Uruguayen Pablo Correa avec Nancy). Si l’on balaye toute l’histoire du football professionnel français, on constate donc une hégémonie des coachs d‘autres nationalités dans les années 30, avec cinq titres sur une période de dix ans, une nouvelle embellie après-Guerre et un sursaut dans les années 90. A partir du millésime 2000-2001, les titres sont devenus rares alors que les clubs actuels de Ligue 1 ont tous eu ou presque, à un moment donné jusqu’à aujourd’hui, un coach venu d’ailleurs aux commandes, à l’exception notable de Caen, Guingamp qui possède la particularité de n’avoir eu recours qu’à des Français tout au long de son histoire, Lyon, particulièrement francophile sur le banc, Metz, Montpellier et Toulouse. Soit quatorze clubs sur vingt

Monaco a misé sur le Portugais Leonardo Jardim qui souhaite marcher sur les traces d’Artur Jorge, Champion avec Paris en 1994.

L’Argentin Marcelo Bielsa fera-t-il aussi bien que son compatriote Luis Carniglia, Champion avec Nice en 1956 ?

au total ayant fait appel à une compétence étrangère, avec plus ou moins de bonheur. On se souvient ainsi des passages réussis à Bordeaux et Paris de Ricardo, le plus titré sur notre territoire, du franco-bosniaque Vahid Halilhodzic à Lille et Paris, du Belge Eric Gerets à Marseille, très populaire malgré un palmarès vierge sur la Canebière, de l’Italien Claudio Ranieri à Monaco et du Parisien Carlo Ancelotti. On se souvient un peu moins de ceux qui n’ont fait que passer sans pouvoir mettre durablement leur empreinte sur le club, en dépit d’une carte de visite étoffée et d’un talent indéniable, à l’image du Portugais Toni à Bordeaux, de l’Italien Francesco Guidolin à Monaco, du Gallois John Toshack et du Tchèque Ivan Hasek à Saint-Etienne, et du Franco-Roumain Laszlö Bölöni à Lens et Monaco. Sans omettre les «étoiles filantes» marseillaises n’ayant tenu que quelques mois dans le volcan du Vélodrome, comme le Brésilien Abel Braga ou l’Espagnol Javier Clemente qui n’ont pas fait mieux que le Champion du Monde allemand, Franz Beckenbauer, une décennie plus tôt ! Marseille étant le club le plus « international » avec 24 coachs étrangers devant… Nice (21) et Monaco (14) ! Un triplé méditerranéen mettant en exergue un esprit d’ouverture sur le monde et qui suit la politique de stars étrangères pratiquée par ces clubs tout au long de leur histoire. A ce propos, et pas par hasard, les deux seuls étrangers de Ligue 1 de la saison 2014-2015 sont justement en poste à Marseille (Marcelo Bielsa) et à Monaco (Leonardo Jardim). Parviendront-ils à faire fructifier leur expérience ? Sauront-ils grignoter la part de leurs homologues français largement et logiquement majoritaires au sein des clubs ? Un fait apparaît au regard des chiffres et du palmarès, les entraîneurs français prouvent, au fil des années, qu’ils n’ont rien à envier à leurs collègues d’autres pays. Marcelo Bielsa parviendra peut-être à devenir prophète mais la tendance générale met également en relief la valeur des coachs formés en France.


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Du talent sur les bancs Bastia : Jules Nagy (Hongrie, 1963-1964, 1965-1966, 1970), Rachid Mekhloufi (France/Algérie, 1969-1970), Henryk Kasperczak (Pologne/France, 1998), Farouk Hadzibegic (Bosnie/France, 2009-2010). Bordeaux : Benito Diaz (Espagne, 1937-1942), Eugen Stern (Hongrie, 1942-1943), Maurice Bunyan (Angleterre, 1945-1947), Santiago Urtizberea (Espagne, 1957), Camille Libar (Luxembourg, 1957-1960), Salvador Artigas (Espagne, 1960-1967), Luis Carniglia (Argentine, 1978-1979), Raymond Goethals (Belgique, 1979-1980, 1989-1990), Gernot Rohr (Allemagne/France, 1990, 1991-1992, 1996), Toni (Portugal, 1994-1995), Slavo Muslin (Serbie, 19951996), Ricardo (Brésil, 2005-2007).

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A l’épreuve des chiffres Double titre Certains entraîneurs ont réussi à inscrire leur nom dans deux compétitions nationales, la palme revenant à l’Uruguayen Conrad Ross, deux fois Champion et vainqueur de la Coupe de France avec Sochaux. Plus près de nous, le Brésilien Ricardo (photo) s’est imposé en Coupe de France et deux fois en Coupe de la Ligue.

Caen : Ferenc Konya (Hongrie, 1934-1935), Karoly Mayer (Hongrie, 1944-1946), Daniel Jeandupeux (Suisse/France 1990-1994, 1997), Gabriel Calderon (Argentine, 1997) Evian-Thonon-Gaillard : Pablo Correa (Uruguay/France, 2012). Guingamp : néant. Lens : Jack Harris (Ecosse, 1934), Robert De Veen (Belgique, 19341935), John Galbraith (Ecosse, 1936-1938, 1939-1940), Joszef Eisenhoffer (Hongrie, 1938-1939), Anton Marek (Autriche, 19421947, 1953-1956), Louis Dupal (Tchécoslovaquie, 1950-1953), Karel Michlowsky (Tchécoslovaquie, 1957-1958), Joachim Marx (Pologne/France, 1985-1988), Slavo Muslin (Serbie, 1996-1997), Laszlö Bölöni (Roumanie/France, 2011). Lille : Nagy (Hongrie, 1931-1932), Robert De Veen (Belgique, 19321934), Bob Fischer (Angleterre, 19341935), Ted Maghner (Angleterre, 1935-1937), Steirling (Angleterre, 1937-1938), George Berry (Angleterre, 1944-1946), Joseph Jadrejak (Pologne/France, 1969-1970), Georges Heylens (Belgique, 19841989), Henryk Kasperczak (Pologne/ France 1993), Vahid Halilhodzic (Bosnie/France, 1998-2002, photo). Lorient : Josef Lokay (Tchécoslovaquie, 1929-1932), Marcel Lisiero (Espagne/France 1960), Angel Marcos (Argentine/France, 2001). Lyon : Jules Limbeck (Hongrie, 1931-1933), William Duckworth (Ecosse, 1945-1946), Manuel Fernandez (Espagne/France 19611962), Vladimir Kovacevic (Yougoslavie, 1982-1983).

Palmarès

12 titres de Champion (15,58 %) Robert De Veen (Belgique) : Lille 1933 Conrad Ross (Uruguay) : Sochaux 1935 et 1938 George Kimpton (Angleterre) : RC Paris 1936 Joszef Eisenhoffer (Hongrie) : Marseille 1937 George Berry (Angleterre) : Lille 1946 Giuseppe Zilizzi (Italie) : Marseille 1948 Luis Carniglia (Argentine) : Nice 1956 Raymond Goethals (Belgique) : Marseille 1991 et 1992 Artur Jorge (Portugal) : Paris SG 1994 Carlo Ancelotti (Italie) : Paris SG 2013

11 Coupes de France (12,37 %) Vincent Diettrich (Autriche) : Marseille 1935 George Kimpton (Angleterre) : RC Paris 1936 Conrad Ross (Uruguay) : Sochaux 1937 Joszef Eisenhoffer (Hongrie) : Marseille 1938 Benito Diaz (Espagne) : Bordeaux 1941 George Berry (Angleterre) : Lille 1946, Nice 1954 Henryk Kasperczak (Pologne) : Metz 1984 Artur Jorge (Portugal) : Paris SG 1993 Sylvester Takac (Bosnie) : Nice 1997 Ricardo (Brésil) : Paris SG 1998 Vahid Halilhodzic (Bosnie/France) : Paris SG 2004

3 Coupes de la Ligue (15 %) Ricardo (Brésil) : Paris SG 1998, Bordeaux 2007 Pablo Correa (Uruguay) : Nancy 2006

20% des entraîneurs, 14% des titres Le contingent des entraîneurs étrangers de la Ligue 1 représente 20,15% du total des techniciens ayant officié sur les bancs des 20 clubs de Ligue 1 actuels. Ils ont remporté 14,32% des titres et Coupes mis en jeu.

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DOSSIER Marseille : Peter Farmer (Angleterre, 1923-1924), Victor Gibson (Ecosse, 1925-1929), Charlie Bell (Ecosse, 1932-1933), Vinzenz Diettrich (Autriche, 1933-1935), Jozsef Eisenhoffer (Hongrie, 1935-1939, 19391941), Willy Kohut (Hongrie, 1939), Giuseppe Zilizzi (Italie, 1947-1949, 1958), Louis Maurer (Suisse, 1958-1959), Otto Gloria (Brésil, 1962), Luis Miro (Espagne, 1963), Kurt Linder (RFA, 1972-1973), Fernando Riera (Chili, 1974), Ivan Markovic (Yougoslavie, 1977-1978), Josip Skoblar (Yougoslavie, 1978, 2001), Zarko Olarevic (Yougoslavie, 1985-1986), Franz Beckenbauer (Allemagne, 1990), Raymond Goethals (Belgique, 1991, 1992, 1993, photo), Tomislav Ivic (Croatie, 1991, 2001-2002), Luka Peruzovic (Croatie, 1995), Abel Braga (Brésil, 2000), Javier Clemente (Espagne, 2001), Zoran Vujovic (Croatie, 2002), Eric Gerets (Belgique, 2007-2009), Marcelo Bielsa (Argentine, depuis 2014). Metz : Willy Steyskal (Autriche, 1932-1933), Ted Maghner (Angleterre, 1937-1938, 1946), Bep Bakhuis (Pays-Bas, 1945), Elie Rous (Angleterre, 1951-1952), Désiré Koranyi (Hongrie/France, 1958), Jules Nagy (Hongrie/France, 1959-1963), Max Schirschin (Pologne, 1966-1968), Henryk Kasperczak (Pologne/France, 1980-1984), Henri Depireux (Belgique, 1989).

Nantes : Anton Raab (Allemagne/France, 1947, 1948-1950, 1955, 1955-1956), Stanislas Staho Laczny (Pologne/France 1956), Louis Dupal (Tchécoslovaquie/France 1956-1959), Karel Michlowsky (Tchécoslovaquie/France, 1960), Miroslav Blazevic (Croatie, 19881991), Angel Marcos (Argentine, 2002, 2002-2003), Gernot Rohr (Allemagne/France, 2009). Nice : Jim MacDewitt (Ecosse, 1932-1934), Johan Tandler (Autriche, 1934), Edmond Kramer (Suisse, 1934), Charlie Bell (Ecosse, 1934), Karel Kudrna (Tchécoslovaquie, 1937), Ricardo Zamora (Espagne, 1938), Josep Samitier (Espagne, 1938-1942), Luis Valle (Espagne, 1944-1947), Anton Marek (Autriche, 1947-1949), Elie Rous (Angleterre, 1950), George Berry (Angleterre, 1953-1955), Luis Carniglia (Argentine, 1955-1957), César Hector Gonzales (Argentine, 1964-1969), Vlatko Markovic (Yougoslavie, 19741977, 1980-1982), Koczur Ferry (Hongrie/France, 1978), Nenad Bjekovic (Yougoslavie, 1987-1989), Carlos Bianchi (Argentine, 1990), Sylvester Takac (Bosnie, 1997, 1997-1998), Michel Renquin (Belgique, 1998), Sandro Salvioni (Italie, 2000-2002), Gernot Rohr (Allemagne/France, 2002-2005). Paris SG : Velibor Vasovic (Yougoslavie, 1976-1977, 1979), Tomislav Ivic (Croatie, 1988-1990), Artur Jorge (Portugal, 1991-1994, 1998-1999), Ricardo (Brésil, 1996-1998), Vahid Halilhodzic (Bosnie/France, 2003-2005), Carlo Ancelotti (Italie, 2011-2013, photo).

Monaco : Szanislo (Hongrie, 1933-1934), Elek Schwartz (Roumanie/France, 1950-1952), Louis Dupal (Tchécoslovaquie/France, 1953-1956), Anton Marek (Autriche, 1956-1958), Roger Courtois (Suisse/France, 1963-1965), Ruben Bravo (Argentine, 1972-1974), Alberto Muro (Argentine, 1974-1976), Stefan Kovacs (Roumanie, 1986-1987), Francesco Guidolin (Italie, 2006), Laszlö Bölöni (Roumanie/France, 2006), Ricardo (Brésil, 2007-2009), Marco Simone (Italie, 2011-2012), Claudio Ranieri (Italie, 2012-2014), Leonardo Jardim (Portugal, depuis 2014). Montpellier : Victor Gibson (Ecosse), Istvan Berecz (Hongrie), Georges Kramer (Suisse, 1946-1948), Istvan Zavadsky (Hongrie, 1950-1951, 1956-1958), Joszef Pepi Humpal (Tchécoslovaquie, 1951-1952), Luis Cazarro (Espagne, 1952-1953), Marian Borowski (Pologne, 1969-1970), Kader Firoud (Algérie/France, 1980, 1981), Henryk Kasperczak (Pologne/France, 1990-1992).

Une cohorte très internationale Près de 130 entraîneurs étrangers ont officié dans les 20 clubs actuels de Ligue 1 depuis le lancement du professionnalisme en 1932-1933. Algérie : 2 Allemagne/RFA : 4 Angleterre : 11 Argentine : 9 Autriche : 8 Belgique : 6 Bosnie-Herzégovine : 3 Brésil : 3 Chili : 1 Croatie : 5 Ecosse : 8 Espagne : 12 Hongrie : 15

Italie : 5 Luxembourg : 1 Pays-Bas : 1 Pays de Galles : 2 Pologne : 6 Portugal : 4 Roumanie : 3 Yougoslavie/Serbie : 8 Suisse : 6 Tchécoslovaquie / Rép. Tchèque : 7 Uruguay : 1

Reims : David Harrison (Angleterre, 1931-1934), Billy Aitken (Ecosse, 1934-1936), Léopold Kielholz (Suisse, 1936-1937), Erich Bieber (Autriche, 1938-1940), Carlos Bianchi (Argentine, 19851988), Manuel Abreu (Portugal, 1995-2001), Ladislas Lozano (Espagne/France, 2003-2005). Rennes : Arthur Griffith (Pays de Galles), George Scoones (Angleterre), Ivan Trojanek (Tchécoslovaquie), Kalman Szekany (Hongrie, 1932-1933), Philip McCloy (Ecosse, 1933-1934), Josef Schneider (Autriche, 1934-1936), François Pleyer (Autriche/France, 19451952), Salvador Artigas (Espagne, 1952-1955), Vahid Halilhodzic (Bosnie/France, 2002-2003), Laszlö Bölöni (Roumanie/France, 2003-2006). Saint-Etienne : Albert Locke (Angleterre, 1932-1934), Harold Rivers (Angleterre, 1934), William Duckworth (Ecosse, 1934-1935, 1936-1940), Zoltan Vago (Hongrie, 1935-1936), Ignace Tax (Autriche/France, 1943-1950), Henryk Kasperczak (Pologne/France, 1984-1987), John Toshack (Pays de Galles, 2000), Ivan Hasek (Rép. Tchèque, 2006-2007). Toulouse : Giuseppe Zilizzi (Italie), Kader Firoud (Algérie/France, 1964-1967), José Farias (Argentine, 1970-1972), Angel Marcos (Argentine, 1977-1978), Daniel Jeandupeux (Suisse/France, 19831985).


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CARTE POSTALE

Alain Perrin : “Le luxe de choisir mon destin” Si quelques entraîneurs étrangers évoluent en France, quelques Français exercent dans un autre pays, à l’image d’Alain Perrin, sélectionneur de la Chine. Entretien. Quel regard portez-vous sur votre carrière d’entraîneur de clubs français ? J’ai globalement de bons souvenirs. J’ai connu une belle aventure à Troyes en participant à la construction du club, du milieu amateur au milieu professionnel, en passant par le maintien en Ligue 1 et la victoire en Coupe Intertoto. Ensuite, il y a eu de grands clubs, des titres avec Sochaux et Lyon, et des matches de Coupes d’Europe. Etant en réussite, j’ai eu la chance d’être toujours sollicité et je n’ai quasiment pas eu de “trous” dans ma carrière. C’est un luxe de pouvoir choisir et d’être demandé.

nationale a du mal à faire le plein même si nous sommes passés de 17 000 à 25 000 spectateurs de moyenne. Lorsque le Brésil a affronté ici l’Argentine, il y avait 80 000 personnes. Les Chinois aiment beaucoup le show-business et les grands joueurs. Qu’en est-il justement des joueurs chinois ? On peut compter sur de bons éléments, travailleurs et collectifs mais on constate avec mon adjoint, Ali Boumnijel, un manque de formation et un déficit de puissance athlétique. D’autre part, les postes clés en défense centrale et en attaque sont occupés par des étrangers en championnat et du coup, nous avons une pénurie dans ces secteurs du jeu en sélection nationale. Le choix est mince. Nous allons disputer du 9 au 31 janvier la Coupe d’Asie des Nations en Australie et ce ne sera donc pas facile pour nous. Notre premier objectif sera de sortir de la poule comprenant trois adversaires de valeur : l’Arabie Saoudite, l’Ouzbékistan et la Corée du Nord. Les équipes sont très proches les unes des autres en Asie et la hiérarchie est mouvante. Tout peut donc arriver.

Vous êtes également passé par l’étranger... Question de circonstances. Dans mon esprit, je pensais entraîner en Afrique francophone, au Maghreb, mais ça ne s’est finalement pas fait. J’ai toujours eu envie de voyager et de découvrir d’autres cultures et le football m’a permis de réaliser cette soif de découvertes. Je suis ainsi passé par les Emirats Arabes Unis et le Qatar parce que j’étais libre à ces moments-là. Il y a eu également Portsmouth en Angleterre en “Division One”, l’équivalent de la Ligue 2. Malheureusement, on m’a “savonné la planche” pour prendre ma place. J’ai connu, durant quelques mois, la passion du football anglais. C’était un club très populaire avec beaucoup de supporters et de ferveur comme à Marseille et Saint-Etienne où je suis également passé.

Quels sont les objectifs fixés par les dirigeants ? Figurer dans le dernier carré avec des critères de qualité de jeu. Comme toujours, cette compétition sera un couperet et mon avenir en Chine dépendra des résultats.

Vous insistez souvent sur le projet de vie... Oui car je fais un choix sportif lorsque je signe dans un club, mais aussi un choix de vie. Je ne veux pas notamment partir seul et laisser ma compagne. Il faut donc que toutes les conditions soient réunies. Au-delà de ça, on constate pas mal de changements en cours de saison et du coup, les places disponibles en début d’exercice sont plus rares et il faut donc parfois s’expatrier.

Un dernier mot sur l’UNECATEF ? Il faut saluer le travail effectué pour les entraîneurs sans emploi et la défense de leurs intérêts. A ce propos, il y a parfois des places en Chine. D’ailleurs, Francis Gillot vient d’arriver à Shanghai après Philippe Troussier à Hangzhou. Entre Français, on peut créer un climat propice à l’expatriation dans ce pays.

Dans quelles conditions êtes-vous arrivé en Chine ? Cela s’est passé par l’intermédiaire de mon ancien préparateur physique de Troyes, Christian Jahan, qui a exercé en Chine. Il connaissait un interprète chinois en liaison avec la Fédération et le contact s’est établi ainsi. J’ai été auditionné une première fois à Francfort en Allemagne, en compagnie d’autres candidats et j’ai été retenu pour un deuxième entretien à Pékin. Mon profil d’entraîneur mais aussi de formateur a séduit les dirigeants qui m’ont alors proposé le poste de sélectionneur. Comment jugez-vous les infrastructures ? Elles sont superbes avec de grands stades dans chaque province. Il faut savoir qu’une province chinoise correspond à un pays européen. Il y a donc des structures de haut niveau un peu partout puisque la Chine dispose d’importants moyens financiers. En revanche, le football n’est pas encore très populaire. L’équipe

Suivez-vous toujours la Ligue 1 ? Un peu moins car avec le décalage horaire de sept heures, je ne peux voir les matches en direct, mis à part celui du samedi aprèsmidi. Mais je suis les résultats et me tiens informé. Ce qui ne veut pas dire que je souhaite retourner en France. Je ne pense pas que je reviendrai dans un club français. Il ne me reste que quelques années sur le banc et j’ai toujours envie de découvrir d’autres horizons. On verra bien. En attendant, j’espère rester en Chine.

Fiche Né le 7 octobre 1956 à Lure (Haute-Saône). Carrière de joueur (défenseur) : Haguenau (1966-1970), Tomblaine (1970-1971), Nancy (1971-1975), Varangéville (1976-1981), Nancy (réserve, 1983-1987). Carrière d'entraîneur : Troyes (1993-2002), Marseille (2002-2004), Al-Ain (Emirats Arabes Unis, 2004), Portsmouth (Angleterre, 2005), Sochaux (2006-2007), Lyon (2007-2008), Saint-Etienne (2008-2009), Al-Khor (Qatar, 20102012), Qatar Olympique (2012), Al-Gharafa (Qatar, 2012-2013), Umm-Salal (Qatar, 2013), Chine (depuis 2014). Palmarès : Coupe Intertoto (2001), Trophée des Champions (2007), Coupe de France (2007, 2008), Champion de France (2008).

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CAN 2015

En quête du titre continental Six entraîneurs français seront en lice en Coupe d’Afrique des Nations programmée du 17 janvier au 8 février en Guinée Equatoriale. Questions à nos sélectionneurs. Pendant la phase de qualification, y a-t-il eu un ou plusieurs matches décisifs ou plus importants ? Michel DUSSUYER (Guinée) : Chaque match est décisif et important. Le tournant a été la dernière journée et la victoire au Togo, dans la course à cette qualification. Alain GIRESSE (Sénégal) : La victoire en Egypte était une finale avant l’heure. Christian GOURCUFF (Algérie) : Le premier match en Ethiopie évidemment, premier test avec la sélection dans des conditions « africaines » que je découvrais (terrain, conditions climatiques , arbitrage,…). Henryk KASPERCZAK (Mali) : Le match décisif pour nous était celui qui nous opposait à l’Ethiopie pour le compte de la quatrième journée des éliminatoires à Bamako et qui, en cas de victoire, nous qualifiait pour la CAN. Nous avons dominé ce match mais à l’arrivée, nous nous sommes inclinés sur le score de 3 buts à 2, avec deux buts refusés pour nos couleurs. Du coup, il nous fallait battre l’Algérie à Bamako pour partir à la CAN, ce qui a été réalisé sur le score de 2 à 0. Claude LE ROY (Congo) : Le match décisif, le premier face au Nigeria qui subissait sa première défaite à domicile depuis 40 ans. Il a permis aux joueurs individuellement et aussi à l’équipe collectivement de capitaliser beaucoup de confiance. Il y avait de la fierté.

Michel DUSSUYER GUINÉE

Votre réaction ou votre ressentiment au moment de l’annulation de la CAN au Maroc et le choix de la Guinée Equatoriale ? Michel DUSSUYER : Déception car au Maroc tout était prêt pour que ce soit une belle CAN, avec de beaux stades, de belles infrastructures. Maintenant, la Guinée Equatoriale a deux sites opérationnels : Mongomo et Ebebiyin. L’incertitude règne pour les sites de Malabo et de Bata. Alain GIRESSE : Le plus important est de savoir ce que seront les conditions pour l’accueil, les hébergements… Je connais bien Malabo où il n y aura pas de problème, mais les autres villes ne vont-elles pas poser problème ? Est-ce que la Guinée Equatoriale va tout mettre en œuvre en tant que pays organisateur en si peu de temps ? Christian GOURCUFF : Déception car le Maroc était le lieu idéal pour le déroulement de la phase finale : infrastructures, conditions climatiques et présence de spectateurs (notamment français). Je pense que le risque d’épidémie d’Ebola n’est qu’un prétexte à l’annulation ; cette décision est incohérente par rapport à d’autres décisions (maintien des lignes aériennes avec les pays contaminés, accueil de la Guinée pour des matches qualificatifs, championnat du monde des clubs au mois de décembre…). Henryk KASPERCZAK : Nous aurions bien aimé nous rendre au Maroc pour la qualité des infrastructures et le climat, mais nous respectons le choix de la CAF qui a désigné la Guinée Equatoriale comme pays hôte.

Alain GIRESSE SÉNÉGAL

Claude LE ROY : J’ai toujours pensé qu’Ebola n’était qu’une partie du problème. Structurellement, les Marocains étaient prêts, sportivement j’en suis moins convaincu et… voir arriver une très forte équipe d’Algérie devait susciter beaucoup d’inquiétude dans le Royaume Chérifien. Quant au choix de la Guinée Equatoriale, je pense qu’il était le seul pays prêt selon la Confédération Africaine. Avez-vous une anecdote amusante des matches de qualification ? Michel DUSSUYER : Rien de particulier qui me vient à l’esprit. Alain GIRESSE : Non, pas spécialement. Christian GOURCUFF : Des journalistes éthiopiens ont demandé pourquoi mon fils Yoann ne jouait pas avec la sélection algérienne ! Henryk KASPERCZAK : Lors de notre dernier entraînement à Addis-Abeba, on a mis une heure pour faire le trajet aller hôtelstade et le retour, comme par enchantement, s’est effectué en à peine 10 minutes, notre chauffeur avait retrouvé la mémoire... Claude LE ROY : Les pierres et des miniblocs de béton, samedi 15 novembre, après notre défaite à Pointe-Noire face au Nigeria… et le 19 novembre un accueil d’empereur romain après notre victoire au Soudan. De zéro à héros, tout le football, permanente école d’humilité.

Christian GOURCUFF ALGÉRIE


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CAN 2015 Comment allez-vous préparer la compétition ? Michel DUSSUYER : Nous avons quelques jours avant le début de compétition et nous allons faire un premier stage à l’extérieur du pays. La suite sera définie après le tirage au sort. Alain GIRESSE : Le problème de la CAN, c’est qu’elle se déroule durant les championnats européens, et nous devons faire très attention à rester dans les règles et à respecter les délais. Nous aurons deux semaines de stage, deux oppositions et on évite de faire de trop grands déplacements. Christian GOURCUFF : Nous avons prévu 10 jours de stage à Alger au centre technique conclus par un match amical puis ce sera le départ en Guinée Equatoriale cinq jours avant le 1er match pour l’acclimatation. Henryk KASPERCZAK : Un stage de 10 jours est programmé à Abou Dabi avant de rejoindre notre camp de base en Guinée Equatoriale. Deux matches amicaux sont au programme de notre stage. Claude LE ROY : Préparation au Sénégal à partir du 3 janvier dans le camp d’entraînement des Diambars à Sally. Objectifs ou ambitions pour cette CAN ? Michel DUSSUYER : Aller le plus loin possible. Il y a tout de même un passage obligé : franchir le 1er tour. Alain GIRESSE : Quand on commence une compétition, pourquoi se limiter dans les objectifs ? Je souhaite une équipe performante à chaque match, et comme l’on dit, on prendra les rencontres les unes après les autres. Christian GOURCUFF : Faire du mieux possible sachant qu’il y a une grande attente du public algérien.

Henryk KASPERCZAK MALI

Henryk KASPERCZAK : Notre objectif sera de faire mieux que lors des deux dernières éditions (2012, 2013) qui ont vu le Mali terminer à chaque fois à la 3ème place. Claude LE ROY : C’était de retrouver la CAN, 15 ans après. Maintenant nous y allons pour apprendre, pour respirer à nouveau le haut niveau, mais quelquefois… certains élèves apprennent vite. Avez-vous un pronostic pour le carré final de la CAN 2015 ? Michel DUSSUYER : Il y a des pays favoris dans cette compétition dont l’Algérie et la Côte d’ivoire. Le Mali est toujours présent, le Cameroun est sur une bonne dynamique, et il faudra compter sur des surprises. La CAN est un tournoi avec son lot d’exploits et des équipes bien préparées peuvent aller très loin. Christian GOURCUFF : Impossible de faire un pronostic. Beaucoup d’équipes se valent sur le plan de la qualité individuelle. Après, la cohésion collective fera la différence. Alain GIRESSE : Difficile de donner un pronostic. L’Afrique est le seul continent où la hiérarchie peut être bousculée. Henryk KASPERCZAK : Toutes les équipes présentes à l’édition 2015 sont susceptibles de se retrouver dans le dernier carré et bien sûr, nous croyons en nos forces pour en faire partie. Claude LE ROY : Algérie, Cameroun, Afrique du Sud.

Sénégal,

Hervé RENARD : vainqueur de la CAN 2012 avec la sélection de Zambie et aujourd’hui à la tête de la Côte d’Ivoire, ne s’est pas exprimé.

Claude LE ROY CONGO

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Tirage au sort GROUPE A Guinée Equatoriale, Congo, Gabon, Burkina Faso GROUPE B Zambie, RD Congo, Cap-Vert, Tunisie GROUPE C Ghana, Sénégal, Afrique du Sud, Algérie GROUPE D Côte d’Ivoire, Guinée, Cameroun, Mali

Palmarès Egypte (1957, 1959, 1986, 1998, 2006, 2008, 2010) Ethiopie (1962) Ghana (1963, 1965, 1978, 1982) Zaïre/RD Congo (1968, 1974) Soudan (1970) Congo (1972) Maroc (1976) Nigeria (1980, 1994, 2013) Cameroun (1984, 1988, 2000, 2002) Algérie (1990) Côte d’Ivoire (1992) Afrique du Sud (1996) Tunisie (2004) Zambie (2012)

Quatre Français couronnés 1988 : Claude Le Roy (Cameroun) 2000 : Pierre Lechantre (Cameroun) 2004 : Roger Lemerre (Tunisie) 2012 : Hervé Renard (Zambie)

Stades Bata (40 000 places) Malabo (20 000 places) Mongomo (15 000 places) Ebebiyin (5000 places)

Hervé RENARD CÔTE D’IVOIRE


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DMVE

D’Autrans à Paris... Retour sur les deux premières sessions “DMVE” de la saison qui se sont déroulées à Autrans en Isère et à la FFF à Paris.

AUTRANS Jour d’arrivée (dimanche 7 septembre 2014) Arrivées successives des membres du groupe DMVE promotion 11 à la gare de Lyon St-Exupéry. Le groupe est pris en charge par Nourredine Bouachera et Brigitte Guérineau et nous quittons la gare en bus, aux alentours de 15h45, direction Autrans dans le Vercors en Isère. A notre arrivée à l’hôtel « Les Tilleuls », nous recevons notre numéro de chambre, au sein desquelles se trouvent nos équipements. Nous sommes en général deux par chambre. Le soir même de notre arrivée, une réunion d’accueil est organisée et l’encadrement, dirigé par Didier Christophe, nous présente le programme de cette session à Autrans (contenus de formation, entretiens individuels avec Jean-Pierre Doly et Brigitte Guérineau pour le projet professionnel et l’informatique, activités), ainsi que les attentes de DMVE vis-à-vis de notre comportement. On sent très rapidement que l’encadrement cherche à faire naître un climat de cohésion et un sentiment d’appartenance. Afin de nous présenter et de rapidement nous dévoiler, JeanPierre Doly demande à l’ensemble des stagiaires d’observer plusieurs photographies et d’en choisir deux mentalement, en suivant la logique suivante : - La 1ère photo doit nous représenter. - La 2ème doit symboliser ce que nous sommes venu chercher à DMVE. Nous nous présentons à tour de rôle face au groupe avec comme support les deux photos choisies préalablement, en expliquant notre choix. Des notions d’aventure humaine, d’obstacle à surmonter, d’effort collectif, d’entraide et d’échange sont alors très rapidement évoquées. Cette première présentation est assez émouvante car les stagiaires « se mettent à nu » et expriment les doutes, la frustration et les interrogations qui les traversent durant cette période de transition. C’est un moment où il est difficile de tricher, voire impossible, surtout si l’on veut entrer dans l’aventure DMVE. Puis vient l’heure du premier repas en commun, avec les premiers échanges entre des stagiaires toujours dans l’observation. Demain sera le premier jour de cette nouvelle aventure dans laquelle tout le monde semble vouloir s’engager. Jour 1 (Lundi 8 septembre 2014) Matin : La journée débute avec un cours d’anglais théorique dispensé par la famille Levamis. Mais la théorie laisse rapidement la place à la pratique. Le groupe est scindé en deux et nous devons, sous forme de passes à la main avec un ballon en mousse, mettre en place et animer à tour de rôle une tactique offensive écrite au

Promotion DMVE 2014-2015 Viliam Winbouly, Yoann Beunaiche, Philippe Le Maire, Loïc Nave, Philippe Lemonnier, Yannick Salomon, JeanClaude Hagenbach, Romain Viale, Jean-Jacques Asso, Jean Acedo, Pierrick Le Bert, Anthony Rimasson, Enrico Casadei, Jean-Marc Kuentz, Aribi Hacène, Saïd Agoun, Olivier Pédémas, Thierry Droin.

tableau. Nous devons ensuite créer un échauffement avec et sans ballon, en langue anglaise. Puis la pratique monte d’un cran : nous passons à l’anglais « terrain ». Direction le synthétique d’Autrans. Soleil et air pur des montagnes sont au rendez-vous. Objectif : mise en place pratique des protocoles d’échauffement et de la tactique offensive créés un peu plus tôt. Le groupe est toujours scindé en deux et chaque sous-groupe dispose d’un demi-terrain. Bilan : attitude participative des stagiaires, super ambiance et soutien en continu de la famille Levamis lorsque les doutes se font sentir. Après-midi : - Intervention et témoignage de Christian Damiano sur l’expatriation, notamment en Angleterre. - Team-Building avec Jean-Pierre Doly. Jour 2 (mardi 9 septembre 2014) Matin : Média-training avec Karl Olive. Après-midi : Première activité outdoor : spéléologie ! Trois groupes sont formés et trois moniteurs guident chacun des groupes à 80 mètres de profondeur… Au menu : entraide, rigolades et émerveillement. Jour 3 (mercredi 10 septembre 2014) Matin : Média-Training avec Karl Olive. Après-midi : Team-Building avec Jean-Pierre Doly, sous forme d’atelier. Jeux du carré, du bâton plein d’hélium, de la corde. Tout autant de situations où les notions d’entraide, de cohésion, de partage, de confiance en soi et en l’autre sont omniprésentes. Une équipe est en train de naître. Le programme laisse également certains temps personnels. De quoi faire un petit footing dans ce merveilleux cadre, par exemple. Jour 4 (jeudi 11 septembre 2014) Matin : Analyse vidéo (Wyscout et Longomatch) et logiciel de création d’entraînement (Pro Training 3D) avec Nourredine Bouachera.


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Après-midi : Seconde activité outdoor : Via cordata ! A sommet des « 3 pucelles » et après une bonne marche, l’équipe DMVE joue les aventuriers des temps modernes. Une vue à couper le souffle. Les sensations sont fortes… Très fortes ! Dans l’ascension au sommet, chaque difficulté technique représente pour chaque stagiaire un obstacle de la vie qu’il faut franchir. L’activité proposée mêle alors esprit d’équipe et entraide, mais également défi ou combat personnel. Certains ont peur, d’autres moins, mais au final tout le monde va au maximum de ses capacités. L’humilité est également dans toutes les têtes car ce paysage nous rappelle sans cesse que nous ne sommes pas grand-chose. Jour 5 (vendredi 12 septembre 2014) C’est la fin de cette première session. Un bilan est proposé par l’ensemble des stagiaires puis nous prenons tous le bus direction Lyon, où chacun prend son train ou son avion afin de rentrer chez lui. Rendez-vous à Paris ! Un grand merci à tous les membres de l’équipe de l’hôtel « Les Tilleuls » pour leur accueil, leur gentillesse, leur efficacité et leur cuisine délicieuse et variée. Ils ont su faire de chaque repas un moment inoubliable. Et personne n’ignore l’importance d’un bon repas dans les moments de partage et d’échange !

PARIS Jour d’arrivée (dimanche 28 septembre 2014), Hôtel Europe Le rendez-vous était donné à 19h30 à l’hôtel Europe, à deux pas de la Fédération. Hormis quelques stagiaires dont le train est arrivé avec du retard, l’ensemble du groupe, accompagné par JeanPierre Doly, s’est dirigé vers le Primerose afin de partager le repas d’ouverture de cette deuxième session. Ce repas, au cours duquel la joie de nous retrouver était évidente, a également été l’occasion d’accueillir un nouveau stagiaire : Nicolas Usaï, en fin de contrat au FC Istres. Jour 1 (Lundi 29 septembre 2014) Matin : Le groupe a été scindé en deux. Une partie avec Nourredine Bouachera pour un travail sur la création d’une « matrice d’analyse vidéo de l’adversaire » et une autre avec Jean-Pierre Doly sur la thématique de l’expatriation, allant des origines de l’homme aux raisons qui encouragent ou découragent à l’expatriation. Après-midi : L’après-midi a été consacré à la thématique de l’expatriation et aux conditions faisant qu’elle est un échec ou une réussite. Le groupe, guidé par Nourredine, a finalement dîné au restaurant « l’Atome ». Fait marquant et mise en situation : Dîner au cours duquel nous avons accueilli Nourredine en tant que “nouveau stagiaire DMVE”, à la suite d’un but encaissé sur Coup de Pied Arrêté (CPA) par le club de Troyes, dont il est l’analyste vidéo… Nourredine, notons-le, a rapidement pu bénéficier du soutien indéfectible de ses nouveaux partenaires stagiaires, qui n’ont pas manqué de le réconforter en lui promettant de le prendre en main dès le lendemain sur la création d’une « matrice d’analyse vidéo de l’adversaire »… Jour 2 (mardi 30 septembre 2014) Matin : Matinée consacrée à la mobilité internationale avec Jean-Pierre Doly. A noter une visite surprise de David Camhi, proche de Philippe Troussier et expatrié français en Asie, venu régler sa cotisation à

l’UNECATEF et que Jean-Pierre a habilement « alpagué » afin qu’il nous raconte son expérience d’expatriation. Après-midi : Après un déjeuner en groupe avec Joël Muller, Président de l’UNECATEF, Sylvie Douheret du service juridique du CLEISS, Centre de Liaisons Européennes et Internationales de la Sécurité Sociale, est venu nous éclairer sur les droit et devoirs d’un expatrié en termes de cotisation retraite et santé. Cet après-midi aura également été l’occasion de poser des questions à Ayoub El Amrani, en charge des diplômes à la FFF, sur les diverses équivalences auxquelles les stagiaires pourraient ou peuvent prétendre. Jour 3 (mercredi 1er octobre 2014) Matin : Le groupe était scindé en deux : un groupe avec Karl Olive en Média-Training et un autre avec Nourredine en analyse vidéo. Landry Chauvin, nouveau directeur du centre de formation de Caen, a également été joint au téléphone par surprise par Karl Olive, afin qu’il nous explique comment il a obtenu son nouveau poste. Après-midi : Le groupe qui était avec K.O le matin est allé avec Nourredine l’après-midi et inversement. En fin de journée, nous avons également eu le plaisir de suivre l’intervention de Gilles Bourges sur son expérience et sa méthode de travail. Jour 4 (jeudi 2 octobre 2014) Matin : Cette dernière matinée aura été marquée par l’intervention de Guillaume Marie, nouveau préparateur physique de la sélection nationale algérienne dirigée par Christian Gourcuff. Jean-Pierre Doly est également intervenu sur la notion de gestion de projet, avec comme support son propre projet lors de la préparation du Mondial 2006 : « Gagner le Mondial 2006 ». Les quelques mots de Joël Muller sur « FootExpat » ont enfin conclu cette session à la Fédération Française de Football.

Bravo Jocelyn !

Au moment du bouclage de ce numéro, Guingamp venait de réaliser deux exploits en gagnant à Salonique (2-1), qualification pour les 16èmes de finale de la Ligue Europa en prime, et en s’imposant dans la foulée face au Paris SG (1-0) en Ligue 1. Deux superbes performances des Bretons dirigés par Jocelyn Gourvennec. Coup de chapeau à l’En Avant Guingamp et à son coach !


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UNECATEF

Temps de travail et rémunération

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omme vous l’avez constaté dans le dossier adhésion 2014/2015, l’UNECATEF a créé un guide pratique « entraîneurs ». En le parcourant dans la rubrique consacrée au temps de travail, nous nous étions engagés à vous informer de l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions dès leur extension. Les avenants 87 (pour tous les salariés non régis par un CDD d’usage) et 89 (uniquement les salariés en CDD d’usage) de la CCN Sport sont applicables depuis le 5 novembre 2014. Ces avenants permettent aux employeurs de la branche du Sport de déroger à la durée minimale de travail prévue par la loi de 24 heures hebdomadaires Les salariés en CDI intermittent ne sont pas concernés par cette loi et par ces avenants dérogatoires. Les grands principes des deux avenants : I. Nouvelles dispositions pour les salariés en CDI et CDD (excluant les salariés en CDD d’usage du sport professionnel) : a) les durées minimales du travail - A compter du 5 novembre 2014, toutes les nouvelles embauches devront respecter les durées minimales prévues par l'avenant, durées minimales fixées en fonction du nombre de jours travaillés dans la semaine par le salarié ou fixées sur une base annuelle.

Nombre de jours d’intervention du temps de travail / Durée minimale hebdomadaire 1 jour : 2 heures 2 jours : 3 heures 3 jours : 5 heures 4 jours : 8 heures 5 jours : 10 heures 6 jours : 24 heures Le salarié pourra renoncer à ces durées minimales pour des raisons personnelles ou professionnelles. - Pour les contrats en cours au 5 novembre 2014, ces dispositions sur les durées minimales de travail ne seront applicables

qu’à partir du 1er janvier 2015. b) La nouvelle grille de majoration Une nouvelle grille de majoration pour tous les salariés à temps partiel quelle que soit leur date d'embauche est applicable dès le 5 novembre 2014 jusqu’au 30 novembre 2014. A l’aide de votre fiche de paie et votre contrat de travail, vous devez donc vérifier si le salaire du mois de novembre est bien rémunéré a minima sur ces bases, en identifiant votre classification et votre temps de travail contractuel.

Majoration de 5% en fonction du temps de travail contractuel jusqu’à 10h hebdomadaires au 5 Novembre 2014

Majoration de 2% en fonction du temps de travail contractuel de plus de 10h à moins de 24h hebdomadaires au 5 Novembre 2014

Groupe

Salaire minimum conventionnel

Groupe 1

1 426,48 euros

9,87 euros

9,59 euros

Groupe 2

1 467,15 euros

10,16 euros

9,87 euros

Groupe 3

1 594,06 euros

11,03 euros

10,72 euros

Groupe 4

1 691,41 euros

11,76 euros

11,37 euros

Groupe 5

1 894,38 euros

13,11 euros

12,73 euros

Groupe 6

2 363,36 euros

16,36 euros

15,89 euros

Le Comité Directeur se décentralise A l’occasion du dernier match international des Bleus à Marseille (victoire sur la Suède 1-0), l’UNECATEF a décentralisé sa réunion du Comité Directeur dans un hôtel proche du Stade Vélodrome. L’occasion d’aborder tous les dossiers en cours et d’évoquer les perspectives pour l’année à venir. Du travail de réflexion pour les membres présents : André Bodji (Manosque), René Cédolin, Claude Puel (Nice), Anissa Hamimi (secrétaire de l’Unecatef), Pierre Répellini (vice-président délégué de l’UNECATEF), Joël Muller (président de l’UNECATEF), Bruno Bini, Hervé Gauthier, Thibaud Dagorne (UNECATEF), et Roland Gransart (Haute Autorité du Football).


L II. Nouvelles dispositions pour les salariés en CDD d’usage du sport professionnel : - La durée minimale du CDD d’usage est fixée à : a) Dans les clubs professionnels l Entraîneur principal de l’Equipe professionnelle et Directeur du Centre de formation : temps plein obligatoire. l Tout autre Entraîneur, Formateur, Educateur : 17h30 hebdomadaires. b) Dans les clubs non professionnels : l Entraîneur principal de l’Equipe Senior : temps de travail obligatoire. l National : temps plein hebdomadaire ou forfait Jour (218 jours/saison). l CFA, CFA2 : 22h hebdomadaires. l DH, D1 Féminine, Futsal D1 : 17h30 hebdomadaires. l Entraîneur adjoint de l’Entraîneur principal de National, CFA, CFA2, DH : 75% du temps de travail de l’entraîneur

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principal avec un minima de 17h30 hebdomadaires. III. Nouvelles dispositions communes à tous les salariés et aux salariés en CDD d’usage : - Le principe de regroupement des heures en journées ou demi-journées. - Les heures complémentaires seront dorénavant toutes majorées de 10%. - Le complément d'heures permettant à l’employeur de vous faire réaliser des heures en plus dépassant la limite du 1/3 de votre temps de travail contractuel par avenant au contrat. Les heures prévues dans l'avenant ne sont pas majorées. - Modification du régime des coupures de la journée de travail. Vous pourrez consulter prochainement sur le site www.unecatef.fr une fiche pratique expliquant l'ensemble de ces nouvelles mesures.

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COMMUNICATION En cette période de présentation des vœux pour l’année 2015, l’UNECATEF vous informe de la mise en place de nouveaux médias pour renforcer le lien à l’adhérent. Ces outils de communication vous permettront d’avoir une plus grande connaissance des activités du syndicat et de bénéficier de conseils. n Une newsletter UNECATEF pour tous les entraîneurs et salariés de clubs. n Une newsletter UNECATEF pour tous les salariés et cadres techniques. n Une nouvelle version de votre site internet www.unecatef.fr

Le réseau de proximité

Représentants de l’Unecatef dans les Commissions Régionales du Statut de l’Entraîneur et de l’Educateur. Depuis 2008, l’UNECATEF siège dans la Commission Fédérale des Educateurs et des Entraîneurs (ex-CFSE) décomposée depuis le 1er juillet 2014 en trois sous-sections (Statut, Equivalences, Emploi-Formation). L’UNECATEF a élargi son rayonnement régional en nommant, depuis deux saisons, ses représentants à la Commission Régionale du Statut des Educateurs et des Entraîneurs (et ses sous-sections) et dans les Jurys des Certifications du BMF et du BEF (Jury VAE). C’est le choix de la proximité avec le football régional qui a guidé Ligue d’Alsace : Jean-Marc Kuentz

Ligue de Bourgogne : Jean Acedo

l’UNECATEF à désigner ses représentants. Nous les remercions pour leur engagement individuel au service de notre organisation et de notre profession. Pour toute demande de renseignement, contactez-nous à conseils.unecatef@gmail.com NB : la désignation des représentants UNECATEF dans les Commissions et Jurys d’Outre-mer est en cours de finalisation. Vous la retrouverez prochainement sur notre site www.unecatef.fr Ligue du Maine : Pascal Grosbois

Ligue de Lorraine : Jérôme Courrier Ligue de Méditerranée : Philippe Burgio Ligue Midi-Pyrénées : Alain Merchadier Ligue du Nord-Pas-de-Calais : Jérôme Erceau

Ligue d’Aquitaine : Philippe Lucas

Ligue de Bretagne : Michel Sorin

Ligue de Corse : Didier Vezzaro

Ligue d’Atlantique : Denis Renaud

Ligue du Centre : Fabien Croze

Ligue de Franche-Comté : Didier Clerval

Ligue d’Auvergne : Hervé Loubat

Ligue du Centre-Ouest : Patrick Parizon

Ligue de Paris-IdF : Laurent Ciechelski

Ligue de Basse-Normandie : Richard Déziré

Ligue de Champagne-Ard. : Jérôme Monier

Ligue du Languedoc-Rous. : René Cédolin

Ligue de Normandie : Patrice Monteilh Ligue de Picardie : Frédéric Baudin Ligue Rhône-Alpes : Robert Boivin


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BALLE AU PÔLE FRANCE

Didier Christophe : “Un projet sportif et scolaire ambitieux“ Nouveau lieu de résidence et d’entraînement, l’Insep Paris à la place de Clairefontaine, et nouveau responsable technique, Didier Christophe successeur de Gérard Prêcheur, le Pôle France Féminin a fait peau neuve. Présentation et explications de l’ancien international. le football, c’est la même chose. On peut s'appuyer sur un certain nombre de critères, de convictions, mais on est toujours dans la recherche, l'expérimentation, la remise en cause permanente. On stagne, on régresse, on progresse inlassablement, on cherche les bons leviers pour chaque individu. Et puis un jour la lumière vient. Tout le travail réalisé auparavant éclate au grand jour. La formation, c'est savoir choisir le joueur ou la joueuse qui n'est pas nécessairement le(a) meilleur(e) chez les plus jeunes, mais celui ou celle disposant d'une marge de progression dont on pense qu’elle lui permettra d'atteindre le très haut niveau dans quelques années. Comment êtes-vous arrivé à la tête du Pôle féminin, après avoir été responsable du programme Dix Mois Vers l'Emploi ? C'est une orientation qui n'était absolument pas prévue. Dans la mesure où depuis deux ans je bénéficiais d'une confiance totale de l'UNECATEF dans l'organisation et la gestion de Dix Mois Vers l'emploi et de la Cellule Foot Expatriation. Deux ans de pur bonheur, avec des rencontres extraordinaires, des aventures humaines exceptionnelles et des résultats fabuleux. Lorsque Brigitte Henriques (Secrétaire Générale de la FFF) et François Blaquart (DTN) ont souhaité me rencontrer pour évoquer la succession de l'ancien directeur du Pôle France Football Féminin, je me devais de les écouter attentivement. D'autant plus que tout le monde savait, malgré les multiples propositions dont j'ai disposé ces dernières années, que la seule chose qui pouvait me faire retourner sur le terrain, c'était le football féminin. De fil en aiguille, l'idée a fait son chemin et l'unanimité s'est faite sur mon nom. Comment expliquer que vous ayez passé l'essentiel de votre carrière d'entraîneur dans la formation des jeunes ? Pour expliquer ce que j'aime dans la formation, il suffit d’observer le tailleur de pierres à l’œuvre. Il peut marteler une pierre une centaine de fois sans qu’elle ne montre la moindre fissure. Pourtant au cent-unième coup, la pierre se fend en deux. On comprend alors que ce n’est pas le dernier coup qui a produit son effet mais bien tous ceux qui l’ont précédé. La formation dans

Quelles sont les différences majeures entre entraîner des filles et des garçons? Le fonctionnement d’un groupe est simple. C’est un cadre sportif à l’intérieur duquel il y a des joueurs(ses). Quand je parle de cadre, je parle d’espace, de surface, d’organisation, de liberté créatrice et inventive, d'autonomie mais aussi de discipline, de rigueur et d’exigence. Le travail en formation est une orchestration au service d’un projet commun. Et dans ce domaine, ces demoiselles pourraient donner des leçons à bon nombre de garçons. Elles sont disponibles, attachantes, souriantes, passionnées, non polluées par l'environnement extérieur, toujours en quête d'informations et de compréhension de ce qui se fait. Elles ne subissent pas, elles vivent leur projet. Pour autant, les coups de blues existent, mais elles reprennent très vite le dessus dès lors qu'elles sentent que vous êtes là pour les accompagner. Techniquement, tactiquement et physiquement, elles doivent

progresser. Mais l'avantage c'est qu'elle comprennent dix fois plus vite que les garçons. Seule contrariété : elles ont du mal à s'inscrire dans la continuité. Mais n'est-ce pas là l'essence même de la formation que de répéter pour acquérir ? La formation c'est un kaléidoscope d'idées nouvelles et anciennes qui alimentent en permanence la réflexion. Concernant le Pôle féminin, quelles sont les conséquences pratiques du déménagement de Clairefontaine vers l'Insep, positifs et négatifs ? Il n'y a aucune comparaison possible, exception faite pour les terrains. Problème qui sera résolu dès l'été prochain avec la mise à disponibilité d'un nouveau synthétique de dernière génération. Nous disposerons dès lors de trois terrains (dont un en herbe). Pour le reste, toutes les conditions sont réunies pour optimiser le parcours sportif et scolaire des joueuses. Que ce soit dans les installations sportives, scolaires, d'hébergement, de restauration, médicales, des cellules de réathlétisation et de récupération, la présence permanente de spécialistes de tous horizons, tout est à portée de main pour performer au quotidien et développer l'autonomie de chacune. Avec l'aménagement de l'emploi du temps, nous disposons aujourd’hui de neuf créneaux horaires d'entraînement qui permettent une meilleure répartition et un bon équilibre de la charge de travail. Pour autant, ces laps de temps ne se rattachent pas essentiellement au terrain. Au contraire, indépendamment de la récupération type balnéothérapie, du travail dans notre espace musculation réservé, certaines plages horaires sont consacrées à l'entraînement individualisé. Pour être


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complet, on ne peut pas occulter le gain de temps dans les transports dès lors que l'on sait que chaque week-end les joueuses rentrent dans leur club. La proximité d’Orly et des gares SNCF parisiennes est un plus indéniable. Les résultats des équipes de jeunes étaient excellents, pourquoi changer ? Le football féminin n'est pas professionnel et le changement c'est pour être encore meilleur sportivement, tout en se préoccupant de l'avenir professionnel de ces jeunes filles. C'est là que le double projet sportif et scolaire de la FFF et de l'INSEP prend toute sa dimension. Scolarité sur place, classe à effectif réduit, cours de soutien, enseignement à distance, emploi du temps aménagé et modulable en permanence, disponibilité sans faille des enseignants, suivi au quotidien très performant. Tout est fait pour qu'à l'issue des trois ans passés au Pôle France, les joueuses disposent de tous les atouts nécessaires pour rebondir dans leur vie sportive, mais également professionnelle. Comme le présentent Brigitte Henriques et Frédérique Jossinet, qui oeuvrent beaucoup pour la réalisation, la concrétisation et le suivi de cette aventure, on n'est pas là pour former les futures "sans emploi" de demain. Mais plutôt pour leur proposer un parcours d'excellence sportif afin qu'elles puissent tout simplement conjuguer avec succès profession et sport. Et tant mieux si demain elles peuvent vivre de leur passion. On aura la certitude, grâce à leur bagage intellectuel et leurs diplômes scolaires ou universitaires qu'elles pourront se réorienter une fois leur carrière terminée. La cohabitation avec l'élite d'autres disciplines apporte t-elle un plus dans l'approche du haut niveau ?

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Quand vous avez l'occasion de côtoyer au quotidien des champions olympiques, du monde, d'Europe, que vous les voyez s'entraîner : n'est-ce pas là un des plus beaux leviers de la performance à venir ? Quand vous partagez votre temps avec des sportifs de votre âge pratiquant d'autres disciplines avec les mêmes rêves et ambitions que vous : n'est-ce pas là la meilleure des cohabitations ? Quand vous apercevez dans chaque coin de l'INSEP les photos des grands champion(ne)s ayant sué à l'extrême pour devenir des références : n'est-ce pas là la meilleure des motivations ? Le Mondial aura peut-être lieu en France en 2019. Quelles chances de réussite donnez-vous à cet ambitieux projet ? Avant tout, j'espère et je souhaite de tout cœur que notre candidature à l'organisation de la Coupe du Monde 2019 soit entérinée au mois de mars prochain. Ce serait d'autant plus grandiose que cela permettrait d'organiser un an auparavant le Championnat du Monde féminin des U20 en France. J'espère déjà que nous serons Championnes du Monde l'été prochain au Canada et Championnes Olympiques à Rio en 2016. Sinon, dans l'approche de l'entraînement, il ne se passe pas un seul moment où je ne fais pas référence à ces échéances de 2018 et 2019. La réussite d'un projet passe toujours par la concrétisation d'objectifs. Le notre, c'est d'emmener ces jeunes filles là où il est bon qu'elles aillent. De leur donner les capacités et les moyens de découvrir des territoires inconnus. Participer à des Coupes ou Championnats du Monde et d'Europe c'est l'opportunité de franchir à chaque fois des paliers et de réévaluer le curseur de sa propre compétence. Aujourd'hui, elles disposent des moyens nécessaires avec la FFF et l'INSEP pour concrétiser leurs rêves,

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charge à elles de les utiliser à bon escient. La réussite de leur projet ne se traduit pas en pourcentage de chance. Je dirais plutôt en motivation, investissement, compétence, plaisir, enthousiasme, implication, rigueur, exigence et beaucoup de... sueur. Pour autant, elles ne sont pas les seules à représenter le futur de l'équipe de France. Il y a six autres pôles régionaux* en France œuvrant pour l'avenir du football féminin et qui font de l'excellent travail. Quels éléments pourraient être mis en place pour améliorer encore l'environnement d'entraînement des filles du Pôle France ? Notre installation toute récente nécessite de peaufiner encore bon nombre de détails dans l'organisation et le fonctionnement. Cependant, au bout de quatre mois, nous avons beaucoup avancé. Petit à petit, nous faisons notre place au sein de ce prestigieux établissement. Le Directeur Général de L'INSEP, Jean-Pierre De Vincenzi, et son équipe sont aux petits soins pour faciliter notre installation. Mais on peut d'ores et déjà dire que ce transfert est une réussite. Si je devais dresser un premier bilan de ce premier trimestre, il serait très positif. Sportivement, "mes gazelles" comme je les appelle, après une période d'adaptation, prennent petit à petit conscience des exigences qui sont les nôtres et de ce que représente le fait d'appartenir au Pôle France Football féminin. Nous sommes sur la bonne voie. Mais ce qui me réjouit le plus dans le cadre du double projet sportif et scolaire, c'est que lors des conseils de classe de ce premier trimestre toutes mes joueuses ont fait l'unanimité auprès de leurs enseignants. La vraie réussite dans l'immédiat, elle est là. * Lyon (Vaulx-en-Velin), Tours, Strasbourg, Liévin, Toulouse (Blagnac), Rennes.


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L'AMI DE LA FAMILLE

Bernard Saules : “On en demande trop aux arbitres“ Président de l’Union Nationale des Arbitres de Football (UNAF) depuis 1999, Bernard Saules revient sur sa carrière et sur l’arbitrage. de défendre les intérêts de nos arbitres (ndlr : 17 000 membres environ). Quelles sont les difficultés rencontrées ? La violence subie par de nombreux arbitres dans le milieu amateur, en dépit de la Loi Lamour leur conférant une mission de service public et aggravant les sanctions des fautifs, mais aussi le dénigrement dans les médias et par le public. Une erreur d’arbitrage prend des proportions démesurées, même si l’on sait qu’en football, elle peut avoir des conséquences importantes. Ce n’est pas comme au rugby, au hand ou au basket où le nombre de points est conséquent. Là, un but de plus ou de moins et tout peut changer. Quel a été votre parcours avant de devenir Président de l’UNAF ? J’ai eu un parcours atypique. J’ai tout d’abord été joueur en scolaires et au niveau District puis suis devenu arbitre à l’âge de 18 ans en 1973. Après dix années dans le District de l’Aveyron, entrecoupées d’un retour au jeu pendant une saison, je suis passé en Ligue Midi-Pyrénées pendant cinq ans. Puis, j’ai franchi les différentes étapes fédérales pour arriver en Division 1. J’y ai officié durant neuf saisons avec cinq années au niveau international. Vous avez eu la chance de diriger une finale de Coupe de France ? Effectivement. C’était en 1996 pour Auxerre-Nîmes (2-1). A l’époque, la finale de la Coupe était une véritable consécration car on ne pouvait être désigné qu’une seule fois. Sur le plan international, j’ai de nombreux souvenirs mais je garde surtout en mémoire les trois mois et demi passés au Japon en tant qu’arbitre professionnel. Ce fut une belle expérience humaine et sportive. Ce passage en Asie m’avait permis notamment de rencontrer Arsène Wenger et “Pixie” Stojkovic, respectivement entraîneur et joueurstar de Nagoya. Deux grands messieurs du football. Aviez-vous de bons rapports avec les entraîneurs ? Oui. Il y a eu bien sûr quelques accrochages mais aussi du respect réciproque. j’ai “bataillé” quelquefois avec Guy Roux en particulier, mais le “ping-pong” verbal n’allait jamais très loin. Comment êtes-vous arrivé à l’UNAF ? En fait, j’ai très rapidement adhéré à l’UNAF Aveyron. Il y avait une bonne ambiance et j’appréciais les rendez-vous entre unafistes. La solidarité, la convivialité et l’amitié étaient les valeurs qui nous rassemblaient et je me suis efforcé, tout au long de mes mandats, de pérenniser cet esprit. De fil en aiguille, j’ai fait ma place et en 1999 lors du Congrès de Toulouse, on m’a sollicité pour prendre la présidence car on me jugeait capable de transmettre les valeurs de l’Union. C’était déjà “dans les tuyaux” depuis 1998 et la crise de l’arbitrage que l’on connaissait à l’époque. Mon prédécesseur Michel Dailly avait l’intention de me pousser un jour en avant. Finalement, ça s’est fait plus tôt que prévu et depuis, j’assure la présidence de l’UNAF chargée en particulier

En demande-t-on trop aux arbitres ? Oui incontestablement. Il doit posséder des qualités physiques, bien connaître les règlements, avoir de bons yeux, de la personnalité, faire preuve d’autorité, de pédagogie, de psychologie et bien communiquer. Cela fait beaucoup pour un seul homme ! On leur demande également de “gérer” les matches et d’arbitrer de façon uniforme mais c’est impossible. Chacun a sa perception du jeu, sa sensibilité et voit différemment les actions selon son placement. Il y a un facteur d’appréciation important pour les penalties, les cartons jaunes et rouges... L’uniformité totale est utopique. Je suis inquiet car on demande toujours plus aux arbitres. Des solutions pour les aider ? Donner plus d’argent n’est pas une solution. Il faudrait surtout davantage de détection, une meilleure formation et la vidéo ! J’y suis favorable car je n’aime pas l’injustice ! Au niveau professionnel, si elle permet de réparer une erreur que tout le monde a vu et revu sur des écrans, autant s’en servir ! Le 4ème arbitre devrait être positionné devant un moniteur et intervenir si besoin, non pas à la demande des entraîneurs ou des joueurs, mais uniquement sur une sollicitation de l’arbitre central. Le football est un jeu certes mais il génère beaucoup d’enjeux au plus haut niveau et on n’a pas le droit de prendre des risques. Les erreurs donnent une mauvaise image de notre activité et les répercussions sur le monde amateur sont désastreuses. Malheureusement, Sepp Blatter et Michel Platini n’y sont pas favorables alors que la vidéo permettrait d’assainir le climat. Quels sont vos rapports avec les autres familles du football? Très bons. Les passerelles sont nombreuses avec notamment les autres familles des entraîneurs (UNECATEF), des éducateurs (AEF), et des joueurs (UNFP). J’entretiens personnellement de bons rapports avec votre syndicat et ses membres présents à nos côtés à la FFF : Joël Muller, Pierre Répellini, Thibaut Dagorne, Anissa Hamimi ou René Charrier de l’UNFP avec qui j’ai vécu de nombreuses années au Conseil Fédéral de 2000 à 2011. Ce sont des gens qui font passer les intérêts généraux avant les intérêts personnels et je me retrouve parfaitement dans cet état d’esprit. Il y a de bonnes idées à prendre dans chacune des différentes familles du football et nous serons plus forts en étant unis.


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GARDE À VUE AVEC… PHILIPPE PIAT Président de l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels (UNFP) Ta fleur : la rose Ton système de jeu : 4-4-2 Ton lieu de naissance : Casablanca (Maroc) Ton journaliste : François Verdenet Ton animal : le chien Ton héros : Roger Féderer Ton plat : le couscous Ton actrice : Sharon Stone Ton joueur : Michel Platini Ton juron : put... Ton livre : Et si c’était vrai Ta chanson : Hier encore, La bohême Ta voiture : Porsche Ta qualité : pas velléitaire Ta date de naissance : 18 juin 1942 Ton groupe musical : The Beatles Ton écrivain : Marc Lévy Ton chanteur : Charles Aznavour Ton émission télé : Money drop Tes vacances : A la mer Ta passion : la fiscalité Ton numéro : 18 Ta ville : Dijon Tes chaussures : classiques Ton poète : Ronsard ou Lamartine Ta devise : “Ne pas remettre au lendemain ce que l’on peut...” Ton rêve : l’immortalité Ton cocktail : jus d’orange Ton club : Sochaux Ton arbre : le chêne Ton ami : Jean-Paul (il se reconnaîtra) Ton entraîneur : Frédéric Antonetti Ton acteur : Jean Dujardin Ton île : Maurice Ta chanteuse : Isabelle Boulay Ton arbitre : Robert Wurtz Ton jeu : le scrabble Ton match : France-RFA 1982 Ton vin : le mercurey Ta danse : le rock Tes fringues : classiques Ton poisson : la sole Ta joueuse : Marta Ton comique : Laurent Gerra Ton capitaine : Franz Beckenbauer Ton autre sport : le golf Ton défaut : colérique Ton amie : ? Ta couleur : rouge Ton hobby : le bricolage Ton président : Fernand Sastre Ton film : Titanic

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LU POUR VOUS… Pour ce numéro, je vous présente un sommaire très éclectique : deux ouvrages évoquant des pratiques spécifiques : le football féminin et le Futsal ; deux livres traitant de la préparation physique pour terminer par un ouvrage questionnant le sport au plan socio-politique. Bonne lecture et avec un peu d’avance, je vous souhaite une bonne année 2015 ! Philippe LEROUX

VAZ (C), Football Féminin, Ed. Amphora, 2013 « A toute seigneur tout honneur », nous commencerons par présenter un ouvrage éclairant, traitant de façon fort complète le Football Féminin qui très souvent nous interroge, nous surprenant non seulement par sa fraîcheur, mais aussi par la qualité du football pratiqué. L’auteur, Camillo Vaz, joueur puis entraîneur au RC de France, fut entraîneur pendant plusieurs années de l’équipe féminine du PSG avec laquelle il a remporté la Coupe de France et pour la première fois, participé à la Ligue des Champions. Cet ouvrage préfacé par Elise Bussaglia nous propose un contenu didactique, ayant pour objet l’entraînement des seniors filles. L’auteur ne se contente pas de nous décrire quelques séances, mais analyse, précise les paramètres essentiels concernant le football féminin, ses spécificités, n’oubliant pas de préciser que « l’objectif principal, que l’on entraîne des hommes ou des femmes, reste la réussite, la compétition… », tout en demandant aux filles « de se rendre actrices de leurs performances… ». Football Féminin est structuré autour de cinq sections, les deux premières jouant sur l’ambiguïté d’une formule facétieuse, ciblant et résumant le football féminin : « entraîner une population à part entière : entraîner une population entièrement à part »… Après avoir présenté (Section III) la préparation de la compétition dans le football (projet de jeu – la programmation – la conduite du match…), Camillo Vaz consacre les sections IV et V à l’orientation des séances et à des propositions de contenus, c’est d’ailleurs cette partie qui me semble être au plus près de nos préoccupations. Les procédés décrits dans les séances sont articulés autour de 4 phases de jeu : de la conservation à la phase de récupération sans omettre les phases de

finition et de transition. Signalons la qualité de la reproduction, comme très souvent avec les Editions Amphora, notamment la description des séances avec un graphisme de qualité. Assurément, un livre tout à fait recommandable, s’adressant bien évidemment aux éducateurs (trices) du football féminin, mais aussi à toutes celles et ceux qui prennent plaisir à pratiquer ou qui apprécient tout simplement cette élégante pratique, affirmant ainsi l’entité du football féminin, même si une bibliographie spécifique aurait été la bienvenue.

GALIEN (C), Les fondamentaux du Futsal, Ed. Amphora, 2013 Préfacé par Pierre Jacky, entraîneur de l’équipe de France de Futsal, l’auteur, Clément Galien, ancien gardien de but de l’équipe de France, titulaire du BEES 2 football et d’un master II en « Ingénierie de l’entraînement sportif, nous présente un livre consacré à l’entraînement d’un football en pleine expansion : le Futsal. Ce livre structuré autour de cinq chapitres, propose, détaille 170 exercices, situations, jeux ayant pour objectif, quasiment exclusif le développement des qualités techniques, tactiques, leurs adaptations à différents systèmes de jeux, voire l’entraînement de quelques stratégies. Chaque procédé conseillé est l’objet d’une description très précise, accompagné des schémas explicatifs et parsemé d’un certain nombre de recommandations pédagogiques : objectifs – durée – travail physique – organisation – consignes – variantes – critères de réalisation et correction… Ce livre très complet s’ouvre par un historique du Futsal et se conclut par une bibliothèque (écrits et internet) fournie et correctement renseignée. Incontestablement, cet ouvrage permettra à chaque entraîneur(e) de Futsal d’enrichir ses méthodes d’entraînement de contenus pertinents.

Je me permettrai également de conseiller cette parution aux entraîneurs(es) de football et plus particulièrement aux responsables de jeunes, sans oublier les éducateurs sportifs et les professeurs d’EPS intéressés ; un seul bémol : quid du développement des qualités physiques, seulement cité, hormis une approche timide, consacrée au développement de la coordination…?

LONGUÈVRE (R), Préparation Physique, Ed. l’Equipe, 2014 Je vous présente un livre d’entraînement qui ne s’adresse pas directement aux entraîneurs (es) de football, voire aux préparateurs physiques, mais en m’arcboutant sur le principe postulant que plus on recherche et obtient le maximum d’informations, plus l’entraîneur est enclin à progresser dans ses savoirs professionnels, augmentant ainsi ses chances d’atteindre buts et objectifs à travers la planification et la programmation de ses entraînements. Renaud Longuèvre, emblématique entraîneur d’athlétisme, au contact des plus grands champions, nous délivre un ouvrage préfacé par le professeur Gérard Saillant, présentant une méthode de préparation physique, fruit de 20 ans d’expérience. Cette parution est riche de 350 exercices, illustrés à travers des photographies, des schémas, tout en proposant 30 programmes d’entraînement (aérobie – force…) adaptés aux différentes niveaux de pratiquant(e). Soulignons que les exercices proposés à chaque séance sont remarquablement décrits, avec pour chaque séquence, un encart précisant les muscles sollicités, la durée des exercices et le matériel proposé. Précédé d’informations pratiques et de quelques règles de base (le système cardio vasculaire – la fréquence


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cardiaque…), cet ouvrage est structuré autour de 3 « piliers » : le running – la musculation – la forme… Personnellement j’ai apprécié, plus particulièrement, la seconde partie réservée au renforcement musculaire ; citons au passage parmi la cinquantaine de pages consacrées à cette thématique : les exercices de P.P.G – l’amélioration des appuis – le travail avec élastiques… Je n’aurai garde d’oublier, dans la section « running », le développement de l’explosivité ainsi que dans la section « forme » l’entraînement de la souplesse enrichi de quelques conseils sur l’hydratation et l’alimentation.

REISS (D), Dr PRÉVOST, La bible de la préparation physique, Ed. Amphora, 2013 Un titre prophétique, voire « messianique ». La bible de la préparation physique avec, en haut de couverture, l’énoncé : « toutes les réponses aux questions que vous vous posez quels que soient votre niveau, votre sport et vos objectifs”, ces buts ambitieux, voire téméraires, proposés par les auteurs seront-ils à la hauteur des attentes des lecteurs (trices) ainsi alléchés ? Gros « pavé » d’environ 650 pages, préfacé par un de nos « maîtres » G. Cazola, écrit par Didier Reiss, formateur, diplômé d’état dans les domaines de l’entraînement, pratiquant de sports de combats, et Pascal Prévost, docteur en neuro-physiologie et bio mécanique, titulaire d’un DESS en préparation physique, cet ouvrage se présente comme étant « un guide scientifique et pratique pour tous… ». Structuré autour de 15 chapitres, traitant successivement les déterminants de la préparation physique, l’ouvrage permet aux auteurs de s’interroger et d’analyser les différentes qualités physiques. Citons l’endurance spécifique – la force – la souplesse – l’équilibre – entrecoupés de quelques chapitres singuliers : la perte de poids – le gainage fonctionnel – l’électrostimulation… Ces différentes thématiques sont méticuleusement traitées, les auteurs alternent des allers-retours entre une analyse pratique et un éclairage apporté par des références scientifiques

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« pointues » et exigeantes. Incontestablement, cet ouvrage, de référence, n’est pas à lire… mais à consulter, devant toujours être à portée de main, à utiliser soit selon nos interrogations d’entraîneurs (es), confrontés à des problématiques de terrain, soit selon nos questionnements de formateurs (trices), toujours réactifs (ves) devant quelques difficultés pédagogiques. Personnellement, j’ai apprécié plus particulièrement : Le chapitre 3 sur l’endurance spécifique. Le chapitre 5 sur l’optimisation de la musculation, étayée par une analyse fonctionnelle des principaux mouvements de musculation,… par contre je n’ai pas partagé l’opinion des auteurs concernant le chapitre 14 consacré à l’établissement d’une planification. Enfin, non sans une certaine malice, je me permettrai, parmi cette avalanche de données scientifiques, de relever une imprécision (?), en effet je ne suis pas certain que la devise « connais toi toimême !» fut écrite par Thalès. N’était-elle pas la maxime de Socrate, gravée au fronton du temple d’Apollon à Athènes ?

BONIFACE (P), Géopolitique du sport, Ed. A. Colin, 2014 Féru de football, coopérant avec la FFF, habitué des plateaux de télévision (c’est dans l’air), Pascal Boniface, directeur de l’Institut des Relations Internationales et Statistiques (IRIS), enseignant à l’Université Paris VIII, nous propose, après avoir écrit de nombreux livres (entre autres : Football et Mondialisation 2008), un nouvel ouvrage, qui comme son titre l’indique, développe une théorie géopolitique du sport. Si la géopolitique se définit comme l’étude des relations existant entre la conduite politique de puissance portée sur le plan international et le cadre géographique dans lequel elle s’exerce, alors le sport, de par les résultats de ses championnats, de par les émotions suscitées et amplifiées, de par l’impact des grandes rencontres internationales organisées sur le territoire, joue un rôle stratégique non négligeable dans le

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rayonnement d’un état, ou plus exactement de la nation, dans le monde. Il suffit de constater, comment en France, surtout quand ce pays a tendance à s’affaiblir, voire à se déliter, nos champions, invités à défiler en vainqueur sur les Champs-Elysées, sont reçus, honorés par les plus hautes instances dirigeantes. Nos gouvernants ne voient-ils pas là, l’occasion d’en appeler à un moment d’orgueil, de tenter de ressouder le « bon » peuple autour d’un projet fédérateur. Cet ouvrage est organisé autour de deux sections : la première abordant des thématiques transverses, analysant par exemple les critères de puissance d’un état, les relations de la mondialisation et du sport, la diffusion médiatique exponentielle de la scène sportive…; la seconde détaillant plus particulièrement les stratégies et politiques sportives des grandes nations : Etats-Unis – Chine – Qatar – Inde et France pour conclure. Géopolitique du sport, de par la pertinence des contenus, pourrait faire l’objet d’une lecture commentée à l’adresse des entraîneurs (es) – stagiaires en formation (DES plus particulièrement), ne pourrait-il pas également, être abordé, l’analyse partagée de certaines thématiques avec les jeunes footballeurs, élargissant de fait leur champ de connaissances, éloignant leur ligne d’horizon ? Sans oublier nos lecteurs (trices) traditionnels (les), tout simplement les éducateurs (trices).

FERRY (L), L’innovation destructrice, Ed. Plon, 2014 Luc Ferry, philosophe, ancien ministre de l’Education Nationale, propose de nous aider à une (parmi beaucoup d’autres) compréhension du temps présent. Le capitalisme actuel nous impose, de par une augmentation effrénée de la consommation « une logique perpétuelle de l’innovation pour l’innovation », posant ainsi la problématique du progrès, de la croissance, incitant à une rupture avec la tradition, l’expérience…


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(Féminines) : Farid Benstiti (Paris SG) Sur un air de revanche

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arid Benstiti ne nous en voudra pas trop en lisant le titre de l’article le concernant. En vérité, la performance

de son équipe parisienne en 8èmes de finale de la Ligue des Champions Féminine 2014-2015 n’a pas été le fruit d’un sen-

timent exacerbé de revanche. Mais simplement le résultat de deux prestations européennes de qualité face à Lyon, son ancien club. Accrochées par l’OL à l’aller (1-1), ses joueuses ont ainsi eu le mérite de s’imposer au retour à Gerland (1-0) pour une qualification historique en quarts de finale! Une belle performance mettant en avant le bon travail réalisé par le Gône lyonnais dans la Capitale après avoir tout connu ou presque dans sa ville natale. De ses débuts de joueur à ceux, quelques années plus tard, d’entraîneur, une grande partie de sa vie se situe entre Saône et Rhône. Impossible d’oublier notamment les quatre titres de Champion et la finale européenne de 2010. Remplacé à l’OL, il s’est exilé en Russie pour un passage remarqué avant de revenir en France afin de prendre en main le destin du PSG. Bonne pioche puisque le voilà dans le grand huit européen !

LE COUP DU COACH

(Ligue 1) : Christophe Galtier (Saint-Etienne) L’homme providentiel

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hristophe Galtier aime-t-il les voyages ? Sa carrière est en tout cas émaillée de quatorze clubs professionnels fréquentés en tant que joueur et comme entraîneur. Tout a commencé à Marseille, d’où il est originaire. Son parcours le mènera ensuite, ballon aux pieds, à Lille, Toulouse, Angers, Nîmes, Marseille une deuxième fois, avant une fin de carrière en pente douce en Italie et en Chine. Homme de caractère, il savait déjà joueur qu’il allait embrasser la carrière d’entraîneur. Et c’est naturellement à l’OM qu’il fit ses premières armes comme adjoint de Bernard Casoni puis d’Abel Braga. Il enchaîna sept autres clubs, en France mais aussi à l’étranger (Grèce, Emirats Arabes Unis, Angleterre), glanant des titres toujours en tant qu’adjoint, se forgeant l’un des plus beaux palmarès du football français avec notamment le doublé CoupeChampionnat sous les couleurs de l’OL. Mais il était dit qu’il allait voler de ses propres ailes, après avoir beaucoup appris, aux côtés d’Alain Perrin au sein de nombreux clubs. Après l’éviction de ce dernier sur le banc stéphanois, les dirigeants lui confient une

opération-commando pour maintenir le club en Ligue 1. Il parvient à s’acquitter de la tâche. Dès lors, il endosse le costume d’entraîneur en chef pour une longue durée puisque cinq ans plus tard, il est toujours en poste après avoir remporté la Coupe de la Ligue et ramené le club sur la scène européenne. Le 30 novembre dernier, il signe avec son équipe un nouveau fait d’armes en terras-

sant l’Olympique Lyonnais (3-0) au stade Geoffroy-Guichard, mettant fin à vingt ans d’insuccès à domicile face au voisin. Une performance remarquable, remarquée et matérialisée par le Trophée “Coup du Coach” qui lui a été remis au siège de l’ASSE par un ancien Stéphanois, Pierre Répellini, vice-président délégué de l’UNECATEF. Une distinction qu’il a tenu à partager avec les membres de son staff.


L Fiche Farid BENSTITI Né le 16 janvier 1967 à Lyon (Rhône). Carrière de joueur (milieu) : Lyon (1984-1989), Cercle Dijon (19891990), Lyon-Duchère (1990-1992), Lembeek (Belgique, 1992-1993), Sète (1993-1995), Lyon-Duchère (1995-1997), Vaulx-en-Velin (1998-1999), Gap (1999-2000). Palmarès : Champion de France de Division 2 (1989)

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PAROLES…

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d’entraîneur : Albert Cartier (Metz)

Une quête de performance dans un projet humain

Carrière d'entraîneur : Lyon Féminine (2001-2010), Russie Féminine (2011), Rossiyanka Féminine (Russie, 2011-2012), Paris SG Féminine (depuis 2012). Palmarès : Champion de France (2007, 2008, 2009, 2010), Challenge de France (2003, 2004, 2008), Champion de Russie (2012), finaliste de la Ligue des Champions (2010). Pour cette première, Farid Benstiti a reçu le trophée du “Coup du Coach” des mains de Bruno Bini, ancien sélectionneur de l’Equipe de France Féminine, à l’occasion de la rencontre de Division 1 face à SaintEtienne au stade Charléty à Paris.

Fiche Christophe GALTIER Né le 23 août 1966 à Marseille (Bouchesdu-Rhône) Carrière de joueur (défenseur) : Marseille (1985-1987), Lille (1987-1990), Toulouse (1990-1993), Angers (1993-1994), Nîmes (1994-1995), Marseille (1995-1997), Monza (Italie, 1997-1998), Liaoning (Chine, 1998-1999). Palmarès : Champion d’Europe Espoirs (1988), Finaliste de la Coupe de France (1986, 1987). Carrière d'entraîneur adjoint : Marseille (1999-2001), Aris Salonique (Grèce, 2001-2002), Bastia (2002-2004), Al Ayn (Emirats Arabes Unis, 2004), Portsmouth (Angleterre, 2005), Sochaux (2006-2007), Lyon (2007-2008), SaintEtienne (2008-2009). Carrière d'entraîneur : Saint-Etienne (depuis 2009). Palmarès : Trophée des Champions (2007), Coupe de France (2007, 2008), Champion de France (2008), Coupe de la Ligue (2013). Meilleur entraîneur de Ligue 1 2013 (Trophée UNFP).

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omment commencer ce témoignage autrement que par des remerciements à tous mes entraîneurs, du premier que j’ai regardé avec mes yeux d’enfants, jusqu’à celui qui fut le détonateur d’une vocation qui sommeillait en moi. Je n’oublie pas les autres entraîneurs français et étrangers du football et d’autres sports dont j’ai lu ou écouté les discours inspirateurs. Chaque entraîneur est fait des entraîneurs et des joueurs qu’il a croisés ; sans les joueurs, il n’y aurait pas d’entraîneur, alors que la réciproque n’est pas aussi impérative. En 1993, j’ai rédigé un mémoire BEES 2 intitulé ENTRAINEUR DE FOOTBALL PROFESSION OU DESTIN ? Plus de 20 saisons de pratique m’ont permis de lever le point d’interrogation de cette intuition. Nous exerçons une profession répertoriée par le législateur qui impose des formations et des diplômes, des contrats, des obligations et des droits que le Syndicat défend. Mais les conditions qui président à l’exercice de cette profession la singularisent de beaucoup d’autres, puisque des entraîneurs sont bénévoles et les professionnels n’échappent pas aux exigences extrêmes d’un investissement qui va bien au-delà des considérations économiques ou juridiques. Les entraîneurs ont une relation passionnelle à leur sport, à leur métier. Ils donnent et reçoivent de l’Amour : un Amour du Sport enraciné dans le rapport au corps, et la place dans la combinatoire familiale, dit la psychanalyse.

Amour intrinsèque du football où des récompenses et gratifications extrinsèques qu’il permet d’obtenir, amour de transfert qui peut nourrir les relations entraîneur-joueur. Si ma première pratique sportive fut le ski, je ne pus résister à l’invitation de mes camarades à venir compléter l’équipe de football de mon village vosgien. Crampons aux pieds, j’ai vite désiré, comme au ski, être compétitif. C’est à l’INF Vichy que je passe mes premiers diplômes d’entraîneur, alors que je ne connaissais pas encore mon avenir de footballeur professionnel. Lors de cette formation, j’ai appris le pouvoir de la parole, principal voire unique outil de l’entraîneur, confronté à la glorieuse incertitude du sport. Aucun savoir scientifique, aucun savoirfaire pédagogique, aucune expérience technique ne garantit la réussite d’un entraîneur, qui, au demeurant, ne gagne aucun match lui-même, mais peut en faire gagner aux joueurs ; à condition que les joueurs fassent confiance au supposé savoir faire gagner du coach ; à condition que le coach ne soit pas dupe de ce savoir qui lui est supposé. SAVOIR qui n’est écrit in extenso dans aucun livre ou manuel d’entraîneur ; mais en partie dans de nombreux ouvrages avec des ancrages théoriques très divers. Le savoir être entraîneur doit être réinventé à chaque match… Il est hors maîtrise, y compris des entraîneurs qui réussissent mieux que d’autres. Mon itinéraire de coach est symptomatique puisque j’ai retrouvé le FC Metz en National en 2012, un club que j’avais quitté contre mon gré en Ligue 1 à la mi-saison en 2002. Mais je voyage beaucoup pour le plaisir de découvrir le monde et pour faire mon métier. J’ai coaché le FC Gueugnon, cinq clubs belges, un club grec : mon désir de coach a vacillé sans jamais céder, y compris pendant des périodes de chômage ; on peut changer de profession, mais pas de destin quand on a le privilège de vivre des aventures humaines comme en vivent les entraîneurs qui respectent l’éthique sportive. Condition pour inscrire la quête de performance dans un projet humain plus vaste que le score d’un match ou le classement d’un championnat.


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de Président de Ligue : Jamel Sandjak (Paris Ile-de-France)

Société, football et formation : la croisée des chemins

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n un siècle et demi, le football s’est solidement ancré, dans notre réalité nationale, jusqu’à en devenir un élément structurant incontournable et assumer le statut de premier sport populaire. Sa pratique amateur rassemble plus de 2 millions de licenciés, trois fois plus dans sa pratique « sans contraintes » ou occasionnelle et impacte autant de familles que de pratiquants. Les grands rendez-vous télévisuels nationaux ou internationaux, dans sa forme professionnelle, rassemblent régulièrement plusieurs millions de spectateurs parfois même dépassant les 20 millions (Portugal France 2006 – demi-finale de la Coupe du Monde). Aujourd’hui, la société française, en pleine mutation, est traversée par de nombreux soubresauts dont certains d’une grande brutalité. Les fractures sont nombreuses et de différentes natures, sociales, économiques, politiques, géographiques, pour ne citer que les plus évidentes. Et toutes participent à la remise en cause de notre cohésion sociale. Notre sport canalise ces ruptures, parfois les exprime, jamais ne les ignore et toujours les gère. Le football n’est pas un fait sportif et social « hors sol », il est à l’image de la société française, son miroir fidèle et parfois déformant. Dans un tel contexte, compte tenu du contrat convenu qui lui est confié par la société et son incontestable rôle de structuration et de régulation, il doit en permanence s’adapter à l’évolution de plus en plus chaotique de son environnement. Les défis qu’il doit relever sont nombreux : paupérisation des familles et des clubs associatifs, déficits éducatifs croissants facteurs d’incivilité, décrochage scolaire… En France et en Europe, le statut du football a profondément changé en quelques décennies. D’une pratique associative, sociale et sportive locale, illustrative des modes du vivre ensemble dans un monde en développement, il est devenu l’objet d’enjeux politiques territoriaux et économiques considérables et s’est vu confier simultanément une fonction sociale et éducative croissante à l’échelon local, dans un monde en crise. De tout temps, le sport individuel et collectif a rempli cette fonction de cohésion des groupes humains, forgeant et illustrant une part de leur identité, la confrontant aux autres groupes voisins, dans un combat symbolique organisé dans des joutes ou des compétitions régulées. Implicitement et explicitement, les sociétés confient aux sports cette fonction sociale régulatrice qui permet de gérer les iden-

tités et les antagonismes dans un espace contrôlé, normé et sécurisé. La création des jeux olympiques, des compétions internationales, nationales, locales sont autant de témoignages de cette mission essentielle qui leur échoit. En France, le principe de délégation de service public confié aux fédérations sportives atteste de ce principe. Mais le cahier des charges (sous-entendu) de cette délégation a profondément changé. Hier, le sport organisé était un accessoire contributif et illustratif d’une cohésion solide encadrée

“Nous n’avons pas le droit de rester passif alors que le péril est là” par le contrat social national ou local et porté par des institutions solides. Ce n’était qu’un accessoire, utile et indispensable certes, mais un accessoire d’un tout cohérent. Aujourd’hui, dans un modèle fragilisé par la crise et la dégradation des valeurs communes, il est en passe de devenir, si ce n’est un « principal », en tout état de cause, un outil essentiel censé, selon les lectures, gérer les dérives d’un modèle où la violence se développe, éduquer et former aux valeurs que l’école peine à dispenser, créer de la cohésion et de l’engagement collectif là ou l’individualisme s’impose, symboliser les valeurs nationales ou territoriales,... La société civile attend des sports collectifs en général et du football en particulier une exemplarité dans un monde qui l’est de moins en moins. Elle attend en particulier du football amateur, sans lui en donner les moyens, qu’il assume un rôle éducatif essentiel, particulièrement dans les espaces urbains sous tension ou l’école ne

peut plus remplir sa mission. Une clarification s’impose. Notre sport doit aujourd’hui assumer le rôle qui lui est assigné même si cela repose sur de nombreux non-dits. Il doit prendre l’initiative, faire reconnaître clairement la mission que la collectivité lui confie et obtenir des moyens et mobiliser les siens. Il doit ainsi, en interne, s’assurer que les ressources considérables drainées par le football soient nettement plus engagées au soutien du développement du football amateur. Il doit aussi prendre l’initiative en réformant résolument son modèle d’organisation et les outils de ses pédagogies. L’action peut et doit s’appuyer sur deux leviers évidents. Pour l’organisation et les moyens, les clubs (tous les clubs et à tous les niveaux) doivent pouvoir disposer des ressources diversifiées supplémentaires pour regagner en crédibilité, garantir leur autonomie et indépendance, consolider leurs relations partenariales avec les acteurs socio-économiques de proximité, et assurer une formation appropriée à leurs cadres (sous le couvert de la FFF et de ses instances décentralisées). Pour les modèles pédagogiques, toutes les formations fédérales doivent être remises en forme, non pas quant à leurs contenus techniques bien sûr, mais quant à leur capacité à intégrer dans leurs programmes des modules sociétaux puissants et appropriés, en phases avec les comportements souvent erratiques des adolescents d’aujourd’hui. Dans les régions à forte densité urbaine, cette complexité est encore accrue par la fragilité du tissu social frappé de plein fouet par la crise. Nombreux sont les clubs amateurs, trop souvent négligés localement, en quasi faillite financière qui sont livrés à eux-mêmes et partent à la dérive. Certains baissent les bras. D’autres écartent à la première incartade les « perturbateurs », incapables de les gérer faute du minimum de compétences indispensables. Beaucoup enfin, cessent même d’engager des équipes dans les catégories d’âge dont la gestion des comportements leur échappe. Nous n’avons pas le droit de rester passif alors que le péril est là. Reconsidérer l’ensemble du dispositif afin de le doter de compétences et de moyens d’action renouvelés est devenu un impératif, spécialement dans les domaines éducatifs et socio-sportifs qui sont en plein bouleversement. Pour commencer avec méthode, il faut


L remettre en ordre l’ensemble du dispositif de formation en nous appuyant sur des constats d’évidence et sur le bon sens. Le sport a toujours été en phase avec les dominantes sociétales d’une époque donnée et les valeurs qu’elles traduisent. Hormis les apprentissages techniques propres à chaque discipline, il a su s’appuyer en termes psychologiques, sur des moteurs symboliques d’identification identitaire du « héros sportif » et de l’exemplarité dont il est porteur : rubans, ceintures de couleur, tenues spécifiques, chants, festivités... Tout cela avait un sens. Les couleurs du club, le maillot du village, à une autre échelle celui de l’équipe de France, ce n’était pas rien. Le sport contemporain néglige de plus en plus cette dimension pourtant essentielle. Il ne faut pas s’étonner ensuite que ses supporters s’en détournent (voir par exemple l’affaire des Bleus en Afrique du Sud). Le symbole a été remplacé par une logique individuelle beaucoup plus terre à terre de gestion de carrière et de maximalisation des profits. Un bon joueur se loue à l’année sans complexe et aux quatre coins du monde. Un club s’achète et se vend. Le maillot n’a plus guère d’importance. « Clochemerle » et ses rivalités de villages, sont loin derrière nous. A présent on ne s’engage plus pour son clocher, sauf quand on a dix ans peut-être… Une fois ce constat établi, il reste à en tirer les enseignements qui s’imposent. La question n’est pas de porter quelque jugement sur cette évolution, elle existe. Il nous reste à l’assumer sous des formes appropriées et de la prendre en compte en l’intégrant dans le contenu des formations fédérales. Reconsidérons dans leur globalité les formations des acteurs concernés : éducateurs, joueurs, arbitres, bénévoles, supporters… Dans cette approche globale, reste à imaginer des contenus appropriés et innovants, intégrant la gestion des problèmes récurrents rencontrés au niveau des comportements, de la relation, et des valeurs dont le sportif est porteur de fait. La performance ne saurait se suffire à ellemême. Elle n’est que du gâchis si par ailleurs elle ne contient pas sa part d’humanité en termes d’engagement, de volonté, de respect, de solidarité et de partage. Cela s’apprend également... Depuis quelques temps on s’interroge sur la pertinence des Centres de Formation. Certains évènements récents ont apporté de l’eau au moulin de leurs détracteurs en pointant des déficits socio-éducatifs. En fait, le problème n’existerait-il pas déjà en amont ? Former un bon footballeur, un footballeur de l‘élite, c’est avant tout former un homme en devenir, avec tout ce que cette responsabilité implique. Si la transmission des pré-requis essentiels

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a été maîtrisée convenablement au sein de son club initial, l’intéressé exploitera ensuite au mieux son savoir-faire footballistique le jour où il aboutira (peut-être) dans un Centre de Formation. Sinon, il ira inéluctablement à l’échec, quelles que soient ses qualités de footballeur, sauf si le Centre de Formation intègre aussi à ses formations les champs socio-éducatifs. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Pour procéder à cette réforme indispensable, on peut envisager plusieurs axes d’approche : - Créons un éventail de formations « spécifiques aux clubs de niveau district et ligue», permettant à ceux-ci d’acquérir une meilleure maîtrise des conditions d’accueil et d’encadrement de leurs licenciés. - Concevons un contenu rénové des programmes des Centres de Formation impliquant l’intervention en leur sein et dans la durée de spécialistes du champ socio sportif.

“Les clubs structurés constituent des espaces éducatifs irremplaçables” - Remettons en question de façon réaliste les formations fédérales dans leur forme présente, afin d’y intégrer d’autres angles d’approche. - Assurons une assistance efficace auprès des clubs pour les aider à élaborer des projets sportifs adaptés à leur situation de terrain et s’organiser. - Consolidons toutes les initiatives relatives aux comportements allant dans le sens de la prévention et de la sécurité. La liste n’est évidemment pas limitative. Il n’y a pas de miracle immédiat à attendre mais il faut inscrire dès à présent cette « révolution » nécessaire dans nos ambitions et en poser les premières pierres. Pour illustrer l’enjeu, la région Paris - Ile de France accueille plus de 240 000 licenciés par saison (saison 2013/2014) dont la plu-

21 part sont des enfants ou des adolescents, et qui restent présents durant toute l’année scolaire dans nos clubs, c’est un chiffre qui parle. Il justifie une réflexion approfondie afin de nous engager en toutes connaissances de cause dans des innovations à dimension éducative et socio sportive. Il ne s’agit nullement de nous substituer à quelque autre entité que ce soit, mais tout simplement d’assumer notre propre compétence, tels que nous sommes, là où nous sommes, à partir de notre référentiel, avec une ambition affichée. Les clubs suffisamment structurés constituent des espaces éducatifs et transitionnels irremplaçables, au potentiel énorme, ils doivent être encore plus nombreux. Ils sont le cadre idéal pour porter cette dynamique éducative du simple fait des valeurs sportives sociales et humaines qu’ils retransmettent à travers la formation de leurs jeunes. Ces valeurs doivent être clairement affichées dans chacun des « projets de Club ». Ces clubs structurés sont aussi des « relais naturels » des codes sociaux fondateurs, à travers la mixité sociale, les rapports intergénérationnels, la compétition, les contraintes qu’elle implique et l’acceptation consentie d’un intérêt commun. C’est à partir de ce type de considérations qu’il convient de repenser l’ensemble des formations, tout en les adaptant aux situations diverses existantes. Pour de tels enjeux, la prise de conscience collective est essentielle et la volonté politique doit être formulée et suivie d’effets. Notre monde change, notre sport peut utilement contribuer à ce que cette évolution continue de s’inscrire dans une société plus juste et plus éclairée. C’est à nous de le vouloir, la formation en est l’une des clefs, l’avenir de nombreux enfants, qui demain seront des hommes et des femmes, peut en dépendre.


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d’entraîneur adjoint : Michel Troin (Rennes)

La formation technique comme obsession

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’universalité du football offre à tous la possibilité de pratiquer et de s’exprimer quels que soient ses origines ou son physique ! Venant du milieu amateur, mon parcours peut paraître atypique mais quand le respect et l’amour de cette activité sont en vous, tout peut arriver ! Educateur sans discontinuer depuis 1984, ayant pratiqué à tous les échelons de la pyramide footballistique, des débutants aux internationaux A (Côte d’Ivoire), je me permets d’affirmer que nous devons avoir beaucoup d’humilité car ce sont les joueurs qui jouent ! Un staff technique est une équipe, son organisation et son fonctionnement dépendent de la conception de l’entraîneur principal. Le rôle que m’attribue Philippe Montanier est la continuité d’une longue collaboration née, développée et conçue par Robert Nouzaret en 2000 au Toulouse FC. Mon privilège est d’avoir travaillé avec de grands formateurs et entraîneurs (Guy Lacombe, Érick Mombaerts et Robert Nouzaret). Mes connaissances se sont construites dans un niveau de compétence élevé. Depuis 2007 à Boulogne-sur-Mer, Philippe

Montanier m’attribue des responsabilités pour la programmation des séances d’entraînement que nous animons dans une osmose parfaite. Ma mission est celle que m’accorde « le coach », mon influence est celle qu’il veut retenir car la finalité sera toujours l’expression technique des joueurs sur le terrain face à un adversaire. Mon obsession, c’est « la formation technique », je suis très attentionné, très sensible, très observateur sur la réalisation

gestuelle et les moyens de la concrétiser. Philippe Montanier me permet d’appliquer cette démarche au plus haut niveau, c’est notre identité, notre style, en fait nous fonctionnons en totale symbiose. Adjoint au haut niveau, c’est certainement une somme de compétence mais surtout une vocation pour servir le football, les joueurs, son entraîneur et son club. Adjoint ou collaborateur, ce n’est pas un tremplin vers des ambitions personnelles. Trente ans de football avec des expériences enrichissantes en Afrique et en Espagne m’autorisent un constat. Notre football régresse car le niveau technique des nouveaux joueurs n’est plus ce qu’il était à la fin du 20° siècle. La mentalité compétitive, l’obsession tactique et physique ont dégradé notre identité technique, celle du joueur au bagage complet et performant. Nos jeunes Français sont davantage victimes que coupables, vous les éducateurs et nous les entraîneurs avons la responsabilité d’inverser cette tendance pour l’avenir de notre discipline et de notre nation. Car la maîtrise technique sera toujours l’élément décisif de ce jeu collectif.

PAROLES… d’entraîneur : Jean-Louis Saez (Montpellier Féminine) professionnalisme mais il y a encore des Entraîneur tout-terrain

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a carrière d’entraîneur m’a amené à vivre plusieurs expériences. Entraîneur-joueur à Arles, je me suis ensuite consacré à mon poste de technicien une fois mes crampons définitivement raccrochés. Ensuite, j’ai été adjoint en L1 et L2, assurant même l’intérim en tant qu’entraîneur principal lors de deux rencontres de L1. Passé entraîneur de l’équipe réserve de l’ACA, je dirige l’équipe féminine du Montpellier HSC depuis juin 2013. Toutes ces expériences sont bien différentes du statut d’entraîneur-joueur qui doit avoir le nez dans le guidon durant les matchs mais aussi le recul nécessaire pour analyser et essayer d’anticiper, je suis passé au rôle d’adjoint, celui de l’homme de l’ombre par excellence qui doit être à l’écoute, temporiser et faire profiter l’entraîneur principal de sa position en recul afin de l’aider au mieux. Enfin, le rôle d’entraîneur d’équipe réserve est à la fois technique car il faut gagner des matchs, mais a aussi une forte dimension psychologique pour relancer des joueurs en perte de confiance et les aider à se fondre dans un collectif avec lequel il ne s’entraîne pas la semaine pour ce qui concerne les professionnels laissés à disposition par l’entraîneur de l’équipe fanion.

Tout cela m’a fait comprendre une chose : entraîneur est un métier unique mais avec de multiples facettes. Le maître mot de ce métier reste pour moi de savoir s’adapter. Cela ne veut pas dire renier ses convictions au contraire mais il faut savoir s’imprégner du contexte dans lequel on est pour ensuite mieux arriver à faire passer ses idées et à les transmettre sur le terrain. Le football féminin m’a confirmé cette sensation. A mon arrivée, j’ai rencontré des jeunes filles, des lycéennes, des femmes, des étudiantes, des joueuses pour qui le foot était un loisir de haut niveau qu’elles associaient à un travail à côté pour pouvoir vivre. Le foot féminin est en pleine mutation vers le

obstacles et, malgré les moyens mis en place, cela ne se fait pas sans mal. Il faut savoir faire comprendre aux joueuses les exigences du foot de haut niveau, mais, quand on fait de la formation et que l’on lance des jeunes joueuses comme c’est notre cas à Montpellier, on ne peut pas non plus demander aux gamines de sacrifier leurs études pour un football qui ne peut pas encore leur assurer des lendemains qui chantent. Côté terrain, j’ai découvert des filles volontaires, appliquées, hargneuses et à l’écoute. Elles analysent, réfléchissent, sont demandeuses d’explications… Là aussi il a fallu s’adapter. Au même titre qu’entraîneur en équipe masculine, adjoint ou entraîneur de réserve pro, c’est un domaine avec ses spécificités. Dans tous les cas, il y a de la gestion humaine, de la tactique, de la technique, un groupe à mener vers un objectif commun et bien sûr le rectangle vert, le terrain, là où tout se dessine et se décide. Cette nouvelle expérience passionnante dans le foot féminin n’a fait que confirmer ma conviction la plus profonde : pour moi l’entraîneur est un homme de terrain mais pas seulement, il doit avoir un côté tout-terrain justement. C’est cela qui rend ce métier si passionnant.


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de journaliste : Lilian Gatounes (Canal +)

De l’art de la passe...

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n observateur privilégié du monde du football, de son jeu et de son évolution, c’est ainsi que je décrirai mon métier de journaliste de sport et de commentateur. Depuis plus de 15 ans au sein du service football de Canal+, la selecao brésilienne du football télévisé, j’ai vécu, commenté, analysé et décortiqué des milliers de matchs de toutes les compétitions, de tous les continents. L’enseignement que j’en retire est que rien n’est moins fragile que le football, rien de plus fugace que le jeu parfait, rien de plus versatile que ce jeu que l’on voudrait rationnaliser, maîtriser à base de statistiques, de données et d’algorithmes alors que son plus grand secret réside dans l’humain. Mes origines, ma culture m’ont tout naturellement attiré vers le football espagnol. Mon directeur Cyril Linette m’ayant confié la responsabilité de la Liga, j’ai ainsi vu éclore une certaine idée du football. Au moment où en France le credo « il faut gagner les duels » était la norme, un jeune technicien sans expérience déboule avec une autre philosophie : le duel est proscrit, le schéma tactique est invariablement un 4-3-3 avec un milieu en triangle, où les joueurs tentent de rendre le terrain le plus large possible et le réduire au maximum à la perte de balle. Une idée simple… tellement simple que l’on s’en veut de ne pas y avoir pensé, c’est l’ère de la passe ou comme on l’appelle en Espagne le Tiki-Taka. « Les entraîneurs

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entraînent au jeu, les meilleurs entraînent des hommes ». A sa prise de fonction, l’Espagne est un vivier de joueurs techniques, dotés d’une grande intelligence de jeu mais aucun ne dépasse 1m70. Le projet de jeu de Guardiola n’est pas une pure invention mais le fruit d’une longue réflexion, une addition d’expériences. Pep s’est rendu en Argentine pour rencontrer trois techniciens : César luis Menotti, Ricardo La Volpe et Marcelo Bielsa. De la friction de leurs idées naît l’étincelle d’un nouveau jeu : la relance des défenseurs, des attaquants qui rentrent, le pressing

global, l’usage des hommes de couloir. Autant de principes mixés à l’héritage hollandais du Barca qui vont lui faire gagner quatorze trophées en 4 ans. C’est l’apogée espagnole, la sélection domine le monde du football pendant 8 ans. Mais la vraie leçon n’est-elle pas de s’interroger aujourd’hui sur l’échec espagnol au Mondial, pourquoi ce football ne gagne plus ? En Ligue des Champions en 2013, seulement deux équipes avaient une moyenne supérieure à 600 passes par match, elles étaient neuf l’an passé. Sans doute le darwinisme du football, le jeu des Espagnols est resté le même et ce sont, en fait les adversaires qui se sont adaptés. Cruyff disait : « si nous avons le ballon, ils ne marqueront pas » mais depuis, Mourinho (avec l’inter) et Diego Simeone ont prouvé que l’on pouvait gagner avec 45% de possession et seulement 500 passes… De mes longues soirées à discuter tactique avec mon mentor, Raynald Denoueix, je retiens qu’il n’existe pas une vérité mais des vérités, que le secret est de savoir adapter son jeu à ses joueurs et non pas l’inverse. J’en garde un immense respect pour le travail d’entraîneur, pour avoir croisé beaucoup d’entre vous sur les pelouses, je sais combien votre tâche est ingrate, si peu souvent reconnue. Et que tel le mythe de Sisyphe condamné à pousser un rocher en haut d’une colline, le bonheur n’est pas dans l’objectif atteint mais dans l’accomplissement de sa tâche au quotidien…

d’entraîneur de gardiens : Gilbert Ceccarelli (Paris FC)

Une passion et un métier

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urant ma carrière de joueur professionnel à Saint-Etienne, Bastia et Alès, en tant que gardien de but, mon choix était tout tracé : devenir entraîneur de gardiens de but, être dans un staff pour diriger les gardiens sur les plans technique, tactique, athlétique et surtout mental. Aujourd’hui, je pense être privilégié car depuis 1998 ma passion est devenue le métier que j’ai choisi et qui me tient à cœur. Que ce soit chez les « Pro » puis au centre de formation de l’ASSE, à l’US Créteil et depuis juillet 2014 au Paris FC, ce métier me rend heureux et me permet de pouvoir passer le témoin grâce à mon vécu et mon expérience, et d’être toujours au service des gardiens.

L’entraînanT - Directeur de la Publication : Joël MULLER - Rédacteur en Chef : Bruno BINI - Comité de Rédaction : Pierre REPELLINI, Anissa HAMIMI - Réalisation : CP - Photos : DR, AFP, DPPI - Adresse : 87, boulevard de Grenelle, 75783 Paris cedex 15 Tél : 01 44 31 73 55 / Fax : 01 44 31 75 02 Web : www.unecatef.fr - Adresse électronique : contact@unecatef.fr


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Une partie de cartes au Bar de la Marine

« On sait jamais, ça peut servir… » « Et oui, on sait jamais ça peut servir ». A la fin d’une de leurs parties de cartes au Bar de la Marine, César, Panisse, Escartefigues et Monsieur Brun, en ce dernier trimestre, dissertent sur le limogeage, le premier de la saison en L1, de Claude Makelele… Au même moment, la délicieuse Fréhel chante dans la TSF une magnifique chanson : « Où sont tous mes amants ». César est troublé par les paroles de cette chanson ne manquant pas de faire un rapprochement entre cette femme « oubliée » par ses anciens amants et le coach démis de ses fonctions… Claude, c’est sûr, ne manquera pas de se demander rapidement où sont « tous ses amis » du temps qu’il était en haut de l’affiche et en poste… Ainsi va, hélas, la vie… A vous de vous faire une idée en lisant ces paroles dans « Atout Cœur »… Il va sans dire que le pauvre Escartefigues n’a pas été épargné et qu’il s’est joliment fait chambrer par Panisse qui lui a malicieusement demandé si cette chanson plaisait à son (in)fidèle épouse… Monsieur Brun, le Lyonnais qui a repris du poil de la bête ces

derniers temps, se sent pousser des ailes et s’enflamme un peu ces derniers temps à la belote… Bon cette saison, il a les rois mais pas les dames… quand aux valets… Aussi je m’occuperai personnellement de la rubrique « Belote, Re-belote et Dix de der ». Ce sont au gré de mes lectures ou de mes découvertes dans des salles de restaurants quelques citations qui peuvent, pourquoi pas, être mises en lien avec la chanson de Fréhel... « La tournée du Patron » déclare César est payée aujourd’hui par le minot. « Quel minot ? » lui demandent ses amis ? « Le seul vrai minot de Marseille qui entraîne en L1. Le seul qui parle marseillais, le seul qui pense marseillais, le seul qui respire marseillais et le seul qui a un cœur marseillais gros comme ça… » « Alors je sais qui c’est », déclare Panisse… « C’est Rolland Courbis, cet adorable minot qui nous paye la tournée du patron. » « Tout juste », lui répond César en remplissant les verres… Bruno BINI

Atout… Cœur : Où sont tous mes amants ? Chanson de Charlys et Maurice Vandair, interprétée par Fréhel en 1935 ! Où sont tous mes amants Tous ceux qui m'aimaient tant Jadis quand j'étais belle ? Adieu les infidèles Ils sont je ne sais où A d'autres rendez-vous Moi mon cœur n'a pas vieilli pourtant Où sont tous mes amants, Dans la tristesse et la nuit qui revient Je reste seule, isolée sans soutien Sans nulle entrave, mais sans amour Comme une épave mon cœur est lourd Moi qui jadis ai connu le bonheur Les soirs de fête et les adorateurs Je suis esclave des souvenirs Et cela me fait souffrir… Où sont tous mes amants Tous ceux qui m'aimaient tant

Jadis quand j'étais belle ? Adieu les infidèles Ils sont je ne sais où A d'autres rendez-vous Moi mon cœur n'a pas vieilli pourtant Où sont tous mes amants, La nuit s'achève et quand vient le matin La rosée pleure avec tous mes chagrins Tous ceux que j'aime Qui m'ont aimée Dans le jour blême Sont effacés Je vois passer du brouillard sur mes yeux, Où sont tous mes amants Tous ceux qui m'aimaient tant Jadis quand j'étais belle ? Adieu les infidèles Ils sont je ne sais où A d'autres rendez-vous Moi mon cœur n'a pas vieilli pourtant Où sont tous mes amants.

La tournée du patron... (payée par le généreux Rolland Courbis) Extraits d’une interview « à la Rolland » « Comment jugez-vous, aujourd'hui, notre championnat de Ligue 1 ? » « Nous sommes devenus un Championnat de rééducation fonctionnelle... Quand je vois la quinzaine de joueurs de très bon niveau qui nous ont quittés à l'intersaison, il y a de quoi être inquiets. Moi, j'ai 15 à 18 joueurs de

bon niveau à Montpellier. Dans ma préparation, dans mes entraînements, je rajoute des prières pour ne pas avoir de blessés. Et j'ai demandé à Loulou Nicollin, si on ne pouvait pas intégrer un prêtre dans le staff… » Dis Rolland, si on suit tes conseils et vu que quelques présidents sont diaboliques, le prêtre ne faudrait-il pas qu’il soit aussi un peu exorciste ? B.B.

Belote… « La vie d’un être ne vaut que par la droiture, sans la droiture, elle ne tient qu’au hasard… » Confucius « Fais preuve de respect envers tous, mais ne t’abaisse devant personne…» Tecumseh « A vivre trop longtemps avec un bunker à la place du cœur, on s’habitue à l’obscurité… » Mathias Malzieu

Re-Belote… « L’amour est plus précieux que la vie, l’honneur plus que l’argent… Mais plus précieux que tous deux, la parole donnée… » Edmond Spenser « Les être inconséquents qui nous donnent des lois se sont réservés le droit de ne suivre que leurs caprices… » Marie Jeanne Laboras

Dix de der… « Si la piste est trop facile et que tu crois tenir le jaguar, c’est qu’il est derrière toi, les yeux fixés sur ta nuque… » Luis Sépùlvéda


ZOOM

D’où viennent les sélectionneurs ? Les sélectionneurs nationaux ont connu des carrières diverses avant de prendre en main une équipe de France. Voici leur parcours en clubs comme joueur et entraîneur. FRANCE A : DIDIER DESCHAMPS Joueur : Bayonne (1976-1983), Nantes (19851989), Marseille (1989-1990), Bordeaux (19901991), Marseille (1991-1994), Juventus Turin (Italie, 1994-1999), Chelsea (Angleterre, 1999-2000), Valence (Espagne, 2000-2001). Entraîneur : Monaco (2001-2005), Juventus Turin (Italie, 20062007), Marseille (2009-2012).

U17 : JEAN-CLAUDE GIUNTINI Entraîneur : Montmorillon (1982-1986), Moutiers (1986-1987), Ile Rousse (1987-1988), Brive (19881996), Lubersac (1996-1997), CTD Rhône (19982003), CTR Paris IdF (2003-2010), France Sélections de Jeunes (depuis 2010). U16 : LAURENT GUYOT Joueur : Nantes (1985-1998), Toulouse (19981999), Guingamp (1999-2002). Entraîneur : Nantes (réserve, 2005-2009), Boulogne-sur-Mer (2009-2010), Sedan (20112013), France U17 (2013-2014).

FÉMININES A : PHILIPPE BERGERÔO Joueur : Saint-Jean de Luz (1969-1971), Bordeaux (1971-1978), Lille (1978-1983), Toulouse (19831988). Entraîneur : Insep (1988-1990), France A (gardiens, 1990-1998), Paris SG (adjoint, 1998-1999 puis entraîneur 1999-2001), Rennes (2002), France Sélections de Jeunes (2003-2011). ESPOIRS : PIERRE MANKOWSKI Joueur : ASPTT Amiens (1957-1966), Amiens (1966-1972), Lens (1972-1975), Hazebrouck (1975-1978), Amiens (1978-1983), Caen (19831984). Entraîneur : Caen (1983-1988), Le Havre (19881993), Lille (1993-1994), Caen (1994-1996), Saint-Etienne (19961997), Paris SG (formateur, 1997-1998), Cameroun (adjoint, 1998), Strasbourg (1998-1999), France Sélections de Jeunes (2000-2002), France A (adjoint, 2002-2010), France Sélections de Jeunes, U20 (2010-2014).

U20 FÉMININES : JEAN-FRANÇOIS NIEMEZCKI Joueur : Béthune. Entraîneur : Béthune, CTR Nord-PdC.

U19 FÉMININES : GILLES EYQUEM Joueur : Bordeaux (1977-1982), Guingamp (19821983), Cannes (1983-1985), Niort (1985-1987), Angers (1987-1989), Cherbourg (1989-1991). Entraîneur : Cherbourg (1989-1991), Agen (19911999), CTD Bordeaux et Gironde Est, CTR Aquitaine, France Sélections de Jeunes (adjoint). U17 FÉMININES : SANDRINE SOUBEYRAND Joueuse : Boulieu-les-Annonay (1980-1987), Félines Saint-Cyr (1987-1994), Caluire (1994-2000), Juvisy (2000-2014).

U20 : FRANCIS SMERECKI Joueur : Pontlieue (1961-1966), Le Mans (19661968), Joinville (1968), Le Mans (1968-1974), Laval (1974-1977), Paris FC (1977-1979), Limoges (1979-1984). Entraîneur : Limoges (1984-1985), Dunkerque (1985-1990), Valenciennes (1991-1993), Guingamp (19931999), Le Havre (1999-2000), Nancy (2000-2002), Laval (20032004), France Sélections de Jeunes (depuis 2004). U19 : PATRICK GONFALONE Joueur : Angers (1974-1981), Auxerre (1981-1983), Le Havre (1983-1985), Abbeville (1985-1987). Entraîneur : Abbeville (1986-1990), Viry-Châtillon (1990-1992), CTD Val-de-Marne, CTR BasseNormandie (1993-2010), France Sélections de Jeunes (2010-2013), Espoirs (adjoint 2013-2014). U18 : LUDOVIC BATELLI Joueur : Pont-à-Vendin (1971-1976), Lens (19761983), Valenciennes (1983-1987), Bourg-sousLa-Roche (1987-1989), La Roche-sur-Yon (19891991), Annecy (1991-1992), Lorient (1992-1993). Entraîneur : St-Georges-les-Ancizes (1995-1996), Valenciennes (1996-2000), Amiens (réserve, 2000-2005), Sète (2005-2006), Amiens (2006-2008), Troyes (2008-2009), Amiens (2009-2012), Woluwe (Belgique, 2013), France U20 (2013-2014).

U16 FÉMININES : GUY FERRIER Joueur : RC France (1970-1971), Orléans (19711975), Malakoff (1975-1976). Entraîneur : CTR Centre, France Sélections de Jeunes (depuis 2009).

depuis 1997).

FUTSAL : PIERRE JACKY Joueur : Strasbourg (réserve, 1976-1979), Vauban Strasbourg (1979-1985), Strasbourg (réserve, 19851988), FC Strasbourg (1988-1991). Entraîneur : Comores (1985), FC Strasbourg (19931996), France A Futsal (adjoint puis sélectionneur FUTSAL U21 : RAPHAËL REYNAUD Joueur : Blavozy. Entraîneur : Blavozy, Avenir Foot Lozère (20032006), CTD Haute-Loire, CTD Cantal, CTR Auvergne (depuis 2012). BEACH SOCCER : STÉPHANE FRANÇOIS Joueur : 1er Canton Marseille (2001-2008), Martigues (2008-2012), Terracina BS (Italie, 20052014), Milan AC BS (2011-2013). Entraîneur : France Beach Soccer (depuis 2011).


Union National des Educateurs et Cadres Techniques du Football

La onzième promotion de “Dix Mois Vers l’Emploi”, programme d’accompagnement et de formation des entraîneurs à la recherche d’un poste et d’un rebond professionnel, initié par l’UNECATEF, a pris ses marques. L’entrée en matière s’est effectuée à Autrans dans le Vercors en Isère avec une matinée d’escalade. Une expérience de haute intensité qui a permis de souder le groupe en route pour de nouvelles aventures avec un mental d’acier !

Une équipe de choc !


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