la construction et le cadeau d’un appartement au président Lula par la société de BTP Odebrecht 28. De cette affaire est née une vague contestataire qui a conduit à un populisme de frustration et insurrectionnel où la satisfaction des besoins élémentaires du peuple face à une élite déconnectée a pris naissance au travers de plusieurs manifestations, mais plus directement par l’élection du président Jair Bolsonaro. Favorisé par l’absence de responsabilités, ce qui l’a avantagé dans la course à la présidentielle, l’érigeant en « champion de la lutte contre la corruption », pointant les échecs de la classe politique traditionnelle tout en affichant des mains blanches 29. Du sentiment d’abondon, une fenêtre aux solutions simplistes s’est ouverte, qui en reprenant la formule du philosophe Alain de Benoist : « le populisme moderne est né d’une absence d’alternative ». Il laisserait y voir la mesure du « fossé séparant le peuple de la classe politique » 30 . De par le jeu de la corruption et des problèmes galopants d’insécurité, le populisme en hémisphère sud s’y construit un nid favorable. En effet, différent du moteur du populisme du Nord, qui est la peur du déclassement, et comme dit précédemment, c’est avant tout la frustration d’une classe moyenne émergente qui trouvent que cela ne va pas assez vite. Que les réformes promises sont inefficaces et que l’insécurité n’a pas régréssé comme attendu. Cela pousse les électeurs vers des solutions simplistes. À l’image de l’élection du Président Philippin Rodrigo
Duterte, dont les déclarations ont été des plus provocatrices les unes que les autres sans aucun respect des Droits de l’Homme. L’on peut noter : « Oubliez les Droits de l’Homme, si je deviens président, ça va saigner » 31 . Une déclaration en surenchère prononcée lors de la promotion de sa politique sécuritaire relative au trafic de drogue. Ce dernier prône une politique d’exécution extra judiciaire pour tous les consommateurs et vendeurs de substances considérées comme interdites. En outre, cela contraste directement avec la vision d’un populisme du Nord où le sacre de la légalisation du discours omet la prise en compte des extrêmes pour séduire le plus grand nombre dès lors qu’aucune sortie, au-delà du cadre légal, ne peut être tolérée afin de garder la popularité du leader en proue, ou garantir le plébiscite du parti politique. En conclusion, au-delà du discours et des différences culturelles selon les régions, des problématiques communes émergent entre le Nord et le Sud, notamment en matière de sécurité, d’immigration, de paupérisation des classes moyennes, de la peur du déracinement et de la mondialisation. À certain égard, l’on peut-parler d’une vague planétaire de repli identitaire qui se caractérise principalement par le refus de l’autre et la frustration généralisée par l’incompréhension des classes dominantes de la société. À l’image de l’essence même du terme, soit l’idéalisme du retour d’une communauté perdue, si le populisme a su
Populisme et péril démocratique dans l’hémisphère sud | 27