Portfolio

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jerome conquy

lost and found port f o l io



L o s tAND FOUND


Cet ouvrage accompagne l’exposition Polèmes, un polaroïd pour un poème, présentée à l’université Paris 8 du 24 au 28 avril 2017, soutenue par le FSDIE. Je tiens à remercier le FSDIE, Guillaume Decourt pour sa plume de poète ainsi que Cécile Rouède pour sa collaboration éditoriale et graphique.

© 2017 by Jérôme Conquy. Tous droits réservés. Poèmes de «Polèmes» : © 2016 by Guillaume Decourt jeconquy@free.fr


Lost

AND

FOUND

SOMMAIRE Biographie

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Avant-propos

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Polèmes

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Sculptures involontaires

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More Than Meets The eye

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Transparens

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Jérôme Conquy Guillaume Decourt

Masques Golems 1,2 &3

Synesthésie Danse chamanique Protozoé


biog raph ies Jérôme

Conquy Jérôme E. Conquy ne s’arrête pas seulement au documentaire. Il se tourne peu à peu vers l photographie plasticienne. Il se reconnaît dans la phrase de Rauschenberg : « I am not interested in what I can do but rather what I cannot do or what I think I can’t ». Son exploration de la photographie expérimentale l’amène à interroger ce qui se cache derrière une image, sa thématique récurrente étant celle de l’absence. Son travail documentaire et plasticien a été exposé dans des galeries parisiennes comme le 104, la galerie Art Vivienne.

Élevé sur trois continents différents (Afrique, Amérique et Europe), Jérôme Conquy est diplômé de l’université de Calgary, du Birkberk, University of London, du Art Institute of Fort Lauderdale de Floride ainsi que de l’université Paris 8 (Master Arts Plastiques-Photographie). Installé à Paris en 1997, il est photojournaliste pour de nombreux magazines dont ELLE, Le Monde 2, Marie Claire, DS... Il a remporte plusieurs prix photographiques dont le Scoop d’Angers, est projeté plusieurs fois au Festival Visa pour l’Image à Perpignan. Son travail sur les objets trouvés à Paris est publié en 2007 par l’éditeur Parigramme.

Guillaume Decourt Guillaume Decourt est né en 1985. Pianiste classique et poète, il a passé son enfance en Israël, en Allemagne et en Belgique ; son adolescence dans les monts du Forez ; puis séjourné longuement à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie.

pape, (Sac à Mots, 2013) ; Diplomatiques (Passage d’encres, 2014) ; À l’approche (Le Coudrier, 2015) ; Les Heures grecques (Lanskine, 2015), Chasse-pierres (OX, 2016) ; Café Peran (Les Presses du vide, 2016) ; 9h50 à l’Hôtel-Dieu (Passage d’encres, 2016).

Il partage aujourd’hui son temps entre Paris et Athènes. Il a publié: La Termitière (Polder 151/Gros Textes, 2011) ; Le Chef-d’œuvre sur la tempe (Le Coudrier, 2013); Un Ciel sou-

Il donne des lectures publiques dans différents festivals et participe également à de nombreuses revues.

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avant-propos Lost and Found est une série photographique, débutée en 2005, consacrée aux objets trouvés à Paris. A mesure de mon exploration photographique, cette série a donné naissance à Polèmes, un polaroïd pour un poème, sujet de l’exposition présentée à l’université Paris 8 avec la participation du FSDIE.

elle désigne une ombre portée, ensuite un moule donc une empreinte. Selon Georges Didi-Huberman dans L’Empreinte, cette expression avait aussi inspiré Marcel Duchamp pour certaines de ses recherches. La présentification de l’absence est possible grâce au procédé de contact indiciel que j’explore dans les séries de masques faits d’alumiLost and found explore le thème de l’absence nium ou matières naturelles (farine, de deux manières différentes : la présentifica- sable…) tion d’une absence et la fabulation d’un exisA travers ce travail photographique, tant invisible. c’est au regardeur que je m’adresse. En effet, l’exploration de l’absence se L’incarnation de l’absence (donner chair à, fait via le constat photographique d’un indice donner matière à) se fait, dans Polèmes par (objets, empreintes) susceptible de stimuler la métonymie (partie pour le tout ) où la relique l’imaginaire du regardeur à qui revient le rôle de exhumée des casiers de la rue des Morillons créateur d’un nouveau regard, d’une nouvelle retrouve vie par la saisie instantanée de la poéhistoire…, capable de combler l’absence. sie de l’objet. Cette même démarche m’a incité à transgresUne autre manière de valoriser cette poétique ser les frontières de l’indicialité en poussant, de l’objet est le jeu d’illusion comme dans mes dans la série Transparens, le mode d’altéraséries photographique Sculptures involontion plus loin jusqu’au frontière de l’abstraction. taires et More Than Meets The Eye où la Je cherche une image qui agit comme un symsculpture par la lumière et l’ombre d’objets les bole voire une métaphore : à chaque nouvelle plus ordinaire de la vie quotidienne que sont les lecture, elle se charge d’un nouveau sens, bidons a pour résultat une quasi sacralisation mise-en-scène d’un faire apparaître, une révéde ces derniers par phénomène d’anthropomorlation. Inspiré par les recherches en photographisme. Nous observons ici le phénomène d’une phie et en vidéo expérimentales, je questionne double image, image réversible ou Kippbild : l’absence de référence indicielle et ce faisant une image qui porte l’empreinte d’une autre en j’interroge les connexions invisibles qui existent attente de révélation. entre l’artiste et le regardeur. Le regardeur est toujours cet « Autre » recherché et convoqué Ombres et empreinte sont extrêmement dans toute sa sensorialité. connectées comme dans l’expression «Cast a shadow» qui possède deux significations :

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POLÈMES Photographies / Calligrammes : Jérôme Conquy Poèmes : Guillaume Decourt

Contraction des mots « Polaroïd » et «poème», Polèmes est un projet où l’écriture rencontre la photographie. «Polèmes» est issu d’un jeu de sonorités avec «pollen», métaphore de la fertilisation d’un esprit par un autre, la synergie artistique étant au cœur de cette idée. Polèmes réunit quinze Polaroïds de Jérôme Conquy et quinze poèmes de Guillaume Decourt, chaque Polaroïd étant la source, l’inspiration d’un poème en « vers libre », puis d’un «calligramme» de l’objet dessiné par Jérôme Conquy.

chaque fois de l’apport émotif et imaginatif de l’interprète. » Dans Polèmes, les objets sont une trace mais nous ne sommes pas intéressés par l’impact que cette trace laisse sur le monde ni ce qu’elle révèle du monde. On ne s’intéresse pas à l’aspect sociologique de la scène mais à l’histoire qui se cache derrière cet abandon : l’objet étant décontextualisé, on s’interroge naturellement sur celui qui est à l’origine de la trace, sujet qui n’est jamais photographié, toujours hors champs.

Polèmes exhume les objets perdus sur la voie publique Comment cet objet a été perdu ? Par qui ? Quelle (métro, musées, aéroports). histoire se trame derrière ? Autant de questions qui Photographiés in situ dans le ouvrent au lecteur un champ imaginaire de possibles décor du Service des Objets dans lequel il se projette en fonction de son histoire, trouvés de Paris au polaroïd ces peurs, ces désirs, sa propre mémoire, bref son SX70, ces objets incongrus identité personnelle. (crâne humain, canne d’aveugle, robe de mariée, etc.) ont été jetés ou Pour chaque lecteur, la co-création opère de abandonnés par un individu inconnu. manière différente: la photographie devient, telle une madeleine de Proust, stimulus involontaire Ma démarche photographique se veut ouverte de l’imaginaire et de la mémoire individuels. et non-exhaustive, libre à une interprétation Chaque photo agit comme les miroirs installés multiple. C’est la raison pour laquelle les sur la plage du film documentaire d’Agnès Polèmes sont dépourvus de titres. En effet, Varda Les plages d’Agnès. Elle ne révèle in nommer un objet, c’est supprimer les trois quart fine que celui qui regarde. Ce qui est trouvé, de la jouissance du poème, qui est faite du c’est l’identité de celui qui regarde les photos. bonheur de deviner peu à peu : le suggérer... Toutes ses possessions renvoient à la question Voilà le rêve... (Mallarmé). de l’Etre qui les a perdues et de l’Etre qui les redécouvre, la photographie établissant une Ce qu’Umberto Ecco confirmait en écho : connexion invisible à travers temps et espace « Il faut éviter qu’une interprétation entre le premier et le dernier. unique ne s’impose au lecteur : l’espace blanc, le jeu typographique, la mise Et dans le mystère de ce qui n’est pas montré, en page [...] contribuent à créer un dicible, seulement suscité, suggéré, se pose halo d’indétermination [...] l’oeuvre est la question la plus intime et la plus universelle intentionnellement ouverte à la libre qui préoccupe tous les êtres humains : Qui est réaction du lecteur. Une oeuvre qui l’Autre  ? Qui suis-Je ? suggère se réalise en se chargeant

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Calligramme

Guillaume Apollinaire est à l’origine du mot calligramme, Contraction de « calligraphie » et d’« idéogramme ». Il proposait avec ses calligrammes un aménagement original du poème dans une nouvelle spatialité rompant avec les strophes classique. Ses poèmes, par cet arrangement visuel, deviennent des « idéogrammes lyriques ». Du grec kalos « beau » et gramma « lettre », les lignes sont disposées de manière à former un dessin généralement en rapport avec le sujet du texte. Mais il arrive que la forme apporte un sens qui s’oppose au texte. Le calligramme est une manière finalement de rallier l’imagination visuelle à celle portée par les mots. Cette forme de poésie est aussi nommée poésie visuelle, poésie figurative ou bien poésie graphique.

Si Apollinaire demeure l’auteur de calligrammes le plus reconnu par l’histoire littéraire, il n’a pas inventé le «  poème-dessin ». Les premiers seraient attribués au poète grec Simmias de Rhodes (IVe siècle av. J.-C.) en représentant une hache, un œuf et des ailes de l’amour. D’autres écrivains, comme François Rabelais, avaient déjà imaginé remplir un dessin par un poème mais le poème ne dessine pas l’objet. Avec ses calligrammes, Guillaume Apollinaire a créé un véritable « lyrisme visuel ». Sa poésie mêle la musique, la peinture et la littérature. Elle est le fruit d’une époque très riche qui invente de nouvelles formes d’art (le Futurisme, le Cubisme… ). Le calligramme est une forme visuelle parfaite transportant dans son corps l’écriture et le dessin jouant avec l’espace de la page. Pont entre l’image photographique et les mots du poète, cet idéogramme génère une nouvelle forme, prétexte supplémentaire pour la stimulation de l’imaginaire du spectateur. Le but est, après avoir décontextualisé l’objet de son environnement, de brouiller encore un peu plus les repères, d’épuiser l’indice contenu dans l’image pour appeler la poésie du regardeur.

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Tête mordue Tête tordue

- L’ é p i n g l e à c r a v a t e f a i t office de panacée -

- Le crâne de l’espalier abroge la longue-vue -

Rien derrière rien devant Point de panique

Tête ignifugée Tête composée

Serrer les dents

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Avec mes nouvelles dents Pensé-je Avec mes nouvelles dents j’aurais pu Croquer la mousson Mais maintenant c’est sans remède Sans remède Je possède l’art de faire chanter le meuble Pas un dans le monde qui ne le saura

Il porte les tailleurs De sa soeur Des soutiens-gorge à fleurs Et des culottes en soie Il s’appelle Ramon Mais on doit l’appeler Ramona Il a les cheveux longs Teints en blond

Des chaussures à talon Pointure quarante-trois Il s’appelle Ramon Mais on doit l’appeler Ramona

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Nous partageons notre dernière banane Sur la dune aux Outrages Il me faut partir

Je renonce aux Tombeaux A ta canne à sucre À tes frettes sudistes

Ma pipe en tronc de chou De celles qu’on se taille Avant le Grand Départ

Je te la laisse en souvenir du cargo

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Ce cargo de bananes N’arrivera jamais du côté de chez moi C’est peine perdue D’attendre livraison de régimes Quand bien même arriveraient-elles Nous ne saurions qu’en faire Elles ne seraient que bananes sans teint Bananes bonnes à bannir Ce cargo de bananes dont on me parle Depuis l’enfance N’arrivera jamais du côté de chez moi

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Nous battons le gardon A tous les coins de rue Le dresseur Y va même de tout son souffle Pour éteindre les queues-de-cheval C’est grande fête On jongle avec les arachides On se passe les plaisantins Dans des sacs en toile de jute

Dans l’évolution Cette création A vraiment Fondé l’esthétique Ici rien ne pique L’aliment Pratique barbare Saisir est un art Délicat Pour les gens d’esprits Couper n’est qu’un gris Reliquat

Elle a jeté ma boîte à papillons Dans un mouvement de colère Ma petite Grupetta Il fait un temps de flatulences. Je fais le compte des mercuriales. C’est décidé Je m’en irai voir derrière Sa botte de paille

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Elles habitent en colocation Depuis le mois de janvier Cornélie Croquette et Rosalie Rachon Elles pratiquent la natation Et la course à pied Cornélie Croquette et Rosalie Rachon

Le fauve a mal aux dents C’est à l’ancienne mode Que nous le soignons Un fil attache sa molaire à la flèche Et puis on bande l’arc Cet arrachement vous fait Un bruit de cheval qui mange du sucre Comme un pas dans la neige Pas un dans le monde qui ne le saura

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sculptures involontaires Poursuivant mes recherches sur la thématique des objets trouvés, j’ai voulu savoir qu’en était-il des objets repêchés de la Seine. J’avais remarqué que certains de ces objets lorsque présentés sous un certain type de lumière et disposés d’une manière spécifique, se métamorphosaient sous mon regard ainsi que celui du regardeur. En renversant donc ces objets, soigneusement éclairés en studio, j’ai cherché à créer une nouvelle image, une nouvelle sculpture, pré-façonnée par l’eau et puis par le jeu de la lumière et l’ombre : ces objets de la vie quotidienne, le jeu des illusions optiques a eu pour résultat une quasi sacralisation de l’objet. Nous observons ici le phénomène d’une double image, image réversible ou Kippbild : une image qui en cache une autre car le jeu de lumières et de contrastes change notre perception visuelle et appelle en nous un autre regard, un anthropomorphisme de l’objet perçu. En effet, les caractéristiques du visage humain vu de face (deux yeux, une bouche) sont ancrées dans la perception humaine comme des modèles de reconnaissance prédominants. L’ambiguïté de la double image a nourri et amusé bien des créateurs surréalistes, cherchant à échapper à la description classique, animés d’un désir d’élaborer d’autres interprétations du réel (Weltanschauung). Me rapprochant ainsi des Surréalistes qui se jouent du réel et de la perception, je suis parti de la matière concrète des objets trouvés dans la Seine et d’un médium dit objectif, pour donner à voir que la photographie reste libre d’inventer de nouveaux univers.

Quels procédés photographiques permettent cette construction d’une double image ? Tout d’abord l’objet est décontextualisé : il passe de l’eau au studio. Ce travail rappelle les photographies de Albert Renger-Patzsch de la Nouvelle Objectivité ou celles d’Edward Weston de la Straight Photography qui, par le simple fait de décontextualiser un objet et sa soumission à un jeu de lumières complexe, parvenaient à transformer un objet banal en une forme « sacralisée » ou sensuelle. L’exploration de la lumière, plus exactement l’exploitation autre des contrastes sont une autre façon de créer une double image : ici la lumière, dans sa précision, sculpte l’objet, rejette la trivialité et la banalité dans l’ombre, ajoute une certaine théâtralité, transfigurant l’objet banal en sculpture précieuse, en objet muséal. Il faut que le regard soit dirigé pour qu’il y ait une construction d’une double image. Ici, la prise de vue frontale, la symétrie de l’éclairage, la marge blanche tournante qui fait fonction de cadre fermé (effet de mise en abyme) contribuent à diriger notre regard au centre de l’image. Cette dramatisation de la scène par le jeu de lumière souligne que toute représentation photographique constitue une manipulation dont le résultat est un nouvel objet photographique créé selon l’intention du photographe. Pour qu’il y ait création il faut qu’il y ait intention. Sans cette intention « scénique », nous serions dans une photographie d’objet industriel.

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MORE THAN MEETs THE EYE L’absence est une thématique récurrente dans mon travail. Je me suis intéressé aussi aux choses perdues, sans propriétaire, choses matérielles, possessions ayant un corps physique, une matière… et non aux objets comme l’on pourrait croire, les objets n’ayant pas forcément de dimensions spatiotemporelles.

circonstanciel » de Breton. La résultante est un masque.

Lors de mes recherches dans ce domaine des « choses » laissées, abandonnées, de fil en aiguille, je me suis intéressé à l’empreinte laissée par ces choses ou les êtres, l’empreinte ou la trace étant l’une des manières de représenter l’absence.

Les premiers masques retrouvés nous parviennent des Egyptiens. Les masques mortuaires permettaient la transfiguration. Le passage du visage du mortel à la figure de l’immortel. Le masque n’était pas un substitut mais considéré comme une tête autonome, possédant sa propre identité. Chez les Grecs et les Romains, faire un masque ou moule, c’était vouloir garder une trace de l’identité et surtout d’un pouvoir social. Chez les Romains, le masque de théâtre nommé persona a donné lieu à l’étymologie du mot « personnalité ». Le mot vient de per sonare : « résonner à travers », le masque étant fabriqué de telle manière que la voix résonnait à travers le masque pour être projetée jusqu’ au spectateur. Le psychanalyste Carl G. Jung a repris le mot persona pour désigner le masque social et le distinguer de l’individualité, du Soi d’une personne.

Qu’est-ce que l’empreinte ? Faire une empreinte est une expérience physique dont l’aboutissement est le produit d’un contact par pression d’un corps contre un substrat. Imprimere, c’est « appuyer sur » « enfoncer », « générer une forme ». Dans cette procédure incontrôlable, il y a un hasard. Un accident peut arriver : la marque laissée par un visage dans une matière devrait créer une empreinte creuse alors qu’en procédant à cette expérience, j’ai constaté qu’une illusion d’optique avait par hasard transformé le creux en plein et reconstitué la forme d’un visage. On peut parler ici du « magique-

Le jeu de lumière est aussi une autre façon de transformer des objets communs en masques et d’imprimer sur le capteur ou le négatif d’un appareil une nouvelle forme.

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masques

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masques

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masques

golem 1

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golem 2

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golem 3

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TRANSPARENS Installat ion video (2016)

synesthesie ([capture extrait ) Trans-parens, du préfixe Trans qui veut dire « au-delà », « pardelà », « à travers » qui marque l’idée de passage ou mutation, et du mot latin parens, « ce qui apparaît », se veut comme une expérience visuelle et auditive qui tente de répondre à la question : peut-on matérialiser l’invisible entendu comme l’énergie radiante derrière toute chose ?

Comme autant de variations sur le thème de la présence derrière l’absence, de l’invisible derrière le visible, les formes imaginaires, créées par la lumière en mouvement sont captées par l’appareil photographique. Les images sont ensuite montées en séquences vidéo, présentées dans une installation en trois volets :

À partir des verres fragmentés et colorés et de la lumière, j’ai cherché à créer des formes abstraites dans une démarche d’exploration intuitive.Ce travail s’enracine donc dans une volonté d’exploration des forces créatrices tangibles, manifestations autonomes de l’inconscient, cet invisible en nous.

Synesthésie (ci-dessus) qui est une projection murale de photographies à grande échelle, illusion d’un immense vitrail de quelque lieu sacré ou temple, inspiré par le célèbre poème de Charles Baudelaire Correspondance. Ici j’ai cherché à explorer comment se jouent les correspondances, les synesthésies entre image et son.

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Danse chamanique ([capture extrait )

La transformation d’images fixes en images mouvantes, les jeux de miroirs et d’anamorphoses invitent à une expérience sensorielle synesthésique, destinée à transformer la perception du monde du regardeur voire à l’inviter dans une transe équivalente à celle que l’expérience de création provoque en l’artiste luimême.

Dans Danse chamanique (ci-dessus) puis Protozoé (ci-dessous), j’ai poussé le processus d’altération à ses limites une tentative d’épuisement des repères indiciels, le regardeur étant invité à un voyage aux confins de l’abstraction. La recherche d’altérations des images originelles comme des sons opèrent des jeux de dissolution de repères, d’apparition et de disparition, d’altération du temps, et pose par conséquent la question de l’importance de l’acte artistique créateur, c’est-à-dire celle de l’intervention du geste et du corps de l’artiste.

Car l’artiste plongé dans l’action expérimentale, engagé et agissant comme médium par son propre geste créateur, par l’immersion de sa propre sensorialité, est ainsi, au même titre que le regardeur, « lieu d’images ».

protozoe ( [ c a p t u r e e x t r a i t )

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Cet ouvrage a été achevé d’imprimer par l’imprimerie Corlet en mars 2017. Toutes les photographies et captures vidéo sont la propriété de Jérôme Conquy. Tous droits réservés. Les textes de Guillaume Decourt ont été reproduits avec l’aimable autorisation de l’auteur. Maquette : Cécile Rouède © Copyright 2017 by Jérôme Conquy



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