Dossier de l'ODS - mars 2013

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Observatoire Des Saisons Le dossier de l’ODS

n° 05 - mars 2013

Edito L’automne 2012, a été globalement doux mais marqué par un temps très agité dans le grand quart nord-ouest de l’Hexagone, avec des pluies diluviennes sur les Pyrénées et dans le Sud-Est, ainsi que des épisodes de vent violent. L’hiver 2012-2013 a été plutôt frais dans la moitié Est mais plutôt doux dans la moitié Ouest, très pluvieux et neigeux (+15% par rapport à la normale) avec un déficit d’ensoleillement (à l’exception du pourtour méditerranéen) jusqu’à 40% dans le Nord-Est. Les prémices du printemps sont là. Les amandiers sont en fleur, jacinthes et jonquilles pointent le bout de leur nez ! Printemps qui s’annonce plutôt dans la norme. Mais c’est vous qui nous le direz ! Photographie : Edith Reuzeau -Tela Botanica -CC BY SA

En quelques chiffres L’ODS met en réseau 2580 observateurs ! Nous avons le plaisir de compter : 27 établissements scolaires et 26 associations membres.

Retrouvez nous également sur notre page facebook qui regroupe plus de 250 personnes.

Dans ce dossier vous irez faire un tour du côté de vos résultats sur les observations de sénescence. Vous irez également explorer les capacités d’adaptation du thym des garrigues au changement climatique. Ensuite, afin de faire connaître les acteurs de votre réseau, vous ferez la connaissance des nouveaux relais, et d’Iñaki Garcia de Cortazar-Atauri, chercheur à l’INRA d’Avignon travaillant sur l’impact du changement climatique. Enfin, vous découvrirez les sublimes photographies lauréates du concours automne 2012 et les nouveautés 2013 vous seront dévoilées. La saison des observations de printemps démarre et nous vous espérons en pleine forme et prêts pour cette saison très dense, en espérant que le soleil sera de retour ! L’équipe de l’ODS

Retrouvez toutes les infos sur www.obs-saisons.fr ou contact@obs-saisons.fr

GDR SIP-GECC 2968


Résultats Observations de senescence : des étapes clés ! Dans l’Observatoire Des Saisons, différents évènements sont observés : la feuillaison, la floraison, la fructification, la sénescence et la première apparition (pour les insectes, les oiseaux et les herbacées). La feuillaison et la floraison qui sont des stades spectaculaires, sont beaucoup plus observés que les évènements de sénescence et de fructification. A travers l’analyse de vos données, nous expliquerons en quoi, le stade de sénescences constitue une étape clé dans la compréhension du cycle phénologique des plantes.

Analyse des données de l’ODS Ce graphique (fig.1) résume le nombre d’observations qu’il y a eu sur un évènement en fonction des années. Une colonne représente un évènement (1er apparition, la feuillaison, la floraison, la fructification et la sénescence). Chaque colonne est découpée en fonction des années selon différentes couleurs. Ce diagramme montre donc que le nombre d‘observations de fructification et de sénescences est très inférieur à celui des trois autres évènements, en particulier la feuillaison et la floraison.

Figure 1 : nombre d’observations effectuées pour chaque évènements en fonction des années.

Seulement 7% des observations concernent les évènements de sénescence

17/12 27/11 07/11 18/10

.......

28/09 31/05 11/05 21/04 01/04 11/03

1880

1900

1920

1940

1960

1980

2000

2020

Figure 2 : la courbe rouge représente les dates (calculées pour des années non bissextiles) de senéscence et la courbe verte représente les date de feuillaison.

Les observations de sénescences représentent pourtant une étape clé dans la compréhension du cycle phénologique de la plante. Ce deuxième graphique (fig. 2) montre l’évolution de la date de feuillaison et la date de sénescence foliaire chez le bouleau depuis 1880 en France jusqu’à aujourd’hui grâce à vos observations ! L’écart entre les deux dates représente la longueur de la période de croissance du bouleau.

Les deux courbes montrent une évolution inverse l’une de l’autre : quand la feuillaison tend à être plus précoce la sénescence tend à être plus tardive. Cela est du au fait que le réchauffement avance la feuillaison mais retarde la sénescence, ce qui est une réponse très adaptative des arbres aux variations de la température puisque cela leur permet d’allonger leur période de croissance et donc de croître davantage. C’est une des raisons pour lesquelles nos forêts sont aujourd’hui plus productives qu’il y a 100 ans ! Observer la sénescence des feuilles est plus difficile que d’observer la floraison ou la feuillaison. Si vous avez besoin de conseils, n’hésitez pas à nous écrire à : contact@obs-saisons.fr ODS - lettre n° 06- mars 2013

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Actualité de la recherche Le thym

Comment s’adapte t-il au changement climatique ? L’équipe de John Thompson, du Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive de Montpellier (CEFE), a montré que, grâce aux six composés chimiques qu’il produit, le thym des garrigues méditerranéennes s’est adapté au changement climatique en quelques dizaines d’années seulement.

Photographie : Daniel Beretz -Tela Botanica -CC BY SA

Une cartographie très précise, établie dans les années 70 dans la région de Montpellier, a répertorié trois types de zones : (i) des zones exclusivement phénoliques, (ii) des zones mixtes où l’on retrouve les essences phénoliques et non phénoliques, et (iii) des zones exclusivement non phénoliques. C’est lors d’une observation de terrain que le biologiste constate que ces zones n’étaient plus les mêmes actuellement : « lors d’une sortie dans le bassin de Saint-Martin de Londres, au nord de Montpellier, il y a quelques années, j’ai clairement senti du thym de type phénolique dans des zones signalées comme non phénoliques ». Pour vérifier cela, une vaste campagne de collecte, effectuée dans 36 stations du bassin en question, a été effectuée.

Le thym présente une grande diversité au niveau des composés chimiques qu’il produit. Pour la seule espèce Thymus vulgaris, le thym des garrigues, on ne compte pas moins de six variétés, caractérisées par six monoterpènes* différents. Ces molécules issues du métabolisme de la plante lui donnent son odeur et produisent les huiles essentielles. « Deux de ces molécules sont dites « phénoliques » et sont associées aux plantes peu résistantes aux gels hivernaux mais bien adaptées aux sols rocailleux et très secs durant l’été, quatre autres sont de type non-phénolique et se retrouvent dans les zones les plus froides l’hiver et sur des sols marneux plus profonds » explique John Thompson.

Qu’est-ce-que les monoterpènes ? Les monoterpènes sont des molécules volatiles, qui appartiennent à la classe des terpènes et sont les plus petites molécules de cette classe, avec un chainon de base constitué de 10 atomes de carbone. Ces substances sont produites par certaines plantes, comme le thym, le romarin, la lavande mais aussi le cyprès et le citrus. Les monoterpènes sont un des nombreux composés que l’on retrouve dans les huiles essentielles. Ils auraient de nombreuses vertus, ils seraient en autres, de très bons antiseptiques et auraient un effet tonique sur les glandes surrénales et aussi sur les parois des vaisseaux.

Résultat des analyses : les thyms phénoliques ont gagné du terrain sur les non phénoliques et sont désormais majoritaires ! « Les relevés de températures de ces quarante dernières années montrent que les extrêmes enregistrés dans les zones les plus froides, jusqu’alors propices aux types non phénoliques, sont moins bas aujourd’hui, à peine - 10 °C, quand on enregistrait des - 20 °C dans les années 50 », explique John Thompson. Le thym de type phénolique, moins résistant aux grands froids, a donc commencé à migrer vers les zones à thyms non phénoliques, sans que la distribution globale de l’espèce ait changé. Cette adaptation s’est donc faite en l’espace de 40 ans, et au sein d’un espace d’à peine quelques dizaines de kilomètres carrés. Reste à comprendre comment cette migration s’est effectuée… Source : John Thompson et al, publié dans PNAS le 18 février 2013. ODS - lettre n° 06- mars 2013

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Sur le terrain L’Observatoire Des Saisons sur le terrain Notre réseau de relais en territoire se renforce, et pour notre plus grand plaisir, nous les avons rencontrés. Le temps d’une journée, les yeux rivés sur les feuillages, nous avons échangé des idées avec des personnes passionnées.

Des nouveaux dans le réseau.... L’Observatoire s’invite au Lycée Martin Luther Mardi 15 janvier nous avons participé à une rencontre/formation organisée par Typhaine Legrand (responsable du PCET pour le Parc Régional de la Narbonnaise), Marie Massé-Deweirder (chargée de mission EEDD au PRNN) et Paul Cabanac de l’association « les amis du parc ». Le 27 octobre, malgré la neige et la pluie, le lancement officiel de l’ODS27 a eu lieu, au sein de l’Arboretum du Domaine d’Harcourt dans le département de l’Eure, notre premier relais Normand ! L’inauguration officielle de l’ODS27 a été réalisée en présence de Gérard Grimault (conseiller général et Maire de Brionne), Catherine Flament (responsable du Domaine d’Harcourt), Jean-Paul Thorez (Directeur adjoint de l’Agence Régionale de l’Environnement de Haute Normandie) et Isabelle Chuine (Directrice du GDR SIP-GECC 2968 et chercheure au CEFE-CNRS). Durant cette journée, nous avons réalisé une sortie de terrain pour les courageux observateurs de l’ODS27. Au cours de cet exercice d’observation, nous avons analysé le stade de sénescence de plusieurs arbres : marronnier d’Inde, noisetier, bouleau et platane. Une journée riche en échange et prometteuse pour l’Observatoire Des Saisons du département de l’Eure. Nous avons également la chance d’accueillir au sein de notre réseau de relais, les CPIE (Centre Permanent d’Initiative pour l’Environnement) du Midi Quercy, du Rouergue et du Haut Languedoc. Grâce à l’implication très forte de ces relais, le réseau se renforce et se dynamise de plus en plus. Nous sommes heureux de les accompagner dans leur travail.

Cette formation concernait 30 élèves de classe de seconde professionnelle nature du lycée agricole Martin Luther King de Narbonne. Nous avons été reçus chaleureusement par l’équipe pédagogique et les élèves. Une journée au cours de laquelle nous avons constaté que certains amandiers étaient déjà en fleurs en plein mois de janvier !

Vous souhaitez devenir un relais de l’ODS, écrivez-nous : contact@obs-saisons.fr ODS - lettre n° 06- mars 2013

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Portrait de l’ODS L’Observatoire des Saisons c’est aussi ... ... des observateurs, des médiateurs, des chercheurs, des professionnels :

Iñaki Garcia de Cortazar-Atauri, Ingénieur de recherche à l’Unité Agroclim de l’Inra d’Avignon, il coordonne le projet Perpheclim depuis 2012

En quoi consiste votre travail ? Mon travail est de développer des outils qui permettent d’étudier l’impact du Changement Climatique sur les productions agricoles. Pour cela notre outil principal est la modélisation. Les modèles que nous générons sont basés sur la phénologie et le fonctionnement de la culture en général à l’échelle de la parcelle.

A quoi servent les observations phénologiques en agronomie ? Pour moi cela sert principalement à voir l’impact du Changement Climatique sur les cultures, mais il y a pleins de domaines différents et dans les problématiques soulevées par le CC selon moi, deux enjeux ressortent : le premier est de gérer la sélection des variétés en fonction des résultats de nos analyses. Le deuxième enjeu, qui est en lien avec le premier, est la gestion des risques sur une culture. En effet, connaitre bien la phénologie des variétés, c’est savoir adapter les choix des variétés que doit faire l’agriculteur en fonction de la situation climatique d’un lieu donné. Les observations phénologiques servent donc en partie à prendre des dispositions dans l’actuel ou dans un futur proche. Par contre, pour la gestion des plantations à plus long terme comme les forêts, les arbres fruitiers ou les vignes, le choix est difficile car les plantations d’aujourd’hui devront être adaptées sur le long terme. Les arbres ou même les vignes choisis, doivent tenir sur les 30 à 40 ans à venir donc il ne faut pas se tromper au moment du choix des espèces et des variétés. Dans la mise en place de ces choix, on fait appel à des projections basées sur l’analyse des observations phénologiques.

Quels sont les défis des phénologistes aujourd’hui? Il y en a deux pour moi, d’une part il y a le côté sociétal, la phénologie est une bonne entrée pour éveiller les gens à leur environnement, car par le biais de celle-ci, ils découvrent ou redécouvrent les saisons à travers les rythmes de la nature. D’autre part, il y a le côté scientifique, qui permet de comprendre comment les plantes vont s’adapter au CC, pour moi cet aspect est très important, car je travaille sous l’angle de l’agriculture et nos travaux définiront nos choix sur les espèces et les variétés que nous allons planter dans le futur.

Quelle est l’observation la plus incroyable que vous ayez faite ? Toutes les observations que j’ai faites je les trouve géniales (au moins pour moi) ! Mais ce qui m’a surtout marqué, c’est quand j’ai épluché les dates de vendanges du 17ème, 18ème et 19ème siècle et toute la littérature du 17ème, 18ème et du début du 19ème siècle , car je me suis rendu compte que nous n’avions pas appris grand chose de nouveau concernant les processus et le fonctionnement des plantes. A l’époque, ils ne savaient pas comment cela marchait, mais ils avaient déjà observé parfaitement tous les mécanismes du fonctionnement des plantes. Ce que je trouve drôle c’est qu’à cette époque lorsqu’ils ne comprenaient pas le fonctionnement, alors ils mettaient cela sur le compte de Dieu ou de la magie. Par contre, aujourd’hui on comprend plus les mécanismes, mais nous n’observons plus assez ce qu’il se passe dans la nature. Cela fait un peu vieux jeu non ? Mais je trouve cela assez vrai.

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Actualité Cueillettes d’automne Lauréats du concours photo « Vues d’automne »

2 : « Cornouilles ...» Par Eric Leguay

3 : «Reflet d’automne» Par Martine BNZ 1 : « Les couleurs de l’automne des vignes à Saint Emilion» Par Aurélien Voldoire Dictons des saisons, en connaissez vous d’autres ?

« Quand mars bien mouillé sera, beaucoup de fruits cueilleras « « De mars la verdure, mauvais augure » Prochainement dans l’ODS Le printemps arrive à grand pas et pour le fêter comme il se doit, nous allons inaugurer très bientôt la nouvelle base de données qui comprendra plus de 10 nouvelles variétés de fruitiers. Nous aurons pour se faire l’appui du musée de l’Epicurium, qui se trouve en Avignon. Nous souhaitons la bienvenue à Emmanuelle Piras qui est en mission de service civique pour 9 mois sur les sciences participatives à l’école. Grâce à son travail, nous allons très prochainement mettre l’accent sur l’animation de l’ODS à l’école.

Editée par Tela Botanica, le réseau des botanistes francophones

www.tela-botanica.org

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