CAHIER DES CONTRIBUTIONS
CONSEIL NATIONAL 7 ET 8 FÉVRIER 2015
jeunes-socialistes.fr
SOMMAIRE : Etre la gauche des possibles
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Présentée par Transformer à Gauche
« La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert. » André Malraux, Hommage à la Grèce Présentée par Agir en Jeunes Socialistes 9 La République contre l’Obscurantisme Présentée par La Relève 16
La prison : «L’ombre du Monde» Présentée par La Fabrique du Changement
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«Ahmed Clarissa et Franck sont morts pour que nous puissions vivre libres» François Hollande, le 13 janvier 2015 Présentée par Erasme 30
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N’engage pas les Jeunes Socialistes
ETRE LA GAUCHE DES POSSIBLES Contribution déposée par Laura Slimani Présidente du Mouvement des Jeunes Socialistes et : Les animateurs et animatrices fédéraux-ales : Mike Plaza (02), Elsa Denfert (03), Anis Benghazi (04), Rémi Roux (05), Romain Stopa (06), Mandy Lair (08), Alexandre Faou (10), Alban Bernard (11), Fabio Chikhoune (13), Malek Smida (14), Damien Issiot (15), Jordan Villeneuve (16), Arnaud Kozic (17), Benjamin Guichard (20), Yannick Rolland (24), Renaud Pagnot (25), Mickael Le Rest (29), Quentin Bosse Franzini (32), Camille Hollebecque (33), Jonathan Bulit (34), Pauline Salaün (35), Jean Baptiste Tresson (37), Clémentine Liogier (38), Elsa Peinturier (39), Marine Raffini (40), Baptiste Dolet (41), Jonathan Mothe (42), Pauline Falgon (43), Jean Belloc (47), Aymeric Felgeirolles (48), Sébastien Munsch (50), Younes Zakari (51), Heloise Venancio (52), Emilie Adam (54), Pauline Bertaux (55), Jeremie Brzenczek (57), Lamya Echarred (58), Gabriel Hergault (61), Joachim Guffroy (62), Nicolas Loiseau (64), Khedija Zerouali (66), Mathias Valverde (67), Pierre Schwebelen (68), Elise Chouquet (69), Maxime Jousserand (73), Martin Beer (74), Karim Boursali (75), Lorette Mpassi (77), Pascal Tran (78), Benoit Carpentier (80), Nathanael Suaud (81), Nicolas Andreoli (83), Simon Valdenaire (84), Paul Mougeot (88), Thibaut Aubert (90), Antoine Petit-Mangin (91), Brian Mooroogen (92) Raphaël Perrin (93), Manon Comte (95), Emmanuel Ravi (971), Cindy Dijoux (974); Saïd Ahmed Halidi (976)
Chaque jour le sentiment d’impuissance du politique progresse : face à la finance et aux lobbies qui imposent leurs lois aux Etats, au terrorisme qui frappe de Paris au Nigéria, au dérèglement climatique qui menace l’avenir de l’humanité. Comment ne pas douter de la capacité du politique à agir sur le quotidien lorsque des gouvernements se soumettent à une règle d’or budgétaire qui fait reculer les services publics, empêche les dépenses publiques ou à la déréN’engage pas les Jeunes Socialistes
Les coordinateurs et coordinatrices régionaux-ales : Soizic Szewc (Alsace), Alessandro Di Somma (Aquitaine), Clémentine Le Marrec (Basse-Normandie), Julien Chambrin (Centre), Benjamin François (Champagne-Ardennes), Elise Aebischer (Franche-Comté), Mathieu Alapetite (Ile-de-France), Henzo Lefevre (Languedoc-Roussillon), Simon Heckler (Lorraine), Hugo Petrachi (Midi Pyrénées) Maxime Martin (Provence Alpes Côte d’Azur), Elie Guiot (Picardie), Soukaina Larabi (Rhône-Alpes) ; Les membres du Bureau National : Anthony Aly, Ayoub Belkadi, Léa Charbonnier, Richard Chesneau, Daniel Cornalba (Vice-Président de YES), Chloé Danillon, Mehdi Dardouri, Jessica Gerondal, Bérangère Givanovitch, Mael Harter-Boufrioua, Quentin Hennaff, Lina Jali, Mathurin Levis, Claire Louis, Benjamin Lucas, Sarah Martins, Mathilde Maulat, Léo Moreau, Juliette Perchepied, Ada Reichhart, Melanie Russo, Lorenzo Salvador, Sayna Shahryari, Yoann Simboiselle, Florian Surre, Clément Tavenard, Lucas Trotouin, Rached Zehou. Les membres titulaires de la Commission Nationale d’Arbitrage : Aurélie Arainty, Louis Comte, Leila Frat, Jean-Baptiste Gernet, Claudie Launoy, Lorello Morgane, Cecile Martinez, Paul Mehu, Khayne Solis, Erol Yolal, Yannis Zeghbib.
gulation qui nuit aux protections collectives ? Le constitutionalisme économique fige dans le marbre des lois économiques dogmatiques, laisse exploser les inégalités, et rogne la capacité des individus à choisir leur destin, leur laissant ainsi le sentiment d’être enfermés dans leur condition sociale. Face à cette réalité, la social-démocratie européenne semble s’être résignée à laisser 3
perdurer un système d’accaparement des richesses et des pouvoirs par une infime minorité. Elle a elle-même renoncé à transformer la société, créant un vide de sens et l’absence de raisons d’espérer pour celles et ceux, ouvriers, salariés, fonctionnaires, jeunes, habitants des quartiers populaires, qui se retrouvent habituellement en elle. Lorsque la gauche au pouvoir renonce à encadrer les loyers sous la pression des lobbies, qu’elle reste sourde aux demandes des associations pour lutter contre les discriminations, ou qu’elle cède à la pression des financiers sur la séparation des banques ou la taxe sur les transactions financières, elle nourrit l’idée qu’il n’y a qu’une politique possible. Cette désespérance grandissante alimente une dynamique réactionnaire, de l’extrême-droite nationaliste du FN aux fanatiques religieux qui embrigadent des jeunes vers l’obscurantisme. Elle produit aussi l’abstention, c’est-àdire le renoncement démocratique. Cette situation laisse le champ libre aux théories du complot, à la tentation du repli nationaliste, au racisme et à la concurrence des misères. C’est aux socialistes qu’il appartient d’incarner un autre modèle, sous peine de disparaître. A nous de nous transformer, de penser différemment notre rapport au pouvoir, notre opposition au système politique traditionnel et dépassé. Si elle n’y parvient pas, l’extrême-droite occupera l’espace de la contestation et du refus de l’ordre établi, comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays européens. Rien n’empêche aujourd’hui la gauche d’incarner cet espoir. Rien n’interdit à la social-démocratie d’interrompre la compromission avec la droite européenne et l’austérité, et rien ne l’oblige à admettre l’hégémonie culturelle des idées de droite. La gauche peut réussir si elle fait le choix de la transformation sociale, écologique et démocratique. Chaque jour, les décisions prises par notre gouvernement peuvent aller dans le sens du progrès et de la justice, si nous en faisons le choix. Les exemples grec et espagnol nous montrent que de la paupérisation et des souffrances ne naît pas forcément l’extrême-droite, mais que le progrès peut triompher. C’est en incarnant un nouveau modèle de dé4
veloppement que la gauche échappera à son propre déclin. Cet autre modèle rompt avec le productivisme et les mythes économiques des années 80, dont celui de la croissance. C’est celui de la transition énergétique et de la sortie du nucléaire, du partage du temps de travail, de la répartition des richesses, de l’économie collaborative, sociale et solidaire. Après les manifestations d’émotion sans précédent qui ont suivi l’attentat perpétré contre Charlie Hebdo et ses suites meurtrières, il est temps de laisser place à la réflexion. Si le passage à l’acte revêt évidemment une responsabilité individuelle, le rôle de la gauche est d’analyser comment de tels parcours ont été possibles en France. Etre à la hauteur, c’est tenter de comprendre comment tant de jeunes Français pensent pouvoir se réaliser dans le funeste combat du Djihad, ou ne se sentent pas concernés par le sursaut autour des valeurs de la République. Il faut poser un regard lucide sur le sens que nous voulons donner à une devise républicaine devenue une invocation abstraite aux yeux de beaucoup de Français, qui font chaque jour l’expérience des inégalités. C’est à cette démonstration dans les faits que les socialistes ont la responsabilité de s’atteler.
1. Le pouvoir aux citoyens Une Europe des possibles Alors que l’effondrement du système financier de 2008 avait donné lieu à de grands discours sur la reprise en main du politique, six années de politiques d’austérité aussi dogmatiques qu’inefficaces ont suivi en Europe. Derrière les indicateurs stériles que sont le taux de déficit, de dette ou de croissance, érigées en valeurs sacrées, se cachent des vies détruites par le chômage et l’augmentation du taux de suicide, un accès amoindri à la santé et la réapparition de maladies anciennes en Grèce, une mortalité infantile qui croit de nouveau dans certains pays européens, toute une génération espagnole, portugaise, grecque, irlandaise, contrainte de quitter son pays pour aller soutenir la faible démographie allemande. L’absence d’une réponse apportée à ce bouleversement économique, social et écologique a conduit à un désastre démocratique avec une social-démocratie affaiblie à traN’engage pas les Jeunes Socialistes
vers l’Europe, bien souvent en coalition avec la droite. Elle s’écroule en Grèce, elle vacille en Espagne, devancée dans les sondages par Podemos, et est menacée en France par l’extrême-droite dont l’ascension semble irrésistible de défaite électorale en défaite électorale. Les renoncements conduisent à une désillusion sans précédent vis-à-vis de la gauche, en France comme en Europe. Cependant la victoire de forces de gauche en Grèce nous montre que les souffrances des peuples ne mènent pas nécessairement au repli. Les sociaux-démocrates peuvent saisir leur chance de mettre fin à cette spirale qui les conduit vers l’abîme en choisissant ouvertement et clairement de soutenir l’Europe différente portée par Syriza, à l’image de la campagne présidentielle de 2012. Une autre Europe est possible. L’échec de l’austérité est aujourd’hui avoué par ceux-là même qui l’ont imposée malgré les alertes d’économistes renommés. Pour redonner du pouvoir aux citoyens, brisons l’idée qu’il existerait des lois économiques intangibles figées dans le marbre, qui s’imposeraient aux peuples souverains. Pour inventer un avenir commun en Europe, il est nécessaire de remettre l’économie et la finance à leur place, celle de serviteurs et non de maîtres, en se dotant d’une fiscalité commune et en se débarrassant des paradis fiscaux. L’hémorragie fiscale ainsi arrêtée, l’Europe pourrait mettre en oeuvre des politiques diamétralement opposées à la concurrence généralisée entre Etats pratiquée aujourd’hui, en faisant le choix de la transition écologique créatrice de millions d’emplois durables et d’une meilleure répartition des richesses à travers le continent et les individus. Les socialistes et sociaux-démocrates européens peuvent se transformer, et doivent le faire s’ils veulent survivre. Ce sera notamment le message porté par les Jeunes Socialistes à l’occasion du congrès de YES (les jeunes socialistes européens)..
Tenir la promesse démocratique Lorsqu’une majorité de la population choisit de ne plus faire usage de son bulletin de vote ou de chercher des solutions en dehors du champ démocratique, la solution ne peut être que plus de démocratie. La gauche porte N’engage pas les Jeunes Socialistes
le partage des pouvoirs. A chaque échelon de la société, nous pouvons renforcer la démocratie. Cela est vrai dans les lycées et les universités, dans les entreprises, notamment par le modèle des SCOP, mais aussi dans les villes pour associer véritablement les citoyens aux choix qui concernent leur lieu de vie et leur avenir. Nous ne pouvons ignorer les multiples mouvements qui défendent la démocratie à l’échelle locale dans les choix d’aménagement du territoire, décisions trop souvent technocratiques et empreintes d’intérêts privés. Le sentiment de non-représentation domine dans de nombreux territoires de France. Les quartiers populaires, qui ont massivement choisi la gauche en 2012, refusent désormais d’être considérés comme des « prêt-à-voter » pour la gauche. L’éloignement des sphères de décisions dépasse largement la question de la rénovation urbaine ou l’existence de conseils de quartiers qui reproduisent souvent des schémas d’accaparation des débats par un petit nombre. Il faut tenir nos promesses visà-vis des habitants des quartiers populaires, et leur donner accès à la représentation politique, locale et nationale. Le soutien au tissu associatif qui permet l’émancipation des individus, nourrit le vivre ensemble et la solidarité doit être considérablement renforcé, comme les moyens dévolus au ministère de la ville qui sont dérisoires. Les dotations aux collectivités locales, principales sources de financement pour les associations, ne peuvent être sacrifiées sur l’autel de la rigueur budgétaire.
Un autre modèle : l’écosocialisme Les ressources de la planète ne sont pas infinies. Le choix des énergies fossiles n’est pas viable. Les inégalités se creusent face à l’environnement. La précarité énergétique, les maladies liées à une mauvaise alimentation ou à la pollution frappent d’abord les plus précaires. Être socialiste, c’est être écologiste. C’est pourquoi, à l’heure du dérèglement climatique, à l’ère de l’anthropocène, la transition écologique est un impératif. L’écologie est le choix du bien vivre et du bien commun, face à celui des intérêts particuliers et aux pressions pécuniaires des acteurs privés. La Conférence climat de Paris ne peut être un nouveau sommet où les intérêts financiers l’emportent. Seul un accord contraignant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre 5
permettra d’engager le processus de changement de modèle et de limiter les catastrophes climatiques et ses conséquences humaines. Elle implique d’importants efforts financiers. Une fiscalité écologique s’impose pour changer nos modes de production, de création d’énergie et de transports. Nous appelons à la fin de l’usage du Diesel, qui est une menace pour la santé. L’investissement massif pour l’écologie passe aussi par la création de 300 000 emplois d’avenir orientés vers la transition énergétique, et de sortir du nucléaire, choix qui n’a jamais été démocratique. Nous nous opposons à la construction de nouvelles centrales et proposons au contraire leur démantèlement progressif. Notre modèle de développement se construit aussi au niveau local. Nous nous saisirons des campagnes départementales et régionales pour appuyer les bons bilans des socialistes dans de nombreux territoires, qui innovent et mènent des politiques de transition énergétique dans les transports, le logement ou encore leurs choix d’investissements, et nous les encouragerons à amplifier ce mouvement. C’est pour ne pas rendre ce nouveau modèle impossible que nous nous opposons résolument au traité transatlantique (TAFTA), négocié dans l’opacité sous la pression des multinationales. Nous appelons les parlementaires français et Européens, ainsi que notre gouvernement, à s’opposer à cet ultime déssaisissement démocratique, qui ferait définitivement régner la loi du moins disant social, écologique et démocratique, avec le risque de l’autorisation des OGM et des gaz de schiste en dépit des choix démocratiques. Après l’adoption d’une loi reconnaissant enfin ce secteur, il est nécessaire de soutenir encore davantage l’Economie sociale et solidaire, utile socialement et écologiquement, qui ne se fixe pas pour but le profit à tout prix et donne aux salariés une place dans le processus de production. Les 35 heures fêtent leurs 15 ans : nous réaffirmons que la réduction du temps de travail est le meilleur moyen de réduire le chômage, et de partager la valeur ajoutée.
sages multiples incarne le refus du progrès. La reprise en main démocratique est au cœur des réflexions que doit avoir la famille socialiste en cette année de congrès. Les exemples venus d’Espagne avec Podemos, de Grèce avec Syriza, ou encore de la gauche en Amérique latine, nous montrent que d’autres rapports au pouvoir sont possibles et qu’un lien plus fort peut être noué avec les citoyens. C’est à nos partis de se saisir notamment de la révolution numérique pour en faire l’outil de nos engagements. Sa puissance de frappe est considérable, à voir avec quelle rapidité et force des pétitions sur de multiples causes prennent vie par delà les frontières. Nos institutions contribuent grandement à la dégradation de la participation démocratique. Il est temps de les transformer pour aboutir à une 6e République parlementaire. Nous rappelons que la décentralisation, est une fin en soi, et non un outil pour réduire les dépenses publiques. Les règles sont les meilleures garantes de l’exemplarité des élus, c’est pourquoi nous soutenons tout ce qui permet une plus grande transparence et l’interdiction des conflits d’intérêt. Nous réaffirmons également notre soutien au non cumul des mandats, non seulement dans l’espace mais aussi dans le temps.
2. Donner du sens à la République L’évocation permanente de la République reste vide de signification lorsqu’un grand nombre de citoyens ne font pas l’expérience quotidienne de ses valeurs.
Être égaux... Alors que l’offensive des réactionnaires se manifeste quotidiennement, dans les médias, les livres, par l’intégrisme religieux ou la haine xénophobe, la réponse progressiste doit être à la hauteur.
Réinventer la politique
Notre pays n’a jamais été aussi riche de son Histoire, pourtant les inégalités retrouvent leur niveau insupportable de la fin du XIXème siècle en France et dans le monde.
Au regard de l’avancée des réactionnaires, nous sommes amenés à repenser notre engagement, qui sous des vi-
Pourtant, c’est l’égalité qui rend possible la liberté et la fraternité. Bien plus que le niveau des déficits publics, l’égalité doit être la bous-
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sole de l’action des socialistes, qui refusent l’enfermement social des individus. Depuis 2012 le gouvernement a agi en faveur de l’égalité, avec l’enseignement de l’égalité entre les filles et les garçons à l’école, avec le droit au mariage pour tous, ou la prise en compte de la pénibilité dans le calcul de l’âge de la retraite. Le temps de l’acte deux se fait attendre. Une société d’égalité est une société mobile socialement, c’est pourquoi nous voulons resserrer les barreaux de l’échelle sociale. L’égalité est le meilleur moyen de favoriser la santé, un meilleur niveau de qualification et une plus grande participation démocratique. Nous voulons une meilleure répartition des richesses, en encadrant les salaires de 1 à 20 et en augmentant le SMIC. Nous soutenons la Garantie jeunes, mais elle est insuffisant pour sortir tous les jeunes de la pauvreté. Il s’agit désormais d’ouvrir le RSA aux jeunes de mois de 25 ans, qui sont les plus touchés par la pauvreté. L’égalité des conditions de vie est aussi l’égalité dans la société. Il nous faut donc ouvrir enfin le droit à la PMA aux couples lesbiens, mettre en œuvre une politique ambitieuse de lutte contre les discriminations, notamment avec l’Attestation de contrôle d’identité ou l’ouverture de l’action de groupe en matière de discriminations. L’accès aux services publics partout, des quartiers populaires en banlieue des grandes agglomérations aux départements ruraux, est indispensable pour garantir l’égalité républicaine. Ils ne peuvent être livrés aux lois du marché et du profit. Le service public de la sécurité a été renforcé par la gauche au pouvoir depuis 2012 avec des créations de postes et le retour de la police de proximité.
lonté, celle de briser la reproduction sociale qui enferme les individus dans leur origine, celle de leur permettre d’être libres. La liberté n’est pas possible sans le combat pour l’égalité. Il est possible de lutter contre le terrorisme, sans remettre en cause les libertés fondamentales et le caractère privé des données personnelles. Nous nous opposerons à la mise en place de tout arsenal législatif qui ressemblerait de près ou de loin à un « Patriot act » à l’américaine. L’Ecole française est la plus reproductrice d’inégalités sociales de l’OCDE. Pour mettre fin à cette situation que le gouvernement a adapté les rythmes scolaires aux enfants, a créé 60 000 postes dans l’Education nationale alors que la droite en avait supprimé 80 000, et a rétabli la formation des enseignants. Il est aujourd’hui, toujours dans cet esprit, engagé dans une réflexion sur la notation, facteur de stress et d’exclusion. Au delà d’une addition de mesures, c’est d’une révolution pédagogique dont ont besoin l’Ecole et ses élèves. Ce sera l’un des enjeux de la réforme du collège en 2015. L’enseignement du numérique s’inscrit dans cette révolution pédagogique, notamment avec le codage, tout comme l’éducation aux médias. Pour l’égalité dans l’enseignement supérieur et en finir avec un système centré sur la sélection des élites nous voulons la fusion des grandes écoles et des universités, ainsi que des budgets préservés et un objectif de 50% d’une classe d’âge au niveau licence. Le système des prépas, trop coûteux et inégalitaire, devra disparaître dans sa forme actuelle.
... Pour être libres.
La Priorité jeunesse n’est pas que l’Education, elle recoupe tout ce qui améliore la vie des jeunes, et favorise leur autonomie. Un parcours d’autonomie est indispensable, il faut d’ores et déjà poursuivre les augmentations de bourses initiées par le gouvernement. La Justice repose sur les principes de l’Etat de droit. Elle garantit la liberté d’expression dans les limites du droit, et uniquement du droit. La surpopulation des prisons est l’un des principaux terreaux de radicalisation. La justice a donc besoin de moyens, notamment pour sortir du tout carcéral.
L’aspiration à l’égalité correspond à une vo-
La laïcité est le patrimoine indispensable à
Alors que le trafic de drogue et l’économie parallèle qu’il génère mettent sous tutelle des quartiers entiers et contribue au financement d’armes, nous un débat pour la légalisation des drogues douces. Enfin, le drame de Sivens appelle une réflexion sur les méthodes de maintien de l’ordre et les rapports entre la Police et les citoyens.
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l’égalité, parce qu’elle préserve la primauté de la loi républicaine et garantit à chaque individu la liberté de culte. Nous devons être fermes sur son respect et son interprétation, qui n’est en rien faite pour exclure ou stigmatisée. Nous refusons à Marine Le Pen l’usage du concept de laïcité, elle qui l’instrumentalise pour propager le racisme antimusulman.
3. Génération engagée Faire vivre la gauche dans les représentations collectives Quand elle n’incarne pas l’espoir d’une société meilleure, la gauche s’oublie et ne convainc plus. Si les mots doivent être suivis d’actes pour peser, ne sous-estimons pas leur poids dans les représentations collectives. Le rôle des socialistes est de dessiner un avenir différent, par delà nos certitudes. Il est aussi de comprendre la complexité du réel sans jamais renoncer à le transformer. Etre de gauche suppose d’être audacieux pour dépasser le « bon sens », qui n’est qu’une forme de conservatisme. Nous n’acceptons pas le dévoiement des termes et des valeurs, nous voulons au contraire leur redonner un sens. Généraliser le travail le dimanche, faciliter les licenciements, réduire les règlementations et protections sociales ne sont pas des libertés supplémentaires mais des contraintes imposées à ceux qui subissent l’ordre social. Ce sont les règles collectives qui favorisent la liberté des individus. Notre modèle de consommation contraint à produire pour détruire par l’obsolescence programmée, à consommer sans cesse, au mépris de l’écologie. Le choix de société que nous portons n’est pas celui, de l’argent roi ou tout le monde rêve d’être milliardaire, d’avoir une belle voiture ou une belle montre. Nous avons l’ambition d’une société où le droit au bonheur est un objectif, une société où la valeur d’un individu ne se mesure pas à la taille de son compte en banque, où vivre ne se résume pas à devoir cumuler 3 emplois pour boucler ses fins de mois. Nous prônons une société du temps libéré. Alors que les 35 heures fêtent leurs 15 ans, nous réaffirmons que la réduction du temps de travail est le meilleur moyen de réduire le chômage, plutôt que d’attendre une hypothétique 8
croissance, et de développer les temps partagés qui nous manquent. Nous soutenons les initiatives qui font du droit aux vacances une réalité, qui donnent accès à la culture et l’éducation populaire, outils de l’émancipation de chacun. Plutôt que d’exiger des jeunes qu’ils s’engagent à marche forcée dans un « service républicain obligatoire », commençons par permettre à tous ceux qui le veulent d’effectuer un service civique. Par nos campagnes et nos prises de positions, nous mènerons la bataille des mots dans la société, refusant le vocabulaire guerrier ou stigmatisant qui a déjà fait tant de ravages dans les représentations collectives. Rassurés par les discours fédérateurs suite aux attentats de Charlie Hebdo, nous demandons des actes à la hauteur des constats dressés sur la ségrégation géographique et sociale de la société française. Nous récusons en revanche toute interprétation ethnique, culturelle ou religieuse des conflits dans la société, qui ne font que nourrir le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. Nous ferons campagne pour déconstruire les préjugés liés à l’immigration, dont nous démontrerons qu’elle est une chance et une richesse pour notre société. En Europe et en France nous ne pouvons continuer à expulser autant que sous la droite. En revanche, nous appuyons la volonté du gouvernement d’augmenter le nombre de naturalisations et de régularisations. Nous ferons des élections départementales une occasion de clamer notre attachement aux solidarités, au cœur des politiques des conseils généraux. Secouer la gauche en France et en Europe 2015 sera une année de débats à gauche, notamment dans la famille socialiste. Les Jeunes Socialistes y participeront avec le souci de la réussite de la gauche au pouvoir pour le changement promis en 2012. C’est à cette condition de débat que nous pourrons l’emporter en 2017. Les Jeunes Socialistes portent un regard lucide sur les renoncements et les échecs du quinquennat et sauront transmettre à leurs aînés leur volonté d’une gauche qui s’assume, respecte ses promesses. Cette parole est d’autant plus utile qu’il appartient à la famille socialiste de créer dans les actes les conditions du rassemblement de la gauche et de garN’engage pas les Jeunes Socialistes
der des liens avec la société engagée pour faire reculer le FN et transformer la société.
Dans les départements et les régions pour faire gagner la gauche Les élections départementales sont importantes pour maintenir le lien de la gauche avec les leviers locaux d’action politique. Les Jeunes Socialistes seront pleinement investis dans cette campagne. Dans beaucoup de départements, ces premières élections départementales paritaires seront aussi celles du renouvellement, avec de nombreuses candidatures de Jeunes Socialistes. Nous porterons la voix des jeunes lors des
élections régionales, tant concernant les programmes que les candidats, pour permettre aux collectivités de continuer d’agir.
Conclusion Etre de gauche a rarement été aussi difficile. Et pourtant, les inégalités qui explosent, le réchauffement climatique, l’explosion du racisme, la désillusion et la relégation de populations entières, la montée de l’extrême droite, nous montrent chaque jour que cela n’a jamais été aussi nécessaire. Il revient à la gauche au pouvoir de se saisir de cette immense responsabilité, celle de donner un avenir aux socialistes et à leurs idées dans la société.
« La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert. » André Malraux, Hommage à la Grèce Contribution présentée par Agir en Jeunes Socialistes Les animateurs et animatrices fédéraux-ales : Pauline Blanc (82), Aline Ferrière (21), Aykel Garbaa (49), Basile Imbert(30), Erwan Desnos (56), Esteban Lopez (71), Guillaume Menier (22), Vincent Tisler (94).
Sébastien Jehanno (Bretagne). Les membres du Bureau National : Lou Bachelier-Degras, Paul Chalvin, Elise Dacosse Jérémy Pinto. Le membre titulaire de la Commission Nationale d’Arbitrage : Hugo Gouysse.
Les coordinateurs et coordinatrices régionaux-ales : Harold Bernard (Bourgogne),
« Dans l’histoire de l’humanité, on est obligé de reprendre le combat qu’ont mené nos aînés et leurs aînés avant eux. L’enjeu est culturel. On ne naît pas djihadiste, on le devient, à cause de livres et d’idées. Si moi et d’autres continuons à écrire, à dessiner, à chanter, c’est pour proposer à l’enfant qui vient au monde autre chose que des idées qui tuent. » Kamel Daoud, écrivain algérien. Le grand chantier de l’accès de tous à la culture, cette utopie nécessaire, est lié à l’histoire de la Gauche, du développement des mouvements d’éducation populaire et de jeunesse, du Front Populaire en 1936, de l’approfondissement de la législation culturelle jusqu’aux grands mouvements de décentralisation culturelle. La Culture est un marqueur de gauche indispensable, elle doit être une priorité politique de la deuxième partie du quinquennat. Plus que jamais, dans la crise, économique, sociale, identitaire, la culture est un instrument d’affirmation, un levier d’attractivité et un outil du vivre-ensemble. Elle participe du développement qui met en relation toutes les dimensions de la vie des gens – économique, sociale, culturelle, sportive… - en contribuant ainsi à l’attractivité du pays et des territoires, à l’expression sociale et à la qualité de la vie. En transversalité, la culture accompagne donc la transformation contemporaine de nos sociétés. Alors, c’est aussi l’Europe de la Culture qu’il nous faut développer, celle qui remet au cœur la solidarité des peuples. Les tragiques attentats du début de l’année ont N’engage pas les Jeunes Socialistes
redonné aux questions culturelles une criante actualité. Le choix du thème pour ce texte y est antérieur mais, depuis la responsabilité de la gauche est plus forte encore pour assumer les défis. La Culture est une des réponses à la situation. Le bilan de la gauche au niveau local est à la hauteur des attentes mais à présent c’est au gouvernement de donner une impulsion nouvelle permettant de poursuivre la démocratisation culturelle.
I. L’impératif de culture à gauche a. Un réseau et des moyens à conserver Parce qu’elle est nécessaire au développement des sociétés, la Culture offre des clés de compréhension du monde qui nous entoure, permet l’ouverture et d’aiguiser l’esprit critique de chacun. Le secteur culturel participe activement du développement économique du pays. C’est un vivier d’emplois non délocalisables. Une étude récente conjointe du Ministère des Finances et de la Culture atteste de l’apport important du secteur culturel dans le développement économique de notre pays, devant des secteurs comme l’automobile. La Culture constitue une politique publique en soi, dont le soutien à travers la décentrali13
sation et l’aménagement culturel du territoire doit pour beaucoup à la gauche au pouvoir. Aujourd’hui, l’enjeu des politiques publiques culturelles est de redéfinir des priorités nationales portées et soutenues par l’Etat qui s’est délesté depuis trente ans sur les collectivités locales. Dans une situation de maîtrise nécessaire des dépenses publiques, nous nous réjouissons que le budget du ministère de la Culture soit sanctuarisé sur les exercices 2015 à 2017. Les crédits consacrés à l’éducation artistique et culturelle sont même en hausse ce qui conforte une politique active dès le plus jeune âge. Une augmentation raisonnée du budget doit être réalisée, sans quoi des redéploiements seraient nécessaires au profit de la création, du spectacle vivant, de la lecture publique et des structures régionalisées de l’Etat (DRAC) ou sous conventions, comme les scènes nationales, qui irriguent le territoire en permettant fortement de la médiation, la diffusion, la pratique et en luttant contre les difficultés d’accès à la culture. Outre le soutien de l’Etat aux réseaux et aux lieux conventionnés, celui à la création s’exerce en particulier par la reconnaissance du régime des intermittents. Après les dernières négociations mettant en péril un régime pourtant indispensable, l’orientation du gouvernement qui consiste à maintenir les annexes 8 et 10 dans la solidarité interprofessionnelle, sans créer ainsi de caisse autonome, mais en revanche, en inscrivant le principe du régime spécifique dans la loi pour écarter toute menace sur sa disparition, est une bonne nouvelle. Dans ce cadre, les partenaires sociaux pourront avancer de nouvelles règles plus justes dans les prochaines négociations. Rappelons que ces vingt dernières années, le développement culturel a été permis avant tout grâce au concours des collectivités locales qui ont souvent lancé de nouvelles politiques innovantes, en soutien à tous les secteurs artistiques, par le biais de financements croisés. Aussi, si la suppression de la clause de compétence générale ne concerne pas le champ culturel, il est nécessaire d’aller plus loin et d’inscrire dans la loi NOTRe la notion de compétence obligatoire partagée dans le champ culturel.
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b. La démocratisation, plus que jamais Face aux trop criantes inégalités d’accès à la culture, notre engagement socialiste nous appelle à cette ambition plus que jamais nécessaire : la démocratisation. Celle-ci doit sans doute être repensée pour aller plus loin que les dispositifs existants et la simple gratuité qui, en soi, n’est pas suffisante. Nombre de musées et de centres culturels nationaux ont déjà adopté la gratuité pour les jeunes dans l’accès aux collections permanentes, permettant ainsi un accès facilité au patrimoine historique culturel. Cependant, ces mesures ne concernent qu’une partie des établissements culturels et les expositions temporaires, viviers de la création, ne sont pas touchées par cette disposition. Nous déplorons l’absence de directive nationale et de signature d’accord entre institutions culturelles pour permettre l’accès aux œuvres et aux créations dans les mêmes conditions partout sur le territoire français. Des villes ont adopté des mesures permettant de réduire le prix d’un ticket de cinéma ou d’une place de spectacle, mais elles restent encore minoritaires. Par ailleurs, nous militons pour que les médiathèques, comme d’autres services publics, puissent être ouverts le dimanche, dans une vision très offensive et active du rôle de la lecture publique comme levier essentiel de l’ouverture au monde et de formation de l’esprit critique. On dit communément la lecture en repli mais 7 français sur 10 sont des lecteurs et 1 sur 2 aimerait lire plus. L’attachement au livre est très important, il peut parfois changer le cours d’une vie. Dans la société où la consommation triomphe, des propositions alternatives qui correspondent aux rythmes de vie doivent émerger. Plusieurs villes s’y engagent déjà progressivement. L’ouverture à la culture - et plus généralement au monde -, n’est pas toujours une évidence. Dans certains territoires, les pressions exercées par le milieu d’origine lors de la socialisation primaire peuvent être un handicap, et ne permettent pas à l’enfant de s’ouvrir à d’autres cultures que celles de sa famille. C’est alors à l’école, dans sa plus noble mission, d’aller plus loin que ce noyau familial sans toutefois le nier. C’est d’ailleurs un des objectifs de la réN’engage pas les Jeunes Socialistes
forme des rythmes scolaires dont nous pouvons être fiers. Ce n’est pour autant pas suffisant, et il faut donner des moyens physiques et financiers supplémentaires pour encourager les projets pédagogiques innovants d’accès à la culture. C’est aussi tout le sens des dispositifs incontournables de médiation culturelle, par le développement du lien entre le public et l’œuvre, avec une action soutenue en particulier auprès des publics dits «éloignés» ou «empêchés» pour des raisons culturelles, sociales ou économiques. Les projets de médiation culturelle peuvent prendre de multiples formes, de la co-création artistique, la confrontation, l’atelier de découverte, et ils permettent l’expérimentation des nouvelles pratiques artistiques. La création d’un service régionalisé dédié à la médiation culturelle permettrait de réduire les inégalités territoriales en la matière. Aussi, il est nécessaire de reconnaitre la culture dans toute la richesse de sa diversité, et en finir avec ce stéréotype qui voudrait que la culture ne se résume qu’aux dorures du plus haut balcon de la Comédie française. Il faut aujourd’hui soutenir toutes les nouvelles formes d’expression musicale, numérique, d’art de rue, etc., ce qui pose la question des financements culturels et de la prise de risque. Un fonds national régionalisé de soutien à la jeune création pourrait accélérer l’éclosion des talents. Refusons par ailleurs les faux débats et assumons des politiques permettant de libérer les énergies créatrices. En 1981, le gouvernement socialiste était déjà dans cette optique, au travers de son ministre en charge des affaires culturelles, Jack Lang : « Il n’y a pas d’un côté la grande culture, la noble culture, aux mains propres, celle du secteur public et, de l’autre, la culture aux mains sales, celle des entrepreneurs d’industries culturelles. Le Gouvernement ne découragera le mécénat privé, dès lors qu’il n’est plus le substitut à un État défaillant, mais l’allié d’un pays qui croit à nouveau en lui-même. » Le mécénat doit être massivement porté et encouragé, en développant des partenariats plus poussés avec divers établissements culturels ainsi qu’en permettant des fondations de soutien à la création.
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II. Une politique culturelle ambitieuse pour la jeunesse a.
Le défi du numérique
Le numérique bouleverse le rapport au monde et modifie intrinsèquement la diffusion des biens culturels tout autant que le mode de financement de la création. C’est une opportunité incroyablement intéressante, notamment en ce qui concerne l’éducation artistique culturelle, mais qu’il convient dès lors de maitriser pour poursuivre une vraie ambition culturelle. La technologie nous accompagnant tout au long de notre vie et de notre scolarité, il convient de se poser la question de savoir comment mettre en place une politique culturelle efficace. La relation de la jeunesse avec cet outil est irréversible et il est inutile de lutter contre cet état de fait comme certains voudraient le laisser à penser. Nous devons plutôt penser à la mise en place d’une politique culturelle efficace et pragmatique, capable de prévenir les dérives que le net peut provoquer chez les jeunes : l’isolement, le renfermement sur soi, la déconnexion avec la réalité. Nous devons, de plus, sensibiliser cette population à la compréhension des images et des informations qu’ils peuvent trouver sur le net. C’est pourquoi l’enseignant doit se saisir des outils numériques pour apprendre aux élèves à hiérarchiser, et critiquer les informations venant d’Internet. Le Président de la République a fait part de son souhait de proposer à chaque élève de 5ème, une tablette numérique ainsi que des cours d’informatique et de codage. Il fait donc une nouvelle fois de l’éducation et de la jeunesse sa priorité et affiche clairement sa volonté de doter notre pays d’une politique numérique ambitieuse, à même d’être un vecteur de croissance économique. L’utilisation de tablette et de manière générale de l’outil numérique peut également permettre la diversification des pratiques pédagogiques. Pour familiariser les élèves avec cet outil, il faut que les enseignants aient les moyens d’utiliser plus systématiquement le numérique dans leurs cours. La vidéoconférence pourrait, 15
aussi, être utilisée en classe pour permettre la rencontre entre des intervenants extérieurs et les élèves. Le numérique constitue donc le moyen de faire entrer plus fortement encore la Culture en cours. L’effort doit aussi être porter en dehors de l’école, l’accès à internet est un droit pour chaque français, quel que soit son lieu de vie. Pour éviter la fracture numérique, il nous faut connecter tous les territoires, y compris ruraux, au haut débit. L’accès à Internet ne doit pas être un vecteur de ségrégation socio-spatiale. Internet permet d’accéder facilement à la culture. L’utilisation de masse des biens culturels, de façon souvent gratuite et (quasi-)illimitée est une formidable opportunité pour nos concitoyens et particulièrement pour les jeunes. Elle pose cependant la question du financement de la création, le tout-gratuit ne pouvant apparaître comme la panacée s’il se traduit par une baisse de la rémunération des artistes. Le projet d’une licence globale, parfois évoqué dans le débat public, reste problématique à plusieurs égards, la difficulté étant que ses modalités pratiques restent souvent peu claires. La licence globale poserait notamment la question de la protection des données personnelles s’il s’agissait de confier à une autorité publique le soin de contrôler le niveau de consommation de contenus propre de chaque individu. Plutôt que de chercher à tout contrôler, les pouvoirs publics doivent concentrer leurs efforts sur la question principale posé par le numérique en matière de financement de la création : celui d’un juste partage de la valeur. Celui-ci répond à des logiques différentes selon qu’il s’agisse, de la musique en ligne, du livre numérique ou de la vidéo à la demande. Cependant, il est certain que les tensions sont croissantes et que les artistes ont raison de craindre d’être les principales victimes des mutations technologiques. Pour y remédier, il serait possible de s’appuyer sur les propositions de la mission Lescure, qui allaient dans le bon sens en imaginant un encadrement renforcé des pratiques contractuelles entre producteurs, artistes et éditeurs de services en ligne.
L’éducation, c’est aussi l’étude de l’art, qu’il soit matériel ou immatériel, musical ou plastique. L’enseignement artistique n’est pas dénué de sens. C’est au contraire l’apprentissage d’un monde, l’ouverture de la pensée, mais aussi le décloisonnement, le surpassement des frontières. Il faut encourager cet enseignement, à travers tous les cycles de la scolarité, au primaire comme au lycée, par le développement d’ateliers et de classes à horaires aménagés. Ainsi, certaines classes en France ont la chance d’être sélectionnées dans des projets de « classes orchestres ». L’étroite collaboration entre action culturelle et action sociale a déjà fait ses preuves. Il est impératif de soutenir avec force les dispositifs qui permettent cette coopération efficace. Facteur de citoyenneté et de solidarité, la culture est une dimension majeure du développement de nos territoires. Si, de manière globale, la vie culturelle dans les quartiers populaires s’avère riche d’initiatives nouvelles portées par nombre d’acteurs, la situation reste très inégale selon les territoires. En outre, cette pluralité d’expériences illustre cette ouverture et ce mélange des arts et de cultures qui, sur le terrain, fait peu à peu tomber les barrières sociales et culturelles. L’enjeu est de susciter et d’accompagner les projets qui émergent de multiples bassins de vie pour favoriser un dialogue entre les habitants et acteurs d’un même territoire mais également parce que cette démarche incite à regarder et réfléchir sur ce qui passe ailleurs (Ailleurs : dans sa rue, dans sa ville, dans son département, dans sa région, son pays, sur son continent et dans le monde). La Culture c’est croire aux forces de l’esprit, en une amélioration constante de l’Homme. Sa recherche se réalise à tous les échelons et tous les moments de la vie, elle accompagne et transcende notre quotidien. Aussi, c’est fort de cette exigence que nous défendons une culture politique, qui, elle ne revendique pas d’utopies mais des réalisations concrètes.
b. Un moyen de lutte contre les inégalités 16
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Se rassembler pour changer A/ Donner du sens à l’engagement, Démarche commune d’Agir en le militant au cœur de l’organisaJeunes Socialistes, Erasme et La tion Relève La jeunesse est la priorité du quinquennat mais elle est plus que jamais défiante à l’encontre des institutions. La jeunesse ne semble plus rien attendre de la politique ; nous n’apparaissons plus suffisamment comme les forces du progrès et de l’innovation. Si les partis ont leur part de responsabilité dans cette crise, le MJS doit lui aussi s’interroger fortement. Car la jeunesse n’est pourtant pas désintéressée et invente de nouvelles formes d’engagement, à côté desquelles notre mouvement apparaît trop souvent en décalage, quand il n’est pas tout simplement déconnecté des réalités. Le MJS est un objet politique non identifié, dont les missions mériteraient d’être mieux clarifiées. Ne prétendons pas reproduire le fonctionnement de nos aînés, ne tombons pas dans le piège des mêmes polémiques stériles. Au contraire, inventons de nouveaux modèles de fonctionnement permettant la participation de tous les militants. L’autonomie, à laquelle nous tenons, ne suffit pas en soi. Elle ne doit surtout pas masquer nos dysfonctionnements et empêcher toute réflexion sur une transformation du MJS, qui devrait en priorité porter ses efforts sur l’éducation populaire et la mobilisation active des jeunes de gauche afin de devenir une véritable organisation de masse. Cette mission appelle donc le rassemblement pour le changement. Cela importe d’abord de faire une bonne analyse de l’engagement politique des jeunes où la transition d’une sensibilité « métapolitique » vers l’engagement militant est tout sauf évidente pour la plupart. La montée de l’individualisme, la mobilité accrue des jeunes, leur esprit critique et leur exigence, leur indépendance font que les jeunes sont souvent trop réticents à s’engager dans une organisation partisane, rigide et fortement hiérarchisée. Nous devons réussir à concilier les aspirations individuelles des jeunes militants avec les conditions de la réussite de notre mouvement.
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Plus que jamais, il est important de cultiver l’envie de s’engager. Il faut redonner du sens à notre organisation tout en donnant aux jeunes la possibilité de s’impliquer. Nous devons faire de l’engagement politique une réalité, une exigence qui est finalement une évidence. A partir de son entrée au sein du MJS, le jeune doit être mis en confiance. Notre rôle ne doit pas se limiter à la volonté de grossir nos rangs : nous devons faire de l’accueil du militant une priorité. Pour créer une dynamique, il nous faut accueillir chaque jeune dans le respect de son parcours et de ses idées, tout en donnant un sens à son engagement. Cet accueil doit témoigner de notre volonté de créer un mouvement ouvert, représentatif et utile. Pour se faire, les formations des animateurs fédéraux doivent évoluer. La politique ne se fait pas uniquement autour des conseils nationaux, des congrès, ou des campagnes, elle se réalise par une réflexion permanente autour de ses idées et de son propre engagement. Il est plus que nécessaire de placer au centre de nos engagements la formation des camarades. Elle permettra de faire émerger les militants socialistes de demain, partageant des valeurs communes. Dans ce nouveau schéma, le rôle du CCR devient essentiel. Avec de réelles plateformes de formations pouvant représenter toutes les sensibilités du mouvement, le coordinateur régional doit être utile aux fédérations, afin de permettre à nos jeunes militants de se sentir au cœur du mouvement. Pendant trop de temps, le militant n’était vu que comme un outil. Redonnons-lui une place essentielle en mettant en œuvre tous les moyens possibles. Nous pourrons également donner un sens à ce mouvement en amplifiant le travail de décentralisation et donc en prenant en compte les spécificités territoriales. Notre action ne serait plus ainsi une vague copie représentative d’enjeux parisiens. Le mouvement doit donner la possibilité financière aux fédérations d’effectuer des campagnes qui soient adaptées et qui répondent à une attente territoriale. Dans ce but, nous devons faire notre possible pour
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être force de proposition localement. La massification de notre mouvement passe par un renforcement de sa base.
B/ Un mouvement dans le réel et ancré dans la société N’ayons plus peur de changer, d’innover, de nous ouvrir aux nouvelles pratiques militantes. Le MJS doit participer de manière responsable à cette dynamique qui consiste à remettre le citoyen au cœur des solutions politiques. Nos liens avec les autres organisations de gauche, les associations, les syndicats, la société civile, existent mais doivent être renforcés. Des temps d’échanges ouverts à l’ensemble des militants de notre organisation doivent être proposés rapidement et nous devrons faire en sorte de les pérenniser. Il faut aussi susciter l’engagement des militants au-delà du strict cadre des partis politiques : dans des associations, dans des syndicats, dans des collectifs. Notre mouvement ne doit pas et ne peut plus se contenter de rester aussi centré sur ses problématiques internes, il doit s’ouvrir sur le monde. Les questionnements et idées qui émergent de la société civile doivent être au cœur de nos débats ; ce n’est pas la société qui doit consentir à reprendre nos propositions. Notre mouvement s’essouffle, il n’est plus audible. Pour qu’il le redevienne, nous proposons de relancer dans le cadre des Conseils Nationaux des réflexions thématiques, permettant de prendre du recul avec l’enchaînement des polémiques, en abordant des sujets plus en lien avec les préoccupations de nos concitoyens.
rations. L’innovation dans l’animation de sa vie interne et l’exemplarité dans les méthodes doivent nous permettre de redonner du souffle au mouvement comme relai de masse des jeunes. Les Conseils Nationaux sont un temps démocratique essentiel à notre organisation, ils permettent les débats, de confronter les idées, de dégager des consensus. Pour revaloriser le « Parlement » de notre organisation, nous souhaitons l’ouverture des CN à tous les adhérents, sur la durée du week-end ou sur des temps plus spécifiques en fonction de l’ordre du jour. Nous voulons des espaces de débat supplémentaires et notamment réintroduire le débat des résolutions qui permet à chaque militant, dans sa fédération, d’être à l’initiative d’un texte introduisant des propositions concrètes. Plus de démocratie, c’est aussi en finir avec la procédure du texte unique lors des congrès qui préempte une partie du débat. A tort ou à raison, les militants ont trop souvent l’impression d’être exclus des décisions «parisiennes» de notre mouvement. Notre organisation doit se tourner davantage vers nos camarades en les informant individuellement, par une revue biannuelle, et faire état des échanges ayant lieu en BN et CN par une communication systématique de la part toutes les sensibilités. Ces dernières doivent être consultées plus systématiquement. Enfin, particulièrement attachés à l’éthique en politique, nous demandons à ce que les comptes de l’association soient détaillés de manière très précise.
Trop souvent, nos militants et nos responsables eux-mêmes ne se sentent pas représentés par les campagnes de notre mouvement. Les campagnes doivent dorénavant naître d’un travail collectif, prenant en compte les spécificités des territoires grâce aux connaissances des Animateurs Fédéraux.
C/ Une organisation démocratique et transparente Le MJS est une organisation qui appartient à ses militants, et qui vit d’abord par ses fédé-
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La République contre l’Obscurantisme Contribution présentée par La Relève.
laume Valadas (Limousin)
Les animateurs et animatrices fédéraux-ales : Adrien Cois (63), Yasin Amrouche (87).
Le membre du Bureau National : Florian Humez
Les coordinateurs et coordinatrices régionaux-ales : Martin Couderc (Auvergne), GuilUn mois jour pour jour après les attentats perpétrés contre Charlie et l’HyperCasher, contre la Liberté d’expression et celle de culte, nous sommes confrontés à un enjeu immense : redonner du commun, du lien à notre action, à la façon dont nous devons faire société. Ces évènements nous imposent de débattre au sein de nos différents cercles et de nos institutions. Quand bien même ces débats sont légitimes, ils doivent se tenir dans de bonnes conditions, en toute sérénité, comme nous l’ont montrés les rassemblements à travers toute la France de ces dernières semaines. Nous n’avons pas vocation à être des commentateurs politiques, des donneurs de leçons sur ce qui serait bien ou mal. Nous en convenons, nous n’avons pas de solutions clefs en main à apporter aux événements du mois dernier. Aujourd’hui, notre responsabilité est autre. Alors que les Français se montrent de plus en plus critiques vis-à-vis de la classe politique, que les jeunes se détournent des organisations partisanes, nous avons la lourde tâche de leur prouver que s’engager a un sens, de changer notre rapport à la société civile afin de retrouver leur confiance. Notre seule réponse aujourd’hui c’est l’introspection. Pourquoi sommes-nous ici ? Pourquoi nous sommes nous engagés en politique ? De quelle façon lire le monde, les rapports sociaux, les bouleversements sociétaux ? Et surtout, quel rôle peut ou doit jouer la gauche réformiste dans l’exercice du pouvoir ? Le monde dans lequel nous vivons est traversé par une série de crises sans précédent. Nous nous devons d’y répondre avec gravité, sans nous laisser submerger par l’émotion et encore moins par nos peurs.
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La membre titulaire de la Commission Nationale d’Arbitrage : Céline Puharré
I – Refuser la théorie du conflit de civilisations A - La France frappée, le monde visé La tragédie que nous avons vécu le mois dernier porte en elle le reflet d’une société divisée car oui, même la démocratie, même la République est imparfaite, et est créatrice de ses propres monstres. La fracture sociale diront certains, l’apartheid selon d’autres, en d’autres termes la mise à l’écart d’une partie de notre société, où une jeunesse frappée par le déterminisme social en expansion depuis des années est source de conflits. Ce rapport conflictuel conduit aussi à l’isolement, à la désocialisation, et abouti à la radicalisation. Au-delà des difficultés sociales françaises, qui divisent la jeunesse entre contrariétés et renoncements, il s’agit bien d’organisations malfaisantes, en lutte politique et idéologique, qui détournent les croyances dans leurs propres intérêts. L’embrigadement, la manipulation, sont par essence pour eux un outil de division, de lutte contre la paix : l’obscurantisme des uns en renfort de l’obscurantisme des autres, jusqu’à l’auto-alimentation de cette haine que les français auront pour eux-mêmes.  A nous, en tant qu’organisation politique, de reprendre le combat contre la peur d’une société du vivre-ensemble. N’ayons plus peur de réengager le combat dans le droit de vote des étrangers aux élections locales, de défendre la mixité sociale dans nos localités, ou de réengager ce projet d’union méditerranéen.
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La lutte contre l’obscurantisme passe par une voix plus forte des socialistes et de la gauche sur ces ambitions, sans cacher ses débats internes, car c’est cet espace de débat qui fait la démocratie. A la République de réviser son propre enseignement : le vivre ensemble. L’enseignement civique doit être révisé pour être plus accessible, pour mettre en évidence les valeurs de tolérance qui nous unissent, et ce dès le plus jeune âge. La République se doit d’être universelle. Cet objectif oblige l’engagement de l’Etat dans tous les territoires. Redéfinissons notre maillage territorial des services de santé, réformons la police sous le modèle de la police de proximité afin que chacun se sente en sécurité. Aussi, regroupons les services publics pour assurer une couverture optimale. Enfin, la communauté internationale a un rôle essentiel à jouer. Profitant d’un monde instable, Daesh et Al-Qaeda se sont progressivement installés aux quatre coins du monde arabe. Contre la barbarie, nous devons tous nous montrer fermes et unis. Malgré les tensions politiques ici ou là, la communauté internationale doit montrer qu’elle est déterminée. L’Union Européenne se doit également d’agir en créant un observatoire commun des groupes terroristes, et en renforçant le travail collaboratif des services de renseignement. Enfin, la défense européenne ne doit plus être un objectif : la sécurité de l’Europe doit être le sujet de l’Europe.
B – L’Europe agitée La victoire de Syriza n’est pas la défaite de l’Europe. Si le peuple grec a dit non à l’austérité, il a réaffirmé sa volonté de demeurer au sein de l’espace économique commun. Depuis près de trois ans, les politiques d’austérité imposées à la Grèce n’ont été ni efficaces, ni humainement acceptables. Pourtant l’histoire nous a démontré à plusieurs reprises que ces mêmes politiques dures à l’égard des peuples ne peuvent mener qu’à des changements politiques radicaux, qu’ils soient issus d’un choix démocratique ou d’une révolte populaire. La gauche française doit reconnaître et féliciter Syriza pour sa victoire, mais elle ne peut s’abstraire du contexte particulier ayant conduit à son émergence. L’élection de Syriza est le symbole même de la gestion calamiteuse de la crise par le couple Merkel- Sarkozy et de l’humiliation qui a été N’engage pas les Jeunes Socialistes
imposé au détriment d’une juste gestion de la crise des dettes souveraines. Le rapport de force généré par l’accession au pouvoir de la gauche dite radicale doit permettre aux sociaux-démocrates de réclamer l’assouplissement de l’étau budgétaire et l’établissement d’une Europe sociale. Cette nouvelle négociation permettra de revenir sur les abandons consentis lors de l’adoption du TSCG. Toutefois, il serait dangereux de croire que les contextes grec ou espagnol sont identiques à ce que nous vivons en France tant l’humiliation, le déclassement et la perte de pouvoir d’achat subis par ces nations est sans comparaison avec les difficultés que nous rencontrons.
C - L’urgence climatique enfin au cœur du monde ? Alors que les signaux d’alarmes environnementaux ont été enclenchés depuis déjà deux décennies, les enjeux de la conférence climat de Paris 2015 n’ont jamais été aussi importants pour l’avenir de notre planète. Pour ne pas arriver vers un nouvel échec, devenu un classique de ce type d’exercice, il est essentiel de fixer les bases d’une gouvernance mondiale de l’écologie et de l’énergie, qui permette à chacun de contribuer efficacement. Aussi, il est nécessaire pour l’Europe de montrer un symbole fort, de solidarité intra-communautaire, en mutualisant partiellement les dettes souveraines de la zone euro, de même nous devons nous montrer plus ambitieux pour construire un plan de relance commun de la croissance. L’Union Européenne doit prendre toute sa part dans la définition de cette économie d’avenir, et de ce secteur stratégique, en regroupant ses compétences dans la création d’une office européenne de l’énergie qui fixera des objectifs ambitieux. Elle doit être l’exemple même et fixer les bases d’une organisation mondiale pour l’énergie et l’écologie sous l’égide de l’ONU. Une politique énergétique et écologique efficace, c’est une politique qui permet à chacun de contribuer. Elle ne doit pas être réservée à une infime partie de la population au travers d’avantages fiscaux, mais doit être l’objet d’une appropriation commune. La progressivité des tarifs de l’énergie doit être à ce titre assurée 11
et les encouragements à polluer au travers des niches grises doivent cesser. Au-delà des questions énergétiques, il nous apparaît également une faiblesse plus qu’évidente au sujet de la préservation des espèces, de la forêt vierge, de la préservation de l’eau et sa répartition, ou de l’ensemble des ressources minérales. Si l’énergie est un enjeu crucial, dont les pouvoirs publics doivent se saisir, il est également primordial, dans le cadre d’une économie mondialisée où la consommation des biens est toujours plus croissante, de redéfinir un modèle de développement respectueux de ces ressources.
II - Repenser un modèle de société A- La société est collaborative :De la nécessité de restaurer un dialogue social pertinent et efficace La réforme des rapports sociaux en entreprise, en négociation depuis plusieurs mois entre les syndicats de salariés et le patronat s’est tristement soldée ce 22 janvier par un échec, qui témoigne de difficultés à établir un dialogue social constructif. Cette négociation, qui présentait l’objectif atypique de faciliter les futures discussions dans l’entreprise, laisse derrière elle, outre un sentiment d’échec et de frustration, de nombreuses questions qui demeurent sans réponses et qu’il est nécessaire de trancher rapidement, telles que la fusion des organes de représentation des salariés et notamment de son extension dans les TPE ainsi que celle des seuils sociaux qui se pose dans les entreprises depuis des années. Dans de nombreux pays d’Europe le patronat et les syndicats de salariés accompagnent les grandes avancées sociales et s’inscrivent dans une dynamique de cogestion. Ce n’est pas le cas en France, où l’État finit par garder ce rôle, devant l’incapacité de syndicats patronaux et ouvriers, prisonniers d’une perception tant obsolète que manichéenne de l’entreprise, faisant du surplace entre acquis sociaux et réformes nécessaires à l’époque. Nous, jeunes socialistes, devons promouvoir une vision moderne et juste du monde du travail, non caricaturale et permettant à nos entreprises d’évoluer dans une société mondialisée. En effet, il est à déplorer que le patronat ait 12
une tendance non dissimulée à envisager le dialogue social comme un problème et non comme étant porteur de solutions, et que les mesures favorables à l’évolution de l’entreprise soient parfois interprétées par certains syndicats comme étant au service d’un patronat tout puissant. Un patronat, qui, et c’est l’un des constats que nous pouvons établir de cette négociation infructueuse, est apparu comme désuni, entre des propositions maximalistes concernant la simplification et un dossier presque vide sur les questions de représentativité, ceci s’expliquant par les divisions de grande ampleur qui ont lieu actuellement entre le MEDEF et la CGPME sur ce sujet. Ceci nous amène à nous poser la question de leur propre légitimité, au sein d’une actualité où celle de la représentation des salariés est sans cesse remise en cause. Il est crucial que pendant cette période difficile l’État continue à donner une impulsion politique qui accompagne le dialogue social tout en intégrant bien évidemment les partenaires sociaux, qui doivent de toute façon être consultés préalablement selon la loi Larcher et dont l’autonomie en ce qui concerne certains sujets, tels que tout ce qui se situe au niveau interprofessionnel, est et demeure incontestable. Il est essentiel que les partenaires sociaux reviennent dans certains domaines auparavant désertés, notamment sur tout ce qui touche au Pole-Emploi où ils sont, au mieux, consultés, là où leur influence pourrait s’avérer déterminante. Enfin, nous déplorons l’abandon par le Président de la République de la conférence sociale annuelle, qui, en proclamant qu’il n’y en aurait pas en 2015, renonce à une occasion supplémentaire de travail collectif sur ces questions.
B - La société manque de temps partagé Légitimement, la question du travail du dimanche se pose vis-à-vis du rapport que chacun entretient avec son temps pour le travail, pour ces loisirs, ou pour la famille. Dans le cadre de ce débat, il ne s’agit pas simplement de regarder les points de croissance qui peuvent être gagnés, mais bien de mener une réflexion vis-à-vis de ce rapport au temps libre, en dehors de tout engagement professionnel. N’engage pas les Jeunes Socialistes
En effet, le travail du dimanche existe bien avant le sujet qui s’est ouvert sur la loi Macron, et il existe bien des conditions où il est nécessaire. Malgré l’encadrement actuel du temps de travail, un certain nombre d’exceptions mal encadrées par la loi, en particulier pour les salariés « cadres », qui par l’intermédiaire des téléphones professionnels et du « télétravail », s’organise un travail imposé. Ne faisons pas du travail du dimanche un dogme : les mesures de la loi Macron continueront par ailleurs à la reconnaissance législative de l’exception du travail dominical et à l’obligation légale de compensation salariale pour les dimanches travaillés. La problématique réside essentiellement sur les activités personnelles ou familiales qui s’exercent en dehors du temps de travail. Dès lors, le problème n’est pas le travail le dimanche en tant que tel, mais l’organisation que nous menons autour. Au-delà même des cas particuliers, la question qui s’impose à la Gauche est celle de l’organisation des temps partagés. Contrairement à la société du XXe siècle qui se retrouvait dans les lieux de culte, dans les espaces sportifs, principalement le dimanche, celle du XXIe peine à se construire des espaces et des temps communs. C’est à cette problématique que doivent travailler les socialistes sous peine de rendre inaudible leur débat interne sur la société du temps libéré.
contre les risques de la vie, la seconde vise à corriger les injustices sociales plus efficacement. Quand l’assurance maladie et l’assurance chômage se situe dans la première catégorie, l’aide au logement, les minimas sociaux, mais aussi l’impôt, (sur le revenu ou sur le capital) sont dans la seconde. Or, il apparaît que l’Etat providence n’est plus viable, non plus que fonctionnel. Les violences qui émergent dans notre société, y compris les violences extrêmes, à l’exemple des actes terroristes commis par des citoyens français, sont la double manifestation de l’inefficience de notre système distributif et de l’incapacité de l’école à transmettre les valeurs et règles qui permettent la vie en société. Dès lors, il est le rôle des pouvoirs publics d’identifier ce qui doit faire partie légitiment de la première catégorie ou de la seconde. A ce titre, nous nous satisfaisons de la décision qui a été prise au regard des allocations familiales, maintenant sous conditions de revenus, et nous continuons à nous prononcer contre l’allocation d’autonomie, en ayant la préférence pour une allocation d’étude sous conditions de ressource. Dans ce cadre, des aménagements vis-à-vis des risques liés à la jeunesse peuvent être pris, mais il faut garder à l’esprit l’objectif même d’une politique de redistribution des richesses équitable.
III - Se rassembler pour changer
C – Pour une réforme de l’Etat Pro- Démarche commune d’Agir en vidence Jeunes Socialistes, Erasme et La Relève L’Etat providence se conçoit comme un moyen régulé, juste et équitable de compenser la multitude de risques sociaux qui nous mettent face à des formes de douleurs sociales, psychologiques ou physiques ; que nous ne pouvons pas maîtriser, et auxquels nous ne pouvons pas toujours remédier sans assistance. Maladie, perte d’emploi, accidents : ces faits rudes, qui exercent une forme de violence, entraînent des coûts et des contraintes auxquels l’Etat providence doit nous aider à faire face. Dès lors, réorganiser l’Etat providence, c’est mener une réflexion sur les processus de reproductions sociales, afin de réorganiser le processus de redistribution des richesses. Nous pouvons distinguer deux familles de processus permettant cette redistribution des richesses : alors que la première vise à protéger 12
La jeunesse est la priorité du quinquennat mais elle est plus que jamais défiante à l’encontre des institutions. La jeunesse ne semble plus rien attendre de la politique ; nous n’apparaissons plus suffisamment comme les forces du progrès et de l’innovation. Si les partis ont leur part de responsabilité dans cette crise, le MJS doit lui aussi s’interroger fortement. Car la jeunesse n’est pourtant pas désintéressée et invente de nouvelles formes d’engagement, à côté desquelles notre mouvement apparaît trop souvent en décalage, quand il n’est pas tout simplement déconnecté des réalités. Le MJS est un objet politique non identifié, dont les missions mériteraient d’être mieux clarifiées. Ne prétendons pas reproduire le N’engage pas les Jeunes Socialistes
fonctionnement de nos aînés, ne tombons pas dans le piège des mêmes polémiques stériles. Au contraire, inventons de nouveaux modèles de fonctionnement permettant la participation de tous les militants. L’autonomie, à laquelle nous tenons, ne suffit pas en soi. Elle ne doit surtout pas masquer nos dysfonctionnements et empêcher toute réflexion sur une transformation du MJS, qui devrait en priorité porter ses efforts sur l’éducation populaire et la mobilisation active des jeunes de gauche afin de devenir une véritable organisation de masse. Cette mission appelle donc le rassemblement pour le changement. Cela importe d’abord de faire une bonne analyse de l’engagement politique des jeunes où la transition d’une sensibilité « métapolitique » vers l’engagement militant est tout sauf évidente pour la plupart. La montée de l’individualisme, la mobilité accrue des jeunes, leur esprit critique et leur exigence, leur indépendance font que les jeunes sont souvent trop réticents à s’engager dans une organisation partisane, rigide et fortement hiérarchisée. Nous devons réussir à concilier les aspirations individuelles des jeunes militants avec les conditions de la réussite de notre mouvement.
Il est plus que nécessaire de placer au centre de nos engagements la formation des camarades. Elle permettra de faire émerger les militants socialistes de demain, partageant des valeurs communes. Dans ce nouveau schéma, le rôle du CCR devient essentiel. Avec de réelles plateformes de formations pouvant représenter toutes les sensibilités du mouvement, le coordinateur régional doit être utile aux fédérations, afin de permettre à nos jeunes militants de se sentir au cœur du mouvement. Pendant trop de temps, le militant n’était vu que comme un outil. Redonnons-lui une place essentielle en mettant en œuvre tous les moyens possibles. Nous pourrons également donner un sens à ce mouvement en amplifiant le travail de décentralisation et donc en prenant en compte les spécificités territoriales. Notre action ne serait plus ainsi une vague copie représentative d’enjeux parisiens. Le mouvement doit donner la possibilité financière aux fédérations d’effectuer des campagnes qui soient adaptées et qui répondent à une attente territoriale. Dans ce but, nous devons faire notre possible pour être force de proposition localement. La massification de notre mouvement passe par un renforcement de sa base.
A/ Donner du sens à l’engagement, le militant au cœur de l’organisaB/ Un mouvement dans le réel et tion ancré dans la société Plus que jamais, il est important de cultiver l’envie de s’engager. Il faut redonner du sens à notre organisation tout en donnant aux jeunes la possibilité de s’impliquer. Nous devons faire de l’engagement politique une réalité, une exigence qui est finalement une évidence. A partir de son entrée au sein du MJS, le jeune doit être mis en confiance. Notre rôle ne doit pas se limiter à la volonté de grossir nos rangs : nous devons faire de l’accueil du militant une priorité. Pour créer une dynamique, il nous faut accueillir chaque jeune dans le respect de son parcours et de ses idées, tout en donnant un sens à son engagement. Cet accueil doit témoigner de notre volonté de créer un mouvement ouvert, représentatif et utile. Pour se faire, les formations des animateurs fédéraux doivent évoluer. La politique ne se fait pas uniquement autour des conseils nationaux, des congrès, ou des campagnes, elle se réalise par une réflexion permanente autour de ses idées et de son propre engagement. 12
N’ayons plus peur de changer, d’innover, de nous ouvrir aux nouvelles pratiques militantes. Le MJS doit participer de manière responsable à cette dynamique qui consiste à remettre le citoyen au cœur des solutions politiques. Nos liens avec les autres organisations de gauche, les associations, les syndicats, la société civile, existent mais doivent être renforcés. Des temps d’échanges ouverts à l’ensemble des militants de notre organisation doivent être proposés rapidement et nous devrons faire en sorte de les pérenniser. Il faut aussi susciter l’engagement des militants au-delà du strict cadre des partis politiques : dans des associations, dans des syndicats, dans des collectifs. Notre mouvement ne doit pas et ne peut plus se contenter de rester aussi centré sur ses problématiques internes, il doit s’ouvrir sur le monde. Les questionnements et idées qui émergent de la société civile doivent être au cœur de nos débats ; ce n’est pas la société qui N’engage pas les Jeunes Socialistes
doit consentir à reprendre nos propositions. Notre mouvement s’essouffle, il n’est plus audible. Pour qu’il le redevienne, nous proposons de relancer dans le cadre des Conseils Nationaux des réflexions thématiques, permettant de prendre du recul avec l’enchaînement des polémiques, en abordant des sujets plus en lien avec les préoccupations de nos concitoyens. Trop souvent, nos militants et nos responsables eux-mêmes ne se sentent pas représentés par les campagnes de notre mouvement. Les campagnes doivent dorénavant naître d’un travail collectif, prenant en compte les spécificités des territoires grâce aux connaissances des Animateurs Fédéraux. C/ Une organisation démocratique et transparente Le MJS est une organisation qui appartient à ses militants, et qui vit d’abord par ses fédérations. L’innovation dans l’animation de sa vie interne et l’exemplarité dans les méthodes doivent nous permettre de redonner du souffle au mouvement comme relai de masse des jeunes. Les Conseils Nationaux sont un temps démocratique essentiel à notre organisation, ils permettent les débats, de confronter les idées, de dégager des consensus. Pour revaloriser le « Parlement » de notre organisation, nous souhaitons l’ouverture des CN à tous les adhérents, sur la durée du week-end ou sur des temps plus spécifiques en fonction de l’ordre du jour. Nous voulons des espaces de débat supplémentaires et notamment réintroduire le débat des résolutions qui permet à chaque militant, dans sa fédération, d’être à l’initiative d’un texte introduisant des propositions concrètes. Plus de démocratie, c’est aussi en finir avec la procédure du texte unique lors des congrès qui préempte une partie du débat. A tort ou à raison, les militants ont trop souvent l’impression d’être exclus des décisions «parisiennes» de notre mouvement. Notre organisation doit se tourner davantage vers nos camarades en les informant individuellement, par une revue biannuelle, et faire état des échanges ayant lieu en BN et CN par une communication systématique de la part toutes les sensibilités. Ces dernières doivent être consultées plus systématiquement. Enfin, particulièrement attachés à l’éthique en politique, nous demandons à ce que les comptes de l’association soient détaillés de
manière très précise.La multiplication des risques liés à la situation internationale renforce inévitablement le sentiment d’insécurité tiré de la mondialisation. A l’insécurité économique, à l’instrumentalisation des effets de l’immigration sur nos sociétés civilisés s’ajoutent désormais une crise mondiale lié à la radicalisation de certains groupuscules et l’expansion du terrorisme internationale. L’intervention nécessaire mais trop isolée de la France au Mali, en Centre-Afrique et les frappes aériennes contre Daesh sont autant de crédit à mettre à l’actif de notre démocratie dans son rôle pour la mobilisation internationale. Dans ce cadre, les jeunes socialistes doivent soutenir toutes les voix qui se sont levées pour appeler l’Europe à déduire les dépenses militaires engagées, principalement par la France, pour la protection de l’ensemble des citoyens du continent, des déficits publics La crise sanitaire consécutive à l’épidémie du virus Ebola démontre encore l’acuité avec laquelle se pose le problème de sécurité internationale. Si les pays européens n’ont que trop longtemps attendu d’être touchés par cette problématique pour apporter leur aide aux Etats africains frappés par cette maladie, la mobilisation généralisée illustre la nécessité de la cohésion et de la régulation à l’échelle internationale. Mais cette impératif de sécurité ne légitimera jamais les atteintes aux libertés fondamentales dont jouissent les citoyens européens et dont devraient bénéficier l’ensemble de la population mondiale. La garantie de la liberté de circulation, d’expression, de culte et d’opinions sont autant d’impératifs que les jeunes socialistes ne sacrifieront jamais au prix d’une loi ou d’un règlement européen relatif à la lutte contre le terrorisme. C’est pourquoi nous devons nous préoccuper dès aujourd’hui des nouvelles dispositions de la loi Cazeneuve, actuellement en cours d’examen au Parlement, et dont certains effets méritent toute notre attention pour prévenir des atteintes à nos libertés que les désastreuses lois «LOPSI» (loi d’orientation pour la programmation de la sécurité intérieure) adoptées par la droite au dépend de nos liber-
tés. Enfin, aucune de ces difficultés n’autorisera jamais la Gauche à traiter l’immigration et le multiculturalisme comme une source de difficulté alors même que la diversité culturelle dont jouit la France et plus généralement, l’Europe en qualité de terre d’accueil, constitue aujourd’hui un formidable atout, largement sous estimé.
B. Réussir la souveraineté partagée Face à ces risques, le grand défi de la gauche est celui de faire réussir la souveraineté partagée. Trop longtemps et à juste titre, les socialistes et les sociaux démocrates, leur partenaires écologistes et communistes ont dénoncé «une Europe de droite». Elle ne l’a jamais été par nature. Elle l’est du fait de ces gouvernants, de droite, et des échecs successifs des gauches européennes à conquérir le Parlement, puis la Commission Européenne. Elle l’est encore en raison du combat passéiste de certains souverainistes qui pensent encore que la France, seule, peut conduire en Europe une politique de redistribution de la richesse, de partage du temps de travail, une politique culturelle, d’émancipation de l’individu et de lutte contre la rente et les déterminismes. Dans le même temps et dans la droite ligne de la campagne présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy a choisi, lors de son retour à la vie politique, de faire siennes les thèses de la droite extrême relative à la nécessité de la frontière et de la souveraineté nationale.
ce qu’il permet la mise en œuvre des mécanismes de sauvegarde européen pour les aides aux pays en difficultés tel que la Grèce, l’Espagne ou le Portugal. Mais, nous, jeunes socialistes, sommes convaincus que l’absence de contreparties lors de cette signature est l’aujourd’hui l’une des difficultés majeures du quinquennat. En effet, la réduction des déficits à l’échelle de l’Union ne peut s’imposer comme la seule perspective pour des populations en difficulté et en recherche d’emplois et de pouvoirs d’achat. Si le contrôle des dépenses publiques, indispensable à la sauvegarde de la souveraineté des Etats constitue une donnée du problème, il ne peut constituer notre seul but politique. Aussi, la gauche ne doit pas ignorer qu’en mutualisant les dettes des Etats-membres de l’Union, elle peut se soustraire aux spéculations des marchés financiers sur la faillite individuel des pays, . Les balbutiements de la solidarité européenne constatés à l’épreuve de la crise doivent désormais se traduire par un renforcement de l’intégration économique. Outre l’harmonisation sociale et fiscale sur les standards des pays les plus développés, nous attendons de la gauche européenne qu’elle se batte pour une inflexion de la rigueur budgétaire aveugle et destructrice de croissance en déduisant de la dette publique des Etats, les dépenses d’investissements, d’innovation et l’ensemble des programmes de croissance verte.
C’est la raison pour laquelle, il est aujourd’hui essentiel pour la gauche de rappeler les fondements de son identité : l’internationalisme et le partage de la souveraineté face aux réactionnaires qui fractionnent, divisent et opposent pour régner.
Au surplus du combat qu’elle mène légitimement contre le TAFTA, nous exigeons de la gauche européenne qu’elle lutte pour défendre les droits des femmes en promouvant la clause de l’européenne la plus favorisée, les droits de minorités et des immigrants et plus globalement ceux des populations fragiles.
La nécessité d’une véritable Union politique solidaire en Europe est apparue encore plus clairement depuis la crise économique de 2008.
Nous exigeons qu’elle mène ce combat à l’échelle européenne pour réussir le partage de la souveraineté.
Nous, jeunes socialistes, sommes convaincus que l’on ne peut reprocher au gouvernement socialiste français d’avoir accepter le TSCG en
II. Il n’y a qu’un cap : l’égalité A. L’âme de la France c’est l’égalité réelle S’il n’apparaît pas clair aujourd’hui pour les Français, le cap du quinquennat, c’est celui de l’égalité. Et cette égalité, elle doit être réelle. Mois après mois, nous ne pouvons que regretter que la réforme fiscale doit Thomas Piketty avait écrit la lettre n’ait pas vu le jour. L’individualisation de l’impôt, la fusion d’impôt injuste avec des prélèvements progressifs calculés sur les revenus réels des individus, tirés du travail et du capital sont encore attendus du gouvernement. Mais des progrès notables doivent être soulignés dans le redressement pour la justice. La limitation du quotient familial favorisant principalement les foyers les plus aisés est évidemment à saluer. La suppression des avantages automatiquement accordés pour la naissance ou l’existence d’un enfant dans une famille est probablement l’une des mesures essentielle pour plus de justice sociale. Rien ne justifie que chaque individu perçoive les mêmes aides. Il est impératif, sans jamais remettre en cause l’universalité des aides de pondérer le montant accordé en fonction des revenus des individus. Donner plus à ceux qui en ont le plus besoin, c’est l’égalité réelle. C’est aussi toute l’essence d’une politique de redistribution de la richesse, en bref, d’une politique socialiste.
B. Les chemins de l’égalité sont nombreux Il est inexact d’affirmer d’une seule politique est possible. Il est radicalement faux d’opposer à une politique un seul autre chemin. Depuis 2012, un certain nombre de mesures ont été mises en place par le gouvernement : le CICE et le pacte de responsabilité notamment. Si elles pouvaient apparaitre comme nécessaire, ces réformes qui petit à petit sont mises en application n’ont pas encore permis de relancer la croissance ou de diminuer le chômage. Cette politique du socialisme de l’offre a montré ses limites. D’abord parce qu’elle n’a pas été dirigée, orientée vers les entreprises petites et moyennes qui
en avaient le plus besoin. L’exemple récent du chèque de 80 millions euros fait par le Trésor Public à Total est tout simplement écœurant. Ensuite, parce qu’aucune des contreparties dues par le patronat, qui a trahi toutes ses promesses, n’a été respectée. Elle ne saurait pour autant être balayée d’un revers de la main, les imperfections détectées doivent être corrigées immédiatement pour tirer les fruits de ces efforts. A ce socialisme de l’offre, il est pourtant irresponsable d’opposer un socialisme de la demande. Soutenir la demande sans développer l’outil de production, c’est financer la croissance des pays en développement qui sont aujourd’hui les usines du monde. C’est creuser encore les déficits sans créer pour autant de l’emploi en Europe. Le développement des pays émergents n’est naturellement pas en cause, l’amélioration des conditions de vie des populations du monde faisant partie de notre ADN. Cela étant, plus qu’une logique d’affrontement ou d’exploitation par l’Europe d’une main d’œuvre peu chère, il est impératif de construire des échanges économiques équitables qui bénéficient à toutes les parties. Nous attendons que l’interventionnisme de l’Etat se manifeste davantage par de l’aide en nature aux entreprises en difficulté : assistance juridique, conseil d’étude de marché, accompagnement à l’export pour trouver de nouveaux marchés, adaptation à la concurrence sectorielle, incitation à la création dans les secteurs numériques, environnementaux ou dans la silver économie. Nous exigeons de l’Etat qu’il devienne stratège s’agissant de ces participations. Sa part dans les entreprises nationales de production énergétique doit être renforcée pour piloter les enjeux de la transformation énergétique. Ces actifs doivent être mieux gérés et non vendus, pour ne pas reproduire le désastre des concessions autoroutières offertes au secteur privé par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Enfin, la gauche doit assumer de s’entourer de chefs d’industries partageant ces valeurs. L’éviction d’Henri Proglio est une bonne nouvelle que nous aurions préféré célébrer bien avant.
III. Renforcer notre effort A. Enrayer la machine infernal du déclassement et du découragement La victoire de la gauche en mai 2012 a fondé de grands espoirs auprès des Français. Néanmoins, deux ans après, l’ascenseur social demeure en panne. Les progrès mesurés sur la réduction du chômage des jeunes qui couronnent l’ambitieuse politique menée par la garantie des jeunes et la création d’emploi aidés ne parviennent pas à enrayer les destructions d’emplois mesurées pour l’ensemble de la population. La peur du déclassement, l’exposition au risque économique et à la grande précarité creusent le lie des populistes qui savent en tirer un affreux parti. Et lorsqu’il ne suffit plus d’opposer les chômeurs aux travailleurs, certains trouvent encore à confronter les habitants des centres urbains à ceux des périphéries. Cette grande peur, parfaitement orchestrée par des idéologues éthologistes et racialistes, mine le vivre-ensemble et divise au moment où l’unité est primordiale. Les réflexions menées pour la réforme territoriale est sans doute un premier élément de réponse à ces inquiétudes. Les interrogations sur les formes de participation du citoyen en est une autre. A l’inverse, les mobilisations violentes de toute sorte ne sauraient en aucun cas être élevées au rang de solution. Nul n’oublie que nombre de bouleversements du XIXème siècle s’est opéré grâce à la persévérance d’idéologues de la non-violence. La transformation sociale voulue par la réforme des rythmes scolaires, plébiscitée par les familles dont les enfants n’avaient pas la chance de participer à des activités extrascolaires est un pas capital vers la lutte contre le déterminisme social. La réduction de la précarité environnementale à laquelle est exposée les citoyens qui ont le
moins de revenu mobilisable pour isoler leur logement, se déplacer de manière propre et se nourrir avec les meilleurs produits demeure un préoccupation majeure. A cet égard, il est constant que l’écologie punitive, celle de la taxe, ne favorisera jamais les plus exposés qui seront au contraire les plus touchés. Cette question qui s’est posé à l’heure de la mise en œuvre de la taxe carbone demeure aujourd’hui un chantier pour la gauche. L’adoption de dispositions légales favorisant la construction et la résorption du mal logement, en dépit des rabots et des reculs difficilement acceptables qu’elles ont subi, constitue encore un des marqueurs de ce que les citoyens attendent d’un gouvernement de gauche. Enfin, le découragement se combat encore au moyen de mesures symboliques pour la gauche. La simplification de la vie administrative de nos concitoyens, l’assouplissement des conditions d’accès et de résidence sur le territoire européenne, l’attestation de contrôle d’identité pour mettre un terme à la politique du délit de faciès sont autant de combats nobles, utiles et indispensables pour nous, jeunes socialistes.
B. Rebattre les cartes Rebattre les cartes, c’est lutter contre le déterminisme social. La confiscation de l’opportunité de réussir, la frustration de ne pas occuper la place que l’on mérite gangrène nos sociétés modernes. C’est la raison pour laquelle, la lutte contre la reproduction sociale est au cœur du combat des socialistes. Le projet de loi activités du Ministre de l’économie présente quelques avancées importantes notamment s’agissant de l’accès aux professions réglementées, et ce malgré les reculs devant le lobby pharmaceutique. La réforme affectant les huissiers, les notaires, les avocats contribuera à la démocratisation de corps de métiers encore trop fermé aux plus grands nombre de nos concitoyens. Elle devrait également leur redonner du pouvoir d’achat en baissant les prix de ces prestations
exercées par des monopoles injustement protégé par l’Etat. Rebattre les cartes, c’est aussi poser la question de la suppression d’échelon qui ne sont plus pertinents. En ce sens, nous apportons notre soutien à la réduction du nombre de régions, au renforcement de leur rôle dans le développement économique local alors que le Département peine clairement à trouver du sens quand beaucoup de nos concitoyens ignore les politiques publiques qu’il mène. Enfin, rebattre les cartes, c’est aussi participer au travail de fond engagé par le Parti socialiste, lors des Etats Généraux et visant à réidéologiser un parti dans une période où la crise de confiance dans les élus et dans les organisations partisanes est grave. Les jeunes socialistes auront un rôle essentiel à prendre dans la réflexion menée par le parti socialiste mais également vis à vis de sa propre démarche. L’attractivité et le dynamisme de notre mouvement en dépendent.
Conclusion Dans cette situation politique inédite où l’idéologie a été abandonné par tous, nous avons, jeunes socialistes une voix à porter. Notre ambition est invariable. Elle nous a animé lorsque nous étions dans l’opposition, elle nous a motivé en campagne, elle nous habite aujourd’hui. Ce devoir c’est celui de faire réussir la gauche dans l’exercice du pouvoir. Pour cela, il lui faut tracer des lignes directrices claires : partager la souveraineté pour réussir la régulation internationale, mener le combat de l’égalité réelle et lutter contre le déterminisme pour offrir à chacun un chemin. Cette démarche implique de s’affranchir des querelles personnelles, inutiles et dangereuses, dans la période que nous traversons. Elle exige que nous confrontions des idées et des opinions politiques pour affiner la vision de notre société du futur. Elle nous impose également de traduire les perspectives tracées en acte politique et d’en mesurer l’efficacité.
La prison: «L’ombre du Monde» Contribution présentée par la Fabrique du Changement Les animateurs et animatrices fédéraux-ales : Anthony Enjalbert-Poujade (12), Lorène Maugard (23), Thomas Toutain (27), Maïsa Ribeiro (28), Daniel Molina (31), Mahaut Bertu (44), Alexandre Charpy (46), Sarah Kerrich (59), Isaac Fahmi (72), Wasil Echchenna (76), Carla Bucero Lanzi (79), Simon Briaud (85), Pierre Quillard (86), Ulrich Ducrot-Milong (89)
Et après? Un choc qui exige une réflexion Les attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015 ont constitué pour nous, comme pour nos concitoyens, un choc terrible. Nul ne peut comprendre et accepter que l’on puisse être tué pour ses idées. Face à ces actes ignobles, le peuple français s’est soulevé comme jamais pour défendre la République, ses valeurs et ses fondements. Toutefois, l’hommage national a été émaillé d’incidents, qui ont agi comme une piqûre de rappel au sujet de la situation que vivent certains de nos compatriotes. C’est à nous, jeunes, militants et socialistes, de réfléchir à l’état de notre pays, de notre société, et d’apporter des réponses. Celles-ci ne peuvent être uniquement coercitives, à l’image des très nombreuses condamnations pour apologie du terrorisme qui ne résolvent rien. Les changements nécessaires ne produiront pas d’effets immédiats, tant les fractures sont profondes, et le MJS ne peut avoir totalement raison à lui tout seul. De même, la Fabrique du Changement ne prétend pas détenir la solution miracle aux maux qui touchent notre société. Nous souhaitons, au travers d’une thématique précise et fondamentale, apporter modestement notre pierre aux réflexions de la gauche et des socialistes. Parce que nous avons vu et entendu, comme tous les citoyens, que l’incarcération a joué un rôle crucial dans la perte du sens de la République, avant ces attentats, nous avons décidé de centrer notre réflexion N’engage pas les Jeunes Socialistes
Les coordinateurs et coordinatrices régionaux-ales : Cyprien Bourget (Haute Normandie), Romain Bossis (Pays-de-la- Loire), Thomas Lahaut (Nord-Pas-de-Calais) Les membres du Bureau National : Raphaël Bonnier, Augustin Lechat-Blin, Sandra Lhote-Fernandes, Grichka Lingerat, Adélaïde Raveleau Les membres titulaires de la Commission Nationale d’Arbitrage : Clarisse Chabod
sur le milieu carcéral. Dans l’esprit du droit pénal, la prison protège la société des individus qui dévient de l’ordre social établi et donne à ces derniers les moyens de se réinsérer, de revenir dans le droit chemin. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les conditions de détention, parfois inhumaines, la surpopulation carcérale, la baisse des budgets ont fait de la prison un simple lieu d’enfermement. C’est derrière les murs de ces établissements que certains des terroristes se sont radicalisés, basculant dans une idéologie totalitaire. Cela exige une grande réforme pénitentiaire, pour que la prison retrouve son objectif premier. L’échec de la prison à favoriser le retour dans la société est aussi flagrant qu’inacceptable : près de 60 % des anciens détenus sont à nouveau condamnés dans les cinq années qui suivent. Elle est le lieu de toutes les radicalités : radicale dans son objectif d’évincement de la société, radicale envers les détenus en ce qu’elle ne permet pas actuellement d’offrir une porte de sortie aux personnes les plus en difficultés socio-économiques et/ou psychiques. Les conditions de détention précaires, la violence, le sentiment de rejet de la société, une forme de désespoir poussent certains à entrer dans des logiques de radicalisation (pas uniquement religieuses d’ailleurs), voire de recourir au suicide, la France détenant le triste record des pays occidentaux en la matière. Comme le dit Didier Fassin, l’État pénal s’est 19
étendu de manière spectaculaire avec une augmentation de plus de 50 % de la population écrouée entre 2002 et 2012, ce qui est sans précédent en France. Or, cet emprisonnement concerne d’abord les populations qui souffrent le plus du désengagement de l’État social. Entre les deux, il y a donc un lien qui n’est pas mécanique, mais logique.
Faire de l’humain en prison Nous devons explorer de nouvelles pistes de réflexion, dans une logique d’ouverture, oser aller de l’avant et ne pas seulement fonctionner en corrélation avec l’évolution de l’opinion. L’étude de ces propositions va de pair avec les questionnements sur le sens de la peine ou les alternatives à l’emprisonnement. L’encellulement ne fait que «désinsérer» encore davantage les condamnés de leur famille, de leur travail et de la société. Ils seront plus isolés à la sortie, sans aucune garantie de trouver une place dans la société. Le temps d’emprisonnement doit être utile pour la réinsertion, avec des périodes de formations et un accompagnement préparant à la sortie. La réinsertion passe pour beaucoup par la valorisation des détenus, leur capacité à exercer diverses fonctions durant leur incarcération, notamment un travail. De manière implicite, l’administration pénitentiaire choisit librement les conditions qui permettent d’accéder à un travail et les détenus qui pourront en bénéficier. Les personnes dangereuses ou considérées comme tel sont exclues des dispositifs, malgré leurs demandes parfois justifiées. Au-delà de la question de l’accès à l’emploi se pose celle des conditions de travail. Alors que l’exercice d’une activité est une réalité pour un certain nombre d’entre eux (presque 40% travaillent en détention), leur statut peut être très variable. Les détenus peuvent travailler soit en atelier de production (avec un concessionnaire ou au sein de la régie industrielle des établissements pénitentiaires), soit dans le service général de l’administration pénitentiaire (d’entretien, de restauration ou de bibliothèque). Dans tous les cas, les salaires sont systématiquement inférieurs au SMIC (45% du SMIC pour les activités de production, 20 à 33% pour le service général). Compte tenu des faibles revenus, les détenus ont le plus grand 20
mal à valider leurs trimestres pour la retraite (un trimestre sur les quatre pour une année travaillée). Beaucoup d’entreprises profitent de cette situation pour produire à moindre coûts, on pourrait même parler d’exploitation... Selon l’Organisation Internationale du Travail, le temps maximum pouvant être travaillé est évalué à 70 heures par semaine, cependant de nombreux travailleurs incarcérés s’approchent de ce quota et vont même jusqu’à travailler en cellule. Pour beaucoup, ce travail parfois usant (beaucoup d’heures, travail de manutention) est lourdement ponctionné afin d’indemniser les victimes, remboursé des frais internes à l’établissement ou encore est envoyé en partie à la famille. Ce maigre solde ne permet donc pas aux détenus de construire un projet de réinsertion faute d’épargne satisfaisante. Il devient aujourd’hui indispensable de réformer ces conditions de travail. Le travail en prison doit être un vecteur de réintegration. Rapprocher le droit du travail en prison du droit commun doit être la priorité en ce domaine, mais il s’agit également de se montrer innovants. La mise en place d’un compte épargne dédié à la réinsertion, ce qui permettrait de trouver un logement, de financer une petite entreprise, ou encore de vivre dignement sa retraite pour les peines longues peut également être une piste intéressante. En outre, la formation professionnelle des détenus, confiée aux Régions depuis le 1er janvier, doit monter en puissance en vue de favoriser leur réinsertion. Un condamné qui avait un travail se retrouve chômeur à l’issue de sa peine, et doit pouvoir immédiatement chercher un emploi. Celui-ci est en effet perçu comme un puissant facteur d’intégration dans la société et favorisera le retour à la vie la plus normale possible. Si l’exercice d’une activité professionnelle en prison peut aider à la réinsertion, une réflexion sur la manière dont elles sont construites nous semble également importante. Dans un premier temps, construites à l’intérieur des villes, elles ont tendance à se délocaliser dans des zones rurales ou industrielles. Si symboliquement cela montre bien qu’il existe une volonté de totalement exclure le détenu de la société, cela pose également des questions pratiques pour ceux souhaitant s’y rendre, que cela soit les familles, les militants du milieu associatif ou les avocats des détenus. La question des N’engage pas les Jeunes Socialistes
relations avec l’extérieur doit alors être posée, aussi bien du point de vue du détenu que de celui de la famille, subissant un préjudice alors qu’elle ne fait pas l’objet d’une condamnation. Les enfants par exemple, traumatisés par les visites au parloir classiques, doivent bénéficier d’espaces aménagés qui permettent de rencontrer leur parent dans de bonnes conditions, afin de maintenir autant que possible un lien familial fort.
nombre d’aumôniers musulmans dans les prisons : on dénombre seulement 128 aumôniers musulmans pour 681 aumôniers catholiques. Cette institutionnalisation de la pratique religieuse doit permettre de détourner les détenus fragiles des éléments les plus radicaux. En revanche, nous ne pouvons soutenir la création de «quartiers pour détenus radicalisés», qui marqueraient un retour aux Quartiers de Haute Sécurité abolis il y a 40 ans.
Apporter la culture en prison, c’est permettre une ouverture au monde. Les acteurs associatifs soulignent la difficulté d’intervenir dans le milieu carcéral, souvent pour des raisons que l’administration qualifie de «sécuritaires». Il faut faciliter les accès aux acteurs du monde culturel et que les collectivités locales utilisent leurs leviers pour faire en sorte que la prison ne soit pas un lieu de «non-culture». Il faudrait de plus soutenir massivement la mise en place d’actions qui rendraient les détenus acteurs et non spectateurs de cette culture.
Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, imposé à la France par le Conseil de l’Europe, doit voir son rôle renforcé : outre son droit de contrôle à l’improviste, qu’il partage avec les parlementaires, il doit disposer d’un pouvoir de sanction administrative, comme imposer des réparations d’urgence. Il doit pouvoir traiter directement avec l’administration pénitentiaire pour imposer des réformes sur le fonctionnement même des établissements pénitentiaires.
Les conditions même de vie en prison interpellent, directement liées à la manière dont sont conçues les prisons et à leur architecture intérieure. Nous ne pouvons pas rester inactifs face aux condamnations récurrentes et aux classements réguliers plaçant les prisons français parmi les pires d’Europe. Le mauvais état des prisons anciennes, leur dangerosité (l’Etat a été condamné par le Conseil d’Etat et la Cour Européenne des Droits de Homme à de multiples reprises), la surpopulation, le manque d’humanité des nouvelles prisons, la délégation de construction et gestion au privé dont l’intérêt général n’est pas la priorité sont des éléments inacceptables en France, pays des Lumières. Cette question architecturale rejoint directement celle du principe de l’encellulement individuel. Inscrit dans la loi depuis 1875, il n’a jamais été appliqué et ne cesse d’être repoussé. Suivant de récents travaux parlementaires, il faut à la fois construire de nouveaux bâtiments conçus dans cette optique, mais éviter tant que faire se peut l’emprisonnement.
Un MJS à la hauteur
La question religieuse dans les prisons est une problématique actuelle du milieu carcéral. Aujourd’hui, les aumôniers, de n’importe quelle confession, sont importants pour la pratique de la religion. Cependant, on constate un énorme déficit entre le nombre de détenus qui se revendiquent de confessions musulmanes et le N’engage pas les Jeunes Socialistes
Les Jeunes socialistes doivent s’emparer du sujet des prisons. Une réflexion collective du mouvement doit émerger. Il faut que nous prenions en compte l’ensemble des problématiques soulevées par l’emprisonnement pour en tirer un plan d’action nous permettant d’agir. Nous devons rencontrer les associations qui travaillent dans les prisons, au plus près de ces réalités. Donnons nous les moyens d’organiser un évènement ouvert à tous durant un après-midi réflexion sur la place de la prison dans notre société avec invitation d’élus, de professionnels de la justice, syndicalistes... avec des plénières, mais aussi des ateliers thématiques en plus petits groupes. Nos Conseils Nationaux doivent également être l’occasion d’avoir des débats thématiques lors d’un temps donné (une après-midi par exemple) et ainsi alimenter notre réflexion, en l’ouvrant au plus grand nombre de nos camarades. Nos fédérations doivent être motrices en proposant également des idées d’actions en liaison avec les acteurs locaux. Si au cours de cette contribution nous avons fait le choix de développer des idées permettant au système carcéral d’évoluer positivement, il est évident que notre mouvement ne devra jamais cesser de s’interroger sur l’en21
semble des raisons qui poussent certains individus à se placer en dehors de notre société. Le passage en prison n’est que l’une des étapes dans le processus qui a conduit des personnes nées en France, de nationalité française, à commettre des attentats qui ont bouleversé la France et qui marqueront des générations. S’il est clair que les conditions de vie, l’échec de l’École, l’absence de perspectives sont les premières raisons de la marginalisation de certains de nos concitoyens, elles ne suffisent pas à expliquer le terrorisme religieux : certaines personnes, ayant le même parcours, ayant connu les mêmes difficultés sociales, ne se radicalisent pas, n’en viennent pas à de telles extrémités. Loin de toute idée préconçue, de toute solution évidente, sans tabou, et avec pour seul guide les valeurs de la République, nous devons interroger chacun des aspects de notre modèle social. Pour combattre l’exclusion, le repli identitaire, le communautarisme, les stigmatisations, et pour donner un sens commun à la République, notre mouvement devra associer l’ensemble de ses militants à une réflexion collaborative, suivie et décentralisée. L’organisation régulière d’ateliers dans chacune de nos fédérations sur l’organisation de nos villes,
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sur le rôle de l’École, sur la façon dont les valeurs républicaines peuvent être acceptées et appropriées par tous, nous permettra de défendre un véritable programme de cohésion nationale. Ce travail est nécessaire, non seulement parce que la situation sociale est urgente, et que nous ne pouvons pas accepter que des français en tuent d’autres au nom d’une quelconque idéologie, mais aussi parce que ne pas nous en emparer c’est laisser le champ libre à la droite et au front national. Défendre les valeurs de la République c’est aussi refuser qu’elles soient fourvoyées, qu’elles servent de prétexte à ceux qui veulent faire de la laïcité non pas une valeur de rassemblement mais d’exclusion, à ceux qui affirment que la Liberté autorise les appels à la haine, ou encore ceux qui défendent que l’Égalité permet de revendiquer de la manière la plus exacerbée leur particularité. Dans cette logique, il sera essentiel de s’ouvrir d’avantage à l’ensemble de la société, puisque c’est elle que nous essayons de réunir, à la fois pour mieux la comprendre, mais aussi pour proposer un modèle qui réponde aux aspirations et aux inquiétudes de tous.
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“Ahmed, Clarissa et Franck sont morts pour que nous puissions vivre libres.” François Hollande, le 13 janvier 2015 Contribution présentée par ERASME Les animateurs et animatrices fédéraux-ales : Yann CHAILLOU (45), Romain ENTAT (26), Matthieu JOUVET (07), Alison PAQUETTE (36).
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Quand elle souffre dans sa chair, parce qu’elle est attaquée, la France sait se dépasser pour défendre ses valeurs. Elle est belle quand elle sait se réunir. Les images des 7, 8 et 9 janvier nous ont choqué, nous ont révolté. Celles de rassemblement du 11 janvier resteront gravées dans nos mémoires et dans nos coeurs. Ces événements nous obligent à être à la hauteur de l’Histoire et nous transmettent le devoir d’entrer en résistance. Il y a deux façons d’entrer en résistance : le conflit armé ou la bataille culturelle. Le gouvernement a maîtrisé la situation de ces jours sombres, il a évité les raccourcis faciles, les discriminations, les affrontements. Pourtant nombreux étaient ces jeunes qui ont refusé la minute de silence à l’école, ces lieux de cultes juifs ou musulmans qui ont été profanés. C’est par la bataille culturelle, et plus particulièrement par la révolution éducative, que nous devrons agir. Nous ne pouvons pas accepter que des jeunes croient aux théories du complot, se sentent abandonnés par la République ou partent faire le djihad. Si certains sont dans la récupération, nous nous sommes dans l’action. Il faut repenser notre système éducatif pour lutter contre les décrochages, notre modèle laïc pour lutter contre les stéréotypes religieux, notre rapport à la sécurité, nos relations internationales. Depuis 2012 le gouvernement socialiste a déjà agit en ce sens et les françai-e-s commencent à en ressentir les effets. L’élection législative partielle dans le Doubs nous le prouve mais nous ne pouvons pas nous en réjouir. Le rôle d’un parti politique c’est d’imaginer l’avenir et les solutions politiques adaptées, au lieu de ça le Front National, qui voudrait incarner l’alternative, s’attaque à tout ce qui constitue l’avenir : la jeunesse, la diversité, la tolérance, le resN’engage pas les Jeunes Socialistes pect.
Les membres du Bureau National :Jérôme BORNET, Grégoire CHAPUIS Les membres titulaires de la Commission Nationale d’Arbitrage : Kevin PICHENET
Aujourd’hui il faut réfléchir au plan de bataille. Réfléchir pour ne plus subir.
I - Après la souffrance, le temps de la résistance Combien étions nous ? Trois, quatre millions ? L’Histoire retiendra ces jours là où toute la France a marché contre la barbarie. Il doit y avoir un après 11 janvier. Nous devons, femmes et hommes de gauche, être à la hauteur des français-e-s qui se sont mobilisé-e-s pour dire leur révolte, leur colère, pour dire que la France est une grande nation qui ne pliera pas, pour dire que la France c’est la liberté d’expression, la laïcité, la République. Soyons à la hauteur de nos compatriotes qui ont montré au monde entier que la France est la nation de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
A/ Replacer la laïcité au coeur de notre société Il est de notre devoir de remettre en avant notre bien commun, la laïcité. Elle ne doit pas être conçue comme la non-expression des religions mais comme un cadre qui permet à chacun de se construire. Il faut pour cela permette à chaque religion d’être entendue et d’être connue dès le plus jeune âge. L’École de la République est le premier lieu dans lequel la jeunesse peut rencontrer l’ensemble des religions. Les cultes sont souvent abordés par une approche historique or un enseignement plus philosophique permettrait d’entrer au coeur de ces religions, d’en apprendre les valeurs, et donc de valoriser les différences plutôt que de les stigmatiser. Nous ne pouvons pas accepter que l’enseignement des religions soit superficiel et parfois totalement laissé de côté. Il est donc important25 de renforcer l’apprentissage des religions, et
donc de la laïcité, en cours d’Histoire et d’éducation civique.
B/ Donner du sens à la citoyenneté Un apprentissage pour décrypter les médias et l’information sera mis en place dès la rentrée scolaire 2015. Il semble aussi essentiel d’encourager l’enseignement de l’argumentation et du débat dans les classes, en proposant des vrais temps d’échanges durant lesquels les élèves pourront construire leur pensée. Cette question est importante car, nous le voyons de plus en plus, la désinformation est un problème profond qui blesse notre démocratie, notre vivre ensemble, notre intelligence collective. Être citoyen c’est s’émanciper. Nous savons que l’émancipation n’est pas accessible à toutes et à tous. Notre combat de socialistes est d’intégrer chaque individu dans une société ouverte et respectueuse. Le débat sur le service civique doit être sérieusement abordé car s’il constitue une expérience dans la vie professionnelle et personnelle des jeunes, il contribue surtout au parcours de citoyenneté et pousse chacun à l’engagement, au dépassement de soi. Rendre obligatoire le service civique est aujourd’hui une évidence, il faut maintenant envisager les meilleurs moyens de l’appliquer. C’est notre rôle !
C/ Assumer une vision de gauche de la sécurité La droite, et en particulier Nicolas Sarkozy, a littéralement brisé la patiente construction d’une police de proximité, de confiance. La prévention et la cohérence ont été sacrifiés sur l’autel du chiffre et du systématique. La droite a préféré rompre le lien de confiance entre les citoyen-ne-s et ceux qui assurent leur sécurité. Repenser les prérogatives, rétablir les effectifs, changer les objectifs, c’est la politique menée par le gouvernement, et elle va dans le bon sens. Elle redonne des conditions de travail dignes à des fonctionnaires trop souvent oubliés, avec des contraintes horaires lourdes, des moyens inefficaces, des missions stressantes et dangereuses. Ce qui manque aux forces de l’ordre c’est de la reconnaissance, la gauche doit continuer à s’engager sur ce terrain comme elle l’a toujours fait pour l’en26
semble des salariés. Désormais nous devons aller plus loin que l’augmentation des effectifs: l’amélioration des équipements ainsi qu’une réflexion sur les prérogatives des polices nationales et municipales, en fonction du niveau d’exigence auquel ils ont été formés, sont nécessaires pour garantir la sécurité des agents ainsi que celle des citoyens. Le lien de confiance doit être recréé, mais il va dans les deux sens. Une police équipée, respectée, mais aussi des citoyens protégés contre les éventuelles dérives de quelques éléments qui n’ont pas leur place dans la fonction publique. Le retour du numéro de matricule est un bon exemple, mais il faudra aller plus loin en réformant les poursuites et condamnations des agents délinquants (qui sont aujourd’hui trop souvent simplement “mutés”). Ne tombons cependant pas dans des propositions démagogiques, qui portent toujours plus la culpabilité sur les policiers et les gendarmes, sans pour autant résoudre les problèmes. Le rôle de la police et le gendarmerie, est celui de la prévention avant tout, et en dernier recours de la répression. Si ces derniers jouent un rôle essentiel dans l’assurance de la tranquillité publique, la République possède d’autres moyens tout aussi efficaces qu’elle doit mettre avant. Assurer la tranquillité publique passe aussi et surtout par une médiation et une insertion sociale accrue. Les politiques éducatives, sportives et culturelles de nos villes, lorsqu’elles sont ambitieuses, peuvent contribuer à l’intégration et à la prévention des faits de la délinquance. Il faut donc les soutenir, soutenir les associations qui travaillent au quotidien dans nos quartiers, soutenir les éducateurs de rue qui permettent aux jeunes victimes de décrochage de trouver une raison d’être, d’être dignes. Les élections départementales de mars sont une belle occasion d’amplifier ces politiques. Le développement de points d’information et de médiation est une approche intéressante.
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II - Lutter contre le terrorisme un enjeu international La dangereuse avancée de Boko Haram au Nigéria et au Cameroun met en péril les populations en Afrique. Les attaques de plus en plus fréquentes, ayant causée la mort de 2.000 civils et le déplacement de 20.000 personnes en début d’année, n’ont que trop peu fait réagir la communauté internationale. Le statut quo en matière de défense et de diplomatie n’est pourtant plus possible après les terribles événements. Le lancement du site internet stop-djihadisme.gouv.fr est un outil utile pour contrer la propagande djihadiste en ligne, mais c’est aussi un symbole qui vise à montrer que tous les outils politiques doivent être utilisés contre le terrorisme. Aujourd’hui et plus que jamais après les terribles attentats des 7, 8 et 9 janvier mais aussi l’assassinat d’un ressortissant japonais doivent plus que jamais mobiliser la diplomatie internationale, nous ne pouvons lutter seul contre le terrorisme.
A/ Affirmer une action militaire efficace Financé par les pillages, les rançons d’otages occidentaux et locaux, Boko Haram se revendique du modèle de Daesh avec qui il partage la même stratégie d’occupation des territoires. Son expansion est permise par les organisations terroristes (AQMI, Al-Qaïda) et par les exactions qu’ils commettent. Les puissances militaires doivent donc s’unir pour concourir à la fin du terrorisme international, en soutenant les forces de terrains africaines en déficit d’efficacité. La marque de confiance envers nos forces armées est importante au moment même où notre pays est engagé sur différents théâtres d’opérations pour défendre les libertés fondamentales et combattre le fanatisme. L’exécutif a présenté des orientations témoignant d’une fermeté dont nous avons besoin : réduire le rythme des déflations d’effectifs militaire pour protéger les lieux sensibles sur le sol français évidemment, mais aussi pour renforcer les dispositifs de renseignement
Le pouvoir nigérian subit une pression permanente pour assurer à l’OPEP les monopoles pétroliers, et ce sont des régions subissant la pauvreté d’où émergent les jeunes recrues de l’Etat islamiste, par absence de retombées économiques. D’autant plus que la faiblesse des services publics permet la soumission de l’École à la lecture rigoriste du Coran par les salafistes. La communauté internationale doit peser de tout son poids sur les pays qui déstabilisent l’économie du continent africain. Les actions de Boko Haram ne doivent cependant pas être assimilées à l’islam. Religion de paix, elle s’oppose aux enlèvements et mariages forcés subis par les femmes, avec le projet d’en faire des outils de reproduction et des esclaves sexuelles ; elle condamne le crime contre l’humanité qui touche les chrétiens d’Afrique. Victimes directes des crimes commis, les musulmans sont aussi victimes de l’assimilation de la secte avec l’islam. Nous devons affirmer les différences entre islam, islamisme et terrorisme pour ne pas contribuer à l’amalgame des musulmans avec les crimes de Boko Haram. C’est aussi cela la bataille culturelle aujourd’hui, elle doit se mener au niveau internationale. Le financement des organisations terroristes par des États avec lesquels nous sommes en relations économiques rapprochées interrogent sur les positions que nous devons tenir. Alors même que la bipolarisation du monde n’est plus d’actualité, une réelle stratégie économique doit être mise en œuvre à l’échelle internationale pour stopper les pays qui concourent au terrorisme international. L’Europe doit donner l’exemple dans cette lutte en ne parlant que d’une seule voix et en n’agissant que d’un seul fait. La France peut-elle aujourd’hui continuer à vendre des armes à des pays dont on sait que l’usage se retournera contre des démocraties? La France, ce pays libre qui a dit non au terrorisme le 11 janvier doit dire non avec la plus grande fermeté à ces pays. C’est un choix courageux, car les marchés passés avec ces pays représentent une manne économique importante, et permet la préservation et la création de nombreux emploi. La France doit être exemplaire sur cette question, peu importe ce qu’il en coûte.
B/ Organiser une riposte diplomaConclusion tique et économique N’engage pas les Jeunes Socialistes
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Le 11 janvier, les Français ont été à la hauteur. Soyons, plus que jamais, nous aussi à la hauteur de notre pays. Les Français ont envoyé un message puissant au monde et aux auteurs de ces odieux attentats. Une fois l’émotion retombée, les questions se sont posées sur la meilleure manière de nous protéger : Comment éviter que de tels actes se reproduisent ? Comment écarter la menace ? Notre gouvernement a commencé à répondre à ces questions, dans la concertation toujours, mais aussi avec la plus grande fermeté, comme la situation le nécessite. Nous Jeunes Socialistes, devons être exemplaires. Nous devons être une réelle force de proposition, mais aussi de soutien au gouvernement dans ce contexte difficile. Ne nous y trompons pas, les évènements de janvier dernier marquent un tournant dans notre histoire. A la gauche de trouver les bonnes réponses, à nous de savoir les incarner !
cation populaire et la mobilisation active des jeunes de gauche afin de devenir une véritable organisation de masse. Cette mission appelle donc le rassemblement pour le changement. Cela importe d’abord de faire une bonne analyse de l’engagement politique des jeunes où la transition d’une sensibilité « métapolitique » vers l’engagement militant est tout sauf évidente pour la plupart. La montée de l’individualisme, la mobilité accrue des jeunes, leur esprit critique et leur exigence, leur indépendance font que les jeunes sont souvent trop réticents à s’engager dans une organisation partisane, rigide et fortement hiérarchisée. Nous devons réussir à concilier les aspirations individuelles des jeunes militants avec les conditions de la réussite de notre mouvement.
A/ Donner du sens à l’engagement, le militant au cœur de l’organisation Plus que jamais, il est important de cultiver
Se rassembler pour changer l’envie de s’engager. Il faut redonner du sens à Démarche commune d’Agir en Jeunes notre organisation tout en donnant aux jeunes la possibilité de s’impliquer. Nous devons faire Socialistes, Erasme et La Relève La jeunesse est la priorité du quinquennat mais elle est plus que jamais défiante à l’encontre des institutions. La jeunesse ne semble plus rien attendre de la politique ; nous n’apparaissons plus suffisamment comme les forces du progrès et de l’innovation. Si les partis ont leur part de responsabilité dans cette crise, le MJS doit lui aussi s’interroger fortement. Car la jeunesse n’est pourtant pas désintéressée et invente de nouvelles formes d’engagement, à côté desquelles notre mouvement apparaît trop souvent en décalage, quand il n’est pas tout simplement déconnecté des réalités. Le MJS est un objet politique non identifié, dont les missions mériteraient d’être mieux clarifiées. Ne prétendons pas reproduire le fonctionnement de nos aînés, ne tombons pas dans le piège des mêmes polémiques stériles. Au contraire, inventons de nouveaux modèles de fonctionnement permettant la participation de tous les militants. L’autonomie, à laquelle nous tenons, ne suffit pas en soi. Elle ne doit surtout pas masquer nos dysfonctionnements et empêcher toute réflexion sur une transformation du MJS, qui devrait en priorité porter ses efforts sur l’édu-
de l’engagement politique une réalité, une exigence qui est finalement une évidence. A partir de son entrée au sein du MJS, le jeune doit être mis en confiance. Notre rôle ne doit pas se limiter à la volonté de grossir nos rangs : nous devons faire de l’accueil du militant une priorité. Pour créer une dynamique, il nous faut accueillir chaque jeune dans le respect de son parcours et de ses idées, tout en donnant un sens à son engagement. Cet accueil doit témoigner de notre volonté de créer un mouvement ouvert, représentatif et utile. Pour se faire, les formations des animateurs fédéraux doivent évoluer. La politique ne se fait pas uniquement autour des conseils nationaux, des congrès, ou des campagnes, elle se réalise par une réflexion permanente autour de ses idées et de son propre engagement. Il est plus que nécessaire de placer au centre de nos engagements la formation des camarades. Elle permettra de faire émerger les militants socialistes de demain, partageant des valeurs communes. Dans ce nouveau schéma, le rôle du CCR devient essentiel. Avec de réelles plateformes de formations pouvant représenter toutes les sensibilités du mouvement, le coordinateur régional doit être utile
aux fédérations, afin de permettre à nos jeunes militants de se sentir au cœur du mouvement. Pendant trop de temps, le militant n’était vu que comme un outil. Redonnons-lui une place essentielle en mettant en œuvre tous les moyens possibles. Nous pourrons également donner un sens à ce mouvement en amplifiant le travail de décentralisation et donc en prenant en compte les spécificités territoriales. Notre action ne serait plus ainsi une vague copie représentative d’enjeux parisiens. Le mouvement doit donner la possibilité financière aux fédérations d’effectuer des campagnes qui soient adaptées et qui répondent à une attente territoriale. Dans ce but, nous devons faire notre possible pour être force de proposition localement. La massification de notre mouvement passe par un renforcement de sa base.
avec les préoccupations de nos concitoyens. Trop souvent, nos militants et nos responsables eux-mêmes ne se sentent pas représentés par les campagnes de notre mouvement. Les campagnes doivent dorénavant naître d’un travail collectif, prenant en compte les spécificités des territoires grâce aux connaissances des Animateurs Fédéraux.
C/ Une organisation démocratique et transparente Le MJS est une organisation qui appartient à ses militants, et qui vit d’abord par ses fédérations. L’innovation dans l’animation de sa vie interne et l’exemplarité dans les méthodes doivent nous permettre de redonner du souffle au mouvement comme relai de masse des jeunes.
B/ Un mouvement dans le réel et ancré Les Conseils Nationaux sont un temps dédans la société mocratique essentiel à notre organisation, ils N’ayons plus peur de changer, d’innover, de nous ouvrir aux nouvelles pratiques militantes. Le MJS doit participer de manière responsable à cette dynamique qui consiste à remettre le citoyen au cœur des solutions politiques. Nos liens avec les autres organisations de gauche, les associations, les syndicats, la société civile, existent mais doivent être renforcés. Des temps d’échanges ouverts à l’ensemble des militants de notre organisation doivent être proposés rapidement et nous devrons faire en sorte de les pérenniser. Il faut aussi susciter l’engagement des militants au-delà du strict cadre des partis politiques : dans des associations, dans des syndicats, dans des collectifs. Notre mouvement ne doit pas et ne peut plus se contenter de rester aussi centré sur ses problématiques internes, il doit s’ouvrir sur le monde. Les questionnements et idées qui émergent de la société civile doivent être au cœur de nos débats ; ce n’est pas la société qui doit consentir à reprendre nos propositions. Notre mouvement s’essouffle, il n’est plus audible. Pour qu’il le redevienne, nous proposons de relancer dans le cadre des Conseils Nationaux des réflexions thématiques, permettant de prendre du recul avec l’enchaînement des polémiques, en abordant des sujets plus en lien
permettent les débats, de confronter les idées, de dégager des consensus. Pour revaloriser le « Parlement » de notre organisation, nous souhaitons l’ouverture des CN à tous les adhérents, sur la durée du week-end ou sur des temps plus spécifiques en fonction de l’ordre du jour. Nous voulons des espaces de débat supplémentaires et notamment réintroduire le débat des résolutions qui permet à chaque militant, dans sa fédération, d’être à l’initiative d’un texte introduisant des propositions concrètes. Plus de démocratie, c’est aussi en finir avec la procédure du texte unique lors des congrès qui préempte une partie du débat. A tort ou à raison, les militants ont trop souvent l’impression d’être exclus des décisions «parisiennes» de notre mouvement. Notre organisation doit se tourner davantage vers nos camarades en les informant individuellement, par une revue biannuelle, et faire état des échanges ayant lieu en BN et CN par une communication systématique de la part toutes les sensibilités. Ces dernières doivent être consultées plus systématiquement. Enfin, particulièrement attachés à l’éthique en politique, nous demandons à ce que les comptes de l’association soient détaillés de manière très précise.