Tenir la promesse du changement - Contribution au congrès du Parti socialiste

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Tenir la promesse du changement Le 6 mai 2012, les jeunes ont très majoritairement voté pour François Hollande, après dix années de pouvoir de la droite. Pour la première fois, notre génération a connu l’espoir du changement. Lors de la campagne présidentielle, notre candidat déclarait : « Je ne veux être jugé que sur un seul objectif : est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012 ? ». C’est cette promesse qui a fait naître une grande espérance. La Priorité jeunesse s’est traduite dans les actes avec la mise en œuvre des emplois d’avenir, la garantie jeunes, l’encadrement des stages, l’augmentation des bourses étudiantes, le remboursement à 100% de la contraception pour les mineures, la refonte des rythmes scolaires, la création de 60 000 postes dans l’Éducation nationale et l’enseignement de l’égalité entre les filles et les garçons.

plus important au camp réactionnaire qui joue des peurs et de la tentation du repli. Trop souvent, nous avons donné le sentiment de ne pas mener le combat de nos idées face à nos adversaires de droite et d’extrême-droite, de ne plus incarner par un récit collectif un modèle de société différent, en rupture avec l’ordre établi. Dans notre propre famille politique, le niveau de déficits occupe plus l’attention que la nécessaire transition énergétique ou la création d’emplois. Nous avons marqué un temps d’arrêt dans notre marche pour l’égalité, en reculant sur la PMA pour les couples lesbiens, en renonçant au droit de vote des étrangers ou en refusant la mise en place d’une attestation de contrôle d’identité.

Mais à la moitié du quinquennat, c’est la désillusion vis-à-vis de la gauche au pouvoir, la défiance envers le politique et le rejet démocratique qui s’enracinent dans la jeunesse. Lors des élections municipales et européennes, les jeunes se sont massivement abstenus, laissant ainsi le FN battre des records. Ce sont encore les jeunes qui subissent plus que les autres les inégalités sociales et le sentiment que leur avenir est sacrifié.

La progression du Front National chez les jeunes ébranle nos convictions et met en péril notre famille politique. L’extrême-droite attire à elle de nombreux jeunes en se nourrissant de la désillusion, du désenchantement et du sentiment que tout se décide ailleurs, loin de nous, dans des bureaux de technocrates à Bruxelles, au dernier étage des gratte-ciels des multinationales ou dans la connivence d’une oligarchie qui domine au sommet de l’échelle. La France est, parmi les pays riches, l’un de ceux où la reproduction sociale est la plus forte. C’est pour mettre fin aux injustices, à la toute puissance de la finance, pour transformer la société socialement et écologiquement que la gauche a été élue.

Le sentiment que le bulletin de vote ne peut rien face au dérèglement climatique, au pouvoir de l’argent et aux inégalités, progresse de jour en jour, laissant un champ politique de plus en

La gauche n’a jamais gagné une élection présidentielle sans la participation massive des jeunes. Sans leurs votes, ni François Mitterrand en 1981, ni François Hollande en 2012

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n’auraient été élus. Les socialistes ne pourront réussir sans incarner auprès des jeunes une politique radicalement différente de celle de leurs adversaires, de transformation sociale, démocratique et écologique, qui élargit le champ des possibles et nous extirpe de l’hégémonie culturelle de la droite. La responsabilité des socialistes sera aussi dans les mois à venir de rassembler la gauche. C’est un impératif électoral mais surtout une condition de la transformation sociale. L’unité de la gauche ne se proclame pas mais se construit dans les actes et les projets. La réaction massive aux attentats du mois de janvier dernier a démontré qu’un sursaut républicain est possible. Il appartient désormais à la gauche au pouvoir de donner un sens concret aux valeurs de la République, pour qu’elles trouvent une traduction quotidienne pour chaque citoyen, et notamment pour celles et ceux qui n’en font pas l’expérience.

1/ Tenir nos engagements A. Quand la gauche au pouvoir s’assume La Gauche au pouvoir a su montrer a plusieurs reprises qu’elle pouvait être à la hauteur des attentes de ceux qui l’avaient élue. La priorité en faveur de l’Education, portée par le Gouvernement depuis 2012, après des années de casse du service public, en est le plus bel exemple : en lançant le recrutement de 60 000 postes dans l’Education Nationale– professeurs, conseillers principaux d’éducation, membres de l’équipe pédagogique, infirmiers

scolaires,…- dès notre élection, en entamant la réforme des programmes, en rétablissant la formation des professeurs ou en décidant de revaloriser les filières professionnelles. La fin de la circulaire Guéant, mesure absurde contre la venue d’étudiants étrangers, la mise en place d’un titre de séjour pluriannuel, la réforme de l’éducation prioritaire ou encore la bataille à l’échelle européenne pour augmenter et élargir le dispositif Erasmus illustrent cette volonté de mettre l’égalité au cœur de l’école, en brisant le poids des déterminismes et de l’origine sociale sur le devenir de chaque enfant de la République. La récente loi sur la transition énergétique est aussi la preuve que dans le domaine écologique des avancées sont possibles et qu’il nous revient d’être ambitieux. Ajoutée aux lois sur le logement ou l’agroécologie, c’est une société plus sobre en carbone, plus respectueuse de son environnement et moins consommatrice d’énergie que nous faisons émerger : par l’isolement de l’habitat, le refus des gaz de schiste, la densification urbaine contre l’étalement urbain et la promotion d’une autre forme d’agriculture, moins consommatrice en pesticides et engrais, qui refuse les OGM et s’ancre dans ses territoires. La volonté de financer et de développer les énergies renouvelables doit être poursuivie, et nous amener, au-delà de la réduction de la part du nucléaire dans notre mixe énergétique, à rompre avec ce type d’énergie, à la fois périlleuse, coûteuse, fossile et polluante. Mais c’est aussi et surtout, en matière de politiques d’emploi que les Français nous jugent. Les emplois d’avenir, promis pendant la campagne, sont une avancée, qui donne un emploi à des jeunes, restés trop souvent en dehors du marché du travail, ou le droit à un

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compte formation tout au long de la vie sont une extension des droits des travailleurs. Mais si le traitement social du chômage est une réponse valable, peu coûteuse et efficace, elle doit être amplifiée, en doublant le nombre de ces emplois aidés. Assumer nos choix politiques, c’est promouvoir la liberté, l’égalité et la solidarité dans toutes les dimensions de nos politiques : nous avons su le faire en contenant aux côtés des forces d’Afrique de l’ouest l’avancée de groupes meurtriers qui tentaient de disloquer de l’Etat du Mali, en profitant de l’écroulement de la Libye voisine, ou en participant dans le cadre de l’ONU a un relatif apaisement des tensions en Centrafrique. Ces opérations, si elles ont permis de sauver des vies, et dans une certaine mesure de rétablir l’état de droit, comme toute opération militaire, sont la preuve d’un échec des politiques internationales d’aide au développement et de prévention des conflits. Ceci doit nous obliger collectivement à augmenter les moyens financiers et humains alloués à l’aide au développement, pour respecter les engagements internationaux pris en la matière par la France, en contribuant à minima à hauteur de 1% du PIB à ces politiques. Mais défendre l’égalité et la liberté, c’est aussi lui donner chair en France, en votant une loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes au travail comme dans leur vie de tous les jours, face aux inégalités salariales et aux discriminations liées à l'embauche, au salaire ou au congé parental, ou en élargissant le droit et l’accès à l’IVG pour les femmes qui le souhaitent, quand ailleurs en Europe d’autres tentent à rebours du progrès d’en réduire la portée. Défendre l'égalité, c’est reconnaître l’égalité des couples face au mariage, en permettant, comme nous l’avons fait, aux

couples de même sexe d’y accéder, ainsi qu’à l’adoption. Jeunes Socialistes, nous continuerons à défendre cette vision d’égalité, en permettant la PMA pour les couples lesbiens, l’ouverture du don du sang aux homosexuels et une lutte plus ferme contre les discriminations auxquelles font trop souvent face les personnes transsexuelles, en renforçant par exemple les infractions pénales et le travail de prévention dans les écoles et auprès des agents publics et de soin notamment.

B. Renoncer aux renoncements Cependant, nous constatons qu’une addition d'avancées ne suffit pas à faire une politique globale et à restaurer la crédibilité des socialistes auprès de citoyens déçus et désorientés par des discours trop souvent empreints du vocabulaire et des concepts de l’adversaire. La remise en cause du droit du travail et de la protection des salariés comme étant des freins à l’emploi, l’extension du travail le dimanche ou encore les propos stigmatisant les chômeurs qui peuvent être tenus par des socialistes, sont de nature à déboussoler les électeurs de la gauche. Si la gauche a été élue en 2012, ce n’est pas pour affaiblir les protections et les droits sociaux, mais au contraire pour les garantir et les amplifier, après dix années de casse des services publics, et de stigmatisations des bénéficiaires d’aides sociales. Pour réussir, la gauche au pouvoir doit incarner une vision de la transformation sociale, qui passe par un discours et une politique

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économique qui tourne le dos aux dogmes néolibéraux des années 1980, au mythe de la croissance comme source de développement, et s’affranchisse du constitutionnalisme économique qui dépossède les peuples de leur souveraineté.

les barrières, cela n'arrêtera pas l'espoir des migrants de fuir une réalité terrible pour l'espoir d'un avenir. L’apport de l'immigration à notre pays, tant sur le plan culturel qu’économique est indéniable. Sachons assumer cette vision d’une société multiculturelle et diverse.

Dans la confrontation européenne entre le progrès et l’austérité, la France peine à choisir et à incarner le progressisme. En refusant de renégocier d’avantage le TSCG en début de mandat, nous nous sommes privés d’une possible relance européenne, par la transition énergétique et l’investissement.

Dans de nombreux domaines, nous laissons penser qu’une seule politique est possible. Ce n’est pourtant pas le cas. D’autres modèles existent, à nous de les promouvoir et de réaliser les transitions nécessaires. C’est comme cela que nous redonnerons de la valeur au bulletin de vote.

A travers les choix économiques que nous faisons, tant en offrant aux entreprises, sans contrepartie, des crédits d’impôts qui ne servent ni à l’emploi, ni à l’investissement, qu’en ayant pour objectif principal la réduction de la dépense publique, nous échouons à redresser l’économie et à réduire le chômage et les inégalités.

Pour renouer avec la victoire de 2012, il nous faut recréer les conditions de l'espoir: réaliser la promesse de la priorité jeunesse, en se tournant vers l'avenir, et proposer à la France et à l'Europe l'émergence d'un nouveau modèle de développement, écologique, social et fondamentalement démocratique:

La finance devait être notre adversaire, pourtant nous restons toujours timides dans la confrontation avec elle. En effet, la France freine la mise en œuvre d’une taxe sur les transactions financières en Europe, la séparation bancaire est restée limitée, aucune agence de notation européenne n’a vu le jour, et notre lutte contre les paradis fiscaux n’a pas atteint un niveau suffisant pour être véritablement efficace. Sur le plan de la politique migratoire, trop de similitudes existent avec le passé et risquent de conforter le discours de haine de l’extrêmedroite. L’immigration est trop souvent vue comme un coût, un poids, en niant les réalités internationales qui s'imposent. Quelques soient

2/ La Priorité jeunesse, condition de la réussite du quinquennat La précarité des jeunes explose en Europe, près de 23 % des français et européens de moins de 25 ans sont aujourd’hui au chômage. Il est pour nous nécessaire de donner à chaque jeune de France la possibilité de réussir et de choisir son avenir. Cela passe notamment par la mise en place d’une allocation d’autonomie, universelle et individualisée. Aucun jeune de 16 à 25 ans ne doit se retrouver dépourvu. Faire évoluer le système actuel des bourses pour mettre en

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place une allocation assurant à chaque jeune en formation de pouvoir étudier, se soigner, se nourrir et se loger sans avoir à se salarier serait une mesure forte de progrès social. Accessible à tous, dotée d’une part fixe et d’une part modulable, l’allocation serait calculée en fonction des ressources propres du jeune et de son origine géographique. Des marges de manœuvre existent, en imposant le patrimoine autant que le travail, en supprimant la demi-part fiscale accordée au parents, en défamiliarisant les aides et en imposant plus fortement les droits de succession. L’autonomie des jeunes est la condition première de l’égalité et de la réussite de ces derniers. C’est pourquoi nous nous satisfaisons de l’annonce faite par Manuel Valls en novembre 2014 de l’ouverture de la fusion du revenu de solidarité active et de la prime pour l’emploi aux moins de 25 ans. Cette mesure doit pouvoir s’inscrire dans un processus ambitieux d’autonomisation de la jeunesse, par exemple avec l’ouverture du RSA socle aux chômeurs en fin de droit de moins de 25 ans. La généralisation de la garantie jeune doit se poursuivre sur tout le territoire, afin que chacun puisse choisir librement son avenir, sans avoir à rencontrer des difficultés, culturelles ou financières. Dès leur majorité, les jeunes doivent être considérés comme des citoyens à part entière, ayant accès à des droits sociaux ciblés en fonction de leur situation personnelle et non celle de leurs parents. Il est inconcevable qu’aujourd’hui en France, à 24 ans, on puisse se battre, voire mourir pour son pays, mais ne pas avoir le droit d’accéder à des minimas sociaux.

Il n’est pas possible de réduire la jeunesse à des emplois précaires ou de seconde zone. C’est pourquoi nous saluons la réforme des stages entrée en vigueur fin 2014, qui apporte sécurité et garanties supplémentaires. L’accès au logement doit être préservé. Des milliers de jeunes vivent chaque jour dans des conditions intolérables. Les avancées votées avec la loi ALUR portée par Cécile Duflot doivent être préservées. Il est intolérable de pratiquer une casse sociale sur le dos des plus démunis au prétexte d’une prétendue ouverture de l’économie et de la fiscalité. Plusieurs villes ont fait part de leur volonté d’expérimenter l’encadrement des loyers ; nous souhaitons que cette mesure soit instaurée partout en France. L’application de la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU), votée en 2000 et complétée par la loi Duflot, qui impose à toutes les communes de disposer d’au moins 25 % de logements sociaux, doit être effective. La problématique de la mobilité des jeunes est également essentielle à leur émancipation. Que ce soit en ville, où le coût des transports est très élevé et impose des sacrifices quotidiens ou dans les zones rurales, souvent isolées et donc très mal desservies en transports, nous devons permettre à tous de pouvoir se déplacer facilement et gratuitement, en privilégiant le développement de transports doux ou ferroviaires, moins consommateurs en énergie. La généralisation d’initiatives locales de réduction des tarifs de train, comme le « trajet à un euro » initié en Languedoc-Roussillon doit être encouragée. La clarification faite par le Président de la République lors de sa conférence de presse du 5 février dernier au sujet du service civique était indispensable. Nous réaffirmons notre volonté de préserver un service civique non obligatoire

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et sommes fermement opposés à la mise en place d’un service national obligatoire et non rémunéré. Au delà d’être une réponse inadéquate aux problématiques d’engagement citoyen de la jeunesse, ce dernier aurait été l’imposition d’une mesure d’une violence inouïe à l’égard des jeunes, que l’ont tient trop souvent pour responsables des maux de la société française. Nous soutenons ainsi fermement François Hollande dans sa volonté de voir chaque jeune qui en fait la demande avoir accès à un service civique de huit mois. La mise en place du service civique universel, volontaire et rémunéré est une bonne nouvelle car aujourd'hui, seule une demande de service civique sur cinq est acceptée. De plus, une nécessaire réforme de la pédagogie doit être entreprise, via une réforme profonde de l’Education Nationale. L’avenir se joue dès le plus jeune âge, c’est pourquoi les moyens des crèches doivent être significativement augmentés, ainsi que ceux placés dans l’école maternelle, avec une réduction du nombre d’élèves par classe, afin de permettre à l’école de véritablement s’attaquer aux inégalités à la racine. Ainsi, nous défendons la mise en place d’un véritable service public de la petite enfance. Il faut donner la parole aux jeunes, cela passe par une réflexion sur la démocratie à l’Ecole. La démocratie lycéenne doit être préservée et renforcée, afin de développer une pensée du collectif et une compréhension des principes démocratiques tout au long de la scolarité. Pilier du socialisme, nous réaffirmons le nécessaire partage des savoirs. C’est la culture

et l’éducation que nous devons opposer aux différents replis et aux peurs identitaires. Le récent surgissement de tentations djihadistes semblant attirer certains jeunes ne sera pas résolu par des mesures arbitraires. Il nous faut augmenter les moyens alloués aux ministères de la Culture, afin de la rendre accessible à tous et de l’Éducation Nationale. Il faut inventer un nouveau modèle pédagogique et accompagner les enseignants pour devancer la logique du repli sur soi, du rejet de l’autre, qui peut parfois apparaître, et prévenir les dérives racistes, islamophobes, antisémites ou discriminantes. La politique de la ville doit être repensée pour lutter efficacement contre les discriminations, que ce soit via un soutien fort et pérenne au monde associatif ou en permettant une plus grande mixité sociale via le désenclavement des zones défavorisées. La présence de services publics sur tous les territoires et la condition pour chaque jeune de se construire un avenir à long terme. Que ce soit en ville, dans les banlieues, les zones rurales ou en outre-mer, le visage de la République doit être présent sur tous les territoires. C’est la seule réponse efficace que nous pourrons apporter au sentiment d’abandon et de relégation qui alimente le renoncement, et provoque ainsi l’abstention et le vote à l’extrême droite. C’est un idéal de transformation social et d’investissement sur l’avenir que nous proposons. Nous défendons l’idée que chaque jeune, quel que soit son milieu d’origine ou la situation de ses parents puisse choisir librement son avenir, sans avoir à rencontrer de difficultés, culturelles ou financières.

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3/ La transformation de la société, au cœur de l’identité des socialistes A. La transformation sociale et écologique « La recherche de la croissance éternelle, c’est aussi une recherche de la vie éternelle. Tout ce qu’on appelle « gains de productivité », même si on perd sa vie à gagner du temps, c’est une quête de la vie éternelle. […] En voulant vivre éternellement, les hommes vont détruire la nature, c’est un paradoxe » Bernard Maris, 2013. La transition écologique est aujourd’hui reconnue comme une nécessité chez les citoyen-ne-s mais encore peu prise en compte par les dirigeants publics. Le projet de loi « transition énergétique » présentée par Ségolène Royal pose un premier acte, nous l’avons dit, en faveur de la préparation de l’après-pétrole. Sortir d’une quête de la croissance infinie pour rentrer dans un monde du bien-vivre, qui prend en compte la richesse des ressources naturelles dans la société, sans pour autant leur donner une valeur monétaire- car les biens communs que sont l’air, l’eau et la biodiversité n’ont pas de prix-, c’est opérer un tournant dans la pensée qui domine trop souvent chez les dirigeants politiques et économiques en Europe et dans le monde. Pour se faire, la transition énergétique est une clé. Selon l’OFCE elle générerait 330 000 créations d’emplois d’ici 2030. Pour enclencher ce mouvement les Jeunes Socialistes proposent d’augmenter de 15 000 à 150 0000 les emplois

d’avenir fléchés dans la transition énergétique. Ces emplois d’avenir pourraient être partagés entre l’isolation thermique des logements, l’installation d’équipements d’énergies renouvelables et métiers de l’environnement (sensibilisation, recyclages…). Les collectivités territoriales auraient tout leur rôle à jouer dans le développement de ces métiers. Afin de diminuer de 50% notre consommation énergétique finale d’ici à 2050, il est essentiel de rompre avec les filières du passé aujourd’hui encore dominantes (pétrole, gaz, charbon et nucléaire). Cette transition est une priorité, quand on sait que les importations d’énergies pèsent 70 milliards dans la balance commerciale de la France, dont les trois quarts concernent les produits pétroliers. Nous devons réduire les incroyables gaspillages que l’on voit tous les jours, d’abord par la sobriété dans tous nos usages de l’énergie, ensuite par l’efficacité sur toute la chaîne qui va de la production à la consommation d’énergie. En décembre 2015, la Conférence sur le climat qui aura lieu à Paris représente un enjeu majeur pour l’avenir de la planète. L’engagement fort du Président de la République et du gouvernement pour ce rendez-vous doit se traduire par un accord contraignant, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et endiguer le dérèglement climatique qui menace la survie de l’humanité. Le coût du financement de cette transition énergétique est estimé entre 40 et 60 milliards d’euros par an, la BPI et la BEI doivent donc investir massivement dans ces projets. Diminuer notre impact énergétique, c’est aussi promouvoir la production locale, les circuits

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courts et l’économie circulaire. Nous devons aussi agir pour des transports doux et partagés. Partager le travail est nécessaire au regard de la hausse de la productivité et du chômage de masse. Les 35 heures ne doivent pas être remises en cause, mais poursuivies, car la réduction du temps de travail permet de travailler moins, mieux et tous.

B. La transformation démocratique Les jeunes se détournent des urnes et les digues morales qui portaient préjudice à l’extrême droite, s’estompent. Ces deux phénomènes profitent à l’extrême-droite qui attire dans ses rangs de plus en plus de jeunes. À l’Assemblée Nationale comme au Sénat, les benjamins sont des élus Front national. Lors des élections municipales, les listes FN comptaient beaucoup de jeunes candidats. La gauche, et particulièrement les socialistes ne peuvent laisser à l’extrême droite le monopole du renouvellement. Le renouvellement est possible, à condition que le Parti socialiste en fasse une priorité, et de transformer en conséquence institutions et pratiques politiques. Il apparaît dès lors indispensable de limiter les mandats dans le temps, c’est à dire l’impossibilité d’en exercer deux consécutivement, d’imposer le mandat unique des parlementaires et de créer un vrai statut de l’élu. Avec le développement des réseaux sociaux et un échange des informations toujours plus rapide, l’engagement a changé de nature. Il est essentiel pour les formations politiques et les

institutions démocratiques de s’adapter à ces outils afin d’en faire des facteurs de démocratie et de participation citoyenne. Si les jeunes boudent le vote, ils ne délaissent pas pour autant l’engagement. L’engagement pour les associations en France est réel, leur nombre ne cesse de croître chaque année. Il est donc indispensable de donner aux associations les moyens de poursuivre et d’amplifier leurs actions en les faisant davantage bénéficier des emplois d’avenir, en augmentant leurs subventions ce qui implique de renoncer à la baisse des dotations aux collectivités, en prenant en charge la formation des bénévoles et en permettant à chaque individu qui le souhaite de consacrer une année de sa vie à l’engagement associatif. Il serait injuste et dramatique socialement et démocratiquement que les associations culturelles, sportives, d’insertion ou de solidarités soient les premières victimes des baisses de dotations des collectivités. Depuis mars 2010, près de 65 000 jeunes se sont engagés dans une association ou une collectivité territoriale. Ce nombre doit pouvoir augmenter tout en permettant aux jeunes en question d’envisager l’avenir sereinement. S’engager dans une association apporte une richesse de savoirs et d’expériences considérable, qui méritent d’être prise en compte dans le parcours des jeunes en formation et des lycéens. Une démocratie vivante a besoin de mouvements associatifs, syndicaux et politiques vivants et indépendants. L’autonomie des organisations politiques de jeunesse est un atout pour assurer une véritable

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communication entre les jeunes et le monde politique. Elle leur assure également la possibilité de formuler des propositions indépendantes, propres à ouvrir la voie à la transformation de la société et au renouvellement des partis. L’autonomie peut être renforcée et garantie grâce à un financement, assuré par l’État, des organisations de jeunesse dirigées par des jeunes, sur le modèle Suédois où les associations de jeunesse possèdent de plus une loterie nationale qui leur assure des revenus conséquents. Nous voulons que le droit de vote des étrangers soit une réalité avant la fin de la mandature. Trop de jeunes sont encore écartés de notre démocratie malgré leur participation active à la vie citoyenne. La crise de défiance porte aussi sur la structure de notre régime politique, présidentialiste et inadapté à une démocratie délibérative moderne. C’est par un passage à une sixième République, qui réaffirme les droits fondamentaux, sociaux et écologiques, qui soit parlementaire, primo ministérielle et participative que nous pourrons redonner confiance dans les institutions démocratiques. Il est enfin indispensable de renforcer le contrôle démocratique exercé par les citoyens et le Parlement pour assurer une plus grande transparence sur les financements des partis politiques, sur les conflits d’intérêt et le poids des lobbies, et ce à toutes les échelles. C’est à ce prix que le monde politique peut retrouver pleinement la confiance des jeunes, qui attendent de leurs représentants une exemplarité à toute épreuve.

Conclusion La gauche au pouvoir est confrontée à la désillusion de ses électeurs, du fait de ses renoncements. Pourtant, il reste encore deux ans pour renverser le cours de l’Histoire et écrire une nouvelle page, pour la transformation sociale, écologique et démocratique. Les Jeunes Socialistes joueront tout leur rôle au sein de la famille socialiste, pour porter un regard lucide sur notre action, guider nos débats et nous permettre d’être utiles à toutes celles et ceux qui ont placé leur confiance en nous en 2012.

Les premiers signataires : Laura Slimani, Socialistes.

Présidente

des

Jeunes

Anthony Aly, Ayoub Belkadi, Raphaël Bonnier, Léa Charbonnier, Richard Chesneau, Daniel Cornalba, Chloé Danillon, Mehdi Dardouri, Jessica Gerondal, Bérangère Givanovitch, Maël Harter-Boufrouia, Quentin Hennaff, Lina Jali, Augustin Lechat-Blin, Mathurin Levis, Sandra Lhote Fernandes, Grichka Lingerat, Claire Louis, Benjamin Lucas, Sarah Martins, Mathilde Maulat, Léo Moreau, Juliette Perchepied, Adélaïde Raveleau, Ada Reichhart, Mélanie Russo, Lorenzo Salvador, Sayna Shahryari, Yoann Simboiselle, Florian Surre, Clément Tavenard, Lucas Trotouin, Rached Zehou.

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