Contribution Priorité Jeunesse

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Introduction p. 3 EMPLOI p. 5 « Quand on veut trouver, on peut ! » AUTONOMIE p. 8 « Les jeunes ont la belle vie » SANTÉ p. 11 « Ne te plains pas, tu es en bonne santé. »

ÉDUCATION p. 14 « On ne t’apprend plus rien à l’école. » ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR p. 17 « A la fac, on donne un diplôme à n’importe qui. » EUROPE p. 20 « Les Jeunes ne comprennent pas pourquoi l’Europe c’est important » ÉGALITÉ DES TERRITOIRES p. 23 « Dis moi où tu vis, je te dirai ce que tu vaux. » DISCRIMINATIONS p. 26 « Quand on veut on peut. » NUMÉRIQUE p. 29 « Arrête de faire le geek. » DÉMOCRATIE p. 32 « Les jeunes ne s’engagent plus ou votent FN. »

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INTRODUCTION

« Je ne veux être jugé que sur un seul objectif : est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012 ? » Ces mots prononcés par François Hollande au Bourget le 22 janvier 2012 résonnent encore dans les oreilles de centaines de militants et de millions de jeunes qui ont alors espéré que leur vote pour François Hollande améliorerait leur vie quotidienne et leur destin collectif. Le 6 mai 2012, les jeunes ont majoritairement voté pour la gauche, permettant à François Hollande de devenir Président de la République après dix années de gouvernements de droite. Pour la première fois, notre génération a connu l’espoir de lendemains meilleurs. La gauche au pouvoir a fait de la jeunesse sa Priorité avec la mise en œuvre des emplois d’avenir, la Garantie jeunes, l’encadrement des stages, l’augmentation des bourses étudiantes, le remboursement à 100% de la contraception pour les mineures, la refonte des rythmes scolaires, la création de 60 000 postes dans l’Education nationale et l’enseignement de l’égalité entre les filles et les garçons. Dans le même temps, si l’emploi des jeunes a connu une légère amélioration grâce à cette politique volontariste, de nombreux espoirs ont été déçus. Deux ans plus tard les jeunes se sont massivement abstenus lors des élections municipales et européennes. La défiance de notre génération n’a jamais été aussi grande vis-à-vis de la politique. A mi-mandat, nous voulons faire un bilan et dresser des perspectives.

Transformer la vie des jeunes Jeunes urbains ou ruraux, de métropole ou d’outremers, diplômés ou non, nous subissons plus que les autres classes d’âge les difficultés économiques et sociales. La crainte de devenir une génération sacrifiée s’affirme au moment où trois quart des 18/25 ans ont la conviction

que leur vie ne sera pas meilleure que celle de leurs parents. Pourtant, notre génération est la plus qualifiée de l’Histoire, elle est engagée, mobile, créative, connectée au monde entier. Au delà des craintes et des angoisses qui pèsent sur eux, les jeunes sont optimistes et volontaires. Des orientations budgétaires prises souvent en notre nom « pour ne pas faire peser la dette sur les générations qui viennent », sont porteuses de plus de risques que d’espoirs. En 2014, on parle davantage de niveaux de déficits que de transition énergétique ou de création d’emplois Quand 23% des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté, la baisse de 50 milliards d’Euros des dépenses publiques et des baisses d’impôts mal ciblées risquent d’aggraver leur situation plus que de l’améliorer. A travers les taux et les courbes, on peine à voir se dessiner un projet de société qui était pourtant bien là en 2012. Après les années Sarkozy, l’attente était forte de voir changer le discours sur les habitants des quartiers populaires, de passer des paroles aux actes pour lutter contre les discriminations et de remettre la République au centre de l’action de l ‘Etat. Nombre d’espoirs ont été déçus. La différence avec les périodes précédentes se situe dans ce paradoxe : face aux inégalités, au chômage de masse, au dérèglement climatique, aux discriminations, il y a l’impuissance, le sentiment que la couleur du bulletin de vote ne changera de toute façon rien de tout cela. La France est, parmi les pays riches, l’un de ceux où la reproduction sociale est la plus forte. C’est pour mettre fin aux injustices, à la toute puissance de la finance, pour transformer la société socialement et écologiquement que la gauche a été élue. La Priorité jeunesse, souvent présente dans les discours, ne peut se limiter au service civique, à l’apprentissage ou au numérique à l’école. Une nouvelle étape ambitieuse doit être engagée 3


pour permettre aux jeunes d’accéder enfin à l’autonomie à laquelle ils aspirent.

De la réussite de la Priorité Jeunesse dépend la réussite du quinquennat La gauche n’a jamais gagné une élection présidentielle sans la participation massive des jeunes. Sans leurs votes, ni François Mitterrand en 1981, ni François Hollande en 2012 n’auraient été élus. Les socialistes ne pourront réussir sans incarner auprès des jeunes une politique radicalement différente de celle de leurs adversaires, de transformation sociale, démocratique et écologique, qui élargit le champ des possibles et nous extirpe de l’hégémonie culturelle de la droite. La progression du Front national chez les jeunes ébranle nos convictions et met en péril notre famille politique. L’extrême-droite attire à elle de nombreux jeunes en se nourrissant de la désillusion, du désenchantement et du

sentiment que tout se décide ailleurs, loin de nous, dans des bureaux de technocrates à Bruxelles, au dernier étage des gratte-ciels des multinationales ou dans la connivence d’une oligarchie qui domine au sommet de l’échelle. C’est parce que nous refusons de renoncer à faire réussir la gauche au pouvoir que les Jeunes Socialistes apportent leur contribution aux Etats généraux des socialistes, convaincus qu’il n’est pas trop tard pour retrouver la confiance des jeunes, cela nécessite de l’ambition et la compréhension des réalités vécues par les jeunes, loin des préjugés dont ils font l’objet. Les Jeunes Socialistes portent un diagnostic concret et sérieux, pour proposer une nouvelle étape de la Priorité jeunesse, pour les deux années qui viennent, mais aussi pour tracer la perspective d’une action politique qui change dans la durée et pour longtemps la vie de jeunes en transformant la société.

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EMPLOI « Quand on veut trouver, on peut ! »

Yacine a 28 ans, il en est à son huitième mois de chômage après avoir perdu son job dans une petite entreprise de vente en ligne. Il était content de l’avoir trouvé ce boulot, ce n’était pas super bien payé mais ça le changeait d’avant. Car avant, il enchainait les contrats courts dans les fast-food ou des boulots d’intérim dans les administrations. Malgré son master, il a l’impression de repartir de zéro : il n’a toujours pas d’emploi stable et a dû revenir vivre chez ses parents, dans sa chambre d’adolescent. Yacine fatigue par moments, il culpabilise de devoir encore vivre chez ses parents et en a marre d’espérer à chaque coup de fil que ce soit un employeur intéressé par sa candidature. Ce matin là, son père, un peu lassé par cette cohabitation imposée, le prend à partie au petit déjeuner : « Il va falloir te bouger mon garçon ! Quand j’ai rencontré ta mère, je venais de commencer à l’usine, je portais les cartons. A force de volonté et de travail, j’ai gravi un à un les échelons. Faut en vouloir pour s’en sortir, « faut se lever tôt » comme disait Sarkozy. Tu ne veux quand même pas finir assisté comme tes glandeurs de cousins ? ».

Aujourd’hui, 23% des jeunes sont au chômage. Le schéma traditionnel où se succèdent rapidement « école, emploi stable, logement, fondation d’un ménage » s’est effondré. La fin de l’augmentation annuelle des salaires et l’augmentation du taux de chômage se sont opérées au détriment des nouveaux entrants sur le marché du travail. L’écart de salaire entre les moins de trente ans et les plus de cinquante ans s’est sensiblement accru malgré la hausse massive du niveau de qualification et d’une maîtrise des nouvelles technologies. Les jeunes générations subissent un déclassement progressif en entrant tardivement sur le marché du travail, couplé avec une baisse des niveaux relatifs de rémunération. Du fait de la crise économique, la situation des jeunes s’est encore dégradée. Le déclassement

s’est accentué à mesure que le chômage des non-diplômés a augmenté. En 2014, l’âge du premier emploi stable est en moyenne de 28 ans et 55% des 15-29 ans occupent un emploi précaire. Des périodes prolongées d’insertion, alternance d’emplois faiblement rémunérés et d’épisodes de chômage, réduisent la confiance en soi. Elles affaiblissent durablement les perspectives salariales, sociales et professionnelles. L’« effet cicatrice » menace maintenant la génération des 15-30 ans.

Travailler moins pour travailler mieux et tous Les jeunes ne sont pas plus au chômage parce qu’ils seraient moins formés ou moins capables. Ils subissent simplement les premiers la dégradation du marché du travail depuis les années 1980 avec une forte accentuation ces dernières années. Il ne saurait donc y avoir de réponse spécifique à l’emploi des jeunes sans une politique globale de l’emploi. La répartition actuelle du temps de travail se fait au profit des uns, en CDI à taux plein avec parfois des heures supplémentaires, et au détriment des autres, cantonnés aux stages précaires, aux alternances entre CDD à temps partiel et phases de chômage. Cette répartition du travail est une réalité subie. Des choix politiques peuvent modifier cet équilibre insatisfaisant pour faire le choix d’une meilleure répartition des richesses et d’une société du temps libéré. Au regard de l’exemple de la période 19972002, la gauche ne peut réussir à faire reculer le chômage que si elle porte fièrement et intelligemment l’option d’une meilleure répartition du temps de travail. Dans ce sens, il est urgent d’engager une nouvelle répartition du temps de travail, par la question des 32h hebdomadaires, la possibilité de prendre un congé sabbatique d’un an, la sixième semaine de congés payés, ou encore le refus de tout allongement de la durée de cotisation, aberrants au regard du taux de chômage des jeunes. 5


Investir dans une économie de la transition énergétique riche en emplois La société fait aujourd’hui face à de nouveaux enjeux. Ceux-ci constituent une formidable opportunité pour créer de nouveaux métiers dans un modèle de développement à la fois écologiquement et socialement soutenable. Les emplois d’avenir depuis 2012 ont montré leur efficacité. Les Jeunes Socialistes souhaitent aller plus loin en créant 150 000 emplois « verts d’avenir » d’ici fin 2015 comme le proposait le Parti socialiste pour relancer l’économie française et améliorer la situation des jeunes éloignés de l’emploi. Ils devront être fléchés sur les besoins nouveaux de la conversion écologique de notre économie : bi-rénovation thermique, ecoconstruction, réseaux intelligents, énergies renouvelables, éducation aux gestes propres et économes. D’une durée minimale de deux ans, ceux-ci devront inclure un temps de formation minimal de six mois afin de former rapidement des salariés à ces filières d’avenir. Cet investissement dans la formation et l’emploi contribuera à la réduction du coût des énergies renouvelables et créera des emplois non délocalisables et bénéficiant à tous. Les filières d’avenir (agronomies, ingénieur pour les énergies renouvelables) devront être favorisées dans les filières scientifiques du supérieur et dès le lycée le prisme de la transition énergétique devra irriguer toutes les sciences naturelles enseignées afin de former les travailleurs du futur.

des aides publiques. Cette loi contient aussi la sécurisation des parcours des jeunes en formation et le soutien au développement de la diversité des cultures. Il faut aujourd’hui la compléter par une augmentation des aides au développement des petites installations pratiquant l’agriculture biologique afin d’en réduire les coûts de production et les prix de vente. Dans le même temps, les leviers publics doivent être mobilisés pour favoriser le développement des circuits courts, par le recours à des marchés publics ou par des aides directes.

Valoriser les formations professionnelles Si la politique d’emploi doit être globale, les jeunes subissent aussi des contraintes spécifiques qui nécessitent des dispositifs de soutien à leur autonomie. Trouver un emploi est devenu un vrai parcours du combattant, très inégalitaire, auquel font face les jeunes non-diplômés, souvent issus de quartiers populaires, et dont les parents possèdent peu de réseaux professionnels. L’apprentissage peut constituer une chance d’insertion puisqu’il conjugue formation professionnelle, revenu et protection sociale. Toutefois, il ne peut s’agir d’une réponse miracle car il est dépendant des financements qui lui sont alloués, des carnets de commande des entreprises, et qu’il ne bénéficie pas dans les faits aux plus défavorisés. Les Jeunes Socialistes proposent l’harmonisation des rémunérations de tous les contrats de formation professionnelle, aujourd’hui particulièrement inégales.

De même, le développement d’une agriculture locale, raisonnée et durable est un choix alimentaire et sanitaire. Soutenir l’agriculture paysanne au lieu de l’agriculture intensive, c’est faire le choix d’une production agricole écologique et riche en emploi et d’un développement équilibré de tous les territoires. Nous sommes opposés au modèle agroalimentaire actuel dominé par la grande distribution, largement subventionnée par divers crédits d’impôts et exonérations de cotisations.

La formation professionnelle ne saurait être perçue comme la voie de garage du secondaire. Cela passe par un meilleur équilibre des filières au lycée et par l’objectif d’acquisition par toute une génération du socle commun de connaissances et de compétences. La création de campus des métiers favorisera la logique de filières technologiques et industrielles d’avenir en incitant les bacheliers professionnels et technologiques à poursuivre leur formation dans le supérieur professionnel.

Avec la loi d’avenir agricole de 2014, l’aide à l’installation et à l’accès au foncier a été grandement facilitée. Les structures collectives, à travers les groupes d’intérêts économiques et environnementaux, sont aujourd’hui davantage soutenues grâce à une majoration

Il est nécessaire de conditionner les aides publiques destinées aux entreprises à leur implication dans la formation professionnelle des jeunes. Alors qu’elles sont les principales bénéficiaires du CICE, les entreprises de plus de 200 salariés n’accueillent que 7% des apprentis,

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essentiellement issus du supérieur. Le CICE doit donc être conditionné à la politique d’accueil d’apprentis issus du secondaire ou de formations professionnelles, à l’emploi des jeunes de moins de 29 ans en CDI. Les Jeunes Socialistes demandent aussi une nouvelle surtaxation des contrats précaires.

présente dans l’économie circulaire et les circuits-courts, dans la transition énergétique, dans l’économie collaborative, dans l’aide à la personne. Elle est aussi au cœur du maillage social de nos villes et de nos campagnes lorsqu’elle crée des emplois au plus près des territoires en coopération avec les collectivités.

Après une première étape encourageante sur l’encadrement des stages et la hausse des gratifications, les Jeunes Socialistes attendent la réduction du délai donnant droit à une gratification à un mois alors qu’il est de deux mois actuellement et la progressivité de celleci en fonction du niveau d’études.

Pour développer davantage l’Economie Sociale et Solidaire, il faut lui permettre d’accéder aux avantages que l’Etat accorde aux entreprises du secteur dit « traditionnel ». Les Jeunes Socialistes souhaitent donc que les entreprises de l’ESS puissent toucher le CICE dès 2014. Nous souhaitons sa conditionnalité à l’emploi et la formation de jeunes, nous voulons que le CICE soit conditionné à la recherche, l’innovation, l’utilité sociale et écologique des entreprises.

Développer l’économie réelle L’effort de soutien aux entreprises qui innovent et créent de l’emploi doit être bien supérieur aux mesures favorisant celles qui délocalisent et accroissent leurs dividendes. L’Economie Sociale et Solidaire (ESS), faisant du salarié un acteur de son entreprise est une réponse aux présupposés libéraux. Avec 2,4 millions de salariés, soit 1 emploi privé sur 8, 10% de création de la richesse du pays, et 23% d’emplois nouveaux dans l’ESS ces 10 dernières années contre 7% dans l’économie traditionnelle, l’ESS est un secteur économique qui résiste plus fortement que les autres à la crise, et qui est en dynamique.

Comme les autres catégories d’âge, l’insertion des plus jeunes dépend essentiellement d’orientations économiques générales prises par le gouvernement et les entreprises. Les jeunes Français sont parmi les plus créateurs d’entreprises, notamment dans le secteur de l’ESS. Si des efforts peuvent être faits en matière de revalorisation de la formation professionnelle ou de reconnaissance des engagements et initiatives des 16-30 ans, l’accès à l’emploi des jeunes est bien plus affaires de contexte économique et de stratégie industrielle que de motivation ou de mérite individuel.

L’Economie Sociale et Solidaire répond aux enjeux d’avenir pour une économie riche en emplois et faible en carbone. Elle est déjà

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AUTONOMIE « Les jeunes ont la belle vie »

Jean est un jeune étudiant en économie. Pour faire ses études il a dû partir à 200 km de sa ville d’origine. Une des premières difficultés de Jean a été de trouver un logement, heureusement que ses parents se sont portés garants pour son appartement. Il n’a pas droit aux bourses, ce sont donc ses parents qui l’aident financièrement : ils lui paient ses études, une partie de son loyer, ses trajets, ses soins mais aussi certains de ses loisirs.

entendre que le profiteur serait le bénéficiaire du chômage, du RSA ou de la CMU.

L’été Jean travaille dans les champs, ça lui permet d’avoir quelques revenus. Ça ne lui suffit pourtant pas à vivre toute l’année scolaire et il fait trop d’heures de cours pour pouvoir travailler à côté. Jean se sent souvent coupable de demander de l’aide à ses parents. Il rêverait d’avoir ses propres revenus afin de gérer son budget et surtout d’assumer ses propres choix. Il se dispute souvent avec sa mère qui lui reproche certaines de ses dépenses.

Puisque le temps de la jeunesse recouvre des réalités différentes, les Jeunes Socialistes défendent l’idée d’un parcours d’autonomie protégeant tous les jeunes de moins de 25 ans, incluant un revenu, qu’ils soient en études supérieures, en recherche de formation ou d’emploi.

Comme dans le reste de la société, il existe des inégalités entre jeunes. Mais étudiants, jeunes salariés, jeunes en formation professionnelle, chômeurs ou jeunes éloignés de l’emploi et de la formation, font tous face à une même problématique : la conquête de leur autonomie, c’est à dire la capacité à faire face à leurs besoins. Depuis le début de la crise économique, les conditions de vie des jeunes se sont dégradées : ils figurent parmi les plus pessimistes au monde, se qualifiant fréquemment de génération « sacrifiée » ou « oubliée » comme nous le révèle l’enquête « Génération quoi ? » en 2014. Selon l’INJEP, 23% des jeunes étaient pauvres en 2010, quand 17% d’entre eux l’étaient en 2004. Ils constituent de ce fait la tranche d’âge la plus pauvre de notre pays, situation inverse de 1945 où ils étaient le fer de lance de la reconstruction du pays. Porter la question de l’autonomie de la jeunesse, c’est avant tout rompre avec le mythe de l’assistanat propagé par la droite. Nous ne croyons pas que la stigmatisation des demandeurs d’aides améliorera le sort des Français. La gauche au pouvoir ne peut pas, dans les mots comme dans les actes, laisser

Les Jeunes Socialistes croient que la politique peut faciliter la vie des jeunes générations et leur accès à l’autonomie à travers la solidarité. La priorité donnée à la jeunesse doit permettre l’émergence d’un parcours d’autonomie, adapté à chacun et universalisant la réussite.

Le parcours d’autonomie Depuis 2012, la gauche au pouvoir a augmenté de plus de 300 millions d’Euros les bourses étudiantes, et a aussi créé deux échelons permettant ainsi à 130 000 étudiants d’accéder à la bourse, et à ceux dont les parents sont les plus démunis d’avoir 750 euros.. Dans un système d’enseignement secondaire et supérieur qui creuse les inégalités plus qu’il ne les résorbe, ces hausses constituent un pas vers l’égalité. C’est d’autant plus nécessaire à l’heure où un jeune en formation sur deux est contraint de se salarier, avec pour conséquence bien souvent l’échec dans les études. Toutefois, en 2014, seul un tiers des étudiants touche une aide sociale. Les bourses distribuées sont insuffisantes pour subvenir à ces besoins puisque le montant maximal est bien inférieur au seuil de pauvreté. De plus, bien qu’ils vivent la précarité au quotidien, beaucoup de jeunes renoncent à se soigner, ne peuvent se loger dignement ou manger correctement et ne sont pas suffisamment aidés par notre système de solidarité. notre système laisse de nombreux jeunes à la limite des critères, bien qu’ils vivent souvent la précarité au quotidien, renoncent à se soigner, ne peuvent se loger dignement ou manger correctement.

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Aujourd’hui le système des aides est injuste et non progressif. On peut le schématiser par une «courbe en U». L’Etat finance autant les exonérations fiscales des familles les plus riches que les bourses des enfants des familles les plus pauvres, oubliant ainsi ceux qui ne se retrouvent pas dans l’une des deux situations. Les Jeunes Socialistes proposent donc de sortir de la familiarisation des aides sociales et de verser à chaque jeune en formation une allocation d’autonomie universelle et individualisée en fonction de ses ressources propres. Ce système est plus juste et beaucoup plus efficace. Conformément à l’engagement 39 du Président de la République, la généralisation d’une allocation d’autonomie permettrait de lutter contre la reproduction sociale et de démocratiser l’enseignement supérieur. Son montant permettant aux jeunes de vivre dignement pour étudier sereinement. Il ne s’agit pas d’une dépense mais d’un investissement : c’est la condition pour atteindre 50% d’une classe d’âge au niveau licence, pour augmenter améliorer la qualification d’une génération et pour permettre à tous les jeunes de poursuivre des études quel que soit leur milieu social. Pour assurer son financement, tous les moyens existants peuvent être mis à contribution (demi-part fiscale pour les jeunes majeurs, système de bourses actuel, APL) et certaines ressources devront être dégagées, en réformant par exemple les droits de succession ou en taxant le patrimoine. Alors que la France compte plus de 5 millions de chômeurs, cette allocation permettrait de libérer des milliers d’emplois aujourd’hui occupés par des étudiants. Pour les jeunes en insertion, il doit être également proposé de prolonger l’allocation d’autonomie et d’insertion pour une période de 12 mois afin de les soutenir dans leur recherche d’emploi. Cette allocation est nécessaire pour les frais qu’exige une recherche d’emploi (transport, CV, entretiens d’embauche…), et serait couplée avec un dispositif d’aides assuré par les services de l’Etat, des collectivités et de Pôle Emploi. L’allocation concernera tous les jeunes de plus de 18 ans en formation.

Etendre la garantie jeunes pour faciliter l’insertion professionnelle Une solution pour chaque jeune, qui assure un

revenu qui ne peut être inférieur au RSA, voilà l’objectif des Jeunes Socialistes. En 2010, l’INSEE estimait que 13,1% des 1625 ans n’étaient ni en formation, ni en emploi et que 150 000 jeunes sortaient du système éducatif sans qualification chaque année. Le soutien à l’autonomie ne peut donc pas concerner que les étudiants. Les jeunes exclus du système éducatif ont besoin d’être aidés dans leur recherche d’emploi ou de bénéficier d’une formation. Le dispositif « garantie jeunes » permet à un jeune en grande difficulté de signer un contrat d’un an, renouvelable, avec le service public de l’emploi (Pôle Emploi, mission locale) afin de l’accompagner activement dans la recherche d’une formation ou d’un emploi. La rémunération est à hauteur du RSA. Ce dispositif efficace garantit un fort accompagnement des jeunes par les Missions locales, qui ont besoin d’une augmentation de leurs moyens et une rémunération qui permette de vivre dignement le temps de sa recherche de formation ou d’emploi. Les Jeunes Socialistes, qui soutenaient déjà le dispositif « rebonds » souhaitent que la garantie jeunes soit généralisée et que les missions locales et les associations d’aide à l’insertion voient leurs moyens augmentés pour pouvoir repérer et suivre des jeunes bénéficiaires et les aider dans leur reprise de formation ou de recherche d’emploi. De plus, l’âge du premier CDI étant de 27 ans, il faut que le seuil de suivi des jeunes passe de 25 ans actuellement à 30 ans.

Faire rentrer les jeunes dans le droit commun Pour faire des jeunes des citoyens comme les autres, il faut en finir avec la distinction entre majorité civile (âge auquel on a le droit de vote) et majorité sociale (âge à partir duquel on a accès à la politique sociale). Lorsque l’on commence à travailler, on doit avoir les mêmes droits que les autres salariés. Comment justifier qu’à 20 ans, on puisse mourir sur un théâtre d’opérations militaires au Mali mais pas toucher le RSA ? Les jeunes de moins de 25 ans doivent avoir travaillé deux ans sur les trois dernières années pour être éligibles au RSA activité, situation rarissime. Les Jeunes Socialistes souhaitent donc faire correspondre la majorité civile avec la majorité sociale et ouvrir le RSA aux chômeurs en fin de droits de moins de 25 ans, sachant que les jeunes durablement éloignés de l’emploi seront

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accompagnés grâce à la garantie jeunes. Le rapprochement entre le RSA-activité, auquel les moins de 25 ans ne sont pas éligibles, et la Prime pour l’emploi (PPE) est indispensable. Il simplifiera l’accès à cette aide, fera diminuer le non-recours, et permettra à 300 000 jeunes d’en bénéficier. Un effort budgétaire devra être apporté afin de maintenir le même niveau de prestation avec un public élargi.

Favoriser le recours aux droits par une meilleure lisibilité des politiques jeunesse La précarité des jeunes est accentuée par le flou entourant les politiques jeunesse. Alors que des réponses précises sur les possibilités d’emplois ou de formation sont attendues, les jeunes se perdent dans des dédales administratifs les plus incompréhensibles. Cela provoque un rejet durable des institutions chargées pourtant de la politique sociale, et réduit les chances des jeunes en situation de précarité de rebondir. Il est urgent de clarifier et de simplifier un système de politiques jeunesse complexe. Les Jeunes Socialistes souhaitent que les missions locales deviennent un « réseau unique d’information » pour les jeunes en recherche d’emploi ou de formation. Celles-ci pourraient les orienter vers les bons interlocuteurs (logement, santé, emploi, protection sociale, etc.) et les aider à remplir les documents administratifs. Cela permettra aussi de sortir de la logique de concurrence actuelle entre acteurs tels que

les missions locales, les agences du service civique, le CRIJ ou Pôle emploi. L’objectif d’insertion ou de formation est aujourd’hui limité par l’absence de coopération entre eux. La simplification des formulaires et des démarches permise par une meilleure coopération entre les aidants facilitera l’autonomie des jeunes. Nous souhaitons également que soit mis en place dans les collectivités territoriales des conseils permanents de la jeunesse rassemblant tous les acteurs notamment dans les régions, avec pour objectif de lisser l’ensemble des dispositifs auxquels les jeunes ont accès. Les Jeunes Socialistes veulent attirer l’attention sur la rupture avec la double logique de la solidarité à la française, entre les âges et entre les milieux sociaux, que pose le manque de moyens apportés aux politiques jeunesse. Si rien n’est fait pour changer cette situation, le non-recours et le non-accès aux droits posera à terme des problèmes en termes de cohésion intergénérationnelle et de solidarité au moment où il faudra financer la hausse du nombre de pensions de retraite. Enfin, la dernière réforme des retraites a permis la possibilité aux jeunes de racheter leurs années d’études. Pour permettre une véritable reconnaissance des étudiants et encourager les jeunes à poursuivre leurs études pour s’émanciper et acquérir une expérience personnelle et professionnelle, les Jeunes Socialistes proposent la prise en compte des années d’études, d’apprentissage et d’alternance dans le calcul de la retraite. Nous voulons qu’une année d’étude, d’alternance ou d’apprentissage représente un trimestre de

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SANTÉ « Ne te plains pas, tu es en bonne santé. »

Lucie est étudiante et vient d’avoir 21 ans. Elle a été très enrhumée au début du mois, mais elle n’a pas pu aller chez le médecin. Elle n’avait pas les moyens de payer la consultation. Il lui restait des médicaments de sa dernière angine, elle s’est dit que ça conviendrait. Comme 1/3 des jeunes, Lucie a renoncé à se soigner faute de moyens. Sauf que son rhume a empiré et s’est transformé en infection pulmonaire. Lucie attend donc dans la salle d’attente des urgences, car cette nuit comme depuis 3 nuits elle est réveillée par des quintes de toux insupportables. Son passage aux urgences rappelle à Lucie qu’elle n’est pas allée chez le gynécologue depuis 2 ans et qu’il serait urgent qu’elle change de contraception. Sauf que la dernière fois elle a du débourser 80 €, depuis elle repousse le moment où elle devra s’y rendre. La France et son modèle de santé se caractérisent par une profonde ambivalence. Si au début des années 2000, la qualité du système de soins plaçait la France en première place du classement de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la libéralisation opérée par la droite pendant dix ans a accru les inégalités. Aujourd’hui, la France est le pays d’Europe de l’ouest où les inégalités de santé et les inégalités devant la mort sont les plus importantes. La santé n’est pas seulement le domaine où s’illustrent les inégalités sociales, elle est aussi celui où elles s’amplifient. Ne pas être en bonne santé, notamment dentaire ou visuelle, peut être un frein à l’emploi ou la scolarité, tout comme la précarité est un obstacle à une bonne prise en charge médicale. C’est un cercle vicieux. Les jeunes, parce qu’ils sont plus précaires et plus fragiles, sont plus durement touchés par les inégalités face à la santé. L’amélioration de la santé des jeunes passe par une stratégie globale de soin et de prévention des risques. Le système de soin ne compte aujourd’hui que pour 20% dans la santé des individus. Le cadre de vie, les habitudes culturelles et les conditions de

travail contribuent pour beaucoup à l’Etat de santé de l’individu. La tendance des politiques françaises à n’aborder la question de santé que sous l’angle de l’accès aux soins ignore le conditionnement culturel et la place prépondérante que pourraient prendre des politiques de prévention. C’est aussi à notre génération que doivent s’adresser ces politiques de santé et de prévention spécifiques. Aujourd’hui, la prévention représente seulement 1% du budget des Agences Régionales de Santé. Pendant dix ans, la libéralisation opérée par la droite a accru la dichotomie entre les cliniques privées disposant d’importants moyens pour ceux capables de payer, et l’hôpital public qui accueille tous les usagers. Les réformes imposées à l’hôpital et à l’ensemble du système de soin l’ont donc fait entrer dans une dangereuse logique de marchandisation et de profit. Si l’accès au système de santé a été amélioré avec l’introduction de la couverture maladie universelle par le gouvernement Jospin, les jeunes en restent largement exclus. En 2014, alors que 23 % des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté, la CMU et la CMUC couvrent peu de jeunes. Davantage que les autres classes d’âges, les jeunes sont sujets à une grande fragilité, aux souffrances psychologiques, aux comportements à risques et aux addictions. La protection sociale et sanitaire de la jeunesse est donc essentielle. Le non-recours aux droits sociaux ou le renoncement aux soins ont plusieurs causes, les principales étant le manque de connaissances des jeunes sur leurs droits et l’absence de revenus suffisants. En 2010, 33% des jeunes renonçaient aux soins pour des raisons financières, selon l’observatoire de la vie étudiante.

Faire de la prévention un droit Aujourd’hui, le constat est clair : seulement 11


6,5% des dépenses de santé concernent la prévention. Ce n’est pas assez pour la mise en place d’une véritable politique volontaire et efficace. Il devient urgent que la France sorte d’un système de «tout curatif» pour passer à un système préventif. La prévention des comportements à risques implique un investissement massif tant humain que financier, afin de toucher l’ensemble des jeunes, qu’ils soient étudiants, lycéens, salariés ou chômeurs. Alors que vivre dans un environnement sain est un facteur de bonne santé, la qualité de l’alimentation reste aujourd’hui liée aux milieux sociaux. La commande publique devrait être utilisée pour développer l’agriculture paysanne biologique locale, notamment dans la restauration scolaire et étudiante. Cette disposition contribuera au recul de la malnutrition en France. La hausse de la demande d’aliments issus de l’agriculture biologique fera aussi diminuer les prix du bio tout en garantissant un revenu aux producteurs. La médecine scolaire doit être davantage soutenue. La création de postes d’infirmiers et d’assistants sociaux dans les établissements scolaires et la généralisation des visites médicales lors du cursus scolaire amélioreront le suivi des enfants et adolescents. La formation des enseignants au sein des Espé devra inclure un module de sensibilisation au dépistage des risques de dépression, de suicide, d’obésité, d’addiction, de décrochage, et de toutes formes de mal-être afin de repérer et d’alerter les professionnels compétents. Les addictions posent aujourd’hui un sérieux problème de santé publique. La prévention contre ses différentes formes (tabac, alcool, drogues, internet, etc) doit être accentuée. En se plaçant sur le registre de la morale, la politique de répression actuelle est largement inefficace. La lutte contre les pratiques addictives doit inclure l’accompagnement des jeunes comme première étape vers le traitement de celles-ci. L’instauration de salles de shoot et l’encadrement de la vente de cannabis permettra de mieux repérer et d’aider les consommateurs. Puisque le tabac coûte 47 milliards d’euros à la France par an soit 3% du PIB, son arrêt doit être encouragé par le remboursement intégral des substituts et traitements médicaux, comme c’est le cas pour les autres drogues. La jeunesse est l’âge des expérimentations.

La découverte de la sexualité doit être accompagnée sur le plan de la santé. La lutte contre les pratiques à risques viendra de la généralisation de temps d’éducation à la sexualité, en veillant notamment à réduire les troubles du fait de du questionnement sexuel (première cause de suicide chez les adolescents). Le dépistage gratuit des IST et la généralisation des pass contraception s’inscrivent dans ce sens. Il est également nécessaire de mieux communiquer pour que les initiatives mises en place soient réellement utilisées. Comme le gouvernement en 2014, les Jeunes Socialistes réaffirment leur attachement au régime étudiant de sécurité sociale. Nous attirons notamment l’attention sur l’apport spécifique de ce régime concernant l’action préventive menée sur les lieux de vie des étudiants, concernant la maîtrise de la fécondité, la prévention des IST et des addictions, ainsi que les études réalisées sur la santé des jeunes, par la LMDE, indispensables pour développer une connaissance fine des problématiques des jeunes et adapter les soins à leurs besoins. L’existence du régime étudiant de sécurité sociale permet aussi d’affilier à l’assurance maladie les étudiants étrangers. Enfin, les mutuelles étudiantes proposent une gamme de contrats complémentaires adaptés aux besoins des étudiants. En revanche, la concurrence qui s’exerce entre une mutuelle étudiante nationale et des mutuelles régionales pour l’affiliation au régime étudiant est source de dysfonctionnement et d’incompréhension. Les Jeunes Socialistes demandent une réforme du régime étudiant de sécurité sociale permettant sa gestion par un organisme unique. Par la suite, dans un objectif à la fois de justice sociale et d’optimisation des coûts et des services, il peut être intéressant d’intégrer les apprentis et les étudiants salariés, qui ont les mêmes besoins de santé, à ce régime.

Garantir l’accès aux soins La part du budget des jeunes allouée aux soins médicaux est plus faible que pour le reste de la population. Les jeunes doivent entrer dans le droit commun pour bénéficier des mêmes protections que le reste de la population. La barrière financière à l’accès aux soins doit être levée et le plafond de la CMU relevé. L’ouverture du RSA aux jeunes dès 18 ans est donc nécessaire car elle généralisera leur accès à la CMU.

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Pour rendre accessible une présence médicale et préventive sur tous les territoires il est important d’implanter des coopératives de santé et de créer des centres de santé où exerceraient des généralistes et des spécialistes. La création sur chaque site universitaire de centres de santé, où exerceraient des généralistes et des spécialistes, est nécessaire. Il faudrait les ouvrir à tous les jeunes y compris à ceux qui ne sont pas étudiants. En France, la protection sociale des jeunes est très dépendante des parents. La complexité du système nuit à son efficacité, c’est pourquoi il est nécessaire que l’éducation au système de santé bénéficie de plus de moyens. Les Jeunes Socialistes plaident pour l’entrée des jeunes dans le droit commun. Dans ce cadre, l’instauration d’un chèque santé pour l’acquisition d’une mutuelle et l’ouverture à tous les jeunes de la CMU augmenteront la protection et le bien-être des jeunes les plus précaires à l’heure où 19% des jeunes déclarent ne pas être couverts par une complémentaire santé. La santé est un droit. Les Jeunes Socialistes souhaitent revenir sur la libéralisation du secteur hospitalier engagée par la droite, car elle a fortement accru les inégalités. Optimiser l’articulation entre la médecine de ville et la médecine hospitalière garantira la cohérence territoriale en développant des structures de proximité, « coopératives de santé », afin qu’ils deviennent un pilier de l’organisation du parcours de santé pour les usagers. La gauche au pouvoir devrait supprimer les franchises médicales et proscrire les dépassements d’honoraires et généraliser dans les faits le tiers-payant et l’accès aux soins pour les bénéficiaires de l’AME, de la CMU et de la CMU-C. Nous refusons de faire porter la responsabilité de la maladie sur les patients comme la droite l’a fait lorsqu’elle était au pouvoir.

Enfin, une réforme de la propriété intellectuelle dans le domaine de la santé doit s’engager pour augmenter le développement des médicaments génériques. Une taxation des bénéfices de l’industrie pharmaceutique permettra aussi de financer la recherche publique et de lutter contre tout risque de conflits d’intérêts. Au-delà des volets préventions et accès aux soins, le système de santé français doit moderniser la formation et le statut des personnels de santé pour les adapter aux évolutions de la société. Les Jeunes Socialistes demandent l’abandon du numerus clausus et l’ouverture plus large des études de santé afin de lutter contre la désertification médicale. Dans ce cadre, la création de statuts de fonctionnaires de la médecine et de la pharmacie est également pertinente. Les médecins pourront choisir entre ce statut et celui de la médecine libérale. La rémunération fortement incitative et les conditions de travail au sein des coopératives de santé (temps de travail, collectif de travail, vacances, absence de frais d’installation, etc) favorisera le recours à ce nouveau statut. Nous souhaitons que tout médecin nouvellement diplômé effectue au moins 5 ans d’exercice dans un territoire réputé «désert médical». Nous militons pour un droit aux vacances pour tous, par une aide financière de 200 euros minimum pour les 3 millions d’enfants qui ne partent pas en vacances, le soutien aux associations qui permettent aux familles les plus isolées de construire un projet de départ en vacances, la mise à disposition d’un biller SNCF de congés annuels et l’instauration de Comités d’entreprises de territoire pour étendre les chèques vacances aux salariés des PME.

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ÉDUCATION « On ne t’apprend plus rien à l’école. »

Sarah a 15 ans, elle vient d’intégrer un CAP. Dans la cour du lycée elle croise souvent Asma, elles ont été dans la même classe au primaire et au collège. Quand elles étaient plus jeunes, Asma et Sarah répondaient toujours la même chose quand on leur demandait quel métier elles souhaitaient faire : « institutrices ». Arrivée en sixième, Sarah a eu beaucoup de mal à s’adapter à ce nouveau cadre de vie : le collège, ses nombreux contrôles, ses professeurs et toutes ces nouvelles matières. Sarah comprenait en cours, mais elle avait pris un peu de retard en primaire. Elle mettait toujours un peu plus de temps que les autres élèves à retenir les leçons et ses parents ne pouvaient pas l’aider. Chaque année, elle voyait ses notes chuter, en quatrième elle a arrêté de répondre « institutrice » et s’est mise à répondre « aucune idée » quand on lui a demandé quel métier elle souhaitait faire. Elle rêvait toujours d’être institutrice, mais avait honte de le dire au vu de sa moyenne générale. Devant son désarroi et son incertitude sur son avenir, l’équipe pédagogique de son collège lui a proposé de rejoindre un CAP secrétariat « tu as quand même de bonnes notes, tu arriveras à trouver un emploi dans cette filière ». L’école française reste l’une des plus inégalitaires de l’OCDE et figure parmi celles qui corrige le moins les inégalités sociales de départ. Ainsi, à la fin de leur scolarité, 7 enfants d’ouvriers sur 10 exerceront des fonctions d’exécution tandis que 7 enfants de cadres sur 10 exerceront des fonctions d’encadrement. Au delà des mythes, au 21e siècle, l’école continue d’ajouter les inégalités scolaires aux inégalités sociales. Alors que l’école devrait être le lieu de l’ascension sociale, de l’émancipation individuelle et de l’acquisition de compétences et de savoirs, le système scolaire français reste centré sur la sélection des élites. L’organisation actuelle de nos classes favorise les élèves socialement favorisés, bénéficiant grâce à leur environnement familial d’un capital culturel important.

On entend qu’aujourd’hui les études ne sont plus comme avant, que le bac est donné, mais la réalité est toute autre. La massification de l’éducation est un signe de progrès, de démocratisation et de réussite collective. Malgré tout, le décrochage scolaire touche de plus en plus d’élèves. Aujourd’hui, 150 000 jeunes quittent chaque année le système scolaire sans qualification. Cela compliquera grandement leur réussite professionnelle future, tant dans la possibilité de trouver un emploi que dans les perspectives d’évolution au cours de la carrière. Depuis 2012, la gauche au pouvoir agit avec ce double-objectif de la réussite des élèves et de la lutte contre les inégalités. C’est dans cet esprit que sont crées 60 000 postes et que la formation des enseignants a été rétablie. Les rythmes scolaires à l’école primaire ont été modifiés et adaptés aux enfants avec le retour à la semaine à quatre jours et demi et une meilleure répartition des temps d’apprentissage. Pour s’assurer l’efficacité de cette réforme, l’Etat doit garantir un financement pérenne des mesures de soutien aux municipalités. Une allocation équitable de ces moyens doit permettre à chaque enfant d’avoir accès à des activités ayant une véritable portée pédagogique. Seule une révolution pédagogique, dans les moyens attribués à l’Ecole et dans le combat contre les inégalités dès le plus jeune âge permettra de briser le cycle de la reproduction sociale et que tous réussissent.

Lutter contre les inégalités dès le plus jeune âge Les inégalités se formant dès le plus jeune âge, la priorité doit être donnée aux plus jeunes. Il est temps de sortir du mythe de l’égalitarisme républicain selon lequel l’école française donnerait à chacun la même chose. Aujourd’hui, les établissements réputés du centre-ville de Paris ont des dotations d’établissements plus élevées que celles d’écoles situées en banlieue. Le dispositif « plus de maîtres que de classes » vient rétablir un certain équilibre. Il doit monter en puissance d’ici 2017 pour irriguer 14


tout le réseau de l’éducation prioritaire. Pour lutter contre les inégalités, une meilleure répartition et une hausse des moyens est nécessaire : professeurs supplémentaires et pas simplement des personnels encadrants, classes réduites. L’accent doit être mis sur le primaire, l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul étant les préalables de la réussite. Faire vivre une société du commun commence par faire de l’école un temps d’apprentissage de l’Egalité. Dans ce cadre, la mixité sociale des classes est un impératif. Il faudra donc revenir sur le démantèlement de la carte scolaire qui a accru la ségrégation sociale entre les établissements et a accentué les situations d’échec, et mettre en place un indice de mixité dans les établissements. La réduction des inégalités sociales passe par une scolarisation précoce et par un soutien aux familles les plus précaires. Pourtant, en 2013, seuls 13% des enfants de moins de 3 ans obtenaient une place en crèche et 11,9% seulement étaient scolarisés. Les Jeunes Socialistes attendent la création d’un service public de la petite enfance et l’augmentation du nombre de places en crèche pour assurer la lutte contre les inégalités dès le plus jeune âge. Une généralisation de la scolarisation dès 2 ans dans les secteurs d’éducation prioritaire permettra là encore d’agir efficacement pour éviter le creusement des inégalités. La diversification des solutions d’éveil pour les enfants passera par un soutien aux collectivités territoriales. Parallèlement, il faut consolider les liens entre parents et école pour aider les familles dont le capital scolaire est le plus faible, pour expliquer aux parents la mise en place du plan d’égalité fille-garçon à l’école et pour rétablir le dialogue avec les équipes éducatives et lutter contre le décrochage scolaire. Nous souhaitons la ratification de la charte des langues régionales pour les établissements scolaires afin de faciliter leur enseignement.

Instaurer un parcours commun de réussite de la maternelle au lycée L’objectif de toute formation doit être fixé au début de celle-ci. Quel doit être le projet d’émancipation de l’école au 21ème siècle ? Comment le concrétiser ? Ces questionnements ont fait naître l’idée d’un socle commun de compétences et de connaissances. La visée est

simple : faire que toute personne sortant du système scolaire ait acquis les compétences et savoirs fondamentaux pour vivre de manière autonome, libérée de tout fondamentalisme, et puisse agir en citoyen indépendant. Le socle commun n’est donc pas uniquement un empilement de connaissances, c’est la capacité de s’insérer dans la société. Les Jeunes Socialistes plaident pour adapter l’école au principe d’un socle commun de compétences et de connaissances à toute une génération. A cause des écarts entre les milieux sociaux, des moyens budgétaires faibles et des disparités entre établissements, des violences encore trop présentes et des taux élevés d’échec, le collège entérine les inégalités qui se sont creusées à l’école primaire. Il est donc nécessaire de repenser le collège comme un lieu d’épanouissement personnel à travers un meilleur suivi individuel. Changer le collège, c’est sortir de la logique disciplinaire et antipédagogique. L’entrée en sixième doit devenir une année de transition entre le primaire et le secondaire pendant laquelle les cours s’effectuent dans une classe unique. Un soutien doit être apporté au professeur enseignant dans deux matières. La sixième doit intégrer des cours plus interactifs avec des travaux en groupes encadrés par plusieurs enseignants. Le lycée, lieu de vie, d’engagement et d’émancipation pour les jeunes, est aujourd’hui très discriminant. La hiérarchie et la concurrence entre les filières contribuent à dévaloriser les étudiants qui ne seraient pas dans le cursus dit « d’élite ». Cela passe par une revalorisation complète de l’ensemble des filières et des métiers professionnels, techniques et technologiques. Il faut changer notre conception de l’orientation : c’est faire en sorte que chaque élève puisse avoir la possibilité de faire ce qui lui plaît pour pouvoir s’épanouir. Les rendez-vous chez un-e conseiller-ère d’orientation psychologue (COP) ne doivent pas être un moment pris à la légère, mais bien un temps pour réfléchir à l’avenir de l’élève. L’embauche de nombreux COP supplémentaires est nécessaire à cette fin. Sur trois enfants scolarisés en France, le premier quitte le système scolaire avant le lycée, le second suit une filière professionnelle ou technologique et le dernier s’inscrit dans une filière générale. La réforme du lycée doit décloisonner les matières et les filières pour redonner du sens aux connaissances et valoriser l’acquisition d’un raisonnement critique sur l’empilement de connaissances. Les Jeunes Socialistes défendent l’idée d’un 15


lycée modulaire, facilitant le changement de filières et réalisant une progression des apprentissages par l’application d’une pédagogie différenciée. Enfin, le Brevet et le Bac ne peuvent garder leur forme actuelle. Ils échouent à évaluer la progression de l’acquisition du socle commun, ils favorisent le bachotage et sont coûteux. Le nombre de matières évaluées doit baisser au profit de travaux personnels à présenter comme c’est le cas des TPE aujourd’hui en première. Changer les diplômes reste la meilleure manière de transformer la pédagogie. Le lycée est aussi un lieu de démocratie. La participation des lycéens aux décisions relatives à la vie de l’établissement doit être renforcée tout comme leur représentation dans toutes les instances de décisions. Le droit syndical doit leur être reconnu.

Une pédagogique ambitieuse et différenciée Ces évolutions d’esprit de l’école, son attachement à réduire les inégalités, ne peut se réaliser sans une révolution pédagogique. La pédagogie est un métier, cela s’apprend. La formation des enseignants au sein des Espé devrait davantage intégrer l’apprentissage de la pédagogie. Nous pensons qu’un bon enseignant est aussi un enseignant qui maîtrise parfaitement l’environnement dans lequel il est immergé. La formation doit être continue et représenter un volume horaire bien plus important qu’aujourd’hui. Il faudrait que les formations incluent des modules sur la psychologie de l’enfant et fournir aux futurs enseignants des repères culturelles en sociologie. Aujourd’hui, les métiers de l’enseignement souffrent d’un déficit de vocation, si bien que tous les postes ne sont pas encore pourvus. Il apparaît donc urgent de revaloriser l’image de l’enseignant. Par ailleurs, les jeunes socialistes soutiennent le dégel du point d’indice. La notation est aujourd’hui un facteur d’échec et de rejet de l’école. La notation chiffrée sanctionne et enferme les enfants dans la concurrence scolaire au lieu de leur indiquer une voie de progression vers l’acquisition des savoirs. Celle-ci doit donc intégrer une meilleure évaluation des compétences et se baser sur le souci de la progression individuelle et collective. L’exemple de la Finlande nous révèle comment la réussite de tous est possible lorsque la progression dans l’acquisition des

compétences est au cœur de l’évaluation. La note ne reflète pas les progrès d’un élève et crée du stress chez les élèves déjà en difficulté qui réduit davantage leurs performances. Supprimer la notation précoce au profit d’une connaissance objective et compréhensible de leurs acquis par les enfants et leurs parents constitue une étape indispensable de la révolution pédagogique. Il faut en finir avec le tout magistral. L’inefficacité du redoublement est prouvée, il doit être supprimé. Il est nécessaire de mettre en place un parcours personnalisé de réussite éducative qui libère la scolarité des cloisons trop rigides de l’organisation scolaire du collège, qui favorise les classes moins chargées et regroupe des niveaux différents entre les élèves. Une attention a été portée au temps scolaires durant la première partie du mandat de François Hollande. Il s’agit aujourd’hui d’aller plus loin en rendant effective la scolarité du mois de juin au lycée, et en répartissant mieux le temps consacré aux vacances scolaires afin de réduire l’intensité des journées pour les écoliers, les collégiens et les lycéens. C’est une meilleure répartition du temps scolaire qui permettra l’intégration d’un temps de devoir au sein de l’établissement, sous la supervision de professeurs afin de lutter contre l’inégalité qu’entraînent les devoirs. Il faut élargir le rôle du professeur des écoles et du professeur principal du collège et au lycée en leur donnant la responsabilité de définir avec leurs élèves un projet de classe. Pour réduire les inégalités entre territoires et entre collèges, l’Etat pourrait financer un chèque « projet de classe » de 1000 euros par classe, dont l’utilisation pédagogique sera déterminée par les élèves et les professeurs afin de favoriser l’innovation pédagogique. Enfin, le numérique pédagogique est un enjeu déterminant de ce début de siècle. L’intégration du numérique dans l’école favorisera l’inclusion scolaire en rendant les enseignements plus attractifs, plus stimulants et mieux adaptées aux besoins et au rythme de chaque élève. Il offrira des possibilités nouvelles pour intégrer les enfants en difficulté ou en situation de handicap. il faudra à la fois développer la filière numérique pédagogique permettant l’équipement de nos écoles et former les enseignants aux opportunités qu’il offre.

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR « A la fac, on donne un diplôme à n’importe qui. »

Florian et Lila ont passé le bac la même année, ils sont amis depuis plusieurs années et ont décidé de prendre un appartement tous les deux dans la ville où ils vont étudier. Florian a obtenu son bac technologique avec mention, il a intégré un DUT carrière juridique. Lila était en terminale L, elle sait déjà ce qu’elle veut faire : elle suit une licence de psycho pour devenir psychologue scolaire. Depuis le début du mois de Septembre, Lila travaille dans un magasin de vêtements. C’est « super relou » comme elle dit, mais elle n’a pas vraiment le choix : ses parents ne peuvent pas l’aider autant qu’avant financièrement. Ce n’est pas tant travailler qui la gène, c’est surtout qu’elle a déjà raté plusieurs TD à cause de son travail et qu’elle n’arrive pas à avoir des jours de repos avant son gros partiel. Florian a passé l’année dernière à s’ennuyer en cours. Cette année, il refait une 1ère année mais cette fois ci à la fac et surtout en communication. Il n’a que 16 heures de cours par semaine, ça le change du DUT, en plus la plupart de ses cours sont dispensés dans d’immenses amphis. Même si ce qu’il apprend lui plaît, il a du mal à se mettre au travail. L’ambiance du DUT et son encadrement lui manquent. Le service public de l’enseignement supérieur français a une spécificité unique au monde : il est organisé dans une dualité entre universités et grandes écoles. Il contribue ainsi à la reproduction des inégalités par son financement. La dépense moyenne par étudiant en licence est de 8 000 euros tandis qu’elle atteint plus de 14 500 euros pour un étudiant en classe préparatoire. L’investissement de l’Etat dans l’enseignement supérieur français est de plus l’un des plus faibles d’Europe avec une dépense annuelle par étudiant s’élevant en moyenne à 11 568 dollars contre 13 016 en Allemagne ou 16 991 en Suède. Les élites françaises s’assurent de maintenir leur accaparement des postes les plus importants de la société en politique, dans les grandes entreprises et la haute administration

avec un recrutement par les grandes écoles, système renforcé par la droite ces dernières années. Cette reproduction sociale s’est accentuée avec des universités françaises en manque criant de moyens (manque d’enseignants, locaux dégradés, manque de matériel, ...) qui doivent de plus faire face à l’augmentation démographique naturelle. L’autonomie donnée aux universités en 2007 est un cadeau empoisonné, car elles restent dépendantes des dotations de l’Etat, pour financer leur masse salariale, et notamment les politiques de progression de carrières de leurs personnels. Pour assurer leurs missions, elles sont contraintes à diminuer la qualité de du service public qu’elles doivent assurer et à rechercher des financements privés (diplômes financés par les étudiants, fondations qui font appel à de grandes entreprises…). Elles n’ont pas la capacité qu’avait l’Etat d’effectuer de grandes opérations patrimoniales, pourtant aujourd’hui nécessaires quand des filières opèrent une sélection ou ferment à un certain seuil par manque de capacité d’accueil. Alors qu’une quinzaine d’universités est en déficit chronique, celles-ci ont mis en place des plans d’austérité pour supprimer des offres de formation, diminuer le taux d’encadrement, geler les postes et augmenter la sélection à l’entrée. Pourtant, investir pour permettre au plus grand nombre de réussir à s’émanciper et valider une formation diplômante est un atout pour la société, car une génération plus qualifiée, c’est un taux de productivité qui augmente le chômage qui recule et le vote FN qui régresse. Les Jeunes Socialistes portent l’objectif de 50% d’une classe d’âge au niveau licence en 2020.

Faire de l’accès aux études supérieures un droit Les Jeunes Socialistes proposent de rapprocher l’enseignement supérieur, par des créations d’antennes universitaires et par la fusion des universités et grandes écoles pour harmoniser l’investissement public par étudiant.

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Le système des « prépa » est aujourd’hui couteux et injuste. Si la solution n’est surtout pas dans l’augmentation des frais d’inscription, on assiste depuis trop longtemps à une répartition inversée, des plus pauvres vers les plus riches, dans le supérieur. Les Jeunes Socialistes plaident donc pour une nouvelle répartition des moyens dans le supérieur en faveur des universités en mettant fin aux classes préparatoires et en rapprochant les grandes écoles des universités, étape anticipant leur fusion. Cette unification du système universitaire se veut aussi utile pour valoriser les formations universitaires qui pâtissent aujourd’hui de la concurrence déloyale des grandes écoles. La nouvelle organisation institutionnelle de l’ESR, avec les COMUE (Communautés d’universités et d’établissements) de la loi Enseignement Supérieur et Recherche de juillet 2013 doit mieux prendre en compte l’objectif de rapprochement entre les universités et les grandes écoles. En effet, si la loi prévoit l’obligation pour tout établissement public d’enseignement supérieur et de recherche d’être rattaché à une COMUE qui aura un rôle de coordination de l’offre de formation et des stratégies de recherche, elle a pour l’instant tenu à l’écart les grandes écoles et instituts. Afin d’avancer vers un système unifié, les jeunes socialistes proposent de faire des nouvelles COMUE les lieus privilégiés du rapprochement entre universités et grandes écoles, et d’étendre l’obligation de rattachement à un regroupement à ces dernières sur la base d’un projet partagé qu’il leur faudra définir. Dans ces nouvelles institutions universitaires, les élus usagers devront représenter au moins un tiers des membres du conseil afin de favoriser la participation des jeunes à la direction de leur établissement. Aujourd’hui, une augmentation du budget de l’enseignement supérieur public de 2% par an permettrait de rattraper l’inflation et de lutter contre le développement anarchique de formations privées aux qualités douteuses. L’encadrement strict des formations par l’Etat permettra de lutter contre la dérive des établissements privés offrant leur cursus à des prix disproportionnés sans garantie de qualité des apprentissages. Une circulaire indiquera aux rectorats le refus de la sélection sur capacité d’accueil ou tirage au sort. L’Etat assurera en dernier ressort l’ouverture de nouveaux locaux si l’université n’a pas la capacité d’augmenter son patrimoine.

Une pédagogie au service de la réussite des étudiants Afin de mettre fin au parcours du combattant qu’est la traversée des années dans l’enseignement supérieur, les Jeunes Socialistes proposent de mettre la pédagogie au cœur de la modernisation de l’université. Comme pour l’école, la réussite des étudiants passe par l’utilisation de ressources pédagogiques et de formes d’enseignement variées, et le plus souvent interactives. Pour favoriser le suivi individualisé et le travail en petits groupes, les moyens doivent être concentrés sur les travaux dirigés. Avec la numérisation des données, les cours magistraux peuvent se renouveler. La trace écrite du cours doit être envoyée aux étudiants afin que les cours magistraux deviennent des temps d’échanges sur les notions fondamentales. Afin d’améliorer la visibilité des universités françaises sur la scène internationale et de renforcer leur attractivité pour les étudiants étrangers, favorisant ainsi les échanges, les cours en langues étrangères peuvent être renforcés. La spécialisation tardive est un facteur de réussite. Il est donc important de faire de la 1ère année de licence une année pluridisciplinaire. Cette spécialisation progressive permettra notamment de multiplier les passerelles entre les filières et faire primer la transmission de compétences transversales et l’analyse critique sur l’empilement de connaissances techniques et le bachotage à la veille des partiels. Ces progrès pédagogiques ne peuvent se faire sans une augmentation qualitative et quantitative du taux d’encadrement. Un plan de recrutement de maîtres de conférences et professeurs d’université et la généralisation des séminaires de formation continue obligatoire amélioreront la transmission des savoirs.

Une orientation et une insertion réussies Pour que chacun progresse à sa manière pour déterminer au mieux son projet de formation et d’insertion, une orientation de qualité doit être assurée par les pouvoirs publics avec un véritable accompagnement méthodologique en dernière année de lycée et en première année d’enseignement supérieur. Les Jeunes Socialistes soutiennent la mise en œuvre du service public de l’information et de l’orientation unifié et territorialisé, de la seconde à la licence 3, et proposent son

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extension aux masters, avec l’augmentation de ses moyens. Pour permettre une bonne insertion, les Jeunes Socialistes soutiennent la reconnaissance du niveau de diplôme dans les conventions collectives.

Des campus du 21e siècle L’attractivité des universités dans le monde repose sur leur ouverture sur la société, leur qualité d’accueil et leur environnement. A ce titre, la lutte contre le bizutage dans tous les établissements supérieurs mettra fin à des pratiques d’un autre âge. Une bonne formation universitaire suppose de disposer de ressources pédagogiques importantes. Les campus doivent mettre en commun leur moyen pour augmenter le nombre d’ouvrages, revues, objets multimédias offerts aux étudiants. Dans ce cadre, il est nécessaire d’encourager les accords universités-collectivités pour l’accès aux bibliothèques, médiathèques, espaces culturels et sportifs. La numérisation des données doit aussi être encouragée pour développer le partage des savoirs. Accéder à l’autonomie suppose de pouvoir prendre des initiatives et monter des projets étudiants. A cette fin, il est nécessaire d’augmenter les moyens alloués aux centres de vie étudiante gérés par les étudiants et les CROUS. Ceux-ci devraient donner accès à des services sanitaires et sociaux,

aux mutuelles étudiantes, à des espaces de travail, à des espaces culturels, aux restaurants universitaires, à une palette large de services publics (transports, antennes de préfecture, CAF, Pôle Emploi, services jeunesse municipaux, etc.). Espaces de vie et de formation, les campus doivent se moderniser pour réduire leur facture énergétique dans le cadre d’un plan d’isolation des campus et de tri des déchets. Un campus exemplaire est aussi un campus qui intègre les enjeux de développement durable à travers son fonctionnement, et la formation qu’il délivre. Nous encourageons la création de «rapports développement durable» dans l’enseignement supérieur. Ceux-ci doivent être coconstruits par un comité de pilotage intégrant systématiquement la partie prenante étudiante. Aujourd’hui la Priorité Jeunesse se décline avec 1000 postes supplémentaires dans l’enseignement supérieur et la recherche sur le quinquennat. C’est un pas nécessaire mais insuffisant au regard de la crise dans laquelle se trouvent les universités. L’enjeu pour l’avenir de la France est d’avoir une génération la mieux qualifiée, dans son intérêt économique, social et démocratique.

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EUROPE « Les Jeunes ne comprennent pas pourquoi l’Europe c’est important » Sophie a 21 ans, elle est étudiante et rêvait de parcourir l’Europe, Erasmus lui en a donné l’occasion. Pour elle l’Union Européenne est une évidence, elle la vit au quotidien : de ses cours d’histoire-géographie quand elle était au collège aux Euros dans son porte-monnaie, de l’arrivée d’étudiants étrangers à l’Université aux journaux télévisés chaque semaine. Et pourtant, le 25 Mai dernier, elle n’est pas allée voter aux élections européennes. Pour elle, comme pour beaucoup d’autres jeunes qui se sont abstenus, l’Europe est lointaine, technocratique et trop souvent là pour justifier les renoncements, l’impuissance des politiques. « L’Union Européenne incarne trop peu l’espoir, elle n’investit pas pour les jeunes et semble nous oublier. Alors, pourquoi voter ? » Alors que les jeunes plébiscitent Erasmus et les projets de mobilité au sein de l’UE, ils sont les premiers à rester sceptiques devant les politiques européennes. Dans un sondage réalisé quelques temps après le référendum de 2005, il est même apparu que la majorité des personnes ayant fait Erasmus avait voté « non » à ce référendum. Pas par rejet d’un projet européen qui leur semble évident, mais parce que pour une majorité d’entre eux, les politiques menées en Europe n’en prennent pas le chemin. Quand les monologues sur la dette et les déficits prennent le pas sur les politiques d’emploi ou de lutte contre le réchauffement climatique ; quand après la crise financière, l’Europe accentue ses politiques libérales au lieu de prôner la solidarité, comment espérer qu’elle parle aux jeunes ? Par ces politiques, avec plus de 50% de chômage des jeunes en Grèce ou en Espagne, c’est bien souvent l’espoir même en l’Europe qui a été tué. Pour une génération qui n’a connu ni la Seconde Guerre Mondiale ni la Guerre Froide, qui est connectée par delà les frontières, qui utilise une monnaie commune, l’adhésion au projet européen ne peut se faire uniquement sur le marché commun. Nous avons besoin d’un nouveau rêve européen.

Pour retrouver la confiance des jeunes, assumer le clivage en Europe Loin de se désintéresser de l’Europe, les jeunes ont l’impression qu’elle se détourne d’eux et des enjeux de leur avenir. La Commission Européenne apparaît toujours plus comme le comptable en chef d’une bureaucratie européenne scrutant, calculant les dettes, les déficits ou quelques ratios qui ne parleront qu’à quelques agences de notations. Depuis 10 ans les technocrates libéraux sont au pouvoir en Europe, alliés aux sociauxdémocrates. Plutôt que de débattre tous les 6 mois du respect ou non des 3% de déficit, parlons du dérèglement climatique qui menace notre planète, et des près de 26 millions d’européens qui restent sans emploi. Finançons une transition écologique à l’échelle de l’UE, riche en emploi, pauvre en carbone, par un plan de relance dans les énergies renouvelable, les infrastructures et l’emploi des jeunes,. Relocalisons nos productions avec le justeéchange au lieu de négocier un traité transatlantique dangereux pour notre modèle de développement et pour la démocratie, défendons des engagements ambitieux pour baisser les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la planète. Enfin, pour rompre avec le sentiment d’impuissance des Etats en matière fiscale et sociale, il est temps d’harmoniser la fiscalité, les droits sociaux et la protection sociale en Europe. Encadrons l’influence des lobbies au sein de l’Union Européenne à travers l’émergence d’un registre de déclaration de lobbys, de leurs clients, de leurs dépendes ainsi que l’établissement des règles de déontologie. Pour mener ces politiques, les socialistes européens ne peuvent éviter de rompre avec le compromis permanent avec la droite, qui entérine l’austérité. Comment imaginer que les socialistes européens soutiennent une Commission européenne qui compte en son sein un Commissaire, chargé de la jeunesse, issu de la droite extrême hongroise ou encore un 20


actionnaire de l’industrie pétrolière, induisant un conflit d’intérêt avec sa fonction de commissaire au climat ? Cette compromission donne du crédit au slogan « UMPS » scandé par Marine Le Pen à longueur de plateaux télévisés et alimente la défiance envers non seulement les institutions européens mais surtout les socialistes et sociaux-démocrates en Europe. Ce dont les jeunes d’Europe ont besoin, c’est d’un plan de relance économique massif et de la transition énergétique, c’est d’une Europe qui combat la finance, qui ne cède pas sur l’IVG, qui crée un salaire minimum européen. Forgeons comme hier le rêve européen par les grands projets communs : des filières européennes de l’énergie, de l’industrie, du numérique. Pour renouer avec les jeunes, renouons avec les ambitions d’une Union Européenne, forte de ses services publics. Une Europe terre d’asile plutôt que de repli, ouvrant ses écoles, ses universités aux jeunes du monde entier. Une Europe qui comprenne que c’est de sa diversité qu’elle a tiré sa force, en préférant utiliser ses fonds pour l’accueil des migrants plutôt que pour leur traque. Une Europe, enfin, à la hauteur de ses promesses, qui tienne ses engagements en matière de politiques de développement. Les jeunes n’attendent qu’une chose de l’Union Européenne : que celle-ci retrouve un rêve européen et qu’il soit possible d’avoir son mot à dire sur les politiques qui y sont menées.

Se donner les moyens d’être ambitieux L’UE a développée ses dernières années quelques politiques spécifiques pour toucher la jeunesse. Des programmes de mobilité, mais aussi, à la demande des Jeunes Socialistes européens, une « garantie jeunesse » pour assurer à chaque jeune de moins de 30 ans : un emploi, un apprentissage, une formation ou des études. Après d’intenses négociations, les conservateurs et la Commission ont concédé 6 milliards d’euros pour un budget annuel de l’UE de 142 milliards d’euros. Cette somme est grandement insuffisante au vu des 25% de jeunes qui sont au chômage en Europe. Instaurons une taxe de réajustement social et écologique aux frontières de l’UE, et

redonnons une capacité d’emprunt via l’émission d’eurobond. L’Union Européenne doit se doter d’un véritable budget à la hauteur de ses ambitions en instaurant une taxe sur les transactions financières, mais également un impôt progressif sur les revenus, les sociétés et le capital. Il faut augmenter le budget européen, par la taxe sur les transactions financières, un impôt européen sur les sociétés et un impôt sur le capital, y compris financier.

Pour être légitime, l’UE doit être démocratique Il devient plus que nécessaire de faire un saut qualitatif : vers une véritable séparation des pouvoirs, entre un Parlement Européen plus fort, sur un pied d’égalité vis-à-vis des Etats, source d’initiative législative et détenteur d’un pouvoir de contrôle sur le Budget et toutes les politiques de l’UE, et une Commission, pouvoir exécutif de l’Union Européenne responsable pleinement devant le Parlement. Démocratiser l’Europe, c’est aussi respecter les choix des citoyens : leur donner la parole en facilitant la procédure d’ « initiatives européennes » ; respecter le choix des urnes sans vouloir le contourner quand il rejette un traité ; refuser le constitutionnalisme économique, c’est à dire de sceller dans le marbre des traités des politiques qui s’imposent au vote des citoyens et encadrent les politiques menées. Démocratiser l’Europe, c’est créer de vrais partis européens, instaurer une circonscription électorale à l’échelle du continent ; cesser la logique de consensus permanent qui nourrit l’incompréhension, l’indifférence et finalement le rejet. Démocratiser l’Europe c’est améliorer et clarifier les connaissances des citoyens sur les différentes institutions, notamment à travers des formations et sensibilisations au sein des écoles, collèges, lycées, et universités? C’est aussi mettre en place une campagne de communication continue, afin de replacer l’Europe au sein des préoccupations citoyennes.

L’Europe de la mobilité La mobilité des jeunes en Europe est une condition essentielle pour donner un sens à l’UE. Les projets Comenius (pour le secondaire), Erasmus (pour l’enseignement supérieur), ou

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Leonardo (pour l’enseignement professionnel) sont l’occasion pour des milliers de jeunes d’apprendre les langues, de voyager et de découvrir l’Europe. Ils sont l’incarnation d’une Union Européenne qui peut être concrète et ouvrir des horizons, par des bourses mensuelles pour les étudiants à l’étranger. Mais il est indispensable que les Etats permettent aux jeunes de milieu modestes d’y participer également, car ces programmes profitent à très peu d’entre eux: 200 000 par an pour Erasmus, 3 millions depuis sa création il y a 25 ans, alors que 75 millions de Jeunes entre 15 et 25 vivent aujourd’hui en Europe. Trop souvent, l’Europe apparaît comme celle des plus privilégiés, des mieux informés. Démocratiser l’Europe, et la rendre compréhensible, passe notamment par l’élargissement du nombre de jeunes touchés par ces programmes et l’augmentation de leurs bourses, en particulier auprès de l’enseignement professionnel, des collèges et des lycées. L’augmentation du financement d’Erasmus et la création d’ERASMUS +, annoncé

il y a un an, était une bonne nouvelle, mais masque à peine sa remise en cause quelques mois plus tôt, parce que non prioritaire dans le budget de l’UE. Cette augmentation du budget Erasmus de 50% a été obtenue grâce à la mobilisation des socialistes. Il nous faudra être vigilant pour qu’Erasmus reste un dispositif de bourse sans contreparties. Contrairement aux conservateurs, nous pensons que la mobilité ne doit pas être envisagée à l’aune des besoins économiques territoriaux, mais sur la base du volontariat, afin que chacun puisse étudier ou travailler, là où ils le souhaitent. Cela passe notamment par le développement d’un Erasmus de l’apprentissage. La France doit également, en Europe et au delà, favoriser la mobilité internationale des jeunes dans le cadre de la Francophonie.

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ÉGALITÉ DES TERRITOIRES « Dis moi où tu vis, je te dirai ce que tu vaux. »

Depuis 1 mois, Nicolas et Jessica sont colocataires dans un deux pièces à Paris. Ils ont trouvé ce logement après avoir cherché chacun pendant plusieurs semaines sans succès. Ils payent un peu plus de 500 euros sans compter les charges. Malgré les APL ils se retrouvent à découvert chaque fin de mois. Ils n’ont pourtant pas l’impression de vivre au dessus de leurs moyens. Leur appartement est petit et il faut passer dans la chambre de l’un pour aller dans celle de l’autre. Jessica vivait dans la région Limousin et a décidé de venir à Paris poursuivre ses études. Passer des heures dans les transports, elle connaît, elle se levait chaque matin à 5h30 pour prendre le car scolaire qui l’emmenait jusqu’à Guéret. Nicolas vient de Saint-Étienne, d’un quartier « chaud » comme disent les médias. Il a rejoint la capitale pour travailler dans une petite entreprise d’évènementiel. Avant Paris, ils vivaient dans des lieux très différents, lui au 8ème étage de son HLM, elle dans une petite maison de campagne au cœur d’un tout petit village. Pourtant en discutant, ils se sont aperçus qu’ils avaient connus les mêmes situations : les galères de transport, les préjugés sur leurs lieux de vie mais aussi les difficultés pour accéder aux services publics. En fait, ils ont tout les deux subi la même réalité, celle des inégalités territoriales. Il suffit de comparer les cartes pour se rendre compte que les inégalités territoriales et les inégalités sociales et culturelles sont intimement liées. La carte des inégalités est aussi souvent un bon indicateur de la carte électorale et notamment des nouveaux bastions du Front national ou de l’abstention. Des politiques prioritaires en matière d’emploi, de transports, de logements doivent être mises en oeuvre pour permettre une égalité réelle entre les territoires. Le rapport des jeunes au territoire occupe une place centrale dans l’organisation des rapports sociaux et dans l’organisation des modes de vie. L’environnement extérieur est d’autant plus important que les jeunes ont besoin de s’émanciper du domicile familial

pour s’épanouir. La République ne peut être conçue comme une et indivisible par les jeunes si l’égalité d’accès à celle-ci est entravée. Il nous faut donc garantir l’égal accès aux services publics, à la culture, aux loisirs et lutter contre les discriminations géographiques ou spatiales. Le refus des inégalités territoriales passe par la redistribution des dotations entre communes riches et défavorisées. Les communes les moins riches doivent voir leur dotation augmenter. Le chemin vers l’autonomie des jeunes connaît des obstacles imposés par la géographie, qu’ils soient jeunes ruraux, habitants du périurbain en expansion ou des quartiers populaires en marge des centres villes.

Le logement, une affaire de jeunes Les jeunes sont les principales victimes de la crise du logement. Ils y consacrent une part de plus en plus importante de leur budget. Au delà du coût, les logements étudiants sont trop rares et la recherche d’une habitation un véritable parcours du combattant. Cette difficulté à se loger oblige beaucoup d’entre eux à rester ou retourner vivre chez leurs parents, ou même dans les cas les plus extrêmes à dormir dans leur voiture ou dans des logements insalubres. Le Jeunes Socialistes souhaitent que l’encadrement des loyers soit rétabli, c’est à dire que le prix des loyers ne puisse aller au delà de 20% au dessus de l’indice moyen de référence émis par les observatoires locaux des loyers. Cette mesure de la gauche au pouvoir, proposée par le Parti Socialiste à l ‘initiative des Jeunes Socialistes, est bénéfique aux jeunes, qui sont les premiers concernés par les prix démesurés des loyers. En effet, les jeunes cherchent des logements petits, dont le prix au mètre carré est plus cher. Leur forte mobilité les pousse à changer régulièrement d’appartement, laissant ainsi aux bailleurs de nombreuses occasions d’augmenter leurs loyers. 23


Il est indispensable de construire bien plus de logements étudiants et plus globalement de logements sociaux par centaines de milliers, d’encourager et de développer l’habitat partagé et la conversion écologique des logements. La règle des trois tiers (logement locatif social, accession sociale et abordable à la propriété et logement privé) est un objectif pertinent et réalisable pour la construction des nouveaux logements. L’objectif de 25% de logements sociaux doit être renforcé en rendant plus contraignant la réalisation de cet objectif, notamment par l’augmentation des amendes en cas de non respect. Les collectivités peuvent par ailleurs imaginer de mettre en place des colocations d’étudiants dans les constructions de nouveaux logements sociaux pour favoriser la mixité sociale. La mise en place de la CLE (Caution locative étudiante) pour permettre aux étudiants sans garants de se loger, va dans le bon sens. Néanmoins les Jeunes Socialistes souhaitent la mise en place d’une garantie universelle locative pour remplacer le système de la caution par une légère cotisation permettant d’assurer les propriétaires en cas de non paiement des loyers, et de soulager les locataires du poids que représente ce système. Il faut de plus renforcer les contrôles faits sur les propriétés louées aux étudiants afin de limiter les abus en termes de prix et de conditions de vie.

Jeunes en milieu rural, l’autre ségrégation Un tiers des jeunes (15-30 ans) vivent en milieu rural. Ils subissent bien souvent une discrimination géographique et de nombreux obstacles qui peuvent les rendre captifs de leur territoire. Les jeunes ruraux ont des difficultés à se déplacer tant qu’ils n’ont pas le permis et une voiture, et le prix élevé de l’essence réduit considérablement leurs budgets. La rareté voire même l’absence de centres de vie nocturne ou culturelle est un frein à l’émancipation et nourrit le sentiment de marginalité. La pénurie d’emplois et les préjugés d’un autre temps véhiculés sur la ruralité contraignent les jeunes ruraux à fuir vers des centres urbains. La désertification médicale fragilise également la situation des jeunes ruraux, moins touchés par la prévention et plus éloignés de l’accès aux soins. Le recul des services publics aggravé par les politiques de réduction des dépenses publiques

a créé fracture territoriale. La continuité et la proximité du service public est pourtant une obligation républicaine afin d’assurer l’égal accès de tous au patrimoine commun de la République. L’eau est un bien commun qui devrait appartenir naturellement au domaine des services publics, et particulièrement à des régies publiques éloignées de logiques commerciales de profits. Quand il faut passer plusieurs heures par jour dans les transports pour aller étudier ou travailler, il est plus difficile de réussir et de s’épanouir. Les transports en commun accessibles et abordables financièrement, notamment les trains régionaux (TER), fréquents et de qualité garantiraient une plus grande mobilité, essentielle pour étudier, travailler mais aussi pour l’accès aux espaces culturels et aux loisirs. C’est également une condition de la transition écologique par un changement profond de nos comportements afin de produire moins de gaz à effet de serre. Les jeunes socialistes s’opposent à l’ouverture à la concurrence du Réseau ferré de France : la desserte des territoires est une mission de service public. Le permis de conduire est indispensable pour trouver du travail, c’est pourquoi les aides apportées par les territoires doivent être harmonisées et concentrées pour les jeunes en ayant le plus besoin. Il faut de plus encadrer les écoles de conduite, qui proposent trop souvent des prix abusifs. Les départements pourraient avoir pour responsabilité de développer un service gratuit d’autopartage qui mettrait les usagers en lien pour réduire l’empreinte écologique des déplacements en milieu rural. Pour sécuriser la vie nocturne des ruralités, il doit être envisagé la mise en place de navettes nocturnes, permettant à ceux qui ne disposent pas de véhicules ainsi qu’aux jeunes de rentrer en toute sécurité. Le coût du transport scolaire a vocation à être pris en charge par les collectivités concernées pour ne pas rompre le principe de gratuité de l’école. Les établissements scolaires ruraux ne peuvent pas être les grands perdants des réformes de l’éducation prioritaire, il est important de ne pas les exclure des critères qui en font des établissements prioritaires. Pour y maintenir une égalité entre les territoires, nous devons donc y consacrer davantage de moyens et inciter les professionnels expérimentés à y enseigner. Les jeunes agriculteurs ont besoin d’être 24


soutenus pour accéder au foncier agricole, d’être accompagnés pour favoriser la relocalisation de l’agriculture et l’émergence d’un nouveau modèle de développement collaboratif, social et solidaire.

Jeunes des quartiers populaires, une richesse pour la cité Les quartiers populaires souffrent eux aussi d’une image écornée dans la société. Ils sont pourtant des lieux jeunes, de richesse culturelle, de diversité et de solidarités. Les jeunes des quartiers populaires qui ont majoritairement voté pour François Hollande en 2012 ne voient pas la répercussion concrète sur leur vie de la politique menée actuellement. Leur insertion sur le marché du travail est d’autant plus importante qu’ils subissent parfois deux fois plus le chômage que l’ensemble des jeunes. Il est vital de mettre en place une péréquation financière pour rompre avec l’injustice qui veut par exemple que Paris, une des villes les plus riches et les mieux dotées en infrastructures et subventions de France, soit celle où l’imposition locale de ses habitants soit parmi les plus basses. Une réforme de la fiscalité locale notamment la remise à plat de la taxe d’habitation est ainsi une nécessité. Il est impensable qu’aux inégalités sociales subies par les habitants des quartiers populaires s’ajoute la disparition des services publics là où ils sont le plus indispensables. Leur présence doit être garantie et même renforcée par l’Etat. La mobilité dans la ville grâce à des transports collectifs accessibles et abordables financièrement pour tous par une tarification sociale et solidaire progressive est une priorité pour sortir de la ségrégation géographique. Une réflexion sur la gratuité doit être engagée en lien avec une réforme fiscale qui garantit la progressivité. L’accès et l’accompagnement à la culture doivent être rendus possibles par l’aide à la mobilité vers les centres culturels, mais aussi le soutien aux initiatives dans chaque quartier. La valorisation de toutes les formes de culture par l’Etat est indispensable pour changer les représentations collectives. Les Jeunes Socialistes veulent la création 150 000 emplois d’avenir en plus en 2015 principalement dans les domaines à forte utilité sociale et environnementale, surtout dans le secteur de l’économie collaborative, notamment à destination des jeunes qui vivent dans les quartiers où le taux de chômage est le plus élevé. Il est essentiel de développer les

espaces de travail partagé et les pépinières d’entreprises pour aider les jeunes qui le souhaitent à la création d’entreprises. Nous souhaitons lutter contre les discriminations raciales, ethniques et celles à l’adresse, qui sont un frein à l’emploi et à l’insertion. Il faut pour cela la mise en place d’une procédure d’action collective en matière de lutte contre les discriminations. Par ailleurs, nous sommes encore en attente de l’attestation de contrôle d’identité pour lutter contre le contrôle au faciès et certaines dérives policières. Associer les jeunes qui font vivre la ville aux choix d’aménagements et de politiques publiques permettrait de replacer la population au centre des choix qui façonnent la ville. Il est possible d’introduire des budgets participatifs confiés aux jeunes pour co-construire les politiques d’aménagement urbain dans les quartiers concernés par l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine).

L’égalité pour les outremers Plus touchés par la pauvreté, le chômage et l’illettrisme, les jeunes ultramarins ont besoin d’une politique ambitieuse et de grande envergure pour le pouvoir d’achat en luttant contre les monopoles et l’encadrement des prix, en enrayant la hausse des carburants et encadrant les loyers. Il faut de toute urgence lancer la construction de 150 000 logements sociaux et 8 000 logements étudiants, aligner les tarifs et les normes des banques et des télécommunications sur ceux de la métropole, et permettre aux ultramarins d’avoir accès aux minimas sociaux dans les mêmes conditions qu’en métropole, en les revalorisant pour faire face à la réalité territoriale. Les jeunes ultramarins méritent la continuité de la République. Il faut pour l’assurer renforcer les moyens éducatifs, enseigner davantage l’histoire des outremers dans les programmes nationaux, investir la sécurité pour enrayer les violences dans les quartiers qui y sont le plus exposés et développer la justice de proximité Prendre en compte les outremers c’est aussi ne pas les oublier lors du processus législatif, mais surtout de ne pas les généraliser. Il y a des situations multiples et des problématiques différentes. Lors de l’examen des textes de lois mettre en place un volet pour chacun des composants des outremers permettra des lois adaptées à notre diversité territoriale. Les Jeunes Socialistes veilleront notamment au développement des offres de cursus universitaires en territoire d’outremer. 25


DISCRIMINATIONS « Quand on veut on peut. »

Naïm habite dans un quartier présenté par les médias comme « sensible », il travaille dans un magasin de téléphonie à 45 minutes de chez lui. Tous les matins il doit prendre le métro pour aller travailler, il prévoit toujours un peu plus de temps car il sait qu’il a une forte possibilité de se faire contrôler. Pourtant il ne pense pas se comporter différemment des autres voyageurs. Sa mère lui dit souvent que s’il portait des chemises il subirait peut être moins de contrôle d’identité. Naïm ne veut pas changer de style, il adore ses bonnets et toutes ses paires de air max. Puis il a des potes qui mettent des chemises et ils se font autant contrôler que lui. De toute façon, Naïm ne pense pas que ce soit une question de style. Puis Naïm se dit qu’il est moins à plaindre que sa collègue Maria. Ils ont le même diplôme et travaillent au même poste, pourtant il gagne 250 euros de plus par mois que Maria. Il ne trouve pas ça très juste, surtout que Maria était là avant lui. Les jeunes sont souvent les premières victimes de discriminations. C’est l’essence même de la gauche que d’agir pour plus d’égalité. Il reste encore de nombreux combats à mener. Pour combattre le racisme, en finir avec les contrôles au faciès Un jeune supposé d’origine Maghrébine a 7,8 fois plus de risques de se faire contrôler par la police qu’un autre jeune. Ce chiffre monte à 11,4 quand un jeune porte une tenue « punk » ou « gothique ». C’est en partant de ce constat que les Jeunes Socialistes proposent la mise en place d’une attestation de contrôle d’identité, proposition issue des 60 engagements de la campagne présidentielle, qui permettrait de rétablir la confiance entre policiers et citoyens. Il s’agit de remettre à toute personne à qui l’on fait subir un contrôle d’identité de recevoir un récépissé. Pour rappel les contrôles d’identité sont le seul acte administratif dont les citoyens ne conservent aucune trace. L’objectif de l’attestation est

double : permettre aux citoyens qui estiment être victimes de discriminations de se pourvoir en justice en pouvant prouver le nombre de contrôles subis, et limiter l’usage intempestif du contrôle d’identité dans le cadre d’une politique du chiffre imposée aux policiers par la droite. Pour limiter les contrôles d’identité, on peut aussi envisager de faire évoluer le code de procédure pénale ou la mise en place d’une procédure d’action collective dans la lutte contre les discriminations, ou encore l’élargissement de l’action de groupe aux contrôles d’identité. Dans la même logique, les Jeunes Socialistes défendent l’instauration du CV anonyme afin de lutter plus efficacement contre les discriminations à l’embauche. Les Jeunes Socialistes appellent à une loi des libertés numériques pour ne pas déléguer aux hébergeurs la responsabilité de condamner les propos sexistes et racistes, car c’est l’autorité judiciaire qui doit en être saisie. Les propos racistes dans l’espace public doivent être davantage combattus, nous devons laisser toute sa place à la justice pour réprimer sévèrement ces propos.

Lutter contre l’homophobie Alors qu’un homosexuel a 13 fois plus de risques de tenter de se suicider qu’un hétéro, des mesures doivent être mises en oeuvre pour poursuivre le combat pour l’égalité et lutter contre l’homophobie. L’intégration des questions LGBT dans les programmes scolaires permettrait de mettre fin au tabou de l’homosexualité à l’école et de sensibiliser les élèves à ces questions. Le ministère de l’éducation Nationale doit délivrer des agréments aux associations locales de lutte contre les discriminations et notamment l’homophobie, afin de faciliter leur intervention en milieu scolaire. Le principe d’égalité porté par la gauche devrait être respecté lorsqu’il s’agit du don du sang. La loi considère qu’un homme ayant déjà eu des relations sexuelles avec un autre homme, le prive de donner son sang, associant homosexualité et comportement à risques. Nous rappelons donc qu’il existe des pratiques à risques et non une population à risques. De même, la 26


mise en place de formations à la lutte contre l’homophobie pour les professeurs, les médecins et infirmiers scolaires, les juges, les gendarmes et les policiers apparait comme une nécessité afin de lutter plus efficacement contre le nombre d’agressions homophobes, en constante augmentation. La situation des migrants et demandeurs d’asile homosexuels devrait également être prise en compte dans leur prise en charge par l’administration car ils peuvent se retrouver dans une situation de crainte vis-à-vis des institutions et d’absence d’aide dans leur communauté en France. La gauche doit tenir ses engagements et poursuivre son combat pour l’égalité entre tous les couples en ouvrant la PMA aux couples lesbiens. Les jeunes socialistes saluent la décision de la CEDH qui pousse les Etats à reconnaitre la filiation des enfants nés de GPA à l’étranger et ainsi assurer l’égalité entre tous les enfants. La gauche doit en outre se saisir des questions liées à la transsexualité et à la transidentité en reconnaissant l’identité de genre comme un motif de discrimination et en permettant aux transsexuels de changer librement et gratuitement d’état civil ainsi que de faciliter les démarches administratives que ce changement implique. Les Jeunes Socialistes proposent la création d’un troisième état civil, comme cela existe déjà en Australie.

L’égalité entre les femmes et les hommes Depuis son arrivée au pouvoir la gauche a fait progresser l’égalité entre les femmes et les hommes, grâce notamment à un Ministère des Droits de femmes, qui doit exister pour chaque gouvernement, au delà des remaniements qui se succèdent. Il reste cependant encore de nombreux combats à mener. Les femmes restent par exemple moins bien payées que les hommes de 23% à situations égales. La mise en place de plans pour l’égalité professionnelle dans les entreprises doit être accélérée et généralisée. Il faut également aussi imposer la parité partout, dans la vie démocratique comme dans les entreprises et la direction des organismes publics. Face aux réactionnaires, nous réaffirmons que l’école a vocation à enseigner l’égalité, pour endiguer l’orientation genrée et lutter contre les stéréotypes. Cette lutte contre les stéréotypes de genre est également nécessaire dans les médias et les entreprises.

Le genre n’est pas une théorie, c’est une réalité qui reflète le fait que l’identité des femmes et des hommes est construite socialement. Cela implique donc que les inégalités ne soient pas naturelles mais sociales, et qu’elles peuvent être combattues. Depuis la rentrée 2014, le plan égalité fillegarçon sera appliqué à l’ensemble des écoles afin de lutter contre « les préjugés et les stéréotypes de genre qui se construisent chez les élèves». Tout ce qui lutte contre les stéréotypes fait progresser l’égalité dans l’espace public et doit donc être promu. L’adoption d’une approche transversale dans les programmes et dans les pratiques, par la mise en place d’outils pédagogiques et de documents de références validés par l’Education nationale, aidera les enseignants dans l’enseignement de réflexes égalitaires. La formation des enseignants elle-même empêchera qu’inconsciemment les pratiques ne perpétuent les inégalités. L’intégration de modules sur l’égalité fille-garçon dans les écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) et dans la formation continue généralisera l’enseignement des bonnes pratiques. Il faudra que la refonte des programmes s’accompagne d’une révision en profondeur des manuels. Quelque soit la matière enseignée, ceux-ci reproduisent trop souvent les stéréotypes. Ces représentations contribuent à enfermer les enfants dans une société hiérarchiquement organisée au profit des hommes. Les nouveaux programmes devront faire une place plus grande aux femmes, et veiller à ce que les exercices et problèmes scientifiques ne se basent plus sur des situations reproduisant les inégalités de genre. Enfin, au delà des contenus, l’inscription dans les projets d’établissement de l’égalité filles-garçons et la désignation d’un responsable « égalité » au sein des équipes pédagogiques renforcera au quotidien les pratiques professionnelles d’égalité. En outre, son incarnation par un membre de l’équipe enseignante offrira aux parents un interlocuteur privilégié qui pourra expliquer comment et pourquoi vivre dans un environnement égalitaire bénéficie au développement des enfants. La lutte contre les violences faites aux femmes est un enjeu primordial alors qu’un tiers des femmes ont été victimes de violences sexuelles ou physiques depuis l’âge de 15 ans. Dans 27


ce contexte, il faut augmenter les moyens des associations accueillant les femmes victimes de violences (physiques, sexuelles et morales), et mener des campagnes visant à déculpabiliser les victimes de viol ainsi qu’à responsabiliser l’ensemble de la société. La proposition de loi visant à la lutte contre la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, contre le proxénétisme et pour l’accompagnement des personnes prostituées doit être votée par le Sénat après l’avoir été par l’Assemblée nationale, afin de lutter contre la marchandisation du corps humain.

La remise en cause en Espagne et dans d’autres pays européens des Droits des femmes démontre la nécessité d’une vigilance de tous les instants dans ce domaine. Il est nécessaire d’être vigilants et de renforcer tous les moyens d’accès à la contraception, en ouvrant sa gratuité aux moins de 25 ans et non uniquement aux mineures ainsi que sur les risques liés aux relations sexuelles mal protégées.

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NUMÉRIQUE « Arrête de faire le geek. »

Pour occuper ses soirées, Hugo est du genre à live-tweeter la dernière émission de Ruquier ou à surfer de blog en blog à la rechercher de la nouvelle appli à la mode. Entre son Smartphone, sa tablette et son ordinateur, il passe plusieurs heures par jour devant ses nombreux écrans où il développe de grandes capacités d’adaptation et de maîtrise des nouvelles technologies. Ses parents lui reprochent souvent de se couper du monde qui l’entoure, « le vrai monde » comme ils disent. Ce qu’ils ne savent pas c’est qu’Hugo est bien plus en lien avec le reste du monde que nombre de ses amis et ses parents. Hugo est juste un jeune garçon qui suit l’actualité via les réseaux sociaux et qui utilise les nouvelles technologies dans ce qu’elles ont de meilleur : la simplification de la vie.

Tous addicts ? Nombreux sont les Français qui pensent aujourd’hui connaitre l’utilisation que font les jeunes des outils numériques. Cela paraît évident. Ils passent chaque jour plus d’une heure trente sur leurs portables ou leurs ordinateurs à scruter internet, et maitrisent tous les outils liés au numérique parce qu’ils seraient « nés avec ». Ils seraient dépendants de leurs ordinateurs et smartphones et ne liraient plus. Leur utilisation les aurait déconnectés du monde réel, nuirait à leur sens critique et les aurait rendus paresseux. Ces idées reçues participent au renforcement des préjugés et à une mauvaise compréhension des besoins des jeunes et à la mise en place de politiques ne répondant pas réellement aux enjeux posés par le numérique.

Un développement inégal Le développement du numérique est avant tout inégalitaire territorialement, il convient de lutter contre les zones blanches, pourtant encore nombreuses dans les territoires ruraux.

économiques et éducatifs ainsi que la notion même de propriété privée. Il faut pouvoir apporter des réponses globales aux questions posées par le numérique, spécialement celles de l’égalité d’accès au net, de protection des données personnelles, de libertés individuelles et de conditions de travail. La maîtrise des outils numériques est en effet souvent révélatrice des inégalités entre les jeunes. Seuls 75% des 16-24 ans ont un accès quotidien à internet et tous n’ont par ailleurs pas accès à un ordinateur tous les jours, rendant la maitrise des outils numériques très inégale. Au delà des inégalités, on peut relever que les usages varient en fonction des jeunes. Il n’y a pas de pratiques uniques des outils numériques, ces dernières ont tendance à évoluer très rapidement avec l’apparition de nouvelles technologies telles que les smartphones ou les tablettes, ou même de nouvelles applications et de nouveaux logiciels. Le numérique pose également la question de nos libertés individuelles et collectives, celles d’expression et d’information, quand un opérateur restreint l’accès à un site de contenus en raison de ses partenariats commerciaux ou quand des États comme la Chine ou l’Égypte, de façon autoritaire, bloquent l’accès des citoyens au réseau internet. Tout en prenant garde aux phénomènes pouvant porter atteinte à l’intégrité des personnes, il est nécessaire de garantir la libre circulation des internautes et des informations et de la neutralité du net. Le nombre de données personnelles stockées et échangées explose, repoussant la notion de vie privée tout en ayant des répercussions fortes sur la vie sociale, les comportements et le travail. La réponse politique la plus répandue reste celle de la surveillance, du traçage, de l’enregistrement, relevant d’un conservatisme politique qui réprime par peur de ne plus rien maîtriser.

D’Hadopi aux sites de partage, l’essor du numérique interroge nos modèles 29


La démocratisation et la sécurisation des pratiques L’accès au numérique, et non seulement internet, cache de profondes inégalités sociales et culturelles. Si l’on peut enrayer la fracture numérique cognitive par une transformation de notre système éducatif et une meilleure répartition des richesses, il nous reste à mettre en place des politiques de lutte contre la fracture numérique matérielle. Permettre à chaque jeune d’accéder aux outils nécessaires à sa formation et à son insertion dans le marché du travail est essentiel, notamment en assurant une couverture territoriale optimale pour l’accès au net et les réseaux de téléphonie, et en permettant à tous d’accéder à du matériel le plus régulièrement possible. Le développement d’espaces numériques par les collectivités territoriales doit être envisagé (accès à internet, formations libres au numérique) et le droit à la connexion inscrit dans la loi. La maitrise des outils numériques est essentielle pour assurer la réussite éducative et professionnelle des nouvelles générations. Aussi, les programmes scolaires doivent faire du numérique un axe central de l’école du 21e siècle, permettant de maitriser un socle commun de connaissances informatiques. L’utilisation et l’apprentissage sur logiciels libres doivent être rendus obligatoire dans l’ensemble du système éducatif, ainsi que la technique du codage pour que chacun puisse développer des usages actifs et non passifs de l’internet. L’école pourrait également permettre aux jeunes d’exploiter en toute sécurité les outils numériques, particulièrement internet, en sensibilisant à la protection des données personnelles. La pédagogie inversée et une utilisation critique d’internet permettent aux élèves de hiérarchiser et d’analyser la grande quantité d’informations sont des pratiques à étendre. La neutralité du net, et non la simple transparence, est un principe fondamental, garant de l’égalité des citoyens devant l’information. Il faut la garantir au niveau européen par une directive appropriée et au niveau national par son inscription dans la loi. Il est urgent de créer un Habeas Corpus des libertés numériques. Celui-ci permettrait la protection des lanceurs d’alertes ainsi que la libre information en France et partout dans le monde.

La suppression des filtres entre émetteurs et récepteurs de données et primordiale. Il faut refuser l’instauration de tout régulateur du web qui pourrait unilatéralement contrôler les contenus et données, bloquer et fermer des sites. Se pose néanmoins la question du filtrage légitime de certains sites ou propos tenus sur les réseaux sociaux pour des raisons de morale publique (pédophilie, apologie de crimes, etc.). Il est nécessaire de mettre en place un service de juges spécialisés. Il faut également interdire les intrusions dans la vie privée des consommateurs. Les FAI disposent aujourd’hui du droit d’analyser aléatoirement le contenu des informations échangées entre internautes. C’est une violation du droit au secret de la correspondance et du droit à l’anonymat. Pour un surf en toute sécurité, garantir la sécurisation des données personnelles, et donc, par extension, de la datamasse (Big Data) semble nécessaire. Ces données sont devenues, avec le développement de l’économie numérique capitaliste, un enjeu économique majeur. Enfin, l’évolution des formes de travail permise par l’Internet, si elle améliore la productivité, fait aussi émerger de nouvelles formes d’abus des salariés. Le droit à la déconnexion est essentiel pour respecter la limitation du temps de travail et éviter le harcèlement qu’il peut générer. Il est important qu’il soit garanti dans chaque entreprise.

Le partage des données Internet est un formidable outil de diffusion culturelle. Près de 75 % des 12-24 ans écoutent de la musique en streaming et 50 % d’entre eux en téléchargent sur internet. La loi Hadopi qui, en plus de stigmatiser les usagers et de les sanctionner arbitrairement, est très coûteuse et inefficace. La loi Hadopi doit donc être supprimée et ses compétences ne doivent en aucun cas être transférées au CSA. Cette disposition reviendrait à créer une institution de contrôle qui pourrait nuire à la neutralité du net. Lorsque l’on connaît les moyens humains et financiers du CSA, on ne peut que s’inquiéter de la naissance d’un géant du contrôle des contenus numériques en France. Face à l’évolution des pratiques sur internet, où les lois successives ne parviennent pas à stopper le téléchargement illégal, ancré dans les pratiques des internautes, il est temps de repenser le mode de distribution du contenu en ligne. Nous réaffirmons notre attachement

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à la licence globale universelle qui permettrait de financer une partie de la production de contenu audiovisuel, tout en rémunérant les artistes-compositeurs et producteurs, sur la base d’une redistribution forfaitaire payée par les internautes en supplément de leur abonnement internet. En contrepartie de cette rétribution, les internautes pourraient accéder à des contenus audiovisuels en ligne, les télécharger et les échanger entre eux à des fins non commerciales

d’énergie qui permettent de connaître en temps réel les besoins des consommateurs et ainsi d’anticiper la consommation d’électricité ; mais aussi en terme de partage, via les plateformes de covoiturage et de prêt. Internet est donc un outil adapté à mettre en lien des citoyens réunis par les idées et les convictions.

La démocratisation de l’accès aux données ouvertes (Open data) et la multiplication de la quantité de données accessibles sont essentielles. Le libre-accès et la réutilisation par tous de données publiques via les licences ouvertes est nécessaire et permet l’émergence d’initiatives citoyennes d’intérêt général, notamment pour les jeunes.

Il faut donc réaffirmer le besoin d’informer les citoyens de ces différentes néo-libertés et donner à l’enseignement public des moyens techniques et humains afin qu’il puisse assurer une éducation au net.

Le numérique nous permet d’apercevoir des nouveaux modèles économiques sont possibles basé sur le partage et la solidarité.

La mise en réseau offre enfin des possibilités multiples, que ce soit en termes d’écologie, par exemple avec les réseaux intelligents

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DÉMOCRATIE « Les jeunes ne s’engagent plus ou votent FN. »

Amélie ne croit pas que la politique peut changer sa vie. Elle se sent très éloignée de tout ces responsables politiques, elle ne comprend pas toujours ce qu’ils disent et elle trouve surtout qu’ils se ressemblent vraiment tous. Elle a plein d’amis qui pensent pareil. Ils disent même qu’il leur est aujourd’hui impossible de faire changer les choses car le monde est contrôlé par « les puissants ». Alors quand on lui demande ce qu’elle pense de la politique, elle répond : « Mes parents ont voté contre le traité européen en 2005 et finalement Sarkozy l’a fait repasser deux ans après, ça ne sert à rien, c’est du théâtre. Les représentants des partis font tous la même chose et sont là pour se servir eux mêmes. Ce n’est pas surprenant qu’autant de mes amis votent FN, au moins eux ils proposent un truc différent. La politique, ça sert à rien au final, je me sens plus utile quand j’entraîne les petits de mon club de basket et dans l’association du quartier qui fait de l’aide aux devoirs » La crise de défiance des jeunes vis-à-vis du politique atteint des sommets. Quand 73 % des jeunes s’abstiennent aux élections européennes de mai 2014, ce n’est pas seulement le signe d’un rejet passager du monde politique mais bien la démonstration qu’une génération entière ancre son rapport au politique dans l’abstention. Il ne s’agit plus de colère ou de révolte mais bien d’un rejet désabusé de politiques dont on ne perçoit ni l’impact sur un quotidien toujours plus précaire, ni ce qui les différencie de celles menées par l’adversaire. L’indifférence aux formes classiques de l’exercice du pouvoir est la manifestation d’un choix politique, au même titre que l’expression d’un vote. Le pouvoir d’agir sur le réel prêté au bulletin de vote est déterminant pour expliquer la faible participation électorale des jeunes. Les jeunes sont loin d’être insensibles ou indifférents à l’actualité politique et sociale. En témoignent les nombreux mouvements sociaux auxquels participent régulièrement de manière importante lycéens et étudiants

ou encore le grand nombre d’associations dirigées par des jeunes. Trop de politiques sont conduites au nom des jeunes mais sans leur consultation. C’est le cas de la réduction de la dette, menée à coup de réductions drastiques des dépenses publiques qui pénalisent d’abord les jeunes. Ils sont par contre plus sensibles au réchauffement climatique ou à l’égalité, qui ne font pas l’objet du même volontarisme politique. Il appartient aux partis politiques et aux institutions de démontrer leur pertinence, leur utilité et leur capacité à porter un projet de société qui crée de l’adhésion chez les jeunes et la société toute entière.

Transformer la démocratie Les jeunes se détournent des urnes et, les digues morales qui portaient préjudice à l’extrême droite, s’estompent. Ces deux phénomènes profitent au parti Lepéniste qui attire dans ses rangs de plus en plus de jeunes. Si du point de vue des valeurs ce sont les plus âgés qui sont sensibles aux discours de l’extrême droite, c’est chez les 18-35 ans que le parti de Marine Le Pen réalise sa percée la plus spectaculaire en termes d’adhésions et de scores aux élections. Le FN sait jouer de cette situation, prétendant se faire le porte-voix d’une jeunesse oubliée, de ses angoisses et de sa peur du déclassement et de la déception liée aux renoncements de la gauche au pouvoir. Ils avaient pourtant très majoritairement voté pour François Hollande en 2012. À l’Assemblée Nationale comme au Sénat, les benjamins sont des élus Front national. Lors des élections municipales, les listes FN comptaient beaucoup de jeunes candidats. La gauche, et particulièrement les socialistes ne peuvent laisser à l’extrême droite le monopole du renouvellement. Le renouvellement est possible, à condition que le Parti socialiste en fasse une priorité, et de transformer en conséquence institutions et pratiques politiques. Il apparaît dès lors indispensable de limiter les mandats dans le temps, c’est à dire à l’impossibilité d’en exercer 32


deux consécutivement, d’imposer le mandat unique des parlementaires et de créer un vrai statut de l’élu. Défiance et rejet se nourrissent du sentiment parfois justifié que les politiques conduites par la gauche et la droite sont similaires. L’idée que le Front national serait la seule alternative face à une politique unique s’implante farouchement dans les esprits. Les affaires qui touchent la gauche au pouvoir ne font que renforcer le sentiment du « tous pourris ». Quand la gauche emprunte à la droite son vocabulaire économique, ses propos sur les Roms, ou qu’elle s’écarte de ses fondamentaux dans ses choix politiques comme sur le travail du dimanche ou le contrôle des chômeurs et qu’elle ne parvient pas à inverser la courbe du chômage, il est plus difficile d’expliquer que la politique est autre chose qu’une de gestion comptable de la collectivité. L’une des principales réponses à l’extrême droite réside donc d’abord dans la capacité de la gauche à apporter des réponses radicalement différentes de celles de la droite. Les réponses technocratiques qui confondent les fins et les moyens de l’action politique et le constitutionnalisme économique réduisent le champ d’action du politique. Trop de renoncements face aux lobbies et une organisation oligarchique du pouvoir renforcent ce sentiment d’impuissance du citoyen. Les Jeunes Socialistes proposent de redonner du pouvoir aux citoyens par des assemblées citoyennes accessibles à tous pour construire les projets de la gauche aux élections, et d’ouvrir au maximum les réflexions de la famille socialiste à la société en mouvement. Mais c’est avant tout en menant une politique fidèle à ses valeurs, en conformité avec ses engagements électoraux et en incarnant une vision de société tournée vers l’avenir que peut se renouer le lien de confiance entre la gauche et les millions de jeunes qui ont fait sa victoire en Mai 2012.

Valoriser l’engagement Avec le développement des réseaux sociaux et un échange des informations toujours plus rapide, l’engagement a changé de nature. Il est essentiel pour les formations politiques et les institutions démocratiques de s’adapter à ces outils afin d’en faire des facteurs de démocratie et de participation citoyenne. Si les jeunes boudent le vote, ils ne délaissent

pas pour autant l’engagement. L’engagement pour les associations en France est réel, leur nombre ne cesse de croître chaque année. L’engagement est le plus fort dans les domaines du sport, de la culture ou des loisirs (25 % des 16-24 ans). Seuls 3 % des jeunes sont engagés dans des associations de défense des droits ou des syndicats. Ces données illustrent le fait que la crise de défiance touche bien le politique dans sa forme classique et non l’engagement en lui-même. L’espace associatif est un lieu où les jeunes peuvent exercer librement leur citoyenneté et mettre en pratique les valeurs de respect, d’égalité et de solidarité auxquelles ils sont solidement attachés. 85 % des jeunes font confiance aux associations pour que la société évolue dans le sens du progrès (source INJEP, Atlas des jeunes en France). Il est donc indispensable de donner aux associations les moyens de poursuivre et d’amplifier leurs actions en les faisant davantage bénéficier des emplois d’avenir, en augmentant leurs subventions ce qui implique de renoncer à la baisse des dotations aux collectivités, en prenant en charge la formation des bénévoles et en permettant à chaque individu qui le souhaite de consacrer une année de sa vie à l’engagement associatif. Il serait injuste et dramatique socialement et démocratiquement que les associations culturelles, sportives, d’insertion ou de solidarités soient les premières victimes des baisses de dotations des collectivités. Trop de jeunes désireux de s’engager s’en trouvent empêchés. Il est indispensable de garantir un accès à tous les jeunes qui le souhaitent, y compris les plus en difficulté ou les plus précaires, au service civique, qui ne doit pas être utilisé comme un emploi déguisé mais bien comme un espace d’engagement temporaire au service de l’intérêt général. Depuis mars 2010, près de 65 000 jeunes se sont engagés dans une association ou une collectivité territoriale. Ce nombre doit pouvoir augmenter tout en permettant aux jeunes en question d’envisager l’avenir sereinement. S’engager dans une association apporte une richesse de savoirs et d’expériences considérable, qui méritent d’être prise en compte dans le parcours des jeunes en formation et des lycéens. Une démocratie vivante a besoin de mouvements associatifs, syndicaux et politiques vivants et indépendants. L’autonomie des organisations politiques de jeunesse est un atout pour assurer une 33


véritable communication entre les jeunes et le monde politique. Elle leur assure également la possibilité de formuler des propositions indépendantes, propres à ouvrir la voie à la transformation de la société et au renouvellement des partis. L’autonomie peut être renforcée et garantie grâce à un financement, assuré par l’État, des organisations de jeunesse dirigées par des jeunes, sur le modèle Suédois où les associations de jeunesse possèdent de plus une loterie nationale qui leur assurent des revenus conséquents. La participation des jeunes est indispensable au bon fonctionnement démocratique, elle doit être renforcée à tous les échelons. La démocratie, c’est d’abord le pouvoir d’agir sur le quotidien. Il faut donner aux jeunes toute leur place dans les choix locaux et nationaux à travers une clause d’impact jeunesse afin d’évaluer les lois qui touchent les jeunes, évaluation qui peut être effectuée par le Forum Français de la Jeunesse. La participation électorale sera simplifiée par la possibilité de s’inscrire sur les listes électorales jusqu’à la veille des scrutins et l’amplification de l’information électorale. Nous voulons que le droit de vote des étrangers soit une réalité avant la fin de la mandature. Trop de jeunes sont encore écartés de notre démocratie malgré leur participation active à la vie citoyenne.

C’est par un passage à une sixième République parlementaire, primo ministérielle et participative que nous pourrons redonner confiance dans les institutions démocratiques. Les Jeunes Socialistes veulent la mise en place d’une dose de proportionnelle aux élections législatives pour permettre une meilleure représentation électorale, la fin de l’élection du Président de la République au suffrage universel direct et de son pouvoir de dissolution, la responsabilité accrue du gouvernement et du Premier ministre devant l’Assemblée nationale et des pouvoirs renforcés pour l’exercice de contrôle parlementaire ainsi que le non-cumul dans le temps. L’inéligibilité à vie des élus condamnés pour corruption, fraude fiscale, détournement de fond et abus de biens sociaux permettrait de redonner confiance dans nos représentants et leur intégrité. Il est enfin indispensable de renforcer le contrôle démocratique exercé par les citoyens et le Parlement pour assurer une plus grande transparence sur les financements des partis politiques, sur les conflits d’intérêt et le poids des lobbies. C’est à ce prix que le monde politique peut retrouver pleinement la confiance des jeunes, qui attendent de leurs représentants une exemplarité à toute épreuve.

Transformer les institutions La crise de défiance porte aussi sur la structure de notre régime politique, présidentialiste et inadapté à une démocratie délibérative moderne.

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