Introduction p. 3 EMPLOI p. 5 « Quand on veut trouver, on peut ! » AUTONOMIE p. 8 « Les jeunes ont la belle vie » SANTÉ p. 11 « Ne te plains pas, tu es en bonne santé. »
ÉDUCATION p. 14 « On ne t’apprend plus rien à l’école. » ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR p. 17 « A la fac, on donne un diplôme à n’importe qui. » EUROPE p. 20 « Les jeunes ne comprennent pas pourquoi l’Europe c’est important » ÉGALITÉ DES TERRITOIRES p. 23 « Dis moi où tu vis, je te dirai ce que tu vaux. » DISCRIMINATIONS p. 26 « Quand on veut on peut. » NUMÉRIQUE p. 29 « Arrête de faire le geek. » DÉMOCRATIE p. 32 « Les jeunes ne s’engagent plus ou votent FN. »
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INTRODUCTION
« Je ne veux être jugé que sur un seul objectif : est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012 ? » Ces mots prononcés par François Hollande au Bourget le 22 janvier 2012 résonnent encore dans les oreilles de centaines de militants et de millions de jeunes qui ont alors espéré que leur vote pour François Hollande améliorerait leur vie quotidienne et leur destin collectif. Le 6 mai 2012, les jeunes ont majoritairement voté pour la gauche, permettant à François Hollande de devenir Président de la République après dix années de gouvernements de droite. Pour la première fois, notre génération a connu l’espoir de lendemains meilleurs.
économiques et sociales. La crainte de devenir une génération sacrifiée s’affirme au moment où trois quart des 18-25 ans ont la conviction que leur vie ne sera pas meilleure que celle de leurs parents. Pourtant, notre génération est la plus qualifiée de l’Histoire, elle est engagée, mobile, créative, connectée au monde entier. Au delà des craintes et des angoisses qui pèsent sur eux, les jeunes sont optimistes et volontaires.
Des orientations budgétaires prises souvent en notre nom « pour ne pas faire peser la dette sur les générations qui viennent », sont porteuses de plus de risques que d’espoirs. En 2014, on parle davantage de niveaux de déficits que de transition énergétique ou de La gauche au pouvoir a fait de la jeunesse sa création d’emplois. Quand 23% des jeunes priorité avec la mise en œuvre des emplois vivent sous le seuil de pauvreté, la baisse de 50 d’avenir, la garantie jeunes, milliards d’euros des dépenses l’encadrement des stages, publiques et des baisses « Pour la première l’augmentation des bourses d’impôts mal ciblées risquent étudiantes, le remboursement à fois, notre génération d’aggraver leur situation plus 100% de la contraception pour que de l’améliorer. A travers les a connu l’espoir de les mineures, la refonte des lendemains meilleurs. » taux et les courbes, on peine à rythmes scolaires, la création de voir se dessiner un projet de 60 000 postes dans l’Éducation société qui était pourtant bien nationale et l’enseignement de l’égalité là en 2012. Après les années Sarkozy, l’attente entre les filles et les garçons. Dans le même était forte de voir changer le discours sur les temps, si l’emploi des jeunes a connu une habitants des quartiers populaires, de passer légère amélioration grâce à cette politique des paroles aux actes pour lutter contre les volontariste, de nombreux espoirs ont été discriminations et de remettre la République au déçus. centre de l’action de l‘Etat. Nombre d’espoirs ont été déçus. Deux ans plus tard les jeunes se sont massivement abstenus lors des élections La différence avec les périodes précédentes se municipales et européennes. La défiance situe dans ce paradoxe : face aux inégalités, au de notre génération n’a jamais été aussi chômage de masse, au dérèglement climatique, grande vis-à-vis de la politique. A mi-mandat, aux discriminations, il y a l’impuissance, le nous voulons faire un bilan et dresser des sentiment que la couleur du bulletin de vote perspectives. ne changera de toute façon rien de tout cela.
Transformer la vie des jeunes Jeunes urbains ou ruraux, de métropole ou d’outremers, diplômés ou non, nous subissons plus que les autres classes d’âge les difficultés
La France est, parmi les pays riches, l’un de ceux où la reproduction sociale est la plus forte. C’est pour mettre fin aux injustices, à la toute puissance de la finance, pour transformer la société socialement et écologiquement que la 3
gauche a été élue. La priorité jeunesse, souvent présente dans les discours, ne peut se limiter au service civique, à l’apprentissage ou au numérique à l’école. Une nouvelle étape ambitieuse doit être engagée pour permettre aux jeunes d’accéder enfin à l’autonomie à laquelle ils aspirent.
De la réussite de la priorité jeunesse dépend la réussite du quinquennat La gauche n’a jamais gagné une élection présidentielle sans la participation massive des jeunes. Sans leurs votes, ni François Mitterrand en 1981, ni François Hollande en 2012 n’auraient été élus. Les socialistes ne pourront réussir sans incarner auprès des jeunes une politique radicalement différente de celle de leurs adversaires, de transformation sociale, démocratique et écologique, qui élargit le champ des possibles et nous extirpe de l’hégémonie culturelle de la droite. La progression du Front National chez les jeunes ébranle nos convictions et met en péril
notre famille politique. L’extrême-droite attire à elle de nombreux jeunes en se nourrissant de la désillusion, du désenchantement et du sentiment que tout se décide ailleurs, loin de nous, dans des bureaux de technocrates à Bruxelles, au dernier étage des gratte-ciels des multinationales ou dans la connivence d’une oligarchie qui domine au sommet de l’échelle. C’est parce que nous refusons de renoncer à faire réussir la gauche au pouvoir quenous apportons leur contribution aux Etats généraux des socialistes, convaincus qu’il n’est pas trop tard pour retrouver la confiance des jeunes, cela nécessite de l’ambition et la compréhension des réalités vécues par les jeunes, loin des préjugés dont ils font l’objet. Les Jeunes Socialistes portent un diagnostic concret et sérieux, pour proposer une nouvelle étape de la priorité jeunesse, pour les deux années qui viennent, mais aussi pour tracer la perspective d’une action politique qui change dans la durée et pour longtemps la vie de jeunes, en transformant la société.
« C’est parce que nous refusons de renoncer à faire réussir la gauche au pouvoir que nous apportons leur contribution aux Etats généraux des socialistes. »
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EMPLOI « Quand on veut trouver, on peut ! »
Y
acine a 28 ans, il en est à son huitième mois de chômage après avoir perdu son job dans une petite entreprise de vente en ligne. Il était content de l’avoir trouvé ce boulot, ce n’était pas super bien payé mais ça le changeait d’avant. Car avant, il enchainait les contrats courts dans les fast-food ou des boulots d’intérim dans les administrations. Malgré son master, il a l’impression de repartir de zéro : il n’a toujours pas d’emploi stable et a dû revenir vivre chez ses parents, dans sa chambre d’adolescent. Yacine fatigue par moments, il culpabilise de devoir encore vivre chez ses parents et en a marre d’espérer à chaque coup de fil que ce soit un employeur intéressé par sa candidature. Ce matin là, son père, un peu lassé par cette cohabitation imposée, le prend à partie au petit déjeuner : « Il va falloir te bouger mon garçon ! Quand j’ai rencontré ta mère, je venais de commencer à l’usine, je portais les cartons. A force de volonté et de travail, j’ai gravi un à un les échelons. Faut en vouloir pour s’en sortir, « faut se lever tôt » comme disait Sarkozy. Tu ne veux quand même pas finir assisté comme tes glandeurs de cousins ? ».
Aujourd’hui, 23% des jeunes sont au chômage. Le schéma traditionnel où se succèdent rapidement « école, emploi stable, logement, fondation d’un ménage » s’est effondré. La fin de l’augmentation annuelle des salaires et l’augmentation du taux de chômage se sont opérés au détriment des nouveaux entrants sur le marché du travail.
Du fait de la crise économique, la situation des jeunes s’est encore dégradée. Le déclassement s’est accentué à mesure que le chômage des non-diplômés a augmenté. En 2014, l’âge du premier emploi stable est en moyenne de 28 ans et 55% des 15-29 ans occupent un emploi précaire. Des périodes prolongées d’insertion, alternance d’emplois faiblement rémunérés et d’épisodes de chômage, réduisent la confiance en soi. Elles affaiblissent durablement les perspectives salariales, sociales et professionnelles. L’ « effet cicatrice » menace maintenant la génération des 15-30 ans.
Travailler moins pour travailler mieux et tous Les jeunes ne sont pas plus au chômage parce qu’ils seraient moins formés ou moins capables. Ils subissent simplement les premiers la dégradation du marché du travail depuis les années 1980 avec une forte accentuation ces dernières années. Il ne saurait donc y avoir de réponse spécifique à l’emploi des jeunes sans une politique globale de l’emploi. La répartition actuelle du temps de travail se fait au profit des uns, en CDI à taux plein avec parfois des heures supplémentaires, et au détriment des autres, cantonnés aux stages précaires, aux alternances entre CDD à temps partiel et phases de chômage. Cette répartition du travail est une réalité subie. Des choix politiques peuvent modifier cet équilibre insatisfaisant pour faire le choix d’une meilleure répartition des richesses et d’une société du temps libéré.
L’écart de salaire entre les moins de trente ans et les plus de cinquante ans s’est sensiblement Au regard de l’exemple de la période 1997accru malgré la hausse massive du niveau de 2002, la gauche ne peut réussir à faire reculer le chômage que si elle porte fièrement et qualification et d’une maîtrise intelligemment l’option d’une des nouvelles technologies. Les « Des choix politiques meilleure répartition du temps jeunes générations subissent de travail. Dans ce sens, il est peuvent modifier cet un déclassement progressif urgent d’engager une nouvelle équilibre insatisfaisant en entrant tardivement sur le marché du travail, couplé avec pour faire le choix d’une répartition du temps de travail, une baisse des niveaux relatifs meilleure répartition des par la question des 32 heures hebdomadaires, la possibilité de de rémunération. richesses et d’une société prendre un congé sabbatique
du temps libéré. »
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d’un an, la sixième semaine de congés payés, ou encore le refus de tout allongement de la durée de cotisation, aberrants au regard du taux de chômage des jeunes.
Investir dans une économie de la transition énergétique riche en emplois La société fait aujourd’hui face à de nouveaux enjeux. Ceux-ci constituent une formidable opportunité pour créer de nouveaux métiers dans un modèle de développement à la fois écologiquement et socialement soutenable. Les emplois d’avenir depuis 2012 ont montré leur efficacité. Les Jeunes Socialistes souhaitent aller plus loin en créant 150 000 emplois « verts d’avenir » d’ici fin 2015 comme le proposait le Parti socialiste pour relancer l’économie française et améliorer la situation des jeunes éloignés de l’emploi.
cotisations. Avec la loi d’avenir agricole de 2014, l’aide à l’installation et à l’accès au foncier a été grandement facilitée. Les structures collectives, à travers les groupes d’intérêts économiques et environnementaux, sont aujourd’hui davantage soutenues grâce à une majoration des aides publiques. Cette loi contient aussi la sécurisation des parcours des jeunes en formation et le soutien au développement de la diversité des cultures. Il faut aujourd’hui la compléter par une augmentation des aides au développement des petites installations pratiquant l’agriculture biologique afin d’en réduire les coûts de production et les prix de vente. Dans le même temps, les leviers publics doivent être mobilisés pour favoriser le développement des circuits courts, par le recours à des marchés publics ou par des aides directes.
Valoriser les formations professionnelles
Ils devront être fléchés sur les besoins Si la politique d’emploi doit être globale, nouveaux de la conversion écologique de notre les jeunes subissent aussi des contraintes économie : bi-rénovation thermique, eco- spécifiques qui nécessitent des dispositifs de construction, réseaux intelligents, énergies soutien à leur autonomie. renouvelables, éducation aux gestes propres Trouver un emploi est et économes. D’une durée minimale de deux ans, ceux- « Les Jeunes Socialistes devenu un vrai parcours du combattant, très inégalitaire, ci devront inclure un temps de souhaitent aller plus auquel font face les jeunes formation minimal de six mois loin en créant 150 000 non-diplômés, souvent issus afin de former rapidement des salariés à ces filières emplois « verts d’avenir » de quartiers populaires, et dont d’ici fin 2015. » les parents possèdent peu de d’avenir. Cet investissement réseaux professionnels. dans la formation et l’emploi contribuera à la réduction du coût des énergies renouvelables et créera des emplois L’apprentissage peut constituer une chance non délocalisables et bénéficiant à tous. d’insertion puisqu’il conjugue formation Les filières d’avenir (agronomies, ingénieur professionnelle, revenu et protection sociale. pour les énergies renouvelables) devront Toutefois, il ne peut s’agir d’une réponse être favorisées dans les filières scientifiques miracle car il est dépendant des financements du supérieur et dès le lycée le prisme de la qui lui sont alloués, des carnets de commande transition énergétique devra irriguer toutes les des entreprises, et qu’il ne bénéficie pas dans sciences naturelles enseignées afin de former les faits aux plus défavorisés. les travailleurs du futur. Les Jeunes Socialistes proposent De même, le développement d’une agriculture l’harmonisation des rémunérations de tous locale, raisonnée et durable est un choix les contrats de formation professionnelle, alimentaire et sanitaire. Soutenir l’agriculture aujourd’hui particulièrement inégales. paysanne au lieu de l’agriculture intensive, c’est faire le choix d’une production La formation professionnelle ne saurait être agricole écologique et riche en emploi et perçue comme la voie de garage du secondaire. d’un développement équilibré de tous les Cela passe par un meilleur équilibre des filières territoires. Nous sommes opposés au modèle au lycée et par l’objectif d’acquisition par agroalimentaire actuel dominé par la grande toute une génération du socle commun de distribution, largement subventionnée par connaissances et de compétences. La création divers crédits d’impôts et exonérations de de campus des métiers favorisera la logique de
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filières technologiques et industrielles d’avenir en incitant les bacheliers professionnels et technologiques à poursuivre leur formation dans le supérieur professionnel.
l’économie traditionnelle, l’ESS est un secteur économique qui résiste plus fortement que les autres à la crise, et qui est en dynamique.
Développer l’économie réelle
Comme les autres catégories d’âge, l’insertion des plus jeunes dépend essentiellement d’orientations économiques générales prises par le gouvernement et les entreprises. Les jeunes Français sont parmi les plus créateurs d’entreprises, notamment dans le secteur de l’ESS. Si des efforts peuvent être faits en matière de revalorisation de la formation professionnelle ou de reconnaissance des engagements et initiatives des 16-30 ans, l’accès à l’emploi des jeunes est bien plus affaire de contexte économique et de stratégie industrielle que de motivation ou de mérite individuel.
L’Économie Sociale et Solidaire répond aux Il est nécessaire de conditionner les aides enjeux d’avenir pour une économie riche publiques destinées aux entreprises à leur en emplois et faible en carbone. Elle est implication dans la formation professionnelle déjà présente dans l’économie circulaire et des jeunes. Alors qu’elles sont les circuits-courts, dans la les principales bénéficiaires du transition énergétique, dans « Il est nécessaire de CICE, les entreprises de plus l’économie collaborative, conditionner les aides dans l’aide à la personne. Elle de 200 salariés n’accueillent publiques destinées que 7% des apprentis, est aussi au cœur du maillage aux entreprises à leur essentiellement issus du social de nos villes et de nos supérieur. Le CICE doit donc campagnes lorsqu’elle crée implication dans la être conditionné à la politique formation professionnelle des emplois au plus près des d’accueil d’apprentis issus du territoires en coopération avec des jeunes. » secondaire ou de formations les collectivités. professionnelles, à l’emploi des jeunes de moins de 29 ans en CDI. Les Jeunes Pour développer davantage l’Économie Sociale Socialistes demandent aussi une nouvelle et Solidaire, il faut lui permettre d’accéder aux surtaxation des contrats précaires. avantages que l’État accorde aux entreprises du secteur dit « traditionnel ». Les Jeunes Après une première étape encourageante sur Socialistes souhaitent donc que les entreprises l’encadrement des stages et la hausse des de l’ESS puissent toucher le CICE dès 2014. gratifications, les Jeunes Socialistes attendent Nous souhaitons sa conditionnalité à l’emploi la réduction du délai donnant droit à une et la formation de jeunes, nous voulons que gratification à un mois alors qu’il est de deux le CICE soit conditionné à la recherche, mois actuellement et la progressivité de celle- l’innovation, l’utilité sociale et écologique des ci en fonction du niveau d’études. entreprises.
L’effort de soutien aux entreprises qui innovent et créent de l’emploi doit être bien supérieur aux mesures favorisant celles qui délocalisent et accroissent leurs dividendes. L’Économie Sociale et Solidaire (ESS), faisant du salarié un acteur de son entreprise est une réponse aux présupposés libéraux. Avec 2,4 millions de salariés, soit un emploi privé sur 8, 10 % de création de la richesse du pays, et 23 % d’emplois nouveaux dans l’ESS ces 10 dernières années contre 7 % dans
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AUTONOMIE « Les jeunes ont la belle vie »
J
ean est un jeune étudiant en économie. Pour faire ses études il a dû partir à 200 km de sa ville d’origine. Une des premières difficultés de Jean a été de trouver un logement, heureusement que ses parents se sont portés garants pour son appartement. Il n’a pas droit aux bourses, ce sont donc ses parents qui l’aident financièrement : ils lui paient ses études, une partie de son loyer, ses trajets, ses soins mais aussi certains de ses loisirs. L’été Jean travaille dans les champs, ça lui permet d’avoir quelques revenus. Ça ne lui suffit pourtant pas à vivre toute l’année scolaire et il fait trop d’heures de cours pour pouvoir travailler à côté. Jean se sent souvent coupable de demander de l’aide à ses parents. Il rêverait d’avoir ses propres revenus afin de gérer son budget et surtout d’assumer ses propres choix. Il se dispute souvent avec sa mère qui lui reproche certaines de ses dépenses.
des demandeurs d’aides améliorera le sort des Français. La gauche au pouvoir ne peut pas, dans les mots comme dans les actes, laisser entendre que le profiteur serait le bénéficiaire du chômage, du RSA ou de la CMU. Les Jeunes Socialistes croient que la politique peut faciliter la vie des jeunes générations et leur accès à l’autonomie à travers la solidarité. La priorité donnée à la jeunesse doit permettre l’émergence d’un parcours d’autonomie, adapté à chacun et universalisant la réussite. Puisque le temps de la jeunesse recouvre des réalités différentes, les Jeunes Socialistes défendent l’idée d’un parcours d’autonomie protégeant tous les jeunes de moins de 25 ans, incluant un revenu, qu’ils soient en études supérieures, en recherche de formation ou d’emploi.
Le parcours d’autonomie
Comme dans le reste de la société, il existe des Depuis 2012, la gauche au pouvoir a augmenté inégalités entre jeunes. Mais étudiants, jeunes de plus de 300 millions d’Euros les bourses salariés, jeunes en formation professionnelle, étudiantes, et a aussi créé deux échelons chômeurs ou jeunes éloignés de l’emploi et permettant ainsi à 130 000 étudiants d’accéder de la formation, font tous face à une même à la bourse, et à ceux dont les parents sont problématique : la conquête de leur autonomie, les plus démunis d’avoir 750 euros. Dans c’est à dire la capacité à faire un système d’enseignement face à leurs besoins. « les Jeunes Socialistes secondaire et supérieur qui Depuis le début de la crise creuse les inégalités plus défendent l’idée d’un économique, les conditions ne les résorbe, ces parcours d’autonomie qu’il de vie des jeunes se sont hausses constituent un pas dégradées : ils figurent parmi protégeant tous les jeunes vers l’égalité. C’est d’autant de moins de 25 ans. » les plus pessimistes au monde, plus nécessaire à l’heure où se qualifiant fréquemment de un jeune en formation sur génération « sacrifiée » ou « oubliée » comme deux est contraint de se salarier, avec pour nous le révèle l’enquête « Génération conséquence bien souvent l’échec dans les quoi ? » en 2014. Selon l’INJEP, 23 % des jeunes études. étaient pauvres en 2010, quand 17 % d’entre eux l’étaient en 2004. Ils constituent de ce fait Toutefois, en 2014, seul un tiers des étudiants la tranche d’âge la plus pauvre de notre pays, touche une aide sociale. Les bourses distribuées situation inverse de 1945 où ils étaient le fer de sont insuffisantes pour subvenir à ces besoins lance de la reconstruction du pays. puisque le montant maximal est bien inférieur au seuil de pauvreté. De plus, bien qu’ils Porter la question de l’autonomie de la vivent la précarité au quotidien, beaucoup de jeunesse, c’est avant tout rompre avec le jeunes renoncent à se soigner, ne peuvent se mythe de l’assistanat propagé par la droite. loger dignement ou manger correctement Nous ne croyons pas que la stigmatisation et ne sont pas suffisamment aidés par notre 8
système de solidarité. notre système laisse de nombreux jeunes à la limite des critères, bien qu’ils vivent souvent la précarité au quotidien, renoncent à se soigner, ne peuvent se loger dignement ou manger correctement.
L’allocation concernera tous les jeunes de plus de 18 ans en formation.
Aujourd’hui le système des aides est injuste et non progressif. L’État finance autant les exonérations fiscales des familles les plus riches que les bourses des enfants des familles les plus pauvres, oubliant ainsi ceux qui ne se retrouvent pas dans l’une des deux situations. Les Jeunes Socialistes proposent donc de sortir de la familiarisation des aides sociales et de verser à chaque jeune en formation une allocation d’autonomie universelle et individualisée en fonction de ses ressources propres. Ce système est plus juste et beaucoup plus efficace.
Une solution pour chaque jeune, qui assure un revenu qui ne peut être inférieur au RSA, voilà l’objectif des Jeunes Socialistes. En 2010, l’INSEE estimait que 13,1 % des 1625 ans n’étaient ni en formation, ni en emploi et que 150 000 jeunes sortaient du système éducatif sans qualification chaque année. Le soutien à l’autonomie ne peut donc pas concerner que les étudiants.
Etendre la garantie jeunes pour faciliter l’insertion professionnelle
Les jeunes exclus du système éducatif ont besoin d’être aidés dans leur recherche d’emploi ou de bénéficier d’une formation. Le dispositif « garantie jeunes » permet à un Conformément à l’engagement 39 du jeune en grande difficulté de signer un contrat Président de la République, la généralisation d’un an, renouvelable, avec le service public d’une allocation d’autonomie permettrait de de l’emploi (Pôle Emploi, mission locale) lutter contre la reproduction sociale et de afin de l’accompagner activement dans la démocratiser l’enseignement recherche d’une formation ou supérieur. Son montant « Lorsque l’on d’un emploi. La rémunération permettant aux jeunes de commence à travailler, est à hauteur du RSA. Ce vivre dignement pour étudier on doit avoir les mêmes dispositif efficace garantit sereinement. Il ne s’agit pas un fort accompagnement droits que les autres d’une dépense mais d’un des jeunes par les missions salariés. » investissement : c’est la locales, qui ont besoin d’une condition pour atteindre 50 augmentation de leurs moyens % d’une classe d’âge au niveau licence, pour et une rémunération qui permette de vivre augmenter améliorer la qualification d’une dignement le temps de sa recherche de génération et pour permettre à tous les jeunes formation ou d’emploi. Les Jeunes Socialistes, de poursuivre des études quel que soit leur qui soutenaient déjà le dispositif « rebonds milieu social. » souhaitent que la garantie jeunes soit généralisée et que les missions locales et les Pour assurer son financement, tous les moyens associations d’aide à l’insertion voient leurs existants peuvent être mis à contribution moyens augmenter pour pouvoir repérer et (demi-part fiscale pour les jeunes majeurs, suivre des jeunes bénéficiaires et les aider système de bourses actuel, APL) et certaines dans leur reprise de formation ou de recherche ressources devront être dégagées, en d’emploi. De plus, l’âge du premier CDI étant réformant par exemple les droits de succession de 27 ans, il faut que le seuil de suivi des jeunes ou en taxant le patrimoine. passe de 25 ans actuellement à 30 ans. Alors que la France compte plus de 5 millions de chômeurs, cette allocation permettrait de libérer des milliers d’emplois aujourd’hui occupés par des étudiants. Pour les jeunes en insertion, il doit être également proposé de prolonger l’allocation d’autonomie et d’insertion pour une période de 12 mois afin de les soutenir dans leur recherche d’emploi. Cette allocation est nécessaire pour les frais qu’exige une recherche d’emploi (transport, CV, entretiens d’embauche…), et serait couplée avec un dispositif d’aides assuré par les services de l’Etat, des collectivités et de Pôle Emploi.
Faire entrer les jeunes dans le droit commun Pour faire des jeunes des citoyens comme les autres, il faut en finir avec la distinction entre majorité civile (âge auquel on a le droit de vote) et majorité sociale (âge à partir duquel on a accès à la politique sociale). Lorsque l’on commence à travailler, on doit avoir les mêmes droits que les autres salariés. Comment justifier qu’à 20 ans, on puisse mourir sur un théâtre d’opérations militaires au Mali
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mais pas toucher le RSA ? Les jeunes de moins de 25 ans doivent avoir travaillé deux ans sur les trois dernières années pour être éligibles au RSA activité, situation rarissime. Les Jeunes Socialistes souhaitent donc faire correspondre la majorité civile avec la majorité sociale et ouvrir le RSA aux chômeurs en fin de droits de moins de 25 ans, sachant que les jeunes durablement éloignés de l’emploi seront accompagnés grâce à la garantie jeunes. Le rapprochement entre le RSA-activité, auquel les moins de 25 ans ne sont pas éligibles, et la Prime pour l’emploi (PPE) est indispensable. Il simplifiera l’accès à cette aide, fera diminuer le non-recours, et permettra à 300 000 jeunes d’en bénéficier. Un effort budgétaire devra être apporté afin de maintenir le même niveau de prestation avec un public élargi.
Favoriser le recours aux droits par une meilleure lisibilité des politiques jeunesse La précarité des jeunes est accentuée par le flou entourant les politiques jeunesse. Alors que des réponses précises sur les possibilités d’emplois ou de formation sont attendues, les jeunes se perdent dans des dédales administratifs les plus incompréhensibles. Cela provoque un rejet durable des institutions chargées pourtant de la politique sociale, et réduit les chances des jeunes en situation de précarité de rebondir. Il est urgent de clarifier et de simplifier un système de politiques jeunesse complexe. Les Jeunes Socialistes souhaitent que les missions locales deviennent un « réseau unique d’information » pour les jeunes en recherche d’emploi ou de formation. Celles-ci pourraient les orienter vers les bons interlocuteurs (logement, santé, emploi, protection sociale, etc.) et les aider à remplir les documents
administratifs. Cela permettra aussi de sortir de la logique de concurrence actuelle entre acteurs tels que les missions locales, les agences du service civique, le CRIJ ou Pôle emploi. L’objectif d’insertion ou de formation est aujourd’hui limité par l’absence de coopération entre eux. La simplification des formulaires et des démarches permise par une meilleure coopération entre les aidants facilitera l’autonomie des jeunes. Nous souhaitons également que soit mis en place dans les collectivités territoriales des conseils permanents de la jeunesse rassemblant tous les acteurs notamment dans les régions, avec pour objectif de lisser l’ensemble des dispositifs auxquels les jeunes ont accès. Les Jeunes Socialistes veulent attirer l’attention sur la rupture avec la double logique de la solidarité à la française, entre les âges et entre les milieux sociaux, que pose le manque de moyens apportés aux politiques jeunesse. Si rien n’est fait pour changer cette situation, le non-recours et le non-accès aux droits posera à terme des problèmes en termes de cohésion intergénérationnelle et de solidarité au moment où il faudra financer la hausse du nombre de pensions de retraite. Enfin, la dernière réforme des retraites a permis la possibilité aux jeunes de racheter leurs années d’études. Pour permettre une véritable reconnaissance des étudiants et encourager les jeunes à poursuivre leurs études pour s’émanciper et acquérir une expérience personnelle et professionnelle, les Jeunes Socialistes proposent la prise en compte des années d’études, d’apprentissage et d’alternance dans le calcul de la retraite. Nous voulons qu’une année d’étude, d’alternance ou d’apprentissage représente un trimestre de cotisation à l’assurance vieillesse.
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SANTÉ « Ne te plains pas, tu es en bonne santé. »
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ucie est étudiante et vient d’avoir 21 ans. Elle a été très enrhumée au début du mois, mais elle n’a pas pu aller chez le médecin. Elle n’avait pas les moyens de payer la consultation. Il lui restait des médicaments de sa dernière angine, elle s’est dit que ça conviendrait. Comme 1/3 des jeunes, Lucie a renoncé à se soigner faute de moyens. Sauf que son rhume a empiré et s’est transformé en infection pulmonaire. Lucie attend donc dans la salle d’attente des urgences, car cette nuit comme depuis trois nuits elle est réveillée par des quintes de toux insupportables. Son passage aux urgences rappelle à Lucie qu’elle n’est pas allée chez le gynécologue depuis 2 ans et qu’il serait urgent qu’elle change de contraception. Sauf que la dernière fois elle a du débourser 80 €, depuis elle repousse le moment où elle devra s’y rendre. La France et son modèle de santé se caractérisent par une profonde ambivalence. Si au début des années 2000, la qualité du système de soins plaçait la France en première place du classement de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la libéralisation opérée par la droite pendant dix ans a accru les inégalités. Aujourd’hui, la France est le pays d’europe de l’ouest où les inégalités de santé et les inégalités devant la mort sont les plus importantes.
des risques. Le système de soin ne compte aujourd’hui que pour 20 % dans la santé des individus. Le cadre de vie, les habitudes culturelles et les conditions de travail contribuent pour beaucoup à l’état de santé de l’individu. La tendance des politiques françaises à n’aborder la question de santé que sous l’angle de l’accès aux soins ignore le conditionnement culturel et la place prépondérante que pourraient prendre des politiques de prévention. C’est aussi à notre génération que doivent s’adresser ces politiques de santé et de prévention spécifiques. Aujourd’hui, la prévention représente seulement 1% du budget des agences régionales de santé. Pendant dix ans, la libéralisation opérée par la droite a accru la dichotomie entre les cliniques privées disposant d’importants moyens pour ceux capables de payer, et l’hôpital public qui accueille tous les usagers. Les réformes imposées à l’hôpital et à l’ensemble du système de soin l’ont donc fait entrer dans une dangereuse logique de marchandisation et de profit. Si l’accès au système de santé a été amélioré avec l’introduction de la couverture maladie universelle par le gouvernement Jospin, les jeunes en restent largement exclus. En 2014, alors que 23 % des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté, la CMU et la CMUC couvrent peu de jeunes.
La santé n’est pas seulement le domaine où s’illustrent les inégalités sociales, elle est aussi celui où elles s’amplifient. Davantage que les autres Ne pas être en bonne santé, « Davantage que les autres classes d’âges, les jeunes notamment dentaire ou classes d’âges, les jeunes sont sujets à une grande visuelle, peut être un frein sont sujets à une grande fragilité, aux souffrances à l’emploi ou la scolarité, psychologiques, aux fragilité, aux souffrances comportements à risques et tout comme la précarité est psychologiques, aux un obstacle à une bonne aux addictions. La protection prise en charge médicale. comportements à risques et sociale et sanitaire de la C’est un cercle vicieux. Les jeunesse est donc essentielle. aux addictions. » jeunes, parce qu’ils sont plus précaires et plus fragiles, sont plus durement Le non-recours aux droits sociaux ou touchés par les inégalités face à la santé. le renoncement aux soins ont plusieurs causes, les principales étant le manque de L’amélioration de la santé des jeunes passe par connaissances des jeunes sur leurs droits et une stratégie globale de soin et de prévention l’absence de revenus suffisants. En 2010, 33%
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des jeunes renonçaient aux soins pour des raisons financières, selon l’observatoire de la vie étudiante.
salles de shoot et l’encadrement de la vente de cannabis permettra de mieux repérer et d’aider les consommateurs.
Faire de la prévention un droit
Puisque le tabac coûte 47 milliards d’euros à la France par an soit 3 % du PIB, son arrêt doit être encouragé par le remboursement intégral des substituts et traitements médicaux, comme c’est le cas pour les autres drogues.
Aujourd’hui, le constat est clair : seulement 6,5 % des dépenses de santé concernent la prévention. Ce n’est pas assez pour la mise en place d’une véritable politique volontaire et efficace. Il devient urgent que la France sorte d’un système de « tout curatif » pour passer à un système préventif. La prévention des comportements à risques implique un investissement massif tant humain que financier, afin de toucher l’ensemble des jeunes, qu’ils soient étudiants, lycéens, salariés ou chômeurs.
La jeunesse est l’âge des expérimentations. La découverte de la sexualité doit être accompagnée sur le plan de la santé. La lutte contre les pratiques à risques viendra de la généralisation de temps d’éducation à la sexualité, en veillant notamment à réduire les troubles du fait de du questionnement sexuel (première cause de suicide chez les adolescents). Le dépistage gratuit des IST et la généralisation des pass contraception s’inscrivent dans ce sens. Il est également nécessaire de mieux communiquer pour que les initiatives mises en place soient réellement utilisées.
Alors que vivre dans un environnement sain est un facteur de bonne santé, la qualité de l’alimentation reste aujourd’hui liée aux milieux sociaux. La commande publique devrait être utilisée pour développer l’agriculture paysanne biologique locale, Comme le gouvernement en 2014, les Jeunes notamment dans la restauration scolaire Socialistes réaffirment leur attachement au et étudiante. Cette disposition contribuera régime étudiant de sécurité sociale. Nous au recul de la malnutrition en France. La attirons notamment l’attention sur l’apport hausse de la demande d’aliments issus de spécifique de ce régime concernant l’action préventive menée sur les lieux l’agriculture biologique fera de vie des étudiants, concernant aussi diminuer les prix du bio « Vivre dans un la maîtrise de la fécondité, tout en garantissant un revenu environnement sain est la prévention des IST et des aux producteurs. un facteur de bonne addictions, ainsi que les études santé. » réalisées sur la santé des jeunes, La médecine scolaire doit par la LMDE, indispensables être davantage soutenue. La création de postes d’infirmiers et d’assistants pour développer une connaissance fine des sociaux dans les établissements scolaires problématiques des jeunes et adapter les soins et la généralisation des visites médicales à leurs besoins. lors du cursus scolaire amélioreront le suivi des enfants et adolescents. La formation L’existence du régime étudiant de sécurité des enseignants au sein des Espé (Écoles sociale permet aussi d’affilier à l’assurance supèrieures du professorat et de l’éducation) maladie les étudiants étrangers. Enfin, les devra inclure un module de sensibilisation mutuelles étudiantes proposent une gamme contrats complémentaires adaptés au dépistage des risques de dépression, de de suicide, d’obésité, d’addiction, de décrochage, aux besoins des étudiants. En revanche, la et de toutes formes de mal-être afin de repérer concurrence qui s’exerce entre une mutuelle étudiante nationale et des mutuelles régionales et d’alerter les professionnels compétents. pour l’affiliation au régime étudiant est source Les addictions posent aujourd’hui un sérieux de dysfonctionnement et d’incompréhension. problème de santé publique. La prévention Les Jeunes Socialistes demandent une contre ses différentes formes (tabac, alcool, réforme du régime étudiant de sécurité sociale drogues, internet, etc.) doit être accentuée. permettant sa gestion par un organisme En se plaçant sur le registre de la morale, la unique. Par la suite, dans un objectif à la fois de politique de répression actuelle est largement justice sociale et d’optimisation des coûts et inefficace. La lutte contre les pratiques des services, il peut être intéressant d’intégrer addictives doit inclure l’accompagnement les apprentis et les étudiants salariés, qui ont des jeunes comme première étape vers le les mêmes besoins de santé, à ce régime. traitement de celles-ci. L’instauration de
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Garantir l’accès aux soins La part du budget des jeunes allouée aux soins médicaux est plus faible que pour le reste de la population.
médicales, proscrire les dépassements d’honoraires et généraliser dans les faits le tiers-payant et l’accès aux soins pour les bénéficiaires de l’AME, de la CMU et de la CMU-C. Nous refusons de faire porter la responsabilité de la maladie sur les patients comme la droite l’a fait lorsqu’elle était au pouvoir.
Les jeunes doivent entrer dans le droit commun pour bénéficier des mêmes protections que le reste de la population. La barrière financière à Enfin, une réforme de la propriété intellectuelle l’accès aux soins doit être levée et le plafond dans le domaine de la santé doit s’engager de la CMU relevé. L’ouverture du RSA aux pour augmenter le développement des jeunes dès 18 ans est donc nécessaire car elle médicaments génériques. Une taxation des bénéfices de l’industrie pharmaceutique généralisera leur accès à la CMU. Pour rendre accessible une présence médicale permettra aussi de financer la recherche et préventive sur tous les territoires il est publique et de lutter contre tout risque de important d’implanter des coopératives de conflits d’intérêts. santé et de créer des centres de santé où exerceraient des généralistes et des spécialistes. Au-delà des volets préventions et accès La création sur chaque site universitaire aux soins, le système de santé français doit de centres de santé, où exerceraient des moderniser la formation et le statut des généralistes et des spécialistes, est nécessaire. personnels de santé pour les adapter aux évolutions de la société. Les Il faudrait les ouvrir à tous les jeunes y compris à ceux qui ne « La santé est un droit. » Jeunes Socialistes demandent l’abandon du numerus clausus sont pas étudiants. et l’ouverture plus large En France, la protection sociale des jeunes est des études de santé afin de lutter contre la très dépendante des parents. La complexité du désertification médicale. Dans ce cadre, la système nuit à son efficacité, c’est pourquoi création de statuts de fonctionnaires de la il est nécessaire que l’éducation au système médecine et de la pharmacie est également de santé bénéficie de plus de moyens. Les pertinente. Les médecins pourront choisir Jeunes Socialistes plaident pour l’entrée entre ce statut et celui de la médecine libérale. des jeunes dans le droit commun. Dans ce La rémunération fortement incitative et les cadre, l’instauration d’un chèque santé pour conditions de travail au sein des coopératives l’acquisition d’une mutuelle et l’ouverture à de santé (temps de travail, collectif de travail, tous les jeunes de la CMU augmenteront la vacances, absence de frais d’installation, etc) protection et le bien-être des jeunes les plus favorisera le recours à ce nouveau statut. Nous précaires à l’heure où 19 % des jeunes déclarent souhaitons que tout médecin nouvellement ne pas être couverts par une complémentaire diplômé effectue au moins 5 ans d’exercice dans un territoire réputé « désert médical ». santé. La santé est un droit. Les Jeunes Socialistes souhaitent revenir sur la libéralisation du secteur hospitalier engagée par la droite, car elle a fortement accru les inégalités. Optimiser l’articulation entre la médecine de ville et la médecine hospitalière garantira la cohérence territoriale en développant des structures de proximité, « coopératives de santé », afin qu’ils deviennent un pilier de l’organisation du parcours de santé pour les usagers. La gauche au pouvoir devrait supprimer les franchises
Nous militons pour un droit aux vacances pour tous, par une aide financière de 200 euros minimum pour les 3 millions d’enfants qui ne partent pas en vacances, le soutien aux associations qui permettent aux familles les plus isolées de construire un projet de départ en vacances, la mise à disposition d’un billet SNCF de congés annuels et l’instauration de comités d’entreprises de territoire pour étendre les chèques vacances aux salariés des PME.
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ÉDUCATION « On ne t’apprend plus rien à l’école. »
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arah a 15 ans, elle vient d’intégrer un CAP. Dans la cour du lycée elle croise souvent Asma, elles ont été dans la même classe au primaire et au collège. Quand elles étaient plus jeunes, Asma et Sarah répondaient toujours la même chose quand on leur demandait quel métier elles souhaitaient faire : « institutrices ». Arrivée en sixième, Sarah a eu beaucoup de mal à s’adapter à ce nouveau cadre de vie : le collège, ses nombreux contrôles, ses professeurs et toutes ces nouvelles matières. Sarah comprenait en cours, mais elle avait pris un peu de retard en primaire. Elle mettait toujours un peu plus de temps que les autres élèves à retenir les leçons et ses parents ne pouvaient pas l’aider. Chaque année, elle voyait ses notes chuter, en quatrième elle a arrêté de répondre « institutrice » et s’est mise à répondre « aucune idée » quand on lui a demandé quel métier elle souhaitait faire. Elle rêvait toujours d’être institutrice, mais avait honte de le dire au vu de sa moyenne générale. Devant son désarroi et son incertitude sur son avenir, l’équipe pédagogique de son collège lui a proposé de rejoindre un CAP secrétariat « tu as quand même de bonnes notes, tu arriveras à trouver un emploi dans cette filière ».
actuelle de nos classes favorise les élèves socialement favorisés, bénéficiant grâce à leur environnement familial d’un capital culturel important. On entend qu’aujourd’hui les études ne sont plus comme avant, que le bac est donné, mais la réalité est toute autre. La massification de l’éducation est un signe de progrès, de démocratisation et de réussite collective. Malgré tout, le décrochage scolaire touche de plus en plus d’élèves. Aujourd’hui, 150 000 jeunes quittent chaque année le système scolaire sans qualification. Cela compliquera grandement leur réussite professionnelle future, tant dans la possibilité de trouver un emploi que dans les perspectives d’évolution au cours de la carrière.
Depuis 2012, la gauche au pouvoir agit avec ce double-objectif de la réussite des élèves et de la lutte contre les inégalités. C’est dans cet esprit que sont créés 60 000 postes et que la formation des enseignants a été rétablie. Les rythmes scolaires à l’école primaire ont été modifiés et adaptés aux enfants avec le retour à la semaine à quatre jours et demi et une meilleure répartition des temps d’apprentissage. Pour, s’assurer l’efficacité de cette réforme, l’Etat doit garantir un L’école française reste l’une des plus inégalitaires financement pérenne des mesures de soutien de l’OCDE et figure parmi celles qui corrige aux municipalités. Une allocation équitable de le moins les inégalités ces moyens doit permettre sociales de départ. Ainsi, à chaque enfant d’avoir « Seule une révolution à la fin de leur scolarité, 7 accès à des activités ayant enfants d’ouvriers sur 10 pédagogique, dans les moyens une véritable portée exerceront des fonctions attribués à l’Ecole et dans le pédagogique. d’exécution tandis que 7 combat contre les inégalités enfants de cadres sur 10 dès le plus jeune âge permettra Seule une révolution exerceront des fonctions pédagogique, dans les de briser le cycle de la d’encadrement. Au delà des moyens attribués à l’école reproduction sociale et que et dans le combat contre les mythes, au 21ème siècle, tous réussissent. » l’école continue d’ajouter inégalités dès le plus jeune les inégalités scolaires aux âge permettra de briser le inégalités sociales. cycle de la reproduction sociale et que tous réussissent. Alors que l’école devrait être le lieu de l’ascension sociale, de l’émancipation Lutter contre les inégalités individuelle et de l’acquisition de compétences dès le plus jeune âge et de savoirs, le système scolaire français reste centré sur la sélection des élites. L’organisation Les inégalités se formant dès le plus jeune 14
âge, la priorité doit être donnée aux plus jeunes. Il est temps de sortir du mythe de l’égalitarisme républicain selon lequel l’école française donnerait à chacun la même chose. Aujourd’hui, les établissements réputés du centre-ville de Paris ont des dotations d’établissements plus élevées que celles d’écoles situées en banlieue. Le dispositif « plus de maîtres que de classes » vient rétablir un certain équilibre. Il doit monter en puissance d’ici 2017 pour irriguer tout le réseau de l’éducation prioritaire. Pour lutter contre les inégalités, une meilleure répartition et une hausse des moyens est nécessaire : professeurs supplémentaires et pas simplement des personnels encadrants, classes réduites. L’accent doit être mis sur le primaire, l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul étant les préalables de la réussite. Faire vivre une société du commun commence par faire de l’école un temps d’apprentissage de l’égalité. Dans ce cadre, la mixité sociale des classes est un impératif. Il faudra donc revenir sur le démantèlement de la carte scolaire qui a accru la ségrégation sociale entre les établissements et a accentué les situations d’échec, et mettre en place un indice de mixité dans les établissements. La réduction des inégalités sociales passe par une scolarisation précoce et par un soutien aux familles les plus précaires. Pourtant, en 2013, seuls 13 % des enfants de moins de 3 ans obtenaient une place en crèche et 11,9 % seulement étaient scolarisés. Les Jeunes Socialistes attendent la création d’un service public de la petite enfance et l’augmentation du nombre de places en crèche pour assurer la lutte contre les inégalités dès le plus jeune âge. Une généralisation de la scolarisation dès 2 ans dans les secteurs d’éducation prioritaire permettra là encore d’agir efficacement pour éviter le creusement des inégalités. La diversification des solutions d’éveil pour les enfants passera par un soutien aux collectivités territoriales. Parallèlement, il faut consolider les liens entre parents et école pour aider les familles dont le capital scolaire est le plus faible, pour expliquer aux parents la mise en place du plan d’égalité fille-garçon à l’école et pour rétablir le dialogue avec les équipes éducatives et lutter contre le décrochage scolaire. Nous souhaitons la ratification de la charte des langues régionales pour les établissements scolaires afin de faciliter leur enseignement.
Instaurer un parcours commun de réussite de la maternelle au lycée L’objectif de toute formation doit être fixé au début de celle-ci. Quel doit être le projet d’émancipation de l’école au 21ème siècle ? Comment le concrétiser ? Ces questionnements ont fait naître l’idée d’un socle commun de compétences et de connaissances. La visée est simple : faire que toute personne sortant du système scolaire ait acquis les compétences et savoirs fondamentaux pour vivre de manière autonome, libérée de tout fondamentalisme, et puisse agir en citoyen indépendant. Le socle commun n’est donc pas uniquement un empilement de connaissances, c’est la capacité de s’insérer dans la société. Les Jeunes Socialistes plaident pour adapter l’école au principe d’un socle commun de compétences et de connaissances à toute une génération. A cause des écarts entre les milieux sociaux, des moyens budgétaires faibles et des disparités entre établissements, des violences encore trop présentes et des taux élevés d’échec, le collège entérine les inégalités qui se sont creusées à l’école primaire. Il est donc nécessaire de repenser le collège comme un lieu d’épanouissement personnel à travers un meilleur suivi individuel. Changer le collège, c’est sortir de la logique disciplinaire et antipédagogique. L’entrée en sixième doit devenir une année de transition entre le primaire et le secondaire pendant laquelle les cours s’effectuent dans une classe unique. Un soutien doit être apporté aux professeurs enseignants dans deux matières. La sixième doit intégrer des cours plus interactifs avec des travaux en groupes encadrés par plusieurs enseignants. Le lycée, lieu de vie, d’engagement et d’émancipation pour les jeunes, est aujourd’hui très discriminant. La hiérarchie et la concurrence entre les filières contribuent à dévaloriser les étudiants qui ne seraient pas dans le cursus dit « d’élite ». Cela passe par une revalorisation complète de l’ensemble des filières et des métiers professionnels, techniques et technologiques. Il faut changer notre conception de l’orientation : c’est faire en sorte que chaque élève puisse avoir la possibilité de faire ce qui lui plaît pour pouvoir s’épanouir. Les rendez-vous chez un-e conseiller-ère d’orientation psychologue (COPSY) ne doivent pas être un moment pris à la légère, mais bien un temps pour réfléchir à l’avenir de l’élève. L’embauche de nombreux COP supplémentaires est nécessaire à cette
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fin.
apparaît donc urgent de revaloriser l’image de l’enseignant. Par ailleurs, les Jeunes Socialistes Sur trois enfants scolarisés en France, le soutiennent le dégel du point d’indice. premier quitte le système scolaire avant le La notation est aujourd’hui un facteur d’échec lycée, le second suit une et de rejet de l’école. La filière professionnelle ou « Supprimer la notation notation chiffrée sanctionne technologique et le dernier enferme les enfants dans précoce au profit d’une et s’inscrit dans une filière la concurrence scolaire au générale. La réforme du lycée connaissance objective et lieu de leur indiquer une doit décloisonner les matières compréhensible de leurs voie de progression vers et les filières pour redonner acquis par les enfants et l’acquisition des savoirs. du sens aux connaissances Celle-ci doit donc intégrer leurs parents . » et valoriser l’acquisition d’un une meilleure évaluation des raisonnement critique sur compétences et se baser l’empilement de connaissances. Les Jeunes sur le souci de la progression individuelle Socialistes défendent l’idée d’un lycée et collective. L’exemple de la Finlande nous modulaire, facilitant le changement de filières révèle comment la réussite de tous est possible et réalisant une progression des apprentissages lorsque la progression dans l’acquisition des par l’application d’une pédagogie différenciée. compétences est au cœur de l’évaluation. La note ne reflète pas les progrès d’un élève et Enfin, le Brevet et le Bac ne peuvent garder crée du stress chez les élèves déjà en difficulté leur forme actuelle. Ils échouent à évaluer qui réduit davantage leurs performances. la progression de l’acquisition du socle Supprimer la notation précoce au profit d’une commun, ils favorisent le bachotage et sont connaissance objective et compréhensible de coûteux. Le nombre de matières évaluées leurs acquis par les enfants et leurs parents doit baisser au profit de travaux personnels constitue une étape indispensable de la à présenter comme c’est le cas des TPE révolution pédagogique. Il faut en finir avec le aujourd’hui en première. Changer les diplômes tout magistral. reste la meilleure manière de transformer la pédagogie. L’inefficacité du redoublement est prouvée, Le lycée est aussi un lieu de démocratie. il doit être supprimé. Il est nécessaire de La participation des lycéens aux décisions mettre en place un parcours personnalisé de relatives à la vie de l’établissement doit être réussite éducative qui libère la scolarité des renforcée tout comme leur représentation cloisons trop rigides de l’organisation scolaire dans toutes les instances de décisions. Le droit du collège, qui favorise les classes moins syndical doit leur être reconnu. chargées et regroupe des niveaux différents entre les élèves.
Une pédagogique ambitieuse et différenciée
Ces évolutions d’esprit de l’école, son attachement à réduire les inégalités, ne peut se réaliser sans une révolution pédagogique. La pédagogie est un métier, cela s’apprend. La formation des enseignants au sein des Espé devrait davantage intégrer l’apprentissage de la pédagogie. Nous pensons qu’un bon enseignant est aussi un enseignant qui maîtrise parfaitement l’environnement dans lequel il est immergé. La formation doit être continue et représenter un volume horaire bien plus important qu’aujourd’hui. Il faudrait que les formations incluent des modules sur la psychologie de l’enfant et fournir aux futurs enseignants des repères culturelles en sociologie. Aujourd’hui, les métiers de l’enseignement souffrent d’un déficit de vocation, si bien que tous les postes ne sont pas encore pourvus. Il
Une attention a été portée aux temps scolaires durant la première partie du mandat de François Hollande. Il s’agit aujourd’hui d’aller plus loin en rendant effective la scolarité du mois de juin au lycée, et en répartissant mieux le temps consacré aux vacances scolaires afin de réduire l’intensité des journées pour les écoliers, les collégiens et les lycéens. C’est une meilleure répartition du temps scolaire qui permettra l’intégration d’un temps de devoir au sein de l’établissement, sous la supervision de professeurs afin de lutter contre l’inégalité qu’entraînent les devoirs. Il faut élargir le rôle du professeur des écoles et du professeur principal du collège et au lycée en leur donnant la responsabilité de définir avec leurs élèves un projet de classe. Pour réduire les inégalités entre territoires et entre collèges, l’État pourrait financer un chèque « projet de classe » de 1000 euros par classe, dont l’utilisation pédagogique sera 16
déterminée par les élèves et les professeurs afin de favoriser l’innovation pédagogique. Enfin, le numérique pédagogique est un enjeu déterminant de ce début de siècle. L’intégration du numérique dans l’école favorisera l’inclusion scolaire en rendant les enseignements plus attractifs, plus stimulants
et mieux adaptées aux besoins et au rythme de chaque élève. Il offrira des possibilités nouvelles pour intégrer les enfants en difficulté ou en situation de handicap. Il faudra à la fois développer la filière numérique pédagogique permettant l’équipement de nos écoles et former les enseignants aux opportunités qu’il offre.
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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR « A la fac, on donne un diplôme à n’importe qui. »
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lorian et Lila ont passé le bac la même année, ils sont amis depuis plusieurs années et ont décidé de prendre un appartement tous les deux dans la ville où ils vont étudier. Florian a obtenu son bac technologique avec mention, il a intégré un DUT carrière juridique. Lila était en terminale L, elle sait déjà ce qu’elle veut faire : elle suit une licence de psycho pour devenir psychologue scolaire. Depuis le début du mois de septembre, Lila travaille dans un magasin de vêtements. C’est « super relou » comme elle dit, mais elle n’a pas vraiment le choix : ses parents ne peuvent pas l’aider autant qu’avant financièrement. Ce n’est pas tant travailler qui la gêne, c’est surtout qu’elle a déjà raté plusieurs TD à cause de son travail et qu’elle n’arrive pas à avoir des jours de repos avant son gros partiel. Florian a passé l’année dernière à s’ennuyer en cours. Cette année, il refait une 1ère année mais cette fois ci à la fac et surtout en communication. Il n’a que 16 heures de cours par semaine, ça le change du DUT, en plus la plupart de ses cours sont dispensés dans d’immenses amphis. Même si ce qu’il apprend lui plaît, il a du mal à se mettre au travail. L’ambiance du DUT et son encadrement lui manquent.
leur accaparement des postes les plus importants de la société en politique, dans les grandes entreprises et la haute administration avec un recrutement par les grandes écoles, système renforcé par la droite ces dernières années. Cette reproduction sociale s’est accentuée avec des universités françaises en manque criant de moyens (manque d’enseignants, locaux dégradés, manque de matériel, ...) qui doivent de plus faire face à l’augmentation démographique naturelle. L’autonomie donnée aux universités en 2007 est un cadeau empoisonné, car elles restent dépendantes des dotations de l’état, pour financer leur masse salariale, et notamment les politiques de progression de carrières de leurs personnels. Pour assurer leurs missions, elles sont contraintes à diminuer la qualité de du service public qu’elles doivent assurer et à rechercher des financements privés (diplômes financés par les étudiants, fondations qui font appel à de grandes entreprises…). Elles n’ont pas la capacité qu’avait l’état d’effectuer de grandes opérations patrimoniales, pourtant aujourd’hui nécessaires quand des filières opèrent une sélection ou ferment à un certain seuil par manque de capacité d’accueil. Alors qu’une quinzaine d’universités est en déficit chronique, celles-ci ont mis en place des plans d’austérité pour supprimer des offres de formation, diminuer le taux d’encadrement, geler les postes et augmenter la sélection à l’entrée.
Le service public de l’enseignement supérieur français a une spécificité unique au monde : il est organisé dans une dualité entre universités Pourtant, investir pour permettre au plus grand et grandes écoles. Il contribue ainsi à la nombre de réussir à s’émanciper et valider reproduction des inégalités par une formation diplômante est son financement. La dépense « Les Jeunes Socialistes un atout pour la société, car moyenne par étudiant en portent l’objectif de 50% une génération plus qualifiée, licence est de 8 000 euros c’est un taux de productivité d’une classe d’âge au tandis qu’elle atteint plus de qui augmente le chômage 14 500 euros pour un étudiant niveau licence en 2020. » qui recule et le vote FN qui en classe préparatoire. régresse. L’investissement de l’Etat dans l’enseignement supérieur français est de plus l’un des plus Les Jeunes Socialistes portent l’objectif de faibles d’Europe avec une dépense annuelle 50 % d’une classe d’âge au niveau licence en par étudiant s’élevant en moyenne à 11 568 2020. dollars contre 13 016 en Allemagne ou 16 991 en Suède. Les élites françaises s’assurent de maintenir
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Faire de l’accès aux études supérieures un droit Les Jeunes Socialistes proposent de rapprocher l’enseignement supérieur, par des créations d’antennes universitaires et par la fusion des universités et grandes écoles pour harmoniser l’investissement public par étudiant.
l’État permettra de lutter contre la dérive des établissements privés offrant leur cursus à des prix disproportionnés sans garantie de qualité des apprentissages. Une circulaire indiquera aux rectorats le refus de la sélection sur capacité d’accueil ou tirage au sort. L’Etat assurera en dernier ressort l’ouverture de nouveaux locaux si l’université n’a pas la capacité d’augmenter son patrimoine.
Le système des « prépas » est aujourd’hui couteux et injuste. Si la solution n’est surtout pas dans l’augmentation des frais d’inscription, on Une pédagogie au service assiste depuis trop longtemps à une répartition de la réussite des étudiants inversée, des plus pauvres vers les plus riches, dans le supérieur. Les Jeunes Socialistes Afin de mettre fin au parcours du plaident donc pour une nouvelle répartition combattant qu’est la traversée des années des moyens dans le supérieur en faveur des dans l’enseignement supérieur, les Jeunes Socialistes proposent de universités en mettant fin mettre la pédagogie au aux classes préparatoires et en rapprochant les grandes « Le système des « prépas » cœur de la modernisation de écoles des universités, étape est aujourd’hui couteux et l’université. injuste. » anticipant leur fusion. Cette Comme pour l’école, la unification du système réussite des étudiants passe universitaire se veut aussi utile pour valoriser les formations universitaires qui pâtissent par l’utilisation de ressources pédagogiques et aujourd’hui de la concurrence déloyale des de formes d’enseignement variées, et le plus souvent interactives. Pour favoriser le suivi grandes écoles. individualisé et le travail en petits groupes, les La nouvelle organisation institutionnelle moyens doivent être concentrés sur les travaux de l’ESR, avec les COMUE (Communautés dirigés. Avec la numérisation des données, d’universités et d’établissements) de la loi les cours magistraux peuvent se renouveler. Enseignement Supérieur et Recherche de juillet La trace écrite du cours doit être envoyée 2013 doit mieux prendre en compte l’objectif aux étudiants afin que les cours magistraux de rapprochement entre les universités et deviennent des temps d’échanges sur les les grandes écoles. En effet, si la loi prévoit notions fondamentales. Afin d’améliorer la l’obligation pour tout établissement public visibilité des universités françaises sur la scène d’enseignement supérieur et de recherche internationale et de renforcer leur attractivité d’être rattaché à une COMUE qui aura un rôle pour les étudiants étrangers, favorisant ainsi de coordination de l’offre de formation et des les échanges, les cours en langues étrangères stratégies de recherche, elle a pour l’instant peuvent être renforcés. tenu à l’écart les grandes écoles et instituts. Afin d’avancer vers un système unifié, les jeunes La spécialisation tardive est un facteur de socialistes proposent de faire des nouvelles réussite. Il est donc important de faire de la 1ère COMUE les lieus privilégiés du rapprochement année de licence une année pluridisciplinaire. entre universités et grandes écoles, et Cette spécialisation progressive permettra d’étendre l’obligation de rattachement à un notamment de multiplier les passerelles entre regroupement à ces dernières sur la base d’un les filières et faire primer la transmission de projet partagé qu’il leur faudra définir. Dans compétences transversales et l’analyse critique ces nouvelles institutions universitaires, les sur l’empilement de connaissances techniques élus usagers devront représenter au moins un et le bachotage à la veille des partiels. tiers des membres du conseil afin de favoriser la participation des jeunes à la direction de Ces progrès pédagogiques ne peuvent se faire sans une augmentation qualitative et leur établissement. quantitative du taux d’encadrement. Un plan Aujourd’hui, une augmentation du budget de de recrutement de maîtres de conférences et l’enseignement supérieur public de 2 % par professeurs d’université et la généralisation des an permettrait de rattraper l’inflation et de séminaires de formation continue obligatoire lutter contre le développement anarchique amélioreront la transmission des savoirs. de formations privées aux qualités douteuses. L’encadrement strict des formations par
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Une orientation et une insertion réussies
développer le partage des savoirs.
Accéder à l’autonomie suppose de pouvoir Pour que chacun progresse à sa manière pour prendre des initiatives et monter des projets déterminer au mieux son projet de formation étudiants. A cette fin, il est nécessaire et d’insertion, une orientation de qualité doit d’augmenter les moyens alloués aux centres être assurée par les pouvoirs publics avec un de vie étudiante gérés par les étudiants et les véritable accompagnement méthodologique CROUS. Ceux-ci devraient donner accès à des en dernière année de lycée et en première services sanitaires et sociaux, aux mutuelles étudiantes, à des espaces année d’enseignement de travail, à des espaces « L’enjeu pour l’avenir de supérieur. Les Jeunes culturels, aux restaurants Socialistes soutiennent la la France est d’avoir une universitaires, à une palette mise en œuvre du service génération mieux qualifiée, public de l’information et dans son intérêt économique, large de services publics (transports, antennes de l’orientation unifié et social et démocratique. » de préfecture, CAF, Pôle territorialisé, de la seconde Emploi, services jeunesse à la licence 3, et proposent son extension aux masters, avec l’augmentation municipaux, etc.). de ses moyens. Pour permettre une bonne insertion, les Jeunes Socialistes soutiennent la Espaces de vie et de formation, les campus reconnaissance du niveau de diplôme dans les doivent se moderniser pour réduire leur facture énergétique dans le cadre d’un plan conventions collectives. d’isolation des campus et de tri des déchets.
Des campus du 21ème siècle L’attractivité des universités dans le monde repose sur leur ouverture sur la société, leur qualité d’accueil et leur environnement. A ce titre, la lutte contre le bizutage dans tous les établissements supérieurs mettra fin à des pratiques d’un autre âge. Une bonne formation universitaire suppose de disposer de ressources pédagogiques importantes. Les campus doivent mettre en commun leurs moyens pour augmenter le nombre d’ouvrages, revues, objets multimédias offerts aux étudiants. Dans ce cadre, il est nécessaire d’encourager les accords universités-collectivités pour l’accès aux bibliothèques, médiathèques, espaces culturels et sportifs. La numérisation des données doit aussi être encouragée pour
Un campus exemplaire est aussi un campus qui intègre les enjeux de développement durable à travers son fonctionnement, et la formation qu’il délivre. Nous encourageons la création de « rapports développement durable » dans l’enseignement supérieur. Ceux-ci doivent être coconstruits par un comité de pilotage intégrant systématiquement la partie prenante étudiante. Aujourd’hui la Priorité Jeunesse se décline avec 1000 postes supplémentaires dans l’enseignement supérieur et la recherche sur le quinquennat. C’est un pas nécessaire mais insuffisant au regard de la crise dans laquelle se trouvent les universités. L’enjeu pour l’avenir de la France est d’avoir une génération mieux qualifiée, dans son intérêt économique, social et démocratique.
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EUROPE « Les Jeunes ne comprennent pas pourquoi l’Europe c’est important »
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ophie a 21 ans, elle est étudiante et rêvait de parcourir l’Europe, Erasmus lui en a donné l’occasion. Pour elle l’Union Européenne est une évidence, elle la vit au quotidien : de ses cours d’histoire-géographie quand elle était au collège aux euros dans son porte-monnaie, de l’arrivée d’étudiants étrangers à l’université aux journaux télévisés chaque semaine. Et pourtant, le 25 mai dernier, elle n’est pas allée voter aux élections européennes. Pour elle, comme pour beaucoup d’autres jeunes qui se sont abstenus, l’Europe est lointaine, technocratique et trop souvent là pour justifier les renoncements, l’impuissance des politiques. « L’Union Européenne incarne trop peu l’espoir, elle n’investit pas pour les jeunes et semble nous oublier. Alors, pourquoi voter ? »
Pour retrouver la confiance des jeunes, assumer le clivage en Europe Loin de se désintéresser de l’Europe, les jeunes ont l’impression qu’elle se détourne d’eux et des enjeux de leur avenir. La Commission Européenne apparaît toujours plus comme le comptable en chef d’une bureaucratie européenne scrutant, calculant les dettes, les déficits ou quelques ratios qui ne parleront qu’à quelques agences de notations. Depuis 10 ans les technocrates libéraux sont au pouvoir en Europe, alliés aux sociauxdémocrates.
Plutôt que de débattre tous les 6 mois du respect ou non des 3 % de déficit, parlons du dérèglement climatique qui menace notre planète, et des près de 26 millions d’européens Alors que les jeunes plébiscitent Erasmus et qui restent sans emploi. Finançons une les projets de mobilité au sein de l’UE, ils sont transition écologique à l’échelle de l’UE, riche les premiers à rester sceptiques devant les en emploi, pauvre en carbone, par un plan politiques européennes. Dans un sondage de relance dans les énergies renouvelable, réalisé quelques temps après le référendum de les infrastructures et l’emploi des jeunes. 2005, il est même apparu que la majorité des Relocalisons nos productions avec le justepersonnes ayant fait Erasmus avait voté « non échange au lieu de négocier un traité » à ce référendum. Pas par rejet d’un projet transatlantique dangereux pour notre modèle européen qui leur semble évident, mais parce de développement et pour la démocratie, que pour une majorité d’entre défendons des engagements eux, les politiques menées en ambitieux pour baisser les « Il est temps Europe n’en prennent pas le émissions de gaz à effet de serre chemin. Quand les monologues d’harmoniser la fiscalité, à l’échelle de la planète. Enfin, sur la dette et les déficits les droits sociaux et la pour rompre avec le sentiment prennent le pas sur les politiques protection sociale en d’impuissance des états en d’emploi ou de lutte contre matière fiscale et sociale, il Europe. » le réchauffement climatique ; est temps d’harmoniser la quand après la crise financière, fiscalité, les droits sociaux et la l’Europe accentue ses politiques libérales au protection sociale en Europe. lieu de prôner la solidarité, comment espérer qu’elle parle aux jeunes ? Par ces politiques, Encadrons l’influence des lobbies au sein de avec plus de 50 % de chômage des jeunes l’Union Européenne à travers l’émergence en Grèce ou en Espagne, c’est bien souvent d’un registre de déclaration de lobbies, de l’espoir même en l’Europe qui a été tué. Pour leurs clients, de leurs dépendes ainsi que une génération qui n’a connu ni la Seconde l’établissement des règles de déontologie. Guerre mondiale ni la Guerre Froide, qui est connectée par delà les frontières, qui utilise Pour mener ces politiques, les socialistes une monnaie commune, l’adhésion au projet européens ne peuvent éviter de rompre avec européen ne peut se faire uniquement sur le le compromis permanent avec la droite, qui marché commun. Nous avons besoin d’un entérine l’austérité. Comment imaginer que nouveau rêve européen. les socialistes européens soutiennent une 21
Commission européenne qui compte en son sein un commissaire, chargé de la jeunesse, issu de la droite extrême hongroise ou encore un actionnaire de l’industrie pétrolière, induisant un conflit d’intérêt avec sa fonction de commissaire au climat ? Cette compromission donne du crédit au slogan « UMPS » scandé par Marine Le Pen à longueur de plateaux télévisés et alimente la défiance envers non seulement les institutions européenes mais surtout les socialistes et sociaux-démocrates en Europe. Ce dont les jeunes d’Europe ont besoin, c’est d’un plan de relance économique massif et de la transition énergétique, c’est d’une Europe qui combat la finance, qui ne cède pas sur l’IVG, qui crée un salaire minimum européen. Forgeons comme hier le rêve européen par les grands projets communs : des filières européennes de l’énergie, de l’industrie, du numérique.
l’Union Européenne de 142 milliards d’euros. Cette somme est grandement insuffisante au vu des 25 % de jeunes qui sont au chômage en Europe. Instaurons une taxe de réajustement social et écologique aux frontières de l’Union Européenne, et redonnons une capacité d’emprunt via l’émission d’eurobonds. L’Union Européenne doit se doter d’un véritable budget à la hauteur de ses ambitions en instaurant une taxe sur les transactions financières, mais également un impôt progressif sur les revenus, les sociétés et le capital. Il faut augmenter le budget européen, par la taxe sur les transactions financières, un impôt européen sur les sociétés et un impôt sur le capital, y compris financier.
Pour être légitime, l’UE doit être démocratique
Il devient plus que nécessaire de faire un saut Pour renouer avec les jeunes, qualitatif : vers une véritable renouons avec les ambitions « Les jeunes n’attendent séparation des pouvoirs, entre d’une Union Européenne, forte un Parlement Européen, plus de ses services publics. Une qu’une chose de l’Union fort, sur un pied d’égalité vis-àEuropéenne : qu’il soit Europe terre d’asile plutôt que vis des Etats, source d’initiative de repli, ouvrant ses écoles, possible d’avoir son mot à législative et détenteur d’un ses universités aux jeunes du dire sur les politiques qui y pouvoir de contrôle sur le monde entier. Une Europe qui budget et toutes les politiques sont menées. » comprenne que c’est de sa de l’UE, et une Commission, diversité qu’elle a tiré sa force, pouvoir exécutif de l’Union Européenne en préférant utiliser ses fonds pour l’accueil pleinement responsable devant le Parlement. des migrants plutôt que pour leur traque. Une Europe, enfin, à la hauteur de ses promesses, Démocratiser l’Europe, c’est aussi respecter qui tienne ses engagements en matière de les choix des citoyens : leur donner la parole politiques de développement. en facilitant la procédure d’ « initiatives européennes » ; respecter le choix des urnes Les jeunes n’attendent qu’une chose de sans vouloir le contourner quand il rejette l’Union Européenne : que celle-ci retrouve un un traité ; refuser le constitutionnalisme rêve européen et qu’il soit possible d’avoir son économique, c’est à dire de sceller dans mot à dire sur les politiques qui y sont menées. le marbre des traités des politiques qui s’imposent au vote des citoyens et encadrent Se donner les moyens les politiques menées.
d’être ambitieux
L’Union Européenne a développé ses dernières années quelques politiques spécifiques pour toucher la jeunesse. Des programmes de mobilité, mais aussi, à la demande des Jeunes Socialistes européens, une « garantie jeunesse » afin d’assurer à chaque jeune de moins de 30 ans : un emploi, un apprentissage, une formation ou des études. Après d’intenses négociations, les conservateurs et la Commission ont concédé 6 milliards d’euros pour un budget annuel de
Démocratiser l’Europe, c’est créer de vrais partis européens, instaurer une circonscription électorale à l’échelle du continent ; cesser la logique de consensus permanent qui nourrit l’incompréhension, l’indifférence et finalement le rejet. Démocratiser l’Europe c’est améliorer et clarifier les connaissances des citoyens sur les différentes institutions, notamment à travers des formations et sensibilisations au sein des écoles, collèges, lycées, et universités? C’est aussi mettre en place une campagne
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de communication continue, afin de replacer l’Europe au sein des préoccupations citoyennes.
L’Europe de la mobilité La mobilité des jeunes en Europe est une condition essentielle pour donner un sens à l’UE. Les projets Comenius (pour le secondaire), Erasmus (pour l’enseignement supérieur), ou Leonardo (pour l’enseignement professionnel) sont l’occasion pour des milliers de jeunes d’apprendre les langues, de voyager et de découvrir l’Europe. Ils sont l’incarnation d’une Union Européenne qui peut être concrète et ouvrir des horizons, par des bourses mensuelles pour les étudiants à l’étranger. Mais il est indispensable que les états permettent aux jeunes de milieu modestes d’y participer également, car ces programmes profitent à très peu d’entre eux : 200 000 par an pour Erasmus, 3 millions depuis sa création il y a 25 ans, alors que 75 millions de Jeunes entre 15 et 25 vivent aujourd’hui en Europe. Trop souvent, l’Europe apparaît comme celle des plus privilégiés, des mieux informés. Démocratiser l’Europe, et la rendre
compréhensible, passe notamment par l’élargissement du nombre de jeunes touchés par ces programmes et l’augmentation de leurs bourses, en particulier auprès de l’enseignement professionnel, des collèges et des lycées. L’augmentation du financement d’Erasmus et la création d’ERASMUS +, annoncé il y a un an, était une bonne nouvelle, mais masque à peine sa remise en cause quelques mois plus tôt, parce que non prioritaire dans le budget de l’UE. Cette augmentation du budget Erasmus de 50 % a été obtenue grâce à la mobilisation des socialistes. Il nous faudra être vigilant pour qu’Erasmus reste un dispositif de bourse sans contreparties. Contrairement aux conservateurs, nous pensons que la mobilité ne doit pas être envisagée à l’aune des besoins économiques territoriaux, mais sur la base du volontariat, afin que chacun puisse étudier ou travailler, là où il le souhaite. Cela passe notamment par le développement d’un Erasmus de l’apprentissage. La France doit également, en Europe et au delà, favoriser la mobilité internationale des jeunes dans le cadre de la Francophonie.
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ÉGALITÉ DES TERRITOIRES « Dis moi où tu vis, je te dirai ce que tu vaux. »
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icolas et Jessica sont colocataires dans un deux pièces à Paris. Ils ont trouvé ce logement après avoir cherché chacun pendant plusieurs semaines sans succès. Ils payent un peu plus de 500 euros sans compter les charges. Malgré les APL ils se retrouvent à découvert chaque fin de mois. Ils n’ont pourtant pas l’impression de vivre au dessus de leurs moyens. Leur appartement est petit et il faut passer dans la chambre de l’un pour aller dans celle de l’autre. Jessica vivait dans la région Limousin et a décidé de venir à Paris poursuivre ses études. Passer des heures dans les transports, elle connaît, elle se levait chaque matin à 5h30 pour prendre le car scolaire qui l’emmenait jusqu’à Guéret. Nicolas vient de Saint-Étienne, d’un quartier « chaud » comme disent les médias. Il a rejoint la capitale pour travailler dans une petite entreprise d’évènementiel. Avant Paris, ils vivaient dans des lieux très différents, lui au 8ème étage de son HLM, elle dans une petite maison de campagne au cœur d’un tout petit village. Pourtant en discutant, ils se sont aperçus qu’ils avaient connus les mêmes situations : les galères de transport, les préjugés sur leurs lieux de vie mais aussi les difficultés pour accéder aux services publics. En fait, ils ont tout les deux subi la même réalité, celle des inégalités territoriales.
d’autant plus important que les jeunes ont besoin de s’émanciper du domicile familial pour s’épanouir. La République ne peut être conçue comme une et indivisible par les jeunes si l’égalité d’accès à celle-ci est entravée. Il nous faut donc garantir l’égal accès aux services publics, à la culture, aux loisirs et lutter contre les discriminations géographiques ou spatiales. Le refus des inégalités territoriales passe par la redistribution des dotations entre communes riches et défavorisées. Les communes les moins riches doivent voir leur dotation augmenter. Le chemin vers l’autonomie des jeunes connaît des obstacles imposés par la géographie, qu’ils soient jeunes ruraux, habitants du périurbain en expansion ou des quartiers populaires en marge des centres villes.
Le logement, une affaire de jeunes Les jeunes sont les principales victimes de la crise du logement. Ils y consacrent une part de plus en plus importante de leur budget. Au delà du coût, les logements étudiants sont trop rares et la recherche d’une habitation un véritable parcours du combattant. Cette difficulté à se loger oblige beaucoup d’entre eux à rester ou retourner vivre chez leurs parents, ou même dans les cas les plus extrêmes à dormir dans leur voiture ou dans des logements insalubres.
Il suffit de comparer les cartes pour se rendre compte que les inégalités territoriales et les inégalités sociales et culturelles sont Les Jeunes Socialistes souhaitent que intimement liées. La carte des inégalités l’encadrement des loyers soit rétabli, c’est à est aussi souvent un bon dire que le prix des loyers ne indicateur de la carte électorale «Les Jeunes Socialistes puisse aller au delà de 20 % et notamment des nouveaux au dessus de l’indice moyen souhaitent que bastions du Front national ou de référence émis par les l’encadrement des de l’abstention. Des politiques observatoires locaux des loyers. loyers soit rétabli. » prioritaires en matière d’emploi, Cette mesure de la gauche de transports, de logements au pouvoir, proposée par le Parti Socialiste à doivent être mises en oeuvre pour permettre l‘initiative des Jeunes Socialistes, est bénéfique une égalité réelle entre les territoires. aux jeunes, qui sont les premiers concernés par les prix démesurés des loyers. En effet, les Le rapport des jeunes au territoire occupe jeunes cherchent des logements petits, dont une place centrale dans l’organisation des le prix au mètre carré est plus cher. Leur forte rapports sociaux et dans l’organisation des mobilité les pousse à changer régulièrement modes de vie. L’environnement extérieur est d’appartement, laissant ainsi aux bailleurs de
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nombreuses occasions d’augmenter leurs loyers.
par la prévention et plus éloignés de l’accès aux soins.
Il est indispensable de construire bien plus de Le recul des services publics aggravé par les logements étudiants et plus globalement de politiques de réduction des dépenses publiques logements sociaux par centaines de milliers, a créé une fracture territoriale. La continuité et d’encourager et de développer l’habitat la proximité du service public est pourtant une partagé et la conversion écologique des obligation républicaine afin d’assurer l’égal logements. La règle des trois tiers (logement accès de tous au patrimoine commun de la locatif social, accession sociale et abordable à République. L’eau est un bien commun qui la propriété et logement privé) est un objectif devrait appartenir naturellement au domaine pertinent et réalisable pour la construction des services publics, et particulièrement à des nouveaux logements. L’objectif de 25 des régies publiques éloignées de logiques % de logements sociaux doit être renforcé commerciales de profits. en rendant plus contraignant la réalisation de cet objectif, notamment par Quand il faut passer plusieurs l’augmentation des amendes « Un tiers des jeunes heures par jour dans les transports en cas de non respect. Les pour aller étudier ou travailler, collectivités peuvent par ailleurs (15-30 ans) vivent en il est plus difficile de réussir et milieu rural. » imaginer de mettre en place des de s’épanouir. Les transports colocations d’étudiants dans les en commun accessibles et constructions de nouveaux logements sociaux abordables financièrement, notamment les pour favoriser la mixité sociale. trains express régionaux (TER), fréquents et de qualité garantiraient une plus grande mobilité, La mise en place de la CLÉ (Caution locative essentielle pour étudier, travailler mais aussi étudiante) pour permettre aux étudiants pour l’accès aux espaces culturels et aux loisirs. sans garants de se loger, va dans le bon sens. C’est également une condition de la transition Néanmoins les Jeunes Socialistes souhaitent écologique par un changement profond de la mise en place d’une garantie universelle nos comportements afin de produire moins locative pour remplacer le système de la caution de gaz à effet de serre. Les jeunes socialistes par une légère cotisation permettant d’assurer s’opposent à l’ouverture à la concurrence les propriétaires en cas de non paiement des de Réseau Ferré de France ; la desserte des loyers, et de soulager les locataires du poids territoires est une mission de service public. que représente ce système. Il faut de plus renforcer les contrôles faits sur les propriétés Le permis de conduire est indispensable pour louées aux étudiants afin de limiter les abus en trouver du travail, c’est pourquoi les aides termes de prix et de conditions de vie. apportées par les territoires doivent être harmonisées et concentrées pour les jeunes en ayant le plus besoin. Il faut de plus encadrer Jeunes en milieu rural, les écoles de conduite, qui proposent trop l’autre ségrégation souvent des prix abusifs. Les départements Un tiers des jeunes (15-30 ans) vivent en milieu pourraient avoir pour responsabilité de développer un service gratuit d’autopartage rural. qui mettrait les usagers en lien pour réduire Ils subissent bien souvent une discrimination l’empreinte écologique des déplacements en géographique et de nombreux obstacles qui milieu rural. Pour sécuriser la vie nocturne des peuvent les rendre captifs de leur territoire. ruralités, il doit être envisagé la mise en place Les jeunes ruraux ont des difficultés à se de navettes nocturnes, permettant à ceux qui déplacer tant qu’ils n’ont pas le permis et une ne disposent pas de véhicules ainsi qu’aux voiture, et le prix élevé de l’essence réduit jeunes de rentrer en toute sécurité. considérablement leurs budgets. La rareté voire même l’absence de centres de vie nocturne Le coût du transport scolaire a vocation à être ou culturelle est un frein à l’émancipation et pris en charge par les collectivités concernées nourrit le sentiment de marginalité. La pénurie pour ne pas rompre le principe de gratuité de d’emplois et les préjugés d’un autre temps l’école. véhiculés sur la ruralité contraignent les jeunes Les établissements scolaires ruraux ne peuvent ruraux à fuir vers des centres urbains. pas être les grands perdants des réformes de La désertification médicale fragilise également l’éducation prioritaire, il est important de ne la situation des jeunes ruraux, moins touchés pas les exclure des critères qui en font des établissements prioritaires. Pour y maintenir 25
une égalité entre les territoires, nous devons donc y consacrer davantage de moyens et inciter les professionnels expérimentés à y enseigner.
chaque quartier. La valorisation de toutes les formes de culture par l’État est indispensable pour changer les représentations collectives.
Les Jeunes Socialistes veulent la création de 150 000 emplois d’avenir en plus en 2015 principalement dans les domaines à forte utilité sociale et environnementale, surtout dans le secteur de l’économie collaborative, notamment à destination des jeunes qui vivent dans les quartiers où le taux de chômage est le plus élevé. Il est essentiel de développer les espaces de travail partagé et les pépinières Jeunes des quartiers populaires, d’entreprises pour aider les jeunes qui le une richesse pour la cité souhaitent à la création d’entreprises. souhaitons lutter contre les Les quartiers populaires souffrent eux aussi Nous d’une image écornée dans la société. Ils discriminations raciales, ethniques et celles sont pourtant des lieux jeunes, de richesse à l’adresse, qui sont un frein à l’emploi et à l’insertion. Il faut pour cela la mise en place culturelle, de diversité et de solidarités. d’une procédure d’action Les jeunes des quartiers « Les jeunes des quartiers collective en matière de lutte contre les discriminations. Par populaires qui ont populaires qui ont ailleurs, nous sommes encore majoritairement voté pour majoritairement voté en attente de l’attestation de François Hollande en 2012 ne voient pas la répercussion pour François Hollande contrôle d’identité pour lutter concrète sur leur vie de la en 2012 ne voient pas la contre le contrôle au faciès et politique menée actuellement. répercussion concrète certaines dérives policières. Leur insertion sur le marché sur leur vie de la politique Associer les jeunes qui du travail est d’autant plus menée actuellement. » font vivre la ville aux importante qu’ils subissent choix d’aménagements parfois deux fois plus le et de politiques publiques chômage que l’ensemble des permettrait de replacer la population au centre jeunes. des choix qui façonnent la ville. Il est possible Il est vital de mettre en place une péréquation d’introduire des budgets participatifs confiés financière pour rompre avec l’injustice qui veut aux jeunes pour co-construire les politiques par exemple que Paris, une des villes les plus d’aménagement urbain dans les quartiers riches et les mieux dotées en infrastructures concernés par l’ANRU (Agence Nationale pour et subventions de France, soit celle où la Rénovation Urbaine). l’imposition locale de ses habitants soit parmi les plus basses. Une réforme de la fiscalité L’égalité pour les outremers locale notamment la remise à plat de la taxe Plus touchés par la pauvreté, le chômage et d’habitation est ainsi une nécessité. l’illettrisme, les jeunes ultramarins ont besoin Il est impensable qu’aux inégalités sociales d’une politique ambitieuse et de grande subies par les habitants des quartiers populaires envergure pour le pouvoir d’achat en luttant s’ajoute la disparition des services publics là où contre les monopoles et l’encadrement des ils sont le plus indispensables. Leur présence prix, en enrayant la hausse des carburants et doit être garantie et même renforcée par l’Etat. encadrant les loyers. Il faut de toute urgence lancer la construction de 150 000 logements La mobilité dans la ville grâce à des sociaux et 8 000 logements étudiants, aligner transports collectifs accessibles et abordables les tarifs et les normes des banques et des financièrement pour tous par une tarification télécommunications sur ceux de la métropole, sociale et solidaire progressive est une priorité et permettre aux ultramarins d’avoir accès aux pour sortir de la ségrégation géographique. minimas sociaux dans les mêmes conditions Une réflexion sur la gratuité doit être engagée qu’en métropole, en les revalorisant pour faire en lien avec une réforme fiscale qui garantit face à la réalité territoriale. la progressivité. L’accès et l’accompagnement à la culture doivent être rendus possibles par Les jeunes ultramarins méritent la continuité l’aide à la mobilité vers les centres culturels, de la République. Il faut pour l’assurer renforcer mais aussi le soutien aux initiatives dans les moyens éducatifs, enseigner davantage Les jeunes agriculteurs ont besoin d’être soutenus pour accéder au foncier agricole, d’être accompagnés pour favoriser la relocalisation de l’agriculture et l’émergence d’un nouveau modèle de développement collaboratif, social et solidaire.
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l’histoire des outremers dans les programmes nationaux, investir la sécurité pour enrayer les violences dans les quartiers qui y sont le plus exposés et développer la justice de proximité. Prendre en compte les outremers c’est aussi ne pas les oublier lors du processus législatif, mais surtout de ne pas les généraliser. Il y a
des situations multiples et des problématiques différentes. Lors de l’examen des textes de lois, mettre en place un volet pour chacun des composants des outremers permettra des lois adaptées à notre diversité territoriale. Les Jeunes Socialistes veilleront notamment au développement des offres de cursus universitaires en territoire d’outremer.
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DISCRIMINATIONS « Quand on veut on peut. »
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aïm habite dans un quartier présenté par les médias comme « sensible », il travaille dans un magasin de téléphonie à 45 minutes de chez lui. Tous les matins il doit prendre le métro pour aller travailler, il prévoit toujours un peu plus de temps car il sait qu’il a une forte possibilité de se faire contrôler. Pourtant il ne pense pas se comporter différemment des autres voyageurs. Sa mère lui dit souvent que s’il portait des chemises il subirait peut être moins de contrôles d’identité. Naïm ne veut pas changer de style, il adore ses bonnets et toutes ses paires de air max. Puis il a des potes qui mettent des chemises et ils se font autant contrôler que lui. De toute façon, Naïm ne pense pas que ce soit une question de style. Naïm se dit qu’il est moins à plaindre que sa collègue Maria. Ils ont le même diplôme et travaillent au même poste, pourtant il gagne 250 euros de plus par mois que Maria. Il ne trouve pas ça très juste, surtout que Maria était là avant lui. Les jeunes sont souvent les premières victimes de discriminations. C’est l’essence même de la gauche que d’agir pour l’égalité. Il reste encore de nombreux combats à mener.
Pour combattre le racisme, en finir avec les contrôles au faciès
d’identité de recevoir un récépissé. Pour rappel les contrôles d’identité sont le seul acte administratif dont les citoyens ne conservent aucune trace. L’objectif de l’attestation est double : permettre aux citoyens qui estiment être victimes de discriminations de se pourvoir en justice en pouvant prouver le nombre de contrôles subis, et limiter l’usage intempestif du contrôle d’identité dans le cadre d’une politique du chiffre imposée aux policiers par la droite. Pour limiter les contrôles d’identité, on peut aussi envisager de faire évoluer le code de procédure pénale ou la mise en place d’une procédure d’action collective dans la lutte contre les discriminations, ou encore l’élargissement de l’action de groupe aux contrôles d’identité. Dans la même logique, les Jeunes Socialistes défendent l’instauration du CV anonyme afin de lutter plus efficacement contre les discriminations à l’embauche. Les Jeunes Socialistes appellent à une loi des libertés numériques pour ne pas déléguer aux hébergeurs la responsabilité de condamner les propos sexistes et racistes, car c’est l’autorité judiciaire qui doit en être saisie. Les propos racistes dans l’espace public doivent être davantage combattus, nous devons laisser toute sa place à la justice pour réprimer sévèrement ces propos.
Lutter contre l’homophobie
Alors qu’un homosexuel a 13 fois plus de risques de tenter de se suicider qu’un hétéro, Un jeune supposé d’origine Maghrébine a des mesures doivent être mises en oeuvre 7,8 fois plus de risques de se faire contrôler pour poursuivre le combat pour l’égalité et par la police qu’un autre jeune. Ce chiffre lutter contre l’homophobie. L’intégration des questions LGBT dans les programmes monte à 11,4 quand un jeune scolaires permettrait de mettre porte une tenue « punk » ou fin au tabou de l’homosexualité à « gothique ». C’est en partant « Les Jeunes de ce constat que les Jeunes Socialistes proposent l’école et de sensibiliser les élèves à ces questions. Le ministère Socialistes proposent la mise la mise en place de l’éducation Nationale doit en place d’une attestation de d’une attestation de délivrer des agréments aux contrôle d’identité, proposition contrôle d’identité. » associations locales de lutte issue des 60 engagements de contre les discriminations et la campagne présidentielle, notamment l’homophobie, afin qui permettrait de rétablir de faciliter leur intervention en la confiance entre policiers milieu scolaire. Le principe d’égalité porté et citoyens. Il s’agit de remettre à toute par la gauche devrait être respecté lorsqu’il personne à qui l’on fait subir un contrôle 28
s’agit du don du sang. La loi considère qu’un homme ayant déjà eu des relations sexuelles avec un autre homme, le prive de donner son sang, associant homosexualité et comportement à risques. Nous rappelons donc qu’il existe des pratiques à risques et non une population à risques. De même, la mise en place de formations à la lutte contre l’homophobie pour les professeurs, les médecins et infirmiers scolaires, les juges, les gendarmes et les policiers apparait comme une nécessité afin de lutter plus efficacement contre le nombre d’agressions homophobes, en constante augmentation. La situation des migrants et demandeurs d’asile homosexuels devrait également être prise en compte dans leur prise en charge par l’administration car ils peuvent se retrouver dans une situation de crainte vis-à-vis des institutions et d’absence d’aide dans leur communauté en France.
organismes publics. Face aux réactionnaires, nous réaffirmons que l’école a vocation à enseigner l’égalité, pour endiguer l’orientation genrée et lutter contre les stéréotypes. Cette lutte contre les stéréotypes de genre est également nécessaire dans les médias et les entreprises. Le genre n’est pas une théorie, c’est une réalité qui reflète le fait que l’identité des femmes et des hommes est construite socialement. Cela implique donc que les inégalités ne soient pas naturelles mais sociales, et qu’elles peuvent être combattues.
Depuis la rentrée 2014, le plan égalité fillegarçon sera appliqué à l’ensemble des écoles afin de lutter contre « les préjugés et les stéréotypes de genre qui se construisent chez les élèves». Tout ce qui lutte contre La gauche doit tenir ses engagements et les stéréotypes fait progresser l’égalité dans poursuivre son combat pour l’égalité entre l’espace public et doit donc être promu. tous les couples en ouvrant L’adoption d’une approche la PMA aux couples lesbiens. transversale dans les programmes «Face aux Les jeunes socialistes saluent et dans les pratiques, par la mise la décision de la CEDH qui réactionnaires, nous en place d’outils pédagogiques réaffirmons que pousse les Etats à reconnaitre la et de documents de références filiation des enfants nés de GPA à l’école a vocation à validés par l’Education nationale, l’étranger et ainsi assurer l’égalité enseigner l’égalité. » aidera les enseignants dans entre tous les enfants. l’enseignement de réflexes égalitaires. La gauche doit en outre se saisir des questions liées à la transsexualité et à la La formation des enseignants elle-même transidentité en reconnaissant l’identité de empêchera qu’inconsciemment les pratiques genre comme un motif de discrimination et ne perpétuent les inégalités. L’intégration en permettant aux transsexuels de changer de modules sur l’égalité fille-garçon dans librement et gratuitement d’état civil ainsi les écoles supérieures du professorat et que de faciliter les démarches administratives de l’éducation (ESPE) et dans la formation que ce changement implique. Les Jeunes continue généralisera l’enseignement des Socialistes proposent la création d’un troisième bonnes pratiques. état civil, comme cela existe déjà en Australie. Il faudra que la refonte des programmes s’accompagne d’une révision en profondeur L’égalité entre les femmes des manuels. Quelque soit la matière et les hommes enseignée, ceux-ci reproduisent trop Depuis son arrivée au pouvoir la gauche a fait souvent les stéréotypes. Ces représentations progresser l’égalité entre les femmes et les contribuent à enfermer les enfants dans une hommes, grâce notamment à un Ministère des société hiérarchiquement organisée au profit Droits de femmes, qui doit exister pour chaque des hommes. Les nouveaux programmes gouvernement, au delà des remaniements devront faire une place plus grande aux qui se succèdent. Il reste cependant encore femmes, et veiller à ce que les exercices et de nombreux combats à mener. Les femmes problèmes scientifiques ne se basent plus sur restent par exemple moins bien payées que les des situations reproduisant les inégalités de hommes de 23% à situations égales. La mise en genre. place de plans pour l’égalité professionnelle dans les entreprises doit être accélérée et Enfin, au delà des contenus, l’inscription généralisée. Il faut également aussi imposer dans les projets d’établissement de l’égalité la parité partout, dans la vie démocratique filles-garçons et la désignation d’un comme dans les entreprises et la direction des responsable « égalité » au sein des équipes pédagogiques renforcera au quotidien les 29
pratiques professionnelles d’égalité. En outre, son incarnation par un membre de l’équipe enseignante offrira aux parents un interlocuteur privilégié qui pourra expliquer comment et pourquoi vivre dans un environnement égalitaire bénéficie au développement des enfants.
proposition de loi visant à la lutte contre la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, contre le proxénétisme et pour l’accompagnement des personnes prostituées doit être votée par le Sénat après l’avoir été par l’Assemblée nationale, afin de lutter contre la marchandisation du corps humain.
La lutte contre les violences faites aux femmes est un enjeu primordial alors qu’un tiers des femmes ont été victimes de violences sexuelles ou physiques depuis l’âge de 15 ans. Dans ce contexte, il faut augmenter les moyens des associations accueillant les femmes victimes de violences (physiques, sexuelles et morales), et mener des campagnes visant à déculpabiliser les victimes de viol ainsi qu’à responsabiliser l’ensemble de la société. La
La remise en cause en Espagne et dans d’autres pays européens des Droits des femmes démontre la nécessité d’une vigilance de tous les instants dans ce domaine. Il est nécessaire d’être vigilants et de renforcer tous les moyens d’accès à la contraception, en ouvrant sa gratuité aux moins de 25 ans et non uniquement aux mineures ainsi que sur les risques liés aux relations sexuelles mal protégées.
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NUMÉRIQUE « Arrête de faire le geek. »
H
ugo, pour occuper ses soirées, est du genre à live-tweeter la dernière émission de Ruquier ou à surfer de blog en blog à la recherche de la nouvelle « appli » à la mode. Entre son Smartphone, sa tablette et son ordinateur, il passe plusieurs heures par jour devant ses nombreux écrans où il développe de grandes capacités d’adaptation et de maîtrise des nouvelles technologies. Ses parents lui reprochent souvent de se couper du monde qui l’entoure, « le vrai monde » comme ils disent. Ce qu’ils ne savent pas c’est qu’Hugo est bien plus en lien avec le reste du monde que nombre de ses amis et ses parents. Hugo est juste un jeune garçon qui suit l’actualité via les réseaux sociaux et qui utilise les nouvelles technologies dans ce qu’elles ont de meilleur : la simplification de la vie.
Tous addicts ?
D’Hadopi aux sites de partage, l’essor du numérique interroge nos modèles économiques et éducatifs ainsi que la notion même de propriété privée. Il faut pouvoir apporter des réponses globales aux questions posées par le numérique, spécialement celles de l’égalité d’accès au net, de protection des données personnelles, de libertés individuelles et de conditions de travail. La maîtrise des outils numériques est en effet souvent révélatrice des inégalités entre les jeunes. Seuls 75% des 16-24 ans ont un accès quotidien à internet et tous n’ont par ailleurs pas accès à un ordinateur tous les jours, rendant la maitrise des outils numériques très inégale. Au delà des inégalités, on peut relever que les usages varient en fonction des jeunes. Il n’y a pas de pratiques uniques des outils numériques, ces dernières ont tendance à évoluer très rapidement avec l’apparition de nouvelles technologies telles que les smartphones ou les tablettes, ou même de nouvelles applications et de nouveaux logiciels.
Nombreux sont les Français qui pensent aujourd’hui connaître l’utilisation que font les jeunes des outils numériques. Cela paraît évident. Ils passent chaque jour plus d’une heure trente sur leurs portables ou leurs ordinateurs Le numérique pose également la question de nos libertés individuelles et à scruter internet, et maitrisent collectives, celles d’expression tous les outils liés au numérique «Le numérique et d’information, quand un parce qu’ils seraient « nés avec ». pose également opérateur restreint l’accès à un Ils seraient dépendants de leurs ordinateurs et smartphones et la question de nos site de contenus en raison de ne liraient plus. Leur utilisation libertés individuelles ses partenariats commerciaux ou quand des États comme la Chine les aurait déconnectés du monde et collective. » ou l’Égypte, de façon autoritaire, réel, nuirait à leur sens critique et bloquent l’accès des citoyens les aurait rendus paresseux. au réseau internet. Tout en prenant garde Ces idées reçues participent au renforcement aux phénomènes pouvant porter atteinte à des préjugés et à une mauvaise compréhension l’intégrité des personnes, il est nécessaire de des besoins des jeunes et à la mise en place garantir la libre circulation des internautes et de politiques ne répondant pas réellement aux des informations et de la neutralité du net. enjeux posés par le numérique. Le nombre de données personnelles stockées et échangées explose, repoussant la notion Un développement inégal de vie privée tout en ayant des répercussions Le développement du numérique est avant fortes sur la vie sociale, les comportements et tout inégalitaire territorialement, il convient le travail. La réponse politique la plus répandue de lutter contre les zones blanches, pourtant reste celle de la surveillance, du traçage, de encore nombreuses dans les territoires ruraux. l’enregistrement, relevant d’un conservatisme politique qui réprime par peur de ne plus rien 31
maîtriser.
La démocratisation et la sécurisation des pratiques
protection des lanceurs d’alertes ainsi que la libre information en France et partout dans le monde.
La suppression des filtres entre émetteurs et L’accès au numérique, et non seulement récepteurs de données et primordiale. Il faut internet, cache de profondes inégalités refuser l’instauration de tout régulateur du sociales et culturelles. Si l’on peut enrayer web qui pourrait unilatéralement contrôler les la fracture numérique cognitive par une contenus et données, bloquer et fermer des transformation de notre système éducatif sites. Se pose néanmoins la question du filtrage et une meilleure répartition des richesses, il légitime de certains sites ou propos tenus sur nous reste à mettre en place des politiques de les réseaux sociaux pour des raisons de morale lutte contre la fracture numérique matérielle. publique (pédophilie, apologie de crimes, Permettre à chaque jeune d’accéder aux outils etc.). Il est nécessaire de mettre en place un service de juges spécialisés. nécessaires à sa formation et à son insertion dans le marché « La loi Hadopi doit donc Il faut également interdire les intrusions dans la vie privée du travail est essentiel, être supprimée. » des consommateurs. Les FAI notamment en assurant disposent aujourd’hui du une couverture territoriale optimale pour l’accès au net et les réseaux de droit d’analyser aléatoirement le contenu des téléphonie, et en permettant à tous d’accéder informations échangées entre internautes. à du matériel le plus régulièrement possible. C’est une violation du droit au secret de la Le développement d’espaces numériques correspondance et du droit à l’anonymat. par les collectivités territoriales doit être envisagé (accès à internet, formations libres Pour un surf en toute sécurité, garantir la au numérique) et le droit à la connexion inscrit sécurisation des données personnelles, et donc, par extension, de la datamasse (Big dans la loi. Data) semble nécessaire. Ces données La maitrise des outils numériques est sont devenues, avec le développement de essentielle pour assurer la réussite éducative l’économie numérique capitaliste, un enjeu et professionnelle des nouvelles générations. économique majeur. Aussi, les programmes scolaires doivent faire du numérique un axe central de l’école du Enfin, l’évolution des formes de travail permise 21e siècle, permettant de maitriser un socle par l’Internet, si elle améliore la productivité, commun de connaissances informatiques. fait aussi émerger de nouvelles formes d’abus L’utilisation et l’apprentissage sur logiciels des salariés. Le droit à la déconnexion est libres doivent être rendus obligatoire dans essentiel pour respecter la limitation du temps l’ensemble du système éducatif, ainsi que la de travail et éviter le harcèlement qu’il peut technique du codage pour que chacun puisse générer. Il est important qu’il soit garanti dans développer des usages actifs et non passifs de chaque entreprise. l’internet. L’école pourrait également permettre aux jeunes d’exploiter en toute sécurité les Le partage des données outils numériques, particulièrement internet, en sensibilisant à la protection des données Internet est un formidable outil de diffusion culturelle. Près de 75 % des 12-24 ans écoutent personnelles. de la musique en streaming et 50 % d’entre La pédagogie inversée et une utilisation eux en téléchargent sur internet. La loi Hadopi critique d’internet permettent aux élèves de qui, en plus de stigmatiser les usagers et de les hiérarchiser et d’analyser la grande quantité sanctionner arbitrairement, est très coûteuse et inefficace. La loi Hadopi doit donc être d’informations sont des pratiques à étendre. supprimée et ses compétences ne doivent La neutralité du net, et non la simple en aucun cas être transférées au CSA. Cette transparence, est un principe fondamental, disposition reviendrait à créer une institution garant de l’égalité des citoyens devant de contrôle qui pourrait nuire à la neutralité du l’information. Il faut la garantir au niveau net. Lorsque l’on connaît les moyens humains européen par une directive appropriée et au et financiers du CSA, on ne peut que s’inquiéter de la naissance d’un géant du contrôle des niveau national par son inscription dans la loi. contenus numériques en France. Il est urgent de créer un Habeas Corpus des libertés numériques. Celui-ci permettrait la Face à l’évolution des pratiques sur internet,
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où les lois successives ne parviennent pas à stopper le téléchargement illégal, ancré dans les pratiques des internautes, il est temps de repenser le mode de distribution du contenu en ligne. Nous réaffirmons notre attachement à la licence globale universelle qui permettrait de financer une partie de la production de contenu audiovisuel, tout en rémunérant les artistes-compositeurs et producteurs, sur la base d’une redistribution forfaitaire payée par les internautes en supplément de leur abonnement internet. En contrepartie de cette rétribution, les internautes pourraient accéder à des contenus audiovisuels en ligne, les télécharger et les échanger entre eux à des fins non commerciales La démocratisation de l’accès aux données ouvertes (Open data) et la multiplication de la quantité de données accessibles sont essentielles. Le libre-accès et la réutilisation par tous de données publiques via les licences ouvertes est nécessaire et permet l’émergence
d’initiatives citoyennes d’intérêt notamment pour les jeunes.
général,
La mise en réseau offre enfin des possibilités multiples, que ce soit en termes d’écologie, par exemple avec les réseaux intelligents d’énergie qui permettent de connaître en temps réel les besoins des consommateurs et ainsi d’anticiper la consommation d’électricité ; mais aussi en terme de partage, via les plateformes de covoiturage et de prêt. Internet est donc un outil adapté à mettre en lien des citoyens réunis par les idées et les convictions. Le numérique nous permet d’apercevoir des nouveaux modèles économiques sont possibles basé sur le partage et la solidarité. Il faut donc réaffirmer le besoin d’informer les citoyens de ces différentes néo-libertés et donner à l’enseignement public des moyens techniques et humains afin qu’il puisse assurer une éducation au net.
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DÉMOCRATIE « Les jeunes ne s’engagent plus ou votent FN. »
A
mélie ne croit pas que la politique peut changer sa vie. Elle se sent très éloignée de tout ces responsables politiques, elle ne comprend pas toujours ce qu’ils disent et elle trouve surtout qu’ils se ressemblent vraiment tous. Elle a plein d’amis qui pensent pareil. Ils disent même qu’il leur est aujourd’hui impossible de faire changer les choses car le monde est contrôlé par « les puissants ». Alors quand on lui demande ce qu’elle pense de la politique, elle répond : « Mes parents ont voté contre le traité européen en 2005 et finalement Sarkozy l’a fait repasser deux ans après, ça ne sert à rien, c’est du théâtre. Les représentants des partis font tous la même chose et sont là pour se servir eux mêmes. Ce n’est pas surprenant qu’autant de mes amis votent FN, au moins eux ils proposent un truc différent. La politique, ça sert à rien au final, je me sens plus utile quand j’entraîne les petits de mon club de basket et dans l’association du quartier qui fait de l’aide aux devoirs » La crise de défiance des jeunes vis-à-vis du politique atteint des sommets. Quand 73 % des jeunes s’abstiennent aux élections européennes de mai 2014, ce n’est pas seulement le signe d’un rejet passager du monde politique mais bien la démonstration qu’une génération entière ancre son rapport au politique dans l’abstention. Il ne s’agit plus de colère ou de révolte mais bien d’un rejet désabusé de politiques dont on ne perçoit ni l’impact sur un quotidien toujours plus précaire, ni ce qui les différencie de celles menées par l’adversaire.
ou encore le grand nombre d’associations dirigées par des jeunes. Trop de politiques sont conduites au nom des jeunes mais sans leur consultation. C’est le cas de la réduction de la dette, menée à coup de réductions drastiques des dépenses publiques qui pénalisent d’abord les jeunes. Ils sont par contre plus sensibles au réchauffement climatique ou à l’égalité, qui ne font pas l’objet du même volontarisme politique. Il appartient aux partis politiques et aux institutions de démontrer leur pertinence, leur utilité et leur capacité à porter un projet de société qui crée de l’adhésion chez les jeunes et la société toute entière.
Transformer la démocratie Les jeunes se détournent des urnes et, les digues morales qui portaient préjudice à l’extrême droite, s’estompent. Ces deux phénomènes profitent au parti Lepéniste qui attire dans ses rangs de plus en plus de jeunes. Si du point de vue des valeurs ce sont les plus âgés qui sont sensibles aux discours de l’extrême droite, c’est chez les 18-35 ans que le parti de Marine Le Pen réalise sa percée la plus spectaculaire en termes d’adhésions et de scores aux élections. Le FN sait jouer de cette situation, prétendant se faire le porte-voix d’une jeunesse oubliée, de ses angoisses et de sa peur du déclassement et de la déception liée aux renoncements de la gauche au pouvoir. Ils avaient pourtant très majoritairement voté pour François Hollande en 2012.
L’indifférence aux formes classiques de l’exercice du pouvoir est la manifestation d’un choix politique, au même titre que l’expression d’un vote. Le pouvoir d’agir sur le réel prêté au bulletin de vote est déterminant pour expliquer la faible participation électorale des jeunes.
À l’Assemblée Nationale comme au Sénat, les benjamins sont des élus Front national. Lors des élections municipales, les listes FN comptaient beaucoup de jeunes candidats. La gauche, et particulièrement les socialistes ne peuvent laisser à l’extrême droite le monopole du renouvellement.
Les jeunes sont loin d’être insensibles ou indifférents à l’actualité politique et sociale. En témoignent les nombreux mouvements sociaux auxquels participent régulièrement de manière importante lycéens et étudiants
Le renouvellement est possible, à condition que le Parti socialiste en fasse une priorité, et de transformer en conséquence institutions et pratiques politiques. Il apparaît dès lors indispensable de limiter les mandats dans le 34
temps, c’est à dire à l’impossibilité d’en exercer deux consécutivement, d’imposer le mandat unique des parlementaires et de créer un vrai statut de l’élu.
institutions démocratiques de s’adapter à ces outils afin d’en faire des facteurs de démocratie et de participation citoyenne.
Valoriser l’engagement
Depuis mars 2010, près de 65 000 jeunes se sont engagés dans une association ou une collectivité territoriale. Ce nombre doit pouvoir augmenter tout en permettant aux jeunes en question d’envisager l’avenir sereinement.
Si les jeunes boudent le vote, ils ne délaissent Défiance et rejet se nourrissent du sentiment pas pour autant l’engagement. L’engagement parfois justifié que les politiques conduites par pour les associations en France est réel, la gauche et la droite sont similaires. L’idée que leur nombre ne cesse de croître chaque le Front national serait la seule alternative face à année. L’engagement est le plus fort dans une politique unique s’implante farouchement les domaines du sport, de la culture ou des dans les esprits. Les affaires loisirs (25 % des 16-24 ans). Seuls qui touchent la gauche au «L’une des principales 3 % des jeunes sont engagés pouvoir ne font que renforcer dans des associations de défense le sentiment du « tous pourris réponses à l’extrême des droits ou des syndicats. Ces droite réside donc données illustrent le fait que la ». Quand la gauche emprunte d’abord dans la à la droite son vocabulaire crise de défiance touche bien le économique, ses propos sur les politique dans sa forme classique capacité de la Roms, ou qu’elle s’écarte de ses gauche à apporter et non l’engagement en luifondamentaux dans ses choix même. L’espace associatif est un des réponses politiques comme sur le travail lieu où les jeunes peuvent exercer radicalement du dimanche ou le contrôle librement leur citoyenneté et des chômeurs et qu’elle ne différentes de celles mettre en pratique les valeurs de de la droite. » parvient pas à inverser la courbe respect, d’égalité et de solidarité du chômage, il est plus difficile auxquelles ils sont solidement d’expliquer que la politique est autre chose attachés. 85 % des jeunes font confiance aux qu’une de gestion comptable de la collectivité. associations pour que la société évolue dans le sens du progrès (source INJEP, Atlas des L’une des principales réponses à l’extrême jeunes en France). droite réside donc d’abord dans la capacité de la gauche à apporter des réponses Il est donc indispensable de donner aux radicalement différentes de celles de la droite. associations les moyens de poursuivre Les réponses technocratiques qui confondent et d’amplifier leurs actions en les faisant les fins et les moyens de l’action politique davantage bénéficier des emplois d’avenir, et le constitutionnalisme économique en augmentant leurs subventions ce qui réduisent le champ d’action du politique. implique de renoncer à la baisse des dotations Trop de renoncements face aux lobbies et aux collectivités, en prenant en charge la une organisation oligarchique du pouvoir formation des bénévoles et en permettant à renforcent ce sentiment d’impuissance du chaque individu qui le souhaite de consacrer citoyen. Les Jeunes Socialistes proposent une année de sa vie à l’engagement associatif. de redonner du pouvoir aux citoyens par Il serait injuste et dramatique socialement des assemblées citoyennes accessibles à et démocratiquement que les associations tous pour construire les projets de la gauche culturelles, sportives, d’insertion ou de aux élections, et d’ouvrir au maximum les solidarités soient les premières victimes des réflexions de la famille socialiste à la société baisses de dotations des collectivités. en mouvement. Trop de jeunes désireux de s’engager s’en Mais c’est avant tout en menant une politique trouvent empêchés. Il est indispensable de fidèle à ses valeurs, en conformité avec ses garantir un accès à tous les jeunes qui le engagements électoraux et en incarnant une souhaitent, y compris les plus en difficulté ou vision de société tournée vers l’avenir que les plus précaires, au service civique, qui ne peut se renouer le lien de confiance entre la doit pas être utilisé comme un emploi déguisé gauche et les millions de jeunes qui ont fait sa mais bien comme un espace d’engagement victoire en Mai 2012. temporaire au service de l’intérêt général.
Avec le développement des réseaux sociaux et un échange des informations toujours plus rapide, l’engagement a changé de nature. Il est essentiel pour les formations politiques et les
S’engager dans une association apporte 35
une richesse de savoirs et d’expériences considérable, qui méritent d’être prise en compte dans le parcours des jeunes en formation et des lycéens. Une démocratie vivante a besoin de mouvements associatifs, syndicaux et politiques vivants et indépendants. L’autonomie des organisations politiques de jeunesse est un atout pour assurer une véritable communication entre les jeunes et le monde politique. Elle leur assure également la possibilité de formuler des propositions indépendantes, propres à ouvrir la voie à la transformation de la société et au renouvellement des partis. L’autonomie peut être renforcée et garantie grâce à un financement, assuré par l’État, des organisations de jeunesse dirigées par des jeunes, sur le modèle Suédois où les associations de jeunesse possèdent de plus une loterie nationale qui leur assurent des revenus conséquents. La participation des jeunes est indispensable au bon fonctionnement démocratique, elle doit être renforcée à tous les échelons. La démocratie, c’est d’abord le pouvoir d’agir sur le quotidien. Il faut donner aux jeunes toute leur place dans les choix locaux et nationaux à travers une clause d’impact jeunesse afin d’évaluer les lois qui touchent les jeunes, évaluation qui peut être effectuée par le Forum Français de la Jeunesse. La participation électorale sera simplifiée par la possibilité de s’inscrire sur les listes électorales jusqu’à la veille des scrutins et l’amplification de l’information électorale. Nous voulons que le droit de vote des étrangers soit une réalité avant la fin de la mandature. Trop de jeunes sont encore écartés de notre démocratie malgré leur participation active à
la vie citoyenne.
Transformer les institutions La crise de défiance porte aussi sur la structure de notre régime politique, présidentialiste et inadapté à une démocratie délibérative moderne. C’est par un passage à une sixième République , qui réaffirme les droits fondamentaux, parlementaire, primo ministérielle et participative que nous pourrons redonner confiance dans les institutions démocratiques. Les Jeunes Socialistes veulent la mise en place d’une dose de proportionnelle aux élections législatives pour permettre une meilleure représentation électorale, la fin de l’élection du Président de la République au suffrage universel direct et de son pouvoir de dissolution, la responsabilité accrue du gouvernement et du Premier ministre devant l’Assemblée nationale et des pouvoirs renforcés pour l’exercice de contrôle parlementaire ainsi que le non-cumul dans le temps. La démocratie participative passera par la mise en place du référendum d’initiative populaire et du référendum révocatoire rationalisé. L’inéligibilité à vie des élus condamnés pour corruption, fraude fiscale, détournement de fond et abus de biens sociaux permettrait de redonner confiance dans nos représentants et leur intégrité. Il est enfin indispensable de renforcer le contrôle démocratique exercé par les citoyens et le Parlement pour assurer une plus grande transparence sur les financements des partis politiques, sur les conflits d’intérêt et le poids des lobbies. C’est à ce prix que le monde politique peut retrouver pleinement la confiance des jeunes, qui attendent de leurs représentants une exemplarité à toute épreuve.