Atelier Public de Paysage - La forêt en chaîne

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L’ATELIER PUBLIC DE PAYSAGE

N°3 Quels projets de paysage ?

Communauté d’Agglomération Hénin-Carvin

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École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille avec la participation de la Communauté d’Agglomération Hénin-Carvin & de la Mission Bassin Minier

Identités d’un territoire : les figures du projet

• 20 apprentis paysagistes • 5 propositions POUR FÉDÉRER AVEC LE PAYSAGE

L’Atelier Public................. #2/3 Projeter pour questionner

Le territoire

....................... #4/5

Mise en situation

Regards croisés................#6/11 Une diversité d’approches

Les projets........................ #12/31 et les équipes

Les enjeux du territoire...#32/33 Synthétiser les approches

Esquisses en résidence... #34 Pour s’essayer

Une école ............................... #35 et une maîtrise d’ouvrage

« [ IDENTITÉ ] Mot à double sens, définissant à la fois le caractère de ce qui est pareil et de ce qui est distinct. […] Elle implique des signes de reconnaissance. […] Il semble qu’elle s’exagère en période de difficulté, de crise, de changement, quand se déplacent ou s’évanouissent les repères. » Roger Brunet, Les Mots de la Géographie, ed. Reclus, 1992

L’école du paysage de Lille, sur le chemin de l’exploration rencontre la Communauté d’Agglomération Hénin-Carvin. Elle lui demande :

« Dis-moi qui je suis ? »

Sur la route entre Lille et Paris émerge à l’horizon une montagne noire, signal annonciateur de la communauté d’agglomération d’Hénin-Carvin. Ses quatorze communes se situent au cœur du bassin minier, témoin d’une époque industrielle en pleine mutation. Au carrefour de Lille, Douai,Arras et Lens, la position de ce territoire présente une situation paradoxale. Il tire parti du rayonnement de ces quatre pôles urbains bien définis mais reste tiraillé entre ces fortes influences. En outre, située à la croisée de grandes infrastructures, la CAHC est exposée aux regards extérieurs. La complexité de ce territoire n’aide pas les acteurs de la Communauté d’agglomération à partager une vision commune. C’est alors que la question du paysage et de l’identité se pose :

Quelle est l’identité du territoire de la CAHC ? Un projet de paysage peut-il fédérer la CAHC?

Contrairement à l’attitude passée, le paysage est désormais considéré comme un outil capable de porter un projet global à l’échelle d’une communauté d’agglomération. Cette approche novatrice permet de rassembler les acteurs en amont du projet et de tenir une position cohérente à l’échelle du territoire. En activant l’imaginaire, le projet de paysage déclenche un nouveau regard des acteurs de la CAHC sur leur territoire. Partir d’une impression personnelle pour que chacun analyse le territoire de la CAHC. Arpenter, ressentir, éprouver, s’interroger... telles sont les façons d’appréhender le territoire. 20 regards neufs, 20 points de vues extérieurs se posent sur la CAHC, 20 intuitions distinctes ébauchent une identité. Pour enrichir le projet, des groupes se constituent, associant les visions de chacun. Des propositions de projets apparaissent : la forêt en chaîne, le col de la Deûle, l'espace entre-communal... Mais un défi se révèle : confronter notre regard de paysagiste à celui des élus et des chargés de mission. Dialogue, proposition, interrogations, remise en question pour finalement aboutir à un schéma d’orientation, matière à réflexion... Les étudiants en troisième année de paysage à l’ENSAP Lille


Editoriaux

L’Atelier public #3

Les identités d’un territoire par les figures du projet École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille

Les enseignants Jérôme Boutter in, paysagiste d.p.l.g Denis Delbaere , paysagiste d.p.l.g Sylvain Flipo, paysagiste d.p.l.g

Les étudiants Rémi Boillot Marie Bourdon Célia Brun Mathieu Delmas Sylvain Duchenne Mylène Duhail Jeroen Dupont Aline Gayou Romain Goiset Noémie Guérin Dorian Maigues Sébastien Ner va Clémence Nicolaï Aurélie Noyel Marlène Orand T h o m a s Pe l l e t C h a r l e s Pe r r o t t e Louise Rischmann B é a t r i c e Pe r e z Va l é r i e Z e n s

Communauté d’agglomération Hénin-Carvin

Jean-Pierre Corbisez Président de la Communauté d’Agglomér ation Hénin-Car vin Giuseppe Lo Monaco, urbaniste Directeur de l’Aménagement du Ter r itoire

Mission Bassin Minier Nord Pas-de-Calais

Raphaël Alessandri, architecte dplg Char gé de Mission Pr incipal Patr imoine Urbanisme Dur able

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L’Atelier Public #3

Nous en sommes maintenant à la troisième édition de l’atelier public de paysage. Rappelons les principes qui animent cet atelier. La formation Paysage de l’ENSAPL construit son enseignement sur l’apprentissage du projet qui confronte l’étudiant à des sites avec toutes leurs composantes (sociétale, environnementale, culturelle..) Dans le temps de la troisième année de formation, nous avons souhaité installer un nouveau cadre d’enseignement appelé atelier public qui associe la démarche de l’enseignement du projet à des questionnements portés par des intervenants extérieurs. Cette démarche répond à plusieurs enjeux : Confronter les étudiants à la complexité d’interrogations liées aux thématiques de l’aménagement et du paysage. Produire un atelier transparent ouvert aux différents acteurs de l’aménagement public. Aborder et expérimenter avec des maîtrises d’ouvrages de nouvelles approches du projet de paysage. Ancrer notre jeune formation dans son territoire métropolitain. Ces différents enjeux représentent un défi sur le plan pédagogique car les étudiants deviennent acteurs d’une réflexion sur l’aménagement en dialogue avec des maîtrises d’ouvrage ouvertes à l’expérimentation, tout en gardant intacte leur capacité de propositions et de création face à la complexité de la réalité.

Le Site de la communauté d’agglomération Hénin- Carvin

Le territoire de la CAHC constitue un cadre de travail particulièrement adapté, puisque : - Il se situe géographiquement au coeur du Bassin minier. - Il est rendu très visible par la présence de grandes infrastructures de transport qui s’y croisent au niveau de Dourges, en un lieu que beaucoup considèrent comme la porte symbolique de la région. Autour de ce croisement infrastructurel, les signes sont multiples et très forts : terril de Dourges, plateforme multimodale Delta 3, site de Métaleurope. - C’est un territoire en projet et ces projets se jouxtent précisément au croisement que nous venons de décrire : - Parc urbain et paysager des Cokeries de Drocourt - Projet urbain de la fosse Sainte-Henriette (80 Ha dont 40 dédiés au logement) - Arrivée du tramway à Hénin-Beaumont - Volonté de restructurer l’axe de la RN 43, qui innerve tout le bassin minier - Création récente d’Euralens dont la volonté de créer de nouveaux liens directs entre l’agglomération lilloise et lensoise va avoir des conséquences sur le territoire de la CAHC Enfin, politiquement, le nouveau projet de territoire porté par la CAHC souhaite miser sur la «ville créative» alors que le projet précédent ne portait que sur l’économique.

Les Questions posées

La première question posée est celle de savoir si le territoire de la communauté d’agglomération possède une ou des identités paysagères et lesquelles. La question est complexe (voir «réflexions sur une question»), elle reflète le désir de savoir s’il peut exister des références, des figures paysagères susceptibles d’orienter les décisions en matière d’aménagement. Elle soulève aussi la volonté de savoir quelle image du paysage peutêtre partagée par l’ensemble des acteurs de cette communauté. La deuxième question pourrait se

résumer ainsi : existe-t-il des projets de paysage, à l’échelle de ce territoire susceptibles de fédérer, de rassembler et d’intéresser chaque commune de la CAHC. Ces questions, on le devine aisément interrogent nos façons habituelles de projeter, les dimensions convoquées, les multiplicités de lecture, les strates historiques et la question de l’avenir forment un faisceau d’interrogations et de données particulièrement ample. C’est parce que nous croyons que l’art de projeter, de mettre en espace peut se frayer un chemin dans cette complexité que l’atelier s’est saisi de ces enjeux. L’ouverture d’esprit de nos interlocuteurs* leurs exigences, leurs écoutes nous ont convaincu de mener l’aventure.

La méthode

Le principe de l’atelier public de paysage est d’associer à l’équipe enseignante des représentants de la maîtrise d’ouvrage dans les moments forts de l’atelier. Cette synergie permet aussi d’associer étroitement la fabrication des propositions avec l’avancement des réflexions de nos partenaires. Elle permet aussi à nos étudiants de comprendre le projet comme un outil de débat pour faire avancer les réflexions communes. Face aux deux questions posées nous avons construit l’atelier en plusieurs temps. Le journal que vous avez entre les mains ne présente qu’une partie de ce déroulé.

Des hypothèses singulières

Nous avons d’abord demandé aux étudiants, à la suite de la première réunion avec nos partenaires de réagir par une note d’intention où ils devaient tenter de se positionner et d’élaborer une méthode de travail. Ce premier temps de l’atelier fut personnel à chaque étudiant. En cela nous avons misé sur l’énergie d’un atelier pour ouvrir au maximum les possibilités de réflexion et de réponses, et pour offrir ainsi un éventail le plus large possible de pistes à nos partenaires. Cette première phase aboutit à la présentation de vingt esquisses. Notre principe était de commencer par le projet, persuadés que cet ensemble d’esquisses allait chercher et produire de la connaissance sur ce territoire. Il n’y avait donc pas de méthode de diagnostic préétablie pour connaître ce territoire mais plutôt, grâce à chaque étudiant vingt façon d’entamer la connaissance de celui-ci. La richesse des propositions est délicate à résumer, elle transparaît dans les pages qui suivent. Disons seulement que certains partaient du sous-sol, du canal, d’autres de la façon de voir ce territoire, de l’habiter au cours de l’histoire et de le traverser. D’autres encore de ses différences et même de son désordre apparent, et encore de ses forêts, de son étendue, de ses voies ferrées traversées d’autoroutes, mais aussi de ce qu’il y aurait entre les villes, les champs et les activités et enfin des projets à venir. Pour terminer cette première étape une journée de séminaire dirigée par Sabine Ehrmann, docteur en esthétique, proposa une réflexion sur les questions abordées par l’atelier, de façon à dégager à partir de chaque proposition des étudiants leurs propres positions.

Une mise en commun des réflexions

À la suite de ce premier travail, il fut demandé aux étudiants de se regrouper par équipe en fonction de leurs hypothèses de travail personnelles. Six équipes furent créées pour élaborer chacune un plan général sur l’ensemble du territoire de la communauté d’agglomération. La difficulté fut de passer de la carte géographique, des schémas d’intention à une mise en forme, une spatialisation des intentions de chaque équipe.

Ce travail fut, a chaque fois, présenté à nos partenaires qui validaient ainsi l’avancement des réflexions.

Une immersion dans le site d’étude

La suite de l’atelier se fit en deux temps, d’abord une rencontre avec chacun des maires par des étudiants afin de connaître l’ensemble des projets en cours sur chaque territoire de communes. Mais aussi pour connaître le sentiment des élus sur leur paysage. Le fait que ces rencontres se placent à ce moment de l’atelier est volontaire. Nous souhaitions que les étudiants aient déjà une connaissance et même une position sur ce territoire avant cette prise ce contact avec les projets communaux. Evidemment nos interlocuteurs de la CAHC nous avaient déjà renseignés sur les projets, mais cette connaissance fine n’était pas jusque là opérée. Ce décalage permettait à notre sens de vérifier si les intentions générales des étudiants trouvaient une résonance dans les préoccupations de chaque élu. Ce travail d’enquête fut le préalable d’une résidence d’une semaine au coeur du territoire. Il s’agissait pour nous de transporter l’atelier sur le site même de sa réflexion et de ses projets. Le travail d’enquête auprès des maires permettait aux étudiants de déceler les urgences. L’enjeu de cette résidence fut alors de montrer un atelier de paysage en ébullition, en train de passer à des échelles d’intervention où l’on pouvait vérifier l’application des principes énoncés par les équipes. Mais ce passage à des esquisses plus localisées, à des échelles d’interventions plus réduites réinterrogait aussi chaque scénario élaboré par les équipes. Ce travail supplémentaire fut conduit avec Catherine Mosbach qui durant cette résidence travailla avec les étudiants sur leurs esquisses.

La transmission des résultats de l’atelier

La dernière partie de l’atelier fut consacrée à la communication de ses résultats et un important travail de synthèse fut demandé aux étudiants. Les pages que vous avez entre les mains sont donc le fruit de cette synthèse qui passe forcément sous silence une part de la richesse des esquisses et des réflexions engagées. En regardant le travail accompli et notamment les plans directeurs de chaque équipe, on aperçoit qu’un territoire, son identité, son avenir se jouent dans une capacité à donner du sens à des histoires multiples, parfois contradictoires, à des mouvements souterrains autant qu’aux signes les plus évidents. C’est mettre en oeuvre, faire «tenir» , soutenir ce qui a fabriqué ce territoire et ce qu’il va produire. «Les identités d’un territoire par les figures du projet», cela cherche à dire que l’identité d’un paysage est aussi et surtout ce qu’il est capable de créer et ce qu’on est capable d’en faire. ___________________________________________ *En 2009, l’APP a porté, en réponse à une demande de l’Université de Lille 1, sur les modalités paysagères de réalisation du Plan Campus de l’Université de Lille, dans le contexte d’une ville (Villeneuve d’Ascq) en pleine restructuration (Grand Stade, Masterplan, etc.). En 2008, l’APP a répondu à une demande de la SEM Ville Renouvelée de réflexion autour des modes de gestion et d’aménagement temporaires des friches liées au projet urbain de la Z.A.C de l’Union. Jérôme Boutterin, paysagiste dplg, artiste Enseignant ensapl


Le territoire de la CAHC, un paysage culturel Identité d’un pluriel au sein du Bassin Minier paysage: réflexions sur une question Le travail de recensement et de qualification de l’ensemble des éléments issus de l’héritage minier mené depuis 2000 dans le cadre de la démarche UNESCO, a permis d’identifier, outre des éléments intrinsèquement remarquables, un certain nombre d’ensembles cohérents à plus ou moins grandes échelles, formant autant de facettes d’un paysage minier pluriel. Ces ensembles miniers cohérents, souvent reliés par les anciens réseaux ferrés des mines (les cavaliers), maillent encore le territoire et sont les témoins les plus complets et homogènes de l’influence qu’a eue l’industrie minière sur le paysage et les hommes du Bassin minier. Ces ensembles maillés font du bassin minier un paysage culturel de type industriel. Parmi ces ensembles, certains sont porteurs d’une valeur exceptionnelle universelle, ils portent la candidature du bassin minier Nord Pas de Calais à une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité au titre des Paysages culturels évolutifs. Pour autant la déferlante minière qui a bouleversé en profondeur le paysage rural préexistant et uni dans un destin commun des territoires aussi différents que peuvent l’être les coteaux cultivés de l’Ouest du bassin vers Anquin les Mines et les versants boisés de l’Escaut à la frontière belge, n’a pas complètement lissé le paysage, bien au contraire. La traversée du bassin minier d’est en ouest ou du nord au sud, offre autant d’ambiances différentes qu’il y a de « grands paysages ».

Au sein de ce paysage culturel pluriel, le territoire de la Communauté d’agglomération d’Hénin Carvin (CAHC) tient une place particulière. Ses deux « Ensembles paysagers miniers remarquables » celui qui ouvre la CAHC sur le Lensois et uni les communes de Drocourt, Hénin Beaumont, Rouvroy à Méricourt et Billy Montigny; celui de Oignies Evin-Malmaison et Dourges qui enjambe les grandes infrastructures et s’ouvre sur les communes du Nord et de l’est de l’agglomération. Ses grands projets : la Trame verte et bleue le 9-9bis à Oignies, la création du Parc des îles en lieu et place de l’ancienne cokerie dites de Drocourt, l’arrivée prochaine du tramway, sont les symboles les plus marquants d’un territoire en renouveau. A côté de ces grands projets, le paysage du quotidien, sa valorisation, l’attention dont il fera ou non l’objet dans les transformations du territoire (création et extension des zones d’activité, ouverture à l’urbanisation, gestion de l’eau,…) est au centre des enjeux concernant l’amélioration du cadre de vie et l’attractivité de la CAHC et du Bassin Minier en général. Ces enjeux sont au cœur des objectifs du « Plan de gestion UNESCO ». La Communauté d’agglomération de Hénin Carvin et La Mission bassin minier qui sera en charge de la gestion du label UNESCO ont déjà signé une convention qui intensifiera leur partenariat de manière à construire ensemble, à la foi un corpus de connaissance, des outils et procédure pour protéger, mettre en valeur et gérer les éléments marquants du patrimoine minier (bâtis et naturels), et travailler à leur mise en projet touristique et culturel. Considérer

le bassin minier, non plus comme un territoire de friche industrielle, mais comme un Paysage culturel évolutif, est porteur d’espoir, c’est un

pied de nez à l’histoire pour un territoire qui a été longtemps le symbole d’un développement non durable. En choisissant de confier à l’ENSAP de Lille la mise en place d’un atelier public de paysage sur le territoire de la CHAC, l’objectif était multiple : apporter un regard neuf en s’attaquant de manière non « frontale » à la question de l’identité minière et de sa relation avec le projet de territoire, chercher au-delà des signes miniers, la réalité d’un paysage qui a exister avant et continuera de se transformer, proposer des pistes pour prendre en compte et transcender les spécificités de chacune des 14 communes qui forment la CAHC afin de faire du paysage l’un des fondements d’une communauté de projets. Raphaël Alessandri, architecte dplg Chargé de Mission Principal Patrimoine Urbanisme Durable

Périmètre du bien proposé à l’inscription UNESCO Communauté d’Agglomération Hénin-Carvin

Identité paysagère, cette notion traverse bon nombre de demandes adressées aux paysagistes et bon nombre des réponses qu’ils apportent. Plus largement, le terme d'identité traverse et travaille notre société. Enfin, chacun, dans son activité, dans sa vie, dans son rapport aux autres a affaire à ce terme. Une façon d'y réfléchir, serait de segmenter les différentes acceptions de cette notion, de séparer ce qui est de la société, de nous, du paysage, de trier, en somme, de façon à s’orienter. Une autre façon serait de savoir ce que cette notion provoque. A priori, ce terme est un bloc et justement il ne se laisse pas facilement diviser et analyser. A priori, en tant que paysagistes, enseignants, concepteurs, producteurs de forme, nous ne segmentons pas non plus. A priori, encore, ce que nous appelons projet répond dans un ensemble et répond justement à des questions segmentées, c’est sans doute la raison qui pousse à faire des projets, cette capacité à dépasser la division, à aller vers ce que l’on ne connaît pas mais que l’on souhaite éprouver. Tout dans notre monde actuel met à l’épreuve cette notion d’identité, tout pousse vers le fait d’en changer ou de la modifier. Nous vivons dans un moment plastique, extensible, fluide. Nos vies le sont, notre travail doit l’être, la surface sur laquelle nous habitons bouge. Autrement dit, si nous pouvons entendre l’identité comme ayant un rapport avec une forme de stabilité, il est demandé à cette stabilité de s’adapter en permanence. Nous pouvons

alors ressentir cette demande d’identité comme un paradoxe puisqu’il s’agirait de pouvoir en changer pour être «actuel».

Parallèlement à cette demande quasi permanente de mutation de nos occupations, de nous et de nos situations, les ensembles des discours, images, qui nous sont adressées ne cessent de nous demander d’être enfin «nous». Pas une image, un message, un slogan, n’échappent à cette injonction de nous retrouver nous-mêmes, de faire appel à ce que nous sommes au plus profond, intime, personnel. Aucun territoire, pays, ville, voiture, vêtement, ne nous sont présentés sans cette référence à une origine stable et terrienne. Voilà donc la réponse, pour s’adapter il faudrait d’abord s’adopter. Et malgré cette avalanche de caricatures, nous ne pouvons nous empêcher d’y déceler une part de raison. Pas étonnant que l’on demande à celui ou celle qui

fait du paysage d’y répondre, de nous rassurer par sa réponse. Mais pourquoi demander à celui qui est de passage de nous dire qui nous sommes ? Parce qu’il peut voir, discerner les traits les plus saillants? Pourquoi ne pas interroger ceux qui sont là , ceux qui connaissent tous les recoins, toutes les histoires toutes les filiations, tous les secrets? Parce que nous pressentons peut-être qu’ils ne finiraient jamais de compléter, d’affiner, de raconter dans un monologue ce qu’ils sont. Parce que nous nous doutons que cette recherche serait sans fin, et provoquerait une curieuse sensation d’immobilité. Alors nous avons besoin de l’autre pour nous dessiner à gros traits, pour choisir pour nous ce qui se dégage de nous. C’est sans doute pour ça que nous avons

besoin, pour faire projet, de celle ou celui qui n’habite pas notre histoire.

Nous percevons que cette notion d’identité en paysage peut «dangereusement» rassurer les décideurs et aménageurs en leur fournissant un socle «légitime» de références aptes à guider les choix ; ces derniers ne faisant plus l’objet d’arbitrage et de débats mais se résumant à une conformité et à une «figure» légitime. Nous pouvons percevoir aussi ce qu’il y aurait de paralysant pour les concepteurs à trop se fier à cette identité pour ne pas prendre le risque de la déformer. On nous a suffisamment appris notre métier de paysagistes comme étant à la croisée de plusieurs disciplines et savoirs, artistes, géographes, ingénieurs, pour ne pas nous imaginer dans la posture, osons le mot, du «bâtard» de l’aménagement. C’est sans doute cette posture qui nous fait à la fois ressentir l’importance de cette question et en même temps nous en méfier. Car enfin, quelle plus belle question que celle de l’identité posée à celui qui en possède plusieurs? Cette question n’a évidemment pas mobilisé l’ensemble de l’atelier, mais la passer sous silence aurait été injuste. La posture évoquée plus haut nous a permis, j’espère, de déjouer les images ou solutions trop faciles en allant chercher les signes d’une appartenance et les possibilités d’être ensemble : dans l’avenir, dans les dissemblances, et dans l’arrière-plan modeste de ce qui façonne ce territoire. Nous espérons que les pistes ouvertes par nos étudiants vous le feront partager. Qu’ils soient ici remerciés pour leur enthousiasme, leur ténacité, leur écoute et leur créativité. Jérôme Boutterin, paysagiste dplg, artiste Enseignant ensapl

La CAHC, un territoire porteur de projets Le territoire de la Communauté d’Agglomération d’Hénin-Carvin a été profondément marqué par plus d’un siècle d’exploitation minière et porte encore les stigmates de ce passé à travers les hommes qui ont vécu cette aventure économique et ses paysages. Le développement de l’activité minière a longtemps été la seule règle prévalant dans l’aménagement du territoire de l’ensemble minier dans lequel s’inscrit ce territoire.

Situé à une position stratégique dans l’espace régional, le paysage de l’agglomération est également fortement caractérisé par de nombreuses infrastructures de transport (routes, autoroutes, voies ferrées, fluviales) qui sont autant de points visuels que des coupures urbaines qui segmentent les espaces de vie. Depuis 20 ans, le territoire a entamé une importante reconversion. Exemple parfait jusqu’ici du développement non durable, la Communauté d’Agglomération d’Hénin-Carvin souhaite aujourd’hui s’inscrire pleinement dans un processus de développement privilégiant la qualité urbaine, la qualité environnementale et la créativité. Les élus ont alors décidé de mettre en place un projet de territoire ambitieux qui repose à la fois sur le renouvellement urbain, les grands projets structurants et la qualité de vie afin de se positionner au sein de l’aire métropolitaine lilloise.

Cette question du positionnement porte également sur l’identité du territoire qui doit être réfléchie en fonction des différentes échelles territoriales et au-delà des limites administratives. Un premier constat démontre que l’identité de la CAHC n’est pas clairement définie.

Tout est à construire et les élus de l’agglomération ont émis comme hypothèse que le paysage et sa mise en valeur pouvait être un projet fédérateur, le fil vert de la politique communautaire au

travers notamment de: - la création d’un paysage urbain et architectural dynamique et innovant nécessaire au « renouvellement de l’image », - la mise en relation des pôles de nature (ENS) par le biais de corridors écologiques, la mise en oeuvre de la trame verte communautaire,

- la mise en valeur de l’eau (axe Canal de Lens Souchez/Deûle – Filet Morand, Botiaux). - Préservation de la ceinture agricole contribuant au paysage du secteur nord (notion de ville à la campagne : Carvin, Courrières,...). Favoriser une culture partagée du territoire, proposer une sémantique adaptée, en prise avec les politiques publiques de paysage (Trames verte et bleue notamment) susceptibles de dégager quelques jalons identifiables par des acteurs ainsi plus faciles à mobiliser sont autant de pistes de réflexion qui, portées par un acteur « neutre », pourraient relancer le débat sur le projet de territoire et l’identité de la Communauté d’Agglomération. Par leur inventivité, leur spontanéité, leur extériorité aux débats de la politique communautaire les étudiants et leurs professeurs nous ont permis d’explorer de nouveaux axes de réflexion sur l’avenir du territoire. Les élus de la Communauté d’Agglomération vous remercient pour ce travail. Jean-Pierre Corbisez, président de la CAHC

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Le territoire

l a communauté d’agglomération

La carte IGN

LILLE

Belgique BÉTHUNE

LENS

DOUAI

ARRAS

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L’Atelier Public #3

VALENCIENNES


DE hénin-carvin

La photo aérienne

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BOIS-BERNARD

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Regards croisés

Des familles de regards

Le paysage de la CAHC vu par l’atelier public Eloge de l’entre-ville Les pages qui suivent illustrent les perceptions que chaque étudiant de l’atelier public à eu du paysage de la CAHC. Les textes qui les commentent sont extraits des notes d’intention rédigées par les étudiants en préambule de leurs projets (pages 8 à 11). Ces perceptions sont multiples, car le paysage est affaire de saisie personnelle de l’horizon. Nous avons souhaité montrer cette diversité d’approche, car elle permet peut-être de renouveler le regard porté sur ces espaces. Mais au-delà de cette diversité, une synthèse est-elle possible? A la question posée par la CAHC - existe-t-il un paysage propre à notre territoire, ferment possible d’une identité partagée?-, n’y a-t-il pas d’autre réponse que ce constat d’hétérogénéité? Bien sûr, toute tentative de synthèse serait réductrice. Mais il est du moins possible de tenter une approche «en creux» de ce que les étudiants ont communément perçu, en remarquant d’abord que bon nombre d’espaces n’ont que très peu retenu leur attention. C’est le cas, généralement, des icônes du paysage minier - terrils, chevalements, cités minières- considérés plutôt comme l’expression d’une identité excédant largement le cadre territorial de la CAHC, et convoquant l’image du bassin minier dans sa totalité, une image d’ailleurs souvent jugée réductrice voire désuète, «éteinte» pour reprendre l’expression d’un étudiant. Plus largement, le paysage urbain des villes et bourgs de la CAHC n’a pas stimulé le regard des étudiants. Les forêts et les bois riverains non plus. Entendons-nous bien : tous ces éléments du paysage sont considérés par les étudiants, mais à titre d’objets, non de sujet, du projet de paysage. Terrils, carrés de fosse, bois, villes et villages, cités minières : ce qui est exclu finalement du regard de nos paysagistes, c’est finalement tout ce qui s’affirme dans le paysage comme une masse, un objet présentant une certaine compacité, une certaine homogénéité. Et à l’inverse, les espaces que presque tous convoquent à l’appui de leur projet, ce sont ces immensités ouvertes de champs et de friches,

ces larges perspectives de canaux et d’autoroutes, à l’horizon desquels ces différents objets sont disposés, selon un ordre indécelable, «dissonant» selon certains étudiants, mais toujours loin. Pour les étudiants, le paysage vibre là où les villes s’arrêtent, là où les lotissements prennent fin, brutalement, là où se brisent les pentes des terrils, sur ces étendues plates ou quasi, aux limites confuses mais omniprésentes, entre deux villes, entre deux cités.

Le paysage de la CAHC vu par les étudiants La façon de voir le paysage est propre à chaque individu. Cependant, en tant que futurs paysagistes, nos Nous nous attachons à repérer des lieux qui permettent de révéler les points forts du site. La présence nières, ne sont pas que des éléments patrimoniaux. Ce qui nous intéresse, c’est la place de ces éléments

On pourrait cependant objecter que comme le minier, ces espaces ne sont pas spécifiques à la CAHC, qu’on les retrouve partout dans le bassin minier, et même ailleurs. C’est vrai, mais seulement jusqu’à un certain point. Car la CAHC présente la particularité de marquer un relâchement dans la pâte urbaine qui s’étire d’Est en Ouest sur le bassin minier. La coupure dessinée par la Deûle et l’autoroute A1 forme une halte, dont l’origine peut être recherchée dans certaines particularités géomorphologiques du territoire de la CAHC, en particulier ce «col de la Deûle» qui forme en son centre un bombé imperceptible mais bien réel. Relâchées donc plus qu’ailleurs, les masses urbaines libèrent entre elles de larges espaces «entre-communaux» comme les nomment certains étudiants, de larges espaces dont l’échelle qualifie singulièrement le paysage de la CAHC.

Les délaissés

Ces «entre communaux», ou «entre-villes» pour citer le paysagiste Thomas Sieverts, sont généralement pour les communes de la CAHC de simples réserves foncières, où s’agglomèrent lotissements et zones d’activités, stations d’épuration et bases de loisir, rien que de l’ordinaire, voire du trivial. C’est pourtant aussi sur ces espaces que se joue la cohérence spatiale de la CAHC, puisque par nature ils sont perçus comme échappant au cadre communal. C’est ici aussi que se joue le rapport de ces villes à la campagne, source majeure d’attractivité résidentielle. C’est ici aussi que les trames vertes et les corridors biologiques peuvent se déployer efficacement. Ici, le paysage est en construction.

Le développement du territoire laisse parfois derrière lui des espaces résiduels. Le contact entre la ville et l’agriculture génère des délaissés, au même titre que la mine à travers les cavaliers. Les grandes infrastructures découpent le territoire et la cessation d’activités engendre des friches industrielles. Or tous ces délaissés ont un potentiel de mutation. Souvent situés autour des infrastructures, ils touchent l’échelle du grand territoire. Ils offrent à la fois une possibilité foncière et une végétation à mettre en valeur.

Au fond, le paysage de la CAHC est-il un paysage minier ? Le paysage de la CAHC, et plus généralement de l’ancien bassin houiller, pour beaucoup, c’est d’abord le « patrimoine minier ». Pourtant, l’idée selon laquelle terrils et chevalements, cités minières et cavaliers représentent un patrimoine paysager remarquable n’allait pas de soi il y a encore quelques années. Certes, la magie du paysage déroulé sous nos pieds « tout in haut de ch’terril » ne date pas d’hier. Mais sur cette base fragile, il a fallu engager un travail de fond pour transformer la perception de ces espaces et les élever au rang de « patrimoine culturel évolutif » comme le revendique la candidature de l’ensemble du bassin minier au patrimoine mondial de l’UNESCO. La Mission Bassin Minier, en particulier, porte cette candidature et a réalisé à cette fin un inventaire du paysage fortement orienté sur sa dimension minière. L’Atelier Public de Paysage est une occasion de tester la prégnance réelle du patrimoine minier dans la perception des paysages de la CAHC, puisque la grande majorité des étudiants, originaires de tous les coins du pays, découvraient ce territoire sans a priori véritable. Comment ont-ils appréhendé la dimension minière de ce paysage ? Un constat général se dégage rapidement. Pour les étudiants paysagistes, l’héritage minier ne fait paysage qu’indirectement. Les icônes du minier que sont les terrils et les chevalements, par exemple, ne retiennent que peu leur attention. Ce qui les a intéressé, ce sont davantage les effets induits par le minier dans le paysage ordinaire de la CAHC. Par exemple, la courbe broussailleuse d’un cavalier, qu’on ne lit plus comme ancienne voie ferrée : le risque avec la transformation de ces anciens cavaliers en itinéraires de promenade serait justement d’y rétablir une image stéréotypée de voie de circulation.

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L’Atelier Public #3

Autre exemple : la crête géométrique d’un terril arasé formant le fond de décor de Delta 3, preuve du caractère éminemment mutable de ces terrils qu’avant de considérer comme des sculptures à mettre sous globe, il faudrait regarder d’abord et « tout bêtement » comme des tas de matériaux disponibles pour toutes sortes de nouveaux terrassements. Un dernier exemple : le bosselage d’un champ, dont les sillons sinueux trahissent un affaissement minier en cours. Si le minier fait paysage, ce n’est pas parce qu’il ponctue le territoire avec des totems bien identifiables, mais parce qu’il signale un paysage en mutation, éminemment mutable, en projet donc. A ce titre, la requalification des friches minières ne devrait pas viser la conservation ou la mise en scène des traces du passé industriel, mais leur exploitation sans complexe, afin de rendre à ces espaces leur dignité d’espaces utiles, fréquentés, d’espaces publics. Un aspect du paysage minier favorise d’ailleurs particulièrement son réemploi à des fins d’espace public : c’est son statut de « réseau ». Les friches minières apparaissent aux yeux des étudiants moins comme des îles que comme les perles d’un collier dont le fil pourrait être le réseau des cavaliers, mais aussi la continuité des horizons qui défilent depuis ces itinéraires. Les Houillères ont déployé sur le territoire du bassin minier une résille étroite d’infrastructures, d’équipements et de cités, si bien qu’agir sur le minier, c’est instantanément se mettre en capacité d’agir sur la quasi totalité d’un territoire. Raison de plus pour ne pas concentrer l’action sur tel ou tel site au nom par exemple de sa patrimonialité, mais d’agir sur l’ensemble, en activant ce que le minier a de plus ordinaire.

Denis Delbaere, paysagiste dplg Enseignant ensapl

La face cachée du paysage Le sous-sol, c’est le revers du paysage. Il est primordial de s’y intéresser car il a des conséquences directes sur les aménagements de la surface. S’appuyer sur le travail du sol, c’est mettre à jour l’histoire de ce territoire. Les cavités souterraines issues de l’exploitation du charbon sont une de ses grandes caractéristiques. Pour nous, la masse noire et imposante des terrils induit le réseau de galeries creusées sous nos pieds. Comment ces trous tiennent-ils ? Pour combien de temps ? S’ils s’écroulent, c’est avec quelles conséquences ? Ces conséquences passent notamment par les affaissements. Vecteurs de paysage, ils questionnent un rapport à la pente, à l’écoulement de l’eau, à la végétation hydrophile.


paysagistes de l’ENSAPL lectures du territoire se croisent sur certains points. indiscutable du patrimoine minier fait parti de ces points forts mais terrils, cavaliers, chevalements, cités miminiers dans le paysage, au même titre que les éléments urbains, topographiques, environnementaux, etc..

Les entre-villes En travaillant l’entre-deux villes, nous plaçons la question de la cohésion du territoire au centre du projet. Ces entre villes sont constitués d’agriculture et de zones d’activité. L’agriculture offre de grandes étendues ouvertes au regard. Elle laisse un horizon dégagé sur lequel se découpent clochers, châteaux d’eau, ville, terrils et boisements. Ces points de repère permettent de s’orienter dans le territoire. Le contact de l’agriculture dessine la lisière de la ville. Celle-ci prend des formes diverses : coupure franche, dilatation de la structure urbaine … Comment travailler cette limite ? Comment gérer l’extension urbaine ? Entre les villes, on trouve également des zones d’activités. Leurs surfaces considérables s’étendent sur chaque commune de la CAHC. Elles ont leur propre système de développement, indépendant du tissu urbain en place. Leur implantation et la gestion de leur développement sont des leviers importants pour gérer les entrées de ville. Ces zones d’activité sont porteuses d’une économie pour la ville mais peuvent aussi être vecteurs de paysage. Et si elles étaient porteuses d’un projet intercommunal ?

La topographie Terrils, talus d’infrastructures, déblais d’opérations immobilières sont autant de volumes posés sur des étendues à priori plates, qui modèlent le territoire. Le socle a été tellement remanié que l’écoulement de l’eau est aujourd’hui complètement désorienté. Le canal de la Deûle est ainsi surélevé par rapport au lit de l’ancienne rivière. L’eau et le relief dessinent des situations particulières influençant le développement végétal et la construction du territoire. Autant d’éléments sur lesquels peut s’appuyer un projet de paysage. La gestion de l’eau et du relief sont des enjeux pour la CAHC.

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Regards croisés

Dorian

GOISET

MAIGUES

Vingt étudiants, vingt regards «Peut-être que les canaux de la Deûle et de Lens pourraient servir de support à un nouveau type de transport collectif, une alternative à la voiture qui reposerait sur un principe d’intermodalité.»

Romain «Mes premières intuitions se sont portées sur la situation atypique de Carvin au nord du croissant minier. Sa situation concentrique dessine en sa périphérie un chapelet de villes laissant une part importante aux étendues agricoles.»

« La confluence de la Deûle, traversant le territoire dans sa diagonale, et du canal de la Souchez rend la situation encore plus atypique. Il s’agit bien d’un lieu qui cristallise l’identité de la CAHC. »

« Il s’agit d’un héritage boisé où le paysage est plus fermé. La rencontre de ces morphologies et de modes d’occupation de sol localise alors un espace singulier. Lieux de conjonction, les alentours de Courrières font face à de nombreux enjeux dont certains contradictoires, notamment entre espaces sensibles ou protégés et extension des zones d’activités.»

«Cette nouvelle mobilité donnerait aussi à voir le «verso» du territoire»

« Je suis à la recherche des espaces de vibration, voués à une transformation de l’espace, des espaces mutables. »

BRUN

Mylène

Célia

NOYEL

DUHAIL

«Ceci amènerait donc à la réhabilitation et la réappropriation des anciennes friches industrielles le long des canaux de la Deûle et de Lens, à la création d’espaces publics connectés aux villes, jusqu’alors isolées.»

Aurélie

PEREZ

« À la recherche des points d’intensité qui seront des futurs lieux de projet ou les croisements vont venir créer un paysage nouveau puisque mon parti pris est de considérer qu’à l’endroit où il y a croisement, je donnerai une importance égale aux dynamiques, à la recheche de l’orientation du territoire de demain, où ca va bouger. Il s’agit d’une démarche expérimentale qui va m’amener à proposer une nouvelle typologie, une nouvelle manière de penser l’espace. »

Béatrice « Le chemin de fer est ancré dans ce territoire avec les modes de deplacement actuel (TGV, TER) mais aussi à travers les traces de l’activité minière (cavaliers). Ces derniers encore présents sous forme de traces permettaient l’irrigation complète du territoire. »

«Entrer dans le sujet par l’autoroute et ses traversées, c’est le moyen d’aborder toutes les entités qui constituent la CAHC et font son identité. C’est aussi un moyen de fusionner la partie est et ouest du territoire.»

« L’eau, quant à elle, agit comme un élément important, révélateur des traces de l’histoire sur ce paysage (marais d’exploitation de la tourbe, étang d’affaissement, gares d’eau le long de la Deûle...). Une particularité visible dans la CAHC mais aussi hors de ses limites. »

« L’autoroute A1 qui traverse le territoire du Nord au Sud, parallèlement à la ligne TGV, crée une rupture atypique dans le bassin minier. Il offre un potentiel de vitrine sur le territoire qui n’est pas exploité aujourd’hui. »

« Trouver des structures paysagères qui ont un impact pour chacun de ces moyens de déplacement dans le paysage. »

« Il s’agit de passer d’un territoire que l’on traverse à un territoire que l’on (re)découvre, et comme nous l’avons vu au départ, le travail de la mise en scène de l’eau peut être un moyen de révèler ce territoire et de lui donner de la cohérence et une unité. »

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L’Atelier Public #3


« Cette géologie spécifique a rallié et associé des communes, des hameaux... elle a constitué un territoire travaillé en profondeur par une densité humaine importante. »

« Ces travaux se sont ancrés dans le sol, avec le temps et les époques. Le travail du sous-sol, des industries des besoins de déplacement ont engendré une profonde modification de la topographie initialement assez plate. »

DUCHENNE

DELMAS

Mathieu

Sylvain « Une chose me frappe, l’absence du patrimoine sous-terrain. Certes les terrils sont un témoignage mais à aucun moment nous ne voyons ce pourquoi les hommes sont decendus sous terre, les galeries. »

Révèler un patrimoine sous terre « Ces travaux se sont ancrés dans le sol, avec le temps et les époques. Le travail du sous sol, des industries, des besoins de déplacement ont engendré une profonde modification de la topographie initialement assez plate. »

« Nous sommes aujourd’hui face à un paysage de terrassement, une topographie anthropique. »

Clémence

BOILLOT

NICOLAÏ

« La chose la plus suprenante était aussi leur volonté de se rapprocher tout en gardant l’espace entre les communes afin de préserver leurs limites communales visibles. »

Rémi « Cette position centrale Européenne, qui apporte dynamisme et richesse cependant, produit également son lot de contreparties. » Plein boisé

Vallée de la Deûle

« Les différents modes de circulation se rencontrent en des points stratégiques qui doivent être imaginés comme des points de rencontre et d’échange, des portes d’entrée et de sortie du territoire, des points névralgiques et des repères faisant évènement. »

« Les éléments forts du paysage semblent être mis à distance sur ces courts interstices urbains. Nous apercevons un espace boisé, un canal, un terril mais nous y sommes rarement plongés. Les mutations successives de ce territoire et les espaces qu’elles génèrent se superposent mais s’articulent difficilement. »

Le passage

« A la rencontre de la rocade minière et de l’autoroute du nord, une sorte de magma bouillonant semble gronder d’on ne sait ou, du terril peut-être.»

Coteaux urbains

Plaine de la Scarpe

PERROTTE

« En regardant bien les cartes topographiques, on y devine une vallée, la vallée de la Deûle avec sa zone d’influence, ses dérives, ses connections, ses points faibles. » Charles « Une inondation d’histoire entretient l’image du passé (muséification). Les terrils marquent morphologiquement le territoire en agissant comme des repères dans l’espace par leur échelle démesurée. Ce sont des traces de déplacement d’extraction minière laissées comme telles. Selon moi ce patrimoine concerne davantage la matière que la forme.»

« Le bassin minier est un ancien territoire d’énergie et de mouvement façonné par l’activité humaine. Les déplacements de matière souterraine aujourd’hui inerte deviennent sanctuarisés. Peut-être que ces mouvements pourraient se réactiver ? »

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Marlène

BOURDON

ORAND

Regards croisés

« Cette profusion de signaux dissonants de par leur échelles, leurs époques, leurs usages ou simplement leurs natures sera le levier par lequel ce qui parait aujourd’hui subi et négatif deviendra source de richesse, de dynamique. Le désordre peut être ludique et constructif. »

Marie «Un territoire aux limites non perceptibles, à la fois accessible et distant lorsqu’on arrive par l’autoroute. Une « modestie » de ces communes dont l’échelle reste préhensible, l’être humain s’y sent à sa place. Cette simplicité contraste avec le gigantisme des zones commerciales qui bordent les grands axes. Ce fut ma première approche de la communauté d’agglomération...»

«Un lieu d’étape, c’est ce à quoi la situation géographique (entre des grandes métropoles) et l’histoire de la CAHC la prédisposent et c’est l’atout avec lequel elle peut jouer.»

Aline « Le bassin minier est maintenant le résultat de l’exploitation de son sous-sol. Cette activité terminée, laisse de nombreux espaces en latence. »

«Ce terrain a de tout temps été un point d’étape dans un chemin qui visait d’autres villes» ZENS

GAYOU

« Le territoire évoque un collier de perles, marqué par 4 poles d’intensité (au noeud des infrastructures) reliés entre eux par les cavaliers, héritage minier qui s’inscrit aujourd’hui dans le schéma de la trame verte. »

Valérie « Après avoir vu le site, je me suis intéressée à la façon dont il est dessiné, représenté et imaginé. » « Cette histoire plus ancienne est lisible à travers l’eau. Présente sous la forme de marais autour des canaux a laissé place à l’agriculture pour aujourd’hui reprendre sa place dans les delaissés, les zones de franges, les intersices créés par les infrastructures et le developpement urbain. »

Thomas « La CAHC comme une maison dans laquelle chaque pièce a son propre rôle, indispensable et sans hiérarchie aucune. »

GUERIN

PELLET

« L’après bassin minier : faire des handicaps une force de reconversion : attention portée sur la pollution, l’agriculture, l’eau, le sol et la production d’énergie. »

Noémie « Ces cavaliers me projettent également dans le quotiden des mineurs. Je me questionne alors sur le chemin quotidien de ces hommes. Quelles traces reste-il de l’histoire du bassin minier ?

« Quel chemin veut-on prendre aujourd’hui ? »

« Il s’agit de révéler ces particularismes, de les valoriser, voir de les accentuer. Un travail de mise en scène des relations étranges établies entre eux est nécessaire. »

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L’Atelier Public #3

«La période de la mine est très présente dans les discours, les photos, le paysage. Je me suis alors interessée à ce socle existant où s’est posée l’industrie d’extraction, l’histoire plus ancienne de ce territoire. »


« Les infrastructures et le développement des zones d’activités sont présentes dans toutes les communes de ce territoire. Gérer leur développement et leur intégration dans ce territoire ne peut pas paraître très vendeur mais une complémentarité économique, un plan de gestion des zones d’activités et des infrastructures dans ce paysage minier est un projet qui réunit toutes les communes autour de la table. »

DUPONT

RISCHMANN

Louise

Jeroen La traversée de la CAHC est rendue particulièrement visible par les deux terrils signaux de Hénin Beaumont et de Carvin, véritables symboles de l’entrée dans le Nord de la France

Le territoire du bassin minier porte encore ses fantômes du passé. Il reste une multitude de friches relatives aux anciennes activités industrielles qui sont autant de lieux susceptibles d’accueillir des projets innovants répondant à des besoins d’emplois, de dépollution, d’amélioration du cadre de vie et d’attractivité

NERVA

« Véritable mise en scène de la mutation, les projets de reconversion doivent s’inscrire dans une échelle double, ils doivent être visibles de loin et analysables de près. » Sébastien Je ne pourrais pas appréhender, comprendre et donc transformer ce territoire si je ne prenais pas en compte l’envers de ce paysage, à savoir son sous-sol à l’histoire mouvementée.

Ce qui a emergé progressivement, à la suite d’une petite enquête, c’est l’importance des affaissements miniers.

« Un enjeu s’est donc noué petit à petit autour de cette question des affaissements, à l’eau et leur répercussion sur l’espace. »

Dé-figurer la communauté « Le témoignage le plus important et le plus pénible du monde moderne […] est le témoignage de la dissolution, de la dislocation ou de la conflagration de la communauté. » La communauté désoeuvrée, Jean-Luc Nancy L’atelier public travaille une ligature théorique complexe qui détermine les liens réciproques entre la formulation et/ou la figuration d’une identité et l’installation du commun. Cette ligature a gouverné une grande part de la pensée politique des sociétés humaines, démocratiques comme tribales, jusqu’à en devenir à l’époque contemporaine le principal talon d’Achille. L’identité n’interroge pas ce qui est mais la manière dont ce qui est se montre, se dit, se voit, se reconnaît. Ce n’est pas une catégorie ontologique mais médiatique. L’occident contemporain a multiplié les moyens de l’identité individuelle et a vu voler en éclats les moyens des identités collectives, du nucléo familial à l’identité nationale en passant par l’unité des classes sociales. Les catégories et les représentations symboliques qui permettaient de composer les identités collectives ont été démantelées par les (r)évolutions sociétales et morales d’une part, la reconfiguration des entités politiques et administratives d’autre part. Se pose aujourd’hui, à différentes échelles, la question d’une communauté sans identité.

« Au reste, on ne fait pas un monde avec de simples atomes. Il y faut un clinamen. Il faut une inclinaison ou une inclination de l’un vers l’autre, de l’un par l’autre ou de l’un à l’autre. » La communauté désoeuvrée, Jean-Luc Nancy

La question n’est plus qu’avons-nous de commun mais qu’avons-nous en commun ? La question de l’unité et de l’unicité des identités collectives est remplacée par celle de la diversité et de la multiplicité des rapports possibles entre des singularités hétérogènes. Plus aucune pensée de la communauté ne peut faire l’économie de cette dispersion. La fabrique du commun change dès lors d’outils et de perspective. Il ne s’agit plus de chercher à figurer nos propriétés communes mais à investir nos impropriétés communes. Impropre et commune – commune parce qu’impropre – est le caractère de toute relation. La communauté ne dépend plus des préceptes, principes, catégories ou symboles qui regroupent et rassemblent mais de la bonne administration des liens qui permettent aux singularités de contribuer à s’épanouir et à se développer réciproquement; ce qu’en un autre langage on nomme « synergies ». Le modèle générique de cette collectivisation est la fédération. Fédérer, ce n’est pas réduire la diversité des singularités à leur dénominateur commun. La communauté fédérée n’a pas d’unité. Elle ne se cherche pas d’identité. Elle ne pense pas la question de son identité en terme de préalable mais la découvre en terme de conséquence. Elle ne se dessine pas, elle s’ossature. Elle se constitue comme un réseau, une trame de relation et de tensions dynamiques. Ce n’est pas un maillage mais un canevas sur lequel se tisse éventuellement de

nouveaux motifs. En elle-même, ce n’est pas une composition de formes mais un écheveau d’énergies. La communauté qui s’en dégage n’est pas informe, elle est composite. Elle n’est pas fondée dans la discordance mais dans la dissonance. Elle n’est pas à l’unisson, elle est en partage. Cette communauté, il ne s’agit pas de lui donner un visage, il s’agit d’abord de lui donner du nerf. Le bassin minier est un nom. Cette unité nominale n’est pas ou plus performative ou suffisante à fonder un commun. Elle ne suffit pas au rassemblement. Elle s’achoppe à l’unicité d’une « image » du passé dont le présent cherche à s’ébrouer urgemment. Le bassin minier est aussi une entité administrative. Les entités administratives ont des raisons, elles n’ont pas de visage. Composé d’entités physiques, sociales, économiques et politiques hétérogènes, le bassin minier n’a pas d’identité parce qu’il en a trop. Qualitativement par son adhérence à une catégorisation économique et sociale passée et quantitativement par l’hétérogénéité et la polyphonie des situations sociales et territoriales qu’il rassemble sous son vocable. La tentation est toujours, en ces situations de brouillage ou de débordement, de se réduire – au risque de la caricature – pour retrouver une ligne claire et une portée expressive. L’atelier public aura travaillé à rebrousse-poil de cette tentation. Il aura cherché à

amplifier, à faire résonner les dissonances. Il aura cherché à donner place à l’éparse, à assumer la dispersion, la disparité, la dissémination en assumant le risque d’une difformité temporaire. L’exercice du paysage travaille toujours, qu’il le veuille ou pas, la multiplicité des couches, l’énergie des réseaux, la diversité et le potentiel des échanges avant, ou autant, que la clarté des traits, la discipline des contours et l’éloquence des formes. L’apport de la discipline à ces questions politiques d’envergure n’est donc pas à chercher dans la (re)configuration formelle d’une entité paysagère qui pourrait se faire valoir comme identité territoriale. L’effort aura été consacré à indiquer ce qui, du territoire lui-même, pouvait contribuer, non pas à donner figure à la communauté mais à innerver la collectivité. « Je ne veux pas dresser le cadastre de ces contrées, ni rédiger leurs annales : le plus souvent ces entreprises les dénaturent, nous les rendent étrangères ; sous prétexte d’en fixer les contours, d’en embrasser la totalité, d'en saisir l’essence, on les prive du mouvement et de la vie ; oubliant de faire une place à ce qui, en elles, se dérobe, nous les laissons tout entières échapper. » Paysages avec figures absentes, Philippe Jaccottet Sabine Ehrmann, photographe, docteur en esthétique, chercheur associé au Lacth Enseignante ensapl

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Le projet de territoire

LA FORÊT EN CHAÎNE

Jeroen Dupont // Aline Gayou // Romain Goiset // Marlène Orand

Comment un projet de paysage peut-il être support d’une identité?

Nous avons commencé par réinterpréter cette étonnante question: Comment un projet de paysage peut fédérer les 14 communes constituantes de la CAHC? Au prime abord, il nous faut comprendre dans quel territoire plus global s’inscrit la CAHC afin d’en faire ressortir ses caractéristiques. Elle fait partie d’un ensemble: le Bassin minier. Marqué par plus de deux siècles d’exploitation minière, ce territoire est ponctué par des terrils, des réseaux de cavaliers,des chevalements, des cités minières, des corons et des friches industrielles. Ces différents attributs sont pour nous les véritables supports d’identité de ce territoire.

2010 Plantation actuelle de saulaies et de miscanthus pour reconvertir les terres polluées autour de Métaleurop.

2011

Le chaînon manquant

Mise en réseau des différents sites d’exploitation en s’appuyant sur le tracé des cavaliers. Implantation d’une pépinière au sein de la CAHC pour assurer les futures plantations.

2013 Plantation massive aux entrées Nord et Sud de la CAHC. Mise en place d’une politique de boisements sur l’ensemble des espaces délaissés. Dynamiser le territoire grâce à une exploitation forestière et au développement d’un tourisme vert.

La CAHC porte d’entrée du Bassin Minier

Négociation et sensibilisation à l’agroforestrie auprès des agriculteurs.

Mais la CAHC a ses spécificités. Située à la croisée des grandes infrastructures, canaux, autoroutes, voies ferrées, nous pouvons la considérer comme la porte d’entrée du bassin minier. Elle présente une grande variété d’implantations bâties, entre la conurbation minière au Sud et des îlots urbains au Nord. Cette implantation urbaine correspond au découpage des grandes infrastructures. Mais la CAHC se caractérise comme le chaînon manquant entre deux grandes entités boisées, représentées par le Parc Naturel Scarpe-Escaut à l’Ouest et le parc de la Deûle à l’Est. Il en résulte une mosaïque de paysages, qui s’accordent difficilement.

2015

Propagation du système.

2020 2030

Deuxième génération de plantation de saulaies.

Il s’agit, pour nous, de fédérer l’ensemble de ces entités, tout en conservant leurs particularités. La présence importante d’espaces délaissés, en majorité pollués, apparaît comme un support idéal à projet.

Une opération opportuniste pour un territoire en mutation

L’idée est de reboiser massivement l’ensemble de la CAHC et de l’inscrire ainsi dans un projet à échelle régionale (objectif 180000 ha de boisement dans 30 ans). Ce projet est un moyen de montrer rapidement une action massive dans le paysage, mais aussi de valoriser et de renforcer un patrimoine végétal existant.

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Renforcer un patrimoine végétal existant

L’Atelier Public #3

Notre outil, le boisement :

-montrer une action rapide et forte -répondre à une politique régionale de boisement (objectif 180000 ha en 30 ans) -relier 2 grandes entités végétales: le parc de la Deûle et le PNR Scarpe -Escaut -s’inscrire dans la trame verte -assurer une protection des ressources en eau -offrir un cadre de vie en réponse à une demande sociale de plus de « nature » -dessiner un levier pour le tourisme vert et post-industriel -apporter une nouvelle économie par l’exploitation forestière (production d’énergie, de bois de construction, d’amendement pour les terres agricoles...) -structurer, aménager des espaces particuliers: les espaces humides liés aux affaissements , les espaces pollués suite aux activités industrielles passées ou actuelles, les zones d’activités, les lisières de villes, les espaces à devenir habitable, les espaces délaissés

2050

Maturation de la forêt 1800 ha de plantation sur l’ensemble du Bassin Minier


Pépinière

Réseau d’exploitation principal

Agroforesterie

Tramway Bâtiment pépinière

Bois existant Quartier de logements Bois clair projeté Bois dense projeté

Bois urbain Bois marais Bois habité Bois d’exploitation Bois de dépollution

Réseau principal d’exploitation Réseau secondaire Cheminement piéton

Trame boisée

100ha

Mise en réseau

100ha

100ha

Typologie de boisement

Plan d’ouverture et de fermeture

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Les territoires de projet

LA FORÊT EN CHAÎNE

Jeroen Dupont // Aline Gayou // Romain Goiset // Marlène Orand

Révéler une cohérence endormie:

Le boisement, support à dépollution et à production de biomasse : Installation d’un paysage rotatif avec des plantations de saulaies récoltées tous les 4 ans.

Cette opération de boisement vient s’implanter de façon opportuniste sur l’ensemble du territoire de la CAHC, prenant appui sur un réseau de terrains en déshérence constitué par les friches industrielles et les cavaliers. Cette action révèle une cohérence au sein de la Cahc et aura vocation à s’étendre sur l’ensemble du bassin minier. Le bois nous apparaît comme un outil déclinable de multiples façons de manière à venir structurer et gérer des situations particulières telles que: les espaces humides naissant suite aux affaissements, les sites pollués par les activités industrielles passées ou actuelles, les espaces de loisirs, les zones d’activités, les lisières de villes, les espaces urbanisables, les espaces délaissés ainsi que les abords de canaux.

Le bois urbain,

Des typologies de boisement adaptées à chaque situation :

Assurer des retournements sur la Deûle en aménageant des ouvertures et des accès directs aux berges

Le bois nous apparaît comme un outil viable pour accompagner les mutations de ce territoire nous avons donc constitué une boîte à outils, nous permettant d’accompagner ses différentes situations : -le boisement humide accompagne les zones d’affaissements -le bois urbain favorise un retournement sur les voies d’eau -le boisement des zones d’activités assure une revalorisation de ces espaces -le bois en lisière urbaine, -le bois habité favorise un préverdissement des futures zones urbanisables et constitue un patrimoine végétal structurant. -Le boisement, support à dépollution et à production de biomasse.

Le bois en limite de ville, Faire transition entre la ville, le bois et les champs.

bois habité

futaie

taillis sous futaie

champs

La trame forestière se dissout dans le tissu urbain

Accompagner les zones d’activités par le boisement - Créer une continuité entre ville, zones d’activités et bois

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Bois marais

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L’Atelier Public #3

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Culture de Miscanthus

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De façon à revaloriser un certain nombre de terres polluées nous optons pour des exploitations agroforestières à cycle court, la culture intensive de saule en courte rotation (3 à 4 ans), la plantation de peupleraies hybrides (rotations de 15 à 20 ans),la culture intercalaire avec saules et peupliers hybrides, les bandes de protection riveraines à base de saules, et la plantation de champs de miscanthus. Ces systèmes de plantations permettent d’assurer une dépollution des terres, et une production d’énergie en lien avec la centrale d’énergie implantée à Lens dans le cadre du Grenelle de l’environnement.

2010-2014 2011-2015 2012-2016 2013-2017 Principe de plantation rotative de saulaies

Préparer les futures zones urbanisables :

Ces bois permettent d’offrir un nouveau cadre de vie, en réponse à une demande sociale qui sollicite toujours plus de nature. Ils apparaissent comme un possible levier pour le développement touristique. Aussi, l’opération de boisement nous apparaît comme une solution viable pour déclencher une nouvelle économie, à la fois dans la production d’énergie, de bois d’œuvre, et d’amendement pour les terres agricoles avec la production de BRF (Bois Raméal Fragmenté).

réseau principal Bande de boisement à conserver,

Marquer les futurs axes par

assurer une mise à distance

des essences différentes

zone urbanisable

Construire et habiter les clairières

La forêt en chiffres c’est: 1950 ha de surface d’intervention dont : 150 ha de bois habité 480 ha de parc de loisirs boisé 500 ha d’agrofoiresterie 210 ha de bois marais 80 ha de pépinière 360 ha de friche revalorisée 150 ha de production énergétique en cycle

court

52 kilomètres

de cheminement

Coût estimé :

15 000 Euros/ha

(sur la base de

50000 sujets à l’hectare)

N Les cavaliers réhabilités, support à la promenade et à l’exploitation forestière sur l’ensemble du territoire

Agroforesterie sous-peupleraie

Hêtraie

Peupleraie

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Le projet de territoire

Le col de l a Deûle Rémi Boillot // Célia Brun // Mathieu Delmas // Mylène Duhail // Charles Perrotte // Valérie Zens

Carte de Cassini (début XVIIIe s.).

Le lit majeur de la Haute Deûle est principalement composé de marais.

Le paysage

Carte topographique.

Le canal de la Deûle (côtes 22 à 25m) perce un col formant un bombement au niveau de Dourges et Évin-Malmaison (côtes 28 à 32m). canal de la Deûle

A1 Mons-en-Pévèle

de la communauté d’agglomération, d’aspect relativement plat, est traversé d’Est en Ouest par la Deûle. L’étude de cette ancienne rivière canalisée s’est élargie à une analyse topographique, géologique et hydrographique du territoire. L’eau s’écoule sur deux bassins versants (Nord-est, Sud-ouest) aux caractéristiques géologiques différentes faisant émerger des particularités paysagères : - Le Sud, composé d’un sous-sol crayeux, favorise les paysages de grandes étendues agricoles de la région parisienne à la conurbation du bassin minier. Cette dernière constitue un front dense urbain allant de Béthune à Valenciennes, de Lens à Douai. - Le Nord-est est défini par de nombreuses couches d’argiles imperméables, propices à la création d’étangs et de boisements accompagnant des villes enlacées dans une agriculture sous influence urbaine.

Maquette topographique.

Les courbes topographiques sont régulièrement perturbées par des éléments de terrassements : le relief actuel est le fruit de différentes strates du travail de l’homme sur le territoire.

la rencontre de ces deux entités géologiques. C’est une interface entre deux territoires singuliers, où l’eau de ruissellement converge naturellement sur un sol riche en alluvion. Cette vallée de la Deûle est composée d’une topographie particulière : un grand bombement argilo-limoneux traverse cette vallée alluviale de Dourges à Évin-Malmaison. Il définit ainsi des sous-bassins versants d’orientation EstOuest (cf. carte topographique). La Deûle, grâce au travail de l’homme, franchit depuis plusieurs siècles cette topographie singulière. Elle tranche ainsi les bassins versants de la Deûle et de la Scarpe en dessinant le « col de la Deûle ».

Une topographie anthropique livre aujourd’hui un

paysage complexe, une superposition de couches d’histoires, d’usages venant brouiller la compréhension générale du territoire. Ce territoire anciennement composé d’un important réseau de fossés et de talwegs, drainait l’eau des terres, les rendant ainsi cultivables. L’exploitation minière a perturbé l’organisation du réseau hydrographique. (cf. carte de Cassini), par les terrils ( déchets de l’exploitation minière), les galeries, les cavaliers et les chevalements. Les grandes infrastructures contemporaines (autoroutes, TGV), quartiers d’habitations et nouvelles zones d'activités, complexifient cette topographie.

Cette superposition de strates, de réseaux, fragmente et

Lieu d’intensités

16

L’Atelier Public #3

Une entité composite, au centre du territoire, qu’on ne pourrait réduire au paysage qui la borde.

Boite à outils :

Quatres champs d’actions fondamentales pour s’emparer des enjeux du territoire.

Le lit de la Deûle se situe à

canal de Lens

Croisement des dynamiques : un lieu sous tension au Nord de la Deûle.

Carte des grandes entités de paysages.

Les terrassements

La gestion des eaux pluviales

Les plantations

désoriente l’espace. A partir de ces observations, nous avons ainsi lu une entité hybride au centre du territoire de la CAHC, qui s’identifie par la juxtaposition des différentes dynamiques (cf. carte entités) Cet espace de confluence est déterminant pour le paysage de la communauté d’agglomération car il articule aussi bien le Sud (l’Artois) et le Nord (le Mélantois) ainsi que l’Est (la Scarpe) et l’Ouest (la Deûle). Pour s’emparer de cette complexité et retrouver une orientation évidente pour ce territoire, l’hydrographie et les terrassements semblent alors s’imposer comme des outils pertinents. Les cheminements


TGV

A1

canal de la Deûle

canal de Lens A21

RN 43 (tram)

lisière sud

chemin de traverse

Le cordon ouvert agricole

Un pôle d’échange

Le plissement parallèle

La lisère Sud

La stabilité de cet espace maintenu ouvert par les cultures est un enjeu préalable au lancement de projets. (cf page suivante)

Sainte Henriette est un espace d’intensité au coeur de la CAHC, où les différentes échelles de transports sont amenées à se croiser ( tram, voiture, vélo, piéton, TER, TGV ).

Ouvrir un courant d’eau parrallèle à la Deûle permet une gestion des eaux pluviales des bassins versants Nord. Entre les deux courants, une sucession de terrasses met en réseaux différents projets communautaires.

Affirmer une limite Sud entre l’espace urbain de la conurbation du Bassin Minier et la vaste étendue agricole.

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Les territoires de projet

LE COL DE LA DEÛLE Rémi Boillot // Célia Brun // Mathieu Delmas // Mylène Duhail // Charles Perrotte // Valérie Zens

L’incontournable espace agricole L’affirmation d’une grande continuité ouverte traversant le territoire du Sud au Nord, en passant par l’Est et l’Ouest, est un préalable aux projets d’aménagements concernant la CAHC. L’ouverture continue, espace de respiration précieux au coeur de ce paysage complexe, génère des horizons lointains. L’espace ouvert agricole touchant chacune des 14 communes, devient une colonne vertébrale fédératrice de la communauté d’agglomération accompagnée d’un chemin de traverse. Un courant d’air permettant la mise en valeur des deux bassins « paysagers » Sud et Nord-est ne devant pas se confondre dans une conurbation englobante.

Cette continuité agricole adopte différents visages. De grandes cultures au Sud sont dans la continuité du plateau agricole de la Gohelle. De plus petits champs de nature bocagère s’immiscent entre les villes de l’entité hybride. Puis une culture phytoremédiatrice autour de l’ancien site métaleurop leur succède. Des prairies innondables, le long du courant parrallèle, accueillent une végétation hydrophile. Au Nord, l’agriculture reprend de l’ampleur dans la plaine du Mélantois.

Un cordon agricole continu génère des ouvertures. Des fronts urbains comme horizons.

Le plissement parallèle Étape 2 : installation d’une couverture végétale spécifique

Espèces pionnières 1

Espèces pionnières 2

Étape 1 : étirer les matériaux disponibles bras mort de la Deûle 9 / 9 bis A1 Schiste

Gravats

Utiliser et étirer les matériaux présents pour créer les conditions d’installations à la végétation : «valorisation des déchets.» Le socle devient alors une succession de terrasses qui permettent une continuité piétonne et biologique d’Est en Ouest.

L’entité hybride, au centre de la CAHC s’organise essentiellement sur la berge Nord de la Deûle, le long d’un axe Nord-Ouest / Sud-Est important. Le projet 9-9 bis, l’installation et l’extension de la plateforme multimodale Delta 3, le passage de la boucle des trois cavaliers, l’amorce des parcs en arrière des terrils, la reconversion nécessaire du centre d’enfouissement à l’échelle 20 ans, sont un ensemble de programmes de transformation du territoire. Le travail d’aménagement consiste en la création d’un plissement topographique reliant ces éléments séparés les uns des autres. Ce travail de mise en réseau depuis Evin-Malmaison jusqu’au Sud de Courrière, propose des nouveaux types de déplacements : en amont des infrastructures à l’aide du socle commun et en aval grâce à un nouveau cours d’eau : « le filet des Mottes »

Delta 3

Etat actuel Le cours d’eau réoriente le fonctionnement hydrographique. Le « filet des Mottes » génère une succession d’espaces inondables pour accueillir les crues de l’eau de ruissellement.

Une succession d’espaces en mutation

A

canal de la Deûle

plateforme multimodale Delta 3

terrasse

belvéd

La lisière Sud B’ B

La relation entre l’étendue agricole et la connurbation urbaine au Sud marque fortement le paysage de la CAHC à l’échelle du bassin minier. Cette lisière représente un seuil problématique à cause du morcellement progressif des espaces agricoles par la ville. Une attention particulière est portée à cette frange qui devient alors le lieu d’une négociation, le lieu de politesse où se rencontrent les usages. Cette limite Sud se dédouble, tire profit du temps, et ménage progressivement trois grandes ouvertures à l’intérieur du tissu urbain. En accueillant l’eau, des cheminements, et des plantations, la frange se constitue en même temps que la ville se construit.

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L’Atelier Public #3

C’

C


L’ouverture générée par l’agriculture ouvre des horizons lointains qui nous permettent une orientation et une compréhension du grand paysage.

filet des Mottes socle commun espace inodable A’

cultures phyto-remèdiatrice

extension Delta 3

A

centre d’enfouissement Ecopole Agora (ancien site de Metaleurop)

Projet Accueillir et connecter les mutations sur la berge Nord. Mettre en réseau les cours d’eau et les déplacements en hauteur. AFFIRMER L’HORIZON SINGULIER DU « COL DE LA DEÜLE »

A’ Oignies

ère

parc en paliers

prairie inondable

filet des Mottes

Terrasses sur terril, Delta 3 en spectacle

Une lisière en épaisseur : différentes typologies

B

Agriculture

Talus planté

Cavalier 12 m

Bois existant 200 m

Profiter de la présence d’un cavalier pour installer la structure de la limite

B’

C C’ Agriculture Fossé Bande enherbée Chemin Prairie Habitation Utiliser les outils agricoles pour ancrer le lisière : bande enherbée, fossé, alignement d’aubépine, de saule, d’aulne

Prévoir et accueillir l’extension urbaine

2011/ Plantation de jeunes plants et réservation d’espace

2020/ Ouvrir un accès piéton

2040/ Une limite épaisse et publique comme transition

Une installation dans le long terme : mettre en place un processus simple pour installer une limite stable

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Le projet de territoire

habiter la plus grande cité Sylvain Duchenne // Noémie Guerin // Béatrice Pérez // Sébastien Nerva

«je suis bien chez moi car je suis au calme, isolé, mais je peux me déplacer d’un point à un autre comme bon me semble» Pour nous il s’agit de porter un nouveau regard sur l’empreinte laissée par l’exploitation minière sur le territoire. Loin de vouloir mettre sous cloche un patrimoine jugé exceptionnel, notre projet s’intéresse à sa transformation plus qu’à sa protection. Notre attitude consiste à montrer les potentialités de certaines traces ‘actives’ (cavaliers, affaissements miniers, boisements liés anciennement aux exploitations) pour construire un projet profondément contemporain.

La mutation du territoire de la CAHC : une figure urbaine héritée du passé minier. Organisation agricole

En cherchant le charbon à tout bout de champ, l’activité minière a généré un paysage tout à fait singulier. Les trois cartes présentées ci-contre, illustrent cette mutation opérée sur plusieurs décennies. Le besoin de rationaliser l’espace pour optimiser la production a développé sur le territoire de la CAHC et du bassin minier, un riche réseau de voies ferrés : les cavaliers. La nécessité de relier chaque fosse d’exploitation a produit une véritable résille territoriale.

Le principal avantage de cette composition hybride « ville dense/ villes satellites » est sa capacité à attirer de nouveaux habitants. En effet, par cette morphologie, ce territoire répond parfaitement à un nouveau mode de vie contemporain qui pourrait se résumer ainsi : « je suis bien chez moi car je suis au calme, isolé, mais je peux me déplacer d’un point à un autre comme bon me semble ». En mêlant l’envie d’insularité aux besoins de mobilité le territoire de la CAHC, situé à moins d’une demi heure de la capitale du nord, deviendrait alors un choix de qualité pour qui cherche s’établir. Cependant, le revers de cette situation à proximité de pôles urbains pourrait faire disparaître petit à petit ces espacements par le développement de l’étalement urbain.

Notre stratégie est donc de privilégier cette forme urbaine devenant alors une vaste « cité jardin » contemporaine. Pour développer ce projet plus qu’un autre, notre démarche tire encore partie d’un autre élément hérité du passé minier : les affaissements.

Les affaissements : un outil pour modèler le sol

Fin du XVIIème

Exploitation minière

en 1949

Extension urbaine

La CAHC : une forme urbaine hybride : une ville linéaire dense et un ensemble de villes satellites.

Toutefois, cette première empreinte n’est pas une potentialité dans l’absolu. Elle le devient au regard du contexte particulier dans lequel elle se trouve. Le territoire de la CAHC présente cette particularité d’être composé d’une ville linéaire dense (Billy Montigny, Hénin-Beaumont, Montignyen-Gohelle,... : fragment de la ‘banane minière’) auréolée d’une constellation de petites villes satellites (Courrières, Carvin, Drocourt...). Cette forme urbaine s’explique en partie par le passage de la Deûle qui produit un écart entre ces deux formes d’établissements humains. De fait, ces « espacements » entre les communes confèrent un rôle majeur aux cavaliers s’assimilant à de véritables traits d’union capables de réduire les distances. Loin de se limiter à un simple mode de déplacement doux, celui-ci permettrait surtout d’activer plusieurs projets de renouvellement urbain (voir masterplan).En effet, le projet ne se limite pas à l’emprise des cavaliers mais investit l’étendue des espacements.

Passage d’un cavalier dans le tissu urbain

L’étang d’affaissement produit un paysage minier spectaculaire

En cherchant la veine de charbon, les sondages ont permis la croissance de villes en surface. Une fois la veine exploitée, le vide laissé en sous-sol a produit sur le sol de multiples affaissements miniers. Actuellement, les principales répercussions sur la topographie se sont produites. Mais, même si les soixante-dix pour cent sont derrière les habitants de ce territoire, il reste encore à prévoir de légères modifications. Les futurs risques d’affaissement, souvent sous-estimés ou méconnus, deviendraient un atout parce qu’ils empêcheraient le développement d’une ville dense et compacte. De plus, lorsque ces terrains sensibles se retrouvent en point bas, ils présentent cet autre avantage de générer de grands espaces de nature en se transformant en étangs d’affaissements. Sur un sol aussi instable, la cité jardin doit renoncer à son étalement, et s’organiser autour des vides communaux.

Pénétration du bois dans les cités.

Le troisième élément de notre projet de paysage (les boisements) s’inscrit donc dans cette volonté de gérer et de donner une qualité à ces « vides » entre les villes. Ils ont participé à l’ exploitation minière pour leurs atouts de drainage et de soutènement. L’intention est de déployer une seconde résille à celle des cavaliers par l’implantation de boisements aux endroits où « l’espacement » est à maintenir. Les objectifs sont multiples : drainer les terrains sensibles aux inondations (conséquence des affaissements) lorsque l’on se trouve à proximité d’habitats, relier les boisements existants pour renforcer l’effet d’écartement entre certaines villes tout en leur donnant un horizon boisé, développer une activité rentable sur un sol jugé instable.

Un horizon boisé

en 2007

20

L’Atelier Public #3

Position et maillage du cavalier par rapport aux communes

La CAHC pourrait alors devenir cette « cité jardin territoriale » proposant deux modes d’établissements humains contemporain : la ville dense attractive et la ville diffuse, tout deux reliés par des déplacements doux se déployant dans d’étroites forêts linéaires et offrant de larges perspectives sur de grands espaces de nature...


jardin d’europe N

Le réseau hydrographique

Les risques d’affaissements miniers

Une continuité boisée

Cavaliers et liaisons douces relient les communes et leurs équipements

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Les territoires de projet

habiter la plus grande cité Sylvain Duchenne // Noémie Guerin // Béatrice Pérez // Sébastien Nerva

Les cavaliers, les affaissements et les boisements au service du projet de territoire

A

L’aménagement de ce nouveau quartier de logements répond en partie à l’objectif de la CAHC de construire 500 logements par an. Trois caractéristiques définissent le choix d’implantation du quartier. Tout d’abord, il est installé à une altitude le mettant à l’abri du secteur innondable et en dehors des risques d’affaissements. Il est situé à proximité du cavalier qui est un véritable trait d’union entre les villes satellites et la ville linéaire. Enfin, ce projet de logements est en belvédère sur le grand parc urbain des étangs. L’implantation du bâti est orientée dans le but de créer une accroche au cavalier et d’établir un lien jusqu’au centre ville. L’espace public de l’équipement (coupe CC’) permet de requestionner les arrières des parcelles bâti et de générer une interface avec les nouveaux logements.

C

C’

B’ B

Les plantations d’arbres qui accompagnent le cavalier permettent de signaler son tracé au loin. Le cavalier est le support de projets urbain. Il devient à la fois un espace de vie, un lieu de déplacement doux et un lien entre les villes satellites.

Faire un paysage contemporain grâce aux traces de l’exploitation minière

Coupe AA’ : Re-valoriser les traces du travail minier en aménageant les abords

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L’Atelier Public #3


jardin d’europe Coupes de principes : relation entre affaissement, boisement, eau

Le cavalier, les affaissements et le boisement pour re-valoriser le territoire

Incurvation du sol lié à un affaissement

N Coupe BB’ : Peupleraie et étang : deux outils de gestion pour un sol gorgé d’eau

Le boisement pour souligner et prévenir les affaissements

Coupe CC’ : Un nouvel équipement accessible par le cavalier Une peupleraie pour stabiliser un sol sensible aux affaissements et aux remontées des nappes d’eau.

A’

2010

Le cavalier dans le temps

2025

Le cavalier : support d’une nouvelle urbanité. (Déf : Urbanité : Caractère de mesure

humaine et de convivialité conservé ou donné à une ville)

L’implantation de la base nautique est valorisée par la situation d’écrin entre le terril et les boisements. Il renforce alors le statut public de ce grand espace de nature.

2050

Vues depuis les fenêtres

Au 2ème étage, la vue se dégage au dessus des cimes.

Remaniement de l’espace agricole en agriculture péri-urbaine de type maraîchère. Sur cette grande surface sensible aux inondations, le parcellaire est redessiné pour optimiser l’écoulement des eaux. Il permet en parrallèle l’alimentation en eau des étangs d’affaissement et de proposer de nouveaux cheminements.

Au 1er étage, l’espacement des arbres crée des fenêtres sur l’horizon.

Au regard des risques d’affaissements sur ce secteur, le projet consiste à agrandir certains étangs afin d’anticiper les futurs mouvements de terrain. Les étangs d’affaissements occupent les espaces à risques et proposent de vastes espaces de nature à cinq minutes des habitations. La peupleraie est une plantation qui permet de valoriser les sols humides par l’exploitation du bois. Ses racines traçantes drainent les zones humides en surface. La plantation régulière, homogène et ordonnée des peupliers rend visible l’inflexion des sols dues aux affaissements miniers. Elle vient marquer un horizon boisé par sa densité tout en conservant une transparence grâce au feuillage léger du peuplier.

Habiter sur le cavalier

Le cavalier : liaison entre parcs, habitations et centres commerciaux

Un chemin entre parc et habitations

Au rez-de-chaussée, la vue est rasante sur le cavalier et les champs.

Les boisements soulignent les risques d’affaissements

Une frange de peupliers pour préserver les habitations des affaissements.

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Le projet de territoire

Composer l a dissonance Marie Bourdon // Clémence Nicolaï // Thomas Pellet

Une identité plurielle ...

... un projet fédérateur

L’identité de la CAHC est plurielle. Les mutations successives de ce territoire et les espaces qu’elles génèrent se superposent mais s’articulent difficilement. Ce développement a pour résultat une mosaïque de situations, une multiplication de points de repère et de signaux. Les diverses échelles se confrontent (ex : échelle humaine/échelle des zones commerciales ; l’agriculture/le pavillonnaire), dans un rapport subi, discordant, ou de mise à distance.

Le projet de paysage est un processus qui tire parti de ces situations conflictuelles. Le but n’est pas d’unifier le territoire, il est de travailler l’enchaînement des situations. Ce sont leurs complémentarités qui fédèrent la CAHC.

Les entrées pour le projet de paysage

Les différences du territoire organisent le projet

Un territoire de contrastes :

Le morcellement

La CAHC collectionne des situations de désaccords d’échelles, d’usages, d’époques. La simplicité des communes contraste avec le gigantisme des infrastructures et des zones d’activités ou commerciales. Le piéton se heurte à la circulation des poids lourds. Le terril est isolé au milieu de la ville. Ces contrastes seront nos outils de projets car ils sont l’essence de l’identité de la CAHC.

La première étape de notre démarche a été un diagnostic du territoire. Cette phase nous a permis de déterminer ses dynamiques de mutations et de développement. La CAHC est un territoire fait de séquences qui s’enchaînent difficilement. Cette suite de dissonances subies est une épreuve et fait de la CAHC un territoire pourvu de richesses non maîtrisées. Nous proposons de rechercher les moyens de rendre cette profusion cohérente. Pour ce faire il s’agira de traiter les différents points de contacts, les transitions, les chocs, les ruptures qui composent la CAHC pour faire de ces microsentités un ensemble.

Le damier Schéma d’intention

Une étape et un lieu d’accueil : De tout temps, ce territoire a été un point d’étape entre Paris et Lille, Arras et Douai. Une étape dans un chemin qui visait d’autres villes. Le rôle de point d’étape de la CAHC appelle une image : celle du relai de voyageurs. C’est ce à quoi la situation géographique (entre des grandes métropoles) et l’histoire de la CAHC la prédisposent et c’est l’atout avec lequel elle peut jouer. Pour cela les gares, ports fluviaux et sorties d’autoroute sont autant de points stratégiques à investir pour séduire le voyageur et le réorienter à l’intérieur de la CAHC.

Les lisières

Trois territoires, trois situations Trois problématiques propres au territoire ressortent du diagnostic. Ces trois situations ont la particularité de concerner l’ensemble des 14 communes. Les particularités de ces lieux créent des paysages atypiques. Nous mettons en scène ces différentes situations pour les faire vivre à échelle humaine.

Le morcellement

Les lisières

Le damier

De la gare de Libercourt à la Deûle, le territoire dessiné par Libercourt, Carvin, Courrière, Oignies.

Limite Sud de la CAHC avec les plaines de l’Artois, Montigny-en-Gohelle, Hénin-Beaumont, Drocourt, Rouvroy, Bois Bernard.

Evin-Malmaison, Leforest, Courcelles-lès-Lens, Dourges.

Cette partie du territoire est composée d’éléments épars, isolés les uns des autres. Cette situation crée un archipel d’espaces construits, boisés, ouverts, en eau, qui se côtoient mais ne dialoguent pas. Les espaces d’interstice restent indéfinis et ne tirent pas leurs forces de ce qu’ils bordent. Le but de notre intervention est de réintégrer dans un même système tous ces éléments pour former une constellation dans laquelle chaque type d’espace trouve sa place et fonctionne avec les espaces voisins.

Malgré son caractère très urbain, le territoire de la CAHC est également ouvert sur les grandes plaines agricoles. Ceci pose la question des limites entre la ville et l’agriculture et des différentes lisières qui doivent être traitées. L’objectif est de penser la transition entre la ville et l’agriculture, et le Parc des Iles peut en être une porte d’entrée.

Les friches industrielles, les zones d’activité et les réseaux d’infrastructures partitionnent le site dans une logique nord-ouest sud-est. L’intention est d’ouvrir une nouvelle direction transversale pour s’affranchir des contraintes engendrées par ces grandes infrastructures. Les passages et traversées deviennent des lieux de vie et non plus uniquement de déplacement. Ils dessinent un damier dans lequel viennent s’inscrire les nouveaux projets.

Concentrer, aérer

Limiter, orienter

Noyelles-Godault,

Un territoire mobile et d’échanges multimodaux : Le déplacement est l’élément de liaison entre toutes les fractions du territoire. Il traverse toutes les échelles . Les multiples réseaux qui sillonnent le territoire font émerger des points stratégiques d’échanges multimodaux. Ces lieux doivent être imaginés comme des points de rencontre et d’échange, des points névralgiques et de repères faisant événement. Ces espaces d’échanges multimodaux sont des lieux d’articulation physique et paysagère où les éléments s’entrechoquent.

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L’Atelier Public #3

S’insérer, s’affranchir


Plan masse

Concentrer, aérer

S’insérer, s’affranchir

Limiter, ouvrir Schéma d’intervention

Le processus de projet est amorcé en trois points stratégiques. Il s’étend ensuite à l’ensemble du territoire. Eau

1 Km

Schéma des transports Pôle culturel et de loisirs Pôle d’échanges multimodaux Pôle d’échanges secondaires

Agriculture

multimodaux

Centre de commune Train

Espaces de loisir

Transport en commun en site propre Tramway Liaisons douces

Zones d’activité

Urbanisation

Le projet est destiné aux habitants de la CAHC. Il s’appuie sur un programme de restructuration des transports en commun qui prend en compte les projets en cours. Il dessert l’ensemble des communes en s’affranchissant des infrastructures qui cisaillent le territoire.

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Les territoires de projet

Composer l a dissonance Marie Bourdon // Clémence Nicolaï // Thomas Pellet

Concentrer, aérer Le but est d’affirmer la fragmentation de ce site. Pour ce faire nous renforçons les particularités de chaque espace (zone d’activité, zone humide, boisement, urbanisation...). Les interstices deviennent des lieux de rencontre et non plus de simples circulations. Ils donnent à voir et à comprendre la palette d’espaces variés du territoire.

Insertion des grandes dynamiques paysagères (eau, agriculture, boisement) pour fragmenter la zone d’activité.

A Carvin, rencontre entre la ville, les espaces d’activité et le terril

500m

S’insérer, s’affranchir Ce projet s’insère dans une brèche du tissu urbain. Il s’appuie sur les projets de tramway de Lens et de Douai qui se voient étirés et reliés, ainsi que sur les projets d’éco-quartiers de Noyelles-Godault et Courcelles-lès-Lens. La dynamique qui en résulte est une perturbation dans la logique existante (diagnostic) qui offre une nouvelle orientation au site et permet de s’affranchir des infrastructures. Elle se traduit sous la forme d’un parc, support de nouveaux quartiers et équipements à la jonction de différentes communes et modalités de déplacement. La récupération des eaux du nouvel éco-quartier est une ossature pour organiser le projet et se raccrocher à la Deûle 500m

Limiter, ouvrir Le parc des îles est une porte d’entrée de l’agriculture dans la ville. Le maraîchage est une échelle intermédiaire entre les formes urbaines et agricoles. La transition entre urbanisation et agriculture est matérialisée par une frange d’agriculture de proximité et de loisirs qui prend différentes formes selon les types d’espaces qu’elle borde.

Une lisière de maraîchage et de vergers entre les espaces d’habitat et l’agriculture crée un espace tampon de promenade et de production

Un maraîchage à plus grande échelle fait front aux zones d’activités, et sert de porte d’entrée au parc des îles

26

L’Atelier Public #3

500m


Rencontre entre la ville clairière et le train Chaque jour les habitants de Libercourt partagent le centre ville de leur commune avec des centaines de voyageurs. La gare est imaginée comme un lieu de rencontre entre l’échelle du territoire et celle du quotidien. Les quais et la place de la gare sont des espaces ouverts sur l’horizon et le territoire. Ils contrastent avec la densité urbaine et boisée des alentours. Ils offrent une centralité aux heures d’afflences (arrivée des trains), pour le quotidien des habitants.

Vue sur la gare de Libercourt, ouverture sur le lointain et densité du local

200m

Insertion des équipement dans la trame Le projet devient support d’équipements intercommunaux tels que le musée de l’acier, une nouvelle salle polyvalente, une gare de bâteaux bus ou le terminus du tramway.

200m

Habitat

Arrêt et terminus du tramway

Activités

Equipements (musée, gare bateaux-bus, salle polyvalente, loisirs)

Des franges accueillantes Entre l’habitat et le terril, l’espace intermédiaire accueille des usages de loisir : jardins, promenade, boisement, terrains sportifs ... Le terril est façonné en murs, escaliers, gradins pour servir ces usages L’épaisseur de la lisière héberge des structures de loisirs et devient lieu de vie et d’activités «urbaines»

200m

Le terril accueille les spectateurs devant les terrains de sport

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Le projet de territoire

L’ESPACE ENTRE-COMMUNAL Dorian Maigues // Aurélie Noyel // Louise Rischmann

« Définir l’identité territoriale de la CAHC par le projet de paysage »

volonté de patrimonialiser les symboles du passé. Au vu de l’avancement des projets de reconversion et de réhabilitation, cette question serait résolue (cf. schéma ci-dessous).

ECHELLE D’INTERVENTION Pour exister à terme entre les métropoles lilloise et parisienne, la CAHC doit être suffisamment forte. Elle ne possède pas à elle seule les qualités suffisantes pour y parvenir. Elle n’a pas de centre fort et la limite de son territoire n’est autre qu’historiquement administrative. Cela implique de dépasser l’échelle de son territoire. Elle doit décider vers quel centre se tourner pour être reconnue.

-Un territoire vivant en mutations, pour lequel la notion d’identité pose problème. Elle n’est pas lisible aux yeux des acteurs de la CAHC qui cherchent à la concrétiser (cf. schémas ci-dessous).

Des dynamiques partagées avec Lens Au regard de l’analyse paysagère et des dynamiques de projets du territoire, on constate que de nombreux éléments convergent vers Lens : - la conurbation depuis Hénin-Beaumont jusqu’à Liévin - la frange agricole au sud qui marque une limite franche - le canal de Lens qui relie la confluence entre Carvin et Courrières à Lens. Il a le potentiel de révéler la richesse et les variétés du territoire qu’il traverse - la position géographique des zones d’activité et des friches, qui ne dialoguent pas avec les communes mais les rattachent spatialement les unes aux autres. Ils créent un collier de perles dont la dynamique part en direction de Lens - le tracé du projet de Tramway qui appuie davantage cette conurbation et dont les terminus sont HéninBeaumont et Liévin - la dynamique des projets porteurs qui est transversale avec Lens (cf. schémas : un fuseau paysager partagé avec Lens et chaînage des projets) Nous considérons que la CAHC et Lens partagent la même entité paysagére. Il faut donc travailler à une échelle plus large afin de penser une véritable cohérence paysagère. Il y a des synergies à trouver avec le SCOT qui regroupe déjà les deux communautés d’agglomération.

IDENTITE TERRITORIALE Pour les acteurs de la CAHC, il semble qu’il n’y ait pas une, mais deux identités distinctes: -Un héritage commun au bassin minier, avec une

Entre Paris et Lille, les seuils du Bassin minier

Vitrine de l’A1

Irrigué par des canaux

Selon nous, il n’y a qu’une seule identité qui résulte de l’économie passée et présente. Elle était jadis celle des houillères. Elle est aujourd’hui liée à l’activité logistique. Et ce sont les marques de ces économies qui caractérisent ce territoire.

INTENTION Notre intention est de nous servir des traces laissées par l’économie passée pour mettre en valeur l’économie d’aujourd’hui. Plus que de « construire une identité », il s’agit de la révéler. Cela passe par une qualification des espaces en marge générés par l’économie, et sécrétés par les communes, que nous appellerons les « Entrecommunaux ». Ils sont principalement constitués de friches industrielles et de zones d’activités. Aujourd’hui, ils mettent une distance entre les villes (cf. schémas ci-dessous).

Etat actuel

Projet

L’enjeu sera de partir de ces espaces marginalisés pour les anoblir et en faire de véritables liens entre les communes. Par la qualité de ces liaisons, ces dernières vont se réapproprier ces lieux et ne se sentiront plus seulement concernées financièrement mais aussi spatialement par les projets des communes voisines. Ce travail sur ces

Un fuseau paysager partagé avec Lens

espaces où les différentes identités se confrontent sera créateur d’un sentiment d’appartenance à une seule et même entité.

PROJET Dans le but d’asseoir spatialement le lien à Lens déjà sous-jacent, nous interviendrons sur les « entrecommunaux » comme leviers du projet de territoire. Ils seront mis en relation avec les projets de la Mission Bassin Minier (9/9bis, Parc des îles, Louvre-Lens,...). La position géographique de ces « entrecommunaux » génèrera deux importantes liaisons douces entre les communes qui prendront la forme de deux radiales. La première, au nord, reliera Carvin et le prolongement de la forêt de Phalempin à Lens en longeant le canal de Lens. La seconde, au sud, permettra depuis Hénin-Beaumont de rejoindre Lens en suivant le cavalier sud le long de la limite agricole. Elles seront caractérisées comme étant deux radiales qui relient la CAHC à Lens. Deux points d’impulsion de ce projet, les seuils nord et sud de la CAHC, marqueront simultanément les entrées dans la CAHC et dans le bassin minier. Dans un premier temps, un travail sur les grandes radiales, les seuils et les limites permettra de dessiner le squelette du projet. Les nouveaux espaces publics ainsi créés seront garants d’un dialogue entre les projets de réhabilitation et de reconversion de chaque commune qui sont aujourd’hui indépendants les uns des autres. Ces espaces publics orienteront des projets de développement urbain selon des séquences qui rythmeront ces nouveaux parcours quotidiens. Ces projets seront l’occasion de se confronter à des problématiques actuelles : vivre et s’approprier des espaces en marge. Des réponses à ces questions donneront à la communauté d’agglomération l’opportunité de diffuser l’image d’un territoire remarquable et novateur. Dans un second temps, les radiales s’épaissiront pour créer un véritable espace public souligné par la mise en place d’une ligne de bateau-bus entre Lens et la gare d’eau de Noyelles-Godault. Parallèlement à cela, l’arrivée du tramway comme bissectrice de ces deux radiales permettra d’investir la conurbation et de la densifier. A terme, ce projet propose la densification de la conurbation Lens/Hénin-Beaumont cadrée paysagèrement par la préservation des ceintures agricoles et structurée spatialement par l’espace public. L’espace généré par la qualification et l’appropriation des « entre-communaux » sera le moyen d’imaginer de nouvelles manières d’habiter et de se déplacer.

DEUX DYNAMIQUES Le canal de Lens Le cavalier Sud

Chaînage des projets

1 12 10

9 Lisière agricole

2

11

Phasage

3

8

4 5

7 6

N

Lisière agricole

28

L’Atelier Public #3

N

1- Zone d’activité du château, Carvin 2- 9/9bis, Oignies 3- Métaleurop 4- Eco-quartier, Noyelles-Godault 5- Sainte Henriette, Henin-Beaumont 6- Parc des îles 7- Cavalier sud 8- Parc de la glissoire, Lens 9- Louvre-Lens, Lens 10- Entrée de Lens 11- Le lagunage d’Harnes 12- Urbanisation des bord du canal, Courrières

N

2012 Mise en place des deux seuils Nord/Sud, leviers du développement des deux radiales. Mise en valeur des zones agricoles.


Des trames qui rythment les séquences paysagères Trames issues d’un élément paysager

cavalier

canal

Trames issues d’un élément bâti

DE DEVELOPPEMENT

zone d’activité

N

zone d’habitat

0 0.2

N

N

1

2

3

4

5

N

6km

N

2020

2030

2040

2050

Extension des radiales avec l’investissement du canal de Lens et du cavalier sud. Mise en place du tramway, bissectrice Lens/Henin-Beaumont.

Epaississement des radiales et extension ouest avec Delta 3. Rénovation urbaine liée à la réalisation du tramway.

Finalisation des deux radiales avec la réalisation des points de rencontre à Lens et à Noyelles Godault en bord de Deûle.

Densification de la conurbation urbaine Lens/HeninBeaumont viabilisant l’espaces public des radiales.

Identités d’un territoire : les figures du projet

29


Les territoires de projet

L’ESPACE ENTRE-COMMUNAL Dorian Maigues // Aurélie Noyel // Louise Rischmann

Méthode d’intervention Nous utilisons une trame arborée pour charpenter, structurer et cohérer les « entre-communaux ». Cette trame se déforme au contact de la matérialité du territoire et de ses composantes spécifiques (canaux, terrils...). Elle adapte son gabarit aux différentes séquences qui composent les radiales sur lesquelles elle se déploie : son gabarit s’élargit lorsqu’elle s’insère dans une zone d’activité et se resserre dans les quartiers d’habitat pour s’accorder à l’échelle des bâtiments.

Dans les zones d’activité, la trame végétale investit les dents creuses, remplace les entrepôts lorsqu’ils ferment et prépare leur arrivée. Ce roulement, permet d’inscrire les zones d’activités dans un parc boisé. Dans cette perspective, le temps d’évolution des végétaux créera des contrastes et jeux de hauteur qui rythmeront, marqueront et imprimeront les mouvements de l’économie sur le territoire.

T 0 - Etat initial

Frange de ville Friche industrielle

Les espaces ne dialoguent pas entre eux :

Aire d’extension de la zone d’activité

Agriculture

Zone d’activité

-la friche industrielle sert de tampon entre habitat et zone d’activité qui se tournent le dos -le cavalier est un espace résiduel inexploité

Cavalier en friche

Sur le seuil nord, le prolongement de la forêt de Phalempin (nord-est) jusqu’à Carvin insistera sur l’entrée dans le Bassin minier. La plantation d’une masse boisée entre la zone commerciale d’Henin et l’A1 accentuera le contraste entre la conurbation et la lisière agricole, sur le seuil sud.

T+ 10 - Installation des trames Structurer les «entre-communaux» Déformation de la trame à la rencontre du terril créant un parc urbain. Une trame serrée à l’échelle des maisons qui oriente l’implantation des nouveaux logements.

Principe des trames arborées :

Création d’ouvertures cavalier et l’agriculture.

entre

le

Installation d’un axe public piéton permettant de traverser la zone d’activité. Pour accentuer la pratique de cette zone, nous installons un équipement, mélangeant les usages, les activités et les temporalités. Une trame plus large à l’échelle des entreprises. Elle se saisit des opportunités des terrains pour s’installer et orienter l’extension de la zone d’activité.

Trame de l’habitat - maille : 15x15m

T+ 20 - Les trames, armature du territoire

Trame des zones d’activités - maille : 30x30m

Joindre les communes à leurs «entre-communaux» Utilisation des bassins de rétention des entreprises pour renforcer l’armature de l’espace. Extension de l’habitat, hauteurs et formes permettent la transition entre la zone d’activité et l’habitat individuel existant. L’axe piéton est le support de la mixité zone d’activité, habitat et équipement public.

Rencontre des trames

L’armature se saisie d’opportunité foncières pour créer de nouvelles ouvertures, de nouveaux axes piétons. Evolution de la zone d’activité lisible par l’âge des plantations. La fin d’une activité donne place à de jeunes plantations. L’installation d’une activité fait disparaître la trame, seule l’armature reste. Les parcelles non investies permettent aux plantations de devenir adultes et font de ces dents creuses des parcelles boisées de qualité.

Déformation de la trame

35m Gare d’eau (1) La trame créatrice de séquences paysagères variées

30

L’Atelier Public #3

25m Quai

85m Prairie de fauche

45m Bosquet

75m Prairie de fauche

10m Ripisylve


Exemple d’application sur le territoire La zone d’activité du château, Carvin

Aujourd’hui

Demain

LIBERCOURT CARVIN

Le cavalier : arpenter la limite

Les canaux : support d’un nouveau transport public

(1) OIGNIES

Cet entre communal est représentatif des situations auxquelles nous sommes confrontés. Il nous permet de montrer concrètement comment la trame s’installe dans les tissus existants et fait le lien entre les communes. COURRIERES

Légende :

Armature

Trame zone d’activité

Prairie de fauche

Axe piéton

Trame habitat

N

0 0.1 0.2

48m Etang

30m Prairie de fauche

100m Trame arborée de la zone d’activité

20m Axe piéton

20m Armature végétale

50m Zone d’activité 0m

10

15m Armature végétale 20

30

40

10m Rue

0.5

1km

Trame arborée de la zone d’activité

50

Identités d’un territoire : les figures du projet

100m

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Schéma des enjeux

En compilant les différents projets ce document expose les différents enjeux qui traversent la communauté d’agglomération. Il en ressort une nécessité pour la CAHC de s’inscrire dans un contexte plus large : le bassin minier, la métropole Lilloise, ainsi que l’agglomération Lensoise. Globalement, une attention est portée au patrimoine antérieur à la période houillère : la vallée de la Deûle, l’agriculture, les espaces forestiers. Plus précisément, il s’en dégage des espaces

de concentration des enjeux, principalement autour des infrastructures. Seuil Nord

dynamique métropolitaine

Valorisation de la Deûle

Seuil Sud De l’agriculture à la ville

La forêt en chaîne Viable / Visible / Visitable

- Marquer les seuils d’entrée Nord & Sud permettant la traversée - Mise en réseau - Cordon boisé

Le col de la Deûle Allié de la topographie

- Cordon ouvert (agriculture) à affirmer - Un socle commun en terrasse - Courant parallèle - Un point d’articulation au coeur de l’urbain dense - Limite Sud : du front urbain au front bâti ménageant trois grandes ouvertures

La plus grande cité jardin Relier les villes satellites - Affaissements - Espaces marécageux - Maintenir et renforcer les espaces neutres

Composer la dissonance

Vivre les différences/ Un territoire mobile / Traiter les discordances - Prolongement de la Darse - Cavalier - Transport en commun (bus / tramway) - Pôles d’échange (multimodalité de transport)

L’espace entre communal Fédérer par l’entre communalité

- Deux entrées dans le bassin minier, deux lignes de projet - Connexion cavalier sud / canal de Lens (bateaux-bus)

32

L’Atelier Public #3


Carvin

Libercourt

Oignies

Courrières

Evin-Malmaison Leforest

Dourges

Montigny-en-Gohelle

Hénin-Beaumont

Courcelles-Lès-Lens Noyelles-Godault

Rouvroy

Drocourt

Bois-Bernard

55 km km

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Esquisses en résidence

Après la mine, pour travailler le sol, le paysage…

Une semaine en résidence à la Mission Bassin Minier

Une visite du chantier du Louvre-Lens avec Catherine Mosbach

Début Mai, l’atelier s’est déplacé sur le site et s’est installé en résidence pendant une semaine à la Mission Bassin Minier à Oignies. L’un des bâtiments de l’ancienne fosse 9/9bis, cathédrale de brique et d’acier, a été le cadre pour approfondir et tester les hypothèses des étudiants : le lieu est une ancienne friche industrielle transformée en haut lieu de culture, bordé d’un terril et d’une cité minière, à proximité de la plate-forme multimodale de Dourges et d’un marais partiellement transformé en espace de loisirs… la matière est là, les projets vérifiables.

La visite du chantier du Louvre-Lens animée par Catherine Mosbach, paysagiste en charge de l’aménagement des abords du futur équipement, est entrée en résonance avec certaines préoccupations des étudiants quant au paysage du Bassin Minier. S’appropriant en effet sur 25 hectares le site d’un ancien carré de fosse, la paysagiste, en complète convergence de vue avec les architectes de l’agence Sanaa, développe une manière de libérer l’espace minier de la bulle patrimoniale dans laquelle on veut parfois l’enfermer. Ici, l’héritage minier fabrique un paysage moderne, ouvert sur la grande échelle de la ville diffuse qui caractérise le bassin minier.

Une résidence est une forme de maison ouverte : ouverte à la réalité du site, ouverte aux élus et acteurs de la CAHC, ouverte aussi à d’autres visiteurs. Cette semaine s'est déroulée en plusieurs temps : Temps de l’esquisse de projet : chacun des 20 étudiants a développé l’intention du masterplan auquel il participe sur un lieu singulier. Le site choisi l’a été en fonction de ses potentiels, de ses qualités propres, des enjeux soulignés par les élus des différentes villes. Il s’est agi de tester a des échelles précises des actions d’intervention sur le territoire : terrassements, plantations, urbanisation, parcours ont ainsi été dessinés au service d’une cohérence de projet de territoire. Calques, couleurs, maquettes ont foisonné pour illustrer ces intentions. Temps des visites de site : ce fut d’abord la visite du site du Louvre Lens avec Catherine Mosbach, paysagiste concepteur des espaces extérieurs du futur musée. Ce fut l’occasion de voir comment une paysagiste travaillait avec le site minier et la poésie singulière qu’il porte en lui, la matière du schiste noir et les terrassements qu’elle accepte, les plantations qui peuvent s’y développer. Puis ce fut la visite du site du parc des îles, qui nous a montré comment une ancienne friche industrielle portait un projet de parc urbain mais surtout un projet de territoire habité. Les étudiants ont entendu les questions du temps, de l’appropriation, mais surtout de la cohérence des actions souvent juxtaposées : dépollution, transport, reconversion, logement, trame verte,… Temps des rencontres et des échanges : l’atelier était ouvert à tous. Jean-Pierre Corbisez, président de la CAHC est venu découvrir les questionnements et intentions des étudiants. D’autres représentants des 14 communes ont aussi poussé la porte. Enfin des chargés de projets de la CAHC sont venus parler de l’aménagement du territoire de la CAHC et réagir aux propositions en gestation. Une restitution de la production de cette semaine a permis un premier débat, prémice à la finalisation de l’atelier.

L’atelier dans le 9/9bis. Evolution.

Discussion

D’emblée, le parti monolithique d’implantation des bâtiments (cinq rectangles légèrement désaxés et ne dépassant jamais 6m de hauteur) au centre du terrain prend le contrepied d’un espace insulaire. Alors que trois des cinq projets concurrents proposaient une implantation en bordure Est du site, argumentée par le double désir de s’installer au plus près de la gare et de préserver l’immensité du site minier, Sanaa et Mosbach ont voulu un parc qu’il faut obligatoirement traverser pour se rendre au musée. Il se décline alors, glissant le long des bâtiments, comme une série d’esplanades réparties sur la pente Est-Ouest encaissant insensiblement les dix mètres de dénivellation du site. Ces esplanades présenteront des ambiances distinctes selon qu’elles seront sillonnées par un ancien cavalier boisé à l’Est, ensoleillées et lumineuses au Sud-Ouest, boisées à la pointe Ouest du site. Ouvrant ses quatre façades sur la ville alentour, l’édifice est desservi par quatre entrées dont l’accompagnement sera le générateur d’autant de petits projets urbains, loin de l’image attendue d’une entrée principale et monumentale. La monumentalité – pourtant très attendue dans le contexte de la construction d’un musée qui est avant tout un monument , voire LE monument de la France – n’est d‘ailleurs jamais convoquée par Catherine Mosbach. Tout comme les architectes ont privilégié une architecture transparente, évanescente, voire flottante, à travers laquelle les perspectives du parc se font traversantes, la paysagiste a banni de son projet toute figure spatiale trop dessinée. Aux grands alignements creusant de profondes perspectives, elle a préféré une alternance de

bosquets et de pelouses. Les sols en béton seront perforés pour acquérir une perméabilité inattendue. La plupart des allées seront de simples « passepieds » de 60 cm tondus à même les pelouses, et les expressions plus horticoles seront réservées à des « micro-jardins » dispersés dans l’étendue du parc. Bref, les formes, bien que très étudiées, sembleront s’évanouir au contact de ce sol qui est le vrai sujet du projet. « Sub-spontané » c’est ainsi que Mosbach qualifie le paysage qu’elle invente ici. Traduire : « qui est vient tout seul, mais qui le fait sur une base franchement chahutée ». Car le projet du Louvre, Catherine Mosbach le prend comme une occasion de réactiver le minier dans ce qu’il a de moins muséal justement, et de plus sincère, de plus vrai (et en ce sens aussi, de plus artistique), c’est-à-dire dans sa capacité à ouvrir le sous-sol, à en faire un sujet d’expérience, une matière de paysage. Les volumes énormes générés par le creusement des parties enterrées du bâtiment seront disposés en bordure Nord du site, mis en vitrine comme une pièce de collection. Or, le bâtiment est implanté sensiblement à l’emplacement de l’ancienne fosse. L’extraction de la houille a toujours généré celle de déblais stériles. L’histoire industrielle, ici, se perpétue par son recyclage culturel. L’immense modelé de terrain qui surplombera sur plus de deux kilomètres de long la rive urbaine Nord prolongera les cavaliers qui autrefois sortaient de la fosse d’extraction, et qui constitueront l’accès le plus direct depuis la gare de Lens d’une part, depuis le Stade Bollaert d’autre part : l’entrée dans le parc se fera donc par son terril... Les couches du sol initial y seront scrupuleusement remises en place, strates par strate, avec une attention quasi archéologique. Ce remblai démonstratif formera le clos principal du parc, sans avoir à poser de clôture, ou du moins en la fondant dans le mouvement tectonique du terrain. « Le musée, explique Catherine Mosbach, est un outil de transformation du territoire, comme l’industrie minière autrefois ». Denis Delbaere, paysagiste dplg, Enseignant ensapl

Cette semaine de résidence était au cœur de l’idée d’un atelier public, qui met en relation des étudiants en recherche et des acteurs de l’aménagement plongés dans une réalité d’action. Cette question du paysage, réalité et concept de projet, y a trouvé une forme physique. Sylvain Flipo, paysagiste dplg Enseignant ensapl

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L’Atelier Public #3

La visite du chantier du Louvre-Lens

La visite du Parc des Iles (Drocourt)


Une Ecole et une Maîtrise d’Ouvrage

L’ENSAPL, une école qui porte son attention sur les problématiques du Nord La CAHC, une agglomération au coeur du bassin minier La Communauté d’Agglomération d’Hénin Carvin, située au centre de l’ancien bassin minier du NordPas-de-Calais, se compose de 14 communes dont 2 communes-centre (Hénin-Beaumont et Carvin). La CAHC est présidée aujourd’hui par le maire de la commune de Oignies, Monsieur Jean-Pierre CORBISEZ. D’une superficie de 112 km2 pour une population totale de 124 580 habitants, elle constitue la partie la plus dense du bassin minier. Pourtant, durant la dernière décennie, la baisse de la population a ralentit considérablement. Elle tend aujourd’hui à se stabiliser. À une vingtaine de kilomètres au sud de Lille (et à une trentaine au nord d’Arras), le territoire d’Hénin-Carvin est, de fait, partie intégrante de l’aire métropolitaine polarisée sur l’agglomération lilloise dont il tire profit principalement de la dynamique économique. Le nombre d’emplois et d’établissements créés sur l’agglomération traduit un dynamisme parmi les plus importants de la région. Cependant, la situation sociale du secteur est marquée par la permanence dans le temps des phénomènes de pauvreté et d’exclusion. Le territoire n’est pas en manque d’atouts et de grands projets pour développer son attractivité et son rayonnement. Des projets phares existent ou sont en cours de construction. Ils ont vocation à rayonner au-delà du territoire et contribueront au basculement d’image.

Les Compétences obligatoires de la CAHC : - le développement économique : création, aménagement, entretien et gestion des zones d’activités industrielles, commerciales, tertiaires, artisanales, touristiques, portuaires et aéroportuaires qui sont d’intérêt communautaire ; actions de développement économique d’intérêt communautaire; - l’aménagement de l’espace communautaire : Création et réalisation de zones d’aménagement concerté d’intérêt communautaire ; organisation des transports urbains ; -l’équilibre social de l’habitat sur le territoire communautaire : Politique de logements, notamment du logement social d’intérêt communautaire en faveur des personnes défavorisées ; amélioration du parc immobilier bâti d’intérêt communautaire ; -la politique de la ville dans la communauté : Dispositifs contractuels de développement local et d’insertion économique et social d’intérêt communautaire, de prévention de la délinquance. A ces compétences obligatoires viennent s’ajouter les compétences optionnelles que l’intercommunalité d’Hénin-Carvin a choisi d’assurer : - assainissement, eaux usées et pluviales, - eau potable, - déchets ménagers, collecte et incinération incluant le tri sélectif, - environnement, Avec sa voisine (la Communaupole de Lens-Liévin), la communauté d’agglomération a transféré sa compétence transports (Plan de Déplacements Urbains et réseau Tadao) ainsi que l’élaboration de son schéma de cohérence territoriale (SCOT) à des syndicats mixtes. Giuseppe Lo Monaco Directeur de l’Aménagement du Territoire à la Communauté d’Agglomération Hénin-Carvin

Bien que délivrant un diplôme de rang national, l’école de Lille porte son attention sur certaines problématiques très actuelles dont le Nord, comme le nord de l’Europe, est porteur. C’est là la spécificité que notre établissement veut renforcer au sein de l’Université Lille Nord de France. Ainsi, les questions posées par la Mission Bassin minier (MBM) et la Communauté d’agglomération de Hénin-Carvin (CAHC) avaient vocation à rencontrer notre projet pédagogique, et nous nous réjouissons de l’accueil fait par leurs responsables dans la conduite de ce partenariat. En effet, pour la formation des architectes et des paysagistes, l’actualité des questionnements de notre société est bien mieux abordée dans l’échange authentique avec les acteurs vrais : les Ateliers publics de paysage représentent pour les étudiants, pendant un semestre complet de l’année préparatoire au diplôme, ce temps d’immersion dans un territoire, au contact des habitants, des responsables, des élus… et de leurs dynamiques. C’est bien pour la qualité des échanges survenus au cours de cette étude que j’adresse nos remerciements à l’ensemble des acteurs locaux rencontrés, tout particulièrement au sein de la CAHC et de la MBM. Après la ZAC de l’Union avec la SEMVille Renouvelée en 2008, puis le site du Campus scientifique en liaison avec l’Université Lille 1 et Villeneuve d’Ascq, ce troisième Atelier public de paysage est conduit par des enseignants dont il convient de saluer l’engagement dans cette démarche : Jérôme Boutterin, Denis Delbaere et Sylvain Flipo, tous trois paysagistes dplg. Avec eux, les étudiants ont investi les lieux pour des reconnaissances approfondies, afin de pouvoir en révéler mieux le potentiel. En l’occurrence, il s’agit non plus de remédier, de réparer, de requalifier, de réhabiliter…, si l’on emploie les termes ordinaires de l’action politique des années 90, mais bien d’identifier les fondements d’un projet à grande échelle, capable de donner forme à l’avenir d’un territoire complexe. Tellement complexe, en effet, que les questions de la forme globale et de la lisibilité des territoires traversés sont perdues de vue. La perte de sens de ce secteur du bassin minier, plus que tout autre, chacun la connaît. Chacun

sait en effet l’écartèlement de part et d’autre des faisceaux de voies sud-nord (A1, TGV) et ouest-est ; les bouleversements rapides dus à la plate-forme multimodale de Dourges ; l’incertitude d’identité et de caractère de fragments de communes ressortissant à l’agriculture, à l’activité minière, à la banalité actuelle des zones d’activité, à l’urbanisation étalée des lotissements pavillonnaires… Sans parler de la future liaison Lille-Lens ! Ni d’une nécessaire intégration, sur ce territoire, d’objectifs généraux tels que le déploiement de la forêt régionale ou la constitution de la trame verte et bleue dont le Grenelle de l’environnement souhaite doter l’ensemble du territoire pour préserver la biodiversité. Dans ces conditions, quels sens nouveaux le projet de paysage peut-il offrir à ce territoire bien spécifique ? Quelles lignes de conduite adopter ? Quel rapport établir entre les projets actuels très localisés et le terrain géologique, le milieu géographique, les transformations léguées par l’histoire ? Comment, au fait, le projet de territoire procède-t-il ? Comme les dix équipes pluridisciplinaires qui étudient l’avenir du Grand Pari(s), les six équipes d’étudiants offrent des projets pour le territoire de HéninCarvin qui diffèrent entre eux, en ce qu’ils ouvrent des perspectives et opèrent sur des choix et des intentions qui leur sont propres. Pas de vérité ensoi, dans le projet de paysage, mais des propositions ouvertes dans lesquelles la communauté trouvera une pertinence certaine. Alors que le Louvre Lens sort de terre et que soixante-dix nouveaux monuments historiques, liés à l’histoire industrielle et sociale, viennent d’être identifiés, la dimension culturelle du bassin minier est mise en exergue avec une proposition de classement au patrimoine de l’Humanité au titre du paysage culturel évolutif. Par delà la technique, les investissements, les aménagements et les infrastructures, il s’agit bien d’une quête d’enracinements dans la réalité de ce territoire à laquelle les 20 étudiants se sont livrés, pour en proposer des bases paysagères et culturelles appropriables par tous ses habitants. Jean-Marc Zurretti, directeur de l’ensapl

La Mission Bassin Minier, un outil au service de l’aménagement et du développement du Bassin Minier Créée sur décision du CIADT du 1 5 Décembre 1998, la Mission Bassin minier Nord-Pas de Calais a été mise en place dans le cadre des dispositions du volet « Après-mine » du Contrat de Plan 2000-2006. Elle constitue aujourd’hui l’un des outils techniques partenarial d’études et d’aide à la décision privilégiés au service de l’Etat, des collectivités publiques et de leurs partenaires. Elle a notamment pour objectif d’aider, dans le respect du développement durable, à l’émergence de grands projets de développement structurants, ainsi que d’opérations exemplaires d’aménagement, de restructuration urbaine et de valorisation patrimoniale. Aujourd’hui, la Mission Bassin Minier accompagne et initie des projets sur les thèmes suivants : - l’urbanisme et l’habitat minier - la trame verte - les grands projets de développement - la santé - la valorisation de la mémoire et du patrimoine minier - les séquelles minières - le transport - les Programmes Européens (RESCUE, Interreg 3A et 3C) - la coopération avec la métropole lilloise

Elle mène un travail d’observation sur : - les analyses socio économiques - l’eau - l’urbanisme commercial Associée, dès sa création, à la préparation de la programmation des crédits GIRZOM et ANRU, les orientations de ses programmes de travail pour les années 2007-2013 la positionnent au cœur de l’élaboration et du suivi du projet de candidature du Bassin Minier au patrimoine mondial de l’UNESCO. Outil technique au service du projet de candidature, la Mission Bassin Minier a été mandatée par l’Etat et la Région en 2006 pour élaborer et mettre en œuvre le Schéma de Développement Patrimonial qui a servi à bâtir le plan de gestion dans le dossier de candidature. Enfin, la Mission Bassin Minier a été mandatée lors de son CA du 4 novembre 2008 pour mener les négociations et porter la contractualisation dans le cadre du plan de gestion proposé dans le dossier de candidature. Elle est désignée pour être la structure qui assurera la gestion du futur label « Patrimoine mondial ». Raphaël Alessandri, architecte dplg Chargé de Mission Principal Patrimoine Urbanisme Durable

Identités d’un territoire : les figures du projet

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Un grand merci... Au groupe de travail de la CAHC et de la Mission Bassin Minier pour son suivi et son intérêt depuis le mois de février, ainsi que pour l’accueil dans ses locaux au 9/9bis. En particulier à : Giuseppe LO MONACO, Directeur de l’Aménagement du Territoire à la communauté d’agglomération Hénin-Carvin Raphaël ALESSANDRI, Architecte dplg, chargé de mission principal patrimoine-urbanisme durable à la Mission Bassin Minier A nos enseignants pour leur investissement au sein de l’atelier, leur présence et leur suivi : Jérôme BOUTTERIN, paysagiste dplg, enseignant à l’ENSAPL. Denis DELBAERE, paysagiste dplg, enseignant à l’ENSAPL. Sylvain FLIPO, paysagiste dplg, enseignant à l’ENSAPL. A l’école nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille pour le matériel, les locaux, et particulièrement à Jean-Pierre HOUSSIER, secrétaire général et Sébastien FRÉMONT, chargé de communication. A Catherine MOSBACH, paysagiste dplg, pour nous avoir ouvert les portes du chantier du Louvre-Lens, pour sa disponiblité et ses conseils. A Sabine EHRMANN, photographe et docteur en esthétique, pour son écoute et la richesse des débats générés. A tous les élus de la CAHC qui nous ont reçu lors de nos entretiens : Christine TOUTAIN, Maire de Bois-Bernard Philippe KEMEL, Maire de Carvin Ernest VENDEVILLE, Maire de Courcelle-LesLens Christophe PILCH, Maire de Courrières Patrick DEFRANCQ, Maire de Dourges Bernard CZERWINSKI, Maire de Drocourt Bernard STASZEWSKI, Maire d’Evin-Malmaison Eugène BINAISSE, Maire d’Hénin-Beaumont Christian MUSIAL, Maire de Leforest Daniel MACIEJASZ, Maire de Libercourt Bruno YARD, Maire de Montigny-en-Gohelle Jean URBANIAK, Maire de Noyelle-Godault Jean HAJA, Maire de Rouvroy Jean-Pierre CORBISEZ, Maire de Oignies et Président de la CAHC A la Mairie de Libercourt de nous avoir accueilli au Domaine de l’Epinoy.

École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille 2 rue Verte 59650 Villeneuve d’Ascq Tél : +(33) 03 20 61 95 50 Fax : +(33) 03 20 61 95 51 e-mail : ensapl@lille.archi.fr http://www.lille.archi.fr

La formation de paysagiste d’Etat (dplg) Les paysagistes dplg sont formés dans les ENSAP de Lille et Bordeaux et à L’ENSP de Versailles et Marseille. Les études durent quatre ans à partir d’un concours national situé à bac+2. Première école de paysage du nouveau millénaire, implantée dans un contexte territorial fortement marqué par les tissus urbains, industriels et infrastructurels, dont la perception révèle souvent un déficit d’image, l’ENSAP de Lille aborde la notion de paysage sous un angle résolument prospectif. L’enseignement du paysage associe trois champs de connaissances : artistique, techniques (ou technologiques), sociales. La pédagogie est centrée sur l’apprentissage du projet. Cet apprentissage se fait donc par la pratique du projet, en atelier, mais aussi par les autres formes d’enseignement, centrées sur le projet elles-aussi, qu’il s’agisse des cours, séminaires, laboratoires et travaux dirigés abordant les différents champs. Concours Le concours national permettant l’accès aux quatre écoles de paysagistes dplg est organisé chaque année dans cinq centres d’examens (Bordeaux, Lille, Rennes, Marseille, Versailles). Les informations peuvent être prises auprès des écoles et de leur site Internet notamment le site de l’ENSP Versailles : http://www.versailles.ecole-paysage.fr/etude/ concours.html

Passer le relais Ce troisième atelier public, animé en partenariat avec la Communauté d’Agglomération d’HéninCarvin et la Mission Bassin Minier, nous a plongé dans la réalité d’un territoire aux problématiques complexes. L’atelier ne traite pas seulement d’une question spatiale, sur un site donné , il part de questions spécifiques posées par des commanditaires. Elles furent perçues comme un véritable défi questionnant l’ampleur de ce que le projet de paysage peut embrasser et nous a poussé à chercher au delà de nos habitudes de travail. Nous avons été honorés par cette ambitieuse demande entraînant l’atelier public à expérimenter de nouvelles méthodologies, ouvrant un large débat d’actualité. Il s’agissait d’apporter une réponse partielle à la question de son identité plurielle. Comment réussir à dessiner un projet de territoire à l’échelle des 15000 hectares, voire au-delà de ses limites? Comment intégrer sa complexité spatiale, politique dans des figures d’espaces? Il nous a fallu intégrer les projets existants et penser à une programmation dans le long terme en trouvant des relations entre des éléments de natures diverses. Un parcours initiatique nécessitant aller-retour et endurance. L’autre mission de cet atelier fut de transmettre notre travail aux acteurs de ce territoire. L’outil du journal nous a paru un bon moyen de synthétiser notre travail, de comprendre notre démarche qui progressivement s’est regroupée en quelques propositions singulières. Nous avons travaillé à partager nos regards et nos propositions avec ceux qui font vivre la Cahc. Le « passage de relais » est l’élément clef de l’atelier permettant aux maires des 14 communes de se servir des graines d’idées afin de récolter ensemble les fruits des projets semés. Les étudiants paysagistes de troisième année à l’ensapl

Communauté d’Agglomération Hénin-Carvin 242 boulevard Schweitzer 62110 Hénin-Baumont Tél : +(33) 03 21 79 13 74 Fax : +(33) 03 20 11 88 00

Mission Bassin Minier Nord - Pas-de-Calais Carreau de Fosse 9/9bis rue du Tordoir - BP 16 62590 Oignies Tél : +(33) 03 21 08 72 72

L’équipe paysage de l’atelier public 2010 - ensap lille


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