Mémoire PFE 2017 Tome 2 by Jean Robert Barbotin

nouvel espoir

Barbotin Jean-Robert, Bouret NoĂŠ Master Architecture, Villes, Ressources 2016/2017

Livre Second

nouvel espoir

Barbotin Jean-Robert, Bouret Noé Master Architecture, Villes, Ressources Sous la direction de Frédéric Guillaud 2016/2017

III

La menace fantôme

L’éveil de la force collective

La revanche du site

Un nouvel espoir

PAGE 13-24

PAGE 25-32

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PAGE 33-42 Temps I

Etat des lieux

Vers des centres urbains autonomes

Un tissu d’initiatives citoyennes et

Autonomie et indépendance

activistes

Volos, catalyseur européen

tiers-lieux

: une nouvelle façon

de travailler

Internet un forum mondial

Un site central entre deux eaux A proximité des institutions Résultant de l’expansion sur la mer

PAGE 43-64

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Temps II

Temps III

Temps IV

Impulser

Produire

S’affirmer

Rayonner

Le temps de l’appropriation

Phasage des excavations

Processus de construction

Projection

Processus de construction

Hypothèse d’extension

L’espace public comme nouvelle surface d’échange

L’espace public comme

Construire l’essentiel Se servir des éléments naturels Un paysage caractéristique

lieu de diffusion

I. La

menace fantôme

Volos, une ville dont l’analyse a pu mettre en lumière une histoire faite de véritables plaies mais face auxquelles une exemplaire résilience s’est affirmée. Après toutes ces épreuves, une nouvelle menace guette, mais à la manière de son histoire passée, Volos est prête à y faire face, un mouvement est en marche.

« La Petite Grèce », nous l’avons vu, a traversé 5 plaies depuis le début du XXe siècle : La 1ère guerre mondiale et le rapatriement des réfugiés, la 2ème guerre mondiale et son lot de destructions, la faillite due à la mondialisation dans les années 80, la crise des subprimes en 2008 et enfin la crise migratoire. Revenons sur cette dernière crise toujours en cours et encore non résolue. C’est donc depuis 2010 que nous assistons à une nouvelle crise caractérisée par les flux massifs de réfugiés en raison du climat, des guerres liées à la politique occidentale au proche orient, de la radicalisation des groupes religieux de cette même région mais aussi des guerres ethniques en Afrique…. La Grèce, deuxième point de passage en Europe avec l’Italie, est submergée par l’arrivée de ces réfugiés vers l’Europe avec plus d’1 million et demi d’arrivées depuis 2015. À Volos des associations venant en aide aux migrants apparaissent telles que Tavli ou en encore Steki.

Cette crise migratoire intervenant après une crise économique sévère engendre une crise politique inquiétante avec une montée des nationalismes : « America First » aux USA et le Brexit du Royaume Uni stimulent un nationalisme latent. En France, en Hongrie, en Belgique, en Suisse et en Pologne, l’extrême droite grimpe… S’y ajoute à cela une dérive autoritaire et une radicalisation de l’ordre religieux au proche orient avec les exemples de la Russie, la Turquie et la Syrie. La Grèce n’échappe pas à ce phénomène de montée des extrêmes avec un score de 7 % aux législatives entre 2012 et 2015 pour le parti Aube Dorée arborant une croix gammée détournée. Une forte identité antifasciste incarnée principalement par le mouvement anarchiste grec entre en résistance. Volos abrite une des bases de cette résistance anti fasciste.

3 Production personnelle >

Cette situation de crise encourageant la montée des nationalismes dresse un scénario qui nous rappelle les pires périodes de l’histoire, ces mêmes périodes qui ont inspirées les dystopies telles que 1984, ou encore Star Wars. Malheureusement ces récits ne sont plus très loin de la réalité. Les mots de Trump nous rappellent les discours ultra nationalistes, homophobes et islamophobes de Lewis Pothero dans V for Vendetta. De même les sentiments nationalistes européens, exacerbés par le départ de la Grande Bretagne nous rappellent les séparatistes de la première trilogie de Star Wars, en faveur de l’éclatement de la république sans savoir qu’il profite à un empire totalitaire et que des jours noirs sont à suivre. Dans tout ces récits, si noirs soient-ils, une résistance s’organise, une figure héroïque hors système, hors des normes fixée par ce monde qu’il s’agit désormais de combattre, une organisation souterraine oeuvrant dans le secret. La Grèce incarnait pourtant déjà cette fronde avec Alexander Tsipras, premier leader à affirmer une opposition étatique face à la dictature de la finance européenne. Malheureusement la résistance d’état semble être un combat perdu d’avance, le véritable bras de fer que dispute Tsipras avec ses créanciers n’aboutit qu’à une austérité toujours plus lourde pour le peuple grec. La résilience ne serait elle donc possible qu’à l’échelle locale, qu’à l’échelle de la ville ? Qu’en est-il de Volos ?

< Production personnelle

Un tissu d’initiatives citoyennes et activistes Volos la résiliente bien qu’affichant un triste visage, ne s’est jamais laissée abattre. Et derrière ces façades entamées, les gens se regroupent, s’organisent en initiatives, résistent à leur échelle et avec leurs moyens.

Créée en 2009 entre autre par Yannis Grigoriou, le TEM «Topiki Enallaktiki Monada», est une monnaie alternative qui favorise le développement du troc et l’esprit communautaire dans une volonté de tourner le dos à l’Euro, symbole d’un système qui a ruiné le peuple grec. La monnaie fonctionne comme un réseau de biens et de services qui sont répertoriés en ligne et qui ont une valeur exprimée en TEM (avec 1 € =1 TEM). Les adhérents au réseau vendent et achètent ces services et produits en échangeant des TEM. L’ensemble des échanges se fait de manière dématérialisée. Le nombre de participants était de 50 en 2010, de 800 en 2012, on peut l’estimer aujourd’hui à plus de 3000. Les utilisateurs du TEM se rassemblent lors de marchés dédiés à cette devise, mais profite aussi de nombreux commerces qui acceptent cette monnaie en complément de l’euro. Première monnaie alternative à être apparue en Grèce après la crise de 2008, elle est une des rares à avoir perduré et à s’être renforcée au fil des années. 7

< Production personnelle

Créé en septembre 2016, le projet Tavli, nom grec du Backgammon, se penche sur la communication entre les différentes communautés de la ville de Volos : immigrants, habitants locaux, nouveaux arrivants, natifs ou gens de passages… Volos est confrontée comme nombre de villes grecques à l’arrivée de migrants, réfugiés de guerre ou politiques, Tavli propose de transcender les barrières du langage et de générer de la communication par le non verbal. L’association propose des activités ludiques pour faire partager une expérience commune à des populations ne partageant pas le même langage.

Chóros Kinimáton – Stéki Metanastón : « ( La Zone Mouvement - La Place du Migrant ) est un projet d’auto-organisation politique, sociale, militant et solidaire créé en 2012. Ils se veulent contre les idées racistes, nationalistes, fascistes, sexistes. (…) Chóros Kinimáton – Stéki Metanastón, plus communément appelé Steki, met la collectivité et la solidarité au service des besoins quotidiens en rejetant le modèle d’organisation hiérarchisé. Ils refusent l’attribution d’une étiquette politique et préfixe l’indépendance politique. Auto-organisés, ils prônent une démocratie directe dans la décision de ses actions. Par son modèle de fonctionnement Steki tente de donner l’exemple d’une autre forme d’organisation, tant dans ses rela-

Banksy

tions internes que dans ses initiatives sociales et politiques en solidarité avec les immigrants et les réfugiés. Le collectif est une dénonciation claire des structures étatiques, économiques et politiques qui promeuvent la misère sociale dans la barbarie capitaliste contemporaine. » Telle est la raison d’être de Stéki décrite sur la page Facebook éponyme… Steki offre un centre d’accueil pour les migrants et les plus démunis. Des cours de langues leurs sont aussi proposés ainsi qu’une information sur leurs droits civiques. Par ailleurs l’association organise des projections de films, présentations de livres, cuisine collective, et autres activités de solidarité.

À Volos les Thiasótes tis Dysnomías, Défenseurs de la Dysnomie, déesse de l’anarchie, ont leur propre quartier général : le Diskordia Squat. À plus grande échelle, le mouvement anarchiste constitue une véritable part de l’identité grecque. Apparu dans les années 1860 à l’échelle européenne, le mouvement anarchiste grec s’illustre par des actions violentes notamment dans les années 70 en compagnie des étudiants contre la dictature des colonels puis pendant les violentes émeutes de 2008 après le meurtre d’un adolescent de 15 ans par la police grecque. À Athènes, c’est tout un quartier nommé Exarcheia qui est depuis les années 70 le véritable fief du mouvement anarchiste. La police ne se risque à entrer dans cette zone quasi au-

tonome qu’en dernier recours, elle demeure seulement aux abords de celle ci, fusils automatiques à la main. Concernant les squats, la Grèce en connait une longue tradition, anarchistes pour la plupart, les plus vieux étant Villa Amalias et Lelas Karagianni actifs depuis 1990 à Athènes. On peut en trouver à Chania, Volos, Héraklion, Ioannina et Mitilini. La plupart de ces squats ont pris place dans des bâtiments appartenant aux universités, ils sont indépendants en énergie et en nourriture. À Volos on citera les squats anarchistes tels que Diskordia Squat, Termita Squat, Matsaggou Squat dont les télégrammes qui circulent sur les sites comme Contra Info donnent le ton :

Télégramme diffusé par Termita Squat

Volos, catalyseur européen

Se pourrait-il donc que Volos dans sa posture de ville résiliente face aux crises de l’histoire moderne soit la figure d’un nouveau modèle de gouvernance. on voit déjà apparaître la notion de « Ville Sanctuaire » aux États Unis depuis 2012. Certaines villes comme Détroit, San Francisco ou encore Los Angeles s’affranchissent du pouvoir fédéral pour mener une politique locale en particulier sur l’accueil des migrants. En effet à Volos une force collective et autonome est déjà incarnée par les initiatives citoyennes locales, marchés alternatifs, groupes anti fascistes, associations s’occupant de migrants. Volos est l’échantillon témoin d’un monde en crise généralisée, cristallisant les peurs mais aussi les espoirs de ce monde en danger. Elle peut constituer le prisme par lequel ces initiatives citoyennes de lutte contre la pauvreté, les inégalités et le repli sur soi, peuvent être mises en relation : Podemos en Espagne, les Ruin Pubs autonomes de Budapest, le Chiemgauer en Bavière, la prise de position indépendante quant à la politique migratoire à Saint Etienne, Le Bristol Pound en Grande Bretagne, etc… Volos pourrait devenir l’épicentre d’un réseau de résistance citoyenne à l’échelle urbaine. Un retour à l’idée de la démocratie des cités antiques. Le centre d’un réseau de gouvernance urbaine affranchie du pouvoir étatique.

Kolionovo

Bristol

Bavière Saint Etienne

Bratislava

Budapest

Barcelone

VOLOS

Production personnelle

II. L’éveil

de la force

collective

Dans l’Histoire, dans les histoires, récits d’anticipation, utopies ou dystopies, la notion de résistance est toujours claire : face à un pouvoir établi corrompu, clairement défini comme le mal, une résistance oeuvre dans l’ombre pour le bien. Cette lutte s’opère majoritairement dans un contexte où une communauté, un peuple, un état, s’en est remis à une autorité prônant la sécurité au prix de la liberté, usant de la diffusion d’une pensée unique pour mieux uniformiser la société et endormir tout acte de résistance. La réalité n’est pas toujours aussi manichéenne, néanmoins le phénomène de mondialisation tend à vouloir lisser nos sociétés modernes pour en faire un modèle unique. Il est par conséquent logique d’entendre de plus en plus de voix dissonantes s’organisant et diffusant leurs messages à travers de nouveaux moyens d’expression. Si ces phénomènes ne sont pas nouveaux, ils ressurgissent régulièrement quand des changements sociétaux allant à l’encontre de la liberté des individus s’opèrent. De formes diverses et variées, ces formes d’actions peuvent tout aussi bien se développer à l’échelle d’une ville que par la simple volonté d’un individu. À travers les pages qui vont suivrent, nous tenterons de mettre en lumière certains de ces modes d’actions, qui ont empreints l’ensemble de la pensée développée autour du projet.

Vers des centres urbains autonomes Depuis la fin des années 80 il est admis que nous traversons une triple crise d’ordre économique, énergétique et environnementale qui se poursuit de manière intermittente, renaissant à chaque fois de ses cendres et s’amplifiant à chaque cycle. Les centres urbains concentrent les activités financières et représentent les trois quarts de la facture énergétique mondiale. De plus, 50% de la population mondiale vit aujourd’hui dans un environnement urbain, ce chiffre atteindra 75% en 2050. La gestion du capital financier et environnemental est donc crucial à l’échelle urbaine. La Charte D’Aalborg rédigée en 1994 dans la ville éponyme du Danemark pose la première pierre d’une nouvelle conception de la gouvernance à l’échelle urbaine pour les villes européennes, une déclaration en 14 points mettant l’accent sur la durabilité des organes urbains (transports, économie, environnement) et l’importance de la participations citoyenne aux enjeux locaux. Dans la lignée de changement de paradigme décisionnel urbain, on voit apparaître aussi le phénomène des Transition Towns qui font le choix de la résilience, de la décroissance, le refus d’une expansion infinie faisant fit des ressources finies. La première d’entre elles est la petite ville Totnes en Angleterre qui se penche en 2005 sur une vrai tentative de réalisation de ville en transition. En 2008 une monnaie alternative à la monnaie nationale est créée le « Totnes Pound ». Suivront des villes comme Bristol en 2009 avec le Bristol Pound, Volos avec le TEM, Toulouse avec la « Sol Violette ». En 2013 on recensait plus de 100 monnaies locales à travers l’Europe.

< Production personnelle

Nous parlions d’une triple crise - économique, énergétique et environnementale - mais depuis 2010, nous l’avons vu, un facteur migratoire intervient. Encore une fois, face à un nouveau facteur critique, les villes affirment une indépendance de la gouvernance étatique. En effet depuis 2012 on observe le phénomène de « Sanctuary City » aux États Unis et au Canada. Le système fédéral des deux états nord américain permet aux villes la « désobéissance » à la politique migratoire de l’état. Une vingtaine de ville américaine comme Los Angeles, San Francisco ou encore San Diego appliquent une politique d’accueil des migrants différente de celle dictée par les lois fédérales. En Europe on observe aussi une insubordination des villes face à l’état comme à Barcelone avec la création de la Plateforme d’aide aux victimes du crédit hypothécaire par la mairesse Ada Colau. On observe donc d’une manière générale une volonté de la part des villes de relocalisation de la gouvernance, une insubordination, un rejet du pouvoir étatique pour apporter des réponses rapides et précises à travers une gouvernance plus locale.

Autonomie et indépendance La résistance c’est d’abord être autonome, en terme d’énergie et en terme de nourriture, l’autonomie génère l’indépendance, l’indépendance permet la résistance. En étant autonome il s’agit aussi de comprendre la notion de suffisance, d’aborder une nouvelle façon de consommer, comprendre ses besoins, prendre soin de la terre pour une autonomie pérenne. On retrouve ici les idées prônées par un grand résistant de notre temps, Pierre Rabhi. Ses idées sont relayées et appliquées par des mouvements tels que les Colibris ou encore Terre et Humanisme. De plus en plus de groupes se forment pour obtenir cette autonomie et indépendance, énergétique et nutritive, à l’image du documentaire «Demain» qui propose un tour du monde de ces initiatives pour les mettre en lumière dans l’espoir d’en initier de nouvelles. Ces groupes de personnes, malgré la volonté parfois totale d’une indépendance face au système qu’elles combattent sont pourtant parfois obligé de s’y plier : d’un point de vu financier, ou encore à travers l’utilisation des énergies fossiles largement implantées dans nos sociétés modernes. Cependant les modèles connus jusqu’ici évoluent à l’image de ces nouveaux établissement bancaires tels que «Le Crédit Coopératif» ou «La Nef», en France, qui s’engage dans une économie sociale et solidaire en finançant ces dites initiatives.

17 Production personnelle >

tiers-lieux

: une nouvelle façon de travailler

On parle depuis 20 ans de l’entreprise libérée, de structuration participative, innovante au coeur de l’organisation du travail. Cette innovation s’est renforcée et popularisée depuis quelques années, non pas dans les entreprises mais au sein de tiers-lieux, c’est à dire de lieux autogérés, indépendants, organisés autour de pratiques «amateurs» expertes.

design des libertariens, des «start-uper» mais aussi des punks à chiens, des anarchistes.

C’est le sociologiste Ray OldenBurg qui emploie pour la première fois dans les années 1990 le mot «Third place » ou « Tiers lieux ». Ces lieux n’étant ni « la maison » ni « le travail », ils constituent des lieux de rassemblement, de discussion, de production, d’engagement, qualifiés comme «nécessaire» selon lui à une société civile engagée, démocratique et saine. Nous connaissons mieux ces tiers lieux sous le terme d’espace de Co-Working, Fab Lab, Maker Space, Culture Maker ou encore Hacker Space. Ces espaces d’un genre « nouveau » se démocratisent aujourd’hui et redéfinissent la notion de travail, de partage de savoir-faire et d’apprentissage.

Enfin l’idée majeure du tiers-lieu est que dans chaque quartier il existe un lieu de travail pour tous, ouvert, sans patron et sans salaire, un lieu où on ne parle pas d’emploi, mais de travail, où l’on obtient ce statut désiré socialement de travailleur, comme un revenu universel.

Ils sont l’hybridation des marges technologiques et des marges sociales, là où s’inventent sans cesse des organisations du collectif, soit des nouvelles organisations du travail.

Le tiers lieu est probablement le plus important projet politique concernant le travail depuis celui du plein emploi du XXe siècle. C’est un projet porté par des individus, des citoyens en contre-proposition au travail capté par le marché du travail.

Les modèles développés dans les lieux d’apprentissages classiques sont percutés par l’invention des collectifs ; les ressources mises en commun deviennent des capitaux libres de droits et remettent en cause la sacro-sainte notion de propriété. Les tiers-lieux sont des promesses auxquelles travaillent des individus, aventuriers d’une nouvelle forme de partage. Ils sont les enfants de Linux, du logiciel libre, de l’open source mais aussi des écoles de

< image internet

Internet, un forum mondial Depuis l’ère d’internet, une autre forme de résistance est née. La place publique physique a laissé place au forum virtuel, un lieu informel qui permet à chacun de s’exprimer. De fait le cyber espace est devenu un espace de résistance, des anonymous piratant les comptes twitter de membres de Daech, à Wikileaks de Julian Assange dévoilant les crimes de guerre de l’armée américaine, jusqu’à Pirate Bay se battant pour un partage gratuit de la culture, sans oublier le bitcoin, véritable devise d’une économie parallèle virtuelle. Néanmoins des personnages comme Edward Snowden en révélant les activités illégales, voir immorale, d’espionnage par la CIA et la NSA de différents individus et personnalités grâce à la création d’un immense système de surveillance mondial, ont mis en lumière le côté obscur d’internet : la monétisation des données personnelles faisant les utilisateurs d’internet deviennent de simples et purs produits marketing. En effet toutes nos actions en ligne sont stockées dans ce que l’on appelle le Big Data puis analysées pour créer des courbes de tendances, ces informations sont ensuite revendues car elle constituent des informations cruciales pour les différents acteurs du marché. Aujourd’hui on voit timidement émerger de nouveaux prestataires de stockages de données indépendants (TelecityGroup, Ikoula...), qui s’engagent à crypter et sécuriser les données qu’ils stockent. De cette manière seul l’utilisateur a la possibilité d’accéder à la version décryptée de ses documents. 21 Production personnelle >

Stratégie programmatique

ENGAGEMENT ENGAGEMENT CITOYEN CITOYEN

Vie Courante Vie Courante

Echange Echange Production Production Diffusion Connaissance Connaissance Diffusion

Decision Decision

CANTINE CANTINE

ActionAction

INITIATIVE INITIATIVE SOLIDAIRE SOLIDAIRE CONFERENCE CONFERENCE

AUBERGE AUBERGE

MARCHE MARCHE ASSOCIATIF ASSOCIATIF

AGORAAGORA

BIBLIOTHEQUE BIBLIOTHEQUE

CULTURE CULTURE ALTERNATIVE ALTERNATIVE

ASSEMBLEE ASSEMBLEE

OPEN LAB OPEN LAB SQUATSQUAT

HACKER HACKER SPACESPACE

ENERGIE ENERGIE

Production personnelle

RAVE RAVE PARTY PARTY

PROJECTION PROJECTION CINEMA CINEMA ENGAGE ENGAGE

INITIATIVE INITIATIVE ACTIVISTE ACTIVISTE

CULTURE CULTURE SOUTERRAINE SOUTERRAINE

ENGAGEMENT MILITANT ENGAGEMENT MILITANT

Decompression Decompression

DATA CENTER DATA CENTER

Face à ces nouvelles manières d’agir individuellement ou en groupe, il nous paraît indispensable d’établir un inventaire des programmes nécessitant une part d’engagement de ses usagers, de l’engagement citoyen (toléré et légal) à l’engagement militant (flirtant avec l’illégalité).

Ces différents espaces programmatiques prendraient place dans le projet, certains de manières planifiées, d’autres pouvant apparaître de façon spontanée. Cette non planification de certains programmes peut ammener à la mutation ou la fusion de certains d’entre eux. L’inventaire se présentant comme un éventail des possibles plutôt qu’une marche à suivre.

III. La revanche

du site

Dans Volos, désormais le berceau de cette résistance, il convient donc de trouver le site stratégique pour implanter de manière durable les fondations de ces mouvements, son centre névralgique mettant en lien les actions et initiatives locales et à plus grande échelle, qu’elles s’y rassemblent pour mieux se diffuser. La membrane d’une nouvelle cellule, la surface d’échange entre Volos et l’Europe, un lieu pour une interface stratégique

Un site central entre deux eaux Site de projet

Arrivée principale

Entrée officielle de Volos Quartier commercial

Zone construite

Quartier historique enclavé Zone d’activité du port commercial

06 12 :

Bâtiment administratif

06 12 :

Etablissement scolaire

Bâtiment commercial

Bâtiment touristique

Bâtiment culturel

Terminaux transports 30 min. Production personnelle

Ferrys en direction d’Alonnisos / Skiathos

A proximité des institutions L’étude de la ville nous montre un point central inexploité, un non lieu entre le quartier historique de Volos et son quartier moderne et touristique en front de mer. Un point de convergence des différent flux, humains, terrestres et maritimes, qui marque physiquement la fin de la balade du front de mer tant appréciée par la population locale et touristique de Volos. Un lieu, bien qu’inexploité, hautement symbolique puisqu’il constitue l’ancienne interface terre mer, le centre névralgique de l’apogée industrielle de Volos, le lien brisé entre le port et la gare, l’interface d’échange de marchandises. Le pavement conserve encore l’ancien tracé de la voie de chemin de fer qui permettait l’acheminement des marchandises arrivant en bateaux jusqu’aux plaines de Thessalie.

Un lieu délaissé, boudé par la population voliote...

Aujourd’hui le site est coincé entre un port industriel au ralenti et un parc public déserté dans lequel le théâtre de la ville a fermé ses portes. Correspondant à la porte d’entrée officielle de la ville, la zone s’est développée au fil du temps autour des institutions. La mairie y a été implantée ainsi que la douane maritime. D’anciennes halles industrielle ont été rachetées par l’université pour en faire un lieu d’exposition temporaire. Le seul évènement venant activer le lieu correspond au retour des bateaux de pêches qui chaque matin vendent leurs prises à la population et aux restaurateurs. Photo personnelle

Grand oublié du développement de la ville le site occupe une position extrêmement stratégique.

...pourtant en bord de mer et point d’ancrage des navires de pêche.

Gare ferroviaire Douane maritime Halles industrielles Arcades marchandes Ateliers Accastillage

Syndicat des pêcheurs

Théâtre fermé

Port de pêche

Mairie

volosmagnisia.wordpress.com

Photo personnelle

Résultant de l’expansion sur la mer Rivage naturel

Première phase d’expansion en 1890, naissance du site

Le littoral de Volos n’a cessé d’évoluer à mesure que la ville grandissait. Les premiers chantiers pour gagner du terrain sur la mer débutèrent à la fin du 19ème siècle. D’une part pour répondre à la nécessité de posséder des infrastructures propices au commerce maritime, et d’autre part pour établir les institutions et entreprises moteurs pour la ville en front de mer. Une deuxième vague d’extension débutera dans les années 1960 pour répondre, au niveau industriel, plus rapidement aux phénomènes de mondialisation et à une capacité toujours plus grande des navires de marchandises. Au niveau du centre ville, l’extension donne lieu à la création d’un parc et à l’extension du port de plaisance.

Le sol de ces avancées sur mer est constitué de remblai mélangeant terre et caillasse, les digues quand à elles sont constituées d’épais blocs de béton, isolant le remblai du contact direct avec l’eau. Meuble, le sol est cependant suffisamment compacté pour supporter la construction de différents types d’infrastructures. De plus le littoral de Volos est relativement peu profond, les zones portuaires dédiées à l’amarrage des bateaux de pêcheurs et de plaisanciers présentent une profondeur variant de 2 à 3 m.

Deuxième phase d’expansion en 1960, agrandissement du port industriel et du centre ville

Production personnelle

volosmagnisia.wordpress.com

IV. Un nouvel

espoir

Le projet « Nouvel Espoir » consiste d’une part au rassemblement et à l’ organisation des différentes initiatives locales existantes et d’autre part en un possible établissement de nouvelles initiatives pour finalement aboutir à un lieu représentatif de l’auto suffisance et de la gouvernance urbaine sur les plans économiques, environnementaux, sociaux et politiques. Allant du simple engagement citoyen à l’engagement plus militant, la formalisation du projet s’étend sur une temporalité longue tenant compte du temps de construction, d’appropriation mais aussi du changement des consciences et du temps d’établissement d’un nouveau modèle de gouvernance locale. Nous distinguerons quatre phases chacune étant à la fois autonome mais aussi permissive de la suivante selon un processus d’évolution par définition incrémental, c’est à dire sans bouleverser ce qui a été établi au fur et à mesure.

Temps 1

Impulser

Le temps de la phase 1 est contemporain. Il s’agit ici d’intervenir de manière essentielle, donner le point de départ de cette résistance urbaine. La mairie, l’université, les associations et la population s’unissent en une communauté combinant maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’oeuvre et main d’oeuvre. Le projet est participatif à tous les niveaux: conception, financement et mise en oeuvre. Les halles industrielles, propriété de l’Université de Thessalie, offrent un lieu d’occupation informel et temporaire accueillant des containers du port qui seront investis pour des usages de première nécessité : administration, logements, sanitaires, stockage… Le reste du site est mis à disposition par la mairie pour l’aménagement d’une place publique qui sera la première graine, la première impulsion d’une démarche à long terme. Un lieu par définition pour la démocratie, propice à l’expression de la vox populi, lieu essentiel du rassemblement, de la manifestation, de la contestation.

ABRIS ABRIS REFUGE REFUGE COQUE COQUE 35

Aride et vaste, l’espace public se caractérise par une agora sous le niveau du sol, centrale, reprenant l’archétype de l’amphithéâtre grec, symbole de la sagesse des anciens. De forme ronde elle évoque l’unité, l’égalité, simple et radicale. Elle comprend un hémicycle de marches, une scène cernée d’un mur de coulisses derrière lequel deux cavités sont laissées à nue, laissant une impression d’inachevée. Une dalle de béton vient habiller une partie de l’espace public selon un plan préétabli pour une intervention future. Certaines zones sont laissées en friches. Face aux halles l’espace public offre une vaste esplanade sur laquelle peut se tenir un marché qui conviendra parfaitement aux pêcheurs à proximité pour vendre leurs poissons ou encore aux marchés associatifs de Volos.

FORUM FORUM AGORA AGORA 36

Le temps de l’appropriation Occup atio nt

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ém

ère

Cette première phase constitue un espace libre d’appropriation et propice à l’expression des initiatives citoyennes fait par les citoyens, pour les citoyens.

Temps 2

Le temps de la phase 2 est plus étalé et se caractérise par un processus de construction à mesure que la force du « Nouvel Espoir » grandit. La résistance croît en souterrain, depuis l’agora. Les deux cavités laissées inachevées auparavant deviennent les points de départ de tunnels suivant le tracé perceptible de la dalle supérieure qui joue désormais le rôle de toit.

Produire

Ce deuxième temps répond au besoin d’autonomie et d’indépendance indispensable au mouvement. Les espaces ainsi dégagés en sous sol seront dédiés à la production : production d’énergie, mais aussi de ressources, en tirant parti de tous les avantages du lieu. Au delà du symbole et de la notion de camouflage face à l’état, l’acte d’implanter ces espaces en souterrain relève aussi d’une nécessité d’enfouissement au service des différents programmes La production de richesse de ces différents lieux a pour objectif principal l’autonomie financière et énergétique des initiateurs du projet, un apport constant et régulier d’argent permettant à terme la pérennisation des installations temporaires déployées jusqu’à présent dans les halles.

ABRIS ABRIS REFUGE REFUGE COQUE COQUE 43

FORUM FORUM AGORA AGORA RÉSEAU RÉSEAU

SOUTERRAIN SOUTERRAIN

PRODUCTION PRODUCTION FOURMILIÈRE FOURMILIÈRE

GALERIE GALERIE 44

Phasage des excavations Les souterrains étant creusés puis consolidés de manière progressive certains espaces seront prioritaires par rapport à d’autres. Les excavations suivent le plan pré-établi par la dalle de béton coulée sur site en phase 1. La priorité est donc se fournir en énergie, première nécessité pour parler d’indépendance : une centrale hydrolienne utilisera l’énergie cinétique du clapotis de l’eau et une centrale éolienne captera l’énergie du vent en surface grâce à des éoliennes oscillantes pour fournir en énergie le complexe souterrain. Vient ensuite l’espace d’agriculture, le système électrique et calorifique permettant l’installation d’infrastructures hydroponiques. Cet espace de culture souterraine permettra une indépendance alimentaire pour les associations présentes sur site, par ailleurs la création de champignonnières peut aussi fournir une manne financière, la vente de champignons comme le shiitake étant très lucrative. Sont ensuite installés des espaces dédiés à des serveurs pour le stockage de données : un data center permettant une indépendance numérique et une protection des données informatiques relatives aux activités associatives et personnelles. Aussi l’espace de stockage informatique disponible peut être loué, créant ainsi une nouvelle source de revenu.

SERVEUR

AGORA

CENTRALE HYDROLIENNE

SERVEURS

ACTIVISME

REFUGE

HYDROPONIE

HACKER SPACE

CULTURE ALTERNATIVE

Ces trois moteurs que sont l’énergie, la culture souterraine et le data center permettront grâce à leurs productions diverses de faire vivre et d’accompagner le développement des initiatives en surface.

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Priorité à la centrale hydrolienne

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Développement des cultures souterraines

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Début des excavations

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L’agora comme point de départ

Processus de construction

Les excavations des galeries débutent depuis l’agora.

L’installation des treillis se termine alors que la dalle supérieure de l’espace public est découpée pour accueillir les futurs dispositifs d’ouvertures.

En surface des talus sont créés grâce aux débris excavés, y sont plantés une sélection d’espèces endémiques du maquis méditerranéen.

Du béton est projeté sur les treillis pour isoler du sol et permettre l’appropriation des lieux.

Les excavations se poursuivent, un treillis soudé est mis en place sur les quatre faces intérieures des souterrains pour éviter les risques d’effondrement latéraux.

Après le séchage du béton les espaces souterrains sont investis et les différents dispositifs d’ouvertures sont mis en place, créant un dialogue avec l’espace public.

L’espace public comme nouvelle surface d’échange Bou ch

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Construire l’essentiel Constructivement la mise en place des souterrains se veut à la portée de tous. La dalle de béton coulée dans la première phase du projet et qui sert dans ce second temps de toit aux espaces souterrains est largement surdimenssionée de façon à s’affranchir des éléments classiques de construction tels que l’isolant et l’étanchéité, résolvant par son épaisseur l’ensemble des problématiques liées aux infiltrations.

Le treillis métallique de soutènement joue ici le rôle d’armature du béton projeté et une couche d’étanchéité peu néanmoins être ajouter en amont du treillis dans le cas où le sol serait trop humide. La partie supérieure du treillis, en sous face de la dalle de toiture n’est quand à elle pas coulée et agit comme un faux plafond pour faire passer l’ensemble des réseaux et gaines techniques dans les souterrains. Coffrage perdu

Gaines techniques

Béton de propreté ep.80mm Lit de pierres concassées 100mm

Drain Ø 200mm

Dalle béton sablé, agrégat calcaire ep.300mm Treillis soudé Ø 20mm

Dalle béton sablé, agrégat calcaire ep.500mm

Prévention des remontées capillaires

Le Hacker Space, seul espace de vie souterrain, se présente comme un espace brut, le confort étant réduit à son strict minimum.

Chéneau zinc Ø 150mm

Cuve de stockage des eaux pluviales

Ventilateur aspirant relié au réseau de ventilation Air ambiant extérieur capté

Caisson VMC simple flux

Conduit souple calorifuge Ø 200 mm pare vapeur pvc/laine de verre 25 mm

Ventilateur aspirant relié au réseau de ventilation

Air chaud capté et distribué dans les halles

Brumisateur

Gestion de l’humidité des cultures

Se servir des éléments naturels Pour accompagner la production des souterrains une série de dispositifs est réparti sur le site.

- La chaufferie et le data center quand à eux assurent la ventilation et le chauffage des espaces souterrains et des halls.

- Des impluviums, situés au dessus des espaces de cultures récupèrent les eaux pluviales et les redirigent dans un réseau de chéneaux. L’eau est ensuite redistribuée entre des brumisateurs qui gèrent le taux d’humidité des cultures, ou bien stockée pour un arrosage plus spécifique des plantes cultivées.

Par un processus de free cooling l’air frais extérieur est capté par une série de ventilateurs aspirant puis envoyé dans la salle des serveurs pour maintenir une température stable. La chaleur dégagée par le fonctionnement des serveurs est à son tour captée par le même processus puis redirigée dans les halles pour chauffer les installations qui y prennent place.

- Des éoliennes oscillantes sont installées à proximité de l’eau pour en capter le vent marin. Reliées directement à des transformateurs et au réseau électrique en souterrain, leur particularité est de pouvoir produire de l’électricité même par faible vent.

- Enfin quatre bouches de ventilation sont disposées aux extrémités du projet, elles permettent une ventilation naturelle et rapide de l’ensemble des souterrains en cas de besoin et marquent le site de leur empreinte pour une évolution future...

Revêtement étanchéité ep.5mm

Ventilateur aspirant relié au réseau de ventilation Air ambiant extérieur capté

Ventilateur aspirant relié au réseau de ventilation

Air chaud capté et distribué dans les halles

Plaque d’acier corten ep.5mm

Plié/soudé

Chéneau zinc Ø 150mm

Cuve de stockage des eaux pluviales

Caisson VMC simple flux

Conduit souple calorifuge Ø 200 mm pare vapeur pvc/laine de verre 25 mm

Brumisateur

Gestion de l’humidité des cultures

Un paysage caractéristique Le traitement paysager du projet s’organise dans les talus créés suite aux excavations.

Lavandes sauvages, Cistes et Immortels d’italie sont disséminés pour apporter odeurs et couleurs au lieu.

Une végétation composée des espèces endémiques du maquis méditerranéen y est semée et se développe librement par l’évitement, au maximum, de l’intervention humaine dans son développement.

Des oliviers sont ajoutés à cette végétation pour créer des zones ombragées en bordure de talus lorsqu’ils se seront développés. Olea europaea

Erica Arborea

Les chênes kermes, la bruyère blanche, les filaires à feuilles étroites, par leur feuillage persistant garnissent les talus durant les périodes de non floraison.

Lavandula Helychrysum italicum

Euphorbia dendroides Euphorbia characias Cistus creticus

Quercus coccifera

Pouvant s’inscrire dans la dynamique de production qui caractérise ce deuxième temps du projet, les talus peuvent aussi accueillir certaines espèces plus spécifiques possédant des vertus curatives, ou servir à la fabrication de certaines huiles essentielles.

Phillyrea angustifolia

Les impluviums font lien entre le dessus et le dessous, une fonction souterraine permet un usage en surface.

Le temps est passé... Nous nous projetons dans un scénario non figé où Volos assume cette figure de gouvernance urbaine affranchie de la dépendance étatique. Le mouvement « Nouvel espoir » s’est consolidé et enrichi. L’heure n’est plus au camouflage mais à l’affirmation. L’activité du sous sol émerge, le souterrain devient la fondation d’une évolution verticale du projet. Les espaces programmatiques bourgeonnent et se développent en surface sous la forme de tours, d’antennes, des extensions pour les programmes initiaux qui rayonnent par leur fonction à l’échelle de la ville et non plus seulement à l’échelle du site.

Temps 3

S’affirmer

FOURMILIÈRE FOURMILIÈRE

GERME

PRODUCTION PRODUCTION

GERME ÉMERGENCE

RÉSEAU RÉSEAU

SOUTERRAIN SOUTERRAIN

ÉMERGENCE

FORUM FORUM AGORA AGORA

ANTENNE

VIGIE

VIGIE PERISCOPE

PERISCOPE

ABRIS ABRIS REFUGE REFUGE COQUE COQUE

Cette évolution verticale est rendue possible par les bouches de ventilation attenantes aux espaces programmatiques initiaux et qui deviennent donc les supports des extensions sans perturber l’organisation spatiale initiale de l’ensemble. du projet, en sous sol, comme en surface. : un processus incrémentale.

GALERIE GALERIE 66

Processus de construction

Les bouches d’aération sont le futur emplacement d’extensions verticales.

Au droit des bouches de ventilation le sol est foré jusqu’à atteindre un sol dur et résistant.

Un ferraillage est introduit dans les trous forés pour constituer des pieux de fondations. 67

Les pieux de fondations sont coulés et se prolongent par des ferraillages coffrés jusque sur l’espace public à travers les bouches de respiration

Les poteaux, ainsi qu’une colonne de circulation sont ensuite coulés.

Le processus se répète au dessus de l’espace public jusqu’à obtention de la hauteur désirée. 68

Ces extensions verticales se développent donc autour de quatre piliers et une colonne centrale. Elles forment les tuteurs, les squelettes de structures pouvant se développer autour de ceux ci. Tout comme dans le temps 2 du projet, les antennes se développent de manière progressive et créent un paysage urbain qui évolue à mesure que les extensions verticales poussent. Nous positionnant uniquement sur le dispositif constructif, en élaborant une notice du «comment faire», un ensemble non exhaustif d’hypothèses d’appropriation est imaginé : allant de la serre urbaine aux logements, des tours énergétiques aux belvédères urbains, ...

Hypothèses d’extension Néanmoins 4 hypothèses nous paraissent logique au regard des programmes établis en phase 2. - La recherche d’une autonomie du point de vue des ressources amène à la création d’une serre urbaine qui vient enrichir la production alimentaire des espaces hydroponiques et peut fournir une ressource locale plus importante de nourriture pour la ville.

Serre urbaine

- La numérisation de la ville, le développement du concept de « Smart City » avec une informatisation des données relatives à la mobilité, l’administration, le commerce, nécessite une extension du data center. Nous proposons donc un dispositif de refroidissement naturel s’inspirant de la « tour à vent » de Masdar aux Émirats arabes unis, qui permet l’extension et la gestion calorifique du data center.

Tour à vent / Data Center

- L’énergie verte devant remplacer à terme les énergie fossiles, une tour énergétique alliant solaire et éolien pourrait venir renforcer les dispositifs déjà mis en place dans le projet pour en faire un vrai moteur énergétique et distribuer sa production à la ville et sa population.

Logements

Vigie

- Enfin une vigie se dresse au plus haut, faisant office de signal. A la fois émetteur radio pour diffuser les messages portés par les différents acteurs du projet, mais aussi point de vue sur le projet, sur la ville et sur la mer qui s’étend.

Belvédère / Antenne de communication

Lâ&#x20AC;&#x2122;espace public comme lieu de diffusion Tou r

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Cette sortie des profondeurs marque un changement de visage pour Volos, une skyline modifiée symbole d’un nouveau modèle urbain.

La quatrième et dernière phase constitue l’institutionnalisation de ce nouveau modèle urbain. L’ancien monde des nations a disparu. La politique, la gestion des ressources ne se fait plus qu’à l’échelle urbaine locale. L’économie de marché a laissé place à l’économie de ressources, la loi de l’offre de la demande n’a désormais de sens que dans la gestion des ressources, leurs consommations et leur pérennité. C’est le temps de l’Écocratie.

Temps 4

Rayonner

FOURMILIÈRE FOURMILIÈRE

GERME

PRODUCTION PRODUCTION

GERME ÉMERGENCE

RÉSEAU RÉSEAU

SOUTERRAIN SOUTERRAIN

ÉMERGENCE

FORUM FORUM AGORA AGORA

ANTENNE

Dans cette utopie concrète Volos devient alors une ville européenne parmi d’autre à avoir su s’engager sur la voie de l’autonomie locale, s’inscrivant dans un réseau mondial de villes gouvernantes, portant haut et fort ses convictions humanistes, écologistes, sociales et les diffusant par delà les frontières.

VIGIE

VIGIE PERISCOPE

PERISCOPE

ÉCRIN ÉCRININSTITUTION INSTITUTION

Il n’y a plus d’alternativité ni de notion de résistance, l’esprit auparavant dissident devient institutionnel, Les halles industrielles investies par le passé de manière informelle deviennent le siège du renouveau politique citoyen, gouvernant à l’échelle de la ville. Un geste fort vient caractériser cette institutionnalisation, l’excavation d’un parvis pour les halles auquel l’agora donne accès. L’agora était le point de départ de ce mouvement, elle devient alors porte d’entrée de l’institution.

C’est un retour à la démocratie citoyenne directe et locale qui s’opère, rappelant ce que furent les premières cités antiques grecques.

GALERIE GALERIE 80

Les halles et leur nouveau parvis, l’institution symbole du nouveau modèle politique qui se diffuse à l’échelle européenne, L’Écocratie.

Conclusion

Après le récit de ce projet quelque peu manifeste, de cette utopie concrète, il s’agit de prendre un peu de recul. Nous avons voulu à travers ce projet répondre à un contexte local politique, économique, social et environnemental critique en tenant compte des initiatives présentes sur place et de celles qui se développent à travers le monde. Nous nous sommes inspirés des fictions cinématographiques et littéraires qui imaginent la fin de notre monde en essayant de les combiner avec des idées de solutions prônées par des documentaires comme « Demain » de Mélanie Laurent , « Zeitgeist Moving Forward » de Peter Joseph, architectes, urbanistes, agriculteurs, travailleurs sociaux, ou tout autres citoyens qui essayent de faire leur part pour améliorer ce monde que nous voyons tous courir à la catastrophe. Nos convictions personnelles nous ont guidé tout au long du processus du projet. En imaginant ce monde de demain nous nous sommes posés toutes les questions et confrontés aux problèmes auxquelles notre futur métier d’architecte devra répondre, dans ce monde en constante évolution.

Le projet, même si il pourrait être construit agit plus comme un mode d’emploi, une logique d’action, soulevant et résolvant tous les problèmes auxquelles il est confronté, questionnant finalement la forme, le rôle et la fonction de l’architecture de demain aux vues des problématiques actuelles. Ce projet n’a pas pour but d’apporter une réponse figée et unique à ces problématiques actuelles : il les questionne, il met le doigt sur une situation mondiale critique réelle et résume en partie les observations, manques et espoirs de deux jeunes étudiants architectes en phase d’entrée dans le monde professionnel. Aujourd’hui la Grèce cristallise bon nombre de ces enjeux politiques, sociaux, économiques. Nous espérons à travers ce projet prenant place à Volos, ajouter notre pierre à l’édifice, bien sur nous fournissons une réponse à un exercice pédagogique, avec une problématique locale et un geste architectural adapté mais il s’agit aussi d’introduire, de relayer et de diffuser de nouvelles approches, réflexions et pratiques du projet dans l’enseignement de l’architecture au sein des ENSA.

Bibliographie Livres et textes AGIER Michelle , Un monde de camps, Edition La Découverte, Paris, 2014

Vidéos/Films

BOUCHAIN Patrick, Construire autrement comment faire ? , Actes Sud, Arles, Octobre 2011

DION Cyril LAURENT Mélanie, Demain, Mars Film, Décembre 2015

GRAVARI-BARBAS Maria, Habiter le patrimoine, Presses Universitaire de Rennes, Rennes, 2005 KARIDIS Dimitris, The contemporary greek city and the urban project, Heraclès General cement company, Athènes, 2000 L’ARCHITECTURE D’AUJOURD’HUI n°413, La ville temporaire, Archipress & Associés, Paris, Juillet 2016 LE NAIRE Olivier, Pierre Rabhi semeur d’espoirs entretiens, Actes Sud, Arles, Avril 2014 PETIT Laurent, La ville sur le divan, (Editions) La contre allée, Octobre 2013 SIVIGNON Michel, L’héritage patrimonial ottoman en Grèce, Rencontres scienti ques en ligne de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon, 2009 TERRIN Jean-Jacques, Le projet du projet concevoir la ville contemporaine, Parenthèses, Marseille, Mai 2014

Travaux Etudiants

EOA, Archives télévisuelles grecque, mamhttp://mam.avarchive.gr/portal/digitalview.jsp?get_ac_id=2914&thid=14243 JOSEPH Peter, Zeitgeist: Moving Forward, 2011 McTEIGUE James, V for vendetta, Warner Bros, Avril 2006 ORHON Jean-Nicolas, Bidonvilles : Architecture de la ville future, Les films Camera Oscura, Montréal, 2015

Web anevo.gr greece.greekreporter.com geodata.gov.gr lemonde.fr libération.fr unhcr.org volosmagnisia.wordpress.com

GAUTHIER Simon, Le réaménagement des friches portuaires dans la recomposition récente de la ville : L’exemple de Volos, ville portuaire grecque, Ecole Polytechnique de l’université de Tours, 2010 PODEPRO, Prospective du port de Volos à l’horizon 2030, Université Montesquieu-Bordeaux, 2010

Remerciements

Nous souhaitons remercier l’ensemble de l’équipe pédagogique qui nous aura suivi, soutenu et poussé dans notre démarche tout au long du semestre : Stéphanie David pour sa pédagogie, son ouverture d’esprit, sa confiance, Cécile Léonardi pour ses conseils précieux et son intérêt infaillible, Fred Guillaud notre directeur d’étude, qui nous aura apporté un soutien constant tout au long de l’année et qui aura su nous coacher et trouver les bons mots dans les moments les plus difficiles. Bien évidemment nous remercions nos familles respectives de nous avoir soutenus tout au long de nos études. Merci à Harris, Kostas et Katarina, nos contacts en Grèce, de nous avoir accueillir et initié à la culture de ce si beau pays. À nos collègues de studios leur camaraderie de qualité, leur humour créatif, à Lola, à nos colocataires de nous avoir supporter, à tout ceux qui ont participé à cette année riche en émotion et qui ont permis l’aboutissement de ce projet.

Directeur d’études : Frédéric Guillaud Responsable Master : Stéphanie David

Les épreuves traversées par la ville de Volos dans son histoire moderne nous dressent le portrait d’une ville résiliente. Dans un monde en crise généralisée, la « Petite Grèce » se présente à nouveau comme un exemple de résilience, une inspiration pour un nouveau modèle sociétal et urbain. A travers une utopie concrète le projet évolue en quatre temps, questionnant et pointant les problématiques d’aujourd’hui et de demain.