Dédicace
Je dédie ce travail
À mes parents qui m’ont toujours soutenu par leur amour inconditionnel et leurs encouragements , pour continuer mon chemin et atteindre mes objectifs.
À ma sœur, pour les souvenirs qui ont fait de moi la personne dont je suis aujourd’hui.
À toute ma famille élargie qui n’a jamais cessé de m’encourager et me pousser à m’améliorer.
À mes amis avec qui j’ai partagé mes plus beaux jours , pour leur soutien, amour et motivation.
À celle que j’aime .
À tout ceux qui ont été là pour moi .
Je vous aime .
Remerciements
Je tiens à remercier, en premier lieu, ma directrice de mémoire Mme. Sihem JENDOUBI KHENISSI pour sa patience , sa disponibilité et son soutien tout au long de la réalisation de ce travail .
Un grand merci à Mr.Mouldi CHAABANI pour ses précieux conseils et son encouragement.
Je tiens à remercier Mr. Zouhaier ABBES et Mme. Ferdaws BELCADHI pour leur aide et leur encadrement et conseils dans la formulation de mes idées et mes objectifs .
Je remercie Mr. Nejib BEN LAZREG pour sa disponibilité et son aide , dans la procuration des documents nécessaires à l’élaboration de ce travail à partir de ses recherches.
Je remercie tous les enseignants qui ont contribué à ma formation durant tout ce parcours scolaire, sans eux je n’aurais jamais arrivé à ce point là .
Mes vifs remerciements vont enfin aux membres du jury pour l’intérêt qu’ils ont porté à ce rapport en acceptant de l’évaluer et de l’enrichir par leurs remarques et propositions.
Avant-propos:
Il est nécessaire de noter que ce présent mémoire traite d’un sujet fondé au niveau de l’atelier thématique du premier semestre de la cinquième année architecture qui traite la thématique Démpolis 1: Poléis en héritage qui s’intéresse aux ensembles historiques, paysages culturels, sites archéologiques et monuments en péril. Ces derniers sont objet d’agressions et portent atteinte aussi bien, à l’histoire de leurs villes, qu’à leur aspect architectural. Notre choix repose sur la richesse de la ville de Lamta ainsi que sur l’état de son site archéologique.
Résumé:
L’étude porte sur la revivification de la mémoire de Lamta à travers le rétablissement d’un lien entre la ville et sa mémoire.
La réalisation de cette idée était par le biais d’un projet de réaménagement de la zone reliant la ville actuelle et la ville antique , et la mise en valeur du site archéologique et ses composantes qui forment la mémoire du lieu, qui est objet des menaces et de risques de perte .
Pour ce faire, on a eu recours à une étude des notions de patrimoine, de lieux, de mémoire et des lieux de mémoire: la genèse, le développement et la perte.
Mots-clés:
Site archéologique - ville - mémoire - commerce - Lamtarevivifier
Abstract:
This study focuses on the revivification of the memory of Lamta through the re-establishment of a link between the city and its memory. The realization of this idea was through a redevelopment project of the area linking the current city and the ancient city, and the enhancement of the archaeological site and its components that form the memory of the place, which is object of threats and risk of loss.
To do this, we used a study of the notions of heritage, places, memory and places of memory: genesis, development and loss.
Keywords:
Archaeological site - Town - memory - trade - Lamtarevitalize
Introduction:
Un patrimoine en
péril
La tendance de vouloir laisser une trace pour les générations futures, a toujours préoccupé l’humanité. Ces traces se manifestent par des sites et des monuments marquant leurs passages ou par l’instauration des idéologies dans les esprits des gens. C’est par cette volonté qu’on peut admettre que le patrimoine est un legs de nos ancêtres qu’on doit préserver et transmettre aux générations futures afin d’assurer le développement dans les différents domaines de la vie actuelle et préparer également un support de continuité.
Le patrimoine ne se définit pas seulement par les sites archéologiques, les ensembles et les monuments architecturaux mais aussi par une culture, un savoir-faire et un héritage intellectuel. L’union de la composante matérielle et immatérielle donne naissance à une mémoire propre pour chaque lieu. Ce lieu possède une profondeur historique, il est doté de l’esprit des temps anciens. La mémoire comme l’architecture est liée au principe sensible, elles sont toutes les deux accompagnées de la notion du temps, puisqu’à travers les mécanismes de la pensée mémorielle, il y a une action regardante rétroactive et rétrospective. Dans ce sens, l’espace, la forme, la matérialité et l’immatérialité constituent des données identitaires du site. Il y a donc de l’immatériel dans les lieux ou plutôt des lieux empreints d’immatériel, comme il y a de l’immatériel à traduire dans une architecture matérialisée.
Revivifier la mémoire de Lamta: Un emporium culturel à Lamta
L’aspect matériel et immatériel du lieu est traduit par l’empreinte des civilisations passées sur chaque lieu : la succession des différentes civilisations sur la Tunisie a donné naissance à une combinaison singulière, riche et diversifiée en terme de patrimoine matériel aussi bien qu’en matière d’héritage immatériel.
En Tunisie, tous les regards sont tournés vers la matérialité du lieu et lui accorde une grande importance. Cependant, la plupart de ces sites et monuments souffrent de mauvaise gestion, d’autres ne sont même pas reconnus et pris en compte, alors que quelques-uns sont bien conservés : Carthage, Dougga..., d’autres sont en train de se dégrader : village de Gsour Baghal, Ghomrassen... et d’autres sont encore en phase de documentation et de recherche tel que le cas du site archéologique de Lamta.
Les traces de ce site ont été dénudées de leur âme qui se présente dans la mémoire du lieu et qui n’a pas été transmise. Reconnaître les formes matérielles du patrimoine contribue à la perte d’esprit du lieu et l’oubli.
La région littorale tunisienne, vu sa position stratégique donnant sur les deux bassins de la Méditerranée, est dotée d’un patrimoine architectural, ainsi que culturel très important. Particulièrement pour Lamta, ce site présente un exemple de développement économique à travers les différentes civilisations. « Leptiminus partage des aspects de plusieurs types idéaux, notamment ceux de la ville productrice ou de la ville commerciale »( D.L.Stone, D.J.Mattingly and N.Ben Lazreg, 2011 , P.262 ). Elle manifeste une richesse et un pouvoir patrimonial assez important. Malgré ses potentiels, la région de Lamta immerge actuellement progressivement dans l’oubli et risque de pedre sa mémoire aussi bien matérielle qu’immatérielle.
Problématique:
La richesse perdue, quel avenir...?
La genèse de la ville de Lamta était principalement due à sa situation littorale au bord de la méditerranée et sa relation avec ses arrières pays. Ceci a fait d’elle un des ports commerciaux les plus importants dans l’Afrique du nord. « Leptiminus antique, une importante ville portuaire romaine sur la côte est du pays moderne de la Tunisie » ( D.L.Stone, D.J.Mattingly and N.Ben Lazreg, 2011, P.261). Ce développement de la ville à travers les différentes périodes était accompagné par un essor de l’activité commerciale. Leptiminus, nom romain de Lamta, était un exemple de développement économique régional à travers l’exploitation de ses potentiels : sa situation, ses ressources naturelles... Malgré son essor aussi important durant les différentes périodes historiques (punique, romaine, antiquité tardive…), la région de Lamta actuellement sombre dans l’oubli et présente un site délaissé et stagné.
Lamta, icône de la côte tunisienne, a perdu son influence et se trouve dans un état obsolète aussi bien au niveau du site archéologique ou en termes d’état économique. Aujourd’hui, ce site tombe dans l’oubli et la négligence. Malgré l’indéniable richesse du lieu, la gestion de ses ressources n’a pas été à la hauteur de la valeur de Leptiminus. En fait, ce site reste négligé et méconnu par la majorité des Tunisiens ainsi que par des résidents régionaux et locaux. Par conséquent, les autochtones et les visiteurs n’ont pas la possibilité d’explorer et de reconnaître son potentiel culturel et son héritage historique. Cet héritage
reste seulement dans les documents officiels de l’inventaire des données archéologiques de peur des menaces envers les différents vestiges et le manque des fonds nécessaire à son exploitation. Mais est-t-il juste envers un tel héritage aussi riche?
Fig 1 :Lamta de la richesse à l’oubli.
Source: auteur
Comment peut-on redonner vie à ce lieu de mémoire tout en maintenant sa particularité et son originalité ?
Quel type d’espaces à prévoir pour revivifier le caractère commercial qui le définit ?
La remise en valeur du pôle commercial célébrant le patrimoine immatériel de la région peut-elle faire revivre le site historique et permettre de transmettre la mémoire du site ?
Méthodologie:
Un processus pour revivifier la mémoire de Lamta
La mémoire constitue l’âme et l’esprit des lieux hérités , elle présente leur immatérialité et donne un sens à leur matérialité afin de la rendre compréhensible. Mais, n’étant pas concrète, elle présente un risque de perte et d’oubli. Notre objectif par ce travail est d’identifier la mémoire du lieu, l’analyser, et essayer de la revivifier.
Dans un premier lieu, on a évoqué les notion : de patrimoine avec ses composantes matérielles et immatérielles , du lieu et de la mémoire. On s’est intéressé par la suite à la notion des lieux de mémoire comme un exemple d’homogénéité et d’harmonie entre le matériel et l’immatériel du lieu en évoquant ses inventeurs. On s’est arrêté sur le commerce comme un développeur des cultures et un créateur de mémoire de lieu.
Dans un deuxième lieu, on a pris la ville de Lamta comme un cas d’étude. On a présenté la ville , son histoire et ses composantes. Cette étude était orientée vers l’identification de l’aspect commercial qui a donné naissance à la ville antique , qui a développé sa culture et a crée sa mémoire. Par l’observation et l’analyse de la ville actuelle , et avec une comparaison avec l’état de la ville antique on peut confirmer que Lamta risque une perte de sa mémoire. On peut donc la classer comme un non lieu et une terre désolée. On a effectué notre choix de la zone d’intervention , qui a un potentiel de relier la ville actuelle et la ville antique.
En dernier lieu, et pour confirmer les constats de l’analyse on a rencontré les usagers du lieu moyennant des enquêtes in situ. On a élaboré par la suite nos choix directionnels du programme d’intervention qui consistent à créer un parcours urbain et un projet architectural à aspect commercial qui vise à irradier la culture et la mémoire de Lamta.
Fig 2 :Processus de revivification de la mémoire de Lamta Source: auteur
Partie I
Partie théorique
Études des concepts
clés: Patrimoine Lieux de mémoire Commerce
Patrimoine: Synergie
Patrimoine: Synergie entre matériel et immatériel
1. Introduction:
Dans ce qui suit nous allons étudier la notion du «Patrimoine» qui a évolué au fil du temps. Son exploration n’est pas encore terminée, sa définition est en évolution continue. Déterminer la définition exacte du patrimoine est toujours difficile compte tenu des significations et des stéréotypes qui se développent autour de ce concept aujourd’hui.
Patrimoine: Synergie entre matériel et immatériel
2. Patrimoine Notions et définitions :
2.1 Définitions :
Le patrimoine est un concept complexe qui évolue avec le temps. Il existe plusieurs définitions du concept, le mot est du latin « Patrimonium », qui signifie littéralement « l’héritage du père ».
- Selon LITTRE, il s’agit d’un « bien d’héritage » qui « descend suivant les lois des pères et des mères aux enfants ».
- D’après le petit Larousse, « Le patrimoine est un bien, héritage commun d’une collectivité, d’un groupe humain». Le patrimoine est donc tout ce que nous pouvons hériter des générations précédentes et nous devons le transmettre aux générations futures.
Cet héritage se manifeste sous forme de :
sous de : les savoir-
- Biens matériels : les musées, les monuments, les villes et villages d’art ou de caractère, les sites archéologiques et préhistoriques, les jardins, les édifices religieux et militaires...
- L’immatériel : fêtes et manifestations, traditions et savoirfaire, techniques...
Le terme patrimoine varie d’un domaine à l’autre.
Patrimoine: Synergie entre matériel et immatériel
2.2. Évolutions de la notion du patrimoine :
Le terme patrimoine existe depuis l’Antiquité, mais avec des significations différentes. Sa signification actuelle n’a été établie qu’au XXe siècle. Puis, au fil du temps, le patrimoine se diversifie, un nouveau patrimoine émerge, ne remplaçant pas l’ancien, mais s’y ajoutant.
Patrimoine: Synergie entre matériel et immatériel
2.3. Les types du patrimoine :
Selon son évolution étudiée au fil du temps, le patrimoine ne cesse jamais de se développer en ajoutant d’autres termes et des nouvelles notions. Cette extension s’explique par la diversification des concepts couvrant différents domaines. Lors de la conférence générale de l’UNESCO à Paris 1972, le patrimoine se divise en 3 axes : Patrimoine culturel, patrimoine naturel et patrimoine mixte.
Fig 5 :Types de patrimoine
Source: Auteur
Patrimoine: Synergie entre matériel et immatériel
3. Le patrimoine matériel :
3.1 Patrimoine matériel: Notions générales et définitions :
3.1.1. Définitions :
Le « patrimoine matériel » peut être défini comme un patrimoine composé principalement d’architecture et d’urbanisme, de paysages bâtis, de sites archéologiques et géologiques, de certains aménagements en zones agricoles ou forestières, d’œuvres d’art et de mobilier... Le patrimoine matériel est le patrimoine culturel qui nous a été transmis du passé, il a une grande valeur spirituelle et retranscrite de façon vivante l’histoire de la civilisation humaine. Cet héritage est aujourd’hui un élément fondamental de la mémoire des gens.
3.1.2. Évolution de la notion du patrimoine culturel matériel :
Le patrimoine culturel matériel a évolué au cours du temps pour s’élargir avec l’apparition des nouveaux éléments et typologies. Mais cet élargissement n’a pas influencé le patrimoine culturel matériel ancien. Ce dernier n’a pas été rendu obsolète par la nouvelle apparition : églises et châteaux sont toujours prisés, alors que le patrimoine artisanal ,industriel ou à intérêt commercial n’a toujours pas un large public.
Fig 6 :évolution de la notion du patrimoine culturel matériel selon UNESCO
Source: www.patrimatheque.com modifié par l’auteur
Patrimoine: Synergie entre matériel et immatériel
3.1.3. Les éléments du patrimoine culturel matériel :
Le patrimoine culturel matériel est l’héritage, le plus facile à identifier. Il représente la production matérielle de l’Homme, constituées de différents éléments :
• Paysages : Ces derniers sont le résultat d’une action séculaire de l’homme sur son milieu.
• Les biens immobiliers : Les biens immobiliers sont aussi bien les bâtiments de différents usages et qui témoignent d’activités spécifiques ou tout simplement d’un style architectural spécifique. Notre site fait partie ce cette catégorie de patrimoine.
• Biens mobiliers : La catégorie des biens mobiliers comprend les œuvres d’art et les appareils à usage domestique ou professionnel.
• Les produits : Le produit est le résultat des conditions locales et les traditions de cultures, d’élevage, de transformation et de préparation.
3.2 Typologies de biens immobiliers du patrimoine culturel matériel :
Comme il a été cité précédemment, le site peut être classé comme un bien immobilier. Dans cette optique, une étude des typologies de biens immobiliers du patrimoine culturel matériel s’impose.
Fig 7 : Les éléments du patrimoine matériel selon UNESCO Source: AuteurPatrimoine: Synergie entre matériel et immatériel
• Patrimoine d’intérêt religieux : Toutes les formes de biens liés à des valeurs religieuses ou spirituelles, telles que : églises, monastères, tombeaux, mosquées, synagogues, temples, sanctuaires.... La mosquée de Kairouan est en exemple du patrimoine religieux
• Patrimoine militaire et fortifications: Par fortifications et patrimoine militaire, on entend toute construction utilisées à des fins militaires, offensives ou défensives construite avec des matériaux naturels ou artificiels comme les arsenaux, les ports et les champs de bataille, casernes, bases militaires.... Comme exemple, on peut citer le Ribat de Monastir.
• Patrimoine civil urbain : Cela désigne tous les édifices célèbres qui ornent la ville. Il peut s’agir d’hôtels de ville, d’horloges, de parlements, d’hôtels particuliers ou d’importants monuments monumentaux : piliers, fontaines....
• Patrimoine d’intérêt commercial : Ce type de patrimoine se manifeste dans les Macellums, les centres commerciaux, les marchés, les places des souks, les ports et tout espace assurant l’activité d’échange commercial entre les individus d’une civilisation ainsi que les échanges extérieurs avec les arrières pays. En titre d’exemple, on peut citer le port punique de Carthage.
• Patrimoine rural et vernaculaire : C’est ce qu’on appelle parfois le « petit patrimoine », qui désigne les constructions de la civilisation paysanne (fermes, granges, maisons traditionnelles), les outils des activités agricoles.... Le Menzel Djerbien est un exemple du patrimoine rural et vernaculaire
• Patrimoine d’intérêt industriel : Le patrimoine industriel comprend les vestiges de la culture industrielle ayant une valeur historique, sociale, architecturale ou scientifique. En Tunisie, on peut citer la cité minière de Djerissa.
Fig 8 : Les typologies du patrimoine matériel
Source: Auteur
Patrimoine: Synergie entre matériel et immatériel
4. Le patrimoine immatériel
:
L’étude de ce concept vise à déterminer l’importance de ce type de patrimoine négligé qui représente l’âme et l’identité du côté matériel du patrimoine. Il construit l’esprit et la mémoire du lieu et de la communauté. Et dans l’objectif de ce mémoire, on doit l’étudier.
4.1 Patrimoine immatériel: Notion générales et définitions :
4.1.1.
Définitions :
Selon UNESCO, le patrimoine immatériel est une série de produits spirituels des êtres humains, c’est-à-dire des produits spirituels, un concept englobant toutes les cultures, traditions et pratiques populaires, transmis oralement ou par des gestes modifiés au fil du temps, à travers le processus de recréation collective.
Ce patrimoine vivant, est l’équivalent culturel de la biodiversité : un ensemble de solutions créatives que les individus trouvent au fil du temps, capables de choisir où et dans quelles conditions ils vivent ensemble. Il donne aux gens un sentiment d’identité et de continuité, il est un moteur important de la diversité culturelle et grâce à sa riche palette et son bon sens de l’utilité, il contribue à la durabilité de la planète. Il permet aussi aux communautés de réaffirmer leur identité nationale et régionale devant l’évolution toujours plus rapide de les structures sociales.
Fig 9 : définition du patrimoine immatériel
Source: Auteur
Patrimoine: Synergie entre matériel et immatériel
4.1.2. Évolution de la notion du patrimoine culturel immatériel : Selon la Conférence mondiale de l’UNESCO sur les politiques culturelles et le développement durable - MONDIACULT 2022 « Le concept de patrimoine immatériel a été mentionné pour la première fois par les États membres de l’UNESCO lors de la réunion de 1982 à Mexico. Il a ensuite été suggéré d’étendre la notion de patrimoine à « l’ensemble des traditions culturelles ». Mais ce n’est qu’en 1989 que Paris a adopté les recommandations finales. Confrontés à des questions de définitions et de terminologie, les États membres de l’UNESCO utilisent une pléthore d’expressions pour identifier la réalité dont ils veulent parler et ce que cette réalité signifie vraiment. Ce n’est que lors des consultations internationales tenues à Paris en juin 1993 que l’expression «patrimoine immatériel» a été désignée comme faisant partie de ce patrimoine, qui constitue le patrimoine culturel vivant de la communauté. Le patrimoine immatériel est désormais reconnu comme une partie importante du patrimoine par tous les États membres de l’UNESCO.»
4.2 Les domaines d’expression du patrimoine culturel immatériel :
Les domaines d’expression du patrimoine culturel immatériel comprennent la langue, la littérature orale (mythes, chansons, jeux, généalogie, etc.), les arts du spectacle et les pratiques corporelles (dont les rituels, les sports, la pantomime, etc.), les savoirs et savoir-faire (liés à la nature et à la cosmologie, l’apprentissage) , médecine et pratiques culinaires, artisanat traditionnel, apprentissage, techniques de production et amélioration des produits), diversité des formes narratives. Dans tous ces domaines, l’acte de création s’exprime en termes de technologie et de savoir, plutôt qu’il ne débouche sur un objet concret.
Patrimoine: Synergie entre matériel et immatériel
Selon la « Convention pour la protection du patrimoine culturel immatériel » adoptée par l’UNESCO en 2003, on peut distinguer cinq types de patrimoine culturel immatériel.
• Les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel.
• Les arts du spectacle.
• Les pratiques sociales, rituels et événements festifs.
• Les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers.
• Les savoirs-faire liés à l’artisanat traditionnel.
Fig 11 :Les domaines du patrimoine immatériel selon UNESCO Source: Auteur
Parmi ces domaines d’expression, on s’intéresse essentiellement aux savoirs-faire liés à l’artisanat traditionnel qui est relatif au sujet de notre mémoire.
• Les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel: Selon l’UNESCO, l’artisanat traditionnel est peut-être la manifestation la plus tangible du patrimoine culturel immatériel. L’artisanat traditionnel prend de nombreuses formes : les outils, les vêtements et les bijoux, les costumes et les accessoires pour les fêtes et les arts de la scène, contenants, objets de stockage, de transport et de protection, objets d’arts décoratifs et rituels, instruments de musique et ustensiles ménagers, ainsi que les jouets éducatifs et
Patrimoine: Synergie entre matériel et immatériel
divertissants. Beaucoup de ces objets ne peuvent être utilisés que pendant une courte période, comme ceux qui sont fabriqués pour les cérémonies festives, tandis que d’autres peuvent devenir des objets de famille transmis de génération en génération.
Patrimoine: Synergie entre matériel et immatériel
5. Synthèse:
Le patrimoine se manifeste essentiellement sous deux aspects. D’une part l’aspect matériel qui présente l’aspect tangible de l’héritage culturel, il est facilement identifiable, le plus conservée pour être transmis aux générations futures. Ce patrimoine matériel possède une histoire et un contexte qui constitue son âme et construit sa mémoire: C’est l’aspect immatériel du patrimoine sans lequel on ne peut pas s’identifier dans les lieux hérités. Nous confirmons alors la présence d’immatérialité dans le matériel et réciproquement de la matérialité dans l’immatériel. Ceci crée une relation d’harmonie d’interaction et de complémentarité entre les deux. On peut citer comme exemple les lieux de mémoire qui concrétisent cette interaction, tel que les sites archéologiques.
Fig 13 :Du patrimoine aux lieux de mémoire Source: AuteurChapitre II Les lieux de mémoire: Un patrimoine bigarré et vivant
Introduction
Le lieu comme un siège d’interaction de la matérialité et de l’immatérialité du patrimoine
La mémoire: Écrin à patrimoine
Lieux de mémoire: Patrimoine révélateur
La perte du lieu: Pillage du patrimoine Synthèse
1. Introduction:
L’esprit du lieu est un exemple de l’interaction entre l’aspect matériel et immatériel du patrimoine. Vu l’importance qu’on accorde à cette notion, nous essayerons le long de ce chapitre de la mettre en lumière et d’étudier ses spécificités et les risques de perte qui la menace. L’esprit des lieux historiques sert à la fois à immortaliser ces lieux et à revivifier leur mémoire perdue à travers la continuité qu’il doit assurer : c’est la base sur laquelle on va s’appuyer dans l’élaboration de notre projet de revivification de la mémoire de notre site.
Les lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivantLes lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant
L’étude de la mémoire du lieu nécessite une analyse antérieure de la notion du lieu est ses aspects et de la mémoire et ses différentes manifestations.
2. Le lieu comme un siège d’interaction de la matérialité et de l’immatérialité du patrimoine :
2.1 Lieu : définitions et significations :
Il existe plus d’une définition du concept ou de la notion de lieu. Le lieu est un concept qui a été défini dans de nombreuses disciplines.
L’architecture trouve la source fondamentale de la théorie contemporaine des lieux dans l’œuvre de Heidegger « Bâtir, Habiter, Penser ». « Le lieu rassemble. Le rassemblement conduit le rassemblé à son être et l’y abrite » (M.HEIDEGGER, 1986, p.183). Pour Heidegger, l’homme habite le lieu lorsqu’il réussit à se localiser et à s’identifier à son environnement, ou, plus simplement, lorsqu’il expérimente le sens du milieu.
La phénoménologie de Heidegger a ensuite inspiré la plupart des théoriciens du lieu, en particulier Norberg-Schultz, qui a lui-même développé une phénoménologie de l’interaction de l’environnement et du lieu avec les gens. Il a défini le lieu à travers ses recherches comme un espace doté d’un caractère distinctif basé sur le rapport d’identification selon l’influence qu’il provoque sur
Les lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant l’individu. Ce rapport est la base sur laquelle Norberg-Schulz s’est appuyé pour développer le concept de Genius Loci.
Fig 15 :Notion du lieu selon Norberg-Schultz
Source: Auteur
Aldo Rossi, comme Norbeurg-Schulz, écrit sur l’aspect immatériel de cette notion. Il définit le lieu comme « ... rapport à la fois particulier et universel qui existe entre une situation locale donnée et les constructions qui s’y trouvent » ( A.ROSSI, 1984, p.129). Le « Locus » de Rossi n’est pas un concept universel, global. Il se présente comme un « fait particulier » avec ses limites dans l’espace et dans le temps. Sa forme est évidente.
Parallèlement, Kevin Lynch, à travers ses recherches, aperçoit le lieu comme l’image mentale crée par les individus éléments de ce lieu, à travers les effets psychologiques et sociaux de cette structure concrète. Par ceci, Kevin Lynch met en question les critères de lisibilité, d’identité, d’orientation, et de mémorisation. Par ces images mentales, conduisant à l’identification du lieu, Lynch définit l’imagibilité du lieu
Fig 16 :Notion du lieu selon différents chercheurs
Source: Auteur
Les lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant
Tant que ce concept est au cœur de la conscience humaine, la signification du lieu est sans fin. Tous ces théoriciens ont contribué à leur manière à définir le concept de lieu. A la fin, on peut définir le lieu comme un espace limité dans sa forme et dans le temps, ayant un caractère distinctif et particulier, constitué des images mentales conçus sur la base des effets qu’il provoque.
2.2 Le génie du lieu : un patrimoine binaire ( matériel et immatériel ) :
2.2.1. Le génie du lieu : Une notion ancestrale: Depuis l’Antiquité, l’être humain a accordé une grande importance au lieu où il s’est installé. Par exemple, les Romains traitaient ce lieu non seulement dans sa dimension physique, mais aussi dans sa dimension existentielle. Ils reconnaissent que tout être est « ... dépendant à son Genius, son esprit gardien. Cet esprit donne vie à des peuples et à des lieux, il les accompagne de la naissance à la mort et détermine leur caractère ou leur essence… » (C.Norberg-Schulz, 1979, p.18)
Cette théorie sera proposée par Norberg-Schulz, qui affirma que le locus Genius avait toujours existé, même s’il n’avait pas été nommé de cette façon auparavant. Par conséquent, nous pouvons dire que le concept de génie est la dépendance entre la vie de l’homme et le lieu dans lequel il vit. « Lorsqu’on rencontre un lieu, son unité a pour premier visage une atmosphère. Chacun sait qu’un lieu exceptionnel se caractérise par une atmosphère ineffable qui émane de chacun de ses éléments et lui confère une personnalité propre, une âme » (C.Norberg-Schulz,1997, p.43)
L’atmosphère d’un lieu qui présente son unicité et sa spécificité constitue le génie du lieu qui fait la particularité du lieu.
Les lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant 2.2.2. Locus Genius (Génie du lieu ) :Recouvrement d’immatériel par le matériel :
L’antagonisme et l’opposition de l’immatérialité du lieu contre sa matérialité dans l’expression génie du lieu renvoie à la symbiose et à l’harmonie entre ces deux éléments.
Les deux derniers ne s’opposent pas, mais vont de pair et s’unissent dans une étroite interaction : c’est une relation dialectique d’immatérialisation matérielle et inversement.
Fig
Source: Auteur
La matérialité des sites et des monuments est chargée de sens et d’histoire, ils en recouvrent l’atmosphère et dynamisent la mémoire du lieu. Par conséquent, il recouvre toutes les valeurs immatérielles qui les composent.
Fig 19: L’interaction entre la matérialité et l’immatérialité du lieu
Source: Auteur
Les lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant
2.2.3. Le génie du lieu : Une expérience vécue du lieu : Selon la phénoménologie de Christian Norberg-Schultz, la chronologie du Genius Loci, c’est-à-dire l’expérience d’un lieu, dépend de trois facteurs : la perception, la connaissance et l’identification.
• La Perception : Il s’agit d’observer afin de définir les relations entre les gens et les lieux. Prenons l’exemple du Menzel et Houch Djerbien où la relation entre le lieu et les usagers se limite à une occupation du sol pour une raison d’habitation.
• La connaissance : lorsque les gens se sentent familiers et se souviennent de choses similaires qui se sont produites auparavant, dans notre cas, les usagers en développent un attachement particulier étant l’espace qui leur appartient et le siège des relations socio-économique familiers et des traditions et évènements importants.
• L’identification : repose sur la compréhension du processus d’un lieu qui en assure la structure et l’atmosphère. De cette façon, le lieu et l’individu deviennent un. Relativement à notre travail, on identifie Djerba par ce mode d’occupation au sol qui lui a donné une valeur exceptionnelle et universelle. Cette valeur a créé une relation d’identification entre la communauté Djerbienne et le Menzel par
Fig 20: Les étapes de l’expérience du lieu
Source: Auteur
Les lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant
On peut constater que l’esprit du lieu est un caractère approprié développé au fil du temps. Il est ressenti avant même d’être saisi et compris intellectuellement. Gregotti le distingue comme « … Ce qui est local et typique du lieu, du singulier, du pittoresque » ( V.GREGOTTI, 1966, p56) donc il est unique.
3. La
mémoire
: Écrin à patrimoine:
Pour Norberg-Schulz, la mémoire joue un rôle crucial dans l’utilisation pleine et entière du lieu. C’est en identifiant ses principaux éléments, repères symboliques et traces matérielles, que l’on peut saisir ce que ce lieu a à raconter. Ceci nous a ramené à étudier le concept de la mémoire comme moyen de transmission des images iconiques et emblématiques.
3.1 La mémoire : Notions et typologies :
3.1.1.
Notion de La mémoire : Définition et signification :
La mémoire est la capacité de l’esprit à enregistrer, à stocker et à se rappeler des expériences passées. Elle est l’avenir du passé. C’est un riche patrimoine d’événements, de souvenirs et d’images. Les symboles qui gèlent dans notre subconscient, au fil du temps ils échappent à notre contrôle direct.
Fig 21: Définition de la mémoire
Source: Auteur
Les lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant
3.1.2. La mémoire : Dyade hiérarchique :
L’étude de la notion de la mémoire n’est pas suffisante pour atteindre l’objectif voulu de notre travail sur le site archéologique de Lamta. Cet objectif de revivifier la mémoire perdue nécessite une étude des différentes typologies de la mémoire afin d’identifier la mémoire commune qui risque d’être perdue et susceptible
Fig 22: Les types de la mémoire
Source: Auteur
Fig 23: Le but d’étudier les types de la mémoire
Source: Auteur
Les lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant
a.
La mémoire individuelle :
La description de la mémoire par Henry Bergson fait référence à la mise en phase d’un mécanisme individuel fermé qui ne contient que les concepts de mémoire individuelle et d’identité individuelle. Il est vrai que la mémoire personnelle nous sépare les uns des autres. Elle crée l’unicité de chacun de nous. En tant qu’identité, elle se compose de diverses expériences personnelles remplies de bons et de mauvais souvenirs.
Fig 24: la mémoire Individuelle différente d’une personne à une autre Source: Auteur
b. La mémoire collective:
Sur la base de la théorie de son maître Henry Bergson, Maurice Halbwachs pense, dans « la mémoire collective» 1950, que les souvenirs seraient récupérés au fur et à mesure que les individus se développeraient dans des contextes sociaux, et que ceux-ci mettraient à jour nos souvenirs. Par conséquent, cette théorie prévoit la nécessité d’une mémoire partagée prenant en compte la nécessité de construire une mémoire commune. nécessité de construire Il est indéniable que la mémoire collective fait référence aux souvenirs que les individus associent à une expérience commune. Elle est considérée comme l’influence du passé, évoquée, interprétée et sélectionnée par l’agencement du présent chez une communauté.
Fig 25: la mémoire collective
Source: Auteur
Fig 26: Schéma synthétique des différents types de mémoires
Source: Auteur
Les lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant
4. Lieux de mémoire : Patrimoine révélateur :
Après avoir établi séparément l’étude du lieu et de la mémoire, on va mettre en évidence la relation entre ces deux derniers par l’étude du concept des « lieux de mémoire » .
Selon l’étude « valorisation et mise en réseau des lieux de mémoire de l’internement et de la déportation en Seine-Seine-Denis » élaborée par Anne Bourgon, : « au temps de nos ancêtres, la société a connu une crise d’identité puisqu’il n’y avait pas d’objectif primordial et le temps présent règne surtout. Cela pourrait être dû au fait que les gens de ce temps s’inquiétaient de leur avenir incertain et de leur présent précaire, d’où le besoin de trouver des repères solides dans le passé pour créer des lignes directrices pour vivre ensemble et développer une identité.» Ceci a donné naissance à un patrimoine matériel particulièrement significatif de notre histoire qui aurait aussi une charge historique, symbolique et affective forte. Dans un premier moment, cette notion a été intitulée « haut lieu du souvenir ». Elle a été par la suite remplacée par la notion des « lieux de mémoire » qui est apparu avec les ouvrages de Pierre Nora.
Pierre Nora voit que les lieux de mémoire représentent plus que de simples lieux littéraux de l’histoire. Les idées, les dates, les personnes et la musique ou la littérature dont on se souvient forment la base de ce qu’il faut comprendre pour comprendre l’histoire, dit-il. Ces lieux de mémoire peuvent être des traditions, des pratiques culturelles, des dates, des événements et des personnages de l’histoire qui ont laissé leur marque. (P.Nora, 1997,p58)
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4.1 Les inventeurs des lieux de mémoire :
Les lieux de mémoire ne sont pas seulement des lieux de détention de connaissances, mais peuvent aussi être des déclencheurs émotionnels liés au passé. Lorsque les lieux de mémoire sont soutenus par des personnes vivantes et un soutien contemporain, ils deviennent la mémoire elle-même. Chaque société a besoin de lieux où la mémoire est soutenue et peut exister. À cet égard Halbwachs énonce « Il n’y a pas de mémoire possible en dehors des cadres dont les hommes vivants en société se servent pour fixer et retrouver leurs souvenirs. » ( M.Halbwachs, 1994, p38,39 ). La naissance de ces lieux de mémoire est dû à une variété des inventeurs qui créent à chaque fois un lieu de mémoire unique. Dans ce qui suit, on va étudier quelques inventeurs et leurs rôles dans la caractérisation de ces lieux afin d’identifier, après, la mémoire à revivifier du site sur lequel on s’intéresse dans ce mémoire.
Fig 28: Les inventeurs des lieux de mémoire
Source: Auteur
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4.1.1. La géopolitique comme inventeur des lieux de mémoires :
À travers l’histoire, plusieurs lieux ont été siège des différentes manifestations géopolitiques (Guerres, occupation, révolutions…) qui ont, malgré leurs ampleurs, laissé une trace et une mémoire forte chez les individus. Par une première observation, ces manifestations laissent des dégâts matériels et physiques dans le lieu. Mais le plus profond qu’on aille dans la lecture de ces lieux, on peut dégager des traces immatérielles et morales qui les caractérise. Aujourd’hui on identifie ces lieux grâce à ces manifestations.
• Exemple : Place Mohamed Ali à Tunis
La place Mohamed Ali Hammi à Tunis est le siège historique de L’UGTT. Cette place était un support de mémoire de tant de manifestation et surtout celle de la révolution tunisienne. L’occurrence des protestations et des manifestations populaires et politiques a donné le caractère spécifique de cet espace qui est devenu un lieu symbolique de révolte pour le peuple tunisien.
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4.1.2. La nature comme inventeur des lieux de mémoires :
Etant un élément important de l’espace où vit l’Homme, la nature joue un rôle dans l’invention des lieux de mémoire, ceci par les catastrophes naturelles qui marquent les lieux en question. Malgré les conséquences indésirables des différentes catastrophes naturelles, elles laissent une mémoire identificatrice du lieu. Rappelons à ce sujet, le fameux Tsunami meurtrier en Indonésie en 2004.
L’invention des lieux de mémoire par la nature ne se limite pas aux catastrophes naturelles, mais peut aussi être établi par la présence des ressources naturelles. Ces derniers sont un outil d’identification, de perception et de mémorisation du lieu. C’est le cas des romains, à travers l’histoire, qui identifiaient le lieu grâce à ses ressources naturelles.
Exemple : L’eau inventeur de mémoire de la ville de Kef
Au début des temps, le Kef était marqué par la présence de l’eau et de la roche. Cette région a toujours été un pôle d’attraction pour les gens, de sorte que l’Homme ancien a utilisé la spiritualité dans ses rituels sur le dieu de la fertilité. Les civilisations ultérieures ont également été attirées par le Kef et ont utilisé le contexte naturel à leur avantage. Elle est connue par les différentes sources thermo-minérales telles les eaux « Safia » ainsi que par ses sources thermales chaudes (Hammam Mallègue) situé à 12 km de la ville du Kef. Fig 31: Localisation Kef
Source: https://d-maps.com modifié par l’auteur
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4.1.3.
La religion comme inventeur des lieux de mémoires :
Il existe de nombreux sites qui ont des valeurs spirituelles ou une signification religieuse. Ces sites peuvent être très anciens, datant de l’Antiquité, ou plus récents avec une valeur mémorielle. Les lieux religieux tels que les temples, les églises, les mosquées et les synagogues sont considérés comme des lieux saints. Il peut s’agir de lieux dont les gens se souviennent et qu’ils visitent en pèlerinage. Grâce à Leurs valeurs immatérielles qui sont fortes, ces sites sont devenus des lieux de mémoire.
• Exemple : Synagogue de la Ghriba, Djerba
La synagogue de la Ghriba est à la fois lieu saint pour des pèlerins venant surtout de loin et lieu de culte pour les riverains. Elle semble avoir toutes les caractéristiques d’un important centre de pèlerinage régional. Elle attire des pèlerins non seulement de ses principaux bassins d’influence qui sont le sud tunisien et la Libye, mais aussi de plus loin comme l’Egypte et la Grèce. Ainsi, à l’occasion de ce rendez-vous annuel, le pèlerinage permet de réunir de nombreuses communautés juives d’Afrique du Nord et d’ailleurs. Grâce à cet acte religieux, la Ghriba a possédé une mémoire unique qui l’a rendu un lieu de mémoire.
Fig 33: Localisation Synagogue Ghriba Source: Google Earth modifié par l’auteurLes lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant
4.1.4. La festivité comme inventeur des lieux de mémoires:
L’art sous ses différentes formes est considéré comme un patrimoine matériel ainsi qu’immatériel. Il se manifeste par des évènements artistiques et des festivals. Ces derniers en débarquant dans un lieu, laissent une mémoire spécifique et créent une nouvelle identité à ce lieu ainsi qu’à la communauté. Ce caractère est la source de prospérité et la raison pour explorer le lieu. Par la suite, il donne naissance à un lieu de mémoire.
• Exemple : Festival des produits du terroir : foire de la Bsissa de
Lamta.
Le festival est né comme une facétie, mais ce jeu s’est développé pour acquérir une notoriété locale, nationale, voire même internationale. L’idée de ce festival avait pour objectif de sensibiliser le public local et de promouvoir la région en faisant connaitre une de ses spécificités. Le festival accueille de nombreux participants : évidemment ceux de Lamta, mais aussi des familles, jalouses de leurs recettes propres de la Bsissa, venues de toutes les régions de la Tunisie pour les faire déguster et les promouvoir.
Fig 36: Collage photos festival de la Bsissa Lamta Source: Auteur Fig 35: Localisation LamtaLes lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant
4.1.5. Le commerce comme inventeur des lieux de mémoires :
La pratique des activités économique comme l’industrie, l’agriculture et le commerce donne un caractère spécifique et un esprit au lieu où elles s’installent. Elle devient un critère de distinction. C’est le cas de commerce, l’activité ancestrale, qui a donné naissance à plusieurs espaces d’échanges commerciaux. Ces derniers ont identifié la communauté et lui ont créé un lien avec le lieu.
• Exemple : Le marché aux poissons, Djerba
Le marché aux poissons a été un lieu central pour vendre du poisson pendant des siècles. C’est là que les gens se rencontraient et échangeaient des idées. Au marché, les pêcheurs de l’île de Djerba vendent leurs produits. Ce marché est connu pour être authentique. Il était un lieu de rencontre, d’échange, d’identité et de mémoire. un de rencontre,
Fig 37: Localisation Marché aux poissons
Source: Google Earth modifié par l’auteur
Fig 38: Collage photos marché aux poissons
Source: Auteur
Les lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant
5. La perte du lieu: Pillage du patrimoine :
Face à ces changements du monde générateur d’instabilité et d’incertitude, la mémoire du lieu sombre dans la perte et l’oubli. Et Afin de revivifier ce caractère distinctif et élaborer une réponse cohérente à un tel sujet, on doit étudier le concept de La perte du lieu comme étant l’une des phases pour atteindre le projet et aider à sa conception.
Processus du perte du lieu
Source: Auteur
Les penseurs cherchent de nouveaux termes pour désigner les situations contemporaines, comme la « terre désolée» de Norberg Schulz, le «Junkspace» de Rem Koolhaas ou les «Non-Lieux» de Marc Auge.
Fig 40: Les nouveaux termes de la perte du lieu Source: Auteur
Les lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant Dans ce qui suit, nous allons développer ces trois notions afin de déterminer les critères d’identification des « lieux de perte ».
5.1. La terre désolée : Dissonance de matériel et l’immatériel:
Pour Norberg-Schulz, la terre désolée signifie un espace dont les couches matérielles ne tendent pas vers l’immatérialité marquée du lieu. C’est pourquoi la compréhension de ces espaces est difficile ou « indéchiffrable ». Autrement dit, lorsque la coexistence des composantes matérielles et immatérielles d’un lieu est interrompue par l’architecture de sa propre conception, le lieu perd sa cohérence et même son «ordre», et le fait d’habiter ces lieux devient Infaisable. « … Une « terre désolée », incertaine, dénuée de tout caractère; l’espace ne se concrétise pas, les bâtiments épars demeurent indéchiffrables, il émane de tout cela une impression affligeante » (C Norberg-Schulz, 1997, p. 38)
5.2. Le Junkspace : l’espace dispersé:
Le Junkspace est un concept qui nous intéresse après la terre desolée, même s’il a historiquement émergé après le non-lieu car c’est le constat le moins nuancé et le plus explicite par rapport aux espaces laissés de côté. «Junkspace» est un nouveau terme inventé par Rem Koolhaas. Il est différent du délaissé, d’abord parce qu’il s’agit généralement d’un espace construit, mais aussi parce qu’il ne s’agit pas d’un espace désinvesti. Junkspace prétend être unifié, mais en réalité il est dispersé. Il crée des communautés, non pas à partir d’intérêts communs, mais à partir d’identités statistiques et de données démographiques imposées. Il connaît toutes les émotions, toutes les envies. Il déclare sans gêne comment cela
Les lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant
devrait être lu, riche, étonnant, froidement énorme, abstrait, minimal, historique et tout ce qu’ils savent sur l’Homme sauf lui.
Fig 42: Le Junkspace selon Rem Koolhaas
Source: Auteur
5.3. Le Non-lieu : Le lieu sans histoire, sans identité, sans relations:
Outre la légitimité de «Junkspace», le concept de «non-lieu» pose le problème que l’architecture est de plus en plus soumise à des règles de consommation. Mais ce qui nous intéresse dans ce concept, c’est l’étude des caractères attribués à ces espaces.
Le non-lieu en général souffre d’un impact qui n’existe pas dans le monde parce qu’il n’est pas utilisé ou investi émotionnellement. Ce sera donc une absence du lieu lui-même, un espace « non pratiqué ». Pour M. Augé, le non-lieu est l’espace des autres sans la présence des autres : « Ce qui manque au non-lieu pour être lieu est l’autre et sa présence ». Cependant, en lui donnant un nom, nous lui donnons du caractère et de l’identité, nous libérant de la réflexion sur ce « lieu ». « Si un lieu peut se définir comme identitaire, relationnel et historique, un espace qui ne peut se définir ni comme identitaire, ni comme relationnel, ni comme historique définira un non-lieu » (Marc Augé, 1992 p.69)
Fig 43: Le Non-lieu selon Marc Augé
Source: Auteur
6. Synthèse:
Les lieux de mémoire sont une image cohérente de la synergie entre la matérialité et l’immatérialité du patrimoine. En effet le côté matériel se manifeste par le lieu avec ses sites et ses monuments, tandis que le côté immatériel se réfère à la mémoire qui présente le sens, l’esprit du lieu. Grâce à l’interaction entre ces éléments, l’homme retrouve son identité. Donc, c’est à partir du vécu que l’identité et la symbolique d’un lieu se définissent.
Comme toute notion, les lieux de mémoire sont une notion évolutive à travers le temps. Elle a connu plusieurs phases de l’identification qui s’établit à travers plusieurs inventeurs, passant par la perte du lieu qui menace tout aspect immatériel, pour arriver à un objectif de revivification de la mémoire en s’appuyant sur le caractère, l’identité et l’inventeur du lieu de mémoire.
Parmi ces paramètres, le commerce est un développeur de culture, de tradition, et de savoir-faire. Ainsi, il est un créateur des espaces commerciaux et générateur des lieux de mémoire. Comme dans le cas de notre cas d’étude Leptiminus, Lamta. Le commerce a donné naissance au port de commerce depuis la période romaine.
lieux de mémoire: un patrimoine bigarré et vivant
Fig 44: Les lieux de mémoire de l’invention, à la perte et la revivification
Source: Auteur
Chapitre III L’emporium: Spécimen
d’un Lieu de mémoire et espace de commerce
1. 2. 3. 4. 5.
Introduction: L’emporium comme un espace de commerce
Le commerce inventeur des espace évolutifs
L’activité commerciale : un moteur de développement culturel
L’activité commerciale : un constructeur des lieux de mémoire Synthèse
1. Introduction: L’emporium comme un espace de commerce:
D’après ce qui précède à travers l’étude des lieux de mémoire , on a pu dégager que le commerce est l’un des inventeurs et créateurs des lieux de mémoire . Dans ce qui suit et le long de ce chapitre, on va s’intéresser à l’étude des espaces commerciaux et leurs spécificités. Étant une activité ancestrale qui a toujours existé , le commerce évolue à travers le temps et subit des changements dans sa pratique et ses espaces ; on s’intéresse dans ce travail à l’emporium : c’est un lieu de commerce maritime ou fluvial dans le monde antique. Il est souvent devenu le nom propre de ces ports ou lieux de commerce. Son premier emploi se trouve chez Hérodote ( Un historien et géographe grec ) où le mot désigne le lieu où sont les marchands grecs, au contact des barbares qu’ils soient sur les bords de la mer Noire, ou à Tartessos (Ville antique du sud de la péninsule Ibérique situés sur la côte atlantique de l’Andalousie, en Espagne).En évoluant , l’emporium est devenu le port fluvial antique de la ville romaine, composé de quais et d’entrepôts, entre l’Aventin(l’une des sept collines de Rome, située entre le Tibre, le mont Cælius et le mont Palatin) et le Monte Testaccio (un immense dépotoir romain constitué de tessons d’amphores accumulés durant l’Antiquité), une colline artificielle formée par l’accumulation de bidons d’huile principalement importés d’Espagne.
Source:
Fig 46 :Illustration de l’emporium dans la ville romaine
Source: https://www.messortiesculture.com/ modifié par l’auteur
L’emporium: Spécimen d’un lieu de mémoire et espace de commerce Fig 45: les vestiges des quais et entrepôts du port fluvial de Rome. abitarearoma.it Modifié par l’auteurL’emporium: Spécimen d’un lieu de mémoire et espace de commerce
2. Le commerce inventeur des espace évolutifs:
2.1. Le commerce : Une notion antique:
Le commerce est l’invention de l’art le plus ancien et le plus important de l’humanité, il commence avec l’apparition de l’agriculture au Néolithique. Le commerce permet aux individus d’échanger de la valeur entre eux en échangeant des biens et des services. Certains considèrent le commerce comme l’origine de la civilisation : l’écriture a été découverte il y a 5500 ans chez les commerçants sumériens. Il implique l’échange de biens et de services entre des individus, des entreprises ou même des organisations. Il englobe toutes les transactions entre les personnes, y compris la communication et les relations avec les autres. En utilisant la monnaie, le commerce sert à rémunérer la production d’un bien ou d’un service. En effet, l’échange est le processus d’achèvement des activités de production: cela implique également la communication et l’établissement de relations.
2.2. Les lieux commerciaux de l’antiquité à nos jours:
La fonction commerciale a toujours façonné les repères de la ville, les bâtiments propres au commerce se sont développés au cours du temps. Ils se présentent sous deux types d’espace:
• Les espaces découverts : La place
• Les espaces couverts
Fig 47: Évolution des lieux de commerce .
Source: Auteur
L’emporium: Spécimen d’un lieu de mémoire et espace de commerce
2.2.1. Les lieux commerciaux de l’antiquité:
• L’agora: contenant les espaces de commerce:
Dans l’antiquité, « les grecs avaient intégré le marché à l’agora, c’est l’assemblée des citoyens qui se réunit pour écouter les décisions des chefs ou pour délibérer. Le lieu de réunion était d’habitude la place du marché. En effet, L’agora était la place publique concentrant les activités religieuses, commerciales et administratives.
Fig 48 : la place de l’agora dans la cité grecque .
Source: schoolmouv Modifié par l’auteur
Fig 49 : Plan de la Agora.
Source: Encarta Modifié par l’auteur
L’emporium: Spécimen d’un lieu de mémoire et espace de commerce
• Le forum: lieu d’échange commercial:
C’est une place où se discutaient les affaires publiques, elle était le lieu de rencontre des marchands. « Le marché se déroulait en plein air sur une place carrée du forum. Il était organisé autour d’échoppes temporaires : les Tabernaes. A certaines occasions, le marché avait le lieu à l’intérieur de la « basilique grande salle rectangulaire qui servait principalement de cour de justice» ( G.DUBY, 1985, p668 )
Dans la Rome antique, dans le forum, les agriculteurs locaux vendaient leurs produits. Cependant, ceux-ci ont été modifiés après la croissance de la population de Rome. Au lieu d’être vendus aux citoyens romains, ces produits étaient vendus sur le marché de gros par des intermédiaires. Ces derniers achetaient des produits aux agriculteurs et les revendaient aux citoyens romains dans un but lucratif. Ces détaillants étaient également situés dans toute la ville afin que les Romains puissent facilement accéder à leurs produits .
Fig 50 : Plan du Forum
Source: https://fr-academic.com/ Modifié par l’auteur
Fig 51 : 3D du Forum Romain.
Source: Digitales Forum Romanum Modifié par l’auteur
• Le port de commerce:
Au début du développement de la marine nationale, des installations portuaires ont vu le jour. Les ports étaient utilisés pour le commerce à longue distance et le transport de grandes cargaisons. Les complexes portuaires sont un autre nom pour les grands ports. L’une des anciennes fonctions d’un port était le chargement et le déchargement des marchandises commerciales. La marine marchande est née dans l’Antiquité et reposait sur des navires marchands grecs et romains, qui nécessitaient souvent un port bien équipé pour pouvoir se réfugier, livrer et effectuer des réparations pendant les mauvaises saisons. Parmi Les grands ports de l’antiquité est celui de Carthage qui se composait d’un bassin carré de 500 x 200 mètres utilisé pour les navires marchands et d’un bassin intérieur rond de 300 mètres de diamètre pour la marine.
pendant mauvaises saisons. ports de est qui se composait marchands et d’un bassin intérieur rond de 300 mètres de la marine.
L’emporium: Spécimen d’un lieu de mémoire et espace de commerce Fig 52 : Port punique de carthage . Source: Musée national de Carthage Modifié par l’auteurL’emporium: Spécimen d’un lieu de mémoire et espace de commerce
2.2.2. Les lieux commerciaux de la période islamique :
• La place du marché (Souk ):
La place du marché ou bien Souk constitue un lieu publique de regroupement, de rencontre,fréquentée par les arabes et les étrangers… Généralement, elle se situe près de la mosquée, outre les contacts, elle a un rôle urbain (un centre) exemple : Damas, Masket… On peut distinguer morphologiquement et architecturalement deux formes de souks : Le premier qui a évolué à l’époque Omeyyade où les souks étaient découverts. Le deuxième forme était un ensemble de boutiques compactées au bord de la rue principale et les rues secondaires, ce type facilite la fréquentation du client.
En plus de tout ce que la ville contient comme centres d’échange il y a d’autres centres privés: dans chaque quartier, en fait, il y a un petit centre de redistribution en son sein, ce centre d’activité économique est appelé petit marché. C’est un petit marché primitif, où les résidents du quartier achètent ce qu’ils ont besoin.
Fig 53 : Illustration de la place du marché ( Souk) pendant l’époque islamique Source: Peinture de David Roberts Modifié par l’auteurL’emporium: Spécimen d’un lieu de mémoire et espace de commerce
2.2.3.
Evolution des espaces de commerce aujourd’hui :
• Les parcours et les marchés couverts:
La notion des parcours et les marchés couverts sont apparues après la révolution industrielle. Ces espace se caractérisent par la circulation piétonne dense. Et Ils se trouvent dans les grands quartiers.
• La rue commerciale:
Une rue commerciale est généralement une rue, voire un ensemble de rues proches en plein air. Elle se trouve généralement dans les grandes villes, avec l’existence des grandes vitrines d’exposition et diversité du commerce.
• Les équipements commerciaux :
Les équipements commerciaux ont apparus au 20éme siècle. Par la suite, ils ont évolué avec une grande diversité et on donné naissance aujourd’hui, on peut distinguer 3 types d’équipements commerciaux modernes qui sont:
► Centres commerciaux
► Centres multi fonctionnels
► Centres d’affaires
Fig 54 : Évolution des espaces de commerce aujourd’hui
Source: Auteur
L’emporium: Spécimen d’un lieu de mémoire et espace de commerce
3. L’activité commerciale : un moteur de développement culturel:
Le commerce a souvent joué le rôle d’élément fondateur de cité. De nombreuses villes se sont développées dans des lieux propices au commerce, carrefours de routes, embouchures ou confluents de fleuves, accès à la mer. Parmi les traits principaux des villes anciennes c’est leur caractère commercial, dont certains chercheurs ont noté que la naissance des villes était dans son origine des centres d’échange commercial. Elles naissent des croisements des rues commerciales et cette activité devient source principale des revenues qui s’entassent dans les villes ce qui a participé dans son évolution et son progrès.
Le commerce est la source financière et aussi politique et militaire. Mais avec l’évolution de la pratique de l’activité commerciale, cette dernière a pris d’autres dimensions à travers le temps et a dépassé même sa dimension économique pour prendre des dimensions sociales et culturelles et cela par l’échange des cultures et la transmission des nouvelles et l’évolution des relations sociales entre les individus et les nations. Grâce à l’activité commerciale, des traditions, des savoir-faire, et un mode de vie est développé au sein de ces villes.
Fig 55: évolution des dimension de l’impact de l’activité commerciale .
Source: Auteur
3.1. L’activité commerciale: développeur des traditions :
L’activité commerciale peut devenir, à travers ses pratiques et ses caractéristiques, un développeur des traditions chez les communautés. En effet, les pratiques qui ont été nées grâce au commerce sont devenues des pratiques itératifs et des traditions spécifiques à ces communautés. Citons l’exemple de la production de la Bsissa à lamta, qui était,au début, pratiquée sur une échelle familiale réduite et qui s’est développée ensuite pour atteindre une dimension plus élargie et devenir la production commerciale principale de la région. Cette activité est devenue par son développement un moteur créateur des relations socio-culturelles. Ceci par la production et le préparation de la Bsissa à une échelle sociale plus grande. Ces rassemblements et ces interactions sociales liés à cette production sont devenus des traditions pour la région.
L’emporium: Spécimen d’un lieu de mémoire et espace de commerce
3.2. L’activité commerciale: développeur des savoir-faire:
L’activité commerciale et son développement ont impliqué la production locale de plusieurs produits. Ce qui nécessite des acquis et des savoir-faire qui se développent par la pratique de cette activité et qui contribuent par la suite au développement économique. Prenons l’exemple de Lamta, la ville était née comme un centre d’échange commercial. Elle a été un outlet pour ses arriéres pays ( Sicilia...). Cette activité a donné naissance à des nombreux savoir-faire comme la poterie, la production de l’huile d’olive, production du garum...
Source: Auteur
Spécimen d’un lieu de mémoire et espace de commerce
4. L’activité commerciale : un constructeur des lieux de mémoire:
L’activité commerciale est une pratique très ancestrale . Elle a donné naissance à des villes et a crée l’identité et les caractères spécifiques des communautés . Ceci à travers le développement qu’elle a engendré de point de vue urbain : création des espaces divers et évolutifs, et de point de vue culturel: les traditions , les pratiques et les savoir-faire transmis entre les générations.
On peut conclure que l’activité commerciale peut être un générateur de lieux et créateur de leur esprit et leur âme. Avec l’interaction de ces 2 paramètres, le commerce fait de ces villes un lieu de mémoire.
Fig 58 :Commerce comme créateur des lieux de mémoire .
Source: Auteur
L’emporium: Spécimen d’un lieu de mémoire et espace de commerce
Fig 59 :Illustration de l’activité commerciale maritime antique .
Source: https://pan.hypotheses.org/ modifié par l’auteur
5. Synthèse:
A travers l’histoire, le commerce a eu un rôle très important à différents paliers. Il a été l’origine de la naissance de plusieurs villes, qui est le cas pour Lamta.. Il a influencé le choix de l’implantation du noyau urbain de la ville et a contribué à son développement grâce à la création des espace dédiés au commerce, ceux-ci évoluent toujours. L’évolution de l’activité commerciale a été accompagnée par l’apparition de nouvelles habitudes, traditions et savoirfaire dans les communautés en relation directe avec la pratique de cette activité. Ces nouvelles habitudes ont renforcé les relations sociales qui ont créé un nouveau mode de vie et une nouvelle culture communautaire. Tous ces éléments ont abouti à la création d’identité communautaire et ont fait de ces villes un lieu de mémoire.
La ville littorale tunisienne de Lamta, objet de notre étude, a pris naissance comme point d’arrêt des carthaginois et des phéniciens lors du transfert des marchandises. Ceci a offert à la ville un potentiel de s’ouvrir sur l’exploitation de l’économie. Puis elle est devenue l’un des ports romains commerciaux les plus importants en Afrique de nord. Ceci sera l’appui de notre projet .Il consiste à la création d’un Emporium qui va redonner naissance à l’aspect commercial de la région et transmettre la mémoire et la culture de la zone ( les échanges, les traditions , savoir-faire..).
Fig 60 :Commerce comme inventeur des lieux de mémoire .
Source: Auteur
L’emporium: Spécimen d’un lieu de mémoire et espace de commerce
Partie II: Analyse empirique
Étude et analyse de Lamta et son site archéologique
Chapitre Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de Lieu I
Introduction
Présentation générale du site
Lecture historique
Lecture du paysage Naturel
Lecture urbaine de la ville actuelle de Lamta
Le commerce inventeur de la mémoire de Lamta
Leptiminus: la perte du lieu
de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
1. Introduction:
Après avoir étudier les concepts théoriques, et leur compréhension, pour faciliter l’étude et l’analyse du cas concrêt: Leptiminus On va le long de ce chapitre aborder Lamta: la ville actuelle et le site archéologique. Cette ville était née et s’est développée grâce à l’activité commerciale qui lui a donné son caractère spécifique , a contribué à la création de sa mémoire et a fait d’elle un lieu de mémoire. Ce lieu de mémoire n’a pas pu résister aux enjeux de la modernisation et au changement urbain radical de la ville. Il a fini par sombrer dans l’oubli et la perte du lieu.
ÉtudeÉtude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
2. Présentation générale du
2.1. Situation géographique:
site:
Fig 61: Situation de la ville de Lamta relative à Tunisie .
Source: Auteur
Lamta
Fig 62 Situation de la ville de Lamta relative à Monastir et Mahdia.
Source: Auteur
La ville de Lamta se situe au centre est de la Tunisie sur la côte de la Méditerranée. Elle est une ville littorale du Sahel tunisien, rattachée au gouvernorat de Monastir. Elle se trouve à 35 km au sud-est de Sousse (Hadrumète), à 14 km de Monastir (Ruspina) et à 20 km de Bekalta (Thapsus). Grâce à cette situation bien spécifique , Lamta présente une ville riche en histoire . Connue comme étant l’une des villes de la conurbation « Sayada, Lamta, Bouhjar », Lamta est limitée au sud par la ville de Sayada et à l’ouest par Bouhjar et Kasr Hellal et au nord par la ville de Ksibet El Mediouni, soit vers l’est et par ville de Ksibet El Mediouni, soit vers l’est et
Fig 63:Conurbation Sayada,Lamta,Bouhjar.
Source: Auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
2.2. Topographie:
Leptiminus, l’ancienne Lamta se trouve sur une partie de la côte où l’élévation relative du niveau de la mer a entraîné la submersion de la partie la plus septentrionale de la ville. L’établissement de la ville a été fait sur une zone basse traversée par deux petits oueds. En retrait d’environ 550 m de la côte moderne , une petite colline s’élève à environ 17 m d’altitude. La partie la plus élevée de la colline s’étend sur environ 3,5 ha et est nettement en terrasse par rapport au paysage environnant, ce qui suggère qu’elle a peut être été fortifiée à un moment donné .
Fig 65 :Plan topographique de Lamta
Source: Auteur
Fig 1 : Plan topographique de Lamta
Source: Auteur
Fig 66 : 3D de la topographie de lamta
Source: Auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
3. Lecture historique :
3.1. Les événements historiques marquants la ville de Leptiminus:
D‘après les études archéologiques élaborées entre 1990 et 2001 par l‘institut nationale de patrimoine et l‘université de Michigan, Leptiminus ou Leptis Minor était le nom de Lamta depuis sa naissance. Elle a été fondé à un moment donné à la fin du 6éme siècle avant J.-C ou vers le milieu du premier millénaire. Son origine s’agissait d’un emporium punique.
• La période libyque :
Lamta était à l’origine une ville libyenne d’influence punique. Plusieurs Haouanet ont été découverts autour de la ville, notamment autour de Sidi Marrakchi, Sayada et certaines des îles de Monastir telles que Sidi Ghdemsi et les îlots d’el Hmam.
• La période punique :
La ville de Lamta a été colonisée à la fin du 4ème siècle avant JC, mais nous ne savons pas grandchose de ses débuts. Ce que nous savons, c’est que cette ville existait à l’époque, selon PseudoScylax et Polybe. Ils ont tous deux mentionné Lamta dans leurs écrits sur la guerre avec les mercenaires, déclarant que c’était le dernier endroit où Mathox et l’armée de Carthage se sont battus.
• La période romaine :
Après la destruction de Carthage en 146 av. J-C, les Romains donnèrent à la ville le statut de ville libre et exonérée d’impôts. Cela a fait d’elle l’une des septs villes libres de l’Afrique. Pendant la guerre civile romaine, Leptiminus a choisi de soutenir César contre Pompée.
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
3.2. Morphologie de la ville :
Dans ce qui suit, on propose une synthèse diachronique de la croissance et de la décroissance de la ville de Lamta au cours du temps et son évolution urbaine. Cette synthèse était établie sur la base des études archéologiques élaborées entre 1990 et 2001 par l‘institut nationale de patrimoine et l‘université de Michigan.
• Période punique:
Fig 67 : Modèle de paysage urbain pendant la période punique
Source: Auteur
Pendant cette période, Leptiminus n’était pas développée selon un plan bien régulier, mais les témoignages mettent en évidence la colline de la « citadelle » comme le foyer probable d’une urbanisation précoce . Le littoral est assez exposé, mais le delta de l’Oued Bouhajar offrait probablement une plage peu profonde sur laquelle les navires pouvaient être tirés hors de l’eau à un endroit où un banc de sable au large offrait un minimum d’abri.
• Période romaine antique:
Durant la période romaine antique, Leptiminus a connu une transformation progressive du noyau urbain, avec une replanification selon des lignes plus orthogonales. Les alignements de bâtiments communs répétés au sein du noyau urbain suggèrent des phases successives d’expansion de la zone bâtie d’une manière similaire quoique moins spectaculaire à la séquence d’expansions augustiniennes du réseau routier à Leptis Magna.
Fig 68 : Modèle de paysage urbain pendant la période romaine antique
Source: Auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
• Période romaine impériale:
Cette phase marque l’apogée de la ville, car elle atteint un niveau extraordinaire de richesse matérielle et de consommation. Les alignements bâtis tracés au centre et sur le côté est de la ville laissent présager une nouvelle extension majeure et une éventuelle restructuration. La taille du noyau urbain a atteint environ 45 ha , avec une activité dans la banlieue également renforcée .
Fig 69 : Modèle de paysage urbain pendant la période romaine impériale
Source: Auteur
• Antiquité tardive:
Cette période se caractérise par le rétrécissement du noyau urbain qui s’est accompagné de l’abandon de nombreuses zones de fabrication et de cimetières romaines. Ce rétrécissement du noyau urbain a peut-être été en partie compensé par la croissance de villages supplémentaires dans l’arrière-pays mais, à l’exception des églises, les centres nucléés semblent avoir possédé peu de commodités urbaines.
Fig 70: Modèle de paysage urbain pendant l’antiquité tardive
Source: Auteur
• Période islamique:
La construction du Ribat de Lamta, qui marque la période islamique de la ville, a mis l’accent sur une nouvelle colonie lorsque la région de Leptiminus n’était plus habitée et ses ruines sont devenues une carrière pour le village successeur de lamta.
Fig 71 : Modèle de paysage urbain pendant la période islamique
Source: Auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
Fig 72 : Plan de la ville de Lamta en 1857
Source: Bibliothèque Nationale de la Tunisie modifié par l’auteur
• Période du 19éme siècle à nos jours:
A partir du 19ème siècle, le développement continue à partir du centre islamique qui est restée la base du développement de la ville . Ce développement s’effectue vers l’ouest pour atteindre l’étalement actuel, la ville a atteint les limites de ses villes voisine (sayada , ksibet El Mediouni et Bouhajar).
Malgré ce développement et cet étalement assez important , la ville de Lamta est restée une petite ville en terme de surface en dépit de l’essor qu’elle a eu à travers l’histoire.
Fig 73 : Plan actuel de la ville de Lamta
Source: Commune de Lamta modifié par l’auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
4. Lecture du paysage Naturel :
Comme on a déjà mentionné, les éléments de paysage naturel ont joué un rôle très important dans le développement et l’essor de la ville de Lamta. Même la naissance de la ville est dû à la richesse du paysage qui a favorisé l’enracinement de plusieurs civilisations.
4.1. Les éléments végétaux:
Le paysage naturel de la ville était dominé par les oliviers en grande partie En effet, l’huile d’olive est l’une de ses plus importantes productions. Jusqu’à aujourd’hui on remarque la présence des oliviers mais en un nombre plus réduits , avec un manque des espaces verts qui se limitent aux palmiers et aux arbres de ficus décoratifs au bord de la route régionale 92, et aux 5 zones verts équipées et aménagées.
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
4.2. Les éléments minéraux:
A Lamta, Il existe principalement 3 éléments minéraux (2oueds et la mer ). Comme on a déjà mentionné , ces éléments ont conditionné l’implantation et la forme de la ville depuis l’antiquité vu que toutes les activités et principalement le noyau urbain était lié à la mer. Malgré son importance et le rôle qu’elle a joué dans l’histoire de lamta, la mer est devenue une source de pollution de la ville aujourd’hui. aujourd’hui.
Fig 75 : Elements minéraux de la ville de Lamta
Source: Google earth modifié par l’auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
5. Lecture urbaine de la ville actuelle de Lamta:
Comme il a été évoqué précédemment, Lamta la ville islamique a crée une rupture avec Leptimiunus, la ville antique et romaine. Durant cette période, un nouveau noyau urbain a été développé .Ce noyau sera la base du développement de la ville moderne actuelle de Lamta.
5.1. Morphologie urbaine actuelle:
Fig 76 : La ville de Lamta et son site archéologique
Source: Google earth modifié par l’auteur
Le but de l’étude de la morphologie urbaine est de déterminer la forme urbaine de la ville et pour dégager les différentes caractéristiques de la ville.
Fig 77 : Morphologie urbaine de la ville de Lamta
Source: auteur
Étude de cas:
d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
Constat:
On a pu constater que la forme de la ville se caractérise par la densité dans une partie et un vide urbain dans une autre. La partie dense a une organisation parcellaire aménagée ; c’est la ville moderne actuelle de Lamta. Le seul vide urbain se limite au site archéologique qui présente le seul échappatoire de la ville . Ce vide n’est pas aménagé ou organisé . Ce qui a engendré la rupture urbaine entre la ville moderne et la ville antique .
Lamta Fig 78: Images du site archéologique délaissé de Lamta Source: auteur5.2. Paysage urbain :
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
Fig 79: Coupe sur la ville de Lamta
Source: auteur
Fig 80: Skyline de la ville de Lamta
Source: auteur
Fig 81:Rupture urbaine
Source: auteur
D’après l’analyse du paysage urbain , on peut encore constater la différence très claire du paysage entre Lamta la ville actuelle et la ville antique ( le site archéologique ) d’où une grande rupture urbaine entre les deux parties de la ville.
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
5.3. Les équipements publics actuels:
Fig 82: Equipements publics de la ville de Lamta
Source: auteur
On note la présence de divers équipements publics dans la ville de Lamta, mais qui sont toujours concentrés dans la ville actuelle: la partie urbanisée de Lamta et qui est totalement éloignés de la ville antique: le site archéologique. Ceci a amplifié la rupture urbaine entre les deux parties de la ville.
6. Le commerce inventeur de la mémoire de lamta:
Grâce au commerce de l’huile d’olive, du garum, du vin et plusieurs différents produits, des marins phéniciens ont fondé Leptiminus (Site archéologique de Lamta). Ce comptoir est rapidement devenu l’un des plus importants et des plus rentables portsicole de la région méditerranéenne. Par la suite, Cette ville a connu un essor économique qui a fait d’elle en un premier lieu un exemple de développement économique régional et en deuxième lieu un lieu de mémoire .
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
Source: auteur
La construction du port commercial pendant la période romaine a crée une diversité dans la production à Leptiminus. En effet, Plusieurs activités industrielles et agricoles ont été développés afin de promouvoir son commerce maritime et fournir les besoins de ses arrières-pays. son commerce maritime et fournir les besoins de ses
Source: auteur
Fig 84: Carte historique des routes et ports romains Fig 83: La naissance de la ville de Lamta par le commerceÉtude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
6.1. La pêche comme activité dédiée au commerce:
Comme les textes anciens l’indiquent clairement, la pêche était pratiquée près du rivage, plutôt qu’en eau profonde, et l’emplacement de Leptiminus était propice au type d’activités de pêche couramment pratiquées dans l’Antiquité.
Parmi la série de produits issus de la transformation intensive du poisson à Leptiminus, c’est le garum. La première preuve de l’industrie de la pêche à Leptiminus au 1er siècle A.D dérive de la remarque de Pline l’Ancien( écrivain, poète, philosophe, militaire, historien, naturaliste, historien de l’art romain du Ier siècle) -selon laquelle la ville était une source notoire de garum. Cette sauce de poisson, Leptiminus était une source principale de poisson salé et d’autres conserves de poisson.
La preuve la plus colorée des activités de pêche est la mosaïque du triclinium d’une maison romaine. C’est une scène de deux bateaux avec de la place pour deux ou trois Cupidons, et d’autres debout sur de petites îles. Certains Cupidons ramènent leurs bateaux ou s’éloignent du rivage, tandis que l’un pêche avec un trident, un autre lance un filet attaché à une ligne, et un troisième tire un panier d’un bateau.
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
A part la mosaïque du triclinium et près de la jetée du leptiminus, deux groupes de réservoirs multi-chambres sont visibles sur l’estran. Ni l’un ni l’autre n’a beaucoup d’éléments survivants au-dessus du sol, mais le groupe le mieux conservé contient 4 ou 5 réservoirs, dont l’un mesure environ 4 x 4,5 m. Les réservoirs ne semblent pas avoir été voûtés et leurs parois intérieures sont revêtues d’un mortier étanche Chacun de ces réservoirs individuels est similaire en taille et en forme aux réservoirs pour la fermentation du poisson et des entrailles excavés à Sullecthum ( Bekalta ).
Fig 86: Emplacement des réservoirs de Garum et Amas coquillier
Source: Livre: Leptiminus (Lamta), Rapport N:3: L’enquête du terrain modifiée par l’auteur
Fig 87: Comparaison entre les réservoirs de Garum à Leptiminus et Sullectum
Source: Livre: Leptiminus (Lamta), Rapport N:3: L’enquête du terrain modifiée par l’auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
6.2. L’agriculture comme activité stimulante le commerce:
• Production d’olives et de l’huile d’olive:
L’olivier est l’arbre le plus susceptible d’avoir été cultivé dans la région de Lamta et dans ce type de bosquets réguliers. Leptiminus était l’un des ports les plus proches de cette zone de culture dense de l’olivier, avec Hadrumetum, Sullecthum, Thapsus et Acholla.
Fig 88 : Photo aérienne des bosquets d’olivier au sahel tunisien
Source: Mattingly 1996a modifié par l’auteur
Le fait que l’oléiculture était importante dans l’économie de Leptiminus peut être soutenu principalement par les amphores, les restes botaniques et l’analogie avec l’utilisation moderne des terres. Plusieurs amphores à huile d’olive ont été produites dans la zone suburbaine. En plus, des vestiges abondants de noyaux d’olives ont été retrouvés grâce à l’échantillonnage paléobotanique.
Fig 89 : Emplacement des traces de stockage des pépins d’olive carbonisés
Source: Auteur
Fig 90 : Traces de stockage de pépins d’olive carbonisés à Leptiminus
Source: Livre: Leptiminus (Lamta), Rapport N:3: L’enquête du terrain modifiée par l’auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
• Production du raisin et du vin:
Les preuves de la culture du raisin et de la production de vin en Leptiminus ne cessent de croître. Les découvertes dans les épaves et sur les sites de consommation indiquent que plusieurs types d’amphores produites à Leptiminus étaient traitées avec de la poix (une matière collante produite par distillation). . Un certain nombre d’amphores produites à Leptiminus sont similaires aux amphores à vin connues dans d’autres régions.
Livre: Leptiminus (Lamta), Rapport N:3: Fig 92: Timbre avec motif feuille de vigne et grappe de
L’enquête du terrain modifiée par l’auteur
Timbre amphore avec motif feuille de vigne et grappe de raisin et timbre en impression T.LEPT
Source: Livre: Leptiminus (Lamta), Rapport N:3: L’enquête du terrain modifiée par l’auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
6.3. Production des matériaux de construction: activité prédestinée au commerce :
• Production de la chaux:
Étant donné que les gravats au mortier étaient la méthode de construction standard, du sable et du lamé auraient été nécessaires en quantités considérables et pouvaient être obtenus à partir du rivage ou des dunes voisines, tandis que la chaux aurait pu être obtenue en brûlant du calcaire local dans des fours. A Lamta, plusieurs zones discrètes de pierre brûlée et plusieurs structures comme des fours à chaux ont été identifiées. La concentration de pierre brûlée dans le faubourg peut être interprétée de deux manières: elle pourrait être liée à la production de chaux de l’époque romaine ou elle pourrait être due à des fours à chaux post-romains installés aux abords de la ville antique pour produire de la chaux pour la construction.
Fig 93 : Carte récapitulative des preuves de production du chaux à Leptiminus
Source: Livre: Leptiminus (Lamta), Rapport
N:3: L’enquête du terrain modifiée par l’auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
6.4. Fabrication de céramique: un savoir-faire né du commerce:
A Leptiminus, le site archéologique de Lamta, le céramique et la poterie sont essentiellement présentes sous formes des amphores omniprésentes au site, elles ont le moyen de transport des produits locaux. Plusieurs zones de production de poterie ont été identifiées grâce aux fortes densités de poterie trouvées, y compris de nombreuses pièces ratées et des débris de four. Ces concentrations ont à leur tour donné lieu à des prospections géophysiques puis à des fouilles, grâce auxquelles certains sites contenaient des vestiges structuraux de fours et de bâtiments annexes associés à la production de poterie ont été découverts.
Fig 94 : Carte récapitulative des preuves de production de poterie et des preuves de structures de four à Leptiminus
Source: Livre: Leptiminus (Lamta), Rapport N:3: L’enquête du terrain modifiée par l’auteur
Fig 95 : Reconstruction de fours trouvés à leptiminus
Source: Livre: Leptiminus (Lamta), Rapport N:3: L’enquête du terrain modifiée par l’auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
Importance des amphores:
A part la forte densité de poterie au site archéologique de Lamta, La première preuve de la fabrication du céramique à Leptiminus provienne de l’aspect commerciale de la zone qui nécessite la production des moyens de transport de produits pour le commerce maritime ainsi terrestre. Ces moyens sont les amphores qui ont été trouvées dans les épaves et sur les sites terrestres d’outre-mer, et indirectement de l’échelle probable des installations de production de poisson salé et d’autres produits.
Fig 96 : Carte de la densité des amphorels à Leptiminus
Source: Livre: Leptiminus (Lamta), Rapport
N:3: L’enquête du terrain modifiée par l’auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
6.5. Travail des métaux: un savoir-faire dû au commerce:
Les dépôts de scories sont entrecoupés de débris de production de poterie romaine et d’activité industrielle de la fin de l’Antiquité. Il existe des preuves de réchauffage et de transformation du fer en produits finis. L’analyse des matériaux dans plusieurs fouilles a mis en évidence une gamme de débris métallurgiques : revêtement de four , fonds de foyer , laitier de coulée , laitier de four , laitier de forge , écailles de marteau , bloom de fer , fonds de foyer , cendres de combustible vitrifié , argile vitrifiée , et minerai de fer. La répartition de ce matériel relève de deux schémas principaux, l’un urbain, l’autre périurbain. Ces dépôts de scories , de revêtements de four , de fonds de foyer et d’autres matériaux impliquent que des quantités de minerai de fer , de fer de floraison et de billettes de fer ont été importées à Leptiminus pour la fusion et le travail secondaire.
Fig 97 : Carte récapitulative des preuves de travail des métaux à Leptiminus
Source: Livre: Leptiminus (Lamta), Rapport N:3: L’enquête du terrain modifiée par l’auteur
Fig 98: Les productions fondatrices de la mémoire de Lamta
Source: l’auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
7. Leptiminus: la perte du lieu:
Après l’essor assez important que Leptiminus avait durant l’antiquité, et à partir de la période islamique jusqu’à aujourd’hui, Lamta vit une grande stagnation vu la disparition des activités qui ont constitué cet essor . On vise à étudier les aspects des perte de ces activités présentant des constructeurs de la mémoire de la ville.
7.1. Lamta: Une stagnation économique contribuant à la perte de l’immatérialité : Parmi tous les productions à aspect commercial qui ont constitué la mémoire de Lamta, la pêche est la seule production qui a persisté. Elle est encore présente mais à valeur inférieure à celle qu’elle avait auparavant à cause de la destruction du port commercial pendant la période islamique. Elle est maintenant juste une activité de divertissement pour les habitants.
7.1.1. La pêche: d’une activité dédiée au commerce à une activité de divertissement:
Fig 99: L’activité de pêche dans la ville actuelle de Lamta Source: l’auteur
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
7.2. La production de la Bsissa : d’une nouvelle culture culinaire identitaire à une activité locale dédiée au commerce:
A part l’activité de la pêche, Lamta témoigne de l’apparition d’une nouvelle culture, culinaire à la base, et qui a pris ensuite un aspect commercial: la production du Bsissa. Cette production est la seule qui caractérise à présent la ville actuelle de Lamta.
Source:
Fig 100: La production de la Bsissa dans la ville actuelle de Lamta l’auteurÉtude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
Cette activité a prospéré grâce l’activité culturelle qui l’accompagne depuis 1999, lors de la 8 éme session de la célébration de la mois du patrimoine : Le festival national de la Bsissa. Celle-ci a débuté comme compétition nationale, pour devenir en 2004 méditerranéenne avec la participation de la Corse et du Maroc . Elle s’ouvre progressivement à l’Europe au travers la participation de la Belgique et de l’Italie et , à l’échelle internationale , avec le Canada et la Russie. Ce festival s’enrichit donc d’année en année de nouveaux apports et vient dynamiser d’autres manifestations culturelles. Celles-ci sont organisées au Ribat et la placette alentour. Ces manifestations ont pris d’autres dimensions outre que culturelle mais aussi touristique et commerciale.
Source: l’auteur
Fig 101: Les dimentions du festival de la Bsissa de LamtaÉtude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
• Les ambiances vécues lors du festival: Alentours du Ribat:
Fig 102: Les ambiances du festival de la Bsissa de Lamta aux alentours du Ribat
Source: l’auteur
La placette sur la mer:
Source: l’auteur
.
7.1. Lamta: La perte de la matérialité: Plusieurs études archéologiques ont été élaboré à propos de Leptiminus
On a réussi à repérer des espaces et des bâtiments de la ville antique grâce à différents traces trouvés . Mais le plupart de ces espaces ne sont pas encore fouillés et découverts et leur repérage et identification s’est arrêté en phase de recherche.
Fig 104: Esquisse de plan des équipements de Leptiminus selon les traces trouvés
Source: Atlas archéologique de la Tunisie
Fig 105: Les traces trouvés
Source: Leptiminus : une ville portuaire romaine en Tunisie , rapport numéro 1
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
Les traces découvertes et extraits du site archéologique ont été transportées et exposées dans le musée archéologique de Lamta. Ce dernier est l’espace qui réuni tout trace et éléments extraits dans le but de protection et de préservation.
Fig 106: Les traces exposés dans le musée archéologique de Lamta
Source: auteur
Le musée était fermé temporairement pour des travaux de restauration . Cette fermeture a durée 5 ans jusqu’aujourd’hui. Elle a amplifié la rupture avec l’histoire de la ville et a contribué à la perte de sa mémoire
Fig 107: L’état actuel du musée archéologique de Lamta
Source: auteur
de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu
• Constat:
Lamta aujourd’hui témoigne d’une stagnation économique résultante de la perte de l’aspect commercial qui a fondé la ville et a développé sa culture et ses savoir-faire. On est face à une ville qui a tourné le dos à son histoire et sa mémoire très riche en savoir-faire liée à l’activité commerciale qui présente la fondatrice de cette ville et la créatrice de son identité. Tout cela nous ramène à dire que Lamta a perdu sa mémoire pour qu’elle se présente aujourd’hui comme un lieu de perte.
L’existence d’une dissonance entre le matériel et l’immatériel du lieu nous ramène à dire que lamta présente une terre désolée.
Fig 108: La perte de la mémoire de Lamta
Source: auteur
La relation entre lamta et sa mémoire ne présente plus son histoire , ni son identité, ni sa relation. Elle présente donc un lieu non historique, non identitaire et non relationnel. Elle est classé comme un non-lieu.
« Une vie sans mémoire ne serait pas une vie, tout comme une intelligence sans la possibilité de s’exprimer ne serait pas une intelligence. Notre mémoire est notre cohérence, notre raison, notre sentiment et même notre action. Sans elle, nous ne sommes rien.» (Luis Bunuel - Mon dernier soupir)
Peinture de ZAAFRANE Ridha : La ville de Lamta (60cmX70cm)-2022
Étude de cas: Lamta d’un lieu de mémoire à une perte de lieu8. Synthèse:
La ville antique de Lamta témoigne d’un essor économique trés important, un développement urbain et une diversification des pôles de production, donnant naissance à une culture particulière et à des savoirs-faire communautaires. Ce qui a fait d’elle aujourd’hui un lieu de mémoire. Mais avec l’arrivée de l’époque islamique, Lamta a commencé à perdre son identité et son caractère par la disparition et le déplacement du noyau urbain. On est aujourd’hui face à une rupture urbaine, historique et économique entre la ville actuelle et la ville antique. Cette rupture a engendré une perte de la mémoire, qui n’est pas digne d’un tel lieu de mémoire. Notre objectif derrière ce travail est de participer à revivifier, par un projet, la mémoire et redonner vie à Lamta comme un lieu de mémoire.
Chapitre II Zone d’intervention : Leterrainderencontre de Lamta avec sa mémoire
Introduction
Présentation de la zone d’intervention
Accessibilité et flux
de la zone d’intervention
1. Introduction :
D’après ce qui précède, on est aujourd’hui face à une ville non identitaire, non historique et non relationnelle où l’activité commerciale a disparu et la mémoire de la ville a immergé dans l’oubli. Dans le cadre de notre tentative de participer à la revivification de cette mémoire perdue, on a choisi notre zone d’intervention qui est composée en partie du noyau islamique et de son étalement urbain, de la mer et d’une partie du site archéologique fouillée. Cette zone présente les éléments principaux de Lamta et constitue un modèle sur
Fig 110:Les éléments de la zone d’intervention Source: auteur
2. Présentation de la zone d’intervention :
2.1. Implantation :
Fig 111: implantation de la zone d’intervantion
Source: Google earth modifié par auteur
La zone d’intervention choisie comprend une partie du site archéologique ; la partie fouillée avec le musée ,et une partie de le ville actuelle avec le noyau urbain islamique. Ce choix est fait pour recréer la liaison entre ces 2 partie et rétablir la mémoire perdue de Lamta.
Fig 112 :Les deux parties de la zone d’intervention
Source: auteur
Zone d’intervention : Le terrain de rencontre de Lamta avec sa
2.2. Données de la zone:
Fig 113:Les données de la zone d’intervention
Source: auteur
2.3. Limites de la zone d’intervention:
La zone d’intervention est limitée par des éléments urbains : cité Nadhour et cité Elkébla ( 2 nouvelles cités résultant de l’étalement de la ville ) . Elle est aussi limitée par la mer méditerranée , et par le site archéologique de Leptiminus: précisément la partie non fouillée.
3. Accèssibilité et flux:
3.1. Accessibilité:
Fig 115: Les accès de la zone d’intervention
Source: Auteur
La zone d’intervention est accessible principalement par la route régionale 92 du coté du Ksibet El Mediouni: une voie de 24 m traversante le site archéologique . Du côté de Sayada, elle est accessible par l’avenue de Habib Bourguiba. La zone est aussi accessible du côté de Bouhajar passant par cité Nadhour.
Fig 116: Accès par le site archéologique
Source: Auteur
Fig 117: Accès par la ville actuelle
Source: Auteur
3.2. Flux de circulation:
Source: Auteur
A travers les différents accès, on remarque la naissance d’un nœud par le croisement de la route régionale et la route arrivant de Bouhajar et passant par cité Nadhour . Ceci a crée un flux véhiculaire important au début de notre zone d’intervention qui s’affaiblit graduellement pour disparaître à l’arrivée au site archéologique. Concernant le flux piétonnier, la seule zone dédiée aux piétons est celle qui ramène vers le noyau islamique avec un flux important au nœud et une disposition presque totale en arrivant à la côte.
4. Les composantes de la zone d’intervention:
Comme on a déjà mentionné , le choix de la zone d’intervention a été basé sur la diversité de ses composantes. En effet, on peut les répartir en 3 types de composantes ; composante urbaine , naturelle et archéologique. Ce qui a donné à cette zone le potentiel de servir comme prototype de la totalité de la ville de Lamta.
Fig 119: Les composantes de la zone d’intervention
Source: Auteur
4.1. Composante urbaine :
On va s’intéresser en premier lieu à l’étude de la composante urbaine de la zone d’intervention. Elle est constituée principalement du noyau islamique,qui a fait la rupture urbaine et historique avec la ville antique , et son étalement formant la ville actuelle.
Fig 120: La composante urbaine de la zone d’intervention
Source: Auteur
4.1.1. Le Ribat et sa placette :
Le Ribat est le point de départ du développement de la ville islamique et de la rupture avec la ville antique. Il présente aussi le seul édifice qui a maintenu l’aspect commercial durant la période islamique sous forme des «Haouents» et les ateliers de tissage.
La placette du Ribat est le siège des événements culturels et du festival de Bsissa. Elle présente donc le lieu de rencontre des habitants, assurant l’interaction et
et donc le et
Zone d’intervention : Le terrain de rencontre de Lamta avec sa mémoire Fig 121: Le Ribat et sa placette Source: AuteurVue intérieur sur le Ribat
Vue sur la placette
Vue sur l’entrée du Ribat
Vue extérieur sur le Ribat
4.1.2. La Huilerie et sa placette :
La huilerie présente un des multiples points de production de huile d’olive dans la ville de Lamta. Ce bâtiment date de la période islamique et elle a été rénovée par l’association de sauvegarde de la médina de Lamta.
Fig 123: La huilerie et sa placette
Source: Auteur
Zone d’intervention : Le terrain de rencontre de Lamta avec sa mémoireVues intérieures sur la huilerie
Vues extérieures sur la huilerie
Fig 124: Plan et vues de la huilerie
Source: Auteur
4.2. Composante naturelle :
Fig 125: La composante naturelle Source: Auteur
Comme on a déjà mentionné, la mer a été pour un bon moment un élément constructeur de la mémoire de Leptiminus, vu l’activité et l’essor qu’elle procure. Mais cette situation a actuellement changé. La ville actuelle de lamta a tourné le dos à l’une des sources de sa mémoire , pour aboutir à une rupture historique. La mer est devenue aujourd’hui une source de malaise des habitants vu la pollution qu’elle dégage et ses conséquences environnementales.
Fig 126:La mer: d’une source de mémoire à une source de pollution
Source: Auteur
Zone d’intervention : Le terrain de rencontre de Lamta avec sa mémoireLa pollution de la mer est la conséquence de l’établissement d’une station de purification des eaux usés dans les site archéologique de lamta et donnant sur la mer. Ce qui a conduit à la destruction du site et à l’état environnemental catastrophique de la mer. La mer est devenue un endroit à éviter après qu’elle était un élément d’attraction pour les habitants .
Fig 128: Les manifestation à cause de la pollution
Source: Auteur
4.3. Composante archéologique :
On s’est intéressé dans le choix de notre zone d’intervention à la partie du site archéologique ayant les vestiges les plus apparents, découverts et fouillés , avec la présence du musée qui est le siège de plusieurs vestiges et le lieu de leur conservation. Cette partie du site archéologique comprend 3 composantes :des fondations de murs en moellons, les thermes romains dans la cour du musée, et finalement des restes d’aqueduc romaine.
• Les vestiges du quai :
Près du petit musée archéologique , des fondations de murs en moellons assez régulièrement assisés se suivent sur 150 m en bordure de mer selon deux alignements parallèles , l’un au nord , visible sur de 20 m de longueur ( du côté de la mer ) , l’autre , au sud et plus en retrait , bien conservé sur 60 m . Ces deux sections sont distantes entre elles de 80 m et leur espacement est de 5 m , ce qui pourrait faire penser à une rue . Il s’agit vraisemblablement des vestiges de quais.
moellons de mer selon longueur conservé Il s’agit
Fig 130: Les vestiges du quai
Source : une ville portuaire romaine en Tunisie , rapport numéro 1
• Les vestiges d’aqueduc:
En face du musée et sur l’autre côte de la route régionale 92, on a découvert des vestiges d’aqueduc romaine. Cette dernière a été destiné à l’adduction d’eau pour la consommation des thermes découverts dans la cour de musée archéologique de Lamta
Fig 131: Les vestiges des aqueducs
Source : Auteur
Zone d’intervention : Le terrain de rencontre de Lamta avec sa mémoireZone d’intervention : Le terrain de rencontre de Lamta avec sa
• Les thermes romaines du jardin du musée:
Le site se situe entre la route principale Lamta-Monastir au sud et la mer au nord. Les seuls éléments visibles avant la fouille étaient quelques gros morceaux de maçonnerie ou de voûte tombés. Les thermes, cependant, avaient été complètement dépouillés de leur décoration .Ces thermes et bains qui ont été édifiés durant la période romaine , ont été convertis en espaces commerciaux durant la période suivante d’antiquité tardive.
1 2 3 4
• Chambre hypocausée :
Une grande surface de mosaïque repose sur une sous-structure voûtée. Un mur de moellons en mortier d’environ 60 cm d’épaisseur.
• La galerie:
À l’est du chemin menant au musée, plusieurs plaques de mosaïque et lit de mosaïque, s’étendant sur une zone de 32 x 4,5 m, ont été découvertes lors d’une évaluation de la zone avant la construction du musée .
• Frigidarium :
En septembre 1988, cinq carrés de 5 m ont été fouillés au sud du bâtiment du Musée sous les auspices de l’Institut National d’Archéologie et d’Art de Tunis. Les résultats de ces fouilles ont seulement relevé des résultats concernant les phases principales des Bains. Les quatres carrés adjacents de la zone 3 ont révélé le litage d’une grande surface de dallage en marbre
• Chambre avec sol en mosaïque:
La mosaïque est relativement bien conservée, surtout dans la moitié de la salle, et on retrouve des traces de ses bordures sur les quatres côtés .
Chambre avec sol en mosaïque
Zone d’intervention : Le terrain de rencontre de Lamta avec sa mémoireLa galerie Frigidarium
Chambre hypocausée
Fig 132: Les composantes des thermes du jardin du musée +Source : Auteur
5. Synthèse:
D’après l’analyse effectué, on a réussi à repérer les éléments nécessaires pour l’intervention dans le but de relier la ville avec sa mémoire et reconstituer le lien entre ses différents éléments qui présentent son identité et son caractère.
On s’est intéressé en premier lieu à la partie urbaine contenant le noyau islamique, qui a fait la rupture avec la ville antique. Ce noyau est composé du ribat et la huilerie avec leurs placettes, sur lesquels on va intervenir pour créer des nouvelles activités. Ces dernières vont les intégrer dans un parcours aménagé.
Par la suite , on est passé à la partie naturelle ; la mer qui était une source de prospérité et de mémoire mais qui est devenue une source de pollution et de malaise pour les habitants . Enfin , on s’est intéressé à la zone archéologique qui comporte plusieurs éléments de l’identité de la ville et représente les traces de la ville antique les plus fouillés. On vise à lui remettre sa valeur qu’elle est entrain de perdre suite à la mauvaise gestion.
Zone d’intervention : Le terrain de rencontre de Lamta avec
Partie III Genèse du projet:
La mnémonique de Leptiminus
1. Introduction:
Dans le but de revivifier la mémoire de Lamta et après le repérage des éléments qui feront partie de notre intervention relativement aux composantes du site et de la zone d’intervention. D’après l’analyse des composantes du site , on a pu identifier les éléments caractéristiques , les activités, les savoir-faire, qui seront la base de notre intervention .
On a fait le choix de la zone d’intervention, car elle réunit les composantes: urbaine , naturelle et archéologique. Dans cette zone on a repéré les éléments importants et clairs de la ville qui seront les points constituants un début du parcours qui va lier la ville actuelle et la ville antique et revivifier le caractère commercial et tout le savoir-faire qui lui est lié.
I. Lamta par la perspective des usagers:
Dans le but de confirmer nos constats établis par l’analyse, de comprendre le lieu aux yeux de ses usagers , de se projeter mieux dans la zone de travail et avoir plus d’informations qui vont nous guider à rétablir la mémoire perdue , on a eu recours à une enquête sociale . Cette enquête se repartit en 2 parties : une première pour faire un diagnostic de la situation actuelle par la perspective des usagers et une deuxième pour savoir leurs attentes afin de proposer un programme adapté . (voir annexe)
1.Le diagnostic:
Fig 133: Les catégories des enquêtés Source : Auteur
L’enquête a atteint 107 personnes. On a voulu savoir leurs lieux d’habitation ( lamta , région de Monastir ou autre ) . Ceci pour avoir une idée sur l’ampleur de la connaissance de la ville .
Fig 134: L’ampleur de connaissance de la ville Source : Auteur
La mnémonique de Leptiminus
Les résultats nous ont fait découvrir que 39% des enquêtés ne connaissent même pas lamta . L’ampleur de la ville est donc limité à ses habitants et quelques habitants de la région de Monastir . Et c’est à cette tranche qu’on va s’intéresser.
Fig 135: L’ampleur de connaissance du site et du musée par les visiteurs
Source : Auteur
On a voulu par la suite s’intéresser aux visiteurs de la ville , autre que ses habitants, pour savoir les éléments qu’il connaissent et retiennent de la ville . Le nombre des visiteurs était très limité ; 17 personnes . Une grande majorité d’entre eux ne savait pas qu’il existe un site archéologique et un musée. On peut donc conclure que l’ampleur de la connaissance du site archéologique et du musée est très faible . Il ne sont connus que par les habitants de la ville , qui eux même ne les côtoient plus surtout avec la fermeture du musée depuis 5 ans.
Fig 136: Les élements connus de la ville
Source : Auteur
Les éléments qui ont marqué les visiteurs de lamta sont plutôt l’élément naturel et sa culture culinaire actuelle ; Bssisa , avec une absence totale de la richesse historique de la ville et des éléments qui ont fait la mémoire de lamta. On remarque une ignorance totale de l’histoire et l’essor de la ville antique , les gens ne sont intéressés que par les éléments de la ville actuelle .
Ceci a été encore confirmé par le questionnement à propos de l’histoire très riche de la ville . On a eu très peu de réponse qui ont une connaissance de la ville antique , qui se limite au nom de la ville antique ou quelques activités.
2. Les attentes:
Dans cette partie, il faut s’appuyer sur les témoignages/suggestions des personnes ayant fréquenté Lamta pour comprendre les attentes de chacun et élaborer un plan d’adaptation. Les personnes que nous avons rencontrées vivent à la ville de Lamta, ou y ont été. Leurs témoignages vont nous aider à comprendre quelle est l’intervention la plus appropriée dans notre zone d’intervention.
• En premier lieu, nos questions étaient à propos du musée et du site archéologique , et les moyens d’améliorer leur état actuel. On a eu des témoignages dont on peut citer quelques uns :
Age 30 ans: « La mise en valeur, la promotion, le site archéologique reste méconnu même par les habitants. A mon avis impossible de retrouver le charme de la ville sans pour autant arrêter carrément de construire, appliquer un cahier de charge sévère, et reconnecter la ville avec la mer en éradiquant la pollution catastrophique.»
La mnémonique de Leptiminus
Age 56 ans : « Son ouverture sur la vie culturelle, il manque la promotion, ainsi que la bonne signalétique, voire son architecture, très timide..»
Age 43 ans : «C’est pas bien indiqué, la présence d’un guide est primordiale »
• En deuxième Lieu , notre objectif était de voir les visions des usages et des habitants de Lamta à propos l’avenir de la ville. On les a questionné à propos des activités manquants qui peuvent revivifier et revitaliser la ville de Lamta. Plusieurs témoignages ont été collectés. Parmi ces derniers, on peut citer:
Age 32 ans : «... Mieux que le site archéologique de Carthage comme la zone archéologique est encore mieux préservée et non construite avec un paysage pittoresque de champs d’oliviers donnant sur la plage. J’insiste sur la pollution de la mer...»
Age 21 ans : «faire un projet qui amène le touriste en même temps avec une activité maritime par exemple club nautique, Paddle ,ou autre activité sportive qui peut attirer le touriste et les habitants peuvent en profiter tout en mettant en valeur le musée archéologique»
Age 65 ans : «...Faire de lamta un musée a ciel ouvert, en valorisant les vestiges enfouies ...»
Afin de mieux exploiter les données de l’enquête, les réponses ont été traitées et classées dans différentes catégories d’activité.
Fig 138: Les attentes en terme d’activités
Source : Auteur
1.
La
place campinchi:
• Présentation générale du projet:
• Justification du choix du projet:
On a choisi ce projet comme aide à la conception grâce à :
► Sa distribution spatiale et territoriale: Il se compose de deux entités différentes, l’une permanente et l’autre temporaire.
► La variété des fonctions urbaines
► L’intégration du patrimoine dans l’espace public: le patrimoine considéré comme une assise culturelle du projet et comme un vecteur de plaisir et d’usages ludiques.
► Sa réponse aux besoins et souhaits de la société
Fig 139 : Photo aérienne de la place Campinchi Source: www.hamonic-masson.com Fig 140 : Situation de la place campinchi Source: Google Earth modifié par l’auteur• La distribution spatiale et territoriale:
Le site au croisement des strates des « Quais » et de la « Ville constituée » est une opportunité unique pour réussir l’articulation de ces différents espaces, souvent séparés par des césures intraurbaines. Le projet sera capable de révéler le fort potentiel du site et de devenir la pièce maîtresse d’une urbanité retrouvée offrant une place privilégiée aux espaces piétons, à l’espace public et à l’ouverture sur la mer.
Potentiels du site de la place Campinchi Source: www.hamonic-masson.com modifié par l’auteur
Avant Aprés
Deux usages distinctifs Aspect d’un port commercial
Un Non-lieu
Fig 142 : Evolution de l’aspect de la place Campinchi Source: www.hamonic-masson.com modifié par l’auteur
Fig 143 : Perspective d’ambiance dans la place Campinchi
Source: www.hamonic-masson.com modifié par l’auteur
Le projet se répartit en 2 entités complémentaires: un espace permanent lié à la ville (parvis, miroir d’eau, forêt, ombrière, halle ) et un espace éphémère lié aux quais (évènements culturels, « parc des expositions, …). Le premier fonctionne sans le deuxième mais s’enrichit évidemment de ce dernier.
• L’espace éphémère et événementiel:
Fig 145:: Les différentes activités dans l’espace éphémère
Source: www.hamonic-masson.com modifié par l’auteur
• L’espace permanent : La halle des marchés
Fig 146: Plan masse de la halle des marchés
Source: wwwhamonic-masson.com modifié par l’auteur
Fig 147: Programme de la halle des marchés
Source: www.hamonic-masson.com
Fig 149 : Axonométrie de la halle des marchés
Source: www.hamonic-masson.com
Fig 148 : Axonométrie éclatée de la halle des marchés
Source: www.hamonic-masson.com
mnémonique de Leptiminus
• Lier les édifices de la ville : Lier les de la ville :
Fig 150 : Repérage des édifices
Source: www.hamonic-masson.com modifié par L’auteur
Le projet contient des ambitions sociales fortes par une volonté de connecter les lieux autour d’une intensité culturelle, marchande, collective et festive. Redonner son statut de « façade noble » aux bâtiments du boulevard Roi Jérôme, rendre évident et visible l’Office de Tourisme, ancienne « Halle des Maraîchers », retourner l’Hôtel de Ville sur un nouvel espace citoyen, apporter ombre et fraîcheur par la nature et l’eau, offrir un nouvel espace pour le marché, tout cela dans une «économie architecturale » privilégiant le génie du lieu.
• Le Patrimoine inscrit dans l’ADN de l’espace publique :
Fig 151 : L’intégration du patrimoine dans la place Campinchi
Source: www.hamonic-masson.com modifié par L’auteur
Fig 152: Moyens d’intégration du patrimoine dans la place Campinchi
Source: Auteur
Source:
On a choisi ce projet comme aide à la conception grâce à :
Fig 155 : Situation du projet de Conde Waterfront Promenade
Source: Google Earth modifié par l’auteur
► La continuité entre la ville et ses édifices: les rives deviennent un lien et non une frontière.
► La mixité et diversité fonctionnelle ► La création d’une liaison entre la ville et la mer
La mnémonique de Leptiminus
• La continuité avec la ville et ses édifices:
La zone du projet a été considérée, au cours des 50 dernières années, comme étant un « Non-lieu ». Elle présente une zone industrielle abandonnée et en déclin.
Source: www.landezine.com
Le projet s’inscrit dans le processus de transformations et de requalification urbaine de cette zone portuaire de Conde. Les rives de cette dernière doivent devenir un lien et non une frontière. Les architectes ont visé l’orientation du quartier vers la mer par le prolongement du boulevard existant et le raccordement d’artères existantes.
Fig 157 : La continuité du projet Conde Waterfront Promenade avec la ville et ses édifices
Source: www.archdaily.com
Fig 158: Aménagement élaboré en rapport avec un édifice historique
Source: www.archdaily.com
Fig 156 : Photos de l’état précédent de la zone du projet Conde Waterfront PromenadeFig 159 : Les étapes d’élaboration du projet Conde Waterfront Promenade
Source: www.archdaily.com modifié par l’auteur
Repérage des points à intérêt culturel
Connecter les pôles d’attraction existants et nouveaux
Des espaces résultants destinés aux piétons.
Fig 160 : Plans et coupes des différentes séquences du projet Conde Waterfront Promenade
Source: www.archdaily.com modifié par l’auteur
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• La mixité et diversité fonctionnelle:
Le projet vise à créer un espace de détente, de jeu, de culture et de rassemblement. Il se veut aussi une représentation de la mémoire, un nouveau rapport entre la ville et la baie, un nouveau territoire pour le port. En mettant en œuvre le projet, les usages peuvent se reposer, jouer, se retrouver et garder des souvenirs.
Fig 161 : Vues des différents aménagements et extensions
Source: www.archdaily.com
• La création d’une liaison entre la ville et sa mer:
Le projet tente de récupérer l’intégration de la ville construite avec la Baie de Guanabara, en plus de soutenir les activités futures et les nouvelles fonctions qui devront émerger dans le centre revitalisé et la région de Porto Maravilha.
Fig 162 : Coupe schématique montrant la liaison entre la ville et le baie
Source: www.archdaily.com
Fig 163 : Image aérienne sur le boulevard olympique
Source: www.archdaily.com
3. Adaptation des ruines romaines de Can Tacó :
• Présentation générale du projet: • Justification du choix du projet:
Fig 165 : Situation du projet Adaptation des ruines romaines de Can Tacó
Source: Google Earth modifié par l’auteur
On a choisi ce projet comme aide à la conception grâce à :
► L’installation éphémère afin de mettre en valeur les ruines.
► La contraste des matériaux comme moyen de valoriser l’histoire du lieu sans la brusquer.
• Les installation éphémères:
Le projet s’inscrit dans le cadre de mise en valeur du site archéologique de Can Tacó à Turó d’en Roina qui présente un site délaissé malgré l’intérêt naturel et archéologique qu’il présente.
Fig166 : Etat du site avant et après le projet d’adaptation des ruines romaines de Can Tacó
Source: www.archdaily.com modifié par l’auteur
L’idée des installations éphémères dans la reproduction des ruines par des volumes évidés en acier représente un moyen de valoriser l’histoire du lieu sans la brusquer.
Fig 167 : Les installations dans le projet d’adaptation des ruines romaines de Can Tacó
Source: www.archdaily.com modifié par l’auteur
dans projet des ruines romaines
Fig 168 : Vues sur les installations éphémères dans le projet d’adaptation des ruines romaines de Can Tacó
Source: www.archdaily.com et Google earth modifié par l’auteur
• Contraste des matériaux:
L’orientation du projet dés le début était mettre en valeur les ruines délaisses. L’architecte a eu recours au concept de la matérialité opposées. Il a utilise l’acier et le bois pour mettre en valeur les ruines en pierre sans fausser leur lecture
Fig 169: La matérialité opposées dans le projet d’adaptation des ruines romaines de Can Tacó
Source: www.archdaily.com modifié par l’auteur
Source:
• L’emploi des savoir-faire hérités :
L’artisanat et l’art populaire dans l’état de Tlaxco est celui qui vient du plus petit état du Mexique, situé dans le centre-est du pays. Cet état a été identifié depuis des années par ses différentes activités artisanales qui ont construit des relation socio-culturelles et socio-économiques dans la communauté.
L’objectif du projet principal était d’encourager le développement de l’économie locale en fournissant à la population les moyens et les lieux adaptés à la mise en valeur du tourisme . La proposition de Vrtical pour la ville n’était en effet pas seulement esthétique ou fonctionnelle. Dans une certaine mesure, elle était aussi également sociale et culturelle.
Fig 172 : L’artisanat et l’art populaire de Tlaxco Source: Mrmaskarero, Haakon S. Krohn, Miriam Hero, Isaacvp Fig 173 : L’artisanat comme une base pour le marché des artisans de Tlaxco Source: AuteurLa mnémonique de Leptiminus
• Le programme fonctionnel du projet:
Le programme fonctionnel a été établi suite à l’étude faite par le bureau, visant à procurer un développement économique et social . Dans ce but, le programme a compris 2 aspects: commercial et culturel. L’aspect commercial était présent par les espaces de vente ouverts , pour renforcer les relations sociales entre les artisans et les visiteurs. Quand à l’aspect culturel, on a crée des espaces de rencontre pour les citoyens de la zone et des ateliers éducatifs dédiés aux touristes et visiteurs .
Fig 174: Répartition fonctionnelle
Source:Archdaily modifié pa l’auteur
• Le dialogue entre un langage contemporain et un langage
Conformément à la tradition de la langue parlée de la région, tout en conservant l’identité de l’architecture et de l’histoire existantes, la technique utilisée pour la construction des plafonds de la salle utilise le bois comme rappelle à l’identité de la zone. Il est en effet constitué d’une légère structure de lames et de poutres qui laisse pénétrer à l’intérieur un très grand flux de lumière naturelle, amplifiée
langue tout en conservant l’identité de l’architecture et de l’histoire la bois comme à l’identité de lames et de poutres qui Fig 175: Dialogue entre vernaculaire et contemporain Source:Archdaily modifié pa l’auteur
III. Intentions:
A partir de l’étude de la notion du patrimoine, lieu de mémoire , on a pu identifier la mémoire de la ville de Lamta . Cette mémoire se base principalement sur l’aspect commercial . Ceci nous a poussé d’aller dans la direction de créer un projet commercial présentant cette mémoire.
En étudiant les différents espaces de commerce , principalement l’emporium qui un espace commercial fluvial, de sociabilité et d’échange des cultures. On a pu choisir l’emplacement de notre projet qui sera au bord de la mer. Ainsi, notre projet va contenir des activités commerciales et culturelles.
mnémonique de Leptiminus
En analysant et identifiant les différentes traces des productions qui ont fait l’essor commercial de Lamta, on a pu identifier les activités qu’on va intégrer dans notre projet.
Après l’analyse de la zone d’intervention, on a repéré les points qui marquent et peuvent représenter l’histoire et la mémoire de la ville.
L’enquête social a aidé a enrichir le programme par des activités qui intéressent les visiteurs.
A travers l’analyse des références , on a relevé les moyens de relier la ville à la mer et aux éléments fondateurs de sa mémoire, et la manière l’intégrer dans la conception d’un bâtiment contemporain .
1. Choix directeurs
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du programme d’intervention:
■ Rétablir la relation avec la mer: Revivifier les activités et les pratiques en rapport avec la mer ( pêche, garum...) afin de le redonner vie.
Fig 177: Rétablir la relation avec la mer
Source: Auteur
■ Lier la ville actuelle au site archéologique: Suggérer un début de circuit culturel liant lamta à son site archéologique.
■ Mise en valeur du site archéologique: restitution du musée à travers la mise en valeur du site archéologique aux alentours.
Fig 178: Miseen valeur du site archéologique et liaison avec la ville
Source: Auteur
■ Intégration des activités commerciales et culturelles en rapport avec la mémoire du lieu.
Fig 179: Intégration des activités commerciales et culturelles
Source: Auteur
2. Intervention urbaine:
2.1 Programme de l’intervention urbaine :
Fig 180: Intervention urbaine
Source: Auteur
2.2. Esquisses du parcours urbain :
• Etat actuel du parcours urbain:
Fig 181: Etat actuel du parcours
Source: Auteur
• Esquisses de l’intervention urbaine :
3. Intervention architecturale:
3.1. Site d’intervention:
• Choix du site d’intervention:
Le choix du terrain d’intervention était établi pour sa position entre la composante urbaine , naturelle et archéologique , et pour son potentiel de transmettre l’esprit de l’emporium vu qu’il se trouve au bord de la mer tout en reliant ces composante
Fig 183: Site d’intervention
Source : Auteur
• La vocation du site:
Le terrain se situe dans la zone UAa1 qui est une zone d’habitat individuel isolé. De plus, il est dans une zone archéologique constructible sous réserve de contrôle UPa.
Fig 184: La vocation du terrain
Source : Extrait de PAU de Lamta modifié par l’auteur
• Accèssibilité du site:
Le site est accessible aux véhicules .du côté du site archéologique et du côté de la ville actuelle de Lamta par la route régionale. Il est aussi accessible pour les piétons par la piste piétonne au bord de la mer.
Fig 185: Accèssibilité du terrain
Source :Auteur
• Ensoleillement et vent dominant:
Fig 186: Orientation du terrain
Source : Auteur
La mnémonique de Leptiminus
3.2. Programme fonctionnel :
L’un des éléments du parcours urbain élaboré afin de lier la ville à son site archéologique, son histoire et sa mémoire, est notre intervention architecturale. Cette intervention sera concrétisé de l’emporium culturel de Lamta. Ce projet a pour objectif de revivifier l’aspect commercial et transmettre la culture et l’histoire de la région.
Il se compose de plusieurs espaces qui interagissent entre eux via un parcours déambulatoire: un rapport de complémentarité entre les différentes fonctions.
Unité commerciale: des espaces de vente des produits de terroir.
Unité socio-culturelle: des espaces de partage entre des artisans et les visiteurs.
Unité de consommation: des restaurants et des cafétéria .
Unité administrative: gestion et direction de l’emporium culturel .
3.3. Organigramme fonctionnel :
Fig 188: Organnigramme spatio-fonctionnel Source : Auteur
3.4. Programme quantitatif approximatif :
Après une étude quantitative des activités, on pu déterminer les nécessités de chacune en terme d’espace. On a aboutit à l’élaboration de ce tableau approximatif des surfaces.
Tab 1 : Tableau approximatif des surfaces Source : Auteur
3.5. Genèse du projet de l’emporium culturel :
Fig 189: Processus conceptuel Source : Auteur
Conclusion générale:
Le long de ce travail on a essayé de comprendre et lire l’espace de Lamta qui présente un lieu de mémoire très important fondé et développé sur la base de l’activité commerciale. Notre travail a visé la revivification et la reprise de l’ambiance qui est en voie de disparition durant les dernières années.
Dans ce but, on eu recours à la création d’un lien entre la ville antique et la ville actuelle. Ceci par la suggestion du début d’un parcours urbain reliant plusieurs points repères qui identifient la ville, et qui servira comme base pour les générations futures pour le développer, et un projet architectural à aspect commercial et culturel qui essaye de reprendre autrement l’activité commerciale caractéristique de la ville tout en assurant la transmission des savoir-faire et des traditions anciennes. Ce projet peut être une des solutions pouvant participer à redonner vie à cette ville et faire revivre la mémoire du lieu
Bibliographie
Livres :
• Pierre NORA: Lieux de mémoire,Tome I, II, II, Quarto-Gallimard 1997
• Marc Augé: Non-lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité, Seuil 1992
• C Norberg-Schulz: L’art du lieu, Le moniteur 1997
• C Norberg-Schulz: Genius Loci : Paysage, Ambiance, Architecture, Mardaga 1979
• Rossi Aldo: L’Architecture de la Ville,1990
• HEIDEGGER Martin: Être et Temps, Gallimard 1986
• Habib Ben Younes, Yamen Sghaier: Leptiminus (Lamta): Une expression de la culture libyphénicienne : Les nécopoles punique, la créamique, Journal of Roman Archaeology 2018
• J.W.GILBART, FR.S: Lectures sur l’histoire et les principes du commerce chez les anciens, Hachette Bnf 2017
• JACQUELINE BEAUJEU-GARNIER ET ANNIE Delobez: La géographie du commerce, Masson 1977
• Georges DUBY: Histoire de la France urbaine. La ville médiévale », Tome 1,Seuil 1985
• GREGOTTI Vittorio: Le territoire de l’architecture ; suivi de Vingt-quatre projets et réalisations, Feltrinelli Editore,Milano, 1966
• Maurice Halbwachs: La mémoire collective, Paris édition presse universitaire de France. France 1950
• Maurice Halbwachs: Les Cadres sociaux de la mémoire,Albin Michel 1994
Études archéologiques:
• D.L.Stone, D.J.Mattingly et Nejib ben lazreg: Leptiminus (Lamta), Rapport N:3: L’enquête du terrain ( Leptiminus (Lamta) Report no3, The fiel Survey ), Journal of Roman Archaeology 2011
• D.J.Mattingly et Nejib ben lazreg: Leptiminus (Lamta), Une ville portuaire romaine en tunisie, Rapport N:1 ( Leptiminus (Lamta) ,A roman port city in tunisia , Report NO.3), Journal of Roman Archaeology 1992
• L.M. Stirling ,D.J.Mattingly et Nejib ben lazre: Leptiminus (Lamta), Rapport N:2: les bains est, les cimetières, les fours, la mosaique de Vénus, le musée du site et d’autres études (Leptiminus ( Lamta), Report NO:2, The east baths, cemetries, kilns venus mosaic, site museum, and others studies ), Journal of Roman Archaeology 2001
Articles :
• Dionigi Albera and Manoël Pénicaud :La synagogue de la Ghriba à Djerba. Réflexions sur l’inclusivité d’un sanctuaire partagé en Tunisie, 2019
• Coalition internationale des sites de conscience: L’INTERPRÉTATION
DES SITES DE MÉMOIRE, 2018
• Nozha Smati: Patrimoine culinaire en Tunisie. Le festival de la Bsissa dans le sahel tunisien, entre valorisation du patrimoine et risque de folklorisation,2006
• Pierre Rouillard: Les emporia dans la Méditerranée occidentale aux époques archaïque et classique, 1995
• Julie Veliss aropoulos: Le monde de l’emporion,1977
• Sophie Michel, Catherine Pardo :La spécificité du commerce BtoB : quelques repères historiques, 2012
• Anne Bourgon, Hermine de Saint-Albin et Thomas Fontaine: valorisation et mise en réseau des lieux de mémoire de l’internement et de la déportation en Seine-Seine-Denis», 2013
Mémoires d’architecture :
• ALLARD Marie-Eve:Genius loci Vers la requalification de l’identité d’un lieu: marché public à Carleton-sur-mer, École d’architecture, Université Laval,2008
• Trabelsi Rayhane :Revitalisation de la place du marché et conception d’un marché des produits du terroir a Tebourba,ENAU 2018
• Amir Krichen La reconstruction du lieu. Chott El Krekna, Un vide urbain ,ENAU 2019
• Jamila zinelabidne :Un regard anarchique, Bulla Regia,L’art caché entre latent et manifeste, ENAU 2020
• Nadia Bouzagarrou :Valorisation du patrimoine matériel et immatériel de Hergla, ENAU 2020
• Siwar Lamari Réanimer les lieux de mémoire communautaires : le marché des artisans au safsaf, la Marsa, ENAU 2021
Sites Web :
• http://www.patrimatheque.com consulté en avril 2022
• https://www.dynamicbrain.ca/fr/brain-resources/memory/types-ofmemory consulté en mai 2022
• https://www.memoires-en-jeu.com/encyclopedie/la-memoirecommunicative consulté en mai 2022
• https://www.tourisme93.com/notion-lieu-memoire consulté en juin 2022
• http://www.wiki-compta.com/commerce consulté en juillet 2022
• https://economy-pedia.com/ consulté en juillet 2022
Cartographie :
• La municipalité de Lamta
• Google Earth
• Institut national du patrimoine Tunisie
• Archidaily
Annexe
• Questionnaire Social sur la ville de Lamta et son site archéologique
Q1: Quel est votre âge ? / ؟ كرمع مك Moins de 18 ans / ةنﺳ 18 نم لقأ Entre 18 et 30 ans / ةنﺳ 30 و ةنﺳ 18 نيب Entre 30 et 50 ans / ةنﺳ 50 و ةنﺳ 30 نيب Plus que 50 ans / ةنﺳ 50 نم رثكأ
Q2: Lieu d’habitation / ةماقﻹا ناكم
Lamta / ةطمل Région de la Monastir / ريتسنملا ةيلاو Autres régions de la Tunisie / سنوتب ىرخلأا ﻖﻃانم Oui / معن Non / لا
Q5: Combien des fois vous avez eu la change de visiter Lamta / ةرم مك ؟ةطمل روزتل ظحلا كفلاح
Jamais / ادبأ
De 1 à 5 fois / تارم سمخ ىلإ ةرم نم
De 5 à 10 fois / تارم رشع ىلإ سمخ نم Plus que de 10 fois / تارم رشع نم رثكأ .........................................................................................................................
Q6: Pour quelle raison vous avez visité ou vous aimerez visiter Lamta ? / اذامل ؟ اهترايزب موقت نأ ديرت وأ ةطمل ةرايزب تمق
Q7: Lors de votre visite, vous avez eu la change de découvrir le site archéologique de Lamta ? / يرثلأا عقوملا فشكتستل ةصرفلا كتتأ له ةطملل كترايز للاخ ؟ ةطملب Oui / معن Non / لا Je savez pas qu’il y’a un site archéologique à Lamta / ملع يل نوكي مل ةطملب يرثأ عقوم دوجوب
Q8: Si vous connaissez ou vous avez deja visité le site archéologique de Lamta, a votre avis de quoi il manque et comment vous l’imaginez ? / وأ فرعت تنك اذإ ؟لبقتسملا يف هليختت فيكو هصقني اذام كيأر يف
Q9: Lors de votre visite, vous avez eu la change de découvrir le musée archéologique de Lamta ? / يرثلأا
Q10: Si vous connaissez ou vous avez deja visité le musée archéologique de Lamta, a votre avis de quoi il manque et comment vous l’imaginez ? / اذإ
Q11: Quels éléments vous avez marqué le plus à Lamta ? / كتدش يتلا ءايشلأا ام ؟ةطمل يف رثكأ
Q12: Selon vos connaissances, pourrez veux me parler de Lamta ? Son histoire, un souvenir tu es marqué / ... ىركذ ، اهخيرات ؟ةطمل نع ينربخت نأ نكمي له كتامولعم بسح
Q13: A votre avis, comment imaginez vous Lamta au futur ? / ليختت فيك كيأرب ؟لبقتسملا يف ةطمل
Q14: Finalement, quels type d’activités pensez vous nécessaire pour revitaliser Lamta ? / ؟؟ةطمل طيشنتل ةيرورض اهنأ دقتعت يتلا ةطشنلأا عون ام